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    Léon GAUTIER 

     

    Né le 27 octobre 1922, Léon Gautier, originaire de Rennes, s'engage dans la marine en 1940 comme apprenti canonnier sur le Courbet (un cuirassé-école) qui assure la défense passive à Cherbourg puis tire contre les colonies allemandes dans la baie de Carentan.

      

    Le 19 juin 1940 à la débâcle, le cuirassé fait route vers l'Angleterre,

    il mouille entre l'Ile de Wight et Porthmouth.

      

    Le 13 juillet 1940, Léon Gautier rejoint la France libre à Londres où l'Olympia situé dans (Kensington road) est transformé en dépôt des FFL.

     

     

      

    Dès le lendemain, il défile à Carlton garden (situé en haut du Mail) pour la fête nationale française puis est engagé pour l'AMBC (armement militaire des bâtiment de commerce),

    sur un cargo de 3700 tonnes, 6 nœuds (port d'origine Rouen).

     

    Il navigue ensuite sur le Surcouf, puis devient fusilier dans la campagne du Levant. Engagé volontaire dans les commandos en 1943 il rejoint l'Angleterre via l'Afrique du sud.

     

     

     

     

    Kieffer choisit ses troupes parmi les volontaires d'un premier stage après entraînement et sélection dans un camp au nord ouest de l'Écosse à Acknacari

    (près de fort William).

      

    Parmi les épreuves, il faut parcourir 7 miles (11km200) en moins d'une heure avec armes et sac de 3 kilos sur le dos, 12 miles (20 km) en moins de 2 heures 30.

    On vous montre les tombes factices des gens morts à l'entraînement pour affermir le choix de vous engager.

     

    Les tirs ont lieu à balle réelle au-dessus des têtes mais l'on pratique aussi le combat sans arme.

     

     

     

    Léon Gautier apprend ensuite à débarquer et rembarquer sur les barges qui le conduiront en France le 6 juin 1944.

      

    La préparation du débarquement se poursuit à Bex hill (Sussex) jusqu'en mai 1944.

      

    Le 28 mai tous les commandos intègre Southampton avec défense absolue de sortir du camp.

     

    Les plans leur sont alors remis et les Français sont sommés de se taire pour ne pas prévenir les Anglais des plages choisies.

      

    Vers 16 heures, le 5 juin 1944, les barges sont rassemblées autour de l'Ile de Wight qu'elles quittent à la tombée de la nuit après 22 heures.

      

    Parmi les bâtiments, il y a 2 barges (523 et 527) de Français ; la première troupe (sur la barge 527) est chargée d'attaquer le casino de Ouistreham, la huitième (sur la barge 523) doit prendre les défenses de la plage jusqu'au casino mais par l'intérieur.

      

    Une troisième troupe équipée de mitrailleuses légères et dirigée par le commandant Hébert renforce les effectifs.

     

    Le commandant Kieffer est blessé alors qu'il est venu chercher un char anglais

    (Shermam).

      

    Les commandos doivent récupérer les havresacs à Saint Aubin d'Arquenay à l'intérieur des terres. Le pont sur l'Orne (Pegasus bridge) est pris aux Allemands vers 17 heures le 6 juin 1944.

      

    Les troupes arrivent à Amfréville à 18 heures.

      

    La campagne va durer 78 jours de tranchée sans relève après quoi Léon Gautier regagne la Grande-Bretagne et y épouse une jeune anglaise le 14 octobre 1944.

     

    Il l'a rencontrée alors qu'elle installait le téléphone dans un des camps de préparation du débarquement.

      

    Depuis 1992, Monsieur et Madame Gautier sont installés à Ouistreham et s'occupent du musée du quatrième commando.

      

     

     

    Article :

      

    « Mon petit-fils avait 4 ans, peut-être 6... Un jour où je participais à une cérémonie commémorative chez moi, à Ouistreham, il s'est planté devant la stèle du commandant Kieffer, l'a salué et a lancé : 'Je serai commando, comme mon papy, et comme lui, j'aurai un Béret vert.'

    Et Gérard a tenu parole » s'enorgueillit Léon Gautier, né à Rennes il y aura bientôt 94 ans.

      

     

    « C'était la réflexion d'un petit garçon », tempère l'intéressé, Gérard Wille, grand gaillard de 44 ans au regard bleu acier.

    Ce vendredi, sur la place de Lanester, dans le Morbihan, siège de la base des commandos depuis 1856, ce fils de gendarme fait face à son papy :

     

    Léon Gautier, l'un des douze survivants de l'emblématique commando Kieffer.

     

    Le 6 juin 1944, commandés par le capitaine de corvette Philippe Kieffer, ces 177 soldats qui ont rejoint les Forces françaises libres en Angleterre entre 1940 et 1942 ont été les premiers à poser le pied en Normandie.

      

    Durant la longue campagne de reconquête qui a mené à la Libération de la France, 27 ont été tués au combat. Seuls 24 ont terminé la guerre sans être blessés.

    Parmi eux : Léon Gautier, ce petit homme au visage jovial qui claudique maintenant jusqu'à son petit-fils d'un bon mètre quatre vingt-dix.

      

    Une centaine de fusiliers marins ont déjà reçu leur fourragère, cette cordelette tressée portée à l'épaule gauche de l'uniforme.

    C'est au tour du lieutenant de vaisseau d'être décoré.

    Tout en sobriété, le grand-père lui acccroche la Croix de la valeur militaire sur la poitrine.

    Elle vient récompenser les missions de renseignement que son petit-fils a conduites dans l'océan Indien en qualité de chef d'une équipe de Forces spéciales.

    Protocole respecté. Rien n'a trahi leur émotion.

     

     

     

    Mais plus tard, à l'écart de la cérémonie, Gérard Wille confiera :

      

    « C'était un honneur à titre militaire et sur le plan affectif, c'était quelque chose de grand »...

     

    Pourtant, lorsqu'il est entré dans les commandos, il a caché sa filiation,

    « par pudeur ou humilité ».

    Aujourd'hui, il l'assume mais se défend :

      

    « Je n'ai jamais essayé de faire aussi bien que mon grand-père, jamais recherché l'identification.

      

    On ne peut pas comparer mes actes avec les siens.

    Lui a évolué dans un contexte de guerre, même si dans le nôtre, la menace est toujours présente... »

      

    « J'ai caché cette filiation »

     

    Et puis, résume Patrick, proche de la famille et commando lui-même :

    « Léon Gautier, c'est le monument de la spécialité,

    le président de tous les commandos de France ».

     

    Un homme d'honneur sur tous les points puisqu'il a aussi tenu la promesse faite à celle qui devait devenir son épouse.

    « C'était en 1943, à Douvres, j'étais ingénieure du téléphone lorsque nous nous sommes fiancés, se souvient Dorothy, avec son accent so british.

      

    Je lui ai dit :

    'Si tu ne reviens pas blessé, on se marie' ».

      

    Ce qu'ils ont fait, le 14 octobre 1944.

    « Depuis, Léon dit que je suis son butin de guerre », s'esclaffe-t-elle du haut de ses 94 années.

      

    Elle a traversé la Manche, s'est investie avec son époux et leur fille Jacqueline - la maman de Gérard - dans leur petit musée d'Ouistreham, baptisé n° 4 Commando.

    Là, sept mois dans l'année, ils accueillent notamment des scolaires.

      

    Histoire « de maintenir la flamme, de transmettre la mémoire ».

      

    À la grande satisfaction d'André Ledran, maire de la commune normande :

    « Lors des visites, la présence de Léon apporte une charge émotionnelle que ne véhiculerait aucun autre intervenant. »

      

    Quant au petit-fils, il forme les commandos de demain au sein de l'école des fusiliers marins.

    Au nombre de 400, ils exécutent des opérations spéciales partout dans le monde, dans toutes les conditions.

    Le lieutenant de vaisseau compte lui-même « vingt-six années de service, dont vingt-et-une opérationnelles sur tous les théâtres d'opérations connus ».

      

    Ce père de quatre enfants sait pouvoir être rappelé à tout moment.

    6 juin 2014 Plage de OUISTREHAM

      

    Ce que comprend mais craint son grand-père :

      

    « Il faut toujours être vigilant car la guerre, c'est la misère. »

    Son petit-fils lui parle-t-il de ses missions ?

      

    « Même lorsqu'il est monté en grade, sourit Léon Gautier, je ne l'ai pas su. »

    Fort de ses multiples qualifications, Gérard Wille est aujourd'hui « certifié commando à vie ».

    Rien ne pourra jamais empêcher le petit-fils et son grand-père de continuer à respecter la devise de leur corps d'élite :

    « Commando un jour, commando toujours... »

      
      
    Yvan DUVIVIER.   
     
     SOURCES :
      
      
      
      
      
     

     

     Depuis leur rencontre, il y a 20 ans, Johannes Börner et Léon Gautier, deux ennemis lors du jour J, sont devenus amis.

     

     

    Dans son livre Ennemis et frères, publié, fin 2010, aux éditions L'àpart, l'écrivain journaliste Jean-Charles Stasi raconte l'histoire de deux Ouistrehamais.

      

    Deux soldats d'élite, mais ennemis lors de la bataille de Normandie, car appartenant à deux camps opposés.

     

    L'un, Léon Gautier, engagé volontaire de la France Libre, a été avec ses 176 camarades du Commando Kieffer, l'un des premiers soldats alliés à poser son pied sur le sol français,

    le 6 juin 1944.

     

    L'autre, Johannes Börner, originaire de Leipzig, parachutiste dans l'armée Allemande, était affecté par la Wehrmacht à la défense côtière.

    Fait prisonnier par les Canadiens en août 1944, il a été libéré fin 1948.

     

      

      

    « Comme ma région natale était à cette époque occupée par l'Armée Rouge,

    j'ai décidé de rester en France. »

     

     

    Depuis leur rencontre fortuite, il y a 20 ans, dans la station où ils résident tous les deux, Léon et Johannes sont devenus de grands amis.

     

    « Avec la farouche volonté de transmettre notre expérience aux jeunes générations, pour leur éviter une telle horreur. »

    Entouré par les deux héros de son récit, Jean-Charles Stasi dédicacera son ouvrage, ce vendredi, à la Maison de la presse de Riva-Bella.

     

     

     

     Maison de la presse, 55, avenue de la Mer.

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