• charles de gaulle refusait de commémorer le débarquement des anglo-saxons

    Depuis plusieurs jours, tous les médias de grande diffusion de notre pays consacrent une place considérable à la commémoration du 70ème anniversaire du débarquement anglo-américain en Normandie le 6 juin 2014. Cet événement n’est pas seulement l’occasion d’une intense activité diplomatique ; il est également utilisé comme une commémoration omniprésente et sans nuance à la gloire des Alliés, et plus spécialement des Américains.

    Bien entendu, nul n’ignore que des milliers de soldats sont morts lors du débarquement de Normandie, essentiellement américains, anglais et canadiens, mais aussi, en plus petit nombre, quelques autres nationalités dont quelques dizaines de soldats français. Ils ont joué un rôle décisif dans la fin de l’Occupation allemande en France et ils méritent à ce titre toute notre gratitude et tout notre respect.

    Mais il n’échappe à personne que cet éloge permanent des États-Unis revêt une dimension politique et géopolitique marquée. Affirmer à longueur d’antenne que les États-Unis ont « libéré la France » en 1944 ne peut avoir pour effet que d’assourdir, et même de faire taire, les critiques contre la politique actuelle de Washington. La commémoration avec un tel faste du débarquement du 6 juin 1944 ne peut inciter au contraire qu’à soutenir l’actuelle politique américaine tous azimuts, qu’il s’agisse par exemple des événements en Ukraine ou des négociations sur le Grand Marché Transatlantique.

    C’est pourquoi cette opération à grand spectacle – dont les enjeux implicites en terme de propagande sont énormes – doit être examinée sans complaisance. Et nous avons d’autant plus de raisons d’être vigilants que, lorsque Charles de Gaulle était à l’Élysée, il ne fut jamais question de célébrer en grandes pompes cette date du 6 juin.

    Le Chef de la France Libre avait même obstinément refusé de commémorer le 20e anniversaire du débarquement, le 6 juin 1964, ce qui avait contraint le président américain Johnson et le Premier ministre britannique Harold Wilson à renoncer à leur venue en France.

    En fait, l’Homme du 18 juin refusa toujours de commémorer cette date, que ce fût son 5e, son 10e, son 15e ou son 20e anniversaire. Et s’il avait une position aussi intransigeante – ce qui est a priori incompréhensible pour les jeunes générations – c’est qu’il avait de bien solides raisons pour cela.

    Puisque personne, ni sur la scène politique ni dans les médias, n’explique cette attitude, c’est une raison supplémentaire pour que l’UPR le fasse.

    Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

    En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

    Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte C’était de Gaulle, tome 2, paru en 1997.

     

    —— EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE ——

    ———– – Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

    • 30 octobre 1963

    En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

    À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 au Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

    Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

     

    « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m'a convoqué comme un châtelain sonne son maître d'hôtel. » Salon doré

    « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

    Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

    Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

    Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volontéeuropéenne (il appuie).

    Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

    Winston Churchill choisir entre francaise et americain de gaulle

     « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! »
    (Winston Churchill)

    « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

    Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

    Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

    NOTE : AMGOT = « Allied  military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés

    billets americains france

    billets americains france 2

    Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

     Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

    Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.   

    Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

    Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

    Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

    « Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

    • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

    Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

    charles de gaulle débarquement de Provence

    Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAF94058797


    Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs hymnes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

    « Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

    Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

    Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

    NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

    • 13 mai 1964

    Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

    • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

    Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

    Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

    (Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

    Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

    Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

    Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

    • 10 juin 1964

    Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement : « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

    Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

    Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

    Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir

    « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »

    Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

    Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

    Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

    NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

    • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

    Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

    « Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »

    — FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 —————-

     

    Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

    de gaulle-ROOSEVELT

    « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »
    (Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

    Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

    Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. L’affaire a été un succès militaire éclatant puisque les troupes françaises (pétainistes) d’Afrique du nord se sont rendues au bout de 48 heures, après avoir fait seulement semblant de se battre.

    En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

    Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Roosevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse.

     

    C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

    Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

    Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

    Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »

    Page 48 (édition Plon)

    On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France aussi domestiquée que celle qu’avait souhaitée Hitler. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

    Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

    Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :

    —- EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —-

    ———————— Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    de gaulle roosevelt était un type qui voulait dominer univers

    « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

    Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

    Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

    Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

    Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

    Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][…]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

    Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

    Roosevelt voulait imposer aux Français Pierre Laval et Édouard Herriot

    Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)  !

    CIA Allen Dulles et l'ambassadeur d'Hitler à Paris Otto Abetz

    L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz…  

    Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

    Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

    Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

    Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

    Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

    Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

    Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

    Bohlen ambassadeur des États-Unis en France

    Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968.

    NOTE :Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968. Très hostile à de Gaulle, Charles E. Bohlen avait des liens de parenté proches avec Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, héritier des aciéries Krupp, l’un des principaux fabricants d’armes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, criminel nazi reconnu coupable de pillage et de crime contre l’humanité le 31 juillet 1948, et condamné à douze ans d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens.

    Charles de Gaulle : « Roosevelt, c’était pareil, il ne traitait qu’avec des gens qui étaient mes ennemis. Il avait autour de lui, à Washington, des types comme Chautemps.

    Alain Peyrefitte : – Et Saint John Perse.

    Charles-de-Gaulle : – Oui, Léger qui avait été limogé par Paul Reynaud. Et d’autres du même tonneau, avec qui Roosevelt prenait le thé. Ils le montaient contre moi, en remâchant leurs échecs. Seulement, ça continue. Alors, Bohlen ne voit que nos adversaires, les Mitterrand et les Maurice Faure.

    Camille Chautemps, ministre d'État du Front populaire, successeur de Léon Blum

    Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire

     NOTE : Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire, successeur de Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement, fut vice-président du Conseil des gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud. Ardent partisan de l’Armistice et très hostile à de Gaulle, il fit partie du gouvernement de Philippe Pétain jusqu’au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d’une mission officieuse, il partit pour Washington, et choisit d’y demeurer jusqu’en 1944.

     

    Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940

    Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940

    NOTE : Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940, artisan de la rencontre de Munich (et grand poète sous le pseudonyme de Saint-John-Perse) avait été mis en disponibilité par Paul Reynaud, Président du Conseil, le 20 mai 1940. Il s’était ensuite réfugié aux États-Unis.

    Charles de Gaulle : « Churchill, lui non plus, n’admettait pas qu’on ne plie pas. Au lieu de trouver des gens de caractère qui lui auraient tenu tête, il s’entourait de gens qui étaient couchés par terre.

    « Je me rappelle un soir, quand j’ai rencontré Roosevelt pour la première fois, au Maroc. Roosevelt voulait m’obliger à me soumettre à Giraud. J’ai envoyé Roosevelt faire foutre, poliment mais fermement. Alors, Churchill m’a fait une scène invraisemblable. Je l’ai mal pris, et je lui ai dit : « Qu’est-ce que ça veut dire : On ne vous comprend pas ? Vous n’êtes pas digne de votre charge ! » Je l’ai très mal traité.

    Alors, le dernier jour, on s’est réuni autour de Roosevelt pour se dire adieu. Churchill, devant tout le monde, a commencé à me refaire une scène en me disant : « Vous n’avez pas suivi le Président. » Il piquait une lèche éhontée à Roosevelt, et c’est Roosevelt qui, à la fin, a trouvé que ça suffisait et lui a imposé silence. Il a dit : « Maintenant, il faut que ces deux généraux se serrent la main devant les photographes. »

    « La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autre. Des marionnettes, c’est ça qu’ils veulent en face d’eux. »

     

    — FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE

    ————————–Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    Général Giraud promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle

    La marionnette nommée Général Giraud, promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle.

    Cette célèbre et hypocrite poignée de mains entre de Gaulle et le général Giraud, pétainiste passé au service des Américains, fut exigée par Roosevelt lors de l’entrevue des quatre hommes au Maroc en 1942. On distingue Roosevelt (à gauche) et Churchill (à droite) assis à l’arrière-plan, en train de contempler avec satisfaction cette scène de théâtre organisée devant les appareils photos des journalistes de la presse anglo-saxonne.

    Le président américain voulait absolument promouvoir Giraud, personnage falot, peu intelligent et sans tempérament, pour empêcher Charles de Gaulle d’accéder au pouvoir. Car le patron de la Maison Blanche, qui était intelligent et sournois, avait parfaitement compris que de Gaulle était le seul homme d’État français, le seul capable de faire échec au projet des États-Unis de vassaliser la France après la fin de la guerre.

    Conclusion

    La commémoration du 6 juin 1944 en très grandes pompes, avec les plus hautes autorités de l’État, semble parfaitement légitime et nécessaire à nos compatriotes, tellement des pans entiers de l’Histoire réelle ont été occultés depuis 70 ans.

    Il est donc plus que temps que les Français fassent pour de bon le « travail de mémoire » qu’on leur demande, à condition de le faire dans son intégralité, sans biais ni a priori, et sans passer sous silence les actions précises des Alliés, et tout spécialement des Américains à l’encontre de la souveraineté et de l’indépendance de la France.

    S’il y a certes toutes les raisons pour s’incliner devant la mémoire des soldats anglais, canadiens et américains morts sur le sol de France, qui ont contribué de façon décisive à la fin de l’Occupation nazie, il n’y a en revanche aucune raison de permettre aux États-Unis d’Amérique de camoufler les objectifs politiques peu reluisants qui étaient ceux de leur gouvernement à l’époque des faits.

    Il est important que les Français, et notamment les jeunes générations, sachent que Roosevelt avait décidé :

    • de placer la France « libérée » sous son occupation militaire américaine,
    • de lui imposer une « fausse monnaie » imprimée aux États-Unis,
    • et de maintenir Pierre Laval au pouvoir, figure hideuse et honnie de la Collaboration et de l’intelligence avec l’ennemi, et tout cela avec la complicité de l’ambassadeur d’Hitler en France.

    Par la même occasion, il serait utile de rappeler le soutien financier considérable qu’apporta l’oligarchie industrielle et financière américaine à Adolf Hitler et à son régime pendant toute les années 30 ,et pendant encore une grande partie de la guerre. Les travaux d’Anthony Sutton, désormais de plus en plus connus, permettent notamment de jeter une lumière crue sur cette coopération secrète entre les États-Unis et l’Allemagne hitlérienne.

    Tous ces rappels historiques permettraient à Washington de faire à son tour, et utilement, son « travail de mémoire » et sa « repentance ». Cela permettrait aussi d’inviter Washington à abandonner ses prétentions à l’hégémonie mondiale.

    Au lieu de se plier servilement à l’opération de communication voulue par Washington afin de légitimer son hégémonie actuelle sur l’Europe et la France – par Union européenne et Otan interposées –, le président Hollande devrait ainsi garder à l’esprit que son rôle est d’enseigner la vérité historique aux jeunes générations et d’être « le garant de l’indépendance nationale », comme le lui en fait obligation l’article 5 de notre Constitution.

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •   

      

    Femmes dans la Résistance intérieure française

     

    Afficher l'image d'origine 

     Madeleine RIFFAUD 

     

    Les femmes dans la Résistance intérieure française ont joué un rôle important dans le contexte de l'occupation du pays pendant la

    Seconde Guerre mondiale.

      

      http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/?aIndex=12

    Effectifs et positions hiérarchiques

    Moins nombreuses que les hommes, les femmes représentent 15 à 20 % des résistants et environ 15 % des déportés politiques

     

    Danielle Casanova,

     

      

    Lise London,

     

      

    Marie-Claude Vaillant-Couturier,

     

      

      

    Laure DIEBOLD

     

    Charlotte Delbo,

    Germaine Tillion,

    Touty Hiltermann,

    Geneviève de Gaulle-Anthonioz,

    Yvonne Pagniez,

     

    Denise Vernay,

    Anise Postel-Vinay,

    Jacqueline Pery d'Alincourt,

    Gilberte Brossolette,

    Jeanne Goupille (Indre-et-Loire), Ginette Lion-Clément, etc.).

      

    Elles sont le plus souvent cantonnées à des rôles subalternes.

      

    Lucie Aubrac, résistante emblématique, cofondatrice de Libération-Sud, n'a en fait jamais eu de rôle défini dans la hiérarchie du mouvement. Hélène Viannay, davantage diplômée que son mari Philippe Viannay, le fondateur de Défense de la France, n'écrit jamais un seul article pour le journal clandestin du même nom, pas plus que les autres compagnes des chefs de DF, alors qu'elles assistent à toutes les réunions de rédaction.

      

    Quoique officiers, les agentes du Special Operations Executive sont formées et employées comme sans-filistes et secrétaires de circuits dirigés par des hommes.

     

      

      • Lors de la réorganisation de ce mouvement, plusieurs d'entre elles sont au comité directeur:

     

     

     

     

      

      

    • ancienne de l'école des surintendantes.
    • Les employées du commissariat au chômage de Lyon dont Berty est directrice jouent un rôle-clef dans le développement de Combat (résistance) en zone Sud.

     

     

     

     

     

      • ville annexée au Troisième Reich, monte son « réseau d'évasions ».

      

      • Des milliers de prisonniers, de réfractaires
      • lui doivent leur « liberté ».

      

    • Elle organise l'évasion de François Mitterrand, de Boris Holban fondateur du réseau des FTP-MOI en mars 1942 et aide à celle du général Giraud, le 17 avril 1942.

     Afficher l'image d'origine

     

      • fait la liaison entre les différents chefs des nombreux réseaux d'Alliance dont elle est l'égérie.

      

      • Après la guerre, elle préside l'association des anciens.

     

      • Elle est la seule femme à avoir été chef d’un grand réseau de résistance.
      • L'Organisation civile et militaire (OCM) a une section féminine, présidée par

      

    • Marie-Hélène Lefaucheux, qui est également membre du comité parisien de Libération et sera à la libération député puis sénateur.

     

     

    • joue un rôle décisif dans la fondation et le fonctionnement
    • du mouvement Dutch-Paris.

     

     

      • devient l'un des chefs de la filière d'évasion de Paul Hauet dont elle prendra la suite.
      • Après la guerre, elle est chargée de la liquidation administrative de la nébuleuse Hauet-Vildé qu'elle baptise alors

     

    Rôle

    Seule une minorité très restreinte prend part à la lutte armée. Alors que les résistantes sont des figures emblématiques et nombreuses dans les mouvements de partisans en Italie, en Grèce, en Yougoslavie et en URSS occupées, elles sont peu nombreuses dans les maquis de France - peut-être parce qu'elles ne sont pas soumises au STO et n'ont pas besoin de le fuir (elles n'ont pas non plus de formation ni de vocation militaire). Elles ne sont pas désignées comme otages par les occupants.

     

    Des femmes organisent des manifestations de ménagères dès 1940, sont actives dans les comités populaires du PCF clandestin, omniprésentes dans les encouragements et l'aide matérielle aux grévistes (ainsi dans le Nord-Pas-de-Calais en mai 1941) ainsi qu'aux réfractaires des maquis (H.R. Kedward, A la recherche du maquis, 1999).

     

    Elles sont indispensables comme dactylos, comme boites aux lettres, comme hébergeuses, et surtout comme agents de liaison - en partie parce que les Allemands se méfiaient moins des femmes, et que les innombrables contrôles d'identité dirigés contre les réfractaires au STO ne les concernent pas. Olivier Wieviorka souligne que la stratégie des mouvements était souvent, en fait, de mettre en avant les femmes parce qu'elles sont moins exposées à la répression : Vichy et les Allemands ne peuvent quand même pas tirer sur des ménagères réclamant à manger pour leurs enfants. Certaines prennent les armes, telle Germaine Lemaire qui abat un sous-officier allemand  le 17 juin 1940, jour où Philippe Pétain appelle à cesser le combat et annonce son intention de demander l'armistice.

    Résistance et vie privée

    Il faut aussi mentionner que d'innombrables combattants de l'ombre vivent toute la guerre en couple, et que leur résistance serait impossible et invivable sans la présence de leur compagne à leur côté : Cécile et Henri Rol-Tanguy, Raymond et Lucie Aubrac, Gilberte et Pierre Brossolette, Paulette et Maurice Kriegel-Valrimont, Henri Frenay et Berty Albrecht, Reine Joly et Robert Guédon, Hélène et Philippe Viannay, Marie-Hélène Lefaucheux et Pierre Lefaucheux, Clara et Daniel Mayer, Antoinette Feuerwerker et David Feuerwerker etc. forment des couples indissociables.

     

    D'autres idylles sont brisées par la guerre: Pierre Le Rolland et Georgette Dion. D'autres couples sont formés après la Libération : Henri Frenay et Chilina Ciosi, Henri Ingrand et Elizabeth Dussauze, etc.

    Nombreuses sont les résistantes qui se marient et qui ont des enfants en pleine clandestinité, sans interrompre pour autant leur combat. Certaines sauvent la vie de leur mari (Lucie Aubrac, Marie-Hélène Lefaucheux). D'autres feront de la politique après la guerre, comme Gilberte Brossolette qui sera élue sénateur socialiste et la première femme vice-président du Sénat.

     

    D'autres partagent leur sort jusqu'à la torture, à la déportation et à la mort. Le convoi du 24 janvier 1943 emporte à Auschwitz des politiques et des otages (non-juives et en majorité communistes fichées avant-guerre) parmi lesquelles de nombreuses veuves de fusillés, ainsi Maï Politzer, épouse de Georges Politzer, ou encore Hélène Solomon, fille de Paul Langevin et femme de l'écrivain Jacques Solomon.

    Répression

    Les résistantes et les politiques font l'objet de mesures d'internement (en France) et de déportation (en Allemagne ou en Pologne), dans des prisons, des bagnes ou des camps de concentration. Les prisons françaises et allemandes

     

    (Cologne, Sarrebruck, Deux-Ponts, Neuenkirchen, Saint-Wendel, etc.) reçoivent nombre de résistantes et de politiques en détention préventive (Schutzhaft).

     

    En Allemagne, les déportées sous statut Nacht und Nebel sont gardées au secret, sans courrier ni colis, les demandes des familles et les investigations de la Croix-Rouge sont vaines.

     

    Les prévenues contre qui ont été réunies des preuves suffisantes sont jugées par des tribunaux d'exception, Sondergerichte ou Volksgerichtshof.

     

    Les condamnées à mort sont guillotinées.

     

    Les condamnées à mort dont l'exécution a été suspendue et les condamnées aux travaux forcés sont détenues dans des bagnes pour femmes (Frauenzuchthaus), tels Lubeck, Jauer, Anrath, Aichach ou Cottbus, en compagnie de prisonnières allemandes de droit commun.

     

    Quand le régime NN tombe en désuétude, les condamnées et les prévenues sont mises au camp où elles rejoignent les camarades qui avaient purgé leur peine de prison.

     

    En particulier, Ravensbrück compte un effectif entretenu d'environ 5000 Françaises, dont, d'après G. Tillion, un tiers de résistantes. D'autres sont transportées dans des satellites, des kommandos d'usines, des camps de travail où les conditions sont les mêmes.

     

    Mais trois trains de déportées ont été envoyés directement de Compiègne à Ravensbrück.

     

    De plus, quand le Sipo-SD vide les prisons françaises, à la mi-1944, les internées (politiques, résistantes, otages, droit-commun) sont déportées dans les camps de concentration.

     

    Mémoire

    Dès la libération de Ravensbrück, Germaine Tillion entreprend, « à chaud », un travail d'historienne méthodiquement poursuivi pendant plusieurs années, avec l'aide de plusieurs compagnes de résistance et de déportation[3].

    Les survivantes des camps témoignent aux procès de criminels de guerre, comme Marie-Claude Vaillant-Couturier aux procès de Nuremberg.

    La légende dorée de la Résistance est illustrée par les récits épiques de Lucie Aubrac et de Marie-Madeleine Fourcade qui sont de grands succès de librairie, comme les mémoires de Brigitte Friang. Lucie Aubrac fait la tournée des écoles afin d'expliquer l'Occupation aux enfants.

    Danielle Darrieux et Nathalie Baye ont prêté leur talent à Marie-Octobre. Carole Bouquet interprète le rôle de Lucie dans le film de Claude Berri. Simone Signoret tient le rôle d'une résistante dans L'Armée des ombres, que Melville tire du roman de Kessel. Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain ont illustré Les femmes de l'ombre. Miou-Miou a interprété le personnage d'une militante communiste dans Blanche et Marie, Irina Demick joue de la Sten dans Le jour le plus long, etc.

    Hommage

    Le CNR néglige de mentionner le vote des femmes dans son programme de renouveau en mars 1944. Néanmoins, par le choix du général de Gaulle ainsi que leur implication dans la Résistance, elles ouvrent à la voix au droit de vote et l'éligibilité des femmes en France, dès 1944 (par l'ordonnance du 21 avril 1944).

    Des timbres ont été créés à l'effigie de Mère Elizabeth, Simone Michel-Levy, Yvonne Le Roux, Danielle Casanova, Renée Lévy, Berty Albrecht et Geneviève de Gaulle-Anthonioz.

    Lucienne Guézennec (Marie-Antoinette Morat) est l'un des six personnages des Volontaires de la Nuit d'Henri Frenay.

    Après la guerre, de nombreuses militantes ont reçu la croix du combattant volontaire de la Résistance ou la médaille de la résistance[4] , mais aussi des distinctions (médaille militaire, croix de guerre, légion d'honneur) en général attribuées à des hommes. Cependant, six femmes seulement (sur 1038 titulaires) ont été faites Compagnons de la Libération: Berty Albrecht, Laure Diebold, Marie Hackin, Simone Michel-Levy, Émilienne Moreau-Évrard et Marcelle Henry.

    Des personnalités comme Marie-Madeleine Fourcade, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Lucie Aubrac et quelques autres ont été célébrées de leur vivant.

    Monuments

    À l'occasion d'une émission de France Culture consacrée aux femmes dans la résistance[Quand ?], l'historienne Annette Wieviorka remarque que peu de monuments honorent l'action de ces femmes.

    La ville de Riom (63) honore deux de ses citoyennes, Marinette Menut, lieutenant-pharmacien des MURs d'Auverne et Claude Rodier-Virlogeux, sergent-chef des MURs d'Auvergne, d'une stèle spécifique.

    Le Mémorial de Valençay (Indre) porte le nom de 13 agentes du SOE (Section F) mortes au pouvoir de l'ennemi[5].

    Le Mémorial de Ramatuelle (Var) porte le nom de 26 agentes des services spéciaux français mortes aux mains de l'ennemi[6].

    De nombreuses plaques commémoratives ont été posées. De nombreuses rues, places, écoles, dispensaires portent le nom de résistantes, telle Anne Noury. Les pierres tombales de résistantes mentionnent souvent la qualité ou les états de service, les distinctions.

    Tirées au sort, Renée Lévy (réseau Hector) et Berty Albrecht (Combat) sont enterrées au Mémorial de la France combattante du Mont-Valérien.

    Le 3 décembre 2013, le prince Charles de Galles inaugure à Tempsford, près de Cambridge, sur le lieu du terrain d'aviation d’où elles décollaient pour la France ou l'Afrique du Nord, un monument aux espionnes envoyées d'Angleterre (travaillant alors pour le SOE). Au total, 75 femmes en sont parties (notamment Violette Szabo, Noor Inayat Khan et Eileen Nearne), dont 22 sont mortes en mission. Si la convention de Genève interdisait à l'époque aux femmes de combattre, celles-ci ont souvent joué un rôle décisif dans la Résistance, notamment comme courriers ou opératrices radio. Charles de Gaule, qui pour sa part voulait montrer que la Résistance n'était pas organisée de l'étranger, désapprouvait le SOE, ce qui explique encore sa faible notoriété en France. Lors de l'inauguration du monument, la France n'était représentée que par un employé de l'ambassade de France au Royaume-Uni[7].

    L'ADIR

    L'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) tente après la guerre de fédérer les résistantes et les politiques qui ont survécu aux prisons et aux camps.

    Bibliographie

    Histoire

    • Margaret Collin Weitz, Sisters in the Resistance : How Women Fought to Free France, 1940-1945 (en français : Les combattantes de l'ombre. Histoire des femmes dans la Résistance, préface de Lucie Aubrac ([1] ).
    • Mechtild Gilzmer, Christine Levisse-Touze et Stefan Martens [dir.], Les femmes dans la Résistance en France, Paris, Tallandier, 2003 ([2]).
    • Christiane Goldenstedt, Les femmes dans la Résistance, in : Annette Kuhn, Valentine Rothe (Hrsg.), Frauen in Geschichte und Gesellschaft, Band 43, Herbolzheim 2006, (ISBN 3-8255-0649-5)
    • Antoine Porcu. « Héroïques », Femmes résistantes Tome I et II. Préface Pierre. Outteryck. Éditions Geai Bleu, Lille, 2007. Environ 250 portraits monographiques et des analyses par régions.
    • Catherine Varlin, Une ville engloutie : la résistance des femmes juives, in RHICOJ, Les Juifs dans la Résistance et la Libération, Paris, éd. du Scribe, 1985.
    • Marie-Louise Coudert, Elles la résistance, Paris, Messidor, 1983.
    • Hélène Eck, Les Françaises sous Vichy, in Georges Duby et Michelle Perrot, Histoire des femmes, t. 5, Le XXe siècle (sous la direction de Françoise Thébaud), Plon, 1992, p. 185-211.
    • Sylvie Lalario, Retour en France et réadaptation des femmes juives déportées, Mémoire de maîtrise d'histoire, Université Paris 7-Denis Diderot, 1993.
    • Ania Francos, Il était des femmes dans la Résistance, Paris, Stock, 1978.
    • Paula Schwartz, Résistance et différence des sexes, in Clio, Histoire, Femmes et Sociétés, sous direction de Fr. Thébaud 1, 1995.
    • Claire Andrieu, Les résistantes, perspectives de recherche, dans Antoine Prost (dir.), La Résistance, une histoire sociale, Paris, Les Éditions de l'atelier, coll. Mouvement social, 1997, 250 pages.

    Témoignages et monographies

     

     

     

    Sources

    WIKIPEDIA

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_dans_la_R%C3%A9sistance

    _int%C3%A9rieure_fran%C3%A7aise

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • La VIE QUOTIDIENNE la VIE A PARIS, sous l'OCCUPTION, particulièrement BRILLANTE pour les parisiens,, acteurs, écrivains, ..

     

     

     

     

     

    BREST  

    Synagogue transformée en maison close pour les ALLEMANDS

     

    La vie parisienne sous l'occupation allemande fut particulièrement brillante malgré les contraintes, les angoisses et les périls du moment. Il ne s'agissait pas nécessairement de frivolités mais du besoin de s'évader de la dure réalité quotidienne et de maintenir le prestige de l'ex-Ville Lumière.

     

     

     

    Des soldats allemands devant le MoulinRouge juin 1940

     

     

    Il ne faut pas oublier, en effet, qu'entre 1940 et 1944, le cinéma, le théâtre, les lettres, la musique, les ballets et la chanson brillèrent de feux d'autant plus étincelants qu'ils avaient l'éclat de la fierté, de l'insolence et parfois de la révolte.

     

     

     

     

    Est-il nécessaire de rappeler que ce fut durant cette période que le cinéma français poursuit les Visiteurs du soir, le Corbeau, L'Eternel Retour, Les Enfants du Paradis et que le théâtre révéla Eurydice et Antigone de Jean Anouilh, La Reine Morte de Montherlant, Huis Clos de Sartre, Le Soulier de satin de Claudel et le premier drame de Camus ? 

     

     

     

     

     

    En même temps les ballets de Serge Lifar triomphaient à l'Opéra, Braque et Matisse exposaient au Salon d'Automne et le Requiem de Berlioz était interprété, sous la direction de Charles Münch, pour la première fois, par six cents musiciens selon le voeu exprimé par son auteur.

     

    Certains autres aspects du Paris occupé sont aussi évoqués.

     

     

     

    Ceux qui ont trait aux salons mondains, aux cabarets, à la prostitution et à la grande bouffe des profiteurs du marché noir.

     

     

    D'autres, enfin, restituent le panorama artistique constitué par le cirque, la peinture, les lettres, la radio et même la télévision, alors au berceau.

     

     

     

     

     

    Il est surprenant de constater, par exemple, que l'appétit de lecture ait doublé de 1938 à 1941 et qu'en 1943 la France ait figuré en tête des pays producteurs de livres par le nombre des titres publiés. 

     

     Sortie de la messe, église de la Madeleine.

     

     

    La peur, la faim, le désir de briller, de vivre et surtout de survivre, éprouvés par les uns, n'excluaient pourtant pas chez les autres le sens de la dignité, de la retraite et d'une opposition plus ou moins apparente. 

     

     

     

     

    C'est cet univers pittoresque et parfois ahurissant que reflète La Vie parisienne sous l'Occupation, conçu par Hervé Le Boterf comme un reportage vécu dans le passé de sa jeunesse.

     

     

     

     

    Agrémenté de mille anecdotes cocasses ou dramatiques, mais aussi de jugements critiques, ce livre constitue un document objectif du plus grand intérêt sur un aspect insolite et pratiquement méconnu de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

     

     Café Le Pam-Pam, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince.

     Angle Boulevard Saint Michel Paris

    Café “Le Pam-Pam”, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

     

     

     

     

     

    http://embruns.net/carnet/autres-sujets/paris-sous-loccupation.html

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Image n° 96288

    Louise de Landsheere

    - De la Résistance à la Marche de la Mort -

     

     

    Louise de Landsheere grandit dans un milieu d'intellectuels catholiques.

     


    Son père, Paul de Landsheere, est un journaliste connu qui deviendra président de l'Association générale de la Presse belge et finira sa carrière comme directeur du Compte rendu analytique du Sénat.

     

     

    Il fréquente les milieux politiques et les hautes sphères de l'administration. Pendant la Première Guerre mondiale, il fait de la résistance et publie peu après une chronique de l'occupation, Cinquante mois d'occupation allemande.

    Après des humanités classiques, la jeune Louise suit les cours de l'Ecole supérieure de Jeunes Filles à Bruxelles, école créée sous les auspices de l'Université catholique de Louvain (UCL).

     Image n° 96292

    En 1939, elle s'inscrit également au cours de l'Ecole supérieure de Commerce de l'UCL.

    Survient la deuxième occupation allemande.

     

    Très rapidement, un désir fou de faire quelque chose contre «eux» la poursuit.


    Déjà des tracts et journaux clandestins sont passés d'une étudiante à l'autre, mais Louise - Loulou pour les amis - ne parvient pas à remonter la filière.

     

     


    Jusqu'à ce jour de septembre où un ancien camarade de l'Académie des Beaux-Arts la contacte et lui demande son aide pour héberger des soldats britanniques cachés.

     

    Le père de Louise qui jusqu'ici s'était contenté de dire :

     

    «ce n'est pas l'affaire des femmes, elles ne peuvent pas se taire», finit par lui passer une adresse d'hébergement.


    La jeune femme veut davantage et force son père à lui donner le nom de quelqu'un qui, déjà, organise un «réseau» :

     

    William Ugeux, avocat, directeur au XXe Siècle avant-guerre (journal auquel Paul de Landsheere collaborait comme informateur politique).

    Louise de Landsheere entre en Résistance où elle devient «Martine», indicatif 015 du Service Zéro.

     

    À partir de ce moment, son activité augmente de jour en jour.

     

    Elle prend contact avec d'autres membres du réseau de «Walter» (Ugeux), se met à distribuer La Libre Belgique clandestine, travaille dans le renseignement proprement dit, mais surtout s'occupe du passage de Belges ou d'Anglais vers la Grande-Bretagne.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Elle est accaparée par «Walter», commence à le remplacer quand il ne peut effectuer lui-même une mission.

     

    Elle fait ainsi connaissance de Marcel Kerkhofs, François Kinder, Charles Claser, Thérèse de Radiguès, Jean Fosty.


    Début 1941, Louise de Landsheere est l'adjointe en titre de «Walter».

    Mais en juillet 1941, après une dénonciation, la Geheime Feldpolizei fait irruption chez les de Landsheere.

     

    Par miracle - 500 Libre Belgique et d'autres papiers compromettants sont cachés dans la maison -, rien n'est découvert. !

     Image n° 96294


    Malgré plusieurs autres alertes, les activités se développent encore : Louise réceptionne des agents parachutés de Londres, transporte des armes, aide à la rédaction de la Libre Belgique,

    C'est le 5 mai 1942, en portant chez l'imprimeur Lielens la copie d'un numéro du clandestin qu'elle est arrêtée par la Gestapo ...

     

    Après des interrogatoires avenue Louise, elle est emprisonnée à Saint-Gilles.

     

    Suivent d'autres interrogatoires au cours desquels elle ne lâche rien !!!

     

    Elle restera à Saint-Gilles jusqu'à la fin l'année.

     

    Le 25 novembre 1942 débute devant un conseil de guerre allemand le procès de l'affaire de la Libre Belgique.

     

    Les séances se tiennent dans la salle de la Cour d'assises du Palais Justice de Bruxelles.

     

    Les imprimeurs sont condamnés à quinze ans de travaux forcés,

    Louise de Landsheere à sept ans.

    Dans la nuit du 7 janvier 1943 elle est transférée avec d'autres prisonnières vers le Zuchthaus (bagne, forteresse) d'Anrath, tout près de Krefeld. Anrath, surnommé le « château de la mort lente » est utilisé par l'industrie allemande.

     


    Parce que de Landsheere «a travaillé pour l'ennemi», on la met au régime des condamnés à mort.

     

    Avec d'autres condamnées, y compris des prisonnières de droit commun allemandes, elle devra travailler à découdre de vieux uniformes pour en récupérer ce qui peut encore servir.


    La nourriture est débilitante, l'atmosphère mauvaise.

     

    Il y a des délateurs. Louise de Landsheere est mise aux arrêts.


    Elle travaillera ensuite en kommando.

     

    Au début de l'hiver 1943, elle est envoyée dans d'autres prisons pour revenir à Anrath vers Pâques 1944.


    Quelques jours après, c'est le départ définitif pour la forteresse de Jauer en Silésie où le petit groupe de Französinnen (prisonnières autres que Allemandes) arrive début mai 1944.

    Sous le couvert d'une petite fabrique de réchauds à gaz, il s'agit de faire travailler des prisonnières à la fabrication de glissières d'obus.

     

    Dans la prison, la résistance s'organise.

     

    Les femmes refusent de s'installer aux machines.

     


    Après quelques semaines de «grève», c'est au tour de de Landsheere d'être mise aux arrêts, Elle refuse de fabriquer des munitions. Après un mois de sévices, elle peut retourner à l'atelier de couture. Mais pas pour longtemps.

    L'Armée rouge approche. Le 28 janvier 1945, par 25 degrés sous zéro, l'évacuation des prisonnières de Jauer commence.


    Ainsi, comme des milliers d'autres, Louise de Landsheere va connaître sa marche de la mort. Après des semaines d'horreur le convoi arrive en Bavière, à la forteresse d'Aichach, tout près de Dachau.



    Le typhus se déclare. Mais l'espoir grandit et le 29 avril, enfin, la prison est libérée par les Américains.


    Quelques heures plus tard, Paul Lévy, correspondant de guerre ayant assisté à la libération de Dachau et dont, en 1942, de Landsheere avait organisé l'évasion vers l'Angleterre, la ramène au pays après trente-six mois de captivité.


     

    Louise de Landsheere lors de sa libération avec à sa droite
    Ginette Pevtchin (Résistante également),
    Paul Lévy en Battle Dress et un officier américain

     

     








    Triste retour : à Bruxelles, elle apprend que son frère Henry, en mission pour l'Armée Secrète, a été écrasé accidentellement par un char anglais le jour de la Libération.

    Le rôle essentiel de Louise de Landsheere dans des organismes importants de la lutte clandestine à un moment où étaient rares les véritables résistants la fait reconnaître capitaine ARA (Agents de Renseignement et d'Action), résistante par la presse clandestine, prisonnière politique et invalide de guerre.

    Source bibliographique:
    "Les mémoires de Louise de Landsheere" paru aux Editions J.M. Collet 1990
    Source Internet:
    http://louisedelandsheere.blogspot.com/
    Crédit photographique:
    Ouvrage cité ci-dessus.

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Louis Roussel est né le 22 décembre 1897 à Abscon (Nord). Il exerce à Paris la profession de fabricant de produits pharmaceutiques.

     

    Engagé volontaire en 1939 dans l'Armée de l'air, il est affecté à la base aérienne de Saint-Cyr-l'Ecole avec le grade de sergent. Révolté par le discours défaitiste de Pétain en juin 1940, il commence à sonder son entourage ainsi qu'une multitude d'officiers, sous-officiers et soldats avec une sorte de "programme de résistance" qu'il a lui-même rédigé.

     

    En juin 1940, il franchit la frontière et passe en Espagne avec l'espoir de soumettre son programme au général de Gaulle.

    Arrêté le 27 juin, il est interné mais parvient à s'évader le 24 ou 26 août. Il part alors en Afrique occidentale française (AOF) et contracte un engagement dans les Forces françaises Libres le 12 octobre 1940 à Ado au Nigeria.

     

    Le 12 novembre 1940, au cours d'une mission, il est arrêté, par la police française

    à Porto-Novo (Dahomey) et transféré à la prison de Cotonou puis à celle de Dakar

    le 23 décembre 1940.

    Ramené à la prison militaire de Clermont-Ferrand le 24 avril 1941, il est condamné à 4 ans de prison et à la confiscation de ses biens le 30 mai 1941 par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.

     

    Louis Roussel est interné au camp de Mauzac (Dordogne) le 30 mai 1941 puis transféré à la prison militaire de Bergerac, d'où il s'évade le 18 octobre 1942.

     

    Le 1er novembre, il est de retour à Paris.

    Il entre alors en contact avec Médéric par l'intermédiaire de cheminots et entreprend pour lui un travail de renseignements et de repérage de terrains de parachutage. Au sein de CDLL, il est connu sous le pseudonyme de "L'Ours du Sahara".

     

    Maurice Vannier et Roger Coquoin lui confient la responsabilité d'un gros secteur au Nord de Paris. Il perd ce contact en avril 1943 à la suite d'une vague d'arrestations qui touche CDLL.

     

    En mai 1943, il établit le contact avec Gérard Kaisin, chef du sous-réseau Paris de Zéro-France, et est enrôlé par celui-ci. Son travail consiste en premier lieu à recruter des agents et à centraliser les informations.

     

    Parallèlement, il affilie ses groupes paramilitaires à Libération-Nord. Lorsque Joly, successeur de Kaisin à la tête du sous-réseau Paris, est arrêté en juillet 1943, la direction du sous-réseau Paris est confiée à Louis Roussel.

     

    Ce dernier confie alors le service action qu'il avait créé à Robert Fouré, alias "Le Targui".

     

    Tout en dirigeant le sous-réseau Paris, Louis Roussel devient chef des corps-francs de Libération-Nord pour l'Ile-de-France.

    Arrêté par la Gestapo le 9 février 1944 au café du Delta, boulevard de Rochechouart à Paris, il s'évade le jour même grâce à la complicité d'un inspecteur de la Brigade spéciale.

     

    Appréhendé de nouveau le 8 mars 1944 par la Gestapo, il s'évade de nouveau. Il demande alors à se faire remplacer à la tête du sous-réseau Paris de Zéro-France afin de se consacrer uniquement à l'action paramilitaire.

    Lors de la libération de Paris, il participe aux combats du carrefour de Châteaudun

    le 23 août et à la prise de la Kommandantur, place de l'opéra, le 25 août.

     

    Louis Roussel est décédé le 2 décembre 1976 à Paris (5ème).

     



    Décorations :

     

    Officier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1939-45 avec palme (7 citations), Médaille de la Résistance, Croix du Combattant volontaire de la Résistance, Médaille des services volontaires dans la France Libre, Médaille des internés résistants.

     

     

    SOURCES

    http://www.museedelaresistanceenligne.org/media.php?expo=49&theme=111&stheme=233asstheme=505&media=2200&ordre=17

     

     

    Le service de renseignement Zéro est un réseau de la résistance belge pendant la Seconde Guerre mondiale. Actif de 1940 à la libération du pays, il est notamment en contact avec le Special Operations Executive britannique.

     

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • LA RESISTANCE

    Afficher l'image d'origine 

    Réseau ZÉRO-FRANCE

     

     

    Zéro-France est une antenne en France d'un réseau d'origine belge,

    le réseau Zéro, fondé en juillet 1940 par Fernand Kerkhofs, directeur du service information du holding financier belge Brufina,  

    avec William Ugeux, Louise de Landsheere et quelques amis.

     

     

    Le réseau Zéro-France est cofondé en juin 1942 dans le Nord de la France par un capitaine de la Première Armée belge membre du SIS, Gérard Kaisin, et par un industriel français Paul Joly .

     

    Le service de renseignement Zéro est un réseau de la résistance belge pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Actif de 1940 à la libération du pays, il est notamment en contact avec le Special Operations Executive britannique.

     

     

    Zéro-France se développe logiquement sur le Nord de la France puis s'émancipe sur la Normandie, la Région parisienne et les Pays de Loire.

     

    Le réseau est divisé en sous-réseaux et en secteurs :

     

    Joly  prend la direction du sous-réseau Nord et Kaisin celle du sous-réseau Paris qui comprend douze secteurs dont le secteur Calvados.

     

    Après l'arrestation de Joly en juillet 1943; Kaisin prend le commandement de l'ensemble du réseau et confie celui du sous-réseau Paris

    à Louis Roussel dit "Sahara".

     

    LOUIS ROUSSEL

    Légende :

    Louis Roussel, chef du sous-réseau Paris de Zéro-France et chef des corps-francs de Libération-Nord pour l'Ile-de-France

     

    Source : © Bureau Résistance Droits réservés

    Détails techniques :

    Photographie analogique en noir et blanc.

     

    Date document : Vers 1946

    Lieu : France - Ile-de-France

     

    Le secteur du Calvados est créé à partir d'octobre 1943 par Aimable Lepeu (41 ans en 1940), pharmacien à Dives-sur-Mer, qui en devient le chef; suite à sa rencontre avec Roussel .

     

    Il se développe considérablement dans la région Dives-Cabourg et devient le principal réseau de Résistance implanté dans cette région durant la Seconde Guerre mondiale.

     

    Aimable Lepeu a sous ses ordres directs quatre lieutenants. chacun responsable d'un petit nombre de résistants :

    le garagiste Pierre Dupont ((35 ans en 1940, mécanicien garagiste - Domicile : Cabourg);

    Marius Tréfouel (26 ans en 1940, cheminot - Domicile : Deauville);

    Fernand Fanneau (37 ans en 1940, menuisier -Domicile : Villers-sur-Mer) et Pierre Thieulle (59 ans en 1940), ancien receveur des postes de Cabourg.

     

    L'activité essentielle des résistants du réseau est l'observation et la collecte de renseignements sur le Mur de l'Atlantique et les mouvements de troupes allemandes, renseignements précieux transmis à l'IS. Le réseau est en parallèle un réseau d'évasion au service des aviateurs alliés abattus et de jeunes réfractaires au STO.

     

     

    Le réseau est contraint de cesser ses activités quelques semaines avant le Jour J car il est démantelé au printemps 1944 par la Gestapo, efficacement secondée par des collaborateurs locaux.

     

    Le démantèlement du réseau Zéro-France (Mars et avril 1944)

     

    Le réseau Zéro-France connut une fin tragique dans le Calvados, la plupart de ses membres furent arrêtés. puis torturés et déportés en Allemagne ou en Autriche, principalement dans les camps de Sachsenhausen, Mauthausen et Neuengamme.

    Dans la région de Dives-Cabourg. le réseau fut démantelé par les Allemands peu avant le Débarquement. dans des conditions qui restent obscures encore aujourd'hui. Ce démantèlement eut lieu à la suite d'arrestations opérées surtout aux mois de mars et avril 1944.

    La capture de Raymond Romy, mécanicien automobile, vers le 22 mars 1944. semble être à l'origine du démantèlement. Il est arrêté pour vol de cartes d'alimentation et emprisonné sans que les Allemands ne soupçonnent son appartenance au réseau. Cependant. ces derniers font le rapprochement entre ce vol et l'existence probable d'un réseau de Résistance dans la région. Suite à une enquête. les Allemands apprennent l'existence d'Aimable Lepeu , chef du réseau. et se rendent à son domicile le 25 mars 1944. Après une fouille minutieuse de son appartement. les policiers trouvent la cachette où Lepeu dissimule ses documents.

     

    Or. parmi ces papiers se trouve la liste des noms des membres du réseau. Aimable Lepeu l'avait constituée afin de pouvoir témoigner de l'engagement de ses hommes dans la Résistance Tombée entre les mains des Allemands. cette liste provoque une véritable hécatombe De nombreuses arrestations sont opérées en quelques jours.

     

    Seize membres de Zéro-France sont arrêtés lors de la première vague dont Marius Tréfouel , Pierre Dupont et Léon Tardy (40 ans en 1940, cultivateur - Domicile : Grangues), bras droits d'Aimable Lepeu.

    Une seconde vague d'arrestations est menée à partir du 12 avril 1944 et concerne treize autres résistants du réseau. Quelques arrestations plus tardives ont lieu, notamment au mois de juillet 1944.

     

    Le réseau Zéro-France est implanté essentiellement au Nord-Ouest du département, le long de la côte fleurie

     

    Les deux groupes importants sont implantés à Dives-sur-Mer et Cabourg. Des groupes de moindre importance existent à Deauville et Villers-sur-Mer ainsi que vers l'intérieur du Pays d'Auge.

    Le nombre de résistants caennais est aussi important car Caen.

    chef-lieu du département, est un relais incontournable pour la transmission de renseignements

     

    :

    Sources :

    SÉNÉGAL Christophe. Zéro-France. Vie et mort d'un réseau de Résistance à Dives-Cabourg, Cabourg, Collège de la Divette, 1995; 96 pages.

    Archives de Jean Quellien.

    Mathieu Gourdain et Cédric Neveu

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  LA RESISTANCE

     

    SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.

    Jean-Pierre VOIDIES  (1926-1996)

     

        Cette frêle silhouette à l'allure de vieillard appuyé sur sa canne est un jeune homme de 19 ans, rentré depuis peu de temps du camp de Neuengamme.

     

    Alors qu'il est élève au lycée Malherbe, à Caen, Jean-Pierre Voidies qui habite rue Laumonnier fonde avec quelques jeunes de son âge:

     

     

    Roger Câtel

    (27 ans en 1940, ouvrier dans une cartoucherie

    - Organisation : Isolé

     

    - Domicile :

    Cormelles-le-Royal), Bernard Duval ,

    Bernard Boulot ,

    Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze, un petit groupe de Résistance rattaché au Front national.

     

     

    RESISTANCE

    Le sabotage du RNP par les jeunes du Front national

     

        Dans le courant de l'année 1943 se constitue à Caen, autour de Roger Câtel (16 ans en 1940, étudiant en EPS - Organisation : Front national - Domicile : Caen) et Jean-Pierre Voidies ,, un petit groupe de Résistance, en grande partie composé de jeunes.

     

    Parmi eux, des camarades de leur quartier comme Bernard Boulot et Bernard Duval , des lycéens tels que Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze.

     

    Agissant d'abord de façon autonome, le groupe sera plus tard rattaché au Front national. Sa première activité consistera à faire des relevés des défenses allemandes sur la côte, entre Ouistreham et Arromanches, et à distribuer des tracts.

        Au début de l'année 1944, Jean-Pierre Voidies , qui brûle de faire un coup d'éclat, décide de saboter l'action du RNP , parti de collaboration bien implanté sur la place de Caen.

     

    Pour ce faire, il adhère à la section jeunes du RNP , les  Jeunesses Nationales Populaires (JNP) ; ce qui lui permet de fréquenter le local de cette organisation et notamment le bureau du chef départemental,

     

    Marceau Degardin .

     

    Il y repère une volumineuse serviette qu'il décide de subtiliser; ce qu'il fera un dimanche de janvier après avoir dérobé la clé du local au 14 bis rue Ecuyère (à la place d'un magasin de bonneterie précédemment tenu par un israélite).

        La fameuse serviette contient la liste des adhérents du RNP, des bulletins d'engagement dans la milice du RNP , des notes confidentielles sur des personnes suspectées de gaullisme, divers papiers et enfin le tampon de Degardin . Dès lors, Voidies et ses amis passent à l'action.

     

    Des lettres, pompeusement signées"Mouvements Unis de la Résistance", sont adressées aux personnes suspectées pour les mettre en garde. D'autres sont envoyées aux membres du RNP avec des menaces de châtiment pour trahison.

        Jean-Pierre Voidies se débarrasse de la serviette dans un égout et disperse les dossiers chez deux lycéens de sa classe: le fils de la surveillante générale du lycée de filles et le fils d'un professeur de lettres du lycée Malherbe.

        Le 25 janvier 1944, une séance de cinéma devant être organisée au cinéma Eden, au cours de laquelle était prévue la projection

    du film anti-anglais: "Le président Krüger"  ; Jean-Pierre Voidies fait parvenir la veille au directeur de l'établissement,

     

    M. Le Boyteux, une lettre lui demandant d'annuler la séance, signéeDegardin et revêtue de son tampon.

     

    Sans méfiance, l'homme renverra les bobines à Paris, au grand dam des responsables du RNP.

     

        Là ne s'arrêtent pas les canulars.

     

    Toujours avec la signature et le cachet de Degardin, des avis sont envoyés à la presse, invitant à venir assister à la messe en mémoire de miliciens du RNP décédés... et en fait toujours bien vivants.

     

        Mais ces facéties n'auront qu'un temps.

     

    Alertée, la Gestapo porte ses soupçons sur un membre des Jeunesses nationales populaires , totalement étranger à l'affaire, mais qui malheureusement fréquentait certains des membres du groupe dont il connaissait les idées.

     

    Le 23 février 1944, Mérouze, Lunois et Voidies sont arrêtés, conduits au siège de la Gestapo où ils sont sauvagement battus et tortures plusieurs jours durant par la bande à Hervé.

     

     

    Bien qu'étrangers à l'affaire du vol des documents de Degardin , Boulot et Duval sont à leur tour appréhendés dans les jours suivants.

     

    Tous seront déportés.

     

     Sources:

     Archives de Jean Quellien

     

     

    -------------------------------------------

     

     

        Avec beaucoup de culot, il feint d'adhérer aux Jeunesses nationales populaires en se présentant comme un partisan de la collaboration. Il en profite pour dérober d'importants dossiers et semer une totale perturbation dans les rangs de cette organisation en propageant une série de fausses nouvelles.

     

     

    Ce coup d'éclat lui vaut d'être arrêté par la Gestapo,

    (dont Xavier Vetter dit " Walter") le 23 février 1944 avec plusieurs de ses camarades. Il est longuement torturé au 44 rue  des Jacobins avant d'être déporté en Allemagne.

     

     

    Après son retour de déportation, Jean-Pierre Voidies deviendra la poétesse transsexuelle Ovida Delect.

    Dans ce livre   Jean-Marie Girault, rend hommage au courage de son camarade aujourd'hui disparu.

    "En 1942-1943, l'un des camarades de 3e et de seconde de Jean-Marie Girault, Jean-Pierre Voidies, « résistant d'instinct » avait décidé de réunir quelques camarades de classe pour envisager comment ces très jeunes gens pourraient contrarier la machine de guerre allemande et la gêner.

     

    À six ou sept reprises le groupe se réunit au Jardin des Plantes. Dans ce groupe, Jean-Marie Girault se servait d'une canne-épée de la guerre de 1914-1918, pour crever les pneus de quelques véhicules ennemis garés devant les services de l'Intendance allemande  (Heeresunterkunftsverwaltung), située rue Élie-de-Beaumont, près de son domicile.

     

    Le groupe se disloque et les rencontres clandestines cessent après l'arrestation de Jean-Pierre Voidies, qui, revenu de déportation, put s'engager dans une carrière d'enseignant, notamment à la Guérinière."

     Sources:

    Archives de Jean Quellien

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    À l'ouest de Caen, juin 1944

    La bataille de Tilly-sur-Seulles, 8-18 juin

     

    En dix journées de combats acharnés, le bourg de Tilly-sur-Seulles, totalement ruiné, tomba finalement aux mains des Anglais.

    À partir de Gold, la progression de la 50e DI britannique avait été presque conforme au plan initial.

    Le 7 juin, ses éléments avancés avaient atteint Sainte-Croix-Grand-Tonne, sur la route nationale 13, entre Caen et Bayeux.

     

    Dans la matinée du 8 juin, la 8e brigade blindée et le 1er bataillon du Dorset Regiment avaient atteint la cote 103 au nord de Tilly-sur-Seulles, mais l'offensive fut ralentie devant Saint-Pierre,

    enlevée seulement le 9 au soir.

     

    C'en était fini de la conquête rapide.

     

    Armored infantry of the German Wehrmacht are pictured during the Battle for Caen near Tilly-sur-Seulles in France in June 1944.

    Photo: Berliner Verlag/Archiv



    Devant les forces anglaises, pourtant complétées par la 7e DB, se dressait désormais une des plus redoutables formations de la Wehrmacht : la Panzer Lehr, ancienne unité d'instruction, devenue combattante et équipée de matériels performants.

     

    Elle était commandée par le général Fritz Bayerlein.

     

    Avec ses 184 chars et ses 600 véhicules blindés, la division utilisa tous les accidents de terrain, mena une guerre dans laquelle l'effet de surprise, le camouflage, le raid limité mais dévastateur allaient être le lot quotidien.

    Arrêt, donc, de l'offensive anglaise, devant le mur d'acier et de feu déployé entre Fontenay-le-Pesnel et Hottot-les-Bagues.

     

    Mais, de son côté, la Wehrmacht n'est plus en état, temporairement, de mener une offensive : l'état-major du général Geyr von Schweppenburg s'était installé imprudemment en terrain découvert à La Caine, près de Thury-Harcourt.

     

    Commandant le Panzergruppe West, il préparait une offensive pour la nuit du 10 au 11 juin. Repéré, identifié par la Résistance, il fut bombardé par l'aviation alliée. On releva 17 morts, dont 12 officiers.

     

    Le général Ritter, chef d'état-major, faisait partie des victimes ; von Schweppenburg fut blessé.

     

    L'offensive fut annulée.

     

    À l'ouest de Caen, on s'enfonça donc dans une guerre d'infanterie, les chars jouant le rôle d'appuis défensifs ou accompagnant des coups de main limités.

    Le château de Boislonde fut pris et repris plusieurs fois. L'artillerie de marine intervenait depuis la côte.

     

    Les obus de 380 retournaient les chars Panther ou Tiger

    comme des fétus ; pour leur part, les Sherman ou Cromwell étaient détruits à plus de 1 500 m de distance par les chars allemands ou les canons de 88 embusqués.

    Tilly-sur-Seulles était sans doute un des premiers villages totalement détruits lorsque, le 18 juin, les fantassins de la 56e brigade emportèrent définitivement la position.

     

    Le combat allait continuer, dans des conditions aussi terribles, sur la ligne Lingèvres/Hottot/les-Bagues/Fontenay-le-Pesnel.

    Villers-Bocage - L'échec du mouvement tournant - 13 juin

    Après avoir perdu 3 000 hommes à Omaha, le Ve corps américain avait brillamment rétabli la situation. Les défenses allemandes s'étaient pratiquement effondrées dans le Calvados ; elles cherchaient surtout à protéger Carentan.

     

    Le général Bucknall, commandant le XXXe corps britannique, décida d'exploiter la situation.

    Puisque, le 11 juin, les Américains étaient aux portes de Caumont, il organisa un vaste mouvement tournant qui avait pour objectif de contourner les forces allemandes et, surtout, de passer au sud de Caen qui serait ainsi enfin encerclée.

     

    C'est à la 7e DB du général Erskine que fut confiée la mission. Les chars Cromwell des “Rats du désert”, qui s'étaient illustrés à El-Alamein déboîtèrent de Tilly, franchirent l'Aure et pénétrèrent dans Villers-Bocage, le 13 juin. En tête, la 22e brigade remontait la route à la sortie de Villers-Bocage, en direction de Caen.

     

    Soudain, le char de tête explosa.

     

    Un énorme char Tiger, 45 tonnes, 10 cm de blindage à l'avant, venait de surgir d'un petit bois, le long de la route.

     

    Aux commandes, le lieutenant Michaël Wittmann, l'as des blindés allemands, qui totalisait déjà 120 victoires sur le front est.

    Il remonta toute la colonne, tirant à bout portant au canon ou à la mitrailleuse.

     

    Touché à la chenille, son char finit par s'arrêter, mais d'autres Panzer étaient venus en renfort.

    La 22e brigade a perdu 200 hommes ;

     

    25 chars, 14 automitrailleuses, 14 half-tracks sont autant de ferrailles calcinées le long de la route.

    Quelques heures plus tard, des éléments de la 2e Panzer, qui venait d'arriver sur le front, occupèrent Villers-Bocage, après un violent combat de rue.

     

    Les “Rats du désert” se retirèrent à l'ouest du bourg, résistèrent aux attaques allemandes puis reçurent l'ordre de se replier dans le secteur de Livry.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Dans la nuit du 14 au 15, ils firent mouvement.

     

    Afin de protéger cette retraite, le général Dempsey donna l'ordre aux forces aériennes de détruire, outre Villers, deux carrefours routiers : Évrecy et Aunay-sur-Odon.

     

    Dans ce secteur, le front allait également se stabiliser. Il n'y aurait pas, dans un proche avenir, d'encerclement de Caen par l'ouest.

    L'opération Epsom et la bataille de l'Odon - 25 juin-1er juillet

    La bataille de Caen s'enlisait en ces premières semaines de juin.

     

    À l'est de l'Orne, les parachutistes menaient une guerre qu'ils n'avaient pas imaginée.

     

    De l'autre côté, autour de Carpiquet, Rots, Buron, Saint-Contest, les Canadiens et la 12e SS menaient une lutte sans merci.

    C'est ainsi que des prisonniers du North Nova Scotia furent abattus dans l'abbaye d'Ardenne, alors QG de Kurt Meyer, dit Panzer Meyer.

    La 21e Panzer et la 12e SS verrouillaient Caen. Sous le soleil ou dans la boue, on creusait des tranchées, des abris individuels : Dig or die.

     

     

    Il fallait donc rompre le front, en montant la première grande offensive depuis le 6 juin.

     

     

     

    L'opération Epsom avait pour objectif la plaine de Caen.

     

    À partir d'une ligne Cristot-Norrey-en-Bessin, on franchirait l'Odon, puis l'Orne, pour encercler Caen par le sud. L'attaque se ferait à la jonction de la Panzer Lehr et de la Hitlerjugend.

    Les Britanniques réunirent 90 000 hommes, 600 chars et 700 canons. Comme dans la bataille de Tilly, l'artillerie de marine soutenait l'offensive. L'attaque avait été fixée primitivement au 18 juin.

     



    Mais les conditions météorologiques se dégradaient et la tempête sur la Manche (19-22 juin) risquait de compromettre les approvisionnements.

     

    Il fallut attendre le 25 juin : une première offensive fut lancée sur Fontenay-le-Pesnel et Rauray.

    C'est le 26 au matin, après une nuit pluvieuse, que l'opération Epsom proprement dite fut lancée, dans la brume et sous les nuages.

     

    Seuls, les appareils basés en Normandie pouvaient assurer une médiocre protection aérienne.

     

     

    Saint-Manvieu et Cheux furent enlevées, au prix de terribles corps à corps avec les grenadiers de la 12e SS.

     



    Image
    Colonne de Panzer Grenadiers SS montant en ligne dans un village près de Caen. 25-30 juin 1944.

    Image
    Char Panzer recouvert de branchages à l'arrêt dans un village en ruines. Il s'agit du char n°200 de la 2e compagnie, 6e régiment, division Panzer Lehr. Juillet 1944.

    Le 27, les Écossais de la 15e division atteignirent la vallée de l'Odon. Déjà difficile dans les blés hauts, le combat devint âpre dans les bosquets, les haies, les minuscules prairies. Dans l'après-midi, un détachement avancé des Argyll and Sutherland Highlanders réussit à enlever, intact, le pont de Tourmauville. Ils le défendirent jusqu'à l'arrivée des blindés de la 11e DB britannique qui se ruaient sur l'autre rive pour créer une tête de pont. La division avança jusqu'à la cote 112, point culminant dans la plaine de Caen, à proximité d'Esquay-Notre-Dame.

    Le 28, un autre pont a été capturé par la même unité qui a progressé au fond de la vallée de l'Odon jusqu'à Gavrus. Le terrain conquis au-delà de l'Odon forme un petit saillant appelé “couloir (ou corridor) des Écossais”. II allait être l'objet de contre-attaques meurtrières, le 29 juin et le 1er juillet. Profitant du mauvais temps, les Allemands avaient pu regrouper des unités prélevées sur tout le front.

    Mais ce 29 juin, le temps s'est éclairci. À peine la formation d'attaque s'est-elle constituée que les Jabos (“chasseurs bombardiers”, en allemand) interviennent. La contre-offensive allemande reprit à 14 h 30. L'artillerie de marine, les canons de campagne britanniques, puis les canons antichars la brisèrent.

    L'opération Epsom avait tourné court. Ni l'Orne, ni la plaine de Caen, ni même la cote 112 n'étaient atteintes. Mais ce demi-succès britannique fut peut-être la bataille décisive dans la campagne de Normandie. Les pertes en chars des Allemands allaient désormais les contraindre à une guerre défensive. À défaut d'une belle manœuvre d'encerclement, dont rêve tout général en chef, Montgomery avait atteint un des buts de sa stratégie : fixer le plus grand nombre de forces allemandes autour de Caen, épuiser les ressources adverses en hommes et en matériel. Début juillet, 7 des 9 divisions blindées allemandes engagées en Normandie faisaient face à l'armée du général Dempsey.

    Mais la ville de Caen n'était toujours pas libérée.


    Image
    Soldats britanniques blessés au cours de l'opération Epsom sur le point d'être évacués. Juillet 1944.

    Le 28 juin 1944, la chasse canadienne partie d'un des 20 aérodrome de campagne britannique remporte un beau succès sur l'une des rares sorties de la chasse allemande

    A l'ouest de Caen, les soldats de la 8e brigade canadienne lance l'attaque, le 4 juillet, contre Carpiquet et son aérodrome.

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Le plus jeune Compagnon de la Libération

    Mathurin Henrio, né le 16 avril 1929 au lieu-dit Tallen Crann à Baud dans le Morbihan et tué d'une balle dans le dos le10 février 1944 également à Baud, était un jeune français devenu, à quatorze ans, le plus jeune Compagnon de la Libération

     

    Lors de la Seconde Guerre mondiale, le lieu-dit Poulmein, situé à environ deux kilomètres au nord de Baud, est choisi pour servir de base au maquis de la zone.

     

    Le 10 février 1944, dénoncés, des membres du maquis sont sur le point d'être arrêtés alors qu'ils sont en route vers Hennebont

     

    Une fusillade éclate et les maquisards se replient vers Poulmein pour alerter leurs camarades qui décident de fuir en effaçant les traces de leur passage dans la ferme qui leur sert de camp de base.

     

    La carte d'identité d'un des résistants est retrouvée sur les lieux du combat par un ouvrier ; un jeune homme nommé Louis Le Gal, connaissant la personne titulaire de cette carte, décide de la lui rapporter.

     

     

    Ce dernier en route rencontre à Tallen un jeune fils de cultivateurs, Mathurin Henrio, qui décide de l'accompagner.

     

    Arrivés à la ferme, les deux jeunes aident les maquisards à charger leurs affaires et leur armement mais ils sont surpris par les Allemands.

    La plupart des résistants parviennent à s'enfuir, mais deux sont faits prisonniers et deux autres abattus. Mathurin Henrio, lui aussi s'enfuyant à travers champ est abattu d'une balle dans le dos avant d'être achevé.

    Son corps est exposé le lendemain dans la mairie de Baud.

     

    Le surlendemain, près de 3 000 personnes participent à son enterrement.

    Il est fait compagnon de la Libération à titre posthume, par décret du 20 novembre 1944.

     

    C'est le plus jeune des 1038 résistants à avoir reçu cette décoration.

    Il est également décoré de la Croix de guerre 1939-1945

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • l'Or nazi sous l' Heure d'été en 1940....l'Or nazi sous l' Heure d'été en 1940....

     

     

    A partir de 1940, sous l'Heure d’été pour nourrir l'effort de guerre, le IIIe Reich pille les banques des pays occupés et les victimes de l'Holocauste.

    Un butin colossal, mais dont une bonne partie n'a toujours pas été retrouvée.

     

    La Banque centrale du Reich réceptionne donc l'or et les devises des juifs, mais aussi celui des adversaires du régime en fuite ou assassinés.

    Les bijoux à faible teneur en or ainsi que les pierres précieuses sont écoulés sur le marché parallèle des pays neutres comme en France par le zèle de la collaboration et surtout en Suisse par des «collaborateurs».

    Ceux-ci encaissent des francs suisses et des dollars utiles pour le commerce extérieur allemand. L'or de meilleure qualité est refondu pour être transformé en lingots, exporté et masqué ainsi de sa véritable origine.

    Le rapport Eizenstat (du nom du sous-secrétaire d'Etat américain au Commerce) demandé par Bill Clinton et publié en 1996 note:

    «Une partie au moins de l'or vendu à l'étranger avait été arraché aux victimes des camps de concentration ainsi qu'à d'autres civils.»

    Quand les soldats de la 9e division d'infanterie américaine entrent en Allemagne au printemps 1945, ils mettent la main sur 100 tonnes de lingots d'or cachés par les nazis dans les mines de sel de Merkers, et trouvent en même temps des valises entières de couronnes, de montres, et de bijoux en or volés aux juifs.

    La Reichsbank avait ouvert un compte intitulé «Melmer», du nom d'un responsable SS, sur lequel était déposé l'or volé.

    Un câble de l'ambassade des Etats-Unis à Paris informe début 1946 le département d'Etat que 8 307 des lingots récupérés à Merkers «ont peut-être été fondus à partir de couronnes dentaires récupérées sur des cadavres».

    Des voix s'élèvent alors pour proposer de procéder à l'analyse de l'or récupéré, celui de Merkers comme celui que la Suisse va restituer conformément à l'accord de Washington, afin de déterminer ce qui provient des banques centrales européennes, et ce qui provient des victimes de l'Holocauste.

    Mais la proposition est écartée.

    «Nous ne savions pas qu'on pouvait déterminer si cet or provenait de dents, de bracelets ou d'autres sources», a expliqué dans une interview au Los Angeles Times Seymour Rubin, un diplomate américain à la retraite (d'origine juive), qui avait négocié avec les Suisses en 1945/46.

     

    Une annonce de la découverte d'une vieille rame d'un train blindé dans le sud-ouest de la Pologne a ressuscité dans les médias la légende detrains fourrés d'or et de bijoux volés par les nazis et disparus dans les Sudètes à la fin de la Seconde guerre mondiale.

    "Nous avons reçu une lettre d'un bureau d'avocat représentant deux hommes qui déclarent avoir identifié l'endroit où gît une rame d'un train, probablement blindé", a indiqué Arkadiusz Grudzien, le porte-parole de la mairie de Walbrzych,

    le chef-lieu de la région.

     

     

    "Le texte n'apportait aucune précision sur le lieu exact de la découverte.

    Les deux hommes ont demandé de nous rencontrer", a précisé Arkadiusz Grudzien.

    Sur le même sujet : Une immense chasse au trésor dans la ville

     

     

    Il s'agit d'un Allemand et d'un Polonais, selon l'avocat représentant les auteurs de la découverte présumée.

     

     

    "Ce sont des gens sérieux (...). Ce qu'ils ont présenté lors de notre entretien m'encourage à considérer cette affaire comme très crédible", a déclaré Me Jaroslaw Chmielewski dans un entretien avec le site Onet.pl, sans dévoiler l'identité de ses clients.

     

    Légende ou réalité ?

     

    L'information porte sur la découverte d'une rame blindée, longue de 120 à 150 m. "Mes clients sont toutefois sceptiques quant à la question de savoir s'il s'agit effectivement du célèbre train" nazi avec de l'or et d'autres objets précieux, "sans qu'on puisse l'exclure complétement", a-t-il affirmé.

     

    Différentes légendes autour de galeries souterraines secrètes près de Walbrzych, où seraient dissimulés des trésors du Troisième Reich, prennent source dans l'histoire d'un énorme chantier nazi allemand deconstructions souterraines, connues sous le nom de code "Riese (Géant)".

     

    Ces installations impressionnantes, construites par des travailleurs forcés et prisonniers de camps de concentration, devaient initialement accueillir dans les Sudètes des ateliers de production d'armesstratégiques allemandes, bien à l'abri des raids aériens alliés.

     

    Une partie des galeries souterraines sont aujourd'hui ouvertes aux touristes. La région attire aussi des "chercheurs de trésors" motivés par les vieilles légendes locales.

     

    En 1933, s’ouvre le premier des camps de concentration de l’Etat SS : Dachau22. Avec lui, commence un monde de bestialité où l’horreur sera le seul maître mot.

    Alors, dans un contexte si tragique, si dur, où la moindre lueur d’espoir est aussitôt réprimée, pourquoi la pratique dentaire ?

     

     

    En fait, celle-ci exista sous trois formes :

    • les expérimentations médico-dentaires dans la bouche des détenus
    • la récupération de l’or dentaire et son devenir
    • les soins dentaires aux déportés

    Les expérimentations médico-dentaires

     

    Elles sont :

    histologiques

     

     

    A l’arrivée des convois, le Dr Mengele1,2,3,11, médecin SS, faisait mettre à l’écart les enfants tziganes atteints de Noma (= stomatite gangreneuse).

    Ceux-ci étaient exécutés, décapités et leurs têtes étaient envoyées à l’Hygien Institute SS proche d’Auschwitz où des lames histologiques étaient réalisées et la maladie étudiée.

    anthropologiques

     

    Le Professeur August Hirt de la Faculté de Médecine de Strasbourg fit venir 115 détenus juifs en bonne santé d’Auschwitz, au camp du Struthof-Natzweiler.

    Il les fit gazer et commença letravail de traitement des cadavres pour en récupérer les squelettes et tout particulièrement les crânes. Son objectif avoué dans sa correspondance avec le Reichsführer Himmler était la création d’un musée du particularisme morphologique et anatomique juif.

     

     

    A Dachau23, des commandes de crânes étaient régulièrement passées pour la même destination.

    A Buchenwald5, enfin, les nazis se livrèrent à des expériences de réduction de têtes.

    pharmacologiques

     

     

    Le Dr Rascher médecin nazi, mit au point à Dachau, un anticoagulant, le Polygal 10, qui fut testé au cabinet dentaire des détenus de Dachau, notamment. Les tests ne le satisfaisant pas, il se livra à des essais sur des blessures provoquées par balles.

    chirurgicales

     

    Le Dr Munch, médecin SS à Auschwitz, était convaincu que les rhumatismes avaient pour origine les granulômes dentaires.

    A ce titre, il pratiqua de nombreuses avulsions dentaires chez les déportés. Il colonisa les alvéoles et s’en servit comme foyer de cultures. Il réussit à en extraire un filtrat qu’il injecta aux détenus.

    Cette expérience n’obtint pas le succès escompté, mais elle présenta des conséquences dramatiques pour les cobayes.

     

    La récupération de l’or dentaire

     

    Elle fut ordonnée par Himmler9,16, le Reichsführer SS, le 23 septembre 1940 et fut vraiment mise en application suite à l’ordonnance du 23 décembre 1942 :

     

    Il sera systématiquement procédé à la récupération de l’or et des alliages dentaires précieux dans la bouche des cadavres et dans celles des vivants, pour les dents ne pouvant être réparées.

     

    L’or dentaire était récupéré dans la bouche des morts, à la sortie des chambres à gaz par des détenus7,8.

    A la fonderie d’or des crématoires12,13, il passait dans un seau d’acide sulfurique pour éliminer les chairs.

    Il y était recoulé en lingots artisanaux (cylindriques de 140grs ou en demi-pamplemousse de 500grs).

    Une fois par semaine, un officier SS venait chercher cet or pour le stocker à la kommandantur du camp.

    Une fois par mois ou par an, en fonction des camps, l’or était acheminé au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen, près de Berlin.

    Toutes les valeurs issues des pillages SS y étaient centralisées.

    Cet or était ensuite dirigé vers l’administration centrale de la SS, à Berlin, où de nuit, il était convoyé dans les caves de la Reichsbank.

    L’or était recoulé en lingots conventionnels, estampillés avec des tampons périmés de 1935-1937 pour laisser croire à une origine d’avant-guerre.

    Ces valeurs étaient ensuite placées sur un compte de la Reichsbank, au nom fictif de Max Heiliger. Régulièrement, ces trésors partaient pour la Suisse où le passage d'une pièce à une autre dans les caves des banques suisses, justifiait l’émission de monnaies permettant aux nazis d’acheter les matières premières destinées à l’effort de guerre.

    Il fut récupéré ainsi 500 kgs à 1 tonne d’or dentaire.

    C’est une estimation pour laquelle les victimes de l’Holocauste reçurent une indemnisation de 750.000 $.

    C’est une estimation qui ne tient pas compte des trocs entre détenus pour survivre et des vols à tous les échelons de la hiérarchie administrative des camps.

    Seule certitude : 25 kgs et de 100 à 500 grs d’or dentaire seront collectés respectivement à Mauthausen et Buchenwald, sur toute la période de la guerre.

     

    La circulaire Pohl

     

    Certains documents d'archives nazis révèlent la manière dont sont réparties et distribués les biens récupérés sur les victimes, dans la mesure où ils sont livrées au « service économique » de la SS.

    Un long rapport fait état de la distribution de 825 wagons de vêtements usagés :

     

    B/Ch. 186

    Secret

    Le 6 février 1944

     

    « Compte rendu sur l'utilisation faite à ce jour des matières textiles usagées, récupérées lors du transfert des Juifs.

     

    La liste ci-jointe indique les quantités de vieilles matières récupérées dans les camps d'Auschwitz et de Lublin, à la suite des transferts des Juifs.

    La quantité de chiffons est évidemment fort élevée.

    C'est ce qui diminue d'autant les vêtements usagés utilisables, notamment en ce qui concerne les vêtements pour hommes. Il nous a donc été impossible de satisfaire pleinement la demande de vêtements pour hommes.

     

    Les plus grandes difficultés furent causés par les transports par voie ferrée.

    Les interruptions continuelles de transports gênèrent l'évacuation des marchandises, qui s'accumulèrent parfois dans les différents camps.

     

    L'arrêt des transports à destination de l'Ukraine, depuis le mois de décembre 1942, s'est fait le plus durement sentir. Il empêcha, en effet, la livraison de vêtements usagés destinés aux Allemands établis là-bas.

    C'est pourquoi toute la livraison a été détournée par la VOMI

    (Volksdeutsche Mittelstelle) et déposé dans un grand camp de Lodz.

    La VOMI en effectuera la livraison dès que la situation des transports sera rétablie quelque peu.

     

    Jusqu'ici, le ministère de l'Economie du Reich a pu mettre à notre disposition le grand nombre de wagons dont nous avons besoin.

     

    Ce ministère continuera à intervenir auprès du Ministère des Transports du Reich, et fera valoir la mauvaise situation du secteur textile pour obtenir les wagons nécessaires au transport des matières usagées. »

     

    Signé : Pohl, SS-Obergruppenführer et général des Waffen-SS

     

    Signé : Kersten, SS-Hauptsturmführer.

     

    En annexe à ce document, figurait une liste indiquant la quantité de matières textiles usagées, livrées par les camps de Lublin et d'Auschwitz, sur l'ordre de l'Office central de l'économie SS, comprenant 825 wagons de vêtements usagés, chaussures et chiffons livrés au ministère de l'économie du Reich, au ministère de la Jeunesse, à la VOMI et à d'autres administrations allemandes.

    Le plus gros client était le Ministère de l'Economie (570 wagons), qui était chargé de la récupération industrielle des chiffons et vêtements hors d'usage, tandis que les autres destinataires distribuaient aux Allemands indigents les vêtements en meilleur état.

    La circulaire Glücks

     

    L'utilisation industrielle des cheveux humains avait été ordonnée par la circulaire suivante :

    Office central SS pour l'Economie et l'Administration

    Groupe de Service D

    Camps de concentration

    Oranienburg, le 6 août 1942

    Secret

    Objet : Utilisation des cheveux

     

    « Le chef de l'Office Central SS pour l'Economie et l'Administration a ordonné de récupérer les cheveux humains dans tous les camps de concentration.

    Les cheveux humains seront transformés en feutre industriel, après avoir été bobinés en fils.

    Afficher l'image d'origine

    Dépeignés et coupés, les cheveux de femmes permettent de fabriquer des pantoufles pour les équipages des sous-marins, et des bas en feutre pour la Reichsbahn.

    Il est ordonné par conséquent de conserver, après les avoir désinfectés, les cheveux coupés des détenues femmes.

     

     

    Les cheveux coupés des détenus hommes ne peuvent être utilisés qu'à partir d'une longueur de 20 mm.

     

    18375 

    Brosses à cheveux de victimes, trouvées peu après la libération d'Auschwitz. Pologne, après le 27 janvier 1945.

    C'est pourquoi le SS-Gruppenführer Pohl est d'accord pour qu'à titre expérimental les cheveux des détenus hommes ne soient coupés que lorsqu'ils ont atteint, après coupe, une longueur de 20 mm.

    Afficher l'image d'origine

    Afin de prévenir les facilités d'évasion offertes par une chevelure plus longue, les détenus doivent être marqués, lorsque le commandant l'estime nécessaire, à l'aide d'une piste de cheveux (« Haarbahn »), découpée dans la chevelure à l'aide d'une tondeuse étroite.

     

    On a l'intention d'utiliser les cheveux rassemblés dans tous les camps de concentration dans une entrepriseinstallée dans l'un des camps.

    Des instructions plus détaillées sur la livraison des cheveux rassemblés vont suivre.

     

    La quantité de cheveux rassemblés mensuellement (cheveux de femmes et d'hommes séparément), doit m'être communiqué avant le 5 septembre 1942.

    Signé :

    Glücks, SS-Brigadeführer et General-Major de la Waffen-SS.

     

     

     L’or dentaire

     

    La collecte des métaux précieux sur les cadavres est effectuée par les Sonderkommandos qui travaillent en collaboration forcée avec les SS : ces Sonderkommandos sont gazés et renouvelés tous les quatre mois.

    Provisoirement épargnés, ces esclaves sont chargés de transporter les cadavres des chambres à gaz aux locaux de combustion, de les fouiller et de les détrousser ;

    ces opérations leur permettent de s'approprier une partie de l'or d'Auschwitz, de corrompre leurs gardiens, de fraterniser avec eux, et de vivre dans l'opulence… mais tous les quatre mois, les Maîtres assassinent les membres du Sonderkommando et en constituent un autre.

    Le docteur Nyiszli donne une description saisissante de ce cycle :

     

    « Les dents et objets en or fournis chaque jour par les quatre crématoires produisent, après la fonte, entre trente et trente-cinq kilos d'or purs.

    La fonte s'effectue dans un creuset en graphite d'un diamètre d'environ cinq centimètres.

    Le poids d'un cylindre en or est de cent quarante grammes.

    Je le sais exactement pour l'avoir pesé sur la balance de précision de la salle de dissection.

     

    Les médecins qui enlèvent les dents des cadavres avant l'incinération ne jettent pas tous les bridges dans le sceau d'acide sulfurique : une partie, plus ou moins importante, selon la surveillance des SS, va dans la poche des arracheurs de dents.

    Il en est de même pour les bijoux ou les pierres précieuses cousus dans les vêtements, ainsi que pour les monnaies en or laissées dans la salle de déshabillage.

    Là, ce sont les membres du Sonderkommando chargés de dépouiller les bagages à main qui en profitent.

    Afficher l'image d'origine

    C'est une opération excessivement dangereuse, il y va de leur vie, car les gardes SS sont présents partout, et surveillent sévèrement les valeurs qui, désormais, appartiennent au IIIè Reich.

     

     

    Ils surveillent particulièrement l'or et les pierres précieuses.

     

    Les hommes du Sonderkommando remettent également à la fonderie l'or qu'ils se sont ainsi procuré.

    Ils trouvent le moyen de l'y faire parvenir malgré la plus stricte surveillance, et de le reprendre ensuite sous forme de cylindre de cent quarante grammes.

    L'utilisation de l'or, c'est-à-dire son échange contre les marchandises utiles, est une opération encore plus difficile.

    Personne ne songe ici à conserver l'or, car chacun sait qu'il est un mort vivant, avec un sursis de quatre mois. Mais dans la situation où se trouvent les membres du Sonderkommando, quatre mois excessivement longs.

    Etre condamné à mort et effectuer un travail tel que celui qu'ils accomplissent est une épreuve qui broie le corps et l'âme et qui pousse plusieurs d'entre eux dans les abîmes de la folie. Il faut rendre la vie plus facile et plus supportable, même pour ce bref délai.

    C'est avec l'or qu'on y parvient.

     

    Le cylindre en or de cent quarante grammes devint donc une unité d'échange.

    Dans la fonderie, il n'y a pas de creuset en graphite plus petit ; par conséquent, il n'y a pas de cylindre en or plus petit non plus. Ici la valeur des objets achetés n'a aucune signification.

    Celui qui donne l'or a déjà donné sa vie en entrant ici, tandis que celui qui donne quelque chose en échange de l'or joue deux fois sa vie.

     

     

    Une première fois en traversant les barrages de SS qui entourent le camp, et qui comportent quatre contrôles successifs, il introduit des articles difficiles à se procurer en Allemagne, même avec des titres de ravitaillement ; la deuxième fois, lorsque, à travers ce même barrage, il faut sortir l'or donné en échange.

    Car, aussi bien dans un sens que dans l'autre, il y a une fouille.

     

    L'or s'en va dans la poche d'un homme du Sonderkommando, jusqu'à la porte du crématoire.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Là un temps d'arrêt.

    L'homme du Sonderkommando s'approche du SS et échange quelques mots avec lui.

    Ce dernier lui tourne le dos et s'éloigne de la porte.

    Sur la voie ferrée qui passe devant le crématoire travaille une équipe de vingt à vingt-cinq ouvriers polonais, sous la conduite d'un chef.

     

     

    Sur un signe, ce chef d'équipe arrive avec un sac plié et en échange prend l'or enveloppé de papier.

    Le sac a franchi la porte, et se trouve à présent à l'intérieur du crématoire.

    Le lendemain, le chef d'équipe prend une nouvelle commande.

     

    L'homme du Sonderkommando entre dans la salle de garde qui se trouve près de la porte. Il sort du sac une centaine de cigarettes et une bouteille d'eau-de-vie.

    Le SS entre également dans la salle de garde.

     

     

    Il empoche rapidement le flacon ainsi que les cigarettes.

    Il est content, cela va de soi, car le SS ne reçoit que deux cigarettes par jour et pas d'eau-de-vie du tout. Ici pourtant les cigarettes et l'eau-de-vie sont indispensables, aussi bien comme stimulant que comme narcotique.

     

     

    Les SS boivent, fument et les hommes du Sonderkommando en font de même.

    Par ce chemin parviennent ici les denrées les plus précieuses et les plus rares, telles que le beurre, le jambon, les oignons et oeufs.

     

    L'or est procuré par un travail collectif, et la répartition des denrées obtenues en échange se fait sur les même bases.

    Les SS et les hommes du Sonderkommando sont largement approvisionnés en cigarettes, en eau-de-vie et en denrées de toute sorte.

    Tout le monde fait comme s'il ne savait rien, et personne ne veut rien savoir, car chacun y trouve son avantage.

     

     

    Pris à part, chaque gardien SS est très coopératif et maniable.

    Ils ne se méfient que les uns des autres.

    Par contre, ils savent que les hommes du Sonderkommando ne les trahiront pas. C'est pour cela que les cigarettes, l'eau-de-vie et la nourriture destinées aux SS sont remises en tête-à-tête à chacun d'eux par un homme du Sonderkommando.

     

     

    C'est par la même voie qu'arrive chaque matin le « Völkischer Beobachter », l'organe gouvernemental du IIIè Reich.

    Prix mensuel de l'abonnement : un cylindre d'or.

    Celui qui apporte à un détenu d'Auschwitz tous les jours son journal durant trente jours mérite cette paye.

     

    Depuis que je suis dans le crématoire, je suis le premier à le recevoir. Je le lis dans une cachette sûre, puis-je raconte les nouvelles du jour à un détenu préposé aux écritures.

    Ce dernier les transmet à ses compagnons.

    Au bout de quelques minutes, tout le monde connaît les derniers événements.

    Le Sonderkommando est une formation d'élite dans le camp.

    Les détenus qui le constituent dorment dans une petite pièce chauffée, aérée et propre.

    Leurs lits sont propres et moelleux.

     

     

    Les couvertures sont chaudes, ils ont une excellente nourriture et sont bien habillés.

    Ils ont de quoi fumer et de quoi boire.

    En conséquence, ils ne perdent pas figure humaine comme le commun des hommes du camp, qui rampent dans leurs baraques sales emplies de poux ou qui, rendus sauvages par la faim, s'entre-déchirent pour un morceau de pain, ou pour la moitié d'une pomme de terre... »

     

    SOURCES :

    http://accesnomade.blog.lemonde.fr/page/47/

    http://labrousse.erick.over-blog.com/2015/08/l-or-nazi-sous-l-heure-d-ete-en-1940.html

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    RESISTANCE

     

     

    Jacques VICO (1923-2012)

    Source collection Jacques Vico

     

        Jacques Vico, né en 1923,  vit avec ses parents à l'Abbaye d'Ardenne, sur la commune de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe.

     

    Choqué par la débâcle de l'armée française, Jacques Vico quitte le domicile parental le 17 juin 1940, avec ses frères Francis et Jean -Marie , ayant entendu qu'un réduit pourrait se constituer en Bretagne et que les jeunes hommes susceptibles de porter les armes devaient s'y rendre. Mais les troupes allemandes sont plus rapides.

     

     

    Jacques Vico entend alors l'appel du général de Gaulle et décide d'agir.

     

     

        Dès son retour, il prend contact avec les associations de jeunesse catholiques (JOC, JEC, JAC). Des réunions avaient déjà eu lieu pour apporter une aide aux réfugiés, en liaison avec la Croix-Rouge. Une nouvelle organisation se met alors en place pour apporter une aide alimentaire aux nombreux prisonniers internés dans la caserne du 43e régiment d'artillerie. Très rapidement, le groupe s'ouvre, notamment à des mouvements laïques. Une maison des Jeunes se met en place. A l'occasion de ces rencontres, un groupe restreint de Résistance se crée rassemblant des jeunes comme Raymond Simon , responsable du patronage Saint-Julien, Daniel Fontaine (17 ans en 1940, ouvrier agricole - Organisation : Hector ; OCM ; ORA - Domicile : Saint-Sylvain), Hélène Prunier et d'autres. Sans le savoir, ce noyau appartient au groupe Robert, crée par Robert Guédon (officier de carrière - Organisation : Hector ; MLN - Domicile : Granville dans la Manche), qui devient plus tard le réseau Hector. Jacques Vico fait de la propagande, en distribuant des tracts et des journaux clandestins, comme Les Petites Ailes de France (Note de MLQ : journal clandestin du mouvement Combat crée par Henry Frenay ).. Mais le réseau Hector est démantelé à l'automne 1941.

        En avril 1942, Jacques Vico décide de rejoindre la zone Sud, pour s'engager dans l'armée d'armistice, 3e régiment de Hussards ,  à Montauban.et ainsi acquérir une formation militaire. En novembre 1942, l'armée est dissoute et Jacques Vico rentre à Caen. Il reprend contact avec la Résistance par le biais du colonel Kaskoreff , et intègre les rangs de Ceux de la Résistance, puis de l'OCM après la fusion. Jacques Vico assure de nombreuses missions de liaison et participe à la création d'un dépôt d'armes à l'abbaye d'Ardenne, en liaison avec Emmanuel Robineau , responsable du BOA. Des séances d'instruction sont régulièrement organisées à l'abbaye. Le père de Jacques Vico, Roland , est également membre de la Résistance mais ignore tout de l'activité de son fils.

        L'arrestation de Roland Vico , le 16 décembre 1943, incite Jacques Vico , qui revient de l’école de Fontainebleau où son statut de stagiaire à l’Ecole Nationale d’Equitation lui sert de couverture pour ses missions, à déménager les armes par précaution. A ce sujet lire le témoignage d'André Ruel. Le lendemain, la Gestapo perquisitionne à l'abbaye. Jacques Vico prévient Robert Kaskoreff et quitte le département, alors que sa mère Francine est arrêtée le 23 décembre (internée à la prison de Caen, libérée fin mars, début avril 1944, elle se réfugie dans sa famille à Bayeux), et qu'une rafle de vaste ampleur s'abat sur l'OCM. Jacques Vico plonge dans la clandestinité et devient Joseph Vitran  et se cache dans une ferme chez M. Joseph Trécul près de Nogent-le-Rotrou (Eure et Loir) du 6 janvier au 12 mai 1944 puis chez M. et Mme Lebrun à Neuvillalais (Sarthe) où il trouve du travail dans les fermes.

    Faux papiers de Jacques Vivo allias Joseph Vitran (Collection Jacques Vico)

         Dès l'annonce du Débarquement, Jacques Vico revient vers Caen à partir du 7 juin avec son frère Jean-Marie , retrouvé chez Ernest Picard à Sainte-Marie-Laumont (Calvados), et prend contact, le 9 juin,  avec Léonard Gille . Il assure alors différentes missions de liaison vers Cahagnes, Caumont-l'Eventé et Brémoy.

    Le 10 juin, il retrouve son frère Francis, séminariste, qui a en charge 60 enfants de Colombelles réfugiés au château d'Aubigny près de Cahagnes.

    Source. Château d'Aubigny.

    De retour à Caen le 22 juin, il aide à dévaliser un dépôt d'armes allemand, à la gare Saint-Martin avant de mener une autre mission de renseignement à l'est de Caen, en compagnie de son frère Jean-Marie , de "Janine" Gille et de Jacqueline Leduc.

        De retour à Caen le 18 juillet, il participe avec la compagnie Scamaroni à la libération définitive de Caen. Le 8 août 1944 dans la soirée, avec une trentaine de camarades (dont André Courban qui trouvera la mort à Mauvaisville près d'Argentan le 13 août), il rejoint le Bataillon de Renfort de la 2e DB qui était à Juilley, près d'Avranches,et participe à son action victorieuse jusqu'au cœur de l'Allemagne. Il participe au grand défilé de la victoire le 18 juin 1945 à Paris.

    Jacques Vico à la 2e DB (Collection Jacques Vico)

    Jacques Vico était président de l'Union départementale des CVR, vice-président national de cette organisation, et président de l'association Résistance et Mémoire.

    Lire ici un entretien en 1992

    Voir un témoignage filmé en 35:30

    .Sources:

    Lettres de Jacques Vico du  13 février 2004 et 26 avril 2010.

    Cédric Neveu

    et et et .

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • L’engagement des Receveuses des PTT

    dans la Résistance

     

     

    De nombreuses Receveuses des postes s’engagèrent dans la Résistance.

     

    De par leur fonction, elles recevaient les courriers à distribuer et à envoyer.

     

    Elles pouvaient ainsi agir lorsqu’elles détectaient les lettres de dénonciation adressées à la Gestapo ou à la Kommandantur.

     

    De plus, dans les bureaux de poste, le téléphone était sous leur responsabilité et elles pouvaient effectuer des écoutes, transmettre des informations aux maquis.

     

    Elles furent aussi très présentes dans les réseaux de Résistance extérieurs aux PTT. Nous allons leur rendre hommage et donner ici quelques exemples de l’engagement de ces femmes qui combattirent l’occupant nazi et le régime de collaboration de Pétain.

    Mathilde FILLOZ, receveuse à Clerval (Doubs), secondait son mari dans ses activités résistantes.

     

    Par ses fonctions elle pouvait intercepter les lettres de dénonciation à la Gestapo, grâce à son brassard PTT de « porteur de télégrammes » cette couverture lui permettait de franchir les barrages allemands et rejoindre les maquisards, les informer, transmettre des messages et les alerter. En 1984 à l’occasion d’un colloque au Ministère des PTT elle commençait son intervention par cette phrase :

     

    « Les femmes ont fait des choses aussi belles, aussi grandes, aussi difficiles que les hommes, mais elles ne l’ont pas dit ».

     

    Marguerite HAMELIN, épouse DUBRAY, est receveuse à Villedomer (Indre-et-Loire). Elle appartient au réseau « Libération Nord ». Elle s’occupe notamment des recherches de terrain pour les parachutages. Elle est arrêtée avec l’ensemble du groupe de Résistants dans la nuit de 8 au 9 juin 1944. Déportée, elle reviendra fin mai 1945.

    Marthe ALLIBERT est marié à Charles ROTH, receveur-distributeur à la poste de Cérelles (Indre-et-Loire). Lorsque ce dernier effectuait sa tournée le matin, Marthe assurait « la suppléance électrique », c’est-à-dire le téléphone et les opérations courantes jusqu’au retour de son mari. Marthe appartenait au réseau de Résistance « Darius » avec le grade de sous-lieutenant. Elle est arrêtée avec son mari, ils seront déportés. Marthe revient de Ravensbrück en mai 1945.

    Cécilia GAZAGNAIRE, receveuse à Launois (Ardennes), engagée dans un réseau, elle établira des fausses cartes d’état civil, des « ausweis », détruira les lettres de dénonciation, distribuera des tracts, écoutera les communications des occupants.

     

    Elle hébergera dans le bureau de poste des personnes recherchées.

     

    Elle aidera aussi matériellement les clandestins.

     

    Elle est arrêtée dans son bureau, emprisonnée puis déportée à Ravensbrück où elle meurt gazée le 1er mars1945.

     

     

    Marie-Louise MOINS, épouse LEGROS est receveuse à Besse-en-Chandesse (Puy-de-Dôme).

     

    Elle détournait le courrier en provenance ou à destination des occupants.

     

    Elle assurait les liaisons téléphoniques avec le maquis. Ces communications ayant été interceptées, Marie-Louise est arrêtée, emprisonnée à Clermont-Ferrand, puis Compiègne et sera déportée à Ravensbrück où elle est gazée le 5 mars 1945.

     

     

    Albertine VERNAIS exerce les fonctions de receveuse au bureau de Comines (Nord). Elle assurait la liaison entre le groupe de résistance de ce secteur et divers groupes de résistants belges et des membres de l’Armée secrète belge.

     

    Elle confectionnait également de fausses cartes d’identité.

    Elle est arrêtée le 12 juin 1943 et déportée.

     

    Elle sera de retour en mai 1945.

     

    Jeanne BAUCHEL épouse ROSENFELDER est assistante receveuse au bureau de Rombas en Moselle, l’un des trois départements annexés. Cette annexion supposait l’adhésion à l’Allemagne nazie. De nombreux postiers manifesteront le désir de rester français. Jeanne Rosenfelder sera déportée en Pologne. Elle s’évade et rentre en France. Elle sera réintégrée dans ses fonctions aux PTT à la fin de la Guerre.

     

     

    Jeanne DRUI est elle-aussi assistante receveuse à Krutange-Nilvange en Moselle. Elle est arrêtée pour le motif « refus de prendre la nationalité allemande » et est déportée en Silésie. Elle sera rapatriée le 19 mai 1945.

    Marie POINSIGNON épouse REITER, assistante receveuse à Moulins-lès-Metz en Moselle est arrêtée par la Gestapo le 28 janvier 1943 et déportée en Haute-Silésie. Elle sera rapatriée le 22 mai 1945.

     

    Marie-Louise SENECHAL épouse FERET est receveuse à la poste d’Echauffour (Orne). Sa fonction lui permet de substituer les lettres de dénonciation. Elle entre dans un réseau de résistance PTT.

     

    Arrêtée, internée au château des Ducs où elle sera torturée.

     

    Elle ne parlera pas.

     

    Ses longs mois de détention, les mauvais traitements quotidiens vont avoir raison de sa santé.

     

    Elle poursuit sa résistance dans sa geôle en entonnant régulièrement « La Marseillaise ».

     

    Son mari réussit enfin à la faire hospitaliser à Alençon. Très affaiblie, elle va mourir le 10 mai 1945, deux jours après la capitulation allemande.

    Denise ELICOT épouse JOSSE est nommée receveuse à Roc-Saint-André (Morbihan) en janvier 1941.

     

    Elle entre dans un réseau des Forces Françaises Combattantes (FFC) et sera immatriculée à Londres en mars 1943. Elle s’occupe en même temps des fausses cartes d’identité. Elle réceptionne des armes issues des parachutages et elle les cache dans le bureau de poste où elle hébergeait aussi des aviateurs alliés. Denise Josse, titulaire de nombreuses décorations, est décédée en 2014.

     

     

    Odette BOUILLÈRE est receveuse à Oradour-sur-Glane.

     

    Elle a péri avec ses compagnes dans l’église, brulée par les nazis de la 2ème division SS Das Reich.

     

    Laure SOUBRIE, receveuse à la poste de Lavelanet (Ariège) est agent de liaison d’un réseau local de résistance.

     

    Elle écoutait les communications téléphoniques, surveillait les lettres suspectes et assurait le ravitaillement des maquis.

     

     

    Marcelle BOURGINE, d’abord receveuse à Giverville (Eure) puis à Sainville (Eure-et-Loir) sera un maillon important du réseau PTT qui prendra le nom de « Libération Nationale des PTT » en 1944.

     

    Elle s’occupe notamment des réfugiés Espagnols. Elle sabotait les communications téléphoniques allemandes. Les meubles automatiques ruraux situés dans le bureau de poste étaient sensibles à l’humidité. Marcelle faisait bouillir de l’eau et en plaçant la casserole dans l’armoire technique, l’humidité suffisait à établir des contacts entre les fils et cela empêchait le téléphone de fonctionner. Marcelle mutée ensuite receveuse à Us en Seine-et-Oise s’est intégrée au réseau local de résistance.

     

     

    Henriette CHAMBOREDON épouse SCHWARZ est receveuse des postes à Boucoiran (Gard).

     

    Elle fut un agent de liaison important du réseau local de résistance et a obtenu plusieurs décorations, la Carte Volontaire de la Résistance (CVR), la Croix du Combattant Volontaire 39-45.

     

     

    Christiane BERTHOIS, receveuse des postes dans l’Allier transmettait le courrier aux résistants de la région et était agent de liaison avec les maquis. Au cours d’une mission, accompagnant son responsable du réseau qu’elle a voulu protéger, elle a tiré sur un Allemand dans le métro parisien. Fidèle adhérente de « Libération Nationale PTT » » elle est décédée en 2011.

    Berthe BERGÉ épouse LACOSTE remplace son mari, receveur-distributeur à Tarnos (Landes) lorsque celui-ci effectue le matin sa tournée de distribution du courrier. Ce couple de postiers va inscrire l’une des pages les plus importantes de la Résistance dans cette ville. Berthe, pseudo Linette, va accomplir de nombreuses missions et assurera l’hébergement de résistants. Elle siègera au Comité de Libération de Mimizan.

     

     

    Juliette THEULE receveuse au bureau de Frontignac (Hérault) fera partie de réseau de résistance « Cotre ». Elle tirera des tracts dans les combles du bureau de poste et assurera le passage de clandestins et de courrier entre les deux zones.

     

     

    Charles Sancet

    auteur

    sources / http://libeptt.org/engagement%20receveuses%20ptt%20resis.htm

    horizontal rule

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • ARRIVEE STALAG A1

    Lien - http://users.skynet.be/ philippe.constant/ stalag.html

    Les prisonniers de guerre français de la Seconde Guerre mondiale, au nombre

    de 1 845 000, capturés par les Armée du Troisième Reich après la débâcle française pendant la bataille de France durant l'été 1940, furent envoyés dans des camps en Allemagne.

     

    Entrée d'un camp de villégiature.. chez les FRIDOLINS !
    le luxe ? les barbelés !!

     

     

    HOMMAGE à tous NOS AINES, tous ceux qui ont dit NON à l'INACCEPTABLE
    qui ont été faits PRISONNIERS dès 1940 - parqués - comme des troupeaux - embarqués dans des trains - dans les camps, les STALAG, les FERMES, les USINES...
    certains ont même été lachés par les gradés..

     

     

    pour travailler en ALLEMAGNE, enfermés pendant des années.. derrière des barbelés, qui pour la plupart sont revenus...en 1945... et d'autres jamais.
    ..

    La Wehrmacht a fait 1 830 000 prisonniers français lors de la Campagne de France.

    1.600 000 soldats français, sont acheminés dans des camps de prisonniers de guerre en Allemagne

     

     

    CONTEXTE en 1940 - la SIGNATURE des VENDUS

    L’Armistice entre la France et l’Allemagne est signé le 22 juin 1940 à Rethondes entre le général français Huntziger et le général allemand Keitel.

    Un deuxième armistice avec les Italiens, entrés en guerre contre la France
    le 10 juin, est signé deux jours plus tard à Rome.

    Cependant, les troupes allemandes continuent leur progression vers le sud, le long du littoral atlantique et atteignent la frontière espagnole à Saint-Jean-de-Luz,
    le 27 juin.

    La Wehrmacht a fait 1 830 000 prisonniers français lors de la Campagne de France.

    Les soldats et les sous-officiers se retrouvent dans l’un des 56 « Stalags » où ils sont soumis au travail tandis que les officiers français, regroupés dans 14 « Offlags »,

    Les soldats et les sous-officiers travaillent, selon leur emploi précédent, dans des usines ou chez des agriculteurs, ce qui est souvent préférable.

    Tous souffrent de l’éloignement de leur famille et d’une attente continuelle sans savoir quand ils pourront rentrer.

    Les prisonniers ont le droit de recevoir quatre courriers par mois, sur des imprimés spéciaux visés par la censure, ainsi que des colis.

    --------------------------------------------------------------

    Je CITE GUITOU,

    « Chaque mois, nous confectionnons un colis de cinq kilos pour envoyer à mon papa qui est prisonnier »,

    écrit un écolier de 1943.

    « Dans une boîte en carton très résistante, maman range les boîtes de conserve, les légumes secs en sachets pour faire du potage, le tabac ; quelquefois, elle joint des photos qui font toujours plaisir à mon papa qui est si loin

    de nous depuis si longtemps. »

     


    Les soldats prisonniers de la Seconde Guerre mondiale

    Avec la débâcle de l’été 1940, plus d’un million de soldats français se retrouvent prisonniers des forces allemandes, souvent pour quatre longues années.

    Un tiers reste en France, enfermé dans des Frontstalags (50 camps), les deux autres tiers partent en Allemagne, répartis dans des Stalags (camps de base pour la troupe), des Oflags (camps pour officiers) ou des Kommandos (camps de travail).

    Les conditions de détention sont dures (davantage dans les Kommandos que dans les autres), mais n’ont rien à voir avec celles des camps de concentration (camps d’élimination des opposants politiques ou des minorités, juifs, roms…).

    En Allemagne, les captifs remplacent les Allemands partis sur le front pour les travaux de terrassement et pour les travaux agricoles surtout.

    Si le film La Vache et le prisonnier, qui raconte les tentatives d’évasion d’un soldat en captivité dans un Stalag avec la vache dont il a la garde, a connu après-guerre un extraordinaire succès, c’est bien parce qu’il évoque un quotidien que beaucoup avaient vécu.

    Les prisonniers ont le droit de correspondre avec leur famille (sans dire grand chose sur leurs conditions de vie car le courrier est contrôlé). Ils peuvent aussi recevoir des lettres et des colis de France et, pendant les quatre années de guerre, des millions de paquets partent de la France vers l’Allemagne, comme l’évoquait l’écolier cité en introduction.

    Comment retrouver un aïeul prisonnier en 1939-1945 ?

     

     

    Avec la débâcle, les familles restent souvent sans nouvelles d’un père, d’un frère, d’un époux… Un silence qui dure quelques jours, quelques semaines ou plus. Pour répondre à leur inquiétude, des Listes officielles des prisonniers français sont éditées entre le 12 août 1940 et le 15 juin 1941 par le Centre national d’information sur les prisonniers de guerre.

    Cent Listes paraissent, fournissant en moyenne des données sur 10 000 prisonniers chacune, rédigées à partir d’éléments délivrés par les autorités allemandes. Leur contenu a été numérisé et est aujourd’hui disponible sur Internet sur http://www.genealogie.com/prisonniers-39-45

    Même si ces Listes officielles n’étaient pas exhaustives, elles donnent quand même accès à un million de fiches, avec le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance du soldat prisonnier, son grade, son régiment, le camp d’internement, et l’image de la page source de l’information, ce qui permet de vérifier les éléments en se reportant aux documents d’origine.

    ---------------------------------------------------------------

    CAMPS d'INTERNEMENTS pour les COLONIAUX " INDIGENES OUBLIES" !
    même leur histoire est inconnue du GRAND PUBLIC !


    pour ne pas "faire tâche" vis à vis de certains !!!

    En avril 1941, on en dénombre 22 en zone occupée qui concernent
    pas moins de
    69 000 prisonniers « indigènes », parmi lesquels
    50 000 Nord-Africains,
    16 000 Sénégalais (incluant des Soudanais, Togolais et Voltaïques) et
    3 000 Malgaches et Indochinois

    L’Allemagne nazie renvoyait les prisonniers de guerre noirs et maghrébins de l’Armée française dans la zone occupée française, le plus rapidement possible par peur de maladies tropicales ou

    d’atteinte à la « pureté du sang aryen ». ( bande de connards ! )

     

     

    Les prisonniers qui dépendent du Frontstalag 222 (Camp du Polo de Beyris) sont soumis au travail forcé (Mur de l’Atlantique, dépôts de munitions, terrassements, travaux forestiers) et répartis en différents kommandos allant d’Hendaye jusque dans les Landes.

    Les conditions d’internement sont très dures : froid, nourriture insuffisante, manque de soins…

    40 de ces prisonniers ont été enterrés au cimetière Louillot d’Anglet,
    102 au cimetière Saint-Léon de Bayonne.

    Les causes de décès sont en majorité dues à la maladie (tuberculose surtout), mais aussi aux tentatives d’évasion ou accidents de travail.

    Dans le cimetière de quelques villages des Landes, des stèles ou plaques commémorent des prisonniers coloniaux qui dépendaient du Frontstalag 222.

    Mais à Bayonne, Anglet ou au quartier Beyris, rien ne rappelle les souffrances endurées par ces prisonniers « indigènes » oubliés.

    Les gardiens de ces camps sont des sentinelles allemandes, souvent anciens combattants de 14-18, et relativement cléments à l’égard des prisonniers.

    A partir de janvier 1943, devant les besoins du front de l’Est, la Wehrmacht mobilise tous ses moyens et le gouvernement français répond favorablement à la demande allemande de faire assurer la garde dans certains frontstalags par des officiers français.

    « Ce transfert crée une situation inédite et suscite des interrogations puisque les anciens officiers français des troupes indigènes deviennent subitement leurs geôliers.

    Ceci accroîtra la démoralisation des prisonniers ainsi que le sentiment d’avoir été trahis au nom d’une raison d’Etat » selon l’historienne Armelle Mabon.

    Le 22 août 1944 le Frontstalag 222 de Beyris est libéré et vidé de tous ses occupants.

    -----------------------------------------------------

     

    NOURRITURE des PRISONNIERS de GUERRE
    DANS LES CAMPS !

    Les prisonniers mangeaient le matin, un quart d'un liquide chaud intitulé café, qui était à base de malt, mais qui pouvait aussi être du jus de gland.
    Le midi ils mangeaient de la soupe épaissie de pommes de terre, betteraves et rutabagas*.
    et parfois des épluchures de pommes de terre !

    ET MAINTENANT dans certaines grandes surfaces ! ces légumes sont tendance !

     

     

    Lien complet - https://fr.wikipedia.org/wiki/Prisonniers_de_guerre_fran%C3%A7ais_de_la_Seconde_Guerre_mondiale

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Afficher l'image d'origine

     

    Juin 1944 : Mouleydier,  

    un autre VILLAGE MARTYR

     

     

    L’incendie du village d’Oradour-sur-Glane par une colonne de la division Das Reich, le 10 juin 1944, n’est pas sans rappeler le martyr d’un autre village, situé plus au Sud, en bordure de la rivière Dordogne, en Périgord :

     

    le village paisible de Mouleydier.

     

    Le 21 juin 1944, au terme d’une lutte acharnée, le village est pillé puis incendié par les hommes de la 11e Panzer Division.

     

     

    Ruines calcinées du village de Mouleydier (Dordogne), incendié par les Allemands le 21 juin 1944.

    Toutes les photos de cet article proviennent des archives du résistant Émile Guet, © Photos Bondier, Bergerac.

     


    Elles ont été publiées dans une monographie réalisée par Yves Fressignac :
    « Mouleydier 1944 – De la Résistance à l’an 2000 »,

    Éditions La Lauze, Périgueux, avril 2004.

     

     

    Il n’est pas question ici d’associer dans un même martyrologe les deux tragédies, celle d’Oradour-sur-Glane, d’une part, celle de mouleydier, d’autre part.

     

     

    Afficher l'image d'origine

     

     

    Elles ne sont ni comparables, ni opposables.

     

    Les auteurs ne sont pas les mêmes (division SS d’un côté, division blindée de la Wehrmacht de l’autre), le nombre de victimes est beaucoup plus important en Haute-Vienne

     

    (123 maisons détruites et 642 victimes, fusillées et brûlées) qu’il n’est en Dordogne (175 maisons détruites et 65 morts probables)

     

    selon l’estimation de l’historien Jean-Jacques Gillot, en totalisant les morts des combats des 11, 18 et 21 juin, tant à Mouleydier qu’à Saint-Germain et Mons).

     

    À Oradour, les victimes sont civiles, tandis qu’à Mouleydier, ce sont des hommes qui meurent au combat ou qui, fait prisonniers, sont exécutés sauvagement.

     

    Si les circonstances qui conduisent au drame sont différentes, le ressenti est le même pour les populations endeuillées, spoliées, à qui l’on a tout volé, ravi, brûlé…

     

     

    Groupe d'habitants posant dans les ruines de leur village, à Mouleydier.

    Les causes de la tragédie

     

     

    L’événement qui est à la genèse de la tragédie de Mouleydier, aussi curieux que cela puisse paraître,

    c’est le débarquement allié du 6 juin 1944

     

    En Bergeracois, l’annonce du débarquement en Normandie fait naître un incroyable enthousiasme et suscite des vocations parmi la population locale.

     

    Par centaines des Périgourdins vont venir grossir les rangs clairsemés des maquis.

     

    Les mouvements de Résistance, se sentant pousser des ailes, entreprennent alors des actions spectaculaires, à l’exemple de la libération des prisonniers politiques de la prison militaire de Mauzac, dès le lendemain, le 7 juin.

    Dans la région de Mouleydier, sur le territoire de la commune voisine de Saint-Sauveur, on attend le parachutage d’hommes, d’armes et de matériel.

     

    Le message de la BBC devant alerter les résistants et les inviter à se tenir prêts en vue des parachutages, tombe le 31 mai 1944 :
    « La fée a un joli sourire »

     

    L’homme de contact avec Londres se nomme Philippe de Gunzbourg, alias « Philibert », puis « Edgard ». C’est l’un des responsables du réseau « Hilaire ».

     

     

    Dans le même temps, le commandement allemand ordonne aux Panzers Divisions stationnées dans le Sud-Ouest de remonter vers la Normandie, avec pour mission de stopper la progression des Alliés.

    La Résistance en Bergeracois, impatiente d’en découdre et sentant la Victoire à portée de fusils, entreprend par tous les moyens de freiner la remontée des troupes allemandes vers le Nord-Ouest de la France : actions de harcèlement de type guérilla, sabotages des voies ferrées, mise en place de barrages sur les routes…

    Ces trois facteurs conjugués : 1. l’accroissement de l’activité de la Résistance après le 6 juin, avec notamment « l’attaque » de la prison de Mauzac, .

     

    le projet d’aménagement puis de surveillance d’une zone voisine de Mouleydier en vue de parachutages .

     

    la remontée vers la Normandie des divisions de la SS stationnées dans le Sud-Ouest, conjuguée à la volonté des Allemands d’écraser la résistance en Sarladais… expliquent pourquoi Mouleydier, foyer de Résistance situé sur l’axe Bergerac-Sarlat, fait l’objet d’une attaque violente suivie d’un pillage en règle puis d’un incendie meurtrier…

     

     

    Quelques photos et documents, issus du fonds d’archives de l’ancien résistant Émile Guet (groupe Ponton-Martin), témoignent de la tragédie vécue par les habitants du village martyr de Mouleydier.

    Rue du village en ruines de Mouleudier, 21 juin 1944. Maison en ruines. Incendie de Mouleydier par les Allemands en juin 44.

    Village de Mouleydier, incendié par les Allemands le 21 juin 1944. Rue du village de Mouleydier incendié par les allemands le 21 juin 1944.

    Maison incendiée à Mouleydier, juin 1944. Vue générale du village de Mouleydier incendié par les Allemands le 21 juin 1944.

    Mouleydier incendié, 21 juin 1944. Des officiels discutent de la reconstruction du village martyr de Mouleydier, incendié en juin 1944.

    Prisonniers de guerre allemands, village de Mouleydier, 1945.

    Prisonniers de guerre allemands réquisitionnés pour les travaux de déblaiement. © Photo Bondier, coll. J. Tronel.

     

     

    Mouleydier a fait l’objet de plusieurs attaques,

    les 11, 18 et 21 juin 1944.

     

    Les différents groupes de résistants présents lors de la bataille de Mouleydier sont les suivants :

     

    Groupe Soleil, Alexis (Lot), Cerisier (Lalinde),Marsouin (Belvès), Loiseau (Prigonrieux), Bertrand (Eymet), Leduc (Beaumont), Pistolet (Bergerac), ainsi que celui de St-Germin-et-Mons.

    Le village a finalement été incendié le 21 juin. Le même jour, le village voisin de Pressignac subissait un sort identique.

    Propagande allemande

    Tract de propagande publié après l'incendie du village de Mouleydier, le 21 juin 1944. Tract de propagande allemand, Mouleydier juin 1944.

    Dès le lendemain, la propagande allemande diffuse le tract ci-dessus dans les rues de Bergerac, coll. J. Tronel.

    La presse en parle…

     

     

     

    La presse en parle… Mouleydier, 21 juin 1944.

     

     

    SOURCES

     

    http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/varia/juin-1944%C2%A0-mouleydier-un-oradour-sur-glane-en-perigord-2214

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

     

    DEUX CORNETTES SOUS LES BOMBES

     

     

    Sœur EMILIE, des filles de Saint-Vincent-de-Paul, aujourd'hui décédée, était une figure bien connue des Caennais qui la voyaient passer avec sa charrette chargée de légumes du jardin et tirée par un petit âne.

    Très tôt après le débarquement, la Supérieure fait évacuer les enfants et la communauté, ne laissant à Caen que deux sœurs dont Sœur Emilie pour aider aux secours et garder la maison. Voici quelques extraits du journal tenu par la compagne de Sœur Emilie.(Note de MLQ: la communauté était au au 59 rue de Bayeux)

     

    Source. Orphelinat des Sœurs de Saint Vincent de Paul, 59 rue de Bayeux, de nos jours.

     

    "Photo Mémorial de Caen " Au 55 rue Caponière.

     

    6 juillet 1944 

                Je suis depuis un mois au Lycée Malherbe changé en hôpital pour les sinistrés et pour les vieillards qui ne peuvent partir.

     

                L'église Saint-Etienne bâtie par Guillaume-le-Conquérant n'a jamais, depuis dix siècles, vu une foule de ce genre remplir ses trois nefs : plus de mille personnes mangent, dorment sur la paille aux pieds des bons Saints qui roulent des yeux étonnés devant une dame en pyjama rose ou un monsieur drapé dans une robe de chambre. Parfois il y a des scènes comiques, mais bien plus souvent, elles sont tristes, il y a des enfants, des bébés, des lessives qui sèchent. Dans la chapelle de la Sainte Famille couchée sur la paille, une jeune mère allaite son tout-petit, sous les yeux attristés du père, au dessus, le tableau de la Nativité, à deux mille ans de distance, c'est la même scène et la même angoisse.

     

    Les réfugiés dans l'Eglise Saint-Etienne. Quatre photos tirées du site de la ville de Caen

     

                Au Lycée, ancien monastère Bénédictin, tout est plein. Sous les cloîtres, des enfants jouent, des mamans préparent les repas, les hommes discutent, ils sont inquiets. Près de sept mille personnes sont dans les caves voûtées, et les souterrains bâtis par les moines, au XIIe siècle. Ma salle est un grand dortoir au deuxième étage. Pour commencer, nous n'avions rien que de la paille ; après des recherches nombreuses, les quatre vingt malades ont un lit, un matelas, deux couvertures, mais les draps sont inconnus.

     

               

    A droite p000006 Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA    Agrandissement

     

     

    Ce qui nous manque le plus, c'est l'eau et l'électricité, mais à la guerre comme à la guerre. Nous avons parfois des nouvelles de nos Sœurs et des orphelins réfugiés dans les mines de May-sur-Orne (Note de MLQ: à 10 km au Sud de Caen).

     

    Tous les soirs vers 9 heures, je rentre à la Communauté avec Sœur EMILIE, et repars au Lycée le matin à 6 heures, après la messe entendue à Saint-Etienne.

     

    Au milieu des réfugiés qui dorment encore !

     

     

                Monseigneur des Hameaux ne quitte son église, ni le jour, ni la nuit, et soutient magnifiquement son étrange paroisse.

                De nouveaux réfugiés sont arrivés à la Maison ; aujourd'hui, près de cent cinquante personnes sont avec nous, dans le réfectoire des garçons et des filles.

     

    8 juillet                     

                 Le matin, vers 6 heures, les Allemands vont et viennent comme des fous dans la rue de Bayeux. A 8 h 30, des bombardiers Anglais survolent la ville, ils sont cette fois sur le quartier Saint-Etienne... Une grosse torpille tombe au bas de la rue de Bayeux, faisant un entonnoir de plus de huit mètres de profondeur et soufflant huit maisons de chaque côté.

    A gauche p011896 Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA    Agrandissement
     Des sapeurs Canadiens du Royal Canadian Engineers bouchent un trou dans le bas de la rue de Bayeux.

     

     


    Certainement le résultat du bombardement du 8 juillet à 08H00 : 3 groupes de 4 B-26 Américains lancent leurs bombes rue de Bayeux et rue de Bretagne en cherchant à ensevelir la place de l'Ancienne Boucherie carrefour important vers le centre ville.

     

     

    En moins de 2 mn tout est réglé et les sauveteurs rassemblent 50 victimes (morts et blessés).

     

    En arrière-plan, les deux flèches de l'abbaye aux Hommes (Saint-Etienne) sont restées intactes. Ce secteur " îlot sanitaire " signalé aux Alliés comme étant centre de secours pour la population civile résiduelle (environ 8000 personnes) comprenait: le Lycée Malherbe, le Bon Sauveur, Saint Etienne et le Palais de Justice.

     

    Il a été sauvegardé des bombardements aériens alliés mais pas de l'artillerie allemande.

     

     

     

     

     

    Au même endroit, un couple de Caennais regarde un bulldozer Canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux.

                Des familles entières sont sous les décombres. La famille MAUNOURI, la grand-mère, le père, la mère, les deux enfants, le commis, et quinze personnes qui étaient dans le magasin sont tous tués. Rien que dans ce coin soixante morts. Au moment de chute de la torpille, Sœur EMILIE était chez la boulangère, elle se rendait chez le boucher. Si la torpille était une demi-minute plus tôt, Sœur EMILIE aurait été tuée avec les clients qui faisaient la queue chez le boucher. La Sainte Vierge l'a vraiment protégée. Une autre torpille est tombée, rue de Bretagne. Maisons démolies : sept. Trente morts.

     

    Dimanche 9 juillet    

                            Nuit très calme, sans bombardements. A 6 heures du matin, la rue est déserte, des camions allemands passent. Un énorme tank dit "Le Tigre "les suit, l’officier pilote du haut de la tourelle est blessé au visage, le sang coule, on sent que les soldats sont exténués.

                A 6 h 30, je vais à Saint-Etienne, personne dans la rue. Quelques soldats, mitraillette en main, vont et viennent comme des fous, place des Petites Boucheries, ce sont des S.S. Ils ne savent pas quelle direction prendre.

                Vers 9 heures, les soldats descendent la rue de Bayeux, en courant, chacun prend un poste sous les portes cochères, ils s'embusquent dans les corridors des maisons, à toute vitesse ils barrent la rue avec des chevaux de frise. Mes malades dans la salle ont très peur, tout le monde voudrait aller dans les abris, mais cela est impossible. Je tâche de les rassurer. A 11 heures, des brancardiers nous apportent une jeune femme qui est restée vingt cinq heures ensevelie sous sa maison près du cadavre de sa mère, elle était coincée près du cadavre de sa mère, elle était dans l'impossibilité de faire le moindre mouvement, et ne pouvait qu'appeler et a reçu de nombreuses commotions. Elle nous livre ses impressions d'enterrée vivante. Depuis huit ans, elle n'avait pas fait ses Pâques, quand l'Aumônier est venu, elle s'est confessée et a communié avec ferveur.

                Les sept mille réfugiés du Lycée sont dans l'angoisse. Impossible de sortir, même dans la cour, les balles sifflent de tous côtés.

                Des tanks allemands passent à toute vitesse, ils prennent la direction de la gare et de Fleury. Les soldats S.S. avancent en hésitant ; ils sont courbés, sont loin de crâner en faisant leur pas de l'oie.

                Des fenêtres du Lycée nous suivons le combat. Vers 2 heures les mitrailleuses marchent sur la place. Arrive un tank, puis un second, ils rentrent dans la cour d'honneur du Lycée et deux hommes sortent du capot des tanks en criant : «Nous voilà les gars, vive la France», ce sont des Canadiens Français.

                L'émotion est poignante, les femmes pleurent de joie. Ils sont reçus avec entrain. Aussitôt distribution de cigarettes aux hommes et de chocolats aux enfants.

                On est content de les entendre parler le vieux Français avec des mots en patois normand.

     

    10 juillet

                Les Canadiens arrivent de tous côtés. La rue de Bayeux jour et nuit voit cet important matériel qui déferle. Ils sont catholiques. Autour de leur cou ils portent la médaille de la Sainte Vierge, le Scapulaire (Note de MLQ: deux petits morceaux d’étoffe, qui sont joints ensemble par deux cordons, et qu’on porte au cou, sous les vêtements) et un gros chapelet noir.

     

     

    Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure

                                                                                                                                          ECLATS DE MEMOIRE

    TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
    recueillis et présentés

    par Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
    par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
    et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-Etienne

     Reproduit avec leur aimable autorisation

     

    SOURCES :

     

    http://sgmcaen.free.fr/temoignage-soeuremilie.htm

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Saint-Lô sous les bombes le 6 juin 1944

     
    • Saint-Lô détruite, été 1944, lors de la Libération. La photo est prise du haut de l'église Notre-Dame. À droite la Vire et la falaise d'Agneaux. À gauche, l'actuelle rue de Villedieu.
    • Saint-Lô détruite, été 1944, lors de la Libération. La photo est prise du haut de l'église Notre-Dame. À droite la Vire et la falaise d'Agneaux. À gauche, l'actuelle rue de Villedieu. | Conseil Régional de Basse-Normandie/National Archives USA

    Nadine BOURSIER.

     

    La veille. Le lundi 5 juin 1944, les Saint-Lois (12 000 en 1944) sont loin d'imaginer les bombardements massifs qui vont avoir lieu. À 40 km des côtes, ils s'estiment à l'abri. Mais Saint-Lô reste un carrefour stratégique. Vers 23 h 30, un avion allié s'écrase à Baudre, atteint par un obus, provoquant de fortes détonations. Quelques heures plus tard, dans le ciel saint-lois, des centaines d'avions vont et viennent.

     

    Le 6 au matin. Le général Marcks fête son anniversaire à l'état-major du 84e corps d'armée allemand, dans le château de Commines, quand il est prévenu de l'offensive alliée.

    Dans le même temps, les Saint-Lois se réveillent, tôt, après une nuit agitée. Les rues sont quasiment désertes. Certaines boulangeries sont ouvertes, quelques épiceries aussi. Dans la journée, se multiplient les sirènes d'alerte alors que la circulation aérienne au-dessus de la ville s'intensifie. Les Allemands commencent à plier bagages et groupent leurs camions sur la place du champ de Mars. Tandis que les Saint-Lois désobéissent aux affichettes allemandes apposées dans la matinée leur interdisant de sortir de chez eux.

     

    10 h, quatre bombes sont lâchées sur la centrale électrique d'Agneaux. Un quart d'heure plus tard, un second lâcher achève l'édifice : télégraphes et téléphones sont coupés.

     

    13 h 30, la BBC appelle les habitants à évacuer la ville dans un rayon de 3 km car une offensive est prévue. Malheureusement, les Allemands ont confisqué les postes TSF des citadins.

    Des tracts ont été largués la veille afin de prévenir la population d'une attaque alliée, l'enjoignant de trouver refuge dans la campagne avoisinante.

     

    Mais ceux-ci échouent dans la nature, dispersés par le vent. Il n'empêche.

     

    Par le bouche à oreille, certaines personnes ont le temps d'être prévenues.

     

    16 h 30. La gare, mitraillée, est touchée.

     

    20 h. Le soir, la plupart des foyers saint-lois se mettent à table comme si de rien n'était. Quand soudain, 14 bombardiers lourds, alignés, lâchent en bloc une quarantaine de bombes durant 15 à 25 minutes.

     

    Soit 30 tonnes de bombes.

     

    Une dizaine de rues sont touchées,

    soit près d'un tiers de la ville :

     

    rue Saint-Thomas, rue Torteron, rue Dagobert, rue du Neufbourg, rue Havin, Bon Sauveur... Sont détruits l'aile droite de l'hôtel de ville et la Kreiskommandantur, la rue Carnot, les jardins de la préfecture, la place Beaux Regards et le palais de justice.

     

    De 23 h à 2 h. Second bombardement, plus long, plus destructeur et plus meurtrier. Une cinquantaine de bombardiers arrosent à nouveau le centre-ville, avec des bombes incendiaires, dont certaines équipées d'un mécanisme de retardement afin d'empêcher pour plusieurs jours tout déblaiement de la ville et de gêner la circulation de renforts allemands.

    Saint-Lô mettra 44 jours à être libérée.

     

     

     

    http://www.ouest-france.fr/saint-lo-sous-les-bombes-le-6-juin-1944-482204 

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • LES HOMMES DU MAQUIS


    CONFIDENCES
    Du Commandant PETRI

    Recueillies par J.C. PICHON

    Pour la Fédération des Combattants Volontaires de la Résistance
    de Bretagne, Normandie, Maine, 241 Rue de Nantes 35200 Rennes

    I
     

    Premières Confidences

    Au siège du Front National à Rennes, un homme jeune, facilement rieur, aux gestes nerveux : le commandant Petri, dit Hubert, dit Roland, dit Loulou, dit Tanguy, noms de guerre lourds de gloire. Matricule F.T.P. 10.001. Pensionné de guerre 39-40 à 100 %.
    " Je m'assieds en face de lui, de l'autre côté du bureau. Nous allons tenter de réaliser un vieux rêve qui nous tient à cœur : Evoquer par le souvenir les noms et les visages de tant de camarades martyrs tombés dans les années terribles : 1942-1943-1944. Il parlera. Je noterai.. Et de ces nouveaux " Mémoires d'Outre-Tombe ", sans que ni lui ni moi n'en ayons conscience, va naître une étrange épopée : celle des calomniés d'hier, aujourd'hui oubliés, à qui personne encore n'a donné leur vrai titre " Les Héros de la Nuit ".
    - De quand date votre entrée dans la Résistance ?
    - Je pourrais dire : d'avant la Résistance. J'étais rentré en janvier 1942 de Toulon, réformé pour cause de santé. Le responsable de Fougères, Edouard Genouel m'envoya, dés mon retour, un agent qui devait prendre liaison avec moi. J'étais absolument hors course et presque (il sourit à ce souvenir) anti-Anglais. Je ne réalisai la situation que peu à peu. Enfin vers la mi mars, eut lieu mon premier rendez-vous. Prétexte de mes voyages à Fougères : le ravitaillement. D'aucuns ont dû me prendre pour un vil trafiquant de marché-noir.
    - Quels furent vos premières consignes ?
    - Repêcher les gars et distribuer des tracts de propagande
    - Besogne facile ?
    - On le croirait aujourd'hui, mais il faut se replacer dans l'ambiance d'alors. Lorsque du bout de l'avenue, vient vers vous un Allemand, quelle émotion de jeter un simple tract dans une boîte à lettres. Je m'occupais aussi dés cette époque de créer un premier groupe et sur l'ordre que j'en avais reçu, de récupérer des explosifs. Grâce à la complicité d'ouvriers qui travaillaient dans les carrières, nous pûmes nous procurer de la cheddite par petits paquets, du cordon Bickford, et des détonateurs. Je camouflais cela dans mon grenier, sous les soupentes. Un petit gars de Fougères "Zidro", assurait le transport.
    - Quel âge avait-il ?
    - Quinze ans. Un gosse. On ne se méfiait pas : Du Tertre Alix en Louvigné. Jusqu'à Fougères, il pédalait sans regarder derrière lui sur son vélo de course. Un très beau vélo, dont la pompe, ou la pile électrique contenait au retour des messages pour moi.
    « En Avril, je reçus l'ordre formel de récupérer une très grosse quantité d'explosifs. Rennes m'envoya Fourrier Maurice et Le Bitou Yves. Le Bitou ayant été victime d'un accident, Fourrier arriva seul le soir, vers neuf heures. Nous partîmes au début de la nuit.. »
    - Vos parents n'étaient pas inquiets ?
    - Ils ne se doutaient de rien, s'effrayaient tout au plus de mes trop fréquentes promenades à bicyclette, qui leur semblaient dangereuses pour mon état de santé. La poudrière du Mont-Louvier était une petite maison de pierre dans une carrière blanche sous la lune. La porte forcée avec une pince-monseigneur, et les caisses sorties, nous les transportâmes à un kilomètre de la poudrière où des branchages les camouflèrent.
    « De retour vers une heure du matin, Fourrier resta dormir quelques heures dans ma chambre et repartit avant l'aube sans que mes parents n'aient même deviné la présence d'un hôte. »
    - Et les explosifs, que sont-ils devenus ?
    - Ils ont servi et plus d'une fois, comme vous le pensez bien. En décembre…
    - Mais jusqu'à la fin de l'année 1942 ?
    - Oh rien d'important, j'assurais le ravitaillement des responsables. A la suite de leurs arrestations survenues en septembre, j'ai perdu le contact pendant quelques semaine
    - Ce qu'il ne dit pas, c'est que ces arrestations, auxquelles il n'échappa que de justesse, avaient été provoquées par une série d'attentats sensationnels : " L'incendie des camions allemands à Bourg-des-Comptes le 15 avril, le sabotage des pylônes électriques de Grandchamp-des-Fontaines en mai et du transformateur électrique de l'armée Allemande à Cesson-Sévigné le 9 juin; l'attentat contre le R.N.P. de Dinard, le 23 juin et combien d'autres… »
    « Mais déjà un autre souvenir l'obsède : l'attentat de la section Fougeraise contre le R.N.P. de la ville effectuée par les Fontaines père et fils ».
    - J'écoute mal. Je n'ai qu'un désir : ne jamais oublier la petite lueur fauve qui flambe
    dans ses yeux.
    « Le commandant Pétri regarde un long instant dans le vide; dans ce qui me semble à moi être le vide, mais qui certainement s'anime à son souvenir de mille visions troublantes et rapides »
    - Dés le mois de décembre 1942, le responsable de Fougères, Edouard, m'avait demandé de venir à la région, mais mon état de santé ne me le permit qu'en janvier 1943. Cependant sur l'ordre d'Yvon, maintenant lieutenant colonel Pascal, je me procurais à la mairie de Louvigné-du-Désert des tickets d'alimentation. Ce fut l'occasion de mon premier pistolet, une arme que Pascal m'avait confiée pour me défendre. C'est en décembre que les responsables arrêtés trois mois plus tôt, furent exécutés à Rennes et inhumés à Saint-Jacques-de-la-Lande.
    - Vingt cinq braves dont la mort dut porter un rude coup à l'organisation ?
    - Evidemment. Cependant, ce même mois, je voyais Geoffroy qui avait pris la fuite, dés les premières semaines de l'année 1943, je montais à la Région.
    - Où habitiez vous à Rennes ?
    - Ma planque, j'étais hébergé chez Madame Nobilet, Rue Jules Simon.
    - Une Résistante ?
    - Son mari était parmi les fusiliers de Saint-Jacques-de-la-Lande. C'est là que je commençais à fabriquer des bombes. Je travaillais avec Charles, responsable Départemental des tournées de propagande et Auguste Inter-régional (actuellement colonel Berjon à Lille). Le travail était alors surtout d'organisation ; Création de groupe F.N. et F.T.P. à Fougères, Sens de Bretagne, Vieux-Vy-Sur-Couesnom, Saint-Malo, Dinan, Rennes Dol, Paramé, Bain de-Bretagne, Saint-Servan, Louvigné-du-Désert, Messac, Redon, Pipriac, etc… Le manque de matériel empêche la plupart des groupes d'avoir une activité combattive. Nous récupérerons sur les Allemands et la police de Vichy de quoi armer quelques éléments. Ce qui n'empêche pas les attentats de reprendre : Françis en janvier 1943 lance une bombe au Royal pendant une séance de cinéma boche
    - Quel fut le résultat ?
    - Les Allemands n'ont jamais avoué leurs morts, mais ils n'ont pu cacher les dégâts matériels. Malheureusement, Francis, à la suite d'un attentat manqué contre Brinon à Nantes, fut fusillé dans cette dernière ville
    - Votre spécialité, n'était-ce pas le déraillement ?
    - Pendant les mois de mars à septembre 1943, c'est exact. Nos tentatives de sabotage commencèrent par la ligne haute-tension Pont-Château – Rennes et en mars par le déraillement entre Laillé et Guichen, à l'endroit où la voie forme un coude. Les 4 /5 / 7 juillet, nous réussissions le sabotage de tuyaux de raccordement à l'Hermitage, puis prés de Betton. Au matin, la locomotive partait seule et les rames de wagons allemands restaient sur la voie.
    - De quel matériel disposiez vous pour vos attentats ?
    - Nous le fabriquions nous même avec des tubes emboîtés l'un dans l'autre, terminés par une barre percée de deux trous pour dévisser les boulons.
    - Une sorte de clé universelle ?
    - Parfaitement. Des boulons trouvés sur les voies nous servaient de modèles.
    « C'est avec ces instruments que nous opérâmes le déraillement de Noyal-Acigné qui fit tant de bruit à l'époque. Le 8 juillet, des camarades de la gare nous avaient indiqué qu'un train de permissionnaires, devait passer toute les nuits à 1 h 36.
    « Le surlendemain, notre équipe de 6 gars effectua le travail. Des ficelles tenues par des guetteurs constituaient tout notre système de sécurité. Il nous a fallu une demi-heure pour déboulonner les rails. Nous sommes partis par le pont de Cesson. Nous entendions le train qui venait de Paris, et coïncidence heureuse, un train de marchandise qui venait de Rennes. Ce fut un double déraillement très réussi.
    « La locomotive et des wagons furent détruits, et le trafic arrêté pour deux jours. Les employés n'avaient jamais vu un tel tas de ferraille. On évalua les morts et blessés à 200. Revenu à 11 heures du matin sur le terrain, nous avons vu les patrouilles affolées qui montaient et descendaient le long des talus. Des ambulances sillonnaient les routes. »
    - Oui je me souviens du bruit que provoqua l'accident !
    - Des paysans de la région furent arrêtés puis relâchés. Et la ville de Rennes reçut une amende de deux millions. C'est alors que le préfet régional Ripert donna une liste de communistes suspects qui, par la suite, furent emprisonnés et déportés comme otages.

    II

    Juillet 1943

    Le Commandant Pétri se souvient des jours où il n'était que le responsable Hubert.
    - Vous ne me parlez jamais des actions repressibles menées contre les miliciens ?
    - Mais justement, ce fut en ce mois de juillet 1943 qu'elles commencèrent pour de bon, contre l'adjudant Meigné à Dol. Il avait entre autres crimes, donné une liste de présumés communistes qui furent déportés en Allemagne. Auguste, Dédé le Parisien et moi devions conduire l'affaire. Elle ne fut pas des plus faciles : Notre victime se méfiait et notre premier voyage à Dol n'avait donné aucun résultat. Lorsque le dimanche suivant nous y retournâmes à bicyclette, Dédé et moi, nous attendions le délateur à la sortie de l'église après la messe, mais il n'en sortit pas seul, et pour ne pas risquer de blesser un innocent, nous décidâmes de les suivre. Il quitta son interlocuteur et revint sur ses pas à 30 mètres de la gendarmerie. A l'instant, je m'approchais de lui et tirais à bout portant. Mon 7-65 ne partit pas. Meigné m'agrippa le bras, mais le pistolet de Dédé un 6-35 fonctionna mieux que le mien.
    « Nous avons fui, repris nos bicyclettes qui attendaient prés de l'église et suivi la route de Cuguen. »
    - Retour sans incident ?
    - Il s’en fallut de beaucoup. A 4 kilomètres de Dol le copain brise sa pédale et je suis obligé de le prendre en remorque. A Cuguen, où nous cassions la croûte, les gendarmes de Combourg dont l’un s’appelait Salin nous demandent nos papiers. Les miens étaient en règle, ceux de Dédé étaient faux, la plus sale blague qui pût nous arriver. Heureusement nous savions que la responsable de Combourg était de leurs amis. Nous sommes allés jusqu’à Combourg pour l’avertir. Le soir même elle obtenait de nos gendarmes qu’ils effacent nos noms de leurs calepins.
    « Le dernier incident de notre voyage fut la rencontre à Saint-Aubin-d’Aubigné sur la route de Rennes d’une ambulance qui emmenait l’adjudant blessé à l’hôpital de Rennes où il devait être décoré de la légion d’honneur. »
    - Je vois la manchette : Un héros sauvagement abattu par des terroristes.
    - Oui ; il n’en mourut pas d’ailleurs, malheureusement. Il s’était réfugié par la suite à Saint-Malo où j’ai essayé plusieurs fois de le descendre. Mais il se méfiait et ne sortait jamais.
    - Et maintenant ?
    - Maintenant ! Il est en fuite quelque part en France
    Le commandant Pétri, dit Hubert, sourit brusquement inopinément.
    - Cette affaire me rappelle une jolie histoire : quatre ou cinq jours plus tard, je voyageais sur la ligne Rennes – Saint-Malo, et dans mon compartiment, une brave dame de Dol, racontait à qui voulait l’entendre et à moi tout oreilles qu’elle connaissait les auteurs de l’attentat et savait mieux que personne comment il avait eu lieu. A Dol où elle est descendue, des gendarmes faisaient les cent pas sur le quai… L’instant eut été mal choisi de la détromper.
    - Parlez moi du 14 juillet 1943…
    - Vous vous souvenez de cette mémorable journée ?
    « Oui ce fut assez réussi. Obéissant à des consignes données par le Comité Militaire National des F.T.P. (Charles Tillon Président) qui prescrivaient des sabotages dans toute la Bretagne, je donnai l’ordre à mes camarades de faire un 14 juillet de guerre. A Fougères ce jour là, Jules et Roger Fontaine attaquèrent à la grenade la Fieldgendarmerie. Résultats pratiques : 12 blessés dont plusieurs officiers ; 1 tué, arrestation d’otages et une amende à la ville.
    « Auguste et moi avions passé la nuit du 13 au 14 à Vezin-le-Coquet, à préparer et placer nos bombes. Des morceaux de bois calaient les explosifs contre le pylône. Nous couchions dehors, et je vous assure que malgré la saison, la nuit n’était pas chaude. Nous avons allumé les mèches et nous sommes rentré à Rennes. Quand le pylône est tombé, le ciel s’est incendié jusqu’aux limites les plus lointaines de l’horizon.
    « Avenue du Mail, à 5 heures moins 10, des agents nous croisèrent. Nous riions très haut comme des ouvriers au retour du travail… Mais notre travail n’était pas fini. A 5 h , nous nous séparions rue de la Chalotais. A 5 h 5 , je posais une bombe au soupirail de la cave du P.P.F. et rejoignais ma planque chez Mme Nobilet. »
    « Quelques heures plus tard, les policiers et la Gestapo alertés, établissaient des barrages dans toutes les rues de Rennes, tandis que Charles et ses compagnons jetaient des tracts, dans ces mêmes rues, à pleines poignées. »


    III

    Une période noire

    Les mois de juillet et août 1943, dit le commandant Pétri, sont trop riches en attentats pour que je puisse m’attarder longuement sur chacun d’eux. Vous noterez si vous le voulez :
    « Le sabotage des lignes téléphoniques à l’Hermitage (sur la ligne Paris – Brest),
    « Les déraillements de Combourg et de Bonnemain : Ce dernier dirigé par Jean Turmeau donna comme résultats (14 wagons détruits et l’interruption du trafic pendant deux jours).
    « Le sabotage de la voie Paris – Brest à Montauban
    « Les sabotages de câbles téléphoniques à Marcillé Robert et Quédillac. »
    - Et tout cela sans ennuis sérieux ?















    Charlotte Charles
    Responsable de l’Union des Femmes Le fils du Colonel André Berjon Responsable de l’Organisation
    Patriotes dans le Département Mieux connu sous le nom d’Auguste Politique dans l’I.-et-V. et la Manche

    - Oui. Une veine insolente. Ma seule alerte datait de 1942 quand à la suite d’une distribution de tracts syndicaux rédigés par Le Marlé, responsable de la C.G.T. illégale et moi, j’avais été arrêté et interrogé à Louvigné-du-Désert après perquisition à mon domicile.
    - Qui conduisit les recherches ?
    L’inspecteur Thomas. Nous aurons l’occasion de le retrouver tout à l’heure. C’est en effet en août 1943 que commence notre série noire. Mais depuis juillet, le cercle infernal se resserrait déjà autour de nous : le 4 juillet, à la suite d’une dénonciation de Meignier quatre personnes furent arrêtées à Dol : Mme Lequeu, Mme et Melle Charpentier et Mme X… Cette dernière déportée en Allemagne. Le 27, Jean Fresnel, militant de la classe ouvrière, responsable politique de la Sarthe, était traqué par la Gestapo Française et payait de sa vie un dévouement de chaque jour à la cause Française.
    « Une belle figure, dit le commandant Pétri, un de ces hommes sans qui la France n’aurait pas aujourd’hui droit de parole dans le monde. Un garçon bien, Forain, père d’une petite fille ; en vérité, tout pour être heureux. Il était parti sur ordre dans le maquis en mars 1943.
    « Ce fut à un rendez vous des responsables départementaux que, trahi par le responsable politique de la Loire Inférieure, Léon Renard dit André, agent double, il fut tué dans le guet-apens, coup très dur qui marque le début de nos malchances.
    « Parmi les nombreux camarades arrêtés figurait, en effet, Auguste Delaune, secrétaire de la F.S.G.T. (Fédération Sportive Gymnique du Travail). Le mois suivant, nous reçûmes l’ordre, par l’inter militaire Raymond, de le délivrer de l’hôpital du Mans où blessé il mourait lentement de faim.
    Qui empêcha la libération d’Auguste Delaune ?
    Un malentendu. Dans une voiture récupérée à Montaudin (Mayenne) chez un boucher, nous arrivions au Mans dans les premiers jours de septembre, après récupération de 200 litres d’essence, sous les yeux des Allemands à la gare de Fougères. Malheureusement, l’équipe de Paris qui devait nous rejoindre au Mans ne vint pas, et notre tentative échoua, vous savez de quelle lamentable façon puisque Delaune mourut dans les tortures.
    « Le 3 septembre, retour du Mans, nous nous arrêtons à Romazy, où, d’après des avis reçus, Morellon, Commissaire aux Renseignements Généraux pour la Bretagne, passait de tranquilles vacances. Trop tranquilles à notre gré. Je rentre à Rennes, laissant à Jean Turmeau et à Paul Messenich le soin d’effectuer l’attentat.
    « Voilà comment nous avions convenus qu’ils l’organiseraient :
    Messenich devait téléphoner de Saint Rémy à un café de Romazy, en demandant Morellon à l’appareil. Dans le café, Turmeau l’attendait le pistolet en poche …»
    - Qu’est-il arrivé ?
    - Tout s’est passé comme convenu. Morellon est venu au téléphone, mais il n’y est pas venu seul. Des inspecteurs l’accompagnaient. Turmeau arrêté, Messenich ne recevant pas de réponse, vint à Romazy et se fit prendre à son tour.
    « Histoire désastreuse, car Messénich connaissait beaucoup trop de points de repères de notre organisation et, de l’un à l’autre, par ses aveux, la police pouvait mettre la main sur toute la résistance de l’Ouest. »
    - Il ne parla pas ?
    - Il parla.
    « Voici comment les choses se sont passées. Sur l’ordre des inspecteurs, Messenich prévint Madeleine Raymond, responsable du F.N. local, qu’il dénonçait, que l’attentat avait réussi, mais que Jean étant blessé, il fallait prévenir Hubert, c’est à dire moi. Madeleine ne devina pas le piège et donna mon adresse. Alors les policiers sont entrés chez elle et l’ont arrêtée. Ces inspecteurs étaient Thomas, de vieille connaissance, et Moreau, aujourd’hui encore en liberté.
    « Ils n’ont évidemment pas perdu de temps, Madeleine incarcérée à Jacques-Cartier, ils perquisitionnèrent chez Mme Olson (Combourg), où nous prenions pension depuis le 14 juillet, et le soir même, ils arrêtaient à la Boussac le menuisier Genouvrier et Henri Cloest, l’un et l’autre trahi par Messenich. A Dol et à Lanhélin, d’autres arrestations furent opérées.
    - Où étiez vous pendant ces jours là ?
    - A Fougères, ignorant tout, jusqu’à l’échec de Romazy. Par malheur, le vendredi soir, j’étais passé rue Jules-Simon, à ma planque de Rennes, et j’avais commis la faute d’y laisser un mot, très anodin, sur le chat enfermé au grenier, mais signé Hubert ! Les inspecteurs découvrirent le mot, arrêtèrent Mme Nobilet, hors d’état de nier, et par la même occasion, un ami de Paris, venu au ravitaillement, et qui n’y comprit rien.. Une souricière fut établie dans la maison et, par excès de zèle, Thomas et ses sbires vinrent m’attendre le lundi matin, à l’arrivée de l’omnibus de Fougères, sur renseignement de Messenich, qui prenait à cœur son rôle de traître. Ce fut cette précaution qui me sauva.
    - Comment ?
    - Par simple hazard, je pris ce matin là la Micheline et non l’omnibus. Je croyais ne gagner qu’une heure, c’était ma vie que je sauvais. En effet Thomas ne pouvant être à la fois à la gare et rue Jules-Simon, le commissaire avait laissé à la souricière trois inspecteurs : Lemonnier, Tirel et Collet dont les deux premiers étaient des résistants de la première heure et le troisième un tout jeune homme. Première chance : ils fouillèrent partout dans mes valises et sur moi-même, sauf dans un sac qui contenait, sous des livres, deux pistolets. Seconde chance, mes papiers d’identité étaient en règle, à mon vrai nom, mais j’avais d’autres fausses cartes et tickets pour les réfractaires. Après discution, ils me relâchèrent. Et Lemonnier me dit sur le palier : " Préviens vite tes camarades ".
    « Toute la meute est revenue, ne m’ayant pas vu au train, chez Mme Nobilet. Ils ne trouvèrent comme trace de mon passage que le papier glissé par moi dans la bpîte à lettres pour avertir les amis. »
    - Fureur du Commissaire Divisionnaire ?
    - Il ordonna une battue en ville et les plus inoffensifs passants se virent réclamer leurs papiers. J’étais à la poste envoyant télégramme sur télégramme : « Jean malade, prendre précautions » . « Jean malade, prévenir Fanny , Jules, André… ». Ce même jour, j’attendais Melles Lemeur et Hamon, de Plouézec et d’Yvias (Côtes du Nord). Elles m’apportaient des tickets d’alimentation, que des inspecteurs résistants de Rennes, complaisants, transportèrent durant tout le parcours.
    « Je les ai jointes à la sortie de la gare et les ai avertie à temps. »
    - Mais le climat de Rennes devenait dangereux pour vous.
    - Trop. L’Inter – Michel m’envoya dans les Côtes du Nord, où je me reposais huit jours à Plouézec, et où je rencontrais Yves, responsable des Côtes du Nord. Et de là, je partis pour Paris, où je me terrai quinze jours et passai au travers des fouilles du Sentier, puis dans le Calvados où je repris liaison.
    - Qu’advint-il des F.T.P. arrêtés ?
    - Jean Turmeau s’était évadé de la Prévalaye, le soir du 7, en marchant sur la gouttière, et en descendant deux étages par ce chemin. Il se cacha chez Mr Gernigon à Goven. Quand à Messenich…, mais ceci est une autre histoire….

    IV

    L’activité Front National

    « Cette année 1943, dit le commandant Pétri, marque le départ réel et organisé de la Résistance. Prétendre la décrire par un bref exposé de notre activité militaire serait injuste, et inexact. Parallèlement à nos sabotages, la formation de nos cadres F.T.P., une immense action politique se dessinait. Il n’y eut pas que ceux qui déboulonnaient les voies et font justice : Il y eut ceux qui par leurs paroles, leur action civile, leurs distributions de tracts et leurs liaisons, établissaient sur toute la Bretagne, les mailles du filet où tôt ou tard, l’ennemi devait se laisser prendre.
    « Les responsables inter et départementaux, Charles et Charlotte, François (Alfred Leroux), Jean Racapé, Juliette et Danielle, Desordes, Auguste (Actuellement lieutenant colonel Berjeon) et Jeannine, infatigables, sillonnaient la région. Dans chaque ville, ils trouvaient des oreilles disposées à entendre, des bras prêts à agir.
    « Au tableau d’honneur de cette action souterraine, il faudra bien un jour nommer :
    « A Fougères Thérèse Pierre, les Fontaines père et fils. MM. Ponson, Boivent, Bouffort, Genouel, et Louis Geffroy, Mr et Mme Lendormy.
    « A Rennes : Mme Nobilet, Mr et Mme Lanoë (maraichers), Mme Beaufils, Mr et Mme Maurice Geffroy.
    « A Dinard : Mr et Mme Roger, Mme Beaumatin, Mme Maufrais, Melle Thomas et Léon Reul.
    « A Saint Malo : MM ; Legrand et Jouan,Mme Leroux.
    « A Combourg : Mr et Mme Rouxin, Mmes Olson et Peuvrel.
    « A Redon : Melle Jan.
    « A Goven : Mr Gernigon .
    “ A Dol : MM. Provost .
    “ A Pléchatel : MM. Duclos (Maire) et Jean Guérillon .
    « A Bain-de-Bretagne : MM. Travers, Mr et Mme Ralon .
    « A Lancieux : Mr et Mme Tavet .
    « A Louvigné : Corentin Carne, Faligot, Patry, Mme Gereux .
    « Au Ferré : Melle et Mr Goré .
    « A Landivy : Mr Le Monnier, Melle Le Meur .
    « Aux Chapelles : Mr et Mme Le Personnic .
    « A Saint-Aubin-du-Désert : Mr et Mme Allais, Et tant d’autres noms …, que je m’excuse de ne pouvoir citer .
    - Activité de propagande, n’est ce pas ?
    - Non seulement… Certes , la diffusion des tracts était pour nous d’une grande importance, et j’ai fait moi-même le transport d’une Ronéo en plein jour à Saint-Malo. Mais le travail conjugué du F.N. et de l’Union des Femmes Patriotes (U.F.F.P. actuelle) eut des résultats bien plus immédiats ; Colis aux prisonniers, planques aux responsables, émission de fausses cartes, fabrication de lainages. J’estime que plusieurs centaines de fausses cartes ont été mises en circulation cette année là et plus de 600 000 francs, distribués aux réfractaires, aux familles de déportés… Et le 11 novembre 1943, où des gerbes furent déposées dans presque toutes les villes, apporta le témoignage de cette union.
    « Parallèlement, s’établissait un réseau de renseignements actif. Nous étions tenus au courant, jour après jour, par la police elle même, de ce qui se tramait contre nous.
    « C’est ainsi qu’à mon retour à Rennes, en octobre 1943, toutes mes planques découvertes, je fus hébergé par l’inspecteur Vidament.
    - Si je comprends bien, les services policiers furent pour vous de précieux soutiens ?
    - C’est à dire que sans l’aide de certains inspecteurs, l’œuvre de la Résistance n’aurait pu se développer avec autant de sécurité. Je viens de vous citer Vidament, chez qui je logeai de d’octobre 1943 à juin 1944. Je vous ai parlé des inspecteurs Lemonnier et Tirel, qui non seulement à la souricière de la rue Jules-Simon, ne m’arrêtèrent pas, mais s’arrangèrent pour que je puisse prévenir mes camarades, et les inspecteurs Jean Flouriot et Vidament Louis, qui portaient des colis de tickets récupérés.
    « Mais également Deveaux, Melison, les commissaires Donat et Le Poullennec, les gendarmes de Combourg, de Dinan, de Redon, du Grand Fougeray, le commissaire Rio de Dinard, ont été parmi ces alliés de la première heure.
    « Il n’est pas dans mes intentions, maintenant que le danger est passé, d’oublier ce que nous leur devons.


    V

    La S.P.A.C. et l’enfer Jacques Cartier

    « Thérèse Pierre ? dit le commandant Pétri. Peu de temps après Mme Gautrie, elle fut arrêtée le 23 octobre 1943 à son domicile par la Gestapo. Je garde d’elle le souvenir d’une militante active, courageuse et dévouée. Sa prudence était extrême et tous ses gestes médités. Son calvaire et sa mort sont dans bien des mémoires, mais leurs détails ne sont pas très connus.
    « Transférée à la prison Jacques Cartier, elle fut, dés son arrestation jusqu’à sa mort, torturée heure par heure, battue et flagellée deux jours consécutifs. Elle restait en contact avec ses compagnons de prison par le canal du chauffage central. Mme Lequeu, de Dol, recueillit ses dernières paroles. Le corps entièrement meurtri, elle se traînait sur le sol de sa cellule, sanglotait, criait de douleur, répétait inlassablement : « Je ne parlerai pas… Ils ne me feront pas parler ». Vers la fin de ce deuxième jour, elle prononça distinctement : « Ils n’ont rien obtenu de moi… ». Le lendemain matin, on la trouva pendue aux barreaux de sa geôle avec un de ses bas. De toute évidence, c’était là une mise en scène allemande pour faire croire à un suicide. Mais quelle vraisemblance que, martyrisée comme elle l’était, au point de ne pouvoir plus marcher, elle ai eu la force de se pendre ! La Gestapo, en maquillant son crime de si grossière façon, achevait de le signer.
    « Les obsèques de Thérèse Pierre eurent lieu à la cathédrale de Rennes, où son corps fut transporté de la morgue.
    - N’est ce pas vers ce temps qu’intervint la S.P.A.C. ?
    - La S.P.A.C. descendit de paris vers novembre. Et, dans tout le département, des arrestations nombreuses furent la conséquence de sa présence à Rennes. Les détenus politiques arrêtés à la suite de l’affaire Morellon furent pris en mains par les bourreaux et durent périr sous les coups ou donner les noms de leurs responsables. Larrieu et son aide, de Saint-Germain, dit le Marquis, sadiques de la basse espèce, excellaient dans ces "confessions". La " Table des friandises " rendit tristement célèbre les caves de Jacques Cartier.

















    Jean Turmeau
    Adjoint au Commandant Pétri
    Jean Fresnel en Ille et Vilaine Thérèse Pierre

    - Qu’appelait-on ainsi ?
    - La table où le détenu était allongé, nu, et battu, parfois pendant des heures, du fouet et du nerf de bœuf. L'ingéniosité de ces criminels était inépuisable et leur cruauté sans merci. Les hommes et les femmes dont ils prenaient la charge étaient méconnaissables dés le second jour.
    « Parfois, frapper ne leur suffisait pas. Ils écrasaient le ventre de leurs victimes, comme ils le firent pour le responsable départemental Bernard, de son nom David, mort dans les tortures.
    « A Rennes, Mmes Pondar, Godin, Rubillon, Paty, MM. Le Dal et Lalanne ; à Fougères les Fontaine père et fils fusillés plus tard à Fresne ; MM. Ponchon, Bouffort, Le Gallo, Guédo, Le Parié, Geffroy, Marie Jouan, responsables des F.U.J.P. connurent les affres spéciales de Jacques Cartier. Mais il me faudrait citer Dol, Combourg, Landivy, Louvigné, où la S.P.A.C. vint perquisitionner chez moi, piller, tirer des balles dans les portes, frapper sauvagement mon père et ma mère… Il me faudrait citer toutes les villes du département et les centaines d’arrestations qui eurent lieu durant ces mois »


    VI
    Saint-Senoux – Dinan

    Nous abordons l’année 1944, terrible par les combats meurtriers, mais lourds de gloire menés par les F.T.P. de Bretagne, par le souvenir des attaques dirigées contre les collaborateurs et les organismes au service des Allemands : R.N.P. , P.P.F. ; L.V.F. ; S.T.O. Noms sinistres…
    « A Dinan, Dinard, Saint-Servan, Saint-Malo, Paramé, Lancieux, Rennes, Bain-de-Bretagne, Redon, Fougères, Laval, Le Hinglé, Evran, etc, leurs immeubles sautent. Les boches s’inquiètent. Parallèlement, nous faisons dérailler un train prés de Saint-Malo, la locomotive et sept wagons furent endommagés. Nous attaquions la distillerie Boske à Saint-Malo qui travaillait pour l’ennemi : destruction de plusieurs milliers de litres d’alcool, usine hors d’état de service pour plusieurs mois..
    - Ceci nous amène au mois de mars ?
    - Il fut très fructueux. Déraillement de Laillé. Sabotage à Langon et à Messac.. Mais je voudrais vous parler particulièrement du déraillement de Saint-Senoux, un des plus beau coup de force qu’il m’ai été donné de réaliser. En effet les Allemands avaient disposé des gardes Français à chaque orifice du tunnel. Il nous fallut capturer successivement l’un et l’autre poste. Par la suite tous les gardes-voies qui passèrent par là furent capturés, et c’est ainsi que nous en avons tenu sept entre nos mains. Enfin le travail de déboulonnage au milieu même du tunnel fut accompli sans difficulté, et le déraillement qui s’en suivit aussi complet que possible. Les gardes-voies prisonniers furent amenés sur la butte et je leur donnai l’ordre de porter secours au chauffeur et au mécanicien. Car il n’est que trop vrai de dire, ajoute le commandant Pétri, que ce sont les chauffeurs et les mécaniciens qui ont le plus à souffrir des coups que nous portions aux transports ennemis.
    « Ce fut également vers cette période qu’eut lieu l’attaque de la prison de Dinan. Elle fut motivée par l’arrestation des lieutenants Jean-Marguerite (de Saint-Malo) et Jean Guérillon (de Pléchâtel), effectuée par les gendarmes Le Penzec et Besnier ou sur leurs ordres. Une première tentative du groupe Hesry-Fayon aboutit à un échec provoqué par les avertisseurs électriques de la prison. Des pourparlers avec le directeur et le gardien de la paix Maillard nous assurèrent de leur complicité. L’opération fut relativement simple. Une échelle prise dans un chantier voisin nous permit de franchir la première enceinte.
    - Etiez vous nombreux ?
    - Une dizaine, j’avais avec moi mes lieutenants Roger et Pierre et huit ou neuf F.T.P. , les gendarmes n’opposèrent aucune résistance et se laissèrent désarmer. Nos camarades libérés, nous enfermâmes les gendarmes et gardiens dans une cellule de la prison, dont, bien entendu, nous prenions les clés. A Pleurtuit, Alerte. Les Allemands nous arrêtent pour violation du couvre-feu. Nous fuyons à travers les champs de mines, perdant bicyclettes mais en sauvant nos armes. Après nous être planqués pour la nuit chez Mr et Mme Tavet (Lancieux) nous rentrons à Dinard le lendemain pour assister à des arrestations arbitraires, mais qui n’eurent pas de suite.
    « Malheureusement, en mai, le gardien de la Paix Maillard dénonça nos camarades, et des arrestations plus tragiques eurent lieu, parmi lesquelles celles d’Hesry, La Planche, Fayon,le gardien-chef, etc… Huit de nos camarades et Maillard devaient être fusillés le 21 mai 1944.


    VII

    L’Attaque de la Prison de Vitré

    « Environ trois semaines avant l’attaque, nous en commençâmes la préparation : Le plan de la prison nous avait été envoyé, traçé à l’encre sur un vieux bout de chiffon par lezs camarades prisonniers. Du ravitaillement, des médicaments et de l’essence pour le voyage nous étaient donnés par Mr Roger, tandis que Mr Macé préparait les échelles de cordage et les tubes de bombes.
    « A la suite d’une lettre urgente d’une femme de l’un des captifs, reçue le 20 avril, je rencontrai cette personne à Rennes. Elle m’avertit que les prisonniers devaient passer dans un très proche avenir à la Cour Spéciale d’Angers. Vous savez ce que cela veut dire.
    « Nous projetâmes l’attaque pour le samedi 29 avril, prévoyant de la remettre au dimanche en cas d’échec. Mes deux lieutenants Roger Buars et Pierre Brageul et Josette, femme de liaison, furent envoyés le 28 à Vitré pour reconnaître les lieux. Le rendez vous avait été fixé à deux kilomètres de vitré, sur la route de Janzé. En dehors des lieutenants, aucun des F.T.P. ne savait exactement le but du déplacement.
    « Parti de Rennes en voiture avec Julien, emportant les
    échelles, le ravitaillement et les médicaments, je rejoignis au
    lieu prévu les groupes de La Bouëxière, de Dinan, de Rennes et
    de Redon. Il était environ 11 heures du soir.
    « A 500 mètres de la prison, la voiture fut garée dans un
    champ. Nous étions au nombre de seize, portant des échelles,
    les armes, etc… L’échelle de corde ne s’accrocha pas immé-
    diatement sur le mur, mais, avec de la patience nous parvînmes
    à l’y fixer. Aussitôt après la relève des gendarmes, vers 1 heu-
    re du matin, je déclenchai l’attaque, et les enceintes franchies,
    les camarades encerclèrent le bâtiment central de la prison.
    - Les Gendarmes ne réagirent pas ?
    - Ils devaient dormir dans une guitoune prés de l’immeu-
    ble. Nous étions prêts à tout, et nous avions tout prévu : Si
    nous ne pouvions parvenir à nous faire ouvrir, Boursier, vêtu
    de la tenue du gendarme Saquet, du Grand-Fougeray, devait
    donner le change. Mais tout se passa très bien : l’un des nôtres La porte de la prison de Vitré
    sonna de l’extérieur et à l’instant où le gardien entrouvrait la porte du bâtiment central, nous nous sommes jetés sur lui et avons pénétré dans les salles. Surpris dans leur sommeil, effrayés par notre nombre et par nos armes, les gendarmes se rendirent sans résistance.
    - Les détenus ne devaient pas en croire leurs yeux ?
    - Ce fut un instant inoubliable, le plus émouvant qu’il m’ai été donné de vivre. Les camarades pleuraient de joie, nous embrassaient. Certains d’entre eux immobilisés, Ferrand, mutilé, et Geffroy, atteint d’une Phlébite, nous demandaient de ne pas nous encombrer d’eux. Mais il n’était pas question de les laisser en arrière.
    - N’y avait-il donc que des détenus politiques dans la prison ?
    - Nullement, une cinquantaine environ. Mais le gardien-chef m’avait remis la liste des détenus politiques, et malgré leurs supplications, les droits communs furent laissés dans leurs cellules.
    « Après les hommes, nous libérâmes les femmes : Mmes Lendormy, Genouël, Brionne.
    « Mais une besogne moins joyeuse nous attendait. Tout les prisonniers en effet, me désignèrent Messenich comme le principal responsable de leurs arrestations. Personnellement, j’avais déjà acquis la preuve de sa trahison et de sa lâcheté au cours de l’affaire Jean Turmeau à Romazy. Il était d’ailleurs au "mitard" pour 90 jours pour avoir voulu adresser à la Gestapo une lettre où il se plaignait de la bienveillance du gardien envers les prisonniers.
    « Les détenus sont sortis dans la cour, et par groupe de dix, commandé chacun par un F.T.P. partirent vers La Bouëxière. Mr et Mme Brionne s’éloignèrent en bicyclette vers Brie. En dehors de trois femmes, les détenues refusèrent de partir, soit par excés de fatigue, soit par peur des tortures en cas de reprise. Quelques jours plus tard elles partirent pour Angers et de là vers l’Allemagne..
    « A 500 mètres de la prison, dans un champ, j’accordai sa dernière cigarette à Messenich, qu’une rafale de mitraillette abattit.
    « Le gardien m’avait demandé de couper le fil du téléphone avant notre départ afin qu’on ne lui reproche pas d’avoir alerté. J’avais accédé à son désir, et la femme du gardien que je laissais libre m’avait promis de ne pas donner l’alarme avant sept heures. Il en était 5 quand nous quittâmes la prison, et je pensais n’avoir rien à craindre avant que tous les prisonniers ne fussent en sûreté. Deux faits insignifiants causèrent tous nos ennuis. Premièrement un de mes camarades oublia sa mitraillette dans le champ proche de la prison où nous nous étions arrêtés. Deuxièmement, Le Gac, qui devait avoir prévu les planques et nous attendre à La Bouëxière, n’était pas au rendez vous. Eugène Richomme, Boursier et moi, nous perdîmes du temps à essayer de le joindre, et ces recherches se prolongeant, commençâmes d’explorer les champs et les bois autour du village .
    « Entre 10 et 11 heures, les gendarmes Demeuré et Lepreux nous rencontrèrent et nous demandèrent nos papiers. Au cours d’un vif combat qui s’engagea, Demeuré tira plusieurs balles sur moi sans m’atteindre et finit par s’écrouler, matraqué par un de mes lieutenants. Lepreux tenta de fuir, mais rejoint et désarmé, fut fait prisonnier comme son collègue. Je leur laissai la vie, ne leur demandant que la promesse de ne pas alerter les Allemands.
    « Une heure plus tard, nous retrouvions les prisonniers de Vitré, cachés dans un bois et disposés déjà en postes de guetteur. Je remis à chacun des adresses de planques, des tickets d’alimentation, et cinq billets de mille francs. Et tout à la joie d’être rassemblés, nous échangions des souvenirs communs, lorsque à nouveau, des gendarmes nous attaquèrent. Il s’agissait cette fois du brigadier Bignand et d’Esnault, prévenus par Demeuré et Lepreux, et qui venaient d’arrêter Le Gac, Le Dal, Guillard, et Ponson. Le Gac , nous sachant en nombre, n’avait pas hésité à guider vers nous ses gardiens. Nos camarades libérés agirent avec Bignand et Esnault comme le matin avec Demeuré et Lepreux, leur laissant la vie et même leurs armes et ne leur demandant que de ne pas les dénoncer.
    « Mais il était trop tard, les dénonciations étaient faites, et les G/M.R. déjà en campagne. Les prisonniers s’étaient dispersés à l’arrivée de Bignand et je restais avec sept hommes seulement. Les G.M.R. au nombre de quatre-vingt tentèrent un encerclement du bois. Le casque de l’un d’eux repéré dans les hautes herbes, nous avertit du danger que nous courrions et nous prîmes la fuite à travers champs jusqu’à Saint-Sauveur –des-Landes où nous arrivâmes à minuit. C’était plus de 60 kilomètres franchis au pas de course malgré clôtures, haies, ruisseaux. Et nous étions sur pied depuis la veille au matin !
    « Les prisonniers surtout, étaient épouvantés à l’idée d’être repris. L’un d’eux n’ayant plus la force de nous suivre, s’est caché dans une ragole (arbre creux) et y est resté deux jours immobile, sans manger ni dormir.
    « Pour nous, accueillis par Mme Ollivry, nous pûmes regagner assez de forces, après une bonne nuit, pour rejoindre Fougères le lendemain, sans autre alerte que la rencontre de trois G.M.R. au coin d’un bosquet de la station de La Rivière »

    VIII

    Le mois de mai 1944

    « Deux actions parallèles marquent l’action de la Résistance en Ille-et-Vilaine, pendant le mois de mai 1944. La préparation du débarquement désormais tout proche et la continuation de sabotages contre l’ennemi.
    - C’est en mai, dit le commandant Pétri, que je repris liaison avec l’Etat-Major National, par l’intermédiaire du Commandant Patrick, délégué par le Comité Militaire National pour la région de l’Ouest. Le Commandant Jacques, subdivisionnaire et le commandant Maurice, inter aux opérations, composaient avec nous le Comité Directeur Régional. Le Quartier-Général des Maquis de l’Ouest devait être situé dans la région de Tour et rester en relations avec Paris. Tous les plans avaient été dressés pour que des ramifications de cette action de résistance s’étende à travers la Bretagne et la Normandie et permettent des mouvements de troupes et des parachutages.
    « Dans le cours du même mois, j’entrai en liaison avec l’A.S. de Morlaix, qui était en relation directe avec Eisenhower. Nos réunions avaient lieu à Rennes, chez Mr Milon, notre maire actuel. Les planques des agents français désignés pour les parachutages étaient à Goven, chez Mr Gernigon et à Langon, chez Melle Moquet. Boursier était à Langon prés d’un des agents. Je faisais alors partie du triangle de direction des opérations du Premier Régiment Breton, sous les ordres du Colonel Fabien (Patrick).
    - Que devenait pendant ce temps l’activité de vos groupes ?
    - Les sabotages et les attaques à mains armées devinrent alors si nombreux, qu’il ne m’est guère possible que de vous indiquer les plus importants. Le 1er mai sautaient sept pylônes sur la ligne Montbelleux-Fougères. Le 7, à Rennes, le service d’information. Le 8, alors que nous étions occupé à saboter la ligne de l’Hermitage, pour empêcher un train entier de G.M.R. de partir attaquer les maquis de Pontivy, mon lieutenant Jean Marguerite et le capitaine Julien Lamanilève sont surpris par deux Allemands qui les mettent en joue et leur ordonne de les suivre. Heureusement, dans le but de les fouiller, l’un d’eux remet son arme à la bretelle, et c’est la bagarre, dont mes hommes sortent vainqueurs, après avoir tué l’un des boches et mis l’autre en fuite.
    « Le train de G.M.R. ne partit pas ce jour là, et j’eus le temps de prévenir mes camarades du Morbihan. A Messac la destruction de 50 boyaux de freins immobilise toute une rame de wagons. A Dinan, une locomotive est rendue inutilisable.
    « Le 11 mai, sous les ordres du lieutenant Guy Bélis, les F.T.P. attaquent à Fougères, en 4 groupes, 4 garages remplis de camions allemands, en détruisent par l’incendie une trentaine et brûlent l’essence, l’huile et le matériel de réparation. Le lendemain alors qu’ils prenaient le T.I.V., nos camarades sont attaqués par des agents français et de la gestapo. La bataille fut sérieuse puisque deux inspecteurs furent blessés et un Allemand tué, tandis qu’un des nôtres, Emile Favennec, était blessé au bras. A La Rivière, un kilomètre plus loin, ils sont descendus du train et partis à travers champs où les attendaient de nombreuses échauffourées avec les Allemands. Ils sont arrivés à Rennes épuisés et en loques.
    « Enfin, la fin du lois de mai fut marquée par l’attaque du poste électrique de Saint-Brice-en-Cogles, au cours de laquelle le transformateur de secours fut détruit et le transformateur central endommagé.

    IX

    Le Débarquement

    « Fin Mai, alors que s’organise le Maquis de Broualan, sous les ordres de Pierre Jouan, Jacques Marguerite, Auguste Delaigue et Rolland, pour servir de place de transbordement vers la Mayenne, brusquement, des arrestations multiples viennent gêner et contrarier notre action. Les agents envoyés de Paris et munis des dernières instructions sont arrêtés à la gare de Rennes. Jacques et Maurice sont pris dans une râfle de la Gestapo, dans un hôtel derrière la gare, en même temps que divers responsables de Bretagne qui détenaient les plans des opérations. Rue de Saint-Malo, Jean Marguerite, grièvement blessé, et Bob sont capturés par la Gestapo et la Milice. Ils seront plus tard tous deux torturés. Mr Gernigon à Goven, reçoit une visite de la Gestapo qui découvre chez lui des armes automatiques, incendie sa ferme, le torture et le fusilleront le 30 juin. Moi-même, je manque d’être arrêté avec Thierry et n’échappe que de justesse aux miliciens, qui sortaient des abris souterrains du champ de Mars, à l’instant où nous nous séparions.
    « A la suite de toutes ces arrestations, je perdis le contact avec Fabien, alors que tous nos camarades de la Côte étaient déjà prévenus. A la veille du grand combat, tout semblait compromis.
    « Cependant les premiers messages passent à la radio de Londres, messages, dont le sens nous était dévoilé par le Quartier-Général de Morlaix. « J’ai une centaine de canards », nous annonça le parachutage de la nuit du 29 au 30 mai, à Louvigné-du-Désert. L’avion parachuta de beaucoup trop haut et les containers s’éparpillèrent dans les bois et les ravins, rendant la tâche difficile à nos camarades. Le tout fut néanmoins récupéré, camouflé dans une grange et recouvert de foin, en attendant d’être transporté à Fougères et ailleurs.
    « Puis ce furent les messages d’attente :
    « Le camion est en panne » ; « L’heure du combat est proche » ; 36 heures avant le débarquement : « Les sirènes auront des cheveux » ; « L’heure du combat viendra ».
    « Suivant les instructions reçues et en accord avec Thierry, je décide de diriger les éléments vers la Normandie et d’y établir mon Etat-Major. Depuis la mi-mai, un camarade du nord de la Mayenne préparait les lieux, préparait des armes et du ravitaillement ; plusieurs F.T.P. étaient déjà sur place.
    « Le 5 juin au soir, nous captons le message : « Il fait chaud à Suez », qui signifiait : Préparez vous, et en même temps, le message : « Les dés sont sur le tapis », qui voulait dire : Attaquez..
    « Le 5 juin, des récupérations de carburant et d’ex-
    plosifs étaient opérées à Loubigné du-Désert par un grou-
    pe de Fougères. Le 6 au soir, ce furent les 7 attentats prévus
    sur les voies de chemin de fer. Les explosifs avaient été re-
    pris chez Mr Milon par notre ami Guénot de Morlaix, qui les
    avaient transportés à Sainte-Anne-sur-Vilaine. Sur les sept
    attentats (Ploërmel - La-Gouesnière , Messac – Guer ,
    Messac – Rennes , Messac – Redon , Messac – Chateaubri-
    ant , Ploërmel – Guer , Ploërmel – Malestroit) ,un seul fut
    manqué au cours duquel nous avons perdu Louis Mazan. Le
    même jour des pylônes sautent à Avessac, La Chapelle-Sain-
    te-Melaine. Les groupes du sud de la Manche et de la Mayen-
    ne coupent les câbles souterrains des lignes téléphoniques ;
    Le Camp de Broualan récupère des armes.
    « Le 7 juin, après les dernières directives données
    aux groupes, nous organisons l’installation définitive de
    l’Etat-Major dans la forêt de la Monnaye. Les groupes F.T.P
    d’Ille-et-Vilaine arrivent les uns après les autres et la vérita-
    ble préparation militaire va commencer.
    « Dés le 9 juin, les bagarres recommençaient avec
    l’attaque d‘une voiture allemande dont l’un des occupants
    fut tué. Elles n’avaient pour ainsi dire jamais cessé, pas plus
    en Normandie que dans toute la Bretagne. La liste de nos Pierre Brageul . Jean Marguerite
    martyrs s’allongeait chaque jour : René Boursier, blessé, Roger Buard, Jean Guérillon
    était achevé par les miliciens au maquis de Larchamp au pied du pylône qu’ils viennent de faire sauter
    (à la suite d’une dénonciation par téléphone de Fleury au
    milicien Bellier)
    « Le même jour Guy Belis et quatre camarades étaient arrêtés lors de l’attaque du garage de la Feldgendarmerie de Fougères. Nous répondions coup pour coup : C’était le 7 l’exécution de Renard, le traître de Saint-Manvieux-Bocage (Calvados), accusé d’avoir livré un parachutiste Canadien ; c’était le 9 le déraillement d’une locomotive sur la ligne Rennes – Redon, après un déboulonnage de 44 mètres de voies, entraînant un arrêt du trafic de quinze jours. De fut le 13, sur la route de Renac, l’attaque d’un camion allemand.









    X

    Le maquis de Lignères

    - Que devenait votre maquis de Mayenne ?
    - Nous étions installé prés de Lignères-la-Doucelle, dans une ferme entre bois et champs, nommée la Gérarderie. Un énorme matériel, déjà, y était assemblé, et une quarantaine de gars réunis. Nous attendions de nouvelles arrivées qui en quinze jours, eussent porté notre nombre à 500 ou 600.
    « Le 13 juin, nos indicateurs nous annoncent la présence d’un camion en panne prés d’Orgères. Treize Allemands l’occupaient.
    - Diable !
    - Oui, on a beau n’être pas su-
    perstitieux… Nous attaquâmes en deux
    groupes de cinq, emportant une victoire
    à peu prés complète : 5 boches tués et 3
    prisonniers. Malheureusement un man-
    que de coordination des groupes causa
    les blessures graves de deux des nôtres.
    Paul Lasnier et René Pelé et, en somme
    tout ce qui s’ensuivit.
    « En effet, immédiatement
    alertés par les boches en fuite, d’impor-
    tants contingents allemands étaient sur
    les lieux une heure après notre coup de
    main. Chez Catois, le fils du maire de
    Lignières, où il s’était réfugié, ils arrê- Un vestige de la tragédie du Moulin d’Evert où tombèrent 4 F.T.P.
    taient Paul Lasnier et, à la Mairie, le res-
    ponsable de l’A.S. qui s’y trouvait par un mauvais hasard.
    « Vers 19 heures, Alain Le Gac, de garde, actionne sa mitrailleuse : le signal de l’alerte. Plus de 200 soldats entouraient le bois et le champ et disposaient sur les bords de la route des mortiers de campagne. Une partie de notre équipe gagne la forêt. Les autres dont j’étais, réfugiés dans le grenier de la ferme, tiennent en échec les Allemands et en tuent une vingtaine dont un officier S.S. Mais sous le feu de l’ennemi, notre situation devenait intenable. Je décide une sortie. Roland et le valet me précédaient. Derrière moi une grenade est jetée dans la salle que nous occupions, et de ceux qui occupaient la Gérarderie, nous fûmes les trois seuls survivants.
    « Vers trois heures, j’arrivais dans une ferme, et plus tard dans une autre prés de Ciral où je m’endormis épuisé. Le lendemain, j’atteignis Saint-Aubin-du-Désert.
    « Le Commandant Pétri se tait et dit lentement :
    « Parmi ceux qui sont morts, ce jour là, il y avait des amis que j’aimais. Delattre que j’avais sorti de la prison de Vitré et qui vint se faire tuer à côté de moi. Pierre Jouan, qui venait à peine de nous rejoindre… Richomme. Ceux qui ne furent pas tués dans la ferme, les Allemands les amenèrent au carrefour, à 11 heures du soir et les fusillèrent, là, après d’innombrables tortures. Seule, fut épargnée, la fille du Commandant Maxime, déportée en Allemagne. Gustave Bobo notre Hôte, Cotin, René Pelé, Robert Gougeon, Paul Lasnier, Alain Le Gac, Gilbert Zoccolini, François Cheminel et Auguste Leduc, tombèrent en cet endroit.
    « Le bilan de cette journée se soldait pour nous par la mort de onze camarades, la perte du matériel de guerre, de marchandises, de matériel d’imprimerie… et trois jours plus tard, par l’incendie de l’école et de la Mairie du bourg par les S.S.
    - Elle se soldait aussi, dis-je, par une page de gloire ajoutée à l’histoire du maquis !
    XI

    Parachutages

    « A la suite de l’attaque du maquis de Lignères, il nous fallut réviser nos plans. Les maquisards qui avaient échappé au carnage et 50 F.T.P. de la zone côtière qui avaient pu être avertis sur leur route, s’installent en de nouveaux lieux, dont le camp de Saint-Mars-du-Désert (Mayenne), sous les ordres du Capitaine Grégoire, les maquis de Chevaigné-du_Maine, La Baroche, les Chapelles. Pour ma part, je m’empresse dés le 14 juin de reprendre liaison avec la Commandant Anglais Michel (Claude de Baissac), originaire de l’Ile Maurice, afin de détourner les parachutages d’abord prévus sur la forêt de Lignières. Parallèlement je réorganise mon Etat-Major avec Julien, Roger, Ravet, Lepersonnic.
    - Où eurent lieu les parachutages ?
    - Les deux premiers à la Baroche, sous le signe « La cruche est cassée enfin » et à Fougerolles du Plessis sous l’appel « La banque est fermée ». Réussite magnifique : 7 avions, dans les 12 tonnes de matériel.
    - Comment s’effectuent ces parachutages ?
    - Imaginez d’abord une vaste étendue, 7 à 8 hommes sont sur le terrain attendant le premier avion ; 7 ou 8 en lisière attendant le second, etc… Une douzaine d’hommes armés assurent dans les champs le cordon de sécurité. Trois lampes dirigées dans le sens contraire du vent, obéissent au signal de ma lampe code qui sert aussi à guider l’avion… Lorsque le Libérator ou le Lancaster a compris mon message en morse lumineux, une lampe s’allume sous la carlingue : la réponse. L’avion alors passe au dessus du camp, vire et revient sur la première lampe.
    « Il lâche le tout avec une maîtrise admirable. C’est un spectacle impressionnant, je vous assure que ce grand oiseau noir qui vient pour nous de l’Outre-Manche et dont les ailes s’éclairent d’argent lors du virage. Ils parachutent généralement entre la deuxième et la troisième lampe, quelquefois à côté, jusqu’à 16 containers, 4 ou 5 paquets contenant des postes récepteurs ou émetteurs, des moteurs, des accus, de l’acide, des chaussures, du ravitaillement. Les grands containers mesuraient 1 m 80 et les petits 60 cm. Les grands étaient les plus attendus. Ils renfermaient des fusils-mitrailleurs, des mitraillettes, des fusils. Ils se dévissaient aisément, d’un seul coup. Il faut dire aussi que nous n’avions pas de temps à perdre ».
    - Je le crois sans peine. La préparation… ?
    - Elle résidait surtout dans la prévision des planques. Mais il y avait le problème du transport : des fermiers prêtaient leurs voitures. Il nous fallait emmener dans la nuit, sur 2 et 3 kilomètres, 10 tonnes de matériel avec 3 voitures à chevaux ».
    - Impossible !
    - Il faut croire que non puisque cela se réalisait. Encore ne faut-il pas oublier la présence constante des Allemands sur terre et… dans les airs. C’est ainsi que une fois à Pré-en-Pail, une équipe fut mitraillée par des chasseurs boches.
    - En dehors des parachutages, quelle était l’activité des groupes ?
    - Toujours la même, de jour en jour intensifiée.
    « Le Commandant Pétri feuillète les rapports entassés sur la table et cite des faits extraordinaires comme s’ils étaient la chose la plus aisée du monde. C’est dans le Calvados, 2 F.T.P. qui tuent un boche ; à Fougerolles, la construction d’un souterrain, des récupérations d’armes ; à Saint-Duval, la destruction de motos et d’autos ; l’explosion du Pont-Aufray ; l’attaque de l’Etat-Major Allemand au Châreau de la Croix-Guillaume en Lignières où 3 officiers furent tués ; les attaques à la grenade de deux camions ; un vol d’explosif à la mine de Brais en Vieux-Vy-sur-Couesnom avec la complicité des F.T.P. de la mine… »
    « Voici tout de même que Louis Pétri s’anime :
    « Le 23 juin, 3 F.T.P. incendient 2 avions allemands en panne. Un des pilotes est tué ; les mitrailleuses et le matériel sont récupérés. Cela se passe à la Celle-Craonnaise, dans le sud de la Mayenne.
    « En Ille et Vilaine, les hommes ne sont pas moins actifs. Ils inventent " La Tapette à rats " qui fait de si grands ravages sur les routes du nord de l’Ille et Vilaine, parmi les transports boches.
    - Qu'est-ce que c'était ?
    - Le nom vous l’indique : une simple tapette et un détonateur reliés à d’énormes quantités d’explosifs (cheddite de la mine de Brais bien utilisée) fourrées dans des bidons d’essence. Un chien courant suffit à déclencher le dispositif. A plus forte raison, des auto-citernes. Leurs cadavres témoignent encore, le long des routes de l’activité des groupes de Vieux-Vy-sur-Couësnom , Bazouges , Saint-Rémy-du-Plein et autres.


    XII

    Allo ! Allo ! Cody !

    « L’Euréka, et l’Exphone étaient vraiment de merveilleux appareils. Le premier pour les signaux-code, le second pour les entretiens avec le pilote de l’avion, rendirent de très grands services. Ce fut au début de juillet que je les vis employés pour la première fois par le Commandant Michel, au cours d’un parachutage d’hommes à la Baroche. Nous reçûmes ce jour là une mission de S.A.S. Anglais dont le travail devait consister à préparer le terrain et prévoir d’éventuelles liaisons. Par la suite, cette mission opéra sous les ordres du Capitaine Le Personnic, de nuit, car les Anglais refusaient de quitter leurs uniformes militaires. Dans les même temps, une autre mission descendait à Courcité pour être dirigée sur l’Ille-et-Vilaine. Celle ci se composait du Commandant Jean-Claude, des Capitaines Thomas, Frofrimer Anglais et W. Drux, Américain ; des Sous-Lieutenants Deschamps, Thomas et Masson. Je me chargeai de les conduire, voyageant de nuit à cause des uniformes anglais.
    - Le voyage s’accomplit-il sans incidents ?
    - Non ; à la suite d’une dénonciation, Joseph Hilliou
    était arrêté le 27 juillet à Champ-du-Boult et le 28 Fouge-
    rolles encerclé par les Allemands le jour même où nous nous
    y trouvions. Nous n’échappâmes que de justesse aux arres-
    tations qui eurent lieu dans le bourg : 18 patriotes dont 4 :
    Derennes, Fréard, Bostan, Genevé, furent conduits et fusillés
    à Saint-Jean-du-Corail (Manche, le 31 juillet ; 2 fusillés à La
    Flèche et 5 déportés.
    « Cependant d’autres parachutages étaient organisés :
    A Vieux-Vy-sur-Couësnon, sous la direction du Capitaine
    Pineau (de son nom de guerre Pierre). Le message avertis-
    seur était : « Il a gagné un million, trois fois ». Le chiffre
    qui intriguait si fort alors les auditeurs de la B.B.C. indi-
    quait simplement le nombre d’avions qui nous seraient en-
    voyés. Ce parachutage eut ceci de particulier et d’héroïque
    qu’il s’effectua sur un terrain distant de quelques cents mè-
    tres d’un maquis découvert par la milice et où Yvonnic
    Laurent avait été tué le 8 juillet .
    « Le 16, deux autres parachutages se produisaient. Josette, Agent de liaison du Commandant Pétri
    l’un à Pléchâtel, fut assuré par Josette, ma femme de liaison, avec les moyens rudimentaires du feu de joie et des quatre lampes-Code. Réussite parfaite, due en grande partie à l’aide apportée par les paysans du voisinage. Le message était : « Les enfants aux yeux bleus pleurent ». L’autre à la Guerche, devait être assuré par le lieutenant Bernard Salmon, qui se fit tuer le 14 juillet à Vern-sur-Seiche, avec ses compagnons Henri Guinchard, Alfred Lavanant et Rémy Lelard. Le Capitaine Pineau fut seul au Rendez-vous et fit marcher seul l’Euréka et l’Exphone qu’il avait apportés. Le message pour ce parachutage avait été : « Les enfants font des courses ».

    - Comment fonctionnait l’Exphone ?
    - Comme un petit téléphone portatif, avec une peti-
    te antenne et des piles autour de la ceinture. Les interlo-
    cuteurs s’appelaient par leur nom-Code. C’est ainsi que
    le Capitaine Pineau devait dire : « Allo ! Cody ! Allo !
    Cody ! ici Buffalo » jusqu’à ce que le pilote réponde :
    « Allo ! Buffalo ! Ici, Cody ».
    - Très romanesque !
    - N’est-ce pas ? …
    « Enfin sous le signe : « La banque est fermée »,
    nous recevions à Fougerolles-du-Plessis deux autres
    parachutages, et l’un de trois et l’autre qui devait
    être de quatre et ne fut que de trois. Quelques jours
    plus tard, le 16, l’avion manquant nous fut annoncé
    par le long message : « La quatrième voiture a été
    en panne : Si possible recevoir nos amis. Nous irons
    ce soir au rendez vous, si possible prévenir. La
    banque est fermée »
    « Et ce fut la Capitaine Eric, Anglais, envoyé par
    l’Etat-Major Allié, que je mis aussitôt en liaison avec le
    responsable des F.T.P. de la Manche. Le Capitaine ins-
    talla son Q.G. à la Mancellière, prés de Brécey. Les liai-
    sons entre lui et le Commandant Michel, le Calvados et
    moi furent assurées par le Père Charles, responsable Dé Le Capitaine Anglais Eric parachuté à
    partemental, secondé par Julien Lamanilève. Fougerolles-du-Plessis et le Capitaine Pineau
    - Quelles étaient alors les instructions reçues ?
    - Préparer le passage des guides informateurs et les placer à l’arrière des troupes Allemandes, pour diriger lors de leur avance, les blindés alliés.


    XIII

    La Libération

    Le Commandant Pétri achève ses confidences :
    « Plus approche la Libération, plus se fait intense notre
    activité. Nos groupes, sur l’ordre du Capitaine Eric, aident au
    passage des guides. 25 sur 33 franchissent entre Coutances et
    Saint-Lô. Par ailleurs, 5 guides dans la Manche et 25 dans le
    nord de la Mayenne faciliteront l’avance alliée vers Rennes et
    en direction de Paris.
    « Les renseignements que nous fournissons par radio
    par radio aux Alliés permettent des bombardements d’états- Françis Boursier (Jean Le Gall)
    majors et de dépôts d’armes allemands à Bagnole-de-l’Orne Tué par les Alemands le 4 aout 1944
    dans la forêt d’Andaine, et prés de Saint-Hilaire-du-Harcouët, à Villedieu,Vire, Coutances, Alençon. Les derniers parachutages nous sont annoncés. Celui du 31 juillet est réalisé à Saint-Christophe-du-Valins, sur un terrain que nous avait indiqué le curé de Saint-Christophe .
    « Enfin c’est l’attaque, sur l’indication : « Le Chapeau de Napoléon est-il à Perros-Guirec ? »
    « Le 1er août, les Américains enfoncent les lignes allemandes au sud de Coutances. Nos renseignements et les guides permettent le succès que l’on sait : Cinq heures de Coutances à Avranches.
    « Dans le Calvados, dans le nord de la Mayenne, dans l’Ille-et-Vilaine, nos groupes attaquent de partout. Le travail à faire, étant donné le désordre allemand, s’avère immense. Un fusil-mitrailleur sur le bord d’une route fauche des dizaines de camions.
    « Saint-Aubin-du-Cormier, Saint-James, Combourg, etc… sont



     

     

    Voir le Blog de LENEVETTE Roger : cliquez ici

     

    Partager via Gmail Delicious

    votre commentaire
  •           Chronologie de 72 jours de bombardements

    LE 6 JUIN

                                                           Afficher l'image d'origine                                                 


    Des 14 674 sorties des appareils alliés le 6 juin 44, 2 613 sont dirigées sur Caen.

    Voir un témoignage

    SAINT LO 1944

    Afficher l'image d'origine

     

    00H30

    Bombardement par 110 bombardiers lourds du Bomber Command RAF des postes de Flak de Caen et Carpiquet.


    02h30
    1020ème alerte à Caen.

    05h45
    La gare est attaquée, plusieurs wagons flambent.
     

    Rive droite, place de la Gare et rue de la Gare

    Source. Rue de la gare et le pont ferroviaire.


    06h40
    Explosions vers la gare et le quartier Sainte-Thérèse.

    Un groupe d’avions attaque à la mitrailleuse et à la bombe la caserne du 43ème Régiment d’artillerie (Quartier Claude-Decaen). Un poste de Flak est nettoyé et l’église provisoire de Ste-Thérèse, sans doute prise pour un baraquement de la caserne, est mitraillée. 2 victimes dans les jardins voisins.

    Source. L'église provisoire  Sainte Thérèse, rue Sainte Thérèse.

     

     

    Afficher l'image d'origine

     

     


    Ces bombardements qui visaient les passages sur l’Orne à Caen sont tous effectués « trop longs » par 11 escadrilles de B-17 et B-24 de la 3rd Bombardment Division de
     l’Eighth Air Force (8 AF) . Les Caennais sortent dans la rue, on s'interpelle, quelques groupes se forment sous l'œil indifférent des Allemands qui ne sont pas plus de 300 hommes, en ville ce matin, s'agitant en tous sens. On fait des provisions.

    De 07h20 à 07h30
    36 Forteresses volantes bombardent les ponts sur l’Orne une fois encore à travers les nuages, au système H2X de visée-guidage, 55 tonnes de bombes s’abattent vers la zone industrielle du port et sur le triage de la gare, par 6/10° de nuages.

    De 08h06 à 08h30

    Ces mêmes ponts: C1 la passerelle au fond du grand Cours, C2 le pont de Vaucelles, C3 le pont de la Mutualité et C4 le pont ferroviaire du port sont attaqués par 47 B-17 qui lancent leurs bombes sur un total de 155 engagés dans cette mission sans visibilité, les 108 autres ramenant leur délicate cargaison en Angleterre. Les équipages ne parviennent pas à localiser les éclaireurs, qui lancent les indicateurs lumineux désignant les cibles.

     

    C1 la passerelle de l'Arquette au fond du Grand Cours entre le cours Sadi Carnot et la rue du Puits de Jacob

    C2 le pont de Vaucelles entre la place du 36ème R.I. et la rue de Vaucelles

     

    C3 le pont de La Gare ou des Abattoirs entre la rue de la Marine et la rue de la Gare.

    C4 le pont double (ferroviaire et routier) de La Mutualité ou le pont du Tortillard entre la place de La Mutualité et le quai Hamelin (la gare SNCF)

    Photo aérienne de la RAF prise le 6 juin 1944,

    Les deux autres ponts ne sont pas répertoriés: 

     

    Le viaduc ferroviaire en amont de La Prairie

    et le passage piéton en aval (le barrage) entre les cours Montalivet et Cafarelli, limite des communes de Caen et de Mondeville.

    Selon les ordres du 21st Army Group  lâchage de 20 000 tracts précédant de 10 minutes les bombardements.

    "Collection particulière" Source: page 93 de ce livre


    Les familles réfugiées dans la corseterie de la rue de Falaise n’en soupçonnent même pas l’existence. C’est à peine si elles savent que 3 ouvriers qui partaient travailler tout à l’heure, ont été déchiquetés par une bombe américaine, sur la route de Falaise.

    Source: à gauche photo parue dans ce livre, à droite.  Deux vues du bas de la rue de Falaise, à gauche le Pensionnat Saint Michel, de nos jours.


    09h30
    Une seule bombe de 1000 livres, sensée tomber sur le pont de Vaucelles, à 500 mètres de là, frappera un groupe de 45 personnes qui s’abritaient à la fabrique de corsets, dont 19 seront tuées sur le coup. Ce bombardement de la corseterie est relaté de la manière suivante dans un autre témoignage: "
    Vers 16 h 30, un nouveau bombardement écrase une tranchée abri rue de Falaise, à proximité de l'avenue Guynemer, tuant 24 personnes et un peu plus loin 5 personnes dans une cave abri."(Note de MLQ: Société Française de Corsets et de Ceintures élastiques au n° 138 de la rue de Falaise).

    Photo allemande, collection Heimdal. L'Hôtel de la Gare au 30, 32 et 34 rue de la Gare, le 6 juin: 3 soldats allemands casqués et armés et deux civils
     

    Une voiture à haut-parleurs allemande circule en ville: ordre est donné de rester dans les maisons. Les sentinelles allemandes ont revêtu des tenues de combat camouflées. La population reste calme. Des voitures de la Feldkommandantur 723 sillonnent les rues. Des Feldgendarmes en sortent, seau de colle à la main et des affiches sous le bras.Hâtivement, ils expédient leur ouvrage et disparaissent vers un autre quartier. La loi martiale est proclamée.

    13h30

    Le quartier Saint-Jean reçoit la plus grande partie des 156 tonnes de bombes (623 bombes de 225 kg) que déversent 56 B-24 Liberator de la 2nd Air Division de la 8th AF escortés par 7 escadrons de P-51 Mustang de protection.. D’énormes blocs et des cratères profonds obstruent les rues Saint Jean, duVaugueux, place de la Mare, le Gaillon, rue Saint Pierre, rue des Chanoines, rue Arcisse de Caumont.

    Photo Fonds François Robinard. Le quartier du Vaugueux en ruines et le Sépulcre à droite.

    Partant de la rue Saint-Jean, celle-ci débouche dans la rue Mélingue. Seule une arcade de l'ancien couvent des Carmélites établi au 17ème siècle demeure debout. A l'arrière-plan, on distingue l'église Saint-Jean. Cette rue subit le bombardement le 6 juin en début d'après-midi.

    Le bas du Gaillon, place de la Mare, à gauche immeubles de  la rue Haldot.

    Rue du Vaugueux, le château est derrière les maisons de gauche.

    Rue Saint Pierre, photo prise dans la tour de l'église Saint Pierre. De gauche à droite les clochers de: Notre Dame de la Gloriette, le vieux Saint Etienne, Saint Sauveur et Saint Etienne.

    Rue Saint Pierre, photo prise du château. De gauche à droite les clochers de: Saint Sauveur, du vieux Saint Etienne et de Saint Etienne.

    L’inspection académique est en feu, le dépôt des pompes funèbres rue du Blanc et sa réserve de 500 cercueils flambe. Flambent aussi le Monoprix

    "Photo Marie" présentée page 36 du livre: 1944, Le Calvados en images de Jeanne Grall, Sodim, 1977. Le 6 juin 13H45, les premières bombes Bd des Alliés, un pharmacien en blouse blanche, M. Husson, blessé à la tête, un membre de la D.P. casqué avec son vélo, à droite la façade du magasin Monoprix ouvert en 1936, sera rapidement la proie des flammes.

    et les Galeries, boulevard des Alliés:

     

     

     

     

    Des civils et des membres de la D.P. forment une chaîne humaine pour manipuler des seaux d’eau pour essayer d’éteindre les incendies

     

     

     

     

     

    Si l'immeuble des Galeries Lafayette est encore debout malgré ses profondes destructions, l'hôtel Moderne situé au numéro 116 est en ruine. Les traces de l'incendie sont encore visibles sur la façade. Quelques arbres ont survécu aux bombardements et au feu.

    Au carrefour de la rue des Jacobins avec le boulevard des Alliés, le haut de la façade des galeries Lafayette et la tour sans flèche de l'église Saint Pierre.

     

    Au premier plan à droite le N°3 de la rue des Jacobins, l'Oasis; devant le bâtiment du journal "Ouest-Eclair" Bd des Alliés et la flèche de l'église Saint Sauveur.

    Sur ce boulevard, près du cinéma Majestic, la brasserie Chandivert était un rendez-vous prisé des Caennais avant la guerre. Situées sur le boulevard des Alliés, les Galeries Lafayette sont détruites par les bombardements. L'ensemble du boulevard est rapidement la proie des flammes. Le théâtre, épargné par les bombes, sera incendié par les Allemands.

    C’est le début des incendies qui dureront jusqu’au 18 juin.

     

     

     

    « Archives départementales du Calvados » Les pompiers et les  habitants font la chaîne à partir d'un puits pour éteindre un incendie rue de Bayeux.

     

     

     

     

    « Archives départementales du Calvados » Des civils et des membres de la D.P. (au premier plan un ingénieur des Ponts et Chaussées) forment une chaîne humaine pour manipuler des seaux d’eau pour essayer d’éteindre les incendies rue de Bayeux.

    Les Nouvelles Galeries entrée du passage Démogé rue de Bernières

    Rue Sainte Anne à côté du Sépulcre des bombes tombent sur le 12 et en face le 13, le 11, le 9 et le 7, le feu se déclare aussitôt. 14 victimes dont les corps seront calcinés. Au 13, l'entrepôt du Secours National (20 à 25 t de vivres, vêtements et chaussures) est anéanti, des Equipiers d'Urgence y récupèrent le jour même et le lendemain 7 à 8 t de marchandises.

    Soure: Collection R. Tesnière. La rue Sainte Anne n'est pas encore déblayée, en arrière-plan le Sépulcre. De nos jours.

    « Photo collections du Mémorial de Caen" présentée dans ce livre. Le Sépulcre domine les ruines du Vaugueux.

    En arrière-plan à gauche le clocher du Sépulcre, photo non localisée.

    Les équipiers et ambulanciers de la Croix-Rouge, les hommes de la Défense Passive (DP) et des Scouts du Lycée Malherbe se précipitent, profitant du répit d’une accalmie.

     

     

     

     

     

    Un  membre de la D.P., avec son casque Adrian peint en blanc sur un tas de ruines

     

     

     

     

    18 cadavres sont alignés dans une galerie du cloître du Lycée, dont un chef de la résistance, le capitaine RobertLe Coutour . A l’asile du Bon-Sauveur, des folles meurent brûlées vives.

     

     

     

     

     

    Rue du Pont Saint-Jacques, devant la place du Théâtre, des bombes viennent de tomber. On aperçoit des soldats allemands au second plan, au niveau de l’immeuble du journal l’Ouest-Eclair.


     

     

     

     

    Puis un nouveau vrombissement fait redescendre les familles dans les caves et les abris. 24 B-24 du448th BG de la 2nd Air  Division américaine  lancent à travers les nuages 60 tonnes de bombes destinées aux 4 ponts sur l’Orne. L’Hôtel Malherbe, siège de la

    kommandantur 723 est détruit. Le Feldkommandant de Caen, von Heydebrand note dans son journal :"Subitement éclate une énorme attaque aérienne comme je n'en ai jamais vécue. C'est l'enfer 8 à 10 grosses bombes font mouche sur ma Kommandantur. On croit que cette construction en béton va s'écrouler. Quand le bombardement  a diminué, je donne à mes hommes la permission de quitter la cave en se frayant un chemin avec des pelles. Un par un, à quatre pattes, nous sortons de notre trou. Quelques-uns malheureusement trop tôt , comme mon second, le major Nerlich, et quatre autres tués par des masses de béton; Les gardes dehors sont morts."

    Témoignage de Mme Anne-Marie Legoux: " Face à l'hôtel Malherbe, des voitures ont été mitaillées. Dans l'une, je vois un officier allemand qui n'a plus de tête et une femme morte à côté. ". Source

    "Photos collection Musée Mémorial de Bayeux, présentées page 36 de Bataille de Caen, Editions Heimdal, 1988 avec l'aimable autorisation de Jean-Pierre Benamou". La place Foch, des réfugiés quittent la ville et croisent des soldats allemands qui nettoient les ruines, dans le fond l'hôtel Malherbe le siège de la Feldkommandantur 723.

    Les rues des Carmes (la clinique des Oblates est en feu) et Saint Jean sont à nouveau touchées. Nouvelles victimes, encore des emmurés, vivants mais blessés, qu’il faut secourir rapidement. La Providence intervient quand, rue Gaillarde, trois Equipiers d’Urgence enterrés vivants par l’explosion d’une bombe un quart d’heure plus tôt, se retrouvent à présent à l’air libre grâce à une autre bombe qui vient les dégager en explosant juste à côté !
    Une famille habitant le 4ème étage de la rue Saint-Jean se retrouve indemne 10 mètres plus bas dans les gravats après la chute de l’immeuble ! Mais la Providence est absente pour 119 enfants, 113 femmes et 103 hommes qui périront dans la ville de Caen ce 6 juin après-midi.

    p011905  Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA   Agrandissement
    Vue aérienne de la ville de CAEN. Le quartier Saint Jean est en feu probablement le premier bombardement le 6 juin à 13h30 car le reste de la ville /ne semble pas avoir encore souffert (l'Hôtel de Ville, bord gauche de la photo au milieu avec la place de la République et le kiosque de musique au milieu paraissent intacts (ça ne va pas durer longtemps encore).

    Une autre vue de ces incendies: le Bassin Saint Pierre et la place Courtonne, en bas à gauche rue Haute et rue des Chanoines-zone blanchâtre- des ruines du bombardement de 13H30; des fumées rue Neuve Saint Jean et rue Guilbert, en vue aérienne. Repérage.



    16H30
    Des bombardiers B-26 , la carlingue et les ailes cerclées de bandes blanches abordent Caen du Sud-est en formation par quatre.
    48 B-26 larguent encore 90 tonnes, cette fois en dessous des nuages, mais la 9th USAAF dont ils font partie ne se vantera pas d’avoir fait mieux que la 8 AF… cette fois, s’en est assez. Les Caennais sont brutalement plongés dans l’affolement, les crises de nerfs, la tragédie. Dès que les assauts du ciel le permettront, 10 000 d’entre eux, vont quitter la ville sur les chemins incertains de l’exode. Le quartier Saint-Julien, n’a pas été épargné,  avenue de Creully, rue Malfilâtre et la rue Haldot.

     

    "Photo collections du Mémorial de Caen" présentée dans ce livre. Deux femmes sur un tas de ruines rue Haldot.

    "Photo collections du Mémorial de Caen" présentée dans ce livre. Hospice Desaint-Jean rue Malfilâtre.


    D’autres quadrimoteurs américains B-17 et B-24, 72 en tout (dont 12 retiendront leurs bombes car ils ne distinguent pas les marqueurs des éclaireurs) visent encore les ponts C1, C2, C3 et C4. Une ambulance qui traverse le pont de Vaucelles à toute allure est touchée de plein fouet, la jeune conductrice Mlle Marie-Thérèse Hériller de la Croix-Rouge est tuée sur le coup et son corps projeté dans l'Orne. Bombes sur les pavillons: Sainte-Chantal, Notre-Dame des Anges, del'Immaculée Conception et Sainte-Amédée du Bon Sauveur: 8 religieuses, et 30 malades sont ensevelis sous les décombres, l'une des sœurs et 5 pensionnaires sont tués.

    Le pavillon de l'Immaculée Conception du Bon Sauveur avant et après le bombardement.

    "Photo collections du Mémorial de Caen" présentée page 99 de ce livre; Ruines au Bon Sauveur.

    Ces raids durent 10 minutes mais leurs répétitions pendant plus de 2 heures, ébranlent les plus solides.
    Le dépôt des « Courriers Normands », place des Granges,  est partiellement détruit.

     

      

    Le dépôt des « Courriers Normands » se trouve sous les toits blancs au centre de la photo. Agrandissement. A droite, photo Fonds Robinard, l'intérieur du dépôt.

    NB Plan de l'ilot sanitaire mais avec une orientation différente.

    Comment l'îlot sanitaire fut-il  signalé aux Alliés ?

    Le collège Sainte Marie, rue de l'Oratoire et l’Institut Lemonnier (Orphelinat Leveneur sur le plan), rue de la Pigacière sont touchés, 6 jeunes élèves y sont tués. Le Châteausemble être une cible supplémentaire à bombarder, une compagnie allemande y était cantonnée la veille.

     

     

     

     

    Une bombe vient de tomber rue de l’Oratoire (quartier Saint-Jean) éventrant les toits, arrachant portes et volets. Encore sous le choc, les habitants commencent seulement à sortir dans la rue. Non loin dans la même rue, deux autres bombes ont touché le collège Sainte-Marie, tuant une religieuse et six élèves du Petit Séminaire arrivés le matin même de La Maladrerie. Peu de temps après, l’incendie des établissements proches de Monoprix et des Nouvelles Galeries gagne le collège Sainte-Marie et le ravage entièrement.

     

     

     

     

     

    18H30

    Bombardement aérien sur le quartier nord de Caen, 12 B-25 et 16 Boston , à travers les nuages, 8 appareils retournant avec leurs bombes.

    En fin d'après-midi, 10 Typhoon du Squadron 184 armés de roquettes attaquent Boulevard Lyautey une dizaine de blindés qui traversent la ville Est-ouest, puis de la Flak légère sur wagons plates-formes à la "Petite-Vitesse" (la gare SNCF de marchandises)


    21H00
    Le sifflement des bombes de 59 Maraudeur B-26 précède de peu le hurlement des 118 moteurs Pratt & Whitney de 2000 CV lancés à plein régime. 5 vagues en succession immédiate, attaquent en léger piqué sur les « Choke-Points » de l’Orne, d’Ouest en Est, à 1200 mètres d’altitude et 400 km/h. Furie des éclatements, explosions, murs de feu et de poussière sur les malheureux quartiers Saint -Louis et Saint -Jean.

    Rue Gabriel Dupont, à gauche la Banque de France, l'église Saint Jean, en arrière plan l'église de la Trinité de l'Abbaye aux Dames. En gros plan. Après déblaiement.

    La Banque de France et les ruines entre la rue Saint Louis et la rue Gabriel Dupont.

    Source. Montage de deux photos du quartier Saint Louis, repérage.

    C’était la deuxième mission tactique de la 9th USAAF sur Caen le 6 juin, qui, si elle n’atteint pas plus que la précédente les quatre ponts, provoque d’autres ruines donc obstructions, inflige quelques pertes à l’ennemi en mouvement, mais en cause 50 dans la population, et entretient la notion d’insécurité de la ville chez les uns, l’inquiétude chez les autres.

    Note: pour un rayon d'action opérationnel "Normandie"
    un B-17 Flying Fortress embarque moins de 2 tonnes de bombes
    un B-24 Liberator , 1.2 tonne
    un Lancaster , 6.8 tonnes
    un Halifax, 6 tonnes


    LE 7 JUIN
     

    02H40
    Des Mosquito rapides marquent à moyenne altitude le secteur des quais de l’Orne, suivis aussitôt par quelques quadrimoteurs à peine plus hauts (800 mètres) qui déversent leurs cargaisons de fusées éclairantes lancées sur les marqueurs et qui baignent d’une vive lumière blanc cru les cibles dévoilées. Les fusées sont encore accrochées dans les airs, que déjà les premières vagues de 12 quadrimoteurs vrombissent au dessus de la Prairie et du quartier Saint-Jean, venant de Louvigny (Sud-ouest) ils volent, trappes ouvertes sous la base des nuages pour respecter l’ordre de viser à vue les marqueurs. De la rue Grusse au cours Sadi-Carnot, des témoins fascinés distinguent les bombes qui se détachent des carlingues noires des bombardiers et foncent tout droit sur eux pour aller percuter à quelques dizaines de mètres plus loin le monastère de Notre Dame de la Charitéquai Vendeuvre  (16 Novices tuées).

    Le monastère des Sœurs de la Charité, 12 quai Vendeuvre et rue de l'Engannerie, à droite en arrière-plan l'église de la Trinité

    Partant de la rue Saint-Jean, ces deux rues débouchent sur le quai Vendeuvre et le bassin Saint-Pierre. Le monastère de la Charité est touché en plusieurs points le 7 juin dans la nuit. Le feu venant de l'hôtel d'Angleterre situé rue Saint-Jean atteint le monastère. Bientôt toute la rue est en flammes. La clinique Saint-Joseph (ou clinique des Oblates au 11 rue de l'Engannerie) n'échappe pas à l'incendie.

    Ruines de l'hôtel d'Angleterre rue Saint Jean, siège du Soldatenheim (foyer du soldat).

    "Photos collection Delassalle" L'hôtel d'Angleterre, rue Saint Jean avant et après la bataille de Caen. Les Caennais se rappellent que dans ce lieu se réunissaient les Allemands et les collaborateurs et collaboratrices.

    "Photo Letrou"  le 7 juin au matin.

    Vue des hauteurs de St Gilles. Probablement en haut de la rue Manissier vers la Miséricorde dont on voit encore le dôme de la chapelle. La cheminée d'usine en premier plan ne va pas non plus rester debout encore bien longtemps. On reconnaît le Marché de Gros ancien hangar Allainguillaume quai La Londe en bordure du Bassin St Pierre à droite du cliché et les installations de la Foire Exposition, place d'Armes, sur la gauche (mur en briques claires sur lequel on distingue des inscriptions. Au delà du hangar Allainguillaume, on distingue les installations portuaires le long du bassin Saint Pierre (quai Vendeuvre).

    La centrale électrique n'est plus en mesure de produire. Les dégâts sont importants :

    -          toit et murs soufflés

    -          fondations de la turbine n° 1 démolies

    -          convertisseurs 600 V continu inutilisables

    -          chaudières 3 et 4 irréparables

    -          portique d'approvisionnement en charbon effondré

    -           circuit d'eau de refroidissement et réserves à fuel détériorés

    -          conduits percés, panneau de contrôle détruit, moteurs touchés, ...

    La centrale électrique dans la zone portuaire

    Source. Les dégâts à la centrale électrique.

    Rue de Geôle le 7 juin au matin.

     

    Source. Façade arrière de la maison des Quatrans rue de Geôle. A droite, Collection R. Tesnière : la maison des Quatrans côté rue de Geôle.

    Montage, rue de Geôle. A gauche le début de la rue côté place Saint Pierre avec la façade du Crédit Industriel de Normandie, à droite la fin de la rue vers le Gaillon.

    A la Miséricorde, dont les bâtiments occupent un vaste terrain entre la rue des Carmes, la place Singer et la place d'Armes, la situation est plus tragique encore. Le dispensaire, place d'Armes, aménagé pour servir d'hôpital complémentaire, est rempli de blessés, amenés depuis le matin; Il y a là 76 à 80 victimes des précédents bombardements, 9 infirmières, 8 religieuses et un interne. Des bombes le frappent de plein fouet et il s'écroule ensevelissant les uns et les autres. La clinique principale, située place Singer, s'affaisse avec ses malades, mais la plupart d'entre eux sont dégagés vivants. L'autre clinique, rue des Carmes, s'effondre partiellement et prend feu aussitôt. De nombreux malades et 5 religieuses sont tués ou brûlés vifs ainsi que quelques infirmières qui se reposaient sous le porche, au rez-de-chaussée. Le bâtiment de la Communauté, atteint par des bombes incendiaires, flambe comme une torche; 121 victimes dont 72 morts (14 sœurs-infirmières, 7 infirmières, 1 interne et 50 hospitalisés)

    A gauche "Photo Archives Municipales de Caen. A droite "Archives départementales du Calvados" La rue des Carmes dans le fond l'église Saint Jean.

    Communauté de la Miséricorde. Source

    Source, cliché Gosset dans . Sur les ruines de la Miséricorde, trois croix blanches ont rappelé longtemps le sacrifice des équipiers d’Urgence (E.U.) et Nationaux (E.N.)

    Ces deux rues sont situées de part et d'autre de la rue Saint-Jean. La rue Gabriel Dupont débouche sur la place Foch tandis que la rue Singer permet, par la place Singer et la rue Nationale, de rejoindre la rue Neuve du Port et la place d'Armes. L'ensemble est ravagé par deux bombardements successifs dans l'après-midi du 6 juin. Le dispensaire de la Miséricorde n'échappe pas aux premières bombes le 6 juin. Des blessés qui y étaient entassés sont tués par le bombardement du 7 juin qui ruine le dispensaire.

    Source dans ce livre . La rue Saint Jean au carrefour des rues Gabriel-Dupont (à gauche) et Singer (à droite). Dans le lointain les clochers Saint-Jean et Saint-Pierre
     

    Montage. A gauche: le carrefour de la rue Gabriel Dupont avec la rue Saint Jean, l'immeuble est le magasin La Gavotte, en arrière plan  le Monument aux morts de la place Foch. A droite le même immeuble mais vu à 180°.

      La rue des Jacobins commence à flamber à hauteur de la Gestapo au N°44. Devant la Feldkommandantur, place Foch, des autos allemandes brûlent.

    Photo collection Georges Marie, page 98 de ce livre. La rue des Jacobins à l'angle de la rue Jean Romain.

    La seconde vague frappe les quais de l’Orne, qui s’affaissent dans la rivière, le pont de Vaucelles est coupé.

    Le quai des Casernes vu de la rive droite, à droite les pierres du pont de Vaucelles (voir les deux photos ci-dessous)

    Source dans ce livre . Le pont de pierres de Vaucelles  vu de la rive gauche, à droite la rue de Vaucelles.

    Photo collection Péan. Le pont de pierres de Vaucelles vu de la rive droite, voir le bâtiment à gauche.

     La caserne Hamelin s’effondre comme un château de cartes.

    Sur ce côté de la rivière Orne est construite sous Louis XIV une caserne qui est agrandie sous Louis XVI. Depuis 1901, elle accueille le 36ème régiment d'infanterie. La caserne est presque entièrement détruite.


    La Flak tonne sans arrêt depuis Carpiquet, Colombelles, Fleury et plusieurs parachutes blancs s’accrochent dans l’obscurité, teints en rouge par la lueur des incendies.
    36 Lancaster du No 5 Group du Bomber Command
    RAF  , tournent plusieurs fois au dessus de la ville jusqu’à ce que d’autres appareils-marqueurs reviennent indiquer les cibles. Le courage des équipages pris dans le barrage mobile de la Flak n’a d’égal que la misère des innocents Caennais pris au piège du bombardement de nuit.
    6 Lancaster sont abattus dans ces circonstances. 12 Lancaster du Squadron 57

    surviennent à 02H58 et bombardent sur les marqueurs moirés identifiant C2 (le pont de Vaucelles) avec 11 bombes de 500 kg et quatre de 250 kg chacune.
    La Banque de France, rue Saint-Louis est touchée, 4 morts dans l'abri sous l'hôtel de Fontenay, logement du directeur de la banque.
    Rue Saint-Louis également, le vieil hôtel qui abritait les services du Ravitaillement Général est anéanti.
    Une bombe sur l'aile principale de l'Hôtel de Ville en bordure de la place de la République écrase la salle des mariages, une autre juste devant, une autre dans la cour, une quatrième tranche l'aile en bordure de la rue Saint-Laurent devant la Préfecture.

    L'hôtel de ville à gauche la bibliothèque côté cour, à droite la façade.

     

     

     

     

     

    L'église Saint-Jean également est touchée, le transept côté Saint-Pierre bascule, le portail s'embrasse jusqu'au sommet de la tour principale, le toit et la charpente brûlent et les cloches tombent et s'écrasent en morceaux.

    Cette église du 15ème siècle, de style gothique flamboyant, était enserrée entre les maisons avant guerre. L'épaisseur de ses murs lui permet de résister au souffle des bombes, ce qui n'est pas le cas des maisons environnantes. L'église, cependant endommagée, demeure seule au milieu des gravats et des maisons éboulées. Ses vitraux sont brisés, des meneaux tombent tandis que le transept bascule.

     

     

     

     

     

     

    Photos ECPAD à gauche LFT3 F3412 L31, à droite LFT3 F3412 L30. La rue Guilbert, à gauche le garage Talbot.

    Montage: rue Guilbert, derrière le cinéma le Sélect à droite après déblaiement.

    Source: à gauche page 56 de ce livre, à droite. Montage: Rue Guilbert

    N°27 rue Guilbert, l'hôtel Le Manoir ou Hôtel de Charles de Bourgueville, sieur de Bras.

    03h00

    Tout est fini, la Flak se tait laissant place à la rumeur des quartiers qui disparaissent en grondant dans les flammes. La caserne des Pompiers, rue Daniel Huet,  est anéantie avec son commandant (Capitaine Jules Foucher ) et 17 Sapeurs-Pompiers. Le précieux matériel est perdu. Le lieutenant Gervaise fera face avec des moyens humains et matériels limités.

    "Photo Jean Lahousse". Source page 92 de ce livre, avec cette légende:" Un rare cliché pris le 7 juin. Les familles des pompiers se recueillent  sur les sépultures provisoires des leurs";  les croix ont été ajoutées sur le cliché. Au pied du magasin aux tuyaux, échafaudage où étaient pendus les tuyaux pour leur séchage après intervention (les tuyaux étaient confectionnés à cette époque en grosse toile de jute dont les mailles une fois mouillées avaient la particularité de gonfler et de devenir étanches,  cette tour était positionnée rue Daniel Huet à l'angle du boulevard circulaire en face les bâtiments de la caserne de l'autre côté de la rue. Derrière les ruines de la caserne (ex bains douches du temps du Maire Bertrand) et plus loin encore debout les murs de la caserne de Gendarmerie. Les murs  semblent bien noirs, conséquence des  incendies. Même si on peut douter de la date du 7 juin, cette photo a quand même était prise à une date très proche du 6 juin parce que rapidement les corps des pompiers ont été inhumés dans des cimetières provisoires.

    "Collection particulière, avec l'aimable autorisation de François Robinard" La caserne des pompiers.

    Source Archives municipales de Caen. Un immeuble de la rue Daniel Huet


    L’Hôtel de Ville, est coupée en deux

    Source dans ce livre . L’Hôtel de Ville après les bombardements des 6 et 7 juin

     et les tranchées-abris de la place de la République en face sont labourées par les cratères, refermées sur ceux qui s’y étaient réfugiés avec confiance. (50 civils tués, 15 policiers).

    L'Hôtel de Ville borde la place de la République, ancienne place des Petits Près au 18ème siècle, puis place Royale où dominait la statue de Louis XIV En 1883, y est édifié un kiosque à musique où sont donnés des concerts appréciés des Caennais. Les militaires allemands y proposent également des concerts sous l'Occupation. Une grande partie de la place et de l'Hôtel de Ville est anéantie sous les bombes sauf... le kiosque qui, finalement, est démoli en 1959.

    Collection R. Tesnière. Au premier plan, les ruines de l'Hôtel de Ville en arrière-plan le kiosque.

    La Maison des Etudiants, avenue Albert Sorel est en fen.

    Pour la nuit 301 victimes.

    Voir un témoignage


    Le 8 JUIN
     


    05h00
    Mauvais temps 7/10° de nuages, la sortie Est de Caen subit un bombardement par B-26 et A-20 , dans le quartier du Vaugueux, la rue des Teinturiers, la place Louis Guillouard, le rond-point de Vaucelles et vers la gare.

    Photo présentée dans ce livre. La gare.

    Source. Rue des Teinturiers.

    La ville subit la pression toujours plus forte des Alliés qui l’écrasent sous les bombes et s’acharnent toujours sur les mêmes cibles ; les ponts, la gare, les accès de la ville qui reçoivent 14 routes que les Allemands utilisent la nuit.
     Les obus de marine prennent le relais des avions, le quartier de la rue de Bayeux, rue Guillaume-le-Conquérant, place Fontette sont particulièrement atteints et détruits.

    09h00
    Des reconnaissances aériennes de chasseurs-bombardiers Typhoon annoncent par radio des mouvements continuels et bien protégés d’engins motorisés ennemis à Caen. Les 3 formations de 8 appareils disparaissent en prenant de l’altitude pour revenir. Les Rockphoon (Typhoon équipé de roquettes) attaquent un par un en piqué à 45° des véhicules qui s’abritent en toute hâte boulevard Leroy. Leurs roquettes font mouche sur les blindages et sur des pavillons vides d’habitants mais où des soldats cherchent refuge.

    13h45
    12 bimoteurs venant du Nord-ouest larguent leurs cargaisons, sous les nuages, du Couvent des Carmélites jusqu’au cimetière Nord-est en face.

    Plusieurs combats aériens au-dessus de Caen dans la journée, au- dessus des nuages.
    Deux grands immeubles de la place Saint-Sauveur sautent sous le coup d’un obus de marine. D’autres arrivent à intervalles réguliers, achevant de créer l’insécurité, rue de Bayeux, place Fontette, rue Guillaume-le-Conquérant sur les indications des avions de reconnaissance que l’on ne voit pas mais qui ne lâchent jamais le ciel de Caen.
     

     

    Le 9 JUIN
     

       Des batteries allemandes situées sur les hauteurs de la route de La Délivrande tirent des obus incendiaires sur le centre ville

    02h00
    Un obus de 406 mm (16 pouces)  du HMS Rodney  emporte la flèche du clocher de l’Eglise Saint-Pierre qui s’abat dans la nef.

    Source. Le 9 juin à 02H00, l'église Saint-Pierre n'a plus de flèche. Chez Allison collection.

    L'église Saint Pierre et le quartier du Marché au bois, le château est hors cadre à droite, en arrière plan à droite le clocher de Saint Sauveur.

    Collection R. Tournière. la place du Marché au Bois.

     Le photographe est probablement sur les remparts du château, voire au sommet d'un toit de la rue de Geôle : la rue de Geôle et la rue Calibourg au premier plan avec la rue des Croisiers au centre. Voir ici la version annotée, avec au centre l'hôtel Le Bourguignon-Duperré, à gauche l'église Notre Dame de la Gloriette et à droite l'église Saint Etienne le Vieux.

                      

                      L'intérieur de l'église Saint-Pierre après la chute du clocher.                    Rue et église Saint-Pierre

    Cette rue, traditionnellement commerçante, est partiellement détruite, préservant deux maisons à pans de bois sculptés du 16ème siècle et de nombreux immeubles du 18ème siècle. Ainsi quelques immeubles demeurent debout sur le côté droit de la rue. Le clocher de l'église dont la flèche culmine à 78 mètres est abattu dans la nuit du 8 au 9 juin par un obus de marine sans doute tiré par le cuirassé Britannique Rodney. La toiture commence à brûler, mais le dévouement du curé et des deux vicaires évite le pire.

    04h00

    Un obus de 380mm sur l'immeuble du Secours National au 7 place Saint-Sauveur.
    Il pleut doucement et le plafond n’est pas assez bas pour décourager les bimoteurs de la RAF qui visent le château où les Allemands transfèrent leur hôpital. La rue de la Délivrande et la rue du Vaugueux en font les frais (15 B-25 , 24 tonnes).

    La rue de la Délivrande (en haut le calvaire Saint Pierre à la cote 64)

    Des Allemands rue Saint-Pierre, date inconnue mais dans les tous premiers jours de la bataille vu l'état des maisons intactes; sur la photo de droite des réfugiés avec un homme de la Défense passive avec casque et brassard.

    Sur cette 3ème capture d'écran,  l'église Saint Pierre a perdu sa flèche soit à partir du 10 juin pas avant.

    Vues extraites de ce film à partir de 4: 16

     

    LE 10 JUIN
                                   

    07H00

    Des bombes tombent place Guilhouard ayant pour objectif  des chenillettes allemandes cachées sous les arbres.   

                                                     

     

    LE 11 JUIN
     


    La nuit a été mouvementée avec un bombardement aérien vers le haut de la rue de la Délivrande, Saint- Gilles, le Vaugueux faisant de nouvelles victimes.

    Située à quelques mètres de l'Abbaye aux Dames, cette église du 14ème siècle n'est plus, comme le quartier qui l'entoure, qu'un champ de ruines. L'institut Lemonnier disparaît sous les bombes.

     
    Dans la matinée, quelques rafales d'obus dans la périphérie Est de la ville.
    Dans la matinée des Typhoon attaquent à la roquette des canons repérés dans l’enceinte du château, et en début d’après-midi, sous la pluie, mitraillent une colonne de chenillettes dissimulée sous les arbres du boulevard Bertrand.

    Les Allemands installent un lance-grenades dans le stade Hélitas.

                                                                                              

    LE 12 JUIN
     
     

    Un obus de 380 s’abat place Saint-Sauveur, des obus de 406, rue Froide et Fossés-Saint-Julien.


    Photographie aérienne prise par la 8th US AF le 12 juin 44, en haut à droite l'Orne; en haut à gauche à 90° l'écluse de l'Orne et le bassin Saint-Pierre, entre les deux la rue Neuve du Port sous les nuages (ou les fumées) ; en bas à gauche dans le cercle rouge l'église Saint Jean devant dans la fumée la Banque de France. Voir en agrandissement.

    "Photos collections du Mémorial de Caen" présentée pages 41 et 79 de ce livre. Devant le portail de l'église Saint Jean, un tas de ruines, à gauche plusieurs hommes, à droite un homme de la Défense passive casque Adrian blanc et brassard

     « Archives départementales du Calvados » Abside de l'église Saint-Jean

    A minuit
    348 Halifax et 285 Lancaster guidés par 36 Mosquito des No 4, 5, 6 et 8 Group de la RAF sont en mission vers les ponts sur l’Orne à Caen. Une pluie de centaines de bombes incendiaires s’abat sur la ville y produisant parfaitement leurs effets.
    118 Lancaster lancent 401 tonnes de bombes « High Explosive (H.E.) » destinées à supprimer les ponts sur l’Orne, consciencieusement entretenus et réparés par les pionniers allemands entre les attaquent aériennes.
    Bilan du raid : pont de la Mutualité (C4) touché, par où passe la voie ferrée de desserte du port de commerce, 77 Caennais tués ou disparus, autant de blessés, 17 Halifax et 6 Lancaster abattus, soit 161 aviateurs perdus. A Caen, aucune victime allemande, trois pièces de Flak dans la Prairie sont endommagées. Des torpilles tombent sur les batteries allemandes du Stade Hélitas. Des bombes explosives frappent la rue Elie-de Beaumont, Ia rue de Geôle et la rue Saint-Pierre, Des bombes incendiaires créent, boulevard des Alliés et place de la République, quatre gros foyers d'incendie que le vent, assez violent, attise et développe.

    « Archives départementales du Calvados » La Prairie inondée devant la place Foch.


    Le ciel, une fois vide, dès 02H00 à 22 km, les croiseurs lourds HMS Nelson et  HMS Ramillies tirent chacun un obus de 380 ou de 406 mm toutes les 30 secondes sur la ville jusqu’à 09H00 le lendemain matin, la caserne du 129e (
    caserne Lefebvre) dans le château reçoit des obus. Des civils sont ensevelis dans les carrières des Fossés-Saint-Julien.

    La caserne Lefebvre dans le château. Après guerre.

    Quartier des Fossés-Saint-Julien.


    Des Equipiers d'Urgence découvrent, rue du Gaillon, trois cadavres, à moitié mangés par des poules et des chiens. Le soir quatre grands foyers d'incendie s'étendent car le vent souffle.

    Article du journal Paris-Soir du 12 juin sur Caen

    "Photo Life magazine" de l'humour noir américain!

                                                                                              

    LE 13 JUIN
     

    Document 39-45 Magazine  avec l’aimable autorisation des Editions Heimdal. Selon nos recherches la première photo n'est pas prise au Vaugueux mais à l'angle des rues Hamon et  Saint Pierre voir ici.

    Précisions au sujet de la 3ème photo ci-dessus. Photo allemande, photographe Arthur Grimm,  Bundesarchiv à l'angle des rues Saint-Pierre et Hamon à droite le porche de la pharmacie Mullois. La seconde même lieu, même moment. De nos jours.

    Photo prise dans l'autre sens, voir le repérage, maison en pans de bois en flammes rue Saint Pierre. Voir ici deux maisons sauvées.


    Les grands magasins des Galeries Lafayette sont en flammes de même que le Grand Hôtel de la place de la République, le café de l'Hôtel de Ville et les immeubles de la rue du Moulin. Devant l'ampleur des incendies le maire signe un arrêté autorisant le dynamitage pour combattre l'extension du feu dans le quartier Saint-Jean.  1 200 kg de dynamite provenant des carrières de May à Saint-Martin-de-Fontenay sont utilisés, la  mise en œuvre étant sous la responsabilité de M. Fredy, ingénieur du Service des Mines



    NB l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées est M. Jouveneaux qui assure la direction générale de la lutte contre le feu.

                               

    LE 14 JUIN
     


    A midi
    L’artillerie moyenne bombarde Venoix pendant 20mn. Le « Nice Caennais » où se dissimulaient la veille encore plusieurs lanceurs de fusées (Nebelwerfer) est touché.

                                  

    "Photo allemande prise par la 8. Panzerkompanie, coll. H. Höfler, présentation page 130 de )   Caen brule, vue depuis la gare, au centre les flèches de Saint Etienne.

                                  

                             

      LE 15 JUIN
     


    Des bimoteurs américains A-20 Boston bombardent en les manquant les ponts sur l’Orne. C2 et C3 avec 17 tonnes de bombes dont plusieurs à retardement.
    Les quartiers Saint-Jean et Saint-Gilles reçoivent des bombes. A 10h00, le théâtre est en feu, puis la Gendarmerie, la maison de l'Agriculture et tous les immeubles avoisinants. Les Equipiers d'Urgence récupèrent rue Saint Pierre des plaquettes incendiaires utilisées par les soldats allemands, ce sont des plaques translucides, imprégnées de phosphore et qui s'enflamment spontanément au soleil.

                      

                                                                                      Le théâtre. Voir avant guerre.                                    La Gendarmerie,  montage de deux photos, rue Sadi Carnot.

     

      LE 16 JUIN

    Les tirs de la Royal Artillery (RA) se sont prolongés toute la nuit et ne s’apaisent qu’en fin de matinée. Devant le théâtre, un entonnoir gigantesque s’est ouvert, qui met à jour la rivière Odon, canalisée sous la chaussée.

    La voûte du tunnel canalisant l’Odon mis à l’air libre boulevard des Alliés.


    Rue Bicoquet, deux obus de char traversent la façade d'une maison et éclatent à l'intérieur blessant assez sérieusement une femmeUn obus éclate sur les Pompes Funèbres Générales, rue du Carel, d’autres place Malherbe, sur la Poste, rue Vauquelin, rue Ecuyère et se rapprochent du « secteur sauvegardé »

                                                                                              

    "Collection François Robinard". La Poste, beaucoup de monde pense et dit qu'elle est sortie intacte des bombardements alors qu'elle a bien été écornée. On voit ici le côté bordant la place de la République et les ruines en premier plan sont celles de l'Hôtel de Ville (partie Commissariat de Police). La partie abîmée et qui a donc été reconstruite à l'identique est à l'angle de la rue Auber (place de la République) et de la rue Georges Lebret qui rejoint la rue Sadi Carnot. Photo intéressante et rare qui infirme une vérité reçue. Version annotée,    Aujourd'hui.

    Source. La place de la République sous les gravats, à droite le clocher de Saint Sauveur, à gauche la rue Saint Laurent, dans le fond la rue Jean Eudes.

    LE 17 JUIN


    Pilonnage d’artillerie sur le quartier Sainte-Thérèse. Un avion tombe, en flammes, vers Saint-Julien. Vers 11H00 un gros obus explose, place de l’Ancienne Boucherie, sur la file d’attente pour le lait.

    Dans la nuit, 6 Mosquito bombardent la caserne Lefebvre du château.


    La vue de l'église Saint-Pierre est aussi désolante du côté de la rue de Geôle. A son extrémité, coincée entre le château et l'église Saint-Pierre s'étendait la petite place du Marché aux Bois, mais elle n'est plus qu'un tas de ruines. Le bel immeuble du Crédit Industriel de Normandie est détruit. Le feu, qui sévit sans discontinuer du 14 au 17 juin, est si violent à certains endroits que des poutres en fer fondent. De la rue Saint-Pierre au château, ce n'est plus qu'une rue de feu longue de près de 200 mètres. Elle saute d'un seul bloc le 17 juin, évitant que le feu continue de s'étendre.

    Source. Cours de la Monnaie, à droite la rue de Strasbourg. Hôtel de la Monnaie
                                                                                              

     LE 18 JUIN


    08H00
    Pilonnage d’artillerie sur le quartier de La Maladrerie
    Arrêt des incendies qui embrasaient la ville depuis le 6 après-midi.

     

    Source dans ce livre . La rue Saint Jean

    Une vue agrandie de la précédente prise de la tour Saint-Jean au premier plan les ruines de l’hôtel d’Angleterre, dans le fond à droite la flèche tronquée de l’église Saint Pierre et au centre de la photo le magasin de vêtement pour hommes Henri Devred au 66  de la rue Saint Jean et au carrefour de la rue de Bernières.

    Photo LFT3 F3412 L36 de l'ECPAD. La rue Saint-Jean à droite le magasin PRIMINIME au N°50 et l'enseigne verticale DEVRED

                                                        AGRANDIR

    "Photo allemande Bundesarchiv à gauche". Montage de trois photos. Angle rue Saint-Jean et rue de Bernières, voir les fils au sol. Sur la photo du centre remarquez la tête du mannequin échappée de la vitrine du magasin de confection DEVRED, le soldat allemand appartiendrait à la Kriegsmarine mais incorporé dans la 12.SS-Panzer-Division"HJ" . A droite: photo Mémorial de Caen.


                                                                                                                

    LE 22 JUIN
     


    11H45
    Des obus tombent rue de Bayeux.
     

    18H30

    Un groupe de 6 bombardiers déverse des torpilles aux abords du pont de Calix.

    Lire un rapport d'ensemble émanant des Renseignements Généraux sur la situation de Caen et ses environs du 6 au 22 juin 1944.
                                                                                              

    LE 23 JUIN


    En ville les obus continuent à exploser sporadiquement.

    "Photo Archives du Calvados" photo de propagande             Deux Waffen SS de la HJ dans les ruines de Caen selon ce livre


                                                                                              

    LE 24 JUIN
     


    Un obus anglais isolé traverse sans exploser une salle d’opération au Bon Sauveur. !



    LE 25 JUIN


    Tirs d’obus perpétuels encore accrus ce jour. Des véhicules légers sont camouflés sous les arbres du « Quartier Claude-Decaen » et des postes d'observation sont installés sur les toits d’où les Allemands ont vue sur le plateau, au Nord de la ville. En fin de journée, une attaque aérienne tentera de les en déloger.

    Film tourné le dimanche 25 jui

    Dans une autre version le même film tourné par un opérateur de France Actualités à partir de 01:41


     

    LE 26 JUIN
     

    11H00

    Des obus tombent dans la cour du centre de triage du Bon Sauveur mettant le feu à une partie de la réserve de carburant du Service de Santé (3 000 litres d'essence ont brûlé) et sur plusieurs pavillons (un mort et plusieurs blessés), un obus rue Caponière.

    Nuit
    Un Messerschmitt 110 est abattu derrière le Séminaire en haut de la rue de Bayeux à gauche vers La Maladrerie.

    La place Courtonne en ruines.

    Source à gauche dans ce livre , la rue des Jacobins au carrefour avec la rue de l'Oratoire. Source à droite, Collection R. Tesnière: rue de l'Oratoire.

    Rue de l'Oratoire. Photo présentée dans ce livre.

     

     

    LE 27 JUIN

     

                                                                                                         
    01H30

    18 Boston et 12 Mitchell lancent 55 tonnes de bombes destinées aux ponts de Vaucelles et de la Mutualité, qui bien qu’endommagés, ne sont toujours pas coupés.
    Les bombes explosent dans le quartier du Bassin Saint-Pierre (ou Bassin à flot sur le plan) et de l’usine électrique (centrale thermique dans la zone portuaire), « trop long », en y ranimant les incendies du 6 juin.

    07H30 à 12H00

    Des obus tombent sur le Bon Sauveur: 5 morts, 15 blessés

    Bombardement de la base de Carpiquet par des Typhoon du 182 Squadron .

    Source ce livre. L'attaque du 182 Sqn le 27 juin vue de la cinémitrailleuse du Typhoon du Pilot-Officer Rutherford. On reconnaît la zone sous-officiers, avec en haut à gauche le Mess, derrière le champignon de fumée noire. Encore derrière, en diagonale, l'actuelle RD 220. (IWM.)

                           

    LE 28 JUIN
     

    Les obus poursuivent leur œuvre dévastatrice. Le fléau coûtera bientôt à la population autant de victimes que les bombardements.
    Le haut de la rue Damozanne, le Quartier Lorge (autre nom de la caserne de La Remonte) rue Caponière, le carrefour de Venoix sont touchés.

     

    « Archives départementales du Calvados » L'Equipe d'Urgence cherche des victimes sous les décombres (on entend des cris sous les pierres).
                                                                                      

    LE 1er JUILLET

     

    Des obus pleuvent sur le boulevard Lyautey où les bâtiments des Petites Sœurs des Pauvres, à nouveau touchés, flambent.

                                                                                              

    LE 2 JUILLET
     

    Peu avant minuit, obus sur la Communauté et Saint-Joseph au Bon Sauveur, un rue Caponière.

    Source. Pavillon Saint Joseph du Bon Sauveur.

                                                                                                       

    LE 4 JUILLET


    04H45
    Quelques gros obus tombent ça et là entretenant l’insécurité, tirs d’artillerie sur le quartier de la rue de Bayeux.

    05H00

    Début de Opération Windsor à Carpiquet. 428 pièces d'artillerie et depuis leur mouillage les canons des HMS Rodney et HMS Roberts ouvrent le feu.

    Aux abords des pistes de Carpiquet attaque des Typhoon du 121 Wing (174 , 175 et 245 Squadrons) basés à l'ALG B5 du Fresne Camilly.

         LE 5 JUILLET
     
     

    Des obus tombent sur le quartier Ouest de la ville vers Saint-Ouen, la rue d’Authie, entre la rue de Bayeux et la rue de Bretagne jusqu’à 11H00.
     


    09H00
    12 bimoteurs américains lancent leurs bombes sur le quartier Saint-Louis heureusement déserté.

    Quartier Saint Louis vu de la tour de l'église Saint Jean. L'immeuble de l'hôtel Malherbe, siège de la Feldkommandantur 723 et la Banque de France, en arrière plan La Prairie.

      

    Source à gauche. Seul au milieu des ruines émerge le Monument aux morts de la guerre 14-18, place du maréchal Foch, à gauche en arrière-plan les tribunes de l'hippodrome.


    La place Saint Martin a été encore bombardée après qu’une procession de 20 chars allemands l’ait traversée, venant du Nord et se dirigeant vers l’Ouest par la rue de Bayeux.

    Place Saint Martin, avec la statue équestre de Bertrand Du Guesclin, dans le fond Saint Etienne.
     

    09H30

    8 bimoteurs prennent encore pour cible la passerelle sur l’Orne, à 500m du pont du Tortillard. Quand la fumée s’est dissipée, elle émerge toujours intacte gracieuse arche revêtue de branchages pour la camoufler.

    Une bombe à l'entrée de la rue du Puits-de-Jacob, au bout de la passerelle rive droite, où un arbre magnifique est déraciné.

    Dans la journée bombardement par la Luftwaffe de l'aérodrome de Carpiquet.

     

     

    LE 6 JUILLET
     

    Des obus tombent près du Palais de Justice et au milieu de la cour d'honneur du Lycée Malherbe

    09H30
    Descendant le cours de l’Orne, à 400m d’altitude, 40 Mitchell et Boston surviennent trappes ouvertes, au dessus du fragile ouvrage d’art, qui enjambe la rivière. En quatre vagues, 80 tonnes de bombes explosent autour de la cible dans l’eau et finalement sur la passerelle qui « rend l’âme ».

    Source dans ce livre.  Cette passerelle sur l’Orne entre le cours Sadi Carnot et la rue du Puits de Jacob a été empruntée par les réfugiés de la rive gauche fuyant les bombardements pour aller se réfugier dans les carrières de Fleury ou prendre la route de l’exode. Elle fut surveillée par les allemands, à chacune de ses extrémités un factionnaire muni d’un disque de signalisation et d’un sifflet,  qui l’exploitèrent intensément y compris avec des camions et des chenillettes

    "Photo collections du Mémorial de Caen" présentée page 103 de ce livre. La passerelle dans l'Orne en arrière plan la propriété Legallais-Bouchard N°1 rue du Puits de Jacob.
     

    Dans l'après-midi bombardement du chateau, rue Calibourg.

    20H00
    24 bimoteurs B-25 bombardent le viaduc ferroviaire sur le coude de l’Orne, au-delà du Grand-Cours sans résultat. 6 autres appareils bombardent le Château, alors que les Typhoon sont en action contre les batteries de Flak au Quartier Claude-Decaen.

                                                                                              

             

    LE 7 JUILLET


    Dans la nuit, les batteries de Flak du quartier Sainte-Thérèse ont été bombardées, d’autres bombes sont tombées vers le haut de la rue d’Authie.
    Operation CHARNWOOD Objectif CAEN.

    Zone de bombardement

    Zone théorique comme nous allons le voir ci-dessous

    Engagement tactique du Bomber Command (bombardiers stratégiques de la RAF)
    Définition d’un quadrilatère recouvrant les faubourgs Nord–Nord-Ouest de Caen sur 4 km de long et profond de 1,5 km, à 6 km en avant des troupes Britanniques des 59th (Staffordshire) et 3rd British Infantry Division supportées par 300 chars des 33rd Tank Brigade et 27th Armoured Brigade .
    459 bombardiers (295 Lancaster et 164 Halifax )
    2360 tonnes de bombes hautement explosives (HE) de 500 et 1000 livres à larguer entre 21h50 et 22h30.
    Le Master-Bomber est le Wing Commander (Colonel) « Pat » DANIELS du Squadron 35 sur Mosquito VI.
    Le groupe d’éclaireurs : 20 Mosquito de reconnaissance du
    No 8 Pathfinder Group, dont 6 équipés du système de visée Oboe sans visibilité.

    21H50
    Les bombardiers arrivent pile à l’heure. Des dizaines de bombes explosent en même temps, en un monstrueux crépitement couvrant les rafales de Flak qui strient le ciel qui s’obscurcit.
    Le Château

     

     

     

     

     

    Les remparts du château écroulés sous les bombardements

     

     

     

     

    et ses alentours, le Vaugueux,

    Photo Life magazine La rue du Vaugueux, les maisons à gauche ont fait place à la pelouse du château.
     

    le Gaillon ne forment plus qu’un monceau de décombres.

     

     Photo parue dans un magazine britannique. Destruction dans la rue du Gaillon le 9 juillet 1944. 

    Le Palais de l’Université est en flammes, la Caisse d’Epargne, rue de Bras, s’est effondrée. L’église Saint Julien est anéantie; voir ici une plaque posée en 1994.

     

    « Archives départementales du Calvados » L'église Saint Julien avant et après les destructions de 1944. Après déblaiement des ruines, un baraquement métallique, que les Caennais appelaient le tonneau sert d'église jusqu'à la construction de la nouvelle église à un autre endroit.

     

    ainsi que le couvent des Bénédictines et sa chapelle Saint-Sauveur est touché.

    Collection R. Tesnière. Le couvent des Bénédictines était situé entre la promenade Saint-Julien et la rue de Geôle. Ces religieuses occupaient depuis 1816 l'ancien couvent des Cordeliers. La chapelle avait été rénovée en 1867, recevant de nouveaux vitraux. En juin 1944, l'ensemble est écrasé sous les bombes et seuls des vestiges de la chapelle demeurent aujourd'hui dans la cour de la clinique de la Miséricorde.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   .

    Le Temple protestant, rue du Tour de Terre,  est en ruine.

                                                                                                                                      

    Héritier d'une longue présence protestante à Caen, le temple est établi au début du 19ème siècle rue de Geôle, à l'angle de la rue du Tour de Terre dans les dépendances de l'ancien couvent des Bénédictines. Les bombardements ont éventré le petit temple.

     

    L’Hôtel de Ville et sa bibliothèque brûlent. Une bombe écrase le bâtiment situé à l'angle de la rue Jean-Eudes et de la place de la République.

    L'ancien couvent des Eudistes construit en 1663 abrite l'Hôtel de Ville de Caen depuis la fin du 18'°" siècle. L'ensemble est grandement détruit par les bombardements, d'abord par ceux des 6 et 7 juin, puis par celui du 7 juillet. Après qu'une bombe eut écrasé le bâtiment situé à l'angle de la rue Jean Eudes et de la place de la République, l'incendie embrase l'ensemble de l'Hôtel de Ville et achève de le ruiner. Quand les Canadiens investissent la rive gauche le 9 juillet, il découvre au cœur de Caen un champ de ruines.


    Une grosse bombe est tombée sur l’abri au 50 rue du Vaugueux (PC de la DP du quartier) ensevelissant 67 réfugiés (38 morts).
    Un chapelet de bombes est tombé sur l'Université, alors située dans le prolongement de la place Saint Sauveur, entre l'église et la rue aux Namps. Les pendules se sont arrêtées à 22h07 selon M. Rillard, secrétaire adjoint de l'Université. Quelques minutes plus tard, le feu prenait à l'Institut de Chimie et se propage à une vitesse stupéfiante à tout l'édifice qui s'enflamme comme une torche. Les toitures s'effondrent bientôt dans la cour intérieure, tandis que les concierges et quelques professeurs réfugiés dans les sous-sols ou sous les escaliers s'enfuient en toute hâte. Le brasier est impossible à maîtriser. Il est impossible de s'approcher à moins de cent mètres tant la chaleur est intense.

     

    A gauche, source dans ce livre.                                  A droite, source dans ce livre.

    L’Université avait échappé aux bombardements de juin, mais le 7 juillet, peu après 22H00, elle est atteinte par au moins cinq bombes et se transforme en brasier menaçant tout le quartier.

    A droite le rectorat

     Le portail de la rue Pasteur s'écroule. De l'autre côté de la rue, le rectorat, touché de plein fouet  par une bombe s'est effondré sur le Recteur Mercier, grièvement blessé à la jambe, et quelques uns de ses collaborateurs.

    A droite: la rue Pasteur, au premier plan les ruines de l'Université et en face le Rectorat.

    A 23h00 devant le brasier l'abri du Lycée de Jeunes Filles est évacué.

    La bibliothèque universitaire, inaugurée au début du siècle, n'échappe pas au désastre; Avec elle, partent en fumée ses riches collections et ses manuscrits précieux. Aspirées, par le tourbillon de feu, des pages calcinées s'envolent jusqu'à Fleury-sur-Orne, de même que les archives et les copies du bac entreposées dans une cave.
    Rue Saint Pierre 28 tués sont recensés dans un couloir à côté du magasin « Marylène »
    Rue de Geôle 25 morts à l’abri du temple protestant.
    Aux carrières Saint Julien 90 emmurés sont secourus par les Equipes d’Urgence (15 morts)

    Les alentours du château sont bombardés, écroulant les maisons qui entouraient cette forteresse. La rue des Carrières Saint-Julien est également ravagée. Quelques pavillons subsistent.

    Mais cela n’est pas fini. Les obus se remettent à tomber sur la ville, des 406 et 380 tombent dru. La ville est en feu, après l’écrasement obtenu par 2276 tonnes de bombes tombées pour 45 % à plusieurs centaines de mètres, au delà du quadrilatère de saturation délimité par les éclaireurs de la RAF. Un excès de prudence a fait lâcher trop long.

    "une attaque remarquable par sa précision" notera Montgomery dans ses souvenirs de guerre... sans ajouter le moindre mot de compassion pour les 300 malheureux civils tués lors de cet avant-dernier acte de la bataille de Caen.
    La commission d'enquête sur l'évaluation des résultats de ce bombardement se rend sur place le 12 juillet. Le professeur Britannique
    Solly Zuckermann , pour leSHAEF ,  le vice-maréchal de l'air Robert Dickinson Oxland pour le Bomber Command concluent à un effet d'émulation certain sur le moral des troupes du I Corps , inverse sur le moral ennemi chez lequel très peu de preuves de destruction par bombes sont mises en évidence. Les Français interrogés, tout comme les officiers de l'armée sur site le 7 juillet, ne font état d'aucune zone de défense ni de bastion particulier devant Caen, dans le quadrilatère de bombardement. Aucune épave de canon ou de chars enterrés marqués sur la carte par la 2nd Army en justification de la demande d'intervention des lourds, ne peut être retrouvée pour être photographiée. Le comité aboutit à cette conclusion que rien ne justifiait une telle opération, rien ne justifiait la perte de 300 vies civiles et la destruction d'une vaste zone de construction urbaine. Les cratères contigus varient de 10 à 15 mètres de diamètre par 3 mètres de profondeur. A une exception près (en secteur Canadien) toutes les routes menant vers le centre-ville sont infranchissables, y compris aux engins chenillés.

    Voir un film: le siège de Caen le 7 juillet.

     

    LE 8 JUILLET
     

    Terrible photo des quartiers nord de Caen après le bombardement du 7 juillet, au nord les impacts de bombes sont innombrables

    "Photo Archives Municipales de Caen". A plus faible altitude: en bas à droite le clocher de Saint-Jean, au centre l'église Saint-Pierre, au centre en haut le château avec les casernes, à droite le Sépulcre.

    Source. Photo aérienne vers le Sud (à l'envers de la précédente), à gauche la rue Saint Jean, à droite la pancarte des Galeries Lafayette, Bd des Alliés, le cinéma Majestic et la brasserie Chandivert au centre, en blanc derrière la toiture des Nouvelles Galeries, en haut à droite le Cours Sadi Carnot et la Prairie.

    Source. Vue aérienne: en bas à gauche le théâtre,  au centre à gauche Bd des Alliés le trou de bombe au-dessus de l'Odon, en haut à gauche l'église Saint Pierre et le Marché couvert, autres repérages.

    04H20
    Appui de l’artillerie de marine pour le début de Operation CHARNWOOD attaque Anglo-Canadienne


    Situées à proximité de la ligne de front que défendent avec acharnement les troupes allemandes, ces deux rues sont presque entièrement ravagées par les bombardements.


    06H30
    Violent bombardement aérien du quartier de La Maladrerie, vingt bombes rue Deslongchamps.

    Source. Selon la source canadienne le 10 juillet la rue Deslongchamps vue de la rue de Bayeux vers la rue des Mazurettes avec des obstacles antichars, noter les deux massifs en béton d'ancrage pour porte belge. Repérage.



     A la sortie de la ville, en direction de Bayeux, s'élève le quartier de la Maladrerie. Jusqu'en 1937, on le rejoint par le tramway tant pour se rendre à la caserne Moulin et à la prison de Beaulieu située juste en face. Le quartier subit les bombardements, surtout les 7 et 8 juillet, mais la caserne et la prison ne sont pas détruites. Dans ce quartier, des carrières abritèrent des milliers de réfugiés. Le photographe se tient rue de l'Eglise et regarde vers la prison Beaulieu il s'agit du Planitre.

    06h30

    Trois groupes de quatre B-26 attaquent une batterie de Nebelwerfer derrière la prison, sans résultat sur la cible visée.

    Source: Collection Mme Louisette Berlinguez-Gimonet. Incendie à la prison centrale de Caen, photos prises de la rue du Maréchal Galliéni.

    08H00
    Trois groupes de quatre B-26 américains lancent d’énormes bombes rue de Bayeux et rue de Bretagne en cherchant à ensevelir la place de l’Ancienne Boucherie carrefour important vers le centre ville.
    En moins de 2 mn tout est réglé et les sauveteurs rassemblent 50 victimes (morts et blessés). Les Equipiers d'Urgence participent au sauvetage de 18 personnes enterrées dans leur cave. Une femme qui descendait par l'escalier s'est retrouvée en bas sans aucun mal, "portée" par le soufle des bombes.

     

    "Photos collection Jean-Pierre Benamou, avec son aimable autorisation". Le 8 juillet,  un Panther de la 12.SS-Pz-Div. devant les ruines d'une maison bombardée et devant le "Garage Ravitaillement Auto". Il est à la hauteur de la venelle Saint Nicolas puis pivote sur sa gauche et s'éloigne des ruines fumantes vers la place de l'Ancienne Boucherie et le sud de l'Orne.

    "Photos Archives Municipales de Caen". Des membres de la DP, des EU et des EN dans des décombres de la rue de Bayeux. Photo de gauche, le second personnage à gauche est M. Jean-Marie Girault le futur maire de Caen (lire son témoignage à la date du 8 juillet). Les quatre photos ci-dessus sont prises au même endroit rue de Bayeux côté numéros pairs en amont de la venelle Saint Nicolas.                                      

    Version de ce bombardement donnée dans ce livre témoignage de l’Uscha. Helmut Schmieding, Stab Div. "HJ": entre 8 heures et 9 heures, Un groupe de 6 à 8 appareils vole directement vers le PC de la Division. Le Kommandeur (le SS-Standartenführer Kurt Meyer ) et le « Ia » (le SS-Sturmbannführer Hubert Meyer voient les bombes arriver. Ils bondissent dans la salle des cartes puis dans la cave qui se trouve derrière. Une explosion incroyable fait trembler tout le bâtiment (l'une des ailes du quartier Lorge). Dans la cave, les bougies s'éteignent et un épais nuage de poussière blanche pénètre partout et obscurcit tout rapidement.  Comme les bombes ont apparemment cessé de tomber, les « ensevelis» sortent et aperçoivent, au milieu de la fumée, que les bombes ont touché certaines parties sculptées de l'ancienne église abbatialeà moins 50 mètres du PC. Quelques pierres sont tombées sur le toit recouvrant des véhicules radio. Les liaisons téléphoniques vers l'avant et vers le corps sont coupées pour peu de temps. La section de reconnaissance radio intercepte alors message de l'adversaire annonçant la destruction du PC de la Division.

    Ce plan est coloré en fonction des destructions. Les ruines du bombardement du 8 juillet s'étendent du côté pair de la rue de Bayeux aux bâtiments à l'Est  du Quartier Lorge (ou Caserne de la Remonte).

    Source: Ruines du quartier Lorge

    Vers 21H00, la Cie B du 2nd Royal Ulster Rifles , qu'appuient 8 Sherman de la 33rd Armoured Brigade . tente prudemment  une exploration vers les premières maisons de Caen, rue de Lébisey. Ce qui déclenche un tir précis de mortiers lourds depuis Colombelles et des "88" détonnent détruisant sept des Sherman de soutien. "Nous n'avons pas fait 500 m dans le chaos de cratères de bombes et d'obus de marine que déjà il faut rebrousser chemin. Des réseaux de mines sont découverts et marqués. Nous avons subi 80 pertes en trente minutes. "

    Carte 7F/I 1943, Colombelles à l'est de l'Orne et la  rue de lébisey.

     

    LE 9 JUILLET
     

    03H00 la 12.SS Pz-Div. reçoit l’autorisation de retraiter en passant l’Orne, le PC qui était au couvent de la Visitation (Quartier Lorge) part pour le château de Garcelles.

    Le 9 juillet, dans le quartier du Moulin-au-Roy (au nord de Caen), un blindé léger (Morris Light Reconnaissance Car Mark II ) de l’armée Britannique se fraie difficilement un chemin à travers les ruines.

    Source: "Photo Mémorial de Caen" présentée dans ce livre. Les entonnoirs de bombes qui vont ralentir la 3rd ID.


    Le quartier St-Jean-Eudes où de nombreux chars et batteries d’artillerie sont rassemblés dans les jardins, reçoit continuellement des projectiles.

    Libération de la rive gauche de Caen

    Des soldats Britanniques dans les ruines, rue Saint-Pierre. De nos jours.

    D'autres soldats dans les ruines en haut de la rue du Vaugueux entre la rue des Cordes et la rue des Fossés du Château, voir ici.

    Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation.  Remarquez le drapeau à mi mât, cérémonie du 9 juillet vers 18H00 sur la place du Lycée, à gauche le portail d'entrée de Saint-Etienne

    Voir à la fin de ce film la cérémonie, Léonard Gille avec un casque blanc. Plus de détails sur cette cérémonie ici.

     

     

    LE 10 JUILLET
     

    Une batterie de « medium » de la Royal Artillery (RA) depuis Saint Gabriel pilonne la rive droite de l’Orne (rue de l’Arquette)

     

    Photos Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada. Devant les Tribunaux, place Fontette, le 10 juillet, des Caennais entourent  un camion canadien muni de haut-parleurs (une ambulance Austin K2 modifiée) d'une Canadian Amplifier Unit (un élément du Intelligence Corps). De nos jours.

           

     à droite p011896 Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA  Agrandissement Des sapeurs Canadiens du Royal Canadian Engineers bouchent un trou dans le bas de la rue de Bayeux. Certainement le résultat du bombardement du 8 juillet à 08H00 : 3 groupes de 4 B-26 Américains lancent leurs bombes rue de Bayeux et rue de Bretagne en cherchant à ensevelir la place de l'Ancienne Boucherie carrefour important vers le centre ville. En moins de 2 mn tout est réglé et les sauveteurs rassemblent 50 victimes (morts et blessés). En arrière-plan, les deux flèches de l'abbaye aux Hommes (Saint-Etienne) sont restées intactes. Ce secteur " îlot sanitaire " signalé aux Alliés comme étant centre de secours pour la population civile résiduelle (environ 8000 personnes) comprenait: le Lycée Malherbe, le Bon Sauveur, Saint Etienne et le Palais de Justice. Il a été sauvegardé des bombardements aériens alliés mais pas de l'artillerie allemande. A gauche p000006 Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA    Agrandissement Au même endroit, un couple de Caennais regarde un bulldozer Canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux.

    Source. Une vieille caennaise avec un soldat britannique dans les ruines de Caen, le 10 juillet 1944.

    Source. Le 10 juillet deux soldats britanniques, boulevard des Alliés, en arrière-plan, l'abside de l'église Saint Pierre.

    Source. Des Royal Engineers dans les ruines de Caen, localisation indéterminée.

    Des Canadiens ou des Britanniques rue d'Haleine près du château. De nos jours. Voir aussi le Lieutenant-General John Tredinnich Crocker commandant du I Corps


                                                                                    

    LE 12 JUILLET
     

    Des obus allemands font des victimes civils et militaires en explosant avenue Albert Sorel, place Guillouard (Le Parc sur le plan) et une dizaine atteignent le Lycée, le Bon Sauveur et les Tribunaux (Palais de Justice)

    Cette vue ne donne qu'une mesure partielle des destructions subies par la ville de Caen en juin et juillet 1944. Les bombardements commencent dès la fin de l'année 1940 et vont en augmentant au fil de l'Occupation. Les premiers morts datent du 25 juillet 1941. Le bombardement le plus meurtrier a lieu le 10 février 1943 vers 11 heures du matin, La 1 020ème alerte survient le mardi 6 juin 1944 : l'épreuve de l'Occupation se terminait, celle de la Libération commençait. Du 6 juin au 7 juillet, des milliers de bombes explosives et incendiaires sont déversées sur Caen, causant la mort de deux mille personnes, en blessant plusieurs milliers et faisant autant de sans abri.

     

    Source: la photo de gauche: page 332 de ce livre; les deux photos de droite pages 249 et 251 de ce livre, la vie dans les ruines

    Source: photo de gauche page 249 de ce livre, photo de droite page 306 de ce livre. Des Caennais avec des soldats alliés.

    Sourec pages 306 et 293 de ce livre, des caennais avec des soldats alliés, à droite la borne de l'octroi à La Maladrerie.

    Source: pages 248 et 249 de ce livre, des Caennais avec des soldats alliés. A droite dans le Vaugueux, de nos jours.


    La nuit la Luftwaffe a poursuivi ses raids irréguliers, engageant de 1 à 12 bombardiers légers en ordre dispersé.

                                  

    LE 13 JUILLET
     

    Source. Deux soldats alliés sur les remparts du château devant l'église Saint Pierre

    A gauche: Source page 301 de , place de l'Ancienne Boucherie des Caennais près d'un camion haut-parleur d'une Amplifier Unit. A droite: la même scène filmée, capture d'écran de ce film NARA 111-ADC-2546


    Des obus allemands, encore, ont pris pour cible le quartier Nord-ouest qui rassemble 90 % des Caennais de la rive gauche qui n’ont pas évacué. Puis une trentaine de bombardiers de la Luftwaffe ont lancé des centaines de petites bombes planantes sur la ville qui ont rallumé des incendies.

    08H30
    Les tirs se poursuivent, 200 obus à présent ont atteint le Bon Sauveur, 57 sur le Lycée Malherbe, faisant 21 tués, et 30 blessés.

     12H30

     La boulangerie de l'hôpital Clemenceau est détruite, plusieurs tirs d'obus.

    Dans la nuit du 13 au 14, un obus transperce le pavillon du Sacré-Cœur, plusieurs victimes parmi le corps médical dont le radiologue Marcel Charon: 42 minutes plus tard une salle d'opération provisoire est en service!

    Film tourné le 13 juil

    De gauche à droite: le film commence à l'angle de la rue Georges Lebret et de la place du Théâtre, puis Bd des Alliés (aujourd'hui Bd Maréchal Leclerc), l'angle de la rue du Pont Saint-Jacques et la pharmacie de l'Hôtel de Ville.

     

    LE 14 JUILLET


    06H00
    Dans un fracas épouvantable, un gros obus traverse la toiture et percute dans le sommet de la nef de Saint Etienne (3 morts). Il y a 15 points de chute sur l’Hôpital du Bon Sauveur et des dizaines rue Caponnière, rue de Bayeux, place de l’Ancienne Boucherie, rue Guillaume (82 personnes sont tuées ou blessées).

    Les obus allemands continuent de s’abattre, un toutes les 5 minutes, sur la rive gauche, apparemment sans véritable objectif d’intérêt militaire (plusieurs n’explosent pas)

    Partant de la rue de l'Ancienne Comédie, cette rue appartenant au quartier Saint-Louis rejoint la place Foch .La  maison de style néo-normand du Dr Morice célèbre chirurgien Caennais, rue du 11 novembre émerge au milieu des décombres. Seule sa façade demeure ; étant en grande partie détruite, elle est condamnée à une destruction prochaine.

    Source. En plan plu serré, à droite en arrière-plan un immeuble de la rue Saint Louis et l'église Saint Jean

    Source. La même maison vue de l'arrière par la rue du 11 Novembre après déblaiement, dans le fond le Monument aux morts de 14-18.


    18H00
    Place Foch, devant le Monument aux morts, le discours du Préfet est interrompu par une volée d’obus, puis le tir s’allonge vers l’îlot sanitaire. Plusieurs obus traversent les toits et les étages du Bon Sauveur, heureusement sans exploser ! D’autres 15 cm éclatent attirés par les immenses emblèmes de la Croix-Rouge
    et font des victimes supplémentaires. Dans la cour intérieure du Lycée un homme qui épluchait des choux est tué, M. Le Hir est blessé et un obus à l'intérieur de la cuisine blesse le chef M. Faucon.

    Dans la soirée et toute la nuit, nombreux tirs d’artillerie sur Venoix et le Bon Sauveur lire ce témoignage

    Un soldat allié sur les ruines de la rue Saint Jean

    Source page 274 et 275 de ce livre; à gauche des soldats Bd des Alliés dans le Marché couvert, à droite des soldats Bd des Alliés devant les ruines de l'hôtel Moderne.

    Rue Basse, à gauche le marché couvert, en arrière-plan le clocher de l'église Saint Pierre sans sa flèche.

    LE 15 JUILLET
     

    Cette nuit, les bombardiers allemands « de service » ont attaqué un convoi canadien Promenade Saint Julien et place Saint Martin. Des camions fument encore, il y a une douzaine de victimes. Une centaine d’obus allemands sont tombés sur la rive gauche, l’un d’eux, au phosphore, incendie le pavillon d’orthopédie du Bon Sauveur qui n’est plus utilisable(lire le témoignage d'un brancardier L. Gaudin). 82 impacts sont relevés sur les bâtiments de l’hôpital et dans les cours intérieures.

    Le dépôt du Ravitaillement Général (essence, bois pour gazogène, pneus), à 50 mètres du Lycée est en feu, l’Army Fire Service entre en action et protège le Lycée.

      

    Source page 309 de ce livre, devant le Café de la Pyramide rue Guillaume le Conquérant des membres de la DP et un camion de l'Army Fire Service.

                                                                                              

    LE 16 JUILLET
     

     Nuit du 15 au 16 terrible. Au moins 50 obus tombent sur l'hôpital Clemenceau.

     Au Bon Sauveur le 288ème impact d’obus allemand est compté, depuis le début de la semaine, 70 obus dans la nuit du 16 au 17. La Luftwaffe rôde toute la nuit, et semble bien renseignée sur les emplacements de concentrations de matériels et de troupes à bombarder.


    Devant l’église Saint Jean: les rues des Carmélites et Jean Romain. Voir après déblaiement.

    Ces deux rues voisines et parallèles partent de la rue Saint-Jean pour rejoindre la rue des Jacobins. Elles abritent nombre d'hôtels particuliers qui s'écroulent sous les bombes le 6 juin en début d'après-midi et dans la nuit du 7 juin. Voir après déblaiement.

    Rue Neuve Saint Jean en ruines.

    Source pages 270 et 326 de ce livre; à gauche des Caennaises dans les ruines de la rue Saint Jean, à gauche un Caennais dans les ruines vers le Vaugueux. le même homme avecle Lieutenant-General John Tredinnich Crocker commandant du I Corps

    Article du journal Paris-Soir du 17 juillet sur le préfet du Calvados Michel Cacaud "démissionné" le 10 juillet

                                                                         

         

    LE 18 JUILLET
     

    Operation ATLANTIC, libération de la rive droite

    Vers 05h45

    Premières salves du bombardement d'artillerie, les Canadiens alignent 720 canons


    15H00
    Un tir allemand de contre-batterie s’abat sur le cimetière Saint Gabriel (ou Nord-Ouest)

    17H00
    Déluge de bombes de mortiers et de tir d’artillerie sur le boulevard Leroy.

    19h00

    Arrêt du bombardement d'artillerie. Dans la journée 24 000 obus Canadiens ont été tirés sur Vaucelles.

    Source dans ce livre.  La rue de Vaucelles est impraticable, le photographe tourne le dos à l’Orne

    L'accès vers la rive gauche se fait par le pont de Vaucelles situé place Alexandre III, dans le fond le garage Citroën. Ce pont est mis hors service par les bombardements des 6 et 7 juin. La rive gauche est libérée le 19 juillet.



    Proche de la gare, ce quartier artisanal et commerçant est écrasé par les bombes dès le matin du 6 juin 1944. Le quartier est de nouveau très éprouvé dans l'après-midi. Seul subsiste le panneau directionnel indiquant les routes vers Falaise, Thury-Harcourt, Troarn  et Lisieux. Un panneau routier allié: ALL FORWARD TRAFFIC ( toutes directions). Bombardé à plusieurs reprises, le quartier de Vaucelles continue de recevoir des obus allemands jusqu'à sa libération le 19 juillet.


    23H00
    Bombardement aérien de Luftwaffe

    Le quartier Saint-Louis (du nom de l'ancien hôpital) commence à être restructuré dans les années 1920. Une place est aménagée lors de la restructuration de ce quartier et prend le nom du Maréchal de France, Foch. Un monument aux morts de la Première Guerre mondiale y est élevé. La plus grande partie de la place est écroulée sous les bombes le 6 juin en début d'après-midi, mais le Monument aux morts, bien que criblé d'éclats, demeure. Quelques immeubles, partiellement détruits, sont encore debout, à gauche le garage Peugeot.  Au fond, on distingue le Monument aux morts la colonne devant les arbres et tout au loin à droite les deux flèches de l'église Saint-Etienne.


    23H15
    Les bombes anti-personnelles SD2 (bombes papillons), dégringolent du ciel en tournoyant dans un bruissement métallique qui s’achève à la percussion par un éclatement sec et puissant. Ces « petites saletés » couvrent un rayon très important et mettent le feu à plusieurs camions qui flambent  (plus d'une dizaine de camions canadiens place Saint-Martin) et attirent de leurs lueurs les bimoteurs de la Luftwaffe. Des containers à bombes tombent sur les piles de gravats et dans la rivière, en même temps qu’arrive l’averse des SD1 « bombinettes » de 1 kg grosses comme une pomme de terre mais terriblement sensibles. Des flammes montent à 30 mètres, se reflétant sur la façade meurtrie des restes de la Caserne Hamelin (19 Sapeurs sont victimes de ce raid  sur Caen)

    Ce bombardement sur le franchissement de l'Orne à Caen est effectué par des bombardiers bimoteur Me 110  du IX. Fliergerkorps, venus de Hollande et de Belgique avec des réservoirs supplémentaires, le Kommandeur le Generalmajor Dietrich Peltz est au PC de la 12. SS Pz-Div. HJ à Airan pour suivre les opérations.

    Source. Le garage Citroën, l'église Saint Jean et un champ de ruines jusqu'à l'Orne.

     Cette vue,  prise de la rive droite, permet de constater que, depuis l'église Saint Jean jusqu'à la rivière Orne, cette partie de la ville n'est plus qu'un champ de ruines. Un déluge de bombes écrase le quartier Saint-Jean au début de l'après-midi du 6 juin 1944.  La place Alexandre III située à l'extrémité de la rue Saint-Jean et donnant sur le quai de Juillet n'existe plus. A gauche la carcasse en béton du garage Citroën. Avant les bombardements.

    Source. Le garage Citroën vu de la rive droite, juste en amont de la photo précédente. La rive du quai de Juillet est écroulée dans la rivière.

    Source.  Vers la rue Singer, gros plan de la partie gauche de la photo panoramique ci-dessous

    Source. vers la rue Nationale, gros plan de la partie gauche de la photo panoramique ci-dessous

    Toujours le quai de Juillet, vu de la rive droite, mais plus en aval à gauche la place de la Mutualité et l’entrée de la rue de la Marine. A gauche l’église Saint Jean, dans le fond à droite l’Abbaye aux Dames (église de la Sainte Trinité)

    Panoramique (le photographe est dans la tour de l'église Saint Jean) à droite le Monty's bridge, en arrière plan les casernes du quartier Claude Decaen, au centre le Winston bridge, entre les deux le garage Citroën, à gauche la gare de marchandise.

    AGRANDISSEMENT                                                     AGRANDISSEMENT

    LE 19 JUILLET
     

    Voir la gare filmée le 19 juillet

    Dans la nuit, une bombe tombe rue Caponière et détruit la porte d'entrée du Bon Sauveur

    Source: pages 274 et 331 de ce livre, à gauche deux femmes dans des ruines, l'une semble montrer le désastre à un soldat en imperméable; à droite un Caennais place Foch.

    Des civils dans les ruines et les trous de bombes

     

    LE 23 JUILLET
     


    17H30
    Un V1 s’abat dans le faubourg Nord-est, une équipe d’investigation est dépêchée sur place.

    Source.  Des démineurs du No 6237 Bomb Disposal Flight aident à nettoyer les rues et les maisons de Caen des pièges laissés par les Allemands. Le Sergent D. Simons de Didcot(à gauche) montre à un aviateur une Tellermine câblée à un manteau qui la recouvrait.

     

    Source: pages 80 et 81 de ce livre, la vie dans les ruines , photos non localisées.

     

    LE 24 JUILLET
     

    Dans la nuit des avions allemands bombardent la Maison d'Arrêt, une vingtaine de personnes sont emmurées, mais fort heureusement sont secourues, une seule blessée.

    En arrière-plan l'arrière du  théâtre

    Source: page 404 Bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988. Le 24 juillet, rue Mélingue, un début d'incendie dans un garage dévasté

                                                                

    LE 26 JUILLET
     


    La Luftwaffe a encore attaqué dans la nuit, des bombes ont atteint la place Fontette et la place Guillouard (place du Parc sur le plan) à proximité immédiate de l’îlot sanitaire
                                                                                 

     LE 30 JUILLET
     

    " Photos Archives Municipales de Caen" La Prairie, le 30 juillet, un char Sherman et un canon sur l'hippodrome, également visibles des asperges de Rommel et à gauche l'hôtel Malherbe siège de la Feldkommandantur 723.


    Des obus allemands tombent sur le quartier St-Gabriel.

    p012151 Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA  Voir en haute définition

    Maisons détruites rive gauche, en arrière plan à gauche de la photo l'Abbaye aux Dames (quartier Saint Gilles)

                                                                                    

        LE 31 JUILLET
     


    Pendant la nuit, des obus allemands assez nombreux sont tombés dans l'hôpital civil. Le pavillon 8, voisin du 9 où se trouvent 60 malades, a été atteint à 03H00 du matin.  A 12H30, deux obus tombent dans la cité Saint Jean-Eudes.

    15 obus allemands sont tombés sur la rive gauche, un civil et 2 soldats du Génie anglais (R.E.) sont blessés dans un camion Cours Sadi-Carnot.

    Credit: Donald I. Grant/Canada. Dept. of National Defence/Library and Archives Canada/PA- Photo aérienne de Caen prise le 31 juillet 44  Photo PA 137360. Avec l'aimable autorisation de Philippe Bauduin. En haut le canal de Caen à la mer, en dessous l’Orne à droite vers la mer, à gauche vers le Bassin Saint-Pierre. A droite de l’Orne, en haut à droite, la gare de marchandise. A droite de l'Orne la rive droite de Caen, quartier de Vaucelles libéré le 19 juillet. En premier plan, en bas, les arbres le long de la Prairie et le Cours Sadi Carnot, la passerelle détruite le 6 juillet au matin est cachée par les arbres en bas à droite  Au centre, en blanc, le pont de pierres de Vaucelles détruit dans la nuit du 6 au 7 juin, avec les rails du tramway qui pendent au dessus de la rivière. Des FFI franchissent l’Orne accrochés à ces rails, plusieurs fois, entre le 8 et le 19 juillet  En aval les  ponts Bailey et les passerelles construits par le génie Canadien pour et après Operation Atlantic. AGRANDISSEMENT

    Photo collection Jean-Pierre Benamou (avec son aimable autorisation) Photo aérienne prise en juillet, les bombardements ont rasé les bords de l’Orne en bas à droite, ne reste entre le Cours Sadi Carnot et le Bassin Saint-Pierre que l’immeuble en béton armé du garage Citroën, en haut au centre le château, en bas à gauche les impacts de bombes dans la Prairie.



        

     LE 4 AOUT
     


    Cette nuit la Luftwaffe refait son apparition et des conteneurs de petites bombes viennent s’ouvrir au dessus du lycée, éparpillant des dizaines de SD1 ou SD2 qui tuent 2 réfugiés et blessent 3 Equipières dont une gravement; bombardement sur la gare; au moins 50 obus sont tombés à 100 mètres de l'hôpital civil Clemenceau.

    Des prisonniers allemands déblaient des ruines à Caen

    LE 7 AOUT
     

    De Cabourg, quelques obus de 27 cm allemands s’abattent sur la Prairie

    « Archives départementales du Calvados » La Prairie inondée devant la place Foch. A droite les ruines de l'hôtel Malherbe siège de la Feldkommandantur 723.

    Source. Un canon 3.7 inch gun tracté par un camion AEC Matador le long de l'Orne quai de Juillet (en arrière-plan l'église Saint-Jean), escorté par deux motocyclistes. Le photographe a photographié le même camion quai Amiral Hamelin après qu'il ait traversé l'Orne.

     

    LE 8 AOUT
     

    Plusieurs obus d'artillerie allemande dans le parc Saint Louis et à l'hôpital civil, 3 victimes au pavillon N°8.


    12H30
    Des bombardiers américains B17 et B24 ne trouvant pas leurs objectifs: Cauvicourt et Gouvix dans le cadre de "Operation Totalize"  bombardent au jugé Vaucelles !

    p010032 Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA. Des membres de la DP (casque Adrian peint en blanc) et un civil sortent sur un brancard un cadavre des décombres d'un immeuble détruit après un bombardement, sous les yeux d'un soldat Canadien ou Britannique (insigne de manche illisible). Les immeubles aux alentours ont été fortement touchés, sous réserve quartier du Vaugueux. Voir ici un gros plan.
     

    LE 11 AOUT
     

    Dernières bombes et derniers obus sur le Bon Sauveur

    DU 9 AU 12 AOUT
     

    Les allemands ont pris racine de Cabourg jusqu'à Bures-sur-Dives et rappellent leur présence par des salves d'obus de gros calibre qui s'abattent aveuglément sur la ville : place de la Reine Mathilde, Hôpital Clemenceau, Boulevard Leroy, Rond-point de Vaucelles, et il y a des victimes et de nouvelles ruines.

       

    « Archives départementales du Calvados » A gauche: des tours de l'église de la Trinité la place de la reine Mathilde  et l'église du vieux Saint Gilles. A droite: ce qui reste de l'église du vieux Saint Gilles, en arrière plan l'Abbaye aux Dames.

    Dans le bas de la rue de Bayeux le 13 juillet.

     

    LE 14 AOUT
     


    Toute la nuit la Luftwaffe
    rôde au dessus de la ville.
    Des fusées éclairantes baignent le quartier du Bassin Saint-Pierre d’une lueur verdâtre. Des explosions sourdes se font entendre vers le canal et la gare.

    06H30
    Ils sont encore là et quelques grosses bombes, les premières lancées de jour, tombent sur le quartier Sainte Thérèse et le boulevard de Rethel.

    Les dernières bombes sur CAEN

    Source. La place du 36e RI et l'entrée de la rue Saint Jean. Avant.


     

    LE 17 AOUT
     


    Un obus allemand de 17 cm tiré d’une batterie derrière la Dives explose dans les jardins du Couvent des Carmélites, rue d’Hérouville. C’est le dernier.

     

    Le Carmel avenue Georges Clemenceau

    Dans ce livre page 517 l'auteur citant le témoignage de M. Lamer déposé au Mémorial de Caen, indique qu'un obus tiré depuis la ligne de la Touques serait tombé sur Caen le 20 août.

    Selon un article de Guy François paru dans la revue Batailles N°62 la ville de Caen aurait été bombardée en juillet et août par des obus de 24 cm de la Heeres-Küsten-Batterie E.722 sur voie ferrée à partir du Sud de Caen. Batterie équipée de 4 canons Theodor Bruno Kanone. Les dates des bombardements sont inconnues.

    Selon certains auteurs la ville aurait reçu 10 000 tonnes de bombes et 60 000 obus tirés par la Royal Navy et par les artilleurs des deux camps.

    Quartier Saint-Pierre L'entrée de la rue Saint-Pierre, du boulevard Saint-Pierre et de la place Saint-Pierre est grandement détruite par les bombardements. L'ensemble n'est plus qu'un champ de décombres. L'espace situé entre la rue Saint-Pierre, la rue de Geôle et la rue des Teinturiers est également ruiné.

    La place Saint Pierre vers la rue de Geôle à gauche et vers la rue Montoir-Poissonnerie à droite.

     

    La rue Montoir-Poissonnerie après déblaiement, deux angles de prise de vues différents, en arrière plan le clocher du Sépulcre.

    A gauche de la photo ci-dessus l'Hôtel d'Escoville, place Saint Pierre.

    La ville est sinistrée à 73%. En 1936, la ville comptait 15 000 immeubles, les bombardements en ont détruits 9 000 totalement , 5 000 partiellement et 1 000 sont intacts.

    Voir ici la liste des rues sinistrées en totalité.

    Selon le dernier recensement la bataille a fait 1967 morts parmi les civils Caennais. En  2016, Romain Stepkow, géographe, publie ses travaux: 31.3% des bâtiments de la ville ont péri sous les bombes.

      

    « Archives départementales du Calvados » La vie des réfugiés dans les ruines.

    Rue Basse. Ceux ayant survécu aux bombardements successifs des mois de juin et juillet 1944 et qui n'ont pu aller se réfugier hors de la ville utilisent le moindre abri pour continuer à survivre. Même partiellement détruite, une maison demeure habitable quand on ne sait plus où aller.

    Images de Caen sous les décombres filmées par un opérateur de France Actualités le 25 juin 1944. Le commentaire précise que la ville est bombardée depuis le 7 juin, que ces bombardements durent depuis vingt jours et ont fait de la ville un champ de ruines.

    Terminons cet article avec cette photo aérienne de fin 1944 qui montre l'étendue du désastre, noter un convoi routier venant du by-pass qui s'engage sur le Monty bridge.

    Source IGN AGRANDISSEMENT

    Visite de Vincent Auriol, président de la République, en 1948 pour le 4ème anniversaire du débarquement voir un film dont voici le script:

    • 0.10.92 = tas de pierres quartier St Jean
    •  0.18.34 = St Pierre vue du Château
    • 0.22.20 = garage Peugeot et Prairie dans le fond
    • 0.27.84 = St Pierre - ex quartier du Marché au bois et début rue St Pierre (Gerbe d'Or)
    • 0.55.84 = Hôtel d'Escoville et St Pierre à travers tas de pierres de Caen du quartier St Jean
    • 1.09.20 = Bassin St Pierre vu du clocher de St Jean
    • 1.16.72 = rue St Jean
    • 1.25.28 = Sépulcre dans le fond
    • 1.30.52 = Garage Citroën
    • 1.34.32 = église St Jean
    • 1.40.28 = dans le Château (chapelle St Georges à droite)
    • 1.45.60 = Premières maisons HLM refaites avec pierre de Caen quartier du Chemin vert ou de Calmette
    • 1.56.36 = Entrée prison rue Général Duparge
    • 2.48.20 = Arromanches-les-Bains
    • 2..50.04 = église St Jean
    • 2.54.68 = premiers stands commerciaux rue St Jean
    • 2.56.72 à 3.07.00 = Rond-point de la Demi-Lune
    • 3 :09 :10 à gauche Yves Guillou, maire de Caen
    • ensuite Omaha Beach et Port en Bessin


    -----------------------------------------------------------------------------------
    Ce recensement a été réalisé à l’aide des livres suivants :
    - Caen pendant la Bataille d’André Gosset et Paul Lecomte chez Ozanne et Cie-1946
    - La Libération du Calvados Conseil Général du Calvados Direction des Archives-1994

    - Bataille de Caen 6 juin au 15 août 1944 de Jean-Pierre Benamou Editions Heimdal-1988

    - Liberté Le Bonhomme Libre, hors-série, juin 2004.

    -Mourir à Caen d'Albert Pipet chez Presses de la Cité 1974

    -La Bataille de Caen de Joseph Poirier chez Caron, 1945

    -Caen 1940-1944 de Claude Quétel chez Editions Ouest-France Mémorial de Caen

    -La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955 de Jean Collin et André Heintz, Presses Universitaires de Caen, 1994.

    -1944 le Calvados en images de Jeanne Grall, Sodim, 1977

    -12.SS-Panzer-Division "Hitlerjugend" de Georges Bernage et Hubert Meyer, Heimdal, 1991.

    -Le fana de l'aviation, hors série: Spécial Débarquement. 1994.

    - Images-souvenirs du Débarquement par Marc Elmer, Publications d'Arromanches, 1971.

    - Pendant le siège de Caen... ceux des Equipes d'Urgence de René Streiff, Imprimerie Caron, Caen, 1945.

    - Ne tremble pas d'Odette Chollet-Charon, Editions Charles Corlet, 1973.

    - Un destin tourmenté Histoire de l'aérodrome de Caen-Carpiquet de François Robinard et Thierry Quittard, Heimdal Editions, 2014

    - Les civils dans la bataille de Normandie de Françoise Passera et Jean Quellien, Orep Editions, 2014

     

    Remerciements 

    - A Jean Secardin pour la réalisation des cartes et plans.

    - Aux Archives Municipales de Caen pour la reproduction de photos.

    - Aux Editions Orep et à Yves Lecouturier pour l’utilisation des cartes postales  du livre: Ville de Caen Album Souvenir

    - Aux Editions du Petit Chemin pour l’utilisation des photos de: Caen pendant la bataille (réédition de 2004)

    - A Bernard Paich,  rédacteur-en-chef de 39-45 Magazine des Editions Heimdal, pour l’utilisation d’une page de son magazine.

    - A Jean-Pierre Benamou pour l'utilisation de photos de sa  collection.

    - A Philippe Bauduin pour l'utilisation de photos de sa  collection.

    - A François Robinard pour ses cartes postales des ponts et  ses conseils.

    - A Claude Demeester pour la relecture et ses conseils.

    - A Hélène du Musée de la Résistance et de la Déportation de Picardie pour la communication d'une photo.

    - A Michael Biabaud et Karl Dupart pour leurs recherches.

    - A Jean-Philippe Mathieu pour sa documentation.

    - A Gérard Pigache pour ses recherches.

    - A Aurélien du site Cadomus pour ses corrections.

    - Au site delcampe.fr pour l'utilisation de cartes postales.

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Levi Bettweiser 

    Afficher l'image d'origine

    rescued_film_project_ww2_salvaged_film 

    Avec son projet Rescued Film Project, le photographe américain Levi Bettweiser a récemment sauvé par hasard un lot de 31 pellicules photo non développées, réalisées par un soldat de la Seconde Guerre mondiale.

     

    C’est en les développant avec précaution plus de 70 ans plus tard qu’il a découvert des clichés inédits et historiques…

    http://www.ufunk.net/photos/rescued-film-project/

    Afficher l'image d'origine 

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-7

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-19

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-1

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-2

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-20

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-3

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-4

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-13

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-5

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-18

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-6

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-8

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-9

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-10

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-11

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-12

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-14

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-15

     

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-16

    RescuedWWII-Levi-Bettweiser-17

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    1 commentaire
  •  

    Le général de Lattre en 1946.

     

    Jean de Lattre de Tassigny est un général d'armée et maréchal de France, né le 2 février 1889 à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) et mort le 11 janvier 1952à Neuilly-sur-Seine.

    Jeune officier lors de la Première Guerre mondiale, il se bat sur différents fronts, dont Verdun, il est blessé cinq fois et termine la guerre avec huit citations, la Légion d'honneur et la Military Cross.

    Dans l'entre-deux-guerres, il participe à la guerre du Rif au Maroc, où il est de nouveau blessé. Il effectue ensuite une carrière d'officier d'état-major et de commandant de régiment.

    Au début de la Seconde Guerre mondiale, en mai-juin 1940, plus jeune général de France, à la tête de sa division lors de la bataille de France, il tient tête auxAllemands à la bataille de Rethel, en Champagne et sur la Loire, continuant à se battre jusqu'à l'armistice du 22 juin 1940.

    Pendant le régime de Vichy, il reste dans l'Armée d'armistice, où il occupe des postes de commandement à l'échelon régional, puis comme commandant en chef des troupes en Tunisie. Commandant de la 16e division militaire àMontpellier, lorsque la zone libre est envahie par les troupes allemandes, à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, il est arrêté et condamné à dix ans de prison pour avoir refusé l'ordre de ne pas combattre donné par le gouvernement et, seul général en activité à le faire, commandé à ses troupes de s'opposer aux Allemands. Il parvient à s'évader et rallie la France libre, fin 1943.

    Après son ralliement à de Gaulle, il est l'un des grands chefs de l'Armée de Libération en 1943-1945, s'illustrant à la tête de l'armée qui, après le débarquement allié du 15 août 1944, mène la campagne victorieuse, dite « Rhin et Danube », contre le Troisième Reich. Il est le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à avoir commandé des grandes unités américaines.

     

     

    Il est le représentant français à signature de la capitulation allemande à Berlin, le 8 mai 1945, aux côtés d'EisenhowerJoukov et Montgomery.

     

     

    Affiche de De Lattre de Tassigny annonçant la victoire, le 9 mai 1945 (photographiée à Strasbourg en 1979).

    Commandant en chef des forces françaises en Allemagne en 1945, puisinspecteur général de l'Armée de terre et chef d’État-Major général de la Défense nationale en 1947, il devient vice-président du Conseil supérieur de la guerre. De 1948 à 1950 auprès du maréchal Montgomery, il est le premier commandant en chef des Forces terrestres de l’Europe occidentale.

    Haut-commissairecommandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, lors de la guerre d'Indochine, il remporte des victoires contre le Viêt Minh, en 1951.

    Il est élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume, en 1952, lors de ses funérailles nationales.

     Blason de la famille de Lattre de Tassigny.

     Blason de la famille de Lattre de Tassigny.

     

     

    Plaque commémorative à la prison Montluc de Lyon.

    Arrêté le 11 novembre 1942 pour avoir voulu résister, dans son commandement de la XVIème division militaire de Montpellier, à l'invasion de la zone libre par l'armée allemande, le Général Jean de Lattre fut emprisonné dans ce fort de Montluc -du 8 Décembre 1942 au 9 Janvier 1943- avant d'être jugé à Lyon par le tribunal d'état, juridiction d'exception.

     

    L'origine de la famille de Lattre1 de Tassigny est mentionnée au sein de diverses sources :

    • selon l'ordre de la Libération, la famille de Lattre de Tassigny est « une vieille famille aristocratique des Flandres françaises2 » ;
    • ou selon un autre site, Jean de Lattre de Tassigny « est issu d'une vieille famille bourgeoise3 » ;
    • ou bien : « […] au xviiie siècle, les de Lattre, Delastre ou Delatre (l'orthographe varie d'un acte à l'autre), bourgeois, qui semble être d'origine noble, occupent diverses fonctions publiques, ajoutent parfois à leur patronyme le nom de leur fief de Tassigny, près de Guise.
    • Sous la Révolution française, le nom de terre disparaît, et sera rétabli en 1829 avec Laurent Delatre (un seul T), qui obtient du tribunal de Poitiers que son nom soit rectifié en […] de Lattre de Tassigny .
    • Pourtant une branche de la famille de Lattre fut reconnue noble et confirmé en la noblesse le 21 mars 1664 […]4. »

     

    • Dans les archives concernant la ville de Laon, on trouve la naissance de « César François Marie Joseph, fils de M. Robert François Joseph de Lattre de Tacigny […] et pour marraine Marie Anne Broudou veuve de messire Lambert Joseph de Lattre de Tacigny ancien avocat au parlement et ancien maire de Guise »5.

    Une branche de cette famille avait été membre de l'aristocratie de la ville d'Abbeville6.

    Cette famille n'est pas mentionnée dans des ouvrages recensant la noblesse française « subsistante » aux xxe etxxie siècles7,8.

    Le père du maréchal, Roger Joseph de Lattre de Tassigny (Poitiers22 juin 1855-Mouilleron-en-Pareds14 avril 1956), fut ledoyen des maires de France (maire de Mouilleron-en-Pareds de 1911 à 1956), époux

    d'Anne Marie-Louise Hénault (1862-1938)9.

    Carrière militaire

     
    Monument du parc de la mairie deCoubron.

    Jean fréquente le collège Saint-Joseph de Poitiers2 et poursuit ses études à Paris10.

     

    De 1898 à 1904, il prépare l'École navale et Saint-Cyr, où il est reçu en 1908.

     

    Il effectue ses classes au 29e dragons à Provins. Il est élève de Saint-Cyr de 1909 à 1911, dans la promotion « Mauritanie » dont il sort 4e de promotion2. Il entre en 1911 à l'école de cavalerie de Saumur2.

    Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

    En 1912, il est sous-lieutenant, affecté au 12e dragons à Pont-à-Mousson puis sur le front12,2. Il est blessé une première fois le 11 août 19142 par un éclat d'obus10 au cours d'une reconnaissance. Le 14 septembre, il est blessé d'un coup de lance2,10d'un uhlan en chargeant à la tête de son peloton de dragons. Affaibli par sa blessure, obligé de se cacher dans Pont-à-Mousson occupée par les Allemands, il est sauvé de la capture par un officier du 5e régiment de hussards en mission de reconnaissance, le sous-lieutenant Schmeltz.

    Jeune lieutenant d'infanterie, il rend visite à Georges Clemenceau (1841-1929) également né à Mouilleron-en-Pareds, qui le voyant s'éloigner, dit à son fidèle Albert Boulin : « Regardez-le bien, celui-là, et souvenez-vous de lui. Il ira loin, très loin13. »

    En 1915, il est capitaine au 93e régiment d'infanterie, se bat à Verdun pendant seize mois11, au Chemin des Dames et termine la guerre avec cinq blessures, huit citations12,11, la Légion d'honneur (le 20 décembre 191410) et la Military Cross2,12. Il est affecté au 2e bureau, à l'état-major de la 21e division10.

    Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

    En 1919, il est affecté à la section franco-américaine à Bordeaux, puis au 49e régiment d'infanterie à Bayonne2. De 1921 à 1926, il est envoyé au Maroc, où, de 1922 à 1923, il participe à des opérations en Haute Moulouya et à Taza10, puis durant laguerre du Rif11 consécutive à la révolte d'Abdelkrim (1925-1926), devient chef d'état-major de la région de Taza2,10. Il est de nouveau blessé en opération, reçoit trois citations12 et est nommé chef de bataillon2.

    De 1927 à 1929, il suit les cours de l'École de guerre, où il est chef de promotion12,2 (49e promotion). Il se marie avecSimonne Calary de Lamazière en 19272, et ils ont un fils, Bernard, en 1928. En 1929, de Lattre est affecté au 5e régiment d'infanterie à Coulommiers2.

    Le 25 novembre 1929, Jean de Lattre, ami du « Tigre » et son épouse, sont — en qualité de résidents de Mouilleron-en-Pareds — parmi les rares Vendéens catholiques à assister aux obsèques civiles de Georges Clemenceau au « Colombier » de Mouchamps (Vendée).

    En 1931, il est au 4e bureau, à l'État-Major de l'Armée, et, au grade de lieutenant-colonel, il est nommé, en 1932, à l'État-Major, auprès du général Maxime Weygand2 — vice-président du Conseil supérieur de la guerre10,11. À ce poste, il suit particulièrement la politique étrangère, dont les relations avec l'URSS et, en politique intérieure, les problèmes de budgets militaires10. En février 1934, il fait partie, avec Adrien MarquetPhilippe HenriotGeorges Scapini et Xavier Vallat, d'un groupe qui complote contre la République ; à cette occasion, le maréchal Pétain, alors ministre de la Guerre, exprime, sans succès, le souhait que Weygand le « démissionne »14. Au départ de Weygand, atteint par la limite d'âge, de Lattre est maintenu à l'état-major du Conseil supérieur de la guerre auprès du général Georges. En 1935, promu colonel, il commande le151e régiment d'infanterie à Metz2,10,11. Entre 1937 et 1938, il suit des cours au Centre des hautes études militaires et devient, en 1938, chef d'état-major du gouverneur militaire de Strasbourg2, le général Héring11.

    Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

    Bataille de France[modifier | modifier le code]

    Promu général de brigade, le 22 mars 1939 — alors le plus jeune général de France12,10,2 —, il est chef d'état-major de la5e armée2, le 3 septembre 193910. Le 1er janvier 1940, il prend le commandement de la 14e division d'Infanterie, qu'il dirige pendant les affrontements avec la Wehrmacht à Rethel2,10, où sa division résiste pendant un mois11, repoussant par trois fois les Allemands devant l'Aisne12,10, faisant 2 000 prisonniers2, continue à se battre jusqu’à la Champagne, à Mourmelon, puis se replie en menant des combats de retardement, sur la Marne, l'Yonne, la Loire et Nevers2,10. La division conserve sa cohésion militaire au milieu du chaos de la débâcle12.

    Armée de Vichy[modifier | modifier le code]

    Après l'armistice, il reste dans l'Armée de Vichy et, de juillet 1940 à septembre 1941, il est adjoint au général commandant la13e division militaire à Clermont-Ferrand2 et commandant militaire du Puy-de-Dôme15. Le découragement des troupes est alors profond, il s'emploie à restaurer la confiance des soldats, par la discipline16. À cette époque, il pense que le régime dumaréchal Pétain défend l'intérêt national et se soumet à ses directives17. S'intéressant à la jeunesse, il organise, en dehors des Chantiers de jeunesse, ses propres chantiers et une école de cadres militaires dans le village d'Opme (près de Clermont-Ferrand) — qu'il fait reconstruire par des étudiants alsaciens réfugiés et des soldats18 —, avec pour but de « produire des chefs » pour une armée apte au travail d'équipe et d'étendre cette expérience à toute l'Armée d'armistice19. Promu général de division il est commandant en chef des troupes de Tunisie, où il crée une autre école de cadres, à Salammbô (quartier deTunis)2,10 ; il n'y reste que pendant quatre mois, de fin septembre 1941 au 2 février 1942, rappelé alors en métropole, à la demande des Allemands, pour avoir refusé de ravitailler l'Afrika Korps12. À la mort du secrétaire d'État à la Guerre dans leGouvernement Darlan, le général Huntziger, en novembre 1941, de Lattre tente, sans succès, d'obtenir ce poste20. Par la suite, en 1942, il commande la 16e division militaire à Montpellier12,21,11, est promu général de corps d'armée2 et crée de nouveau une école de cadres, à Carnon10,22. Il conserve son poste dans l'Armée d'armistice, malgré l'hostilité manifestée par les Allemands à son égard21,23 et le SOL de Montpellier qui le signale comme « sympathisant gaulliste »12. Contrairement à nombre de militaires de l'Armée de vichy, de Lattre n'a jamais été décoré de la francisque24 et en particulier parmi les huit généraux commandants de division militaire, il est le seul à ne l'avoir pas été12.

    Le 21 juin 1942, le général Giraud, qui vient de s'évader de la forteresse de Königstein et qui commence à prendre des contacts pour ses projets d'avenir, rencontre de Lattre à Montpellier mais il le trouve « prudent et évasif »25. En août 1942, contacté par Jean Moulin pour prendre la tête de l'Armée secrète, de Lattre refuse26.

    Lorsqu'en septembre-octobre 1942, les Alliés préparent l'établissement d'un deuxième front en Afrique du Nord, alors qu'ils sont désireux de s'entendre avec Vichy qui contrôle la région afin que les Français n'opposent pas de résistance, cherchant donc un chef avec qui traiter pour mettre sur pied les opérations, Weygand ayant refusé, le nom du général de Lattre est évoqué, parmi d'autres (militaires ou politiques) ; il n'est toutefois pas retenu27.

    Arrestation

    Lorsqu'à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, la zone libre est envahie par les troupes allemandes, le11 novembre 1942, seul général en activité à le faire, il refuse l'ordre de ne pas combattre donné par le gouvernement de Vichy, en la personne du ministre Bridoux, commande à ses troupes de s'opposer aux Allemands, et est arrêté par les gendarmes.

     

     

    Il est interné à la prison militaire de Toulouse, puis à la prison Montluc à Lyon, il est condamné, à dix ans de prison28,2, par les juges français11 du tribunal d'État de la section de Lyon (juridiction d'exception, siégeant à huis clos, constituée d'un magistrat et de quatre jurés désignés par le gouvernement : deux officiers généraux, un préfet honoraire et le chef des SOL, Joseph Darnand28), le 9 janvier 194310,30, mais conserve son grade28,29. Il a même été envisagé de le radier de l'ordre national de la Légion d'honneur31. Cet épisode fait dire au préfet Hontebeyrie32,28, que « lorsqu'on apprend [qu'ils] ont franchi la frontière, on s'occupe beaucoup plus d'arrêter de Lattre que les Allemands »33.

     
    Affiche de De Lattre de Tassigny annonçant la victoire, le 9 mai 1945(photographiée à Strasbourg en 1979).

    Ralliement à de Gaulle[modifier | modifier le code]

    Parvenant à s'évader de la maison d'arrêt de Riom dans la nuit du 2 au3 septembre 1943, avec le concours de sa femme, de son fils34,35,29,10 et de Louis Roetsch34,36,37, puis l'aide de la Résistance2, et après être resté caché un mois enAuvergne10, à Compains34, il fuit, via le Port d'Arciat38 et le terrain d’atterrissage clandestin « Aigle » à Manziat (Ain), au nord de Mâcon, le 17 octobre, pour rejoindreLondres, puis Alger où il arrive le 20 décembre 194334,10, après avoir été promu au rang de général d'armée, le 11 novembre 1943, par le général de Gaulle2. Il rend ensuite visite au général Giraud, qui fut son supérieur à Metz, lequel lui réserve « un très cordial accueil39 » et l'assure de son soutien39.

    En décembre 1943, il commande l'armée B — qui deviendra la 1re armée française le 25septembre 194440 —, constituée par l'amalgame, réalisé le 31 juillet 1943, d'éléments des Forces françaises libres et de l'Armée d'Afrique et de volontaires2. Fidèle à ses principes, il met sur pied un centre d'entrainement de cadres, à Douera (près d'Alger)10,41. Cette armée libère l'île d'Elbe2,10 les 17 et 19 juin 194442.

    Débarquement en Provence et remontée du Rhône[modifier | modifier le code]

    Comme commandant de l'armée B, il participe aux préparatifs de l'opération Anvil-Dragoon avec les Alliés qui, liée à l'opération Overlord, fait partie des offensives à l'Ouest visant à refouler les Allemands jusqu'au Rhin43. Les forces prévues pour cette opération, placée sous le commandement du général Patch, sont constituées en grande partie des sept divisions de l'armée de Lattre (256 000 hommes40) et de trois divisions américaines, des forces spéciales et aéroportées de la 7e armée44.

    Avec les Américains du 6e corps de la 7e armée, de Lattre et ses commandants de corps d'armée, les généraux Béthouart etde Larminat (remplacé45 par la suite par de Monsabert), débarquent en Provence, à partir du 15 août 194446,47, prennent, avec la participation d'éléments des Forces françaises de l'intérieur (FFI), Toulon le 27 août48 et Marseille le 29 août48, avec presqu'un mois d'avance sur les prévisions10. La prise de ces deux ports, par l'augmentation des capacités d'accueil en hommes et matériel qu'elle constitue par rapport au front de Normandie, apporte un avantage décisif pour la suite des opérations sur le front de l'Ouest49.

    Les armées remontent ensuite la vallée du Rhône en libérant, Saint-Étienne (le 2 septembre)50, Lyon (le 3 septembre)50,MâconChalon-sur-SaôneBeaune et Autun2,10 (8 septembre).

    En incorporant à son armée nombre d'éléments issus des FFI, de Lattre parvient à augmenter notablement ses effectifs (de137 000 hommes)51 ; dès lors son armée compte près de 400 000 hommes. À partir de septembre 1944, l'Armée de la Libération est un « heureux amalgame de l'armée d'armistice, de la France libre et des Forces françaises de l'intérieur [...]52 ». Cet amalgame, dans la droite ligne de la formation de l'armée B est poursuivi dans la 1re armée avec les forces issues de laRésistance et s'avère être un succès53.

    Campagne Rhin et Danube[modifier | modifier le code]

    Après avoir effectué sa jonction avec la 2e division blindée10 venant de Normandie, à Montbard50Aisey-sur-Seine50 et Nod-sur-Seine, près de Dijon, le 12 septembre 194454, la 1re armée participe, début octobre, à la bataille des Vosges, prendMontbéliard55 et Héricourt55 le 17 novembre, puis Gérardmer et atteint le Rhin2 le 19 novembre, avant toutes les autres armées alliées10,55. Elle libère ensuite Mulhouse10 (24 novembre) et Belfort10 (25 novembre).

    La contre-attaque allemande sur les Ardennes (16 décembre 194430 janvier 1945), qui stoppe momentanément l'avance des Alliés et les fait reculer, oblige Eisenhower à déplacer des troupes pour tenir le front et à envisager l'éventualité d'une retraite sur les Vosges en abandonnant l'Alsace et Strasbourg56. Pour de Gaulle, qui considère que ce serait « un désastre national irréparable », il n'est pas question de laisser les Allemands reprendre l'Alsace et surtout Strasbourg, ville symbole, qui a été libérée par la 2e DB du général Leclerc, le 23 novembre56. Sur le terrain, de Lattre et son supérieur américain, le général Devers, commandant du 6e groupe d'armées dont dépend la 1re armée française depuis septembre 1944, sont aussi d'accord pour ne se retirer de la région qu'en cas d'extrême nécessité56. Pendant que de Gaulle finit de convaincre Eisenhower, le3 janvier 1945, dans une réunion à haut niveau à laquelle assiste Churchill, et malgré un ordre de repli — dont il n'a connaissance que le 2 janvier —, dû à une nouvelle attaque allemande, le 31 décembre, sur Sarreguemines, sur Bitche et depuis Colmar, de Lattre donne l'ordre de défendre Strasbourg, anticipant l'ordre de De Gaulle « avec une convergence parfaite » et l'accord d'Eisenhower, de 24 heures56. La 1re armée parvient à se maintenir dans la ville et ses alentours, en dépit de lourdes pertes.

     
    EisenhowerJoukovMontgomery, de Lattre, à Berlin, le 5 juin 1945.
     
    Montgomery, Eisenhower, Joukov et de Lattre, Berlin, le 5 juin 1945.

    À sa demande de renforts, le général Devers décide, le 19 janvier 1945, de placer les quatre divisions du 21e corps d'armée US du général Milburn sous les ordres du général de Lattre56 faisant de lui le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à commander des grandes unités américaines57. L'armée de Lattre, participe, à partir du20 janvier, à la réduction de la poche de Colmar2,10,56. La ville est libérée le9 février 1945.

    Le 12 février 1945, le général de Lattre décide la création d'une nouvelle école de cadres, à Rouffach, afin d'assurer la formation de FFI recrutés durant la campagne58. Cette école, implantée à Strasbourg en 1946, deviendra l'École militaire de Strasbourg59.

    Les victoires du général de Lattre déclenchent alors un vent de panique à Sigmaringenoù les exilés de Vichy, dont Laval, commencent à organiser leur fuite ; ce mouvement s'accélère avec l'avancée des Alliés60.

    De Lattre entre en Allemagne, après avoir franchi le Rhin, les 30-31 mars 19452,10suivant en cela les ordres de De Gaulle, du 29 mars, qui lui enjoignent de prendreKarlsruhe et Stuttgart, malgré les plans américains61. La 1re armée déborde la ligne Siegfried, pénètre en Forêt-Noire, prend Karlsruhe (3 avril)62 et Stuttgart10, après de durs combats durant lesquels elle réduit quatre divisions allemandes et fait9 000 prisonniers61. Cet épisode est l'objet d'un nouvel affrontement entre Eisenhower et de Gaulle qui demande instamment à de Lattre, le 2 avril« de maintenir une garnison française à Stuttgart et d'y instituer tout de suite un gouvernement militaire, quoi que puissent dire et penser les Américains »61. Devers proteste mais le général de Lattre, tout en maintenant ses troupes sur place et en laissant toutes facilités aux Américains, lui répond que la décision est du ressort des gouvernements61. L'incident est clos le 28 avril, le président Harry Truman ne souhaitant pas le développement de tensions entre les Alliés au moment où la capitulation de l'Allemagne approche61.

    L'armée de Lattre poursuit sur Sigmaringen, prise par les Français le 22 avril, puis Ulm sur le Danube (24 avril)61, atteint la frontière suisse de Bâle à Constance10. La campagne dite « Rhin et Danube » s'achève au col de l'Arlberg, en Autriche2,10.

    Le 8 mai 1945, le général de Lattre représente la France à la signature de la capitulation allemande à Berlin, au quartier général du maréchal Joukov.

    Après la guerre[modifier | modifier le code]

     
    Monument au maréchal de Lattre de Tassigny à Mantes-la-Jolie par Jacques Le Nantec.

    Du 31 mars 1945 au 27 mai 1945, de Lattre est commandant en chef des forces françaises en Allemagne.

    Le 17 juin 1945, l'escadrille Normandie-Niemen qui regagne la France fait escale à Stuttgart63. Les héros sont reçus par de Lattre. Ils arrivent à Paris, le 20 juin 1945, après une escale à la base aérienne de Saint-Dizier.

    En septembre 1945, de Lattre se rend notamment à Marseille pour féliciter les officiers et les soldats démobilisés de la 4e DMM.

    Entre décembre 1945 et mars 1947, il est inspecteur général de l'Armée de terre etchef d’État-Major général de la Défense nationale2. En mars 1947, il devient vice-président du Conseil supérieur de la guerre en étant maintenu inspecteur général de l’Armée, puis inspecteur général des Forces armées46. D’octobre 1948 àdécembre 1950, auprès du maréchal Montgomery, il est le premier commandant en chef des Forces terrestres de l’Europe occidentale2,10, à Fontainebleau.

    En octobre-novembre 1947, il effectue une mission diplomatique et économique enAmérique latine durant laquelle il a des entretiens avec le président argentin Perón, le président chilien Videla, le président uruguayen Berres et le président brésilien Dutra, ainsi que de nombreux ministres et hauts responsables de ces pays ; il y rencontre également les représentants des communautés françaises et prononce de nombreuses conférences64.

    Guerre d'Indochine[modifier | modifier le code]

    Le 6 décembre 1950, de Lattre devient haut-commissairecommandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient10,2. Il arrive à Saïgon le 17 décembre 195065 et met sur pied une Armée nationale vietnamienne65,10.

    Il redresse la situation au Tonkin et remporte des victoires contre le général Giap, notamment à Vinh Yen2,10(18 janvier 1951)10 — où il se rend personnellement —65, Dong Trieu65Mao Khé2,10 (mars 1951)65, Ninh Binh (mai 1951)65et à la bataille du Day, en juin65.

    De Lattre se rend à Saïgon en juillet pour lancer un appel à la jeunesse vietnamienne et assister, auprès de l'empereur Boao Dai, au défilé du 14 Juillet65.

    En septembre, il assure des missions à Washington2,10,65 — où il est reçu par le président Truman et au Pentagone et répond à une entrevue télévisée dans l'émission Meet the Press sur le problème indochinois66 —, Londres et Rome auprès du pape Pie XII67,2,10.

    Il retourne en Indochine, le 19 octobre, alors qu'une nouvelle attaque du Viet-Minh vient d'être repoussée à Nghia Lo, en pays Thaï65.

    De Lattre doit alors rentrer en France pour participer à la conférence des États associés2 et faire un compte rendu de la situation en Indochine10. Il la quitte définitivement le 15 novembre 1951, après avoir été saluer ses soldats à Hoa Binh où une opération aéroportée vient de se dérouler la veille65.

    Maréchal de France[modifier | modifier le code]

    Épuisé par le surmenage auquel il s'est astreint tout au long de sa carrière et que n'a pas arrangé sa blessure reçue en 1914, très affecté par la mort de son fils Bernard — tué au combat à Ninh Binh, le 30 mai 19512,10 —, et atteint d'un cancer de la hanche, il meurt à Neuilly-sur-Seine le 11 janvier 1952 des suites d'une opération.

    Il est élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, par le président de la République Vincent Auriol, le jour de ses funérailles nationales68,69,70, célébrées le 15 janvier 1952 à la cathédrale Notre-Dame de Paris2 et aux Invalides en présence, entre autres, de Charles de GaulleDwight David Eisenhower et Bernard Montgomery71.

    La dignité de maréchal de France n'avait pas été décernée depuis que l'on en avait honoré les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et, après lui, trois généraux d'armée furent élevés à cette dignité : Alphonse Juin (1888-1967), de son vivant72Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), à titre posthume73 et Pierre Kœnig (1898-1970), à titre posthume74.

    Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds (Vendée), où a été créé le « musée national des Deux Victoires » (rebaptisé par la suite : « Musée national Clemenceau - De Lattre »), qui comprend la maison natale de Jean de Lattre, géré par la direction des musées de France (ministère de la Culture).

    Il fut membre de l'Académie de Stanislas75.

    Distinctions[modifier | modifier le code]

    Source2

    Rubans[modifier | modifier le code]

    Rubans aux couleurs des décorations françaises plus certaines décorations étrangères.

    Legion Honneur GC ribbon.svg Ordre de la Liberation 2nd ribbon.svg Medaille militaire ribbon.svg Croix de Guerre 1914-1918 ribbon.svg
    Croix de Guerre 1939-1945 ribbon.svg Croix de Guerre des Theatres d'Operations Exterieurs ribbon.svg Medaille d'Outre-Mer (Coloniale) ribbon.svg World War I Victory Medal ribbon.svg
    Medaille commemorative de la Guerre 1914-1918 ribbon.svg Medaille des Evades ribbon.svg Ordre de l'Etoile Noire GC ribbon.svg Ordre Royal du Cambodge GC ribbon.svg
    Distinguished Service Medal ribbon.svg US Legion of Merit Commander ribbon.png Ordre de l'Ouissam Alaouite GC ribbon (Maroc).svg Ordre du Mérite Militaire Chérifien ribbon (Maroc).svg
    Order suvorov1 rib.png
     
    Les décorations du général de Lattre de Tassigny conservées aumusée de l'Armée.
     

    Décorations françaises[modifier | modifier le code]

    Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

    Ouvrages[modifier | modifier le code]

    • Première Armée Française – Ordres du jours et Messages, Strasbourg, 1945.
    • Textes du général de Lattre de Tassigny, Paris, 1947.
    • Histoire de la 1re armée française, Rhin et Danube, Paris, édition Plon, 1949, 654 p.
    • Général de Lattre, la victoire à Berlin 1945, Paris, 1949.
    • Œuvres Libres, Paris, 1949.
    • Ne pas subir – Écrits 1914-1952, textes rassemblés et présentés par Élisabeth du Réau, André KaspiMarc MichelGuy Pedroncini et Maurice Redon, Paris, édition Plon, 1984, 562 p.
    • Reconquérir – Écrits 1944-1945 (préface de Henri Amouroux), textes réunis et présentés par Jean-Luc Barre, Paris, édition Plon, 1985, 380 p.
    • De Lattre à l'état-major de Weygand, textes réunis et présentés par Jacques Dinfreville, Revue des deux Mondes, juin etjuillet 1970.

    Iconographie[modifier | modifier le code]

    (liste non exhaustive)

    Hommages[modifier | modifier le code]

     
    Plaque commémorative à la prison Montluc de Lyon.

    La promotion 1951-1953 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan porte son nom.

    Une stèle est érigée dans la prairie de Manziat, dit « terrain de l'Aigle », duquel il s'envola pour Londres.

    Des établissements scolaires, divers édifices, des places, des boulevards, des avenues, des rues, etc., portent son nom :

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Paris sous l’Occupation

    Rue de Rivoli.

    Rue de Rivoli. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    L’arrivée des Allemands

     

    Aux aurores du 14 juin 1940, deux camions chargés de soldats allemands et quelques motocyclettes entrent par la Porte de la Villette dans Paris, déclaré “ville ouverte”.

     

    À 5 h 35, des troupes vert-de-gris sont aperçues descendant l’avenue de Flandre en direction des gares du Nord et de l’Est. Une heure plus tard, les Allemands sont aux Invalides.

     

    À 7 h 30, place de la Concorde, le général von Stunitz descend de voiture et s’engouffre dans l’Hôtel de Crillon. C’est le nouveau commandant militaire de la région parisienne.

    Dans la matinée, un drapeau géant à croix gammée flotte sous l’Arc-de-Triomphe (il sera retiré dans la soirée, après protestation des conseillers municipaux), le premier défilé des troupes occupantes a lieu sur les Champs-Élysées. La capitale est saisie de stupeur. 

     

    “L’agonie de Paris se passa dans le calme… Il n’y eut aucune tentative de réaction de la population civile. Il n’y eut rien du tout. Il y eut apathie. La population parisienne, au moins ce qu’il en restait, fit montre d’une indifférence totale” , témoigne le Colonel Groussard

     

     Indifférence pas si totale puisque le Colonel ajoute : 

     

    “À Belleville, comme à Pigalle, à Ménilmontant comme aux Champs-Élysées, les officiers et hommes de troupe allemands étaient sans cesse accostés et partout par des badauds appartenant à toutes les classes de la société, qui riaient avec l’ennemi et lui offraient leurs services à propos de n’importe quoi”.

    Relève de la garde.

    Relève de la garde. Photographie André Zucca, 1941. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Si certains applaudissent et rient, d’autres, pris d’un sentiment d’horreur, ne cachent pas leurs larmes. “Le 14 juin, ils étaient bien là. Je me reverrai, jusqu’à mon dernier jour, seule sur le trottoir du boulevard Haussmann, à 8 heures du matin, me rendant à mon bureau. Ils défilaient impeccables, regardant droit devant eux, ignorant tout ; à midi, ils défilaient, le soir, ils défilaient, le lendemain, le surlendemain, ils défilaient ! Avec horreur, nous les regardions.” témoigne Violette Wassem .

     

    Une autre, anonyme, “Je me suis effondrée sur un banc en pleurant. Une commère, l’air fermé, impassible, m’a dit : Ne pleurez pas tant, ma petite dame. Ça leur ferait trop plaisir” .

    Un ouvrier métallurgiste raconte l’enthousiasme débordant d’une spectatrice :

    J’étais à Paris le 14 juin. Ce que j’en pense ? Pourrai jamais oublier. J’ai pris mon vélo, histoire de faire un tour. J’ai fait tout le 8e, le 6e, le centre, le 9e et le 10e, et un peu de banlieue. Alors, voilà : dans les quartiers riches, rien, pas un chat ; toutes les fenêtres bouclées, le 16e surtout. Dans les quartiers populaires, du monde…

     

    À midi, on fraternisait avec les Fridolins.

     

    Y en avait même qui allait un peu fort. Rue Lafayette, pendant le défilé, une grosse bonne femme pouvait pas tenir en place.

    Elle arrêtait pas :

     

    « Oh ! Qu’y sont beaux ! Et ces chevaux ! Ah ! ils avaient pas mangé depuis dix ans, voyez-moi ça ces beaux hommes ! Et ces canons !

    Et ces motos ! Ah ! ils avaient pas d’essence ? Et pas de matériel ?

    On s’est foutu de nous !

    À la fin, je voyais qu’elle allait applaudir. J’ai été obligé de lui dire :

     

    Dites donc, la petite mère, Tenez-vous un peu ! Y a des gars qui sont morts…

    Afficher l'image d'origine

     

     

     

     

    Pour beaucoup, pour le “petit peuple” de Paris, c’est l’expression de la rancœur à l’égard d’un gouvernement en débandade qui les a laissés à l’abandon, et du dépit d’avoir été trompés.

     

    Trompés par la propagande française qui, pendant des mois, avait fait passer le message que l’armée allemande manquait de tout, d’essence comme de nourriture, de vêtements comme de munitions, et qu’il n’y avait donc rien à craindre d’hommes nourris au “pâté de harengs sans harengs” et à “l’omelette sans œufs”.

    Ébahi, le Parisien découvre ce 14 juin l’ampleur du mensonge.

     

    Ce ne sont pas de pauvres hères, amaigris et vêtus de loques comme ils s’y attendaient, mais des soldats propres et bien rasés, manifestement bien portants, impeccablement habillés, qui défilent en bon ordre devant leurs yeux.

     

    Des femmes vont jusqu’à toucher les vareuses feldgrau pour s’en convaincre :

     

     “C’est de la vraie laine !” 

     

    Et de plus, ce ne sont pas des barbares :

     

    Ils sont polis. Ils demandent les choses et les paient en marks. Personne ne sait ce que vaut le mark ; aussi leur donne-t-on tout pour rien, mais ils sont polis !”.

     

    Le sentiment qui semble prédominer est une curiosité sans haine, mêlée d’appréhension. 

     

    “On voudrait bien leur parler, savoir d’où ils viennent, dans quel état se trouve l’armée française.

    1940's:

    On ose pas : on tourne autour des autos, on feint de s’intéresser au matériel” 

     

     

    Un journaliste américain note : 

     

    “Je remarque une certaine fraternisation entre les soldats allemands et la population…

    Les troupes allemandes se comportent en touristes naïfs, causant aux Parisiens une agréable surprise” 

     

     

    Rapidement, avec une efficacité que l’on pourra qualifier de toute germanique, l’administration d’occupation se met en place.

     

    Ses objectifs sont clairs : 

     

    “Le régime national-socialiste répondant le mieux aux besoins réels et aux aspirations intellectuelles de l’Européen moderne, il faut inculquer aux peuples vaincus la croyance de la supériorité de ce régime, tout en les détournant de leurs propres gouvernements, coupables de l’avoir combattu.

     

    Ce résultat doit être obtenu par tous les moyens : persuasion, coercition, corruption, etc.”explique Gérard Walter .

     

    La première préoccupation de l’administration allemande fut le rapatriement de ceux qui avaient fui Paris. Un rapide recensement est réalisé le 7 juillet, on compte 1 051 306 habitants (contre 2 879 746 en 1936) dont seulement 160 000 dans les quartiers dits “bourgeois”, 1er, 2e, 6e, 7e, 8e, 9e et 16e arrondissements.

     

     

     

    La psychose collective et l’exode furent principalement une affaire de gens aisés.????

     

    Si Belleville et Ménilmontant vivent comme avant, le 16e est un désert urbain.

     

     

     

    Tout revient vite à la normale, les quelques commerces qui avaient baissé le rideau ouvrent à nouveau, l’animation habituelle renaît dans les rues, des trains spéciaux commencent à ramener les habitants partis. Il est a noter qu’il n’y a eu aucune interruption des services publics (eau, gaz, électricité, métro) et que les grands magasins, comme les maisons de passe, demeurèrent ouverts, y compris le 14 juin.

    Le dimanche 23 juin, second dimanche d’occupation, est ensoleillé.

     

    Les terrasses des cafés sont combles, la foule arpente les grandes artères, comme à son habitude.

    La principale différence visible est le faible nombre de véhicules motorisés (sans compter les drapeaux à croix gammée qui ont remplacé les tricolores sur les édifices officiels, et les soldats allemands qui profitent aussi de la promenade dominicale).

     

     

    Afficher l'image d'origine

    La propagande

     

    C’est le lendemain que le PresseGruppe de la Propaganda-Staffel se met en fonction, il s’agit de “régénérer l’esprit public à Paris”.

     

    Des journaux sont créés par cet organisme pour diffuser la vérité allemande, pour convertir les âmes aux bienfaits du national-socialisme.

     

    Apparaissent ainsi le quotidien La France au Travail, l’hebdomadaire littéraire La Gerbe, et l’infâme Au Pilori, journal violemment antisémite voulu par Joseph Goebbels, sur le modèle du Stürmer.

     

     

    1940s girls.:  

    Par ailleurs, à l’instigation de l’attaché de presse de l’état-major de la Xe armée, deux titres pré-existants ont déjà redémarré, comme Le Matin, le 17 juin, et Paris-Soir, le 22 juin, dans les locaux abandonnés par sa rédaction (Pierre Lazareff).

     

     

     

    D’autres journaux seront créés à l’initiative d’entrepreneurs privés, avec l’aval du PresseGruppe, commeAujourd’hui, le Cri du peupleLes Nouveaux Temps.

     

    Malgré des demandes soumises à la Propaganda-Staffel, des titres sont interdits de reparution. Pour paraître, ou reparaître, outre sa volonté de collaboration active avec les autorités d’occupation, un journal doit faire ses preuves de “pureté raciale”, aucun juif ou capital d’origine juive ne peut y participer.

    Des journaux qui avaient fait le choix de l’exode (à vrai dire imposé le 10 juin par les autorités françaises) rentrent au bercail, L’Illustration en août, L’Œuvre en septembre, Le Petit Parisien en novembre.

     

     

    En juillet-août 1940, beaucoup de “fuyards” sont déjà revenus, les quartiers bourgeois retrouvent un semblant d’activité.

     

    La Propaganda-Staffel s’active à faire redémarrer les cinémas, cabarets, boîtes de nuit, music-halls et théâtres. Paris doit garder son statut de “Ville lumière ”, et pour le plaisir des troupes, femmes dénudées, plumes et strass, doivent retrouver illico les feux de la rampe.

     

    Le haut commandement allemand a en effet décidé que Paris serait le lieu de détente privilégié pour les soldats permissionnaires.

    Musique militaire, place de la République.

    Musique militaire, place de la République. Photographie André Zucca, c. 1943. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Les services de la Wehrmacht sont même convoqués à participer à l’animation artistique de la capitale : des concerts de musique militaire et de classiques allemands (Beethoven, Wagner…) sont régulièrement donnés par des ensembles musicaux de l’armée, place de l’Opéra, au Jardin des Tuileries, sur le parvis de Notre-Dame, place de la République, etc. Ils attirent un public nombreux.

     

     

     

    S’il est possible de se divertir — le “Paris bei Nacht” ne désemplit pas (il faut préciser qu’il faut attendre la fin du couvre-feu pour pouvoir sortir du cabaret ou du “night-club”…) et les théâtres et cinémas affichent complet tous les soirs — les Parisiens découvrent chaque jour de nouveaux tracas de la vie quotidienne.

    Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche.

    Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Les tracas des Parisiens

     

     

    Le premier sujet d’embarras sera les transports.

     

    Le service d’autobus ayant été supprimé, voitures particulières et taxis ayant disparus en raison des rationnements de carburant, le métro est bondé.

     

     

    Et le couvre-feu étant à minuit, il ne faut pas rater le dernier métro qui part à 23 heures du terminus, au risque de devoir passer la nuit dans un commissariat ou… un cabaret. [La situation du métro s’agravera le 11 janvier 1943

    avec la fermeture de 30 stations, par économie.]

     

     

    Vélo taxi.

    Vélo taxi. Photographie André Zucca, c. 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Pour suppléer à ce problème, on verra apparaître tout au long de la guerre, une infinie variété de nouveaux moyens de transport.

     

    Pour remplacer les taxis, les fiacres à cheval du début du siècle sont remis en service. Ils sont sévèrement concurrencés par les vélos-taxis, bien moins chers, qui rencontrent un grand succès. Pour remplacer l’automobile, la bicyclette se fait reine, toute la ville pédale.

     

    Quelques bus équipés au gaz, camions et voitures équipés au gazogène, feront peu à peu leur apparition sur les pavés parisiens.

     

    Afficher l'image d'origine 

     

    Le second sujet de tracas, le chauffage, apparaîtra avec l’arrivée de l’hiver, et le premier de la guerre fut rigoureux. Le charbon est sévèrement rationné dès janvier 1941.

     

    Si les établissements publics sont livrés, les particuliers ont toutes les peines du monde à en obtenir en quantité suffisante. Trois types de cartes de rationnement existent : 

     

    “carte rouge : prioritaire, pour les foyers ne disposant pas de gaz ou électricité pour cuisiner ;

     

    violette : prioritaire, réservée aux foyers sans gaz ou électricité et ayant des enfants de moins de 6 ans ou des vieillards de plus de 70 ans ;

     

    jaune : attribuée à tous les foyers, mais ne pouvant servir que s’il restait un tonnage de charbon disponible après avoir servi les foyers titulaires de cartes rouges et violettes.” 

     

    Autant dire qu’il valait mieux ne pas avoir une carte jaune…

     

     

    Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules.

    Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules. Photographie André Zucca, février 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Enfin, le dernier casse-tête, et non le moindre, est la queue.

     

    Tout ou presque devient rationné et le pays, ponctionné par son “soutien obligé” à l’effort de guerre allemand, s’engage dans une économie de pénurie. Les années passant, chaque rationnement deviendra plus dur.

     

    Des produits sont tout simplement interdits, comme le café.

    Ce à quoi il faut ajouter la très méchante gestion du rationnement par les administrations françaises…

     

    Cette pitoyable gestion fait penser à certains que, par “acte de résistance”, les fonctionnaires français s’ingénient à pourrir la vie de leurs concitoyens afin d’entretenir un ressentiment à l’égard de l’occupant.

     

    D’autres n’y verront que l’exercice libéré d’une inclination naturelle du fonctionnaire à rendre tout compliqué, même la chose la plus simple.

     

    Ainsi, à titre d’exemple, un ouvrier mécanicien, faisant un métier salissant, avait le droit à 250 grammes de savon supplémentaires. Le journal Les Nouveaux Temps rapporte le 3 mai 1941 les avanies subies pour les obtenir :

    1. Se présenter à la mairie pour obtenir, après attente, la délivrance d’un imprimé spécial.

    2. Une fois muni de cet imprimé, se présenter à la Chambre des Métiers, quai de Jemmapes.

    3. À la Chambre des Métiers, s’entendre réclamer :
    a) la feuille d’immatriculation au registre des métiers ;
    b) les reçus du percepteur justifiant le paiement en 1939 et en 1940 de la taxe pour frais de ladite chambre ;
    c) un certificat d’inscription à titre personnel à une caisse de compensation.

    4. Se procurer les trois pièces ci-dessus mentionnées.

    5. Retourner à la mairie.

    Et, au bout de deux mois, tout est à recommencer, parce qu’il faut bien s’assurer que notre ouvrier mécanicien n’ait pas changé de métier…

     

     

    Le ressentiment des Parisiens se porte contre les petits commerçants, épiciers, bouchers et les fameux BOF (beurre, œufs, fromage), accusés, souvent à raison, de profiter de la situation, d’organiser des pénuries, de frauder sur la qualité des produits et d’alimenter le marché noir. “Qu’est que vous feriez après la guerre, quand la prospérité sera revenue ?

     

    — Moi, répondit-elle, je mettrai le feu chez mon épicier” 

     

    “Tous les soirs quand je rentre chez moi, je suis tenté d’aller casser la figure de mon épicier et de ma crémière. Je n’exagère pas.

     

    La muflerie, l’imbécillité du commerçant deviennent quelque chose de sensationnel.” ajoute un modeste employé 

    Il fut un temps où l’on disait que le Français avait peur de sa concierge.

     

    Maintenant, c’est sa marchande de pommes de terre qu’il craint.

     

    Si, des fois, elle vous coupait les vivres ! Alors, il se fait très petit, très aimable, humble presque. Il ne lui viendrait pas à l’idée de rouspéter parce qu’il lui a semblé qu’il n’avait pas son poids ou bien parce que ses carottes étaient abîmées. D’ailleurs, ce se serait vite fait :

     

    — Vous n’êtes pas content ? Bon, au suivant.

    La Princesse du Navet a le geste noble. Il faut la voir jongler avec ses légumes et d’un geste dictatorial flanquer la ration dans les bras du client.

    Et sans papier, encore.

    Il est préférable de ne pas trop se bousculer en faisant la queue.

    — Alors quoi ! Silence dans les rangs, ou j’arrête de servir.

    Silence immédiat. On ne contrarie pas une marchande de légumes, par le temps qui court. [8]

    Le ravitaillement deviendra l’obsession numéro un du Parisien. Une économie “souterraine” va très rapidement se mettre en place pour répondre aux fortes attentes, avec toute la force du génie français tel qu’on le connaît.

     

    Là, plus qu’ailleurs, le “système D” va faire ses preuves de créativité.

     

    Que vous ayez besoin de tabac ou d’un nouveau costume, inutile d’attendre du marché officiel.

    L’un des problèmes qui alimentent la pénurie est que les prix ont été bloqués par les autorités allemandes dès le 14 juin 1940.

     

    Beaucoup de commerçants, espérant un plus juste bénéfice, vont ainsi créer un marché parallèle, un marché de fond de boutique.

     

    Ce n’est pas que le produit manque, c’est qu’ils ne veulent pas le vendre proche de la perte. Mais, au-delà des commerçants soucieux de préserver leurs marges, c’est quasi toute la population qui va s’engager avec frénésie dans la fièvre du commerce, les petits trafics, les combines…

     

    Chacun s’improvise une activité secondaire, jusqu’à l’écolier qui fera contrebande de plumesSergent-Major. Le troc va également connaître un renouveau spectaculaire.

     

    Ainsi, les cours d’école se transforment en bourses d’échanges très actives, biscuit vitaminé contre chocolat, crayons contre savon, etc.

     

     

    Ce qu’on appelle le “marché noir” n’est pas l’affaire exclusive de quelques trafiquants mafieux, c’est toute la société qui y participe. Même si les “bas-fonds” ne sont pas sans s’intéresser au nouveau marché. Certains vont effectuer des reconversions “professionnelles”… pour un maquereau, le savon et le bas de soie rapportent bien plus que son “entreprise” faisant les cent pas sur le trottoir.

     

    Et, il n’est pas impossible de concilier les deux activités…

    Et ne parlons pas des fausses cartes de rationnement qui deviennent presque monnaie courante… Ainsi, la vie s’organise…

     

    Et les policiers, qui sont également dans le système, ont tendance à fermer les yeux. Allez-vous arrêter la jeune fille qui vous fournit en savonnettes sans ticket à 10 francs ?

     

    La loi vous l’imposerait, mais votre hygiène s’y refuse. Au pire, et si vous étiez un policier vraiment très malfaisant, vous l’obligeriez juste de vous nettoyer une certaine partie de votre anatomie avec les moyens que la nature offre.

    Kommandantur, place de l’Opéra.

    Kommandantur, place de l’Opéra. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Révélateur d’une société, un triste phénomène va connaître son âge d’or : la délation, généralement anonyme. Un nombre appréciable de Parisiens va être pris de fièvre épistolaire, les journaux, administrations et autorités d’occupation en reçoivent des sacs entiers, où il est bien difficile de séparer le bon grain de l’ivraie (on y renonce souvent d’ailleurs). La presse de la collaboration va jusqu’à s’en plaindre, c’est dire…

     

    Et sans aller jusqu’à la dénonciation, une menace prisée par les plus vils éléments est 

     

    “J’irai le dire à la Kommandantur”.

     

    À la Kommandantur, ce genre de dénonciations abusives, pour des motifs souvent futiles, provoque plus le dégoût à l’égard du peuple français qu’autre chose.

    Activité, heureusement plus généralisée, est l’écoute de la radio anglaise.

     

    Car, chacun sait “Radio Paris ment, Radio Paris est allemand”.

     

    Cela n’a rien de secret, même le rédacteur en chef du journal La Gerbe, créé par laPropaganda-Staffel, en parle :

    — La radio anglaise !

    Tout le monde aussitôt se tait. Nous sommes dix à table, mais toutes les conversations s’arrêtent. Seul un jeune homme qui n’a pas entendu continue à parler, penché vers sa voisine. Le maître de la maison qui s’est levé pour tourner les boutons de son poste le rappelle fermement à l’ordre.

    — Voyons, mon cher, c’est l’heure de la radio anglaise.

    Le jeune homme rougit, baisse le nez dans son assiette. Plus un bruit. Le maître d’hôtel se tient au garde-à-vous. Tournés tous vers le cadran lumineux de l’appareil, nous attendons la voix de Londres.

    Je regarde les convives autour de moi. Tous, l’an passé, se sont enfuis. Concours de vitesse et concours d’égoïsmes…

     

    Mais aujourd’hui il n’y a pas plus braves que mes compagnons. Bien attablés, sirotant leur calvados, digérant un excellent gigot du marché noir, ils n’ont plus peur de rien : ils sont des héros, pensez donc, ils écoutent Londres ! 

     

    La “question juive”

     

    Comme bien ailleurs en Europe, l’un des épisodes les plus douloureux de l’Occupation à Paris fut la déportation des Juifs vers les camps de concentration et d’extermination, et ce, avec la participation des autorités françaises.

     

     

     

    16-17 juillet 1942, rafle du Vel'd'Hiv :

    13152 juifs dont 4115 enfants conduits à l'abattoir.

    Moins de 100 survécurent.

    16-17 juillet 1942, rafle du Vel'd'Hiv : 13152 juifs dont 4115 enfants conduits à l'abattoir. Moins de 100 survécurent.  

    Pour la Propaganda-Staffel, la première étape est de faire croire à la population que les mesures anti-juives ne sont pas l’initiative des Allemands, mais le résultat du souhait “légitime” des populations locales, mues par un profond ressentiment à l’égard des Juifs.

     

     

     

     

     

    Les premières opérations furent donc l’organisation de manifestations antisémites “spontanées”.

    Afin de pouvoir ensuite dire “peuple français, nous vous avons entendus et compris, vous ne voulez plus des Juifs sur votre territoire, nous allons vous y aider”…

     

    Buses used in Paris during the roundup of Vel'd'Hiv, 16 and 17 July 1942, stationed along the Velodrome d'Hiver. This is the only picture found in the press archive, and it was forbidden its publication in July 1942.:

    Le journal Au pilori (créé par le PresseGruppe), reçoit la mission de recruter des jeunes Français pour ces manifestations.

     

    C’est ainsi que naquirent deux formations d’action, sous le haut patronage

    du Parti Français National Collectiviste, le Jeune Front — sous la direction de Robert Hersant —

    pour les jeunes de 16 à 20 ans, et la Garde Française pour les 21 ans et plus.

     

    La première mission de ces jeunes Français collaborateurs fut de distribuer des tracts antisémites, notamment aux entrées de magasins tenus par des Juifs, dès juillet 1940.

     

    Le 3 août, une vitrine de boutique est brisée, le 7 août, des vendeurs du Pilori pénètrent dans des commerces et renversent des comptoirs.

     

    La première action d’envergure aura lieu le 20 août 1940.

    Pendant deux heures, en plein jour, un groupe de jeunes gens va briser très méthodiquement les vitrines de tous les magasins supposés juifs de l’avenue des Champs-Élysées, en y lançant des briques.

    Ils iront ensuite célébrer leur forfait au siège du Jeune Front, au n°36 de l’avenue.

     

    paris-occupation-05.jpg

     

     

    Siège du “Jeune Front”, 36 avenue des Champs-Élysées. © LAPI / Roger-Viollet, 1940.

    Thomas Kernan, citoyen américain, éditeur du Vogue français et représentant des éditions Condé-Nast en Europe, assiste à la scène  :

     

     

     

     

    J’étais debout par hasard au balcon de mon bureau sur les Champs-Élysées, causant avec un de mes collègues, lorsque nous entendîmes des cris du côté de l’Étoile.

     

    Un roadster  jaune descendait l’avenue presque déserte… un jeune homme revêtu d’une manière d’uniforme était debout dans le tonneau et hurlait :

     

    « À bas les Juifs ! »

     

    Il laissa comme un sillage de verre brisé derrière lui, car à mesure que l’auto passait devant chaque magasin de confection des Champs-Élysées, un jeune homme en uniforme posté à chaque endroit lançait une brique enveloppée de journaux dans la vitrine.

     

    Devant mes yeux étonnés, les grandes vitrines de Cedric, de Vanina, d’Annabel, de Brunswick, de Marie-Louise, de Toutmain, — il y avait là pour un million de francs de glaces, — tombèrent en éclats sur le trottoir. La plupart, sinon tous ces établissements appartenaient à des Juifs, et avaient été rouverts par leurs fidèles employées françaises, qui se tenaient dans les allées en tremblant et en pleurant.

     

    Leur mission terminée, les jeunes gens en uniforme déambulèrent sur l’avenue jusqu’au numéro 36, au quartier général du Jeune Front, et se penchèrent aux fenêtres en riant et en ricanant face à la foule indignée qui s’était attroupée.

     

     

    Je vis un officier allemand sortir de l’Hôtel Claridge [74, avenue des Champs-Élysées] qui venait d’être transformé en bureaux pour les siens, au moment où une brique fracassait la vitrine voisine.

     

    Cet officier mit la main au collet du vandale, mais celui-ci tira une carte de sa poche.

     

    J’ignore la nature de cette carte, mais je vis l’officier y jeter un coup d’œil, puis se hâter de relâcher son prisonnier.

     

     

     

     

    Après deux mois de propagande et d’agitation antisémite,

     

    ce fut le début d’une série d’ordonnances discriminatoires et spoliatrices.

     

    Les Juifs doivent se faire enregistrer auprès des services de police et les commerces doivent afficher l’inscription “entreprise juive” (ordonnance du 27 septembre). Les Juifs doivent avoir une carte d’identité tamponnée “Juif” (7 octobre).

     

    On recense les “entreprises juives” en vue de leur passage sous le contrôle d’administrateurs “aryens” (ordonnance du 18 octobre).

     

    Les biens juifs réputés abandonnés sont mis sous séquestre. Etc.

     

     

    L’internement de Juifs en camps de détention débuta à Paris en mai 1941.

     

    Grâce à l’enregistrement des Juifs de septembre-octobre 1940, on connaissait leur nombre et leur localisation pour au moins 90 % d’entre eux (149 734 personnes dans le département de la Seine,

    enregistrées dans le fichier “Tulard”

     

    La cible fut d’abord les Juifs n’ayant pas la nationalité française (64 070 recensés dans la Seine), plus tard viendront les nés en France de parents étrangers et les naturalisés.

     

     

    Le 14 mai 1941, environ 3 700 hommes (allemands, tchèques et polonais) se rendirent d’eux-mêmes dans plusieurs centres parisiens (gymnase Japy, caserne des Minimes, rue de la Grange-aux-Belles, rue Édouard Pailleron), suite à la réception par voie postale de convocations pour “examen de situation”.

     

    Il s’agissait d’un piège qui se transforma en arrestation immédiate par la police française. Ces hommes furent acheminés vers les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, où ils resteront plusieurs mois, jusqu’aux premières déportations de 1942.

     

     

    La presse parisienne se félicite de cette action (tout en exagérant le nombre) : 

     

    “Cinq mille Juifs sont partis, cinq mille Juifs étrangers ont couché leur première nuit dans un camp de concentration. Cinq mille parasites de moins dans le grand Paris qui en avait contracté une maladie mortelle.

     

    La première ponction est faite, d’autres suivront”

     

    . Dans le grand public, cette opération passe relativement inaperçue et ne suscite aucun émoi particulier, ce sont des étrangers, souvent des réfugiés de fraîche date…

    Paris 1941 ~ Pierre Laval ~ (28 June 1883 – 15 October 1945) was a French politician. Following France's surrender & Armistice with Germany in 1940, he served twice in the Vichy Regime as head of government. He signed orders permitting the deportation of foreign Jews from French soil to the Nazi death camps.  After Liberation (1945), he was arrested by the French government under General de Gaulle, found guilty of high treason, & executed by firing squad.:  

     

    Paris 1941 ~ Pierre Laval ~ (28 June 1883

    – 15 October 1945) was a French politician. Following France's surrender & Armistice with Germany in 1940, he served twice in the Vichy Regime as head of government. He signed orders permitting the deportation of foreign Jews from French soil to the Nazi death camps. After Liberation (1945), he was arrested by the French government under General de Gaulle, found guilty of high treason, & executed by firing squad.


     

    Une première rafle aura lieu les 20 et 21 août 1941, le prétexte est une 

    “opération menée en représailles à l’agitation communiste”.

     

    4 232 hommes de nationalité étrangère, sont arrêtés par la police française

    (encadrée cette fois-ci par des Allemands), principalement dans 11e arrondissement.

    Ils sont envoyés dans le tout nouveau camp d’internement de Drancy.

     

     

    Le 6 septembre 1941, l’infâme exposition antisémite “Le Juif et la France” est inaugurée au Palais Berlitz, boulevard des Italiens.

     

     

     Le Rafle (The Round Up) Early in the morning of July 16, 1942, the French police arrested over 13,000 Jews including 4,000 children and detained them at the Vélodrome. Kept under horrendous, unsanitary conditions for days, they were then shipped to the transit camp at Drancy and on to Auschwitz. Almost all of them died.... About 76,000 Jews were deported from France between 1940 and 1944. Only 2,500 are believed to have survived the death and concentration camps.:

    C’est une “création” française…

     

     

    Une seconde rafle, plus modeste mais plus “visible”,

    vise 743 hommes le 12 décembre 1941, dans le milieu des notables et des intellectuels, et pour la première fois, essentiellement de nationalité française.

    Celle-ci est organisée directement par les Allemands en 

     

    “représailles à une série d’attentats anti-allemands”, avec l’assistance de la police française.

     

     

    Les prisonniers partiront au camp de Compiègne.

     

    Quelques-uns, chefs d’entreprises, commerçants, ingénieurs, médecins, avocats ou universitaires, sont libérés dans les semaines qui suivent, mais la plupart restent emprisonnés pour attendre le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation.

     

     

    Rue de Rivoli, 1942.

    Rue de Rivoli. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

     

     

    Le 29 mai 1942, une ordonnance allemande obligeant les Juifs de plus de 6 ans à porter

    l’étoile jaune en zone occupée est publiée.

     

    Elle est applicable à partir du dimanche 7 juin 1942.

     

    Le 5 juin, la Propaganda-Staffel est inquiète, des rapports concordants font état de désordres organisés pour le 7 juin par les gaullistes et les communistes.

     

    Elle transmet un rapport à la Sûreté allemande :

    Suivant des rapports qui nous parviennent d’heure en heure, les milieux gaullistes et communistes font une propagande massive pour provoquer des troubles dimanche prochain. Les directives données sont les suivantes : sur les grands boulevards, tous les Juifs pourvus de l’étoile jaune devront être salués par des manifestations de sympathie… Il est projeté que les non-Juifs gaullistes et communistes circulent dans les rues portant l’étoile jaune, munie à la place de l’inscription “Juif” du nom d’une province française.

    Un mot d’ordre circule également parmi les Juifs d’aller se promener ce même jour sur les grands boulevards. Dépitée, la Propaganda-Staffel notera le lendemain : “Ce mot d’ordre a été suivi : il était frappant de voir en quelle quantité la juiverie parisienne était présente sur le parcours indiqué”. Et la propagande allemande a un autre motif de dépit, c’est que la population semble manifester de plus en plus de solidarité avec les Juifs.

    Des Parisiens suivirent le projet “gaullo-communiste”, on a pu ainsi voir dans les rues des étoiles jaunes marquées “breton”, “basque”, “auvergnat”, “goï”, “zoulou”, “zazou”, “papou”, “swing”… Certains seront arrêtés et invités à “réfléchir à la portée de leur geste” pendant 3 mois au camp de Drancy. Les plus prudents se contenteront d’une pochette jaune, ou autre accessoire de même couleur. La presse de propagande est en rage :

    Malgré la répugnance qu’a maintenant l’ensemble des Français pour les Juifs, il se trouve encore des jeunes gens très « swing » [13] qui, complètement enjuivés par leurs fréquentations, témoignent de la sympathie à l’égard des Israélites et portent également une étoile jaune. Le gouvernement se doit de retrancher de la communauté française ces éléments indésirables et de satisfaire à leur désir d’appartenir à la communauté juive en les pourvoyant d’un authentique état d’Israélite et en les recensant comme tels. Ils pourront ainsi bénéficier sans exception de toutes les mesures que nous serons amenés à appliquer aux Juifs. [14]

    Étoiles juives saisies par les autorités françaises.

    Fausses étoiles juives saisies par les autorités françaises.

    Ces manifestations ne sont pas le seul fait de jeunes “zazous”, mais aussi d’ouvriers, de fonctionnaires, etc. de tous âges. Par exemple, Mme Lemeunier, 58 ans, sans profession. Elle sera emprisonnée à Drancy pour avoir porté une étoile jaune brodée d’une croix (l’étoile en question figure en bas à gauche sur la photo ci-dessus).

    La persécution des Juifs, français comme étrangers, s’intensifie encore le 8 juillet 1942 avec une ordonnance particulièrement sévère. Celle-ci leur interdit l’accès aux restaurants, cafés, bars, théâtres, cinémas, concerts, cabines de téléphone public, marchés, piscines, musées, bibliothèques, monuments historiques, manifestations sportives, champs de courses, parcs, etc.

    “Les Juifs ont voulu la guerre. La malfaisance de leur race a jeté le monde entier dans cet affreux conflit.

     

    Au regard de ce crime, les dernières mesures édictées sont bénignes.” peut-on lire dans Le Petit Parisien du 15 juillet.

    #199 ❘ La rafle du Vel’ d’Hiv’ ❘ 17 juillet 1942:

    Effectivement, ces mesures pourraient paraître presque “bénignes” au regard de celles qui allaient immédiatement suivre, les 16 et 17 juillet,

    avec la grande rafle du Vélodrome d’Hiver.

     

     

    Cette énorme opération vise principalement les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques et russes.

     

    Elle aboutira à l’arrestation de 12 884 Juifs à Paris et en banlieue.

     

     

    En moins de quarante-huit heures (de quatre heures du matin, le 16 juillet, jusqu’au lendemain, le 17 juillet à treize heures), la police a arrêté 12 884 Juifs à Paris et en banlieue.

     

    C’est une première même si, en raison des « fuites », le nombre des arrestations est inférieur aux prévisions.

     

    Pendant la rafle du Vél d’Hiv, les autorités policières n’ont pas arrêté uniquement des hommes dans la force de l’âge.

     

    Elles ont également appréhendé cette fois-là des hommes de plus de 60 ans, des malades, des femmes (5 802) et même des enfants de moins de 16 ans (4 051).

     

     

    La fiction d’un « transfert de population à l’Est pour du travail » vole donc en éclats.

    Une opération d’une telle ampleur a été nécessairement longuement et soigneusement préparée.

     

    Certains chiffres sont d’ailleurs éloquents. Il faut souligner en particulier que 9 000 fonctionnaires français (et parmi eux 4 000 policiers) ont été mobilisés pour cette rafle baptisée non sans ironie « opération vent printanier ».

     

    À cette occasion, on a retiré rien moins que 27 000 fiches de Juifs (recensés en application des lois de Vichy) d’un fichier de la préfecture de police (le fichier « Tulard »), de manière à pouvoir les distribuer, sur le terrain, aux équipes policières chargées des arrestations.

     

     

    L’opération, sans précédent dans les annales policières françaises, a été conçue à l’initiative des occupants.

     

    Elle est menée toutefois, de bout en bout, sous les ordres de Pétain, Laval, Bousquet, Leguay et de la hiérarchie administrative et policière de l’État français.

     

    Au-delà du nombre de fonctionnaires français impliqués dans cette rafle, il faut rappeler aussi la mobilisation d’une soixantaine de cars de la police et de la TCRP (l’ancêtre de la RATP) pour l’acheminement des Juifs arrêtés vers Drancy et le Vélodrome d’Hiver (situé dans le XVe arrondissement).

     

     

    Il faut souligner d’autre part que ce complexe parisien, destiné avant tout aux grandes manifestations sportives, n’était pas approprié pour l’accueil d’une population hétérogène parmi laquelle, nous l’avons souligné, figuraient un grand nombre de jeunes enfants.

     

    De plus, pratiquement rien n’avait été prévu pour un enfermement durable d’une telle population.

     

    Les 8 000 personnes parquées dans l’enceinte du complexe sportif entre le 16 et le 22 juillet ont donc dû faire face au manque d’eau, à des conditions d’hygiène lamentables et à un bruit continuel.

     

    Dans cette confusion, on enregistre d’ailleurs de graves problèmes sanitaires et une multiplication de suicides et de tentatives de suicides.

     

    La situation ne se normalise que lentement, lorsque le Vél d’Hiv se vide progressivement, à la suite du transfert des internés vers Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande.

     

    Dans ces camps, le chaos et l’improvisation étaient certes moins poussés.

     

    Le répit n’a été qu’une illusion de courte durée pour les internés du Vél d’Hiv car la plupart d’entre eux ont été ensuite déportés. Leurs noms figurent dans les 38 convois à destination d’Auschwitz qui quittent la France entre le 17 juillet et le 11 novembre 1942.

    [Claude Singer, historien à l’université de Paris I. Revue “Les Chemins de la Mémoire” n° 119 - Juillet-août 2002. Source.]

     

     

    En France (selon le Mémorial de la Shoah et le décompte de Serge Klarsfeld), 51 000 Juifs étrangers ou apatrides et 24 700 Juifs de nationalité française (13 % des Juifs de nationalité française, dont environ 1 tiers de Français “de souche”,

     

    1 tiers de nés en France de parents étrangers ou apatrides, et 1 tiers de naturalisés) ont été déportés. Bien peu reviendront des camps allemands.

     

     

    La Résistance

     

     

    Dès juillet 1940 et pendant toute la guerre, la désapprobation des Parisiens se manifeste par de petits gestes… Il y a la “guerre des graffitis” : 

     

    “Vive de Gaulle”“Mort à l’envahisseur”, partout et en tous lieux, qui réapparaissent sitôt après avoir été effacés. Il y a l’ouvrier typographe qui fait une “malheureuse” coquille :“Le président du Conseil municipal de Paris remettra auojurd’hui (sic) au Maréchal PÜTAIN (sic) une médaille en argent.” (Le Cri du Peuple, 24 avril 1942).

    La première étape importante est la guerre de l’information, principalement menée par les communistes. Il s’agit d’imprimer clandestinement des tracts et de les diffuser. Du 1er juillet au 7 décembre 1940, 1 141 personnes sont arrêtées pour ces faits. Pour le citoyen ordinaire,

     

     

    il n’est pas rare d’entrer dans une rame de métro au sol jonché de tracts ou de croiser un cycliste qui en jette à tous vents.

     

     

    (L’un de ces diffuseurs de tracts communistes s’appelle Guy Môquet, il est arrêté le 13 octobre 1940 à l’âge de 16 ans, au métro Gare de l’Est.)

    Le 11 novembre 1940, une manifestation d’étudiants place de l’Étoile est sévèrement réprimée, occasionnant quelques blessés par balles et de nombreuses arrestations. Le 23 décembre, Jacques Bonsergent, 27 ans, est le premier civil fusillé, pour avoir participé à une bousculade avec des soldats allemands aux abords de la gare Saint-Lazare, le 10 novembre.

     

     

    Sortie de la messe, église de la Madeleine.

    Sortie de la messe, église de la Madeleine. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Le premier acte “terroriste” à Paris est en date du 13 août 1941, avec l’assassinat d’un officier allemand près de la porte d’Orléans. Le 21 août, un autre officier est abattu sur un quai du métro Barbès. Ce sont les premiers d’une longue série. Ils correspondent à l’organisation des premiers groupes communistes de combat dans la capitale, courant juillet.

    L’autre cible de ces groupes est l’élimination des “traîtres et renégats”, ces communistes ayant versé dans la collaboration active. Ce programme débute le 5 septembre 1941 avec la mort, rue des Lilas, de Marcel Gitton, ex-communiste, dirigeant du Parti ouvrier et paysan français. Le second visé est Fernand Soupé, ancien maire communiste de Montreuil, membre du Parti populaire français, qui fut grièvement blessé le 22 décembre 1941, mais s’en tira. Début juin 1942, c’est le tour d’Albert Clément, ex-communiste, membre du Parti populaire français et rédacteur en chef du Cri du Peuple, qui est abattu rue Vivienne.

    Le 8 janvier 1942, un agent de police est abattu boulevard Magenta.

    Le premier “procès” contre des “terroristes” débuta le 4 mars 1942 à la Chambre des Députés, c’est celui du groupe de Gilbert Brustlein (Bataillons de la Jeunesse).

     

    Les sept jeunes résistants sont condamnés à mort. Ils sont exécutés le 9 mars au Mont Valérien.

    Le second eut lieu le 14 avril 1942, 27 accusés communistes.

     

    Exécutés le 17 avril au Mont Valérien.

    Ce procédé “médiatique” des procès est alors délaissé, jugé moins “payant” par les autorités d’occupation que les exécutions d’otages. Ces exécutions par représailles permettent en outre de se débarrasser de gens qui n’ont rien à voir avec la résistance communiste.

     

     

    Le 31 mai 1942, c’est la “révolte des femmes”. Un groupe de femmes communistes manifeste rue de Buci, devant un entrepôt de marchandises destinées à l’Allemagne, ameute les ménagères et les incite à se servir en boîtes de conserve, sucre, etc. La police charge. Les Francs-Tireurs et Partisans chargés de la protection ripostent. Arrêtés et déférés devant une cour spéciale, ils sont condamnés à mort pour cinq d’entre eux.

    Café Le Pam-Pam, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince.

    Café “Le Pam-Pam”, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance se réunit, 48 rue du Four.

    L’un des attentats les plus spectaculaires fut celui organisé le 28 juillet 1943 par le petit groupe de Francs-tireurs et partisans - Main-d’Œuvre Immigrée de Marcel Rayman (Polonais juif âgé de 17 ans), qui réussit à jeter une bombe dans la voiture du général-commandant du Grand Paris, Von Schaumburg, à l’angle de la rue Nicolo et de l’avenue Paul Doumer.

    L’assassinat annoncé de ce très haut dignitaire, signataire des affiches placardées dans Paris annonçant l’exécution des otages et résistants, était d’une grande portée symbolique. (“Il fut avéré bien des années plus tard que le général avait été remplacé par une doublure et qu’il était depuis longtemps sur le front de l’Est. Mais l’effet fut le même puisque nous avions visé la fonction autant que l’homme et surtout nous avions démontré qu’il était possible de le faire.” explique Henry Karayan [15].

    Avec la prolifération des attentats à partir de 1942-43, les représailles, arrestations, procès expéditifs, exécutions vont se multiplier jusqu’à l’insurrection et la libération en août 1944, provoquant à la fois dégoût et mobilisation parmi la population.

    Le 17 février 1944, c’est le procès de “l’affiche rouge”. Les 22 jeunes hommes sont fusillés le 21 février au Mont Valérien. La seule femme, Olga Bancic, sera décapitée en Allemagne le 10 mai.

    Ultime geste d’une armée en cours d’évacuation, 42 jeunes gens sont fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne, le 16 août 1944. Le 19 août, l’insurrection commence, le 25 août, les chars du général Leclerc entrent dans la capitale. À 14 h 45, le Paris allemand capitule définitivement.

    Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées.

    Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées. Photographie André Zucca, août 1944. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    • [#1] Gérard Walter. “La vie à Paris sous l’occupation, 1940-1944”. Armand Colin, Collection Kiosque dirigée par Jean Pinet, 1960.
    • [#2] Georges Groussard, né en 1891 et décédé en 1980, connu sous le nom de colonel Groussard, fut un résistant français. En juin 1940, il était chef d’état-major de la région de Paris.
    • [#3] La Révolution Nationale. 9 novembre 1941.
    • [#4] La Gerbe. 11 juillet 1940.
    • [#5] La France au travail. 7 juillet 1940.
    • [#6] La Gerbe. 4 décembre 1941.
    • [#7] La Gerbe. 13 novembre 1941.
    • [#8] France-Europe. 26 novembre 1943.
    • [#9] La Gerbe. 21 août 1941.
    • [#10] Thomas Kernan (1903-1975), “France on Berlin Time”. J. B. Lippincott & Co., New York, 1941. Publié en français à Montréal sous le titre “Horloge de Paris, heure de Berlin” en 1942 (Éditions de l’Arbre).
    • [#11] Roadster (WP-eng). Automobile légère à deux places, sans toît et sans fenêtres latérales.
    • [#12] Paris-Midi. 15 mai 1941.
    • [#13] Swing. Mot de ralliement des jeunes “zazous”.
    • [#14] Le National Populaire. 20 juin 1942.
    • [#15] Discours de M. Henry Karayan, membre du Groupe Manouchian, le 29 août 2004, lors de l’inauguration d’une place “Groupe Manouchian” à Issy-les-Moulineaux. Source

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

    Denise Vernay Soeur de Simone WEIL
    © coll.particulière

     

    La place des femmes dans le résistance a été reconnue tardivement dans l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale. !!!!

    En effet, c'est a partir du moment où la communauté scientifique s’est penchée sur la résistance quotidienne, loin des luttes armées, que l'importance du rôle des femmes a réellement émergé.

    Cacher, héberger, nourrir, approvisionner : telles étaient les missions que la majorité d'entre elles exerceraient dans la clandestinité.

    Au sein des réseaux, elle assuraient les travaux de secrétariat, étaient agents de liaison ou officiaient dans les services sociaux.

    Les femmes dans la Résistance intérieure française ont joué un rôle important dans le contexte de l'occupation du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. 

     

     

    Afficher l'image d'origine 

     

    Marie Madeleine FOURCADE

    Chef du Réseau ALLIANCE 

     

     

    Elles se faisaient aussi trublions dans les manifestations publiques.

     

     

    D’autres avaient rejoint les unités de la France Libre, comme médecins, infirmières, aviatrices.

     

     

    Leur engagement a été peu valorisé à la Libération, ce que traduisent les chiffres :

     

    on ne compte que 6 femmes parmi les 1059 Compagnons de la Libération; de même, seulement 10% des Médaillés de la Résistance sont des femmes.

     

     

     

    "NICOLE"  son nom de RESISTANTE

    Simone Segouin, une résistante, près de Chartres, en août 1944.

     

     

     

    Mais l’année 1975 marque une tournant: dans la foulée de la vague féministe, un colloque organisé par l’Union des femmes françaises leur est consacré, premier du genre à mettre en avant leur rôle important dans la Résistance.

     

     

     

    Sœur Hélène Studler en 1944

     


    Les publications et les travaux universitaires sur le sujet vont peu à peu se multiplier.

     

     


     
    Marie Claude Vaillant-Couturier
    © Ministère de la Défense - DMP - 
     

     

     

     

     

    Décrypter les spécificités de la Résistance féminine revient à remettre en cause un schéma convenu de « La Résistance», de ses rouages,

     

    ce qui peut expliquer la "frilosité" des historiens à s’être penchés plus tôt sur ce volet « opaque », mais pourtant authentique, de l’histoire de la Résistance.

     

     

    Véra Obolensky
    © Ministère de la défense - DMPA

     

    Les résistantes ont pu contribuer de leur côté à cette désaffection, en martelant une image « attendue » de la féminité, teintée de modestie et de discrétion.

     

     

     

     

     

    L’histoire de cette période ne saurait pourtant s’écrire sans elles, héroïques au même titre que leurs homologues masculins.
     

     

     

     

     

    Madeleine RIFFAUD

     

     

    Les jeunes générations ne s’y trompent pas,

    qui se passionnent pour le sujet.

     

     

    http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/?aIndex=2

     

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Philippe Bertin- Histoires extraordinaires du Jour le plus long – Editions Ouest-France

     

    Afficher l'image d'origine

     

    Les témoins du 6 juin 1944 – civils ou soldats, enfants ou adultes – racontent des morceaux de leur vie, ce jour-là, sous les bombes.

    En Normandie, ces temps-là, ces jours-là racontent les histoires de leur vie, qui, soudain, bascule. Sainte-Mère-Eglise :

    Juliette et Georges sont les mariés du 6 juin 1944, les premiers mariés de la France libre. Bayeux :

    Marcel, jeune résistant, déporté, s'évade des camps de la mort.

    Le jour de ses 20 ans, il entre dans Berlin libéré. Caen, Saint-Lô, Avranches : à vélo, Fernand traverse les villes meurtries, à la recherche de ses parents disparus. Utah Beach : Jacques, le jeune pilote de chasse français engagé dans la Royal Air Force, vit le " jour le plus court " de toute l'histoire de la bataille de Normandie :

    le matin du 6 juin, il disparaît en mer.

    Depuis, une Anglaise va, chaque année, fleurir sa tombe sous-marine quelque part au large du Cotentin. Sourdeval :

    le souterrain du vieux château Labiche protège des bombardements la colonie de vacances des enfants de Cherbourg.

     

    Ils ont entre 2 et 14 ans. Mortain dans les galeries de l'ancienne mine de fer, huit cents civils vivent le cauchemar de la destruction ; parmi les réfugiés, deux enfants et leur grand-mère. Nous avons retrouvé tous ces témoins et beaucoup d'autres : ils se souviennent et racontent. Morceaux de leur vie, sous les bombes de 1944, ce jour-là en Normandie

     

    Afficher l'image d'origine 

    Philippe Bertin- Histoires extraordinaires du Jour le plus long – Editions Ouest-France

    Image

    Philippe Bertin a recueilli les témoignages de divers témoins qui ont vécu la guerre en Normandie, l’approche du Débarquement, et ses suites. Il les transmet avec  » les mots du coeur « ‘ et tous émeuvent profondément.

    Tout d’abord, Marie-Louise :  » Un soir, tout près d’Utah Beach, calée dans son fauteuil d’où elle regardait fixement la mer et les vagues, Marie-Louise nous a raconté qu’en écoutant le vent, parfois trop violent du large, elle croyait soudain revivre ces terribles  moments lorsqu’ elle assistait, terrorisée et impuissante, à la destruction de sa ville natale, Saint-Lô. Marie-Louise  n’a rien oublié de ces temps-là : le soir, elle ne supporte  plus les images de violence qu’elle entr’aperçoit dans la lucarne de son téléviseur, au journal de vingt heures. Ces morts, ces enfants  meurtris par les bombes qu’on étale, sans pudeur, à la une des journaux lui rappellent trop de drames et de déchirures.

    Le 6 juin 1944, à vingt heures quand, au-dessus de Saint-Lô,  apparurent les premières forteresses volantes,  Marie-Louise venait de fêter ses dix-sept ans : elle a vécu ce moment-là dans les ruines fumantes  d’une ville qui allait, d’un seul coup, devenir martyre.  La peur, la  fuite sur les routes de campagne, l’exode de ferme en ferme : Marie-Louise, pour conjurer le sort et la peur, a tout écrit, sur un petit cahier d’écolier aux feuilles quadrillées « .

    Il y eut un mot, parmi tant d’autres, pour décrire ce qu’était devenue Saint-Lô : 

     » rôtie « .

    Marcel Fauvel, maintenant médecin de campagne retraité à Caen, tient à parler de son engagement  dès ses quinze ans dans la Résistance à Caen.

    Il a souffert quand  son père,  combattant de 1914-1918, est mort trop tôt des gaz  et d’ épuisement, il s’est révolté quand il a vu les Allemands entrer dans sa ville, l’un d’eux occuper sa maison, et oser demander à sa mère un service qu’il aurait pu accomplir lui-même:  »

    Entre 1941 et 1943 , Marcel Fauvel et Claude Lemarchand, tous deux lycéens, vont agir dans l’ombre à la recherche de renseignements qu’ils communiquent aux membres du réseau Libé-Nord. »

    Claude Lemarchand est arrêté le premier. alors qu’il transporte en plein Caen un chariot rempli d’armes. Il est torturé, jugé en Allemagne, et meurt en prison, atteint de tuberculose. Une plaque apposée sur un mur du lycée Malherbe de Caen, devenu Hôtel de Ville, rappelle le souvenir du jeune résistant de la première heure.

    Marcel Fauve se savait traqué, mais n’eut  jamais peur. Lui aussi fut arrêté par la Gestapo, le 17 février 1943, au cours d’une grande rafle organisée par les occupants. Il fut longuement torturé par un   » Monsieur Hervé  » puis transféré en Allemagne avec beaucoup d’autres dans des wagons fermés, sans eau ni nourriture, sous la chaleur torride. Beaucoup trouvèrent la mort. Au bout du voyage, c’était Büchenwald, puis le camp de Langeinstein, où les survivants creusaient à la main des tunnels. Il craint que, les  échos du Débarquement se précisant, les SS ne les transforment en fosse commune, et il réussit  à s’échapper avec deux compagnons. Ils parviennent à gagner le front russe. Le jour de ses vingt ans, le 24 avril 1945, il entre victorieux dans Berlin, avec « l’impression de vivre l’histoire, d’y participer  pleinement « .

    Ce qu’il garde de ces années : deux documents, le plan du camp de Langelstein, où  l’architecte avait prévu un emplacement  pour une potence, et une photographie prise quelques semaines plus tard devant le Lutétia à Paris,quand il  échange une poignée de main avec le Général de Gaulle.

    Connaissez-vous Mortain ? C’est une des  plus belles régions de la Manche, qui en compte tant. Mortain – la poche de Mortain- subit aussi de terribles bombardements. Deux soeurs, Suzanne et Yvonne, onze et quatorze ans, avaient quitté Sotteville près de Rouen  pour rejoindre leur grand mère dans le Sud de la Manche, où, supposent leurs parents, elles seraient davantage en sécurité. Etant donné l’ampleur des combats, le sous-préfet, M. Panzani, décide la réquisition de la mine de Cambremont, près de Neufborg,  et son directeur  organise son aménagement.  A près de vingt mètres sous terre, une terre humide, friable, environ huit cents personnes y trouvèrent un abri. Cela dura plus de deux mois. Quand elles en sortent, elles voient des ruines et des cadavres… elles trouvent des lettres adressées depuis l’Ohio à un soldat, Tommy, et elles les recueillent. Les lettres à Tommy sont  publiées en fin de volume.

    De ces histoires terribles, Philippe Bertin fait surgir une épopée presque romantique. (Elles m’émeuvent personnellement profondément, car je suis attachée à la terre manchoise, où j’ai vécu quelque temps, certes en « horsain  » !  et entendu des souvenirs  » d’après le Débarquement « , le soir à la veillée).

    Au revers du livre, la quatrième de couverture, on peut découvrir d’autres noms, d’autres récits intenses.

     

    Présentation de l'éditeur

     

    En Normandie, ces temps-là, ces jours-là racontent les histoires de leur vie, qui, soudain, bascule. Sainte-Mère-Eglise : Juliette et Georges sont les mariés du 6 juin 1944, les premiers mariés de la France libre.
    Bayeux : Marcel, jeune résistant, déporté, s'évade des camps de la mort. Le jour de ses 20 ans, il entre dans Berlin libéré. Caen, Saint-Lô, Avranches : à vélo, Fernand traverse les villes meurtries, à la recherche de ses parents disparus. Utah Beach : Jacques, le jeune pilote de chasse français engagé dans la Royal Air Force, vit le "jour le plus court" de toute l'histoire de la bataille de Normandie : le matin du 6 juin, il disparaît en mer.
    Depuis, une Anglaise va, chaque année, fleurir sa tombe sous-marine quelque part au large du Cotentin. Sourdeval : le souterrain du vieux château Labiche protège des bombardements la colonie de vacances des enfants de Cherbourg.
    Ils ont entre 2 et 14 ans. Mortain : dans les galeries de l'ancienne mine de fer, huit cents civils vivent le cauchemar de la destruction ; parmi les réfugiés, deux enfants et leur grand-mère. Nous avons retrouvé tous ces témoins et beaucoup d'autres : ils se souviennent et racontent. Morceaux de leur vie, sous les bombes de 1944, ce jour-là en Normandie.
     

    Biographie de l'auteur

     

    Journaliste, Grand Prix de la Presse et de la communication, Philippe Bertin est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à la Normandie, sa terre d'adoption : Le Sentier des douaniers en Normandie, Au pays des sorciers et des guérisseurs, La Normandie.
     

    Image

     

     

    jours poignantes qui racontent ce que fut le D. Day, autant de portraits et de récits qui dessinent au fil des pages l'histoire extraordinaire de la bataille de Normandie vue par celles et ceux qui l'ont vécue parce qu'ils en ont été les témoins ou/et les acteurs.

     

    Philippe Bertin  collection > Poche Histoire Parution mai 2014 • broché • 10,8 x 17,8 • 6,90 euros

     


    Philippe Bertin collection > Poche Histoire Parution mai 2014 • broché • 

     

     

    - Sainte-Mère-Église :

    Marcel, 15 ans, est enrôlé par l'Armée américaine pour enterrer, dans le champ d'à côté, les premiers GI'S tombés au combat aux premières heures de la Bataille de Normandie.

    - Marais du Cotentin :

    alors qu'au dehors, les combats font rage, Roger soigne GI's américains et soldats allemands sans distinction à l'abri d'une minuscule église transformée en endroit de paix le temps des combats.

    Philippe Bertin, ancien journaliste, puis directeur de la Communication du Département de la Manche, est le Directeur de l'institution régionale « Caen Expo Congrès ».

    Il a publié de nombreux ouvrages aux Editions Ouest-France dont Histoires extraordinaires du jour le plus long, 14-18, 1a Grande Guerre : armes, uniformes, matériels et D-Day Normandie : armes, uniformes, matériels.

    LE SAVIEZ-VOUS

    Né dans un champ et sous les bombes !

    C'est le destin incroyable du jeune Harry Decaen dont la naissance eut lieu au tout début du mois 1944 à Vernix, tout près de Mortain, le sud du département de la Manche.

    Les forces américaines y avaient installé le plus imposant hôpital militaire de toute la bataille de Normandie, trois mille lits pour y accueillir sous les toiles kaki des milliers et de milliers de soldats victimes des combats en plein bombardement de la région de Mortain Le 91th Evacuation Hospital fonctionna sur place du 4 au 28 août.

    La marraine du jeune Harry fut la directrice elle même de l'hôpital provisoire,

    Marie Couderc. Harry Decaen a vécu toute sa vie près du champ où il est né.

    Ouistreham 1939-1945

     

    Ouistreham 1939-1945 

    Couverture réalisée par nos soins

    Tags : 
    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

    Afficher l'image d'origine

    Alors que Paris devient lieu de débauche pour l'Occupant et que la France est livrée au pillage généralisé des troupes allemandes, des chansons joyeuses percent malgré tout le paysage. Certaines sont innocentes comme "Ah ! le petit vin blanc", créée en 1943 par Lina Margy.

    D'autres relèvent de la propagande comme le fameux "Maréchal, nous voilà !" Mais d'autres encore versent dans l'insouciance ("ça sent si bon la France" de Chevalier, "La Tour Eiffel est toujours en place", de Mistinguett) ou frisent carrément la bêtise et l'obscénité :

    "ça va beaucoup mieux" après le franchissement par l'ennemi de la ligne de démarcation.

    Un irresponsable écrit même "alors, ça gaze ? 

     

    La courageuse Joséphine Baker s'engage dans la Résistance active dès 1940. Mais elle représente une exception ; la plupart des artistes sont plutôt dans l'attentisme ou l'insouciance. Rares sont cependant ceux qui fricotent réellement avec les Allemands. Les artistes veulent que le spectacle continue et que l'on continue de chanter.

    Tout comme les gens en général. Comme eux, ils sont plus attentistes que fanatiques. D'où les pressions importantes sur les artistes de la part des deux bords et les reproches, souvent malveillants venant de ces deux bords. Le rôle plus que trouble d'Arletty est cependant à souligner.

     

    Joséphine Baker, la Résistante

     

    oséphine Baker, la Résistante

    Dès le début de la Guerre, Joséphine Baker est agent du contre-espionnage. Profitant de ses relations dans la haute société parisienne, elle agit pour la Croix-Rouge. Puis, elle s'engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France libre : en France métropolitaine et ensuite en Afrique du Nord. Elle ne fait pas de la figuration ; elle joue un rôle important. C'est ainsi qu'elle code ses partitions musicales pour faire passer des messages. C'est comme engagée volontaire qu'elle débarquera à Marseille en octobre 1944. Elle fait partie des forces féminines de l'armée de l'air.

    À la Libération, elle chante pour les soldats et les résistants près de la ligne de front. Joséphine Baker sera décorée de la croix de guerre, de la Médaille de la résistance puis de la Légion d'honneur des mains du Général de Gaulle. L'ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans un ouvrage intitulé Joséphine Baker contre Hitler.

    Arletty "pas très résistante"

    (ci contre : Hans Jürgen Soehring, l'officier allemand compagnon d'Arletty) A l'opposé de Joséphine Baker, l'actrice et chanteuse Arletty fera comme les "saucisses", ces femmes qui flirtent avec les soldats allemands, qui se livrent à une forme de "collaboration horizontale". Arletty s'afficha avec un officier allemand sans aucun complexe. Elle en tombera même enceinte et avortera. Et, quand on lui demandait "Alors, comment ça va ?", elle répondait : "Pas très résistante..." En effet !

    Quand Tristan Bernard (qui est juif) est arrêté, c'est quand même Arletty qui le fait libérer en utilisant ses relations avec l'Occupant. Guitry, qui jouera un rôle plus secondaire dans cette bonne action, s'en attribuera tout le mérite.

    A la Libération, Arletty ne subit pas le sort des "saucisses". Elle n'est pas tondue. Elle subira néanmoins des nuits d'interrogatoire et de cachot à la Conciergerie. Elle sera également internée à Drancy. Mais on ne l'y laissera croupir que quelques semaines. Elle est alors assignée à résidence, avec interdiction de tourner (elle n'avait pourtant fait aucun film avec la société allemande La Continentale). Elle s'en tire avec un "blâme".

    Finalement, Arletty résume en une phrase peu élégante sa conduite durant les années d'Occupation : "Mon coeur est français, mais mon cul est international !"

    André Dassary chante "Maréchal, nous voilà !"

    Il chantera successivement "Maréchal nous voilà !", "Le temps des cerises", et la chanson-titre du film "Le Jour le plus long". Son meilleur succès : Ramuntcho (1944), une chanson de Vincent Scotto pour la musique et Jean Rodor pour les paroles. "Les Allumettes", de Prévert et Kosma. Il commence véritablement sa carrière au sein des Collégiens de Ray Ventura. Captif en Allemagne au début de la Seconde Guerre mondiale, il est libéré et atteint véritablement la notoriété sous l'Occupation, notamment avec l'opérette "L'Auberge qui chante" (1941) et une chanson tout à la gloire de Pétain, "Maréchal, nous voilà !", devenue emblématique du régime de Vichy — et qui, après guerre, lui attire quelques critiques. Son succès n'aura toutefois pas à en souffrir. 

    L'humour résiste

    En 1942, Fernandel joue les simplets, comme on le voit sur cette vidéo de la délicieuse scène où il chante dans un arbre. Jusqu'ici, il ne s'était affublé que de prénoms ridicules comme "Ignace" (voir extrait chanté du film) ou "Barnabé", qui donnèrent lieu à deux films du même nom avant la guerre. A présent, c'est officiel, il se déclare simplet, donc innocent en ces temps de graves irresponsables perpètrent des crimes. Fernandel fait l'idiot mais faire l'idiot ne veut pas dire qu'il n'est pas conscient de ce qui se passe autour de lui.

     

    C'est en reprenant "Ignace" de Fernandel que Bourvil remporta un radio-crochet de Radio-Cité en 1938 et endossa à son tour le costume du chanteur idiot, stéréotype déjà lancé à la Belle Epoque, lancé par Dranem et Fortugé.

    Dans les années 1940, Jacques Pills (par ailleurs mari de la grande chanteuse Lucienne Boyer), qui n'était jamais en reste pour plaisanter, sans tomber cependant dans l'idiotie de Fernandel ou de Bourvil, devient peu à peu sérieux. Comme si son humour en avait pris un coup. Lui qui avait tourné dans toute l'Europe en duo avec son acolyte Georges Tabet, et qui avait repris notamment à Mireille et à Jean Nohain des chansons comme "Couchés dans le foin", voilà qu'il se met à évoquer la soltude de la femme du soldat avec "Seul dans la nuit" (1945), une reprise de la chanson de Léo Marjane. Ayant pris comme impresario Bruno Coquatrix, il continuera dans la voie sérieuse en collaborant plus tard avec Coquatrix pour la conception de spectacles à l'Olympia. Ses chansons de l'Occupation gardent quand même encore une bonne teinte d'humour : : "Avec son ukulélé", 1941, "Elle était swing , 1941, "Cheveux dans le vent", 1943

    Jacques Pills avait pris Gilbert Bécaud comme pianiste pour l'accompagner pour une tournée en Amérique. Suzy Solidor, elle, a pour pianiste le père (russe) de Michel Polnareff :il s'appelle Leib Polnareff mais son nom d'artiste, c'est Léo-Poll.

    1945, le temps des comptes

    Charles Trenet et son ex-complice duettiste Johnny Hess furent inquiétés à la Libération (voir "Chansons de la Douce France"). D'autres artistes le furent aussi.

    - Suzy Solidor chante chaque jour la version française de Lily Marlene dans son cabaret rempli d'Allemands. Elle participa à des galas politiques et elle eut une liaison avec un haut dignitaire nazi. A la Libération, on lui réclame des comptes.

    Piaf chante beaucoup de nouvelles chansons pendant l'Occupation. En 1940 : "y'en a un de trop", "L'accordéoniste", "on danse sur ma chanson". En 1941 : c'était un jour de fête", "j'ai dansé avec l'amour". En 1942 : "c'était une histoire d'amour". En 1943 : "de l'autre côté de la rue", "tu es partout". Etc. Certains ont prétendu que "tu es partout" était un acte de résistance par référence à "je suis partout" mais il n'en est rien. L'analyse du texte montre qu'il s'agit d'une simple chanson d'amour. Piaf a maille à partir avec la commission d'épuration. Elle s'en sort facilement et même avec les félicitations de ses juges. En effet, sa secrétaire était une résistante qui aida les clandestins et prisonniers avec l'aide passive de la chanteuse.

    Lys Gauty. À la Libération on lui reproche ses interventions sur Radio Paris et une tournée avec Fréhel et Raymond Souplex organisée par l'association Kraft durch Freude (la Force par la Joie) en Allemagne pendant laquelle elle chante devant les ouvriers du S.T.O et les prisonniers des Stalags en 1942. Elle ne reviendra jamais sur le devant de la scène. Son plus grand succès restera la valse "Le chaland qui passe" (1933), version française de la chanson italienne Parlami d'amore Mariu, chantée par Vittorio de Sica. 

    - Léo Marjane. Née en 1912, elle vient d'avoir 101 ans le 27 aout 2013. À la Libération, elle fut poursuivie par les Comités d’épuration pour avoir chanté dans des établissements fréquentés par des officiers allemands « Je ne pouvais pas empêcher les Allemands d’entrer..." Elle est arrêtée et jugée, puis finalement acquittée, mais pour elle le mal est fait et son image s'en ressentira durablement. Son premier grand succès "La Chapelle au clair de lune" - traduit de l'anglais - l'avait propulsée en 1937 au devant de la scène. En 1942, elle remporte un immense succès avec la chanson "Seule ce soir", dans laquelle se reconnaissent les centaines de milliers de femmes françaises dont le mari est prisonnier de guerre en Allemagne ("Je suis seule ce soir / Avec mes rêves / Je suis seule ce soir/ Sans ton amour"). Cette chanson la rend célèbre. Elle sera reprise par Chevalier ainsi que par Jacques Pills.

    - Danielle Darrieux est contrainte de se produire en Allemagne pour faire libérer son mari. Puis le couple s'efface par prudence.

    - Tino Rossi grossit. Tino Rossi gagne des cachets astronomiques. Ou plutôt gastronomiques devrait-on dire car il grossit alors que tout le monde vit de privations. Il profère des propos inquiétants mais qui semblent plus liés à un délire passager (grisé par son succès ou grisé tout court ?) que par une adhésion aux thèses de Vichy.

    D'autres chansons et interprètes inoubliables de ces années-là

    La chanson française n'a pas connu d'exode.

    Elle est restée. Apolitique, elle se fait pourtant l'écho des préoccupations du moment  : "Elle a un stock" (Georgius), "Les jours sans" (Fernandel), "la symphonie de semelles en bois" (Chevalier), "la marché rose" (Jacques Pills), par exemple, en témoignent. Les Allemands financent les spectacles de divertissement pour assurer le "gai Paris". Paris est devenue la principale vedette Paris et Francis Lemarque en fait son sujet de prédilection. Le public se presse pour aller aux spectacles, à la fois pour oublier les soucis mais aussi parce que les chanteurs de rue ont disparu (interdiction des attroupements sur la voie publique). C'est un Français, Pierre Laval, qui va censurer les ondes à partir de 1942.

    - Lucienne Delyle : "Mon amant de Saint-Jean" C'est une chanson qu tout le monde connaît, sans savoir pour autant que Lucienne Delyle en est la créatrice sur la scène. Et pendant qu'Arletty aurait pu chanter "mon amant allemand", Lucienne Delyle chante "mon amant de Saint-Jean". C'est tout de même mieux...Cette chanson sera le grand succès de 1942. "Mon amant de Saint-Jean", une chanson tellement symbolique de son époque que Truffaut en fera la bande-son du Dernier métro. Sa carrière décline à la fin des années 1950, en raison d'une leucémie qui finira par l'emporter.. A écouter aussi : "Nuages", 1942 sur la musique de Django.

    - Lina Margy : "Ah ! le petit vin blanc". Son nom est associé à la chanson qu’elle crée en 1943 : "Ah ! le petit vin blanc", paroles de Jean Dréjac et musique de Charles Borel-Clerc. On lui doit aussi d’avoir popularisé "Voulez-vous danser grand-mère ?" (reprise ensuite par Chantal Goya), paroles de Jean Lenoir sur une musique de Raymond Baltel et Alex Padou.

    - Mâchez danois avec Ulmer ! Sa chanson "J'ai changé ma voiture contre une jeep "devient la chanson fétiche de la 2ème DB de Leclerc. Il écrit aussi "Pigalle" qui devient un succès. "Un monsieur attendait" est typique de son humour. L'accent danois de George Ulmer passe bien en période d'américanophilie. Son ami Pierre Dudan perce également avec Clopin-clopant","Le café au lait au lit", "la tête à l'ombre et les pieds au grand soleil".

    - L’américanisme est mal toléré mais Yves Montand aime l'Amérique et il chante grimé en cow boy.En octobre 1944, Edith Piaf lui a donné sa chance et il passe justement en..."vedette américaine" ! 

    Raymond Legrand fait office de remplaçant de Ray Ventura parti s'aérer en Amérique du Sud en attendant que la guerre passe. Il fait de la musique brillante et joyeuse.

    - Un chant circule dans l'ombre : le Chant de la libération dont le titre sera très tôt changé en "Chant des partisans". Une chanson écrite par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon sur une mélodie d'Anne Marly qui devait au départ servir d'indicatif à Radio Londres.Germaine Sablon (soeur aînée de Jean Sablon et résistante) la crée.

    Juliette Greco est plus litéraire. Elle a comme premier paroliers Queneau (Si tu t'imagines"), Sartre (Rue des blancs-manteaux), Mauriac...

    Georges Guétary

    Cet athlète égyptien venu en France étudier la comptabilité et la gestion, sera vite célèbre grâce au compositeur Francis Lopez qui lui écrira, entre autres, "Robin des bois", "Caballero", "Chic à Chiquito". Spécialisé dans l'opérette et le film musical comme "La Route fleurie", Guétary joue aux côtés de Gene Kelly dans "Un Américain à Paris" de Vicente Minelli. Il est aussi célèbre pour son tube "Le pt'it bal du samedi soir".

    Radio-Paris ment, Radio-Londres parodie La propagande joue à plein. Radio-Paris est la radio du Maréchal. Y viennent chanter Chevalier et Fernandel. A Radio-Londres, Pierre Dac parodient des chansons pour s'en prendre à des vedettes, ainsi "tout ça fait d'excellents Français" est détournée par ses soins.

    Marie-José connut un certain succès pendant et après la Seconde Guerre mondiale. "Le bar de l'escadrille" fut gravé en 1942.

    Plutôt que coller des liens partout, j'ai confectionné cette playliste de plus de 70 vidéos musicales sur YouTube :

    PLAYLISTE DES CHANSONS DES ANNEES 1940 - 1944


     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

    Témoignage présenté dans ce livre

     

    Rapport officiel établi par la Communauté des Sœurs du Bon-Sauveur, remis aux auteurs par la Mère Supérieure :

    Le 6 juin :

    « Les malades étaient restées depuis le matin dans les caves mais quelques-unes d'entre elles s'y étant excitées, les sœurs avaient jugé bon de leur donner à toutes un moment de répit après le repas ; c'était, hélas ! pour recevoir dies bombes. »

    Pendant ce temps, voici ce qui se passe au Triage (Note de MLQ: le Grand Pavillon):

    « Les pauvres blessés, encore sous le coup d'une première et violente émotion, sont pris de panique, s'affolent et s'enfuient le pavillon est si près du lieu de chute des huit bombes, que le choc formidable en fait trembler tout le bâtiment, si solide pourtant.

     

    Cette fois ils croient leur dernière heure arrivée, on ne parvient pas à les retenir et c'est une ruée lamentable vers la cave. En même temps arrivent les femmes de la Maternité (service infantile au premier de Notre-Dame), ceci met une note encore plus triste au tableau les malheureuses paraissent encore plus affolées que les blessés, échevelées, en chemise et pieds nus, serrant leur enfant dans leurs bras ou se soutenant les unes les autres, poussent des cris terrifiants.

     

    On est prêt, devant ce triste spectacle, à fondre en larmes, mais ne faut-il pas plus que jamais conserver son énergie et son courage ? Et voilà que dans cette mêlée, au milieu des cris et des pleurs, s'élève une prière ardente et combien suppliante.

     

    C'est bien le cri d'angoisse vers Dieu, le seul qui puisse nous sauver. Enfin, au bout d'un moment qui a semblé interminable, le danger s'étant éloigné de nous, on parvient à apaiser un peu ces pauvres gens.

    Il s'agit maintenant de rétablir l'ordre. Les docteurs usant de leur autorité font remonter les blessés la Maternité reste définitivement à la cave nos pensionnaires accourues en sortant de sous les décombres, s'y installent, décidées d'y rester désormais tout le temps qu'il faudra d'autres personnes, en grand nombre, viennent également s'y réfugier si bien qu'elle est très vite envahie cette mémorable cave du pavillon, où nous verrons se passer tant de choses.

     

    Le soir on se demande où coucher :

    faut-il même se coucher ?

    Personne du moins n'envisage d'aller au lit.

     

    On se disperse un peu partout dans les lieux que l'on croit les plus surs. La Communauté s'installe au bas de l'escalier rouge, à proximité de la cave ; un groupe de jeunes professes et les 40 petits sourds-parlants adoptent une étable de Saint-Augustin ;

     

    les hommes aliénés vont tirer profit de la tranchée-abri faite par eux à Saint-Jean-Baptiste ; beaucoup de gens sont, depuis l'après-midi installés dans nos prairies, dans ce nombre on compte pas mal de malades tuberculeux, tandis que d'autres se sont réfugiés ou dans les caves ou sous les cyprès de la cour d'honneur, etc...

     

    Enfin, chacun choisit l'endroit qu'il juge le plus convenable pour lui servir d'abri. C'est déjà un semblant de sécurité.

    Les réfugiés sont si nombreux que nous ne savons plus où les loger. Et pourtant, il nous est difficile de refuser l'hospitalité aux amis de la maison qui se présentent.

     

    Nous acceptons toujours, ils se font tellement suppliants, demandant seulement un tout petit coin.

     

    En effet, tous les petits coins sont utilisés, on s'installe partout : ne trouve-t-on pas des matelas jusque sous les cloîtres intérieurs et extérieurs,

     

    puisque tous les bâtiments sont pris, même la construction inachevée de Saint-Joseph.

    La cour d'honneur subit, elle aussi, une drôle de transformation : on couche sur les pelouses, on y mange, on y étend le linge, le bassin sert de cabinet de toilette, de lavoir; les pauvres poissons rouges sont sûrement au comble de l'étonnement. »

    Le 8, à la faveur d'une accalmie, les petits sourds sont évacués à Venoix où le Bon-Sauveur possède une propriété.

     

    Les réfugiés profitent, de ce répit pour aller reconnaître la ville.

    « Tous partent avec l'espoir plus ou moins vague de rapporter tant soi peu de leur bien.

     

    Quelquefois, ce sera un rien, mais ce rien, mais ce rien sera précieux parce qu'il est l'unique rescapé, le seul vestige de toute une vie de souvenirs.

     

    Beaucoup de sinistrés le sont, hélas ! totalement, les flammes ayan chez eux tout consumé ; pour ceux-là, le sacrifice est bien grand et ce n'est qu'après plusieurs visites à leurs ruines calcinées, qu'ils se résignent à dire :« Je n'ai plus rien ». Les privilégiés (si ce n'est pas trop dire), qui parviendront à récupérer une partie plus ou moins importante de leurs affaires, reviendront poussant ou tirant le moyen de transport qu'ils auront eu la bonne fortune de trouver : brouette, voiture d'enfant, poussette, remorque, etc...

    contenant leur précieuse trouvaille.

     

    Malgré le danger des jours précédents, le pillage a malheureusement sévi et combien de sinistrés eussent sans cela été moins dépourvus. Fallait-il que ce déplorable et odieux pillage vienne encore s'ajouter à tant de maux ?

    Que dire du travail imposé à nos cuisinières en raison d'une telle affluence de monde ?

    C'est bien le moment d'affirmer que la tâche est lourde et la besogne compliquée par suite de la déficience du ravitaillement, de la pénurie de charbon et du manque d'eau.

     

    Nous devons pourtant à la bonne volonté de quatre ouvriers d'avoir la quantité d'eau suffisante pour la cuisine et la buanderie ; quand on pense qu'il en faut pour ces emplois, pour le moins 50.000 litres par jour, on peut se représenter l'effort qu'ils ont à fournir ; aussi les voit-on pomper de 6 heures du matin à 10 heures du soir.

    Note de MLQ, grâce à ce livre  des informations sur le pompage de l'eau dans l'Odon " Mais à côté du bâtiment de la buanderie, coule la paisible rivière, l'Odon, dont on tire l'eau au moyen d'une grosse pompe à bras.

     

    Cette pompe est équipée d'un énorme piston actionné par le mouvement de haut en bas de deux barres de bois, à la force des biceps de deux équipes de quatre à six hommes, qui rivalisent d'ardeur, face à face. Comme la tâche est pénible, il faut s'arrêter de temps en temps pour souffler. "

    Plan du Bon Sauveur: la pompe, l'Odon. Source du plan.

    En parlant de la cuisine, il ne faut pas moins parler du service dans les salles à manger et les réfectoires ; toutes et tous sont mis à contribution et encore ne suffisent pas.

     

    Il a fallu transformer la lingerie de la Communauté en réfectoire, une partie de la grande cuisine également.

     

    Partout, les services se succèdent durant trois heures pour chaque repas ; c'est dire que les Sœurs et les employées qui s'y dévouent n'ont pas un moment de répit, surtout à la salle à manger des docteurs et leurs familles où l'on sert près de 100 personnes, alors qu'il y a habituellement place pour une dizaine.

    Le personnel de la buanderie est de son côté on ne peut plus occupé : alors que le linge à laver est en grande abondance les services des blessés l'exigeant, les commodités sont plus rares : peu d'eau, pas d'électricité, un personnel bénévole.

     

    De plus, la buanderie n'offrant aucune garantie de sécurité, il faut à nos Sœurs et à leurs aides beaucoup de courage et de renoncement pour y rester pendant les bombardements et il leur en faut également pour affronter le danger durant les allées et venues, la Communauté se trouvant éloignée de l'emploi.

    Les Sœurs se dévouant aux blessés ont, elles aussi, une lourde tâche, bien que le personnel infirmier soit nombreux.

     

    Ces pauvres souffrants demandent tant de soins, la plupart étant très atteints. On ne peut passer dans.les grandes salles, comme celles du Sacré-Cœur et de Sainte-Camille, sans être saisis de tristesse à la vue de certaines blessures affreuses. Pauvres gens ! Et combien, après cela, verrons-nous de mutilés dans noire région ?

     

    Non seulement, comme après les autres guerres, des adultes hommes, mais encore des femmes et des enfants. C'est navrant. »

    Le 26 juin 

    « L'incendie se propage vite, bien que les secours aient été immédiats, on va jusqu'à craindre une explosion ; en conséquence, les blessés sont descendus soit dans la cave, soit sous le hall du pavillon.

    On envisage, si le danger se fait plus menaçant, de les transporter ailleurs.

     

    Ce n'est pas à souhaiter car on ne suffira pas à la tâche : la descente des étages a déjà été laborieuse, compte tenu de la panique régnant chez ces pauvres souffrants, du nombre considérable à brancarder et de l'aide qu'il faut apporter à la chaîne, ce qui prend nécessairement sur le nombre des brancardiers.

     

    La chaîne se fait dans les meilleures conditions : il y a beaucoup de bonnes volontés (n'y voit-on pas jusqu'à des religieuses), tous les seaux, brocs, pots, bains de pied, etc..., de la maison sont utilisés, toutes les pompes-fontaines en mouvement.

     

    Cela donne espoir, on prie d'ailleurs, à la cave du pavillon surtout, pour que le Bon Dieu vienne encore à notre secours.

    On fait de son mieux pour rassurer les blessés, plus particulièrement les pauvres impuissants, étendus sur les brancards ; ceux-là sont si malheureux de penser qu'ils ne pourront pas faire le moindre effort pour se sauver ; ils sont d'autant plus difficiles à apaiser.

    Sous le hall du pavillon, c'est une lamentable cohue.

     

    Une partie de la chaîne se fait là, alors que c'est archicomble de blessés

     

    Le 9 juillet 

    « Les Canadiens se font ouvrir les portes des maisons pour s'assurer que des Allemands ne s'y cachent pas.

     

    La nôtre ne s'ouvrant pas assez vite à leur gré, ils usent de leur fusil mitrailleur et tirent en plein dans la cour d'entrée : les éclats viennent jusqu'à la chapelle Saint-Michel et blessent

    légèrement deux hommes de la D. P.

     

    La porte leur est alors aussitôt ouverte ; ils s'étonnent de voir des Sœurs et, se reconnaissant dans un couvent, s'excusent de leur regrettable geste ; c'est qu'ils croyaient disent-ils, qu'on cachait des Allemands. »

     

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/temoignage-communaute-bs.htm

     

     

     

    Le 19 août, le Maire (Note de MLQ: Joseph Poirier adresse à la Mère Supérieure une lettre dont nous détachons ce passage :

    « Dans les jours cruels que la Ville de Caen vient de vivre, sa population a trouvé près de vous un large accueil et des secours pour lesquels il conviendra que la gratitude publique vous soit manifestée.

    D'ores et déjà, je tiens à vous exprimer toute la gratitude de la Municipalité qui a été de très près témoin de l’œuvre accomplie par votre Communauté, tant au service des blessés qu'au service des sinistrés et des réfugiés...,

    bien que la catastrophe ait dépassé toutes les prévisions que nous avions pu établir, c'est en grande partie grâce à votre hospitalité généreuse et à l'organisation modèle du Bon-Sauveur, qu'il a pu être fait face aux besoins exceptionnels de la population.

    Je suis heureux de vous en féliciter et de vous en remercier personnellement comme au nom de mes collègues demeurés à leur poste.... »

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Le Système Octogon

     


    Le Système OCTOGON (1/2). Où est passé l'Or du... par Agent__001

    Le documentaire ultrasensible censuré par Arte sur ce qu'est devenu l'or du IIIe Reich. Une enquête sur la disparition de ce trésor et sa réapparition dans les caisses du parti de la CDU, dans des financements occultes divers, entre les mains de l'Etat américain et du secteur bancaire israélien.  

    Comment, après la Seconde Guerre mondiale, le parti du chancelier Adenauer fut financé par un vaste réseau occulte réunissant agents de la CIA et anciens nazis.

    En 1944, prévoyant la défaite de l’Allemagne, deux marchants d’armes et affairistes nazis cachent de fortes sommes d’argent en Suisse pour le compte des services secrets de la SS.

     

    Après la guerre, les deux aventuriers rapatrient le trésor caché

    pour financer la toute jeune CDU. 

    Anciens nazis et agents américains créent alors un réseau de corruption et de financement politique occulte, Octogon, qui exploite les ventes d’armes à l’armée allemande pour détourner de fortes commissions vers les caisses noires de la CDU et financer les campagnes de Konrad Adenauer.

     

     


    Le Système OCTOGON (2/2). Où est passé l'Or du... par Agent__001 

    L’affaire devient publique en 1956, et provoque la constitution d’une commission d’enquête parlementaire.

     

    Mais ce n’est pas l’heure de la vérité.

     

    Après plusieurs suicides et disparitions suspectes de témoins, l’enquête se termine dans la confusion. Les affaires peuvent donc continuer…

    ................Jusqu’à la démission d’Helmut Kohl.

     

    (Documentaire controversé diffusé sur Arte le 1er juin 2011

    – Réalisation Jean-Michel Meurice d’après

    une enquête de Frank Garbely et Fabrizio Calvi)

     

    http://fortune.fdesouche.com/tag/or-nazi

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious

    votre commentaire
  •  Afficher l'image d'origine

    La plupart des maquisards agissent depuis les régions montagneuses de Bretagne,
    du Massif central, des Alpes et du Sud de la France.
    Ils font naturellement partie de la Résistance, encadrés, organisés au sein des Forces françaises de l'intérieur
    (FFI, liées au Gouvernement provisoire de la République française d'Alger) ou des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF,communistes), armés par des parachutages alliés.
    Le premier maquis en France est installé dans le massif du Vercors en décembre 1942.
    Par sa proximité avec plusieurs grands massifs montagneux, la ville de Grenoble devient sur les ondes de la BBC la capitale des maquis.
    Dès 1943, les Britanniques envoient des hommes et des munitions dans les maquis par l'intermédiaire du Special Operations Executive (SOE) créé en 1940 par Winston Churchill.
    Les Américains, grâce à l'Office of Strategic Services (OSS), enverront eux aussi leurs agents en France, en collaboration avec le SOE.
    À l'approche du débarquement de Normandie le 6 juin 1944, et surtout après celui de Provence le 15 août, les maquis, dont les effectifs augmentent grandement pour l'occasion, lancent des opérations de guérilla pour ralentir les mouvements de l'armée allemande.
    Durant le Débarquement de Normandie, le maquis et d'autres groupes de résistants jouent un rôle non négligeable, en retardant l'arrivée des renforts allemands.
    Au fur et à mesure de la progression alliée, les groupes de maquisards combattent très violemment les troupes allemandes.
    Afficher l'image d'origine
    Par exemple, le groupe de 7 000 maquisards de Nancy Wake affronte 22 000 Allemands le 20 juin 1944.
    Certaines cellules ne font pas de prisonniers, et bien souvent les Allemands préfèrent être capturés par les Alliés que par le maquis.
    De l'autre côté, les maquisards capturés sont fusillés ou torturés et déportés en camps de concentration, dont très peu reviendront.
    Organisation :
    Les cellules maquisardes prennent le nom de l'endroit depuis lequel elles opèrent (par exemple le Maquis du Vercors), d’un évènement historique (par exemple Valmy ou Bir-Hakeim, avec différentes orthographes) ou d’un personnage historique
    (Saint-Just ou Charles Martel).
    Afficher l'image d'origine
     
    La taille de ces cellules peut aller d'une dizaine d'hommes et de femmes à plusieurs milliers.
    Certaines cellules dans le Sud-ouest de la France sont composés exclusivement de républicains espagnols,
     
    Afficher l'image d'origine

    CARTE PHOTO GROUPE MAQUIS MAQUISARD FTP RESISTANCE FFI CORREZE 1943

    La Lozère accueille même un maquis allemand, dirigé par le communiste

    Otto Kühne.

    vétérans de la Guerre d'Espagne.
    Les maquisards se distinguent par le port du béret basque, suffisamment répandu pour ne pas éveiller les soupçons mais assez explicite.
     
     
    Les combats des maquis ne sont qu'une des formes de la Résistance.
    Les maquis sont dissous par De Gaulle à la Libération :
    les FFI sont alors amalgamés à l’armée française.
    Quelques maquis
    WIKIPEDIA
    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire

  • Afficher l'image d'origine

    Noor Inayat KHAN, une princesse indienne

    espionne morte pour la France

     

    Elle était une pacifiste qui combattit pour la Grande-Bretagne et mourut entre les mains de la Gestapo.

     

    Mais qui donc était cette femme exceptionnelle ?

     

    C’est l’histoire d’une jeune princesse indienne et musulmane qui rejoignit la Résistance pendant la seconde Guerre Mondiale.

     

    Critique féroce de l’impérialisme britannique, elle travaille pourtant avec passion et audace à nuire et à perturber les forces de l’ordre.

    Une fois capturée, elle se montra impénitente et incontrôlable.

     

    Afficher l'image d'origine

    Elle mourut dans des conditions atroces en captivité.

    Pendant plus d’un demi-siècle, des mythes, des idées fausses et absolument imaginaires ont obscurci la mémoire de Noor Inayat Khan.

     

    Par cet, article, modestement, je voudrais lui rendre justice.

     


    Sa famille et son enfance

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Noor Inayat Khan était l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Tipu Sultan, le célèbre prince musulman régnant de Mysore, dont les prouesses militaires tant vantées retardèrent l’avancée des forces de la Compagnie des Indes orientales à la fin du XVIIIème siècle.
     
    Même après la conquête, les Britanniques en Inde tinrent la famille en extrême suspicion.
     
    Mais le père de Noor, Hazrat, tourna le dos à cette tradition rebelle et guerrière en devenant un maître soufi et en fondant un ordre pour diffuser –par la musique - sa foi pacifique, tolérante et non-dogmatique.
     
    Chanteur et instrumentaliste doué d’une famille de virtuoses, il rencontra son épouse américaine lors d’une tournée en Californie.
     
    Au moment de la naissance de Noor, en janvier 1914, les Inayat Khan vivaient et se produisaient à Moscou, et sa mère, avait changé son nom
    - Ora Ray Baker – en celui d’Amina Begum, adoptant le sari et le voile. 
     
     
     



    Après une enfance dans les squares froids de Bloomsbury en temps de guerre, Noor grandit dans la banlieue parisienne, à “Fazal Manzil”, une maison très chère à Suresnes, devant laquelle une fanfare militaire joue encore en son honneur chaque 14 Juillet.
     
     
     
    Afficher l'image d'origineEn tant qu'aînée de quatre enfants, considérée par tout le monde comme gentille, distraite et artiste de tempérament, elle eut soudain à prendre en charge la famille lorsque
    son père mourut lors d’une visite en Inde en 1927, laissant sa mère paralysée par la douleur.
     
     
     
    Pour la première, mais non la dernière fois, une crise tranforma Noor la rêveuse en Noor la leader.
     
     

    Le début de son engagement

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Dans les années 30, Noor étudia la musique (particulièrement la harpe) au Conservatoire de Paris, et la psychologie infantile à la Sorbonne.
     
    Elle devint aussi un écrivain de talent et auteur d’histoires radiophoniques pour enfants.
     
    On peut trouver sur amazon.com ses Twenty Jataka Tales (1939) (Vingt contes jataka): des charmantes fables bouddhistes, dans lesquelles, étrangement, des animaux surmontent leur fragilité pour réaliser des exploits de bravoure et de sacrifice.
     
    À cette époque, elle se lia à un pianiste d’origine juive Plus tard, il y eut les rumeurs d’une liaison , durant la guerre, avec un camarade, officier britannique, mais on n'en sait très peu sur sa vie amoureuse, qui reste encore, actuellement très mystérieuse. 

    Après l’invasion de la France par l’Allemagne en 1940, Noor, la pacifiste musulmane soufie – qui croyait passionnément au droit à l’indépendance de l’Inde du joug colonial -, fit le choix moral qui décida du cours de sa vie, et de sa mort.
     
     
    Afficher l'image d'origine 
     
    Elle et son frère Vilayat décidèrent que face à l’agression nazie, la non-violence ne suffisait plus. Ensemble, ils firent le vœu de travailler – comme Vilayat le rapporte lors d'une entrevue en 2003 - “pour contrer l’agression du tyran ”.
     
     

    Son combat

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Survivant au chaos de l’exode de masse de Paris vers Bordeaux, ils firent une dramatique évasion par voie maritime vers l’Angleterre.
     
    Là, Noor s’engagea comme volontaire dans la WAAF (Women’s Auxiliary Air Force-Auxiliaires féminines de l’aviation) et commença un long chemin de formation à la signalisation et à la TSF qui devait la conduire, elle - une femme élevée en France, parfaitement bilingue, et avec des compétences radio poussées – à être recrutée comme agent secret novembre 1942, à la SOE, Special Operation
     
    Executive, service de sabotage et de renseignement créé en 1940 par Churchill pour infiltrer la France occupée. 
     
    Afficher l'image d'origine 

    Officier navigant temporaire, elle navigue sous différents noms : Madeleine, Rolande, Marie-Jeanne, Norah Becker. 

    Après une formation intensive comme opérateur radio, elle fut la première femme dans cette fonction à être infiltrée en France occupée, le 16 juin 1943.
     
    Elle atterrit à bord d'un monoplan ultraléger, avec avec comme converture un emploi de bonne d'enfants.
     
    Elle a aussi un équipement qui comprend des tickets d'alimentation, un pistolet automatique, des stimulants pour se tenir éveillée, des somnifères pour endormir quelqu'un à son insu, des simulateurs de nausées et du cyanure. 

    Peu après son arrivée, les Allemands procédèrent à des arrestations massives de résistants.
     
    On proposa à Noor de rentrer en Angleterre, mais elle préféra continuer son travail pour ne pas laisser ses camarades français sans communications.
     
    Afficher l'image d'origine 
     
     
    Elle transmet un grand nombre de messages vers l'Angleterre, dont celui du remplacement de Jean Moulin par Georges Bidault à la tête du CNR.
     
    Après trois mois et demi, le 13 octobre 1943, elle est arrêtée rue de la Faisanderie, à Paris, trahie par la sœur du chef du sous-réseau Cinéma. 

    Elle refusa de donner à la Gestapo la moindre information. 

    Noor fut envoyée en novembre 1942 à la prison de Pforzheim où, attachée par trois chaînes, à l’isolement total, elle endura pendant dix mois des sévices médiévaux.
     
    Elle était classée comme détenue Nacht und Nebel (“Nuit et brouillard”), destinée à l’oubli et à la mort.
     
    Enchaînée, affamée, battue, elle ne parla jamais. Puis en septembre 1944, ce fut le transfert à Dachau, avec trois femmes détenues, et la fin de ses souffrances.
     
    Le 12 septembre 1944 elle y fut exécutée avec trois autres agents féminins de la SOE (Yolande Beekman, Eliane Plewman et Madeleine Damerment) le jour suivant.
     
     

    Et elle entra dans l'Histoire ?

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Le fait de connaître toute la vérité –ou presque toute la vérité – sur Noor ne la rend pas moins paradoxale. Basu, qui fait voler en éclats tant de mythes sur cette “femme musulmane d’origine indienne qui a fait le sacrifice suprême pour la Gande-Bretagne”,
     
    souligne aussi qu’elle était une ardente partisane de la liberté indienne. Noor choqua – et sans doute impressionna plutôt – le panel qui l’interviewa lorsqu’elle posa sa candidature à la WAAF en 1942, en déclarant qu’après la guerre, elle pourrait se sentir obligée de combattre les Britanniques en Inde.
     
    Cela fait d’elle – bien qu’officier britannique et titulaire de la Croix de Saint-Georges – une bien curieuse héroïne nationale Britannique.
     
    Et pour ce qui est de son identité musulmane, le type de soufisme oecuménique à la Inayat Khan serait considéré comme une hérésie ou même pire aux yeux des tenants d’une ligne dure qui sont censés parler au nom de l’Islam en et à l’Occident. 

    En 1949, Noor reçut la George Cross à titre posthume pour son courage, ainsi que la MBE et la Croix de Guerre. Outre Noor, la George Cross ne fut décernée durant la deuxième guerre mondiale qu'à deux autres femmes, Odette Hallowes et Violette Szabo. 

    La clé de sa carrière est peut-être que cet enfant d’un foyer libéral et cultivé a choisi son destin librement.
     
    Elle a choisi de combattre le nazisme ; elle a choisi de le faire aux côtés des Britanniques; elle a choisi les risques de l’espionnage; et elle a choisi de rester à Paris quand le SOE lui avait ordonné de rentrer. Lors d’une cérémonie du souvenir à Paris, la nièce du Général de Gaulle résuma ainsi son parcours sans faute : « Rien, ni sa nationalité ni les traditions de sa famille, rien de cela ne l’obligeait à prendre son poste dans la guerre. Pourtant, elle l’a choisi.
     
    C’est notre combat qu’elle a choisi, qu’elle a mené avec courage admirable et invincible. »
     
    Quand elle est morte, avec le mot « liberté » aux lèvres, c’était de la sienne qu’elle parlait.
     
    Et aussi de la nôtre.
     
     

    Une héroïne digne de roman

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Le charisme de cette princesse-martyr, à l'incroyable destin a inspiré des oeuvres littéraires qui ont en quelque sorte corrompu la vérité des faits. Ainsi ces dernières années, deux romans pittoresques ont enjolivé son histoire au gré des intérêts et des penchants de leurs auteurs :
     
    il y a la version fanchement romancée de Laurent Joffrin "La princesse oubliée" et le livre plus engagé politiquement de Shauna Singh Baldwin "The Tiger Claw" (La griffe du tigre). 

    Plus insolite, il est à noter, qu'un chanteur-compositeur de word music fusion, Geoffrey Ames a dédié son 6ème CD, intitulé Noor à la princesse espionne.
     
     
    Afficher l'image d'origine 
     
     

    Elle est aussi le sujet de différentes biographies


    Déjà dans les les années 50-60, une oeuvre littéraire avait évoqué la vie de cette héroïne. Il s'agit de "Madeleine" de Jean Overton Fuller.
     
    Cette dernière, est un écrivain britannique, amie personnelle de la famille Inayat Khan. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est employée au Bureau de la censure postale à Londres.
     
    À la fin des hostilités, elle voyage beaucoup à travers l'Europe pour interviewer différentes personnes en relation avec la vie tragique de Noor. Le livre qui en résulte, Madeleine, est publié en 1952.[1]. 

    Cependant, la découverte récente de fichiers personnels ont permis de faire émerger à la lumière historique les faits et gestes toujours opaques du SOE et des agents de sa « Section F » (pour laquelle travaillait Noor), qui espionnaient (et mouraient) en France. 

    Du matériel frais a fait surface lorsqu'en 2005, Sarah Helm, dans" A Life in Secrets", a retracé la biographie de Vera Atkins, l’officier d’État-major du SOE qui, rongée par le remords pour le sort si atroce de tant de ses “filles” de la Section F, a mené une enquête secrète, après-guerre, sur les conditions dans lesquelles elles avaient été trahies et capturées.
     
    Un an après, Shrabani Basu – historienne et journaliste d'origine Indienne basée à Londres, où elle est correspondante d’un groupe de presse indien – a reconstitué l’histoire de Noor de la manière la plus complète et fiable à ce jour, dans une nouvelle biographie intitulée "
    Spy Princess: the life of Noor Inayat Khan".
     
     
     
     

     

    Samedi 31 Mai 2008

     

    Fabienne-Shanti DESJARDINS
     
     
     
    <iframe width="420" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/lROEYvU1WhE" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>
     
     
     
     http://www.couleur-indienne.net/Noor-Inayat-KHAN-une-princesse-indienne-espionne-morte-pour-la-France_a256.html
     
     
     
    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

    Je sais, celà ne va pas faire plaisir à certains,

    mais l'HISTOIRE est là....

    Un épisode parmi tant d'autres,

    HISTOIRE de la POLICE FRANCAISE

    sous PETAIN 

     

    Pris au piège de leurs intérêts corporatifs et d'une culture professionnelle principalement fondée sur l'obéissance, les policiers

    sont amenés à jouer un rôle qu'il convient d'éclairer à

    l'aide des témoignages de certains d'entre eux et

    de leurs victimes ou adversaires. 
     

     

    A travers les propos des uns et des autres, un monde complexe se dessine,

    différent des stéréotypes qui ont habituellement cours dans ce domaine. 
    Ce document aborde successivement la persécution des communistes,

    le soutien à la politique antisémite prônée par les Allemands,

    les actes de résistance de policiers courageux, et enfin,

    l'épuration qu'eut à subir à la Libération une institution républicaine

    complice d'atrocités. 

     

    Afficher l'image d'origine 

    «LAURETTE 1942», UN FILM RÉSISTANT - photo 

     

     

    Je lis un livre  HISTOIRE VRAIE

    sur les arrestations par la police française vichyste,

    des jeunes résistants, et une jeune fille surtout, âgée de 17 ans,

     

    MADELEINE,

    qui a subi des interrogatoires - musclés - par les fonctionnaires

    de police et les shleuh... qui prenaient le relais...)

    Pauvre petite !

     

    Arrêtée dans la rue, la veille de NOEL 1942, dans la rue, en fin d'après-midi....

    direct par la POLICE FRANCAISE, à CAEN..

    tribunal , geoles, transferts...

    gardiennes de prison allemandes, et françaises...

    elle a été "sauvée " par la GRACE !!

     

    trop jeune pour partir dans un camp de déportation,

     

     

    ( la SEULE de tout son RESEAU, a été libérée après quelques mois,

    TOUS SES COMPAGNONS ont été FUSILLES au MONT VALERIEN )

     

    .. devant le JUGE... son avocat «  ALLEMAND « !!

    nommé d'office, l'a faite libérer....!!

     

    et surtout qu'il n'y avait PAS DE PREUVE... elle n'a jamais parlé !!! "

     

    vingt mois de prison... après train, camions,

    transfert dans une prison au milieu de la France !!

     

    Je cite :

     

    " Pris au piège de leurs intérêts corporatifs et d'une culture professionnelle principalement fondée sur l'obéissance, les policiers sont amenés à jouer un rôle qu'il convient d'éclairer à l'aide des témoignages de certains d'entre eux et de leurs victimes ou adversaires.

     

    A travers les propos des uns et des autres, un monde complexe se dessine, différent des stéréotypes qui ont habituellement cours dans ce domaine.

     

    Ce document aborde successivement la persécution des communistes, le soutien à la politique antisémite prônée par les Allemands, les actes de résistance de policiers courageux, et enfin, l'épuration qu'eut à subir à la Libération une institution républicaine complice d'atrocités."

     

     

    Sources

    D.R.

    article écrit le 22 septembre 2015

     

     

     

    http://www.dailymotion.com/video/x185txj_2e-guerre-mondiale-

    policiers-sous-l-occupation_webcam

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

    14 JUIN 1940, l'ARMEE ALLEMANDE OCCUPE PARIS ! 

    Soldats allemands attablés à une terrasse de café à Paris en juin 1940.

    Article paru dans Le Figaro du 2 juillet 1940

    Quelqu'un venant de Paris m'a dit…

    La capitale reste digne et calme sous l'occupation

     

    Quittant Bordeaux, nous venions de sortir de la zone occupée.

    Nous ne croiserions plus sur les routes de colonnes allemandes et, aux carrefours, nous ne verrions plus de soldats feldgrau réglementer la circulation en agitant des petits disques rouges et blancs montés sur une tige comme des écrans japonais.

    Ouf! c'est fini. Nous poussions un profond soupir de soulagement. Le passager que nous avions dans notre voiture hocha la tête.

    -Je sais à quoi vous pensez nous dit-il, vous les avez vu à Bordeaux. Mais moi c'est pire, je les ai vus à Paris.

    Afficher l'image d'origine

     

    Une partie des troupes allemandes d'occupation stationnant près de l'Arc de Triomphe, le 14 juin 1940.© Ria Novosti




    Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population.

     

    La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France.

    Dès leur arrivée, les Allemands marquent de leur empreinte une ville déclarée ouverte. Pour faciliter la circulation des militaires allemands dans la ville occupée, des milliers de panneaux indicateurs furent installés un peu partout aux carrefours.

     

    Dans la vidéo suivante (muette), la succession d'images hétéroclites, filmées par les services cinématographiques de l'armée allemande, illustre les débuts de

    l'occupation allemande dans la capitale.
     
    Scènes de vie au premier jour de l’occupation (film muet)…

     

     
    Reportage Actualités françaises. Photo AFP / Berliner Verlag / Archiv / DPA-Zentralbild / DPA.

     

    -A Paris ?

     

    Oui, monsieur, à Paris.

    J'en arrive. Comment?

    Pourquoi? c'est une autre histoire.

    Afficher l'image d'origine 

    J'étais en mission, et je les ai vus à Paris, oui monsieur, sur nos boulevards, dans nos cafés.

    Cela me paraissait inconcevable.

     

    Je voyais, j'écoutais un homme qui avait vu ce spectacle incroyable.

    -Alors, dites, comment est-ce Paris occupé par les Allemands?

     

    -Vide, triste, silencieux.

    Très peu de circulation dans les rues, mais le métro fonctionne.

    C'est à peu près le seul moyen de locomotion.

     

    Les seules voitures qui circulent sont les autos militaires ou officielles. Mais Paris n'est pas cependant une ville morte. Il vit.

     

    Les magasins sont ouverts ainsi que les cafés.

    Quelle est leur clientèle?

    -Avant tout les Allemands.

     

    Dans les grands magasins les Allemands achètent beaucoup, surtout des objets de luxe, de la lingerie féminine, des parfums.

     

    Des sucreries, de la confiserie, du chocolat aussi.

    Ils paient avec leurs marks estimés 20 francs.

     Afficher l'image d'origine

    Ils se régalent pour pas cher.

    -Et les cafés?

    -Les officiers allemands se sont emparés du Fouquet et de Maxim‘s. Ils y règnent en maîtres. [Ici du texte coupé par la censure].

    Ils se donnent ainsi l'illusion de mener la vie de Paris.

    -Les cinémas?

    -Un certain nombre de cinémas sont ouverts.

     

    Le Marignan est réquisitionné.

    On y projette des films pour les seuls soldats allemands.

    Nous aurions voulu lui demander tant de choses que nous ne savions plus par où commencer.

    -Le ravitaillement, la nourriture?

    -Paris est mal ravitaillé, mais il l'est.

    Le lait est réservé pour les enfants, pour les malades.

    -Ont-ils pénétré dans les maisons?

    -Nulle part, je crois.

    Les grands hôtels ont été réquisitionnés.

    La troupe cantonne dans les monuments publics, dans les casernes.

    -Y a-t-il eu des défilés, des parades?

    -On a raconté beaucoup de choses qui sont fausses.

    Il n'y a pas eu de défilé*.

     

    Seulement une cérémonie sur le tombeau du soldat inconnu et des hortensias bleus par centaines, par milliers, ont été déposés.

     

    Le drapeau à croix gammée a flotté pendant un jour sur l'Arc de Triomphe.

     

    Il flotte encore sur beaucoup de monuments, la Chambre, l'Elysée, etc.,etc.

     

    -Et le chancelier Hitler, s'est-il montré?

    -On m'a assuré que non.

    Hitler prend la pose devant la tour Eiffel le 23 juin 1940. 

    Il serait venu un matin vers 6 heures, à l'Eglise de la Madeleine, du moins c'est le sacristain qui l'affirme, et il ne faut pas croire tout ce qu'on dit**.

    Afficher l'image d'origine 

    Je ne suis resté qu'une demi-journée à Paris.

     

    Je n'ai point pu tout voir, et j'ai entendu raconter beaucoup de choses.

     

    D'une façon générale, j'ai eu l'impression que Paris vivait au ralenti. La nuit tout est éteint à 21 heures, tout s'arrête. J'ai eu l'impression aussi que la Gestapo travaillait activement et surveillait tout en détail.

     

    Prononcer dans un établissement public le mot boche est très dangereux, mais on peut parler des Fritz et des Fridolins.

    -Les civils allemands commencent-ils à arriver?

    -J'ai vu des cars qui amenaient des touristes.

     

    C'étaient les premiers.

    Voilà ce que m'a dit cet homme qui venait de Paris.

    Mon cher Paris, le reverrai-je un jour?...

    Et ce jour-là, quel sera son visage?

     

     

    Par André Warnod

    *Il y a bien eu des défilés et des parades sur les avenues autour de l'Etoile.

     

    **Hitler s'est rendu dans la capitale, discrètement il est vrai, probablement

    le 23 juin 1940 au petit matin.

    Il visite en deux heures non seulement la Madeleine mais également le Palais Garnier, les Invalides, le Panthéon, Notre-Dame, les Halles de Paris, et même le Sacré-Cœur.

     

    Sources

    http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2015/06/12/26010-20150612ARTFIG00340-il-y-a-75-ans-paris-vivait-les-premiers-jours-de-l-occupation-allemande.php

    http://geopolis.francetvinfo.fr/14-juin-1940-larmee-allemande-occupe-paris-17595

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique