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    En Aout 1944 l’engagement au sein des FTP, Franc Tireur ou

    d’autres mouvements ne se faisait pas sans réfléxion,

    voici le « contrat » actif en Aout 1944.

     

     

    ENGAGEMENT D’HONNEUR DU FRANC-TIREUR ET PARTISAN FRANCAIS

     

    Après avoir pris connaissance des conditions garanties par le Comité Militaire National des Francs-Tireurs et Partisans Français à chaque engagé dans leurs rangs, condition en vigueur dans les formations de la France Combattante et assurant notamment :

      

    Article 1.-

    Les volontaires de tout grade participant à l’action militaire des F.T.P.F. contre l’ennemi sur tout le territoire ont droit, en cas d’arrestation, pour eux et leur famille à un dédommagement matériel périodique.

     

    Article II.-

    En cas d’invalidité consécutive à une action dans les rangs des F.T.P.F. ou en cas de décès, les volontaires ou leurs ayant droit bénéficieront du régime des pensions militaires appliqué à tous les anciens combattants, leurs descendants directs seront de droit pupilles de la Nation.

      

      

    Article III.-

    Tous les droits et avantages reconnus par la France libérée à tous ceux qui auront combattus les armes à la main contre l’envahisseur, sont acquis de plein droit aux volontaires engagés dans les F.T.P.F. et soldats de la France Combattante.

    Je soussigné , déclare m’engager dans les rangs des F.T.P.F. pour servir avec honneur, en tous lieux et jusqu’à la libération totale du territoire Français.

    Je jure de combattre avec fidélité et discipline dans les unités F.T.P.F. qui sont sur le sol de la Patrie l’avant-garde armée de la France Combattante.

    J’ai conscience des devoirs que j’assume en appartenant aux forces de la libération nationale et de combattre aux côtés des soldats de l’armée du Général de Gaulle, illustrés à Bir-Hakeim et de l’armée du Général Giraud.

    En souscrivant formellement aux prescriptions du Code d’Honneur des F.T.P.F., je m’engage :

     

    1° A SERVIR

    la France en me consacrant de toutes mes forces à l’action contre les envahisseurs et les traîtres à leur solde, afin que la France libre de tout occupant retrouve son indépendance et sa souveraineté au milieu des nations libres.

     

    2° A EXÉCUTER

    avec discipline et conscience tous les ordres, instructions qui me seront donnés par mes chefs, la discipline librement consentie : fermement appliquée étant indispensable à l’accomplissement de notre mission et à la sécurité générale de nos forces.

     

    3° A GARDER

    le secret le plus absolu envers quiconque sur tout ce qui concerne les unités F.T.P.F. et tout ce qui s’y rapporte :

    Leur organisation, leur action, leurs chefs, ainsi que toutes les organisations de Patriotes quelles qu’elles soient.

     

    4° A RÉSISTER

    au cas ou je serais fait prisonnier par l’ennemi ou la Police dite Française, à toutes les menaces comme aux tortures, mais à ne jamais donner aucune déclaration ou indication quelle qu’elle soit sur n’importe quelle organisation de F.T.P. ou autre, ou sur aucune personne, connue ou inconnue, ou sur telle ou telle opération passée ou à venir.

     

    5° A VENGER

    tous les crimes commis par l’ennemi et ses policiers

    contre les Patriotes

     

    6° A RECHERCHER

    tous les traîtres coupables de délation à l’égard d’un Patriote


    ou d’une organisation et qui s’est par là même condamné au châtiment de la peine de mort qui doit lui être appliquée dans le plus court délai et sans recours possible, même après la libération du territoire. Tout individu s’opposant à l’application du châtiment à l’égard d’un délateur devant être considéré comme solidaire de sa trahison et puni en conséquence.

     

    7° A OBSERVER

    scrupuleusement toutes les règles de l’action illégale et clandestines auxquelles sont soumis tous ceux qui combattent contre l’envahisseur dans les conditions de l’occupation du territoire (ces principales obligations et règles sont énumérées dans la note de service 210 A sur la sécurité, dont je déclare avoir pris connaissance)

     

    8° A ACCOMPLIR

    toutes les missions qui me seront confiées avec célérité, esprit d’initiative et abnégation, à reconnaître pour chef au cas ou mon unité se trouverait privée de son commandement au cours de l’action, soit son suppléant, soit le meilleur et le plus expérimenté des combattants, afin de mener l’action jusqu’au bout.

     

    9° A PRÊTER au maximum aide à tout Patriote en danger ou blessé et à faire le maximum d’effort pour l’aider à conserver ou à recouvrer sa liberté.

     

    10° A PARTICIPER

    activement au recrutement de nouveaux combattants pour renforcer les unités de nouveaux F.T.P. , à accroître mon instruction militaire, à aider l’instruction de mes camarades afin d’accroître la qualification de mon unité par l’étude de l’art militaire, du maniement des armes et surtout par un effort constant pour accroître sa force offensive, ses moyens de combat et élever toujours plus le niveau de son action.

     

    11° A CONSERVER

    toujours une conduite exemplaire afin que l’honneur des F.T.P. ne puisse être entaché par un acte indigne d’un soldat de la libération nationale et à faire respecter autour de moi la discipline, à faire régner la discrétion, tout bavardage étant considéré comme un manquement grave à la sécurité et à la discipline.

     

    12° A OBSERVER

    à l’égard de tous les Patriotes appelés à m’aider ou à m’héberger une conduite exemplaire, à veiller à la ville ou à la campagne à l’observation vigilante de toutes les mesures propres à assurer leur sécurité, à savoir passer inaperçu, à restreindre au maximum mes entrées et sorties, à témoigner par ma conduite et ma tenue de ma gratitude à l’égard des Patriotes qui m’aident à accomplir ma mission, à renforcer par mon exemple leur foi dans la cause de la libération de la Patrie.

     

     

    VIVE LA FRANCE LIBRE ET INDÉPENDANTE
    Fait le …………………. Par le matricule……………….
    Grade ………………… Groupe de combat……………..
    Détachement……………. Compagnie………………Spécialité militaire
    Matricule écrit par l’engagé…………………
      

      

    Totem signe particulier de la Compagnie
    à acheminer par les C.P. jusqu’au Centre :
          

      

      

      

      

    http://www.laintimes.com/le-code-dhonneur-

    du-franc-tireur-et-partisan-francais-aout-1944/        

     

     

     

     

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     tondues pendant l'epuration

     

    Partout on dénonce :

    les lettres anonymes affluent.

      

    Un exemple qui donnera le climat :

    dans le journal France-Libre du 26 août, il est écrit :

      

    Il appartient à chaque Français de faire lui-même la police dans son immeuble et dans son quartier et de signaler immédiatement tout suspect aux autorités constituées.

     

     


    Malheur aux concierges ! Le fait de ne pas dénoncer, de cacher un homme en danger peut valoir à son auteur d'être étiqueté « collabo ».

      

    La France retrouve ses « tricoteuses » de la Révolution qui veulent voir du sang et des congénères humiliées.

      

    Elle retrouve ses « chauffeurs » qui pillent, rançonnent, torturent.

      

    Elle retrouve en certains lieux ses sans-culottes mangeurs de curés.

     


    Dans la Guyenne et le Languedoc, des prêtres sont tués l'un d'eux, en Lot-et-Garonne, eut la langue et les yeux arrachés, puis fut pendu par les pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive.

      

    Des religieuses accusées d'espionnage sont torturées.

     

    Quand les résistants commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile

    Femmes tondues, Paris, août 1944. Photo © Serge de Sazo

     

     

    Dans le texte qui suit, publié une première fois dans le Figaro Magazine en 1984, alors qu’on venait de commémorer en grande pompe le débarquement en Normandie, Michel Audiard raconte la libération de Paris telle qu’il l’a vécue, le 25 août 1944.

     

    Vivement qu’on ne se souvienne plus de rien. J’ai la mémoire en horreur. On va quand même faire un petit effort, à cause de l’anniversaire, des présidents sur les plages, de la vente des objets souvenirs qui a si bien marché, de tout ça.

     

    Nous autres, enfants du quatorzième arrondissement, on peut dire qu’on a été libéré avant tous les autres de la capitale, cela en raison d’une position géographique privilégiée. On n’a même pas de mérite. Les Ricains sont arrivés par la porte d’Orléans, on est allé au-devant d’eux sur la route de la Croix-de-Berny, à côté de chez nous.

      

    On était bien content qu’ils arrivent, oui, oui, mais pas tant, remarquez bien, pour que décanillent les ultimes fridolins, que pour mettre fin à l’enthousiasme des « résistants » qui commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile, lequel pouvait – à mon avis – préfigurer le coup de flingue.

      

    Cette équipe de coiffeurs exaltés me faisait, en vérité, assez peur.

     

    La mode avait démarré d’un coup.

      

    Plusieurs dames du quartier avaient été tondues le matin même, des personnes plutôt gentilles qu’on connaissait bien, avec qui on bavardait souvent sur le pas de la porte les soirs d’été, et voilà qu’on apprenait – dites-donc – qu’elles avaient couché avec des soldats allemands !

    Rien que ça ! On a peine à croire des choses pareilles !

      

    Des mères de famille, des épouses de prisonnier, qui forniquaient avec des boches pour une tablette de chocolat ou un litre de lait.

      

    En somme pour de la nourriture, même pas pour le plaisir.

    Faut vraiment être salopes !

     

    Alors comme ça, pour rire, les patriotes leur peinturlurait des croix gammées sur les seins et leurs rasaient les tifs.

      

    Si vous n’étiez pas de leur avis vous aviez intérêt à ne pas trop le faire savoir, sous peine de vous retrouver devant un tribunal populaire comme il en siégeait sous les préaux d’école, qui vous envoyait devant un peloton également populaire.

      

    C’est alors qu’il présidait un tribunal de ce genre que l’on a arrêté l’illustre docteur Petiot – en uniforme de capitaine – qui avait, comme l’on sait, passé une soixantaine de personnes à la casserole.

     

    Entre parenthèses, puisqu’on parle toubib, je ne connais que deux médecins ayant à proprement parler du génie, mais ni l’un ni l’autre dans la pratique de la médecine : Petiot et Céline. Le premier appartient au panthéon de la criminologie, le second trône sur la plus haute marche de la littérature.

     

    Mais revenons z’au jour de gloire ! Je conserve un souvenir assez particulier de la libération de mon quartier, souvenir lié à une image enténébrante :

    celle d’une fillette martyrisée le jour même de l’entrée de l’armée Patton dans Paris.

     

    Depuis l’aube les blindés s’engouffraient dans la ville. Terrorisé par ce serpent d’acier lui passant au ras des pattes, le lion de Denfert-Rochereau tremblait sur son socle.

     

    Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgard-Quinet et de la rue de la Gaïté, tout près d’où j’habitais alors.

     

    Il n’y avait déjà plus personne autour d’elle, comme sur les places de village quand le cirque est parti.

     

    Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passée la fiesta : un escadron de farouches résistants, frais du jour, à la coque, descendus des maquis de Barbès, avaient surpris un feldwebel caché chez la jeune personne.

      

    Ils avaient – naturlicht ! – flingué le chleu. Rien à redire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’avaient attachée au tronc d’un acacia.

      

    C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! Pas méchant. Plutôt voyez-vous à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés.

     

    Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà aux dires des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores festonnant les terrasses où s’agitaient des petits drapeaux et où les accordéons apprivoisaient les airs nouveaux de Glen Miller.

      

    C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement.

      

    Après ça je suis rentré chez moi, pour suivre à la T.S.F la suite du feuilleton. Ainsi, devais-je apprendre, entre autres choses gaies, que les forces françaises de l’intérieur avaient à elles seules mis l’armée allemande en déroute.

     

    Le Général De Gaulle devait, par la suite, accréditer ce fait d’armes. On ne l’en remerciera jamais assez. La France venait de passer de la défaite à la victoire, sans passer par la guerre. C’était génial.

     

     

     

    Michel AUDIARD, in Le Figaro-Magazine, 21 Juillet 1984, reproduit

    en 2009 dans le numéro nº13 du Petit Célinien

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L’Épuration et les femmes en Dordogne (1944-1951)
    Par Jacky Tronel


    Volonté de justice ou fureur de punir ?   La répression des femmes déclarées coupables d’avoir collaboré avec l’ennemi pendant l’Occupation s’est exprimée sous deux formes : « sauvage » d’abord, légale ensuite.



     



    « C’est fête ces jours - ci pour le badaud peuple de Périgueux. Et défilés ! Et fanfares ! On reprend le goût de sourire après avoir tant serré les poings et froncé le sourcil. Les Périgourdins furent bien ébaubis l’autre soir au passage d’un singulier cortège.
      
    Un être étrange, bizarrement humain, menait la danse.   
      
    À force d’écarquiller les yeux, on reconnut des formes féminines et sous un crâne en boule d’ivoire marqué de peinture infamante, des yeux torves, une bouche baveuse : la hideur d’un déchet. C’est la femme aux bicots ! ’ expliquaient les gosses au passage. Il n’y avait pas un regard de pitié pour elle ( … )   
      
    Et l’on pouvait songer aux défilés semblables qu’avaient vus les mêmes rues au Moyen - âge à une époque ardente et bonne enfant où l’on promenait les adultères nues, autour de la ville, juchées à rebours sur un âne. »
     

       Ces quelques lignes, relevées dans l’édition du 7 - 8 septembre 1944 des Voies nouvelles, campent assez bien le sujet. Le récit de cet événement, reproduit à l’envi tout au long des jours qui suivent la Libération, pose à la fois la question de la « justification » de l’Épuration et celle de la représentation de la « femme épurée ».   
      
    Tant dans l’inconscient collectif que dans l’imagerie populaire, la femme tondue incarne le symbole de l’Épuration. Son crâne rasé révèle, au regard de tous, la matérialité du châtiment épuratoire.  
     
     Quant à la nature des faits qui lui sont reprochés, ils dépassent largement le cadre de la « collaboration horizontale », à savoir l’inconduite sexuelle, réelle ou supposée, avec les Allemands ou leurs supplétifs.

    Précisons qu’il n’est pas question ici de réduire l’histoire de l’Épuration et des femmes en Dordogne aux tondues de Périgueux, de Bergerac et d’ailleurs. Le but de cette contribution n’est pas non plus d’entrer dans une logique de victimisation, ni d’engager une quelconque tentative de réhabilitation.  
     
     Il s’agit simplement de procéder à la lecture d’un certain nombre de faits et de témoignages, analysés dans leur contexte, en vue de contribuer à éclairer une page obscure de notre histoire.



    Les principaux lieux de détention des prisonniers frappés d’épuration se trouvent,
      
    pour la partie Nord du département, à Périgueux :
      
    caserne du 35e RAD (Régiment d’artillerie divisionnaire) et maison d’arrêt Beleyme ;
      
    pour la partie Sud, à Mauzac : camps pénitentiaires (Nord et Sud), situés à une trentaine de kilomètres à l’Est de Bergerac.

       Le 18 mai 1946, ces derniers enregistrent un pic de 1 740 détenus. Du 1er novembre 1940 au 2 mai 1945, le camp Nord a le statut de prison militaire, puis de centre pénitentiaire, après cette date. 

    Du 22 octobre 1947 au 15 février 1951, le camp Sud fonctionne en tant que prison pour femmes.
      
    Aujourd’hui, c’est un centre de détention pour détenus en fin de peine.

    À la prison militaire de Mauzac Le 6 juin 1944, l’annonce du débarquement allié en Normandie suscite l’enthousiasme dans la population et soulève, en Périgord, une formidable vague de ferveur patriotique.
      
    Le climat est à l’insurrection.  
     
     
     
     
     
     La « Quatrième République » est proclamée.
      
      
      
    Un « Comité français de libération » est mis en place.
      
    Le ralliement aux différentes forces de la Résistance, spontané pour les uns, calculé pour les autres, déclenche, dans tout le département, un certain nombre d’actions « épuratoires » et
    « libératrices », parmi lesquelles figure l’attaque du camp de Mauzac.

     
      
    Ce 7 juin 1944, sous la conduite de Léon Cerisier, alias Léontine, chef d’un maquis de l’AS, à Lalinde, une centaine de résistants se présentent à l’entrée de la prison ( camp Nord ). Ils obtiennent la libération de 42 « politiques ».
     
     
      
    Cerisier prend le contrôle de la prison et nomme le surveillant chef Joseph Chaussat au poste de commandant.
     
     
     

       À partir du 9 juin, les maquis de la région conduisent au camp de Mauzac leurs prisonniers.
      
    Dans un rapport du 29 juin 1944 adressé au service de la Justice militaire à Vichy, l’adjudant Antoine Chiaramonti, commandant la prison militaire, signale l’incarcération
    « par ordre du Maquis ( … ) de 229 détenus dont 48 femmes ».   
      
      
    De fait, du 9 au 21 juin 1944, période au cours de laquelle la prison militaire de Mauzac est sous contrôle de la Résistance,
     
      
    on relève la présence de 225 internés . 22,7 % sont des femmes, parmi lesquelles huit cultivatrices, trois bonnes, trois serveuses, deux couturières, deux infirmières, deux ménagères, une danseuse, une institutrice, une employée de bureau, une hôtelière, une commerçante, une vendeuse, une masseuse et une « rentière ».
      
      Quatorze d’entre elles sont déclarées « sans profession », et pour neuf autres, la profession n’est pas précisée.  
      
     
    L’arrestation et l’incarcération d’un certain nombre de femmes sont liées à celle d’un proche – conjoint, fils ou frère – parce qu’« adhérent à un organisme de collaboration ».  
     
     Parmi les principaux, citons la Légion française des combattants (LFC), le Service d’ordre légionnaire (SOL), la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), le Parti populaire français (PPF) et la Milice.


    Sur la douzaine de baraquements que compte la prison, deux sont consacrés aux femmes.
      
    Le 9 juin 1944, Michel Danner, président cantonal de la LFC à Lalinde ( Dordogne ), est écroué à Mauzac avec son épouse.
      
    Il décrit ainsi les lieux :  
      
    « Ce camp est un vaste quadrilatère entouré de cinq rangs de barbelés et flanqué de miradors.   
      
    Des baraques, sans étage, et primitivement construites pour loger les ouvriers de la poudrerie en construction, sont séparées les unes des autres par d’autres barbelés. Les fenêtres sont tendues de barbelés, partout on ne voit que cela. Là-dessus une tristesse morne, une humidité pénétrante … »



    Femmes tondues sur les marches du palais de justice de Bergerac, septembre 1944. ยฉ Photo Bondier 
     







    Les tontes : manifestations spontanées ou bien mises en scène ?


    La question est maintenant de savoir si les manifestations de liesse populaire et les cérémonies de tontes publiques sont, ou non, le fruit d’un mouvement populaire spontané…

    En dépit de quelques débordements dont on ne peut nier qu’ils sont le fait d’actions populaires spontanées, l’Épuration a, le plus souvent, été mise en place, pour ne pas dire mise en scène. C’est le cas des tontes de « collaboratrices » qui ont lieu à Bergerac sur les marches du palais de Justice.
      
    Le choix du lieu n’est pas innocent.   
      
    Sous le porche d’un tribunal où justice est rendue, des femmes soupçonnées de s’être
    « compromises avec les Boches » sont châtiées, publiquement.
      
    Les marches les plus hautes font office de podium, et du haut de cette estrade improvisée, officient les « coiffeurs » en blouse blanche. Ils président à une cérémonie qualifiée par l’historien Alain Brossat de « carnaval moche ».  
     
     Le rituel public de la tonte, écrit-il, est « une fête, un jeu, une exhibition, une cérémonie. […]
      
      Pour souligner qu’il s’agit d’un jeu, d’un ‘théâtre’, le marquage, ébauche de déguisement, joue un rôle décisif dans la cérémonie des tontes ; le ‘degré zéro’ du travestissement,
      
    c’est la croix gammée que l’on trace à la peinture, au goudron, que l’on ‘sculpte’ avec des ciseaux sur le crâne, que l’on dessine sur le visage, les seins, les fesses, voire le corps entier de la tondue. »

     
    Les partis politiques encouragent la chasse aux collabos, généralement suivie du spectacle des tontes publiques. Le mercredi 29 août, 3 000 personnes assistent à un rassemblement qualifié de « premier meeting populaire du Front National », place de la République, à Bergerac.
      
    Les orateurs se succèdent et en clôture s’exprime le représentant des FTPF, Yves Péron, alias Caillou, ancien prisonnier politique interné à Gurs, Mauzac et Nontron, futur député communiste de la Dordogne.  
     
     Il demande que « justice soit faite contre les traîtres,
    les tortionnaires de nos patriotes emprisonnés » et déclare :
      
    « Tous les complices des boches doivent être châtiés et le châtiment c’est la mort ».   L’assistance, enthousiaste, « applaudit frénétiquement ». Dans cette même édition du 2 septembre 1944, sous le titre « Sus aux traîtres ! », le journal Bergerac Libre rapporte qu’en Bergeracois les 155 premières arrestations sont loin d’être définitives :  
     
     « Les enquêtes et interrogatoires se poursuivent activement. Les femmes ayant eu des relations avec les boches ont été tondues.
      
    D’autres suivront bientôt.   
      
    Avec le concours de la population, nous espérons arriver bientôt à assainir notre ville. » Le journal communiste reconnaît que « des omissions ou des erreurs ont pu être commises » lors de la confection des listes de suspects et la constitution des dossiers.   
      
    C’est donc « pour remédier aux unes et aux autres que nous prions le public de nous faire connaître le nom des personnes ayant eu une attitude antifrançaise, appuyé de faits précis ».
      
      
    L’appel à délation est on ne peut plus clair.


    Le journal Les Voies Nouvelles du 7-8 septembre 1944 reconnaît bien « quelques excès », mais qu’il ne faut « ni grossir, ni exagérer », s’empresse d’ajouter l’auteur de l’article.
      
    « Oui, les réactions du peuple sont rudes, mais saines.
      
    Oui, des gens ont été hués et malmenés dans les rues, mais c’étaient des traîtres.     
      
    Oui, il a pu y avoir des erreurs, mais elles ont déjà été réparées. N’oublions pas que les excès possibles ont été la réaction spontanée et au grand jour d’un peuple trop longtemps opprimé, affamé, trahi.
      
    Ses débordements ont des excuses. Voyons-y un sursaut de vitalité et de justice, un réveil de patriotisme. » !  

    La presse gaulliste semble, quant à elle, plus mesurée, à l’exemple de l’hebdomadaire Combat républicain du 17 septembre 1944, qui, sous le titre « Justice et humanité », invite les magistrats à juger avec justice, sévérité mais humanité.  
     
     Il rappelle que « le moindre doute doit être favorable à l’accusé dont la défense doit être assurée comme il convient dans une République qui est la gloire du monde civilisé, la République des droits de l’homme et du citoyen. Ne vaut-il pas mieux absoudre un coupable que de fusiller un innocent ! » Les propos invitent à l’apaisement.     
      
    Excessivement rare dans le contexte d’une épuration que l’on peut encore qualifiée de « sauvage », ce discours décalé mérite d’être signalé.  
     


    Plus de soixante ans après, parler d’Épuration reste sensible…

    En conclusion, c’est l’historien Pierre Laborie
    qui résume le mieux l’esprit de cette recherche :
     


    « Loin de justifier ou de condamner,
    c’est d’abord de comprendre dont il s’agit ;
    c’est, avant de se risquer à dire pourquoi,
    chercher à savoir comment les choses
    se sont passées. »






     
     
     
     
     
     
     


     

     

     

     

     

     

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    la chasse aux notables en 1944

     

     

    Épuration sauvage, légale : vengeance ou soif de justice de la Résistance ?
    Par Max Lagarrigue


    L’épuration a longtemps été un sujet tabou dans l’histoire française. Elle recouvre l’ensemble des actions contre les personnes considérées comme coupables de Collaboration. On y distingue deux épisodes :une épuration dite « sauvage » ou extra-judiciaire qui échappe à toute règle juridique et donne lieu à nombre de règlements de comptes (tant politiques que personnels), et l’épuration légale qui se clôture avec les lois d’amnistie des années 50. Ces deux épurations ont laissé des traces profondes dans une partie du pays.



    L’épuration représente l’ensemble des actions entreprises contre les Français qui ont collaboré, trahi ou ont eu avec l’ennemi un comportement jugé répréhensible. La période de l’épuration a souvent été cantonnée aux années 1944-1945. Or, si certaines condamnations ne sont rendues qu’en 1953 avec la dernière loi d’amnistie générale, l’épuration débute bien avant la Libération.


    Selon Pierre Laborie, 25 % des exécutions « sauvages » effectuées par la Résistance sont antérieures au 6 juin 1944. Dans les zones de maquis, ce pourcentage moyen est dépassé : 45 % pour la Saône-et-Loire, 40 % pour l’Ain et le Jura, 37 % pour le Lot et la Haute-Garonne. Cette épuration, qualifiée de « sauvage », a pu être justifiée par les conditions très dures du combat de la Résistance, surtout dans l’année qui précède la Libération, face à la Milice et à la répression accrue du régime de Vichy aux abois.

      

    Mais elle a pris souvent une tournure très contestable, recouvrant en réalité des règlements de compte soit politiques, comme l’assassinat de cinq militants trotskistes par un maquis communiste en Haute-Loire en octobre 1943, soit personnels comme le rappelle l’historien périgordin Jacky Tronel pour la Dordogne : « les exécutions sommaires de légionnaires sont nombreuses, le pillage de leur biens est banalisé ». Et il ajoute :

      

    « Les milices patriotiques – encore appelées service d’ordre patriotique – ont en charge l’épuration. Tous ceux qui, de près ou de loin ont « collaboré », sont la cible des milices, émanation du Parti communiste ».



    Pire, certains opposants politiques font les frais de cette épuration tous azimuts : « Ainsi dans la nuit du 1er septembre 1944, Maurice Babin, militant du PSF et ancien candidat aux élections de 1937, est arrêté par le groupe FTP Sam-Jaurès de Couze-Saint-Front. Après avoir été martyrisé, il est exécuté, le 6 septembre ».

      

    L’enquête des RG conclut : « Le défunt était un sympathisant de la Résistance, et a rendu des services à cette cause par l’établissement de fausses cartes d’identité, et par la livraison des produits de sa ferme à des groupes de maquis.

      

    On se trouve devant une affaire de vengeance politique, Babin était anticommuniste et il représentait une valeur sûre capable de battre, après guerre, le représentant du PCF. »


    Les chiffres les plus récents de cette épuration extra-judiciaire oscillent entre 8 000 et 11 000 exécutions sommaires, assez loin donc des premiers chiffres publiés par Robert Aron, qui faisaient état de 30 000 assassinats.


    Dans les jours qui ont suivi la Libération, on assista également à la tonte et à l’exhibition publique de femmes accusées de « collaboration horizontale » avec des soldats allemands, actions lamentables souvent menées par des « résistants de la dernière heure » et encouragées par les foules de badauds. Pour endiguer l’épuration « sauvage », le gouvernement provisoire met en place trois juridictions spéciales qui s’ajoutent aux tribunaux militaires : les cours de justice, les chambres civiques et la Haute- Cour de justice.

     


    La relative clémence de cette dernière institution, qui a en charge le jugement des principaux caciques de l’État français – 41 % sont acquittés ou obtiennent un non lieu et moins de 2% sont exécutés (de Brinon, Darnand, Laval) – ne se retrouve pas dans les deux autres instances qui ont en charge 310 000 dossiers. Elles condamnent plus de 50 000 personnes à l’indignité nationale (privation des droits civiques et politiques) et 40 000 à des peines de prison ou de travaux forcés.

     


    Les peines de mort représentent à peine 2 % du total mais concernent tout de même 6 763 prévenus. De Gaulle en commue 1303 (20 %) et le total des exécutions effectives s’élève à 11 % (767 exactement).



    Ainsi, l’épuration légale, à laquelle il faut ajouter près de 800 prévenus passés par les armes après condamnation des tribunaux militaires, concerne un peu plus de 1 500 personnes.

      

    La France est le pays d’Europe occidentale qui a requis le plus l’exécution au détriment de la prison ; elle est également la seule, avec l’Italie, à avoir connu une épuration extra-judiciaire.

      

    L’épuration s’étend également aux différents secteurs professionnels, administratifs et politiques. Bon nombre de parlementaires qui ont voté « oui » au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 sont exclus de leurs partis respectifs.

      

    Certains secteurs sont fortement sanctionnés comme l’enseignement et les Postes dont 14 000 fonctionnaires sont révoqués ou mis à la retraite. Le besoin de cadres et de fonctionnaires rend certaines décisions d’exclusion inapplicables.

      

    Ainsi, les magistrats sont finalement épargnés devant l’urgente nécessité de leur concours dans… l’épuration. Entre les tenants du « toujours plus d’épuration », dont la figure de proue est le PCF, et ceux qui préfèrent la réconciliation nationale, souhaitée notamment par le général de Gaulle, la France a été profondément déchirée par cet épisode.



    Extrait de l’ouvrage de Max Lagarrigue "99 questions... La France durant l’Occupation" (CNDP, 2007).

     

     

     

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    Pendant les dernières guerres, la radio joua un rôle essentiel, tant pour les populations, pour les soldats ( maintien du morale avec un besoin d’informations).

     

    Durant la dernière guerre mondiale les Allemands imposèrent la tutelle de leur propagande sur la radio des pays occupés avec une censure et un contrôle totale des ondes « officielles » en zone occupée.

     Le général Charles de Gaulle (à droite) avec le brigadier Edward Spears, à Londres, le 17 juin 1940.

    Le gouvernement de Vichy devait quand à lui maintenir en zone libre ( sud ) une radiodiffusion nationale indépendante jusqu’en février 1942.


    Pour tous les Français depuis l’armistice de 1940, la radio était devenue, avec la presse, asservie à la propagande allemande.

     

    Avec la mondialisation du conflit les précurseurs furent les Anglais, qui avait dès 1938 développés ses émissions vers l’étranger

    ( B.B.C Radio Londres) un instrument de propagande modérée finalement très efficace mais encore sous utilisée en 1938 en France, l’Allemagne Nazi avait comprit le pouvoir des ondes avec le matraquage sur le peuple qui portera ses fruits.

     

    Radio Londres fut un symbole de libertée, un contact avec l’extérieur dans les pays occupés et joua un rôle très important pour la résistance Française.

     

    Le début de l’écoute massive débuta symboliquement un certain 18 juin 1940 vers 20 heures avec un appel historique.


    Dans le micro de la BBC le Général de Gaule déclare que « La flamme de la résistance Française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».

     

    C’est le début d’un espoir pour des Français, cette appel donnera l’introduction à se que l’on appellera la voix de la liberté avec Jean Marin (dit Yves Morvan, 1909-1995), co-créateur d’un programme de la BBC il anime l’émission « Les Français parlent aux français » de l’été 1940 à l’automne 1943.

     

    Pierre Dac également speaker dans l’émission, il lisait les messages dédiès aux résistants Français.Cette émission avait pour générique la symphonie n° 5 en ut mineur de Beethoven, dont le début representait un V comme Victoire en morse (Trois points un trait).Pendant de nombreuses années les instructions pour les divers groupes seront communiquées par cette voix venue d’au dela de la manche.

     

    Chaque message était communiquée sous la forme de message personnels, chaque message qui de première apparences semblaient n’avoir aucune logique avaient pour un groupe de résistance une signification précise.

     

    Quelques exemples :

     

    SAINT LIGUORI FONDA NAPLES = Parachutage d’armes et d’agents
    L’ANGORA A LES POILS LONGS = Parachutage d’armes
    L’INFIRME VEUT COURIR = Parachutage d’armes
    YVETTE AIME LES GROSSES CAROTTES = Parachutage d’armes
    LE GRAND BLOND S’APPELLE BILL = Parachutage d’armes
    LE SOLEIL SE LEVE A L’EST LE DIMANCHE = Parachutage d’armes
    IL A PLEURE DE JOIE = Parachutage d’armes et d’agents
    LE COQ CHANTERA A MINUIT = Parachutage d’agents
    LA MORT DE TURENNE EST IRREPARABLE = Parachutage d’armes
    LA VERTU REDUIT DANS TOUS LES YEUX = Parachutage d’armes
    J’ADORE LA DINDE ET LA PIECE DE POGNE = Parachutage d’armes
    XENOPHON A UNE PERRUQUE = Parachutage d’armes
    CINQ AMIS VISITERONT CE SOIR LA PERRUQUE DE XENOPHON = Parachutage d’agents
    VALENTINE VEUT ETRE SOLDAT, UN AMI SYMPATHIQUE L’ACCOMPAGNE = Parachutage d’armes + 1 agent
    LA RIVIERE A ETE DEVASTEE HIER SOIR, OU, LES CANARDS SAUVAGES SE SONT ENVOLES =Parachutage d’armes
    IL FAIT CHAUD A SUEZ = Ordre de saboter les trains et voies ferrées
    LES DES SONT SUR LE TAPIS = Ordre de couper les lignes téléphoniques et les câbles

      

      

      

    Certain auditeur de l’époque racontent :

    • « Une émission de la BBC, « Les traitres au pilori » , le presentateur y denonçait nommement et avec leur adresse , pour plusieurs villes ou villages de France , les français suspects de collaboration économique ou politique , avec un commentaire vengeur ou menaçant. »

      

      

      

     

    Radio Londres est composé, en plus des six bulletins quotidiens d’informations françaises, de deux émissions indépendantes l'une de l'autre, Honneur et Patrie sous la responsabilité de la France libre du général de Gaulleet tenue par Maurice Schumann2, et Les Français parlent aux Français réalisé par le gouvernement britannique.

     

     

    Rompant avec le style emphatique de la radio française, de jeunes chroniqueurs (Jacques Duchesne, Jean Oberlé, Jean-Louis Crémieux-Brilhac,Pierre Bourdan et Pierre Dac) insufflent un ton nouveau sur l'antenne et inventent la radio de proximité avec messages personnels, sketches, chansons, blagues et publicités détournées. S'ouvre alors une guerre redoutable contre Radio Paris ou Radio Vichy, démagogiques et ouvertementantisémites.

     

    Preuve de son succès : les Allemands tenteront de faire interdire son écoute en confisquant les postes et en punissant lourdement les auditeurs.

     

    Car Radio Londres est devenue une véritable arme de guerre.

     

     

    Radio Londres est avec Radio Brazzaville la voix de la France libre du général de Gaulle qui, dès le 18 juin, a appelé ses compatriotes à résister : en encourageant les Français à s'insurger contre l'occupant, il entend contrer la désinformation des radios collaborationnistes.

    Pierre Brossolette prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann, dont le discours du 22 septembre 1942 où il rend un vibrant hommage aux « soutiers de la gloire », expression qui deviendra par la suite usitée.

    En 1944, le triomphe des Alliés sonne la fin de l'épopée Radio Londres.

    Les émissions en français de la BBC vers l'Europe (diffusées sur ondes courtes et ondes moyennes 648 kHz), se poursuivent jusqu'au milieu des années 1990, et celles vers l'Afrique se poursuivent encore à notre époque.

     

     

     

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    http://i-am-a-robot-and-you.tumblr.com/post/37779014271/hellostranger4

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    John Brown (né le 9 mai 1800 à Torrington dans l’État du Connecticut aux États-Unis et pendu le 2 décembre 1859 à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), était un abolitionniste, qui en appela à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage. Il est l’auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d’une tentative d’insurrection sanglante à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l’Etat de Virginie et sa pendaison.

    Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un “fanatique”. L’activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et son issue tragique sont l’une des causes de la guerre civile américaine. Personnalité contemporaine et historique très controversée, John Brown est ainsi décrit à la fois comme un martyr ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste. Il deviendra un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage.

    La chanson “John Brown’s Body” (titre original de “Battle Hymn of the Republic”) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession.

     

     

     

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    Lebensborn

    les enfants européens du Führer partent à la recherche de leurs origines

     

    Il y a près de 70 ans, l'Allemagne nazi lançait en Europe un projet fou :

    celui de faire naître des enfants censés représenter l'élite de la race aryenne. 20 000 enfants naîtront dans ce que l'on a alors appelé les "Lebensborn".

     Lebensborn.svg

    Le premier est créé en Allemagne en 1935.

    Avant la Seconde Guerre mondiale, une dizaine d'établissements furent créés en Allemagne 

    — 8 000 enfants y naquirent —, puis deux en Autriche.

     

     

    Joseph Goebbels 

    Joseph Goebbels

     

    Heinrich Himmler

    1942 - Heinrich Himmler

     

     

    Après le déclenchement de la guerre, la fascination des nazis pour la

    « race aryenne nordique » les conduisit à ouvrir une dizaine de centres en Norvège recueillant des krigsbarn, « enfants de la guerre ».

     

    On estime à entre 9 000 et 12 000 le nombre d'enfants nés dans ces centres selon certaines sources. 

    D'autres centres furent ouverts en Pologne, au Danemark, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en France.

    Ces centres étaient de taille et de nature variable, du simple bureau administratif à l'institution.

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER) 

    Au total furent dénombrés :

     

    Centre  Croix-rouge de Lamorlaye, qui fut pendant la 2?me guerre mondiale une pouponni?re du Lebensborn.  

    Une dizaine seront ouverts dans toute l'Europe.

    Les pères sont des soldats de la Weirmarcht ou des SS.

    Les mères, des Norvégiennes, des Belges, des Hollandaises.

    Le dernier Lebensborn est créé en France très tard, en 1944, à Lamorlaye, au Nord de Paris.

    Une vingtaine de ces bébés y naîtront et y seront

    élevés dans le plus grand secret.

    Dans leur fuite, les Allemands ont brûlé leurs archives et emmenés avec eux les enfants des Lebensborn.

     

    Ils seront rapatriés plus tard dans leurs pays d'origine mais ils n'ont plus d'identité.

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER) 

    Belgique 

     

    Leurs noms ont été changés.

     

    Certains sont confiés à la Ddass.

    Aujourd'hui, ils recherchent leur histoire.

     

     

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    Lors de la seconde guerre mondiale, les Allemands organisèrent des centres d'éducation pour les jeunes bambins nés de très jeunes mères d'origine germanique.
     
    Elles y étaient mises en production comme des "poules pondeuses" pour fournir à l'Allemagne de vrais petits aryens, de futurs invincibles soldats.
     

     Hermann Göring

    Hermann Göring
     
    Le Lebensborn de Wégimont s'est développé sous la direction d'Inge Viermetz avec un personnel de jeunes aidantes et infirmières, et des médecins et gynécologues de Soumagne et de Liège
     
     

     

    L'un d'eux Walter Beausert, né d'un père Allemand et d"une mère Belge, a décidé de créer une association internationale pour les y aider.

    Le journal belge "Le Soir" a retrouvé, et écouté, les témoignages de quelques-uns de ces enfants du Führer élevés au Lebensborn de Wégimont, près de Liège.

     

     

     



    Des dizaines d’enfants



    C’est une photo en noir et blanc. Prise il y a plus de 60 ans à Steinhöring, près de Munich, elle montre une religieuse et une infirmière entourées de huit enfants.

    De son œil valide, un gamin situé à l’extrême-droite du cliché fixe le photographe.

     

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    Les autres jouent, se reposent, attentent le biberon.

     

    Recueillis sur les chemins d’une Europe dévastée, ils sont en attente d’une famille adoptive.

    Extrait d’une bibliothèque de Washington, ce cliché est un des seuls à montrer, parmi d’autres enfants, quelques ex-pensionnaires du lebensborn de Wégimont : créée en 1943 par les nazis, cette maternité devait ravitailler en cheveux blonds l’Empire de mille ans cher à Adolf Hitler.

      

    Nés d’une Belge et d’un père allemand, souvent enregistrés à l’Etat civil sous un nom d’emprunt, dissimulés à leurs propres familles, ils ont malgré eux participé à l’un des programmes les plus effroyables et les moins connus du IIIème Reich.

      

      

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    La naissance des Lebensborn



    « La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentante de toute l’humanité. » (Adolf Hitler, Mein Kampf).

    Tout commence fin 1935 lorsque, dans la suite logique de l’Office supérieur de la Race et du Peuplement (RUSHA) puis des lois de Nuremberg qui interdisent toute relation entre citoyens juifs et allemands, Heinrich Himmler crée la Société enregistrée des lebensborn (Lebensborn Eingetragener Verein).

      

    Les premières maternités - lebensborn signifie littéralement « Source de vie » - sont aménagées à Steinhöring, Wernigerode (province de Hartz), Klosterheide (près de Lindau, dans le Mark) et Bad-Polzin (Poméranie).

      

    Leur spécificité est d’accueillir les jeunes femmes enceintes d’un SS ou d’un policier et surtout, de leur permettre d’accoucher en toute sécurité et en toute discrétion.

    Les filles-mères qui veulent continuer à bénéficier du secret peuvent alors abandonner leur enfant à la SS, qui se chargera de leur éducation.

     

    Celles qui revendiquent leur enfant et promettent de l’élever selon les canons du national socialisme perçoivent une allocation mensuelle et jouissent de plusieurs facilités.

    Dans les années qui suivent, plusieurs décrets seront promulgués qui, en apposant sur ces naissances le sceau du secret, renforcent la quiétude de la maman et l’anonymat d’un père souvent marié par ailleurs :

    possibilité pour les filles-mères de changer leur nom de famille ou celui de leur enfant, renforcement du caractère confidentiel des actes de naissance, etc.

      

    L’objectif assumé est de décourager les avortements et, comme le rêvait le Reichsführer SS Heinrich Himmler, de peupler l’Allemagne de 120 millions de Germains nordiques avant 1980.

     

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    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

     

    Le lebensborn de Wégimont

    « L’arrêt de la reproduction des éléments non valables est aussi important, pour l’élevage humain futur, que la reproduction des éléments humains valables. »

      

    (Krupp Schallmayer, médecin bavarois, théoricien de l’eugénisme).

    Lorsque la guerre éclate, le rêve fou d’une race supérieure prend une effroyable proportion.

      

    Alors que trains et camions acheminent par millions Juifs, Tziganes et homosexuels vers les camps d’extermination, tout est également mis en œuvre pour donner des enfants au Führer et de nouvelles pouponnières sont construites en Allemagne d’abord, en Europe occupée ensuite.

      

    De la Pologne à la Norvège en passant par la France et la Belgique, une trentaine d’immeubles – villas, châteaux, cliniques privées… - seront ainsi sélectionnés puis confortablement aménagés.

     

    Avec l’argent d’entreprises complaisantes d’abord, avec les biens confisqués aux ennemis du Reich ensuite.

    En Belgique, c’est le château de Wégimont, dont les parties les plus anciennes datent du 15è siècle et qui appartient depuis 1920 à la Province de Liège, qui est retenu par l’administration centrale des lebensborn.

     

     

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)  

    Entouré d’un vaste muret, doté de grandes cuisines, d’un large réfectoire et de nombreuses chambres, bordé d’un parc de 22 hectares, il est le refuge idéal pour les filles qui, séduites par un soldat de la SS ou par un de ses admirateurs belges, veulent fuir les foudres du curé, du paternel, des voisins.

    C’est « frau » Inge Vermietz, en charge des lebensborn à l’étranger, qui est chargée dès 1942 d’y créer la maternité des Ardennes (Heim Ardennen).

      

    Accusé de crime contre l’humanité et de crime de guerre, cette femme sera jugée en octobre 1947 en même temps que 13 autres responsables de Rusha... Et acquittée.

    Le centre ouvre ses portes en 1943 et très vite, une vingtaine de femmes y élisent domicile.

     

    « Lorsque les Allemands ont appris que j’avais travaillé au château avant la guerre, ils ont envoyé un membre de la garde wallonne pour me réquisitionner », se souvient Mariette Bodeux.

      

    Alors âgée de 23 ans, cette habitante de Soumagne fut affectée au service en salle :

      

    « Les cuisines étaient au sous-sol et les assiettes nous étaient envoyées par un monte-plats. Je traversais le réfectoire pour servir l’Obersturmführer et les jeunes mamans (…)

      

    Je me rappelle qu’un jour, une des filles de la cuisine a mis quatre grenouilles vivantes dans le plat de l’officier. Lorsqu’il a voulu commencé à manger, elles ont sauté hors de son assiette. Il était fou furieux, il a demandé qui avait fait ça…

    Je crois que s’il l’avait appris, il aurait envoyé la fille en Allemagne. »



    Mariette n’avait que peu d’occasion de parler aux pensionnaires de l’institut. Elle se souvient néanmoins de Rita, cette Liégeoise de 17 ans tombée amoureuse d’un soldat allemand et qui depuis lors, était hébergée au lebensborn avec son fils :

      

    « Elle travaillait parfois aux cuisines et je la croisais régulièrement dans le parc avec son enfant, Walter. Il avait perdu un œil en tombant de son lit. »

    Lorsque la maternité liégeoise fut évacuée en septembre 44, Walter fut, avec d’autres enfants, placé dans le convoi vers l’Allemagne que dirigeait Walter Lang :

      

    « Les Allemands sont partis sur le coup de midi, sans même manger, raconte encore Mariette. Rita ne voulait pas s’en aller. Elle serrait son fils contre elle mais on est venu le lui prendre. Elle s’est jetée dans mes bras, hurlant qu’on lui volait son enfant. »


    Avec d’autres enfants, celui-ci fut d’abord transféré dans le seul lebensborn français, à Lamorlaye, en région parisienne.

     

    Puis dans la maternité nazie de Schalkhausenn, en Allemagne, et le 3 avril 1945, il arriva à Steinhöring.

     

    Ce n’est qu’après un ultime détour par le lebensborn d’Indersdorf, au mois d’août 1945, qu’il est expatrié en France et confié aux bons soins de la Ddass.

     


    Photo : Sur le perron du château, une partie du personnel du lebensborn liégeois.

       

    Walter habite aujourd’hui dans le joli village de Nançois-le-Grand, en Lorraine. « Je m’appelle Walter Beausert mais ce n’est vraisemblablement pas mon vrai nom, explique-t-il.

     

    Les enfants qui semblaient comprendre le français ont été dirigés vers le nord de la France.

      

    Comme je n’avais pas d’acte de naissance, un jugement du tribunal m’en a attribué un qui me faisait officiellement naître à Bar-le-Duc le 1er janvier 1944. »

      

    Balloté entre quelques familles d’accueil, hébergé ensuite à l’orphelinat Poincaré, dans le département de la Meuse, il entamera la veille de son mariage une quête qui dure encore aujourd’hui.

      

    « Quand je me suis marié, je suis allé voir mon tuteur légal, je voulais savoir d’où je venais. Il ne le savait pas ou n’a pas voulu me le dire.

     

     

    Je n’avais que cet extrait d’acte de naissance délivré par le tribunal et me donnant la nationalité française (…) Je n’ai pas pu en savoir plus jusqu’à ce qu’une loi de 1986 autorise les anciens pupilles de l’Etat à consulter leur dossier. » Depuis, il est souvent revenu en région liégeoise.

      

    Il a placardé des avis de recherche autour de la maison communale, interrogé les plus vieux habitants de Soumagne, participé à des émissions de télévision dans l’espoir de retrouver ses parents.

     

    Il est persuadé d’être le fils de Rita : « Je l’ai rencontrée, insiste-t-il. C’était un moment très fort. Il s’est passé quelque chose, elle m’a montré des photos, elle m’a tenu par la main mais elle n’a pas voulu avouer que j’étais son fils. Elle est décédée en 1998. »



    A quelques dizaines de kilomètres, dans une grande maison voisine de la place Stanislas de Nancy, vit aujourd’hui Gisèle Niango.

     

    Elle est née le 11 octobre 1943 à Wégimont puis, après un long parcours, fut elle aussi confiée à une famille française du nord de la France.

     

    Plus de 60 ans ont donc passé depuis cette gamine qui, sur le même cliché, est sagement assise aux pieds d’une infirmière :

     

    « Mon nom de jeune fille est Gizela Magula, précise-t-elle.

      

    Après Steinhöring, j’ai été transférée à Indersdorf où je suis restée jusqu’en juin 1946. A ce moment, j’ai été mise dans un convoi vers la France car on a pensé que je parlais français alors qu’en fait, je ne comprenais que l’Allemand.

     

    Je suis finalement arrivée à Commercy avec d’autres enfants réfugiés et j’ai été adoptée par une très gentille famille. »

    “C’est encore trop douloureux”

    « Chaque Germain que nous amenons en Allemagne et dont nous faisons un Germain de conscience allemande est un combattant de plus pour nous et un de moins pour l’autre côté. »

    (Discours de Heinrich Himmler le 8 novembre 1938).



    Ces enfants dont personne ne voulait, dont on ne savait rien ou si peu, furent donc arbitrairement dispersés entre la France, l’Allemagne et la Belgique.

      

    Nés d’une mère belge et d’un père collaborateur flamand, voire issu de la SS ou de la Légion Wallonie, ils ont en commun une enfance cabossée.

     

    « L’instituteur me traitait de sale Boche, les gens du village racontaient que ma mère était allée avec des Allemands », se souvient Walter.

     

    « Lorsque j’étais petite, j’entendais qu’on traitait ma mère de prostituée »,

    complète Gisèle.

      

    Souvent, ils partagent aussi ce désespoir d’avoir servi malgré eux les théories racistes des nazis. Si quelques-uns, en perpétuelle quête de leur passé et de leur identité, dénoncent ouvertement cet héritage, d’autres ont préféré l’enfouir et l’oublier. Certains l’ignorent encore même aujourd’hui.

     

    Retrouvés en Belgique, en Allemagne, en France et en Australie, une dizaine de ces enfants du lebensborn liégeois ont préféré laisser fermé l’album de famille.

     

    « C’est encore trop douloureux », résume l’un d’eux.

    “Une honte que personne ne peut comprendre”

    Née Gizela Magula le 11 octobre 1943 à Wégimont, celle qui s’appelle aujourd’hui Gisèle Niango a ensuite transité par les lebensborn de Bad Polzin, de Wiesbaden, Ansbach puis Steinhoring le 3 avril 1945.

     

    C’est là qu’elle est retrouvée, en même temps que d’autres enfants, par les Américains puis transférée à Indersdorf où elle restera jusque juin 1946.

     

    A ce moment, elle est mise dans un convoi vers la France car erronément, on considère qu’elle parle français.

     

    Elle arrive avec les autres enfants à Commercy et est adoptée par la famille Marc.

    « Cette petite enfance, c’est une honte que personne ne peut comprendre, explique-t-elle. On sait qu’on n’est pas coupable mais on a honte d’avoir fait partie de ce programme de sélection raciale. Moi, ça m’a détruit intérieurement.

     

    Rien ne peut plus me toucher que ça. Il n’y a pas de plus grand déchirement. » Elle exprime aussi sa « colère » envers les historiens, coupables de ne

     

    « pas s’intéresser à ce programme nazis » et de « ne pas s’occuper de ces enfants qui ont erré toute leur vie, privés de tout repère. »

    D’innombrables recherches lui ont permis de retrouver trace de sa maman, une Hongroise réfugiée à Bruxelles au moment du Pogrom et décédée – quelques semaines avant qu’elle ne la contacte - en janvier 2005 à Huy.

     

    Son père, soupçonne-t-elle, aurait été un Autrichien enrôlé dans l’armée allemande et caserné à Malines.

    “Un grand secret de famille”

    Ingrid Van De Sande habite aujourd’hui en province du Luxembourg.

     

    Elle est née en février 1944 :

     

    « Ce fut longtemps un grand secret dans la famille. Après la naissance, ma mère m’a amenée en Allemagne. Nous sommes revenues en Belgique à la fin de la guerre, avec l’armée française (…)

     

    Plus tard, quand je posais une question à un membre de ma famille, c’était le black-out total. Je suis issue de la grande bourgeoisie flamande et mon grand-père a fait la guerre 14-18 alors vous imaginez…

     

    L’idée qu’une de leurs filles soit tombée enceinte d’un soldat allemand…

     

    Quand on me demandait à l’école qui était mon père et ce qu’il me faisait, mes grands-parents me disaient de répondre qu’on l’avait perdu dans un déménagement. Un jour qu’on était en Allemagne, ma mère m’a dit qu’on venait de passer près de mon père.

     

    J’ai commencé à me douter. Et ce n’est que vers 15 ou 16 ans que j’ai appris que j’étais née à Wégimont (…)

     

    Mon père a été condamné à mort par contumace.

    Je ne l’ai jamais connu. J’ai écrit à l’ambassade allemande pour avoir des détails et peut-être le retrouver mais on ne m’a jamais répondu. »

    “L’Allemagne leur promettait la lune”

    “Mon père, anversois et licencié de l’école des officiers, était chauffeur de l’Oberbefehlshaber Flanderns à Bruxelles, raconte Werner Van Echelpoel.

    Il parlait couramment le français, l’allemand et le néerlandais. Ma mère, elle, était allemande. Lorsqu’ils ont voulu se marier,

    l’autorisation leur a été refusée car les Allemands ont découvert que ma mère avait de lointaines origines juives.

     

    Finalement, le dossier s’est arrangé fin 43 (…)

      

    Ils vivaient en Allemagne lorsque maman est tombée enceinte.

     

     

    Afficher l'image d'origine

     

    Il était prévu qu’elle accouche à Wégimont mais à la fin du mois de septembre 44, comme la maternité liégeoise avait été évacuée, je suis né au lebensborn de Wiesbaden.

     

    Après de grandes difficultés, Werner a pu obtenir un certificat de naissance.

     

    « Il ne faut pas oublier le contexte de l’époque.

     

    La plupart des volontaires étaient flamands.

     

    La Flandre a toujours voulu se donner une identité et l’Allemagne,

    à cette époque, leur promettait la lune.

     

    Beaucoup de Flamands sont partis sans savoir comment ni pourquoi.

     

    Ce qui n’était pas le cas de mon père qui, lui, avait une conscience politique.

     

     

    Photo : un instituteur tient dans ses mains la tête d'une petite fille blonde, sous les yeux de ses camarades 

    A la fin de la guerre, il a fait 18 mois de détention préventive mais il avait des amis qui ont arrangé le dossier et il n’a jamais été condamné.

     

    Ma maman, elle, a toujours marché avec lui.

     

    Jusqu’à sa mort, il y avait d’ailleurs un portrait de Rudolf Hess

    dans sa maison (…)

     

    Ce sont mes parents.

     

    C’est grâce à eux que je suis là mais je ne suis pas responsable

    de ce qu’ils ont fait ou pensé. »

    “Les plus grands moustiques du monde”

    Du fonctionnement de la maternité nazie de Wégimont en Belgique,

    peu d’information subsistent.

     

    La plupart des documents ont été brûlés par les nazis au moment de leur débâcle et les quelques témoins encore vivants se murent dans un silence embarrassé.

     

    Le journaliste Marc Hillel, auteur d’un ouvrage de référence sur les lebensborn

    (Au Nom de la Race, Fayard, 1975), ne réserve d’ailleurs à l’institution belge que quelques lignes.

    Reste que si les archives liégeoises ont été détruites par le feu, de nombreux courriers échangés entre le Heim Ardennen et la centrale de Munich ont été, eux, sauvés par les

     

    Alliés lors de leur traversée de l’Allemagne puis transmis à l’International Tracking Service de Bad Harolsen (Hesse).

     

     

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0067, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

    Créé en 1943 par le Quartier général des forces alliées et la Croix-Rouge britannique, ce centre abrite sur des kilomètres d’étagères 50 millions de fiches relatives aux victimes des persécutions nazies.

     

    Géré par les représentants de 11 Etats et financé par le ministère allemand des Affaires étrangères, l’ITS a, voici quelques mois, ouvert son service documentaire au public.

     

    Nous y avons trouvé une centaine de correspondances qui donnent une idée de l’organisation de la maternité et surtout des relations souvent difficiles qu’elle entretenait avec sa hiérarchie allemande.

    En mai 1943, une infirmière du nom de Lydia Vorsatz est ainsi appelée à prendre la direction de Wégimont.

     

    Quelques jours plus tard, le général SS et médecin chef Gregor Ebner (condamné pour participation à une organisation criminelle, il décédera – libre – en 1974), encourage la nouvelle venue :

     

    « Vous devez essayer de gagner la confiance des mères et des employées de votre centre, lui enjoint-il.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    On ne peut gérer des gens avec succès que si l’on gagne leur confiance.

     

    Ayez toujours l’oreille attentive aux soucis des personnes, aidez-les là où vous pouvez (…)

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0065, Lebensbornheim, Operationssaal.jpg

    Veillez à ce que votre joli home soit toujours présentable.

     

    Comme vous l’avez vu ici à Steinhoring, nous sommes très soucieux de la propreté (…) S’il y a une employée qui ne veut pas suivre les consignes, faites preuve de sévérité car ordre et propreté sont la carte de visite de votre établissement. »

     

    C’est que de son inauguration au printemps 43 à son évacuation en novembre 44, la maternité liégeoise causera son bataillon de soucis à l’occupant allemand : les enfants y seraient traités avec peu de considération, la propreté des lieux laisserait à désirer, le personnel serait revêche et peu collaborant.

     



    Dans un courrier de juillet 1943, le même Ebner pousse néanmoins un soupir de soulagement, les enfants du Führer et leurs mamans seront correctement soignés : «

     

    Nous avons trouvé un gynécologue courageux à Liège, se réjouit-il. Il est à tout moment à votre disposition.

     

    En 20 minutes, il peut être à Wégimont et nous a déjà

    aidés dans deux situations difficiles. »

    Ebner renvoie aussi vers un généraliste qui habite Soumagne et en passant, se désole que les médecins soient « aussi rares que des pièces d’or ».

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0063, Lebensbornheim, Entbindungszimmer.jpg

    Suivent, l’automne et l’hiver de la même année, une série de plaintes, de récrimination, de licenciements.

     

    Ainsi en octobre est-il suggéré que la maternité se sépare

    de l’infirmière Fanny, qui est « sale », « négligente »,

    « manque de professionnalisme » et cumule les absences injustifiées.

     

    Puis, c’est la compagne flamande d’un soldat SS qui se plaint amèrement de n’avoir pas encore été auscultée alors qu’elle a été admise à la maternité voici déjà deux jours.

     

     

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0061, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

     

    Un peu plus tard, après que la direction se soit plainte de ces sages-femmes qui « ne parlent même pas allemand », le Sturmbannführer Walter Lang constate qu’il est difficile de recruter et se demande « si les enfants reçoivent les soins nécessaires car le personnel est hostile à nos convictions politiques ».

     

    Après qu’une maman ait demandé le transfert de son enfant, Dagmar D., vers un hôpital bruxellois, Lang est même persuadé que « les sœurs laissent intentionnellement mourir nos enfants » et demande la mise sous surveillance de l’hôpital de Bavière, à Liège.

    La situation empire lorsque, le 3 novembre 43, Uwe Hans Keiner, un enfant de 7 mois, est retrouvé mort dans son lit.

     

    Alors qu’un peu partout en Europe des centaines de milliers de familles sont promises aux camps d’extermination, la direction du lebensborn est traumatisée par ce décès prématuré et est bien décidée à trouver un coupable.

     

     

    Bien que l’autopsie fasse état d’un kyste au cerveau de l’enfant, la possibilité d’un acte intentionnel n’est pas écartée car, est-il rappelé, le petit Hans Keiner était « un des rares enfants allemands du centre ».

     

    Il est finalement reproché à Gerda, l’infirmière de nuit, de n’avoir pas vérifié toutes les deux heures le bon sommeil des enfants.

     

    Il est décidé qu’elle sera suspendue puis jugée.

    En avril de l’année suivante, nouveau cri d’effroi :

     

    il y a des moustiques dans la pouponnière.

     

    Les responsables du centre constatent que « cette propagation est due aux étangs qui entourent le château » et en même temps que du matériel de désinfection, réclament deux exemplaires de la brochure

    « Les plus grands moustiques du monde ».

    Quelques mois plus tard, ne se doutant vraisemblablement pas que les populations occupées sont soumises aux tickets de rationnement, quand elles ne meurent pas littéralement de faim, une circulaire de la direction suggère aux maternités, dont celle de Liège, de « nourrir les enfants au pain complet ».

     

    Le temps manquera pour mettre ce régime en application puisque début septembre, l’arrivée de la 3ème division du 7ème corps d’armée américain sonne le glas de la maternité liégeoise.

     

    Les Alliés, qui y avaient provisoirement établi un poste de commandement, surnommeront d’ailleurs le château la « baby factory ».

     

      

    Source :

    Le Soir du 4 novembre 2008.

    http://www.personnedisparue.

    com/article.php?id=455

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Nom : Marcel Petiot
    Alias : ?
    Date de naissance : 17 janvier 1897
    Classification : Tueur en série
    Caractéristiques : Docteur
    Nombre de victimes : + de 27
    Date de meurtres : 1942 - 1944
    Date d'arrestation : 31 octobre 1944
    Méthode de meurtre : Poison
    Lieu : Paris, France
    Statut : Executé le 25 mai 1946


    I DÉCOUVERTE



    La macabre découverte d'une maison emplie de restes
    humains lança la police sur la trace de l'un des plus
    étranges criminels de ce siècle, qui parviendrait
    longtemps à échapper à la traque.

     

    Dans l'après-midi du 11 mars 1944, Andrée Marçais finit par perdre patience.

    Depuis cinq jours, un épais nuage de fumée noire s'échappait de la cheminée de l'immeuble d'en face et emplissait la rue entière de sa puanteur. Le vent venait de tourner et la fumée était rabattue vers l'appartement des Marçais, situé au cinquième étage du 22 de la rue Le Sueur.


    Lorsque son mari rentra du travail, madame Marçais le pressa d'agir : ce genre de chose était tout à fait déplacé dans le très bourgeois XVIè arrondissement de Paris. Pourtant, Jacques Marçais répugnait à " faire des histoires ". C'était la guerre, et la capitale était occupée par les Allemands depuis près de quatre ans.

    Les couples respectables n'avaient guère de contacts avec l'oppresseur ; les événements bizarres n'étaient pas rares, mais mieux valait ne pas se montrer trop curieux.

     

    Le secret du docteur

     

    Lorsque les pompiers pénétrèrent dans le sous-sol de la maison du 21, rue Le Sueur, ils y découvrirent deux calorifères. La chair humaine qui brûlait encore dans l'un deux (ci-contre) était à l'origine de la fumée âcre qui depuis plusieurs jours incommod-
    ait les voisins. Des restes humains à différents stades de décomposition jonchaient toute la cave. Les pompiers et les policiers allaient faire bien d'autres macabres trouvailles.


    Finalement, monsieur Marçais accepta d'aller effectuer quelques investigations. Il traversa la rue jusqu'au 21 - un grand hôtel particulier jadis élégant, qui portait maint-
    enant les traces d'un demi-siècle de manque d'entretien. Les lourdes doubles portes de bois paraissaient fermées à clef, mais une note manuscrite y était épinglée, qui indiquait que l'occupant était absent pour un mois et demandait que l'on fît suivre le courrier au 18, rue des Lombards, à Auxerre.
    Marçais appela la police. Quelques minutes plus tard, deux agents en tenue se présentaient rue Le Sueur. Après avoir essayé en vain d'ouvrir portes et fenêtres,

     

      

    ils s'enquirent auprès de la concierge de l'immeuble contigu et apprirent que le propriétaire du 21 était un certain Dr Marcel Petiot, qui demeurait au 66, rue Caumartin, dans le IXè arrondissement ( à quelques trois kilomètres de là ). La concierge connaissait son numéro de téléphone : Pigalle 77.11.
    L'un des policiers se rendit au café du Crocodile tout proche pour y téléphoner ;

    une femme se présentant comme madame Petiot lui répondit.

    L'agent lui exposa le problème et demanda à parler à son mari, qui prit alors le combiné et questionna d'un ton détaché le policier pour savoir si quelqu'un avait pénétré dans l'immeuble. Apprenant que nul n'était entré, Petiot recommanda à l'agent de ne plus rien faire et promit de le rejoindre dans le quart d'heure.


    Au bout d'une demi-heure, personne n'étant arrivé, les deux agents de police firent appel aux pompiers, qui forcèrent une fenêtre du deuxième étage afin d'accéder à l'intérieur. Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit : les pompiers qui sortirent en titubant dans la rue étaient pâles de saisissement.

    L'un d'eux vomit contre le mur de la maison : un autre s'avança d'un pas mal assuré vers les agents de police médusés et d'une voix blanche leur annonça :

    " Messieurs, je crois que vous avez du travail en perspective ".


    La fumée provenait en fait de deux chaudières à bois installées dans le sous-sol de l'hôtel particulier ; par la porte entrouverte de l'une d'elles pendait ce qui semblait être une main de femme.

    Le sous-sol lui-même était jonché de restes humains, comprenant deux squelettes presque complets, plusieurs crânes, une tête en état de décomposition avancée et des amas de chair non identifiables.

    Partout, des cadavres, ou ce qui en restait....

      

    Un étranger fort agité

     L'un des agents, Teyssier, se dirigea immédiatement vers le café Le Crocodile pour téléphoner à ses supérieurs.

    A son retour, il fut accosté par un homme à bicyclette, de taille moyenne, vêtu d'un manteau gris, que Teyssier estima âgé d'une quarantaine d'années.

    Le policier fut frappé par son regard perçant.


    L'étranger paraissait fort préoccupé que les portes du 21 aient été ouvertes, mais il aborda Teyssier avec assurance et lui apprit qu'il était le frère du propriétaire. Conduit au sous-sol, il observa brièvement la scène horrible qui s'étendait sous ses yeux avant de s'exclamer :

      

    " C'est très grave... la vie de nombreux patriotes est en jeu ."


    Alors que, pour échapper à la puanteur, Teyssier regagnait la rue en compagnie de son collègue et de l'homme, ce dernier attira le policier sur le côté et lui demanda s'il était bon français. l'agent ayant affirmé avec indignation que tel était bien le cas, il s'entendit annoncer que les corps disséqués amoncelés dans la cave étaient ceux " de traîtres et d'Allemands ".


    Avec une ferme conviction dans la voix, l'étranger poursuivit en indiquant qu'il dirigeait un groupe de résistants, et qu'il avait chez lui trois cents dossiers qui devaient être détruits avant d'être découverts par l'ennemi. Quelle autre raison pouvait expliquer un carnage aussi systématique ? se dit Teyssier.

      

    Puis, se souvenant que des renforts devaient arriver d'un moment à l'autre, il conseilla à l'homme de s'enfuir. Celui-ci remonta sur sa bicyclette et s'éloigna dans la rue.

    Une fois encore, le Dr Marcel Petiot, criminel et imposteur, avait trompé son monde.

     



    Derrière la façade à l'élégance fanée du 21, rue Le Sueur ( ci-dessus ) s'étaient déroulés des scènes atroces. La plupart des pièces donnant sur la cour ( ci-contre) contenaient des corps découpés, dont certains étaient enfouis dans la chaux vive.

    Enquête préliminaire

    Une fouille en règle du 21, rue Le Sueur fut effectuée : les pièces de l'étage, dans la partie principale de l'immeuble, semblaient depuis longtemps à l'abandon ; l'épaisse couche de poussière qui recouvrait les meubles confirmait que nul n'y avait vécu depuis des années.

    A l'arrière de la maison et de l'autre côté de la cour se dressaient les communs ( anciens logements des domestiques ),

    qui communiquaient au rez-de-chaussée avec le bâtiment principal, par l'intermédiaire d'un couloir.

    " Le Dr Petiot soigne, mais
    n'exploite pas ses malades "
    PETIOT, dans un prospectus publicitaire

    A l'intérieur des communs se trouvaient les seules pièces habitables de la maison - une petite bibliothèque et un cabinet de consultation médicale. Du cabinet, un couloir étroit menait à une pièce de forme triangulaire, d'environ deux mètres cinquante dans sa plus grande dimension et deux mètres dans les autres. Cette pièce était vide de tout meuble ou objet, hormis huit solides anneaux métalliques scellés dans l'un des murs. Face à la porte menant au cabinet de consultation se trouvait une autre porte, qui, selon toute apparence, conduisait aux écuries attenantes ; à côté de cette porte, une sonnette électrique. Lorsque les policiers essayèrent d'ouvrir cette seconde porte, ils se rendirent compte qu'elle était factice et que le fil de la sonnette n'était relié à rien.

    LE VRAI MAIGRET ?
    Le commissaire Georges Massu avait trente-trois ans
    d'ancienneté dans la police lorsqu'il fut chargé de l'affaire Petiot. Avec 3 257 arrestations à son actif, il venait d'être promu à la tête de la Brigade Criminelle de la Police judiciaire.
    Dix années auparavant, Massu s'était lié d'amitié avec un jeune écrivain belge du nom de Georges Simenon, qui était à la recherche de contacts et de renseignem-
    ents afin de doter ses romans policiers d'une toile de fond réaliste.
    Fasciné par l'expérience du policier, ainsi que par sa compréhension instinctive des milieux criminels de la capitale française, Simenon accompagna Massu lors de certaines de ses enquêtes.
    Après la guerre, Simenon connut le succès que l'on sait, notamment au travers du fameux Maigret. Pour tous ceux qui connaissaient Massu, il ne fit aucun doute qu'il avait inspiré la création du célèbre commissaire fumeur de pipe, tel qu'il fut représenté dans de nombreux romans et feuilletons télévisés.


    Une fouille plus approfondie de la chambre triangulaire révéla la présence d'un autre objet intéressant : un œilleton, installé dans le mur adjacent au couloir.

    Le commissaire Georges Massu, qui était arrivé pour prendre la responsabilité de l'enquête, regarda dans le viseur : celui-ci était au niveau des anneaux métalliques, et donc parfaitement placé pour quiconque souhaitait observer de là l'agonie d'une personne attachée aux anneaux.
    Tandis que Massu commençait à s'interroger sur l'importance de ces découvertes, un groupe de policiers entreprit de fouiller le garage contigu au cabinet médical : ils y trouvèrent un tas de chaux vive d'un mètre de haut d'où dépassaient des restes humains - une mâchoire et un morceau de cuir chevelu.


    Le box voisin contenait une vieille fosse de vidange surmontée de deux grosses dalles. Lorsque celles-ci eurent été ôtées, on se rendit compte que la fosse renfermait de la chaux vive et d'autres débris humains. La découverte la plus sinistre fut celle d'un sac contenant tout le côté gauche d'un être humain, dépourvu de tête. Les appentis du 21, rue Le Sueur étaient de toute évidence équipés de manière à ce qu'un criminel ( ou plusieurs ) pût y assassiner des êtres humains, puis se débarrasser de leurs cadavres.


    Cette nuit-là, à 1h30 du matin, Massu avait vu tout ce qu'il avait besoin de voir, et déjà il avait commencé à élaborer une théorie expliquant les macabres trouvailles. Le propriétaire de la maison avait selon toute vraisemblance attiré ses victimes dans son cabinet de consultation, avant de les amener par la ruse à pénétrer dans la chambre de mort, ou de leur faire prendre un soporifique puis de les ligoter aux anneaux scellés dans le mur. Il leur administrait ensuite une dose mortelle de gaz ou de poison. Il pouvait alors, grâce à l'œilleton, observer sadiquement la lente agonie de ses victimes.



    La nouvelle des activités de Petiot était si sensationnelle qu'elle attira la foule devant son domicile du 66, rue Caumartin ( ci-dessus ). Le scandale permit d'oublier un temps l'occupation allemande.


    Les restes découverts dans la chaux vive des communs étaient dans un état de décom-
    position avancée. Le meurtrier avait donc, dans un premier temps, employé ce moyen pour se débarrasser des corps. Mais, de toute évidence, les cadavres s'étaient accumulés trop rapidement, si bien que l'assassin avait été forcé d'adopter la méthode nettement plus grossière qui consistait à les découper en morceaux avant de les faire brûler dans la chaudière du sous-sol.


    Au moment même où le commissaire Massu allait quitter la maison, un télégramme lui parvint du quai des Orfèvres, l'informant que le propriétaire, le Dr Marcel Petiot, était un
    " fou dangereux " recherché par les autorités allemandes, et qu'il devait l'arrêter sans retard.

    L'entrée en scène des Allemands coupa Massu dans son élan, car elle laissait supposer que l'affaire présentait des implications politiques. La police française serait sans doute bien inspirée de se tenir à l'écart d'une telle affaire.

    Une lente traque
     
    C'est peut-être ce qui explique la lenteur de l'enquête. Lorsque les policiers se rendirent rue Caumartin au domicile de Petiot, le lendemain matin, ni Petiot ni sa femme ne s'y trouvaient ( en fait, une demi-heure seulement avant leur arrivée, Petiot était encore en train de faire ses valises ). Ensuite, au lieu de diffuser le signalement de l'homme et de mettre sur pied une surveillance dans les gares - comme on le faisait ordinairement en pareil cas - les enquêteurs se contentèrent de rech-
    ercher les agents immobiliers qui avaient traité la vente à Petiot du 21, rue Le Sueur, et les artisans qui avaient effectué les travaux de trans-formation de la pièce triangulaire. Dans l'intervalle, Petiot avait disparu.
    Le 31 mars, l'inspecteur général Marius Batut entreprit de tirer parti de la note épinglée sur la porte du numéro 21, ce qui le mena à Auxerre, où demeurait le frère cadet de Petiot. Maurice Petiot, réparateur d'appareils de T.S.F. de son métier, commença d'abord par soutenir qu'il

    ignorait tout des trouvailles de la rue Le Sueur, qui faisaient alors les gros titres de toute la presse française. Il prétendit n'être jamais allé dans la maison et n'avoir pas vu son frère au cours du mois écoulé. Batut rentra à Paris, non sans avoir donné à la police locale l'ordre de surveiller la gare d'Auxerre. Le lendemain matin, Maurice et la femme de Petiot, Georgette, furent arrêtés alors qu'ils montaient dans le train de Paris, puis placés en garde à vue au commissariat de police.
    Pâle, les traits tirés, Georgette Petiot, belle femme de trente-neuf ans, expliqua à la police ce qu'elle savait. Le lendemain du départ hâtif de son mari, elle avait emmené son fils avec elle et essayé de prendre un train pour Auxerre. Comme il n'y en avait pas, elle avait passé la nuit du 12 mars dans un autre immeuble appartenant à son mari, au 52 de la rue de Reuilly, puis était finalement arrivée chez son beau-frère avant neuf heures du soir. Elle déclara ne rien pouvoir dire de plus, puis s'évanouit.

    Maurice Petiot, frère de Marcel ( ci-contre ) fut arrêté alors qu'il montait dans le train à Auxerre. S'il admit avoir livré de la chaux vive rue Le Sueur, il nia y avoir jamais vu de cadavres.

    La vérification des dires de madame Petiot permit de mettre la main sur un témoin important, un hôtelier du nom d'Alicot. Il affirma bien connaître Maurice Petiot, car celui-ci descendait régulièrement dans son hôtel depuis 1940, à l'occasion de voyages d'affaires à Paris. Alicot se souvint qu'en Février,

    Maurice était arrivé avec un camion et des ouvriers, apparemment dans le but de livrer un lourd chargement dans un autre quartier de la capitale.

    Par une extraordinaire coïncidence, le propriétaire du camion ( un certain Eustache, d'Auxerre ), alerté par les articles de journaux concernant l'affaire, prit le même jour contact avec la police.


    Eustache confirma que le 19 février, Maurice Petiot et lui-même avaient pris livraison de quatre cents kilogrammes de chaux vive dans une carrière proche d'Auxerre et les avaient livrés à une adresse
    parisienne qui ressemblait fort au 21, rue Le Sueur.

      Face à de telles déclarations, Maurice ( qui jusqu'alors avait à contrecœur admis être allé dans l'immeuble incriminé afin d'y surveiller des travaux de construction pour le compte de son frère ) capitula enfin. Il révéla qu'en février son frère lui avait écrit pour lui demander d'organiser la livraison de la chaux, destinée selon lui à lutter contre une invasion de cafards. Puis, dans la nuit du 11 mars, il avait reçu " un coup de téléphone anonyme " qui l'avertissait de la découverte de restes humains sur les lieux et le prévenait qu'il risquait d'être mis en cause.


    " C'est très grave... la vie de
    nombreux patriotes est en jeu "
    PETIOT, après la découverte du charnier de la rue Le Sueur

     Le 17 mars, Maurice Petiot fut arrêté et écroué ; inculpé de complicité d'homicide volontaire, il fut interrogé à maintes reprises au sujet de ce qu'il avait vu rue Le Sueur et de la maison pour laquelle il avait été amené à s'occuper de cet immeuble.

      

    A la première question, Maurice répondit qu'à aucun moment il n'avait vu de corps dans la maison. Sa réponse à la deuxième question parut plus plausible : il expliqua qu'il avait commencé à aider son frère parce que de mai 1943 à janvier 1944, Marcel Petiot avait été emprisonné par la Gestapo qui le soupçonnait de trahison.

     

    MAISON DE MORT

    Derrière son élégante façade, le 21 de la rue Le Sueur
    cachait une pièce transformée en chambre de torture et
    une fosse destinée à engloutir les restes humains.

    La rue Le Sueur paraissait a priori peu propice aux activités de Petiot. Elle se trouvait dans l'un des arrondissements les plus respectables de Paris, le XVIè ; l'immeuble du 21 lui-même, situé non loin de la place de l'Étoile, était un immeuble hôtel particulier du XIXè siècle, qui avait appartenu à la princesse Maria Colloredo-Mannsfeld. Après son départ, en 1930, l'intérieur fut laissé à l'abandon. La folie de Petiot allait trouver à s'exprimer dans les communs.



    Le commissaire Massu désigne le sinistre viseur et observe le calorifère (en bas à droite), tandis que ses hommes tamisent la chaux (ci-contre).



    II LES MEURTRES

    Les hommes et les femmes désireux de quitter la France
    occupée étaient pour Petiot des victimes toutes désignées,
    qui le payaient grassement pour organiser leur " fuite ".
    Dans ces circonstances, leur disparition ne suscitaient
    bien sûr aucune question gênante.
     
     
     

    A peine l'armée allemande était-elle entrée dans Paris que Petiot entreprit de mettre en œuvre un moyen de profiter des malheurs de la France. En mai 1941, il se vanta auprès de son coiffeur de la rue des Mathurins, Raoul Fourrier, d'être en relation avec un réseau d'évasion qui pouvait faire sortir des réfugiés de la France occupée pour la somme de vingt-
    cinq mille francs - soit les deux tiers des tarifs alors en vigueur.

    Il conseilla à Fourrier de prendre contact avec lui s'il apprenait que quiconque pouvait être intéressé. Le coiffeur transmit le message à son ami Edmond Pintard - un artiste de music-hall dans la débine qui comptait parmi ses connaissances plusieurs figures célèbres du Milieu parisien.


    Rendez-vous fatal
    Dans l'intervalle, Petiot lui-même fut contacté par Joachim Guschinow, juif polonais et associé dans un commerce de fourrures du 69 de la rue Caumartin. Guschinow parla à Petiot de son angoisse croissante devant la manière dont la communauté juive était traitée par les Allemands. Le médecin lui conseilla alors de quitter le pays aussi vite que possible, et lui glissa qu'il pourrait organiser pour lui une fuite vers l'Argentine.

    Le Dr Marcel Petiot chercha dans la guerre l'occasion d'accroître sa fortune personnelle. Avec l'absence de sens moral qui le caractérisait, il entreprit de tuer pour le profit.

    Après plusieurs mois de réflexion, Guschinow prit enfin sa décision. Le 2 janvier 1942, il fit ses adieux à sa femme pour aller au rendez-vous fixé en secret avec Petiot. Il emportait comme convenu cinq de ses plus beaux manteaux, un million de francs en espèces, de l'or et des bijoux, ainsi que mille dollars cousus dans les épaulettes de son manteau.
    Madame Guschinow ne devait jamais revoir son mari. Deux mois plus tard, elle demanda des nouvelles à Petiot, qui lui répondit que Guschinow avait gagné l'Argentine via Dakar ; le médecin lui fournit même une lettre ( apparemment rédigée sur le papier à en-tête d'un hôtel de Buenos Aires ) déclarant qu'il était arrivé à destination et ne tarderait pas à faire venir son épouse auprès de lui.



    En juin 1940, l'armée allemande entra dans Paris ; pour la plupart des Français,
    ce fut un événement tragique, mais des profiteurs sans scrupules virent là un moyen rêvé de s'enrichir.

    Guschinow fut le premier d'une longue liste. Peu après sa disparition, en février 1942, Petiot fut convoqué devant le juge d'instruction Achille Olmi. Il était accusé d'avoir prescrit illégalement de l'héroïne à un certain Jean-Marc Van Bever et à l'amie de celui-ci, une toxicomane et ancienne prostituée du nom de Jeannette Gaul.
    Après de multiples déclarations contradictoires de la part de Van Bever et Jeannette Gaul, et de véhémentes protestations d'innocence de la part de Petiot, tous trois furent relâchés en attendant le procès. Le 22 mars, toutefois, Van Bever disparut à jamais.
    Moins de neuf mois plus tard, Jeannette Gaul, qui avait repris son ancien métier, mourut du tétanos.
    Au moment de la disparition de Van Bever, Petiot fut impliqué dans une affaire étonna-
    -mment similaire, concernant une ordonnance d'héroïne maladroitement falsifiée par une jeune fille du nom de Raymonde Baudet. L'ordonnance qu'elle avait modifiée avait été rédigée par Petiot. La mère de Raymonde, Marthe Khaït, s'intéressa à l'affaire, si bien que Petiot craignit qu'elle ne conduisît la police jusqu'à lui. Avant qu'elle n'ait eu le temps de le faire, cependant, elle disparut également, le 25 mars - soit trois jours seulement après la disparition de Van Bever.
    Le lendemain matin, deux notes griffonnées à la hâte furent découvertes sur le seuil du domicile des Khaït, qui expliquaient que Marthe se droguait en secret depuis des années, et qu'elle s'était enfuie vers la Zone Libre afin de ne pas nuire à la cause de sa fille. Aussi douteux que cela pût paraître, les experts graphologues de la police confirmèrent l'authent-
    icité des lettres, en ajoutant qu'elles avaient de toute évidence été rédigées dans un moment de grande tension. Quelques heures plus tard, deux lettres supplémentaires, dont la teneur concordait avec celle des deux premiers messages, parvinrent à l'avocat des Khaït.

    En compagnie du coiffeur Raoul Fourrier, l'artiste de vaudeville décrépit qu'était Pintard ( ci-contre ) fournissait à Petiot ses victimes sans méfiance.

    Marthe Khaït ne devait jamais être retrouvée. Son mari s'en étant pris à Petiot, celui-ci prétendit qu'elle lui avait parlé de son projet d'évasion et qu'il lui avait fourni les noms de certains contacts en Zone Libre ( contacts qui allaient ultérieurement se révéler inexistants ). L'affaire Baudet fut jugée au mois de juillet suivant : le docteur fut condamné à dix mille francs d'amende ( comme dans l'affaire Van Bever ) et à un an de prison avec sursis.
    Pour autant qu'on le sache, la victime suivante fut une jeune femme du nom de Denise Hotin. Au début de juin 1942, elle prit le train à Neuville-Garnier pour se rendre à Paris. Dans une tentative désespérée pour rétablir la réputation souillée de sa famille, elle souhaitait obtenir un certificat médical fallacieux attestant qu'elle n'avait pas subi d'avortement - elle avait en fait eu recours à cette intervention l'année précédente. Denise se rendit tout d'abord chez une

    certaine madame Mallard, la sage-femme qui avait organisé l'avortement. Un an plus tard, en juin 1943, cette madame Mallard devait déclarer au mari de Denise qu'à l'issue d'un bref entretien, celle-ci avait quitté sa maison pour se rendre au cabinet du Dr Petiot.
    Deux jours après la rencontre supposée de Denise Hotin et de madame Mallard, son mari et sa belle-famille reçurent des messages affirmant qu'elle n'avait jamais subi d'avortement, et qu'elle était partie se reposer dans sa famille à Bordeaux. Il n'y eut plus aucune nouvelle de la malheureuse.
    Le 20 juin 1942, un médecin âgé de soixante-deux ans, Paul-Léon Braunberger, reçut un mystérieux appel téléphonique ; son interlocuteur, un homme qui paraissait le connaître, prétendit l'appeler de la part d'un patient gravement malade ; il souhaitait rencontrer Braunberger de toute urgence à la station de métro de la place de l'Étoile. Le médecin accéda à cette demande... et s'évanouit à jamais.
    Le même jour, un autre patient du docteur Braunberger, Raymond Vallée, reçut une lettre express émanant censément du médecin, dans laquelle celui-ci indiquait qu'il avait été obligé de s'enfuir en toute hâte. La femme de Braunberger reçut une lettre d'explication semblable. Les graphologues de la police devaient plus tard confirmer que ( comme dans l'affaire Khaït ) les lettres étaient authentiques mais qu'elles avaient été rédigées sous la contrainte.

    Persécutions à Paris

    CINQ DES VICTIMES DE PETIOT
    Joachim GUSCHINOW,
    fourreur juif
    Marthe KHAÏT,
    mère d'une patiente
    Joseph REOCREUX,
    proxénète et braqueur
    Margaret et René KNELLER,
    riches juifs français.


    En juillet 1942, les persécutions infligées aux Juifs de Paris par les Allemands s'aggrav-
    èrent ; les biens des Juifs furent saisis, des familles entières déportées vers les camps de concentration du Reich. La famille Kneller, composée de Kurt, de sa femme Margaret et de leur jeune fils René, ressentait avec une acuité toute particulière le danger qui menaçait : en effet, les Kneller étaient d'origine allemande et n'avaient acquis la nationalité française que peu avant la guerre. Le 16 juillet, après avoir échappé de justesse à la Gestapo, ils allèrent se cacher chez des amis. Deux jours plus tard, leur médecin, Marcel Petiot, les aidait à quitter le pays : on n'entendit plus jamais parler des Kneller, sinon par le truchement de deux cartes postales d'origine fort douteuse, dans lesquelles Margaret Kneller indiquait à des amis qu'ils avaient franchi " la ligne ".
    Au moment de la disparition des Kneller, la proposition de service quelque peu grossière que Petiot avait faite chez le coiffeur de la rue des Mathurins commença à payer. Pintard, l'acteur, mentionna l'existence de la filière d'évasion à un certain Joseph Réocreux - connu de ses amis de la pègre parisienne sous le surnom de " Jo le Boxeur ". Proxénète et braqueur au casier judiciaire chargé, recherché par la police française comme par la Gestapo, Réocreux en était venu à la conclusion qu'il était temps pour lui de quitter le pays. Aussi demanda-t-il à Pintard de lui fournir plus de détails.
    Fourrier organisa une rencontre avec un certain docteur Eugène ( alias Marcel Petiot ) ; il fut décidé que Réocreux s'enfuirait avec trois de ses amis - François " le Corse " Albertini, Claudia " Lulu " Chamoux et Annette " la Poute " Basset. Petiot laissa éclater sa fureur en apprenant que Pintard et Fourrier avaient tenté de faire payer aux malfrats le double des 25 000 francs convenus, mais en septembre le plan fut mis en œuvre. Albertini et Claudia Chamoux partirent les premiers, suivis quelques semaines plus tard par Annette Basset et Réocreux, dont les soupçons au sujet de toute l'entreprise furent apaisés par un télégramme annonçant que les autres avaient quitté le territoire dangereux. Selon un processus désormais familier, aucun des quatres fugitifs ne devait reparaître. En novembre, la puissance de recrutement du réseau dirigé par le " docteur Eugène " s'accrût dans des proportions considérables, grâce aux services d'Eryane Kahan. Juive d'origine roumaine, cette aventurière de cinquante ans avait fait la connaissance de Pintard. Le mois suivant, elle servit d'intermédiaire dans l' "évasion" de Maurice et Lina Wolff, et de la mère de Maurice, Rachel - uniques survivants d'une riche famille juive pourchassée à travers l'Europe depuis le début de la guerre.

     

    Le Nouvel An n'occasionna aucun ralentissement des sinistres activités de Petiot : à la fin de janvier 1943, trois autres couples de réfugiés juifs avaient été expédiés dans le néant avec l'aide d'Eryane Kahan : les Baston, vieux amis parisiens des Wolff, ainsi que deux autres couples venus de Nice, les Stevens et les Anspach. Ces six personnes avaient en commun le fait d'être riches et d'être aux abois. Elles disparurent sans laisser de traces. En mars 1943, un ancien " collègue " en gangstérisme de Jo le Boxeur, Adrien " le Basque " Estébétéguy, entra en contact avec le réseau : il avait lui aussi le sentiment que Paris était devenu trop dangereux pour lui, et après avoir vu avec quelle efficacité le docteur Eugène s'était occupé des évasions précédentes, il organisa par l'entremise de Fourrier et Pintard sa propre fuite, en compagnie de quatres amis. Estébétéguy et un proxénète du nom de Joseph Pereschi connurent le sort des autres victimes de Petiot, tout comme leurs maîtresses, Gisèle Rossmy et Paulette " la Chinoise " Grippay.
    Leur disparition marqua toutefois un tournant pour le "réseau d'évasion",

    qui  à ce stade faisait jaser dans tout Paris.

    Parmi les personnes qui s'intéressait de près aux rumeurs figurait Robert Jodkum, du sous-secteur IV-B4 de la Gestapo : il résolut de dépister et de détruire le réseau.

    LES ORIGINES

    Par sa séduction naturelle,
    Marcel Petiot sut conquérir prestige
    professionnel et position sociale.
    Mais ce charme cachait une nature
    sadique et sans scrupule.
     

    Marcel Petiot naquit le 17 janvier 1897 à trois heures du matin, dans la ville d'Auxerre, à environ cent cinquante kilomètres de Paris. On sait peu de choses de ses parents, sinon que son père Félix était employé des Postes et que la famille vivait dans une relative aisance.

     

    Marcel Petiot ( ci-contre ) était originaire d'Auxerre, chef-lieu du département de l'Yonne, sur la rivière du même nom ( ci - dessous ).

     

    Cependant, Félix mourut alors que Marcel n'avait que cinq ans ; trois ans plus tard, sa mère disparut à son tour. Dès lors, le garçon fut confié à la garde de divers oncles et tantes.

    Dans son enfance, Petiot fit montre d'une vive intelligence - il savait lire à la perfection dès l'âge de cinq ans - mais très tôt il manifesta des tendances sadiques.

    On le trouva un jour en train de plonger l'arrière-train de son chat dans une casserole d'eau bouillante ; quelques semaines plus tard, le malheureux animal fut retrouvé étouffé dans son lit. Un autre jour, un parent le surprit alors qu'il crevait avec une aiguille les yeux d'oiseaux captifs puis les regardait avec amusement se jeter contre les barreaux de leur cage.


    Le parcours scolaire de Petiot fut ponctué d'incartades ; il fut renvoyé de deux établissements avant d'obtenir son baccalauréat. L'hiver suivant, alors que la Grande Guerre faisait rage depuis deux ans, il s'engagea dans l'armée et fut envoyé au front.

    En 1917, il fut blessé par des éclats de grenade : malgré un rétablissement rapide, il commença à manifester des signes de troubles mentaux, qui ne firent qu'empirer lorsqu'il rejoignit son unité.

     

    Le jeune médecin

    Petiot passa le reste de la guerre à l'hôpital. Il fut réformé pour raisons médicales en 1919, et se vit accorder une pension d'invalidité. L'année suivante, il parvint à obtenir un poste d'interne dans un établissement psychiatrique d'Evreux ; douze mois plus tard, il obtenait un diplôme de médecin délivré par la Faculté de Médecine de Paris ( diplôme sans doute acquis par des moyens frauduleux ).

      

    Dans le même temps, il s'efforçait de faire augmenter sa pension d'invalidité en se soumettant à des examens psychiatriques auprès de médecins militaires.

      


    Armé des qualifications dont il avait besoin, Petiot regagna son Yonne natale où il s'établit en tant que généraliste dans la paisible bourgade de Villeneuve. De l'avis général il fut excellent médecin, séduisant et compétent ; les rumeurs concernant sa vie privée ne tardèrent pas à aller bon train, mais cela ne l'empêcha pas de se bâtir rapidement une belle clientèle.

      


    En 1926, Petiot annonça son intention de se présenter à la mairie de Villeneuve, sous l'étiquette des " Républicains de gauche " : à l'issue d'une campagne énergique, il fut élu avec une confortable majorité. L'année suivante, il consolida toutes les apparences extérieures de respectabilité en épousant une riche et jolie jeune femme de la région, Georgette Lablais.

     

     

    En 1927, Petiot épousa la jolie Georgette Lablais (ci-contre) ; il avait trente ans, elle en avait vingt-trois. Leur unique enfant naquit l'année suivante. Le père de Georgette était propriétaire du restaurant parisien Chez Marius, rue de Bourgogne, fréquenté par de nombreux hommes politiques.
    Dans l'exercice de ses respons-
    abilités municipales, Petiot eut tôt fait de se faire une réputation de maire peu orthodoxe, certes, mais capable de prendre seul des décisions et de les faire appliquer.
      
    Cela le rendit fort populaire auprès de la majorité des habitants, mais lui valut aussi des inimitiés. Ses ennemis eurent l'occasion de se réjouir en 1930, quand Petiot fut condamné à une peine avec sursis pour détournement de fonds municipaux.
      
    L'année suivante, il fut acculé à la démission, sous le poids croissant des accusations de prévarication. Malgré les graves irrégularités qui furent découvertes par la suite dans les comptes de la ville, il n'y eut pas de plus amples suites judiciaires.

    Sans se laisser démonter, Petiot s'employa à se faire élire au conseil
     

      

    général, toujours sous les couleurs de la gauche ; à la fin de l'année, il ne manqua que de peu sa réélection au poste de maire de Villeneuve.


    En 1933, le médecin de l'Yonne décida de s'installer à Paris avec sa famille - il était grand temps. Après son brusque départ, on découvrit qu'il s'était arrangé ( par un branchement illégal sur le réseau local de distribution d'électricité ) pour disposer gratuitement de l'électricité, aux dépens des contribuables.

    Rumeurs inquiétantes

    Outre ces écarts publics, la vie privée de Petiot fit l'objet de nombreuses rumeurs déplaisantes. Peu après son installation à Villeneuve, il fut accusé d'avoir dérobé des biens dans la maison qu'il louait. Exhibant son livret militaire, il se défendit en assurant qu'il était " un fou certifié " ( mode de défense qu'il serait d'ailleurs amené à employer en d'autres occasions ).


    En 1926, sa femme de ménage et maîtresse, Louisette Delaveau, disparut dans des circonstances mystérieuses. D'aucuns prétendirent qu'elle était enceinte : toujours est-il qu'on ne la revit plus jamais.
    Quatre ans plus tard, Petiot fut interrogé par la police dans le cadre d'une affaire particulièrement sanglante, où s'additionnaient un incendie criminel

    et l'assassinat d'une certaine madame Debauve.

     

    Des témoins jurèrent avoir vu Petiot quitter les lieux du crime, mais l'enquête n'aboutit pas. En 1935, après son départ pour Paris, la mère d'une patiente décédée porta plainte en affirmant que sa fille avait été victime d'une surdose de drogue.

    Selon la rumeur publique, Petiot procédait à des avortements et fournissait des drogues à des toxicomanes.


    Une fois à Paris, Petiot aborda sa nouvelle installation en tant que médecin généraliste avec toute l'énergie, l'efficacité et l'absence de scrupules qui le caractérisaient.

    Après avoir loué un appartement rue Caumartin, dans le quartier fort animé de la gare Saint-Lazare, il apposa une plaque faisant état de références fallacieuses et de thérapeutiques douteuses.

      

    Ce stratagème fonctionna à la perfection : bientôt la salle d'attente fut de nouveau bien remplie. Nombre de patients que Petiot traita alors attesteraient plus tard qu'il était un médecin compétent et consciencieux.


    Toutefois, Petiot était incapable de rester longtemps à l'abri des ennuis. En 1935, soupçonné de prescrire illégalement de l'héroïne à des toxicomanes, il fut arrêté, puis finalement relâché faute de preuves. L'année suivante, il fut arrêté pour avoir commis un vol à l'étalage et frappé l'employé de la librairie qui tentait de l'appréhender.

      

    Lors du procès qui s'ensuivit, il plaida la démence, en arguant de son invalidité reconnue par l'armée et des expertises psychiatriques régulières auxquelles il s'était soumis. Il fut relaxé, mais parut ébranlé par cet incident ; il se fit volontairement interner dans une maison de santé pendant les sept mois qui suivirent.

     

    Fraude fiscale

    En 1938, une nouvelle tache vint souiller la réputation déjà fort ternie de Petiot : son inspecteur des impôts lui chercha noise pour n'avoir déclaré qu'un dixième à peine de ses revenus annuels estimés.

    Ses affaires firent alors l'objet d'une enquête qui montra que Petiot possédait plusieurs propriétés à Paris ; dans son rapport, l'inspecteur indiqua qu'il comprenait mal comment un médecin généraliste ordinaire pouvait avoir amassé une telle fortune. A la fin de la guerre, la réponse lui serait donnée...


    III LE CAPTIF

    Petiot fut pris à son propre jeu lorsque la
    Gestapo mit la main sur lui, mais faisant preuve
    d'un grand courage sous la torture et d'un sang-froid
    remarquable lors des interrogatoires, il parvint à
    ne rien révéler.

    Le bureau de Robert Jodkum, dans l'immeuble de la rue des Saussaies, était intégré à la section de la Gestapo chargée des Affaires juives.

    Au printemps de 1943, toutefois, Jodkum en était venu à la conclusion que les réfugiés juifs n'avaient pas été les seuls à bénéficier des services de la filière d'évasion du " Dr Eugène ".


    Dans un dossier complet daté d'avril de cette année-là, la Gestapo identifiait Fourrier et Pintard comme principaux intermédiaires, précisait que le prix de l'évasion était de cinquante mille francs ( chiffre fourni par Pintard ) et supposait que les fuyards étaient conduits hors de France via Irun, petit port espagnol situé de l'autre côté de la frontière.

    L'unique information manquante était l'identité du Dr Eugène lui-même.

     

    Dans le cadre d'un stratagème mis au point par la Gestapo pour démanteler le réseau d'évasion, Yvan Dreyfus ( ci-contre ), résistant notoire, fut utilisé comme leurre.

    Jodkum avait donc besoin d'un informateur infiltré dans le réseau, d'un homme sur lequel il pût exercer un contrôle total, mais dont le statut d'ennemi du Reich fût au-dessus de tout soupçon.

    Il trouva cet homme en la personne d'Yvan Dreyfus, riche importateur de matériel radio-électrique lyonnais, de confession juive, qui avait utilisé sa société pour fournir des émetteurs radio à la Résistance. Il avait été arrêté par la Gestapo à Montpellier, et attendait d'être déporté vers un camp de concentration.


    A la fin d'avril, par le truchement de toute une série d'intermédiaires, la Gestapo fit savoir à la femme de Dreyfus, Paulette, qu'il était possible d'acheter la liberté de son mari.

    En dépit de sa légitime suspiscion, Paulette accepta le plan qu'on lui proposait : après que l'on se fut mis d'accord sur la somme importante de trois millions et demi de francs, un collaborateur du nom de Pierre Péhu fut envoyé à la prison de Compiègne pour conclure l'affaire.

     

     

    Après de nouveaux marchandages au sujet du prix de sa libération, Dreyfus rejoignit finalement sa femme dans un hôtel proche de la place de la République, à la mi-mai. Se posait toutefois un problème : ni l'un ni l'autre des Dreyfus n'était pourvu de papiers d'identité, de sorte qu'ils risquaient à tout moment d'être arrêtés par une autre section de la Gestapo.

      

    C'est alors qu'un ancien avocat, Guélin, qui avait joué un rôle de premier plan

     

    " Je l'ai questionné ; j'ai parlé avec lui,
    et au bout d'une heure, j'ai été
    convaincu de son innocence.
    Deux jours plus tard, j'ai reçu la
    preuve irréfutable de sa
    culpabilité "
    UN MAGISTRAT, faisant référence à la condamnation de Petiot pour vol, en 1933.

    dans les négociations, proposa à Dreyfus d'aider le service de Robert Jodkum à infiltrer le réseau d'évasion du Dr Eugène. Dreyfus fut sans aucun doute épouvanté par cette incitation à trahir ses compatriotes, mais peut-être eut-il le sentiment que sa seule chance d'en sortir était d'établir un contact avec la Résistance, puis d'échapper d'une manière ou d'une autre aux Allemands.

      

    Dans le même temps, Guélin lui assura que le réseau était sur le point d'être démantelé, et qu'une fois encore sa participation à l'affaire ne serait que pure " formalité ".

      

    Le 15 mai, une réunion fut mise sur pied avec le " docteur Eugène ", au cours de laquelle les détails de la fuite de Dreyfus furent arrêtés. Quatre jours plus tard, Dreyfus prit congé de sa femme et, accompagné de Guélin, se rendit chez le coiffeur de la rue des Mathurins.

    Un homme de la Gestapo les filait.


    L'évolution de la situation fut alors défavorable aux Allemands. Guélin dut attendre dans la boutique tandis que Fourrier emmenait Dreyfus vers la place de la Concorde. Quelques minutes plus tard, les deux hommes furent rejoints par un troisième, et dans la confusion qui s'ensuivit, Dreyfus échappa au limier de la Gestapo

    ( on découvrit ultérieurement que la description de l'homme ne rappelait en rien Petiot ).

    Jodkum était furieux de cet échec ; il ignorait qu'un plan presque identique visant à prendre au piège " le docteur Eugène " avait été mis au point par Friedrich Berger, de la sous-section IV-E3 de la Gestapo, rue de la Pompe : ce plan parallèle allait connaître un succès bien supérieur au premier.

    Berger disposait lui aussi d'un informateur, un Français du nom de Beretta, qui après avoir été déporté par les Nazis en juin 1940 avait regagné son pays pour collaborer avec un enthousiasme spectaculaire. Beretta rencontra " le docteur Eugène " chez le coiffeur Fourrier le 16 mai - soit le lendemain du rendez-vous avec Dreyfus - ce qui lui permit de fournir à la Gestapo un rapport circonstancié sur ce qui s'y passait.

      

    Le prix de l'évasion avait été fixé à soixante mille francs ; Beretta reçut pour instruction de se présenter de nouveau chez Fourrier le 21 mai, où il entrerait en possession des documents nécessaires au voyage.


    Le jour dit, à peine Beretta était-il arrivé rue des Mathurins que la Gestapo fit irruption dans le salon de coiffure pour l' appréhender " en compagnie de Fourrier et de Pintard.

    Quelques menaces suffirent à établir que le docteur Eugène était en réalité le Dr Marcel Petiot, résidant au 66 de la rue Caumartin. Peu après, le médecin fut tiré de son appart-ement ; alors qu'on l'emmenait, il s'écria à l'adresse de sa femme : " Ne t'inquiète pas ! "


    Quelques heures plus tard, la nouvelle du coup de maître de Berger, qui était enfin parvenu à arrêter le mystérieux " docteur Eugène ", parvint aux oreilles de Jodkum.

    Il informa en termes glacials son collègue qu'il venait, ce faisant, de détruire toutes les chances qu'avait eu la Gestapo de retrouver le reste du réseau d'évasion.

    Berger ayant présenté ses excuses les plus plates, les détenus furent transférés rue des Saussaies pour y être interrogés.
    Au cours des semaines suivantes, Petiot fut soumis à des tortures systématiques par la Gestapo, qui voulait à toute force obtenir de plus amples renseignements sur le réseau d'évasion.

      

    S'il admit son appartenance au réseau, Petiot refusa d'ajouter quoi que ce fût, sinon qu'il avait confié les fugitifs à un certain Martinetti, qu'il était dans l'incapacité de contacter.

      

    Après quelque temps, Petiot fut transféré à la tristement célèbre prison de la Gestapo, à Fresnes.


    Au cours de ses huit mois de détention à Fresnes, selon ses compagnons de cellule interrogés après la guerre, Petiot fit preuve d'un courage remarquable et d'un profond mépris pour ceux qui l'avaient capturé. Mal nourri, ne bénéficiant d'aucun privilège et périodiquement soumis à des interrogatoires très durs, il n'en résista pas moins stoïquement à tous les efforts effectués pour tirer de lui un quelconque renseignement supplémentaire, et ne prit nullement la peine de masquer sa haine des Allemands.

    Durant sa détention, le docteur se vanta de ses liens avec un groupe de Résistance baptisé " Fly-Tox " et annonca à des codétenus que s'ils parvenaient à s'évader, il pourrait par ses contacts leur permettre de quitter le pays.

    Tout bien pesé, il se montra en tous points un résistant modèle, source d'inspiration pour les autres détenus.

     

    Le commissaire Massu fit arrêter deux des associés de Petiot : l'intermédiaire Fourrier (ci-contre) et Nézondet (ci-dessous), vieil ami de Petiot.

    La Gestapo demeurait persuadée que Petiot pouvait la conduire directement au cœur de ce qu'elle continuait à considérer comme un réseau d'évasion très élaboré et solidement organisé :

    à la fin de 1943, la police secrète allemande fit donc savoir à Maurice Petiot que la libération de son frère pourrait être obtenue moyennant le versement d'une somme de cent mille francs. Lorsque Petiot lui-même eut vent de cette proposition, de la bouche d'un officier de la Gestapo, il l'accueillit avec un dédain carac-

    téristique ; il prétendit que son frère était en train de mourir d'un cancer et que sa libération lui importait peu. Mais Maurice en jugea autrement ; après que Robert Jodkum eut reçu l'argent, Marcel Petiot fut relâché de Fresnes, le 13 janvier 1944.


    Le 15 mars 1944, soit quatre jours après la disparition de Petiot de la rue Le Sueur et deux jours avant l'inculpation de son frère Maurice, le commissaire Massu prit officieusement possession du dossier de la Gestapo concernant Petiot, établi par le bureau de Jodkum. Le jour même, le commissaire reçut la visite de Jean Guedo, l'associé du fourreur de la rue

      

    Caumartin, Joachim Guschinow. Guedo lui annonça qu'au vu du battage qui entourait l'affaire, il se sentait forcé de raconter l'histoire de la disparition de Guschinow, survenue vingt-six mois auparavant.
    Massu prit également connaissance des fiches concernant les affaires Jeannette Gaul et Raymonde Baudet, ce qui ne lui laissa guère de doute quant à l'implication de Petiot dans la disparition de Marc Van Bever et de Marthe Khaït.

    Le problème qui se posait désormais ( outre la capture de Petiot ) était celui de l'identification des restes des victimes. La seule autre victime dont le nom apparaissait dans les fichiers était Yvan Dreyfus.


    Le rapport d'autopsie concernant les cadavres rue Le Sueur ne fut d'aucune aide ou presque ; la plupart des restes humains étaient soit carbonisés, soit dans un état de putréfaction interdisant toute identification.

      

    On découvrit bien un amas d'effets personnels dans le sous-sol, mais il n'apporta aucun indice.

      

    Les médecins légistes ne purent pas même définir avec certitude le nombre des cadavres - ils parvinrent cependant à confirmer que ceux-ci étaient des deux sexes et que leurs âges variaient dans d'importantes proportions.

    Un fait intéressant fut dégagé par l'enquête médico-légale : celui qui avait découpé les corps l'avait fait avec une précision chirurgicale.

     

    L'arrestation de Nézondet

    Massu procéda ensuite à l'arres-
    tation de René Nézondet, qui avait été capturé en compagnie de Petiot par la Gestapo, mais avait été rapidement relâché, après avoir affirmé tout ignorer du réseau d'évasion.

    Au cours de l'interrogatoire, Nézondet confirma qu'il était un vieil ami de Petiot, et qu'il avait occupé les fonctions de greffier de la justice de paix de Villeneuve durant le mandat de maire de Marcel Petiot ; puis il répéta ce qu'il avait dit à la Gestapo : il ne savait rien des activités criminelles de Petiot.

    A ce moment, Roland Porchon - autre vieille connaissance de Petiot et de Nézondet - s'était déjà présenté à la police pour raconter son histoire. Dans l'après-midi du 17 mars 1944, Porchon annonça à des enquêteurs médusés que dès 1942, Nézondet lui avait appris que Petiot était " le roi des criminels ", qu'il amassait une fortune en attirant vers son faux réseau d'évasion des réfugiés et des bandits qu'il assassinait pour s'emparer de leurs biens.
    Nézondet nia tout d'abord avoir

      

    dit quoi que ce fût à Porchon, mais cinq jours plus tard il s'effondra et, dans une déposition signée, affirma qu'au moment où Marcel Petiot était en prison, son frère Maurice lui avait tout révélé de ce qui se passait au 21 de la rue Le Sueur. Nézondet ajouta que Maurice lui avait rapporté avoir découvert d'importantes quantités de vêtements dans la maison, qu'il avait aussitôt fait enlever par camion, et que lorsque la femme de Petiot avait appris la nouvelle, elle avait refusé d'y ajouter foi.

      

    Pour sa part, Maurice Petiot réfuta catégoriquement les déclarations de Nézondet, dont il laissa entendre qu'il était " dérangé ". Perplexe, Massu envoya ce témoin peu fiable derrière les barreaux.

      

    A ce moment, monsieur Marçais ( qui avait signalé la fumée émanant du 21, rue Le Sueur ) déclara à la police qu'il avait assisté au chargement de valises dans un camion à l'époque où Petiot était en prison. Le camion en question ayant été retrouvé, il fut établi que six cent trente-six kilogrammes de bagages avaient été expédiés à Auxerre par le rail, le 26 mai 1943.

    Quelques jours plus tard, après avoir de nouveau interrogé Maurice Petiot, les policiers se rendirent chez un autre ami del a famille, Albert Neuhausen, résidant dans le village de Courson-les-Carrières. Dans le grenier de la maison, ils découvrirent quarante-cinq valises de vêtements ( ci-contre ) appartenant à des personnes inconnues.
     

    En juin 1944, cette nouvelle découverte, s'ajoutant aux indices recueillis rue Le Sueur et aux témoignages de diverses personnes attirées par la publicité que la presse avait donné à l'affaire, permit à Massu de reconstituer l'identité de plusieurs victimes. Il ignorait encore totalement où pouvait bien se trouver Petiot... mais

      

    bientôt son attention fut, comme celle de tous les Français, retenue par des événements d'une toute autre ampleur :

    le 6 juin, les Alliés débarquèrent en Normandie.


    IV LA TRAQUE


    En août 1944, les troupes alliées défilent sur les Champs-Elysées ; la chasse aux collaborateurs commence.

    Lorsque Paris fut libéré de l'occupation allemande,
    Petiot parvint à tirer parti de la confusion générale pour masquer
    sa trace ; mais le commissaire Massu se fia à son instinct
    et sut débusquer sa proie.
     

    Le 25 août 1944, Paris fut libéré par les forces alliées, dans la liesse et la violence. Alors que les Allemands quittaient la ville, les habitants de la capitale française se soulevèrent pour exercer leur vengeance contre tous ceux qui avaient collaboré avec le régime nazi ; pendant ce temps, une situation dangereusement proche de l'anarchie sembla prévaloir.


    La Résistance, officiellement représentée par les Forces Françaises de l'Intérieur, se mit en devoir de harceler les Allemands et de tirer les traîtres de leurs caches ; mais de nombreux innocents firent les frais de son organisation quelque peu cahotique.

      

    Cette confusion ambiante rendit plus difficile encore la traque de Petiot.


    Néanmoins, Massu était persuadé que Petiot était encore à Paris, grimé et probablement sous une fausse identité ; il avait appris à évaluer cet homme qui par son audace et un mépris total de toute autorité était parvenu à berner non seulement la police de son pays, mais aussi la redoutable Gestapo.

    Le 19 septembre, mû par une inspiration géniale, Massu servit à un journaliste avec qui il était en contact une histoire qui présentait Petiot comme un traître ( cette histoire lui aurait été communiquée par un petit malfaiteur du nom de Charles Rolland, mais il est possible que l'anecdote tout comme Rolland soient nés de l'imagination de Massu ).

    Le journaliste publia un compte rendu dans le journal patriotique " Résistance ", sous le titre suivant :

    " Petiot soldat du Reich ". Cet article dépeignait Petiot comme un meurtrier et un traître de l'espèce la plus méprisable. Si quelque chose devait faire sortir le docteur de sa tanière, cet article ferait sans doute l'affaire.


    Effectivement, quelques jours plus tard, le commissaire se vit remettre par l'avocat de Petiot, maître René Floriot, une missive dans laquelle le docteur réfutait violemment les accusations portées contre lui. Le cachet de la poste, ainsi que la rapidité avec laquelle la lettre avait été expédiée, parurent confirmer l'impression de Massu : Petiot vivait sans doute encore à Paris.

     

     

    Il y avait aussi dans le ton averti et plutôt hautain de la lettre quelque chose qui inspira à Massu sa deuxième intuition de génie : l'homme recherché avait rejoint les rangs des FFI s'activait à la chasse aux collaborateurs.

      

    A ce moment toutefois, Massu lui-même se trouva en mauvaise posture : soupçonné de collaboration, il fut suspendu de ses fonctions

     

    ( cette accusation fut ultérieurement abandonnée, mais ce fut un rude coup porté à l'homme qui avait jusqu'alors pourchassé Petiot, et qui allait ainsi se trouver privé de l'hallali ).

      
      
    Faux papiers
     

    Le 31 octobre, Petiot fut arrêté à l'entrée d'une station de métro par un groupe de membres des FFI.

    Comme Massu l'avait pressenti, ses traits se dissimulaient sous une épaisse barbe noire. Vêtu d'un uniforme d'officier des FFI, il se faisait appeler " Capitaine Henri Valeri " ( ou Valery ).


    Il fut remis entre les mains des policiers, qui découvrirent sur lui plusieurs jeux de faux papiers d'identité, dont un carnet de rationnement grossièrement falsifié dont on découvrit par la suite qu'il avait appartenu à Kurt Kneller, l'une des victimes juives du criminel.

    Il avait également en sa possession le brouillon d'une lettre accusant le commissaire de collaboration avec l'ennemi - renseignement qu'il affirma avoir glané par le truchement de ses prétendus contacts au sein de la Résistance.


    La version des faits que Petiot présenta à la police, et qui hormis quelques détails mineurs allait être celle qu'il soutiendrait à son procès, était surtout remarquable par son audace.

    Faisant preuve de l'inébranlable mépris pour l'autorité qu'il avait déjà manifesté au cours des huit mois passés à la prison de Fresnes, il ne se départit pas, tout au long des interrogatoires, de l'attitude d'un homme à qui l'on causait injustement beaucoup de tort.



    Le commissaire Massu parvint à amener Petiot à révéler sa présence à Paris. Reperé à l'entrée d'une station de métro, Petiot fut appréhendé et aussitôt interrogé (ci-dessus).

    Selon Petiot, après son départ hâtif de la rue Le Sueur, le 11 mars, il avait passé plusieurs nuits chez des amis dans différents quartiers de Paris avant de rencontrer un ancien patient, peintre en bâtiment de cinquante-six ans, du nom de Redouté.

    Ce dernier était un esprit simple, aussi ne mit-il pas un instant en doute le récit de Petiot, qui affirmait être poursuivi par la police collaborationniste pour ses activités de résistant.

     

    Le 20 août, alors que les armées alliées n'étaient qu'à quelques kilomètres de Paris et que les combats de rue étaient déjà engagés entre les Allemands et la Résistance, Petiot rentra chez lui et alla jusqu'à prétendre au cours d'un interrog-
    atoire qu'il avait tué plusieurs nazis lors d'une bataille rangée place de la République.

    Peu après, selon Redouté, il disparut.
    Petiot avait alors décidé qu'il aurait de meilleures chances de n'être pas pris en s'engageant dans les FFI sous une fausse identité.

    Avec sa perfidie habituelle, il amena par traîtrise un médecin crédule à lui fournir de faux papiers et alla s'engager à la caserne des FFI de Reuilly sous le nom d' " Henri Valeri ".


    Il raconta ensuite à ses supérieurs une longue histoire au sujet de son passé de résistant, ce qui lui valut d'être promu au rang de capitaine.


    Petiot servit un récit fort semblable aux policiers, à qui il affirma être " un héros de la Résistance " ; lorsque les tenants et les aboutissants de l'affaire seraient connus, il faudrait bien le libérer.

    Le médecin prétendit que son œuvre clandestine avait commencé peu après la défaite française de 1940. Il avait alors entrepris de falsifier des dossiers médicaux afin d'éviter à des travailleurs la déportation vers les camps de travail d'Allemagne.

    Dans le cadre de ses activités de généraliste, il avait aussi été amené à soigner des ouvriers malades renvoyés du Reich, ce qui lui avait permis de puiser des renseignements et de les transmettre à la Résistance.

     

    Petiot poursiuvit en affirmant qu'en 1941, il avait fourni au consulat des États-Unis à Paris (à cette date, les États-Unis n'étaient pas encore entrés en guerre) les plans d'une "arme secrète", mais il n'avait reçu aucune réponse.

    La même année, il avait suivi un entraînement au maniement des armes auprès d'un agent parachuté d'Angleterre, avant d'être affecté à un réseau de la Résistance désigné par le nom de code "Fly-Tox" (du nom d'une marque d'insecticide), dont la mission consistait à débusquer et exécuter les traîtres.


    Lorsqu'on lui demanda s'il avait dirigé une filière d'évasion, Petiot répondit par la négative, tout en indiquant que par ses activités de résistant il avait évidemment été en contact occasionnel avec de tels réseaux. Il admit cependant sa responsabilité personnelle dans la mort de Joseph Réocreux, Adrien Estébétéguy et leurs six acolytes, qui selon lui étaient tous des "collabos" travaillant pour la Gestapo.

    Le récit de Petiot contenait au moins une parcelle de vérité, mais les raisons qu'il donnait pour l'assassinat de "divers réfugiés juifs" dirigés vers lui par Eryane Kahan était plus difficiles à avaler. Petiot prétendit qu'ils avaient tous (y compris Eryane Kahan) été à la solde de la Gestapo, et qu'il avait dû agir en conséquence.


    " Je ne répondrai à aucune
    question car j'ai hâte de
    m'expliquer en public aux
    Assises "
    PETIOT au juge d'instruction

    Des événements qui avaient conduit à son arrestation et à son emprisonnement par la Gestapo, Petiot déclara seulement qu'il savait qu'Yvan Dreyfus était un traître, mais qu'il n'avait pas encore décidé de ce qu'il allait faire de lui quand "Fly-Tox" fut infiltré et trahi par des indicateurs.

    Il affirma avoir héroïquement refusé de fournir aux Allemands le moindre détail concernant la Résistance, malgré les effroyables tortures auxquelles il avait été soumis ; à sa sortie de prison en janvier 1944, il avait découvert que son réseau avait été dissous.

    Une explication ingénieuse
     

    La tension se lit sur le visage de madame Petiot tandis qu'elle parle avec le défenseur de son mari, Maître René Floriot.

    L'explication fournie par Petiot pour la présence des innombrables corps découverts rue Le Sueur était fort ingénieuse.

    Selon lui, les Allemands savaient tout de la maison du 21. A la suite de son arrestation, ils avaient procédé à une fouille complète des lieux.

    Les cadavres avaient été placés là soit par des camarades animés par un excès de zèle, soit par les Allemands eux-mêmes.

    Il ajouta qu'un mois environ après sa sortie de Fresnes, il s'était rendu dans la maison et avait été horrifié de ce qu'il y avait trouvé.

      

    Plutôt que de s'adresser à la police, qui naturellement était infestée de collaborateurs, il avait écrit à son frère Maurice en lui demandant de faire livrer de la chaux vive afin de se débarrasser le plus discrètement possible des corps.

    S'étant rendu compte que cette méthode était trop lente, il avait dû se résoudre à procéder à la dissection et à l'incinération des cadavres - ce qui bien sûr avait abouti à la découverte du pot aux roses.

    De prime abord, une bonne part des propos tenus par Petiot aux policiers paraissait tout à fait plausible, et ce d'autant plus que l'on touchait là à un sujet particulièrement "sensible" (chacun se demandait alors qui avait et qui n'avait pas collaboré avec les Nazis).

     

    " Les journaux oublient de parler des
    corps que mes collègues de la
    Résistance et moi avons jetés
    dans le canal de l'Ourcq... "
    PETIOT à Redouté

     Cependant, lorsque les policiers entreprirent de réunir des éléments permettant d'étayer les affirmations du médecin, ils se heurtèrent à un mur.

    De manière fort opportune, aucun des contacts au sein de la Résistance qu'avait mentionnés Petiot n'était encore en vie. Dans la mesure où ils étaient tous des personnages connus, Petiot avait parfaitement pu recueillir des bribes d'informations à leur sujet durant son séjour à Fresnes. En outre, nul membre encore vivant d'un réseau de Résistance ou d'un service de Renseignements allié ne se rappelait l'existence d'une organisation baptisée "Fly-Tox", et les archives consulaires américaines ne contenaient la moindre mention d'une proposition d' "arme secrète".

    Plus l'enquête progressait et plus les policiers étaient convaincus que l'homme qu'ils détenaient était véritablement "le fou dangereux" évoqué par le télégramme allemand adressé au commissaire Massu.

    La date du procès fut finalement fixée au mois de janvier 1946. L'affaire était alors presque oubliée du public... mais Marcel Petiot n'allait pas tarder à retrouver sa place à la une des journaux.

     

    DÉMENT OU DÉMON ?

    " Sans scrupules et dépourvu de sens moral " :
    c'est ainsi que deux psychiatres décrivirent Petiot...
    et pourtant, ils le déclarèrent sain d'esprit.

    Dans les mois qui précédèrent son procès, Marcel Petiot fut examiné par trois psychiatres, qui tous attestèrent qu'il était sain d'esprit.

    *Dans ces conditions, comment en était-il arrivé à tuer vingt-sept personnes ?
    A première vue, Petiot était doué d'une grande intelligence, il avait réussi aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa carrière de politicien local.

    En tant que médecin comme dans ses fonctions de maire, il avait fait montre d'un grand pouvoir de séduction, et en diverses occasions, il avait mis en pratique ses principes socialistes.

    Lors du procès, un ancien patient désargenté vint témoigner que Petiot l'avait soigné gratuitement et avait même, un dimanche, effectué une visite à domicile pour sa famille - ce qui était presque inouï de la part d'un riche praticien de la ville.

    Il apparut aussi que Petiot était un mari prévenant et un père dévoué. Jusqu'à la fin, sa femme assura que, s'il se mettait en colère lorsqu'elle essayait de se "mêler" de ses affaires privées, il l'avait toujours traitée avec la plus grande gentillesse, et qu'il avait toujours pourvu à tous les besoins de sa famille.

    Signes avant-coureurs

    Sous ces dehors irréprochables, pourtant, Marcel Petiot avait dès le plus jeune âge manifesté des signes évidents de déséquilibre.

    Dans son enfance, il était atteint de somnanbulisme et d'énurésie, qui sont parfois les premières manifestations de troubles mentaux.

    La cruauté dont il fit preuve envers les animaux et ses tendances à la pyromanie sont par ailleurs considérées chez les enfants comme des symptômes classiques de tendances psychopathiques.

    Au cours de l'adolescence, les signes avant-coureurs laissèrent place à des troubles mentaux évidents ; au moment où il fut rendu à la vie civile à la fin de la Grande Guerre, il souffrait d'accès de dépression, d'amnésie, de paranoïa et de mélancolie.


    Durant sa carrière de médecin à Villeneuve, sa kleptomanie se révéla, et ses démêlés avec les élus municipaux, le fisc et la police parisienne montrèrent qu'il était un menteur invétéré. Plus tard, la découverte, dans son cabinet de consultation, d'une collection d'organes génitaux conservés dans des bocaux, ainsi que d'une sculpture de bois arborant un phallus surdimensionné, parurent indiquer qu'il était aussi animé d'étranges obsessions sexuelles.

    Un menteur de premier ordre

    L'aperçu le plus révélateur du fonctionnement de l'esprit de Petiot apparut au travers de ses rapports avec la Gestapo, avec les policiers qui l'arrêtèrent et avec ceux qui étaient présents à son procès.

      

    En ces trois occasions, il traita ces hommes qui auraient dû disposer d'un pouvoir sur lui avec le plus profond mépris et la plus totale dérision, comme s'il lui était impossible de reconnaître qu'aucune autorité pût lui être supérieure. Si tél était le cas, il y a fort à parier qu'il ait considéré ses psychiatres commes des figures d'autorité bonnes à duper.


    Étant donné son intelligence, ses facultés avérées de menteur et de trompeur hors pair, et son année de formation dans une institution psychiatrique, il n'est pas absurde de supposer que Petiot ait feint sa "folie" précoce pour le plaisir de se prouver à lui-même combien il était malin - et avec l'idée d'en tirer parti un jour.

    Une croissance bloquée

    La conclusion inévitable est que pour des raisons qui demeureront peut-être à jamais inconnues, le développement émotionnel de Petiot fut très tôt bloqué dans des domaines essentiels, de sorte qu'il grandit en dehors de toute notion de moralité. Un psychiatre qui l'avait examiné en 1937 après l'incident de la librairie, puis de nouveau avant son procès, déclara qu'il était "chroniquement déséquilibré" et totalement amoral ; il vit en Petiot un homme vivant en fonction de ses propres règles, et doué de l'intelligence nécessaire pour (presque) toujours tirer son épingle du jeu.

      
    V LE PROCÈS

    Le long procès de Petiot fut l'un des plus
    extraordinaires dans l'histoire judiciaire française.
    Bien qu'il concernât de sordides assassinats,
    et que la vie de l'accusé fût en jeu,
    il se déroula par moment dans une ambiance de farce.

    Lors de son procès, Petiot demeura imperturbable, au point de parfois s'assoupir.

    Peu avant l'audience préliminaire de janvier 1946, Marcel Petiot informa ses gardiens de la prison de la Santé que son procès serait "merveilleux" et "ferait rire tout le monde".

      

    Ces paroles étaient prophétiques. L'imposante salle du Palais de justice de Paris était bondée pour l'ouverture de ce qui allait être l'un des procès les plus confus, comiques et même grotesques de l'histoire judiciaire française.


    Vingt-sept assassinats avaient été retenus contre Petiot ; à l'issue des débats, les jurés allaient devoir répondre à cent-trente-cinq questions. Outre l'avocat général Pierre Dupin, les douze représentants des parties civiles pouvaient intervenir chaque fois que leur affaire particulière venait à être évoquée, ce qui ajouta à la confusion déjà créée du fait de l'importance des pièces à conviction : plusieurs tonnes au total furent acheminés jusqu'aux Assises par un convoi de camions.

     

    < L'habile et dynamique avocat des familles de Marthe Khaït et Yvan Dreyfus, Me Pierre Véron, eut plusieurs algarades spectaculaires avec Petiot.

    Le premier jour du procès, l'accusation fit référence aux écarts de Petiot avant la guerre, que ce dernier rejeta d'un air si sûr de lui que tout le monde en resta pantois. Maître Pierre Véron, qui représentait les familles de Marthe Khaït et Yvan Dreyfus, parvint à prendre Petiot en défaut au sujet de ses débuts dans la Résistance

    (l'avocat avait lui-même été résistant),

    mais l'attention de la cour fut bientôt détournée et maître Véron n'eut pas l'occasion de pousser plus loin son avantage.

    Tout au long du procès de Petiot, la salle de tribunal connut des moment de tension?
    Le deuxième jour, Véron renouvela ses attaques, pour s'entendre qualifier par Petiot de "défenseur des traîtres et des Juifs". Furieux, Véron menaça de lui "casser la figure".
      
    Plus tard, Petiot se mit à sangloter en évoquant la façon dont ses anciens camarades avaient donné leur vie pour leur pays, et la façon dont lui-même avait fait de son mieux pour accomplir son devoir patriotique. Pendant ce temps, son propre défenseur, le charismatique René

      

    Floriot, était tranquillement assoupi parmi son armée d'assistants et de secrétaires.

    A la fin du troisième jour, le procès sombra dans la farce, après la déclaration que fit le président Michel Leser à un journaliste américain, en présence de deux jurés, qualifiant Petiot de "monstre". Floriot exigea un nouveau procès, rendu nécessaire par un tel manquement aux procédures, mais il dut se contenter d'un remplacement des jurés.

      

    Le lendemain, Petiot fut interrogé au sujet des Kneller. Cet épisode aurait dû permettre à l'accusation de faire voler en éclat le système de défense de Petiot (comment un garçonnet de sept ans - le jeune Kneller - pouvait-il être un traître à la solde des Allemands ?).

    Mais Dupin et Leser commirent tant d'erreurs dans la présentation des faits que la séance dégénéra dans la confusion.

     


    Le cinquième jour, la cour d'assises se transporta au 21 rue Le Sueur ; l'émotion fut portée à son comble lorsque Petiot parut défaillir devant la fosse qui avait contenu les cadavres jetés dans la chaux vive.

    En réalité, l'accusé n'avait presque rien mangé depuis trois jours, ce qui expliquait sa faiblesse passagère.

      

    De retour au Palais, le commissaire Massu vint à la barre, mais ne put guère ajouter à ce que l'on savait déjà. Floriot tenta ensuite (en vain) de provoquer l'assistant de Massu, l'inspecteur Batut, puis le témoignage de Jean Hottin, mari de Denise, provoqua l'hilarité générale par sa niaiserie. Le huitième jour vit une série d' "experts" se succéder à la barre.

    A un psychiatre qui avait déclaré que Petiot était déséquilibré, Floriot demanda si l'on pouvait appliquer ce jugement à la sœur de Petiot.

    Le psychiatre jugea que non, sur la base de son bref examen : sur ce, Floriot, fit remarquer que Petiot n'avait pas de sœur.


    Les rires redoublèrent au moment du témoignage d'Edouard de Rougemont, un pompeux expert grapholoque appelé à la barre pour commenter les lettres prétendument falsifiées par Petiot, et qui déclara qu'un graphologue pouvait discerner si un homme mentait ou disait la vérité.

     

    Floriot griffonna quelques mots sur une feuille de papier et lui demanda de la lire à haute voix.

    La note disait :

    "L'honorable expert ne s'est jamais trompé dans aucune analyse"."


    Le neuvième jour, Nézondet et Maurice Petiot vinrent à la barre, mais si la cour attendait un feu d'artifice elle fut déçue. Nézondet se contenta de répéter sa dernière version des faits, cependant que Maurice, qui se mourait d'un cancer, les nia tranquillement en bloc.

     

    < Eryane Kahan vint à la barre des témoins au dixième jour du procès de Petiot. Très maquillée, portant des lunettes aux verres fumés et parlant d'une voix rauque et profonde, elle répondait à l'image de femme mystérieuse que la presse avait donnée d'elle. Elle était accusée d'être une indicatrice, une collaboratrice ou même un agent de la Gestapo, mais elle protesta de son patriotisme et prétendit que Petiot avait lâchement profité d'elle.

    Le dixième jour, Eryane Kahan protesta avec véhémence contre les accusations de trahison proférées par Petiot, en affirmant qu'elle lui avait adressé les régugiés en toute bonne foi. L'avocat de Petiot demanda alors pourquoi elle avait vécu avec un Allemand.

    "Il était autrichien !" s'écria Eryane Kahan.

    "C'était l'excuse d'Hitler", répliqua sèchement Floriot. Plus tard, Floriot et Dupin se querellèrent avec une

      

    telle fureur que l'audience dut être suspendue jusqu'à ce qu'ils se fussent calmés.
    Le treizième jour, la défense prodiusit divers témoins de moralité favorables à Petiot.

    La vedette revint au lieutenant parachutiste L'Héritier, qui avait partagé une cellule avec Petiot à Fresnes en 1943, et se montrait totalement convaincu de l'innocence de l'accusé.


    Les deux derniers jours du procès furent consacrés à une interminable récapitulation des faits par les représentants du ministère public et des parties civiles ; seuls les propos de Pierre Véron éveillèrent un vague intérêt dans la salle.

    Petiot, qui avait passé une bonne partie des deux semaines précédentes à flatter les témoins et à adresser aux magistrats des commentaires pleins de sarcasme, manifestait des signes évidents de lassitude et d'ennui.

    Lorsqu'il ne somnolait pas, il s'amusait à dessiner des caricatures de Dupin et des juges.

    Lorsque l'avocat général réclama sa tête, c'est à peine s'il sourcilla.

      
    Habileté et sang-froid

     

    Lorsque Dupin en eut fini, ce fut au tour de maître Floriot de s'exprimer.

      

    Avec toute l'habileté et le sang-froid dont il avait fait montre lors d'innombrables autres procès, une coupe de champagne posée à côté de lui, il souligna d'abord que l'affaire avait commencé avec la découverte des corps dans la maison de la rue Le Sueur, et que la police avait simplement attribué aux cadavres des noms piochés parmi les milliers que contenaient leurs listes de personnes disparues.

    Il rappela ensuite à la cour que Petiot ne niait pas avoir tué dix-neuf des vingt-sept prétendues victimes, mais que selon tous les éléments dont on disposait il y avait de fortes chances pour que ces "victimes" aient toutes été coupables - à des degrés divers - de collaboration avec l'ennemi.

     

     

    Pour ce qui concernait les huit personnes que Petiot niait avoir tuées (Denise Hotin, Jean-Marc Van Bever, Marthe Khaït, les Kneller, Joachim Guschinow et Paul-Léon Braunberger), Floriot fit remarquer que les indices permettant d'incriminer son client étaient dépourvus de toute solidité, ou qu'ils reposaient largement sur l'identification des vêtements trouvés dans la maison d'Albert Neuhausen.

    Il poursuivit en attirant l'attention des jurés sur le fait que des individus inconnus auraient aisément pu rassembler ces effets avant leur départ de la rue Le Sueur, et qu'en tout état de cause il était presque impossible d'affirmer que tel ou tel vêtement appartenait à telle ou telle personne, en raison de l'existence d'innombrables articles identiques.

     

    " Pour la première fois de ma vie,
    j'ai vu un homme quitter le quartier
    des condamnés à mort sinon en
    dansant, tout au moins
    parfaitement calme "
    DR ALBERT PAUL, médecin légiste

    Lorsque Floriot en eut terminé, la salle se leva pour l'acclamer. Les jurés ne se laissèrent toutefois pas impressionner par l'éloquence du ténor du barreau de Paris, puisqu'il ne leur fallut que trois heures pour considérer les cent trente-cinq chefs d'inculpation et rendre leur verdict.

      

    Le président Michel Leser regagna son fauteuil et annonça solennellement que l'accusé n'avait été déclaré non coupable que dans les affaires Denise Hotin et Marthe Khaït ; Petiot était jugé coupable de la mort des vingt-cinq autres victimes, et en conséquence condamné à la peine capitale.

    Pendant que la sentence était prononcée, l'accusé se contenta de regarder nonchalam-
    ment dans le vague. Il ne trahit d'émotion qu'au moment où on l'emmenait hors de la salle du tribunal. Il lança alors à la cantonnade (à sa femme peut-etre ?) : "Il faudra me venger".

     


    La guillotine (d'un modèle portatif) est nettoyée et démontée (ci-dessus) après avoir rempli son rôle dans le châtiment du Dr Marcel Petiot.

     

    Le 13 mai, l'avocat de Petiot forma un pourvoi en cassation, qui fut rejeté. Le 24 mai, le recours en grâce fut refusé.
    La fin survint le 25 mai à la prison de la Santé.

    Comme le voulait la coutume française, le condamné ne fut informé de son exécution qu'une demi-heure à l'avance (trente-six heures auparavant, Floriot était cependant parvenu à lui transmettre un message avertissant son client de l'imminence du châtiment).

    Selon des témoins, au moment où on conduisait Petiot hors de sa cellule, le juge parut sur le point de s'évanouir : sur le ton de la plaisanterie, le condamné lui rappela qu'il était médecin et qu'il pouvait lui faire une piqûre pour le ranimer.

    Continuant de protester de son innocence et de la blancheur de sa conscience, il autorisa le prêtre à dire une prière, par égard pour son épouse.

     

    " Messieurs, ne regardez
    pas, cela ne va pas être
    beau "
    PETIOT aux témoins de son exécution

    Cinq heures venaient de sonner quand un Petiot calme et détendu fut mené à la guillotine. A 5h05, le couperet s'abattit. Les personnes présentes rapportèrent que Petiot souriait.

     

    DÉNOUEMENT

    ♦ Lorsque le verdict de ♦ En 1963, Ronald Seth,
    culpabilité eut été rendu, ancien agent secret brit-
    les magistrats se mirent annique à Paris en 1943-
    à déterminer le montant 44, publia un ouvrage
    des dommages et intérêts intitulé "Petiot : victim of
    accordés aux familles des Chance " (Petiot, victime
    victimes de Petiot.

    Diverses du hasard), dans lequel il
    sommes d'un montant total soutenait que Petiot aurait
    de 1 970 000 francs furent été un authentique résis-
    atribuées, mais certains tant appartenant à un
    plaignants ne reçurent rien. groupe communiste. R.

    ♦ Georgette Petiot s'efforça Seth estimait que Petiot
    de refaire sa vie avec son avait toujours refusé de
    fils auprès d'elle, et d'oublier désigner les membres de
    les horribles événements de son groupe parce que les
    ses années de mariage.

    On communistes avaient
    aurait pour la dernière fois menacé de s'en prendre à
    entendu parler d'elle dans sa femme et à son fils...
    les années cinquante, alors " et il aimait sa femme et qu'elle travaillait dans une son fils".
    boulangerie. Son fils Gérard
    finit par changer de nom.

    Michel Serraut jouait le rôle du
    diabolique docteur dans un film
    consacré à la vie de Petiot.
     
     
     
     
     
     
     http://tueursenserie.wifeo.com/marcel-petiot.php
     
     
     
     
     
     
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    La FACE HONTEUSE de la POLICE FRANCAISE sous l'OCCUPATION.

     

    De 1940 à 1945, la PJ a arrêté plus de 5 000 résistants,
    maquisards, femmes, jeunes et juifs, catholiques, communistes,

    marché noir...

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    elle est belle la république des droits de l'Homme..!!


     

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    Dans l'entre-deux-guerres, il était le «flic le plus célèbre de France».

      

    Avec son prédécesseur Marcel Guillaume, il avait servi de modèle à Georges Simenon pour confectionner son personnage de Maigret.

     

     

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    A la Libération, le commissaire Massu, l'homme

    «aux trois mille deux cent cinquante-sept arrestations»,

      

    est arrêté, accusé de collaboration.

    En prison, il fait une tentative de suicide.

     

    Blanchi, il sort de Fresnes, après huit mois d'internement.

     

    C'est un homme brisé, qui part en retraite quelques mois plus tard.

      

      •  

      

    Inavouables. «L'as de la brigade criminelle» de Paris a payé les fautes d'une institution.

     

    Ses épreuves illustrent l'«ambiguïté du rôle des policiers pendant l'Occupation», écrit l'historien Jean-Marc Berlière, dans son ouvrage de référence, les Policiers français sous l'Occupation (1).

      

    La guerre, c'est la période noire de la PJ, sa face honteuse.

     

    A propos de ses brigades, Clemenceau disait qu'elles formaient la «seule police qu'une démocratie puisse avouer, celle des crimes et des délits».

     

    Sous le gouvernement de Vichy, ses missions deviennent inavouables.

     

     

    Dès les premières attaques antiallemandes, Vichy veut montrer à l'occupant l'efficacité de sa police. La PJ, comme les Renseignements généraux ou la police municipale, se dote de sa «brigade spéciale criminelle» chargée de la lutte contre les «terroristes».

      

    Ce sont ses hommes qui démantèlent le groupe de Gilbert Brustlein qui a tiré contre un Feldkommandant à Nantes en 1941. Sept jeunes communistes sont fusillés après un simulacre de procès.

     

    Rebaptisée, en novembre 1942, police de sûreté, la PJ participe activement à la traque des résistants, des Juifs, des francs-maçons...

      

    Au sein des brigades mobiles régionales de la PJ (BR), des sections des affaires politiques (SAP) voient le jour.

     

    «On attribue aux sections des affaires politiques des BR plus de 5 000 arrestations», rapporte Jean-Marc Berlière.

     

    Son directeur, Jean-Félix Buffet, sera fusillé en 1944.

     

    Décrit comme un «mobilard à la carrière médiocre», il a profité des événements pour prendre du galon.

      

    Comme beaucoup de ses collègues épurés à la Libération, c'est un fonctionnaire appliqué et discipliné, un «bon républicain» qui a réprimé la Cagoule, groupe armé d'extrême droite, à la fin des années 30.

     

    Il agit par opportunisme et discipline, non par idéologie. Rien à voir avec le commissaire Schweblin, antisémite enragé qui dirige la police aux questions juives.

    Repris de justice. Cela n'empêche pas Buffet de collaborer sans état d'âme avec la Gestapo et son officine de la rue Lauriston, formée de truands qui pratiquent le meurtre et la rapine.

      

    Ces repris de justice sont encadrés par des policiers, révoqués ou détachés, tel Pierre Bonny, un ancien de la PJ destitué en 1935 pour fautes graves. La PJ compte aussi quelques résistants illustres, comme Michel Hacq, de la 12e brigade de Reims, déporté au camp de Mauthausen.

     

     

    (1) Jean-Marc Berlière (avec Laurent Chabrun), les Policiers français sous l'Occupation, Perrin, Paris, 2001.

    Christophe BOLTANSKI 

     

     

     

    http://www.liberation.fr/evenement/2007/02/03/la-face-honteuse-de-l-occupation_83919

     

     

     

     

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    La Nueve en bref…

    Qui étaient ces combattants à l’idéal de liberté chevillé au corps, ces antimilitaristes qui ont choisi « la lutte pour la liberté » en rejoignant l’armée de Leclerc ?


    Nous reprenons ici quelques points importants de l’histoire de la Nueve, qui sera célébrée cet été, pour les 70 ans de la libération de Paris.

    D’où viennent ces combattants à l’idéal de liberté chevillé au corps ?

     

      

    Février 1936 : le peuple d’Espagne porte « el Frente popular » (Front populaire) au pouvoir. Juillet 1936 : une guerre civile et révolutionnaire éclate ; elle va durer 32 mois et se soldera, faute d’armement et d’aide internationale, par la défaite du camp républicain face à l’armée putschiste de Franco, soutenue par Hitler, Mussolini et Salazar.

      

    En février 1939, un demi-million d’Espagnols, sous les intempéries et les bombardements, franchit la frontière française. Des quelques 200 000 Espagnols de la « Retirada » demeurés en France à l’issue de la victoire franquiste, nombreux sont ceux qui reprendront les armes contre le nazisme, après de terribles séjours dans les camps de concentration du sud de la France ou d’Afrique du Nord.

     


    Admiratifs des soldats de la France libre de la première heure dirigés par De Gaulle et commandés sur le terrain par le général Leclerc, beaucoup d’Espagnols vont tenter de rejoindre les rangs de cette armée « illégale » constituée en Afrique avec les forces coloniales du Tchad, du Cameroun…

     
    Ce n’est qu’en 1943 que cette troupe hétéroclite prendra

    le nom de 2e division blindée (2e DB).


    Des anarchistes antimilitaristes dans la 2e DB

     

    La Nueve (neuvième compagnie) était une composante de la 2è DB, commandée par le général Leclerc, composée de 160 soldats dont 146 républicains espagnols majoritairement anarchistes.


    À l’instar de tous les républicains espagnols vaincus, ils concevaient le combat pour la France libre comme la continuité de celui commencé en Espagne par la guerre civile, en juillet 1936, et espéraient – comme on le leur avait promis – qu’il se poursuivrait, avec l’aide des alliés, contre la dictature de Franco. Ces anarchistes voulaient agir ;

      

    ils refusaient d’être spectateurs, sachant combien le nazisme –partenaire du franquisme – est l’ennemi de la liberté, valeur fondamentale pour tout libertaire.

      

    C’est pourquoi beaucoup d’entre eux ont rejoint les maquis ou endossé l’uniforme. Antimilitaristes, ils considéraient que l’enjeu valait ce compromis avec leurs principes.


    Leclerc « el patrón »

     

      

    Militant de l’Action française, royaliste très catholique, Leclerc avait d’emblée choisi le camp de Franco lors de la guerre d’Espagne, mais il apprit à mieux connaître et apprécier les combattants du camp républicain au cours de la Seconde Guerre mondiale.

      

    Leclerc rejoint le général de Gaulle en Juillet 1940. À la tête de la 2e division française libre, qui deviendra la célèbre 2e division blindée (2e DB), il entame la campagne d’Afrique en promettant de combattre jusqu’à ce que les couleurs du drapeau français « flottent sur la cathédrale de Strasbourg »


    « El patrón », comme l’appelaient les hommes de la Nueve, gagna la confiance et l’estime de tous les Espagnols par sa notion originale et efficace du commandement :

      

    ne pas rester passif, prendre toujours l’initiative, réagir immédiatement devant un obstacle imprévu –sans attendre la note ou l’ordre–, s’adapter aux circonstances les plus inattendues, atteindre l’objectif dans le cadre de la mission donnée, ne pas obéir à des ordres stupides... préserver autant que possible la vie de ses hommes et les respecter.


    Pour les soldats de la Nueve, « Leclerc n’était pas un général français. C’était un véritable général républicain espagnol, comme ceux qui nous commandaient pendant la guerre contre les franquistes ». (Luis Royo Ibañez, soldat de la Nueve.)

     

    En 1945, la guerre en Europe terminée, il partira en Indochine pour y défendre le protectorat français.


    Raymond Dronne « el capitán »

     

      

    Il fut l’un des premiers hommes à se mettre à la disposition de Leclerc et intégra le régiment de marche du Tchad. En lui remettant le commandement, Leclerc lui expliqua qu’il s’agissait d’une compagnie de volontaires espagnols qui étaient indisciplinés mais qui avaient une expérience inestimable et une grandeur d’âme hors du commun :

      

    « Ce sont de beaux soldats, vous vous en arrangerez... »


    Leclerc avait compris que ces hommes accepteraient d’être commandés seulement par un officier rallié dès les premières heures à la France libre ; surtout s’ils savaient que c’était un soldat qui avait été gravement blessé au combat.

      

    Les Espagnols le mirent à l’épreuve, mais ne tardèrent pas à l’accepter.



    « On n’acceptait pas les ordres. Mais, pourtant, Leclerc, le capitaine Dronne ensuite et, surtout, le colonel Putz ont gagné notre sympathie. C’étaient des gens qui nous comprenaient et qui assuraient qu’ils nous aideraient à lutter contre Franco. »

    (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)


    Des half-tracks aux noms de batailles de la guerre civile

     

      

    Chaque véhicule avait le nom des plus célèbres batailles de la guerre civile ou de symboles importants. Quant au capitaine Dronne, sa jeep portait :

      

    Mort Aux Cons.



    « Et ces tanks ? Mes yeux voient-ils clair ? Ce sont eux ? Oui, ce sont eux.

      

    Ce sont les Espagnols. Je vois le drapeau tricolore. Ce sont eux qui, après avoir traversé l’Afrique, arrivent sur les Champs-Élysées. Les tanks portent des noms évocateurs : Guadalajara, Teruel, et ce sont les premiers qui défilent sur la grande avenue. On dirait un rêve... On dirait un rêve. » (Victoria Kent, ancienne haute-fonctionnaire espagnole.)


    Les 24, 25 et 26 Août 1944

     

      

    24 Août 1944. Le premier officier de la fameuse 2e DB à pénétrer dans l’Hôtel de Ville de Paris, déjà occupé par le Comité national de la résistance, était un Espagnol, Amado Granell, lieutenant de la Nueve.

      

    Et les premiers véhicules à entrer sur la place de l’Hôtel de Ville n’étaient pas – contrairement à ce que retiendra l’histoire officielle – les chars Romilly, Champaubert et Montmirail, mais des half-tracks, des véhicules blindés plus légers et munis de mitrailleuses, pilotés par des Espagnols de la Nueve et nommés Guadalajara, Teruel ou encore Guernica.



    « À la porte d’Italie, quand nous sommes arrivés et qu’une femme a crié : ’’Vive les Américains !’’, un de mes camarades a répondu :

     

    ’’No, señora Madame, yo soy un Français. »

    (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)



    25 Août.

    Le lendemain, le journal Libération publia en première page la seule photographie connue de cet instant. Elle montre le premier soldat « français » arrivé à Paris, posant avec Marcel Flouret, préfet de la Seine, près d’une fenêtre, à l’intérieur de la mairie.

      

    Ce soldat « français » était le lieutenant Amado Granell, Républicain espagnol. Il apparaissait à la une du journal, sous le titre « Ils sont arrivés ! ».



    26 Août. Après avoir procédé au « nettoyage » de Paris, la Nueve du capitaine Dronne alignait, ce jour-là, ses chars devant l’Arc-de-Triomphe. Elle formait la garde d’honneur du Soldat inconnu pour l’arrivée du général de Gaulle.

      

    Une immense banderole aux couleurs de la République espagnole barrait les Champs-Élysées. Entre-temps, plus de quatre mille réfugiés espagnols participaient au soulèvement de la Capitale



    « On nous avait mis là parce que je crois qu’ils avaient plus confiance en nous, comme troupe de choc, qu’en d’autres... Il fallait voir comme les gens criaient et applaudissaient ! » (Germán Arrúe, soldat de la Nueve.)


    Paris, Strasbourg, le nid d’aigle de Hitler

     

      

    Après Paris, les hommes de la Nueve se remettent en route, en direction de l’Est. Avec Leclerc, ils libèrent les Vosges, l’Alsace, participent aux durs combats de la poche de Colmar, puis poursuivent leur offensive jusqu’au nid d’aigle de Hitler, à Berchtesgaden.


    2014, un seul survivant de la Nueve

     

    Sur les 146 Espagnols de la Nueve, seulement 16 sont arrivés à Berchtesgaden. 70 ans après, il n’en reste qu’un : Rafael Gómez.


    Les héros oubliés de la victoire

     

      


    L’histoire n’a retenu que ce qui pouvait servir à la construction d’une geste nationale et nationaliste : des étrangers n’y avaient pas leur place.

    Cette « francisation » de la Libération fut « une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps,

    des dirigeants du Parti communiste français ».

      


    L’épopée gaulliste et l’épopée communiste de la Libération ne pouvaient être que nationales. « La participation armée des Espagnols a été récupérée par les gaullistes.
    » (Jorge Semprún, préface La Nueve, 24 août 1944, ces Espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, le Cherche Midi, 2011.)



    Dans la Nueve, mais aussi dans la Résistance

     

      

    Des Républicains espagnols ont été sur tous les fronts. Très tôt engagés dans les rangs des Forces françaises libres ou des maquis, leurs faits d’armes sont légendaires. Hommes ou femmes, leur participation au sein de « l’armée de l’ombre » sera, elle aussi, unanimement reconnue. Des maquis se constituent, composés intégralement ou à forte majorité d’Espagnols, un peu partout en France occupée et non occupée :

     

    • La 3e brigade de guérilleros espagnols libère Foix.
    • Au plateau des Glières, ils seront en résistance dès la fin de 1942, et ils représentent plus de la moitié des maquisards montés au plateau en janvier 1944.
    • Le commandant Raymond, qui n’est autre que Ramón Vila Capdevila, avec son bataillon « Libertad » libère Limoges.
    •  
    • Des réseaux clandestins sont organisés dès novembre 1939. Francisco Ponzán se met à la disposition des services secrets britanniques. Ce sera le début d’un des réseaux des plus efficaces de passeurs, lié au réseau anglais Pat-O’Leary.

    • Les premiers à être déportés dans les camps de la mort, à Mauthausen, dès le 6 août 1940, sont des Espagnols. Dans l’ignominie de la déportation, ils songent à s’organiser, afin de collecter les preuves, pour témoigner de leurs conditions de détention et résister à leur mort programmée.
    •  
    • Ce sont eux qui accueilleront, en 1942, les premiers résistants français, déportés au camp de Mauthausen.

     

     

    SOURCES

    http://www.24-aout-1944.org/?La-Nueve-en-bref

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Longtemps, les manuels d’histoire ont prétendu que la libération de Paris a commencé le 25 août 1944. Après avoir lu le livre de la journaliste Evelyn Mesquida paru au Cherche-Midi, ils vont devoir corriger leur « erreur ».

      

    C’est en effet le 24 août 1944 que la 9e compagnie de la 2e division blindée du général Leclerc est entrée dans Paris par la porte d’Italie.

      

    Le capitaine Raymond Dronne était à la tête de la Nueve, un régiment composé de républicains espagnols, dont pas mal d’anarchistes, qui espéraient finir leur lutte antifasciste à Madrid. Un espoir déçu, pour ne pas dire trahi.

     

     

      

    Impossible de parler de la Nueve sans remonter à la guerre d’Espagne, guerre civile et révolutionnaire où tout un peuple osa rêver d’un autre futur.

     

      

      

    A partir du 17 juillet 1936, date du soulèvement franquiste au Maroc, les Espagnols durent lutter pendant trente-trois mois contre le fascisme international (Hitler, Mussolini et Salazar prêtaient main-forte au général Franco) et contre quelques faux amis avant d’affronter l’insoutenable « Retirada », une retraite infernale qui les conduisait vers la mort (ce fut le cas notamment pour le poète Antonio Machado à Collioure) ou dans des camps de concentration français.


    Après la victoire des troupes franquistes, fin janvier 1939, une effroyable fourmilière se rua vers la France. Une marée humaine qui échoua, sous la pluie ou la neige, sur des plages aujourd’hui recherchées par les estivants.

      

    Peu de vacanciers savent que les sites où ils lézardent furent d’ignobles lieux de souffrances et même les cimetières de milliers d’Espagnols victimes du froid, de la faim, de la gangrène, de la dysenterie, du désespoir.

      

    Désarmés, humiliés, parqués comme des bêtes, couverts de poux et de gale, maltraités par les tirailleurs sénégalais, les « rouges » échappaient aux balles fascistes pour connaître une nouvelle barbarie à la française dans une vingtaine de camps situés dans le Sud-Ouest (Argelès, Saint-Cyprien, Le Vernet, Gurs, Agde, Bram, Septfonds…). Dans son livre La Lie de la terre, Arthur Koestler écrit que le camp du Vernet où il a été emprisonné se situe « au plus haut degré de l’infamie ».


    Parmi les vaincus, on comptait des nuées d’« extrémistes dangereux », c’est-à-dire des militants très politisés, des combattants aguerris et des dynamiteurs redoutables. Le camp du Vernet regroupait à lui seul 10 200 internés dont la quasi-totalité des anarchistes de la 26e division qui a succédé à la célèbre colonne Durruti.

      

    Que faire de ce gibier de potence ? Les autorités françaises en envoyèrent bon nombre, plus de 30 000, dans une cinquantaine de camps de travail disciplinaires situés en Afrique du Nord (Relizane, Bou-Arfa, Camp Morand, Setat, Oued-Akrouch, Kenadsa, Tandara, Meridja, Djelfa…).

      

    Véritables esclaves, victimes de tortures et d’assassinats, les Espagnols construisirent des pistes d’aviation, participèrent à la construction de la voie ferrée transsaharienne qui devait relier l’Algérie au Niger. Les anarchistes espagnols avaient été convertis en « pionniers de cette grande œuvre humaine » comme l’annonça le journal Aujourd’hui.


    L’engagement dans la Légion fut une curieuse alternative offerte aux combattants espagnols. Entre la Légion et la menace d’un retour en Espagne (où une mort certaine les attendait), le choix n’était pas simple, mais néanmoins rapide. Ceux qui furent incorporés dans le 11e régiment se retrouvèrent ainsi sur la ligne Maginot…

      

    D’autres iront dans le 11e bataillon de marche d’outre-mer qui participa à la formation de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère qui combattit contre les Allemands dans les neiges norvégiennes avant de batailler en Libye, en Syrie, en Egypte, en Tunisie…

      

    Engagés parfois juste pour survivre ou recevoir des soins vitaux, ballottés entre les revers militaires de la France et les rivalités au sein des forces alliées, les Espagnols étaient comme des bouchons dans une mer déchaînée.


    Si de nombreux Espagnols évadés des camps avaient rejoignirent la Résistance en France, c’est en Afrique que d’autres allaient contribuer à écrire un chapitre de l’histoire de la 2e DB.

      

    Début 1943, après le débarquement allié en Afrique du Nord, des Espagnols libérés des camps de concentration du Sahara (majoritairement des anarcho-syndicalistes de la CNT) composèrent un bataillon de corps francs. Une autre compagnie commandée par Joseph Putz, officier français héros de 14-18 et de la guerre d’Espagne, intégra aussi d’anciens prisonniers espagnols. Ce genre d’unités de combat déplaisaient fortement à certains officiers français formatés par Vichy et fraîchement gaullistes.

      

    Après la reprise de Bizerte,

    où les Espagnols pénétrèrent les premiers, la presse d’Alger et les généraux américains saluaient cependant « l’habileté de ces guerriers primitifs »

     

    La 2e DB vit le jour au Maroc, dans la région de Skira-Temara, au sud de Rabat, le 24 août 1943. Un an après, jour pour jour, l’une de ses compagnies, la Nueve, allait libérer Paris. Si Leclerc était el patron pour les Espagnols, Raymond Dronne en était el capitàn.

      

    La Nueve fut l’une des unités blindées du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad appelé aussi le « bataillon espagnol ». Cent quarante-six hommes de la Nueve, sur cent soixante étaient espagnols ou d’origine hispanique. On y parlait le castillan. Les ordres étaient donnés en espagnol et même le clairon sonnait à la mode espagnole. Les anarchistes y étaient nombreux.

      

    Des hommes « difficiles et faciles » selon le capitaine Dronne. Difficiles parce qu’ils ne respectaient que les officiers respectables. Faciles parce leur engagement était total quand ils respectaient leurs officiers. Antimilitaristes, les anars étaient des guerriers expérimentés et courageux. Plus guérilleros que soldats, ils menaient une guerre très personnelle. « On avait tous l’expérience de notre guerre et on savait ce qu’il fallait faire, se souvient German Arrue, ancien des Jeunesses libertaires.

      

    On se commandait nous-mêmes. On était une compagnie de choc et on avait tous l’expérience d’une guerre dure. Les Allemands le savaient… »

    Autre originalité, les Espagnols ont baptisé leurs half-tracks avec les noms de batailles de la guerre d’Espagne :

      

    Guadalajara, Brunete, Teruel, Ebro, Santander, Guernica. Pour éviter les querelles, les noms de personnalités avaient été interdits. Par dépit et dérision, des anarchistes qui souhaitaient honorer Buenaventura Durruti, grande figure de la CNT et de la FAI, avaient alors baptisé leur blindé

      

    « Les Pingouins ». D’autres encore s’appelaient « Don Quichotte » ou

    « España cañi » (Espagne gitane). Raymond Dronne ne fut pas en reste

      

    quand il fit peindre sur sa jeep un joli « Mort aux cons ».


    « A la playa ! A la playa ! » Avec un humour noir datant des camps de concentration de 1939, les Espagnols plaisantaient en mer avant de débarquer dans la nuit du 31 juillet au 1er août près de Sainte-Mère-Eglise.

      

    La division Leclerc était la première troupe française a mettre les pieds en France depuis quatre ans. Zigzaguant entre les positions nazies, la 2e DB avala les kilomètres d’Avranches au Mans.

      

    Avançant cachée dans des chemins discrets et des sentiers touffus, la Nueve roulait vers Alençon en combattant et capturant de nombreux Allemands (qu’ils donnaient aux Américains contre de l’essence, des bottes, des mitrailleuses ou des motos, selon le nombre et le grade des ennemis).

      

    La bataille de Normandie passa par Ecouché.

      

    Les Espagnols fonçaient « comme des diables » sur les soldats des 2e et 9e Panzerdivisions.

      

    Plus drôle, le capitaine Dronne mentionne une anecdote amusante dans ses Mémoires.

    Les anarchistes et autres anticléricaux se cotisèrent pour que le prêtre du coin puisse se racheter une statue du Sacré-Cœur.

      

    La sienne n’avait pas survécu aux combats. La statue achetée avec l’argent des bouffeurs de curés est restée en place jusqu’en 1985.


    Contrariant les plans américains, Leclerc décida, le 21 août, de lancer ses troupes sur Paris.

      

    De Gaulle approuva immédiatement.

      

    Le 23 à l’aube, la division se mettait en route avec le régiment du Tchad en tête et la Nueve en première ligne.

      

    Le 24 au matin, sous la pluie, les défenses extérieures de Paris étaient atteintes. Les combats contre les canons allemands furent apocalyptiques.

      

    Parallèlement, Dronne mettait le cap sur le cœur de la capitale par la porte d’Italie. La Nueve arrivera place de l’Hôtel-de-Ville vers 20 heures. Le lieutenant Amado Granell, ex-capitaine de la Colonne de Fer, fut le premier officier « français » reçu par le Conseil national de la résistance.

      

    Georges Bidault, président du Conseil, posa avec lui pour la seule photo que l’on connaisse de ce moment historique.

      

    Le journal Libération la publia le 25 août.
    « C’est les Français ! » criaient les Parisiens.

      

    Quand la rumeur annonça qu’il s’agissait en fait d’Espagnols, de nombreux compatriotes accoururent.

     

    Plus de 4 000 Espagnols engagés dans la résistance intérieure participèrent à l’insurrection parisienne.

     

    La nuit fut gaie.

     

    Dronne s’endormit bercé par les hymnes républicains.

     

    « Quelle joie pour ces Espagnols combattants de la liberté ! »,

     

    écrivit-il plus tard.


    Plus de 20 000 Allemands bien armés occupaient encore Paris. Leclerc et son état-major entrèrent par la porte d’Orléans où l’accueillit une délégation des Forces françaises de l’intérieur.

     

    Le général de Gaulle l’attendait gare Montparnasse.

      

    Le nettoyage n’était pas terminé.

      

    Une colonne de la Nueve fut chargée de déloger les Allemands d’un central téléphonique.

     

    Appuyée par la Résistance, la 2e DB partit combattre autour de l’Opéra, de l’hôtel Meurice, des jardins du Luxembourg, de l’Ecole militaire…

      

    Le 25 août au matin, un résistant espagnol, Julio Hernandez, déployait le drapeau républicain, rouge, jaune et violet, sur le consulat d’Espagne. Il fut moins facile d’abattre les forces d’élite allemandes qui défendaient l’hôtel Meurice. Ce sont encore des Espagnols, Antonio Gutiérrez, Antonio Navarro et Francisco Sanchez, qui partirent à l’assaut des lieux avec grenades et mitraillettes.

      

    Il désarmèrent le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, et son état-major.

     

    Le 26 août, la Nueve fut salué par de Gaulle et reçut les honneurs militaires. Au risque de déplaire à de nombreux soldats français, de Gaulle chargea la Nueve de le couvrir jusqu’à Notre-Dame.

      

    Précaution utile pour éliminer les miliciens qui tiraient lâchement sur la foule en liesse. De Gaulle et Leclerc furent également protégés par la Nueve dans la cathédrale même. Des tireurs isolés y sévissaient.

      

    Amado Granell ouvrait la marche dans une grosse cylindrée prise à un général allemand.

      

    Curieuse escorte que ces half-tracks nommés Guernica, Teruel, Résistance et Guadalajara qui arboraient côte à côte drapeaux français et drapeaux républicains espagnols… Un autre drapeau républicain, de plus de vingt mètres de long celui-là, fut déployé à leur passage par des Espagnols, hommes, femmes et enfants, survoltés.


    Après un temps de repos dans le bois de Boulogne où les combattants reçurent la visite de Federica Montseny (militante CNT et ancienne ministre de la Santé du gouvernement républicain), de camarades anarcho-syndicalistes, mais aussi d’admiratrices… le moment de repartir vint le 8 septembre.

      

    De nouveaux volontaires, dont des Espagnols de la Résistance, s’étaient engagés dans les troupes de Leclerc pour continuer le combat, mais une page se tournait.

      

    Les Espagnols reçurent l’ordre d’enlever leurs drapeaux des half-tracks désormais légendaires.


    Avant d’arriver au QG de Hitler, à Berchtesgaden, la Nueve traversa des batailles épiques dans des conditions souvent extrêmes à Andelot, Dompaire, Châtel, Xaffévillers, Vacqueville, Strasbourg, Châteauroux…

      

    Les Allemands subirent de gros revers, mais les pertes humaines étaient aussi importantes chez les Espagnols. « On a toujours été de la chair à canon, un bataillon de choc, soutient Rafael Gomez. On était toujours en première ligne de feu, tâchant de ne pas reculer, de nous cramponner au maximum. C’était une question d’honneur. »

      

    Question de revanche aussi contre les nazis qui ont martyrisé le peuple espagnol et déporté des milliers de républicains à Buchenwald et à Mauthausen.


    Vainqueurs d’une course contre les Américains, les Français, dont des combattants de la Nueve, investirent les premiers le « nid d’aigle » de Hitler le 5 mai. Après avoir mis hors d’état de nuire les derniers très jeunes nazis qui défendaient la place jusqu’à la mort, officiers et soldats burent du champagne dans des coupes gravées « A H ». Les soldats glanèrent quelques souvenirs (jeu d’échecs, livres anciens, cristallerie, argenterie…) qui améliorèrent ensuite un ordinaire parfois difficile.

      

    Les médailles pleuvaient pour les Espagnols rescapés, mais la victoire était amère. Les projets de ces révolutionnaires internationalistes ne se limitaient pas à la libération de la France. « La guerre s’est arrêtée malheureusement, regrettait encore, en 1998, Manuel Lozano, ancien des Jeunesses libertaires. Nous, on attendait de l’aide pour continuer le combat et libérer l’Espagne. »

     

    Le livre d’Evelyn Mesquida, enfin traduit en français par le chanteur libertaire Serge Utge-Royo, est étayé par de nombreuses références historiques, mais aussi par les témoignages des derniers héros de la Nueve recueillis entre 1998 et 2006. Ce qui donne un relief et un souffle extraordinaires. Evadés des camps de concentration, déserteurs de la Légion, anciens des corps francs…

      

    chacun avait un parcours singulier. Antifascistes viscéraux, tous étaient pressés d’aller régler son compte à Franco. « Il y a eu des Espagnols si désespérés de voir que l’aide ne venait pas qu’ils en ont perdu la tête et sont partis vers la frontière, sans vouloir en écouter davantage… Ils sont tous morts », explique Fermin Pujol, ancien de la colonne Durruti et de la 26e division.

      

    Amado Granell, le premier soldat français reçu à Paris, retourna clandestinement en Espagne en 1952. Il mourut à 71 ans dans un accident de la route près de Valence. Dans son journal, le capitaine Dronne écrit qu’on aurait trouvé des traces de balles sur la voiture…

     

    Les manuels scolaires ont gommé la présence des Espagnols dans la Résistance ou dans les forces alliées et de nombreuses personnes s’étonnent d’apprendre que des républicains espagnols, dont nombre d’anarchistes, ont joué un rôle important dans la lutte contre les nazis et la libération de Paris.

      

    Comment s’est opérée cette amnésie générale sur fond de patriotisme véreux ?

      

    Dans la préface de l’ouvrage, Jorge Semprun, ancien résistant communiste déporté et ancien ministre de la Culture espagnol, l’explique.

      

    « Dans les discours de la Libération, entre 1944 et 1945, des centaines de références furent publiées sur l’importance de la participation espagnole. Mais peu après, à la suite de la défaite allemande et la libération de la France, apparut tout de suite la volonté de franciser – ou nationaliser – le combat de ces hommes, de ceux qui luttèrent au sein des armées alliées comme au sein de la Résistance. Ce fut une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps, des dirigeants du Parti communiste français. Quand arriva le moment de réécrire l’histoire française de la guerre, l’alliance communistes-gaullistes fonctionna de façon impeccable. »

     

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, Luis Royo est le seul membre de la Nueve a avoir reçu un hommage officiel de la mairie de Paris et du gouvernement espagnol en 2004 à l’occasion de la pause d’une plaque sur le quai Henri-IV près de l’Hôtel-de-Ville. En 2011, surveillés de près par la police, une poignée d’ami-e-s de la République espagnole, dont Evelyn Mesquida, s’est regroupée dans l’indifférence quasi générale lors de la commémoration de la libération de Paris.


    « Avec l’histoire de la Nueve, on possède un thème de grand film », affirme Jorge Semprun. Assurément. Le plus bel hommage que l’on pourrait rendre aux milliers d’Espagnols combattants de la liberté serait surtout de poursuivre leur lutte pour un autre futur.

     

    http://florealanar.wordpress.com/2012/08/25/la-veritable-histoire-de-la-liberation-de-paris/

     

     

     

     

     

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    Crowds thronged the Place de la Concorde in central Paris on 26 August 

     

     

     

    Une foule immense est rassemblée pour acclamer le Général de Gaulle place de la Concorde,  au lendemain de la Libération de Paris.

    AFP/Archives

     

     

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    La folle semaine de la Libération de Paris, il y a 72 ans, marquée par le soulèvement de la capitale contre l'occupant allemand et par l'arrivée de la 2ème DB, fut aussi celle de petites histoires qui racontent ce moment fort de la grande histoire de France.

     

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    - Fusillé le 19 août 1944 !!!

     

    décédé en 2005

     

     

    Samedi 19 août au matin.

    L'insurrection commence.

     

    La préfecture de police est prise par des policiers

    en grève depuis quatre jours.

     

     

     

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    Georges Loiseleur was shot dead less than a week before Paris was liberated

    il avait 19 ans !

     

     

    Le gardien de la paix Armand Bacquer

     

    24 ans, est arrêté par les Allemands dans le VIIe arrondissement.

     

    Vers 23h00, il est fusillé !!

    avec un autre policier,

     

    Maurice Guinoizeaux, 37 ans, au bord de la Seine, près de la Concorde.

     

     

     

    Guinoizeaux est tué sur le coup.

     

    Touché de plusieurs balles,

    Bacquer, laissé pour mort, est secouru le lendemain.

     

     

    Opéré à Necker, il survivra et reprendra son métier de policier.

     

    Il mourra dans son lit en 2005.

    Une plaque commémore cet épisode à l'endroit-même où il s'est déroulé.

    - "Tenez bon, nous arrivons"

    Jeudi 24 août.

     

    Les barricades se multiplient.

     

    Les combats s'intensifient entre résistants, à l'armement disparate, et les soldats allemands munis d'armes lourdes.

     

    Les premiers chars de la 2ème DB sont à une dizaine de km des portes sud de la capitale.

     

    Des émissaires de la Résistance font savoir au général Leclerc qu'ils ont besoin d'aide.

    Vers 17h00, un avion Piper Club de l'escadrille d'observation de la 2ème DB survole Notre Dame et la préfecture de police.

     

    Aux commandes, le capitaine Jean Callet, qui pique sur les bâtiments.

     

    Le lieutenant Etienne Mantoux largue un petit objet lesté de plomb et muni d'une traîne qui tombe tout près de la préfecture.

    2è D.B. libération de PARIS 1944

     

    Général LECLERC au BOURGET

     

     

    "Le général Leclerc vous fait dire :

     

    +Tenez bon, nous arrivons+",

    porte simplement le message manuscrit.

     

     

    - Les Espagnols de la 2ème DB les premiers à Paris !!

     

    Jeudi 24 août vers 20h00.

     

    Le général Leclerc donne l'ordre au capitaine Raymond Dronne de pénétrer dans Paris. Les premiers véhicules blindés de la 2ème DB gagnent une heure et demie plus tard l'Hôtel de ville.

     

     

    Des noms de villes espagnoles sont inscrits sur des blindés qui emportent des Républicains espagnols de la 9ème compagnie du Régiment de marche du Tchad, commandée par Dronne.

     

    Un livre écrit par Evelyn Mesquida, "La Nueve 24 août 1944",

     

    vient de paraître aux éditions du Cherche-Midi.

     

    Il raconte, à travers des témoignages, l'histoire de ces Espagnols antifranquistes qui s'engagèrent dans la 2ème DB.

     

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    - La dernière partie de billard de Dietrich von Choltitz

      

    Vendredi 25 août au matin.

     

    Le général Leclerc arrive à Paris par la porte d'Orléans et la 2ème DB se déploie dans l'ouest de la capitale.

     

    Les Allemands se rendent massivement.

     

    Dans l'après-midi, la 4ème division américaine occupe l'est parisien

    à partir de la porte d'Italie.

      

    Le colonel Pierre Billotte installe le PC de son groupement dans la salle de billard des appartements du préfet de police Charles Luizet.

     

    Cet homme de confiance du général de Gaulle, qui fut l'un des tout premiers à se rallier au chef de la France Libre dans la soirée de l'appel du 18 juin 1940, tient la préfecture de police depuis une semaine.

      

    A l'hôtel Meurice, où il a installé son état-major, le général Dietrich von Choltitz, commandant du "Gross-Paris" depuis le 4 août, est fait prisonnier en début d'après-midi.

      

    A la préfecture de police, le général Leclerc attend impatiemment la capitulation allemande.

    "Allez me le chercher!",

    demande Leclerc !!

     

    Billotte amène von Choltitz à la préfecture.

    A 17h00, le général allemand signe l'acte de reddition sur une petite table.

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    On célèbre cette semaine le soixante-neuvième anniversaire de la libération de Paris. La capitale, occupée durant quatre années, fut débarrassée de l’envahisseur allemand durant la semaine du 19 au 25 août 1944.

      

    Cette date est également l’occasion de mettre un coup de projecteur sur un grand monsieur de l’armée française, le général Leclerc, symbole de cette libération. La directrice du Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la libération de Paris-Musée Jean Moulin, Christine Levisse-Touzé, revient sur le rôle qu’il a tenu dans cette lutte.

     

     

     

     

    JOL Press : La libération de paris, une victoire du général Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : C’est une victoire militaire et politique, mais pas que du général bien sûr. D’abord, c’est le rétablissement d’une souveraineté nationale. La reconnaissance à Paris du chef du gouvernement provisoire, le général de Gaulle. Pour le général Leclerc, sous le commandement américain pour la mission, c’est une réussite puisque de Gaulle l’avait mis au fait de cette libération de Paris depuis décembre 1943.

    Et puis il y a aussi les forces intérieures, la résistance, sous la houlette du colonel Rol-Tanguy. La libération de Paris c’est tout cela. Une insurrection plus organisée et contrôlée qu’on a pu le dire, et une libération réussie, le général Leclerc remplissant sa mission, à l’impact politique et militaire. A 17h, à la gare Montparnasse, il peut remettre au général de Gaulle la capitale après que le général von Choltitz se soit rendu. De Gaulle, intact, peut prendre le pouvoir du gouvernement provisoire.

     

     

    JOL Press : Pourquoi avoir choisi le général Leclerc pour mener cette reconquête de la capitale ?

    Christine Levisse-Touzé : C’est un Français libre de la première heure. Il devient Leclerc en juillet 1940, après être monté à la rencontre de De Gaulle à Londres. Il avait déjà mené avec succès des opérations d’importance, notamment en ralliant le Cameroun, le Tchad ou encore le Congo à la France libre. Il y a aussi la campagne militaire dans le Fezzan, puis celle en Tunisie. Et puis la mise en place de la division Leclerc, réunissant des hommes et des femmes d’horizons multiples. Il y avait vingt-deux nationalités différentes dans la 2e division blindée qu’il commandait, dont 3603 soldats d’Afrique du Nord.

     

     

     

    Donc une diversité extraordinaire, dont il a su faire un outil de première importance, sa division trouvant une unité au combat en Normandie. Dès décembre 1943, de Gaulle avait donné cette mission au général Leclerc, car il savait que c’était un fin technicien, avec un sens de l’audace hors-norme, l’homme des missions dangereuses. C’était quelqu’un de sûr et de Gaulle savait que Leclerc avait ses qualités lui permettant d’improviser au cas où. Ce que les faits montrent, puisque les Américains s’étaient engagés en décembre 1943 à ce que ce soit une division française qui libère la capitale.

    Or, en août 1944, les choses sont différentes, les Américains veulent contourner la capitale car cela poserait des problèmes de ravitaillement (trois mille tonnes de vivres par jour en plus pour la population parisienne) et ils craignent de perdre du temps, l’objectif politique leur important peu. Leclerc force alors un peu le cours des choses, car après la bataille de Normandie, il demande à faire des reconnaissances des troupes allemandes aux portes de Paris, en dépit des ordres militaires américains. Le 20 août, le général de Gaulle intervient auprès d’Eisenhower pour que la division Leclerc fonce sur Paris. Dans le même temps, les forces françaises de l’intérieur étaient à court de munitions et une intervention des Alliés devait se faire rapidement.

     

    JOL Press : Comment se passe la capitulation des Allemands ?

    Christine Levisse-Touzé : Les combats dans paris ne sont pas des parties de plaisir. Cette bataille se joue surtout dans la grande banlieue, avec des attaques sur plusieurs axes. Il y a eu des accrochages forts à l’Ouest de paris. La division arrive aux aurores sur la capitale, le général installe son poste de commandement à Montparnasse, dans la gare, parce que les communications y sont possibles, il n’y a pas d’Allemands et de ce point-là il peut diriger les opérations. Les différents groupements tactiques doivent prendre Paris en tenaille, depuis le Sud, l’Ouest, avec un point de jonction en face de la Concorde pour la reddition des troupes allemandes.

    Les points de combats et d’accrochages durs dans Paris sont là où les Allemands se sont retranchés : le Majestic, avenue Kléber, l’Hôtel de la Marine, le Meurice, la Caserne de la république, le Sénat, l’Ecole Militaire, etc. Tous ces points ont vu de durs affrontements. Il ne faut pas sous-estimer l’aide de la 4e division d’infanterie américaine, qui aide aux opérations de nettoyage de Paris. Nous disposons de documents qui montrent des chars de cette 4e division Boulevard Ménilmontant, des soldats devant la mairie du XXe arrondissement à Gambetta.

     

     

    JOL Press : Dès lors, Leclerc ne s’arrête pas là et s’en va poursuivre le combat…

    Christine Levisse-Touzé : Il ne faut pas se tromper d’objectif : le général Leclerc est sous les ordres de de Gaulle, il avait une mission politique, la libération de la capitale, ce qui n’est pas rien, la libération de Paris c’est l’enjeu du pouvoir, la reconnaissance de facto du gouvernement provisoire d’Alger que préside de Gaulle. Il obéit, il réussit, mais la libération de Paris ne signifie pas la fin de la guerre. Et ça il ne faut pas l’oublier, il faut poursuivre le combat.

    Le 30 août, au Nord de paris, Leclerc doit repousser la contre-attaque allemande, et je vous rappelle que le soir du défilé du 26 août 1944, il y a un bombardement sévère des Allemand à l’Est de Paris. La guerre continue. Il doit compléter ses effectifs, car il y a tout de même eu 156 morts dans ses rangs, puis poursuit sa mission de libération, en Lorraine, en Alsace. Je vous rappelle que la prise de Strasbourg est également un temps-fort et doit honorer le serment de Koufra. Et puis après les combats se continuent, notamment en janvier 1945 dans la poche de Colmar, avant la ruée finale vers l’Allemagne.

     

    JOL Press : Quels étaient les rapports entre de Gaulle et Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : Des rapports de subordonnés, Leclerc, aux supérieurs, de Gaulle. En même temps le général Leclerc a un fort tempérament, il y a pu avoir des accrochages,

    mais Leclerc est un fidèle de De Gaulle !!

     

    et il ne déroge jamais de sa mission et de son sens patriotique, et donc du général de Gaulle, car c’est la personnalité qui incarne le combat pour la libération.

     

    JOL Press : L’histoire accorde-t-elle assez d’importance au général Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : Non pas les livres d’histoire à l’heure actuelle. Pas plus qu’un Moulin également. Les livres d’histoire sont squelettiques, je crois qu’ils ne sont pas là pour former les citoyens et je trouve ça regrettable.

     

     

    JOL Press : Quel aurait été le rôle du général Leclerc s’il n’était pas mort aussi rapidement ?

    Christine Levisse-Touzé : Je suis historienne, directeur de recherche à Paris IV, je ne fais pas de simulation historique, seulement mon métier. Je suis fondamentalement historienne, je n’aime pas l’histoire-fiction. Il meurt d’un accident d’avion en 1947. Leclerc avait montré toute sa dimension militaire et politique durant la Seconde Guerre Mondiale. Il avait pris conscience aussi d’un phénomène nouveau et qui n’allait plus quitter la scène internationale : le fait colonial. Cette guerre fut un tournant et il savait que rien ne serait comme avant. Il était conscient de l’évolution de son temps et de l’évolution des territoires de l’empire, des bouleversements engendrés par cette Seconde Guerre Mondiale.

    Le seul souhait qu’il n’a pas plus accomplir, c’est cette demande au général de Gaulle d’être nommé résident général au Maroc, mais de Gaulle a préféré le nommer dans le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Donc quand il est inspecteur des forces armées en Afrique du Nord un an plus tard, c’est sans doute là un de ses vœux qui se réalise, mais en même temps, à la lecture de ses écrits, on voit aussi quelqu’un de profondément meurtri des divisions d’après-guerre, de cette évolution et peut-être d’être en avance sur son temps.

     

    JOL Press : Pour conclure, parlez-nous de l’action de votre musée.

    Christine Levisse-Touzé : Notre musée s’appelle Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la libération de Paris-Musée Jean Moulin de la ville de Pairs. On a une donation du fond historique de la fondation maréchal Leclerc et un legs d’une amie de Jean Moulin, renforcé depuis par un legs de la famille de Jean Moulin. Il est situé au-dessus de la gare Montparnasse, face au Jardin Atlantique.

    Nous avons des collections très riches et un centre de documentation et de recherche ouvert du lundi au vendredi, tandis que le musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h. Il y a actuellement une très belle exposition sur « Redécouvrir Jean Moulin », jusqu’à la fin de l’année. Et pour 2014, une grande exposition à l’Hôtel de Ville sur la libération de Paris est prévue, pour donner tout le charme nécessaire au 70e anniversaire.

    >> Propos recueillis par Nicolas Conter pour JOL Press

     

     

    SOURCES

    http://www.jolpress.com/christine-levisse-touze-

    general-leclerc-liberation-paris-1944-article-821354.html

      

      

      

      

     

     

     

     

     

     

     

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    l'epuration à la liberation 
     
     
    A Paris, il y a plusieurs prisons clandestines mais la geôle la plus sinistre est installée à l'Institut dentaire de l'avenue de Clichy, où sévissent d'authentiques truands, tel José Redrossa, et des spécialistes de la torture . L'un des anciens pensionnaires de l'établissement en a conté les scènes hallucinantes…

    Les F.T.P. ont amené Godard. Godard, c'était le jeune homme qui s'était jeté du second étage, la veille, parce qu'on le torturait trop. Il n'avait que vingt ans. Mais il avait appartenu à la L.V.F., le petit imbécile. Et les F.T.P. n'aimaient pas ça. Ils l'ont battu et torturé plusieurs fois, là-haut, au second étage, avec je ne sais quelle science chinoise.
     
    « C'était trop pour ce petit Godard de vingt ans.
     
    A un moment, sans doute, il n'a pu en endurer plus, de tout son corps d'enfant qui souffrait, qui saignait.

    Il a voulu s'échapper, n'importe comment. Il s'est jeté à travers la fenêtre, emportant au passage du bois, des vitres. Et ils l'ont ramassé en bas, les jambes brisées. Un d'eux l'a rapporté dans la salle, sur son épaule. Et les jambes de Godard lui pendaient dans le dos, comme des choses mortes.
     
    epuration en france en 1944 et 1945
     
     
     
     
    Ils l'ont jeté sur une paillasse, dans un coin. Il est resté là toute la nuit. Et ce fut une drôle de nuit.
    Personne n'a pu dormir. Les prisonniers jusqu'au matin ont entendu le petit Godard qui avait voulu fuir la torture et qui n'avait pas réussi. Il a souffert toute la nuit par ses jambes brisées.
     
    Il criait de douleur.

    Il appelait sa mère.
      
    Ou bien il râlait, longuement, comme s'il allait mourir.
      
    Nul ne l'a soigné, puisqu'il devait être fusillé au matin.
      
    C'eût été du temps perdu. Les F.T.P., parfois, en passant, le traitaient de salaud, et lui ordonnaient de se taire.

    Au matin, donc, ils l'ont amené jusqu'au mur, sur un brancard.
      
    Ils ont essayé de le mettre debout, de le faire tenir, tant bien que mal, en l'appuyant au mur, pour le fusiller, selon les règles. Mais le petit Godard s'est aussitôt effondré, sur ses jambes brisées.
     
    Alors ils l'ont remis sur le brancard et ils l'ont tué dessus.
      

    C'est ainsi qu'a fini de souffrir le petit Godard.
     
     
     
     
    http://www.histoire-en-questions.fr/deuxieme%20guerre%
    20mondiale/epuration%20petitgodard.html
      
      
      
      
      
      
      
      
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    L'attaque sur Pearl Harbor est une attaque surprise de l'aéronavale japonaise le 7 décembre 1941 sur la base navale américaine de Pearl Harbor située sur l'île d'Oahu, dans l'archipel du territoire américain d'Hawaï, au cœur de l'océan Pacifique.

      

    Cette attaque visait à détruire la flotte de l'United States Navy qu'elle abritait et entraîna l'entrée dans la Seconde Guerre mondiale des États-Unis.


    L'attaque fut ordonnée par le général Hideki Tojo en réaction à l'embargo sur le pétrole imposé par les États-Unis, et lancée par surprise le matin du dimanche 7 décembre par le service aérien de la marine impériale japonaise contre la flotte américaine du Pacifique dans le port et d'autres forces qui stationnaient aux alentours.

      

    Cette attaque s'inscrit dans la politique d'expansion impériale. L'anéantissement de la principale flotte de l'US Navy devait permettre à l'empire du Soleil levant d'établir sa « sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ».

      

    Le quartier-général impérial souhaitait également répondre aux sanctions économiques prises par Washington en juillet 1941 après l'invasion de la Chine et celle de l'Indochine française par l'armée impériale japonaise.

    À l'issue de l'attaque, conduite en deux vagues aériennes parties de 6 porte-avions japonais et impliquant plus de 400 avions, les pertes américaines furent importantes :

      

    2 403 morts et 1 178 blessés.

      

    Quatre navires de ligne, trois croiseurs, trois destroyers et 188 avions furent détruits. Cependant, beaucoup de navires purent être remis en état dans les mois qui suivirent, et les trois porte-avions américains du Pacifique, alors absents de Pearl Harbor, échappèrent à l'attaque.


    Les Japonais perdirent 64 hommes, 29 avions et cinq sous-marins de poche ; un marin fut capturé.

     

      

    En moins de vingt-quatre heures, l'Empire du Japon attaqua également les États-Unis aux Philippines et ouvrit les hostilités avec le Royaume-Uni, en envahissant Hong-Kong et en débarquant en Malaisie.



    L'attaque sur Pearl Harbor provoqua l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés.

      

    Aux États-Unis, cette attaque reste un des évènements les plus marquants de l'histoire du pays

     

    — chaque année le drapeau est mis en berne à la date anniversaire de l'attaque

      

    — synonyme de désastre national.

    Les historiens ont mis en évidence l'audace du plan de l'amiral Isoroku Yamamoto, le manque de préparation et les négligences américaines.

      

     

      

    Le rôle du président Roosevelt reste un sujet de polémique.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La rafle du Vélodrome d’Hiver (16-17 juillet 1942),

      

    souvent appelée rafle du Vel’ d’Hiv, est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

      

    En juillet 1942, le régime nazi organise l’opération " Vent Printanier " :

      

    une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens.

      

    En France, le régime de Vichy mobilise la police française pour participer à l’opération, sur la demande des autorités d’occupation mais sans leur participation.

    René Bousquet, le secrétaire général de la police nationale, accompagné de

    Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, rencontre le 4 juillet, au siège de la Gestapo à Paris, les colonel et capitaine SS Knochen et Dannecker, le premier dirigeant la police allemande en France, le second représentant

      

    BOUSQUET  grand ami de MITTERAND

     

      

    Adolf Eichmann (le responsable nazi de la logistique de la " solution finale ") à Paris. Un nouvel entretien, dans les bureaux de Dannecker avenue Foch, afin d’organiser la rafle prévue pour le 13 juillet 1942, se tient le 7 juillet en compagnie de

    Jean Leguay, l’adjoint de Bousquet, accompagné de

    François, directeur de la police générale,

    Hennequin, directeur de la police municipale,

     

    André Tulard, sous-directeur du service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police de Paris de 1940 à 1943 (il avait constitué un ensemble de fichiers des Juifs de la région parisienne : le " fichier Tulard "), Garnier, sous-directeur du ravitaillement à la préfecture de la Seine,

    Guidot, commissaire de police à l’état-major de la police municipale et enfin

    Schweblin, directeur de la police aux questions juives.

      

     

     

    Le capitaine SS Dannecker déclare:

      

    " Les policiers français - malgré quelques scrupules de pure forme - n’auront qu’à exécuter les ordres! ".

      

    La rafle vise les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchèques, russes et les indéterminés, âgés de seize à cinquante ans.

      

    Des dérogations exceptionnelles pour les femmes " dont l’état de grossesse sera très avancé " ou " nourrissant leur bébé au sein " sont prévues, mais " pour éviter toute perte de temps, ce tri ne sera pas fait au domicile mais au premier centre de rassemblement par le commissaire de la voie publique ".

      

      

    Les nazis prévoient de faire arrêter par la police française 22 000 Juifs étrangers dans le Grand Paris, qui seront conduits à Drancy, Compiègne, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Pour cela, "

    le service de M. Tulard fera parvenir à la Direction de la police municipale les fiches des Juifs à arrêter (...)

      

    Les enfants de moins de quinze ou seize ans seront confiés à l’Union générale des Israélites de France qui à son tour les placera dans des fondations.

      

    Le tri des enfants sera fait dans les centres primaires de rassemblement. "


     

    Le SS Dannecker s’entretient le 10 juillet 1942 avec son supérieur Adolf Eichmann, tandis qu’une nouvelle réunion se tient le même jour au siège du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) en compagnie des SS Dannecker, Röthke, Heinrichsohn, et de Jean Leguay, Pierre Gallien, adjoint de Darquier de Pellepoix (chef du CGQJ), quelques cadres de la préfecture de police ainsi que des représentants de la SNCF et de l’Assistance publique.

     


     

    Les instructions du directeur de la police municipale de Paris Emile Hennequin, le 12 juillet 1942, stipulent que "

      

    1. Les gardiens et inspecteurs, après avoir vérifié l’identité des Juifs qu’ils ont mission d’arrêter, n’ont pas à discuter les différentes observations qui peuvent être formulées par eux [...] 2.

      

    Ils n’ont pas à discuter non plus sur l’état de santé. Tout Juif à arrêter doit être conduit au Centre primaire. [...] 7. [...] Les opérations doivent être effectuées avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire. "

     


    La rumeur circulait depuis quelque temps d’une telle opération parmi la population juive, mais certains pensaient qu’elle ne concernerait que les hommes comme les précédentes, d’autres ne pouvaient pas y croire, la plupart de toutes façons n’avaient

    pas où aller.

     


    Le 13 juillet 1942, la circulaire n°173-42 de la préfecture de police ordonne l’arrestation et le rassemblement de 27 391 Juifs étrangers habitant en France.
    Finalement, un peu de retard est pris.

     

     

      

     

    Les autorités allemandes évitent d’ordonner la rafle pour le 14 juillet, bien que la fête nationale ne soit pas célébrée en zone occupée, ils craignent une réaction de la population civile. Celle-ci a donc lieu le surlendemain soir.

     


    13 152 Juifs sont arrêtés : (dont 4 051 enfants et 5 823 femmes).

      

    Un nombre indéterminé, prévenu par la Résistance ou bénéficiant du manque de zèle de certains policiers, parvient à échapper à la rafle. 4 500 policiers, selon les chiffres généralement retenus, 7 000 selon l’écrivain Maurice Rajsfus ont pris part à l’opération des 16 et 17 juillet.

      

    En outre une cinquantaine d’autobus de la compagnie du métropolitain ont été réquisitionnés avec leurs conducteurs.

     


    Après leur arrestation, une partie des Juifs (les célibataires et les couples sans enfants) ont été conduits directement dans les camps de Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers (Loiret), en vue d’une déportation rapide vers Auschwitz.

      

    Une autre partie est envoyée vers le Vélodrome d’hiver (situé dans le XVe arrondissement), qui sert de prison provisoire (cela avait déjà été le cas lors d’une rafle à l’été 1941). Ce sont donc environ 7 000 personnes qui doivent survivre pendant cinq jours, sans nourriture et avec un seul point d’eau.

      

    Les gens, qui n’avaient eu le droit d’emporter que deux bagages dont un de vivres, s’entassaient sur les gradins parmi les pleurs des enfants et les odeurs d’excréments.

      

    Ceux qui tentent de s’enfuir sont tués sur-le-champ. Une centaine de prisonniers se suicident.


    Cette rafle représente à elle seule plus du quart des 42 000 Juifs envoyés de France à Auschwitz en 1942, dont seuls 811 reviendront chez eux après la fin de la guerre. En 1979,

     

    La "Rafle du Vel' d'Hiv": une histoire française

    Jean Leguay, le représentant du secrétaire général de la police nationale en zone occupée, est inculpé pour son implication dans l’organisation de la rafle, mais il meurt avant d’être jugé, en 1993.

     



    Sur les 13 152 juifs raflés, seuls 25 adultes sont revenus. Aucun des 4 051 enfants n’a survécu.


    Cette vague d’arrestations ne fut ni la première, ni la dernière. Mais elle a été la plus massive. Les premières rafles ont eu lieu le 14 mai 1941, les dernières au printemps 1944. En tout, 76 000 juifs de France ont été déportés vers les camps nazis, dont bien peu sont revenus.

     


    Le 16 juillet 1995, le président de la République Jacques Chirac a reconnu devant le monument commémoratif la responsabilité de la France dans la rafle et dans la Shoah.

      

    Il a notamment déclaré :


    " Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’état français.

     


    Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 4 500 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.
     

    Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.
    (...)
    La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. "

     


     

     

     

     

     

     

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    Au bord de l’autoroute, à dix kilomètres de Perpignan, on peut apercevoir, si l’on est attentif, derrière quelques éoliennes, des dizaines (des centaines ?) de baraques en ruine.

    Si on prend la peine de s’en approcher, on voit qu’il s’agit d’un camp, érigé sur une terre aride, où s’emmêlent aujourd’hui ronces et fil de fer barbelé.


    Nous sommes au camp Joffre de Rivesaltes où furent tout d’abord internés les "étrangers indésirables" en application du décret du 12 novembre 1938 (c’était sous la IIIe République, il ne s’agissait pas encore du régime de Vichy !).

      

    Couvrant 615 hectares sur les communes de Rivesaltes et de Salses, à une trentaine de kilomètres de la frontière franco-espagnole du Perthus, il a été construit en 1938, après trois ans d’étude, afin de servir à l’instruction et à l’acclimatation des troupes en provenance d’outre-mer (tirailleurs sénégalais). Sa situation géographique le rend accessible aux navires, le littoral méditerranéen étant proche, et au reste de la France par la gare ferroviaire de Corbières.

      

    La surface bâtie est de 13 hectares environ.

      

    Les baraques, au nombre de 150, sont construites en fibrociment, et les toits recouverts de briques. Le plancher est en ciment et les fenêtres suffisamment grandes pour permettre une aération et un éclairage satisfaisants.


    Le cadre : une plaine aux rudes conditions climatiques, marquée par l’aridité et où sévit fréquemment un vent froid et parfois violent : la tramontane.

      

    L’été règne une chaleur souvent torride.


    C’est pourquoi l’armée a renoncé à son premier projet, l’installation d’écuries, estimant que les caractéristiques du lieu étaient trop extrêmes pour des chevaux. Toutefois, elles vont être jugées suffisantes pour les populations humaines internées ou regroupées ensuite en cet espace.


    Connu avant tout pour son rôle dans la concentration et la déportation des juifs du Sud de la France en 1942, et pour celui joué dans le regroupement des combattants algériens ayant choisi la France après 1962 (les "harkis"), le camp de Rivesaltes a, depuis son origine et jusqu’à l’intégration de l’Espagne dans la Communauté européenne (1986), son histoire liée à celle des citoyens espagnols.



    L’INTERNEMENT DES RÉFUGIÉS ESPAGNOLS


    Les premiers seront les Républicains espagnols, défaits par l’armée franquiste, venus chercher refuge en France, terre d’asile, pays des Droits de l’homme.


    Au début de l’année 1939, un demi million d’hommes, de femmes et d’enfants franchissent les Pyrénées dans des conditions particulièrement difficiles. Une grande partie d’entre eux est d’abord internée sur les plages du Roussillon dans des camps de fortune. Ainsi, ils seront 100 000 sur la plage d’Argelès, cette même plage où tant de touristes séjournent aujourd’hui... Rien - ou si peu - ne rappelle leur présence en ce lieu : tout juste une stèle évoquant la "Retirada" de février 1939, et, un peu plus dans l’intérieur, un petit cimetière, sans tombe indiquée, avec un monument aux morts... Quelques noms ... Gomez ... Lobato ... Montero... Torres... Tudela... Vigara... et, pour finir, ces quelques mots "et tous ceux qui sont demeurés inconnus".

      

    A côté, a été planté en 1999 un arbre à la mémoire des soixante-dix enfants de moins de 10 ans morts dans le camp d’Argelès. En mars, 264 000 Espagnols se serrent dans les camps érigés à la hâte en Roussillon. Il s’agit autant d’accueillir les réfugiés que d’appliquer le décret du 12 novembre 1938 relatif à l’internement des "indésirables étrangers".


    Face à l’engorgement des camps, est envisagé de verser au camp militaire Joffre plus de 15 000 réfugiés catalans.

      

    Cela reste à l’état de projet, néanmoins en 1940 un millier de jeunes Espagnols sont au camp, placés sous l’autorité militaire française au sein de Compagnies de Travailleurs Etrangers.

      

    Les travaux d’aménagement du site sont réalisés dans des conditions épouvantables par des ouvriers espagnols issus des autres camps.

      

    Les premières familles de leurs compatriotes arrivent le 14 janvier 1941. Dès le 31 mai 1941, le "Centre d’hébergement de Rivesaltes", appelé aussi "camp de regroupement familial" compte 6 475 internés de 16 nationalités principales ; plus de la moitié est espagnole, les juifs étrangers représentent plus du tiers.

      

    Composé de 16 îlots comprenant 150 baraques, il possède une capacité d’accueil de 17 à 18 000 personnes. Le camp, de par sa rudesse climatique, n’offre déjà pas lors de son implantation, les structures suffisantes pour permettre aux internés un séjour dans des conditions acceptables. Nommé dès 1940 par la population locale "le Sahara du Midi", il manque autant de végétation, que de ressources sanitaires, alimentaires et humaines.



    DES CONDITIONS DE VIE EFFROYABLES


    En effet, l’administration du camp n’est pas adaptée, le rapport fait par le CICR (Comité International de la Croix-Rouge) en 1941, constate "une impression pénible d’un manque de direction générale" laissant aux subordonnés, une trop grande liberté d’action. Le personnel de surveillance apparaît comme inapte dans une grande majorité, les chefs d’îlots ne se distinguent que par la brutalité et l’amoralité. L’antisémitisme règne parmi les surveillants qui n’hésitent pas à priver les Israélites "des mêmes droits que les internés aryens".


    L’administration du camp déplace les Juifs dans l’îlot K, prétextant qu’à l’occasion de la "Pâques juive", une nourriture casher leur sera servie.

      

    Les conditions de vie dans l’îlot K sont encore pires que dans le reste du camp, la vermine grouille dans les baraques délabrées, privées d’électricité. Plus tard l’îlot F3 regroupera les juifs raflés le 26 août 1942...

     


    La médiocrité de l’administration du camp prend une autre ampleur alors que se développe rapidement une situation alimentaire préoccupante.

      

    Les internés souffrent avant tout d’une faim extrême. En juin, les services sanitaires constatent que les travailleurs espagnols pèsent en moyenne une vingtaine de kilos de moins que ce qu’ils devraient faire relativement à leur taille, et il suffit d’une simple épidémie de diarrhée pour qu’en une semaine meurent sept d’entre eux.

      

    L’eau manque tant que la douche, collective, n’est assurée que tous les quinze jours. Seules les pouponnières (et les bureaux) bénéficient du chauffage.

    Les Groupes de Travailleurs Etrangers espagnols sortent du camp pour réaliser travaux et vendanges.

    Des hommes profitent de ces mouvements pour parvenir à s’enfuir et rejoindre les maquis de la Résistance française.

      

    Le camp est récupéré par l’armée allemande en novembre 1942 : à cette date 215 internés sont morts, dont 51 enfants d’un an et moins.

    Les Espagnols représentent 26,5% de la totalité de ces décès.


    Les internés figurent parmi la dernière priorité du Gouvernement français quant à l’alimentation générale du pays ; dans l’ordre des priorités de ravitaillement l’armée est première, viennent ensuite les hôpitaux et la population civile.

      

    Ces conditions déjà difficiles ne peuvent que s’aggraver alors que l’administration du camp, choisit volontairement de ne dépenser qu’un cinquième des 11,50 francs d’allocation d’alimentation journalière, prévue par le gouvernement pour chaque interné.


    Le Comité International de la Croix-Rouge constate à ce sujet "qu’une véritable famine règne dans certains camps et nous avons vu à Rivesaltes des enfants dans un état de sous-alimentation tel que l’on n’en avait pas vu depuis de nombreuses années en Europe."


    Les nourrissons sont les plus touchés par le manque de soins et la misère du camp. Pour le seul îlot B, dont les baraques sont décrites comme de véritables cages à bétails, trente personnes décèdent entre mars et juillet 1941 ; 31% de cette mortalité concerne des enfants dont la majorité a moins de un an et est atteinte par une épidémie de gastro-entérite infectieuse.


    Les moustiques qui infestent le camp sont aussi responsables d’un paludisme endémique.


    Eva Lang, qui avait 10 ans lorsqu’elle est arrivée à Rivesaltes avec toute sa famille évoque l’atmosphère du camp :


    "La nourriture manquait de plus en plus. On avait terriblement faim, et tout autour que des rangées de barbelés, et là a quelques mètres, des tours de garde. Tout était gris, lugubre, malsain. Le bruit incessant du vent qui sifflait entre les baraques, une terre boueuse semée de pierre pendant les jours de pluie et ensuite une chaleur torride et sèche car c’était encore l’été.


    Les gens toussaient, erraient, mourraient. J’ai sur le haut de ma jambe une cicatrice d’un énorme panaris plein de pus dont j’avais souffert à Rivesaltes. J’avais 10 ans et j’allais toute seule à l’infirmerie faire la queue et attendre pour que quelqu’un vienne nettoyer la plaie avec de l’alcool. Pourtant ma mère et ma grande sœur faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour maintenir une certaine propreté."


    Le manque d’eau et sa médiocre qualité durcit encore ces conditions hygiéniques déplorables, ce qui favorise la propagation d’autres épidémies telles que la dysenterie. Mis à part les cachectiques et les internés qui travaillent hors du camp, le reste des internés a néanmoins été vacciné contre la fièvre typhoïde, mais la mortalité reste élevée surtout chez les enfants.

      

    Le rapport du CICR tire la conclusion qu’il est "déplorable d’avoir réuni plus de 2 000 enfants dans un même camp, ce qui ne peut que contribuer à créer des épidémies".
    Le problème du chauffage se pose lui aussi de manière dramatique.

      

    Les internés souffrent du froid. Vivette Hermann-Samuel, assistante-résidente de l’OSE à Rivesaltes, le constate :

      

    "Tout au long de la baraque, des deux côtés, deux étages de bat-flanc séparés de deux mètres en deux mètres par de vieilles couvertures, compartiments où grouillent pêle-mêle des familles entières, pères, mères, enfants, grands-parents parfois, vautrés, agglutinés pour avoir plus chaud, dans une promiscuité indescriptible. Il fait froid et humide, et il n’existe aucun moyen de chauffage. Et, vous saisissant à la gorge, dès l’entrée, une odeur aigre de sueur humaine qui flotte dans cet antre jamais aéré. J’ai honte pour la France, honte pour l’humanité." Pendant l’hiver 41-42, les rares douches qui fonctionnent à Rivesaltes sont glacées :

      

    il se pose également un problème d’approvisionnement en eau.



    Les conditions de vie y sont tellement effroyables, que l’administration en vient à craindre que des adultes ne cherchent à voler de la nourriture à des enfants sous-alimentés.


    Cette morbidité va soudainement se transformer en une mortalité élevée alors que le camp ne cesse de se remplir.

    Les 7 et 14 janvier 1941, 1500 personnes arrivent du camp d’Agde, le 28 février c’est encore 793 internés qui sont transférés depuis Brens et, le 10 mars, 1226 depuis Gurs ; parmi ces derniers, on trouve 570 enfants de moins de 16 ans.

      

    Quelques jours plus tard, ce sont encore 1160 internés d’Argelès qui arrivent à Rivesaltes. Il s’agit de familles juives internées en application de la loi du 4 octobre 1940, de Tsiganes et d’Espagnols. Les femmes sont regroupées avec leurs enfants de sexe féminin et leurs fils de moins de 14 ans. A partir de cet âge, les jeunes gens vivent avec les hommes.

    Permettre aux familles juives de se réunir plus longuement pour célébrer ensemble la fête de la Pâque juive, telle est la raison invoquée par le commandant du camp pour transférer, en avril 1941, tous les internés juifs dans l’îlot B. Ce dernier est particulièrement inconfortable : les baraques sont aménagées avec des couchettes superposées, infestées de vermine, et l’électricité en est absente. La nourriture allouée à l’îlot B est très insuffisante.

      

    Le gestionnaire refuse de fournir des denrées de remplacement aux 300 internés pratiquants qui ne mangent pas de viande non casher. Quant aux enfants, entre le dîner qui a lieu à 18 h 00 jusqu’au repas du lendemain à 11 h 30, ils ne touchent pas de pain, le petit déjeuner du matin se composant uniquement de café noir pour les enfants de plus de six ans et de café au lait pour les moins de 6 ans.

      

    Cette absence de nourriture solide pendant plus de 17 h est péniblement ressentie par les tout-petits. D’autre part, les distributions de lait ont lieu à l’îlot J qui se trouve à environ 1 km de l’îlot B, ce qui s’avère une corvée très pénible pour les enfants en cas de mauvais temps. De plus, ils sont contraints à des attentes prolongées dans la pluie, la boue, le vent, de sorte que beaucoup d’enfants préfèrent renoncer à leur ration de lait plutôt que de s’imposer les désagréments d’une marche et d’une attente pénibles.

     



    QUID DES ÉVASIONS ?


    Il est difficile de retracer l’histoire des évasions. C’est un sujet sur lequel on ne peut guère avoir recours qu’aux témoignages personnels. Entre avril 41 et juillet 42, les départs clandestins de Rivesaltes sont de l’ordre de 30 à 40 par mois. Les internés tziganes prennent souvent la fuite par familles entières, accompagnées d’enfants en bas âge. Les internés juifs sont proportionnellement beaucoup moins nombreux à tenter de s’échapper.

      

    Ils le font souvent par deux (deux frères, un père et son fils, une mère et sa fille, deux hébergés d’un même îlot,... Ils sont le plus souvent assez jeunes (moins de 40 ans), mais certains emmènent avec eux leur enfant ou un parent âgé. En avril 42, Hélène Bronstein, alors âgée de 18 ans, est partie ainsi avec sa fille d’un an dans les bras :

      

    "Je n’ai pas décidé de partir parce que je sentais un danger quelconque fondre sur nous. Mon bébé était rachitique, malade, et j’avais deux idées fixes : elle allait mourir, ou bien on allait me l’enlever pour l’envoyer à l’hôpital. J’étais moi-même très jeune, presque encore une enfant.

      

    Je n’ai pas réfléchi aux risques que je lui faisais courir en m’enfuyant du camp avec elle. Je l’ai enveloppée dans une couverture, j’ai pris quelques réserves de nourriture que j’avais mises de côté au cours des jours précédents (surtout des morceaux de pain) et je me suis sauvée. Ce n’était pas très difficile, je connaissais bien le camp et je savais par où passer pour arriver tout de suite dans un champ couvert de buissons et d’épines où il n’y avait jamais personne. J’ai marché jusqu’à Perpignan. Je savais qu’il fallait trouver une cachette avant le lever du jour et éviter le centre-ville."


    Les témoignages concordent :

      

    jusqu’à l’été 42 et au "bouclage" des îlots de déportation (3 août), il est relativement aisé de quitter le camp en trompant la surveillance des gardiens, d’autant plus que certains d’entre eux ferment volontiers les yeux. Objectif prioritaire des évadés : une gare, et notamment celle de Perpignan. C’est parfois une erreur. Ainsi, un tiers des fugitifs de Rivesaltes sont repris le jour même dans cette dernière.

     


    Certains savent où se rendre car ils ont des contacts à l’extérieur. Carla Levinger rejoint le village de Salses d’où est originaire un gardien de Rivesaltes : accueillie chez l’épouse de celui-ci, qui la présente comme une lointaine cousine, elle franchit les Pyrénées quelques jours plus tard grâce à un passeur ami du couple.

     

     

      

    Il faut du reste souligner que, bien qu’elles n’organisent ni même encouragent de telles évasions, le organisations caritatives comme l’OSE (Œuvre de secours aux enfants, , qui tout comme le Secours suisse a, depuis décembre 1940 fait de la libération des enfants internés la priorité absolue)ou la FSJF (Fédération des sociétés juives de France) accueillent ceux qui ont tenté l’aventure et leur trouvent des lieux d’asile.

      

    Mais il y a aussi des internés qui, isolés dans un pays où ils ne connaissent personne et dont ils ne parlent pas la langue, n’ont guère de chance d’échapper aux recherches. Essayer seul de prendre contact avec un passeur et tenter de rejoindre avec lui la frontière espagnole est une entreprise hasardeuse. Par l’intermédiaire de camarades espagnols, 35 internés de Rivesaltes parviennent à s’enfuir du camp et entrent en contact avec des passeurs de Perpignan. Parmi ces derniers, un seul s’acquittera de sa mission et conduira huit personnes à travers les Pyrénées.

      

    Les 27 autres évadés (parmi lesquels quatre enfants) sont abandonnés par leurs guides, arrêtés et renvoyés à Rivesaltes.


    Il ne leur est pas possible non plus de se cacher : sans papiers d’identité, sans argent la plupart du temps, vêtus de guenilles qui attirent l’attention, ils sont à la merci de n’importe quelle dénonciation. Hélène Bronstein doit à la commisération d’une religieuse de ne pas avoir été mise à la porte d’un couvent de Perpignan par la mère supérieure.

     


    DE RIVESALTES À DRANCY...


    La déportation des Juifs de France commence en mars 42. En août, une partie du camp devient "Centre National de Rassemblement des Israélites". Six semaines après la rafle du Veld’Hiv à Paris, les rafles de la Zone Sud sont organisées par Vichy, Rivesaltes devient selon Serge Klarsfeld "le Drancy de la Zone sud".

      

    "La dernière période de Rivesaltes est significative pour toute la mutation dans laquelle s’engage le système d’internement de Vichy.

      

    Du 4 août 1942 jusqu’à la fermeture du camp, fin novembre de la même année, deux îlots de l’ancien "camp de regroupement familial" serviront de "centre national de triage" de la zone sud et de camp central pour le départ des convois à destination de Drancy et des camps allemands." Ce sont ainsi 9 convois qui quittent Rivesaltes pour Drancy entre le 11 août et le 20 octobre 1942, emmenant plus de 12 000 personnes.


    Il est difficile d’appréhender avec précision ce que ressentent et pensent alors les internés. Il semble que l’information d’une déportation prochaine en Pologne ait filtré par le biais de la radio anglaise.

      

    Mais, même pour ceux qui y ajoutent foi, il ne peut s’agir que d’un transfert dans un camp de travail particulièrement dur dans une région au climat rigoureux. A cette époque précise, le programme nazi d’extermination massive des Juifs d’Europe n’est pas connu dans le camp, et même ceux qui en entendent parler se refusent à y croire.

      

    Aux yeux de la plupart des internés déportables, l’avenir s’annonce donc extrêmement difficile, mais bien rares sont ceux qui, en ce début d’août 1942, envisagent de ne plus avoir d’avenir du tout. "Il se peut que je change de résidence et même que j’entreprenne un voyage un peu long", écrit M. P., en instance de départ de Rivesaltes. "Si vous n’avez pas de mes nouvelles, vous saurez que je suis parti."

      

    Et l’un de ses compagnons note dans l’ultime message qu’il adresse à sa famille : "Nous devons partir aujourd’hui, mais nous ne savons pas au juste si c’est pour l’Allemagne ou pour la Pologne."


    Le camp est récupéré par l’armée allemande en novembre 1942 : à cette date 215 internés sont morts sur place, dont 51 enfants d’un an et moins. Les Espagnols représentent 26,5% de la totalité de ces décès. Le millier d’internés qui s’y trouve encore est envoyé à Gurs, sauf les Tziganes qui sont expédiés vers le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) construit à leur intention.

      

    À partir de février 43, les Allemands y logent leurs troupes et y hébergent des employés de l’Organisation Todt (organisation nazie en charge de la réalisation d’un grand nombre de projets de construction, dans les domaines civil et militaire, tant en Allemagne, durant la période qui a précédé la guerre et pendant celle-ci, que dans les pays d’Europe sous domination nazie).

     

     SOURCES

     

     

     
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    Camps d'internements sous l'occupation

     

    Tout d’abord, qui sont les tsiganes?

    Il y a les dénominations internes (comme Rom), et les dénominations externes, que les non-Tsiganes utilisent pour désigner les Tsiganes, comme Romanichel, ou encore Bohémien.  Ce dernier terme renvoit par exemple aux lettres de protection qui étaient accordées par les rois de Hongrie, de Pologne et de Bohême.

    Les Gitans –Gypsi en anglais, Gitanos en espagnol (qui se nomment eux-mêmes Kalé)- vivent en Espagne et dans le sud de la France, et représentent environ 10 % des Tsiganes selon le collectif Romeurope.

    Les Sinté, ou Manouches en français, se sont plutôt établis en Italie, France ou dans les régions germanophones, le Bénélux et certains pays nordiques, et représentent environ 4 à 5 % des Tsiganes, selon la même association.

    Les Roms, terme signifiant homme en romanès. Il s’agit là encore d’un terme générique, mais, cette fois, endogène, c’est-à-dire employé par les Roms eux-même. Il a été choisi en 1971 par des associations d’Europe de l’Est, comme l’Union romani internationale, pour remplacer celui de Tsigane, considéré comme péjoratif.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

     

    Qu'est-il arrivé aux Tsiganes en France pendant l'Occupation ?

      

    La question suscite rituellement gêne et confusion.

     

    Car il n'y a pas de réponse précise.

     

    La gêne vient du constat régulier que le sort de ces populations, dont la mémoire est plus orale qu'écrite, n'a guère éveillé l'intérêt des chercheurs, de l'Etat ou des hommes politiques. Le sentiment de culpabilité que provoque cette indifférence entraîne souvent, à son tour, le réflexe consistant à associer les Tsiganes à la tragédie des juifs de France.

    camps-tsiganes-2  

    Cette méconnaissance favorise la confusion:

     

    à défaut d'études sérieuses, le flou et les approximations règnent.

     

    Depuis des années, les rares chiffres évoqués proviennent des mêmes sources et des mêmes auteurs.

     

    Il était ainsi admis que 30 000 Tsiganes avaient été internés entre 1940 et 1944 dans des camps de Vichy et que de 15 000 à 18 000 d'entre eux étaient morts en déportation .


    Ces chiffres, démesurés, sont faux.

     

    Cette certitude provient de la première étude d'ensemble effectuée en France. Réalisé par le CNRS (Institut d'histoire du temps présent), ce travail est une commande officielle du secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants et Victimes de guerre, du secrétariat général à l'Intégration et de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

      

    L'administration des Anciens Combattants, après des dizaines d'années d'ignorance, sinon d'indifférence, souhaitait enfin disposer du minimum de données fiables et sérieuses sur la façon dont l'Etat français traita les Tsiganes de 1939 à 1946.

     

     

    L'historien chargé de cette étude, Denis Peschanski, a pu travailler sur les archives françaises et allemandes, en collaboration avec Marie-Christine Hubert

    et Emmanuel Philippon.

     

     

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    article de Madame Anne Tempelhoff  

    1/ Allemagne

    Depuis la fin du XIXème siècle, les Tsiganes allemands, majoritairement sédentaires, étaient devenus l’objet de toutes les attentions de ceux qui dénonçaient le « fléau tsigane » (anthropologues, linguistes, folkloristes) et notamment des services de polices qui entreprirent de les recenser et de les mettre sous étroite surveillance.

    Les nazis achevèrent de fédérer les différentes législations anti-tsiganes des Länder, assimilèrent les Tsiganes aux asociaux, ce qui leur permit de toucher les sédentaires, et mirent au point une définition raciale des Tsiganes devant permettre l’éradication définitive du « fléau tsigane ».
    Dès 1933, ils sont, ainsi que les handicapés, stérilisés (lois d’hygiène raciale).
    En 1935, ils sont exclus du corps électoral.

    Les Nazis définissant la citoyenneté allemande d’après des critères raciaux, entreprirent de définir racialement les Juifs et les Tsiganes afin de les exclure de cette citoyenneté. Le Centre de recherches en hygiène raciale et biologie des populations, créé en 1936 au sein des Services de Santé du Reich, mais dépendant du ministère de l’Intérieur, et dirigé par le docteur Ritter, reçut la mission de recenser tous les Tsiganes du Reich en utilisant l’anthropométrie et la généalogie.

    En 1944, 30 000 expertises avaient été établies ; la quasi-totalité des Tsiganes du Reich avaient été recensés et fichés.
    Les données accumulées lors de ces expertises permirent au docteur Ritter d’établir une classification précise des Tsiganes en août 1941.

    « Z (Zigeuner) : Tsigane (c’est-à-dire de véritable et pur sang tsigane).

    « ZM + ZM (+) (Zigeunermischling) : Plus qu’à moitié tsigane (c’est-à-dire métissé, mais au sang tsigane prédominant).

    « ZM (Zigeunermischling) : Semi-tsigane (à part égale de sang tsigane et de sang allemand). Cette catégorie se subdivise elle-même en deux sous-groupes : 1) « ZM de premier degré », dans le cas où l’un des parents est pur tsigane et l’autre allemand. 2) « ZM de second degré », dans le cas où l’un des parents est « ZM du premier degré » et l’autre allemand.

     « ZM_ ou ZM (_) (Zigeunermischling) : Plus qu’à moitié allemand (c’est-à-dire métissé, mais à sang allemand prédominant).

    « NZ (Nicht-Zigeuner) : Non-Tsigane (personne à considérer comme étant de sang allemand). »

    Le Centre de recherches en hygiène raciale considérant qu’une majorité des Tsiganes était en fait des métis (Mischling) concluait qu’ils étaient des asociaux par leur mode de vie et une race hybride par leur métissage biologique, ce qui impliquait qu’aucune « rééducation » n’était possible. L’équipe du docteur Ritter proposait d’ailleurs de tous les stériliser pour solutionner la question tsigane.

    Peu à peu, les Tsiganes subirent le sort réservé aux Juifs : les mariages mixtes furent interdits, les enfants exclus de l’école, les adultes de l’armée, les travailleurs soumis à un impôt spécial, etc.

     

      tsiganes-portraits

     

    sources de cette partie d'article - 

    http://www.kedistan.net/2015/08/28/tsiganes-de-victimes-expiatoires-a-intouchables/

     

     

    En juillet 1936, les 600 Tsiganes de Berlin, dont la présence était indésirable pendant les Jeux Olympiques, furent internés dans un camp situé à la périphérie de la ville. Le « Décret pour la lutte préventive contre l’infestation tsigane » du 8 décembre 1938 ordonnant leur sédentarisation pour faciliter leur recensement fut interprété comme « signifiant qu’à l’avenir tous les Tsiganes devaient être logés dans un camp ».

    berlin-tsiganes

    Ces camps étaient de véritables camps d’internement : ils étaient entourés de barbelés, gardés par un gardien armé, les Tsiganes ne pouvaient en sortir sans autorisation et étaient soumis au travail forcé. Ils étaient d’autant plus obligés de se soumettre à cette obligation que le travail était la condition sine qua non pour obtenir une allocation des services sociaux, allocation qui leur permettait de se nourrir, l’administration ne le faisant pas. Ces mesures touchaient principalement les nomades et les semi-sédentaires.

     

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Le dépouillement systématique des fonds de plusieurs dizaines de départements dans lesquels sont déposées les très riches archives des camps d'internement a été complété par l'étude des dossiers de l'Inspection générale des camps conservés aux Archives nationales.

      

    Leur travail dresse ainsi une première synthèse (3) des procédures de contrôle et d'exclusion des Tsiganes, à travers les traces précises que sont les rapports et circulaires des préfets, les procès-verbaux de gendarmerie et les rapports de chefs de camp et de médecins.


    Dès la déclaration de guerre, en septembre 1939, les Tsiganes sont la cible des traditionnelles mesures d'état de siège - visant les populations "peu sûres" - prises par le gouvernement. Un décret-loi du 6 avril 1940 interdit la circulation des "nomades" (tels qu'ils ont été définis par une loi de juillet 1912) sur la totalité du territoire métropolitain.

      

    Ils doivent se déclarer dans les quinze jours à la brigade de gendarmerie la plus proche et sont astreints à résider dans une localité désignée par le préfet dans chaque département. Ces mesures reposent sur l'équation nomade = espion, comme le souligne alors un rapport au président de la République: "En période de guerre, la circulation des nomades, individus errants, généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté.

      

    Les incessants déplacements des nomades leur permettent de surprendre des mouvements de troupes, des stationnements d'unités, des emplacements de dispositifs de défense, renseignements importants qu'ils sont susceptibles de communiquer à des agents ennemis."


    Trois semaines plus tard, le ministre de l'Intérieur envoie une circulaire aux préfets pour qu'ils choisissent les communes d'assignation à résidence en dehors des agglomérations importantes. Recommandant aux préfets d'opter pour des zones où les nomades puissent trouver du travail, il ajoute:

      

    "Ce ne serait certainement pas le moindre bénéfice du décret qui vient de paraître s'il permettait de stabiliser des bandes d'errants qui constituent, au point de vue social, un danger certain et de donner à quelques-uns d'entre eux sinon le goût, du moins les habitudes du travail régulier."

      

    La réaction à ces mesures peut être résumée par le réalisme cynique qu'exprime dans un de ses rapports le commandant de la gendarmerie de Mayenne: "Il n'est pas douteux que la décision consistant dans la suppression de toute circulation de ces indésirables sur le territoire sera très bien accueillie par toute la partie saine de la population, sauf, cependant, par celle dont la localité aura été désignée comme lieu de séjour." Il s'agit, là encore, de l'oeuvre de la IIIe République, quelques semaines avant l'invasion allemande et la défaite.

     


    L'occupant manifeste immédiatement sa volonté d'éloigner des côtes de l'Atlantique les éléments jugés douteux, à savoir les nomades, les juifs et les ressortissants de nations ennemies (Belges, Polonais, Grecs, Néerlandais). Dès l'été 1940, le camp d'internement de Beau-Désert, à Mérignac (Gironde), est utilisé à cet effet et, à l'automne, les nomades sont refoulés des côtes vers l'intérieur du pays, notamment en Indre-et-Loire, au camp de La Morellerie.

      

    Le 4 octobre, un pas de plus est franchi: le commandement militaire allemand pour la France décide que "le franchissement de la ligne de démarcation vers la zone occupée est interdit" aux Tsiganes et que ceux qui se trouvent dans cette zone "doivent être transférés dans des camps d'internement surveillés par des policiers français".

      

    L'internement est donc une volonté allemande; sa mise en oeuvre sera une tâche administrative française.


    En zone sud, sous le contrôle direct de Vichy jusqu'en novembre 1942, la politique à l'égard des Tsiganes se résume essentiellement à l'application du décret-loi d'avril 1940 voté par la IIIe République finissante. Les termes "nomades" ou "Tsiganes" n'apparaissent cependant jamais dans les textes de propagande vichyste qui stigmatisent l' "anti-France", responsable, selon elle, de la défaite (étrangers, juifs, communistes, francs-maçons).

      

    Mais cette politique de regroupement et d'assignation à résidence suscite l'hostilité et les récriminations des populations, les attitudes de rejet étant exarcerbées par la crise, croissante, du ravitaillement. Aucun camp ne sera donc ouvert pour des nomades en zone sud, à une exception près.

      

    Au printemps 1942, dans une optique d'intégration paternaliste, le régime décide d'ouvrir un centre où ils pourraient exercer leurs activités traditionnelles dans un cadre familier, à Saliers, en haute Camargue, et dans des bâtiments imitant le style local (ils serviront, après guerre, de décors au "Salaire de la peur", de Clouzot). Sa direction, qui relève du Service social des étrangers (organe officiel de l'Etat français, mais infiltré par des résistants), sera confiée à un quaker expulsé d'Allemagne en 1933, qui menait parallèlement actions légales et clandestines, et sera même interné en avril 1944.


    Les conclusions des auteurs du rapport sur les motivations de la politique de Vichy en zone sud sont nuancées: les Tsiganes ne constituent pas une cible prioritaire de la politique d'exclusion et l'internement, qui frappe de façon massive d'autres populations, ne leur est pas appliqué (l'exception du camp de Saliers relevant d'une politique de sédentarisation qui dépasse les enjeux et la période de la guerre).

      

    En zone nord, internés à la demande des Allemands, leur sort n'en est pas moins dramatique, mais, du côté français, "les marques d'exclusion relèvent moins des procédures étatiques centrales que des réactions et des initiatives ou des réflexes locaux et régionaux de la population ou de responsables administratifs".


    Le traitement des archives des camps et de l'Inspection générale des camps permet aux auteurs du rapport une première estimation fine du nombre de Tsiganes internés sous l'Occupation: "Nous estimons à environ 3 000 le nombre de Tsiganes internés une ou plusieurs fois en France, toutes zones et toutes périodes confondues, entre 1940 et 1946." Soit dix fois moins que le chiffre, généralement évoqué, de 30 000 internés. 27 camps servirent à l'internement de Tsiganes, 22 leur étant réservés.

      

    Leur taille varie, abritant quelques dizaines de personnes, tel celui de Rennes, ou plus de 1 000, comme le plus important, celui de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), près d'Angers.

      

    Outre l'inégalité de répartition entre la zone sud et la zone nord, où se trouve la quasi-totalité des camps, ceux-ci sont essentiellement concentrés dans l'ouest et le centre-ouest de la France, où furent refoulés beaucoup de nomades, après la débâcle. Sous la responsabilité des préfets, les camps sont dirigés et surveillés principalement par la gendarmerie. Mais peu d'officiers, même à la retraite, sont volontaires pour ces fonctions, et la préfecture en est parfois réduite, comme à Jargeau (Loiret), à nommer des douaniers.


    A l'aide des archives préfectorales et des rapports d'inspection sanitaire, Denis Peschanski, Marie-Christine Hubert et Emmanuel Philippon ont pu reconstituer les conditions de vie des internés dans des lieux qui n'étaient pas, la plupart du temps, destinés à cet usage, qu'il s'agisse d'un château, comme au camp de La Morellerie, près de Chinon, d'anciennes salines royales, comme à Arc-et-Senans (Doubs), d'un ancien camp de réfugiés espagnols, comme aux Alliers, dans la Charente, d'une ancienne forge, comme à Moisdon-la-Rivière, en Loire-Atlantique, d'un circuit automobile, comme à Linas-Montlhéry, dans l'actuelle Essonne, d'une ancienne verrerie, comme à Coudrecieux, dans la Sarthe, ou d'un ancien camp de soldats anglais, comme à Mulsanne, dans la Sarthe. Les autorités elles-mêmes relèvent l'inadaptation de ces sites.

      

    L'Inspection générale des camps souligne ainsi que la plupart des baraquements du camp des Alliers "sont dans un état de délabrement extrême et ne peuvent constituer, même pour des nomades, qu'un abri absolument insuffisant".

      

    Le froid est tel, en janvier-février 1941, dans les hangars ouverts à tous les vents du camp de Moisdon que les Tsiganes seront transférés dans un camp voisin, après une succession impressionnante de décès. A Linas-Montlhéry, camp improvisé en quelques heures en novembre 1940, c'est l'administration militaire allemande elle-même qui demande aux Français d'assurer de meilleures conditions d'internement. Même à Saliers, dans le seul camp de la zone sud, construit dans le style camarguais pour des Tsiganes, sans clôture, avec église et infirmerie, la situation dégénère vite quand il faut loger deux fois plus de personnes que prévu, pour l'essentiel des Tsiganes expulsés d'Alsace par les Allemands et "accueillis" provisoirement par Vichy dans les camps de Rivesaltes et du Barcarès. Pourtant, ces situations émeuvent rarement les populations locales.

      

    Au contraire, beaucoup protestent contre les moyens qui sont accordés aux nomades - le préfet du Loiret s'en faisant l'écho, en août 1941, à propos du camp de Jargeau: "Il ne serait pas logique que des aménagements superflus dans un camp de 600 nomades, en arrêtant la réalisation d'autres projets, tels que la construction ou la réparation d'églises, de mairies, d'écoles (...), privent la population laborieuse de nombreuses communes du département d'un bien-être auquel elle est en droit, par son travail, de prétendre légitimement."


    En période de guerre et de pénurie, cet abandon et cette marginalité ont des effets redoublés sur la vie quotidienne des internés: sous-alimentation, hygiène catastrophique, morbidité et mortalité élevées.

      

    Et, à la différence d'autres catégories d'internés, les Tsiganes ne disposent pas des aides de la famille (intégralement internée) ni des oeuvres d'entraide, pratiquement absentes pour eux. En mars 1942, l'inspecteur général de la santé note, dans son rapport sur le camp de Moisdon, que la ration alimentaire distribuée au mois de janvier ne dépassait pas 1 400 calories, "c'est-à-dire 300 calories de moins que le minimum indispensable, au-dessous duquel des troubles graves peuvent se produire". Les moyens de chauffage et combustibles manquent cruellement, notamment au cours des deux premiers hivers - très durs - de l'Occupation.

      

    Constatant que les poêles attendus ne sont pas arrivés à Montreuil-Bellay, le directeur régional des services économiques propose, en novembre 1942, au préfet d'offrir... deux ballons de foot aux enfants du camp, pour qu'ils se réchauffent. L'idée sera retenue. Au camp des Alliers, un rapport signale, en décembre 1941, que les internés couchent sur de simples grabats parce qu'ils ont brûlé leurs châlits. Un an plus tard, un autre rapport signale que la literie a dû être renouvelée à trois reprises, et qu'à trois reprises elle a été brûlée. A Montreuil-Bellay, ce sont les sabots fournis par la préfecture qui servent de combustible.


    Dans ces conditions, les maladies ne cessent de faire des ravages, d'autant plus que les enfants représentent près de 40% des internés. Pendant l'hiver 1940-1941, la situation est dramatique au camp de Moisdon, et le capitaine de gendarmerie alerte le sous-préfet: "J'ai l'honneur de vous rendre compte que les funérailles des trois enfants décédés au camp dans les conditions que je vous ai exposées téléphoniquement ont eu lieu dans la journée du 4 courant (...). L'émotion causée par ces trépas rapprochés se calme lentement (...).

      

    Toutefois, la question reste entière; si des améliorations sensibles ne sont pas apportées, de nouveaux décès sont inévitables." Au camp de Montreuil-Bellay, 57 internés meurent de septembre 1942 à février 1943. La plupart sont des clochards de Loire-Atlantique dont la préfecture s'est débarrassée en les internant avec les nomades. Sans famille, privés d'alcool, ils subissent l'internement dans les pires conditions, alors que le camp est surpeuplé.

      

    L'étude précise de Jacques Sigot sur Montreuil-Bellay a permis d'établir qu'entre novembre 1941 et janvier 1945 une centaine d'internés (dont deux tiers de clochards) sont morts, sur les 1 500 personnes passées dans le camp. Les évasions sont rares, car les Tsiganes sont internés par familles entières, et ceux qui tentent leur chance sont souvent repris, comme le soulignent les auteurs du rapport: "Le regard de la population, regard qui se détourne ou regard qui dénonce, constitue le meilleur instrument de contrôle social, bien plus efficace que des barbelés pour limiter les possibilités d'évasion."

     


    La situation d'abandon des Tsiganes est totale, car même les oeuvres de bienfaisance qui interviennent dans les camps de la zone nord, comme le Secours national ou la Croix-Rouge, se désintéressent de leur sort. Les rares aides notables et dévouées viennent de quelques assistantes sociales, de prêtres et de religieuses, à titre individuel ou, plus rarement, collectif. Il faut nommer, par exemple, l'abbé Jollec, qui s'est démené pour les internés de Montreuil-Bellay (avant de se voir interdire l'entrée du camp par le préfet), et le père jésuite Fleury, qui s'est dévoué pour ceux du camp de Poitiers et qui fondera, après guerre, l'Aumônerie générale des Gitans.

      

    Plus de 200 enfants de Saliers seront cependant pris en charge par l'Assistance publique de Marseille.

      

    A ce bilan catastrophique de leurs conditions d'internement sous l'Occupation, l'enquête du CNRS ajoute cependant une révélation importante: les Tsiganes de France échappèrent largement aux déportations vers les camps d'extermination allemands.

     


    En Allemagne, parmi les premiers exclus des lois de 1935 sur la "protection du sang allemand", les Tsiganes sont bientôt visés par le décret sur la "lutte contre le fléau tsigane", puis par l'assignation à résidence systématique, avant les premières déportations à l'Est, en mai et juin 1940.

      

    Un décret de Himmler de décembre 1942 ordonne ensuite la déportation des Tsiganes allemands à Auschwitz, avant que d'autres décrets élargissent la mesure à l'ensemble des territoires occupés par le Reich. Le premier convoi arrive à Auschwitz-Birkenau le 26 février 1943.

      

    Dans les dix-sept mois que dure la vie du camp, ils sont près de 12 000 à y mourir, dont 2 897 dans la nuit du 1er au 2 août 1944, quand le camp est liquidé. Des milliers d'autres sont gazés, également en Pologne, à Chelmno, et plus encore sont assassinés lors des massacres effectués par les Einsatzgruppen et la Wehrmacht. Aucun bilan précis n'a pu cependant être établi de l'extermination des Tsiganes en Europe.


    En revanche, l'enquête du CNRS fait le point sur les victimes tsiganes de France. Un seul convoi de 351 Tsiganes, raflés qui en Belgique, qui à Arras, Roubaix et Hénin-Liétard, à l'initiative du commandement militaire allemand de Bruxelles (auquel sont rattachés les départements français du Nord et du Pas-de-Calais), partira de Malines (Belgique) pour Auschwitz, le 15 janvier 1944.

      

    Seuls 12 d'entre eux survécurent. Mais en France, dans les zones nord et sud (et même en Alsace annexée), il n'y a pas eu volonté des autorités, françaises ou allemandes, de déporter vers les camps d'extermination des nomades internés dans des camps français. Vichy se manifestera dans un autre registre, essayant de gruger les Allemands en envoyant des délinquants et des nomades au titre du contingent du travail obligatoire réclamé par le Reich.

      

    "Ce qui diminuera d'autant le nombre de jeunes travailleurs honnêtes que nous devons fournir", comme l'expliqua un inspecteur général des camps. Ce fut notamment le cas de 70 Tsiganes du camp de Poitiers.


    Les historiens du CNRS concluent donc que "la politique que suivent les Allemands en France vis-à-vis des Tsiganes ne répond pas à une volonté exterminatrice: elle obéit bien davantage à des impératifs militaires, étayés par des stéréotypes racistes.

      

    Sauf la différence dans la solution adoptée, à savoir l'internement plutôt que l'assignement à résidence, elle ne se différencie guère, en cela, de la politique française" (...). "La mise à l'écart suffit, et l'attitude des autorités montre que ce danger est loin de lui apparaître comme le plus menaçant."


    Dernière révélation de l'enquête: l'internement des Tsiganes ne prend pas fin avec la Libération. Même si les conditions de vie s'améliorent légèrement et que les libérations se multiplient, il reste, en France, 923 internés en avril 1945 et, en mai 1946, un an après l'arrêt des hostilités, les nomades seront les derniers internés à quitter les camps. Pourquoi? Une fois de plus, simplement par mépris et méfiance envers ces populations encore reléguées dans la marge alors que l'épuration bat son plein.

     


    (1) Voir notamment "L'Holocauste oublié. Le massacre des
    Tsiganes", par Christian Bernadac, France-Empire, 1979.


    (2) "Les Tsiganes en France, 1939-1946. Contrôle et exclusion", par Denis Peschanski, avec Marie-Christine Hubert et Emmanuel Philippon. Institut d'histoire du temps présent, mai 1994.
    (3) Parmi quelques études locales, il faut signaler le remarquable travail précurseur de Jacques Sigot sur l'un des principaux camps, celui de Montreuil-Bellay: "Ces barbelés oubliés par l'histoire, un camp pour les Tsiganes... et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1945", préface d'Alfred Grosser, éd. Wallada-Cheminements, 1994

     

    PHOTO: AU CAMP DE MONTREUIL-BELLAY EN 1944
    LE CAMP AUJOURD'HUI
    LE CAMP DE RIVESALTES

    INFOGRAPHIE: CARTE DE FRANCE
    DE 1940 À 1946 27 CAMPS D'INTERNEMENT POUR NOMADES


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/informations/les-tsiganes-sous-l-occupation-l-enquete_598653.html#gKuPxPEp74oLJALA.99

     

     

     http://www.lexpress.fr/informations/les-tsiganes-sous-l-occupation-l-enquete_598653.html

     

     

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  • http://www.planete-libertes.info/genourss.htm

    http://www.planete-libertes.info/crimehu.htm 

    Dans son ouvrage sur "L'État criminel*" Yves Ternon intitule un de ses chapitres consacré aux massacres génocidaires en URSS,

      

    "Génocides en Union soviétique ?".

     

     

      

      

    A ce propos il écrit "Le titre de ce chapitre -le point d'interrogation, le pluriel et l'inclusion dans les génocides du XXe siècle- ouvre une controverse. Les génocides juif, tzigane, arménien et cambodgien (l'on pourrait d'ailleurs ajouter le génocide rwandais, c'est nous qui soulignons) furent perpétrés dans un intervalle de temps limité -moins de quatre ans-, dans une conjoncture précise- pendant ou au terme d'une guerre. La vague criminelle soviétique, au contraire, traverse le siècle et s'étend sur deux continents. Elle s'abat sur un pays qui, pendant quarante ans, est l'une des deux grandes puissances du monde.

     

     

      

      

    Le nombre des victimes civiles de ce régime, c'est-à-dire des personnes tuées délibérément par l'Etat, se chiffre en millions. On a même parlé de dizaines de millions de victimes, un chiffre tellement élevé qu'il semblait incroyable. Cette attitude sceptique a indirectement coûté la vie à bien des personnes en les privant du soutien d'une opinion publique mondiale indignée.

    Elle a renforcé la conviction des dirigeants soviétiques qu'ils pouvaient tout faire chez eux pourvu que le secret fût préservé.

      

    Ce constat d'un drame immense aide à lever le soupçon de banalisation du génocide qui pointe dès que s'ébauche une comparaison entre les deux totalitarismes qui marquèrent ce siècle, même si l'on souligne les profondes dissemblances idéologiques et structurelles entre le nazisme et le communisme soviétique.

    Pour présenter un panorama des crimes soviétiques, il faudrait recourir à un concept nouveau, comme celui de "démocide" que propose Rummel, un concept englobant les morts des massacres, exécutions, déportations, relégations et réclusion dans des camps de travail. , et n'excluant que les victimes des combats de la guerre civile et de la Seconde Guerre mondiale.

    Dans cet amalgame de meurtres, un ou plusieurs génocides furent-ils perpétrés? L'attitude des représentants soviétiques qui participèrent à la rédaction de la Convention le laisserait supposer. Ils insistaient sur la nécessité d'isoler les "fascistes" nazis comme seuls auteurs d'un génocide et refusaient l'inclusion des groupes politiques dans la liste des groupes concernés. Ce n'était pas le seul spectre de Katyn qui les amenait à redouter l'effet boomerang de la Convention, mais la connaissance qu'ils avaient d'une histoire immédiate de leur régime lourde de forfaits.

    Le point d'interrogation placé à la fin du titre n'exprime de doute que sur le caractère pluriel du mot "génocide". Les soviétologues portent à de nombreuses reprises et pour des événements différents l'accusation de génocide, une accusation fondée pour chaque cas sur des arguments recevables. "

    * Yves Ternon "L'Etat criminel" Les Génocides au XXe siècle. Editions du Seuil.

    Tableau "L'enfer sur terre"

    "L'ouverture des archives de l'ex-URSS est encore partielle, puisque les archives du KGB et les archives présidentielles sont encore inaccessibles. On dispose néanmoins d'un "corpus statistique" (Nicolas Werth) qui permet de faire provisoirement le point sur plusieurs des questions posées par la répression en URSS et, en particulier, de réviser à la baisse les chiffres initialement avancés. En effet, les premières statistiques avaient été faites à partir de recoupements et d'extrapolation fondées sur l'étude de la croissance démographique et sur les témoignages d'opposants ou d'anciens détenus.

     

     

      

      

    Robert Conquest ou Alexandre Soljenitsyne estimaient à plusieurs dizaines de millions les victimes du stalinisme : il y aurait eu à la fin des années trente une dizaine de millions de personnes dans le Goulag. Conquest pensait que la moyenne des détenus se situait autour de 8 millions par an de 1937 à 1953.

    En ajoutant à ce chiffre celui des victimes de la collectivisation et de la famine,

    Conquest parvenait à un total proche de 20 millions de morts.

    Ces chiffres, avancés dans les années soixante-dix, avaient alors été contestés par plusieurs soviétologues, mais les plus célèbres dissidents soviétiques, en particulier Alexandre Soljenitsyne et Roy Medvedev, avaient confirmé les estimations de Conquest, en les considérant même inférieures à la réalité.

    Soljenitsyne parlait de 70 millions de personnes envoyées dans le Goulag et de 15 millions de citoyens soviétiques tués en dehors des camps. Il concluait que la répression stalinienne avait fait plusieurs dizaines de millions de victimes.

    Or, les publications récentes révèlent une population pénale trèsinférieure à ces estimations et permettent de considérer que le nombre de personnes tuées en dehors des camps est plus réduit qu'on ne l'avait initialement craint. " Même "corrigés à la baisse" par rapport aux extrapolations tirées des témoignages des survivants, les chiffres froids et nus aujourd'hui exhumés, colonne après colonne, ne doivent jamais nous faire oublier que chaque unité représente une vie humaine brisée, mutilée, sacrifiée" (Nicolas Werth).

      

    Yves Ternon. "L'Etat criminel". les Génocides au XXe siècle. Seuil.

    Déportation soviétique de peuples entiers.

    L'Etat - Goulag soviétique :

    De la dissidence

    Alexandre Soljenitsyne : L'archipel du Goulag

     

     

    Ukraine : la famine - génocide de 1932-1933

      

      

    " Il a en été de cette famine comme des autres politiques génocidaires de l'ère stalinienne ; l' intentionnalité est difficile à prouver dans la mesure où l'Etat soviétique, à commencer par Staline, institua une négation systématique de la réalité quotidienne, depuis les plus hauts lieux de décision jusqu'aux exécutions et aux persécutions des plus humbles." James E.Mace.

      

    Ukraine : le Génocide. Le livre noir de l'humanité.

      

    Encyclopédie mondiale des génocides. Editions Privat.

      

     

    La famine génocide de 1932-1933 en Ukraine

    "Les Ukrainiens l'appellent "Holodomor" ou "l'extermination par la faim". Le fléau qui s'abattit sur l'Ukraine soviétique au début des années 1930 et qui atteignit son paroxysme en hiver 1933 est aussi désigné sous le vocable de "famine artificielle" car le manque de vivres résultait non pas d'un désastre naturel, telle une sécheresse ou une invasion de sauterelles, mais provenait de la confiscation par l'État soviétique des denrées alimentaires indispensables à la population locale. Enlevés aux producteurs, les céréales et les autres produits agricoles furent emmagasinés sous bonne garde en Ukraine, puis transportés en Russie, ou vendus en Europe.

    Différentes estimations évaluent le nombre de victimes entre quatre et dix millions de personnes. Le chiffre de 6,000,000 fourni par un haut fonctionnaire de Kharkiv au rédacteur d'un journal yiddish de New York, reste encore le plus fiable. Par sa nature et son ampleur, la Grande Famine ukrainienne appartient à la catégorie de crimes que, suite aux atrocités de la Seconde Guerre Mondiale, la communauté internationale qualifia de "génocide" et condamna comme l'ultime crime contre l' humanité". Professeur Roman Serbyn.

      

    "Premier forum international Justice et prévention des génocides"

    à Villeurbanne le 23 octobre 2004.

     

     

    L' Holodomor ou « extermination par la faim » en ukrainien :

      

    L'Holodomor

    Reconnaissance du génocide ukrainien

     

     

    DOSSIER GENOCIDE

    Un dossier sur la famine génocide de 1932-1933 

     

     

    La famine génocide de 1932-1933 en Ukraine

    La famine - génocide de 1932-1933 : par Wolodymyr Kosyk, Historien, Professeur d' Université, Docteur en Histoire (Paris I -Sorbonne) : *

      

    La famine-génocide de 1932-1933

    Commentaires sur le phénomène génocidaire

    Les crimes contre l'humanité

    Prévention des génocides

    Eugénisme et génocide

    Psychologie et psychosociologie du génocide

    _____________________

    Actualisation des liens le 18/03/2014

      

      

     http://www.planete-libertes.info/genourss.htm

     

     

     

    Retour à la page " Crimes contre l'humanité"

     

     

     

     

     

     

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    Jean Moncorgé

    dit Jean Gabin-chef de char

     

     

    Jean Gabin ne s'est jamais vanté d'une partie de sa vie où il délaisse les caméras pour s'engager dans les Forces Françaises Libres en avril 1943.

      

    Après de nombreuses péripétie, sa demande insistante de participer activement au combat sera réalisé puisqu'il deviendra chef de char, et combattra aux batailles du Rhin, jusqu'en Allemagne à Berchtesgaden !

     

     

     

    "Je ne pouvais pas rester les mains dans les poches, continuer à faire des grimaces devant une caméra en étant payé en plus, et attendre tranquillement que les autres se fassent descendre pour que je retrouve mon patelin"

      

      

    Jean-Alexis Moncorgé dit Jean Gabin dans la 2e DB

     
    Jean GABIN (1904-1976)

    Après avoir failli une première fois suivre la 2e DB en France, Gabin enrage de rester coincé à Alger. A force d'insistance, il obtient de suivre une formation de conducteur de tank. Il revient ainsi en France à l'automne 1944 par Brest, pour participer ensuite aux combats en Lorraine comme chef de char "Souffleur II".
      
    En février 1945, Jean Gabin retrouve Paris le temps d'une permission.
     
      
     

    Engagé pour toute la durée de la guerre, Gabin est envoyé, en avril 1945, avec son unité pour libérer les Résistants FFI assiégés depuis des mois dans Royan.
     
     
      
     

    Démobilisé en juillet, il rentre en France où il est décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
      
    Refusant de participer au défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées, il le regarde de la fenêtre de l'hôtel Claridge:

    J.G : "J'étais donc aux premières loges pour assister à la parade militaire et j'ai évidemment vu passer mon char "Souffleur II".
      
    A sa tête il y avait mon second,
      
    Le Gonidec, qui avait l'air content d'être là.
      
    C'était con, mais j'ai pas pu m'empêcher de chialer..."
     


    Source : Jean Gabin par A. Brunelin
    (Ramsey Poche Cinéma)
     
     


    Le "pacha" du souffleur.
     
     
     
     
    Marlène Dietrich et Jean Gabin un couple éphémère de la guerre
     
     

     

     Ses rôles ont fait de Jean Gabin une légende du cinéma français.

      

    Mais que sait-on réellement de l'histoire de cette star populaire que la pudeur incitait au silence ? Derrière ce visage dur se cachait un homme avec ses failles, ses inquiétudes et ses blessures son désarroi, ses pleurs.

      

    On découvre notamment comment le second maître Moncorgé s'est retrouvé au milieu des soldats prenant d'assaut le repaire d'Adolf Hitler à la fin de la guerre.

      

    Pourquoi celui qui, toute sa vie, rêvait d'être reconnu comme un paysan a-t-il été pris en otage par 600 agriculteurs dans son domaine de l'Orne ?

      

    Pour quelle raison ce père de famille attentif a-t-il refusé de se rendre au mariage de sa fille ?

      

    Grâce aux témoignages inédits de ses enfants, et de ses copains de régiment, les équipes d'«Un jour,un destin» reviennent sur la personnalité complexe de Jean Gabin.

     

      

      

     Sources

     http://souvenezvous44.blogspot.fr/2011/01/j

    ean-moncorge-dit-jean-gabin-dans-la-2e.html

     

     

     

     

     

     

     

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    Les Prisonniers de guerre dès juin 1940 ( II )

     

      

      

      

    hommage à tous les anciens combattants de notre commune lors des différents conflits qui ont marqués le XXème siècle :

    14/18, 39/45,

    guerre d’Indochine,

    guerre d’Algérie...

    village d'ORGUEIL du Tarn et Garonne

     

    oflagstalag.jpg  

    Un hommage particulier à Mr Alphonse Guirguy, ancien combattant de 39/45, et prisonnier de guerre que nous voyons debout en haut à droite avec ses compatriotes dans les

    « Commando de Travail » dans les fermes en Allemagne.

     

    Mr. Alphonse Guirguy a porté pendant de longues années le drapeau d’Orgueil lors des cérémonies du souvenir avant de céder la place à Mr. Jean Malfré.

     

     

     

    Le 19 mars 1942, Fritz Sauckel est nommé au poste de commissaire général du Reich pour l'emploi de la main d'oeuvre et bénéficie de pouvoirs indépendants de ceux du ministère de l'armement et de la production de guerre.

    Il est chargé de faire venir de gré ou de force le plus grand nombre possible de travailleurs.

      

    Au printemps 1942, Sauckel exige donc de la FRANCE OCCUPEE,

    500.000 travailleurs dont 150.000 ouvriers qualifiés.

     

    Pierre Laval obtient qu'en échange des ouvriers transférés, des prisonniers soient placés en congé de captivité.

     

    Cet échange est accordé sur la base d'un prisonnier français contre 3 travailleurs. Cette relève est lancée le 22 juin, mais malgré la propagande, elle n'obtient pas le résultat escompté. Seulement 17.000 spécialistes sont envoyés en Allemagne.
     

    Le 4 septembre, sous la pression de l'occupant, le gouvernement de Vichy se voit alors contraint de promulguer une loi sur l'utilisation et l'orientation de la main d'oeuvre.

    Cette loi permet de mobiliser les hommes de 18 à 50 ans et les femmes célibataires de 21 à 35 ans, pour tous les travaux que le gouvernement jugera utiles dans l'intéret supérieur de la Nation.

     

    Cette mesure est efficace :

     

    en décembre 240.000 travailleurs supplémentaires

    sont partis vers l'Allemagne dont

    135.000 spécialistes.

     

     

     

     

     

     

    On peut considérer comme assez exceptionnel historiquement l’enfermement collectif pendant plusieurs années des forces vives d’un pays.

     

    Quel en fut l’impact ? Pacifisme, rapprochement avec l’Allemagne, propagande communiste, Pétainiste, honte et repli sur soi ... ? demande B.

     

     

    Les Prisonniers de guerre dès juin 1940 ( II )

    le retour, gare de l'Est 1945

     

    Si par prisonniers, vous comprenez "prisonniers de guerre" retenus dans les stalags et oflags, vous touchez effectivement à un groupe très nombreux, le plus nombreux même, et manifestement le plus oublié et méprisé par la mémoire collective.

     

    Il y a 1 850 000 prisonniers en 1940. Ils sont encore 940 000 en 1944-45. Beaucoup d’entre eux ne sont libérés seulement en 44-45 et 37 000 ne rentreront jamais, morts en captivité.

     

    Robert Franck, dans un article des Cahiers français, montre qu’ils présentent les caractéristiques des poilus en terme de valeurs : fraternité, solidarité, et haine de l’Allemand ( dans un premier temps) qui les a retenus, amplifiées certainement par le long enfermement. Pourtant, rapidement après guerre, leurs associations ont été acquises au rappochement franco-allemand des années cinquante.

     

    Mais, à la différence des poilus de 14-18, leur parole a été discrète et l’écoute rare : ils symbolisaient la défaite de l’armée de 40, l’origine de l’occupation. Un pays n’aime pas les soldats vaincus !


    Ils ont souffert des discours et "préoccupations" de Vichy à leur sujet . Il me semble que le silence de la "honte" a été pire pour ceux qui ont été libérés dans le cadre de la Relève. C’est le poids de la collaboration et du pétainisme qui s’étend aux "libérés malgré eux".


    Pour ceux qui se sont évadés et qui ont parfois ( souvent ? ) rejoint la résistance en 42-43 , le mérite de l’évasion reste bien confidentiel.

     

    Ils ont souffert aussi de la "concurrence" des déportés, dont les conditions d’enfermement étaient plus "glorieuses" ( la résistance, même si ce n’était pas l’unique fait de déportation, on l’oublie) et plus dures - encore que dans certains stalags , la vie ait été particulièrement difficile - .

     

    Il est symptomatique de les voir rejetés à la fin de la guerre par les Associations d’Anciens Combattants de 14-18 et se regrouper dans des associations distinctes des autres , généralement assez discrètes.

     

    Il est symptomatique aussi de voir ces mêmes associations d’Anciens prisonniers de guerre s’ouvrir aux prisonniers d’autres conflits, Indochine et Algérie, qui présentent les mêmes similitudes : pas de victoire et retour au pays, dans le silence des vaincus.

     

    Alors oui, il y a eu "mémoire repliée", un repli imposé certainement par les fameux mythes de la libération : Résistance et Victoire finale ne laissaient pas place aux vaincus de 40.

     

    article écrit par Madame  Evelyne Marsura (dimanche 1er décembre 2002 )

     

     

    Les Prisonniers de guerre dès juin 1940 ( II )

     

    Témoignages de prisonniers français (ou belges) :

     

     

     

    • (Stargard) : les mémoires de Stalag II DGabriel Régnier
    • (Fürstenberg-sur-Oder) :
    • un Stalag III Bblog
    • (Küstrin, auj. Alt-Drewitz) : le parcours du (1910-1981), fait prisonnier, comme mon grand-père, à Bains-les-BainsStalag III
    • Cpeintre Augustin Mémin
    • (Malsbach) : la chronique familiale de Stalag V CMonique Bonavia
    • (Dortmund) : la chronique familiale de Stalag VI ADaniel Picard
    • (Görlitz) : les mémoires de guerre et de captivité de Stalag VIII AMaurice Boussuge
    • (Ziegenhain) :
    • les mémoires de guerre et de captivité de Stalag IX APaul Chenevier
    • (Bad Orb-Wegscheide) : le témoignage de Stalag IX BJean-Louis Mavier
    • (Bad Sulza) : des photographies de Stalag IX C
    • Marceau Durant
    • (Sandbostel) : une évocation du séjour qu'y fit Léo Malet au début de son roman policier , dans sa mise en images par Tardi (Casterman, 1996).Stalag X B120 rue de la Gare

     

    • (Fallingbostel) : des photographies  le carnet de Stalag XI BAlbert DurantGaston Soubies
    • (Diez) et (Frankenthal) : des photographies deStalag XII AStalag XII B Lucien Durant
    • le parcours chaotique d'Yvon Jacquet jusqu'à Rawa-Ruska sur le très beau site personnel de son petit-fils Philippe Jacquet.

     

     

    Les Prisonniers de guerre dès juin 1940 ( II )

    Prisonniers libérés, arrivant à la gare de l'Est en 1945

     

    cet article - composé de plusieurs - est un hommage à tous nos ainés, nos parents, nos grands parents, qui sans eux, nous ne serions pas là.

     

    On ne peut manquer de fidélité à la mémoire des disparus.

     

     

     

     

     

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    RESISTANCE

     

     

    SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.

     

    Bernard DUVAL né en 1925

     

     

    Jeune ouvrier menuisier. Bernard Duval accomplit son premier geste de Résistance à l'occasion d'un travail effectué à la prison de Caen en transmettant le message d'un détenu, dirigeant du réseau Hector.

     

     

     

    Au début de l'année 1942, son copain Bernard Boulot le fait entrer dans un petit groupe rattaché au Front national.

     

     

     

    Profitant de leur jeune âge, les deux garçons accomplissent des missions de repérage sur la côte du Calvados, sans éveiller l'attention des Allemands.

     

     

     

    Mais en janvier 1944, un membre du groupe dérobe des documents importants au siège d'un mouvement de collaboration, le RNP.

     

    La Gestapo prend l'affaire en main et les arrestations se succèdent Alors qu'il rentre d'un séjour à Paris.

     

    Bernard Duval est pris à son tour le 10 mars.

     

     

     

    Déporté à Sachsenhausen, puis le Kommando de Falkensee. il sera libéré par les Soviétiques.

     

     

     

    En 2012, il témoigne devant des collégiens. Lire son livre .

     

     

     

    Sources:

     

     

     

     

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

     

    Article de Ouest-France du 28 janvier 2012.

     

     sources

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/duval-bernard.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    RESISTANCE

     

    Réseau ALLIANCE

    ( Cédric Neveu )  

     

    Le réseau Alliance est un réseau de renseignement travaillant pour les Britanniques fondé dès le début de l'Occupation parle commandant Georges Loustaunau-Lacau , connu avant-guerre sous le nom de plume de" Navarre". pour ses prises de position contre le manque de discernement des dirigeants. Fait prisonnier, il s'évade en août 1940 et décide de passer à l'action. Il peut compter sur Marie-Madeleine Fourcade , alias" Hérisson ", qui prend sa succession après son arrestation en juillet 1941, et sur Jean Roger, alias" Dragon" ou" Sainteny" . Le réseau s'implante progressivement sur toute la France, découpée en plusieurs secteurs. chacun ayant reçu un nom de code.

     

     

    Léonard GILLE (1904-1971) alias MARIE

     

    La Normandie forme le secteur Ferme avec à sa tête Jean Roger. Ce dernier, résidant de temps en temps avec sa femme près de Trévières, a pu nouer de nombreux contacts qui vont se révéler précieux pour l'implantation du réseau dans le Calvados. Dés 1941, les bases d'un petit groupe sont jetés dans le Bessin sous la responsabilité de Marcel Couliboeuf, instituteur de Formigny, surnommé " Bison Noir". Ce dernier peut compter sur de nombreux informateurs sur la côte, entre Grandcamp et Arromanches. Le centre névralgique du groupe est la Maison des gouverneurs à Bayeux, où vivent les deux " colombes de la tour", Germaine Limeul et Julia Picot, institutrices à Bayeux. La maison sert à la fois de boîte aux lettres et de centre d'émission pour Fernand Rodriguez, dit" Pie ", agent britannique, responsable radio du réseau.

     

     

     

    Un autre groupe s'est formé parallèlement à Villers-Bocage et dans la campagne environnante à l'initiative de Jean Caby ou" Emouchet". Celui-ci mène une intense activité de recrutement, notamment chez les quelques rescapés du réseau Hector, démantelé fin 1941.

     

     

     

    Depuis le début de 1942, les deux groupes sont sous la direction de Robert Douin , alias" Civette ". artiste-peintre. Ancien membre de l'Armée des Volontaires, brûlant d'agir, il se révèle un remarquable dirigeant En 1943, grâce à l'action conjuguée de Robert Douin et Jean Caby, le réseau dispose d'une quarantaine de membres. La liaison avec Paris et " Dragon ", est assurée par Jean Truffaut alias" Tadorne ".

     

     

     

    Au début du mois d'août 1943, les Anglais demandent au réseau de leur fournir des cartes très précises du littoral et des défenses allemandes. Jean Roger répercute les ordres à Robert Douin.

     

    Celui-ci mobilise l'ensemble de ses agents afin de réaliser une carte gigantesque par ses dimensions et sa minutie.

     

     

     

    A l'automne 1943, des arrestations de résistants en Bretagne ont de graves contrecoups sur le groupe Alliance de Bayeux Fernand Rodriguez, alias "Pie" et Coulibeuf, alias" Bison noir", doivent prendre la fuite. Germaine Limeul et Julia Picot perdent tout contact. Elles décident alors de rejoindre l'OCM. A la même époque, une perquisition est effectuée au domicile de Jean Caby sans résultat.

     

     

     

     

    Mais le travail de renseignement doit continuer. A la fin de l'hiver 1943-1944, une carte de plusieurs mètres de long est remise à Marie-Madelaine Fourcade par Jean Roger. Le groupe du Calvados ne désarme pas, bien au contraire, et les efforts redoublent face à l'intensification des préparatifs de défense allemands.

     

     

     

    Le 14 mais. Jean Truffaut alias" Tadorne" est arrêté par les Allemands à Paris en compagnie d'autres agents de liaison.

     

    Le réseau est à partir de ce coup du sort, impitoyablement détruit par les services de répression allemands tant dans la Calvados que dans la Manche.

     

     

     

    Le 17 mars 1944, une rafle menée par la Gestapo entraîne l'arrestation de Robert Douin, Georges Thomine (de Port-en-Bessin), Guy de Saint-Pol (d'Amayé-sur-Seulles), Jean et Marcelle Caby et le commandant Antoine de Touchet . Durant les semaines suivantes. ces résistants sont impitoyablement torturés par les Allemands et les membres de la bande à Hervé mais résistent avec courage.

     

     

     

    Le 20 avril 1944, c'est Maurice Primault , boîte à lettres du réseau, qui tombe entre les mains des Allemands.

     

     

     

    Le 4 mai, un nouveau coup de filet de grande envergure est lancé par les hommes de la Gestapo assistés des sbires de la bande à Hervé. René Loslier (de Jurques), Ernest Margerie (d'Anctoville), Marcel Chiron, Julien Thorel, André Aubin, Jean Lebaron (de Bayeux), Marcel Marié (d'Epinay-sur-Odon), Joseph Langeard (de Villy-Bocage) et André Robert (de Longvillers) sont capturés. Le lendemain, le facteur Désiré Lemière (de Saint-Laurent-sur-Mer) est lui aussi pris par la Gestapo tout comme Charles Ollard, Albert Anne (d'Asnières-en-Bessin), Auguste Duval (d'Ouistreham) et Robert Boulard (de Trévières).

     

     

     

    Marcel Chiron, Charles Ollard, Marcelle Caby et Julien Thorel sont remis en liberté. André Rubin, quant à lui, est déporté à l'île d'Aurigny. Les autres membres du réseau, soit seize patriotes, sont fusillés le 6 juin 1944 dans les courettes de la maison d'arrêt de Caen. Les survivants du réseau vont continuer la lutte contre la barbarie nazie, notamment au sein de l'OCM.

     

     

    Sources:

     

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

     

    et

     

     

     

     

     

    FOURCADE Marie-Madeleine, L'Arche de Noé. Paris, Fayard. 1988, 716 pages.

     

     

     

    SHAT (Vincennes) : 1 K 898: Fonds de liquidation du réseau Alliance.

     

     

    Cédric Neveu

     

     

     

    sources

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/reseau-alliance.htm

     

     

     

     

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    Robert Guédon, alias "Robert" ou "capitaine Robert", né le 5 février 1902 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et mort à Bromont (Québec), le 11 mai 1978, est un résistant français, et l'un des fondateurs de la Résistance en zone occupée durant la Seconde Guerre mondiale.

     

    Biographie

     

    Officier de tirailleurs sorti de Saint-Cyr, promotion "Du Chevalier Bayard", combattant du Rif, le capitaine Guédon fait la connaissance d'Henri Frenay pendant un stage à l'école de guerre où il devient spécialiste du 4e Bureau (Transports). Commandant une compagnie du 13e régiment d'infanterie motorisée, il est blessé par l'éclatement d'une bombe au début de l'offensive allemande.

    En liaison avec le capitaine Henri Frenay et le lieutenant de Froment, Guédon organise en zone Nord le mouvement Libération Nationale (renseignement, propagande).

    Quand le groupe Combat Zone Nord est annihilé par les arrestations, Guédon passe en zone Sud où il est remis à la disposition de son arme.

    Guédon commande au Maroc une compagnie du 7e régiment de tirailleurs marocains.

      

    Le 17 août 1942, il épouse Reine Joly, responsable du groupe de Caen, qui s'était évadée avec lui de la zone occupée.

      

      

    Au moment des débarquements alliés, il refuse de se battre contre les Américains.

      

      

    Pendant la campagne de Tunisie, Guédon est chef du 4e Bureau (Transports) de la division marocaine de montagne.

      

    Affecté comme instructeur dans une école d'état-major, il entre ensuite au commissariat des prisonniers, déportés et réfugiés où le commandant Frenay le charge d'organiser le futur rapatriement des Français détenus en Allemagne.

     

      

      

    Sources

      

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:R%C3%A9sistance_fran%C3%A7aise

     

     

     

     

     

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    RESISTANCE

     

     

     

    Cheminot à la gare de Caen, Maurice Arrot est né le 12 août 1914. Homme décidé, en compagnie de plusieurs camarades comme les frères Émile, Achille et Michel Boutrois , Jean Desvouges ou Jean-François Le Moal, il organise un groupe du Front national au sein du milieu des cheminots.

      

    Maurice Arrot se livre alors à de nombreux actes de sabotages sur le matériel et les infrastructures.

     

     

     

    Un sabotage spectaculaire perpétré dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1944 attire l'attention des Allemands. Aidée par un traître, la Gestapo lance une vaste rafle.

     

     

     

    Maurice Arrot est arrêté à Cagny le 16 mai 1944. II y avait mis à l'abri sa famille, suite au bombardement du quartier de Vaucelles en 1943.

      

    Ses rapports, avec Serge Fortier , son beau-frère membre de

    la sinistre bande à Hervé, et à l'initiative de la rafle, étaient très mauvais.

      

    Ce dernier est peut-être à l'origine de son arrestation.

     

     

     

    Interné à la maison d'arrêt de Caen,

    il est fusillé le 6juin 1944 avec plusieurs de ses camarades.

     

     

     

    Sources:

     

     

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

    Cédric Neveu

     

     

     

    et

     

     

     

     

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/arrot-maurice.htm

      

      

      

      

      

     

     

     

     

      

     

     

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    RESEAU ALLIANCE

    Marie Madeleine Fourcade, Remi Douin

      

    M. Rémy Douin, né en 1927 dans une famille de petite bourgeoisie aux modestes ressources , est le fils de Robert Douin, sculpteur et directeur de l’Ecole des Beaux Arts de Caen ,

    ancien combattant de 14/18.

     

    L’ancienne Ecole des Beaux Arts :

     

     

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Caen_beauxarts.jpg

     

     Son enfance est heureuse auprès de ses parents, d’une sœur trisomique et d’un demi-frère. 

    La famille réside à Saint-Aubin-sur-Mer, sur la Côte de Nacre, près de Courseulles. M. Douin père est en effet en charge de l’entretien ou de la restauration du clocher de l’église.

     

    Mme Douin est une mère au foyer, effacée peut-être , et toute dévouée

    à ses enfants et à son époux.

     

    Rémy suit les cours de l’Institut Saint-Joseph de Caen.

     

    A la maison, les conversations sont libres, et Rémy échange sur tous les

    sujets avec un père qu’il aime et qu’il admire.

     

    L’avant-guerre a été marqué pour lui comme pour ses parents,

    par un net sentiment patriotique et anti-allemand, fondé sur les réminiscences de la première guerre,

    pendant laquelle son père a été blessé par deux fois, ce dont il garde des séquelles importantes à un bras. On raconte beaucoup la Grande Guerre à la maison.

     

    Il a été marqué par l’angoisse de l’imminence d’une seconde guerre et frappé par un antisémitisme ambiant que nourrissait « la peur du juif ». A ses yeux, celle-ci découle d’une perversion de la culture chrétienne. Rémy Douin insiste sur le fait que lui-même n’a jamais été antisémite.

     

    La mise en place de la Collaboration en 1940 met en rage Robert Douin.

    Il tient Pétain d’emblée pour un traître.

     

    Il cherche alors comment lutter contre l’occupant et prend des contacts avec des résistants, sur les indications de collègues des Beaux-Arts . En novembre 1940, il entre dans la résistance à Caen et est contacté, fin 1941, par le chef du réseau Alliance

     

    ( 1 ). Il signe son engagement. Il deviendra le chef du réseau du Calvados.

    Son pseudonyme : Civette.

     

    A la maison, on écoute Radio-Londres et on parle du Général de Gaulle, même si on n’a pas entendu son Appel. On écoute Maurice Schuman et on reprend courage.

     

    Robert Douin cache des juifs. Car on a connaissance d’ arrestations, de déportations. On a entendu parler de fours crématoires…

     

    Au début 1941, Robert informe son fils, qui a alors 14 ans, de son entrée dans la Résistance. Mme Douin ne sera informée que bien plus tard.

     

    Rémy Douin présente ainsi sa vision du réseau Alliance et de la figure de son fondateur :

     

    Le réseau Alliance fut créé par le commandant Loustaunau – Lacau (1894 – 1955), 

    Commandant de carrière,

    (2) qui fut mis en disponibilité pour avoir voulu protéger l’Armée d’une décadence certaine et l’avoir trop crié.

     

    De plus, celui – ci créa et dirigea sous le pseudonyme « Navarre » un petit groupe de presse dénonçant la montée du nazisme, le manque de jugement des dirigeants, la publication de l’Ordre de Bataille Terre – Air – Mer de Hitler … La secrétaire de ce groupe était Marie – Madeleine Fourcade qui deviendra chef du réseau Alliance à la fin de 1940 ( 2 ).

     

    archivesdefrance.culture.gouv.fr :

     

    http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/2/5/6/9782262023652.jpg

     

     

    Elle avait 30 ans en 1939.

     

    En 1939, le commandant Loustaunau – Lacau est réintégré dans l’armée, il part au front. Mais il fait part à l’État – Major du fait qu’il existerait des relations suivies à Amsterdam entre un Ministre et un sénateur français et un agent allemand de l’espionnage économique, que le 2ème Bureau avait chassé de France en juillet 1939…

     

    En haut lieu, on étouffe l’affaire, et le commandant Loustaunau – Lacau est incarcéré dans la Forteresse de Mützig. Il est relâché grâce à un juge et à des accusations vérifiées. Mais il est , plus tard, grièvement blessé et constitué prisonnier à l’hôpital militaire de Châlons-sur-Marne. Evadé, il se rend à Vichy, pensant que c’était le lieu et le meilleur moyen d’avoir des contacts et des renseignements. C’est à partir de Vichy qu’il dirige ses contacts vers Marie – Madeleine Fourcade à qui il confie la direction du Réseau Alliance.

     

    Le Réseau Alliance a compris 3000 membres dont 700 femmes. Parmi ces 3000 membres, 432 personnes ont été assassinées, dont Robert Douin ; 237 furent internés et 423 qui ont été déportés, dont 206 seulement sont revenus.

     

    Pour Rémy Douin, Alliance n’était pas un mouvement politique, puisqu’ il a rassemblé des membres appartenant à des partis ou à des sensibilités très divers.

     

    Rémy décide donc de suivre les traces de son père et de participer concrètelent à

     

    l’ action de celui-ci.

    Ses motivations :

    le patriotisme, la lutte contre le nazisme, la haine de l’occupant, l’admiration pour les réfractaires du S.T.O.. Rémy , comme son père, observe aussi avec honte et mépris les engagés de la Légion des Volontaires contre le Bolchévisme

    ( L.V.F. ) de Darnand.

     

    En prenant des notes mentalement, il aide son père à cartographier les défenses allemandes, pour transmission aux Anglais ( Intelligence Service). Robert se rend sur la plage à bicyclette avec son fils, présenté comme son apprenti, prétextant un besoin de peindre, afin de repérer les défenses allemandes et la construction du mur de l’ Atlantique et d’ élaborer une carte de 17 m de long .Rémy, qui connaît bien la côte en indique à son père tous les sentiers d’accès . Il ajoute lui-même à la carte un sentier.

     

    Il observe les travaux de l’organisation Todt, il relève l’emplacement de fosses anti-chars. Lors d’un repérage, ils manquent d’être arrêtés par une patrouille allemande. Les retours à la maison, après le couvre-feu de 22h , sont toujours périlleux.

     

    Rémy Douin ne connaissait que trois personnes du réseau : ANIME Albert, surnommé Pieuvre ( un Charron), CABY Jean, surnommé Emouchet (un Radio Electricien) et THOMINE Georges, surnommé Cachalot ( un Marin Pêcheur ). D’autres personnes , plus importantes, venaient parfois à la maison , mais leur identité lui était cachée, d’autant qu’ il n’était pas membre officiel du réseau . Il a cependant connu un officier, M. Gouliboeuf.

     

    Il ne quitte sa maison qu’en février 1944 pour raisons de santé et se soigner à 30 km de Caen chez son demi-frère.

     

    Il a alors 17 ans.

     

    Son père est surveillé pendant six mois par une française, maîtresse du chef de la Gestapo locale. Il refuse la proposition du réseau de partir avec sa famille en Angleterre, arguant du fait que sa carte est inachevée. Ce document parviendra cependant à destination. Finalement, M. Douin père est arrêté , le 17 mars 1944, sur son lieu de travail, suivi par Jean Caby et Georges Thomine . Emprisonnés à Caen,ils y sont torturés puis fusillés le 6 juin 1944 . ( 4 )

     

    Rémy retourna alors chez lui et fut obligé de travailler dur pour nourrir sa mère et sa sœur.

     

    Ses sentiments furent partagés à l’annonce du débarquement : bonheur de voir son père vengé, de voir justifiée l’œuvre de celui-ci , mais aussi immense tristesse devant toutes les pertes civiles et l’anéantissement des villes . Il se souvient traumatiquement du vacarme des avions et de la lueur des flammes rouges. Mais l’un des chemins inscrit par Rémy sur la carte sera utilisé par les anglais lors du Débarquement, entre le 6 et le 8 juin 1944 ( 5 ) .

     

    Rémy Douin a su délivrer aux jeunes gens une leçon de sagesse, directement inspirée par la mémoire héroïque de son père :

     

    Il faut tout faire pour que de tels événements ne se reproduisent pas, il faut s’ouvrir à des idéaux, il faut respecter la vie ; mais il faut aussi dire non à certains moments, et , dans l’avenir, , rester vigilant ; enfin, miser sur l’éducation, pour soi-même comme pour autrui.

     

     

    Notes :

    1 Alliance est un réseau de la Résistance intérieure française pendant la deuxième guerre mondiale. Alliance était l’un des plus actifs réseaux de renseignements de la Résistance, avec la Confrérie Notre-Dame et, comptant jusqu’à 3.000 membres, le plus important des réseaux dépendants de l’Intelligence Service britannique (IS) sur le territoire français. Le réseau dénombre au total 438 morts[1] sur 1 000 arrestations.

     

    Chaque membre, pour préserver son identité, se vit désigner un matricule par l’IS. Puis, pour rendre plus pratique la communication entre les différentes parties, ils adoptèrent des surnoms ou pseudonymes. Les fondateurs du réseau Alliance et la plupart des autres membres choisirent de porter comme pseudonymes des noms d’animaux.

    C’est pourquoi la police allemande lui a attribué le nom original d’Arche de Noé. Toutefois, certains groupes à l’intérieur du réseau reçurent des pseudonymes de métier, ou de tribus indiennes…

    ( source : Wikipedia ) 

    2 Loustanau-Lacau :nommé par Xavier Vallat, en septembre 1940, délégué général de la Légion française des combattants, dont le siège est à l’Hôtel des sports à Vichy, il entreprend d’y recruter des agents qui établiront des liaisons avec les services anglais. Il recrute d’abord parmi les anciens de Corvignolles et de la Spirale, c’est-à-dire au sein de la droite nationaliste et de l’armée. ( source : Wikipedia )

    Marie-Madeleine Fourcade : appartenant à la haute bourgeoisie, élevée au Couvent des Oiseaux, pianiste, elle prend la tête du réseau en 1941. Arrêtée avec son état-major le 10 novembre 1942, elle s’évade et peut rejoindre Londres d’où elle dirige le réseau, qui finit par se rattacher au BCRA.

    Elle a publié chez Fayard l’Arche de Noé en 1968. gaulliste, jusqu’à la capitulation allemande. Elle revient en France en 1943 et est capturée en juillet 1944. Son pseudonyme : Hérisson.

     

    4 Dans le réseau Alliance du Calvados, la période sombre a commencé le 14 mars 1944 avec l’arrestation à Paris d’un agent de liaison de Robert Douin

     

    (Jean Truffaut dit Tadorne, qui possédait sur lui des documents importants sur le réseau et qui avait rencontré Robert Douin le 9 mars).
    A sa suite, le 17 mars, Robert Douin a été arrêté à Caen, Georges Thomine a été arrêté à Port-en-Bessin, Jean Caby a été arrêté à Villers-Bocage.

     

    Le 4 mai, la quasi totalité du groupe de Villers-Bocage a été arrêtée.
    Le 5 mai, c’est le tour du groupe de Vierville-Saint-Laurent-Trévières qui, lui aussi, est arrêté en totalité: Désiré Lemière, Albert Anne, Robert Boulard et Charles Olard.

    Ces arrestations étaient en général faites par des Français travaillant pour la Gestapo.

    Tous ont été interrogés sous la torture à Caen, 4 ont été libérés, 1 déporté et 16 fusillés le 6 juin 1944 à la prison de Caen, dans la panique qui semble avoir saisi les Allemands le matin du débarquement. Leurs dépouilles n’ont jamais été retrouvées.

     

    ( source : vierville.free.fr/811-ResistanceVierville.htm )

     

     

     

    5 Opération Sword Beach .

    Cette plage était attribuée à la Seconde armée britannique.

    Elle s’étend sur 8 km de Ouistreham à Saint-Aubin-sur-Mer.

     

     

     

    INTERVIEW :

     

    1°) Comment était votre enfance ?

     

    En 1938, je sentais venir la guerre et la montée du nazisme. Pendant la guerre, j’écoutais la radio de Londres et j’ai entendu parler du Général De Gaulle. J’allai à l’école. Le jour de repos était le jeudi mais le samedi je travaillais.

     

    2°) De quoi parlaient les gens avant la guerre ?

     

    Il fut torturé par la Gestapo. Les Allemands avaient constaté que tous les membres du réseau avaient des pseudonymes d’animaux. Le 16 mars 1944, mon père devait rencontrer, durant la guerre de Caen, Jean Truffaut, âgé de 20 ans, qui avait pour pseudonyme «tadorne » ; mais celui – ci fut arrêté le 11 mars 1944 et mourut au Struthof. Il y avait beaucoup de perte pour le réseau car durant septembre 1943 et début 1944 il y avait encore des arrestations.

     

    3°) L’avez – vous ressenti avant la guerre ?

     

    . Cependant, les déportations marquaient les gens.

     

    4°) Comment était la résistance ?

    Il connut plus tard, Duchèze, Margerie, « Dragon ». Il cherchait un point de chute en Normandie. Mon père ne cachait pas ses opinions. Je n’avais que 14 ans quand j’ai su que mon père faisait de la résistance. Les gens ne devaient pas connaître beaucoup de personnes. J’ai vu un officier qui se nommait Gouliboeuf. Il y avait beaucoup de réseaux dans la région mais à l’époque je l’ignorais. Les gens ne se connaissaient pratiquement pas. Mon père était le chef du réseau du Calvados.

     

    5°) Pourquoi votre père vous a t – il informé de son entrée dans la résistance ?

     

    Parce qu’il avait confiance en moi et qu’on était patriote de père en fils. Il a du sentir le patriotisme en moi.

     

    6°) Mais il prenait des risques ?

     

    Oui, mais je l’aidais. J’ai ajouté un chemin que je connaissais sur la carte que faisait mon père. Le plan de mon père est arrivé en Angleterre. Le jour du débarquement, j’ai vu sur une carte d’un anglais le chemin que j’avais ajouté. Un jour, mon père a dit à ma mère qu’il faisait de la résistance.

     

    7°) Comment a t – elle réagi ?

     

    Avec appréhension mais elle ne le montrait pas du moins elle essayait de le cacher. Quand mon père fut arrêté, elle a dû mal à s’en remettre. Ma sœur étant mongolienne et ma mère sans travail, à 17 ans j’ai du assuré la fonction à la maison.

     

    8°) Comment votre père a t – il réagi quand vous lui avez demandé d’entrer dans la résistance ?

     

    Ca coulé de source. Mon père trouvait ça normal. J’inspectais des endroits. Dans la région d’Arromanche où les alliés ont débarqué, un port artificiel a été crée afin de permettre la circulation des chars, des caissons…

     

    Les Allemands, quant à eux, creusèrent des fosses anti – chars. Un jour, alors que mon père et moi étions allés inspecter des nouveaux endroits à bicyclette, nous avons rencontré un officier allemand. Il nous demanda ce qu’on faisait et mon père répondit qu’il cherchait un endroit pour la carte de ses Beaux Arts.

    Heureusement pour nous, la baigneuse, qui accompagnait l’officier, avait froid donc ce dernier partit plus occuper par la baigneuse que par nous.

     

    Mon père était inquiet pour moi que pour lui – même. La carte d’état major faisait 17m quand elle arriva en Angleterre. Mon père était surveillé par la Gestapo, c’est pourquoi, le réseau lui propose de partir avec sa famille en Angleterre mais il refusa à cause de la carte qu’il n’avait pas finit.

     

    9°) Avez – vous eu des faux papiers ?

     

    Non. Mon père travaillait avec son nom bien qu’il savait qu’il était surveillé par la Gestapo.

     

    10°) Avez – vous souffert de la guerre ?

     

    En 1941 – 1942, mon année scolaire se passa à Saint Aubin où j’habitais car mon père était chargé du clocher donc c’était plus commode d’aller vivre là – bas. Mon père partait de la maison à 7h du matin et rentrait le soir à 20H.

     

    On mangeait de la viande rarement. J’étais beaucoup plus mince qu’aujourd’hui. Je souffrais de la faim, et de plus, il y avait le rationnement, mais avec le marché noir cela allait. Des biscuits vitaminés étaient distribués en classe.

     

    On buvait du lait écrémé et le pain était rationné. Il y avait une carte de rationnement et chaque catégorie était classée, exemple, travailleur de force G1, enfant E … On avait 1 kilo de sucre par mois. On ne connaissait pas l’orange.

     

    11°) Etes – vous toujours resté en France ?

     

    Oui, je suis plutôt F.F.I (Force française de l’Intérieur).

     

    12°) Avez – vous des amis déportés ?

     

    Avant non et après oui. Je ne connaissais pas beaucoup d’amis pendant la guerre mais après j’en ai connu.

     

    13°) Qu’est ce qui a changé dans votre ville ?

     

    Le climat moral. Il y avait moins de voitures qui circulaient car l’essence était rare. Seul le médecin avait le droit de disposer de l’essence pour ses visites.

     

    Quand les pneus pneumatiques étaient endommagés, on les recousait pour les réparer. J’ai même vu une voiture descendre une rue de pavé sur la jante. Les gens sortaient moins et le couvre – feu était à 22h.

     

    La ville n’était pas animée, les activités de jeunes avaient disparu.

     

    Les femmes se peignaient les jambes car il n’y avait plus de bas. Il n’y avait pas beaucoup de tissu, de plus, il n’y avait plus de charbon.

     

    Du point de vue moral, il y avait peu de gens gai. Il suivait tous l’évolution des fronts alliés et écoutait la radio de Londres et la propagande impériale. Maurice Schuman arrivait à remonter le moral. C’était un climat triste bien que les gens vivaient à peu près normalement.

     

    14°) Connaissiez – vous des juifs ?

     

    Oui. Il y avait une famille juive à Saint Aubin dont la femme avait une prothèse poliomyélite. Un jour, ils ont disparus. Ils ont sans doute du être arrêté. Mon père cachait des juifs. ( Juste )

     

    15°) De quel parti politique faisiez – vous parti ?

     

    Je ne faisais parti d’aucun parti politique. La politique n’est jamais entré durant cette événement. Je peux dire que mon père était un profond républicain.

     

    On parlait de politique seulement après la guerre.

     

    Les partis structurés comme les communistes résistants étaient plus efficaces et plus forts.

     

    Pour moi, le Réseau Alliance n’est pas politique puisque les origines des gens appartenant à ce réseau sont différentes.

     

    16°) Dans la vie de tous les jours, y avait – il des sujets tabous ?

     

    . Bien sûr, mon père ne me disait pas les dates des réunions du réseau. A l’époque, il n’y avait aucune éducation sexuelle. J’ai toujours été libre avec mon père. On parlait de tout, des allemands qui étaient l’ennemi, des SS, de la Gestapo française. A l’intérieur de la maison, on écoutait la radio de Londres.

     

    17°) Que pensiez – vous des actions menées par Pétain et Laval ?

     

    Indigne ! Je n’ai pas entendu l’appel de De Gaulle mais j’ai pleuré de rage en entendant le discours de Pétain. J’ai eu honte. Je trouve que Pétain a réduit les Français. Sous prétexte qu’il était officiellement le vainqueur, les gens avaient confiance dans l’honneur d’un maréchal. Mon père n’a jamais cru en Pétain en 1940. Il n’a pas admis la défaite.

     

    18°) Pensiez – vous que Pétain était contre sa patrie ?

     

    Oui. Il a composé avec les ennemis. C’était illogique car la France était en guerre contre l’Allemagne puis tout d’un coup s’allie avec l’Allemagne. L’influence de Pétain n’a pas toujours duré. Au début, les gens étaient plus pétinistes mais peu à peu le nombre de pétinistes décroît.

     

    19°) Quels ont été vos sentiments lorsque vous voyez un allemand ?

     

    On aimait pas les Allemands car c’était l’occupant et l’ennemi. Les souris grises, c’est – à – dire les infirmières, les auxiliaires de l’armée allemande, et les Allemands étaient fiers d’avoir gagné. Il y avait un brin de haine contre les LVF et les Allemands qui réquisitionnés pour la STO.

     

    Un jour, j’ai accompagné des camarades à Caen qui devaient partir en Allemagne et ils chantaient la Marseillaise. Les réfractaires cachaient les employés agricoles. La réquisition allemande était de 2500 hommes. Certains ont lutté contre ça.

     

    20°) Aviez – vous honte des français LVF ?

     

    Si. Ils étaient aussi mal vu que les Allemands. On avait honte pour eux. Ils étaient pires que la Gestapo allemande. La milice de Darnand combattait contre le maquis. Il chassait les résistants.

     

    21°) Aviez – vous des prisonniers allemands dans votre réseau ?

     

    Le réseau était essentiellement des renseignements. Il ne faisait pas parti du maquis. Il y avait des ramifications qui faisaient espionner des ports militaires. Les espions signalaient les bateaux allemands en partance et le Réseau Alliance par relation prévient les Anglais qui ont pu en détruire.

     

    22°) Aviez – vous des armes ?

     

    Mon père possédait un pistolet qu’il cachait à l’Eglise Saint Nicolas.

     

    23°) Avez – vous déjà tué un Allemand ?

     

    Non.

     

    24°) Et votre père ?

     

    Si, pendant la guerre de 14 – 18.  

      

    25°) Comment s’est passé la reconstruction des industries ?

     

    70% de Caen a été écrasé par les bombardements.

     

    A Caen, il ne restait pas grand chose. La reconstruction de Caen a commencé en 1951.

     

    Une grande industrie métallurgique s’est restauré.

    Les industries se sont remis en route petit à petit.

     

    26°) Où étiez – vous lors du débarquement ?

     

    J’étais à 30 km de Caen. J’ai entendu les bombardements et j’ai vu les avions des alliés. Au début, ça a été la joie. Il y avait beaucoup de morts dont des personnes de la ville.

     

    On comptait 5000 habitants à Caen.

    Beaucoup ont quitté la ville. Ma mère est restée à Caen qui était une ville libérée.

     

    Elle a failli être tué car elle habitait pas loin du temple des protestants. Il y avait une ruée de moustique, de plus, le choléra sévissait. Ma mère l’a attrapé. La ville sentait la charogne.

     

    27°) Que s’est – il passé pour les collaborateurs ?

     

    Les collaborateurs fut éliminé. Les femmes étaient rasées. Certains étaient accusés à tort.

     

    28°) Quel était votre état de santé ?

     

    J’ai survécu. Je suis parti car j’étais affaiblie. J’étais fatigué et assez amoindri. Certaines personnes pensaient que mon père m’avait envoyé à la campagne pour me protéger.

     

    29°) Quel était le mot de passe de la BBC pour annoncer le débarquement ?

     

    Je ne sais pas. Il y en avait sûrement, des codes, peut – être. Je sais que 60 à 80 personnes ont été fusillés au 6 juin jusqu’à la fin de l’après – midi.

     

    30°) Etes vous fier que votre père soit mort le jour du débarquement ?

     

    Non. J’étais plutôt fier du rôle qu’il a joué. Théoriquement, il a été évacué et a été emmené loin.

     

    31°) Dans quelles circonstances, a t- il été arrêté ?

     

    Des agents de la Gestapo, habillé en civil, sont arrivé à la maison et ont demandé où était mon père. Ma mère répondit qu’il était sur son lieu de travail. Puis, ils sont allés le chercher à l’entreprise le vendredi 17 mars à 9h00. 

     

    32°) Avez – vous essayé de faire évader votre père ?

     

    Non. J’étais chez mon demi – frère et il était interdit pour moi de rejoindre Caen. Mon père correspondait avec ma mère, il épinglait dans le linge salle des bouts de papier où il disait qu’aujourd’hui c’était l’anniversaire de ma grand – mère, ou bien qu’il avait faim, ou bien il demandait à ma mère de préparer ses grosses chaussures. Il n’y avait pas de parloirs.

     

    33°) Depuis combien de temps votre père était – il suivi par la Gestapo ?

     

    Depuis longtemps. C’était une française, la maîtresse du chef de la Gestapo, qui filait mon père depuis 6 mois peut – être.

     

    34°) Gardez – vous une haine envers les Allemands ?

     

    Non… à la limite une certaine défiance. Je suis européen et rester désuni ne même à rien. IL faut savoir enterrer la hache de guerre.

     

    35°) Pendant la guerre, les gens pensaient – ils que les juifs étaient des êtres inférieurs ?

     

    Non, ils ne pensaient pas que les juifs étaient inférieurs. Je pense qu’ils étaient plutôt jaloux car les juifs avaient la réputation de réussir tout ce qu’ils entreprenaient. C’est à cause du jugement nazi.

     

    36°) Aviez – vous-même peur des juifs ?

     

    Non. Je ne crois pas à la race aryenne.

     

    37°) Avez – vous retrouver votre famille ?

     

    Oui, ma mère et ma sœur. J’ai dû attendre le mois d’août quand les alliés sont partis pour rejoindre Caen. Il n’y avait plus personnes. J’ai dû aller m’adresser au chef local de la résistance pour savoir où elles étaient parties.

    A la fin du mois d’août, je les rejoins à Bayeux, puis, nous sommes retournés à Caen.

     

    38°) Avez – vous souffert ou eu des séquelles ?

     

    Non. J’ai seulement souffert de la malnutrition comme toutes les autres personnes.

     

    39°) Devez – vous une reconnaissance aux soldats allemands ?

     

    Je leur devais reconnaissance que s’ils libéraient un résistant. Sinon à part cela, il n’y avait aucune raison de leur devoir une reconnaissance. Je ne vois pas pourquoi car c’était l’occupant.

     

    40°) Connaissiez – vous des Allemands ?

     

    Non, je n’ai jamais connu d’allemand, à part, qu’un jour, j’ai rencontré un aumônier allemand.

     

    41°) Comment est – ce que L’État a pu se laisser faire ?

     

    Hitler a manœuvrer en Allemagne. Il a réussi à remettre sur pied une armée et une idéologie.

     

    42°) Quand les Allemands ont commencé à annexé la France, y avait – il des révoltes ?

     

    Non, pas tellement. Il y avait plus d’appréhension. Les gens n’étaient pas apathique mais ils voulaient la paix à n’importe quel prix.

     

    43°) Pouvez – vous nous parler d’Hitler ?

     

    Qu’est ce que je peux vous apprendre de plus que ce que vous avez appris sur lui ? … C’était une bête à tuer, un despote. Il a crée un parti pour diriger sur l’Europe néfaste.

     

    44°) Comment arriviez – vous à savoir que des résistants ont été arrêtés ?

     

    De bouche à oreille. Quand Duchèze vit des agents, il sut que c’était lui qu’on venait arrêter ; il dit alors au revoir à sa femme qui elle – même fut déportée. Les gens qui étaient arrêtés ont été déportés. Il y a eu des rafles.

     

    45°) Comment ça se passait dans les camps de concentration ?

     

    Je savais juste que les juifs étaient arrêtés. J’ai entendu parler des fours crématoires.

     

    46°) Et si des Allemands prenait des otages, que se passait – il ?

     

    Un jour, il y avait eu un sabotage sur le chemin de fer près de Caen. 42 personnes n’étaient pas encore mortes. Il n’est souvent pas possible de libérer les gens qui sont arrêtés.

     

    47°) Connaissiez – vous beaucoup de personne ayant été tué ?

     

    Non, je sais juste qu’il y a eu 300 morts le dernier dimanche d’avril.

     

    48°) Quand vous faisiez de la résistance, ressentiez – vous un sentiment de réussite ?

     

    Oui, sans ça je n’avais rien fait. Une bonne partie de la population attendait que ça se passe. Ceux qui ont résisté avaient de l’espoir en eux. 

     

    49°) Après la guerre, est ce que l’État avait de la reconnaissance pour les résistants ?

     

    Oui, mais c’était plutôt une reconnaissance moral. On avait fait un silence pour les déportés, les résistants étant la minorité de personnes. Certaines personnes considéraient qu’ils n’étaient pas écoutés et pas cru. Moi, je croyais contrairement aux non – résistants qui eux n’y croyaient pas. La population, ayant plus participer, se sentait moins concerné. D’autres souffraient en silence.

     

    50°) Combien de temps a t – il fallu pour reprendre une vie normale après la guerre ?

     

    Cela dépendait des personnes qui ont été plus ou moins touchés. Mais de façon générale, du point de vue morale et matérielle, il a fallu tout une génération pour masquer les blessures.

     

    51°) Etes vous déjà allé à Vichy ?

     

    Non. Je suis juste passé à Vichy mais je ne l’ai pas visité.

     

    52°) Quels sont vos sentiments concernant la guerre ?

     

    Je souhaite que ça ne se repasse jamais. La jeunesse doit prendre conscience que la guerre ne doit pas exister. Il faut avoir l’esprit large pour éviter des conflits car il faut savoir qu’il y a eu 60 millions de morts. Il faut éviter la guerre à n’importe quel prix. Il est souhaitable que vous ne le viviez pas.

     

    53°) Etant l’une des dernières personnes à avoir vécu pendant la résistance, quel est votre message que vous souhaiteriez faire passer ?

     

    Il faut tout faire dans les limites raisonnables pour que ça ne se reproduise pas. Il faut être ouvert à un idéal de l’homme, et, avoir beaucoup de respect, envers la vie surtout. Il ne faut pas admettre n’importe quoi. Il faut s’éduquer, éduquer les autres et être vigilant.

     

     
     
      SOURCES :
    https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/8-remi-douin

     

     

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    RESISTANCE

     

     

     

    Groupe de SAINT-JO

     

     

     

    Un petit noyau qui se faisait appeler le groupe de Saint-Jo à Caen de Libération Nord fit partie de celui de Pierre Audigé et d'Alexis Lelièvre . Groupe organisé par M. André Heintz , un très jeune professeur d'anglais qui faisait partie depuis longtemps de l'O.C.M. mais avait dû couper les ponts à la suite d'arrestations.

     

    Lui-même avait été désigné pour partir travailler en Allemagne comme « requis ».

     

     

      

      

    Il avait pu échapper à cet exil forcé et était depuis camouflé à l'institution Saint-Joseph, rue des Rosiers à Caen, dont le directeur, M. Le Gall, l'avait« embauché» comme professeur d'anglais.

     

    Ce digne homme prenait là un risque considérable, car l'institution Saint-Joseph était alors complètement occupée par les Allemands, si bien que les classes étaient réparties en deux endroits: une partie à la gare Saint-Martin,

     

    l'autre à l'orphelinat Saint-Vincent-de-Paul, 59 rue de Bayeux.

     

     

    M. Heintz n'était pas le seul à bénéficier de cette hospitalité, car d'autres« irréguliers » refusant le travail en Allemagne partageaient sa planque

     

    Qui étaient-ils ? Des jeunes de 17-18 ans:

     

    Lézy, dont le pseudo était Motus ;

     

    un certain Maté, pseudo choisi en raison du prénom de sa promise, Marie-Thérèse;

     

    Conto qui servait de boîte aux lettres;

     

     

    Pierre Robinet , un garçon d'une vingtaine d'années, étudiant en droit;

     

    Toupin, dessinateur qui fabriquait des faux papiers et devint architecte;

     

    Durand, lointain descendant du général Marbot dont il portait le nom;

     

    Daboust, qui put prendre contact "avec les Anglais à leur entrée dans Caen,

     

    et bien d'autres dont je n'ai rien pu savoir.

    Faisaient aussi partie du réseau des hommes d'âge plus mûr:

     

    le docteur Le Bars, par exemple, qui pouvait avoir dans les 32 ans,

     

    le docteur Quermone, sans doute quinquagénaire,

     

    un architecte breton du même âge que Le Bars,

     

    ou l'abbé Bousso , 63 ans.

     

    Tous ces agents, selon la consigne, ne se connaissaient entre eux - et ne se réunissaient donc - que cinq par cinq au maximum, cela afin de restreindre les risques de repérage et d'éviter la chute de pans entiers du réseau en cas d'arrestation.

      

    La consigne était si bien appliquée que, par exemple, Pierrot n'a jamais rencontré André Heintz (dit Théophile) et qu'Alexis n'a jamais vu Robert, le docteur Le Bars, Quermone, pas plus que l'architecte breton dont j'ai oublié le nom ni, je crois, l'abbé Bousso. Pour ce dernier, curé d'Ouilly-le-Tesson, j'étais au courant.

      

     Pierrot m'en avait parlé comme d'un agent formidable,

    Un dur d'un cran incroyable.

    Non seulement il apportait des renseignements, cachait des résistants, des parachutistes, mais il était toujours prêt à faire le coup de feu s'il le fallait.

     

    Quant aux sabotages, c'était sa spécialité.

      

    À ce groupe de Saint-Jo s'étaient joints Jean Rivaille et quelques scouts.

     

    Je donne ces noms en pensant que, sans doute, il reste des survivants éparpillés qui seraient peut-être contents de se retrouver.

     

    Dès l'arrestation de son mari, Simone Audigé prévient un prêtre, l'abbé Lenormand, à l'église Saint-Étienne afin qu'il alerte les gars de Saint Joseph.

     

    Il a pu prévenir et il n'y a eu aucune arrestation.

     

    Source:

     

     http://sgmcaen.free.fr/resistance/groupe-saint-jo.htm

     

     

     

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    DOCUMENTAIRE EXCEPTIONNEL

    du DEBARQUEMENT du 6 JUIN 1944 en NORMANDIE,

    par les TROUPES AMERICAINES ( film couleur)

     

     

     

    POUR APPRECIER cette VIDEO

    ( cliquer sur le LOGO CENTRAL de RADIONOMY)

    colonne de gauche, le fond musical du blog sera supprimé..

     

     

     

     

     

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    LA RESISTANCE

     

    RESISTANCE

     

     

     

    L'ARMEE DES VOLONTAIRES

     

     

    A l'automne 1940, vraisemblablement en liaison avec l'Intelligence Service, un groupe de Résistance se forme à Caen sous l'impulsion de l'artisan couvreur René Vauclin, de sa femme Olvie, et du masseur-kinésithérapeute Jean Duthil qui en sera le véritable animateur.

     

       

    Le recrutement se fait par le biais de plusieurs réseaux de sociabilité.

     

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/thomas-robert.htm

     

    Madame Vauclin fait appel à des hommes, comme Robert Thomas, qui

    lui avaient déjà apporté leur concours lorsqu'elle s'était occupée d'aider des soldats britanniques ou des prisonniers de guerre français à échapper aux Allemands au cours de l'été 1940. Son époux enrôle des collègues, qu'il connaît particulièrement bien pour les côtoyer sur des chantiers de construction,

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/rene-duchez.htm

     

     

    tels le plombier Fernand Amène ou l'artisan peintre René Duchez.

     

    Ce dernier contacte d'anciens officiers ou sous-officiers du 3è régiment du train, l'unité à laquelle il avait appartenu pendant la campagne de 1940,

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/dumis-leon.htm

     

     

    notamment Léon Dumis, le charcutier André Masseron

     

     

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/leonard-gille.htm

     

    de Bretteville-sur-Laize, ou encore le capitaine de réserve Léonard Gille.

    Avocat membre influent du Parti radical dans le Calvados, celui-ci sait attirer

     

     

     

     

     

    certains de ses amis politiques, tels que Marcel Girard, William Faure et d'autres, dont quelques uns sont des francs-maçons également poussés à agir en raison de la politique répressive de Vichy à leur encontre.

     

     

     

    A la fin de l'année 1940, le groupe se rattache, par l'intermédiaire de

     

    Jean Château, contrôleur des contributions à Caen, à l'Armée des Volontaires, un mouvement fondé à Paris au cours de l'été

    par le commandant René Lhopital, ingénieur civil des Mines et

    ancien aide de camp du maréchal Foch.

     

       

     

    S'implantant progressivement dans le Calvados, l'Armée des Volontaires se livre à des activités de propagande et distribue le journal Pantagruel, imprimé à Paris par l'éditeur de musique Raymond Deiss. Quelques uns de ses membres appartiendront

     

    au groupe de John Hopper , un agent britannique.

     

    Cependant, l'activité principale de l'organisation est la collecte de renseignements concernant les troupes allemandes ou les usines travaillant pour le Reich.

     

    Mais il semble que les liaisons avec Paris, assurées d'abord par André Donnay puis, après l'arrestation de celui-ci, par le docteur Channel, de Nevers, aient quelque peu laissé à désirer; ce qui en définitive ne pouvait que nuire à l'efficacité du travail fourni.

     

     

     

    Par ailleurs, des dissensions politiques paraissent s'être fait jour assez tôt.

     

    Léonard Gille et ses amis radicaux, anticipant très largement sur les événements, font la part belle aux discussions sur le devenir de la France libérée ;ce qui a pour effet d'indisposer ceux qui pensent qu'il faut, avant tout, lutter contre l'occupant

     

    comme le sculpteur Robert Douin .

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/douin-robert.htm

     

    Fin 1941, le départ précipité du Calvados de Duthil, recherché par la police allemande, ajoute encore aux difficultés que connaît localement l'Armée des Volontaires, sans parler des contacts de plus en plus difficiles avec Paris à la suite de la cascade d'arrestations qui décapite en grande partie le mouvement au début de l'année 1942.

     

     

     

    Il faudra attendre le printemps suivant pour que le groupe trouve un second souffle.

    Marcel Girard parvenant alors à l'intégrer à une formation plus dynamique,

    l'Organisation Civile et Militaire.

     

     

     

    Sources:

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

    LA RESISTANCE

     

     LISTE de tous les RESISTANTS NORMANDS

     

      

     

    http://sgmcaen.free.fr/intro-resistance.htm

     

     

     

     

     

     

    sources :

    BLOG LIEN -

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/armee-des-volontaires.htm

     

     

     

     

     

     

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    CHRONOLOGIE DE L'OCCUPATION A CAEN  

    1940-1941-1942-1943- 1944

     

      ANNÉE 1940

      

    Régiments formés à Caen de l'été 39 à l'été 40:

    36°RI, 129°RI, 22°RA, 43°RA et 222°RA.

     

     

     

    A partir du 12 septembre 1939, les deux quotidiens locaux du soir  :

      

    "Le Journal de Caen" et "Le moniteur du Calvados" forment une édition commune de guerre qui paraitra jusqu'au 4 juin 1944 sous le titre de :

     

    "La Presse Caennaise".

     

     

    "Photos Archives municipales de Caen". Constructions de tranchées-abris place Saint-Gilles et promenade Saint-Julien.

    Pendant toute la drôle de guerre, les élèves des Ecoles normales de filles et de garçons de Caen sont contraints de se replier sur la côte, à Arromanches, pour y suivre leurs cours.

     

    Ces derniers leur sont dispensés dans deux hôtels de la station balnéaire, réquisitionnés pour l'occasion.

     

     

    Avril: Le Journal de Normandie, fondé à Rouen en 1785, installe à Caen une édition locale quotidienne qui sera diffusée jusqu'au débarquement, journal bien entendu favorable à la politique de collaboration.

    16 mai : Le conseil municipal de Caen s'inquiète de l'afflux de réfugiés

     

     

     

    Au début du mois de juin Caen accueillait dans ses trois hôpitaux plus de 300 blessés, ils étaient 1 300 à la fin de mois.

    27 mai : Caen devient zone des armées

    fin mai: Prières publiques à l'église Saint-Etienne.

    1 juin : L'ordre de ne pas évacuer la ville est donné

    2 juin:

    A Saint Etienne, une cérémonie pour la France en présence de Mgr Picaud évêque de Bayeux et Lisieux et de toutes les autorités.

     

     

    10 juin: Un énorme nuage de fumées noires obscurcit le ciel durant plusieurs heures au milieu de l'après-midi ensoleillé, c'est l'incendie volontaire des installations pétrolières du Havre, rive droite de la Seine.

    11 juin:

     

    5 000 réfugiés arrivent par bateaux et sont en partie hébergés dans les cinémas.

     

     

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 18 de ce livre, l'exode Bd Bertrand le 16 juin au soir

    Source: annexe de ce livre; André Detolle Henry Graux 

    18 juin : A 06H00 les Allemands venant de Falaise entrent dans une ville déserte. Une brève fusillade éclate rue des Coutures: un officier français et un soldat allemand sont blessés. Les soldats en uniformes rencontrés en ville sont désarmés et conduits à la caserne Hamelin, seul bâtiment gardé militairement par les Allemands.

    Anecdote celui qui reçoit officiellement le premier officier allemand est Joseph Poirier adjoint au maire celui qui recevra le 9 juillet 1944 le premier officier allié à se présenter à la Mairie le major britannique Helmuth.

    Les salles de cinéma sont fermées.

    Trente pillards (sur le port et à la gare SNCF) sont arrêtés et jugés le 20 juin par le tribunal correctionnel.

    19 juin: Quatre jeunes filles de Caen - Mlles Alice Taburel, 21 ans et Thérèse Beaufils, 20 ans, du Vaugueux, Yvonne Angot, 22 ans, et Madeleine Orel, 20 ans, de la rue Saint Pierre, - sont surprises à écrire à la craie, sur les murs, des injures antiallemandes. Elles seront "sévèrement admonestées". C'est sans doute le premier geste spontané de résistance à Caen.

    20 juin : Installation de la 216e division allemande dans les magasins de manutention militaire (En 2009, rue de Valleuil à Mondeville dans les locaux actuels de la Pharmacie aux Armées)

    Les centraux téléphoniques sont investis par la  Feldnachrichten-Kommandantur 25. La F. NaKdtr. 25 a été créée le 18.04.1940 à Hanovre. Le commandant était du 18/04/1940 au 01/08/1941, l’Hauptmann Heydeck, qui a été remplacé par le Major Blum. La compétence de la NaKdtr F. 25 s’étendait de Caen, aux îles Anglo-normandes. Dépend du Commandant militaire allemand en France occupée (le Militärbefehlshaber in Frankreich, MBF). A la rubrique Mai 1942, le Nachrichtenführer, un Major de la Luftwaffe, il pourrait s'agir du Major Blum.

    Le Flughafen-Bereichs-Kommando 8/VII,Luftwaffe installe son E-M au 168 rue Caponière dans l'Ecole Normale d'Instituteurs.

    Les 150 agents de la Défense passive (DP) sont versés dans la police auxiliaire de la ville sous les ordres d'un adjoint au maire Julien Lenoir .

    22 juin : Une mutinerie éclate à la Maison Centrale de Beaulieu vers midi. L'administration pénitentiaire doit faire appel aux pompiers avec leurs lances à eau (aux Allemands selon une autre source) pour rétablir l'ordre.

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 18 de ce livre, défilé des troupes d'occupation juin 1940.

    Source: photo présentée page 7 de ce livre, les Allemands rue des Jacobins devant le porche de la Sainte Famille, institution tenue par des religieuses, pour jeunes filles seules et nécessitantes, repas du midi et du soir avec un dortoir.

    23 juin : Installation de l'Orstkommandantur 630 au 9 rue Georges Lebret (1er étage) avec l'Hauptmann Schweikart.

    Tampon Orstkommandantur von Caen

    La Kreisskommandantur 884 au 9 rue Jean Eudes dans les locaux de l'hôtel de Ville avec l'Hauptmann Jamin.

    Le préfet du Calvados est convoqué au château de Balleroy par le Generalleutnant Hermann Böttcher commandant des troupes d'occupation pour l'arrondissement de Caen.

    juin : La Feldkommandantur 723 (FK 723) s'installe à l'hôtel Malherbe, place Foch .

    A droite l'hôtel Malherbe réquisitionné, siège de la Feldkommandantur 723.

    24 juin : L'heure allemande remplace l'heure française, communiqué dans la Presse quotidienne caennaise: "Avance de l'heure; Afin d'unifier l'heure, la Kommandantur a prescrit d'adopter cette nuit à Caen l'heure de l'Europe centrale; à minuit, il faudra donc avancer d'une heure les montres et les horloges." (source)

    juin: Actes de pillage allemands: des chaises et des tables au Lycée Malherbe. L'Institution Saint-Joseph, rue des Rosiers, est réquisitionnée (elle le sera jusqu'en juillet 44). Un hôpital militaire (Kriegslazarett) est installé dans le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur, jusqu'en avril 44.

    Pillage, par ses employés, d'un commerce du boulevard des Alliés - il a fallu une camionnette pour charger le butin, - et du magasin de vêtements du Centre d'Accueil des Réfugiés, à la gare Saint Martin : 3 arrestations dans chaque cas, Et 6 condamnations de 3 à 8 mois de prison ferme pour tentative de vol d'effets militaires dans des wagons en gare de Caen. Arrestations de 14 mineurs de 11 à 16 ans et d'un majeur de 24 ans pour le même motif.

    Les commerces abandonnés sont réquisitionnés et gardés par les volontaires de la Défense Passive. Ils seront ouverts quand les stocks du concurrent le plus proche seront épuisés, et leurs marchandises seront vendues à prix coûtant

     

    "Photo collection François Robinard avec son aimable autorisation »

    Boulevard Bertrand (entre les 2 marchés est-il indiqué au dos) le 12 juillet 1940. Photo prise par un pigiste du Journal "l'Eveil Normand" (qui cessera sa parution quelques jours plus tard, refusant la collaboration)

     

    19 juillet : Réouverture des salles de cinéma (sauf pour le Trianon qui attendra jusqu'au 15 septembre, le Majestic est réservé à l'occupant.

    21 juillet: Le Journal de Normandie publie la liste des camps de prisonniers français à Caen: les casernes Decaen et Hamelin (en entrant dans Caen le 18 juin, les Allemands ont fait prisonniers tous les jeunes qui étaient en instance d'incorporation caserne Hamelin; une partie, les plus avisés, l'avaient quittée)

    Source: Collection Télitchko, couverture et pages de garde de ce livre, officiers place Saint-Pierre et devant la pharmacie du Progrès à l'angle de la Place Saint-Pierre et de la rue Saint-Jean.

    Il y a deux camps de regroupement des prisonniers de guerre français à Caen : le quartier Claude- Decaen et les locaux de la Foire-Exposition, place d'Armes. Des jeunes gens se proposent comme commissionnaires pour acheter en ville des denrées réclamées par les P.G., mais ils empochent les billets et disparaissent. Certains reviennent dans l'espoir de trouver une nouvelle dupe: ils sont reconnus et arrêtés.

    Pas de bus urbains: ils ont été réquisitionnés pour transporter du ravitaillement à Paris.

    6 août : La Gestapo perquisitionne la Loge Maçonnique Thémis rue Neuve Saint Jean ainsi que les domiciles des trois principaux dignitaires de la loge.

    août: Epidémie de typhoïde, 30 morts.

    La Kommandantur ordonne le départ de tous les réfugiés non domiciliés à Caen, sauf les malades et ceux qui ont trouvé une embauche, avant le lundi 12 à midi.

    16 août: Le conseil municipal de Caen vote la création d'une boucherie municipale pour réguler les prix de la viande ( ce sera un échec fermeture un mois après), et un programme de travaux pour lutter contre le chômage et donner du travail à 400 ouvriers : creusement de tranchées place Gambetta, réfection de chaussées et trottoirs et... désherbage de la Prairie.

    Outré par les sifflets qui ont accueilli, dans un cinéma, une parade des troupes du Reich présentée aux actualités, le lieutenant-colonel Elster, chef de la Kommandantur 723, ordonne une couvre-feu de 20h à 5h du matin et interdit la programmation de films.

    Des Allemands dans le château. A gauche le clocher de Saint Pierre. A droite photo Bundesarchiv. Deux soldats allemands sur le rempart ouest surplombant la rue de Geôle, les deux clochers dans le lointain sont ceux de Saint Etienne et celui à droite est celui des Bénédictines rue Elie de Beaumont. Voir 4 ans plus tard en juillet 1944. Des graffitis photographiés en 2011.

    Source. Le portail sud de la salle de l'Echiquier du château, inscription allemande au-dessus du tympan. On peut déchiffrer : Beim Pferd wie bei den Frau muß man auf Rasse schaun. Que l’on peut traduire par : Chez les chevaux comme chez les femmes, on doit regarder la race. C’est une expression assez connue en Allemagne à l’humour de garnison, ce qui est le cas ! Il faut un peu d'explication: 1. La "race" dans ce sens n'a rien à voir avec des théories sur les races ou le racisme. On dit d'une femme qu'elle est "rassig" ou qu'elle a de la race ("sie hat Rasse") quand elle a du chic, est belle et a de classe. 2. "schaun", proprement écrit "schau'n" est une abréviation de "schauen" = regarder, voir. 3. Pour que ça rime, il faut dire "Beim Pferd wie bei den Frau'n muß man auf Rasse schaun'n" ou "Beim Pferd wie bei den Frauen muß man auf Rasse schauen" ou "Bei Pferden wie bei Frauen muß man auf Rasse schauen", parce que "schau'n" ne rime qu'avec le pluriel de "Frau" (merci à Ernst von Heydebrand). Avant. De nos jours.

    24 août: Le conseil municipal vote 30.42 millions de francs (plus de 10 millions d'euros) de travaux supplémentaires de construction et d'aménagement pour lutter contre le chômage.

    21 septembre: Rétablissement de la ligne SNCF Caen-Paris par Lisieux interrompue depuis le 17 juin.

    La Compagnie des Tramways Electriques de Caen annonce une modeste reprise des lignes de bus urbains: elle n'a plus que 4 véhicules et manque de carburant.

    Les accidents avec des véhicules militaires sont de plus en plus fréquents et souvent graves. Soumise à la censure, la presse ne mentionne pas la nationalité des véhicules, mais personne ne peut s'y tromper : les seuls véhicules militaires qui circulent sont allemands.

    Un rapport vétérinaire signale un cas de rage canine: la divagation des chiens et chats est interdite.

    Rappel de la Kommandantur: les lampes de poche et les phares de vélos doivent être de couleur bleue ou orange, le rouge et le vert étant réservés à la Police. En conséquence, les feux rouges arrières doivent être camouflés en orange.

    Source. Place du 36e, entre la garage Renault et le garage Peugeot sur la droite de la rue du 11 novembre (derrière les pancartes) , dans le fond le Monument aux morts de 1914-1918.

    Pancarte supérieure: Verpfl Amt = Verpflegung Amt = Bureau de l’Intendance

    En dessous: Heeres Kraftfahr Park 50? Aussenstelle = Antenne (succursale) d'une unité technique de réparation de véhicules de l'Armée de Terre allemande (Heer) peut être 503 ?

    A gauche, en haut:  FMV = Funk Militärverwaltung = Transmissions de l'administration militaire (certainement le grand bunker de télécommunications Wn 111 type R618 sur la place Gambetta entre la Préfecture et la Poste)

    En dessous: Kriegs Lazarett = Hôpital militaire, l'hôpital civil avenue Georges Clemenceau réquisitionné par les Allemands

    En bas: MVSt = Militärverwaltungstab = Etat-major de l'administration militaire

    Source photo de gauche - Photo de droite coll. franavia. Le Monument aux morts de la guerre de 1870 (Aux enfants du Calvados) à l'entrée du Quai de Juillet (place du 36e RI). La statue de bronze a été fondue durant l'Occupation (après ce cliché) et le reste entièrement détruit dans les bombardements de 1944.

    14 et 22 octobre: La Gestapo perquisitionne le domicile et interroge le vénérable de la loge Thémis.

    21 octobre : Tracts distribués à Caen reproduisant un discours de Churchill .
    octobre : Henri Leveillé , agent de Caen-Central, organise la résistance des P.T.T. qui couvrira une grande partie du département à partir de mai 1941

    Réouverture du théâtre de Caen, avec un illusionniste et un chansonnier montmartrois.

     

    La Feldkommandantur interdit les Chantiers de la Jeunesse , les Compagnons de France (deux organisations de jeunes créées par Vichy) et le scoutisme.

     

    24 octobre: Pour la première fois le terme "marché noir" est utilisé dans "La Presse Quotidienne Caennaise".

     

    25 octobre: "la Presse Quotidienne Caennaise" devient "la Presse Caennaise" tout court, sur deux à quatre pages grand format.

     

    L'Hauptmann Schweikart, commandant l'Orstkommandantur 630 de Caen, annonce que 100 PV ont été dressés en une semaine pour infraction au camouflage des lumières.

     

    30 octobre: obligation est faite aux restaurateurs d'exiger les tickets d'alimentation correspondant aux repas qu'ils servent.

     

    Tout est contingenté avec des tickets

     

    La municipalité exige que les ordures ménagères soient incinérées avant d'être mises dans les poubelles, pour gagner du volume et économiser du carburant pour leur enlèvement. Mais avec quel combustible?

     

    Source: Collection Télitchko, page 15 de ce livre, Allemands dans un camion près de l'église St Pierre

    novembre: La ville de Caen acquière 8 000 stères de bois dont les trois quarts pour les boulangeries et les commerces.

    Les Juifs de Caen sont invités à se présenter au service étranger du commissariat munis de leur carte d'identité.

    A la demande du médecin-chef de la Kommandantur, le maire interdit de déverser les eaux usées dans les caniveaux, pour raison d'hygiène. Beaucoup d'immeubles de Caen ne sont pas encore raccordés au tout-à-l'égout.

     

    11  novembre: manifestation publique et spontanée de résistance à l'occupant, avec une cérémonie improvisée au Monument aux morts de 1914-18, place Foch ... devant l'hôtel Malherbe, siège de la Kommandantur. Des participants sont arrêtés et inscrits sur une liste de suspects à emprisonner en priorité comme otages. En 1940, plusieurs seront arrêtés à ce titre, en représailles d'attentats, et envoyés dans les camps de concentration nazis, dont beaucoup ne reviendront pas. (pas une ligne dans la presse locale, qui évoque en revanche la manifestation sur la tombe du Soldat Inconnu, le même jour à Paris)

     

    Source - Le quartier Lorge dans le fond le clocher de la chapelle de la Visitation et à gauche les flèches de Saint Etienne.

     

    Le premier Foyer Municipal de la Jeunesse est créé dans les locaux du Patronage Saint Pierre, rue des Cordes

    Faute de chauffage et d'éclairage, la préfecture fixe les heures d'ouverture et de fermeture des' bureaux, usines, ateliers, commerces, établissements d'enseignement  et et administrations à 9h30 et 18h. Seuls les magasins d'alimentation sont autorisés  à ouvrir à 8h30 et à fermer à 19h.

    28 novembre: le conseil municipal de Caen vote des crédits de 600 000 Fr. (près de 200 000 euros) peur constituer des stocks de bais, de pommes de terre et de légumes secs, et de 1,25 million de Fr. (plus de 400 000 euros) pour une réserve de farine.

     

    28 novembre: Coupure de câbles téléphoniques route de Falaise. La Kommandantur interdit la circulation de 19h à 8h du 2 au 10 décembre, mais le maire obtient une "rallonge" de deux heures. Tous les hommes de 18 à 60 ans sont réquisitionnés pour garder le câble sur 2 km. Le maire, ses 5 adjoints, des conseillers municipaux, l'ancien député et ministre Camille Blaisot prennent la première garde.

     

    Source: annexe de ce livre

    décembre: La ville essaye de constituer des stocks de bois soit en s'en procurant 4135 stères dans la forêt de Balleroy et 4 500 autres provenant des coupes des Domaines soit en décidant l'abattage des arbres du Cours Caffarelli pour 2 500 stères.

     

    Source: annexe de ce livre

    Des "queues" de 300 à 400 personnes embouteillent les trottoirs devant les permanences de quartier qui distribuent les cartes de ravitaillement. Par décision municipale, ceux qui ne se présentent pas au jour fixé passeront leur tour jusqu'à la prochaine distribution.

    Déclaration obligatoire des stocks privés de pommes de terre au dessus de 25 kg.

     

    Police française et Feldgendarmerie provoquent des rafles contre les prostituées, 34 femmes suspectes sont envoyées au service sanitaire.

    Le recensement des Juifs effectué par l'administration française est remis à la Feldkommandantur.

    "Photo Archives Municipales de Caen" Une prise d'arme devant la caserne Lefebvre dans l'enceinte du château

    31 décembre : Ouverture à Caen d'un nouveau cinéma «le Normandie» rue Saint Pierre.

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    ANNÉE 1941

     

    Janvier 1941, la police caennaise regrette que des soldats allemands vivent en concubinage avec des prostituées et dénonce certaines maisons de la ville qui « sont de véritables officines de débauche échappant à tout contrôle, car occupées exclusivement par des militaires allemands ».

    Janvier: Installation d'un délégué du Commissariat général aux Sports.

    Janvier: La Prairie est gelée.

    21 janvier. Câble saboté rue des Jacobins, la Feldkommandantur ordonne qu'il soit gardé par des requis.

    L'Orstkommandant ordonne la garde des câbles téléphoniques du Bd des Alliés à la place du 36é.

    27 janvier: La police caennaise procède à l'arrestation de 6 militants caennais des Jeunesses communistes : deux autres ont réussi à s'enfuir.  Les autres, dont Roger Bastion, 27 ans, forgeron à la S. N. C. F., et André Montagne, 18 ans, électricien, écopent de 4 à 8 mois de prison et 1 000 Fr. d'amende (281 euros). .

    Les Courriers Normands décident le passage au gazogène, une usine à charbon de bois est installée dans une annexe de la gare Saint Martin.

    Soldats allemands au marché Saint-Pierre.

    Source. Un groupe de 5 soldats allemands rue Basse devant la venelle Maillard à l'Est de la Tour Leroy. Ce sont des Fliegern (soldat de seconde classe) de la Luftwaffe (cf les pattes de col)

    2 février : Par suite d'un acte de sabotage commis dans la rue des Chanoines, l'Oberstleutnant Elster ordonne la garde des câbles, et l'interdiction de circuler entre 20 heures et 6 heures

    6 février : Le Maire de Caen tente, dans un communiqué, de dissuader de toute tentative de sabotage sur les câbles

    Réquisition pour le 9 février de 14h à 16h pour garder les câbles téléphoniques allemands.

    10 février : L'Oberstleutnant Elster, commandant de la Feldkommandantur 723, ordonne la levée de garde des câbles dans les rues des Jacobins et du 11 Novembre, mise en place le 21 janvier. Levée aussi de l'interdiction de circuler entre 20 heures et 6 heures.

    Source: Collection Télitchko, page 13 de ce livre, les Allemands occupent la caserne Hamelin.

    février: L'occupant présenté une demande, jugée injustifiée, de 88 000 francs de travaux à la brasserie Chandivert.

    L'Orstkommandantur annule les laissez-passer permettant de circuler la nuit: pour empêcher les fraudes, les nouveaux "Ausweis" porteront le numéro d'immatriculation du véhicule autorisé.

     fin février : Sabotage d'un câble de l'armée allemande sur le boulevard Bertrand à hauteur des Etablissements Binet .Mise en place d'un service de garde pour la surveillance des câbles de jour et de nuit à partir du 2 mars à 18H.

    mars : Naissance du mouvement « Ceux de la Résistance» à Caen et Argences

    mars: Suppression des conseils municipaux, remplacés dans les villes de plus de 10000 habitants par une municipalité nommée par le ministère de l'Intérieur. Élu en 1925, André Détolle est maintenu maire.

    mars : Le tribunal Correctionnel de Caen condamne 8 jeunes qui avaient transporté des tracts et des papillons contre le gouvernement de Vichy à des peines de 8 mois à 3 ans de prison.

    Câble coupé boulevard Bertrand : les Caennais mâles adultes sont requis pour monter la garde toute les nuits, à raison de 25 sentinelles espacées de 50 m.

     

    30/31 mars : Un câble est coupé à l'entrée de la ville de Caen. Mise en place le 2 avril de 16 postes de garde

    4 avril : L'affaire Degrelle devant le tribunal de la Feldkommandantur de Caen

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 121 de ce livre, la cour martiale allemande va se réunir, rassemblement près du Palais de Justice, le 4 avril 1941.

    Léon Degrelle, chef du Parti fasciste belge Rex est arrêté sur ordre des autorités de son pays le 10 mai 1940, le jour-même de la grande attaque allemande à l'Ouest. En raison de l'invasion rapide de la Belgique, il est remis à la Gendarmerie française cinq jours plus tard. Degrelle est alors intégré dans un convoi, comprenant principalement des personnes suspectées d'être des espions appartenant à la Cinquième colonne, qui est évacué de prison en prison vers le sud devant la poussée de la Wehrmacht. Parti de Lille, escorté par des gardes mobiles, il passe par Rouen, Évreux, Lisieux et Caen, pour aboutir plus tard au Puy.

    Libéré après la défaite de la France, Degrelle porte plainte auprès des Allemands pour les corrections qui lui ont été infligées par certains gardiens à Lisieux et Caen.

    Source: annexe de ce livre

    Un surveillant de la maison d'arrêt de Lisieux, Georges Bihoreau, et deux de ses collègues de la maison centrale de Caen, Louis Philippe et Pierre Laignel, sont ainsi traduits devant le tribunal de la Feldkommandantur de Caen le 4 avril 1941.

    Louis Philippe est condamné à deux ans de prison, déporté le 22 juillet 1941 à la forteresse de Mannheim, il y décède un an plus tard.

    Pierre Laignel est condamné à deux ans et demi de détention. Il est déporté en Allemagne le 23 juin 1941 et interné dans les prisons de Sarrebruck et Francfort. Libéré le 22 août 1943, il regagne la France.

    Source: Collection Télitchko, page 19 de ce livre, Allemands Boulevard des Alliés

    12 avril : La garde des câbles est levée

    14 avril : Sabotage d'un câble à la périphérie de Caen (rue de Falaise et Bd Dunois). l'Oberstleutnant Elster ordonne de nouvelles gardes.

    16 avril : 20 postes de gardes sont établis. Interdiction de circuler pour la population entre 20 heures et 6 heures

    26 avril : Nomination par Vichy du Conseil municipal.

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 24 de ce livre, fanfare et défilé allemands Place Saint-Pierre devant quelques curieux.

    29 avril : Circulation publique rétablie, garde des câbles boulevard Dunois supprimée, mais maintien route de Falaise.

    29 avril: Deux Caennais: Denys Boudard, 19 ans et Jean Hébert, 21 ans décollent de Carpiquet aux commandes d'un Bücker-Jungmann 131 de la Luftwaffe direction Christchurch à l'est de Bornemouth (Dorset-Angleterre)..

    mai : Sabotages de câbles à Caen

    mai: Vol de 3 tonnes de sucre dans un entrepôt du quai de Juillet.

    12 mai: départ su premier train de travailleurs volontaires pour l'Allemagne.

     

    15 mai : L'inhumation d'aviateurs anglais abattus près de Caen, provoque une véritable émeute. La chapelle de l'hôpital fermée aux Français est pleine de fleurs envoyées par des Caennais. Très nombreux sont les habitants qui se sont rassemblés, beaucoup tenant à la main un bouquet de fleurs. Défense est faite de suivre le convoi mais la plupart des assistants se dirigent vers le cimetière où doivent être enterrés les aviateurs. Surgissent alors six policiers allemands qui d'autorité font évacuer les Caennais. Les jardiniers du cimetière eux-mêmes doivent sortir. Une femme qui ne s'exécute pas assez vite reçoit un coup de poing asséné par un officier allemand. Cependant la foule poussée sans ménagement hors du cimetière se réfugie sur les voies adjacentes ; pourchassée jusque dans les immeubles, elle essaie encore de se maintenir sur les lieux. Une vingtaine d'arrestations sont effectuées. Comble de brutalité un policier monte en auto et fonce sur les groupes de jeunes gens massés sur les trottoirs. En dépit de ces violences, les fleurs seront portées dans l'après-midi sur les tombes, en présence d'une foule silencieuse et recueillie.

     

    29 mai : Dans la nuit du 28 au 29, un commando dirigé par l'agent britannique John Hopper , commet un sabotage spectaculaire dans un garage de la rue Robillard, cantonnement allemand de la 323.ID. Après avoir neutralisé et ligoté les hommes de garde, le groupe déroba les roues d'une partie des véhicules, cisailla les pneus des autres, rendit inutilisables les batteries et versa de l'acide dans les réservoirs, tout en emportant la plupart des pompes et 200 litres d'essence dans une camionnette. Cet exploit valut à la ville de Caen d'être frappée, en représailles, d'une amende d'un million de francs. Les roues des motos furent retrouvées au début du mois d'août 1941, lors d'une perquisition de la police, dans un garage (un simple hangar) loué par Hopper, rue du Gaillon, où il entreposait ses prises.

     

     

    Source: Collection particulière, page 20 de ce livre, rencontre autour du Bassin Saint Pierre.

     

     

    Source. Un allemand armé et deux pêcheurs Bassin Saint Pierre

     

    fin mai: La DP organise un important exercice dans le quartier Sainte-Thérése. Le maire et son conseil ainsi que la autorités allemandes suivent l'exercice. A cette époque la DP dispose de 900 agents.

    23 juin: Note préfectorale relative aux nouvelles rations de viandes .

    24 juin : Arrestation par la police municipale de Caen de 2 personnes détentrices de tracts communistes

    29 juin: Nouvelle manœuvre de la DP dans les secteurs centre-ouest et sud-ouest, mise en état d'alerte aérienne.

    25 juillet : Dans la nuit, vers 1 h 15, premier bombardement de Caen, la Royal Air Force lance 15 bombes incendiaires sur le quartier de la gare à Caen. 2 tués, un couple de commerçants.

    Source: Collection Télitchko, page 10 de ce livre, le drapeau nazi flotte sur l'Agence Havas. Source: Photo Georges Marie, page 14 de ce livre, des Allemands rue des Jacobins devant le porche de la Sainte Famille.(photo prise clandestinement dans la rue de la Gesatpo !)

    juillet : Coupure d'un câble rue de Falaise. La ville de Caen est condamnée à une amende d'un million de francs pour sabotages répétés.

    L'amende de 50 000 RM (1 000 000 de francs) infligée à la ville de Caen en juillet 1941 est répartie entre les habitants suivant les modalités d'application de la contribution mobilière.

    25 juillet: Ouverture dans les locaux du Lycée Malherbe d'un centre départemental d'accueil pour les prisonniers libérés.

    25 juillet : Visite à Caen de Jean Borotra, ministre des sports dans le gouvernement de Vichy .

    29 juillet : Condamnation à mort de Lucien Frémont par un tribunal allemand à Caen où il reste incarcéré jusqu'en mars 1942. (voir 11 avril 1942)

    Source: photo de gauche, photo de droite. Eglise Saint Pierre, à gauche vue de l'entrée du château; à droite de l'entrée de la rue Saint Jean, remarquer l'extrémité de la pancarte Soldatenheim (foyer du soldat) à l'hôtel d'Angleterre.

    1 août: Institution de la carte de tabac et forte augmentation, le paquet de gris passe de 4.50 francs à 6 francs (+33%)

    Carte de tabac

    28 août : Création d'une section spéciale à la cour d'appel de Caen, présidée par M. Riby , pour juger les crimes et les délits contre l'occupant

    1 septembre: Restriction des heures de circulation qui est interdite de 22 à 5 heures

    2 septembre: Prestation de serment de fidélité au maréchal Pétain prononcé par le Premier Président au nom de tous les juges : « Je jure fidélité à la personne du chef de l'État. Je jure et je promets de bien et honnêtement remplir mes jonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire comme un digne et loyal serviteur «

    septembre: Les parents de Paul Colette qui habitent quai Vendeuvre sont interrogés et soumis à une surveillance sévère.

    Arrestation d'un trafiquant en gare SNCF, l'enquête révèle qu'en un mois et demi, il a expédié plus de trois tonnes de beurre dans des malles étiquetées "linge et pièces mécaniques".

    du 6 au 21 septembre: exposition "La Normandie" au musée de la ville (l'introduction est signée par un certain A. Gessner, conseiller culturel allemand ?)

    Le musée de l'hôtel de ville

    20 septembre: Première audience de la section spéciale.

    25 septembre: Visite du Secrétaire général aux Anciens Combattants, François Musnier de Pleignes .

    A la fin du mois et au début d'octobre, reprise des courses de trot sur la Prairie: autrefois blanches, les tribunes ont été repeintes en vert pour un meilleur camouflage.

    A l'automne, la police caennaise est épurée : le commissaire central M. Charoy muté à Brest, un inspecteur de la sûreté révoqué, deux inspecteurs rétrogradés et remis en tenue et des auxiliaires licenciés.

    20 octobre: Restrictions de déplacement dues à la situation géographique du Calvados dont toute la partie Nord, bordée par la Manche, constitue l'un des maillons du Mur de l'Atlantique. En conséquence, est déclaré « zone côtière interdite» tout le territoire limité au Sud par une ligne qui commence, à l'ouest du département, sur la Vire, à hauteur de Saint-Fromond, se poursuit jusqu'à Vaucelles, au nord de Bayeux, longe la RN 15 jusqu'à l'Ouest de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe contourne Caen par le Nord, inclut les communes de Cuverville et d'Hérouville, passe au Nord de Troarn et rejoint la sortie Ouest de Pont-l'Évêque qu'elle évite par le Nord pour se terminer à l'ouest de Beuzeville.

    Deux Ausweis délivrés par la préfecture du Calvados: celui de gauche du 11 décembre 1941 est valable hors zone côtière interdite, celui de droite du 16 novembre 1941 est valable pour tout le département.

    novembre : Série d'arrestations qui frappent le réseau de Résistance « Hector ». Jacques Dugardin, André Michel et Gaston Renard , jugés en mai 1942 par la cour martiale de Caen, seront condamnés et exécutés. Les autres seront déportés

    11 novembre : Manifestation devant le Monument aux Morts de Caen.

    Place Foch, au centre le Monument aux Morts, à droite l'hôtel Malherbe siège de la Kommandantur 723.

    Parmi les manifestants les frères Colin Marcel et Lucien et le professeur Desbiot . Arrestations de 11 étudiants caennais ayant participé à la manifestation du 11 novembre

    Au cours de mois de novembre, 153 personnes sont embauchées par la FK723.

    novembre: Un ancien coureur cycliste crée un vélo-taxi.

    Des lycéens caennais créent une association "Les Jeunes du Maréchal": le siège est 10 rue Jean-Romain.

    décembre: Visite du préfet Jean-Pierre Ingrand , représentant du ministre de l'Intérieur en zone occupée.

    8 décembre : La Gestapo fait irruption dans le café Guérin, une pension de famille rue de Vaucelles et y tend une souricière dans laquelle vont tomber en quelques jours la plupart des responsables de la Résistance communiste du département.

    15 décembre : Exécution à Caen de 13 personnes dont le journaliste de "l’Humanité", Lucien Sempaix, et Michel Farré de Colombelles , arrêté pour distribution de tracts par les gendarmes français

    décembre : Le recteur, M. Daure , est relevé de ses fonctions. A son retour de déportation, il deviendra préfet du Calvados à la Libération.

     

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    ANNÉE 1942

     

    Un groupe de sabotage particulièrement actif fonctionne sous la direction d'un ingénieur électromécanicien, Georges Gallet des ateliers électromécaniques Lavalette-Bosch. Le groupe électrogène servant au balisage du terrain de Carpiquet est saboté ce qui occasionne l'arrêt pendant près de deux mois les vols de nuit.(Pas d'indication de date).

    janvier: 17 maisons de tolérance prospèrent à Caen, 4 maisons clandestines sont fermées et 51 prostituées sont expulsées.

    Place Saint-Sauveur: la statue en bronze d'Elie de Beaumont est démontée pour être fondue.

    Plus de 2 000 paquets de cigarettes sont volés à la gare.

    février: La police caennaise est étatisée.

    Les 6 "Fourneaux économiques" de Caen ont servi 70 000 repas en janvier 1942 contre 24 000 en janvier 1941 et 6 500 à leur création en juillet 1940.

    4 février: par -24° dans d'atroces conditions, Jean-Louis Cartigny , condamné à mort est fusillé au stand de tir de la caserne du 43ème Régiment d'Artillerie.

    14 février : Gérard Fuzellier, condamné à Nancy, et un commerçant de Deauville, Levy dit Sasportas, arrêté pour la détention d'un poste de T.S.F., sont fusillés à Caen à la caserne du 43e Régiment d'Artillerie

    1 mars : Sabotage de câbles route de Caen à Ifs

    6 mars : Un service de garde de nuit est prescrit à la population de Caen et d'Ifs . Mesure levée le 10 mars

    Source: photo de gauche, photo de droite - Gare de Caen - Départ pour Bordeaux du Major Almenröder - Mars 1942

    9 mars : Un bombardement de la R.A.F. atteint le quartier de Vaucelles . L'église Saint-Michel est touchée

    Source: Collection Télitchko, page 39 de ce livre, Allemands devant l'église St Pierre.

    11 avril: A l'église Saint-Jean, un service religieux célébré avec la discrétion nécessaire à la mémoire de Lucien Frémont , maire de Lasson, fusillé le 31 mars, attire une foule nombreuse et recueillie.(M. Frémont avait recueilli, en juillet 1941, deux agents de la France libre, parachutés au dessus de la région, Henri Labit et Jean-Louis Cartigny de la mission "Torture".)

    du 18 avril au 20 mai: En représailles de l'attentat d'Airan les 4 salles de cinéma de la ville sont fermées jusqu'au 20 mai.

    L'agglomération caennaise est classée "centre urbain prioritaire" ce qui permet d'obtenir des rations supplémentaires.

    Source - Caserne Hamelin - Pendant la parade du 20 avril 1942 pour l'anniversaire du Führer.

    29 avril: Ouverture devant le tribunal de la Feldkommandantur, du procès de treize membres du réseau Hector, trois résistants sont condamnés à mort, les dix autres à de lourdes peines de travaux forcés.

    1 mai: Arrestation entre autres du Dr Raphaël Pecker comme otage juif en représailles des sabotages commis contre des trains de permissionnaires allemands à Airan. Les otages sont rassemblé au Petit Lycée.

    Début mai: Inhumation au cimetière Nord-est des soldats allemands tués lors du second sabotage d'Airan le 1 mai 1942.

    La sortie de l'hôpital civil, avenue Georges Clémenceau réquisitionné en Kriegslazarett et l'inhumation au cimetière Nord-est. Agrandissement.

    7 mai : De nouvelles arrestations ont lieu à Caen : une vingtaine de personnes parmi lesquelles le professeur Musset , doyen de la Faculté des Lettres, les frères Colin Marcel et Lucien et M. Desbiot professeur d'Anglais. Ces derniers sont coupables d'avoir participé à une remise de gerbe au Monument aux Morts le 11 novembre 1941

    Réquisition du 11 mai 1942 pour garder les voies ferrées de la ligne Paris-Cherbourg suite aux sabotages à Airan. D'autres réquisitions.

    9/14 mai : Dugardin , Michel et Renard , résistants du Groupe "Hector", sont fusillés dans la cour du 43e d'artillerie.

    Le théâtre municipal affiche "Marché noir" une pièce d'actualité de Steve Passeur.

    Source - Montage de 3 photos. Mai 1942. Bureau du Nachrichtenführer. Il s'agit d'un major de la Luftwaffe. A Caen, la Feld-Nachrichten-Kommandantur 25, adresse inconnue, elle investit les centraux téléphoniques dès le 20 juin 1940. Sous réserve le Major Blum.

    12 juin: Visite du secrétaire général à la Jeunesse, Georges Lamirand .

    27 juin: Au théâtre une conférence d'un prisonnier libéré vante "la collaboration avec l'Allemagne dans l'honneur et l'indépendance"

    29 juin : Départ du préfet Henry Graux révoqué à la demande des Allemands.

    Après un essai raté en 1941, la municipalité décide de transformer en cultures potagères les 50 hectares de La Prairie.

    Création d'un service civique: il faut des jeunes volontaires pour assurer la moisson, en l'absence des agriculteurs prisonniers.

      En juin 1942, un centre des Gardes des Communications fut installé à Caen dans des locaux précédemment occupés par une loge maçonnique. Dotés d'un uniforme noir avec une francisque aux pointes du col et d'une casquette ornée d'un G, ces gardes avaient une mission de contrôle du service de la garde, mission alors dévolue à la Gendarmerie. Ce Corps civil était placé sous les ordres sous l'autorité du Secrétariat général de la Police. Quel effectif ?

    Les hommes âgés de 18 à 60 ans étaient quotidiennement requis au service de la garde surtout des voies ferrées, mais aussi de nombreux points sensibles comme les terrains offrant un site favorable aux parachutages ou les bureaux de placement allemands.

    Ordres de mission, réquisition pour la surveillance

    6 juillet : Environ 2/3 des otages caennais internés au camp de Royallieu sont déportés à Auschwitz, avec le premier convoi de déportés politiques français.

    Découverte d'une fabrique clandestine de savon.

    La Ligue du Coin de Terre annonce qu'elle a créé 1 100 jardins familiaux dans l'agglomération caennaise.

    1 août : L'Oberstleutnant Elster est remplacé en tant que Feldkommandant par l'Oberst Bülcke.

    12 août: Les 11 premiers prisonniers calvadosiens débarquent en gare dans le cadre de la relève.

    28 août 1942: Prise de fonction du préfet Michel Cacaud ,antérieurement préfet du Gers, nommé le 17 août par le gouvernement de Vichy en remplacement du préfet Henry Graux. Il le restera jusqu'à sa suspension le 10 juillet 1944, sa conduite pendant la bataille de Caen sera honorable.

    Source: Collection Télitchko, page 18 de ce livre, Allemands Place St Pierre.

    Dans la nuit du 9 septembre, tandis que sa camarade Gisèle Guillemot fait le guet, Marius Sire , l'un des responsables de la Résistance communiste du Calvados, réussit à pénétrer dans un hangar de la foire-exposition, place d'Armes, où sont entreposés des stocks de fourrage destinés aux chevaux de l'armée allemande. Il allume un incendie qui fait partir rapidement en fumée près de 400 tonnes de paille, de foin et d'avoine.

    La seconde tour du château à droite de l'entrée principale est transformée en blockhaus par les Allemnds, voir ici.

    septembre: Le déboisement de la ville de Caen se poursuit, c'est au tour des ormes et des frênes de la rue du général Moulin menant de Caen à la Maladrerie.

    septembre: Une exposition artisanale attire 50 000 visiteurs en 15 jours;

    Source: annexe de ce livre

    mi-septembre: l'adjoint au maire M. Joseph Poirier , directeur urbain de la Défense passive, convoque plusieurs entrepreneurs pour organiser des équipes de sauvetage et de déblaiements en cas de bombardements aériens.

    25 septembre : Retour de 9 prisonniers calvadosiens à Caen .

    octobre: Visite su Secrétaire général aux Communications, Robert Gibrat .

    10 novembre : Distribution de tracts du Parti Communiste qui traitent des événements d'Afrique

    10/22 novembre : « Semaine du Prisonnier » organisée à Caen au profit du « Centre d'entraide des Prisonniers », sous la présidence d'honneur du Préfet du Calvados et du Maire

    11 novembre : Arrestation d'Henri Brunet qui a transmis de nombreux plans de l'armée allemande à un réseau de résistance, il sera fusillé le 20 septembre 1943.

    25 novembre : 37 prisonniers sont arrivés au titre de la « Relève » en gare de Caen .

    27 novembre : 14 prisonniers arrivent en gare de Caen.

    novembre: Le cadavre d'un soldat allemand tué d'une balle dans la tête est découvert.

    Une affaire de pillage en gare SNCF: arrestation d'une quarantaine de personnes.

    Au cours du second semestre de 1942 plusieurs arrestations de juifs étrangers; certains magasins caennais sont investis par des mouvements collaborationnistes, voir ici.

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     ANNÉE 1943 

     

    3 janvier: Vers 20 heures, le train express Paris-Cherbourg est mitraillé en gare: deux morts et plusieurs blessés dans le même wagon. aucun Allemand n'est touché dans les wagons réservés à la troupe.

    22 janvier : Vers 21H15, l'un des membres du groupe de sabotage FTP. Émile Julien, place une bombe de sa fabrication sur l'embranchement de la voie ferrée conduisant de la gare de Caen aux bassins du port et au dépôt allemand installé dans un bâtiment de la foire exposition. L'explosion, qui se produit à hauteur du début de la rue Neuve du Port, détruit un aiguillage et brise de nombreuses vitres dans le quartier.

    Fin janvier: M. Lazare Chesneau, cafetier place Courtonne et trafiquant notoire avec les Allemands est condamné à 8 mois de prison pour complicité dans un trafic de marché noir avec Paris.

    L'Oberst Bulcke ordonne des tours de garde à La Maladrerie, à la suite d'un sabotage de câbles.

    10 février : Vers 11 heures du matin, bombardement des rives de l'Orne, de Vaucelles et de la Demi-Lune. 10 morts, 39 blessés et plus de 100 maisons atteintes . Des entrepôts sont pillés dans la nuit

    19 au 20 février: Dans la nuit, au cours d'une ronde, deux gardiens de la paix découvrent rue Saint-Jean, un engin explosif déposé dans le caniveau à hauteur du café de Paris, établissement fréquenté par les Allemands. Il s’agit d'un cylindre métallique bourré d'explosifs, dont la mèche, allumée, s’était malencontreusement éteinte. Compte tenu de la nature de l'engin, semblable à ceux que confectionnait Émile Julien de Mondeville, cette tentative semble bien devoir être mise au compte des FTP.

    1 mars : Un sabotage est tenté sur la ligne Paris-Cherbourg à Moult. Il échoue par suite de l'arrivée d'un garde-voie. Les cinq résistants s'enfuient, l'un d'eux est arrêté à un barrage de Gendarmerie à Caen et livre des informations qui vont entraîner le démantèlement de la Résistance communiste dans le Calvados

    2 mars : Joseph Étienne, contremaître dans une usine textile à Lisieux, un des membres du triangle de direction du P.C.F. du Calvados, est grièvement blessé au cours de son arrestation par la police française, place Courtonne. Criblé de balles il est transporté à l'hôpital Clemenceau d'où il s'échappera miraculeusement le 8 mai, malgré la garde des Allemands.

    2 mars: grand concert au théâtre municipal au profit des P.G. et de leurs familles

    M. Renaudin, Commissaire Général à la Famille, prononce à Caen, au cours de la « Grande Semaine Familiale du Calvados », une conférence sur la « Restauration nécessaire des foyers français »

    5 mars: Visite du colonel Bonhomme , officier d'ordonnance du maréchal Pétain venu apporter un message se soutien du chef de l'état aux sinistrés après "les lâches bombardements de la RAF" du 10 février.

    Source: Collection Télitchko, page 18 de ce livre, deux Feldgendarmen Place St Pierre.

    11 avril: Exercice de Défense passive en présence du Feldkommandant.

    13 avril à 16h35: Bombardement de la rive droite de l'Orne, rue d'Auge, rue d'Hérouville ; 5 morts, 2 blessés .Les incendies sont combattus avec l'aide des pompiers allemands.

    du 15 avril au 30 mai 1943: Un Caennais tient la liste des alertes aériennes .

    17 avril : Bombardement de Caen

    18 avril à 18h45: Bombardement avec des bombes: rue d'Hérouville, avenue Georges Clemenceau, cours Montalivet, rue des Maris, rue d'Auge, le pavillon N°4 de l'hôpital est atteint par des bombes incendiaires, en tout 5 morts.

    20 avril : Bombardement de Caen

    avril: Les autorités caennaises décident l'évacuation totale des certains quartiers (rue d'Auge et Sainte-Thérése) et partielle du quartier de Vaucelles, 628 familles soit près de 1 700 personnes sont relogées.

    6 mai: Visite de M. Bourlet chef de cabinet du ministre de la Production Industrielle Jean Bichelonne qui vient présenter le bilan de la situation économique à deux cents industriels et commerçants du département.

    13 mai : Service religieux à la mémoire des victimes de la RAF .

    Source: photo de droite, photo de gauche. Fête en l'honneur de la promotion du colonel (Oberst) von Lidl - Mars 1943.

    L' Oberstleutnant (lt-col.) Valentin von Lidl est le Kommandeur du Flughafen-Bereichs-Kommando 8/VII à Carpiquet du 20 juin 40 au 1 août 41, l'E-M au 64 rue Caponière.

    30 mai : Nouveau bombardement de Caen et du quartier de la Demi-Lune et de Mondeville. 7 morts, 7 blessés

    18 juin: Un train, venant de Cherbourg passe en gare avec des requis, porte des inscriptions "Vive de Gaulle" sur les voitures, quant aux voyageurs ils chantent La Marseillaise et l'Internationale.

    juillet: Visite d'Abel Bonnard , ministre de l'Education Nationale.

    20 août: Recensement des bicyclettes, ordonné par l'occupant. Nul ne pouvait circuler à bicyclette sans avoir le récépissé délivré par la mairie.

    Le 29 août 1943, recensement du vélo Thomann de René Marie.

    septembre: Des "Cahiers de Libération" , brochure clandestine de 60 pages (contenant le Chant des partisans), sont adressés par La Poste aux habitants.

    Source - Rond point de la Demi-Lune

    9 octobre: Arrestation de Jean Letellier à son bureau Bd des Alliés par Brière, il sera déporté et ne reviendra pas.

    15 octobre: Au café Normandie, boulevard des Alliés première réunion préparatoire du CDL du Calvados.

    23 octobre: Arrestation de juifs étrangers et Français.

    4 novembre: Visite de François Hulot, chargé de mission au cabinet de Pierre Laval venu exposer la politique préconisée par le chef du gouvernement.

    13 novembre au soir: Pour se procurer le matériel nécessaire à la frappe des tracts, les responsables du Front national ont décidé de dérober des machines à écrire aux Galeries Lafayette, boulevard des Alliés. Le coup demain, prévu, a été confié à un petit commando formé de Michel de Boüard , Bernard Gilles, Marcel Morel et Paulette Vallerie . Leur camarade Joseph Déan , employé des Galeries, a pris contact avec le veilleur de nuit et obtenu sa complicité afin de pouvoir pénétrer sans difficulté dans les locaux. Malheureusement, l'homme a été remplacé au dernier moment par un collègue qui ignore tout du projet. Ayant ouvert la porte, il refuse de laisser entrer le petit groupe et tente de résister en faisant des moulinets avec sa lampe à pétrole, blessant Bernard Gilles à la tête. Dans la mêlée, un coup de pistolet part touchant mortellement l'infortuné veilleur. Le commando prend alors la fuite sans avoir pu mener à bien l'opération prévue.

    novembre: Arrestation de deux juifs selon un rapport de police, ensuite les arrestations furent directement traitées par la Gestapo sans en tenir informé la police française.

    10 décembre : Arrestation de responsables du Front National dans une souricière de la rue de Vaucelles à Caen

    11 décembre : Arrestation à son domicile de Michel de Boüard , professeur d'Histoire à l'Université de Caen, responsable du Front National.

    L'eau de la ville ne sera plus javellisée en raison de difficultés passagères pour obtenir l'eau de Javel; il est expressément recommandé aux habitants de faire bouillir l'eau destinée à la consommation.

    Trois auxiliaire du centre de tri des PTT sont arrêtés pour avoir détournés des lettres et des colis et s'être servi de sacs postaux pour expédier à Paris des denrées contingentées.

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    ANNÉE 1944

    début janvier : Arrestation à Caen de Valentin Debailly , nouveau responsable des F.T.P.

    L'impôt sur les bicyclettes passe de 25 à 40 francs.

    11 janvier: Une rafle à la sortie de trois cinémas effectuée par la Feldgendarmerie, plusieurs jeunes gens sont retenus mais heureusement relâchés après une nouvelle vérification.

    27 janvier: Une vingtaine de requis pour le STO chantent la Marseillaise dans les rues entre le petit Lycée et la gare, malgré la surveillance de soldats allemands armés et de membres de l'Organisation Todt .

    janvier: Le Tribunal Correctionnel juge 24 personnes accusées de pillage en règle dans les wagons stationnés en gare.

    Un contrôleur des contributions indirectes caennais recherché pour de graves détournements prend la fuite.

    janvier: La Feldgendarmerie arrête 145 prostituées pour vérifier leur identité et leur état de santé.

    Facture de gaz: décembre 43-janvier 44

    février : Arrestation d'un grand nombre de personnalités et de notables du département, tels les maires de Caen, de Mézidon, Falaise, le chef de la Sûreté urbaine, deux architectes caennais, le député de Caen Camille Blaisot . Plusieurs sont déportés au début du mois de mars

    février: Annonce que la vente des postes de TSF sera interdite à compter du 1 avril, motif: "la nécessité d'assurer la sauvegarde des troupes d'occupation dans une région menacée d'invasion étrangère"

    Des Feldgendarmen accompagnés de gardiens de la paix, réquisitionnent les pneus, les chambres à air et les batteries automobiles.

    16 mars; Visite de Louis Dramard, préfet régional de Normandie.

    31 mars: Interdiction de la possession de postes de TSF, la remise d'environ 10 000 postes s'organise en une semaine par ordre alphabétique à la salle des fêtes de l'hôtel de ville.

    M. Laurent Marie dépose, le 31 mars 1944, à l'Hôtel de ville, son poste de TSF Philips

    3 avril: l'heure légale est avancée d'une heure à deux heures (décret du 29 mars 1944). Ce changement d'heure fera que l'heure alliée et l'heure en France sera la même, contrairement à ce qui est indiqué dans de nombreux livres et revues.Voir ici.

    10 avril à 03h30 : 11 bombes sur le quartier de la Gare (voies, gazomètre, maisons endommagées): 1 cheminot tué et 11 blessés.

    13 avril : 350 bombes, 300 maisons endommagées. 9 tués et 18 blessés

    17 avril : 5 tués

    du 18 au 22 avril: 120 équipiers de la DP sont à Rouen pour aider les secours sur place suite aux bombardements de la ville.

    avril: Le Calvados est déclaré zone de combat.

    30 avril au 1er mai 1944: Dans la nuit, des résistants du dépôt de la gare SNCF parviennent à faire dérailler une locomotive dans la fosse du pont transbordeur et à en lancer une autre dans la plaque tournante, bloquant ainsi le trafic de la gare pendant plusieurs jours. Provoquant une belle pagaille, l'action d'éclat met les Allemands sur les dents. Ils chargent l'un de leurs agents français, Serge Fortier , de mener son enquête. Il est l'homme idéal pour cette mission ayant vécu toute son enfance dans le milieu des cheminots, vivant comme eux dans le faubourg de Vaucelles. Il les connaît bien et a recruté une équipe de collaborateurs acharnés dans ce quartier, comme Albert Baot ou Gilbert Bertaux. Il va en même temps exploiter cette occasion pour se venger de tous ceux à qui il pouvait en vouloir et dresse une liste de personnes à arrêter.

    A la sortie du château un Unic P 107 ou Somua, Leichter Zugkraftwagen 

     P107 (f) de la 21. Panzer Division.

    3 mai : Brière, ancien repris de justice, et agent français de la Gestapo, est exécuté, à Caen, par le réseau "Arc-en-Ciel" 

    11 mai: Le conseil municipal décide l'ouverture de crédits supplémentaires en vue "d'assurer aux sinistrés immédiatement après un bombardement massif tous les secours nécessaires".

    15 mai : La Gestapo, aidée de la bande â Hervé, procède aux arrestations de plusieurs cheminots. Tous sont relâchés à l'exception de Colbert Marie , Désiré Renouf et Georges Madoret. Les arrestations se poursuivent toute la journée et même une partie de la nuit. Sont ainsi capturés: Louis Renouf , Achille et Michel Boutrois et Maurice Arrot le propre beau-frère de Serge Fortier.

    1er juin : La Gestapo s’empare des cheminots Joseph Picquenot et de son fils Bernard .

    19 mai et 27 mai: Opérations de recensement des jeunes gens nés entre le 1er janvier et le 31 décembre 1925, ce recensement de la classe 44 provoque des remous. Les Caennais pensent qu'une bonne partie de ce contingent devra partir en Allemagne.

    2 juin: dernière audience de la section spéciale.

    5 juin: Le Decauville de la Compagnie des Chemins de fer du Calvados (CFC) effectue son dernier voyage, il rallie la

    gare Saint Pierre place Courtonne à la gare de Luc-sur-Mer où il s'immobilise.

    5 juin: Au théâtre municipal représentation de Véronique, l'opérette d'André Messager dernière représentation avant longtemps !

    Source page 131 de ce livre. En juin 44 le Feldkommandant est von Heydebrand avec comme adjoint le Major Nerlich (il mourra dans la nuit du 6 au 7 juin), autre membre le Hauptmann Knolle et le Doktor Meyer.

    6 juin: Vers midi moins le quart, le préfet Cacaud rédige son dernier télégramme officiel, à destination du gouvernement de Vichy.

    Après avoir décrit le dernier bombardement et ses effets, le fonctionnaire de Vichy ajoute:

    « La population digne et calme est repliée ans l'îlot Bon-Sauveur-Abbaye aux Hommes dont j'ai instamment demandé le respect par les deux armées en établissant un plan en accord avec M. le maire de la ville de Caen, qui a été remis au Stadtkommandant (Note de MLQ: commandant de la ville ou Kampfkommandant, identité inconnue) .

     

    L'aviation a jusqu'ici respecté cet îlot.

    Quelques obus seulement ont orné des bâtiments.

    Je dispose d'un ravitaillement suffisant pour 15 jours.

     

    L'état sanitaire est satisfaisant.

    Évacuation irréalisable maintenant: je n'ai d'ailleurs reçu aucun ordre et l'autorité d'occupation n'a fait aucune liaison avec moi depuis 48 heures.

    Présent à mon poste au milieu d'une population qui a souffert et qui n'admettrait pas un départ qui, en ce moment, serait une désertion, j'assumerai quoi qu'il arrive toutes les responsabilités

    de ma charge, avec la conscience d'avoir toujours servi et défendu les intérêts strictement français. »

     

     

     

    6 juin :

    80 à 90 résistants détenus à la prison de Caen sont exécutés par les Allemands le matin et l'après-midi.

    Lire également: Le LIRE EGALEMENT calendrier de la collaboration

    Source:

    De la guerre à la liberté, les années 40 en Normandie,

    Hors-série Liberté Le Bonhomme Libre, Juin 2004.

      et et et et et et et et et

    et cet article.

    Remerciements/

    - à M. Laurent Marie pour les documents de son grand père.

    - à jeepo' pour les photos des graffitis allemands.

    - à Fred_Bayerlein pour la photo du blindé allemand.

    - à Dominique Zuccolini pour le décret du 29 mars 1944.

     

    SOURCES - SUPERBE BLOG -

    http://sgmcaen.free.fr/chronique-occupation.htm

     

     

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