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    Cornac centre accueil et loisirs

     

    Un village tranquille

      

    À cheval entre Causse et Ségala, au Nord-Est du département du Lot, Cornac baigné par le Mamoul qui y poursuit sa course pour convoler avec Dame Dordogne un peu plus bas, pourrait répondre aux critères des beaux villages de France.

      

    Ses magnifiques bâtis Quercynois témoignent d’un passé historique florissant où le vin, jouissant de réputation d’Aquitaine en Auvergne, régna en maître des lieux. Le vingtième siècle a précipité la désertification des campagnes et aujourd’hui, avec ses 368 habitants, son église romane en position dominante, Cornac offre la physionomie d’un village tranquille, ouvert au bien vivre mais il n’a pas livré tous ses secrets.

      

    Parmi les gardiens du temple, Albert Laboucarie, figure emblématique du territoire, connu pour sa faconde inimitable et son engagement de plus de 49 ans au service de sa commune, lève le voile sur les années 39/45 qui pourraient conférer à Cornac les galons de Terre d’accueil. Hormis Albert, les témoins encore aujourd’hui de ce monde ne se comptent que sur les doigts de la main et on ne sait pourquoi cette belle histoire n’a jamais été racontée.

      

      

    Une maison de Maître à disposition des enfants

      

    Albert qui reçut le métier de meunier en héritage, avait 10 ans à cette époque et du fond de sa mémoire les souvenirs remontent… « Je vivais avec mes parents au Moulin de Riols juste en face d’une grande maison de maître appartenant à la famille Lamarche dont les filles jumelles, l’une mariée avec un notaire et l’autre avec le docteur Ayroles de Bretenoux, n’eurent pas de descendance.

      

    En 1937, voulant probablement dédier ce bien à l’Enfance, elles cédèrent la propriété composée de quatre corps de bâtiments à la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, communément désignée sous son sigle PLM. Selon moi, cette compagnie française privée créée en 1857 et nationalisée en 1938, avait anticipé le conflit qui allait éclater et voulait créer des lieux d’accueil dans le Sud de la France.

      

    C’est ainsi qu’un centre d’hébergement et de loisirs doté de tous les équipements que l’on n’avait jamais vus ici, vit le jour à Cornac.

      

    Je me souviens des cuisines, des trois dortoirs de cinquante places, du réfectoire, de la salle de jeux, des sanitaires et surtout du grand portique de six mètres de haut et des installations pour la pratique du volley, du basket et du tennis qui trônaient dans le parc. »

      

      

    Les enfants cachés de Cornac

      

    « Les prévisions de PLM étaient fondées car dès l’invasion de la zone Nord par l’Allemagne, des jeunes enfants qui étaient en danger face à l’occupant furent rapatriés à Cornac par centaines. Dès lors le centre a fonctionné sous l’Egide du Secours National* et ce jusqu’à la fin des hostilités.

      

    Mon père mettait la retenue d’eau du moulin à disposition de ces enfants pour la baignade quelques heures par jour car il devait arrêter la fabrication de la farine pour stopper les aspirations de l’eau qui faisait fonctionner les meules.

      

    C’était des moments de bonheur offerts à ces enfants éloignés de leur milieu familial et en danger permanent. Je me souviens que de nombreuses familles de Cornac ont abrité des enfants et même des familles entières pendant cette douloureuse période. Je revois encore les maquisards ainsi que ces familles qui venaient s’approvisionner au Moulin et à l’époque tout le monde savait se taire…

      

    Quelques noms me reviennent, pas tous hélas et je le regrette : la directrice du centre d’enfants, Madame Delpon, Mesdames Maurel et Webert assuraient l’encadrement et Madame Peret était à l’infirmerie. Et puis parmi les réfugiés il y avait les Hess, Sigard, Meynaud, Martina et Nicouleau… » Après la guerre, le centre accueillit des colonies de vacances et des centres aérés puis au fil des ans face aux nouvelles normes, il fut abandonné ».

     

     

    * Paradoxalement, le Secours National, réactivé par un décret du 19 octobre 1939, est un puissant instrument de propagande placé sous la responsabilité directe du Maréchal Pétain. Il prend une importance croissante au fil des années de la collaboration. Il possède en province et en région parisienne de nombreux centres d’hébergements et tout comme à la maison d’enfants de Sèvres, abrite clandestinement des enfants de confession juive grâce au dévouement de responsables comme Yvonne et Raymond Hagnauer et bien d’autres encore. Quoi de plus pratique qu’une institution d’Etat qui échappait au contrôle des préfets pour contourner la loi de Vichy et des Nazis.

      

    Cornac aurait donc peut-être fait partie de ce réseau.

      

    Hélas, jusqu’à ce jour, aucune trace écrite ne vient corroborer cette hypothèse. Seuls restent quelques témoins, comme Albert Laboucarie, qui ont la passion de la terre natale gravée au fond du cœur et dont il faut saisir la mémoire.

     

     

    SOURCES

    http://www.laviequercynoise.fr/cornac-le-village-terre-daccueil-sous-loccupation-53993.html

     

     

     

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