
Les camions militaires transportent des vieilles dames fatiguées et des enfants malades.
Les chars d’assaut et les corbillards pleins de gosses roulent côte à côte.
Les bennes à ordures véhiculent des tonnes d’archives inutiles.
Les autocars de Paris la nuit transportent des petites vieilles et des bonnes sœurs.
Des chiens sont attelés à des charrettes chargées de toutes les
richesses du foyer ; édredons postes de T.S.F., poupées,
habits du dimanche.
Le curé qui pousse sa servante sous un soleil de plomb dans la plaine nue.
Ce n’est pas du cinéma.
Des automobiles se traînent, des couvertures sur le toit prétendument pour amortir l’impact des balles.
Ces réfugiés ont chargé toute leur famille dans des limousines d’un autre âge. Ils affirment que des chars allemands les suivent.
Toujours la panique des chars. Des habitants d’Hirson montrent sur leurs carrosseries les trous d’éclats de bombes.
Ils ont été attaqués Sur la route par des avions.
Dans beaucoup d’autos, des blessés allongés sur les banquettes.
Personne pour les secourir.
Pas un médecin, ni une infirmière au village.
Une femme à genoux pleure dans un fossé devant son enfant blessé.
Passent des camions de déménagement, des voitures laitières, tous plein de réfugiés.
Personne ne soigne les blessés graves.
Les cavaliers français sont les premières victimes de l’intoxication collective qui voit des chars partout.
On leur parle d’une demi-division chargée de répandre le désordre à l’arrière des lignes.
Le pays de Laon est terrorisé par ces arrivées impromptues des engins ennemis, que les réfugiés signalent dans de nombreux villages.
Les piétons équipés pour la marche sont rares...
La plupart ont revêtu plusieurs habits les uns sur les autres, toute une garde-robe.
Ils portent une valise dans chaque main, un paquet ou un sac sur le dos.
Quand ils sont fatigués, ils jettent leurs bagages dans les fossés où ils sont pillés par ceux suivent.
On a pu décorer les soldats héroïques, enterrer avec honneur les marins, les aviateurs, les cavaliers et tankistes, les fantassins de Rethel ou de Dunkerque, les combattants des Alpes.
Les victimes des routes attaquées à la mitrailleuse et à la bombe n’auront jamais leur nom sur les monuments aux morts.
Ils sont souvent enterrés à la diable, dans des fosses communes,
sans identification.
On ne peut même pas les compter avec exactitude.
http://www.histoire-en-questions.fr/deuxieme%20guerre%20mondiale/France1940%20exode.html