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    REPRESSION ETUDIANTE dès 1940
      
      
      
    11 Novembre 1940, une Manifestation estudiantine fortement réprimé.
     

    L'envie d'agir ce jour s'est agrandi à la suite d'interdictions promulguées par le préfet de police Roger Langeron sur ordre des autorités d'Occupation. Vingt ans après la manifestation, "L'Aurore" publie un article de témoignage, ils justifient leur présence à ce rassemblement :
      
    "Pourquoi y étais-je ? Vingt ans après, je peux vous dire que c'est sans doute parce que deux jours avant, le proviseur du lycée Buffon était passé dans les classes pour nous dire de ne pas manifester le 11 Novembre".   
      
    Ainsi pour préparer la manifestation les jeunes se passent des tracts de collèges en lycées, d'universités en facultés, tous avec le même message : "Etudiants de France Le 11 Novembre est resté pour toi jour de fête nationale. Malgré l'ordre des autorités opprimantes, il sera jour de recueillement.
      
    Tu n'assistera à aucun cours. Tu iras honorer le Soldat Inconnu, à 17h30.
     
    Le 11 Novembre 1918 fut le jour d'une grande victoire. Le 11 Novembre 1940 sera le signal d'une plus grande encore. Tous les étudiants sont solidaires pour que Vive la France !
    Recopie ces lignes
    Et diffuse-les."
     
     
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    Cinq heures du matin, arrivée des premiers groupes manifestants.
      
    Ils se forment aux quatre coins de Paris, dans le même but de se rejoindre sur les Champs-Elysées. Chacun dépose sa gerbe de fleurs, et même si le portrait du Général de Gaulle déposé par un manifestant disparaît mystérieusement, les policiers laissent tout le monde se recueillirent, en s'exclamant calmement "qu'il ne faut pas former d'attroupements car c'est interdit".
      
    On pourra noter un incident en fin de matinée, un groupe d'une centaine de jeunes filles défilant bruyamment avec une cocarde tricolore fut immédiatement dispersé par les policiers et durent toutes enlever ce qu'elles arboraient à la boutonnière de leur veste. Un professeur de sciences naturelles du lycée Lakanal, René Baudoin, dissimulé au milieu du groupe, proteste bruyamment contre l'arrivée de la police ; il fut embarqué et conduit au poste de police.
           
    C'est enfin vers 16 heures que les premiers groupes de lycéens font leur apparition, de ce fait la tension monte progressivement.
           
    18 heures. Arrivée d'une section d'infanterie allemande qui prend position au rond-point des Champs-Elysées. Les soldats sont armés : baïonette au canon d'un fusil mitrailleur d'une bande souple, ils sont démesurément impressionants. Leur arrivée soulève un cri de colère parmi les lycéens et les étudiants ; les insultes et quolibets fusent, des jeunes Français en aucun manque de courage s'approchent des soldats, prêts à les braver, en les provoquant.
     
    Le face-à-face explose en bagarre ; les Allemands chargent en premier : coups de crosse et coups de poing pleuvent des deux côtés.
     
    Aucun passant n'est épargné, des femmes s'évanouissent, des hommes cherchent à protéger leurs enfants. Indénombrable est le nombre de visage portant des marques et des plaies sanglantes. La police française vient prêter main-forte aux soldats allemands et procèdent à des arrestations parmi la jeunesse et les badauds. La bagarre d'amplifie de plus en plus, opposant la jeunesse estudiantine aux forces de l'armée française et aux Allemands.
     
    Mais bien évidemment les manifestants n'ont ni le matériel ni l'expérience de leur ennemi et sont pour la plupart collés face au mur, mains jointes sur la tête, ou traînés vers des camions militaires après avoir été fouillés préalablement.
     
    Des camlions allemands débouchent alors de l'avenue Georges V, s'immobilisent sur les Champs-Elysées et desquels sortent des soldats.
      
    Ces derniers se précipitent et réprimandent tout ce qui peut ressembler à un étudiant français. Des rafales de coups de poing s'abattent sur les visages, des corps sont jetés et martelés au sol, cassant des côtes sous leurs gros sabots, la victime aux multiples fractures et saignements peine à se relever.
     
    Les trottoirs sont soudainement envahis par de petites voitures militaires allemandes, poursuivant les manifestant en zigzagant à vive allure. Les voiturettes heurtent volontairement les passants, les projetant face contre le bitume, et roulent sur les corps tombés.
     
    Des coups de feu retentissent ; la confusion sur la chaussée et sur les trottoirs est totale. On se précipite à l'abri dans les immeubles, ceci n'étant pas encore dotés de digicode on pouvait s'y introduire sans problème.
     
    C'est la folie. Tout le monde court dans tous les sens, se cognant entre eux, faufilant au passage quelques insultes, la peur broie le ventre de chacun.
     
    En quelques minutes, les rues sont désertes. Alors que les policiers avaient laissés s'installer et grandir des files composés de badauds et de manifestants, ils décident d'évacuer la Place de l'Etoile, où chacun attendait dans le silence le moment où il pourrait déposer son bouquet de fleurs sur la tombe du Soldat Inconnu.
     
    Les forces de l'ordre décident sans crier de les disperser, cependant personne ne bouge.
     
    Des agents tentent alors de repousser les gens de l'Arc de Triomphe, sans toutefois y parvenir.
      
    La colère monte : faisant appel à leurs collègues qui accourent des rues voisines, ils sont prêts à entrer en action.
      
    Le choc entre la police et la foule est d'une grande violence. Après l'arrivée des soldats, la révolte monte d'un cran : les occupants sont poussés hors du terre-plein à coups de crosse de revolver, à coups de pieds et aux gifles.
     
      
     
     
      
    Peu à peu, le nombre de victimes s'amplifient et certains résistent encore.
      
    Traînés, battus, ensanglantés, jetés dans des camions, les manifestants ont éprouvé de la surprise face à l'aggressivité déployé par la répression allemande.
     
     
    Les archives (ou du moins ce qui est consultable à la préfecture de police)
      
    et les témoignages - même si le dossier concernant la manifestation du 11 Novembre 1940 a été vidé - permettent de connaître quelques chiffres:
      
    le nombre de manifestants enregistré ce jour-là est estimé à deux mille cinq cents ; les arrestations, elles, à mille quarante et un.
      
     

    On compterai officiellement quinze blessés parmi les lycéens et les étudiants.
     
     
     
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