•  

    Les petites histoires du débarquement

    Les petites histoires du débarquement
    Le débarquement    
    « …blessent mon cœur d’une langueur monotone »
    Le Colonel Helmut Meyer, chef du 2e bureau de la 15e Armée allemande avertit son chef
    à 22 h 15. Ces vers ont été captés dans la soirée du
    5 juin 44.
    Les Allemands savent que ce message annonce le débarquement dans les 48 h. L’information remonte jusqu’au QG de Rommel à la Roche sur Guyon, mais s’arrête là.
    Le général Speidel n’avertit pas les unités sur la côte.
    Et puis, pourquoi les alliés débarqueraient-ils ?
    La météo est mauvaise, il fait un temps à ne pas mettre un navire en mer.
    Les Allemands savent que les Alliés sont prêts.
    Les bombardements se sont intensifiés.
    Mais le front d’invasion reste une interrogation – où va-t-il se passer ?
    Les avis divergent.
    Speidel est confiant, Rommel n'est-il pas parti en Allemagne?
    Parti, en voiture, pour l’anniversaire de sa femme et aussi rencontrer le Führer.
    Et puis, il y a déjà eu tant de fausses alertes.

    Cela nuit au moral des troupes, cela les fatigue et les empêche de travailler aux fortifications,
    cela nuit à leur entraînement.
    0 h 15, le 6 juin, les premiers parachutistes sautent
    Les Américains dans la région de Ste Mère l’Eglise, les Britanniques sur le Canal de Caen à la mer, dans le région de Bénouville. Les Allemands alertent leurs troupes de la zone à 1 h 30 mais personne ne croit à un débarquement. « »...
    Il n’y a pas de ports dans la région. Ce que les Allemands ignorent, c’est que les Alliés amènent des ports dans leurs bagages.
    Le débarquement a commencé.
    Pour en arriver là il a fallu 30 mois d’efforts, de compromissions, de préparations, de tâtonnements, de recherches, d’inventions, de morts...
    Le Jour J est fixé en fonction d’impératifs de marées et de lunaisons.
    Il faut qu’il fasse suffisamment clair pour éviter les confusions (la lune est souhaitée).
    Il faut procéder à la mi-marée pour une meilleure visibilité des obstacles inventés par Rommel et disposés sur les plages et dans l'arrière pays.
    (Les Allemands utilisent tout pour obstruer les plages, même les « grilles belges », qui en 1940 n’ont pas arrêté les Panzers lors de l’invasion de la Belgique.)

    La meilleure date est le 4 juin à l’aube, mais la météo en décide autrement.
    Le débarquement aura lieu le 6.
    Sinon, il faut le reporter à la mi-juin, c’est impossible.Trop de monde est en route.Le secret ne pourra plus être gardé. Les hommes sont malades sur les bateaux, secoués depuis plusieurs jours par la mer du Nord.
    Les bombardements alliés ont réussi, momentanément, à isoler la Normandie et les ports de la Seine.
    L’opération « Fortitude » qui bluffe les Allemands en leur faisant croire que c’est l’armée de Patton qui envahira la France risque d’être découverte.
    La résistance a entamé les destructions des moyens de communications et le sabotage des voies ferrées.
    Et voila.
    5539 bâtiments, soutenus par plus de 800 avions, avancent dans le brouillard de cet été de 1944 vers les côtes de Normandie.
    Parmi eux 4126 navires de transport, des paquebots aux chalands automoteurs à fond plat et à faibles qualités nautiques, mais aussi 1213 navires de soutien dont
    7 cuirassés, 2 monitors, 23 croiseurs et 80 destroyers.
    Cette armada transporte 287.000 hommes,leurs armes, leurs munitions, leurs équipements, leurs véhicules et l'essence pour les faire fonctionner.
    Il y a aussi tous les services sanitaires, le plasma, les pansements et la pénéciline.
    Dans le ciel, 2.355 avions de transport et
    867 planeurs amènent 3 divisions aéroportées
    soit 27.000 parachutiste.
    Il y a deux divisions américaines (la 82e et la 101e) et une britannique (la 6e).
     

    6 juin 44
    5 h 05, les batteries allemandes de Utah ouvrent le feu sur l’Armada alliée qui riposte.
    6 h, la côte est bombardée par 2.500 avions qui déversent 11.000 tonnes de bombes.
    6 h 30, les premiers soldats américains posent le pied sur le sol français, à cause du décalage de marée, les Anglais débarquent à partir de 7 h 30.
    Si à Utah cela n’a pas beaucoup d’importance, les Américains y débarquent zn effet,par erreur, à 2 km au sud du point prévu heureusement beaucoup moins défendu.
    A Omaha, la situation est grave, 32 des chars amphibies lancés de trop loin coulent, 28 sont détruits par l’artillerie allemande dès leur arrivée sur la plage,les hommes sont foudroyés dès leurs sorties des LCVP et des LCI.
    Tout va mal. Heureusement, soutenus par l’artillerie des destroyers, les soldats réagissent peu à peu, se hissent sur les collines et neutralisent les défenses allemandes.
    A la pointe du Hoc les Rangers escaladent la falaise, se font tuer pour rien, les canons prévus ne sont pas là.
    Chez les Britanniques les opérations se déroulent sans problème majeur.

    La tenue de combat des GIs.
    Du casque aux brodequins.
    Le GI (Government Issue) sobriquet donné pendant la seconde guerre mondiale au soldat de l’armée américaine, a reçu pour le Jour J un harnachement très sophistiqué.
    La tenue du débarquement comprend : un casque, couvert de peinture anti-reflet et orné de l’insigne de la division ; 1 treillis de coton imprégné contre les gaz vésicants ; des guêtres en toile forte et des brodequins en cuir. Le soldat porte 1 bouée de sauvetage, 1 ceinturon cartouchière à dix poches présurées contenant 1 clip de fusil (8 cartouches), 1 coupe-fil, 1 bidon, 1 quart, 6 jours de rations, 1 pochette pour paquets de pansements, 2 plaques d’identité, 1 pelle accrochée au havresac qui comprend 1 gamelle, 1 flacon de pastilles d’Halozone pour purifier l’eau, 2 mouchoirs, 4 boîtes d’alcool solidifié, 1 boîte d’insecticide, 1 couteau, 1 manteau de pluie, 4 paires de chaussettes, 1 cuillère et des articles de toilette. Son fusil semi-automatique Garand est protégé par un étui imperméable. Et en plus, 1 équipement anti-gaz avec masque.
    L’approvisionnement en munitions est accru par des cartouchières à 6 poches croisées sur sa poitrine.

    Au soir du 6 les Alliés ont mis à terre 135.000 hommes.
    La deuxième vague peut débarquer, mais aucun des objectifs fixés n’est atteint.
    A Omaha la percée américaine ne dépasse pas 1500 mètres.
    Un couloir de 11 km sépare Juno et Sword.
    Ce retard peut être expliqué, d’une part par la résistance allemande, la contre-attaque de la 21e Panzer division, l’intervention de la marine allemande qui coula le destroyer norvégien Severn, celle des batteries côtières qui coulèrent le destroyer américain Corry et retardèrent le débarquement des péniches.
    La précision des tirs des batteries est telle que les Alliés comprennent que les Allemands réglaient leurs tirs grâce au barrage des ballons au-dessus des navires.
    A 11 h 30 ils décident de couper le câble et du coup la précision des tirs cesse.
    D’autre part, les planificateurs avaient été trop optimistes. Car, même, à Utah où tout s’était bien déroulé, les troupes sont en retard sur le planning.
    La 56e brigade britannique s’arrête à 20 h 30 devant Bayeux, vide de tout ennemi.
    Caen et son aérodrome sont toujours aux mains des Allemands.
    Il faudra attendre le 8 juin pour que la bande de littoral occupée soit de 10 à 15 km de profondeur sur une largeur de 50 km.
    On estime que le 6 juin, 10.000 hommes furent mis hors de combat et parmi eux il y eut 2.500 tués parmi les Alliés. Le chiffre des pertes allemandes est inconnu, ceux-ci étant dans l’impossibilité de le communiquer à leur hiérarchie à cause du cahot existant.
    Certes, et les faits vont le prouver, la Bataille de Normandie est encore loin d’être remportée. Mais la vitesse à laquelle les renforts arrivent laissent présager que les Allemands ne pourront pas reprendre l’initiative tactique.
    Il manque d’ailleurs un plan concret aux Allemands pour repousser les Alliés.
    Churchill proclamera le 12 juin lors de sa visite sur les plages que « La bataille des plages est terminée ».

    Musée des troupes aéroportées
    Le musée 6 juin 1944, D. Day, évoque les opérations aéroportées de la 6ème Division britannique dans l’estuaire de l’Orme. Des vitrines exposent uniformes et armement. Une maquette explique les zones de parachutage, des photos montrent l’entraînement des hommes en Angleterre.
    Le pont de Bénouville
    ou
    "Pegasus bridge"
    Le pont de Bénouville fut mis en place sur le canal de Caen, au début de l’année 1934.
    Il s’agissait d’un pont levant, mû par un moteur électrique. Ses mouvements étant contrebalancés par un poids en béton.
    En souvenir de sa prise le 6 juin 1944, par les paras britanniques, il prend le nom de « Pégasus Bridge ».
    Suite à des travaux, le pont historique fut alors transporté sur un terrain du Domaine Public Maritime
    En 1998, le Comité du Débarquement décida de le faire installer à proximité immédiate du nouveau musée de Ranville, pour constituer un nouvel ensemble baptisé :
    « Mémorial Pégasus ».
    Le 6 juin 44.
    A 0 h 16, Walwork, pilote du premier planeur, annonce au commandant Howard qu’ils sont largués.
    Comme de gigantesques chauve-souris, les 6 planeurs transportant chacun une vingtaine d’hommes, se dirigent vers les ponts enjambant le Canal de Caen et l’Orme à Bénouville.
    Le choc est très brutal, les planeurs heurtent le sol à 150 km/h.
    Walwork a si bien manœuvré que le nez du planeur s’immobilise dans le réseau de barbelés de la défense du pont.
    Il est à noter que Walwork est le premier Anglais à toucher le sol français ; en effet, il fut projeté à travers le cockpit et tomba la tête la première sur le sol de France.
    En un clin d’œil les parachutistes s’éjectèrent des planeurs et attaquèrent les positions allemandes.
    Tout est terminé en moins de 3 minutes, les Allemands ayant été totalement surpris.
    C’est alors que les Anglais s'aperçoivent que les charges destinées à faire sauter les ponts n’avaient pas été installées par l’ennemi.
    Dans son trou, le radio répéte sans arrêt dans son micro « Jambon et confiture ».
    Le signal annonçant la prise de l’objectif.
     

    Les "Rigolos" débarquent
    Sur la plage de GOLD, une des plages anglaises devant La Rivière, ne comportant ni dunes, ni digues , mais des mines et des emplacements d'artillerie, le premier blindé spécial à débarquer fut un "Bobbin" suivit d'un "Fléaux" et d'un "Fascine".
    Les britanniques avaient offert tous ces engins aux américains mais ils n'avaient accepté que les "D D."
    C'est, suite à l'échec de Dieppe et sur la ténacité de W. Churchill , que le général Hobart, mis à la retraite en 1940 et considéré comme un personnage excentrique, avait pris le commandement de la 79ème division blindée.
    Cette division produisit : des chars flottants : les "D.D.".Des chars qui faisaient exploser les mines : les "Fléaux".Des chars qui déroulaient des tapis : les "Bobbins".Des chars qui comblaient des fossés : les "Fascines". Des chars qui portaient des ponts : les "A.R.K.". Des chars qui crachaient des flammes : les "Crocodiles" et aussi des chars de protection pour les sapeurs tirant un projectile de 20 kilos (les poubelles volantes) capable de détruire les fortification : les "Pétards. Tous ces chars furent vite surnommés par la troupe "Les Rigolos".

    Faits divers
    Ne conservez pas les bidons à essence
    En raison de l’urgence des besoins de l’armée alliée en bidons du type « jerricans », les particuliers devront remettre ces bidons aux pompistes qui les leur auront délivrés.
    Rubrique autos
    Particulier,
    Recherche camionnette bâchée.
    Peugeot D K gazo 3194 V 4.
    Volée par les Allemands en juin 1944.
    Peut être dirigée sur la Normandie.
    Récompense.
    Ecrire bureau du journal.
    Attention, danger !
    Il se trouve que des civils se sont procurés, auprès des troupes alliées, du combustible pour lance-flammes, qu’ils ont l’intention, suppose-t-on, d’utiliser pour des véhicules à moteurs. Une telle pratique est extrêmement dangereuse et il semble nécessaire que les civils en soient avertis.
    Caen – 14 septembre
    Bons d’achat de pneus vélo.
    Les services de la Préfecture sont fréquemment saisis de bons d’achat de pneus vélo. Les usagers sont informés que les attributions sont suspendues momentanément, faute de contingent. La distribution des pneumatiques reprendra lorsque l’Office du Caoutchouc sera en mesure d’accorder une dotation par département.
    Bons d’achat de pneus vélo
    Les services de la Préfecture sont fréquemment saisis de bons d’achat de pneus vélo. Les usagers sont informés que les attributions sont suspendues momentanément, faute de contingent. La distribution des pneumatiques reprendra lorsque l’Office du Caoutchouc sera en mesure d’accorder une dotation par département.
    Brest - 7 décembre
    Jean Gabin en permission à Brest.
    Jean Gabin était mardi à Brest.
    Non pour y tourner un film mais en permission.
    Engagé dans les Forces Françaises Libres, d’abord comme second maître, sur un pétrolier, le célèbre artiste de cinéma signa ensuite un engagement dans le régiment blindé des fusiliers-marins. Il rejoignit la 2e D.B à Royan..
    Bénouville -6 juin
    Un contrat est un contrat.
    Ce 6 juin 44 à 8 h du matin, les ouvriers italiens engagés par les Allemands sont venus afin de planter les poteaux destinés à empêcher l’atterrissage des planeurs.
    Déconcertés par la présence des aéroplanes sur le terrain, ils décidèrent, à la grande joie des parachutistes britanniques de planter les poteaux autour des appareils
     

    " Maman ! ils sont tous noirs ! "

    Ils arrivent ! La nouvelle a couru de porte en porte dans le village du Cher où ma mère s’est réfugiée.
    Ils arrivent ! Ce sont les libérateurs, bien qu’ils n’y ait rien à libérer dans Nevy-sur-Barangeon où les Allemands n’ont jamais mis les pieds, sinon pour passer très vite. Ce qui n’a pas empêché une fièvre résistante dans les premiers jours de juillet 44. Des tractions-avant, peinturlurées du signe F.F.I. en grosses lettres blanches, traversaient le pays en crissant des pneus dans les virages. Elles allaient si vite que l’une d’elles a failli écraser ma copine Francette.
    On dit que les Américains ne sont pas loin. "Dis, maman, c’est quoi les Américains" ? J’ai saisi qu’ils venaient de très loin.
    Ils arrivent. Tous les habitants sont regroupés sur la place Ils crient, ils agitent des drapeaux. Un Monsieur nous en tend un "Tenez c’est le drapeau américain ". Une dame, près de nous, se précipite " Vive l’Amérique ".
    Soudain, stupeur, Francette me prend la main et nous restons figés devant la première auto sans toit.
    Dedans il y a quatre Messieurs tout noirs. Comme si on les avait couverts de charbon. On ne voit que leurs dents blanches quand ils rigolent. Et ils rigolent tout le temps.
    Un monsieur tout noir se penche vers nous. On ne comprend pas ce qu’il dit, sauf "chocolate".
    "Prenez les enfants", nous assure une vieille dame c’est du "chewing-gum".
    Un peu méfiant, je goûte quand même. Ca sent la menthe mais ça ne fond pas. C’est même dur à avaler.
    Par contre avec le chocolat, on se régale, on s’en met plein la bouche. Je m’arrête brusquement, pris d’une terrible angoisse "Si ça se trouve, c’est du poison ! T’as vu comment y sont … ! "
    Francette hausse les épaules "Moi je sais pourquoi ils sont tout noirs ".
    "Ah bon ? Et pourquoi ?" Et elle, doctorale : " C’est parce qu’ils mangent trop de chocolat !"  

      

    Les petites histoires du débarquement

      

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique