• À l'ouest de Caen, juin 1944 La bataille de Tilly-sur-Seulles, 8-18 juin

     

     

    À l'ouest de Caen, juin 1944

    La bataille de Tilly-sur-Seulles, 8-18 juin

     

    En dix journées de combats acharnés, le bourg de Tilly-sur-Seulles, totalement ruiné, tomba finalement aux mains des Anglais.

    À partir de Gold, la progression de la 50e DI britannique avait été presque conforme au plan initial.

    Le 7 juin, ses éléments avancés avaient atteint Sainte-Croix-Grand-Tonne, sur la route nationale 13, entre Caen et Bayeux.

     

    Dans la matinée du 8 juin, la 8e brigade blindée et le 1er bataillon du Dorset Regiment avaient atteint la cote 103 au nord de Tilly-sur-Seulles, mais l'offensive fut ralentie devant Saint-Pierre,

    enlevée seulement le 9 au soir.

     

    C'en était fini de la conquête rapide.

     

    Armored infantry of the German Wehrmacht are pictured during the Battle for Caen near Tilly-sur-Seulles in France in June 1944.

    Photo: Berliner Verlag/Archiv



    Devant les forces anglaises, pourtant complétées par la 7e DB, se dressait désormais une des plus redoutables formations de la Wehrmacht : la Panzer Lehr, ancienne unité d'instruction, devenue combattante et équipée de matériels performants.

     

    Elle était commandée par le général Fritz Bayerlein.

     

    Avec ses 184 chars et ses 600 véhicules blindés, la division utilisa tous les accidents de terrain, mena une guerre dans laquelle l'effet de surprise, le camouflage, le raid limité mais dévastateur allaient être le lot quotidien.

    Arrêt, donc, de l'offensive anglaise, devant le mur d'acier et de feu déployé entre Fontenay-le-Pesnel et Hottot-les-Bagues.

     

    Mais, de son côté, la Wehrmacht n'est plus en état, temporairement, de mener une offensive : l'état-major du général Geyr von Schweppenburg s'était installé imprudemment en terrain découvert à La Caine, près de Thury-Harcourt.

     

    Commandant le Panzergruppe West, il préparait une offensive pour la nuit du 10 au 11 juin. Repéré, identifié par la Résistance, il fut bombardé par l'aviation alliée. On releva 17 morts, dont 12 officiers.

     

    Le général Ritter, chef d'état-major, faisait partie des victimes ; von Schweppenburg fut blessé.

     

    L'offensive fut annulée.

     

    À l'ouest de Caen, on s'enfonça donc dans une guerre d'infanterie, les chars jouant le rôle d'appuis défensifs ou accompagnant des coups de main limités.

    Le château de Boislonde fut pris et repris plusieurs fois. L'artillerie de marine intervenait depuis la côte.

     

    Les obus de 380 retournaient les chars Panther ou Tiger

    comme des fétus ; pour leur part, les Sherman ou Cromwell étaient détruits à plus de 1 500 m de distance par les chars allemands ou les canons de 88 embusqués.

    Tilly-sur-Seulles était sans doute un des premiers villages totalement détruits lorsque, le 18 juin, les fantassins de la 56e brigade emportèrent définitivement la position.

     

    Le combat allait continuer, dans des conditions aussi terribles, sur la ligne Lingèvres/Hottot/les-Bagues/Fontenay-le-Pesnel.

    Villers-Bocage - L'échec du mouvement tournant - 13 juin

    Après avoir perdu 3 000 hommes à Omaha, le Ve corps américain avait brillamment rétabli la situation. Les défenses allemandes s'étaient pratiquement effondrées dans le Calvados ; elles cherchaient surtout à protéger Carentan.

     

    Le général Bucknall, commandant le XXXe corps britannique, décida d'exploiter la situation.

    Puisque, le 11 juin, les Américains étaient aux portes de Caumont, il organisa un vaste mouvement tournant qui avait pour objectif de contourner les forces allemandes et, surtout, de passer au sud de Caen qui serait ainsi enfin encerclée.

     

    C'est à la 7e DB du général Erskine que fut confiée la mission. Les chars Cromwell des “Rats du désert”, qui s'étaient illustrés à El-Alamein déboîtèrent de Tilly, franchirent l'Aure et pénétrèrent dans Villers-Bocage, le 13 juin. En tête, la 22e brigade remontait la route à la sortie de Villers-Bocage, en direction de Caen.

     

    Soudain, le char de tête explosa.

     

    Un énorme char Tiger, 45 tonnes, 10 cm de blindage à l'avant, venait de surgir d'un petit bois, le long de la route.

     

    Aux commandes, le lieutenant Michaël Wittmann, l'as des blindés allemands, qui totalisait déjà 120 victoires sur le front est.

    Il remonta toute la colonne, tirant à bout portant au canon ou à la mitrailleuse.

     

    Touché à la chenille, son char finit par s'arrêter, mais d'autres Panzer étaient venus en renfort.

    La 22e brigade a perdu 200 hommes ;

     

    25 chars, 14 automitrailleuses, 14 half-tracks sont autant de ferrailles calcinées le long de la route.

    Quelques heures plus tard, des éléments de la 2e Panzer, qui venait d'arriver sur le front, occupèrent Villers-Bocage, après un violent combat de rue.

     

    Les “Rats du désert” se retirèrent à l'ouest du bourg, résistèrent aux attaques allemandes puis reçurent l'ordre de se replier dans le secteur de Livry.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Dans la nuit du 14 au 15, ils firent mouvement.

     

    Afin de protéger cette retraite, le général Dempsey donna l'ordre aux forces aériennes de détruire, outre Villers, deux carrefours routiers : Évrecy et Aunay-sur-Odon.

     

    Dans ce secteur, le front allait également se stabiliser. Il n'y aurait pas, dans un proche avenir, d'encerclement de Caen par l'ouest.

    L'opération Epsom et la bataille de l'Odon - 25 juin-1er juillet

    La bataille de Caen s'enlisait en ces premières semaines de juin.

     

    À l'est de l'Orne, les parachutistes menaient une guerre qu'ils n'avaient pas imaginée.

     

    De l'autre côté, autour de Carpiquet, Rots, Buron, Saint-Contest, les Canadiens et la 12e SS menaient une lutte sans merci.

    C'est ainsi que des prisonniers du North Nova Scotia furent abattus dans l'abbaye d'Ardenne, alors QG de Kurt Meyer, dit Panzer Meyer.

    La 21e Panzer et la 12e SS verrouillaient Caen. Sous le soleil ou dans la boue, on creusait des tranchées, des abris individuels : Dig or die.

     

     

    Il fallait donc rompre le front, en montant la première grande offensive depuis le 6 juin.

     

     

     

    L'opération Epsom avait pour objectif la plaine de Caen.

     

    À partir d'une ligne Cristot-Norrey-en-Bessin, on franchirait l'Odon, puis l'Orne, pour encercler Caen par le sud. L'attaque se ferait à la jonction de la Panzer Lehr et de la Hitlerjugend.

    Les Britanniques réunirent 90 000 hommes, 600 chars et 700 canons. Comme dans la bataille de Tilly, l'artillerie de marine soutenait l'offensive. L'attaque avait été fixée primitivement au 18 juin.

     



    Mais les conditions météorologiques se dégradaient et la tempête sur la Manche (19-22 juin) risquait de compromettre les approvisionnements.

     

    Il fallut attendre le 25 juin : une première offensive fut lancée sur Fontenay-le-Pesnel et Rauray.

    C'est le 26 au matin, après une nuit pluvieuse, que l'opération Epsom proprement dite fut lancée, dans la brume et sous les nuages.

     

    Seuls, les appareils basés en Normandie pouvaient assurer une médiocre protection aérienne.

     

     

    Saint-Manvieu et Cheux furent enlevées, au prix de terribles corps à corps avec les grenadiers de la 12e SS.

     



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    Colonne de Panzer Grenadiers SS montant en ligne dans un village près de Caen. 25-30 juin 1944.

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    Char Panzer recouvert de branchages à l'arrêt dans un village en ruines. Il s'agit du char n°200 de la 2e compagnie, 6e régiment, division Panzer Lehr. Juillet 1944.

    Le 27, les Écossais de la 15e division atteignirent la vallée de l'Odon. Déjà difficile dans les blés hauts, le combat devint âpre dans les bosquets, les haies, les minuscules prairies. Dans l'après-midi, un détachement avancé des Argyll and Sutherland Highlanders réussit à enlever, intact, le pont de Tourmauville. Ils le défendirent jusqu'à l'arrivée des blindés de la 11e DB britannique qui se ruaient sur l'autre rive pour créer une tête de pont. La division avança jusqu'à la cote 112, point culminant dans la plaine de Caen, à proximité d'Esquay-Notre-Dame.

    Le 28, un autre pont a été capturé par la même unité qui a progressé au fond de la vallée de l'Odon jusqu'à Gavrus. Le terrain conquis au-delà de l'Odon forme un petit saillant appelé “couloir (ou corridor) des Écossais”. II allait être l'objet de contre-attaques meurtrières, le 29 juin et le 1er juillet. Profitant du mauvais temps, les Allemands avaient pu regrouper des unités prélevées sur tout le front.

    Mais ce 29 juin, le temps s'est éclairci. À peine la formation d'attaque s'est-elle constituée que les Jabos (“chasseurs bombardiers”, en allemand) interviennent. La contre-offensive allemande reprit à 14 h 30. L'artillerie de marine, les canons de campagne britanniques, puis les canons antichars la brisèrent.

    L'opération Epsom avait tourné court. Ni l'Orne, ni la plaine de Caen, ni même la cote 112 n'étaient atteintes. Mais ce demi-succès britannique fut peut-être la bataille décisive dans la campagne de Normandie. Les pertes en chars des Allemands allaient désormais les contraindre à une guerre défensive. À défaut d'une belle manœuvre d'encerclement, dont rêve tout général en chef, Montgomery avait atteint un des buts de sa stratégie : fixer le plus grand nombre de forces allemandes autour de Caen, épuiser les ressources adverses en hommes et en matériel. Début juillet, 7 des 9 divisions blindées allemandes engagées en Normandie faisaient face à l'armée du général Dempsey.

    Mais la ville de Caen n'était toujours pas libérée.


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    Soldats britanniques blessés au cours de l'opération Epsom sur le point d'être évacués. Juillet 1944.

    Le 28 juin 1944, la chasse canadienne partie d'un des 20 aérodrome de campagne britannique remporte un beau succès sur l'une des rares sorties de la chasse allemande

    A l'ouest de Caen, les soldats de la 8e brigade canadienne lance l'attaque, le 4 juillet, contre Carpiquet et son aérodrome.

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