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    L'Europe avant-guerre, 1932-1939


    Hongrois, immigré, Endre Friedmann se jeta dans la photographie de reportage avec un talent, un brio, un courage qui ont fait de lui le père de tous les photojournalistes.

     

     

    En 1931, alors qu'il avait tout juste dix-sept ans, Endre fut arrêté en raison de sa participation aux activités hostiles au gouvernement conservateur de l'amiral Miklós Horthy.

     

     

    Un jeune immigré hongrois


    Il partit donc dès juillet pour Berlin où il s'inscrivit à la Hochschule für Politik, afin d'y étudier non le photoreportage mais le journalisme, qui lui aurait permis de concilier son amour pour la politique et la littérature. Peu après, la récession économique mondiale contraignit ses parents à ne plus payer ses études.

     

     

    Il quitta donc l'école et obtint un poste d'assistant à la Dephot (Deutscher Photodienst), une agence de photojournalisme de premier plan, fondée en 1928 par un de ses compatriotes, Simon Guttmann. Il y apprit les rudiments du tirage et du développement, fut rapidement promu assistant puis apprenti-photographe, Simon Guttmann l'ayant distingué.

     

    En novembre 1932, la Dephot, dont aucun des membres n'était disponible, envoya Friedmann à Copenhague, pour photographier Trotski donnant une conférence sur la révolution russe.

     

     

     

    Ce reportage sur le révolutionnaire en exil fut publié avec succès dans le Weltspiegel du 11 décembre suivant, avec comme

    crédit "Friedmann-Degephot".

     

     

    Si ces photographies laissent à désirer du point de vue technique, elles font déjà preuve d'une intensité et d'une proximité qui deviendront ensuite le "label" Capa.

     

     

    Avant qu'il ait pu tirer avantage de cette gloire naissante, il dut fuir l'Allemagne.

     

     

     

     

     

    La crise économique et financière qui frappait le pays depuis le début des années trente avait créé une situation favorable à la montée du national-socialisme et Hitler était devenu chancelier le 30 janvier 1933.

     

     

     

    Triplement inquiété comme immigré, comme juif et comme gauchiste, Endre s'enfuit à Vienne et de là, se rendit à Paris à l'automne 1933.

     

     

     

     

    Il fit la connaissance d'autres photographes dont certains devinrent ses amis : parmi eux André Kertész.

     

     

    Avec David Szymin (Seymour) dit "Chim", réfugié juif polonais, qui travaillait pour l'hebdomadaire communiste Regards,

     

     

    et Henri Cartier-Bresson, il constitua un trio d'amis qui répondait au surnom des "Trois mousquetaires".

     

     

    Tous trois, profondément différents par l'origine sociale, religieuse et géographique, étaient néanmoins unis par une amitié sincère, qui devait aboutir à la fondation de l'agence Magnum, avec quelques autres compères, après la Seconde Guerre mondiale.

     

     Robert Capa was one of the world’s most famous war photographers, but


    En septembre 1934, Endre, qui se faisait alors appeler André, fit la connaissance de Gerda Pohorylle, une réfugiée juive allemande d'origine polonaise, plus âgée que lui de trois ans, aux opinions politiques très marquées à gauche.

     

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    "La pequeña rubia"


    Profondément séduisante avec son minois aux yeux verts couronné de cheveux teints en roux (les Espagnols devaient la surnommer

    "la pequeña rubia"), elle fit la conquête d'André.

     

    Gerda Taro (© Robert Capa)

    GERDA (© Robert Capa)

     

     

    André rencontre Gerda, une femme de gauche engagée qui va devenir sa compagne et son agent, et avec qui il prévoit de se fiancer. Ils partagent ensemble la conviction que la photographie peut être un atout efficace dans la lutte antifasciste. En France, la mauvaise maîtrise de la langue d’André le dessert, ainsi que son nom « Friedmann » : sur la place de Paris, un photographe plus âgé que lui et bien implanté, Georges Friedmann, provoque la confusion dans les magazines qui ont pour usage de ne citer que les noms de famille…

     

    En 1936, André et Gerda décident donc de lui créer un personnage :

    « il sera américain, séduisant et apprécié, il s’appellera Robert Capa »

     

    Elle n'était pas seulement pour lui une compagne, mais aussi un agent avisé.

     

     Second Sino-Japanese        War

    Elle tapait à la machine les légendes de ses photographies, en retour il lui apprit la prise de vue.

     

     

    En octobre 1935, Gerda commença à travailler pour Maria Eisner, fondatrice d'Alliance-Photo.

     

     Gerda au front, à Brunete (© Robert Capa)

     

    Gerda au front, à Brunete (© Robert Capa)

     

     

    L'agence était assez florissante pour nécessiter l'emploi d'une assistante.

     

     Spanish Civil War

    Au printemps de 1936, les ventes se faisant rares, André et Gerda utilisèrent un subterfuge en forgeant de toutes pièces la légende d'un photographe américain prestigieux du nom de Robert Capa.

     

     

    Gerda proposa les photographies d'André comme celles de Robert Capa.

     

     

     

     

    Les rédacteurs furent tentés d'en acquérir et de les publier.

     

     

    La naissance de Robert Capa

     


    Pour son pseudonyme de Capa, André Friedmann s'inspira, semble-t-il, du nom de Frank Capra, metteur en scène américain d'origine sicilienne dont le film New York-Miami (It happened one night) avait obtenu en 1934 plusieurs oscars.

     

     

    Selon d'autres sources, il aurait été surnommé "Cápa" (requin en hongrois) dès son enfance.

     

     

    Quant au prénom, il est d'une origine semblable, puisqu'il est emprunté à Robert Taylor.

     

     

    À la même époque, Gerda prit le pseudonyme de Taro.

     

    Le nom de Gerda Taro avait une vague consonance avec celui de Greta Garbo.

     


    En 1934 ou 1935, Capa effectua un reportage à Lisieux, à l'occasion d'une des nombreuses cérémonies religieuses liées au culte de sainte Thérèse, dont un ensemble de "vintages" a pu être acquis au début de l'année 2004 par la Bibliothèque nationale de France.

     

     

    Ces photographies, d'une grande modernité, n'ont pas fait l'objet de publication dans la "bonne presse" ou dans la presse d'information générale de l'époque, qui préféra, plutôt que des sujets de proximité, des vues générales montrant l'ampleur des manifestations et l'affluence des pèlerins.

     

     


      

     

     

     

    En 1934 ou 1935, Capa effectua un reportage à Lisieux, à l'occasion d'une des nombreuses cérémonies religieuses liées au culte de sainte Thérèse, dont un ensemble de "vintages" a pu être acquis au début de l'année 2004 par la Bibliothèque nationale de France.

     

     

    Ces photographies, d'une grande modernité, n'ont pas fait l'objet de publication dans la "bonne presse" ou dans la presse d'information générale de l'époque, qui préféra, plutôt que des sujets de proximité, des vues générales montrant l'ampleur des manifestations et l'affluence des pèlerins.

     

     


    La guerre d'Espagne


    C'est la guerre d'Espagne qui permit à Capa, et dans une moindre mesure, à Gerda Taro, d'émerger comme photoreporters.

     

     

    La guerre avait éclaté le 17 juillet 1936.

     

     

    Dès le 5 août, Capa et Taro,

     

    envoyés par Lucien Vogel, rédacteur en chef de Vu, arrivèrent à Barcelone et commencèrent à photographier les combats, Capa avec un Leica et Taro avec un Rolleiflex.

     

     

    Dans l'esprit des jeunes gens, ces appareils photographiques n'étaient pas seulement un gagne-pain, mais une arme, afin d'obtenir l'appui international à la cause républicaine.

     

     

    À la gare de Barcelone, ils photographièrent les soldats partant pour le front d'Aragon, se séparant de leurs femmes ou de leurs fiancées.

     

    Ils se dirigèrent ensuite vers Huesca et Saragosse, région où servaient dans les milices beaucoup de réfugiés allemands, ce qui facilitait les échanges.

     

         
       
    Au verso, tampon à l’encre noire :
    Please credit ROBERT CAPA – MAGNUM / COURTESY – LIFE MAGAZINE.
    Légende dactylographiée sur papier collé :
    Panel 4. The moment of death, one of Bob Capa’s most dramatic photos, was taken in the instant a Loyalist soldier was dropped by a bullet through his head during the battle to defend Cadiz in the early part of the Spanish civil war, from the encircling insurgent forces.
    (Le moment de la mort, une des photos les plus dramatiques de Robert Capa, a été prise à l’instant où un soldat loyaliste fut frappé d’une balle en pleine tête pendant la bataille livrée au début de la guerre d’Espagne pour défendre Cadix encerclée par les troupes insurgées.)
     
    Photograph by Robert Capa
    © 2001 by Cornell Capa / Magnum Photos.

     

     

    Le milicien espagnol


    Dès son premier voyage Capa prit, sur le front de Cordoue, la fameuse photographie du milicien espagnol frappé par une balle, et la photographie fit le tour du monde, suscitant des commentaires enthousiastes.

     

    Bien qu'elle soit hautement controversée, elle est à l'origine du mythe Capa.

     

     

    Publiée pour la première fois par la revue française Vu et un an plus tard par Life, c'est l'une des images les plus importantes de l'histoire de la photographie. Ils arrivèrent à Madrid le 18 novembre ;

     

     

    Capa passait la majeure partie de son temps avec la XIIe Brigade internationale, dont le commandant, un homme énergique et charismatique, était le général Lukács, un Hongrois, et le commissaire politique Gustav Regler, dont Capa avait fait la connaissance à Paris, dans une association d'écrivains allemands émigrés. Ils photographièrent ensuite les réfugiés à Almeria et Murcia.

     

     


    Au début de mars 1937, Capa et Taro se mirent à travailler pour  Ce soir, un périodique du Front populaire de création récente dont le rédacteur en chef était Louis Aragon.

     

     

    Ils photographièrent les combats du côté de Bilbao (région industrielle dont les ressources intéressaient Franco) et, le 7 mai, la bataille du mont Sollube. Fin mai, ils retournèrent à Madrid et s'installèrent à l'hôtel Florida, quartier général des journalistes et des intellectuels, où ils rencontrèrent Hemingway.

     

     

     

    Le 31 mai, Capa et Taro étaient au Paso de Navacerrada près de Ségovie pour couvrir l'offensive républicaine malheureuse qu'Hemingway a décrite dans Pour qui sonne le glas.

     

     

    Hemingway lui-même n'était pas présent sur le théâtre des opérations et s'est fondé non seulement sur les photographies de Capa, témoin oculaire, mais aussi sans doute sur des compte-rendus écrits. De retour à Madrid, ils photographièrent la bataille de Carabanchel et couvrirent les funérailles du général Lukács, tué à Huesca le 12 juin.

     

     

    La disparition de Gerda Taro


    Quand Capa rentra à Paris pour affaires, Gerda, qui menait une carrière de photojournaliste indépendante, lassée sans doute de voir ses photographies signées du nom de son amant à côté du sien, voire à la place du sien, resta en Espagne, pour couvrir le congrès international des écrivains.

     

     

    Cerise sur la valise, l’une des trois boîtes retrouvées au Mexique contenait une série de portraits de Gerda Taro réalisés par Fred Stein, où l’on découvre une jolie fille, un peu garçon manqué, avec une belle aptitude à la pose.
      
      
    Sa carrière de photo reporter
    n’aura duré que onze mois.

     

     

    Derrière le photographe Robert Capa : cherchez la femme

     
    L'influence de Gerda Taro sur la vie et l'oeuvre du photographe : un extrait du film documentaire consacré à Robert Capa.
    ©Educational Broadcasting Corporation and Muse Film and Television

    Ses photographies de guerre l'ont rendu célèbre. Robert Capa est une légende.

    Une légende forgée par Gerda Taro, une toute jeune femme qui fut son grand amour, photo-reporter

     

    Pendant qu'elle suivait les violents combats de Brunete, à l'ouest de Madrid, pour le journal Ce soir, elle trouva la mort dans la collision avec un char loyaliste de la voiture sur le marchepied de laquelle elle était montée, le 25 juin 1937.

     

     

    Transportée dans un état désespéré à l'hôpital de l'Escorial, elle mourut le lendemain au petit jour.

     

     

    Ce drame suscita en France une vive émotion.

     

    Elle était la première femme photographe morte au combat.

     


    La mort de cette femme qu'il avait espéré épouser

    (il l'avait demandée en mariage au printemps 1937 mais elle avait refusé)

     

     

    laissa une blessure profonde dans le cœur de Capa, qui ne s'en remit jamais tout à fait.

     

     

    L'année suivante fut publié à New York l'ouvrage de Capa, Death in the making, sur une maquette d'André Kertesz, dédié à Gerda.

     


    Réticent à retourner sur le théâtre de la guerre où sa compagne était morte, il photographia tout de même la bataille de Teruel qui s'annonçait comme trop importante pour qu'il fit passer au premier plan sa douleur personnelle.

     

     

    Il y arriva le 21 décembre 1937.

    Puis il partit pour la Chine.

     

     


    L'automne suivant, Capa retourna en Espagne pour suivre le départ des Brigades internationales, photographia l'émouvante

    cérémonie de la Despedida puis en novembre les batailles de Mora de Ebro et du Rio Segre, sur le front aragonais, images peut-être les plus dramatiques de sa carrière.

     

     

    Ces batailles d'usure achevèrent de ruiner le potentiel militaire des républicains.

     

     

    Les puissantes images de Capa ont joué leur rôle et contribué à attirer la sympathie sur les troupes loyalistes.

     

     

    En décembre, la prestigieuse revue anglaise Picture Post de Stefan Lorant publia huit pages de photographies de guerre de Capa, alors âgé de 25 ans, le proclamant "plus grand photographe de guerre du monde" (livraison du 3 décembre), avec en couverture un portrait de Capa filmant pris deux ans plus tôt par Gerda Taro.

     


    La fin de la guerre d'Espagne approchait.

     

     

    Plus de 400 000 personnes, civils ou militaires, se réfugièrent en France.

     

     By: Brandon Diaz

     

    Le gouvernement français leur ouvrit des camps à Perpignan, Argelès-sur-Mer

    et Le Barcarès.

     

    Stefan Lorant commanda un reportage sur ces camps à Capa qui photographia ensuite les orphelinats de Biarritz.

     

    Afficher l'image d'origine

    La Chine

     


    L'épisode chinois se situe entre deux périodes de reportage sur la guerre civile espagnole.

     

     

    Capa décida d'aller passer quelques mois en Chine avec le documentariste néerlandais Joris Ivens, rencontré en Espagne, et l'opérateur John Fernhout pour photographier la résistance chinoise à l'invasion japonaise commencée l'année précédente.

     

    Le Japon étant allié à l'Allemagne, la guerre en Chine fut considérée par beaucoup comme le front oriental d'une lutte internationale contre le fascisme, dont l'Espagne constituait le front occidental.

     

    Capa produisit de remarquables documents sur la bataille de Taierzwang et les raids aériens japonais contre Hankow.

     

    Il réalisa également un étonnant reportage sur madame Tchang Kaï-chek, ainsi que plusieurs photographies comptant parmi ses plus belles créations sur un plan purement plastique.

     

     


    Le Tour de France de 1939


    Capa "couvrit" le Tour de France de 1939 pour le compte de Match et de Paris-Soir. Raymond Vanker, qui suivit lui aussi le Tour, se souvient de l'intrépidité de Robert Capa, l'un des premiers à prendre des photographies sur le tansad d'une moto. Dans le reportage du Tour, comme dans les conflits, Capa se montre toujours intéressé par ce qui se passe en marge de l'action.

     

    1939 - 

    Robert Capa
    Le magasin de cycles de Pierre Cloarec, rue René Madec, à Quimper
    Tour de France, juillet 1939

     

     

    C'est ainsi qu'il photographie, autant que les coureurs, les spectateurs, et qu'il réalise un ensemble d'images étonnant sur la famille d'un des célèbres coureurs du temps, Pierre Cloarec, dit "le Colosse de Pleyben".

     

     


    La Seconde Guerre mondiale


    Vint la Seconde Guerre mondiale.

     

    Triplement suspect comme juif, émigré d'Europe centrale et connu pour ses activités de gauche, Capa s'enfuit de Paris en octobre 1939 pour rejoindre sa famille à New York.

     

     

     

    Après la déclaration de guerre, on lui interdit, en tant que ressortissant d'un pays ennemi, de s'éloigner à plus de dix miles du district de New York et il n'avait plus le droit de faire des photographies mais il réussit à obtenir une accréditation de l'armée américaine.

     

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    Il couvrit les opérations d'Afrique du Nord, et la libération de l'Italie dont il a laissé des images particulièrement poignantes, notamment celles des obsèques d'écoliers napolitains.

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    « Si ta photo n'est pas bonne, c'est que tu n'es pas assez près » :

     

    telle est la devise de Robert Capa, photographe de guerre

    pour le Life magazine.

     

    En 1944, à 30 ans, il est déjà célèbre : il a couvert l'invasion de la Chine par le Japon et la Guerre d'Espagne.

     

     

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    Le 6 juin, il a le privilège de pouvoir débarquer avec la première vague d'assaut américaine sur Omaha Beach.

     

    Sur les 226 photos qu'il prend ce jour-là, seules 11 seront récupérables, mais floues : les laborantins du bureau londonien de Life, affolés, en ont raté le développement...

     

    Robert Capa


    Pour couvrir les opérations du Débarquement en Normandie, six photographes de Life furent accrédités.

     

     

     

     

    Par ordre alphabétique, Robert Capa, Bob Landry, Ralph Morse, George Rodger,

    David Scherman et Frank Scherschel.

     

     Robert Capa

    Capa, qui était d'un tempérament joueur (mais ne misait jamais sur le bon cheval) opta pour la compagnie E, lors de la première vague.

     

     

     

          Robert Capa
    Débarquement
    Omaha Beach (Colleville-sur-Mer), 6 juin 1944
    Tirage sur papier baryté, 23 x 34,5 cm
    BNF, Estampes, acquisition 1964-12200. Ep-25-Fol.

     

    Il fut le premier à débarquer avec la première vague du 116e à Omaha, dans un secteur dénommé Easy Red, et réussit à saisir l'événement sur le vif.

     

    Mais par une erreur de manipulation au laboratoire, sur quatre bobines, trois furent détruites.

     

    Sur la quatrième seules onze images furent utilisables.

     

    En raison de leur grain (peut-être accentué par l'accident survenu au développement) elles sont les plus bouleversantes images de guerre jamais prises.

     

     

    Il fut l’un des photographes de guerre les plus célèbres et a couvert les plus grands conflits de son époque..surtout le Jour J du débarquement. Il avait fait de nombreux clichés...

    presque 30 pellicules...la plupart sont tombées dans la mer...

     

    il lui en restait 7.. des photos qui ont fait le tour du monde...

    des soldats sur les plages de Normandie..

    le 6 juin 1944.

     

     

     

     

      

    Le jour J est resté à jamais gravé dans la mémoire collective grâce à ces photographies.

     

     Enfant sur un char


    Il couvrit ensuite la campagne de Belgique et la chute du Troisième Reich.

     


    L'après-guerre : Russie et Israël


    À la fin des années quarante, Capa prit part à divers projets avec ses amis intellectuels. Durant l'été 1947 il voyagea un mois entier en Russie avec John Steinbeck et de cette expérience naquit un reportage pour le Ladies'Home Journal, dont Réalités acquit les droits, ainsi qu'un livre, A Russian Journal, avec des textes du grand écrivain flanqués de photographies de Capa.

     

     

    L'année suivante il réalisa un reportage photographique en Hongrie et en Pologne avec le journaliste Theodore H. White, pour le compte de la revue Holiday. Enfin, il couvrit la création du nouvel État d'Israël, la première guerre israélo-palestinienne, et avec le romancier Irwin Shaw, il publia le livre Report on Israël.

     

    Indochine

     


    En avril 1954, Capa fut invité pour trois mois au Japon, comme hôte du Manaichi Shimbun, pour contribuer au lancement d'une nouvelle revue photographique. Life lui demanda de prendre pendant un mois, en Indochine, la place d'un collègue américain. Il accepta, malgré les objurgations de quelques amis.

     

     

    Capa, accablé de problèmes divers (il avait pris du poids, souffrait du dos, et surtout, comme toujours, avait besoin d'argent), voulait prouver qu'il était encore le meilleur photographe de guerre. Il était prisonnier de sa légende.

     


    Pour qui connaît la fin de l'histoire, il est impossible de ne pas déceler, rétroactivement, quelque chose de prémonitoire dans les dernières images de Capa : ces femmes en pleurs dans un cimetière, ce panneau indiquant la direction de Thai Binh, où il allait tomber, ces soldats vus de dos s'éloignant dans les herbes.

     


     

     

     

    Le 25 mai, il suivait, en compagnie de deux Américains, un convoi de soldats français occupés à évacuer, dans le delta du fleuve Rouge, après la capitulation de Diên Biên Phû, deux fortins désormais indéfendables.

     

    C'est là qu'il trouva la mort en sautant sur une mine, un appareil photographique dans chaque main.

     

    Les Français lui décernèrent les honneurs militaires à Hanoï.

     

     

    Au-delà d'un immense photographe de guerre, Robert Capa fut un photoreporter dans le sens le plus large de ce terme, capable de saisir avec un égal talent l'émotion, le drame ou la joie, et de jeter sur le monde qui l'entourait un regard non dénué d'humour mais toujours bienveillant.

     

     Les DERNIERS INSTANTS de ROBERT CAPA

    Il ne devait pas couvrir l'Indochine, mais Life n'avait pas de journaliste dispo et Capa n'était pas loin, de passage au Japon pour une expo Magnum. Il accepte. Comme toujours, il traite le sujet au plus proche de l'humain, présentant par exemple la récolte du riz pendant la bataille du delta du Tonkin.

     

    C'est en voulant cadrer une photo d'ensemble des soldats français qu'il recule et marche sur un détonateur. Naissance d'une légende.


    SOURCES - Lien - http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/

     

     

     

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    Il fut l’un des photographes de guerre les plus célèbres et a couvert les plus grands conflits de son époque..surtout le Jour J du débarquement. Il avait fait de nombreux clichés... presque 30 pellicules...la plupart sont tombées dans la mer...

    il lui en restait 7.. des photos qui ont fait le tour du monde...des soldats sur les plages de Normandie..le 6 juin 1944.

     

     

     

     

      

    il s'est tué en Indochine le 25 mai 1954 sur une mine antipersonnelle.

    un Maître.

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de génie...

     

    ROBERT CAPA, grand photographe américain et journaliste qui a photographié le débarquement...il a perdu 30 négatifs dans l'eau...il lui en ai resté que 7..

    des photos exceptionnelles, comme lui...

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de génie...

      

    Angleterre :

    Robert CAPA.photographer on a destroyer during the ship arrivals in French beach for landings and liberation of Fance. © ROBERT CAPA/MAGNUM PHOTOS

     

     

    Robert Capa, né Endre Ernő Friedmann le 22 octobre 1913 à Budapest et mort le 25 mai 1954 en Indochine, est un photographe américain d’origine hongroise.

     

    Il a couvert les plus grands conflits de son époque et est un des fondateurs de la coopérative photographique Magnum, première de ce genre à voir le jour.

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de génie...

     

     

    À 4 heures, on nous rassemble sur le pont supérieur. Les vedettes de débarquement se balancent au bout des grues, prêtes à être descendues. Attendant la première lueur du jour, les 2000 hommes se tiennent debout dans un silence total; et quelles que soient leurs pensées, ce silence ressemble à une prière.

      

    Moi aussi j’attends en silence. Je pense un peu à tout, à des prés verts, à des nuages roses, à des moutons qui broutent, à tous les bons souvenirs et surtout à faire les meilleures photos de ce jour.

    Aucun de nous ne s’impatiente et nous resterions volontiers dans l’obscurité toute la journée. Mais le soleil, ignorant que ce jour serait différent de tous les autres, s’est levé à l’heure habituelle.

      

    Les premiers appelés entrent en trébuchant dans leurs vedettes et - comme dans des ascenseurs au ralenti – on nous descend jusqu’à l’eau.

    La mer houleuse nous trempe immédiatement. Immédiatement les vomissements commencent. Mais cette invasion est si raffinée, si soigneusement préparée que des petits sacs en papier ont été prévus.

      

    Bientôt le mal de mer bat tous les records et j’imagine qu’il va devenir l’emblème même de toutes les célébrations du jour J. La côte normande est encore à des kilomètres quand le bruit du premier éclat de balle percute nos oreilles.

      

    On se jette à plat ventre dans les vomissures sans plus surveiller la côte qui s’approche. Le fond plat de notre vedette racle le sol de France. Le maître d’équipage baisse l’avant en fer et là, entre les obstacles d’acier aux silhouettes grotesques plantés dans l’eau, apparaît une mince bande de terre noyée dans la fumée – notre Europe, la plage.

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de guerre américain de génie...

     

     

    Ma belle France est repoussante et l’horrible, et la mitrailleuse allemande qui fait crépiter ses balles tout autour de notre vedette bousille mon retour. Les homes de mon bateau pataugent dans l’eau jusqu’à la taille, leurs fusils prêts à tirer. L’eau est froide à la plage et la plage est encore à plus de 100 mètres.

     

    Les balles trouent la mer tout autour de moi. Le jour est à peine levé et le temps trop couvert pour faire de bonnes photos mais l’eau grise et le ciel plombé font ressortir les petits hommes embusqués derrière les défenses surréalistes inventées par les experts antidébarquement.

      

    Les Allemands jouent maintenant de tous leurs instruments et je ne vois aucun trou entre les obus et les balles qui barrent les 30 derniers mètres avant la plage.

    La marée monte et l’eau atteint maintenant ma lettre d’adieux dans la poche de ma chemise. Protégé par les deux hommes qui me précèdent, j’arrive sur plage. Je me jette par terre et mes lèvres touchent la terre de France.

      

    Je n’ai pas envie de l’embrasser. Saint-Laurent-sur-Mer a dû être une station balnéaire moche et bon marché pour les instituteurs français.

      

    Aujourd’hui, le 6 juin 1944, c’est la plage la plus laide du monde entier. Épuisés par l’eau et la peur, nous sommes étendus sur une petite bande de sable mouillé entre la mer et les fils de fer barbelés.

    À condition de rester couchés, la pente de la plage nous protège un peu de la mitrailleuse et des balles mais la marée nous oblige à nous rapprocher des barbelés où les fusils s’en donnent à cœur joie.

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de guerre américain de génie...

      

      

    Un obus tombe entre les barbelés et la mer, et chacun de ses éclats frappe un corps. Le prêtre irlandais et le médecin juif sont les premiers à se mettre debout sur la plage. Je prends frénétiquement photo sur photo.

      

    Une demi-minute plus tard mon appareil se bloque, le rouleau est fini.

      

    J’en cherche un nouveau dans mon sac; mes mains mouillées et tremblantes bousillent le nouveau film avant que je puisse le mettre dans l’appareil. Je m’arrête quelques secondes… et c’est encore pire.

      

    L’appareil vide tremble dans mes mains. Une peur nouvelle et différente me secoue des doigts de pieds aux cheveux et me tord la figure. Je décroche ma pelle et j’essaye de creuser un trou.

      

    La pelle cogne une pierre sous le sable et je la jette au loin. Les hommes autour de moi sont étendus, immobiles.

    Seuls les morts, à la limite de la marée, roulent avec les vagues.

    Robert Capa

     

     

    Robert Capa taking a smoke break

     

     

     

     

      

     

     

     

    Robert Capa - Pablo Picasso

    Robert Capa. Pablo Picasso et Françoise Gilot

    (en arrière-plan, le neveu de Picasso Javier Vicaro),

    Golfe-Juan (1948)

     

     

     

    Greta Taro et    Robert Capa

     

     

    Robert Capa - Le tour de France - 1939

    Robert Capa. Le tour de France, Le magasin de cycles

    de Pierre Cloarec à Quimper (1939)

     

     

     

     

     

    Si tout le monde a entendu parler du photographe Robert Capa, il n'en est surement pas de même de Gerta Porohylle, qui fut sa compagne.

      

    Gerta est une juive qui a fuit la Pologne fascisante pour se réfugier à Paris en 1935. Vivant avec son amie Ruth, elle fréquente les intellectuels de gauche et les autres réfugiés. Vivotant de petits boulots, elle fait la rencontre d'un certain André Friedmann, photographe hongrois, pour qui elle va servir de modèle. Les 2  jeunes gens sympathisent et André, accompagné de son ami David Seymour (dit Chim), va initier Gerta à la photographie.

     

    Leur relation va évoluer lentement pour aboutir à un amour passionné qui mènera les 2 photographes sur les terres espagnoles en pleine guerre civile.

     

     

          

     

     

    En attendant Robert Capa est finalement une version romancée de la vie de Gerta et de André. Nous allons les suivre de  leur rencontre à la mort tragique de l'un d'eux.

     

    Gerta, jeune femme timide, peine tout d'abord à s'attacher à André. Son ami Georg parti en Russie occupe toujours son coeur.   

      

    POurtant, elle se laisse peu à peu séduire par cet homme passionné qui l'initie à son art. Découvrant les techniques photographiques, Gerta finit par s'investir au côté de cet homme dont elle va  choisir de prendre en main la carrière. Les exilés sont nombreux à s'être fait photographe et il est difficile de se faire remarquer. Gerta a alors l'idée de proposer leurs photos sous    pseudonymes américains. Désormais André est Robert Capa tandis que Gerta prend le nom de famille de Garo.

      

    Se faisant passer pour son manager et attisant le "mystère", elle contribue à son succès.   

    Running for shelter during the air raids. Bilbao, Spain, 1937.

     

    Leurs reportages se multiplient et bientôt, ils partent en Espagne où la guerre civile et la résistance des républicains, par leur symbole de résistance aux fascismes, est synonyme d'engagement politique.

      

    Une guerre qui leur offrira leurs plus célèbres clichés mais sera aussi synonyme de drame...

     

          

     

      

    Quel roman  passionnant que celui-là ! Mélangeant romance, histoire et photographie, l'auteur a réussit à donner vie à cette histoire d'amour tout en lui donnant un contexte historique fort bien documenté.

     

    S'appuyant sur les détails connus de la vie des 2 amants, Susana Fortes embarque son lecteur dans la tourmente d'une Europe menacée par les fascistes de tout ordre.

     

    Au début, le lecteur découvre le Paris des années 30, une certaine douceur de vivre et sa richesse intellectuelle mais aussi le racisme ambiant auquel doit faire face Gerta qui voit son appartement vandalisé. Puis, en suivant le couple en Espagne, c'est toute l'horreur et l'absurdité de la guerre civile qui apparait.   

      

      

    L'engagement de Gerta et de Robert est fort :

    ils n'hésitent pas à prendre des risques, à approcher au plus près le front pour rapporter les preuves photographiques de ce qui s'y passe.

     

    Tout au long du récit, l'auteur n'hésite d'ailleurs pas à évoquer certaines photos réelles des 2 amants et donnent ainsi un réalisme certain, comme  un certain éclairage ou une explication quant à leur contexte ou à leur répercution.

      

      

      

    La plus célèbre photo de Capa, montrant un milicien républicain fauché en pleine action, est ici donné comme un véritable traumatisme pour son auteur, donnant ainsi une résonnance tout autre à un cliché qui a fait le tour du monde

     

    en-attendant-robert-capa-02.jpg

      

    Robert Capa. Guerre Civile en Espagne, Mort d’un soldat (1936)

     

     

    Face à la violence du monde, leur amour fait contrepoint et va se révéler finalement passionné, et parfois même houleux. Construisant des personnages denses et complexes, l'auteur nous offre de vrais figures mythiques pour lesquelles, malgré leurs défauts, on ne peut que s'attacher et eprouver de l'admiration pour leur tenacité et leur courage. On croisera à l'occasion dans le texte d'autres figures célèbres qui ne font qu'accentuer le côté réaliste du roman.

     

     

    A été  évoqué aussi une fameuse valise contenant  des négatifs et des clichés de Gerta et Capa, perdue dans les méandres de l'histoire.

      

    Valise qui a été rédécouverte en 2008 ! (Je vous en reparlerais certainement le mois prochain, vu qu'elle est  exposée aux rencontres photos de Arles... )

     

          

    Robert CAPA

     

    Vous l'aurez compris, j'ai vraiment adoré ce roman qui touche à des sujets qui me touchent. On ne peut que vibrer face à la destinée tragique de Gerta, devant la souffrance de Capa face à sa disparition.

      

    On ne peut que se passionner pour la vie de ces photographes reporters qui bravent le danger pour mieux informer le monde. En attendant capa est un formidable roman qui révèle l'intimité d'un couple et nous fait découvrir plus particulièrement Gerta Taro, compagne quelque peu oubliée dont les photographies se mélangent parfois à celle de son compagnon, tant leur union était forte.

     

     

    Et voilà une deuxième tournée de splendides photos de Robert Capa.

     

     

    Robert Capa

    Réfugiés espagnols conduits vers un camp entre

    Argelès-sur-Mer et Le Barcarès

    (Robert Capa, 1939)

     

     

     

     

    Robert Capa (left) in Naples, 1943, with Contax II camera and co-founder

    of Magnum Photo, George Roger

     
     

     

     

     

    Robert Capa

    Chartres, Femme tondue pour avoir eu un enfant d’un soldat allemand

    (Robert Capa, 1944)

     

     

    Robert Capa

    Nuremberg, Une famille allemande au milieu des ruines fumantes

    (Robert Capa, 1945)

     

    Robert Capa

    Indochine sur la route de Namdinh à Tahaibinh

    (Robert Capa, 1954)

     

    Robert Capa

    Barcelone, Raid aérien

    (Robert Capa, 1939)

    Et voilà une troizième tournée de splendides photos de Robert Capa.

     

    Robert Capa

    Robert Capa with the American First Airborne Division

    (1945)

     

    Robert Capa

    Madrid

    (Robert Capa, 1936)

     

     

     

    Robert Capa

    Barcelone

    (Robert Capa, 1939)

     

     

     

    Robert Capa

    Allemagne

    (Robert Capa, 1939)

     

     

     

    Robert Capa

    Prisonniers allemands

    (Robert Capa)

     

    On cloture la série Robert Capa avec ces 5 dernières photos.

     

     

    Robert Capa

    Levi R. Chase, Pilote américain

    (Robert Capa)

     

    Image

     

    Omaha

     

     

    Robert Capa

    1ère vague d’assaut sur Omaha Beach

    (Robert Capa, 1944)

     

     

    Robert Capa

    « Slightly out of focus », photo la plus connue de Capa

    (Robert Capa, 1944)

     

     

    Robert Capa

     

    Fermier sicilien indiquant son chemin à un soldat américain

    (Robert Capa, 1943)

     

     

     

     

     

    ROBERT CAPA, photographe de génie...

      

    Omaha

      

      

      

    Omaha

      

      

      

    Normandy

      

      

    Image

    Normandy

      

    American soldier with war orphans "adopted" by his unit. London. 1943.

      

      

    1947 Robert Capa focusing his Rolleiflex in the mirror during a portrait session
    with American writer John Steinbeck, September 1947

     

      

    PARIS 1947, la PAIX

      

     

    Robert Capahttp://www.nikohk.com/2006/10/09/robert-capa-2eme-partie/

     

     

    GERDA TARO PASSE AU RÉVÉLATEUR

     

     

     

    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
    IMAGE VALENCIENNE DE GERDA  TARO (1937) .PHOTO MAGNUM
     
      
    Le 1er août 1937, le jour de ses 27 ans précisément, la photographe Gerda Taro est enterrée au Père-Lachaise à Paris en présence d’une foule de milliers de personnes, dont Aragon et Pablo Neruda. C’est une martyre de l’antifascisme que l’on célèbre : Gerda est morte quelques jours plus tôt, écrasée par un char, alors qu’elle «couvrait» la guerre civile espagnole pour la presse communiste.
      
    Spanish Civil War, Barcelona 1936
      
      
    Une vingtaine de mois auparavant, cette jeune femme était une parfaite inconnue, juive allemande réfugiée en France, connue par l’état civil sous le nom de Gerta Pohorylle.
      
      
    C’est au printemps 1936 qu’elle et son compagnon, Endre Friedmann, prendront les noms respectivement de Gerda Taro et Robert Capa pour lancer vraiment leur carrière de photojournalistes, qui les conduira d’abord en Espagne.
     
     
     
    «Moment clé». La notoriété de Gerda Taro a été brève, puisque son travail s’est vite trouvé éclipsé par celui de Robert Capa, avec lequel elle a cosigné plusieurs reportages.
      
      

    Le dernier reportage de Gerta Taro, publié par Regards
    en juillet 1937
      
      
    Beaucoup d’images de la première ont ainsi été attribuées au second. Il faudra attendre 1994 pour voir la figure de Taro ressurgir des limbes grâce à la biographie que lui consacre l’Allemande Irme Schaber. Puis c’est la fameuse affaire dite de la «valise mexicaine», en 2008, qui permet de mieux connaître son parcours et ses techniques.
      
      
      
    On découvre au Mexique trois boîtes contenant 4 500 négatifs : pour l’essentiel des images faites en Espagne par Capa, Taro et David Seymour (alias «Chim») entre l’été 1936 et mars 1939.
      
     
     
     
    Dans ce trésor, 800 négatifs de Taro.
     
     
     
     
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    ROBERT CAPA PHOTOGRAPHIÉ PAR SA COMPAGNE , GERDA TARO, DANS LE FRONT DE SÉGOVIE, DURANT LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE
     
      
      
      
    La valise a été l’une des vedettes des dernières rencontres d’Arles : pour la première fois, ces images, pour la plupart inédites, étaient présentées en France. Evénement majeur car, comme l’écrit Brian Wallis, de l’International Center of Photography,
     
     
    «la valise mexicaine ne se réduit pas à un ensemble de négatifs : elle contient des documents cruciaux qui modifient notre vision d’un moment clé de l’histoire culturelle du XXe siècle, les origines du photojournalisme moderne».
      
      
    Hélas l’exposition à Arles, par sa densité même, était un peu rebutante. Guère plus éclairante fut la projection d’un documentaire de Trisha Ziff, qui mêlait confusément l’histoire lacunaire des négatifs et des témoignages sur la guerre d’Espagne.
     
     
      
    Ce n’est qu’avec la publication, cet automne, d’un gros ouvrage chez Actes Sud - reproduisant l’ensemble des négatifs de la valise, accompagnés de textes des meilleurs connaisseurs des travaux de Capa et Taro - qu’on a pu enfin se pencher calmement sur l’affaire et mieux évaluer le rôle de chacun dans ce «moment clé» de l’histoire de la photo.
     
     
     
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    SUR LA PHOTO, DE FRED STEIN (PARIS 1935), GERDA TARO ET ROBERT CAPA. DANS LE MUSÉE D'ART DE STUTTGART, ALLEMAGNE, EN  JANVIER 2010, RÉTROSPECTIVE DÉDIÉE À  GERDA TARO

     

     

    Rouleau. La déception fut de ne pas trouver dans la valise le rouleau dont fut extrait la fameuse - et problématique - image de Mort d’un soldat républicain, qui fit beaucoup pour la notoriété de Capa.
      
      
    Mais il y avait là-dedans d’autres richesses, des éléments essentiels pour comprendre la genèse d’une série cardinale du photojournalisme.
      
      
    Quand le couple le plus célèbre du reportage photo part à Barcelone, en août 1936, Taro utilise un Rollei au format carré, Capa un Leica de format rectangulaire.
      
      
    Il est donc facile de distinguer leurs travaux. En février 1937, Taro passe au Leica tandis que Capa utilise un Contax, ces deux appareils produisant des négatifs de même format (24 x 36) : les attributions deviennent alors plus délicates, d’autant que les crédits indiquent «photo Capa & Taro».
      
      
    Dans le livre, Kristen Lubben se livre à une subtile exégèse, rouleau par rouleau. Jusqu’alors, sur la base de son travail au Rollei, on avait prêté à Taro une «vision photographique» dont les principaux traits - appareil tenu bas, un seul individu cadré devant un ciel vide - s’expliquaient en partie par les spécificités de son appareil.
      
      
    La moisson de nouvelles images montre comment, sur les mêmes sujets généraux, Taro et Capa s’attachaient à des scènes différentes, avec des angles de vue qui leur étaient propres. Ainsi, après la biographie de Imre Schaber, la valise contribue-t-elle à «rétablir Taro dans son rôle de photographe indépendante majeure, digne d’intérêt au-delà de sa liaison avec Capa», comme l’écrit Kristen Lubben.
     
     
     

    Gerta en Espagne, par Fred Stein
     
     
    Cerise sur la valise, l’une des trois boîtes retrouvées au Mexique contenait une série de portraits de Gerda Taro réalisés par Fred Stein, où l’on découvre une jolie fille, un peu garçon manqué, avec une belle aptitude à la pose.
      
      
    Sa carrière de photo reporter
    n’aura duré que onze mois.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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