L'US Army représente la composante des forces armées américaines la plus importante, tant au niveau des effectifs que des responsabilités et des missions assignées: les opérations terrestres. C'est également une des plus vieilles armées du monde. Héritière de l'Armée Continentale de la Guerre d'indépendance, elle est divisé en deux catégories: les unités d'active ou "Active Components" (AC), et les unités de réserve (ARNG et USAR), de forces et d'effectifs à peu près égaux (46% et 54%). A la fin de l'année 2007, ses effectifs s'élèvent à environ 1.1 million d'hommes: 542000 soldats d'active, 352000 Gardes nationaux et 189000 réservistes. Ainsi que 149000 mobilisables et 218000 civils sous contrat.
Naissance d'une armée (1775-1815).
L'US Army tire ses origines de l'Armée continentale, créée en juin 1775 pendant la guerre d'indépendance américaine. Lorsque l'Armée continentale est dissoute, en 1783, après la signature du Traité de Versailles et la fin du conflit avec la Grande-Bretagne, l'United States Army la remplace presque aussitôt, en incorporant les unités de milice des différents Etats.
Après la révolution américaine, les Etats-Unis doivent faire face aux menaces aussi bien sur mer que sur ses frontières occidentales. En politique internationale, les Etats-Unis ne représentent encore qu'une puissance militaire mineure, avec une armée et une marine modeste.
La méfiance traditionnelle des Américains envers l'Armée nationale, combinée avec la foi dans les capacités de la milice locale, a exclu le développement des unités bien entraînées. Le président Thomas Jefferson préfère ne garder qu'une petite armée de terre et une petite marine, craignant qu'une grande armée n'entraîne les Etats-Unis dans des guerres étrangères, ou que celle-ci serve à imposer une dictature.
Après le traité de Versailles et la révolution, les Britanniques cèdent aux Etats-Unis les Appalaches et le bassin du Mississippi, bien qu'aucun colon américain ne vivait sur ces terres.
Les Etats-Unis prennent prétexte de l'appui de certaines tribus amérindiennes à l'Empire britannique, pour obliger leurs chefs à céder des terres cultivables aux colons et aux nouveaux immigrants. C'est le début de la colonisations des territoires indiens par les Américains.
Cette expansion provoque un premier conflit, la "Guerre indienne du Nord-Ouest". Le 4 novembre 1791, la "Confédération de l'Ouest", une alliance des tribus amérindiennes Shawnee, Lenape et Miami vivant dans la région des Grands Lacs, inflige sur les rives du fleuve Wabash (Ohio) une sévère correction à une petite armée américaine (1000 hommes) mal préparée, commandée par le général Arthur St. Claire.
Cette bataille, appelée "Massacre de Columbia", "Défaite de St. Clair" ou encore "Bataille de la Wabash", est une des pires et humiliante défaites de l'US Army face aux Amérindiens. La Confédération de l'Ouest enregistre 21 guerriers tués et 50 blessés, alors que 623 soldats, ainsi que 57 civils américains, sont tués ou capturés, et 258 autres blessés.
George Washington envoie une seconde armée, mieux entraînée, dirigée par le général Antony Wayne. Cette fois, les Américains sont victorieux, lors de la Bataille de Fallen Timbers, le 20 août 1794. Battue, la Confédération de l'Ouest doit se résigner à signer le "Traité de Greenville" le 2 août 1795, et céder aux Etats-Unis les territoires qui correspondent aujourd'hui à l'Ohio et à une partie de l'Indiana.
En 1812, pour aider Napoleon et la France du Premier Empire, les Etats-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne. C'est dans l'histoire américaine la première guerre officielle déclarée contre une puissance européenne. Dans l'incapacité de battre la Royal Navy dans l'Atlantique et de débarquer en Europe, les Etats-Unis misent sur l'invasion du Canada britannique, dans l'espoir d'utiliser le territoire conquis comme monnaie d'échange dans de futures négociations. Mais cette offensive américaine au Canada tourne bientôt à la déroute militaire.
Plus grave encore: les troupes britanniques se ressaisissent, contre-attaquent et envahissent le territoire américain dans la région des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, selon deux axes de progression, à partir de l'Ontario et du Quebec.
Après la victoire sur Napoleon, en 1814, les Britanniques débarquent sur la côte Est des Etats-Unis. Les troupes du général Robert Ross pénètrent dans Washington DC le 25 octobre 1814 et incendient la ville, bien que la campagne de la baie de Chesapeake se termine par une victoire américaine à la Bataille de Baltimore, le 15 septembre 1814.
Le 24 décembre 1814, le conflit se termine officiellement par le Traité de Gand, en Belgique, sur un Status Quo. Mais des combats se poursuivront encore pendant plusieurs mois. Avec notament, un second débarquement britannique dans le Sud et, le 8 janvier 1815, la bataille de La Nouvelle-Orléans, où les Américains commandées par le général Andrew Jackson forcent les Britanniques à réembarquer et à se retirer de Louisiane.
Expansion continentale (1817-1860).
De 1817 à 1858, une série de trois conflits opposent les Etats-Unis aux Indiens, les "Guerres Séminoles" ou "Guerres de Floride" (8). La première, de 1817 à 1818. La seconde, particulièrement longue, de 1835 à 1842. Et la troisième de 1855 à 1858. Elles se concluent par une victoire américaine, et la Floride espagnole passe sous l'autorité des Etats-Unis.
Avec le "Manifeste de la Destiné" (Manifest Destiny), les Etats-Unis entreprennent la colonisation et l'annexion du continent Nord-Américain de l'Atlantique au Pacifique. Cela les entraînent dans toutes une longue série de guerres avec les tribus indiennes et le Mexique.
C'est notamment la "Guerre d'indépendance du Texas", alors province mexicaine, du 2 octobre 1835 au 21 avril 1836. Les colons américains, soutenus par Washington, se révoltent contre l'autorité du Mexique, et l'Armée mexicaine commandée par le général Antonio Lopez de Santa Anna est envoyée pour "mater la révolution".
Le 21 avril 1836, les troupes texanes conduites par Sam Houston et répondant à son cri de ralliement "Souvenez-vous d'El Alamo", écrasent les Mexicains à San Jacinto et capturent Santa Anna et tout son état-major. Celui-ci est forcé de signer le 14 mai suivant les Traités de Velasco qui proclament et garantissent l'indépendance de la "République du Texas".
En 1845, après un référundum populaire, le Texas devient le 28ème Etat américain. Mais en 1846, le Mexique dénonce les traités et refuse de reconnaitre sa défaite de 1836.
Du 25 avril 1846 au 2 février 1848, c'est la "Guerre américano-mexicaine", qui se conclue par la victoire des Américains et le traité de Guadalupe Hidalgo.
De mai 1857 à juillet 1858, c'est la "Guerre de l'Utah", entre les Mormons et l'autorité fédérale du président James Buchanan.
Guerre civile américaine (1861-1865).
Depuis le "Compromis du Missouri" de 1820, les Etats-Unis sont divisés sur la question de l'esclavage. En 1860, après quarante ans d'antagonisme, l'élection du Républicain anti-esclavagiste Abraham Lincoln finit par mettre le feu aux poudres. C'est la guerre civile américaine, ou "Guerre de Sécession" (13) entre l'Union (au nord) et les Etats Confédérés (au sud).
Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud est le premier Etat sudiste à faire sécession. Les évenements vont s'enchaîner très rapidement. Le 9 janvier 1861, c'est le tour du Mississippi. Le 10 janvier, celui de la Floride. Le 11 janvier, l'Alabama. Le 19 janvier, la Géorgie. Et le 26 janvier, la Louisiane.
Le 1er février 1861, le Texas décide de soumettre sa sécession à un référundum populaire. Et le 23 février 1861, les Texans font sécession.
Le 12 avril 1861, à l'entrée du port de Charleston, en Caroline du Sud, l'artillerie confédérée ouvre le feu contre le fort Sumter, tenu par une petite garnison de l'Union, qui capitule le lendemain. C'est le début officiel de la guerre.
La guerre de Sécession durera quatre longues années, jusqu'à la capitulation totale et inconditionnelle des Etats Confédérés d'Amérique (CSA) à Appomatox Court House, en Virginie, le 9 avril 1865.
Au début du conflit, aucun des deux camps n'est préparé à un conflit de longue durée. L'Union, pour la première fois de son histoire, doit instaurer la conscription militaire. Si bien qu'en avril 1865, l'armée nordiste compte dans ses rangs plus d'un million d'hommes enrôlés, sur une population totale de 22 millions d'habitants.
En termes de destruction et de pertes humaines, cette guerre civile fut la plus coûteuse et la plus meurtrière de l'histoire du peuple américain. En avril 1865, 622000 hommes, dans une nation de 31 millions de personnes, avaient été tués. 412000 autres blessés ou mutilés. En quatre années, les Etats-Unis perdirent plus d'hommes que dans toutes les autres guerres réunies auxquels ils prirent part, y compris les deux conflits mondiaux, la Corée et le Vietnam.
Ce conflit est également qualifié par nombre d'historiens comme la première guerre moderne de l'Histoire. Car elle a vraiment bouleversé et révolutionné, à plus d'un titre, l'art de la guerre et stratégie militaire dans le monde.
Du point de vue économique, le conflit encourage la mécanisation de la production, et l'accumulation des capitaux dans le Nord.
L'équipement des armées nécessite la production de masse d'aliments industriels, de prêt-à-porter, de chaussures et, après la guerre, l'industrie reconvertit ce type de production à l'utilisation civile.
Au niveau scientifique, la guerre de Sécession marque également un formidable bon en avant. Le 17 février 1864, le premier sous-marin du monde, le CSS Hunley, du nom de son inventeur, sous les ordres du lieutenant George Dixon, effectue sa première sortie opérationnelle sous la bannière confédérée, et coule le USS Houssatonic dans la baie de Charleston. Maleureusement, le sous-marin disparait corps et bien après son exploit. De toute façon, c'est trop tard et l'"exploit" demeure sans incidence sur la suite des opérations militaires de l'Union.
L'Union met en application les avancées révolutionnaires dans le domaine de l'aérostat et créa le premier "Corps aérien d'observation" de l'histoire. Désormais, la guerre entre dans sa troisième dimension.
L'armement n'est pas en reste: les premiers fusils et obusiers à chargement par culasse et à canon raillé commencèrent à remplacer les mousquets et pièces d'artillerie à canon lisse se chargeant par la gueule. Les billes et boulets cédèrent définitivement leur place à un nouveau projectile profilé, encore pratiquement inconnu de la troupe. Les cartouches et les obus modernes venaient de naître.
Idem pour la grosse l'artillerie de siège: les premiers obusiers alimentés par la culasse commencent à remplacer les canons se chargeant par la gueule.
La télégraphie électrique et le code Morse ont fait leur apparition partout sur le territoire américain et ont révolutionné à tout jamais les communications. L'Union crée le "Signal Corps" et les premières unités de transmission de l'histoire militaire.
En 1865, les Etats-Unis sont devenus la plus grande puissance industrielle du monde.
Après-Guerre civile (1865-1917).
Après la guerre de Sécession, les Etats-Unis repartent à la conquête des Grandes Plaines et achèvent la construction du premier "Chemin de fer transcontinental" (First Transcontinental Railroad), qui relient la cote ouest (Californie) et la cote est.
Les généraux William T. Sherman et Philip Sheridan sont chargés par le président Ulysse S. Grant de mettre au pas les tribus indiennes qui résistent encore. Ils engagent 25000 hommes, répartis entre vingt-cinq régiments d'infanterie, dont deux composés d'Afro-Américains surnommés Buffalo Soldiers, dix de cavalerie et cinq d'artillerie, ainsi que les services annexes. L'armée américaine recrute au moyen d'engagements volontaires, des contracts d'une durée de cinq ans.
Entre 1865 et 1898, se succéderont toutes une série de guerres contre les Indiens, dans l'Ouest des Etats-Unis:
- Texas-Indian Wars (1836–1875), including: Great Raid of 1840 (1840), Antelope Hills Expedition (1858), Battle of Pease River (1860), Red River War (1874–1875)
- Puget Sound War (1855–1856)
- Dakota War of 1862 (1862)
- Colorado War (1863–1865)
- Red Cloud's War (1866–1868)
- Comanche Campaign (1868–1874)
- Great Sioux War of 1876-77
- Nez Perce War (1877)
- Pine Ridge Campaign (1890)
Le 29 décembre 1898, le 7ème Régiment de cavalerie massacre environ 200 Indiens Sioux, hommes, femmes et enfants, à Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. C'est la fin officiels des guerres indiennes, mais des incidents et des affrontements se poursuivront encore, dans une moindre intensité, jusqu'en 1918.
Première Guerre mondiale (1917-1918).
Au début de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis respectent scrupuleusement leur neutralité, même si leur sympathie penche du côté de la Triple Entente, l'Alliance conclue entre la Grande-Bretagne, la France et la Russie.
Lorsqu'éclate le conflit, en août 1914, l'US Army est pratiquement inexistante. Juste une petite "armée de paix" avec trois divisions d'infanterie sur le continent et une brigade stationnée dans les îles Hawaii, un effectif total d'environ 75000 hommes.
Deux ans plus tard, en 1916, le Congrès vote le "National Defense Act" prévoyant une augmentation des effectifs terrestres à 175000 hommes, la formation de sept régiments supplémentaires, la création d'un Corps d'officiers de réserve. Le président donne son autorisation pour mobiliser les unités de la Garde Nationale en cas de guerre ou de période d'urgence nationale.
Le 6 avril 1917, la menace représentée par les sous-marins allemands contre la marine marchande américaine dans l'Atlantique finit par provoquer l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Franco-Britanniques.
Cependant, passer d'une "armée de paix" à une "armée sur pied de guerre" paraît presqu'insurmontable. Le budget de l'armée, qui était de 150000 dollars annuels avant 1914, passe à douze millions de dollars au début de 1917. Le matériel lourds (artillerie, transport, aviation) est pratiquement inexistant: en mai 1917, l'US Army ne dispose encore que de 600000 fusils, 2000 mitrailleuses et moins d'un millier de pièces d'artillerie.
L'engagement américain en France sera d'abord progressif, avec l'envoi d'un Corps expéditionnaire symbolique commandé par le général John Pershing. Les premiers soldats américains débarquent dans le port de Saint-Nazaire le 26 juin 1917.
Au début, les "Sammies" sont dispersés dans les unités françaises ou britanniques, mais Pershing insiste pour que son Corps expéditionnaire forme une unité indépendante à part entière. Si bien qu'en octobre 1917, est constituée la 1er Division d'infanterie US, avec un effectif de 14500 hommes, à l'arrière du front près de Toul.
L'envoi de troupes à travers l'Atlantique, symbolique et progressif en 1917, se fera massif l'année suivante. A partir de février 1918, le débarquement de soldats américains dans les ports français s'effectue au rythme de 25000 hommes par semaine. A la fin du conflit, environ deux millions d'entre-eux seront stationnés en France.
En mai 1918, deux divisions d'infanterie américaines (1er et 2ème), après leur entraînement et leur équipement avec des armes françaises ou britanniques, sont déclarées opérationnelles et "aptes au combat" sur le front de la Marne, trois divisions (26ème, 32ème et 42ème) sont placées dans des secteurs "calmes" dans l'Est, en Alsace. Deux (3ème et 5ème) achèvent leur débarquement et sont en route pour le front. D'autres encore sont en cours de débarquement (4ème, 28ème, 30ème, 35ème et 82ème) ou de regroupement (27ème, 33ème, 78ème et 80ème).
Le 31 mai 1918, lors de la seconde bataille de la Marne, la 2ème Division d'infanterie et des régiments de Marines renforcent les troupes coloniales françaises dans le secteur de Château-Thierry. Les Américains repoussent les Allemands de l'autre côté de la Marne et les chassent du Bois Belleau, entre les 6 et 25 juin.
En l'honneur de ce prestigieux fait d'armes américains, le maréchal Ferdinand Foch fait baptiser le Bois Belleau en "Bois de la Brigade des Marines" et cède ad vitam eternam une parcelle de terrain où reposent aujourd'hui 2289 soldats américains tombés "pour la France", le cimetierre et le monument commémoratif de l'Aisne-Marne.
Ci-dessous: cérémonie pour le 92ème anniversaire de la Bataille du Bois Belleau, dans le cimetierre de l'Aisne-Marne (30 mai 2010).
Le 15 juillet 1918, le généralissime allemand Erich Ludendorff tente, une dernière fois, d'arracher la victoire, cette fois en Champagne, entre Reims et l'Argonne. 85000 Américains participent à l'offensive générale alliée déclenchée dès le 18 juillet, qui oblige les forces allemandes à se replier jusqu'à la Vesle.
En août 1918, l'armée américaine en France représente trente-deux divisions, chacune avec un effectif de 27000 hommes en moyenne. Le 10 août 1918, le maréchal Ferdinand Foch autorise la création de la "1ère Armée US" forte de 550000 hommes. Celle-ci est aussitôt employée contre le saillant allemand de Saint-Mihiel, dans le secteur de Verdun.
Le 12 septembre 1918, cette 1ère Armée US commandée par le général John Pershing, appuyée par des unités françaises, donne l'assaut. En trois jours, elle élimine le saillant allemand, fait plus de 16000 prisonniers ennemis et capture 440 pièces d'artillerie.
Le 26 septembre 1918, Pershing, qui dispose maintenant de 1.2 million d'hommes, 2417 pièces d'artillerie et 324 chars, lance ses troupes à l'assaut entre la Meuse et l'Argonne, sur un front large de 24km, dans le cadre de la vaste offensive alliée Meuse-Argonne lancée tout le long du front entre Verdun et Ypres. Le plan américain consiste à avancer en direction de Sedan pour couper la ligne de chemin de fer Mézières-Metz.
La formidable résistance d'un bataillon de la 77ème Division d'infanterie US dans la foret d'Argonne, isolé par une contre-attaque allemande, a inspiré un film réalisé en 2001 par Russel Mulcahy, The Lost Battalion.
Le front allemand commence à se désintégrer le 1er novembre 1918, quand les Américains, après avoir subi de lourdes pertes, repartent à l'assaut. Le 7 novembre 1918, les Américains libèrent Sedan, franchissent la Meuse et établissent deux têtes de pont sur sa rive droite, coupant par la même occasion la voie ferrée Mézières-Metz, vitale pour le ravitaillement des troupes allemandes.
Le 9 novembre 1918, en Allemagne, le régime impérial allemand s'écroule, un nouveau gouvernement, la "République de Weimar", voit le jour et demande l'arrêt des hostilités. Lorsque l'Armistice est signée deux jours plus tard à Rethondes, 3.8 millions d'Américains au total ont été mobilisé, et plus de la moitié d'entre-eux sont stationnés en France.
En 1917-1918, l'armée américaine a enregistré en France la perte totale de 116000 tués et 206000 blessés.
Entre-deux-guerre et retour à l'isolationisme (1919-1941).
L'après-Grande-Guerre est caractérisé par la fin de l'"idéal wilsonien". En mars 1920, les Républicains, étant majoritaires au Congrès, refusent de ratifier le Pacte de la Société des Nations (SDN) et le Traité de Versailles.
Lors des Elections de novembre 1920, le candidat démocrate James Cox, soutenu par Woodrow Wilson, est battu par le Républicain Warren Harding. Ce dernier a fait campagne au nom d'un "désengagement des Etats-Unis" en Europe et d'un "retour à la normale".
Les Etats-Unis retournent donc à leur isolationisme traditionnel. Ils n'en sortiront que le 7 décembre 1941. En 1939, l'US Army compte six divisions d'active et environ 200000 hommes. En terme d'effectifs, les Etats-Unis se classent 17ème dans le rang mondial, juste derrière l'armée roumaine.
En 1940, cependant, le Président Franklin Delano Roosevelt, soucieux d'aider les Alliés en guerre contre les puissances de l'Axe (Allemagne et Italie), fait passer la Loi Pret-Bail. On assiste alors à une semi-mobilisation et à l'instauration, pour la troisième fois de son histoire, de la conscription militaire aux Etats-Unis. En deux ans, de septembre 1939 à décembre 1941, les effectifs de l'US Army sont ainsi multipliés par huit et passent à 1.6 million d'hommes.
Seconde Guerre mondiale (1941-1945).
Les Etats-Unis entrent officiellement en guerre contre le Japon le 8 décembre 1941, le lendemain de l'attaque contre Pearl Harbor, et contre l'Allemagne et l'Italie, trois jours plus tard. En dépit de la Grande Dépression qui touche encore le pays, Franklin Roosevelt lance l'économie et l'industrie américaine dans un gigantesque plan de réarmement militaire.
A la fin du conflit, en septembre 1945, les forces armées américaines auront mobilisés 17 millions d'hommes et de femmes, dont 12 millions rien que pour l'armée de terre, sur une population totale de 135 millions d'habitants, soit 13%. Les pertes humaines s'élèveront à 418500 tués/disparus (US Army, 318000) et 642000 blessés/mutilés (US Army, 566000).
Les premiers engagements de l'US Army dans la Seconde Guerre mondiale sont marqués par la défensive et des défaites dans le Pacifique, face à la déferlante japonaise, en particulier pendant la désastreuse campagne des îles Philippines du premier semestre 1942, au cours de laquelle elle perd la quasi-totalité de son armée mixte américano-philippine (145000 hommes).
Cette campagne, entamée le 10 décembre 1941, se conclut par la capitulation du général Jonathan Wainwright à Corregidor, le 6 mai 1942.
La première offensive terrestre américaine ne survient que huit mois après le désastre de Pearl Harbor, le 7 août 1942, lorsque des troupes de Marines et d'infanterie débarquent sur l'île de Guadalcanal. Cette sanglante campagne de Guadalcanal durera six long mois, jusqu'au début février 1943.
Sur le front Euro-Méditerrannée, la guerre de l'US Army contre l'Allemagne et l'italie débute le 8 novembre 1942, lors de l'opération Torch, le débarquement allié en Afrique du Nord française.
Le commandement suprême du corps expéditionnaire américain en Afrique du Nord est assuré par le général Dwight Eisenhower. Les troupes commandées par le major-général George Patton entrent dans Casablanca et libèrent le Maroc.
Au cours des mois suivants, face à l'Armee Afrika allemande lors de la campagne alliée de Tunisie, les Américains subissent cependant une terrible et cruelle défaite à la Passe de Kasserine, en février 1943. Avant de reprendre, définitivement, leur offensive finale contre Tunis.
Le 13 mai 1943, c'est la fin de l'"aventure" allemande en Afrique: les troupes de l'Axe en Tunisie capitulent. 275000 prisonniers italo-allemands sont capturés par les Alliés.
L'étape suivante est la conquête de la Sicile. Confiée au général George Patton, la 7ème Armée US déclenche l'opération Huskee le 10 juillet 1943 en débarquant dans le Golfe de Gela, sur la côte sud de l'île. Les GIs de "Sang et Tripes" (Blood and Guts) nettoient la Sicile en cinq semaines, pour le prix de 2237 tués et 6544 blessés.
Mais les deux plus importantes campagnes de l'US Army sur le théâtre d'opérations européen sont la longue et sanglante bataille d'Italie (septembre 1943 - mai 1945), et l'opération Overlord, le débarquement en Normandie à laquelle prennent part un million et demi de soldats américains, puis la libération de l'Europe (juin 1944 - mai 1945).
Overlord, combinée avec l'opération Anvil Dragon, le débarquement sur les côtes méditerrannéennes françaises, entraîne finalement la libération de la France, de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. L'opération Market-Garden et la libération des Pays-Bas représente un échec retentissant des Alliés, mais désormais l'armée allemande est acculée à ses frontières et condamnée à la défaite.
Après la dure bataille des Ardennes et le dernier coup d'éclat d'Hitler en Belgique, en février 1945, c'est la fin: les Alliés occidentaux entament la campagne d'Allemagne, la "dernière bataille" de la guerre en Europe. Il faudra cependant encore trois mois avant que le Troisième Reich se résigne à signer sa capitulation inconditionnelle, le 7 mai 1945.
Sur le front du Pacifique, de 1943 à 1945, de multiples débarquements et batailles sanglantes (Nouvelle-Guinée, Philippines, îles Marshall et Mariannes, Iwo Jima, Okinawa, ...), menés en association avec l'US Marine Corps et l'US Navy, permettent de reconquérir, une par une, les îles et territoires perdus au début du conflit, de grignoter les défenses de l'Empire du Soleil Levant et de se rapprocher de sa métropole.
Alors que l'état-major américain prépare une gigantesque opération sur le sol de l'archipel ennemi, nom de code "Opération Downfall", les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, combinés avec l'entrée en lice de l'Union Soviétique dans cette campagne, entraînent finalement la capitulation du gouvernement japonais le 14 août 1945, et deux semaines plus tard, la cérémonie officielle et la signature de l'acte de capitulation à bord du cuirassé USS Missouri, ancré dans la Baie de Tokyo.
Guerre Froide (1945-1990).
Lorsque débute la guerre de Corée, en 1950, la politique américaine de désarmement a ramené les effectifs des forces armées à 550000 hommes. Durant la "Guerre Froide" qui l'oppose à l'Union Soviétique et les pays satellites du Pacte de Varsovie, l'US Army se retrouve impliquée directement dans plusieurs conflits: la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et l'intervention au Panama.
La guerre de Corée débute en juin 1950, lorsque les troupes nord-coréennes franchissent en masse la Zone Démilitarisée établie sur le 38ème Parallèle, et envahissent la Corée du Sud. Il faudra l'intervention des forces multinationales des Nations-Unies, surtout celles des Etats-Unis, trois ans de guerre et une série de flux et de reflux, pour que les deux "frères ennemis" signent enfin un accord de cessez-le-feu, qui dure encore de nos jours.
L'US Army est ensuite engagée dans les pays du Sud-Est asiatique, en particulier au Vietnam. La "Guerre du Vietnam" a opposé, de 1957 à 1975, le Nord-Vietnam communiste, soutenu et armé par l'Union Soviétique et la Chine, au Sud-Vietnam nationaliste, soutenu par les Etats-Unis. Les deux pays, idéologiquement opposés et qui résultait des Accords de Genève de 1954 et de la division de l'Indochine française, étaient également séparés, le long du 17ème Parallèle, par une "zone tampon", une De-Militarized Zone (DMZ).
Les Etats-Unis interviennent massivement (550000 hommes en 1969) au Sud-Vietnam pour tenter d'"endiguer", suivant la stratégie des dominos, les infiltrations des troupes nord-vietnamiennes au sud à partir de la Piste Ho Chi Minh, et qui alimentent la guerilla communiste (Vietcong).
Cette "sale guerre", très impopulaire aux Etats-Unis même, et l'aide américaine se prolongera jusqu'en 1973, avec les Accords de Paris. Pour les Américains, le bilan est lourd: 56000 tués (dont 46000 au combat). Elle a dégradé considérablement l'image des Etats-Unis à travers le monde et la réputation d'invincibilité des forces armées américains. La "défaite" politique de Washington marque encore aujourd'hui les Américains.
En 1975, deux ans après le retrait des Etats-Unis du Sud-Vietnam, le Nord-Vietnam met soudainement fin à la guerre en envahissant son voisin sudiste, en prenant la capitale ennemie (Saigon) le 30 avril 1975 et en réunifiant les deux frères ennemis, après 21 ans de séparation.
Le symbole de cette guerre "perdue dans les couloirs du Pentagone" restera à tout jamais, dans l'opinion publique, les images du balai de dizaines d'hélicoptères assurant l'évacuation de ressortissants occidentaux, du personnel diplomatique américain et de milliers de réfugiers sud-vietnamiens, du toit de l'ambassade américaine de Saigon jusqu'aux porte-avions de la 7ème Flotte US au large des côtes (opération Frequent Wind).
Après-Guerre Froide et guerre contre le terrorisme (1990-Présent).
La Guerre du Golfe (1990-1991) est le premier conflit de l'Après-Guerre froide. En août 1991, à la suite de l'invasion du Koweit par l'armée irakienne, se met en place une force expéditionnaire internationale, l'opération Desert Storm ("Bouclier du Désert"), une coalition internationale de trente-quatre pays à laquelle participent des membres de la Ligue Arabe comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Syrie et Oman, dirigée par les Etats-Unis et agissant sous mandat des Nations-Unies.
Les hostilités débutent le 17 janvier 1991 par la plus formidable campagne de bombardements aériens menée depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est l'opération Desert Storm ("Tempête du Désert"). Cette campagne durera approximativement six semaines.
Le 24 février 1991, c'est le début de l'offensive terrestre alliée, à laquelle participent 960000 hommes, dont 545000 Américains. Après cent heures de combats, l'armée irakienne est écrasée et doit évacuer en désordre le Koweit par l'Autoroute 80, surnommée Highway of Death ("Autoroute de la Mort"). Le président George H. Bush ordonne un cessez-le-feu général.
Après la libération du Koweit, les Nations-Unies décrètent contre Saddam Hussein un embargo international sur les armes et le pétrole. La coalition alliée créé deux zones d'exclusion aériennes au nord, dans le Kurdistan, et au sud, dans la région contrôlée par les Chiites.
En 1992, les Etats-Unis sont impliqués dans l'opération Restore Hope ("Rendre l'Espoir"), une mission internationale de maintien de la paix, sous l'égide des Nations Unies en Somalie (UNOSOM I). L'année suivante, l'US Army accroît encore sa présence à Mogadiscio (UNOSOM II).
Le 3 octobre 1993, débute l'opération Gothic Serpent (1), une opération spéciale combinée des Rangers et de la Delta Force, visant à la capture de deux membres haut-placés de Mohamed Aïdid, le seigneur de guerre reignant en maître à Mogadiscio.
Cette attaque, commandée par le général William F. Garrison, débouche sur une véritable bataille rangée entre les soldats américains et les miliciens d'Aïdid. La capture des deux subordonnés d'Aïdid, qui est l'objectif de la mission de Garrison, réussit pleinement. Mais en essayant d'exfiltrer le commando, deux hélicoptères MH-60 Black Hawk sont abattus par des RPG. Les tentatives des Rangers et de la Delta Force pour récupérer les survivants du second hélicoptère, Super-64, vont tourner très vite en une véritable bataille de rues dans Mogadishio.
150 soldats de la Bravo Company/3rd Battalion/75th Ranger Regiment et du 1st Special Forces Operational Detachment de la Delta Force (SFOD-D), avec l'appui-feu des hélicoptères MH-60 du 160th Special Operations Aviation Regiment Night Stalkers, affrontent pendant trente-six heures, deux jours et une nuit, une force estimée à environ 2000 miliciens d'Aïdid et civils.
Bilan de cette "bataille urbaine": 19 tués et 85 blessés du côté américain. 1000 à 1500 miliciens et civils somaliens tués, entre 3000 et 4000 autres blessés (estimation US). 315 civils et miliciens tués, et 812 blessés (estimations d'Aidid). L'unique survivant de Super-64, le Warrant Officer (Sergent-Major) Michael Durant, sera capturé et détenu par les miliciens d'Aidid. Il sera par la suite échangé avec les deux lieutenants du Seigneur de la Guerre arrêtés le 3 octobre.
Mais les images qui feront le tour du globe et choqueront l'opinion publique aux Etats-Unis, seront celles des corps de plusieurs membres d'équipage de Super-64 attachés à des véhicules et traînés dans les rues de la capitale somalienne, abandonnés à la vindicte populaire. Images qui choqueront les Etats-Unis et contribueront quelques mois plus tard au retrait des forces américaines de Somalie.
La "Guerre contre le terrorisme", ordonnée par le président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, débute avec l'opération Enduring Freedom, l'invasion de l'Afghanistan, le mois suivant.
En décembre 2001, les Etats-Unis chassent le régime des Talibans, qui soutient et protège l'organisation Al-Qaida, de la capitale afgane, Kaboul. Les Nations Unies mettent ensuite en place une coalition internationale, qui passera sous commandement de l'OTAN en 2003, et organisent les premières élections libres démocratiques du pays depuis 1976.
D'octobre 2001 à août 2009, 1312 militaires ou civils travaillant pour la coalition internationale perdent la vie en Afghanistan, dont 782 Américains et 29 Français. Selon les estimations du gouvernement afghan et de la coalition, environ 20000 combattants talibans ont été tués et environ 1000 autres faits prisonniers.
L'invasion de l'Irak (Invasion of Irak), également connue sous l'appelation "Seconde Guerre du Golfe", débute le 20 mars 2003, quand la coalition alliée, mise en place sous l'égide des Etats-Unis, déclenche l'opération "Liberté pour l'Irak" (Iraqi Freedom) en franchissant la frontière koweitienne, dans l'intention de renverser le pouvoir baasiste irakien de Saddam Hussein et le remplacer par un gouvernement provisoire représentatif, en attendant la tenue d'élections démocratiques.
Ce conflit a pour origine le vote de la résolution 1441 (et son interprétation controversée) votée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies le 8 novembre 2002, ainsi que le non-respect par Saddam Hussein de toutes les résolutions antérieures concernant le désarmement de l'Irak, depuis 1991.
Au terme d'une offensive foudroyante de trois semaines, les forces armées américaines s'emparent de Bagdad et Saddam Hussein est renversé.
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Saint-Exupéry
Homme de lettres autant qu'aviateur, Antoine de Saint-Exupéry évoque pour de nombreuses générations d’enfants le Petit Prince publié en 1943.
Sa disparition au cours d’une mission de reconnaissance aérienne, en 1944, a suscité de nombreuses interrogations.Cette mystérieuse disparition a été résolue en mars 2008.
Saint-Exupéry l’aviateur
Antoine de Saint-Exupéry n'est pas uniquement un écrivain pour enfants. Né en 1900 dans une famille noble désargentée, il fait ses études dans des pensionnats catholiques avant de préparer, sans succès, le concours d'entrée à l'École navale. Mais il a la passion de l'aviation et il obtient son brevet de pilote en 1921. En 1926, il entre à la compagnie Latécoère, où il est responsable des premiers long-courriers vers l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Aviateur, Saint-Exupéry a été un des pionniers de ce qui fut peut-être la dernière épopée de l’histoire de l’aviation.
« Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort... ».
Saint-Exupéry avait neuf ans quand Blériot fit la première traversée de la Manche. Il en avait douze quand il prit son baptême de l’air, et il est aisé de comprendre combien la place décisive de l’aviation dans le déroulement de la Première Guerre mondiale a du le fasciner.
Saint-Exupéry entreprend plusieurs raids, notamment entre Paris et Saigon. Il participe, avec jean Mermoz, aux premiers vols intercontinentaux de l'aviation postale, mais se fait surtout connaître, au cours des années 1930, par des oeuvres littéraires qui font de lui un écrivain pilote.
Saint-Exupéry l’écrivain-pilote
Parmi les œuvres les plus marquantes :
Courrier Sud (1930), Vol de nuit (1931), dont l'action, largement autobiographique, se déroule en Amérique du Sud, et surtout Terre des hommes (1939), qui vaut à l'auteur le grand prix du roman de l'Académie française.
Antoine de Saint-Exupéry a fait un récit très précis de l'accident qu'il a vécu le 30 décembre 1935, alors qu'il tentait de battre le record Paris Saigon : son avion, le Simoun F-ANXY s'est écrasé à la frontière de la Libye et de l'Égypte.
Il erre trois jours dans le désert avant d'être sauvé par un Bédouin. C'est le quatrième accident de sa carrière, celui qui lui inspirera, entre autres, le début du Petit Prince. Pressé par d'importants besoins d'argent, il rédige dès janvier 1936 pour le journal l'Intransigeant plusieurs articles qui paraissent sous le titre Prison de Sable et formeront cinq chapitres de son livre Vol de Nuit.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Saint-Exupéry, qui a toujours la passion de l'aviation, cherche à s'engager. Mais, en 1939, il est déclaré inapte au service actif et muté à l'arrière comme instructeur. Il revêt alors l'uniforme de l'armée de l'air et sert bientôt dans le groupe de reconnaissance 11/33, alors qu'il approche de la quarantaine.
Après le débarquement en Afrique du Nord, Saint-Exupéry se rend à Alger en mai 1943 et multiplie les contacts pour servir de nouveau dans le groupe de reconnaissance où il a fait ses preuves au début de la guerre.
Mais les temps ont changé: les engins utilisés par les aviateurs alliés sont beaucoup plus sophistiqués que ceux auxquels il est habitué. Grâce à ses relations, il vient à bout des réserves que son âge suscite et reçoit l'autorisation d'effectuer cinq missions de guerre au sein du groupe de reconnaissance 11/33 basé en Corse, qu'il réintègre.
En tout, il mènera dix missions à bord d'un Lightning P-38, avion à double fuselage, très perfectionné et pouvant voler à 700 km/h, mis au point aux États-Unis avec la participation de Lindbergh.
Le dernier vol de Saint-Exupéry
Saint-Exépury outrepasse les limites de l'autorisation exceptionnelle qui lui avait été délivrée par le commandement allié. Lors de sa sixième mission, le 29 juin 1944, jour de son 44e anniversaire, il est menacé de suspension après s'être égaré au-dessus des Alpes et avoir oublié de déclencher son signal d'identification radio.
Il atterrit en catastrophe à Borgo, aux environs de Bastia, en Corse. Sa dernière mission est prévue pour le 31 juillet: son supérieur hiérarchique devait lui annoncer à son retour le prochain débarquement allié en Provence ainsi que son interdiction de vol.
Bien que non inscrit sur le tableau des vols, il a insisté pour décoller. Le nom de code de l'opération - une reconnaissance au-dessus de Grenoble et Chambéry - est Soda.
Antoine de Saint-Exupéry, aviateur et écrivain français. (Collection musée de l'Air, Paris.)
Saint-Exupéry monte dans l'étroite carlingue du Lightning n" 223. Toutes les vérifications d'usage ont été effectuées, la météo est bonne. Il est 8h45 du matin lorsque l'appareil décolle. Vingt-cinq minutes plus tard, le poste radar signale qu'il a dépassé les côtes françaises.
A 13 heures, l'avion, qui doit être à court de carburant, n'est toujours pas réapparu sur l'aérodrome de Borgo. Il faut se rendre à l'évidence : le commandant Saint-Exupéry est porté disparu. L'épave de l'avion ne sera jamais retrouvée. Ainsi commence une énigme que plus d'un demi-siècle d'investigations n'a presque pas entamée.
La disparition de Saint-Exupéry résolue
On a longtemps cru qu'il avait été abattu par la chasse allemande au-dessus de la Provence, sur la foi d'une lettre, publiée en 1972, dans laquelle un aviateur allemand déclarait avoir abattu un P-38 le 31 juillet 1944: si ce document relate un certain nombre de faits vérifiés dans les archives de la Luftwaffe, il en présente d'autres qui ont été contestés par les spécialistes.
En 1992, des recherches sont lancées dans la baie de Nice, où l'on suppose que l'appareil de Saint-Ex s'est écrasé. En vain. Mais cela ne signifie évidemment pas que l'épave ne dorme pas au fond de la Méditerranée: un avion qui heurte l'eau peut se désagréger, et ses débris sont difficiles à retrouver.
L'affaire rebondit en septembre 1998, lorsqu'un chalutier naviguant entre Cassis et Marseille attrape dans ses filets une gourmette portant le nom de Saint-Exupéry et des débris d'aluminium (ceux d'un Lightning P-38). Cette zone n'avait jamais été explorée jusqu'alors, mais les espoirs s'évanouissent vite, car toutes les recherches effectuées dans un rayon de 100 km² demeurent infructueuses.
En mars 2008, un ancien pilote de la Luftwaffe, sur Messerschmitt Bf 109, Horst Rippert, affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 lightning le 31 juillet 1944 dans la zone où Saint-Exupéry se trouvait.
En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert tourne plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié le croise 3000 mètres au-dessous de lui. Horst Rippert tire et touche. L'avion s'enflamme et tombe à pic dans la Méditerranée.
V.B (11.09.2006). M.à.J T4suki 04.2008
ARCHÉOLOGIE CONTEMPORAINE
En
PLONGÉE PROFONDE
Antoine de Saint-Exupéry
D.R.
Résumé
Cette "Affaire St-Ex", comme l'appelèrent les médias, est en réalité une très longue enquête sur laquelle je me suis d'abord penché, un peu par hasard, mais surtout pour combler l'abîme sans fond de ma curiosité naturelle.
C'est avec bien peu de moyens, mais riche du courage que m'ont insufflé mes proches, avec la patience de mon entourage, qui du et doit encore me supporter lorsqu'une passion me dévore (c'est à dire à peu près tout le temps) que j'ai pu trouver la ténacité nécessaire pour aller jusqu'au bout de cette aventure. Je tiens à rendre ici un hommage très particulier à mon ami Jocelyn Collerie de Borelly.
Discret comme à son habitude, il a fuit le déferlement médiatique qui a suivit la déclaration. Son calme et sa maîtrise ont été souvent les garants de ma survie. Surtout lorsqu'il occupait le poste le plus important pour moi et psychologiquement le plus difficile pour lui : la veille surface, nos vies alors liées par notre confiance mutuelle et notre expérience.
C'est lui qui pose ici, sur la première photo publiée dès le lendemain de la déclaration, il tient dans la main la solution de l'énigme, cette pièce ne pouvait se trouver que sur l'avion de Saint-Ex.
copyright Luc Vanrell 05/2000
Le Contexte :
Fin juillet 1944. L’aviation alliée prépare le débarquement de Provence. La 1ère escadrille française du Groupe de Reconnaissance II/33 Belfort, placée sous tutelle américaine, est stationnée en Corse. Ses pilotes effectuent de périlleuses missions de reconnaissance au-dessus de la France. Le 31 juillet, le Commandant Antoine de Saint-Exupéry, malgré ses 44 ans, vole sur un F-5B, bimoteur monoplace Lockheed Lightning P-38, modifié pour la reconnaissance photographique. Ce type d’appareil, très en avance sur son époque est physiquement très éprouvant. Dans ces missions où l’aviateur est seul, sans aucun moyen de défense (l’armement étant remplacé par des appareils photographiques), tout repose sur le courage, la science du pilotage et aussi, la chance. Saint-Ex, à 44 ans, est déjà un homme fatigué, tant physiquement que moralement. Il souffre cruellement des séquelles de précédents crashes.
Profil du F-5B N°42-68223 exécuté par Patrice Gaubert à notre demande. Nous le remercions et le félicitions pour la qualité et l'extrême fidélité de ce travail.
© Patrice Gaubert
Le Dernier Vol :
C’est à force d’obstination qu’il obtient l’autorisation exceptionnelle d’effectuer 5 missions sur P-38. Par relations, il parviendra même à faire enregistrer des vols dits « bis ». Ce 31 juillet 1944, il décolle pour sa dixième mission sur P-38, la cinquième « bis » en fait, la dernière dont il dispose. D'autant que son chef d’escadrille, le capitaine René Gavoille, l'avait prévenu la veille que ce vol serait certainement le dernier de sa carrière militaire; les américains, responsables des opérations, ne souhaitant plus confier cet appareil si éprouvant au plus vieux pilote de guerre du monde, et, pour être sûr de le clouer définitivement au sol sans l’offenser, Gavoille avait décidé de l’informer, dès son retour, des préparatifs du débarquement de Provence. Ceci, pour des questions de sécurité militaire, l’aurait irrémédiablement confiné à sa base.
Recherches :
Malgré de nombreuses et coûteuses recherches, la disparition de l’auteur du Petit Prince va demeurer un mystère pendant 54 ans, jusqu’à ce jour du 7 septembre 1998, quand Jean-Claude Bianco, patron pêcheur marseillais, remonte miraculeusement dans les mailles de son chalut, la gourmette du pilote, lançant ainsi une piste imprévue : Marseille !
copyright Alexis Rosenfeld 1998
Je décidais alors de vérifier si des débris d’avion que j’avais précédemment repérés et photographiés dans cette même zone de pêche, pouvaient correspondrent au type de celui que pilotait Saint-Exupéry le jour de sa disparition soit, la version de reconnaissance F5-B d’un appareil américain ultra sophistiqué, le Lockheed P-38 Lightning.
Des pièces caractéristiques me permirent de confirmer cette hypothèse, mais pas moins de 42 Lightning avaient disparu le long du littoral provençal durant le dernier conflit mondial… et 20 mois de travail furent nécessaires pour me documenter et connaître les moindres détails de toutes les versions de cet appareil. Les nombreux travaux de recherche déjà effectués par le passé me furent une aide précieuse, mais c’est principalement grâce aux travaux de l’historien Philippe Castellano que je pus aboutir dans mes conclusions. Saint-Exupéry volait sur une version récente et très évoluée du P-38. Il fallait donc démontrer qu’il s’agissait bien des restes d’un Lightning récent pour réduire ce nombre de 42 à 5 appareils. Or, les travaux menés par cet historien étaient suffisamment documentés sur 4 de ces 5 avions pour que l’on puisse les écarter.
La Fin du Mystère :
Ayant mis en évidence, lors d’une dernière plongée, qu’il s’agissait bien d’un modèle récent, je pus officiellement annoncer cette découverte le 25 mai 2000. En octobre 2003, une autorisation de fouilles sera enfin délivrée et Philippe Castellano trouvera sur les vestiges renfloués, un numéro de série confirmant définitivement l’hypothèse avancée
copyright Philippe Castellano 10/2003
Pendant toute la durée de cette enquête, je poursuivais mes travaux dans la grotte Cosquer. Pouvoir ainsi enjamber presque 30 millénaires d’un jour à l’autre, en passant du Gravettien à l’Histoire contemporaine, de la splendeur et de l’obscurité d’une des plus belles cavernes ornées au soleil éclatant des Calanques, fait parti du charme unique de Marseille.
Luc Vanrell.
Voici une liste des principaux protagonistes :
Jean-Claude Bianco, inventeur de la gourmette, sans lui, et surtout sans son incroyable chance, rien n'aurait été possible.Philippe Castellano, pour lui sous l'eau il y a des avions et à terre des archives a étudier.
Patrick Grandjean, conservateur du patrimoine, chef du DRASSM pendant l'affaire St Ex et donc en même temps mon "patron" d'alors pour Cosquer. Son soutien et sa confiance me furent précieux.
Anne Delhomme et Jo Vicente (DRASSM) qui ont participé après la déclaration aux constatations in situ pour l'État.
Jack T. Curtis, dit Cracker Jack, ancien pilote du 367ème Fighter Group, "The Dynamite Gang", véritable héro à la Buck Danny, il fit une carrière interminable comme pilote de chasse. Il fut le seul à s'acharner avec moi et à remuer toutes ses relations pour m'obtenir les documentations techniques qui me manquaient. Alors que je n'oubliais jamais de le citer, Jack répondra toujours aux journalistes de son pays :"je n'ai strictement rien, fait. Luc a plongé, photographié, étudié et trouvé la solution seul". Et bien non, Jack, pas seul car tu m'as insufflé ta force à travers tes encouragements, et, aussi par ton exemple. Jack est maintenant un redoutable chasseur de MIA (Missing In Action). En juin 99, pendant l'affaire Saint-Ex, il retournera, malgré son grand age, en Allemagne, pour conclure l'histoire tragique de son ailier, son copain de chambrée, James Robert Baxter, descendu à ses côtés en combat aérien, sur P-38, le 24 décembre 1944. J'imagine quelle fut son émotion lorsqu'il pu enfin faire rayer ce nom du mur des disparus. Chapeau bas Cracker Jack !
Jack devant et son P-38
Et plus tard
P.S. : Cette affaire est longue, complexe, comporte maints rebondissements et même des fausses pistes. Deux livres l'abordent avec une assez bonne exactitude, je vous y renvoie donc :
à paraître ( 06/2006 ), "Le Petit Prince et le Pêcheur" (Le titre n'est pas encore arrêté avec certitude) par Jean-Claude Bianco et Philippe Cousin aux éditions Ramsay et :
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US Army - Bref historique 1775-2012
SOURCES SUPERBE BLOG - de Jacqueline A. "Jade" Devereaux
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La vie à Caen pendant la bataille
Nous allons voir comment les Caennais ont vécu cette période du 6 juin au 19 juillet 1944.
Pour ce faire nous allons suivre le plan suivant :
Vous pouvez accéder directement à la rubrique choisie en cliquant sur la ligne dans le sommaireI- CE QUI AVAIT ETE PREVU
1-L’Organisation de la Défense Passive (D.P.) à Caen .
C'est le nom d'un organisme crée par un décret de loi du 11 juillet 1938 prenant en charge la protection des civils pendant la guerre. . Chaque canton désigne les membres de la D.P. qui prennent les mesures qui s'imposent en matière de protection et de ravitaillement. Chaque ville est découpée en secteurs eux-mêmes partagés en îlots qui sont à leur tour, divisés en immeubles et abris. A chaque échelon, un responsable est chargé de faire respecter les règles édictées.
C'est la DP qui organise les centres d'accueil (C.A.) pou les réfugiés, leur trouve des abris et de la nourriture, organise leurs déplacements.
Elle montre toute son efficacité pendant la bataille de Normandie, plusieurs de ses membres sont victimes de leur dévouement.
A Caen, une rue rappelle leur souvenir.Responsable : M. Joseph Poirier, 3ème adjoint au maire, directeur urbain de la Défense Passive.
PC central dans les caves de l’Hôtel de Ville (l’abri du Commissariat Central à l'ange de la rue Auber et de la place de la République)
Source: carte postale Delcampe. Avant la guerre
Après les bombardements
Agrandissement du portail d'entrée.
Localisation du PC central de la DP
La ville est divisée en 6 secteurs, divisés en nombreux îlots. Le plan général de Caen:- le secteur n° 1 avec le PC rue Gabriel-Dupont (dans le garage de M. Benassar)
"Archives départementales du Calvados". Carrefour des rues Singer et Gabriel-Dupont après les bombardements.
De l’Orne au sud, à la place Saint-Sauveur, au nord, de la rue Saint-Jean, à l’est à Venoix à l’ouest. Il se limitait par l’Orne, la rue Saint-Jean, la rue de Geôle, la rue Calibourg, la rue des Croisiers, la rue et la place Saint-Sauveur, la rue Guillaume-le-Conquérant et la rue Caponière.
- le secteur n° 2 avec le PC au Palais de JusticeLimité au sud par le secteur n°1, à l’est par la rue de Geôle, la rue du Gaillon et la rue du Magasin-à-Poudre, au-delà des carrières Saint-Julien, à l’ouest par La Maladrerie qu’il contrôlait également.
"Archives départementales du Calvados". Le palais de Justice, place des Tribunaux.
Le secteur n° 3 avec le PC 29 rue des Cordes
Limité à l’ouest par les secteurs 1 et 2 et au sud par la place Saint-Pierre,
le boulevard des Alliés et le port. Il s’étendait jusqu’à Saint-Jean-Eudes.
- Le secteur n° 4 avec le PC rue Neuve-du-Port.
Etait coincé entre les secteurs 1 et 3. Il allait de l’Orne au boulevard des Alliés et de la rue Saint-Jean au port.
- Le secteur n° 5 avec le PC rue de Falaise.
Comprenait tout le quartier de Vaucelles entre les boulevards Leroy et Lyautey et l’Orne.
-Le secteur n° 6 avec le PC dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)
S’étendait au-delà des deux boulevards Le Roy et Lyautey jusqu’aux limites de Caen.
2-Plan d’organisation sanitaire de la Défense Passive
Il devait entrer automatiquement en action en cas de bombardement. .
Responsable : docteur Jean-Simon Cayla, Directeur de la Santé et des Services Sanitaires de Protection Civile du Département du Calvados.3 postes sanitaires (PS) où les blessés devaient être amenés par les agents de la DP étaient prévus et prêts à fonctionner :
Le PS n° 1, rue des Carmes au pensionnat Saint-Jean, pour le quartier central, directeur M. Asseline, adjoints M. Goupil et M. Bazard. Sept médecins (médecin-chef docteur Delobel avec les docteurs; Delpérier, Hissard, Gosselin, James Paul, Porin et Quermonne), 8 infirmiers et 25 à 30 brancardiers et secouristes.
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Le PS n° 2, au 2 place Blot (Jardin des Plantes) pour la périphérie rive gauche, directeur M. Raymond Rolland, adjoint Lebourgeois et médecin-chef docteur Lemarinier.
Un poste annexe est installé rue Saint Gabriel dans les locaux de la Société Normande d’Alimentation.
Le PS n° 3, dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)
Directrice Mme Chapel directeur adjoint M. Chapel de la DP, trois médecins (docteurs Friley, Guesdon et Fontaine), neuf infirmières ou élèves, infirmière-major Mme Fauveau, une vingtaine de brancardiers et secouristes, infirmier-major M. Mutel et deux ambulancières avec leur ambulance. Au total 25 à 30 personnes.
Un laissez-passer au nom de Lucien Piérard agent de la DP affecté au secteur 6, PS N°3
Tous les PC et PS se reliaient par une ligne spéciale à la direction (PC central à l’Hôtel de Ville).
RETOUR SOMMAIRE
2-1 Le plan d’organisation chirurgical selon un plan d'organisation du 17 mars 1944, avec deux hôpitaux rive gauche:
- le Bon-Sauveurrue Caponière, médecin chef docteur Digeon, trois équipes chirurgicales des docteurs Chaperon, Guibé et Maugeais (auxquels viendra se joindre le 6 juin, le docteur Lacroix, arrivé de Paris 48 heures plus tôt).
- la Miséricorde
La communauté de la Miséricorde occupe le terrain compris entre la rue des Carmes, (entrée principale de la communauté et de la première clinique, l'hôpital provisoire), la place Singer (groupant la Chapelle et la Clinique du Sacré-Cœur et la place d'Armes (où se trouve le dispensaire transformé en hôpital depuis 194O
Les équipes chirurgicales des docteurs Dastugue, Martin et Morice.
La communauté de la Miséricorde
NB : l’hôpital civil de la route de Ouistreham, était au début de la bataille un Kriegslazarett réservé aux allemands, excepté un service de contagieux au Pavillon N°6 une quarantaine de lits, l'Ecole d'Infirmière (directrice Mme Saule) et la Communauté des Sœurs Augustines. Depuis 1940, lors de l'invasion allemande, l'hôpital de Caen, route d’Ouistreham, fut occupé. Les services étaient éclatés au Bon Sauveur, à la Miséricorde, à la clinique Saint Martin et à l’hospice Saint Louis.
"Source Collection Résistance et Mémoire " Inhumation des soldats décédés dans le deuxième sabotage d'Airan. Photos prises début mai 1943 à l'entrée de l'hôpital civil Clemenceau transformé en hôpital militaire par les allemands voir la banderole au-dessus du portail d'entrée KRIEGSLAZARETT.
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- la clinique Saint-Joseph, rue de l’Engannerie.
- la clinique Saint-Pierre, 53 rue du Vaugueux, en face de l'école Saint-Pierre.
- la clinique Saint-Martin, avenue de Courseulles.-l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, Bd Lyautey (rive droite) avec une salle d'opération de secours.
Les Petites Sœurs des Pauvres
3-Les Centres d’Accueil (les CA)
Dans le plan municipal d’organisation de la ville en cas de bombardements, cinq CA étaient prévus :
- 1-aux Petites Sœurs des Pauvres
- 2-à la salle Mauger, rue Mélingue avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (O.M.J.) au 28 rue Saint-Jean avec M. André Heurtin.
- 3-à l’Institut Lemonnier, à Saint-Gilles
- 4-au Lycée Malherbe
- 5-au Bon-Sauveur
Organisation dotée d’un personnel qualifié, mise au point par M. Poirier, directeur urbain de la D.P. avec le concours de M. Pierre Marie, alors secrétaire-adjoint de la Mairie
1-Le Centre d’accueil n°1 des Petites Sœurs des Pauvres sur la rive droite.
Le domaine des Petites Sœurs des Pauvres, administré par la Sœur Supérieure Saint Marie-Bernard, qui se trouve sur les hauteurs de Vaucelles à la croisée du boulevard Lyautey et de la rue Porte-Millet n’abrite plus dans ses vastes locaux, à la veille du débarquement, qu’une vingtaine de vieillards. La direction de ce Centre avait été confiée à M. Dupont, vétérinaire, assisté de M. Laberthe. Le 6 juin la direction et son équipe: Mr et Mme Laberthe et l'abbé Couesnon, vicaire de Saint-Michel de Vaucelles. sont à leur poste, sauf les Equipiers d’Urgence qui se sont dispersés.
2-Le Centre d’accueil n°2 à la salle Mauger, rue Mélingue, avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (OMJ), 28 rue Saint-Jean.
3- le Centre d’accueil n° 3 à l’Institut Lemonnier, rue de la Pigacière pour Saint-Gilles. Directeur le Père Gouriou, directeur de l’Institut Lemonnier.
4-Le Centre d’accueil n°4 au Lycée Malherbe
"Archives départementales du Calvados". Le Lycée Malherbe.
L’îlot sanitaire regroupe le Bon Sauveur (centre d’accueil et hôpital), le Lycée Malherbe (centre d’accueil et hôpital complémentaire) et Saint Etienne (centre d’accueil) Comment l'îlot sanitaire fut-il protégé ?
5- Le Centre d’accueil n° 5 au Bon-Sauveur
Il avait été organisé par le colonel Besnier quelques semaines avant le débarquement.
Au total 354 personnes pouvaient être logées, dont 124 au BS dans des dortoirs munis de lits.
10 000 lits se trouvaient prévus pour les CA ou recensés chez les particuliers, des cantines étaient prêtes à fonctionner en différents points de la ville, des « bulletins d’admission » comprenant des coupons détachables pour 60 repas étaient imprimés.
De nombreux exercices et aussi quelques bombardements de peu d’importance avaient sérieusement « rodé » tous les rouages de cette organisation. .Les ordres de réquisition et consignes d’exécution avaient été distribués au personnel et les différents plans et dispositions communiqués aux autorités responsables. Enfin le lundi de Pentecôte, 29 mai 44, un exercice d’ensemble, une sorte de répétition générale mettant en mouvement le personnel de tous les secteurs, prouva aux Caennais que la DP était prête à remplir sa mission.
L'effectif était de 1000 personnes dont 101 infirmières et 225 secouristes/brancardiers, on peut noter le parc d’ambulances 10 au total soit : 3 à la DP, 4 à la Croix Rouge Française (CRF) et 3 aux hôpitaux publics.
Hélas ! Les prévisions les plus pessimistes restaient bien en deçà de ce qu’allait être la réalité.Les journées des 6 et 7 juin furent terribles pour tous, et portèrent de rudes coups à la DP.
Sur 1 000 DP, une petite moitié resta à Caen, il y eut de nombreuses défections les deux premiers jours; tout fut à réorganiser dans la fièvre. M. Poirier s’y employa avec son adjoint M. Tardif .
Lire ici un bon de convocation pour requis non présent à son poste .
Les restants firent splendidement leur devoir et 67 d'entre eux tombèrent à leur poste et en cours de mission. Une plaque commémorative est située dans la cour intérieure de l'Hôtel de Ville:Merci à Claude pour la photo
" La Ville de Caen reconnaissante aux volontaires et requis de la Défense passive tombés victimes de leur dévouement dans la Bataille de Caen, Juin-Juillet 1944."Elle comporte 64 noms.
Rue Manissier, en direction de la rue Basse, des civils sont évacués vers l’Ilot sanitaire de Saint Etienne . A l’arrière de la colonne un agent de la Défense Passive avec son casque Adrian blanc.
Le PC n°1 fut détruit, ravagé par le feu. Il fut transporté rue Paul-Doumer chez M. Planquette. M. Rouxel sous-chef de secteur prit le commandement, sous ses ordres une centaine d’hommes, ce fut le secteur le plus étendu de la ville.
Le secteur n°2 fut commandé par M. Paul Lelièvre , et après son assassinat par un Waffen-SS le 9 juillet, par M. Le Testu.
"Photo collections du Mémorial de Caen" présentée page 87 de ce livre. École Saint Pierre, rue du Vaugueux.
Le PC n°3 détruit s’installa dans l’abri de la maison des Sœurs de Saint-Pierre au 50 rue du Vaugueux.
Il fut constamment bombardé, les hommes du poste tombèrent les uns après les autres, sous les ordres à la fois de M. Marcel Jaeger qui sera tué le 7 juillet et de M. Jaoüen grièvement blessé, une bombe touche l’abri où 10 hommes sont tués.
Le PC n°4 détruit, chef M. Cliquet, ne fût pas remplacé, tout le secteur étant à peu près rasé depuis le 7 juin.
Au PC n°5 le chef M. Louis Dommanget fut tué le 6 juin , le PC se replia sur les hauteurs dans les locaux des Petites Sœurs des Pauvres, boulevard Lyautey. 10 hommes sous les ordres de M. Joseph Grégoire .Le PC du secteur n°6 chef de secteur capitaine Delavigne et son adjoint M. Janot avec une quinzaine d’hommes reste rue de Formigny et leur vie se mêla intimement avec celle de leurs camarades du PS n°3 et du CA qui s’y implanta.
Le PC de l’Hôtel de Ville, encadré par les bombes, perdit le contact et ses locaux s’effondrèrent,
le PC de direction fut transporté au Lycée Malherbe, le 7 juin vers 17h
L’organisation se trouva paralysée dès les premiers bombardements qui anéantirent :
-le Centre 2 (Salle Mauger et l’O.M.J.) qui fut rattaché administrativement à l’organisation Sainte-Thérése
-le Centre 3 (l’Institut Lemonnier) fut rattaché à l’Hospice Saint-Louis
Certains lieux furent envahis, dès le 6 juin après-midi, par les réfugiés et devinrent des Centres d’Accueil, par exemple :
-l’Eglise Saint-Etienne et le Palais de Justice rattachés au Lycée Malherbe
-l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis (ex CA n°3)
-Sainte-Thérése, rue de Formigny
D’autres centres d’accueil naquirent spontanément de la bataille et furent régis par des organisations privées :
-le Préventorium de Fleury-sur-Orne
-le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur
-et enfin les divers abris ou carrières
2-1 Les Petites Sœurs des Pauvres
Fut à la fois :
-un Centre d’Accueil, 500 réfugiés recensés le 7 juin.
-un relais pour les réfugiés qui fuyaient Caen soit vers les carrières de Fleury-sur-Orne soit pour la région de Trun (Orne) avec Mrs Pouchin et Gérard.
-un hôpital « dissident » avec 30 lits, 38 personnes dont 1 médecin, 11 infirmières religieuses et civiles, 4 conducteurs d’ambulance et 6 brancardiers.
Dès le 6 juin les sauveteurs brancardent aux Petites Sœurs des Pauvres tous les blessés découverts dans le quartier qui reçoivent des soins de M. Dupont, vétérinaire, car il n’y a pas d’infirmière au Centre d’Accueil.
Une nouvelle équipe est formée par Gilbert Detolle et Yves Bourgin avec: Mrs Guignon, Dupont, Queudeville, Ferté, Louis Grégoire, Fontaine et Guérin. Mr Person est délégué permanent et administrateur du centre avec l'aide de M. Joseph Grégoire , chef du secteur N°5 de la DP.
N.B. le PS de la rive droite est à Sainte-Thérése à 1,4 km de distance.
Une ambulance, celle de Mlle Ferté fait la navette jusqu’à l’Orne pour transporter les blessés graves jusqu’au Bon-Sauveur ; une équipe de pompiers peint sur les toits des croix rouges ; un dépôt de médicaments trouvé rue de Falaise, est transporté boulevard Lyautey.
Les sœurs font les repas, en moyenne 300 midi et soir ; le docteur Friley du PS n° 3 vient donner, chaque jour, des soins aux blessés légers.
Autour du 25 juin, le docteur Mabille récupère du matériel à la clinique de la rue Guynemer et met en service la salle d’opération aidé par le docteur Guesdon de Cabourg et une infirmière. Les deux ambulancières du PS n° 3 (Mlles de Veye et Heiniger) participent aux transports nécessaires.
Le 7 juillet, les blessés de Mondeville et Colombelles arrivent et l’afflux continue le lendemain avec 32 blessés graves dont 10 moribonds. La maternité du Préventorium de Fleury-sur-Orne est évacuée également à cette date une dizaine de femmes accouchent aux Petites Sœurs des Pauvres en quelques jours.
Le 9 juillet, arrive une autre plaie, des Waffen-SS qui veulent transformer l’établissement en point d’appui fortifié, des vieillards de plus de 80 ans sont obligés de creuser des tranchées ; les menaces d’évacuation sont de plus en plus pressantes.
Le 11, des ambulances venues de Giel (Orne) chargent 85 blessés les plus graves et repartent aussitôt ; le 12 juillet, il ne reste plus que qu’une vingtaine de personnes dont 5 religieuses et quelques blessés. L’équipe chirurgicale improvisée « dépose les armes » le 19 juillet.
Le plan municipal ne prévoyait pas de CA à Sainte-Thérése ; mais les caves de l’immeuble de l’avenue Charlotte Corday qui abritaient le PS n°3 et qui étaient placées sous le signe de la Croix-Rouge , attirèrent irrésistiblement, le 6 juin, et les jours suivants les gens du quartier.
M Chapel les autorise à s’installer dans l’aile du bâtiment qui s’étend sur la rue Formigny. Il confia la responsabilité du CA à M. Drouin assisté de M. Huet qui peu à peu organisa tous les services. Les caves furent meublées avec les tables et les bancs de l’école de la rue Victor Lépine qui procurèrent un minimum de confort aux réfugiés. Quant au confort moral il était fourni par le prêtre de la paroisse le chanoine Vautier, ainsi que par l’abbé Maurin de Cormelles et le R.P. Duperray curé d’Ouilly-le-Vicomte.
La façade du Lycée Malherbe, à droite l'église Saint Etienne
.
Le plus important de tous, à tous points de vue :
2 500 à 3 500 réfugiés jusqu’à début juillet et jusqu’à 8 000 au moment de l’attaque pour la libération de la rive gauche le 9 juillet (y inclus Saint-Etienne et le Palais de Justice, puisqu’il s’agit des chiffres de la cuisine tenue par M. Jehan Le Hir )
Le Parloir-Mairie est envahi après les bombardements du 6 juin à 13h30 ; le dimanche 10 juin, le préfet nomme M Bouysset, inspecteur d'académie, comme responsable qui à son tour forme son équipe: M. Lamy est délégué directeur-adjoint, M. Bardet, censeur du lycée est responsable de l'organisation générale, M. Barriau (ou Bériaud), économe, est responsable du ravitaillement, tandis que le service de santé revient aux Docteurs Lemarinier et Lebroussard (assistés des Docteurs Collete et Brediger - soins enfants-), M. Legué se charge de la police du centre, et M. Rivière, accompagné de jeunes équipiers d'urgence, aide aux tâches diverses. Une équipe de "piquet d'incendie" est créée par le capitaine Kersaint. (Kravtzoff de son vrai nom, Kersaint était son nom dans les FFL. Il débarque le 9 juin à Gold Beach. Il fut ensuite pendant 3 jours maire provisoire d'Arromanches avant de gagner Caen. Courrier de son petit-fils du 29 mai 2012)
Dans ces témoignages sur la cuisine du centre d’accueil, M. Jean Le Hir cite : M. Champion, le sous-économe. Un autre témoignage cite: M. Sicot, le surveillant général chargé du ravitaillement.
M Louis Trouchu, entrepreneur avec deux membres de sa famille peint de grandes croix rouges sur les murs et les toits du Lycée.
Photo allemande, photographe Arthur Grimm, date: juin 1944, voir la croix rouge sur le toit et le peinture d'une croix rouge dans un carré blanc sur des tôles ondulées dans la cour du Lycée Malherbe.
Citation de Joseph Poirier (document daté du 8 décembre 1944)
"Le 10 juin, On peint sur le Lycée Malherbe, sur les bâtiments du Bon-Sauveur, sur le Lycée de filles, d'immenses croix rouges. Avec des tôles peintes au minium, avec des chiffons écarlates, avec des cartes de géographie découpées, on en fait d'autres au sol."
Comment l'îlot sanitaire fut-il signalé aux Alliés ?
Captures d'écran de ce film, la façade du Lycée Malherbe avec deux "Croix Rouges"
Source film British Movietone News. Dans les jardins du Lycée Malherbe.
Les réfugiés campent dans la salle des fêtes. Les dortoirs du premier étage sont réservés aux malades, ceux du second aux infirmes et vieillards (jusqu’au 30 juin date de leur évacuation, dans des conditions scandaleuses, à la carrière des Coteaux de Fleury-sur-Orne), le reste des locaux est rempli de réfugiés qui finissent par envahir le bâtiment principal jusqu’aux toits.
Ensuite deux cours, une réservée aux cuisines, l’autre abrite le cloître sous lequel campent en plein air des réfugiés.
Sous la plupart des bâtiments il y a de solides caves, abris en cas de bombardement qui accueillent plusieurs milliers de personnes.
Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada. Le cloître de l'Abbaye aux Hommes.
Photo de propagande Une réfugiée dans le cloître
Source film British Movietone News. Des réfugiés prennent un repas dans l'îlot sanitaire.
Source film British Movietone News. Portraits de réfugiés.
M. Subrenat est responsable du « fichier » recensement permanent des hôtes du Lycée
M Chesnay est responsable de l’approvisionnement en eau des cuisines, au début avec des barriques de 225 litres charriées sur un camion à bras et à longueur de journée
Docteur Lebroussard est responsable du service d’hygiène
Service de blanchisserie : lavage du linge dans l’Odon
Plan du Bon Sauveur: la buanderie au delà de la rue des Blachissseries, près de l'Odon. Source du plan.
Service de police et de sécurité : 4 équipes de 2 hommes font des rondes de 22h00 à 06h00
M Marcel Crétin-Vercel rédige chaque jour un communiqué sur les opérations militaires
Dans ce film tourné par un opérateur de France Actualités le 25 juin 1944, vers la fin des enfants dans le cloître. Vous remarquerez l'outrance des propos: 8 à 9 000 cadavres! (la réalité un peu moins de 2 000)
Après la libération de la rive gauche, le 9 juillet, le CA est réorganisé M. Lecomte, professeur au Lycée Malherbe est nommé directeur avec M. Clauzet, chef-adjoint à la main d'œuvre.
Si le Lycée Malherbe ne reçoit aucune bombe, il est, par contre, copieusement arrosé d’obus, d’abord par les alliés, ensuite par les allemands. Selon M. Joseph Poirier: 57, faisant plus de 50 victimes (21 tués et une trentaine de blessés)
2-4 Le CA municipal n° 5 du BS
Il jouissait à l’intérieur du BS de la même autonomie que l’Hôpital Civil.
Le 6 juin tous les responsables sont à leurs postes : le colonel Besnier, le commandant Fraigneau, M. Munier assisté de M. Arsène.
Les premiers arrivants trouvent aisément à se loger mais les lits sont vite occupés et il faut préparer de la paille pour les autres.
Le 6 juin au soir, 300 personnes sont déjà hébergées, le lendemain 700. Le 16, on en compte 1 250. Le 1 juillet -l’ordre d’évacuation a été suivi malgré tout- il n’en reste plus que 600, mais le 9, lors de la libération de la rive gauche, le CA fera de nouveau le plein avec 1 225 réfugiés qui se réduiront à 120 le 17 juillet après le grand départ pour Bayeux.
Pour loger tout ce monde, la direction réquisitionne les deux salles de classe de l’école de la rue Saint-Ouen, elle renonce à utiliser l’école Desbonnet mal située.
Elle annexe une dépendance du pavillon Saint-Charles, elle utilise également un bâtiment neuf (un pavillon en cours de construction sans plancher et sans fenêtres) voisin de Saint-Joseph. D’autres réfugiés campent en plein air sous le Cloître.
et même sous les arbres de la Communauté. La cuisine est à la diligence de l’établissement du BS,
des corvées organisés par Mrs Leneveu et Lohédo vont chercher les plats à la Communauté qui sont servis, par douze services durant trois heures, au réfectoire de Saint-Vincent.
Le CA possède une infirmerie : docteur Aumont avec l'interne Tartar et des infirmières bénévoles (Mmes Besnier, Martinet et Mlle Catoir) et une pouponnière avec Mmes Ruffin, Dussoir et Mlle Lagoutte.
Le centre fermera définitivement le 15 octobre, plus de 200 obus sont tombés sur le Bon-Sauveur et le Lycée Malherbe en faisant 50 morts et plus de 100 blessés.
Au premier plan le Bon Sauveur en arrière plan Saint-Etienne.
"Archives départementales du Calvados". L'église Saint Etienne.
La vie matérielle est organisée par M. Lenfant, agent de la DP, qui a établi son PC dans la chapelle Hallebout, son équipe: l'abbé Lenormand et Mrs Paul Adam, Leclerc, Giffard, Quesnot, Perron, Lelièvre et Billy.
1 400 réfugiés trouvent asile chaque nuit dans l’abbatiale mais 850 seulement sont ravitaillés par le PC. Mgr Léon des Hameaux, 78 ans, et le chanoine Pelcerf partagent la vie des hôtes de Saint-Etienne.
(Photographe: Ken Bell. National Archives of Canada, PA 116290) Civils réfugiés dans Saint-Etienne, le 10 juillet 44
Des cinéastes allemands d'une compagnie de propagande (Propagandakompanie -PK) viennent prendre des vues du CA.
Lire ce témoignage par lequel Jean-Hérold Paquis est venu à Caen.
Les premiers canadiens de la 3è division d’infanterie (certainement les Glens) pénètrent dans Saint-Etienne le 9 juillet à 13h45.
Le 9 juillet 44 à 13H30, 43 rue Caponière des caennais fêtent l’arrivée des canadiens. On trinque tandis qu’un soldat surveille aux alentours. Au centre Mme David. Il s’agit très certainement de Glens (The Stormont, Dundas and Glengary Higlanders de la 9th Brigade de la 3rd Canadian Infantry Division). Témoignage de Mme David
: au moment de la photo, un canadien installait une ligne téléphonique en face de la maison, quelques minutes plus tard un obus le pulvérisa ; ces canadiens étaient francophones.
p010318 Photo : Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA Agrandissement
De la nourriture est apportée aux civils dont les maisons ont été bombardées et qui sont réfugiés dans l'église Saint Etienne. Les sacs de nourriture sont transportés sur un chariot, tiré par un cheval.
Photo prise sur le parvis devant l'entrée du Lycée Malherbe, Place du Lycée qui deviendra Place Mgr Léon des Hameaux en hommage à l'attitude du Doyen de St Etienne empreinte d'une grande humanité lors des bombardements de Juin et juillet 1944. Au fond le mur de l'Ecole Normale de filles maintenant bâtiment des Archives municipales où sont conservées de nombreuses photos figurant sur ce site. L'arbre dans la cour existe toujours !Les réfugiés dans l'Eglise Saint-Etienne. Quatre photos tirées du site de la ville de Caen
Source. Des réfugiés dans une chapelle latérale de Saint Etienne. Source. Des réfugiéd dans la nef centrale de Saint Etienne
Voir un film tourné par les Alliés (à partir de 01:33) après la libération, le 12 juillet : les réfugiés dans l'Abbaye aux Hommes et l'évacuation:
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand éclate dans le haut de la nef côté évangiles, deux sœurs meurent écrasées par des pierres tombées de la voûte.(plusieurs blessés dont mon grand oncle qui fut amputé d’une jambe)
L’évacuation est décidée, mais au moins 300 récalcitrants s’y maintiennent. Les Canadiens installent un poste de soin avec deux camions de la Croix-Rouge dans l'abbatiale et un poste de guet relié au PC central de la DP pour situer avec l'aide de M. Lenfant les points de chute des obus allemands.
L’église a reçu 19 obus.
2-6 Le CA du Palais de Justice.
Un abri souterrain avait été sérieusement aménagé par les allemands pour 80 personnes.
Dès le 6 juin, 150 personnes s’y entassaient et l’ensemble du Palais compta vite plus de 250 réfugiés. Rappelons que le Palais de Justice était le siège du PC du secteur n°2 de la DP. La justice continua à fonctionner, dès le 14 juin suite à la création d’une Police de Sécurité, des pillards furent sévèrement jugés et ce jusqu’au 5 juillet, puis de nouveau à partir du 15 juillet.
2-7 Le CA du Lycée de jeunes filles de la rue Pasteur.
Lycée de Jeunes Filles façade rue Pasteur
Source. Vue de la cour
Il avait été réquisitionné en juin 40, les Allemands y installent un hôpital militaire puis un abri anti-aérien dans la partie de l’établissement qui regarde l’allée des Fossés Saint-Julien, qu’ils évacuent fin avril 44. Mme Barrière, la directrice, fait remettre en état les locaux et désinfecter l’abri et les paillasses et châlits qui y étaient demeurés, à la fin mai, le local était prêt à recevoir une centaine de personnes.
Dès le matin du 6 juin, quelques professeurs se réfugient rue Pasteur, dès 10h30 les Equipes Nationales dont la permanence était en face du Lycée sans abri solide, installent une partie de leurs services dans les locaux du Lycée. Après le bombardement de 13h30 l’abri est pris d’assaut et saturé par les habitants du quartier.
A partir du 8 juin, M. Besnier, professeur à la faculté de Droit, accepte d’assurer la lourde charge de la direction et ce jusqu’au 27 juin, date à la quelle il fut remplacé par son collègue et adjoint M. Fréjaville.
Quelques jours après l’ancienne cuisine du Lycée située au sous-sol fut remise en service par des bénévoles, ainsi que le ramassage de denrées alimentaires dans les magasins d’alimentation en ruines, des boulangers de la place Saint-Sauveur et de la rue Froide continuèrent à cuire le pain, l’eau était prise dans le puits du couvent des Bénédictines contigu, l’éclairage (pétrole et acétylène), des matelas et des couvertures récupérées dans les ruines de La Miséricorde, ainsi qu’une attribution de denrées par le Lycée Malherbe.
A gauche la Place Saint-Sauveur, à droite la rue Froide
2-8 Le CA de l’hôpital Civil. Avenue Georges Clemenceau
Le poste sanitaire allemand est situé dans les caves de la clinique, leurs premiers blessés affluèrent le 6 juin, mais le 8, les allemands quittent les lieux, laissant la place à des contagieux.
600 à 700 réfugiés trouvent asile dans les caves aménagées sous plusieurs pavillons.
Restaient à l’hôpital 40 malades contagieux en traitement au pavillon N°6.
Responsables : M.Lucien Trouvay, ancien ingénieur de la Marine et M. Bauduin, économe. Lire ici le témoignage de son neveu.
Le 12 juin, le docteur Olivier est nommé directeur de l’hôpital Civil-Hôtel Dieu qui regroupe les 2 établissements l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis avec un personnel de 58 personnes dont 2 médecins, 1 pharmacien (M. Feutry), 4 internes et 30 religieuses.
Source: photo Philippe Bauduin (le 23 juin 44 était un vendredi)
Après l’arrivée des Canadiens le 9 juillet, presque aussitôt l’hôpital fut sous le feu de l’artillerie allemande jusqu’au 16 août. A tel point que les Anglais qui avaient réquisitionné un pavillon pour leurs blessés, n’insistèrent pas et vidèrent les lieux !
2-9 Le CA de l’hospice Saint-Louis Hôtel Dieu. Avenue Georges Clemenceau.
L’hospice hébergeait le 6 juin:
la pouponnière 62 enfants avec 14 adultes dont 3 infirmières (le docteur L’Hirondel passait chaque jour), ils partirent pour le Bon-Sauveur le 30 juin.
Trois services hospitaliers : médecine homme (80 malades), médecine femme et CAC. Ils partirent à l’hôpital des Coteaux à Fleury sur Orne le 29 juin.
A gauche l'entrée de l'hospice Saint Louis.
Les réfugiés s’entassent dans les caves, dans les couloirs, dans la crypte de l’Abbaye aux Dames et aussi, car la place est insuffisante, dans les tranchées creusées dans l’immense parc de 750 m de longueur qui sépare l’hospice de l’hôpital.
1 500 réfugiés environ sous la responsabilité du père Gouriou avec M. Payen; M. et Mme Bouts.
Service médical : Docteurs Hardré et Pinchon assistés des internes Letrou et Lefillâtre. Une biberonnerie avec Mlle Thomine.
Situé place du Sépulcre (quartier Saint-Gilles).
Source. Le sépulcre.
Source. Sous réserve, l'entrée de l'abri.
Il s’agit d’un abri souterrain très profond, 18 marches à descendre, au milieu de l’escalier une lourde porte en bois (elle sera soufflée par le bombardement du 7 juillet)
Un grand couloir qui tourne à gauche au fond une porte qui donne dans un garage d’une maison de la rue Leroy, le sol en terre battue, éclairage par lampes à carbure.
L’abri se remplit dés les premiers bombardements du 6 juin, la DP recense 180 réfugiés. Comme partout ailleurs en ville, la vie s’organise : 2 chèvres donnent du lait, les hommes arrachent des légumes dans les jardins, les volailles circulent dans les rues. Les 3 prêtres de l’église Saint-Pierre (le curé Ruel, l’abbé Poirier et l’abbé de Panthou) viennent chacun leur tour passer la nuit dans l’abri avec les réfugiés.
Le 9 juillet vers 02h00, des allemands blessés 6 à 8, entrent se reposer dans l’abri et repartent vers 06h00. A 09h00 les premiers "Anglais"(en fait probablement des Irlandais du 2nd Royal Ulster Rifles, 9th Brigade, 3rd Infantry Division) descendent dans l’abri et découvrent à leur grand étonnement des civils. C’est la joie de la libération.
Le 13 juillet, c’est le départ pour Bayeux dans les bennes de ramassage des ordures ménagères.
Souvenirs familiaux du rédacteur qui avait 31 mois à l’époque, habitait rue Sainte-Anne et qui est resté dans cet abri du 6 juin au 13 juillet avec ses parents.
Rapport de Mme Bazile, directrice de l'École du Vaugueux, 18 décembre 1944. (Arch. Calv., T 4149) :
« Le bombardement nous chassa de notre maison. Nous nous rendîmes place du Sépulcre et gagnâmes l'abri. Là étaient réunies 220 personnes des quartiers Saint-Jean, Saint-Gilles, Sainte-Anne, des Cordes et du Vaugueux, sans vivres, sans eau, sans ressources pour la plupart. Nous prîmes la direction de l'abri, d'accord avec le chef de secteur (M. Jaoüen). Mon fils organisa les services à l'extérieur, j'assurais la discipline à l'intérieur. Nous dûmes lutter contre la frayeur des femmes qui se refusaient à quitter leurs maris. je fis apporter à l'abri les provisions de la cantine. Les corvées s'organisèrent et ce n'est que lorsqu'il nous fut possible de quitter un abri où l'ordre régnait que nous nous éloignâmes. Une centaine de personnes y demeurèrent. Nous y revînmes chaque jour jusqu'au 14 juillet et pûmes ainsi maintenir le contact. Au 30 septembre, 40 personnes vivaient encore dans le souterrain dirigées par M. Gaston Renard, peintre 42, rue du Vaugueux.»
« Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.
Caen est entouré d’une ceinture de collines calcaires dont la pierre servi de tout temps à construire. Chacune de ces collines abrite une ou plusieurs carrières désaffectées pour la plupart. Creusées à une profondeur de 15 à 20 m en dessous du sol, elles constituent sur l’une et l’autre rive de merveilleux abris naturels où vécurent durant la bataille 8 à 10 000 personnes.
A l’intérieur une impression de sécurité totale, mais il fait froid et humide, plusieurs témoignages parlent de fumier plutôt que de paille !
Les plus importantes sont celles de la rive droite à Fleury-sur-Orne à 2 km de Caen de part et d’autre de la route de Thury-Harcourt.
A la sortie de Caen sur la gauche s’élèvent en bordure de la route d’Harcourt les bâtiments d’exploitation d’une distillerie qui appartient à Mrs André et Lucien Saingt. Ils sont construits sur des carrières désaffectées qui servent de caves de stockage à la brasserie, elles couvrent 9 hectares et ne comportent qu’un seul accès, une tirée en pente douce de 20 m sur 150 m de long.
Des réfugiés dans une tirée (entrée en pente douce d’une carrière) à Fleury sur Orne
Contrairement aux trois autres carrières elles ne communiquent pas avec les autres.
Dès les premières heures du 6 juin, la porte de la tirée est ouverte, à 8h00, il y a déjà 50 réfugiés en bas, 200 à midi, 500 le soir, la plupart de Caen.
"Photo Damien Butaeye, les plafonds noircis par la fumée et la lumière du jour à l'arrière plan témoignent de la proximité de la tirée.
Les frères Saingt mettent au point, seuls, sans l’aide des Pouvoirs Publics, une organisation remarquable, avec l’aide de leur personnel et leur argent. Un PC avec un bureau d’admission, une équipe de récupération (M. Georges Hébert et l'équipe des cheminots), des cuisines (M. Lethimonnier), une boulangerie (Mrs Rossignol et Pellâtre), l'abattage du bétail par M. Emile Lefrançois, une carte d’alimentation avec pointage pour éviter les resquillages, trois vaches pour le lait des bébés, un stock important d’eau potable, une infirmerie avec le docteur Cohier; l’abbé Marie de Vaucelles y célébrant la messe tous les dimanches. Le PC est tenu par un jeune polonais de vingt et un ans Camille Kostrz "le petit Camille", comptable à la distillerie; il sera tué par un obus le 10 juillet en trayant une vache . Chaque dimanche la messe est dite par le vicaire de Saint-Michel de Vaucelles, l'abbé Marie.
"Photos Damien Butaeye", à gauche le puits à eau potable de la brasserie, à droite un secteur utilisé par les réfugiés.
Les ordres d’évacuation furent ignorés, mais les allemands se présentent le 25 juin et installent des hommes au repos dans les carrières (aux meilleurs endroits !) Deux lance-grenades (voir photo ci-dessous) sont mis en batterie juste au-dessus des carrières. Ces armes sont servies par le Werfer-Regiment 83 et la SS-Werfer-Abteilung 12 (12.SS-Panzer-Division ). Le 17 juillet, les Waffen-SS expulsent une cinquantaine de réfugiés, autant le lendemain.
Le 19 à 08h30, c’est la libération par les Canadiens francophones du Régiment de Maisonneuve de la 5th Brigade de la 2nd Canadian Infantry Division .
"Photos
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada". Montage de deux photos. Remarquer le drapeau improvisé, constitué d'une chemise bleue d'ouvrier, d'une serviette blanche et d'un napperon rouge, épinglés ensembles. Sur la photo de gauche: la femme à droite avec des lunettes est Mme Saingt.
"Photos
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Remarquer le drapeau confectionné avec un tablier, une couche d'enfant et un foulard.
"Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-129127". Le Private P.P. Beauchamp du Régiment de Maisonneuve et le Dr. Cohier examinent un Nebelwerfer 41 allemand dans une carrière de Fleury-sur-Orne, le 20 Juillet 1944.
Sur une population de 1 000 âmes environ il n’y eu que 3 décès (2 vieillards et 1 enfant). Mais 3 hommes de la distillerie périrent au service des réfugiés.
La carrière fut évacuée complètement le 30 juillet après la visite de M. Pierre Daure , le nouveau préfet.
Lorsque l’on vient de Caen les carrières Fouquet, les plus importantes, se trouvent sur la gauche également à quelques centaines de mètres au-delà des carrières Saingt. Il y a 2 accès : une tirée et un puits équipé d’une étroite échelle de fer coupée par des paliers.
"Photos Damien Butaeye". La tirée et le puits d'entée.
C’est une fabrique de chaux.
L’histoire des carrières Fouquet comporte 2 périodes :
- du 6 au 14 juin
- du 29 juin à la fin de la bataille
M. Fouquet qui est chez lui et qui se trouve du jour au lendemain à la tête d’une population de 2 000 âmes en assume la direction, les carrières sont divisées en 13 secteurs ayant chacun à leur tête un responsable. Le PC est installé à l’entrée au bas de la tirée :
- 400 réfugiés le 8 juin
- 800 le 9
- 2 000 le 14, jour de l’évacuation.
La carrière est éclairée par 25 lampes à calcium de l'usine.
Photo
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada
Une organisation se met en place avec M. Stévenin, ingénieur à la SNCF, dès le 7 juin par des cuisines, le 9, deux boulangeries elles fonctionneront nuit et jour sans interruption, une partie du ravitaillement est assuré par le Ravitaillement Général (RG) M. Martin, un puits est remis en service et pourvu d’une pompe, une infirmerie est créée dans un coin ainsi qu’un service de police et d’hygiène. M. Charles Aussant, représentant de commerce, est promu "ministre du ravitaillement". La vie s’organise, quand arrive l’ordre de départ ; le 13 juin en fin d’après-midi des bruits avant-coureurs parviennent, l’ordre est impératif. A l’aube du 14 juin, on distribue des vivres : beurre, viande, biscuits et sucre, des carrières Fouquet et des autres 12 000 réfugiés se mettent en route sur le chemin de l’exode par la petite route sinueuse de Bras (hameau d'Ifs).
Peu de temps après les allemands installent dans la carrière un état-major.
Photos Damien Butaeye, à gauche le plafond noirci par les feux entretenus en continu, à droite l'emplacement du QG allemand.
Le 14 juillet dans l’après-midi un bombardement, dans la tirée, fait des morts et des blessés parmi des réfugiés en cours d’expulsion par les allemands.
M. Fouquet et sa famille se cachent jusqu’au 19 juillet à 11h00, date de la libération par les canadiens francophones du régiment de Maisonneuve.
Les carrières Pochiet, ex Géo Roger (fabrique d’engrais) situées au-delà des docks Fouquet en bordure de la route d’Harcourt et à la hauteur du clocher de Fleury furent au moins aussi indépendantes que les carrières Saingt.
La discipline de fer à laquelle était soumis les hôtes de M. Pochiet (70 ans, officier de réserve) en imposa aux allemands eux-mêmes qui laissèrent à peu près tranquilles les troglodytes.
On accède aux carrières Pochiet par 2 puits, le plus grand est surmonté d’une grue utilisée pour l’extraction des pierres, il a 3 m de côté ; l’autre beaucoup plus étroit muni d’une échelle de fer était utilisé par les réfugiés.
Naturellement dès le 6 juin, bien qu’elles soient de toutes les plus éloignées de Caen, elles accueillent une centaine de réfugiés, elles en abriteront plus de 450 par la suite.
Les hôtes des carrières sont recensés, un service de main-d’œuvre est organisé, des responsables sont nommés, un conseil de sécurité et de discipline (avec Mrs Huré, directeur de l'usine à gaz, Chapron, Gauthier et Fabien) assiste M. Pochiet. Un voleur est condamné à l’expulsion. La carrière est divisée en deux îlots avec à leur tête: Mrs Marie et Archambault. Il y a plus, comprenant- et ils sont les seuls à l’avoir compris en temps opportun – que moins on parlera d’eux plus ils seront tranquilles, ils interdisent purement et simplement à leurs ressortissants de sortir de leurs trous. La carrière à deux issues, un planton se tient en permanence à l’entrée de chacune d’elles, pour monter sur le plateau ou gagner par des dédales obscurs les coteaux, il faut exhiber un laisser passer du PC, cette mesure est décidée le 14 juin au reçu de l’ordre d’évacuation qui reste lettre morte.
"Photo Damien Butaeye", dans le passage gardé vers les Coteaux est encor visible l'inscription: "ne pas laisser passer personne"
L'abattage du bétail abandonné ou blessé est effectué par M. Genaudeau. Un contrôle médical sévère avec Sœur Saint-Maurice de la Miséricorde complète cette organisation, une naissance est enregistrée, l’infirmerie improvisée ; aucun mort, aucun blessé, bien que souvent bombardée la voûte de 20 m d’épaisseur résista. La messe est dite chaque dimanche par le curé de Fleury-sur-Orne , l'abbé Saussaye.
La libération fut sans histoire, les Canadiens apparurent dans l’après-midi du 19 juillet
A la fin juillet, quand les réfugiés sont expulsés par les Britanniques, ils remettent au RG :450 kg de beurre, 550 kg de farine, 25 caisses de biscuits, 100 kg de haricots, 10 Kg de sel et 25 kg de café !
2-11-4 Les carrières des Coteaux
Ce fut le 6 juin dans l’après-midi, une ruée vers les grottes des Coteaux (certains témoignages indiquent le nombre de 16), sur la droite de la route d’Harcourt et dominant la vallée de l’Orne, qui servaient pour la plupart de champignonnières.
Source. Les coteaux de Fleury
Entrée d'une carrière coteau de Fleury.
Les portes de gré ou de force s’ouvrent, chacun s’y installe où il veut et comme il veut, aucune organisation n’y fonctionna jamais, aucun contrôle non plus.
"Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Réfugiés à l’entrée d’une carrière de Fleury-sur-Orne
Les seuls chiffres disponibles sont ceux du Centre d’Accueil de Fleury-sur-Orne : environ 12 000 portions à chaque repas avant l’évacuation du 14 juin (ce qui ne signifie pas 12 000 réfugiés dans les carrières, beaucoup de réfugiés ne faisaient que passer) puis 3 500 à 5 500 soit une population moyenne de 2 500 à 4 000 personnes compte tenu des resquillages.
Le 6 juin, les premiers réfugiés sont dirigés vers le centre de ravitaillement général dirigé par Mme Villez qui fonctionne à la Mairie-Ecole du village de Fleury-sur-Orne, responsable M. Marie, chef de bureau à la Préfecture, envoyé par le préfet pour y organiser l’accueil des réfugiés. Les vivres proviennent de réquisitions et des récupérations.
Le 13 juin, les ordres d’évacuation sont transmis aux réfugiés, plusieurs milliers s’en vont, pas tous, les partants sont aussitôt remplacés par les Caennais de la rive gauche qui ont reçu le même ordre et qui ne savent pas où aller ! Le 17 juin, le PC et les cuisines sont déménagés à la ferme Betton, il faut aller chercher l’eau avec un tonneau à la ferme Chaussain chemin long et dangereux souvent sous les bombes. Le pain est cuit à Fleury par les boulangers Laforge et Decroisre.
"Photo Archives départementales du Calvados" Un autel ou une tombe provisoire.
Les carrières fermèrent quand les Waffen-SS ordonnent l’évacuation les 15 et 17 juillet.
2-12 Les carrières de la rive gauche
On peut citer :
-les carrières Saint-Julien:
Sur les hauteurs du Gaillon, entre la rue du Magasin-à-Poudre et la rue Bosnières, existe une faille dans le coteau calcaire qui permettait, autrefois, d'extraire latéralement la pierre, en creusant des galeries plus ou moins longues. Après la désaffectation des carrières, le terrain avoisinant, bâti de pavillons, donna naissance à un quartier nouveau connu sous le nom des Carrières Saint-Julien. Un certain nombre de ces pavillons étaient construits contre la falaise même, à l'entrée des galeries creusées dans le coteau et servant de caves. Celles-ci constituèrent des abris naturels excellents où se réfugièrent lés habitants du quartier des jours durant.
-celle du N°18 avec comme responsable, chef d'abri, M. Robert Carabie, le puits est rue Haldot. 116 réfugiés à la date du 10 juin;
-on peut citer également: l'abri Robineau, l'abri Primois, l'abri Laousse, l'abri Bonheur, l'abri Thomas, l'abri Proisy et l'abri Marie.
"Carte postale Delassalle" Les carrières Saint-Julien, voir le front de taille en haut à droite.
-les souterrains de Moulin-au-Roy sur les hauteurs de Saint-Gilles, dirigée par M. Roncin.
-les grottes de la ferme de Mr et Mme De Cooman, rue des Jardins non loin du Jardin des Plantes. Les trois abris de la ferme sont réservés aux vieillards et mères et enfants, tous les autres réfugiés dorment au pied des rochers, allongés sur de la paille. Le 29 juin, les réfugiés sont évacués de force par les Allemands qui réquisitionnent les abris. lire ici deux témoignages.
-les carrières de la Maladrerie:
-carrières Kaskoreff aménagées en centre d’accueil par M. Boulvain directeur de la Société des Pépinières de Caen. Accès par deux puits de 22 et 18 mètres avec une échelle verticale, l'un des puits est équipé d'une nacelle avec un treuil manuel. A partir du 16 juin : 250 personnes avec 52 enfants, 500 personnes venaient régulièrement y passer la nuit. Le ravitaillement des enfants est assuré par M. Boyer et l'abbé Leneveu, celui des adultes par M. Pellan. Libération par les canadiens le 9 juillet à 11h30.
"Source, photo du Service des carrières de la Ville de Caen", un des puits utilisé par les réfugiés, l'échelle a été construite à l'aide de voies Decauville.
Lire le témoignage de Mr Monzein à la date du 4 juillet et celui de Mr René Morin.
-carrière du Bowling, environ 50 personnes, puits d'accès de 27 m équipé d'une échelle et d'un treuil. Le 23 juin, deux jeunes gens poursuivis par des allemands s'engouffrent dans l'échelle d'accès l'un deux fait une chute et meurt de ses blessures au Bon Sauveur. Lire ici un témoignage.
"Source, photo Archives Municipales de Caen", l'échelle métallique utilisée par les réfugiés.
-la glacière de la rue d'Authie, 50 personnes environ, libération par les Canadiens le 9 juillet. Le 15 juillet deux photographes anglais les sergents Jim Mapham et Bert Hardy y effectuent un reportage qui sera publié par le journal Illustrated le 5 août sous le titre: "La cave à bière de Caen vivra dans l'histoire"
"Source"
Communauté de la Miséricorde. Source
Le 6 juin à 16h30 mise hors service de la salle d’opération
A 17h30 les docteurs Morice et Martin qui avaient opéré jusqu’alors informent le docteur Jean Cayla, qu’après le second bombardement de la clinique, celle-ci n’était plus utilisable. Ils furent priés de rejoindre aussitôt le Bon-Sauveur avec leur équipe chirurgicale.
A 23h00 arrivée du PS n° 1 situé de l’autre côté de la rue des Carmes dans le vieux pensionnat Saint-Jean qui évacue à la Miséricorde
Le 7 juin à 02h20 écrasement de la Miséricorde : le dispensaire transformé en hôpital complémentaire, la clinique principale et l’autre clinique rue des Carmes ; 171 victimes dont 72 morts. Lire témoignages
Les cliniques Saint-Joseph et Saint-Pierre sont anéanties.
A la clinique Saint-Martin,
dès le 6 juin , les blessés y arrivent par leurs propres moyens. Le personnel sanitaire y est très réduit : quelques infirmières, des bénévoles et un interne en médecine faisant office de médecin, M. Jean-Marie Toutain. La clinique, abîmée dans sa structure, dispose encore de ses instruments, le 11 juin le stock pharmaceutique est épuisé, M. Toutain se rend au BS et dresse sur le toit une croix rouge. 100 bouches sont à nourrit, la Mère Supérieure se rend près de Falaise dans une ferme et le bétail est abattu par exemple à l'imprimerie Ozanne rue des Rosiers. Les Equipiers d'Urgence s'occupent du ravitaillement. Le 21 juin , un médecin SS réquisitionne des matelas pour son hôpital de campagne, malgré les menaces l'ordre d'évacuation du 29 juin n'est pas respecté. Elle accueille jusqu’au 15 juillet date de l'évacuation sur Bayeux des victimes civiles et militaires.
Situé dans l’ancien pensionnat Saint-Jean, rue des Carmes de l’autre côté de la Miséricorde
Le 6 juin à 07h00 le chef M. Louis Asseline, ses 2 adjoints (MM. Brazard et Goupil) et le personnel médical arrivent peu à peu. Dans la matinée les premiers blessés venant de Lébisey, les autres après le bombardement de 13h30. Les bombardements de 16h30 et 17h00 ébranlent l’édifice, dans la soirée arrivent les blessés et les malades de la clinique des Oblates fuyant les incendies. Vers 23h00 le chef de poste décide de transférer tous les malades et les blessés à la Miséricorde devant la menace du feu.
« Archives départementales du Calvados » Poste de secours bombardé à Caen par les forces alliées. Photographie de propagande allemande.
Après le bombardement de 02h30, tout le quartier est en ruines et en feu, c’est l’ordre de repli vers le PS n° 2 place Blot, le passage vers le quai Vendeuvre est impraticable vu la hauteur des ruines, le trajet se fera non sans mal par la rue Saint-Jean, la rue Saint-Louis, la rue Sadi-Carnot, la place Gambetta, le boulevard Bertrand, les Tribunaux, la place Saint-Martin, les fossés Saint-Julien, la rue Desmoueux et enfin la place Blot.
lire le témoignage de M. Bernard Goupil
Le 6 juin tout le monde est à son poste sous les ordres de M. Rolland, 7 à 8 médecins, autant d’infirmières et 40 brancardiers.
Document présenté page 24 de ce livre avec l'aimable autorisation de l'auteur, une partie des membres du PS N°2
L’immeuble au 2 de la place Blot est encadré par les bombes à 13h30 mais il n’est pas touché, les morts et les blessés affluent, ils sont dirigés vers le Bon-Sauveur ; l’après-midi le jardin reçoit des bombes, le bombardement de 02h30 l’épargne.
Le 7, les allemands installent une ligne de défense, place Blot et donnent l’ordre aux habitants restés aux alentours d’évacuer. Après un premier déménagement prévu à la Société Normande d’Alimentation (SNA) rue Saint-Gabriel, annulé car les allemands y installent une batterie d’artillerie, le repli se fait à 16h00 avec le matériel vers le Bon-Sauveur où étant refoulé vers le Lycée Malherbe au réfectoire, le même jour le docteur Jean Cayla crée l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe avec le personnel des deux PS n°1 et 2.
témoignage d'un équipier de la Défense passive affecté au PS N°2
Le 6 juin à 07h30, la majeure partie de l’équipe se trouve à son poste :
Les premières victimes n’arrivent que dans l’après-midi : 14 morts et 22 blessés.
Du 6 juin au 15 août, 85 morts ont été amenés au PS et 1 455 blessés et malades dont 33 soldats Britanniques et Canadiens y ont reçu des soins. Les morts ont été inhumés pour la plupart au cimetière de Vaucelles. Les blessés graves (il n’y avait pas d’installation chirurgicale) –selon le plan prévu- transportés au Bon-Sauveur par la passerelle puis par le pont du tortillard ; les allemands ayant interdit le passage de l’Orne aux ambulances, le passage se faisait par brancardage manuel entre les deux rives. Après la libération de la rive gauche, l’évacuation se fera à Giel (Orne) via Saint-Sylvain ; en tout 400 blessés furent ainsi transférés.
Lire le témoignage de Mr Chapel
3-5 Hôpitaux de repli organisés par le docteur Cayla
Dès le 8 juin, le docteur Jean Cayla propose comme repli pour la rive droite en prévision d’une rupture totale des ponts entre les rives droite et gauche de Caen : l’envoi d’une équipe chirurgicale mobile pour la rive droite à Boulon (à 17 km de Caen sur la route de Thury-Harcourt)
Réponse du SIPEG (Service Interministériel de Protection contre les Evénements de Guerre, service créé par décret du 12 février 1943, délégué général: Jean Lacombe préfet hors cadre) : l’orphelinat de Giel (Orne) à l’ouest d’Argentan.Carte Jean Secardin à partir de celle de la page 200 du livre: Ambulancières en Normandie Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac , Editions du Moulin Vieux, 1994.
Distance : Caen-Giel-Courteilles 66 km en passant par Saint-Sylvain (à 22 km de Caen) Les ambulances avaient ordre de ne pas aller plus loin que cette localité afin de ménager le matériel !
Le 7 juillet, deux médecins sur trois du PS n°3 reçoivent l'ordre de se replier sur Giel: les docteurs Guesdon et Fontaine; le docteur Friley reste seul à Sainte-Thérése. A partir du 9 juillet, date de la libération de la rive gauche de Caen, le PS n°3 envoya ses blessés à Giel via Saint-Sylvain. (témoignage de Mlle Heiniger, ambulancière)
Rappelons également que le 11 juillet, des ambulances venues de Giel évacuèrent 85 blessés de « l’hôpital » des Petits Sœurs des Pauvres boulevard Lyautey.
Cet hôpital de campagne de Giel était installé dans l’orphelinat depuis juin avec les docteurs Regnier et Levaux, deux internes, des bénévoles et des sœurs de la clinique d’Argentan. Il fût libéré le 18 août.
3-5-1 à Truttemer-le-Grand (Calvados) au sud-est de Vire
Distance : Caen-Truttemer 73 km
Truttemer reçoit également tous les services médicaux de Vire depuis l’anéantissement de la ville le 6 juin au soir. L’hôpital Charles Canu, la clinique Ambroise Paré et le poste de secours de la Miséricorde y sont repliés. Le château,les deux écoles
et la salle paroissiale sont réquisitionnés. Le docteur Couppey dirige cet hôpital de campagne avec ses confrères Rousses et Tesnière. Le chirurgien Darnis les rejoint et pratique 450 opérations dans des conditions difficiles. Il faut assurer les soins exigés par plus de 1500 blessés.
Caen envoie des secours : une ambulance et l'équipe médicale des docteurs Lacroix et Lebars. Des médicaments arrivent également de Paris envoyés par une association charitable qui en assure le transport dans une Juvaquatre Renault. Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla, à la mi-juin, pour l'alimentation électrique d'un poste de radiographie.
La maison où les docteurs étaient hébergés:
Cette antenne hospitalière va fonctionner jusqu'au 6 août
3-5-2 à Guerquesalles (Orne) au sud de Vimoutiers au château de Vimer
Distance : Caen-Guerquesalles 63 km
Le château de Vimer, propriétaires le Comte et la Comtesse de Touchet, sert déjà depuis le 14 juin après-midi comme hôpital de repli pour celui de Vimoutiers entièrement détruit par un bombardement aérien; le docteur Boullard y opère les blessés du bombardement de Vimoutiers dans des conditions plus que précaires avec comme seul antiseptique du Calvados avant de recevoir des renforts organisés par l’infirmière-major Mme de Liencourt.L'équipe médicale du château de Vimer.
Le château fut équipé par la Croix-Rouge (Mme de Vieil-Castelle).Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla.
Il représente une superficie de 10 hectares, une ville dans la ville, qui en 1939 comptait 1 800 âmes dont 1 250 malades et 120 religieuses. En juillet 42, les allemands évacuent l’hôpital psychiatrique, ne laissant qu’un centre pour les urgences. En août 42, l’hôpital civil de Saint-Gilles, transformé en Kriegslazarett par l’occupant, vient s’y réfugier.
Le 6 juin 44, quelques bâtiments, près de la rue Saint-Ouen sont réservés en cas de bombardement à recevoir les victimes des « événements de guerre » c’est le Centre d’Accueil municipal du BonSauveur.(voir 2-4)
Organisation :
Direction du service de santé par les docteurs Jean Cayla et Marcel Digeon et pour le secteur administratif M. Célestin Leroyer. Citons également comme collaboratrices de la direction sanitaire: le docteur Lucie Solente, Mlle Denise Noblet et Mme Luc secrétaires.
Intendante, Mme Leroux.
L'entrée du Bon Sauveur par une allée donnant sur la rue de l'Abbatiale
Photos Herbaltablet en 2009.
Le centre de triage dans le « grand pavillon » dirigé par les docteurs Villey et Bonnet
Le bloc opératoire à 200 m, au pavillon du Sacré-Cœur (avec un étage, un rez-de-chaussée et un sous-sol) avec 3 salles d’opérations (1 à chaque niveau), 2 groupes électrogènes pour l’alimentation électrique
Une salle de radiographie dirigée par le docteur Simon
Pour les plâtres : le docteur Dastugue
Transfusion sanguine : le docteur Henri Le Rasle
Au pavillon Sainte-Camille, les docteurs Morice et Lacroix pour les blessés de première urgence
Le service de biologie médicale : le docteur Lebailly
Docteur Porin responsable de la lutte contre les maladies contagieuses et parasitaires
Service stérilisation : Mlle Hofer et 4 infirmiers
La pharmacie dirigée par les internes Jean Lepoultier et Jean Benoist
La maternité installée au sous-sol du triage avec Mlles Lydia Targowla , Rouat et Marie Perrot (80 naissances)
Le responsable des brancardiers (130 hommes) M. Pigeon, agent de la DP
Une équipe spéciale, dirigée par Pierre Buisson avec le concours de 6 agents de police pour la récupération dans les décombres des pharmacies sinistrées des médicaments ayant pu échapper à la destruction
Le service de contrôle des entrées et des sorties des blessés et des morts et les liaisons avec les familles dirigé par M. Max Maurin, délégué régional à la famille avec son équipe.
Et bien sûr le dévouement de toutes les religieuses. Un fait parmi d’autres :
Le docteur Digeon va avec un chauffeur et deux brancardiers à l’usine Froger-Gosselin de Saint-Rémy-sur-Orne pourtant gardée par les Allemands et grâce à la complicité d’un ouvrier revient avec le camion bâché rempli de coton et de pansements.
Quelques chiffres :
Le premier jour du débarquement le docteur Guibé opéra durant 20 heures consécutives !
Les salles d’opération fonctionnaient selon les horaires suivants :
- -de 01h00 à 07h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
- -de 07h00 à 13h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice
- -de 13h00 à 19h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
- -de 19h00 à 01h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice
Du 6 juin au 15 août : 2 300 opérations
Le maximum fut atteint le 20 juin avec 826 blessés hospitalisés
De mi-juin au 9 juillet : 23 blessés graves par jour en moyenne, 1 390 blessés, 178 morts et 71 naissances
A la mi-juin : 820 lits, 550 blessés et 270 patients en médecine et maternité
Fin juin des évacuations sont organisées vers Mortagne-au-Perche et Giel dans l’Orne ainsi qu’à Bayeux.
L’après-midi du 9 juillet : 618 blessés dont 6 Allemands et 12 Britanniques que les libérateurs canadiens transportent à l’hôpital général militaire de Douvres.
L'évacuation des blessés s'organise avec des transports sanitaires des Alliés, dès le 9 juillet: 35 vers Douvres, le 16:70 enfants de la pouponnière à Sainte-Croix-Grand-Tonne sous l'autorité de Mlle Maunoury, le 17: 48 tuberculeux vers l'hôpital Pasteur à Cherbourg,
65 malades mentaux. 80 sourds et muets vers le grand séminaire de Bayeux.
Photo présentée page 7 de ce livre. Le grand séminaire de Bayeux transformé fin juillet 1944 en hôpital militaire Robert Lion
Un groupe d'une cinquantaine de sourds, garçons et filles, quitte l'Institution pour un périple vers Bayeux, un camp de toiles à Cussy, le château d'Amblie, le Bon Sauveur de Pont L'Abbé, retour à Caen le 1 septembre 1944 .
Une anecdote parmi tant d’autres, dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand traverse la salle d’opération du pavillon du Sacré-Cœur faisant 1 mort (le blessé en cours d'intervention) et 3 blessés (dont le docteur Maugeais et l'anesthésiste), 42 minutes après la destruction la salle d’opération est réinstallée.
426 personnes y travaillent dont 31 médecins, 22 internes, 114 infirmiers et élèves infirmiers ainsi que 46 personnes de la Croix-Rouge Française (CRF), 130 brancardiers, 83 aides-soignantes et les religieuses.
Il y eut environ 620 décès, 71 naissances, 2 300 opérations chirurgicales.
Lire le témoignage de deux brancardiers du BS
3-7 L’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe
Il est crée le 7 juin avec le personnel des PS n° 1 et 2 repliés au réfectoire du Lycée.
Responsable administratif : M. Rolland
Médecin-chef : docteur Lemarinier
Au triage : docteur Golse
A la transfusion sanguine : docteur Rousselot
A l’ophtalmologie : docteur Quermonne
A la dermato-vénérologie : docteur Hissard
A la pharmacie : Docteur Pierre Danjou
Lire ici l'affectation du Dr Paul James
Avec une annexe pour les contagieux, 111 malades reçus du 18 juin au 9 juillet: diphtéries, angines, scarlatines, rougeoles, affections broncho-pulmonaires et gastro-intestinales dont 2 typhoïdes (docteur Vigot) établie de l’autre côté de l’impasse Saint-Benoît dans les locaux de l’Ecole Normale d’Institutrices.
L’hôpital complémentaire remplit deux offices, il reçoit :
-les blessés
-les malades et les vieillards
Les malades s’installent dans les dortoirs du premier étage et les vieillards (une centaine) impotents et grabataires au second.
A la mi-juin : 330 lits avec un effectif de 210 personnes dont : 12 médecins, 2 chirurgiens-dentistes, 2 pharmaciens, 32 infirmières, 26 aides infirmières et secouristes et 57 membres des Equipes d’Urgence de la Croix-Rouge Française.
Les blessés amenés par les ambulancières, les agents de la DP, les garçons des Equipes d’Urgence et Nationales à travers la cour du Lycée, sont examinés, aussitôt, par le docteur Golse. Les cas de première urgence sont immédiatement dirigés sur les salles d’opérations du BonSauveur. Si nécessaire, le docteur Rousselot fait une transfusion de sang. Les blessés de deuxième et troisième urgences restent à l’hôpital complémentaire où ils sont nettoyés, pansés, soignés jusqu’à ce que les chirurgiens puissent s’occuper d’eux.
Entrée de la cour du Lycée Malherbe place Guillouard (ou Place du Parc) deux sentinelles allemandes en faction. Remarquez sur les piliers du portail des pancartes
HOPITAL
COMPLEMENTAIRE DU LYCEE MALHERBE
La photo a donc été prise avant le 9 juillet et quelques jours après le 7 juin (le temps de faire les pancartes !)
Cet hôpital servit d’annexe en quelque sorte au BonSauveur, finalement au total 500 lits seront occupés jusqu’à la fermeture, mi-juillet, commandée par les bombardements allemands suivant l’arrivée des alliés rive gauche, entre temps les malades les moins graves furent évacués à l'hôpital des coteaux fin juin sur ordre du docteur Cayla. Une équipe médicale resta au Lycée.
"Photo allemande. Archives du Calvados" Dans la salle du réfectoire du Lycée Malherbe
3-8 Le Préventorium de Fleury-sur-Orne
.
A 1500 m de Fleury, sur la route de Saint-André-sur-Orne près de la voie ferrée s’élève le manoir Sainte-Croix que l’on appelle encore « Le Préventorium » parce qu’il y a encore une dizaine d’année une aile servait de préventorium en effet. Il était à la veille de la guerre la propriété de M. René Jacob.
Au début des hostilités, l’aile du manoir qui avait servi de Préventorium fut réquisitionnée par le Service de Santé. Une position de repli pour la pouponnière de l’Hôpital Civil y fut aménagée et confiée au docteur Clot. L’organisation comprenant une grande salle d’accueil au rez-de-chaussée et deux dortoirs de 30 lits aux étages. Il s’y ajoutait quelques salles secondaires.
Photos présentées dans Fleury sous l'occupation 50ème anniversaire de l'été de la libération, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994. A gauche la Croix-Rouge sur le toit. A droite devant le préventorium: en blanc le docteur Clot à gauche casqué le RP Prigent.
Il va de soi que ces prévisions ne résistèrent pas aux événements. Dès le 6 juin, les réfugiés affluent et s’installent dans les dépendances. Le docteur Clot réclame en vain une équipe médicale à Caen. Il envoie les grands blessés au BonSauveur et ne garde que les légers. En quelques jours toute une organisation est mise en place et tout le manoir est investi ; 300 paillasses allemandes sont récupérées à la Mairie de Fleury-sur-Orne. Avec le docteur Clot, six religieuses de Saint-Louis et plusieurs infirmières bénévoles, deux d’entre-elles Mme Henriette Campain et Mlle Antoinette Jacob seront tuées par un obus le 20 juillet.
La pharmacie est assurée par Mlle Françoise Clara.
La maternité est dirigée par Mlle Mériel sage-femme : 18 naissances durant la bataille.
Au début 60 bébés, 84 malades et blessés et 10 femmes à la maternité. Le transport des blessés graves vers le BonSauveur est fait par des automobilistes bénévoles et courageux.
Les jours d’affluence 2 000 personnes à nourrir. La boulangerie se fait au four de la ferme Bernard.
Le 10 juin, arrivée de 330 vieillards de Caen répartis dans les fermes Villey et Vivien, ils repartiront ensuite vers Bourguébus et l’hôpital des Coteaux.
Vers le 12 juin, 380 enfants de Saint-Louis arrivent à leur tour, les dépendances sont évacuées par les réfugiés, mais il en restera toujours. Quant aux enfants ils repartiront vers Sées (Orne) début juillet.
Le 15 juin le RP Prigent peint une immense Croix-Rouge sur le toit du grand bâtiment et sur un grand drap fixé sur le toit du manoir et la pelouse.
Des Waffen-SS installent autour du manoir 17 pièces de Flak , 7 lance-grenades et raflent 120 bêtes.
Le 29 juin, arrive de Caen l’ordre d’évacuation, 400 vieillards sont conduits vers Trun dans des véhicules de toute sorte ramassés dans les fermes du voisinage. Les enfants sont conduits aux carrières de Fleury-sur-Orne jusqu’au 5 juillet date de leur évacuation (217 entassés dans 4 autocars) emmenés par Mme Pidoux, assistante sociale.
Le 6 juillet, des obus tombent sur le manoir, il ne reste plus qu’une quinzaine de personnes.
La libération le 20 juillet à 08h00 par deux soldats Canadiens.
3-9 Hôpital des Coteaux à Fleury-sur-Orne
Photo PAC prise le 1 août 1944
Avant de parler de ce dramatique lieu, il faut indiquer que le 16 mai 44, il n’y a plus à Caen aucun vieillard dans les hôpitaux, hospices ou maisons de refuge publics ou privés ; ils avaient été évacués dans la semaine précédente sur ordre exprès.
Le 29 juin, les Allemands ordonnent impérativement aux Caennais de la rive gauche d’évacuer les quartiers de la périphérie dont 526 vieillards abandonnés par leur famille depuis le 6 juin. A savoir :
-
-12 à l’hôpital civil
-
-118 à l’hospice Saint-Louis
-
-108 à l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe
-
-110 au Centre d’Accueil du Lycée Malherbe
-
-178 au BonSauveur
L’évacuation doit se faire en deux temps aux carrières de Fleury puis dans le département de l’Orne ; mais le transit ne se fera jamais !
Les carrières des Coteaux étaient numérotées : la 3 pour Saint-Louis, la 4 (avec M. Lemarchand chirurgien-dentiste et deux religieuses de La Providence de Sées pour le Lycée Malherbe et le BonSauveur et 3 bis pour une annexe.
Ordre de départ le 29 juin à 16h30 à Saint-Louis, premier départ à 18h30 dans des camions du service de nettoiement, les chargements arrivent jusqu’à 20h00 avec 6 religieuses (la Mère supérieure de Saint-Louis, Sœur Gaillard et les Sœurs: Refuveille, Messageon, Martin, Mayolet et Veloutre) et les R.P. Gouriou et Faudet de l'Institut Lemonnier, en présence des docteurs Jean Cayla et Maquère. Brancardage vers la carrière 3 jusqu’à 23h00 par des Equipiers d’Urgence (une équipe de 12 volontaires dirigés par Jean Cadic) . De la paille souillée sur le sol, d’autres couchent à même le sol gluant et glacé, tous n’ont pas de couvertures.
Le lendemain matin arrive par camion les évacués du Lycée Malherbe sans accompagnement ! Ils sont débarqués sur l’herbe mouillée et y resteront jusqu’à 18h00 (les occupants des grottes -la carrière 4- ne voulant pas laisser leur place)
Le 2 juillet, du matériel est ramené de Saint-Louis (150 lits, sommiers, paillasses, couvertures, draps, une pharmacie et 2 t de conserves et produits alimentaires)
M. Trouvay installe un petit groupe électrogène dans la carrière 3, la cuisine provient de la ferme Betton, du personnel arrive en renfort : des Sœurs de Saint-Louis et 3 infirmières envoyées par Mme Saule: Mlles Horel, Mutel et Dabosville. Le père Faudet, le 8 juillet, prend en main l’organisation ,il crée une salle 3bis entre les grottes 3 et 4, les soins sont dispensés sous la direction du docteur Maquère, de Bretteville-sur-Odon, avec le docteur Bories et les internes Morin et Bellamy, de nouvelles infirmières de la Croix-Rouge Française arrivent ainsi que des volontaires hommes et femmes venus des carrières voisines. Le ravitaillement vient de la ferme Betton pour la viande et le pain, le reste incombe à M. André Bernard, agriculteur.
A partir du 9 juillet, par suite de l’évacuation du Préventorium et de l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, l’hôpital des Coteaux fut le seul Poste de Secours dans cette partie de la banlieue caennaise, de nombreux blessés y furent amenés et transportés ensuite sur Giel (Orne).
Photos collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. La cuisine, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, le père Faudet va récupérer à Louvigny des blessés abandonnés lors de l’évacuation du village ordonné par les allemands.
P
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. Des vieillards, des réfugiés et des religieuses, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.
A partir du 14 juillet ce sont les Waffen-SS qui exigent l’évacuation, mais comment ? Les allemands quittent les grottes le 19 juillet à 04h00. La libération n’améliora guère les conditions de vie de ces malheureux.
Elevage de poules et de lapins
Il y eût 47 décès à l’hôpital des Coteaux, inhumés au cimetière de Fleury jusqu’au 8 juillet, puis dans la carrière même à cause des bombardements incessants. En janvier 1945, une polémique fut provoquée par une lettre à la presse un architecte caennais, M. Morice, dénonce avec émotion l'abandon dans lequel sont laissés nos morts dans les carrières de Fleury. Victimes des événements de juin juillet, trente corps, dont certains non identifiés, reposent depuis sept mois à fleur de terre et sans cercueils dans la carrière n° 3. Des mains pieuses ont façonné une petite croix portant au crayon-encre le nom des défunts. Ces tombes voisinent avec les champs de champignons et sont constamment détrempées par les infiltrations d'eau. Navrant spectacle pour les familles dans l'obligation d'explorer cette carrière pour en exhumer un être cher. Et le lecteur qui se fait l'interprète de ces familles pose diverses questions, notamment sur le fait que ces corps n'aient pas été exhumés et transférés dans le cimetière de Fleury. Pourquoi ces victimes n'ont-elles jamais été déclarées à la mairie de Fleury ? Pourquoi leurs noms n'ont-ils jamais été transmis à la presse ?
L’évacuation n’eu lieu que les 26 et 27 juillet vers Amblie et Villiers-le-Sec, il ne restait plus que les religieuses et 2 pères.
4-La Croix-Rouge Française (CRF)
Délégué départemental M. de Clermont-Tonnerre, adjointe Mme de Vieil-Castel
PC au 85 rue Caponière (Ecole Jeanne d’Arc)
C’est la CRF qui organise :
- les relais sur la route de l’exode : Caen, Bourguébus, Trun
-les hôpitaux de repli de Truttemer-le-Grand et du château de Vimer
Dépend de la CRF :
-les Equipes d’Urgence (EU), responsable M. Adeline
-les Ambulancières, responsable Mlle Denise Brouzet
-le Service de l’Enfance et des services annexes, Mme Clément-Brédiger, avocate (blessée le 15 juillet au cours d’un bombardement)
-les Infirmières (une vingtaine) détachées dans les PS et les hôpitaux.
Le 24 juin, le PC déménage et s’installe dans les cellules du pavillon Sainte-Marguerite du BonSauveur
4-1 Les Equipes d’Urgence (E.U.)
Organisées en juin 43 par Mme de Viel-Castel avec le concours du Service de Santé
Le PC était au 85 rue Caponière, responsable M. Adeline, chirurgien-dentiste
Effectif à la veille du 6 juin, 100 à 200 membres volontaires garçons et filles, recrutés principalement dans les milieux universitaires. Les départs furent nombreux les 6 et 7 juin, mais de nouveaux volontaires assurent un effectif moyen de 90 membres, plusieurs sections furent créées :
-l’équipe des étudiants des facultés avec Gilles Rivière
-celle des lycéens Malherbe avec René Streiff
-celle des lycéens Sainte Marie avec J. Renault, étudiant en lettres et professeur de 5e.
Photos collection André Heintz présentées page 183 et 184 du livre:
Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Equipiers d'Urgence au Lycée Malherbe sur un plateau et rue de l'Académie avec une voiture à bras.
"Photo ECPA Coll. Musée Mémorial de Bayeux" Des jeunes des Equipes d'Urgence, rue Saint-Pierre, le matin du 6 juin.
-du Bon-Sauveur
Photo collection André Heintz, présentée page 51 du livre: La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955, Presses Universitaires de Caen, 1994. Une des rares photos des Équipiers d'Urgence en poste au BonSauveur. On reconnaît sur ce cliché : Michel Royer, André Leclercq, Michel Huart, Marie Repussard, MM. Eudes, Boisroux, Lefrançois et Micheline Koebel.
Photos collection André Heintz présentées page 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Internes du Bon Sauveur.
-des Petites Sœurs des Pauvres avec Gilbert Detolle (le fils aîné du maire)
Le PC fut déménagé dans un petit local du Lycée Malherbe au bout de la cuisine, au rez-de-chaussée, avec entrée côte impasse Saint-Benoît
-de l'hôpital des coteaux avec Jean Cadic.
Chaque jour un voyage à Saint-Sylvain (16 km) pour aller chercher du lait avec un gazo des « Courriers Normands » baptisé « Le Furet » peint en blanc. François Cadie et Maurice Cauchard iront jusqu’au Mans le 20 juin pour ramener 1 400 kg de tabac. Le reste du temps il ramassait les blessés et les malades sur la route de l’évacuation.
Photo collection André Heintz présentée page 183 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Des Equipiers d'Urgence devant le camion de la Croix Rouge: P. TIRARD, Ch. FAVRIEL, J. AULOMBARD, L. SAVARY, FAIGNANT, assis : BEDEL, J. COCHARD
Cette photo est présentée page 366 de ce livre avec la légende suivante:"L'épopée du camion de la Croix-Rouge de Bayeux:Le 17 juin, un ancien de Tilly, malgré sa blessure, traversa les lignes, gagna Bayeux et demanda à la Croix Rouge de venir secourir les blessés de l'école du Sacré-Cœur. Un camion de la Défense passive et sept volontaires (dont Jean Aulombard, futur notaire à Balleroy de 1955 à 1980, 21 ans en 1944 et un autre Bayeusain, M. Jean Guérin) essayèrent à deux reprises d'approcher Tilly, sans succès, les Allemands occupant toujours le terrain. Le 18 juin, enfin, ils parvinrent à pénétrer dans la cour de l'école et à charger les pauvres blessés. Au moment où ils repartaient vers Bayeux, les Allemands qui avaient repris le village leurs interdisent le passage, les repoussant vers l'arrière, le chauffeur essaya bien par Cristot, Le Mesnil-Patry de franchir les lignes, mais hélas rien à faire. C'est finalement à Flers et Caen que ces braves volontaires terminèrent leur voyage en ayant rencontré des difficultés de toutes sortes, mais heureux d'avoir rempli leur mission. Ils laissèrent les blessés à l'hôpital du Bon Sauveur. Ce camion, parti pour deux heures, revint un mois après !"
Les équipes féminines; dirigées par Chantal Nobecourt, s’occupaient plus spécialement de la "biberonnerie" (150 à 200 enfants), du nettoyage et du blanchissage.
8 membres sont morts au champ d’honneur dont:
-Robert Auvray, brûlé vif au 6 de la rue du Pont-Saint-Jacques le 15 juin ,
-André Chambon dans le bombardement de La Miséricorde le 7 juin ,
-Denise Olive par un obus allemand au Lycée Malherbe le 15 juillet , une rue lui rend hommage.
-Pierre Favier tué par un éclat de vitre aux Galeries Lafayette à l'âge de 14 ans, le 12 juin
Source page 124 de ce livre
"Photo Streiff" Le cercueil de Pierre Favier
« Archives Municipales de Caen ». Sur les ruines de la clinique de la Miséricorde, trois croix blanches ont rappelé longtemps le sacrifice des Equipiers d’Urgence et Nationaux.
Lire les témoignages de plusieurs Equipiers d'Urgence: M. Charles Macary, M. Jean-Marie Girault, M. André Heintz, un anonyme,
PC au 85 rue Caponière
Elles sont 9 (Mlle Chollet, Durand, Dammon, Gillet, Heiniger, Hérilier, Pueh, de Rosny, et de Veye) avec chacune une voiture dont 5 ambulances, responsable Mlle Denise Brouzet (disparue en mission le 14 août à La Chapelle-Biche près de Flers dans l’Orne, après avoir été prisonnière des Allemands)
Chaque ambulancière était escortée par deux brancardiers des EU.
Le 7 juin, Mlle Jacqueline Heiniger et Mlle Jacqueline Chollet récupèrent 5 parachutistes Anglais et un soldat Allemand tous blessés (transportés depuis Troarn en voiture particulière) de l'hospice des Petites Sœurs des Pauvres vers le PS n°3 puis vers la Passerelle (l'Allemand décède dans l'ambulance) pour le Bon-Sauveur.
Le 24 juin, Mlle Gillet évacue, sous un feu d’enfer, 20 enfants réfugiés à Cahagnes vers Bois-Halbout.
Elles avaient pour mission fondamentale d’aller chercher sur les lieux des bombardements les victimes et de les transporter dans les hôpitaux.
Ambulance fourgonnette Amilcar Compound agencée en véhicule de première intervention pour la Croix Rouge Française. Source Cote: 13 Num 5590. © Arch. dép. Manche / CG50
Mlle Marie-Thérèse Hérilier est tuée, à 20 ans, dans la nuit du 7 juin (selon une autre source le 6 juin en début d'après-midi) par une bombe qui pulvérise son ambulance à l’entrée du pont de Vaucelles .
Mlle Jacqueline Heiniger avec sa Matford à trois brancards
Photo présentée page 182 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994. Remarquez à droite le bâtiment du PS n°3.
et Mlle Jacqueline Chollet avec sa Renault à cinq brancards affectées au PS n°3 font la navette jusqu’à la passerelle de l’Orne.
Carte présentée page 194 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.
Après le 9 juillet, les Canadiens participent à l'évacuation des blessés, ici rue de Bretagne avec des hommes de la DP (casque blanc Adrian)
Responsable Mme Clément-Brédiger
Dès le 9 juin, elle crée :
-une pouponnière avec stérilisation et distribution de lait (Mlles Hubert et Nobécourt)
-un service de lavage de linges enfantins dans la rivière Orne (Mlle Yvonne Maurin)
-une équipe de récupération et de restauration (Mme Favier)
-un service de laines et tricots (Mme Adeline)
-une annexe de soins d’hygiène pour les femmes (Mlle Besnier)
-une "biberonnerie" au BonSauveur (Mme Martinet)
-un ouvroir au Lycée Malherbe (Mmes Detolle, Grandsard et Corret)
Formées à l'été 1943 pour les jeunes entre 13 et 25 ans sur proposition du Commissariat à la Jeunesse, elles furent constituées dans le Calvados dès début octobre 43.
Au 5 juin 1944: 363 permanents et 450 temporaires (dont 118 Caennais). Le plan d’alerte est prêt, mais seul le groupe SOS (45 garçons commandés par le chef Jean Leherpeur) avait fait ses preuves à Rouen du 18 au 22 avril 1944.
Ils sont requis pour des travaux de déblaiement en « cas de coup dur »
Siège 3 rue Pasteur au second étage en face du Lycée de Jeunes Filles. Les responsables sont: Mlles Eloy et Hochard, Mr et Mme Genevois, Mrs Leherpeur, Vercel et Favier.
Le 6 juin :
- dès 05h00 des estafettes sont mises à la disposition des hôpitaux
- à 06h30 mobilisation du groupe sanitaire et des centres d’accueil
- à 10h30 déménagement de la délégation vers les abris du Lycée de Jeunes Filles de la rue Pasteur
-11h00 le groupe SOS (déblaiement et feu) part pour Lebisey.
Pendant toute la bataille ils aideront les pompiers, déblayeront les ruines pour sauver les survivants, souvent avec l’aide des E.U.
Photo prise dans le bas de la rue de Bayeux. Voir ici
Les tâches se répartissent ainsi :
- Le poste de secours du Lycée Pasteur (garçons et filles)
- Pompiers auxiliaires
- SOS (déblaiement et feu) 45 équipiers avec Jean Leherpeur.
- Service du matériel et de la récupération
- Evacuation des sinistrés vers Trun via Bourguébus
- Exhumation
- Secouristes volants
- Agents de transmission dans le département . Courrier
- Hôpital du Bon Sauveur (garçons et filles)
Effectif moyen durant la bataille : 84 équipiers, dont 14 tués et 13 blessés, pour: 318 blessés dégagés et 675 morts exhumés, ce qui fait que chaque membre a en moyenne sauvé 4 personnes et retiré des décombres 8 cadavres !
"Photo allemande. Archives du Calvados"
6-Le Ravitaillement Général (R.G.)
Son activité était d’approvisionner Caen soit par voie normale d’achat par réquisition, soit par récupération dans les entrepôts abandonnés ou sinistrés (pâtes, conserves, riz, sel, sucre, etc…) et d’organiser les répartitions de ces vivres entre les Caennais.
Le vieil hôtel au 7 rue Saint-Louis qui abritait les services du RG fut anéanti dans la nuit du 6 au 7 juin.
Le PC fut transféré au Lycée Malherbe dans les salles 7, 8, 10, 11 et 12 au 1er étage et vers le 12 juin, le RG réorganisé par son directeur M. Pierre Callé et son adjoint M. Lebret repris son activité ; plusieurs de ses membres furent tués dans leur activité.
Distribution de produits réquisitionnés par un membre de la Défense Passive
La population passe de 60 000 à 24 000 (chiffres approximatifs) fin juin, 28 000 selon ce recensement au 15 juin ; la population de la rive gauche libérée tombe à moins de 9 000 après le 9 juillet.
La rive droite qui avait son autonomie à peu près complète était sous les ordres de M. André qui après recensement constitua 12 groupes d’approvisionnement disséminés dans les différents quartiers de Vaucelles.
La rive gauche avec Mrs Michaut, Le Guen, Bellanger et Mlle Gadie fut divisée en 13 secteurs de 250 à 4 000 personnes, puis regroupés en 4 secteurs à partir du 29 juin.
Quelques exemples :
Farine et pain
Transport de sacs de nourriture dans une rue encombrée de gravats
Le seul apport extérieur qui fut enregistré est de 6 t de blé reçues de Damville (Eure) sur ordre de Vichy. La ration fut de 100g/personne/jour. Quelques boulangeries restèrent ouvertes durant toute la bataille.
Aux moulins Lemanissier, rue Victor Hugo, 51 t de farine furent récupérées et stockées au Lycée Malherbe, 23 t furent également récupérées dans les différentes boulangeries bombardées ce qui permit la fabrication de 97 t de pain. 59 t de céréales stockées boulevard Lyautey furent distribuées jusqu’à Bourguébus pour les évacués. 27 t de farine furent fabriquées par un moulin du boulevard Lyautey remis en état à l’aide d’un tracteur agricole.
Photo Collection Jean-Pierre Benamou, avec son aimable autorisation
Source film British Movietone News. Des réfugiés devant un portail (FERME APRES MIDI), corvée d'eau (EAU NON POTABLE)
Source film British Movietone News. Des réfugiés font la queue pour une distributions de vivres.
La viande
Elle ne manquera jamais. Un parc avait été aménagé dans les dépendances du BonSauveur. Dès le 15 juin, 14 boucheries et 4 charcuteries étaient ouvertes dans les quartiers non sinistrés. Des volontaires aidés des E.U. et des E.N. ramassaient le bétail errant dans la campagne.
L’eau
L’eau distribuée à Caen venant des sources de Moulines au-delà de Bretteville-sur-Laize (à 23 km)
La canalisation principale suivait la route de Falaise et traversait l’Orne au pont des Abattoirs. Dès la nuit du 6 au 7 juin la rive gauche n’avait plus d’eau potable. Le système D se mit en place par des corvées organisées et la réouverture de puits particuliers, désaffectés depuis longtemps. La rive droite fut plus ou moins alimentée jusqu’au 11 juillet date à laquelle les allemands firent sauter les installations de Moulines.
Le vin ne manqua jamais, de très grandes quantités furent récupérées dans les entrepôts ( 20 000 litres en un seul endroit) et livrées au R.G.
Le lait, le beurre et les fromages ne manquèrent pas non plus. Certains Caennais affirmaient avoir été saturés de Livarot à en être dégoûtés pour le reste de leurs jours !
A la Société Normande d’Alimentation (SNA) 85 t de sucre sont découverts : 45 t pour les Equipiers et 40 t pour les Waffen-SS !
Créée le 9 juin par le préfet Michel Cacaud , décret cosigné par le Kampfkommandant de la place.
Caen est divisé en 7 secteurs :
- Direction générale M. Louis Lamy (déjà responsable de la police auxiliaire créée en 1940) il meurt le 7 juillet
- M. Grégoire pour la rive droite
- M. Hamon pour Saint-Jean
- Colonel Wacogne pour Saint-Julien et Saint-Gilles
- M. Bosquin pour Saint-Pierre
- M. Louvel pour Saint-Etienne centre
- M. Mathieu pour Saint-Etienne banlieue et La Maladrerie
- M. Philippon pour Venoix
500 hommes dont 376 anciens combattants, munis d’un brassard portant l’inscription « Police de Sécurité » avec un numéro d’ordre et une carte rédigée en allemand et en français. Ils peuvent circuler à bicyclette après l'heure du couvre-feu, et à porter un gourdin . Le PC s’installe dans la chapelle Halbout à Saint-Etienne, les délinquants sont emmenés au Commissariat de police établi au champ de course, dirigé par M. Bouton.
Elle effectuera 250 arrestations environ, mais les plus grands pilleurs étaient les Waffen-SS et même la Felgendarmerie allemande n’y pouvait rien…
Les bureaux au 9 place Saint-Sauveur, avec Mr Lecomte (il sera blessé le 8 juillet) et son adjoint M. Lemenorel, l’entrepôt rue Sainte-Anne : 20 à 25 tonnes de vivres (conserves, lait condensé, chocolat, pain d’épice et autres), vêtements et chaussures.
Lors du bombardement du 6 juin à 13h30 l’entrepôt est anéanti et le feu se déclare aussitôt dans les ruines. M Bellamy, délégué à la propagande, avec le concours des EU récupère le jour même et le lendemain 7 à 8 tonnes de marchandises qu’il transporte place Saint-Sauveur pour être aussitôt distribuées aux sinistrés.
Dans la nuit du 8 au 9 juin, un obus de 380 mm détruit l’immeuble de la place Saint-Sauveur. Le PC est déménagé à la Chambre des Notaires, place Guillouard.
Le Secours National se réorganise avec 6 employés, un camion de 6 t est mis à sa disposition ; mission : prospection des ruines et des magasins abandonnés. Il y a de la concurrence et des accrochages avec les Waffen-SS. Des tissus sont récupérés chez Delaunay, 13 000 paires de chaussures récupérées et distribuées. Un entrepôt est établi à l’Université.
Le siège central de Paris envoya 2 camions à Caen !
Des ateliers de réfection et de confection sont créés dans les salles de l’Université, rue aux Namps, mais ils sont incendiés par le bombardement dans la nuit du 7 au 8 juillet.
Source film British Movietone News. Roulante du Secours National et un agent de la DP à côté d'un panneau d'informations pour le ravitaillement du 12 au 14 juillet.
Cet organisme vichyste devient après la libération « l’Entraide Française pour la Libération » et avec des hommes nouveaux continuera son action. Sur ordre de François Coulet , Mrs Lecomte, Gruet et de la Hougue sont démis de leurs fonctions le 22 juillet et remplacés par M. Legrand, avoué à la Cour d'appel de Caen promu nouveau délégué régional, M. Pierre Bouts, assureur, délégué adjoint et M. Bellamy, secrétaire général.
La fuite après les bombardements dans ce film à partir de 01:41 et au début de celui-ci
Le préfet Michel Cacaud nomme M. Marie assisté de M. Chavatte pour organiser le repli des sinistrés sur les routes de l’Orne et leur hébergement dans les départements du sud.
La gare du Tramway Place de l'Ancienne Boucherie
Exodes des Caennais Photos présentées page 40 et 41 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.
Première information
:
Le 8 juin des affiches sont apposées dans les Centres d’Accueil :
« Habitants de Caen,
En présence des meurtriers bombardements qui endeuillent Caen, quartier par quartier, et qui sont susceptibles de se renouveler, nous conseillons aux habitants de Caen, qui ne sont pas retenus par aucune charge officielle ou administrative, de se disperser.
Nous nous inclinons avec émotion devant les deuils et les souffrances de la population ;
Le préfet : Michel Cacaud ; le maire : André Detolle »
« Archives départementales du Calvados ». Devant le 92 de la rue Caponière, des soldats allemands regardent des civiles fuyant la ville
Photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre
Seconde information
Le 10 juin dans un message destiné aux alliés et signé de M. Detolle, maire de Caen . Pour ne pas bombarder la route d’évacuation des Caennais vers Trun, Bourguébus, Saint-Sylvain et Vendeuvre.
Ensuite les évacués sont dispersés selon trois itinéraires possibles:
-Exmes, Le Merlerault, Courtomer, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe.
-Almenèches, Chailloué, Aunou-sur-Orne,
-Fresnay-le-Samson, Le Sap, Monnai, Villers-en-Ouche, La Ferté-Frênel.
Les circuits de dispersion des réfugiés à partir de Trun.
Ensuite c'est la Mayenne (Château-Gontier, Sainte-Suzanne, Courberie, Gorron,...), la Sarthe et la Vienne !
Troisième information
, sur relance allemande, l’ordre d’évacuation du 13 juin :
« Le Préfet et le maire de Caen avertissent que, par ordre des autorités allemandes, la population de Caen doit quitter la ville, à partir de 5 heures du matin, le mercredi 14 juin, pour gagner Trun dans l’Orne »
Il est formel pour les carrières de Fleury, un grand départ a lieu le 14 juin, environ 12 000 personnes par la petite route sinueuse qui va vers Bras au delà de la route de Falaise.
Dans plusieurs quartiers de Caen les allemands contraignent, revolver et mitraillette au poing, la population à s’en aller.
Quatrième information
c’est l’ordre d’évacuation du 29 juin, ainsi rédigé :
« Le général commandant la place de Caen nous a transmis un avis d’évacuation totale de la ville de Caen, pour éviter à la population les graves dangers que comportent les opérations militaires.
Les habitants de La Maladrerie et des quartiers situés au nord des rues de Bayeux, de Saint-Martin, des Fossés Saint-Julien, de Geôle… sont invités à quitter Caen aujourd’hui même. Au cours de la journée de demain, tous les habitants de la ville devront évacuer.
Les habitants devront se diriger sur les carrières de Fleury pour de là gagner la zone d’évacuation prévue, par Bourguébus, Saint-Sylvain, Barou-en-Auge et Trun. »
« Archives départementales du Calvados » Des Caennais fuient les ruines.
D’autre part, les consignes suivantes sont données aux chefs des Centres d’Accueil le 1 juillet :
« Doivent quitter le Centre d’Accueil :
les fonctionnaires ainsi que leurs familles qui ne sont pas déclarés strictement indispensables par leur Chef de service.
Les personnes sinistrées qui ne sont pas retenues à Caen par une mission de service.
Les personnes qui ont leur domicile principal ou une résidence secondaire en dehors de la ville.
Les personnes étrangères à la ville de Caen.
Toutes les personnes ci-dessus désignées doivent évacuer conformément aux avis déjà donnés.
La situation des stocks alimentaires ne permet plus aux centres d’Accueil de les héberger et elles ne doivent plus compter sur l’aide du Ravitaillement Général.
Il est précisé que l’itinéraire d’évacuation
par Bourguébus, Saint-Sylvain, Vendeuvre, Jort, Barou-en-Auge et Trun, assure aux évacués dans les circonstances actuelles le maximum de sécurité.
Sur cet itinéraire des centres d’accueil ont été organisés et permettent aux évacués de trouver sur place le ravitaillement qui leur est nécessaire. Un service de transport est organisé entre Caen et Saint-Sylvain.
Pour tous renseignements concernant l’évacuation et l’acheminement vers le lieu de refuge, s’adresser au Service des réfugiés (couloir des classes au Lycée Malherbe)
Signatures : M. Cacaud, Préfet du Calvados M. Detolle, Maire de Caen «
Note sur Saint-Sylvain, L’exode des Bas-Normands au cours de l’été 1944 de Valérie Laisney-Launey, Doctorante Université de Caen au colloque international, 25-27 mars 2004 Les populations civiles face au débarquement et à la bataille de Normandie :
« Saint-Sylvain où les premiers caennais affluent dès le 8 juin, met rapidement en place les structures de l’accueil. Le ravitaillement est assuré par trois personnes dans l’ancienne colonie de vacances transformée en cuisine centrale. Le poste de secours est assuré à l’école des filles par une infirmière de la Croix-Rouge Française assistée de deux jeunes filles du village. Pour l’hébergement, la salle paroissiale est aménagée sommairement ; des locaux sont réquisitionnés chez les particuliers. L’organisation fonctionne efficacement grâce à la solidarité : les cultivateurs fournissent les bêtes à tour de rôle, des équipes se forment spontanément pour éplucher les légumes ; un bureau distribue les secours en espèces. Mais la ligne de front avance ; le 18 juillet, Saint-Sylvain est bombardée (12 morts dont 6 réfugiés). Le lendemain, l’ordre d’évacuer est donné, l’accueil des réfugiés prend fin alors que la population connaît à son tour l’exode. »
Le docteur Lecharpentier met en place un poste de transfert avec M. Pelluet, pharmacien à Bretteville-sur-Laize, les blessés sont évacués à Giel par le docteur Galmot. 45 000 réfugiés caennais transitent par Saint-Sylvain.
Fin juin, 5 ou 6 camions du Groupe de Transport organisé par les Ponts et Chaussées sont affectés au transport des évacués. Ils les conduisent jusqu’à Saint-Sylvain sur la route de l’exode. Au-delà, si leur état de santé ne leur permet pas de poursuivre à pied, les évacués sont transportés par des relais hippomobiles organisés par les paysans. En outre, un camion part chaque après-midi du Lycée Malherbe et suit la route de l’exil jusqu’à Trun. Il a pour mission de relever les traînards. Il revient à Caen dans la matinée du lendemain.
Une prime de 750 F est distribuée au Lycée par le service départemental des réfugiés qui délivre également des autorisations de départ.
Dans ce livre un avis d'évacuation des Archives Municipales de Caen , reproduit ci-dessous:
PREFECTURE DU CALVADOS
- : -
: -; -: -:-:-:-
.
Cabinet du Préfet
-:-
AVIS
Nous avons donné le pressant conseil à tous ceux qui ne sont retenus par auoune charge administrative ou officielle de se disperser.
Ce conseil dicté par les épreuves douloureuses subies par la Ville de Caen et qui peuvent se renouveler à tout moment puisque nous sommes dans la zone des oombats, n'a pas été suffisamment écouté.
L'autorité d'occupation peut, d'un moment à l'autre, intimer l'ordre d'évacuer dans un délai trés court, et les opérations militaires peuvent rendre cette évacuation plus pénible encore qu'aujourd'hui.
P
ar ailleurs, les stocks de denrées et notamment de farine ne permettent pas de faire vivre des milliers de personnes dans les murs de Caen.
Nous n'avons pas le droit d'
ajouter à vos souffrances, le martyre de la< faim.
Nous a
vons la devoir
de parler sans ambiguité et de vous dire, n'ignorant pas que l'éloignement de votre cité vous est trés pénible :
Il f
aut partir
Les Chefs des différents Oentres d'accueil reçoivent ainsi l'ordre de diriger immédiatement les sinistrés et réfugiés sur TRUN~, par BOURGUEBUS et MORTEAUX COULIBOEUF, étant entendu <que partiront les derniers : les servioes d'administration, de police, de sécurité et de santé ; ceux de la D.P. (notamment les auxiliaires requis pour le déblaiement) ; les organismes de transport et les spécialistes indispensnbles au ravitaillement de la population.
sur cet itinéraire, des centres d'accueil ont été organisés et ont déjà fonctionné.
D'autre pert, la cessation de la èdistribution des vivres$dans chaque secteur de ravitaillement étant prévue dans un délai trés court, l'évacuation des différents quartiers de Caen doit commencer immédiatement, et se poursuivre sans interruption. Messieurs les Chefs de secteurs reçoivent l'ordre de faire pour leurs ressortissants ce que les Chefs des Centres d'accueil doivent exécutar pour les leurs.
LE
PREFET: LE MAIRE:
Michel C A C A U D André D E T O L L E
Photos « Archives départementales du Calvados ». Exode des Caennais
Après le bombardement du 7 juillet, la Feldkommandantur, alors repliée aux environs de Vimoutiers dans l’Orne envoie un nouvel ordre d’évacuation totale, il sera remis au préfet le 9 à midi, par le gendarme Lemperière, alors que les Anglo-Canadiens entrent dans Caen !
On estime qu’à cette date il reste environ 18 000 personnes à Caen sur une population de 60 000 au début de la guerre.
Du 11 au 18 juillet, l'évacuation d'environ 8 000 à 10 000 Caennais est organisée par les Civil Affairs après l'autorisation de la Field Security vers: Bayeux, Amblie, Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Croix-Grand-Tonne et dans la Manche des camps à Fontenay-sur-Mer et Cavigny.
Au 19 juillet, un rapport de la préfecture indique que 4 300 personnes restent à Caen.
« Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.
Film départ de réfugiés le 15 juillet (à partir de 02:00) voir également le début de ce film.
Source film British Movietone News. Des camions de réfugiés devant le 74 rue de Bayeux. De nos jours. Noter à droite le camion au gazogène.
10- Les cimetières provisoires
Dans les carrières de Fleury-sur-Orne les premiers morts de l’hôpital des Coteaux sont enterrés au cimetière communal ; les autres, en raison des bombardements, dans le fond d’une galerie. Il y eût 47 décès. Les corps sont relevés après les combats pour être inhumés dans le cimetière municipal.
A Caen :
Rue des Carmes, des cercueils attendent leur triste fardeau.
Un cimetière provisoire dans le parc entre l’hospice Saint-Louis et l’hôpital civil, une cinquantaine de tombes
Un dans les jardins du Lycée Malherbe
Source film British Movietone News. Des tombes dans les jardins du Lycée Malherbe.
Un dans la Prairie derrière les tribunes du Champ de Course.
Cimetière provisoire de la Prairie (Photo Archives Départementales du Calvados)
Un dans les jardins du Bon Sauveur (une fosse commune dans la cour du pavillon Notre Dame des Anges avec 245 morts)
A gauche: photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre. A droite: "Photo Jean Quellien" source: page 80 de ce livre.
Le convoi est sur la place Guillouard derrière la statue la façade du Lycée Malherbe et l’église Saint Etienne
Un au Sépulcre, pour les quartiers Saint-Gilles et le Vaugueux. Témoignage de ma mère, après le bombardement du vendredi soir 7 juillet, « les tombes des tués du 6 juin qui étaient au pied du Sépulcre avaient été retournées si bien que des cinq corps des P… nous n’avons retrouvé que quelques habits qui ont permis de savoir que c’était eux »
Au Centre d’Accueil des Petites Sœurs des Pauvres les victimes des bombardements sont inhumés deux par deux au cimetière de Vaucelles juste en face.
Tombes provisoires de victimes dans la cour arrière de la Banque de France (Photos Archives Départementales du Calvados). Il s’agit de Mme Bavay, femme du directeur de la Banque de France et de M Haillard, caissier et son épouse. Ces personnes étaient mortes ensevelies par le bombardement du 7 juin vers 03H30.
Ci-dessous extrait de ce site
Vendredi 23 juin. Les corps de Mme Bavay et de M. et Mme Haillard sont enfin dégagés, mis en bière et déposés dans une fosse dans le jardin. L’équipe de déblaiement a remué tout l’abri mais n’a trouvé aucune trace du corps de la domestique de M. Haillard, seuls son sac et des papiers ont été retirés. Dans le jardin, M. et Mme Haillard ont d’abord été inhumés provisoirement, enveloppés de sacs de billets, faute de cercueil. Plus tard, le corps de M. Haillard étant presque entièrement calciné, les quelques ossements trouvés ont été mis dans le même cercueil que le corps de Mme Haillard.
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Aujourd'hui, encore, la mémoire de cette période tragique continue à être honorée à Caen par le nom de nombreuses rues, de plaques commémoratives et de monuments, dont:
Prière sur les ruines d'Anna Quinquaud, rue de la Délivrande (que les Caennais appellent le Calvaire Saint-Pierre)
et le carré des victimes civiles au cimetière Saint-Gabriel.
Voir également le site de Philippe Corvé, liste non exhaustive.
Depuis 1994, le « parloir» des moines de l'hôtel de ville porte le nom de salle Joseph Poirier.
Sur la plaque:
« Salle Joseph Poirier, 1900-1990. Maire-adjoint de Caen, directeur de la Défense passive. Dans cette salle, à compter du 6 juin 1944 et durant la bataille de Caen, il exerce ses responsabilités avec un courage et une efficacité remarquables. Le 9 juillet, jour de la libération de la rive gauche, il accueillit les Alliés sur la place du lycée. »
Photo Ouest-France, 9 juillet 2009 devant le cimetière Saint Gabriel
- - Bataille de Caen 6 juin-15 août 1944 Vue au jour le jour de Joseph Poirier, Caron à Caen, 1945.
- - Caen pendant la bataille d’André Gosset et Paul Lecomte, Ozanne et Cie à Caen 1946
- - Bataille de Caen 6 juin au 15 août 1944 de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.
- - Caen après la bataille, la survie dans les ruines d'Edouard Tribouillard, Editions Ouest-France, 1993.
- - L'Institution des Sourds-g rçons et fillzq- pendant la bataille de Caende Pierre Adeline, One Book, 2011.
- - Les dés sont sur le tapis, Caen et les environs été 1944 de Jean Lechevrel, SEBN-Caen
- - Fleury sous l’occupation, témoignages de la vie quotidienne à Fleury-sur-Orne en 1944, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994
- - Le service de santé à Caen pendant la bataille de Stanislas Hommet
- - Caen 1940-1944 La Guerre L’Occupation La Libération de Claude Quétel, Ouest-France Mémorial de Caen 1994
- - Le Journal de Guerquesalles N°6 juin 2004.
- - Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.
- - Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
- - Les réfugiés dans les carrières pendant la bataille de Caen, Laurent Dujardin et Damien Butaeye, Editions Ouest-France, 2009.
- - Les Caennais dans la bataille de Caen mai - septembre 1944, Cécile Angot, Université de Caen, Année 1995-1996.
- - Mon été 44, les ruines de l'adolescence de Jean-Marie Girault, Éditions du Mémorial de Caen, 2004.
Remerciements :
- -A Jean Secardin pour les cartes
- -A François Robinard pour ses cartes postales, ses recherches et ses conseils
- -A Claude Demeester pour ses recherches et la relecture
- -A M. Cantarutti de la mairie de Fleury-sur-Orne pour le plan remis avec la localisation des carrières.
- -A Jean-Pierre Benamou pour l’utilisation de photos de sa collection.
- -A Sœur Le Roy pour le don de photos du Bon Sauveur.
- -A Marc Zuccolini pour les photos des monuments en l’honneur des victimes civiles
- -Aux Archives Municipales de Caen pour la reproduction de photos.
- -Aux Archives Départementales du Calvados pour la reproduction de photos
- -Aux Editions du Petit Chemin pour l’utilisation des photos de « Caen pendant la bataille » (réédition de 2004)
- -A Benjamin David arrière petit-fils de Mme David pour la légende de la photo des Glens, rue Caponière
- -A Jean-Claude Lavolé pour les informations et les cartes postales de Truttemer-le-Grand.
sources
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JE VOIS HISSER POUR LA PREMIERE FOIS DE MA VIE LE DRAPEAU FRANÇAIS
Madame Joseph TOUTAIN, née Françoise ETIENNE, avait neuf ans en juin 1944. Elle a vécu le drame avec des yeux d'enfants. Aujourd'hui, c'est une scientifique, professeur comme son mari, à l'Université de Rouen. Tous deux font de la recherche.
5 Juin 1944...
Le couvre feu est arrivé. Nous devons rentrer. Il est 22 h-22 h 30. II fait encore jour. Avec mon père, nous nous amusons à regarder, par la fenêtre, une partie de ballon qui s'organise entre des soldats allemands et deux ou trois «ouvriers boulangers» qui depuis quelques semaines habitent dans la maison en face de chez nous. Cette partie est interminable et une fois couchée, j'entends encore les voix, les cris... A deux heures du matin, retentissent les premiers grondements du D. Day... Nous avons appris plus tard que les «ouvriers boulangers» à ce signal allèrent trouver leur logeuse, lui dirent: «Nous allons retrouver nos amis». Fin juillet 44, nous avons eu la surprise de voir arriver dans une voiture militaire un officier Anglais qui venait saluer ses anciens propriétaires.
Matin du 6 juin à 9 heures
Surprise !... L'électricité, qui chaque matin était coupée, fonctionne toujours... Les roulements sourds de la nuit continuent plus ou moins fortement, mais malgré la perception de quelque chose de très important, la vie est la même à la maison et je ne vais pas en classe.
Avec Madeleine, notre petite bonne, dont le frère, résistant dans la forêt de Grimbosq (Note de MLQ: à 21 km au Sud de Caen), a été arrêté par la Gestapo en avril 1944 et incarcéré à la Maison d'Arrêt de Caen, nous allons cueillir quelques légumes dans le jardin. Tout à coup nous entendons distinctement une fusillade. Nous écoutons...
«Elle vient de la prison» me dit Madeleine. Silence... Nous écoutons toujours. Brusquement, Madeleine se met à pleurer et à crier: «On fusille mon frère, on fusille mon frère». Elle rentre en courant près de ma mère... Elle ira, dans la matinée, à la porte de la prison, mais n'apprendra rien. Beaucoup plus tard, la Croix-Rouge lui fera connaître la mort de son frère, non parmi les fusillés du 6 juin, mais à Odessa.
SOURCES: Collection Résistance et Mémoire
L'arrière de la Maison d'arrêt de Caen
En fin de matinée, arrivent à la maison plusieurs pensionnaires de l'Institut St Joseph (Note de MLQ: rue des Rosiers), car celui-ci, par prudence, renvoie ses élèves dans leurs familles ou chez leurs correspondants. La maison commence à se remplir.
6 juin 13h-13h30
La sirène mugit, une alerte. Après un court séjour dans la cave, nous sortons dans la rue et, dans un faible rayon de soleil, nous voyons briller les «vagues» de bombardiers et tomber les chapelets de bombes sur la ville… La désolation s'installe. Dans l'après-midi, arrive dans notre quartier un cortège de Caennais hébétés, poussiéreux. La maison continue à se remplir. C'est mon oncle, ma tante, des amis. Le soir, nous sommes une vingtaine. Un dortoir de fortune s'installe dans notre cave. Les matelas sont alignés les uns près des autres et commence ainsi la longue période où nous dormirons habillés, enroulés dans une couverture.
Fin juin 1944
La journée a été difficile, le pilonnage des obus presque constant. (Je savais très bien distinguer le «départ» et «l'arrivée» des obus). Tout à coup, un groupe de soldats allemands descendant du front entrent dans la maison, font de grands gestes et se dirigent vers le poulailler et emportent poules et œufs fraîchement pondus.
J'avais reçu l'ordre de mes parents de ne pas me montrer si des soldats se présentaient chez nous... J'ai désobéi. Regardant ces hommes au visage noirci, avec des colliers de balles autour du cou, j'ai demandé : «Anglais... Boum... Boum... Loin ?»... La réponse fut «Ya... Ya... deux mille mètres». C'était exact. Le front, sur le village d'Authie, était bien à cette distance de chez nous.
Le lendemain, l'Abbé LENORMAND, alors vicaire de la paroisse St-Etienne, célèbre, sur les conseils de Monseigneur des Hameaux , dans la cave de l'épicerie café Marguerie, une messe où tous les habitants du quartier sont conviés. Une table de cuisine recouverte d'un drap sert d'autel. La flamme vacillante d'une bougie éclaire la pièce. Les fidèles sont debout, les enfants au premier rang. Après avoir donné une absolution collective, le prêtre distribue la communion et à ce moment précis des tirs d'obus se font entendre. Malgré cela, la cérémonie s'achève sans précipitation et c'est dans un silence seulement troublé par les sifflements des obus que tous nous avons récité le «Notre Père».
Notre premier séjour dans l'Eglise St-Etienne.
Quelques jours plus tard, des SS, revolver au poing, pénètrent bruyamment dans la maison, regardent notre groupe rassemblé dans la cave, nous font sortir dans le jardin et après une visite de toutes les pièces avec mon père, nous chassent rapidement. Alors, notre petit groupe descend la rue de Bayeux et gagne l'Eglise St-Etienne. Je me souviens encore de cette entrée tardive dans l'abbatiale où se dégage une atmosphère sombre et tiède à la fois. Dans les bas-côtés, dans les chapelles, je revois des groupes alignés, disparates, formant de petites cellules où des matelas ou de la paille déposés sur la dalle, constituent le mobilier essentiel. Tout est sombre, tout est gris... Et ce qui m'étonne le plus c'est que l'on puisse parler à voix haute. Nous trouvons des amis qui nous accordent une place. On se tasse et nous voilà allongés pour la nuit... Le lendemain matin, la vie s'anime dans l'église. On fait une toilette rapide sans eau et çà et là des femmes préparent les repas. On se salue, on se rend une petite visite. Sur le parvis, on entend: «Bien dormi ?... Nuit tranquille...» C'est bien la vie d'un village.
Dans la matinée, la messe est célébrée dans le plus grand recueillement. Mon père, ensuite, se rend rue de Bayeux. La maison est vide de tout soldat. Alors nous regagnons notre domicile et en entrant dans le salon, nous voyons les restes d'un repas sur le plancher et même le phonographe portant une valse de Strauss inachevée.
7-8-9 juillet Soirée du 7 juillet
Les grondements sont de plus en plus forts, les accalmies de plus en plus rares. Nous allons nous allonger sur nos matelas, quand un nouveau bombardement commence. D'énormes roulements nous assourdissent, tous les carreaux tombent. Un souffle a pénétré dans la maison. Nous sommes tous précipités les uns contre les autres... Une bombe est tombée pas loin... Elle devait couper la rue de Bayeux. Les meubles sont déplacés, mais nous sommes en vie et aucun blessé.
A cet instant une troupe de soldats SS arrive hirsute dans la cave, nous chasse une deuxième fois et lourdement, péniblement avec un petit sac à main, nous redescendons vers l'Eglise St-Etienne. Mais horreur ! Le bas de la rue de Bayeux est devenu un immense cratère fumant où les équipes de secours d'urgence travaillent. Je n'oublierai pas ce spectacle.
Avec difficulté, nous arrivons à l'Eglise St-Etienne et, là, commence une longue nuit d'attente, d'angoisse, Monseigneur des Hameaux apportant à chacun une parole de réconfort.
Le samedi 8 juillet, au matin, l'abbatiale est surpeuplée. Alors nous allons nous installer dans la Chapelle de l'Ecole Normale de Jeunes Filles (Impasse St Benoît), bâtiment de l'époque de Guillaume-le-Conquérant.
Repère:1= chapelle du Palais Ducal ou de l'Ecole Normale de Filles
2= Clocher du Monastère couvent de la Visitation
3= Chapelle du Bon Sauveur
4= Ecole Normale de Filles, Hôpital complémentaire dirigé par le Dr Vigot
5= Impasse St BenoîtLà, pendant une journée, nous attendons... On sent très bien que la fin du siège est proche.
De temps en temps, nous allons à l'Eglise St-Etienne pour essayer de recueillir quelques nouvelles qui sont souvent contradictoires. La nuit est longue, les grondements violents et permanents. Le dimanche matin, on apprend que La Maladrerie est prise par les Canadiens. Nous attendons... Ce n'est que dans l'après-midi que l'on voit apparaître les premiers soldats alliés en file indienne, aux aguets, le casque recouvert de feuillage. Mon père se dirige vers l'un d'entre eux et lui dit :«Pas trop dur ?... Vous devez être fatigué ?»...
La réponse nous surprend
«Oui... un p'tit brin !».
Il parle français. C'est un Canadien.
Monseigneur des Hameaux sort sur le parvis et se prépare à accueillir les Libérateurs avec joie mais gravité. Alors, au milieu d'une foule silencieuse et très émue, je vois hisser pour la première fois de ma vie le drapeau français.
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation
Préparation de la cérémonie du 9 juillet vers 18H00 sur la place du Lycée, à gauche le portail d'entrée de Saint-Etienne
Photos prises du balcon du Parloir du Lycée Malherbe (voir photo ci-dessous) A droite photo Roger Tesnière.
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation
Localisation de la photo:
Dans le fond le Parloir, à gauche le porche d'entrée de Saint-Etienne.
Voir à la fin de ce film la cérémonie
Un peu plus tard
Les prêtres de St-Etienne organisent une cérémonie religieuse en Action de Grâce. La plupart des occupants de l'Abbaye aux Hommes ont quitté les lieux. Dans le chœur, Monseigneur des Hameaux entonne le «Tantum Ergo» quand un fracas épouvantable retentit sous les voûtes. Un obus vient de toucher l'église. Malgré les cris, les bruits de pierre et vitraux brisés, les fidèles restent sur place et le prêtre donne à tous le Salut du Saint Sacrement.
C'est là, la dernière image souvenir d'un enfant pendant le siège de Caen.
Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure
TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentéspar Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-EtienneReproduit avec leur aimable autorisation
SOURCES : SUPERBE BLOG
http://sgmcaen.free.fr/temoignage-francoiseetienne.htm
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Témoignages paru dans ce livre
Les Petits Séminaristes sont chassés du petit séminaire, rue du Général Moulin à La Maladrerie, par les Allemands le matin du 6 juin 1944,
Petit séminaire (Institution Saint Paul) , rue du Général Moulin
ils se réfugient à l'Institution Sainte Marie située rue de l'Oratoire
près de Monoprix.
L'un d'eux, D. L. après avoir décrit leur exode matinal, poursuit :
« Hélas ! quelques heures après notre arrivée, des avions américains arrivent et lancent leurs bombes.
Pendant peut-être vingt secondes je n'ai pas eu connaissance de ce qui arrivait. Je pensais seulement que j'allais mourir, et je me préparais. Le Bon Dieu ne voulut pas de moi !
Après un peu d'accalmie et quand la poussière fut retombée, je me sentis coincé... Regardant autour de moi, je ne voyais que des ruines. Des camarades, des abbés, étaient ensevelis. Moi, je ne l'étais que jusqu'à la poitrine.
Alors ce fut l'affaire de 5 à 10 minutes... Comment ? Sous un établissement de trois étages, n'ai-je pas entièrement disparu ? Un camarade m'a dit après, que je courais dans tous les sens, ce qui m'a sûrement sauvé (moi... et quelques autres).
Hélas ! Six de mes camarades (dont deux de Mézidon) étaient tués ; ce que j'appris par la suite...
Une fois dégagé, je fus conduit chez un médecin qui me donna les premiers soins ».
Une bombe vient de tomber rue de l’Oratoire éventrant les toits, arrachant portes et volets. Encore sous le choc, les habitants commencent seulement à sortir dans la rue. Non loin dans la même rue, deux autres bombes ont touché le collège Sainte-Marie, tuant une religieuse et six élèves du Petit Séminaire arrivés le matin même de La Maladrerie. Peu de temps après, l’incendie des établissements proches de Monoprix et des Nouvelles Galeries gagne le collège Sainte-Marie et le ravage entièrement.
Le jeune garçon fut ensuite « récupéré » par un professeur du Petit Séminaire et après avoir passé la nuit infernale du 6 au 7 juin dans une tranchée, fut avec d'autres petits séminaristes et professeurs rescapés dirigés sur Eterville et Evrecy.
Un autre Petit Séminariste le jeune R. L.B.... se rendit rue Saint-Laurent où il retrouva ses parents dans la matinée.
Après avoir aidé ceux-ci à réunir le plus possible de vivre - il fallait « faire la queue » durant une heure et demie pour obtenir 500 grammes de pain ! - le jeune homme raconte :
« A la maison, je n'ai plus qu'à attendre et à regarder les passants (dont beaucoup sont des gens venant de la gare qui vient d'être bombardée).
« Vers 10 h, le Père Corbet ( directeur par intérim du Petit Séminaire) passe rue Saint-Laurent, devant notre porte. Il marche à grands pas, ne regardant personne et portant en même temps qu'une sorte de mallette, son inséparable parapluie. Je le salue et tente de lui parler ; mais rien à faire: je pense qu'il file en vitesse pour prendre le train ».
Après avoir passé le reste de la matinée à « tuer le temps » en compagnie de l'un de ses amis, le jeune homme assistera épouvanté au premier bombardement au cours duquel disparurent plusieurs de ses condisciples du Petit-Séminaire.
Puis il partit se réfugier avec ses parents dans le jardin qu'ils possédaient à La Maladrerie où la cabane à outils les accueillit. Il écrit notamment :
« Au jardin, nous avions le spectacle de la ville que l'on bombardait et des réfugiés qui se rendaient à l'Abbaye d'Ardenne.
« En passant, une femme me dit :« Je viens d'être entièrement sinistrée », et elle me montra un cadre (de 60 sur 50 cm environ) :« C'est tout ce que j'ai pu sauver », me précisa-t-elle, « l'objet le plus cher !» J'avais devant les yeux la photo d'un jeune homme de 18 ans. La femme me dit : « C'est Paul Colette , mon fils, celui qui a tiré sur Laval... ».
Paul Collette, né le 12 août 1920 à Mondeville (Calvados) et mort le 5 janvier 1995, est un résistant français. Il est connu avoir tiré contre des dirigeants de Vichy en août 1941 à Versailles lors d'une manifestation de la Légion des volontaires français.
Pendant la soirée et une partie de la nuit, comme beaucoup de Caennais résidant à la périphérie, le jeune garçon assista aux autres bombardements et regarda flamber la ville.
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Jean Lange, devenu Sarthois, 60 ans après.
En 1944, Jean Lange vivait à Caen avec sa mère, veuve de guerre. I1 avait seize ans, il était lycéen. Ils habitaient une maison individuelle, typiquement normande, au « Clos Herbert », un pâté de maisons qui allait bientôt être rasé.
« Le soir du 5 juin, ma mère est rentrée tard.
Elle faisait la comptabilité du théâtre de Caen. Nous avons entendu des détonations provenant de la mer et vu quelques éclairs. Nous ne nous sommes pas posés de question. On était ignorant de tout. Nous sommes allés nous coucher. »
Dernière nuit d'un calme relatif, avant la tempête
Au petit matin, Jean et sa mère, réveillés par des - bruits impressionnants », se précipitent à l'extérieur.
"Les voisins étaient déjà dehors. Des vagues d'avions successives passaient sans arrêt au-dessus de nous. Les B-26
arrivaient par centaines. Alors on a vu les premières bombes tomber, par grappes. Là, on a compris que c'était le débarquement! "
Couché au sol par le souffle d'une explosion, l'adolescent s'en sort indemne. Sa mère l'agrippe par le bras. Ils se réfugient dans des tranchées creusées au fond du « Clos » dans un champ.
« Nous avons pris le plus d'affaires possible. Effets personnels et papiers. Je portais plusieurs pull-overs et manteaux. Beaucoup de gens étaient restés chez eux, cachés dans des tranchées de fortune. Beaucoup étaient morts. Les gens criaient - Les Anglais ont débarqué !»
Pendant six jours, Jean et sa mère assisteront, impuissants, aux bombardements de la ville et de sa banlieue. Au fond de sa tranchée, Jean Lange manque être enseveli par l'explosion d'une bombe. Recouvert de poussière et de terre, il s'en sort encore.
"Un voisin s'est relevé tout estourbi à tel point qu'il nous a marché dessus. Alors ma mère a voulu partir, nous n'étions plus à l'abri ici."
Après une nouvelle nuit, ils retraver
sent le "Clos Herbert ". Constat d'horreur :
"Les trous béants de bombes se chevauchaient. Notre maison avait été rasée. Des voisins étaient morts dans leurs caves, dans les tranchées. Nous sommes partis avec un couple en direction de la communauté des Sœurs de Saint-Louis auprès de l'abbaye aux Dames. Des tranchées couvertes abritaient des centaines de personnes."
Alors que les tirs des cuirassés et des canons s'abattent toujours sur Caen, ils parviennent à une galerie du monastère.
"On a trouvé une place près des piliers. Ma mère m'a mis un matelas qui se trouvait là sur la tête. Les bombardements étaient incessants. Nous voyions les piliers s'affaisser sur eux-mêmes. Les gens étaient écrasés. A croire que nous avons eux de la chance."
Jean et sa mère finiront par se réfugier en campagne.
"
Nous avons traversé Caen. C'était terrifiant. Je voyais la ville qui brûlait, et j'ai pensé à Rome qui brûlait devant Néron"
Avec un ami garagiste, Jean et sa mère ont pris la route de Feuguerolles-sur-Orne (
Note de MLQ: 11 km au Sud de Caen), dans la campagne environnante, où une tante est directrice d'école.
"On a mis du temps, on marchait mal à cause des gravats ».
Choqué et fasciné à la fois, l'adolescent regarde brûler l'église Saint-Gilles. Spectacle dantesque d'une ville rasée par les bombes.
Ruines de l'église Saint-Gilles, en arrière plan l'église de la Trinité de l'Abbaye aux Dames.
« Traumatisé, notre ami garagiste en avait oublié son bébé et sa grand-mère. Tous les deux, nous avons fait demi-tour pour aller les chercher ».
Abasourdie, sa mère le regarde partir. Sauvée au milieu des décombres, la vieille femme est transportée dans une poussette, le bébé dans les bras.
"Photo ECPA Coll. Musée mémorial de Bayeux"
Photo prise par un correspondant de guerre allemand, le 7 ou 8 juin, Bd des Alliés
"A Feuguerolles, grande surprise : rien ne s'y était passé. C'était calme, mon oncle avait creusé une tranchée."
Un calme éphémère, car le 8 juin, le village est bombardé.
"Alors nous nous sommes dirigés vers Fleury où il y a des champignonnières."(
Note de MLQ: entre Feuguerolles et Caen)
Dans cette cache qui surplombe l'Orne, de nombreux habitants sont déjà entassés.
"Mais là, nous étions à l'abri. Nous y sommes restés pendant près d'un mois. Nous sortions pour aller au ravitaillement, glaner des pommes de terre et autres légumes. Ma mère, qui par ailleurs était employée à La Poste, continuait à travailler. Tous les jours, elle traversait les lignes allemandes."
Le 7 juillet enfin, Caen vit les alliés arriver.
(Note de MLQ: non le 9, quant aux carrières de Fleury ce fut le 19)
Les premiers soldats que je vis furent des Canadiens".
Epilogue d'un mois de cauchemar. Jean Lange affirme pourtant n'avoir pas eu peur.
"Mais ce n'était pas du courage, plutôt de l'ignorance, ou de l'innocence."
Source: Article de presse paru en 2004.
SOURCES ... lien..
http://sgmcaen.free.fr/temoignage-jean-lange.htm
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LES DEUX PREMIERES JOURNEES
Renée LEPROUST, petite fille de 12 ans, a tenu son journal, heure par heure, d'une belle écriture d'écolière.
(Témoignage déposé au Mémorial de la Paix à Caen).
5 juin, 22 heures
Les sirènes mugissent. Je m'éveille comme chaque fois. J'entends des avions puis je me rendors.
6 juin, 1 heure du matin
Nous sommes réveillés par le roulement du canon, je voudrais que maman se lève, elle refuse en disant : "C'est peut-être un combat naval au large des côtes". Ma sœur Liliane a très peur. Les heures passent et le canon gronde toujours. Tous nos voisins sont sortis dans la rue, on entend leurs conversations à travers les volets entrouverts.6 heures du matin Maman se lève, sort sur le trottoir ; elle voit au loin des points blancs, mais elle ne sait pas dire ce que c'est. Plus tard un voisin dira :«Ce sont des ballons d'observations».
7 heures
Mes sœurs, mon frère et moi, nous nous levons.
La curiosité nous fait rejoindre maman qui bavarde ; un voisin et ma sœur Liliane aperçoivent des parachutistes, les ballons sont toujours à la même place. Maman pense vraiment au débarquement.
Nous aidons maman à faire la provision d'eau ; Liliane va bien vite à la boulangerie, on fait déjà la queue.
Maman est inquiète, mon papa assure malheureusement le service d'incendie au dépôt allemand de Cormelles (Note de MLQ: Cormelles-le-Royal à 4 km au Sud-Est de Caen). Que va-t-il se passer ?
13 h 30
Dans l'après-midi de lourds bombardiers passent, la D.C.A. fait rage. Nous entendons les bombes tomber ; le centre de la ville est touché. Nous distinguons au loin une épaisse fumée, les portes et les carreaux tremblent si fortement que nous nous inquiétons et nous nous réfugions au fond de notre cave.
Enfin, rien de grave pour nous. Mon grand-père étaye le plafond de la cave à un endroit qu'il croit supérieur, fort. Il nous recommande, si nous entendons des avions, de venir nous mettre à l'abri.
15 h 30
Mes sœurs et mon frère se réfugient au fond de la cave, seule avec ma mère je regarde les avions. Soudain nous apercevons, se détachant des appareils, des chapelets de bombes. J'ai très peur, on ne sait où cela va tomber.
Les bombes tombent près de chez moi; on ne sait exactement où, tout tremble, des nuages de terre et de pierre surgissent derrière les maisons. Les bombardiers repassent sur notre maison, leur mission est terminée.
16 h 30
Grand-père rentre à l'instant; il nous apprend que le passage à niveau de la rue de Bayeux est sauté; 1'Usine Bimoïd (Note de MLQ: usine de bitume) n'existe plus; les maisons environnantes sont très sinistrées ; trois entonnoirs entravent la circulation. La charmante petite rue du Dr Tillaux (Note de MLQ: au sud de la prison donne sur la rue de Bayeux) n'est plus que ruines.
18 heures
Nous sommes toujours sans nouvelles de papa. Qu'est-il devenu ?
20 heures
Nous montons prendre notre repas. Maman est désolée personne n'a d'appétit.
22 heures
Nous nous couchons, une petite veilleuse nous éclaire et par précaution tout le monde est habillé. Maman et notre voisine vont veiller et donneront l'alarme en cas de danger. Tout est calme pour l'instant.
7 juin 1h du matin
Maman donne l'alarme, des avions survolent la ville, ce sont d'après grand-père des avions de reconnaissance.
3 heures du matin
A nouveau maman donne l'alarme, la ville est illuminée par des fusées. Bien vite nous allons à notre tranchée. Nous sommes très serrés ; grand-père avait creusé pour six personnes et avec nos voisines nous sommes dix.
Qu'importe, on se case tant bien que mal.
Les bombardiers se font entendre puis nous entendons les bombes tomber. Où ! Nous n'en savons rien ; tout tremble, les éclats de D.C.A. tombent tout autour de nous ; nous ne parlons pas ; seule Suzanne notre petite voisine récite des prières ; pauvre Suzanne elle a très peur ; enfin les bombardiers s'éloignent et nous sortons.
Le ciel est flamboyant, l'incendie doit faire rage dans le centre de la ville. Je pense beaucoup à papa. Où est-il ? Le reste de la nuit est calme. Nous nous reposons un peu.
7 juin, 7heures du matin
Nous entendons des pas dans le jardin, c'est papa. Il a pu s'enfuir de Cormelles avec un de ses camarades, il a rejoint son poste à la caserne des pompiers (Note de MLQ: située rue Daniel Huet à proximité de La Prairie, voir plan ci-dessus) ; il dit que la ville n'est plus qu'un brasier et pas d'eau pour lutter contre le feu. Maintenant il pleure. La caserne des pompiers a sauté cette nuit au bombardement de trois heures. Quatorze de ses camarades sont sous les décombres (Note de MLQ: en fait selon les sources 17 à 18 sapeurs pompiers dont leur commandant le Capitaine Jules Foucher); il doit la vie sauve d'avoir vu les fusées à temps et d'être parti dans la Prairie ; ses camarades ne croyant pas au danger étaient restés dans la caserne.
"Collection particulière, avec l'aimable autorisation de François Robinard" La caserne des pompiers, rue Daniel Huet.
Il est venu pour nous rassurer ; il décrit les scènes d'horreur qu'il a vues dans la prairie, les blessés qui appellent au secours, une femme qui appelle un docteur : Malheureusement il n'y en a pas. Des morts partout, des petits enfants sans papa, sans maman : C'est effrayant.
Il repart immédiatement pour essayer de dégager ses camarades. Il est très déprimé.
La matinée est relativement calme.
Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure
TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentéspar Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-EtienneReproduit avec leur aimable autorisation
SOURCES. http://sgmcaen.free.fr/temoignage-leproust.htm
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Juin 1944 à Caen
Un lieu très photographié
Au fil de mes lectures, plusieurs photos prises à Caen, voici:
"8 juillet. Place de l'Ancienne Boucherie, une maison vient de subir un bombardement et vient de s'effondrer. Un char Panther, en arrière garde du SS-Panzer-Regiment 12. passe devant les ruines" (Photos: coll. JP. Benamou)
Source pages 206 et 207 de ce livre la photo de gauche est présentée également dans ce livre page 201 sans légende.
Source site de la ville de Caen également page 110 de ce livre avec cette légende:
"des sauveteurs, membres des équipes d'urgence et de la défense passive, s'activent dans les ruines. Le second personnage à gauche est
Monsieur Jean-Marie Girault le futur maire de Caen."
Source le site de la ville de Caen
Source ce site avec cette légende: p010274
"Photo: Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA" Des Français se rassemblent autour d'un véhicule chenillé pour recevoir des cigarettes et des sucreries des soldats canadiens. En arrière-plan, les immeubles sont fortement détruits. 11 juillet 1944. Caen (Calvados)
Source ce site avec cette légende:
Canadians capture Caen. Caporal J.R. Pelletier in Bren carrier handling out cigarettes to civilians. 10 July 1944, Caen, France. (Le caporal J.R. Pelletier, dans un Bren Carrier, distribue des cigarettes à des civils) Remarquez le traçage pour le développement.
Sur ce site avec cette légende p011896
"Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA" Deux soldats britanniques s'affairent autour d'un trou dans une rue de Caen. D'autres soldats les regardent travailler.
Sur ce site avec cette légende: p000006
"Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA" Un couple d'habitants regarde un bulldozer canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux, à Caen. En arrière-plan, les deux clochers de l'abbaye aux Hommes sont restés intacts malgré les bombardements alliés. 10 juillet 1944.
Ces 8 photos ont été visitées sur plusieurs années, stockées dans plusieurs fichiers concernant Caen. Certaines associations sont évidentes, par exemple les deux photos avec le Panther:
8 juillet. Place de l'Ancienne Boucherie, une maison vient de subir un bombardement et vient de s'effondrer. Un char Panther, en arrière garde du SS-Panzer-Regiment 12. passe devant les ruines" (Photos: coll. JP. Benamou)
Un simple examen visuel et la lecture de la légende indique que les deux photos sont prises au même endroit. Un agrandissement de la photo gauche donne les informations suivantes:
-
- le Panther est devant un garage "GARAGE RAVITAILLEMENT AUTO" et verticalement ENERGIC à gauche et
ENERGOL à droite; marques d'essence et d'huile de BP. -
- une date: le 8 juillet
-
- un lieu: place de l'Ancienne Boucherie
-
- une indication: des ruines fumantes dues à un bombardement récent
-
- photographe inconnu mais de toute évidence allemand, jamais un civil n'aurait pu se placer devant un Waffen-SS pour le prendre en photo.
-
sur le flanc de la tourelle 438 soit la 4.Kompanie.(selon page 94 de cette revue)
-
regarder sur la photo de gauche, le garage semble être à un angle de rues, nous en reparlerons
Deuxième association, les deux photos du site de Caen:
Là aussi un simple examen visuel indique la même scène, le repérage est aisé, deux indications:
-
- une date: le 8 juillet
-
- une localisation: quartier Saint Sauveur
Troisième association: les deux photos d'un Bren
Un examen visuel montre le même soldat dans un Bren avec les indications suivantes:
- deux dates différentes le 10 et le 11 juillet
- l'Arm of Service 41 à l'avant du Bren, à Caen à cette date ce ne peut être que le 7th Reconnaissance Rgt (17th Duke of York's Royal Canadian Hussars)
- deux lieux différents voir l'arrière plan et deux clochers différents. Nous reviendrons dessus.
Quatrième association:
Malgré les légendes d'origine suivantes:
Deux soldats britanniques s'affairent autour d'un trou dans une rue de Caen. D'autres soldats les regardent travailler.
Un couple d'habitants regarde un bulldozer canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux, à Caen. En arrière-plan, les deux clochers de l'abbaye aux Hommes sont restés intacts malgré les bombardements alliés.
Il est aisé de reconnaître le même lieu: le bas de la rue de Bayeux en regardant Saint Etienne; un zoom indique que les soldats ne sont pas Britanniques mais Canadiens appartenant au 16th Canadian Field Company RCE et un bulldozer du 3rd Field Park Coy, RCE de la 3rd Canadian ID .
de nos jours
Ainsi nous sommes passés de 8 à 4 photos !
Ensuite des rapprochements dus au sens de l'observation de Claude:
Nous déterminons que le Bren est garé dans le bas de la rue de Bayeux, le clocher visible sur la photo est le clocher Nord de Saint Etienne. AGRANDISSEMENT
La seconde photo du Bren correspond à l'emplacement du garage et des ruines fumantes du 8 juillet. AGRANDISSEMENT.
Nous cherchons un garage, près d'un immeuble en ruines suite à un bombardement du 8 juillet. La construction au sommet avec un toit à quatre pentes nous a emmené sur une fausse piste à savoir l'église Saint Sauveur.
A l'examen de la tourelle, sous le toit c'est une simple fenêtre ! Ce type de construction est visible par exemple rue Saint Manvieu
"Source Google Maps" Le 10 rue Saint Manvieu.
Mais dans cette rue pas de garage et pas de destructions en 1944
Si nous regroupons ces 4 photos, nous obtenons:
Les deux photos du site de la ville de Caen (dont une localisée au quartier Saint-Sauveur), le Panther le 8 juillet, Place de l'Ancienne Boucherie ainsi que le Bren canadien le 11 juillet sont toutes prises au même endroit ! Nous mettons en évidence des légendes erronées. AGRANDISSEMENT.
Le repérage qui a tout résolu !
Le bas de la rue de Bayeux à droite les numéros pairs AGRANDISSEMENT
Nous arrivons ainsi à la conclusion suivante: les 8 photos ont été prises au même endroit dans le bas de la rue de Bayeux, voici le montage final:
Le Panther est devant la venelle Saint Nicolas, le garage est à l'angle de cette venelle et de la rue de Bayeux. Il appartenait à M. Leloup aujourd'hui
Le Bren est arrêté devant la venelle Crespellière (de nos jours), les deux photos ont été prises au même endroit c'est le photographe qui est passé de droite à gauche de l'engin, photographiant les deux côtés de la rue ayant subis un bombardement.
Sur le plan ci-dessous la position du Bren
Ce plan est en annexe de ce livre il est colorisé en fonction des destructions, 18 est la venelle Crespellière et 19 la venelle Saint Nicolas les destructions visibles sur les photos des deux côtés de la rue de Bayeux sont bien indiquées.
Extrait du témoignage de M.Jean-Marie Girault paru dans l’Express du 28 avril 1994:
8 juillet, dès 8 heures du matin, des avions continuent, vague par vague, de lâcher des chapelets de bombes. Je me rends au PC des Equipes d'Urgence. Soudain, une violente déflagration. Les vitres des maisons volent en éclats. Une torpille anglaise vient de tomber hauteur du n° rue de Bayeux, à la 14. On tente de déblayer les gens ensevelis. J'aide à transporter des blessés ensanglantés. Je vois peu à peu mes chaussettes et mon pantalon se teindre en rouge...
Extrait de ce livre de Joseph Poirier :
8 juillet, à 8 heures, nouveau raid. Quelques bombardiers (3 groupes de 4 B-26 américains ) qui visent certainement la Place de l'Ancienne-Boucherie lancent d'énormes bombes rue de Bayeux et rue de Bretagne. Cela n'a duré que quelques minutes et il y a plus de 50 victimes. Une famille entière de 6 personnes est tuée. Huit grands immeubles sont complètement anéantis et l'incendie se déclare dans les immeubles voisins. Les secouristes s'affairent et pendant toute la journée les équipiers de la D.P. et des formations de jeunesse retirent des blessés et surtout des morts des décombres fumants.
A midi, trois Panther descendent la rue de Bayeux, venant de la Maladrerie, en faisant vibrer la chaussée de leurs 45 tonnes d'acier.
Arrivés sur la place où l'on recherche toujours des blessés et des emmurés, deux mastodontes manœuvrent pendant que le troisième oblique rue Caponière. Ils reculent, l’un contre l'immeuble affaissé, canon braqué sur la rue de Bayeux, l'autre se plante rue St-Martin d'où son long tube pivote dans un sifflement de moteur électrique, sur la rue Caponière.
J'ajoute cette photo "retrouvée" depuis:
Source page 293 de ce livre deux hommes de la DP avec un soldat canadien devant les ruines de l'immeuble.
Cet endroit a été également filmé. Un autre film tourné le 13 juillet, des réfugiés cherchent leurs biens dans les ruines et même peint !
J'ajoute cette photo acquise en mai 2012 (Collection Philippe Bauduin). Un convoi allié contourne le cratère d'une bombe pour remonter la rue de Bayeux. A rapprocher de la p011896 et p000006, voir le montage ci-dessous .
Remarquer le bulldozer blindé sur les 3 photos
Remerciements:
à Philippe Bauduin, à Claude Demeester et à François Robinard.
SOURCES : SUPER BLOG...
http://sgmcaen.free.fr/lieu-tres-photographie.htm
Caen 19 juillet. Les Canadiens tiennent la ville.
Tout au long de la journée du 19 juillet, les troupes canadiennes nettoient la zone de Cormelles, les derniers snipers allemands sont éliminés dans le stade près du château, la plupart ignoraient alors que le front avait cédé. L'usine métallurgique de Colombelles passablement bombardée pour empêcher les Allemands de s'y retrancher est sous contrôle. Dans le faubourg de Vaucelles, la jonction est établie entre le Highland Light Infantry of Canada et le 1st Canadian Scottish, mais dans ce secteur de nombreux snipers allemands, laissés en arrière sans espoir de repli par le 1./SS-Pz-Gren-Rgt 1, vont ralentir la progression.
Au Nord-Est , les Glengarrians s'emparent de la gare de triage et des bâtiments de la gare de voyageurs de Caen. Cette action sera aidé par un matraquage intensif des mortiers des Camerons, restés sur l'autre rive du canal de Caen 90 prisonniers allemands de diverses unités allemandes seront ramenés vers l'arrière. A midi le général Keller de la 3rd Division ordonne à ses troupes de continuer la progression vers Bras et Hubert-Folie, des compagnies du 1st Canadian Scottish, viennent épauler les troupes de la 159th Brigade britannique. La 2nd Canadian Infantry Division se met en mouvement et franchi l'Orne-sur-Fleury et attaque Louvigny. Son objectif est de s'emparer du contrôle de la vallée de l'Orne jusqu'à Bretteville-sur-Laize,constituant le flanc droit de Goodwood elle doit faire tout ce qu'elle peut pour encercler le 1. SS-Pz-Korps. la ligne Bras/ Saint André, ne sera atteinte que dix jours plus tard par le 2nd Corps candien du général Simmonds qui tirera les enseignements appris le 18 juillet par les Britanniques : ne jamais laisser des concentrations de chars en plein jour. Les Anglo-canadiens contrôlent à présent la ville de Caen et ses faubourgs.
Dans une maison du faubourg de Vaucelles, un soldat canadien vient de mettre en batterie son fusil mitrailleur Bren .
Des prisonniers allemands gardés par des soldats canadiens, passent devant l'usine métallurgique de Colombelles.
Dans les faubourgs de Vaucelles, un blessé est évacué par une jeep qui porte le marquage de la 2nd Infantry Division canadienne.
Deux prisonniers allemands gardés, par deux soldats canadiens. Photo prise dans le secteur de la 3rd Division. L'Allemand en tenue camouflée est un grenadier de la Leibenstandarte Adolf Hitler (1ere SS-panzerdivision), l'autre fait partie de la 16e Feld-Division de la Luftwaffe. En revanche on ne sait pas ce que fait la jeune femme (Germaine Coulon selon la légende de la photo anglaise) parmi eux. est-elle aussi captive ou une auxilliaire des Canadiens ?
Superbe photographie montrant le sergent Harold Marshall du peleton de sniper du Calgary Highlander de la 2nd Canadian Infantry Division.
Les chars du 1st Hussars entrent dans Caen par la Place de petites boucheries.
Un sherman de la 2nd Armoured Division canadienne avec sa tourelle retournée longe les ruine de la fabrique de ciment SMN, (Société métallurgique de Normandie) implantée dans le secteur de Colombelles. Le blindée se trouve sur la RN 813, Caen-Deauville.
Soldats canadiens se restaurant sur un quai de la gare.
Toujours à la gare un soldat surveille un prisonnier allemand.
Des éléments de la 3rd Division rue du général Moulin à Caen.
Suites à ses nombreuses opérations désastreuses, et sa lenteur pour la possession de Caen, les Américains ont vivement critiqués Montgomery. Le 25 juillet après Goodwood, le premier ministre britannique Winston Churchill lui rend visite en Normandie pour lui affirmer son soutien.
Peu avant le débarquement, le général Simmonds commandant le IIe Corps canadien passe ses troupes en revue.
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La vie quotidienne
En raison des réquisitions qui entraînent des pénuries et des restrictions, le problème crucial de tous les français est celui de la nourriture et donc du ravitaillement. Les prix augmentent sans cesse et la consommation diminue
Consommation moyenne par h hab/an viande kg p de t kg lait l 1938 41 415 241 1940 25 253 188 1942 19 180 160 1944 16 196 130 en francs prix officiel marché noir 1 kg boeuf 72 150 à 250 1 l de lait 4,60 12 à 30 12 oeufs 36 100 à 120 1 kg p de terre 3 à 5,70 22 à 30 Dans les fermes l'on arrive à se nourrir correctement même si l'on manque d'huile, de sucre, de café, de pâtes... comme partout.
Toutefois les exploitations agricoles sont soumises aux réquisitions : denrées diverses comme blé, beurre, oeufs ; animaux vivants (bovins, chevaux) avec le fourrage qu'il fallait souvent convoyer.
C'est toujours le maire qui est chargé par les autorités allemandes de trouver les produits réquisitionnés, toutefois, une commission à Trévières se réunissait pour l'organisation. Ainsi en 1942 le canton de Trévières a fourni 51 tonnes de rutabagas.
NOTE DU PREFET AUX MAIRES
" Le Préfet du Calvados à M. le Maire de.................... Objet ;
Imposition de rutabagas.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que conformément aux instructions ministérielles du 9 novembre 1942 et à la lettre de M. le Directeur Départemental du Ravitaillement Général du 26 novembre 1942, votre commune devra fournir au Ravitaillement Général .................. tonnes de rutabagas prélevés sur la récolte faite en 1942.
Le collecteur qui devra recevoir la quantité de rutabagas ci-dessus, sera ultérieurement désigné et son nom sera porté à votre connaissance.
En attendant, cette quantité est bloquée dans votre commune.
Vous voudrez bien effectuer la répartition de cette imposition entre les producteurs de rutabagas de votre commune puis vous aurez à faire parvenir avant le 31 DÉCEMBRE 1942 à LA DIRECTION DES SERVICES AGRICOLES, un état de répartition comportant les nom, prénom, adresse de ces producteurs et la quantité livrable par chacun d'eux. Un double de cet état devra être affiché à la Mairie . "
Archives du calvados
ORDONNANCE du 20/04/41 (Extraits) concernant l'échange de produits alimentaires et des fourrages soumis au rationnement
" Sera puni d'emprisonnement et d'amende ou de l'une de ces peines quiconque indûment :
a) acquerra ou livrera des denrées alimentaires ou des fourrages soumis au rationnement ;
b) utilisera à son profit un bon de livraison auquel il n'a pas droit ou qui, dans l'intention de s'enrichir, cédera à un autre le droit de disposer d'un bon qui lui revient ;
c) obtiendra frauduleusement un bon officiel en donnant des indications fausses ou incomplètes ;
d) retiendra des produits soumis au rationnement, contrairement à l'obligation que lui imposent les dispositions en vigueur à livrer les dits produits aux consommateurs (personne qualifiée pour l'acquisition) ;
e) acceptera un bon de livraison à l'Armée Allemande ou une carte d'alimentation, ou en détachera des tickets sans livrer de la marchandise ;
f)prélèvera sans autorisation dans l'entreprise qui lui appartient, qu'il dirige ou qu'il exploite, des produits soumis au rationnement. (...) "
Certains font marcher le système D et "se débrouillent" dans une région où beurre, fromage et oeufs sont abondants alors qu'en ville ce sont des denrées rares et chères, surtout rationnées (ex: 100g de beurre par mois).Les prix ont augmenté, ainsi le kg de beurre est passé de 12 F le Kg en 1940 à 45 F en 1942... Le marché noir fonctionne et régulièrement la presse s'en fait l'écho.
Saisie de 50 kg de porc salé et de 55 kg de beurre à la gare de Bayeux "
Intrigués par des allures suspectes de plusieurs personnes traînant des valises qui semblaient lourdes, la police de Bayeux voulut savoir ce qu'elles contenaient"
Il existe aussi le "marché gris" sorte de ravitaillement clandestin local : on tue une bête en douce dont profiteront les voisins et les alentours, à prix modéré. De même les "colis" sont de plus en plus nombreux ; partout, avec les moyens les plus variés, le ravitaillement clandestin circule. Certains se font prendre mais comme gendarmes et allemands sont intéressés, parfois on peut s'arranger. Toujours est-il qu'après guerre certains paysans se sont retrouvés, par miracle, enrichis...
Les autres civils subissent davantage les pénuries, ils utilisent les "cartes d'alimentation" mises en place en février 1940(en 1942 : 275 g de pain par jour, 90 g de viande par semaine et 175 g de beurre par mois) aussi doit-on faire la queue pour acheter un peu de viande même dans les petits villages. Progressivement les rations indiquées sur les cartes diminuent au fil des mois: on passe de 290 g de viande en septembre 1941 à 90 g en octobre 1942.
CARTES DE RATIONNEMENT :
catégories E : Enfants de moins de 3 ans,
J 1 : Enfants de 3 à 5 ans,
J 2 : Enfants de 6 à 13 ans,
J3 : Adolescents de 14 à 21 ans,
A : Adultes de 21 à 70 ans,
T : Travailleurs de force,
C : Cultivateurs,
V : Vieux (de plus de 70 ans).
Il fallait trouver des solutions pour
remédier aux pénuries, de l' incitation aux économies aux interdits de gaspillage. De nombreux produits de substitution apparurent comme le café à base d'orge, le savon à la graisse... D'anciennes plantes abandonnées furent à nouveau cultivées, les vieux vêtements rapiécés, les chaussures ressemelées avec du bois.On utilise le vélo quand on peut, ou plus simplement, on va à pied d'autant que la circulation dans le département du Calvados est, depuis 1940, réduite à 2000 véhicules et que l'on manque de carburant.
Jamais le jardinage n'a autant prospéré, jamais on a autant pratiqué le troc, ni fait de la récupération.
Avec un salaire mensuel moyen de 900 francs comment vivre correctement : un poulet vaut 100 francs, un oeuf 2,50 francs, le kg de beurre 45 francs.
NE GASPILLEZ PAS LE PAIN "
II est porté à la connaissance du public qu'une loi du 9 novembre 1940 interdit le gaspillage du pain. Dans les hôtels, restaurants, brasseries, etc., le pain ne doit être mis à la disposition du consommateur que par morceau de 50 grammes au maximum et à chaque demande qu'il en est fait.
Il est interdit, dans ces établissements de servir du pain sans avoir préalablement reçu le nombre de tickets correspondant à la ration demandée.
Toute infraction à ces prescriptions sera passible de sanctions graves . "
Le Bessin 28/12/40
VIE PRATIQUE
Confiture sans sucre :
Prendre du cidre doux et le faire réduire doucement à feu lent jusqu'à consistance sirupeuse. Dans ce sirop sucré, mélanger des fruits cuits à part (pommes ou poires) et mettre dans des pots en grès. C'est le "pommé" de nos grands-mères qui se conserve très bien et très longtemps "
Famille agricole 19/0940
Une exception !
Toutefois, il faut noter qu'à St Laurent et Vierville, les allemands ont finalement accepté une "tolérance de pêche à pied" et même de "pêche aux harengs" (une vieille tradition locale) de septembre à décembre qui nécessite d'aller relever les filets la nuit. Toutefois les allemands surveillaient attentivement les opérations de pêche pour mieux prélever leur part ensuite !
émoignage
Témoignage d'Y Cordelle:
la vie quotidienne en zone interdite à Vierville
Je me souviens que, en vacances à Vierville, j'étais chargé d'aller tous les matins en vélo chercher 1 litre de lait à telle ferme et 1/2 litre à telle autre, et aussi 6 oeufs, ici ou là, par semaine. Les fermes Blin, Auvray, Dubois, Leterrier (Ormel) étaient nos fournisseurs habituels, à des tarifs tout à fait raisonnables, mais pour des quantités limitées, à la tête du client, suivant les relations personnelles et les besoins familiaux supposés.
Le beurre nous était fourni en quantités très importantes par un fermier de mes parents, le père Jean à Longueville, mottes de 20 kilogs parfois, que mes parents salaient pour la conservation et l'envoi à Paris par la Poste, en petits paquets de 1 kg. Cela nous permettait de ne pas trop manquer à Paris et de dépanner la famille.
On avait aussi des pommes de terre, de l'huile d'oeillette maison, de la viande de vache et de porc (je me souviens de l'abattage d' un cochon au château, strictememnt défendu bien sûr, mais sous les yeux de l'officier Allemand que nous logions et qui regardait par la fenêtre en rigolant).
Par contre le pain a toujours été un problème difficile.
Ce n'était pas une production locale, on était donc strictement limité aux rations réglementaires, et je me souviens avoir eu faim avec 275g/jour comme J2, puis 350g/jour comme J3 (à partir de 13 ans en 1943).
Au total on est sorti de la guerre maigres comme des clous, mais en bonne santé. Mes parents se sont sûrement privés pour moi, ils ont perdus 15 à 20 kilogs de poids en 5 ans, mon père avait bien maigri, mais son ulcère d'estomac avait totalement disparu. Dans la population, des maladies chroniques comme l'alcoolisme avaient disparues aussi, vidant les hôpitaux.
Au total les paysans normands se sont enrichis, car en général ils ne se privaient pas pour vendre aux Allemands au prix fort, mais ils nous ont aussi nourris et sauvé la vie (car les rations seules ne permettaient pas de survivre, voir ce qui s'est passé dans certains hôpitaux de régions non productrices de nourriture,
le marché noir était innaccessible aux revenus normaux de la plupart des gens) et je leur en suis reconnaissant.
Ce sont les "années noires".
sources / http://6juin.omaha.free.fr/autrefois/viequot.htm
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Madame CHAMBRIN Janine : en 1944 , écolière âgée de 11ans, résidant à Vierville / mer
"Des soldats allemands ou américains ? " "J'ai vu et rencontré des soldats américains dès le 6 Juin 44, mais je ne sais pas à quelle heure ! je ne me suis pas rendu compte de la façon dont la journée est passée ; c'était certainement dans l'après midi, j'étais dans le jardin avec mes parents. Suite aux bombardements intensifs qu'il y avait nous étions allés nous mettre dans un abri recouvert où il y avait des chevaux et les allemands qui les gardaient. En effet, les abris dans des trous du jardin ne nous protégeaient pas assez : l'aviation était si nombreuse et les bombardements si violents que nous avions pris peur et décidé d'aller sous l'abri couvert. Mon père qui était parti aux nouvelles a aperçu plein de soldats dans la route qu'il a pris pour des soldats allemands sur le moment. L' un des soldats qui logeait à la maison, car les allemands avaient réquisitionné des pièces, est venu dans la cour et les soldats de la rue lui ont tiré dessus ! Mon père s'est aperçu que c'était des américains et il est allé au devant d'eux et il leur a dit " Jai toute ma famille à l'abri "
"Une rose pour les américains " Ils sont venus nous chercher dans l'abri ; malheureusement je ne me souviens plus trés bien de ces américains ni de la conversation, j'étais trop jeune ; Mais je me souviens que quelques instants plus tard ma mère a cueilli une rose et m'a envoyé la porter à l'un des américains qui était là en guise de bienvenue, de bon accueil et de reconnaissance.
"Un commando?... ou ... Un véritable débarquement ? " Les américains nous ont appris qu'il y avait le débarquement, parce que nous, jusque là nous avions pensé à un commando. Il y avait déjà eu sur Vierville de nombreux commandos avec des bateaux qui étaient venus et nous nous sommes rendus compte à ce moment -là , seulement, que c'était le débarquement : nous sommes allés voir à la fenêtre, à l'arrière de la maison et nous avons aperçu tous les bateaux qui couvraient la mer ; et c'est seulement à ce moment là que nous avons réalisé que c'était le véritable débarquement.
"Je garde mon chapelet ! " Je me souviens que quelques jours plus tard un soldat avait voulu que je lui donne un petit chapelet que j'avais sur une toute petite poupée qui représentait une communiante ; en effet à Vierville la communion avait eu lieu le dimanche et le débarquement le mardi, et moi j'avais fait ma communion le dimanche et j'avais eu cette poupée et le chapelet, aussi je ne pouvais donner le chapelet ! j'étais trop petite pour comprendre. Plus tard, j'ai beaucoup regretté.
" Nervous... le chocolat " Le soir du débarquement la première chose que l'on nous a offert c'était des tablettes qui ressemblaient à des tablettes de chocolat et que les américains voulaient que l'on mange en nous disant " Nervous ! nervous ! nervous ! " Ma mère n'a pas voulu que j'en prenne parce qu'elle pensait que c'était plutôt une sorte de médicament pour doper et que l'on donne souvent aux soldats pendant la guerre pour qu'ils n'aient pas peur et soient vaillants.
"Couverts de cadeaux " Un peu plus tard, nous sommes allés dans le secteur américain, nous étions couverts de cadeaux du genre : boîtes d'ananas, boîtes de fruits, cartouches de cigarettes, chocolat... enfin une profusion de bonnes choses ! Par contre, nous autres pour les accueillir à la ferme, et bien il y avait du cidre bouché et... de la goutte. Avant de boire le cidre bouché, au départ il fallait que l'on goutte parce que les américains étaient méfiants.
"je reconnais la dame.." Lors de l'anniversaire du quarantième, il y a 10 ans, j'ai rencontré un ancien combattant qui était agé et qui cherchait mon père, alors décédé. Je lui ai dit " Mr Dubois est décédé, mais par contre, j'ai ma mère qui est là, encore ! " Il a dit :" Je vous reconnais, je reconnais la dame qui m'a servi à boire au débarquement, je vais pouvoir dire à mes enfants : j'ai revu la dame ... grâce à qui je croyais avoir perdu la guerre ! " En effet nous leur avions offert du calvados que les américains ne connaissaient pas et ils avalaient leur verre comme un verre de vin : ils avaient failli s'étouffer !
" tu m'écriras ..." J'ai conservé des douilles de cuivre, comme beaucoup de gens, peut-être même quelque part je dois avoir des goupilles, peut être, je ne me souviens plus. J'ai aussi un tout petit livre de prières qui m'a été donné par un pasteur qui avait mis desssus son adresse et m'avait dit " Quand tu sauras bien parler anglais, tu m'écriras à cette adresse " Et comme je n'ai jamais su très bien parlé anglais, je n'ai jamis écrit comme une vilaine que je suis ! "
Interview du 15/12/93 à Vierville R ecueilli par Benjamin Veyrat et Mickael Campo
Transcrit par Marina Pesquerel et Sophie GodéSOURCES ; http://6juin.omaha.free.fr/amer-normand/chambrin.htm
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Extraits du témoignage écrit (peu après les évènements) de Charles Lepelletier, maire en 1944, d'Englesqueville la Percée.
" (..,) II existait à la Percée, un sémaphore que les Allemands occupaient depuis août 1940. Bientôt ils y installèrent divers appareils de repérage et de radio. Fin 43 et les premiers mois de 44, d'importants travaux y sont effectués pour la protection et garantir le fonctionnement de ces appareils. De puissants blockhaus et plusieurs baraquements abritent les 150 hommes spécialisés, se composant de marins ou de soldats faisant partie de l'aviation et de la DCA.
(...) Une route droite récemment construite en descend sur la route de Grandcamp à Port-en-Bessin. Elle est d'une visibilité parfaite. Elle guidera l'aviation anglaise qui surgit à huit heures du matin le 24 mai. Douze avions, pendant quarante minutes, sans répit, attaquent en tout sens, à la mitrailleuse, au canon et à la bombe. Pour les Allemands c'est sauve-qui-peut général. (...)
Une compagnie de pionniers, dont le siège est aux environs de l'église, pendant ce temps, fait procéder hâtivement par la population aux plantations de pieux dans les herbages. Ces travaux n'avancent pas. (...) L'insouciance et l'inertie des cultivateurs et ouvriers d'Englesqueville sont nettement visibles. Elles attirent au maire des observations. Le commandement allemand lui par le de sanctions, c'est, lui dit-on, la commune la plus en retard. Cependant cet état de choses continue. Les jours passent.
Mardi 6 juin arrive, c'est une nuit terrible, nuit d'horreur passée sous le bombardement incessant de l'aviation' et le tremblement ininterrompu de l'explosion des bombes sur les positions ennemies des communes voisines. Au point du jour, des obus tombent sur Vierville. Il est 5 h, nous avons des explosions sur la route et dans les herbages. L'heure est grave. Une maison ouvrière est éventrée. Les communs de la ferme Saint-Hilaire sont touchés. Une soixantaine d'avions laissent tomber leurs bombes au hameau des Foudreaux. On occupe les abris de fortune, on se cache dans les fossés. Les "Boches" sont aux aguets. Deux Allemands arrivent en bicyclette et me demandent des hommes, des chevaux et des voitures pour porter des munitions d'Englesqueville à La Cambe. A ce moment, le bombardement augmente d'intensité. Je les conduis, ils disparaissent.Vers 8 h, le calme semble revenir. On se demande ce qui se passe. D'une ferme voisine, je découvre la mer noire de bateaux. Ils sont là, sous Vierville et tout près de la falaise. Le doute n'est plus possible : c'est le débarquement. (...) L'après-midi, je me décide d'aller chercher du pain à Vierville, je suis obligé de descendre plusieurs fois de bicyclette. La route est crevée de trous d'obus à divers endroits dans l'avenue du château de Louvières. Cinq ou six Allemands qui semblent bien prudemment surveiller la direction de Vierville, me laissent passer. 300 m plus loin, j'aperçois des soldats couchés les uns sur les autres sur la berme droite. Arrivé à leur hauteur, depuis le talus, un homme me fait signe de m'approcher de lui. Je suis conduite un abreuvoir et me trouve parmi une centaine de soldats camouflés de feuillages. En mauvais français, il m'est posé quelques questions que je comprends difficilement. Je me demande ce que tout cela veut bien dire. Inquiet, j'examine les pieds de ces soldats et m'aperçois que ce n'est point des bottes qu'ils portent, une bonne surprise (1). J'ai su depuis que c'était un capitaine. S'étant aperçu de mon étonnement, il me dit : "Américains ! Troupes de débarquement". Je n'en crois pas mes yeux. Sur la route que je venais de quitter, je salue les deux premiers soldats américains que j'aperçois, tombés pour notre délivrance. (...)
Je prends alors la décision de rentrer à Englesqueville par des petits chemins donnant à Louvières ; le plus vite possible pour annoncer la bonne nouvelle. Des Boches sont prisonniers près de l'école. Devant la gare, un Américain m'interdit de poursuivre ma route. Il me somme de me coucher dans le fossé. Je reçois le premier paquet de cigarettes. Après une demi-heure d'attente, la troupe se met en route et j'emboîte le pas et devant la mairie, entre deux soldats, je m'engage dans le petit chemin de l'église de Louvières. Je m'y retrouve au milieu de soldats ayant un remarquable mordant, ne s'occupant pas de moi. Je poursuis mon chemin jonché de branches coupées par les obus fusant de la Marine. Je constate qu'il avait été le théâtre d'un vrai carnage. A droite, dans un herbage, toute une vacherie est tuée. Enfin, après avoir dépassé d'une centaine de mètres le second petit carrefour, les Américains explorent sérieusement le terrain. J'approche de trois Américains. Le sang coule encore, c'est tout frais. Je n'ai plus devant moi que cinq ou six soldats. Les deux premiers se parlent puis reviennent vers ceux qui sont près de moi. Je passe devant eux, je fais ainsi,dans le vide, 200 m environ lorsque j'aperçois sur le talus, à gauche, un Allemand qui me pose une question. Je lui fais signe que je ne comprends pas et continue mon chemin. Enfin j'arrive sur la route d'Asnières. Je remonte sur ma bicyclette et me dirige rapidement vers ce village dont l'entrée a été violemment bombardée. J'arrive enfin dans le village d'Englesqueville. (...) De retour chez moi, j'annonce la bonne nouvelle aux miens. Deux jeunes gens de la classe 42 que je cache depuis un an semblent incrédules. Mais je peux rapidement les convaincre en leur offrant les premières cigarettes américaines. (...) Il est dix-sept heures. Pendant mon absence, deux Allemands, à Englesqueville depuis de nombreux mois, viennent inspecter ma ferme à deux reprises. L'après-midi, à 17 h 30, ils font sauter leur poste de radio établi récemment dans le village. Ils partent par le chemin de terre de la voie au Renard. Pour nous, c'en était fini. Nous ne devions plus en voir que prisonniers.La nuit du 6 au 7 est à peu près calme mais dès le petit jour, quelques obus tombent à nouveau. Je crois que ce sont les batteries allemandes de La Cambe. A 7 h 30, nous regardons les tanks se dirigeant vers Grandcamp entre deux haies de fantassins qui jettent des bonbons aux enfants. (...)
(...) Je pars pour Vierville à la recherche d'un médecin américain. Mais, à Vierville, je suis arrêté, conservé à vue, interrogé. Je suis conduit dans un camp à St-Laurent. Cet incident me procure l'occasion d'admirer les grandeurs du Débarquement dans toute sa réalité. Les artificiers, dans un vacarme effrayant, font sauter les mines de la plage par dizaines à la fois. Un puissant matériel sort des navires et apparaît des flots sous une carapace étanche grimpant sur la plage comme des crabes pour s'acheminer sur la route de Vierville (2), et la piste qui vient d'être construite dans la falaise et qui rejoint la route de Port-en-Bessin. (...) Des soldats nous accompagnent jusqu'à l'entrée de ce village où je retrouve ma famille et quelques habitants du Haut Chemin évacués dès le matin à la suite d'un tir ennemi qui avait causé la mort de l'unique soldat américain qui devait tomber dans Englesqueville. Nous rentrons tous le soir dans nos habitations, qui sont indemnes, où nous reprenons notre vie normale, familiarisant vite dans les jours qui suivent avec les troupes de débarquement parmi lesquelles nous en trouvons qui parlent en français, et même en patois normand. Il nous est facile de reconnaître qu'il y a en eux des origines françaises. (...)
Nous voyons pendant plusieurs semaines du matériel nouveau. Bien que l'on entend encore le bruit du canon qui s'éloigne, nous avons la certitude absolue que le "Boche" est parti pour toujours et qu'apparaît l'aurore de son anéantissement et de la victoire".
(1) Le port des bottes était le propre de l'armée allemande.
(2) II s'agissait sans doute de camions amphibies, type DUKW.
SOURCES : http://6juin.omaha.free.fr/amer-normand/lepelletier.htm
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SCELLES Edmond :
en 44, âgé de 16 ans, résidant à La Ferme du Prieuré à Saint Laurent / Mer
"c'est là que ça a commencé..." "Déjà, le dimanche 4 juin, on était en communion à Formigny invité chez des amis et les américains ou les anglais sont allés bombarder le sémaphore d"Englesqueville ; c'était dans l'aprés midi, on était dans l'église, c'était les vêpres, donc on devait faire la procession au cimetière ; on n' est pas sorti de l'église, le curé nous a fait chanter des cantiques, mais c'est là que ça a commencé...
"les allemands n'ont pas couché " Puis, il y a eu une alerte le 5 au soir ; à la ferme du Prieuré où on était (mes parents étaient fermiers de Monsieur Carteret, propriétaire ) les allemands n'ont pas couché. Ils avaient réquisitionné tout le haut et logeaient à 40, mes parents avaient le bas : 2 pièces et la grande cuisine ; moi, je couchais dans l'écurie. C'est toujours resté tel quel aujourd'hui, tous les bâtiments comme en 40 ! Mais comme chaque année, il y avait des grandes maneuvres,on n'a pas fait de cas ! "les fils étaient coupés "
Le 6 juin, à 5 h du matin, alors là, la cannonade ! On se demandait ce que c'était. On pensait pas au débarquement. Peut-être un coup de main comme en 42, qu'on vient de faire. Ca canardait tout le long de la falaise. Ca tonnait.. Ca tonnait fort.
Ca faisait du bruit ! On s'est levé vers les 7 heures, on est parti voir aux bestioles : les vaches pour les traire ; et y'avait déjà des parachutistes qui avaient du venir car les fils téléphoniques allemands qu'il y ' avait sous terre étaient coupés, j'en suis formel ! Y ' avait une tranchée qui était faite sur 40 cm et ça avait été coupé derrière la ferme : le gros cable et le petit cable étaient coupés.
Y'avait eu des infiltrations d'américains ? Peut -être quelques uns de parachutés auprès de la rivière l'Aure, je crois, je ne sais pas .
"les tommies, les tommies" On avait à moitié peur, ça canardait toujours en bas ! On est rentré à la ferme.
Les allemands, on les voyait pas, ils étaient planqués .Y'en avait un à la maison qui gardait, il s'appelait "Pétain". Ca faisait un moment qu'il était là, on l'avait déjà vu. J'ai dit : " Qu'est ce que c'est ? " Il me dit " Non les grandes maneuvres ...! les tommies , les tommies... !
Et par le jardin on voit trés bien la mer ; j'ai été voir avec lui et puis aprés j'ai appelé mon père : C'est là qu'on a vu qui y'avait tous ces bateaux sur la mer et tout ça ! On a dit qu'est ce qui va se passer ? Y'avait pu qu' à attendre ... Ca tapait .
Tout d'un seul coup, y'a des obus qui ont commencé à tomber tout près, à arriver et puis y'avait des fusillades qui se passaient : mais on voyait toujours rien.
Les allemands qui couraient, un char allemand qui est venu, qui a pris des mines ( y'avait un dépôt de mines à la ferme ) Il est parti je sais pas où. J'en n' ai rien vu Ca tombait partout, on n'avait pas de tranchées, rien, on était à la maison pour se mettre à l'abri, on n' avait pas prévu !
"trois prisonniers américains " Quand les obus sont tombés vers environ 9 / 10 heures, deux obus dans le corps de bâtiment, c'est là qu'on est parti ! Là on est sorti et là y'avait déjà trois prisonniers américains, c'est à dire sur le coup on savait pas ce que c'était , c'est aprés qu'on a su qu'ils avaient été fait prisonniers par les allemands ; ils étaient noirs, mais en réalité c'était la figure barbouillée de noir car ils avaient les mains blanches ...Y avait eu des infiltrations.
Ils étaient assis sur leur casque ; ils étaient là ils attendaient, pas blessés, un allemand les gardait à l'entrée de la ferme. Ils les ont emmenés à travers champs, où ? Je ne sais pas.
"Ca va durer que quelques heures " Alors là, on a dit, on va pas rester à la maison, y'a deux obus qui sont retombés prés de la maison. Alors on a dit y faut s'en aller. On est allé se mettre dans un abri allemand où qu'y avait encore de l'eau . On est resté un moment là Y'a eu une petite accalmie, là, le matin vers les 10 heures, hop, on a repris la route de Formigny vers chez des amis. On a rencontré un officier allemand qui a dit : "Vous faites bien de partir mais ça durera que quelques heures seulement ! " Donc ils croyaient bien les remettre à l'eau, ils en avaient une nette impression, certainement pour eux ils attendaient du renfort de Trévières comme il y avait eu des grandes maneuvres avec les troupes qui étaient reparties , mais nous autres, les civils on ne s'occupait pas de ça, y'avait le couvre feu, on n' avait pas le droit d'aller à la plage , c'était fermé pour nous ; la limite : c'était la poste de St Laurent. On n' allait pas plus bas. C'était interdit. Y avait des grands murs en béton en bas ( au niveau de la villa Perrin , actuelle ) où y'avait des barrières de la ligne Maginot ramenées de Belgique , qu'ils fermaient tous les soirs. Tout était barricadé. Y'avait plus bas un fossé antichar. On pouvait pas passer. D'ailleurs les américains n'ont pas pu passer, il fallait faire sauter tout ça ; parce que il y avait les mêmes murs à Vierville et St Laurent et même sur la route de Vierville, à la sortie de St Laurent. Alors , on se disait si on pouvait être libéré !, retrouver la liberté ! mais avec tous ces travaux allemands ! et pourtant y'avait des blockhaus inachevés ! ah, si tout avait été construit ? Y'avait 2 blockhaus en construction, en bas, et d'autres derrière la villa des Moulins Les allemands avaient détruit toutes les maisons sur le bord de la plage ,les allemands avaient réquisitionné les français pour les détruire ! Avant, c'était joli ! Y'avait qu'une seule maison qu'est restée sur le milieu, à côté de la plage. Elle était minée ; ils l'avaient gardée, les allemands, je ne sais pas pourquoi, ce sont les américains qui l'ont faite sauter, elle était toute seule.
"On a vu les premiers américains" Vers 11 heures et demie, on est arrivé à Formigny, on est resté avec les amis, on a mangé, on a attendu, on s'est planqué...D'aprés Monsieur Legallois et puis d'autres gens qui étaient là, vers les 2 heures les américains étaient dans le haut du pays, chez nous. Et, nous, on est redescendu, on est revenu, alors, là, ça canardait ! On a vu les premiers américains. Y'en a un qui m'a donné un billet. Je l'ai toujours le dollar ! à mon père, il lui a donné des cigarettes. Ils montaient au front vers Trévières. On est revenu.
"Y'avait 3 allemands qui ont résisté " Le lendemain matin, le 7 , y'avait encore une résistance d'allemands qui étaient sur la commune de Vierville mais à côté de St Laurent, derrière chez Monsieur Lemière ( facteur, résistant, fusillé à Caen ) y'avait trois allemands qui ont résisté jusqu'au 9, dans un fossé, ils blessaient les soldats américains. Autrement, y'avait plus rien. Les allemands étaient faits prisonniers, ils les emmenaient au Ruquet, après ils les embarquaient en péniche vers l'Angleterre ou l'Amérique, pour la propagande... Les allemands, c'était des soldats de l'armèe régulière, la Wehrmacht, heureusement, c'était pas des SS. Ils changeaient tous les 3 / 4 mois, souvent ils revenaient du front russe , ils venaient se reposer par là ! ils cherchaient la conversation, ils avaient de la famille , ils étaient là pour obéir, c'était pas des bourreaux ! J'en ai vu pleurer : y devaient aller en Russie...
"mon premier vrai contact " Mon premier vrai contact avec les américains, pas avec ceux qui passaient, c'est le 8 juin , il est venu s'installer à la ferme un régiment entier d'américains ,ils ont occupé tous les bâtiments et tout installé ! Ils sont restés jusqu'au mois de Décembre; Ils s'occupaient du débarquement des vivres, du matériel, des munitions, y travaillaient par équipes dans le port artificiel de St Laurent . C'était à Vierville que le port a été détruit par la tempête ; à St Laurent le port était différent de Vierville .Y'avait plein de bateaux coulés, des libertys, des caissons en ciment ; y'avait une route faite sur des ponts flottants, des caissons accolés ; les gros bateaux étaient déchargés par les LCT . Y'avait les amphibies, les canards, les ducks : ils faisaient la navette sans arrêt ! Les américains sympathisaient avec les gens ;j'allais avec eux au rassemblement Dès fois y'en avait un qui me prenait. C'était leur quinzaine ; ils passaient pour toucher leurs petits billets tricolores, l'argent français ; c'était leur paye qu'un capitaine leur distribuait, moi j'étais dans les rangs et je touchais le tabac et les cigarettes. Les américains m'ont pris ma paire de sabots et m'ont amené au magasin de ravitaillement pour me donner une paire de godasses ; mes sabots sont partis en Amérique !
"l'infirmerie, impensable..." Le premier camp d'aviation qui a existé, c'est à St Laurent, sur la campagne, sur le plateau, mais c'était pas pour bombarder, c'était pour les vivres ; le ravitaillement, les médicaments et pour ramener les blessés qui étaient transportables en Angleterre . D'ailleurs, Mr Etasse de St Laurent blessé par un éclat d'obus a été transporté . Et la plus grande infirmerie , hôpital de campagne était dans le "Grand pré " de St Laurent, là, iln'y avait que des tentes d'un bout à l'autre.Tous les soirs, ils montaient les "saucisses" pour éviter ls avions allemands. Ils soignaient tout le monde ,les civils, les allemands. Moi et Monsieur Dubost on a été soigné à St Laurent. Quand je suis rentré dans cet hôpital, je me rappellerai toute ma vie ,du monde, qu'il y avait sous les tentes , impensable, voir tous ces gens là, installés ; les docteurs, impensable ! Et, on avait découvert le médicament miracle , la pénicilline ! ils nous soignaient avec çà, cette petite poudre, une grande découverte qu'on ne connaissait pas ! Moi, ça me reste cet hôpital là! Et quand on pense aux 3000 morts américains de Vierville /St Laurent ! J'en ai vu des macchabées, allemands ou américains. C'était les noirs américains qui les transportaient : l'un par la tête, l'un par les jambes, l'autre par le milieu. Ils ont fait un premier cimetière, puis après ils les ont montés là-haut dans une fosse commune. Après, ils les ont relevés, chacun une sépulture.
"On avait jamais vu autant de matériel On était bien vers le 8 quand on a dit : Ca y'est, on est libéré. Ils étaient partis plus loin. On n' avait jamais vu autant de matériel ! Ils ont mis des pièces de défense antiaériennes ; inimaginable, ça faisait du boucan ! mais ils ne tiraient pas, y"a eu que deux fois des avions à venir. Les camions n'étaient pas bachés, ils avaient une tourelle avec une mitrailleuse 12/7. Et les allemands n'avaient pas d'aviation ( 2 avions à Carpiquet ? c'est tout ) Ici ils avaient des chevaux, des vélos, une simca 5 utilisée par le docteur, et une estafette qui venait porter le matériel. Autrement ils avaient rien ! Les allemands allaient à vélo, des colonnes de vélos ! avec des chariots à 4 roues. Pas de véhicules : y'avait pas d'essence . Y devaient garder l'essence pour la grande armée, les panzers . Les régiments d'ici bougeaient pas, y'avait pas besoin . Les allemands avec qui j'ai discuté pensaient que c'était pas possible le débarquement ici .Y pouvait y avoir des hommes pour faire un coup de main , mais pas un grand débarquement ! le matériel, il lui fallait un port ! Nous quand on a vu le 7 juin les jeeps qui passaient partout , on s'est dit : "C'est quoi ? des chars ? des voitures à 4 roues motrices ! " On ne connaissait pas , on n'avait jamais vu ! On était resté à nos vieux véhicules ! Comme les radios qu'ils utilisaient ! comme le nombre de bateaux ! Y'en avait du matériel ! Le 7 y'avait des bulldozers qui comblaient les fossés antichars, le 8 on faisait des routes du bord de mer ,à travers champ vers Formigny.
Une entreprise, Van Loo, a acheté les épaves de Cherbourg à Port pour récupérer la ferraille. On était 200 à découper, ça a donné du travail pendant des années. On mettait la ferraille à la gare du Molay, puis au port d'Isigny. On faisit 20 à 22 wagons de 20 tonnes de ferrailles, sans compter les LCT et les bateaux qui venaient prendre les gros morceaux de ferraille. "
Interwiew du 21 Avril 1994 à Vierville Recueilli par Pierre Poutaraud et transcrit par Gilles Badufle
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Madame POREE Renée : en 1944, mariée et âgée de 30 ans , résidant à St Laurent / mer
"Ils voulaient les fusiller " "J'ai vu le premier américain le 6 juin 1944 vers 9 heures du matin, chez moi, rue du Val.
Les américains pensaient qu'il n'y avait plus de civils et que ceux qui restaient dans la commune étaient des espions ! Ce qui était faux... Alors lorsqu'ils sont entrés par derrière la maison, ils ont pris mon mari et ma belle mère en otage et voulaient les fusiller !
Ma belle mère a eu le réflexe de dire à mon mari de faire voir sa carte d'identité et de dire qu'il n'était pas un espion .
Les américains ont regardé la carte d'identité et ont parlé entre eux . Moi j'avais les enfants avec moi, j'en avais quatre.
Les américains les ont relachés et sont partis.
"Ou sont les allemands ? " Ils sont revenus l'aprés midi vers 2 heures ; c'était un officier qui parlait trés bien le français et nous demandait s'il restait des allemands. Je lui ai dit qu'il en restait encore. Il m'a demandé où était la Kommandatur et je lui ai expliqué la route pour y aller en lui disant de se méfier car il y avait un dépôt d'armement à un endroit et que si jamais ils approchaient, tout allait sauter dans la commune . La kommandaur était à proximité de la mer, en face des PTT actuels et le dépôt de munitions était sur la route de Vierville.
Ils y sont allés, bien entendu mais ils ont fait attention et pris des précautions et là, les allemands n'ont pu rien faire car ils sont arrivés par surprise. Ils sont revenus par la maison puisque leur camp de prisonniers était au Ruquet.
"Pour moi, c'est fini la guerre ! " J'ai vu beaucoup de prisonniers allemands passer.
Un allemand, les mains en l'air, a dit " Pour moi la guerre est finie, c'est fini la guerre ! " en français .
"Rembarquer ? " Un américain m'a demandé pour se rendre à Vierville car il avait rendez vous à 4 heures avec son capitaine : " Si je ne suis pas là-bas à 4 heures, nous sommes obligés de rembarquer ! " Ah , je peux dire que j'ai tremblé mais heureusement il est rentré à temps ! et nous avons vu le débarquement se faire car tout se passait devant chez nous . Les américains venaient de par le Ruquet, de par la plage,plein de chars passaient.
"Des repris de justice ? " Le lendemain, j'ai vu le capitaine Fazer. Nous étions traumatisés, il était très gentil, quand j'ai voulu lui expliquer qu'ils avaient voulu fusiller mon mari et ma belle mère, il m'a écouté et m'a dit : " Madame, ce n'est pas surprenant car tous les premiers soldats que l'on a mis au débarquement c'était des repris de justice."
"Un tour en avion " Beaucoup plus tard les américains qui avaient installé une piste d'atterrissage derrière, prenaient les jeunes enfants et leur faisaient faire un tour en avion, même pour faire un tour jusqu'en Angleterre. Les enfants étaient heureux et joyeux ; les américains leur donnaient des bonbons, du chocolat, des poupées et même des petits chats qui venaient d'Angleterre. Les américains étaient très gentils et sûrs d'eux. Je me souviens du pain, trés bon et bien blanc et des pâtisseries. Eux, ils ont fait des abus de calva ! "
Interwiew du 17/02/94 à St Laurent/ mer R ecueilli par Maud Cook,Sébastien Picant,Sébastien Zévaco,Nicolas Bégue Transcrit par Maud Cook
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HOUYVET Victorine : en 1944 âgée de 31 ans, institutrice célibataire
résidant à l'école de Vierville
" le 6 juin, à 7 heures..." "J'ai vu mon premier soldat américain, pour la première fois le 6 Juin 1944 vers 7 heures.
La porte du couloir de la maison avait sauté par les bombardements et je n'avais pas dormi de la nuit.
J'étais en train d'enfiler une jupe quand un américain s'est présenté à la porte ! Je ne savais pas encore que c'était le débarquement parce que je n'avais pas vu les bateaux sur la mer, en effet on ne voyait pas la mer de l'école.
On ne se rendait pas compte.
J'étais seule car ma collègue était là haut. Il était juste devant la porte et n'entrait pas car il devait avoir peur de touver des allemands ; c'était la première femme française qu'il voyait. Il venait de monter du carrefour et devait penser que j'étais une femme d'allemand parce qu'il croyait que tous les civils étaient partis à 5 km à l'arrière et nous étions tous restés !
"Qu'est ce que c'est que ce grand escogriffe ?
" Il était grand, trés grand, kaki, armé comme tous les autres soldats. Il n'a rien dit, moi je levais les bras en l'air parce que j'étais toute étonnée et je me demandais
" Qu'est ce que c'est que ce grand escogriffe ", parce que le débarquement on en parlait bien, mais on ne croyait pas que ce serait chez nous.
"Il a pris son révolver et a tiré..."
Il a pris son révolver et il a tiré croyant que jétais une femme allemande ; heureusement que j'étais devant ma porte de chambre et que j'ai pu faire un écart sans quoi, il me tuait !
La balle est allée se perdre en face dans la fenêtre.
Il n'est pas allé plus loin que le seuil, il avait peur que des allemands soient là dedans...
Ce n'était pas un premier contact agréable !
"On va forcément y passer " La dessus, je me suis sauvée, j'ai retrouvé ma collègue là haut et nous sous sommes mises sous l'escalier à l'abri, parce que çà canardait tout autour.
On s'est mis des coussins sur la tête ; on s'est embrassée parce qu'on s'est dit " On va forcément y passer !
" Quand il y a eu un moment de calme, on a quitté notre cachette et on est allé rejoindre les postiers, à côté dans leur cave.
Il n'était pas question qu'on se présente aux américains parce qu'on avait peur, vu le premier contact.
On est resté, nous étions à l'abri car la cave de nos voisins était adossée au jardin qui surplombait la cour de l'école de plus de 3 m :
c'était vraiment un rempart sûr contre les bombardements allemands qui venaient de Formigny.
On était donc resté là, on entrevoyait par une petite fente des prisonniers allemands qui étaient emmenés dans la cour de l'école.
On a vu tout cela, voilà tout ce que l'on voyait et on osait pas se présenter.
Cela a duré !
"On risquait un oeil " Nous sommes forcément sortis.
On risquait un oeil dans un moment de calme :
toute la route était pleine de chars, mais des chars énormes comme on ne pouvait pas se douter que cela puisse exister.
Un armement pareil, on avait jamais vu cela, c'était plein, plein, plein les routes .
Nous avons passé la nuit sur le tas de bois dans la cave, nous n'avons pas dormi, bien sûr, çà canardait de temps en temps ; y 'avait des moments de calme et on entendait batailler autour.
On entendait et on ne savait pas ce que c'était, allemand ou américain, parce que on était caché.
"Premier contact" Le mardi, donc, à un moment, un américain est venu, il a pénétré dans la cave ; à ce moment là, ils avaient amené leurs prisonniers ailleurs.
On a fait connaissance
Il nous a demandé de boire, mais il a fallu que nous buvions avant lui parce qu'il avait peur, et il nous a donné une savonnette et du chocolat. Premier contact ; et nous sommes sortis à la route, parce que à ce moment là les américains avaient trouvé encore d'autres civils ; là, bien sûr, on a parlé plus ou moins avec eux.
Les canadiens surtout parlaient,
c'était absolument drôle pour nous parce qu'ils parlaient comme nos grands mères, avec le même accent vraiment très peu de gens parlaient encore ce patois, ma grand mère, de temps en temps disait la "caire" pour la chaise .
C'était tout à fait bizarre pour nous, nous avions dépassé ce stade là, de retrouver ces mots !
"Le mercredi, çà canardait... "
Le mercredi, donc on n' a toujours pas dormi ; nous sommes restés évidemment 3 jours sans dormir ; enfin le mercredi on n' osait pas trop rentrer car les américains canardaient à travers les fenêtres parce qu'ils disaient "y'en a".
On avait beau leur dire qu'il n'y avait plus d'allemands, qu'ici c'était l'école, mais cela ne faisait rien, ils canardaient !
On voyait tous les meubles détruits à coups de fusil. On ne pouvait plus rentrer dans les maisons, de toute façon, donc on vivait dehors à la porte. C'était le mercredi, enfin on pensait que nous en avions fini, que le débarquement était réussi !
Les américains n'étaient pas tout à fait de cet avis, ils s'attendaient à une contre attaque allemande.
Ils avaient donc récupéré dans le village les quelques civils qui restaient encore, ils les avaient amenés dans la cour de l' école, sous le préau. Ils devaient nous diriger pour nous amener à l'abri des falaises, à la mer parce qu'ils pensaient que l'on aurait été à l'abri de la contre attaque allemande :
On n'a pas eu le temps de çà !
"la contre attaque " La contre attaque est arrivée peu de temps après que les civils soient réunis sous le préau où nous sommes restés à l'abri. Alors çà tombait, çà tombait dans le jardin que tous les légumes étaient déterrés : des pommes de terre, des carottes, tout ce qu'il y avait dans le jardin.
Il y avait 5 américains qui étaient dans la cour de l'école, assis pour faire le café, malheureusement pour eux , ils étaient juste devant la petite porte qui donnait dans le jardin.
Eux, ils ont été tués, tous les 5 devant nos yeux.
Le postier et sa femme, qui étaient donc avec nous, ont voulu aller chercher aussi dans la poste des papiers, ils ont été très blessés : lui est mort deux jours après et elle, elle est restée à l'hôpital plusieurs mois.
Les tôles du préau ont été enlevées au dessus de nos têtes et nous,
on n' avait rien, toujours protégés par le mur du jardin qui nous a sauvé la vie !
Cà allait sur l'école, l'école était tout en miettes, les tables, les livres ; nous, on était toujours sauvé par le mur du jardin, pourtant la cour n'était pas large ! c'est formidable.
Tout brûlait dans le carrefour parce que, je crois,il y avait un camion plein d'explosifs et de munitions qui a sauté par les bombardements de Formigny.
Ils visaient juste le carrefour où on était ! Vraiment on était bien situé !
Ah si on n' avait pas eu ce mur de jardin, on y passait !
"Sauvez vous! " La gare a brûlé, l'école a brûlé, la poste a brûlé, et puis il y a eu beaucoup de dégâts bien sûr : partout çà flambait, partout ! et puis un américain qui était au carrefour nous a dit d'ailleurs que c'était le moment le plus terrible du débarquement et ajouta :
" Sauvez vous comme vous pouvez !
Je ne peux plus rien faire pour vous ! Il faut que vous quittiez absolument ce coin ! il faut vous en aller !
" Alors dans l'affolement , les uns sont partis vers la mer, les autres sont partis vers le haut , du côté de Vierville - St Laurent, dont moi , on a couru , on a enjambé des morts, parce qu'il y avait des morts et puis des débris ; nous sommes allés dans un fossé à la ferme " Laronche ".
On ne savait plus ce qu'on faisait à ce moment là. Il y avait même des familles qui étaient dispersées.
On s'est terré dans ce fossé .
On était pas mal, et on est resté la nuit ; il y en avait qui avait peur...
"le lendemain matin,on n' a rien retrouvé! "
Le lendemain matin çà paraissait calme, nous sommes sortis voir quels étaient les évènements, ce qu' étaient devenues nos affaires : on n' a évidemment rien retrouvé que des cendres ;
si, j'ai retrouvé ma bouilloire, la seule chose qui était près de la pompe où j'avais arrosé mes fraisiers le quatre, le dimanche matin je l' avais laissée là ; autrement on n' a rien retrouvé , rien vu .
On était parti avec des chaussons, même pas bien habillé, rien, pas même un sac, pas un souvenir, rien pas un bijou, rien ! "
Interview du 8/12/93 à Bayeux Recueilli et transcrit
par Thomas Sorin ,Olivier Leyour
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Biographie de Marie-Madeleine FOURCADE (1909-1989) :
Née le 8 novembre 1909 à Marseille, Marie-Madeleine BRIDOU est élevée dans des institutions
religieuses.
En 1937, elle est secrétaire générale des publications anticommunistes "L'ordre
national" dirigées par le commandant Georges LOUSTAUNAU-LACAU.
C’est de ce saint-cyrien
qu’elle recueille la charge du réseau Alliance dont elle fait, au service de l’Intelligence Service
britannique, l’Arche de Noé, forte de trois mille agents dont quatre cent trente-huit mourront pour la
France tels Alfred JASSAUD, le Bison de "L’Armée des ombres" qui avait dit : "La victoire, c’est le
sacrifice". Issue de la grande bourgeoisie, l’ancienne responsable du périodique L’Ordre national
s’aperçut vite que trop de ses anciennes relations rêvaient de "tâches de rénovation en commun"
avec les occupants nazis. À Vichy, elle fut envahie par "une douleur pétrie d’humiliation et de rage
impuissante".
Chef d’état-major clandestin de LoustaUnau-Lacau qu’elle remplace après son arrestation, elle ne
remet jamais en cause le principe d’une affiliation directe "aux Anglais qui seuls conduisaient la
guerre", et ce n’est qu’en avril 1944 que le S. R. Alliance est intégré aux services spéciaux de la F
rance combattante. Les femmes et les hommes d’Alliance veulent livrer un "combat sans idole",
complémentaire de l’action nationale du général de Gaulle, mais ils sont plus dans la ligne du
général Giraud qu’ils aident à quitter la France. Les questions de souveraineté nationale ne sont
pas du ressort de ces techniciens du renseignement dont le premier chef avait soutenu que plus il y
aurait de mouvements parallèles, plus la France libre serait forte.
Lorsqu’elle devient gaulliste à part entière, Marie-Madeleine Fourcade est amenée à regretter ces "
barrières absurdes" et le ournoi entre Français "pour conquérir l’honneur d’être les plus forts face à
l’adversité".
Le S.R. Alliance organise le quadrillage en secteurs de la zone non occupée pour recueillir des
informations, faire tourner des courriers, organiser le passage d’hommes et de renseignements tant
à travers la ligne de démarcation qu’à travers la frontière espagnole. Le cœur du réseau est la
centrale de renseignements où s’analysent les données recueillies et se préparent les missions en
fonction des demandes britanniques. Opérationnelle à Pau au début de 1941, elle fonctionne
ensuite à Marseille puis à Toulouse avec un P.C., un point de chute, des points d’hébergement et
de filtrage.
Les six personnes du noyau de base de juin 1940 se retrouvent plus de cinquante dès la Noël de
1940. "Unis dans l’allégresse d’une confiance inébranlable", ils sont les recruteurs de près de trois
mille agents.
L’improvisation due à la défaite oblige à "n’utiliser que des volontaires, parfois plus turbulents
qu’efficaces", mais la conception des noyaux – une source, une boîte aux lettres, un transmetteur,
un radio pour les urgences - donne des résultats très positifs, même si les insuffisances du
cloisonnement facilitent la répression. À l’automne de 1941, le réseau de Marie-Madeleine
Fourcade, ce sont six émetteurs radio qui transmettent à Londres et l’esquisse d’une aérospatiale
clandestine par avions lysanders.
Ce sont les agents de liaison qui sont chargés des services les plus ingrats : "des milliers de
kilomètres par voie ferrée, des attentes interminables aux rendez-vous, des transports à vélo i
ncessants de plis et de matériel compromettants".
Dévouement et sens de l’organisation donnent des résultats. Les renseignements s’ordonnent par
secteurs : air, mer, terre, industries, résultats de bombardements, transports en cours d’opération,
psychologique et politique. Les indications sur les U-Boot présents en Méditerranée, sur ceux des
bases de Lorient et de Saint-Nazaire servent à la guerre anti-sous-marine conduite par les Alliés
pour protéger les convois de l’Atlantique.
D’autres renseignements facilitent l’interception des renforts italiens envoyés à Rommel,
permettent la connaissance précise des travaux de l’organisation Todt pour le mur de l’Atlantique et l
la mise au point d’une carte renseignée détaillée
pour la zone du débarquement en Normandie (elle faisait 17 mètres de longueur !). Tous les
auteurs de cette carte tombent ensuite aux mains de la police allemande, Gibet dans le langage
codé du réseau. Ils sont massacrés à la prison de Caen, le 7 juin 1944. Le premier des quatre cent
trente-huit martyrs du réseau est Henri Schaerrer, fusillé le 13 novembre 1941 pour avoir livré de
précieux renseignements sur les sous-marins allemands. L’Abwehr, la Gestapo et la police
française provoquent des hécatombes à l’automne 1943 : plus de trois cents arrestations
paralysant cinq centres émetteurs. Le réseau paye un lourd tribut d’arrestations, de déportations,
de morts.
Malgré la peur et le chagrin, l’Alliance – Arche de Noé dont tous les membres portaient des noms
d’animaux – se resserre autour de Marie-Madeleine Fourcade, alias Hérisson.
Des opérations en lysanders et en sous-marins, des émissions de radio manifestent que le réseau
continue.
Après trente-deux mois de clandestinité, Hérisson connaît Londres, où elle s’irrite des
"antagonismes criminellement puérils des services secrets" et perçoit que ses camarades ne sont
que "la chair à canon du Renseignement". Soixante-quinze agents principaux, huit cents
secondaires, dix-sept postes travaillent en juin 1944.
C’est une des raisons qui la fait revenir sur le terrain, en Provence, avant le débarquement d’août
1944 et qui l’incite à poursuivre des missions dans l’Est après la libération de Paris.
La victoire de 1945 permet de découvrir des charniers d’agents, et Hérisson plonge dans un
"abîme de douleur" pour établir le sacrifice de quatre cent trente-huit des siens, du benjamin Robert
Babaz (20 ans) à la doyenne Marguerite Job (70 ans) et au doyen quasi octogénaire, Albert Legris,
ou à des familles entières, tels le père et les trois fils Chanliau, agriculteurs. Pour Marie-Madeleine
Fourcade, les survivants sont la priorité absolue. Elle contribue à arracher un statut pour les veuves
et les orphelins ; en 1948, on en compte dix-huit mille dépendant du comité des œuvres sociales
de la Résistance.
Elle fait homologuer les trois mille membres de son réseau et les actions de ses héros qui ont lutté
dans l’ombre, librement disciplinés, "l’imperméable pour uniforme".
Elle continue à travailler pour l’Intelligence Service qu’elle avertit de menées communistes en 1946
-1947. Elle se lance surtout dans l’aventure gaulliste, animant pour le R.P.F. la campagne du
timbre. Après le retour du général de Gaulle, elle intègre la convention républicaine dans l’Union
pour la Nouvelle République et siége au comité central de l’U.N.R. Elle est l’une des
représentantes R.P.R. à l’Assemblée des Communautés européennes en 1981-1982 et préside la
Défense des intérêts de la France en Europe.
Présidente du Comité d’Action de la Résistance à partir de 1963, Marie-Madeleine Fourcade fédère
dans ce comité une cinquantaine d’associations ou d’amicales d’anciens résistants.
Elle contribue à éclairer la réalité du nazisme et du génocide juif. C’est dans cette perspective
qu’elle est, en 1987, témoin à charge au procès Barbie. Elle y fait preuve de la même vigueur que
dans ses luttes passées et dans le récit des activités de son réseau paru chez Fayard, en 1968,
sous le titre "L’Arche de Noé".
Marie-Madeleine Fourcade a lutté jusqu’au bout, en militante, notamment pour une solution
pacifique de la crise libanaise.
Elle est morte le 20 juillet 1989.
Première femme dont les obsèques ont eu lieu en l’église Saint- Louis-des-Invalides, à Paris, où son corps, porté par des soldats du contingent, fut salué par les
tambours de la garde républicaine, Marie-Madeleine Fourcade a ainsi reçu un hommage
exceptionnel.
Au-delà de l’affliction personnelle exprimée par le Président de la République, la présence aux I
nvalides de toutes les tendances de la Résistance a marqué qu’elle restait un emblème unificateur
de l’Armée des ombres, fidèle au message du commandant Faye,
son compagnon supplicié :
chassez les bourreaux, servez la France "pour y faire revenir la paix, le bonheur, les chansons, les
fleurs et les auberges fleuries".
Par Charles-Louis FOULON (Encyclopaedia Universalis)
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Historique du 12ème R.C.A.
L'HISTORIQUE DU 12ème REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE EST EN ECRITURE ET SERA DEPOSE PEU A PEU DANS CE BLOG.
Cet historique n’est pas figé, mais sera évolutif en fonction des témoignages, des documents qui nous parviendront et des archives qui seront analysées .
Formation au Sénégal
Le 22 février 1941, le 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique basé à Casablanca au Maroc reçut l’ordre de constituer un Groupe d’Escadrons Chars-motos destiné à l’Afrique Occidentale Française qui prit la dénomination de " Groupe Autonome du 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique ". Celui-ci fut formé le 16 mars 1941 et prit stationnement au camp de la Jonquière à Casablanca. Il fut mis sous les ordres du chef d’escadrons Paul GIROT de LANGLADE, cavalier compétent, et composé d’un escadron hors rang et de deux escadrons de combat : Au premier Escadron, sous les ordres du Capitaine de VERDELON, étaient attribués des motos et des side-cars. Etaient également présents dans cet Escadron: Le Lieutenant du HAYS, le Lieutenant MILLET et le S/Lieutenant ZAGRODSKI. Le second Escadron était commandé par le Lieutenant GRIBIUS, qui fut nommé Capitaine en décembre 1941. Il avait en compte 23 chars Somua S 35 rendus par les Allemands au gouvernement de Vichy qui avaient été déposés dans des parcs en Métropole, contrôlés par les Allemands, en vue d'une mission très précise.
Ces chars, en très mauvais état, car ils avaient été sabotés, purent être récupérés et envoyés à Casablanca, au camp de la Jonquière, où ils furent remis en état de combattre, mais avec un canon de 47 portant à 1000 mètres, armement insuffisant, et un équipement radio inexistant ! Avant l'embarquement au port de Marseille, les Allemands avaient pris soin de retirer tous les lots de rechange. Pendant la nuit, après le départ de la Commission d'Armistice, des contrôleurs italiens négligents et incompétents prirent le relais. L'équipe d'embarquement, profitant de leur inattention, récupéra tous ces lots de bord et matériel de réparation et chargea dans les soutes du bateau des caisses de moteurs, d'embrayages, de morceaux de chenilles et de munitions.
Afin de mettre tout ce matériel hors de portée des commissions de l'armistice qui commençaient à enquêter, ce Groupe d'escadrons préféra pendre le large et embarqua à Casablanca à bord du s/s "Montesquieu" le 8 juin 1941, pour débarquer huit jours plus tard à Dakar, au Sénégal.
Le 1er escadron motos à Thiès.
De Dakar, le 19 juillet de la même année, il fut mis en route sur un petit train de brousse et le PC s’installa à Thiès avec le 2ème Escadron Somua, bourgade ingrate à quatre vingt kilomètres de Dakar, composée de cases individuelles et de quatre maisons de colons en dur, dans un ancien cantonnement de gendarmes : « La Tropicale », le bien nommé. Le premier Escadron motos et side-cars cantonna à quelques kilomètres, au camp "Faidherbe".
Le 1er septembre 1941, ce groupe d’escadrons fut rebaptisé « 12ème Groupe Autonome de Chasseurs d’Afrique » (12ème G.A.C.A.). Le Chef d’escadrons de LANGLADE lui donna son insigne définitif : un cheval dressé, accompagné de sa devise « Audace n’est pas déraison ». Entouré et aidé d’officiers tels que le Capitaines GRIBIUS et ROUVILLOIS, les Lieutenants COUPE, du HAYS, MILLET, BAILLOU, ZAGRODSKI des S/Lieutenants ISSAVERDENS, BAILLOU, BRIOT de la CROCHAIE, DOUBOSTER, il fit bâtir logements et hangars en banco recouverts de palmes séchées et organisa l’instruction des hommes au combat avec très peu de moyens, dans un paysage aride et par une chaleur torride. L'eau et le pain étaient rationnés, les moustiques apportaient le paludisme, les premiers morts furent à déplorer. Il fallait compléter avec des patates douces, de la viande de buffle et autres produits locaux. Le personnel provenait soit des 1ère et 2ème Divisions légères mécanisées mises en déroute en 1940, soit d’anciens de la Campagne de France, soit du 1er et du 5ème RCA, mais également de jeunes engagés évadés venus de France, via l'Espagne. Le Chef d'escadrons de LANGLADE en fit, en peu de temps, une Unité homogène prête à servir, dans un esprit exemplaire d'amitié, de camaraderie et de confiance les uns avec les autres.
Le Chef d'escadrons GIROT de LANGLADE fut promu Lieutenant-colonel le 21 mars 1942 et attendit les ordres...
Char SOMUA S 35.
Après 18 mois passés au Sénégal, le 6 janvier 1943, le 12ème G.A.C.A. reçut enfin l’ordre de mouvement du général GIRAUD, Commandant en Chef des Forces Françaises en Afrique, récemment évadé de sa prison de Kaiserslautern en Allemagne, et qui venait d’arriver à Alger : « Il n’est pas concevable que l’on attende davantage pour faire intervenir le dernier escadron de chars de l’empire français. C’est maintenant qu’il lui faut être engagé dans les difficiles combats de Tunisie, que mènent les alliés aux Forces de l’axe. ».
Le 12ème G.A.C.A. quitta Thiès le 12 janvier 1943 pour embarquer le 13 janvier 1943 sur les s/s "Cephée", "Champollion" et "Fomalhaut", resta quatre jours à Casablanca, puis fut dirigé vers l'Algérie, à Alger qu’il atteint le 5 février 1943. Par convoi routier, il rejoignit Boufarik, puis Rio-Salado où là, à partir du 14 février 1943, il remit en état son matériel qui avait souffert de la chaleur et du sable du Sénégal, puis du transport sur mer.
Le Groupe Autonome fut rebaptisé le 15 février 1943 : « 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique ».
Le 19 février 1943, le 2ème escadron, commandé par le Capitaine André GRIBIUS, sur ordres du Général GIRAUD, avec ses chars Somua, fut détaché du Régiment et dirigé vers la Tunisie pour combattre les forces de l’Axe. La mise en route se fit le lendemain.
A ce moment, l'Ordre de Bataille de cet Escadron était le suivant :
Capitaine Commandant l'Escadron : Capitaine GRIBUS
1er Peloton : Lieutenant COUPE
2ème Peloton : Lieutenant BAILLOU
3ème Peloton : Lieutenant DOUBOSTER
4ème Peloton : Adjudant/Chef TITEUX
P.H.R. : Adjudant THOMAS
Sous/Officiers : 21
Brigadiers/Chef, Brigadiers, Hommes de Troupe : 133
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Combats de Tunisie
Le 2ème Escadron, avec ses chars Somua, arriva dans la région de Chéria le 24 février 1943, et se porta à Metlaoui. Présentement, la situation n’était pas brillante car les forces américaines étaient sévèrement attaquées au sud de Tebessa par les forces allemandes aux ordres de Rommel, pour le contrôle des portes de l’Algérie.
Incorporé au sein d’un groupement " Nord " de fortune composé d'un bataillon de chars Valentine du 5ème RCA et du Maghzen mobile du Maroc, commandé par le Colonel DALMAY de la GARENNIE, le 17 mars, le 2ème escadron participa à l’attaque victorieuse de Gafsa, pénétrant en premier dans la ville. Du 20 mars au 6 avril, il remplit de courtes, mais dangereuses missions, dont le combat au Djebel Asker le 6 avril, puis fonça sur les arrières de l’ennemi. Il revint à Gafsa, fit route sur Tebessa, le Kef, Siliana. Il fut alors inclus au Groupement Blindé Français sous les ordres du Général LE COUTEULX de CAUMONT qui l’envoya vers Pont-du-Fahs en relève du 3ème R.E.I. qui venait de mener une attaque frontale contre les chars Tigres allemands et avait besoin de souffler. Le 8 mai 1943, l'Adjudant/Chef TITEUX en tête suivi des pelotons BAILLOU, COUPE et DOUBOSTER, l’escadron fut engagé dans de rudes combats autour du Pont-du-Fahs tenu par une forte résistance allemande, au cours desquels furent tués l’Aspirant MARS, adjoint du Lieutenant COUPE qui venait le jour même d'être nommé, le brigadier VELARD et les chasseurs GOLINSKI et DELSAUT, ce dernier était l'ordonnance du Capitaine GRIBIUS. Trois chars furent détruits pendant ces combats.
Regroupé à M'Cherga, l'escadron pensa ses plaies et soigna son matériel. Le 11 mai 1943, le Capitaine GRIBIUS reçut sa nouvelle mission : s'emparer de la ville de Sainte-Marie du Zit. Après un débordement par les crêtes, l'affaire était réglée ! Toute l'intendance italienne se trouvait entre les mains de l'Escadron. A 13 heures, le Lieutenant DOUBOSTER, sur une piste avec son Peloton, faillit percuter une jeep allemande sur laquelle flottait un drapeau blanc et dans laquelle se trouvait un représentant du général Von ARNIMM, Commandant supérieur des troupes en Tunisie qui demandait à se rendre avec tout son Etat-major et un bataillon de la division Goering. Le Lieutenant DOUBOSTER se porta auprès du Général pour recevoir sa reddition. Le véhicule Daimler de ce dernier devint l'un des trophées du 12ème RCA ! Rejoignant Tunis, l'escadron au complet s'installa en bivouac dans les jardins du Belvédère.
Sous l'uniforme américain, la chéchia aux trois bandes noires fut alors abandonnée au profit du calot bleu et jonquille.
Sur ses 23 chars Somua ayant parcouru mille deux cents kilomètres, il restait 19 chars ; 4 chars avaient été détruits au combat au cours des trois mois de campagne.
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Collection Chars-français.net Revue à Tunis, les "Somua" du 12ème RCA
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Le 20 mai 1943 à midi, André GRIBIUS, avec son escadron, participa à Tunis à la revue victorieuse des troupes alliées, toutefois sans défiler mais seulement pour faire la haie ! Après avoir quitté Tunis pour Medjez el Bab, tout l’escadron embarqua sur voie ferrée pour rejoindre, le 14 juin 1943, le régiment qui se trouvait alors à Rio-Salado, dans l’Oranais en Algérie. Le 2ème escadron s'installa à la Briqueterie de la Mitidja à 2 km NNE de Rio-Salado.
Le 19 juin 1943, au cours d'une Prise d'Armes à Rio-Salado, le Général DARRIOT remis de nombreuses décorations en présence du Général Le COUTEULX qui commandait le Groupement Blindé Français.
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Collection Chars-français.net Chars "Somua" du 12ème RCA prêts à être embarqués.
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Intégration dans la 2ème Division Blindée
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Paul de LANGLADE Colonel
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Fin Juin 1943, de LANGLADE, maintenant Lieutenant-colonel, rencontra par hasard le général LECLERC, qu'il connaissait déjà, dans un restaurant à Alger. Ce dernier lui proposa d’intégrer le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique dans la division qu’il était en train de constituer. Immédiatement, de LANGLADE accepta et se mit sous ses ordres. Du premier septembre à décembre 1943, le 12ème R.C.A. fut formé de quatre escadrons de combat et donna naissance, par dédoublement, au 12ème régiment de Cuirassiers qui a pour devise: " "Au danger mon plaisir". Suivit une longue phase de préparation, d’organisation, de montée en puissance des hommes et du matériel. Laissant son dépôt à Rio-Salado, le régiment fut envoyé près de Rabat au Maroc, en forêt de Témara au bord de l’océan Atlantique, pour parfaire son instruction sur le matériel américain nouvellement perçu, qui sortait des chaînes de montage de Casablanca.
Hiver rigoureux sous des tentes suant d’humidité parmi les chênes-lièges aux troncs tordus. Printemps hâtif tapissé de fleurs et de senteurs d’oliviers sauvages.
La fusion des différents régiments composant la 2ème D.B., dont les cadres venaient de tous les horizons politiques, fut difficile et longue à se faire. Le 12ème RCA fut raillé et surnommé le « 12ème Nazis » par certains du 501ème Régiment de Chars de Combat, car il provenait de l’armée d’armistice fidèle au général GIRAUD.
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Insignes des Unités composant la 2ème Division Blindée.
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Le 13 février 1944, une commission américaine commandée par le général KLINGMAN vint inspecter la 2ème D.B. pour constater son aptitude à aller au combat. Après un examen draconien de quarante huit heures, le feu vert fut donné, salué par tous les hommes de la division. Les manœuvres reprirent de plus belle, axées sur le binôme chars-infanterie.
Puis le général de GAULLE vint lui-même en inspection le 7 avril 1944. Douze milles hommes, trois milles véhicules lui furent présentés. De GAULLE rassembla les Chefs de Corps : de LANGLADE pour le 12ème R.C.A., MALAGUTTI pour le 501ème R.C.C., WARABIOT pour le 12ème Cuirassiers, MAGGIAR des fusiliers marins etc. pour leur affirmer que la victoire était non seulement possible, mais certaine et que la 2ème D.B. débarquerait bientôt en France.
Effectivement, deux jours plus tard, jour de Pâques, le premier détachement embarqua à Casablanca pour l’Angleterre, puis le reste suivit et cela pendant plusieurs jours. le débarquement se fit à Swansea le 22 avril, après plusieurs jours de très mauvaise mer.
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Collection J.C. Galvez
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Le 30 avril, 238 chars gagnèrent Dalton-Hall, dans la région de Hull, sur la côte est, dans le Comté d'Yorkshire. Le programme d'instruction et d'entrainement intensif, grandeur nature, préparatoire au débarquement, put débuter. Les camps étaient répartis en étoile sur 40.000 hectares, champ de manoeuvres idéal pour les chars de la division Leclerc. Le Poste de Commandement du Colonel de LANGLADE se déploya dans une demeure réquisitionnée, considérable et confortable, du nom de Sonderlandwick Hall à quelques kilomètres de la petite ville de Great Driffield.
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Le 17 mai 1944, de LANGLADE, promu Colonel, rédigea l'Ordre du Jour suivant: " Par ordre du Général Leclerc, commandant la 2ème Division Blindée, je quitte le Commandement du 12ème Chasseurs d'Afrique à la date du 16 mai 1944. Groupe Autonome du 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique le 1er mars 1941, puis Groupe Autonome du 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, enfin 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique au Maroc, en Afrique Occidentale Française, en Tunisie, en Angleterre, j'ai aidé aux premiers pas du régiment et j'ai été son premier colonel. Il m'a donné sa confiance et son affection, qu'il sache aujourd'hui, que mon coeur est à lui sans partage.
La jeep du Colonel de LANGLADE conduite par son neveu, Lucien LE LASSEUR.
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Juin 1944 - Le Colonel de LANGLADE à Sonderlandwick Collection J.C. Galvez
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En remettant le commandement entre les mains du Chef d'escadrons Minjonnet, j'adresse à lui, aux Officiers, Sous-officiers, Brigadiers-chefs, Brigadiers et Cavaliers, à tous mes vieux compagnons, l'expression de ma gratitude émue. Le régiment détient deux vertus essentielles: l'esprit de sacrifice, l'esprit d'obéissance. C'est pourquoi je lui dis ma foi dans la victoire et ma certitude de ses exploits dans la bataille imminente qu'il va livrer pour la libération de la Terre de France".
Etat Major du Colonel de LANGLADE Collection J.C. Galvez
Le même jour, de LANGLADE prit à sa charge un des trois Groupements Tactiques, le Groupement « L ». Le 3 juillet, le général LECLERC, lors d’une prise d’armes s’avança avec un petit insigne dans sa main représentant une croix de Lorraine dorée sur fond bleu, créé par lui-même, et déclara : « Voici l’insigne de la division choisi par vous. Il est à l’image de la France, marquée de la Croix de Lorraine. Chacun d’entre vous en recevra un exemplaire numéroté. Je réserve le numéro 1 pour le capitaine DIVRY qui nous a déjà précédés, parachuté sur le sol de la Patrie. Je m’attribue le numéro 2. Prenez soin du vôtre. Portez-le toujours.» Au cours de cette même cérémonie qui eut lieu dans le parc de Dalton-Hall, le général KOENIG, commandant les Forces Françaises en Grande-Bretagne, remit son nouvel étendard au 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, où était déjà inscrit son premier titre de gloire : " Tunisie", qui avait été fabriqué et offert par l'association des Français de Grande-Bretagne. Pour la première fois, le régiment portait le calot bleu ciel à fond jonquille.
C’est à partir de ce jour que l’on peut considérer que l’union de tous les régiments composant la 2ème D.B. fut véritablement concrétisée.
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Dalton-Hull (Angleterre) - Garde à l'Etendard du 12ème R.C.A.
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Les jours passèrent sous le crachin, entre manœuvres et préparatifs. Enfin, le 20 juillet, l’ordre fut donné par LECLERC de rejoindre les ports d’embarquement.
Après trois mois passés en Angleterre, à l’aube du 31 juillet, alors que la mer était belle, les colonnes d’hommes du 12ème R.C.A. s’engouffrèrent dans les bateaux L.S.T. (bateaux à fonds plat pouvant transporter une vingtaine de chars) et L.C.T. qui se trouvaient à quai à Weymouth et Southampton, au son de la musique américaine.
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Le Débarquement en Normandie
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Au large, la mer devint très agitée et la traversée de la Manche fut éprouvante. Après s'être regroupé près des côtes de Cherbourg, il fallu attendre deux jours pour que le convoi puisse accoster à Utah-Beach. Chaque L.S.T et L.C.T. vomit sur les plages sécurisées, après les combats qui avaient eu lieu depuis deux mois, son contingent d’hommes et d’engins chenillés, chars, jeeps, half-tracks. Sitôt débarqué, le Groupement Tactique "L" rejoignit son point de rassemblement près de Saint-Germain-de Varreville, puis prolongea jusqu'a Vesly (Manche).
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1er août 1944. le Sherman "Ile de France" du 3ème Escadron du 12ème R.C.A....
...et de la "Tarentaise" du 2ème Escadron.
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Le G.T. Langlade se mit en ordre de bataille au milieu des carcasses tordues des panzers et des cadavres pourrissant au soleil du mois d’août dans un paysage ravagé et, en tête de la division, fit rapidement mouvement, en longues colonnes, vers Avranches et St Hilaire-du-Harcouet. Le 8 août, il fut aux portes de Sablé-sur-Sarthe sans avoir eu de véritables contacts avec les Allemands, si ce n'est le peloton de l'Aspirant NOUVEAU du 12ème RCA qui fit quelques prisonniers. Là, de LANGLADE attendit que le génie américain ait jeté des ponts sur la Sarthe. Il reçut alors les ordres de LECLERC : « Ne vous attardez pas sur les résistances rencontrées. Manœuvrez-les si vous ne pouvez les réduire du premier coup. Votre premier souci, votre souci constant est celui de la vitesse. Au-delà des simples objectifs tactiques, souvenez-vous que le but stratégique consiste à faire, au plus tôt, liaison avec les Britanniques."
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Le 10 août, le G.T. Langlade fut divisé en deux sous-groupements. Le premier aux ordres de MASSU, reçu les 1er et 2ème escadrons du régiment, le second revenant au chef d'escadrons MINJONNET, le patron du 12ème R.C.A. qui conserva les 3ème et 4ème escadrons, ce qui permettait d'avoir des chars Shermans répartis dans les deux sous-groupements. La mission consistait à couper l'axe Falaise-Argentan-Alençon tenu par la 9ème Panzer-division allemande. Le terrain composé de bocages rendait les manoeuvres de chars très difficiles. En tête du sous-groupement MASSU, le 2ème escadron du lieutenant COUPE du 12ème R.C.A., avec ses deux chefs de peloton, l'Adjudant/chef TITEUX sur son char "Corse" et DOUBOSTER, deux anciens de la campagne de Tunisie.
Les Shermans s'ébranlèrent sur un front de six kilomètres, par quatre itinéraires parallèles. Sur sa droite le sous-groupement de MINJONNET, surnommé le "Père Mégot" à cause de la cigarette suspendue continuellement à ses lèvres, avec à sa tête, le char "Bordelais" du lieutenant ZAGRODSKI du 4ème escadron, suivi de ceux du 2ème peloton du sous-lieutenant d'ARCANGUES, et derrière eux les Half-tracks des Marsouins.
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Tous étaient aux aguets, prêts à intervenir dès le contact avec l'ennemi. Soudain, à la hauteur des Sablons, sur la D6 entre les villages de Ballon et de Bonnétable (Sarthe), le bruit d'un tir de canon et aussitôt le Sherman de ZAGRODSKI s'enflamma. Le copilote DIONNET et le tireur CLEMENT furent tués sur le coup, le pilote et le chargeur purent s'éloigner rapidement, le lieutenant ZAGRODSKI sauta du "Bordelais", mais à ce moment même, il fut fauché par un tir de mitrailleuse. Il mourut immédiatement au bas de son Sherman. Les deux chars suivants, "Armagnac" et "Labourd" flambèrent, également touchés, tirés à mort par un Jagd-panther allemand bien camouflé. Le char "Navarre" du sous-lieutenant d'ARCANGUES et son peloton qui les suivait, commencèrent une manoeuvre de contournement, mais à son tour, un nouveau tir de cinq obus perforants disloqua le "Navarre". Le Sous-lieutenant fut éjecté. Avant de mourir, il eut encore la force de donner ses derniers ordres. Périrent également dans le char "Navarre", le 1ère classe PONTNEAU et le Chasseur BAYONA.
Il fallut beaucoup de temps et plusieurs morts pour libérer l'itinéraire de ce premier obstacle. MASSU, et son sous-groupement, reprit provisoirement la mission à sa charge.
Collection Chars-français.net
Le 12 août 1944, Le G.T. Langlade contourna la forêt d’Ecouves de l’ouest vers le sud. Le terrain était difficile, les combats furent sporadiques. Les unités des deux sous groupements s'entremêlèrent fréquemment dans cette immense forêt.
Le 13 août, l’escadron COUPE du 12èmeRCA rattrapa et doubla une colonne ennemie en la mitraillant à bout portant, avant d’atteindre Chahains (Orne). Bilan de la journée : huit chars ennemis et vingt voitures détruits, 600 ennemis tués et 150 prisonniers. Le lendemain et les quelques jours qui suivirent, les différents pelotons du 12ème RCA écrasèrent les éléments allemands dispersés qui cherchaient à sortir de l'encerclement des armées alliés. Á Omméel et Chambois dans l'Orne, notamment, MINJONNET et son sous-groupement furent confrontés à une résistance accrochée au terrain dont, après bien des difficultés, ils finirent par avoir raison.
Une vingtaine de jours après le débarquement, le 20 août 1944, le 12ème R.C.A. avait terminé la bataille de Normandie. Pour LECLERC, et malgré l'avis des Américains, le prochain bond devait être Paris !
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La Libération de Paris
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Après bien des difficultés pour arracher l'accord des autorités américaines, ayant enfin reçu le feu vert le 23 août, le G.T. de Paul de LANGLADE se déplaça rapidement jusqu'à Rambouillet. Dans le parc, LECLERC donna l'Ordre d'Opération pour le lendemain :
Mission:
1) s'emparer de Paris.
2) Tenir Paris, en occupant les ponts entre Yvry-sur-Seine et Neuilly-sur-Seine. En poussant des éléments dans la banlieue nord-est de Paris. En maintenant un élément réservé au centre de Paris.
Renseignements: L'ennemi dispose d'un certain nombre de points d'appui sans liaison les uns avec les autres. Ces points d'appui sont plus denses dans la région sud-ouest de Paris.
Mission secondaire de diversion du G.T. "L " :
a) Pousser sur l'axe Dampierre-Chevreuse, Châteaufort, Toussus-le-Noble, les Loges, Jouy-en-Josas, Villacoublay, Bois de Meudon, Pont de Sèvres.
b) Tenir Sèvres et pousser le Sous-groupement sur Versailles et en direction de Paris.
c) En fin d'opérations et après relève par éléments réservés à Versailles, pousser l'ensemble de son Groupement au Centre de Paris (Place de la Concorde) en réserve mobile.
P.C. : Initialement au Pont de Sèvres. Ultérieurement à l'Hôtel Crillon à Paris.
Heure de début des opérations: 7 heures.
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Le lendemain, donc, le G.T. se mit en route, dans l'ordre: Sous-groupement Massu, PC Langlade, Sous-groupement Minjonnet. C'est en vue de Toussus-le-Noble que les premiers tirs nourris s'abattirent sur les éléments de tête. Massu attaqua de front appuyé par l'escadron de BORT du 12ème RCA. MINJONNET avec son Sous-groupement déboitât de la route principale pour s'emparer de Jouy-en-Josas, quand dans un champ où les shermans s'étaient engagés, trois détonations déchirèrent l'air: deux coups au but sur le char "Ardennes" qui prit feu immédiatement. Son équipage arriva à s'extraire et se sauver. Il fallut plus de deux heures de combat farouche pour réduire cette importante résistance ennemie. Dans ce combat, malheureusement, le 12ème RCA perdit notamment l'Aspirant ZAGRODSKI, frère du Lieutenant tué aux Sablons, qui reçut, alors qu'il était sur son char " Lt ZAGRODSKI ", un obus de 20 mm dans la tête. Furent également tués dans ce même char, les chasseurs VIRICEL et PELISSIER, ainsi que sur le char "Aquitaine", le Chasseur Jacques LESUEUR, copilote. MINJONNET dut à nouveau casser des résistances pour arriver au rond-point du petit Clamart, tout en maintenant des éléments en arrière à Jouy-en-Josas et à Villacoublay.
Parallèlement, le Sous-groupement Massu fut arrêté à la hauteur de Toussus-le-Noble par un barrage de canons 88mm ennemis qui détruisirent trois chars Shermans du 12ème RCA, dont le char "Barfleur" du 2ème escadron, avec deux de ses occupants, le MDL Georges CASTANER et le chasseur Jacques POULIN.
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Collection Chars-français.net . le char "Barfleur"
Parvenu au pont de Sèvres le 25 août, le PC de Langlade donna l'ordre de rentrer dans Paris, avec la Place de la Concorde comme point à atteindre. Après bien des difficultés pour rejoindre la Place de l'Etoile à cause d'une foule enthousiaste, voire délirante, qui grimpait sur les chars, entourait les soldats, manifestait sa joie bruyamment de voir Paris libéré sous un carillon de cloches provenant de toutes les églises avoisinantes, les véhicules du PC se positionnèrent finalement en défensive autour de l'Arc de Triomphe, MASSU vers l'est, MIJONNET vers le sud-ouest et le PC devant le n° 10 avenue de la Grande Armée.
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Le Peloton de Protection du PC du Colonel de LANGLADE Collection J.C. Galvez
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Le Général LECLERC & le Colonel de LANGLADE devant l'Arc-de-Triomphe à Paris.
Le 26 août, le GT " L" était aligné près de l'Arc de Triomphe, à l'angle de l'Etoile et de l'avenue des Champs Elysées, lorsque le Général de GAULLE, et à coté de lui le Général LECLERC et le Général KOENIG, alors Gouverneur Militaire de Paris, passa une partie de la 2ème D.B. en revue avant de descendre à pied l'avenue des Champs Elysées. Enfin d'éviter les débordements d'une foule en délire, les chars légers du GT " L" durent escorter le Général de GAULLE jusqu'à Notre-Dame.
Collection J.C. Galvez
A ce moment, une mitrailleuse allemande installée dans un blockhaus situé à l'angle de la rue de Presbourg, se mit à crépiter. Le char " Bourgogne" du 3ème escadron du 12ème RCA se détacha, fit tourner sa tourelle, et d'un coup de canon de 75 fit taire ladite mitrailleuse. Un peu plus tard, le même "Bourgogne" arrivé place de la Concorde reçu de son chef de peloton, l'Aspirant NOUVEAU à bord de son Sherman " Champagne", l'ordre de se méfier des snipers de la cinquième colonne. Prenant cet ordre à la lettre, le tireur pointa et abattit la cinquième colonne de l'hôtel Crillon ! Au grand dam de son chef de peloton. Un peu plus tard, avenue Victor Hugo, le Maréchal des Logis Chef André JONNIAUX, chef du char" Camargue" du 3ème peloton du 2ème escadron du 12ème RCA, fut victime d'un de ces tireurs des toits allemands qui pullulaient et faisaient feu de partout. Il fallut ensuite détruire une à une les poches de résistance dans Paris, actions périlleuses contre des "jusqu'au-boutistes".
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Collection Chars-français.net l'Aspirant Nouveau sur son char " Champagne "
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Le 27 août, le G.T. " L", avec le 12ème RCA, quittait les Champs Elysées et Paris vers 6 heures du matin par les portes de Saint-Ouen et de la Chapelle, avec pour mission de libérer la banlieue Nord. De brefs et violents combats eurent lieu dans Enghien les Bains et Montmorency (Val d'Oise), les blindés du 12ème RCA prirent leur part de l'action puis poussèrent jusqu'à Ermont. Le 30 au soir, toute la région était libérée et le Groupement Tactique fit relâche pendant quelques jours dans la région de St Denis. La Bataille de Paris était terminée, la marche vers l'est allait suivre.
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. Collection Chars.français.net Char "Camargue" du Mdl/Chef André Jonniaux.
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A l'aube du 8 septembre 1945, quittant Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) et la banlieue nord de Paris par les grandes routes, le 12ème RCA avec le GT Langlade en "formations administratives" traversant Lagny, Coulommiers, Provins, arriva au plus vite à Nogent-sur-Seine. Le lendemain, il atteignait Clervaux sur Aube (Aube) dans la soirée, et reçut l'ordre d'atteindre la Moselle le 12, soit un bond de 140 kilomètres à réaliser en deux jours. Le GTL fut divisé en deux Unités: les Sous-groupement Massu qui comprenait, entre autres, les 17 Shermans du 2/12ème RCA commandé par le Capitaine COUPE, et le Sous-groupement Minjonnet qui comprenait, entre autres, le peloton d'éclairage et le 4/12ème RCA du lieutenant BAILLOU. Le 3/12 RCA restant à la botte du PC du GTL. En pointe de la 2ème D.B, le Chef d'escadrons MINJONNET avait eu l'idée de créer un peloton d'éclairage de 5 jeeps armées, qui, devant les chars, serait chargé de déceler les armes anti-chars ennemies.
Le 11 septembre au petit jour, partant de Bayel, le Chef d'escadrons MINJONNET constata que tous les ponts sur la Marne étaient détruits. Il fallut trois heures pour réaliser la traversée sur des troncs de peupliers verts posés par l'unité de Génie. A Prez-sous-Lafauche (Haute-Marne), le Sous-lieutenant Jean BAILLOU de MASCLARY, de l'Escadron Hors Rang du 12 RCA, fut tué sur sa jeep d'une rafale de mitrailleuse à l'approche de ce village occupé par l'ennemi. Une rapide manoeuvre d'encerclement puis de nettoyage mirent fin à toute résistance. Au bilan, une centaine de prisonniers allemands.
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Le lendemain, MINJONNET et le 12ème RCA furent envoyés à Contrexéville puis à Vittel (Vosges) et nettoyèrent au passage quelques automoteurs tenant les carrefours. C'est à un de ces carrefours, à Valleroy-le-Sec, que le MDL de WARRENS et les Brigadiers BEAUGEZ et ROTH du 4ème escadron furent tués, et quelques kilomètres plus loin, à Ableuvenettes, le Brigadier LANDON du 1er escadron.
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La Bataille de Dompaire
Au plus vite, contournant les quelques éléments ennemis rencontrés, le sous-groupement Minjonnet arriva en vue des lisières sud de Dompaire (Vosges), où le sous-groupement Massu était stoppé par des éléments lourds d'une division allemande. Immédiatement, l'engagement fut total, devint un véritable combat de chars rappelant les combats de cavalerie de jadis, ne cessant qu'à la nuit noire. Le Capitaine de COURSON du 12ème RCA qui commandait le 4ème bureau du sous-groupement Minjonnet fut blessé mortellement alors qu'il arrivait à Gelvécourt, petit village à trois kilomètres de Dompaire. Cette même nuit, le Sherman "Corse" de l'Adjudant TITEUX fut victime d'un début d'incendie vite éteint grâce aux extincteurs. Il fallut immédiatement changer le moteur.
Collection Chars-français.net le Sherman "Corse" de l'Adjudant Titeux.
A l'aube du 13 septembre, la bataille pour Dompaire reprit de plus belle avec l'assistance déterminante de l'aviation anglaise, puis américaine avec leurs Thunderbolts, et l'exploitation immédiatement après par les Shermans du 12ème RCA. De nombreux Panzers se trouvaient dans et autour de la ville, et également au village voisin de Damas (Vosges), agissant par coups de boutoirs contre les deux sous-groupements. Le 2ème escadron du 12ème RCA fut prêté à MASSU, alors que les 3ème et 4ème escadrons attaquaient Damas. Des duels Shermans contre Panzers se livraient dans tous les compartiments de terrain. Une trentaine de Panzers furent détruits par les chars embusqués des escadrons Baillou, Desrousseau et de Bort du 12ème RCA. Puis, l'escadron de Bort dut aller se porter de toute urgence près de Ville-sur-Illon (Vosges) pour dégager les éléments du PC menacés par les chars ennemis. Le 12ème RCA avait été impliqué totalement dans ces combats et il pouvait revendiquer la victoire. Malheureusement, le MDL Chef Yves FERRAND et le Chasseur GARNICHAT du 4ème escadron du 12ème RCA périrent dans ces combats.
Collection J. Verbruggen
Profitant de la nuit, les restes de la 112ème Panzer-Brigade abandonnèrent le terrain pour se replier vers l'est. A l'Aube, le spectacle des carcasses de chars était inimaginable ! Entre autres débris de véhicules de toutes sortes, 51 chars allemands plus ou moins détruits jonchaient les champs et les bois. Deux chars "Panther" neufs, laissés intacts par leurs équipages, acheminés par route, furent remis comme trophées par le Général LECLERC au Général KOENIG. Ils furent exposés en septembre 1944 et pendant de nombreuses années dans la cour de l'Hôtel des Invalides, avant de rejoindre le Musée des Blindés à Saumur. L'un de ces deux Panzers était piloté par le Brigadier Ange GALVEZ.
Du 15 au 20 septembre 1944, le Groupement Tactique " L" fut maintenu sur place dans la région de Dompaire ce qui lui permit de reprendre des forces et réparer son matériel. Ce qui ne l'empêchât pas de détruire trois chars Marck IV qui contre-attaquaient sur Damas, et d'accrocher l'ennemi lors de patrouilles journalières. Puis, le 21 septembre, il franchit la Moselle près de Charmes, pour s'établir à l'ouest de Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Puis s'ensuivit une longue période de remise à niveau dans la pluie et le brouillard. Les chars réparables étaient remis en état, des Shermans neufs arrivèrent de l'arrière pour compléter les Unités, les hommes reprenaient des forces après bien des nuits sans repos.
Vers l'Alsace et Strasbourg
Enfin, les ordres arrivèrent. La mission de la 2ème D.B. était d'attaquer le 31 octobre, par surprise, pour s'emparer de Baccarat, puis au-delà sur un axe Baccarat-Montigny-Domèvre. Le Groupement Tactique "L" à l'arrière de la division, devait se tenir prêt à intervenir au profit d'un des deux autres groupements. Le 1er novembre, il reçut mission de s'emparer des villages de Ogéviller, Herbéviller et Fréménil. L'attaque sur Ogéviller fut menée par le sous-groupement Minjonnet qui malheureusement eut un tué, le chasseur André RAVIER, et perdit deux chars, dont le "Sologne III" du 1er escadron et le "Franche Comté" du 3ème.
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Collection Chars-français.net Char " Sologne III "
Le Chef d'escadrons de FÜRST, en tête d'un quatrième sous-groupement formé pour l'occasion, bouscula et rentra dans le village d'Herbévilller. De FÜRST, progressant à pied derrière ses hommes, sauta sur une mine, fut criblé d'éclats dans le foie, dans les poumons. L'antenne chirurgicale américaine lui sauva la vie. Suivirent quelques journées de harcèlements ennemis, tirs de batteries entre positions opposées parfois distantes de moins de 200 mètres !
Le 12 novembre, après une valse-hésitation du commandement américain, LECLERC obtint enfin sa mission : Libérer la plaine d'Alsace, s'emparer de Strasbourg avec la 2ème D.B, et rejeter l'ennemi au delà du Rhin. L'attaque alliée se remit en marche le lendemain à l'aube. Le Groupement Tactique "L" devait opérer dans un couloir entre la N4-Sarrebourg-Saverne exclue et les contreforts des Vosges, avec un axe de progression : Trois-Fontaines, Carrefour de Rethal, Dabo, Marmoutier. Le 19 et le 20 novembre, MINJONNET et son sous-groupement se déplaçant sur des petits chemins à peine carrossables, furent stoppés aux lisières de Niderhoff, puis de Voyer. Attaques longues et brutales qui, bien entreprises, permirent de passer outre et de rejoindre le reste du groupement "L" à Dabo, porte de l'Alsace. Furent tués lors de ces engagements : le chasseur Pierre BOULANT de l'E.H.R., le MDL/Chef René TESTA du 3ème escadron, le Sous-lieutenant François VAULTRIN et le Brigadier/Chef Mohamed CHOUICHA du 4ème escadron. Le 22 novembre, MINJONNET arriva à Saverne par le sud et butta contre une forte résistance qu'il prit à revers, et réussit à anéantir après plus de quatre heures de combat, mettant en déroute tout le dispositif allemand et faisant de très nombreux prisonniers. Le lendemain, ce même sous-groupement Minjonnet, après être entré dans Phalsbourg, reçut mission de rester au col de Saverne, puis le 24, participa au "nettoyage" des résistances dans Strasbourg. La veille, le Colonel ROUVILLOIS avec le 12ème Cuirassiers avait libéré Strasbourg.
Musée de Turckheim
Dans ces derniers combats, dans le brouillard et sous la pluie, périrent le Lieutenant Edmond BISSIRIER Officier de l'Etat Major du Colonel de LANGLADE de l'Escadron Hors Rang brulé dans son char, le Brigadier/Chef Luc COUDERC, et les Chasseurs Jean GROS et Edmond JUIF du 2ème escadron.
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Collection J.C. Galvez
Puis, le 26 novembre 1944, ce fut la Revue des troupes par le Général LECLERC sur la place Kléber à Strasbourg, au centre de la ville, qui proclama réalisé son serment de Kouffra de délivrer Strasbourg. Des éléments du 12ème RCA occupèrent, pendant plus d'un mois, en partie Strasbourg et le Bas-Rhin jusqu'à Sélestat, par des conditions météo exécrables. C'est dans cette dernière ville que le Chasseur Roger ALEXANDRET du 1er escadron fut tué.
Collection Association Historique de Kalhausen
A Postroff, à proximité de Fénétrange (Moselle),le 1er janvier 1945, le Chef d'escadrons GRIBIUS, le lieutenant BAILLOU, commandant le 4ème escadron du 12ème RCA, le Sous-lieutenant PIQUET et l'Aspirant CATALA du 4ème escadron. Un peloton de cet escadron sera engagé le 3 janvier 1945 à Achen (Moselle).
Le 12ème RCA, avec toute la 2ème D.B., quitta de toute urgence le 2 janvier 1945 la région de Strasbourg pour se porter entre Sarreguemines et Bitche où les divisions américaines étaient sérieusement accrochées dans les Ardennes par des troupes d'élite allemandes. Dans la nuit du 2 au 3 janvier, une attaque allemande particulièrement violente se déclencha, enfonçant les lignes de défenses américaines. Ordre fut alors donné au Groupement Tactique de LANGLADE, nommé Général depuis quelques jours, de colmater la brèche qui venait de s'ouvrir. Le froid était intense, autour de moins 17° ! Les moteurs étaient récalcitrants au démarrage, tout gelait. Il fallait utiliser les lampes à souder pour dégeler...Le peloton du Lieutenant de MISCAULT du 4ème escadron reçut l'ordre d'attaquer le village d'Achen avec un bataillon américain, là où quelques instants plus tôt le MDL/Chef QUEFFELEC du Sherman "Saintonge" du peloton DUFOUR venait d'être tué par une grenade, alors qu'il effectuait une reconnaissance à pied ! L'offensive alliée sur le village fut meurtrière. Puis LANGLADE envoya le sous-groupement Massu avec mission de se déployer à vue du village voisin de Gros-Réderching enfoui sous la neige, et de l'investir si possible. MASSU avec, entre autres, le 2ème escadron du 12ème RCA, réussit à bouter les Allemands hors de Gros-Réderching. Or en pleine nuit, les fantassins allemands revêtus d'uniformes américains et escortés de chars Shermans, phares allumés, abusèrent les éléments du groupement restés sur place, en leur criant " Ne tirez pas, nous sommes des amis, nous venons vous relever...! " Le peloton de Shermans du Lieutenant RIVES-HENRY du 12ème RCA ne se méfia pas et laissa s'approcher cette relève, qui, parvenue à 150 mètres, fit feu de tous ses canons et de ses tubes de mitrailleuses, détruisant immédiatement quatre chars du 12ème RCA, " Languedoc" "Savoie II" "Iseran" et "Maurienne". Le Lieutenant RIVES-HENRY, sur son char le "Savoie II", fut tué sur le coup, ainsi que le Chasseur Alexandre HALBERT. Les allemands, après avoir semé la mort pendant une heure, quittèrent le village avec leur matériel américain.
Collection Chars-français.net le char "Savoie" du Lieutenant RIVES-HENRY
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Le 20 janvier 1945, de retour dans les environs de Strasbourg, le Lieutenant-Colonel MINJONNET céda le commandement du 12ème RCA et du Sous-Groupement au Chef-d'escadrons GRIBIUS, l'ancien capitaine du 2ème escadron pendant la campagne de Tunisie. Le 22 janvier, faisant partie de la contre-attaque du Maréchal Von RUNDSTEDT de reconquérir l'Alsace et Strasbourg, une attaque allemande se déclencha au nord de Strasbourg, l'ennemi investit le village de Kilstett. GRIBIUS et son Sous-Groupement reçut alors la mission de le reprendre. La bataille fut très rude et dura toute la journée contre deux bataillons fanatisés du régiment Marbach, composés entièrement d'élèves Sous-Officiers allemands, appuyés par des chars. Avec d'autres unités du Sous-Groupement Gribius, les 3ème et 4ème escadrons et le peloton obusiers du 12ème RCA furent impliqués et finirent par nettoyer la place. Le 12ème RCA eut malheureusement à déplorer la mort du Chasseur Pierre GIL. Puis, pendant deux mois, le GTL participa, au sein de la 2ème DB, à réduire la poche de Colmar dans des conditions climatiques très difficiles et dans des conditions de combat imprécises.
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Repos dans l'Indre
Epuisée par des mois de combats continus, la division se retira d'Alsace le 16 février 1945 et fut mise au repos dans la région de Châteauroux. Le 12ème RCA profita de cette accalmie pour remettre à neuf son matériel. Lors d'une prise d'Armes à Mezières en Brenne, le 15 mars 1945, le Général LECLERC décora l'étendard du Régiment et remis la Légion d'honneur au Capitaine de BORD et à l'Adjudant Chef TITEUX.
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La Poche de Royan
Depuis Septembre 1944, une poche de résistance allemande existait à Royan. Malgré les troupes FFI et le bombardement aérien du 5 janvier 1945 qui a détruit presque entièrement la ville, et l'arrivée de nouvelles unités, les défenses militaires allemandes restaient très actives. Cette situation ne pouvant perdurer, le 8 avril 1945, une partie de la 2ème DB fut mise à la disposition du Général de LARMINAT qui commandait l'ensemble, par l'Etat-Major de la Défense Nationale contre l'avis du Général LECLERC qui préférait reprendre le combat en Allemagne. Le 12ème RCA, commandé par le Lieutenant-colonel MINJONNET, assisté du Chef d'Escadrons GRIBIUS, puis du Capitaine d'ALENCON, vint occuper son cantonnement dans le secteur de Gémozac (17) le 12 avril 1945. L'opération " Vénérable" débuta le 14 avril, le 12RCA appuyant de ses feux la progression de l'Infanterie. Le lendemain, le Régiment fut engagé dans un dur combat devant les villages de Fontbedeau et de Saint-Georges de Didonne (17). Lors de ses combats, le Chef d'escadrons GRIBIUS fut grièvement blessé par un sniper. Le 12ème RCA déplora la mort du S/Lieutenant BOUDOUX d'HAUTEFEUILLE, du MDL Chef Lucien LYZE et du Chasseur Albert TRAVAUX. La reddition des forces allemandes retranchées eut lieu le 18 avril au matin. Le 22 avril, une prise d'armes clôtura cette opération, et le 24 avril, le régiment embarqua ses chars sur train en direction du Rhin et de l'Allemagne, pendant que le reste du Régiment faisait le même trajet par la route.
Le 12ème RCA se regroupa près d'Augsburg (Bavière) le 1er mai1945. Il n'ira pas plus loin, les troupes alliées ayant déjà investi tout le sud de l'Allemagne. Le 19 mai, le Général de Gaulle, avec à ses cotés le Général LECLERC, se fit présenter la 2ème Division Blindée, y compris le 12ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, à Klosterhufeld, au cours d'une belle Cérémonie militaire. Puis, le Régiment revint à Nemours en Région Parisienne.
Le 18 Juin, avec toute la 2ème DB, à Paris, il défila avec ses chars, du Pont de Neuilly à la Place de la Concorde devant une foule enthousiaste et qui voulait fêter ses libérateurs.
Le 22 juin 1945, à Fontainebleau, devant toute la 2ème DB, le Général LECLERC fit ses adieux à sa division. Au cours de cette prise d'armes, il accrocha la deuxième palme à l'Etendard du Régiment, déclarant :
"Régiment de Cavalerie d'élite qui, sous les ordres du Lieutenant-colonel MINJONNET et du Chef d'escadrons GRIBIUS, n'a cessé depuis le début de la Campagne de donner les preuves de sa magnifique tenue au feu. A pris part à la libération de Strasbourg par ses chars qui en tête de la 2ème D.B., ont traversé les Vosges, pris Saverne et son col, ouvrant la route aux Divisions Alliées. Pendant la période du 18 novembre 1944 au 16 février 1945, libère de nombreux villages de Lorraine et d'Alsace, battant, malgré de dures pertes, l'ennemi partout où il résistait, lui faisant 2.580 prisonniers, dont 2 généraux, lui détruisant 24 chars, 39 canons de différents calibres, de nombreuses mitrailleuses, et plus de 200 véhicules automobiles ou hippomobiles. "
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DOCUMENTS
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Juin à Août 1944 - Diaporama US sur le débarquement et la Libération de la Normandie.
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Avril 1944 à Août 1944 - La 2ème D.B. de l'Angleterre à Paris.
Sur ce petit film, quelques images concernent le 12ème RCA. On remarquera les Shermans : "MOGHRANE" "ISERAN" et "ESTEREL" du 2ème Escadron, et "TARDENOIS" et "BOURGOGNE" du 3ème Escadron.
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31 août 1945 - 1er anniversaire de la libération de Paris.
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Le 12ème R.C.A. à Rambouillet
En novembre 1945, le 12ème RCA vint établir ses quartiers à la "caserne de la Vénerie",(Renommée "Quartier Estienne" dans les années 50), remplaçant le COAB 422 (Centre d'organisation de l'Arme Blindée). Le Colonel MINJONNET s'évertua à reconstituer son régiment avec le peu de matériel qui lui restait. En plus du P.H.R., trois escadrons de combat furent formés avec des chars Shermans. Le Colonel MINJONNET quitta son commandement le 1er mars 1946, étant admis à la retraite.
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1946 - Rambouillet - Caserne de la Vénerie - Quartier du 12ème R.C.A.
Des appelés des Beaux-Arts avaient décoré les chambres de très belles fresques murales.
Collection P. Reze
1946 - Rambouillet - La Vénerie.
Collection P.Reze
Sherman "Thunderbolt" au nom des avions américains présents à la bataille de Dompaire.
. Collection P Reze
Collection P. Reze
Collection P. Reze
Collection P. Reze
Collection P. Reze
Collection P. Reze
Fin avril 1946, le 501ème RCC vint s'établir dans le quartier de la Vénerie de Rambouillet, prenant en charge les chars du 12ème RCA. Pour les remplacer, le 12ème RCA dut, courant mai 1946, aller percevoir le vieux matériel de la 2ème DB qui venait d'être dissoute; des chars légers, des Half-tracks, des Scout-cars etc...Qu'il fallut d'urgence remettre en état de marche.
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Juin 1946 - Rambouillet - Le 2ème Escadron avec deux de ses chars légers M5A1.
Collection C. Auboin
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Le 13 juillet 1946, le Lieutenant-colonel MARION, nouveau Chef de Corps, reçut le Lieutenant-colonel d'ANDOQUE qui prit les fonctions de Commandant en second du Régiment. Courant juillet 1946, le Lieutenant-colonel MARION reçut l'ordre de mouvement pour le Maroc.
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Juillet 1946 - Rambouillet - Revue du 12ème RCA par le Général de LATTRE de TASSIGNY, avec le Lieutenant-colonel MARION, allée de la Chasseuse face au Château.
Collection M. Mesmoudi
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Juillet 1946 - Rambouillet - Suite de la revue, dans la Cour d'honneur du 501éme RCC, à droite de l'horloge.
Collection M. Mesmoudi
Collection M. Mesmoudi
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Le Régiment embarqua du 21 au 23 juillet 1946 en gare de Rambouillet, dans l'ordre : 1er, 2ème, 3ème, EHR, chacun dans un train différent. Arrivés à Marseille les 24 et 25 juillet 1946, les 1er et 2ème escadrons cantonnèrent au camp de Ste Marthe, alors que le 3ème et l'EHR allèrent au camp Mirabeau. Le 16 août 1946, le 6ème régiment de Spahis marocains fut dissous pour former le nouveau 12ème RCA.
Puis, Le déplacement de Marseille vers le Maroc se fit en 5 détachements; deux par bateaux, 3 par avions. L'entrée officielle dans Meknès eut lieu le 25 août 1946, le jour anniversaire de la Libération.
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( Pour la suite de l'Historique , voir l'onglet "ECS" de ce blog, ainsi que les onglets de chaque Escadron ).
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TEMOIGNAGES
Capitaine Jacques ROUILLON, 1944, 3ème Escadron.
J'ai été deux fois au 12ème R.C.A.. La première fois en 1944, en Lorraine. La seconde de 1951 à 1954 au Maroc.
Septembre 1944, après le rude combat de blindés à Dompaire (Vosges), dans lequel le 12ème s'est distingué, j'ai été affecté à l'Escadron BAILLOU, puis d'ALENCON, après la mort de BAILLOU et faisait partie du Sous-Groupement MINJONNET, surnommé le "Père Mégot. J'étais S/Lieutenant au Peloton de Commandement avec mon char "Lieutenant Zagrodski II", du nom d'un Officier du 12ème tué un mois plus tôt. Avec ce Sherman de 32 tonnes, j'ai pris part à la libération de Baccarat,
Le 1er novembre, on attaque la position allemande de la Blette (Meurthe et Moselle). Mon cher Camarade VAULTRIN commandait un Peloton de chars qui subit quelques pertes par mines ou fusils anti-chars. D'ALENCON avait pris ma place dans le char "Lieutenant Zagrodski II" et mis sa jeep à ma disposition. Dans le feu de l'action, j'ai avancé à pied avec les fantassins et capturé 11 Allemands. D'ALENCON m'a félicité, tout en me faisant remarquer que j'avais délaissé sa jeep... Il m'a fait citer pour la Croix de Guerre (Combats d'Herbéviller en Meurthe et Moselle). Le 8 novembre, à Fréménil (Meurthe et Moselle), l'Escadron étant en stationnement, d'ALENCON et VAULTRIN jouaient aux cartes dans une maison, lorsque le village fut bombardé par l'artillerie allemande. Un obus éclata près de la maison et VAULTRIN fut tué. Ce fut pour moi qui avait échappé à l'explosion, une grande peine...
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Divers
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1945 - Photo symbolique. A l'avant, le Général de LANGLADE ancien Chef de Corps du 12ème R.C.A. A l'arrière, le Général LECLERC ancien commandant de la 2ème D.B. et le Général de GAULLE Chef de l'Etat.
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Sherman exposé à Mezieres-sur-Ponthouin en souvenir des combats qui ont eu lieu sur la D6 entre Ballon et Bonnetable le 10 août 1944.
Collection L. Auboin
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Avril 1945 - Le char Sherman "Moghrane" du 2/12ème RCA.
Collection Chars-français.net
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Juillet 2011 - Le même char Sherman " Moghrane" du 2/12ème RCA.
Journal l'Union Collection M. Mériot
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Quelques "Sherman" du 12ème RCA, qui ont fait partie de la 2ème D.B. et qui ont été détruits au combat, ont été préservés jusqu'à aujourd'hui :
le M4A2 " VALOIS" détruit le 13 août 1944 est présenté dans la forêt d'Ecouves.
le M4A3 " CHAMPAGNE" détruit le 13 septembre 1944 est présenté à Ville-sur-Illon.
le M4A2 " CORSE" ayant notamment participé à la bataille de Dompaire est présenté au Musée des Blindés à Saumur.
le M4 obusier " MOGHRANE" ayant combattu à Paris et Dompaire se trouve dans une collection privée (voir ci-dessus).
D'autres chars "Sherman" du 12ème RCA sont présentés comme monuments, mais ce ne sont pas les véhicules originaux.
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Concernant le "Marquage" des chars du 12ème RCA pendant la seconde guerre mondiale, je propose ce Site qui l'explique.
Citation Chasseur Roger BASSET.
SOURCES http://12rcahistorique.canalblog.com/
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Par Dona Rodrigue dans La 90th Infantry Division, de la Normandie, la Mayenne et l'Orne le 3 Avril 2012 à 00:16
La 90th Infantry Division, de la Normandie, la Mayenne et l'Orne en photos.
Bonjour,
Suite à la demande de Thunderboy, voici une sélection de photos de GI's de la 90th Infantry Division, vous permettant donc d'étudier la silhouette du TO.
Nous allons découvrir ces photos dans l'ordre chronologique :
D-DAY, SECTEUR UTAH BEACH, 359TH INFANTRY REGIMENT, 2ème VAGUE D'ASSAUT
8 JUIN 1944, SECTEUR UTAH BEACH CHEMIN DE LA MADELEINE, 357TH INFANTRY REGIMENT :
5-7 JUILLET 1944, SECTEUR SAINT-JORES, 90TH INFANTRY DIVISION :
29-30 Juillet 1944, SECTEUR COUTANCE, 90TH INFANTRY DIVISION :
5-6 AOUT 1944, SECTEUR MAYENNE, 90TH INFANTRY DIVISION :
19-20 AOUT 1944, SECTEUR FEL-CHAMBOIS, 90TH INFANTRY DIVISION :
DIVERS, MESSE DE LA 90TH ID, ETE 1944 :
Cordialement,
Vini
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Pour apprécier les vidéos... cliquer sur le logo central de RADIONOMY juste en dessous - le fond musical du BLOG Sera supprimé... pour toutes les vidéos ...
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Raymonde Hue
Vierville sur Mer
Omaha Beach
On Tuesday June 06, at about 03:00 (French time), my father made us get up and go in the shelter that he had built in the courtyard. There were my parents, both my sisters and myself.
The next morning, we left very early and we took the road. There were three German tanks stopped in front of the gate. Then, a group of about twenty soldiers walked by. We thought that they were the Tommies because we did not talk about the Americans. These soldiers were surrounded by German ones, who were holding them up with their guns. That group was going towards Louviere. My mother then told us that if we followed that group, the planes might not fire at us. So we went behind that little group. When they got to the junction, some American soldiers liberated their comrades, but we found out later as we were not with them anymore. That happened on June 07, between 09h00 and 10h00 (French time). As we were following a group of prisoners, a German soldier passed by us on my bike. He must have had taken it while walking in front of my house. Five hundred meters further, that soldier had left my bike in a ditch, where all the German officers were hiding. He must have been bringing pieces of information with the bike. I got my bike back, and I dragged it through the meadows for two days. I was 12…
Raymonde Hue
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L’opération Neptune est le nom de code donné au débarquement en Normandie des troupes alliées en juin 1944 lors de la Seconde Guerre mondiale. Il précède la bataille de Normandie.
C'est la phase d'assaut de l'opération Overlord qui vise à créer une tête de pont alliée de grande échelle dans le nord-ouest de l'Europe et l'ouverture d'un nouveau front à l'Ouest.
Cette opération incluait de nombreux mouvements :
- la traversée de la Manche par plusieurs milliers de navires ;
- les opérations aéroportées la nuit précédente ;
- les bombardements préparatoires aériens et navals des défenses côtières allemandes ;
- le parachutage de milliers d'Américains au matin du 6 juin ;
- le débarquement des troupes sur les plages (d'ouest en est) de Utah Beach et Omaha Beach (plus la prise de la pointe du Hoc) pour les Américains et Gold Beach, Juno Beach pour les Canadiens et Sword Beach pour les Anglo-Canadiens.
Une fois les plages prises, l'opération se poursuit par la jonction des forces de débarquement et l'établissement d'une tête de pont sur la côte normande puis l'acheminement d'hommes et de matériels supplémentaires. Les jours suivants voient la mise en place des structures logistiques (ports, oléoduc) pour le ravitaillement du front et le débarquement de troupes supplémentaires. L'opération cesse officiellement le 30 juin 1944. Bien qu'il soit quelquefois affirmé que l'opération Neptune ne fut que la partie navale de l'opération Overlord, elle-même souvent limitée au seul débarquement Allié et à l'établissement des têtes de pont sur la côte normande, les sources historiques établissent clairement que l'opération Neptune est la partie débarquement et établissement d'une tête de pont côtière au sein de la plus vaste opération Overlord qui visait quant à elle à l'établissement d'une tête de pont de plus grande échelle dans le Nord-Ouest de l'Europe.
Avant et durant l'opération Neptune eut lieu l'opération Fortitude, nom de code collectif des opérations de désinformation et de diversion des Alliés dont le but était double:
- dissimuler d'abord à l'état-major allemand le lieu réel du débarquement en Europe du Nord-ouest ;
- Ensuite, une fois le débarquement de Normandie effectué, faire croire qu'il ne s'agissait que d'un débarquement secondaire de diversion. Le premier objectif tactique était d'éviter un renforcement des défenses, ainsi qu'une concentration de troupes en Normandie. Il s'agissait ensuite d'éviter une arrivée trop rapide des renforts allemands dans les premiers jours suivants le débarquement. En particulier, il fallait tenir à l'écart les unités blindées de la XVe armée stationnées dans le Pas-de-Calais avant que les Alliés n'aient pu établir une tête de pont suffisamment solide.
Au sein de l'opération Fortitude, deux volets importants :
- l'opération Skye (britannique) : British Fourth Army, armée fictive basée à Édimbourg et en Irlande du Nord pour faire croire à un débarquement en Norvège ;
- l'opération Quicksilver (américaine) : First United States Army Group (FUSAG), groupe d'armées fictif commandé par le général Patton pour faire croire à un débarquement dans le nord de la France.
Buts de l'opération Neptune :
L'opération Neptune doit répondre à deux objectifs successifs : établir une tête de pont sur la côte normande puis y acheminer renforts et ravitaillement. Pour cela Neptune va s'articuler en plusieurs opérations :
- Dans la nuit du 5 au 6 juin : actions aéroportées et traversée de la Manche par la flotte
- Opérations aéroportées pour sécuriser le flanc est sur l'Orne et le flanc ouest ainsi que la sortie de plage à l'ouest dans le Cotentin.
- Opération Tonga : parachutage et arrivée par planeur de la 6e division aéroportée britannique sur le flanc est du canal de Caen à la mer et à Ranville, près de la rivière Orne. Le but est de tenir le flanc gauche du secteur de débarquement, particulièrement les ponts pour empêcher les blindés allemands de rejoindre les plages mais permettre par la suite aux blindés britanniques de les utiliser. En effet la zone du débarquement était bordée à l’Est par le canal de Caen à la mer et par l’Orne. Le contrôle des deux ponts les plus proches de la zone de débarquement, le Pegasus Bridge et le pont de Ranville s’avérait un objectif stratégique.
- Opérations Albany et Boston: parachutages de régiment des 101e et 82e divisions aéroportées américaines dans le nord-est du Cotentin. Elles furent précédées par la mise en place des pathfinders et suivies par l'atterrissage de planeurs de ces mêmes divisions (opération Chicago, Keokuk, Detroit et Elmira). Elles seront suivies par d'autres opérations parachutées le 7 juin. Leur but est de protéger le flanc ouest de la zone de débarquement et surtout de contrôler les sorties de plages d'Utah Beach. En effet, celle-ci, contrairement aux autres plages se trouvent sur un cordon littoral isolé par des marais et n'est reliée que par quelques routes à la péninsule du Cotentin.
- Opération Dingson, opération Samwest : parachutages en Bretagne de 36 parachutistes français en 4 groupes.
- Opérations aéroportées pour sécuriser le flanc est sur l'Orne et le flanc ouest ainsi que la sortie de plage à l'ouest dans le Cotentin.
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- Traversée de la Manche de la flotte de débarquement et des bâtiments d'appui naval avec préalablement les :
- Opération gambit : positionnement de 2 sous-marins de poche pour baliser les plages Est
- Opération maple : déminage des chenaux à travers la Manche
- Traversée de la Manche de la flotte de débarquement et des bâtiments d'appui naval avec préalablement les :
- Jour J : Assaut et débarquement
- Bombardement aérien puis naval des défenses allemandes sur la côte devant les plages de débarquement et des batteries de canons plus à l'intérieur des terres
- Assaut sur les 5 plages de la côte normande : Utah Beach, Omaha Beach pour les Américains et Sword Beach, Juno Beach et Gold Beach pour les Anglo-Canadiens. S'y rajoutent l'escalade et la prise de la pointe du Hoc par les Rangers américains.
- Une fois les plages et ses abords pris, elles doivent être nettoyées et des chenaux dégagées afin de permettre un débarquement de plus grande ampleur de troupes et de matériels
- Jours suivants : Mise en place des structures de ravitaillement
- 2 ports artificiels, projet Mulberry : Les alliés ont renoncé à prendre directement un port en eaux profondes. Pour pouvoir acheminer le ravitaillement, armements et troupes, ils vont mettre en place deux ports artificiels devant deux des plages prises.
- Un oléoduc à travers la Manche, l'opération PLUTO
Message d'Eisenhower aux troupes d'assaut, le 5 juin 1944
Grand Quartier Général des Forces Expéditionnaires Alliées,
Soldats, Marins et Aviateurs des Forces Expéditionnaires Alliées ! Vous êtes sur le point de vous embarquer pour la grande croisade vers laquelle ont tendu tous nos efforts pendant de longs mois. Les yeux du monde sont fixés sur vous. Les espoirs, les prières de tous les peuples épris de liberté vous accompagnent. Avec nos valeureux alliés et nos frères d'armes des autres fronts, vous détruirez la machine de guerre Allemande, vous anéantirez le joug de la tyrannie que les nazis exercent sur les peuples d'Europe et vous apporterez la sécurité dans un monde libre.
Votre tâche ne sera pas facile. Votre ennemi est bien entraîné, bien équipé et dur au combat. Il luttera sauvagement.
Mais nous sommes en 1944 ! Beaucoup de choses ont changé depuis le triomphe nazi des années 1940-41. Les Nations-Unies ont infligé de grandes défaites aux Allemands, dans des combats d'homme à homme. Notre offensive aérienne a sérieusement diminué leur capacité à faire la guerre sur terre et dans les airs. Notre effort de guerre nous a donné une supériorité écrasante en armes et munitions, et a mis à notre disposition d'importantes réserves d'hommes bien entraînés. La fortune de la bataille a tourné ! Les hommes libres du monde marchent ensemble vers la Victoire !
J'ai totalement confiance en votre courage, votre dévouement et votre compétence dans la bataille. Nous n'accepterons que la Victoire totale !
Bonne chance ! Implorons la bénédiction du Tout-Puissant sur cette grande et noble entreprise.Dwight D. Eisenhower
Flotte en présence :
Le commandement général de la Force navale expéditionnaire alliée, incluant le transport des troupes et l'appui feu naval sur les côtes est assuré par l'amiral britannique Sir Bertram Ramsay qui a été le responsable de la planification du débarquement en Afrique du Nord en 1942 et dont l'une des deux flottes participa au débarquement en Sicile l'année suivante. Cette force navale était divisée en deux Naval Task Forces :
- une occidentale commandée par le contre-amiral américain Alan Kirk
- une orientale commandée par le contre-amiral britannique Sir Philip Vian, vétéran du débarquement en Italie.
La flotte d'invasion était composée de 6 939 navires (1 213 navires de guerre, 4 126 navires de transport et 1 600 navires de soutien dont de nombreux navires marchands) provenant de huit marines différentes (principalement l'US Navy et la Royal Navy mais également plusieurs navires des flottes de pays du Commonwealth, de l'Armée française de la Libération, de la marine royale norvégienne, des navires polonais, néerlandais ou danois).
TRAVERSEE DE LA MANCHELa mise en place de cette énorme flotte s'effectua dans tous les ports de la côte sud de l'Angleterre, de Plymouth jusqu’à Newhaven, dont il a fallu compléter les installations par 130 embarcadères supplémentaires.
Déplacer cette armada exigea la définition de quatre passages maritimes depuis les ports britanniques jusqu’à un carrefour au centre de la Manche appelé Spout ou Piccadilly Circus. De cette zone d'un diamètre de 10 milles marins, dix chenaux (2 par plage d'assaut) nettoyés par des dragueurs de mines et balisés de bouées lumineuses permettent aux bateaux (navires de ligne, chalands) d'arriver jusqu'aux 5 plages de débarquement. Les navires se positionnent à environ 10 milles au large des plages entre 2h00 et 3h00 du matin le 6 juin.
Une part importante de l'opération Neptune était la protection des voies utilisées par les navires alliés et des plages contre la Kriegsmarine. Cela fut confié à la Royal Navy Home Fleet. Les Alliés percevaient deux menaces maritimes allemandes importantes :
- L'attaque par de gros navires de surface stationnés en Norvège et en mer Baltique. Cette menace était sans doute surévaluée par les Alliés qui ne réalisaient pas, avant juin 1944, la grande faiblesse de la marine de surface allemande dont certains navires n'étaient pas en état de combattre, manquaient de carburant et les équipages d'entraînement, ces gros navires ne s'aventurant plus guère en mer (le Tirpitz réfugié dans un fjord de Norvège, un croiseur de bataille, le Gneisenau, hors d'état de combattre en réalité, les cuirassés de poche Admiral Scheer et Lutzow et à cinq croiseurs). Le gros de la Home Fleet était rassemblé en mer du Nord, avec des navires de ligne récents et les porte-avions que l'Amirauté n'avait pas voulu engager dans la Manche à cause de la menace des mines. Elle devait s'opposer le cas échéant à une éventuelle sortie des forces navales de surface allemandes. Le canal de Kiel en mer du Nord avait aussi été miné préventivement (opération Bravado).
- La seconde menace était les U-boots en provenance de l'Atlantique. Une surveillance aérienne fut mise en place à partir de trois petits porte-avions d'escorte et par le Costal Command de la RAF maintenant un cordon de sécurité jusqu’à très à l'ouest de la pointe des Cornouailles (Land's End). Quelques U-boots furent repérés mais sans représenter de réels dangers.
- Une troisième menace existait toutefois avec les unités de S-Boot (Schnellboot), mais avec 20 vedettes lance torpilles opérationnelles en Manche et 9 en mer du Nord, c'était bien peu devant l'armada alliée.
D'autres efforts furent faits pour sécuriser l'approche occidentale de la Manche contre des forces navales allemandes venant de Bretagne ou de la côte atlantique. Des champs de mines furent posés (opération Maple) pour forcer les navires ennemis à sortir hors de leur zone de protection aérienne et à se trouver dans des zones où les destroyers alliés pouvaient les attaquer. L'activité navale ennemie fut mineure mais le 4 juillet, quatre destroyers allemands furent coulés ou forcés de rejoindre Brest.
Le Pas-de-Calais fut fermé par des champs de mines, des patrouilles navales et aériennes, des contrôles radar et des bombardements efficaces des ports ennemis de la zone réduisant les risques de raids allemands. Les forces navales allemandes de la zone étaient d'ailleurs assez faibles mais pouvaient être renforcées depuis la mer Baltique. Mais cette flotte devait surtout servir à protéger le Pas-de-Calais où les Allemands attendaient le débarquement et aucune tentative de forcer le blocus allié ne se produisit dans ce secteur.
La couverture navale fut un succès, plus de 300 destroyers et escorteurs étaient chargés à l'entrée de la Manche de refouler les bâtiments légers et les U-boots Allemands. Il n'y eut pas d'attaque par ces derniers et seulement quelques tentatives par des navires allemands de surface, sans conséquences sur la flotte alliée. Les seules pertes de navires en mer furent le fait de mines ou de rares excursions aériennes allemandes après le 6 juin.
Il était assuré par les deux Task forces (Forces opérationnelles) :
- La Western Task Force (occidentale) de l'US Navy. Elle réunissait 1 700 navires de débarquement, appuyés par 3 cuirassés, 9 croiseurs, dont ceux de l'Armée française de la Libération, le Georges Leygues et le Montcalm, 1 canonnière, 19 destroyers et plusieurs dizaines d'escorteurs et dragueurs.
- L'Eastern Task Force (orientale) de la Royal Navy. Elle alignait 2426 navires de débarquement, 2 cuirassés, 11 croiseurs, 1 canonnière et 37 destroyers dont La Combattante des ex-forces navales françaises libres et plusieurs dizaines de bâtiments légers.
Les forces alliées réservèrent à l'appui feu direct des plages de débarquement un ensemble impressionnant de 5 cuirassés, 20 croiseurs, 148 destroyers et près de 350 chalands de débarquement équipés pour la circonstance de roquettes, de canons ou de pièces antiaériennes pour le soutien direct et l'appui feu des troupes au plus près des plages de débarquements.
Cet appui-feu des bâtiments alliés se poursuivit les jours suivants, même une fois les plages prises, principalement pour réduire des batteries, de l'artillerie ou des unités allemandes situées plus à l'intérieur des terres, le feu étant alors déclenché sur demande des troupes alliées au sol.
Appui aérien :
L'aviation alliée apportait aussi son appui à l'opération Neptune. En assurant une couverture constante au-dessus de la flotte de débarquement et des plages et surtout en complétant la préparation navale par un tapis de 4 000 tonnes de bombes sur les principaux sites de débarquement (avec plus ou moins de succès, très efficaces à Utah Beach mais un échec à Omaha Beach).
Pour le jour J, l'Air Chief Marshall Robert Mallory disposait de 7 500 avions de reconnaissance, chasseurs et bombardiers légers, qui, le cas échéant, pouvaient être renforcés par 3 500 avions de l'aviation de bombardement stratégique du Bomber Command.
Les Alliés ne disposeront de leur première piste d'aviation en Normandie que le 12 juin près d'Utah Beach, la prise de Caen et de l'aérodrome de Carpiquet dans les premiers jours de la bataille ayant échoué (Voir bataille de Caen).
Assaut sur les plages :
Au début de l'opération Neptune, se déroula l'opération Gambit quand les sous-marins miniatures britanniques, les 2 X-Craft, vinrent se mettre en position près des plages pour guider la flotte d'invasion.
Les troupes d'assaut débarquèrent sur les 5 plages, désignées par les noms de code devenus célèbres : SWORD BEACH, JUNO BEACH, GOLD BEACH, OMAHA BEACH, et UTAH BEACH.
L'ordre de bataille était approximativement le suivant :
- Le 1st Special Service Brigade comprenant les commandos britanniques No.3, No.4, No.6 et No.45 (RM) débarquent à Ouistreham dans le secteur Queen Red (à l'extrême gauche). Les hommes du No.Commando 4 sont renforcées par le 1st Troop et le 8e Troop (dont les 177 fusiliers marins français du commandant Kieffer) des 10e commandos interalliés.
- La 3e division d'infanterie britannique et la 27e brigade cuirassée à Sword Beach, de Ouistreham à Lion-sur-Mer.
- 41e (RM) commando (de la 4e Special Service Brigade avec les 46e (RM), 47e (RM) et 48 e(RM) commandos), débarque à la droite de Sword Beach.
- La 3e division d'infanterie et la 2e brigade blindée de l'armée Canadienne, la 2de brigade cuirassée et le 48e (RM) commando à Juno Beach, entre Saint-Aubin-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer.
- Le 46e (RM) commando à Juno doit escalader la falaise à gauche de l'estuaire de l'Orne et y détruire une batterie (la puissance de feu de cette batterie étant apparue comme négligeable, le 46e commando est mis de côté comme une réserve flottante et débarque à Jour J+1).
- La 50e division britannique et la 8e brigade cuirassée à Gold Beach, de La Rivière à Arromanches.
- Le 47e (RM) commando sur le flanc Ouest de Gold beach.
- Le 5e Corps US (1re division d'infanterie et 29e division d'infanterie) de l'US Army à Omaha Beach, de Sainte-Honorine-des-Pertes à Vierville-sur-Mer.
- Le 2e bataillon de rangers US à la pointe du Hoc.
- Le 7e corps US (4e division d'infanterie plus d'autres éléments) à Utah Beach, autour de Pouppeville et La Madeleine.
Logistique :
L'opération Neptune ne se limita pas seulement au transport des troupes d'assaut. Elle assura le ravitaillement des têtes de pont. Ce qui était une source d'ennui pour l'état-major allié à cause de l'absence de port en eau profonde disponible dans les premiers jours de la bataille de Normandie. Les Alliés ne pouvaient disposer que des petits ports de pêche de Port-en-Bessin et Courseulles dont la capacité d'accueil était minime, ce qui limitait l'ampleur du débarquement.
Les ports artificiels :
Article détaillé : Port Mulberry.Pour résoudre ce problème, les Alliés conçurent d'« apporter leur port avec eux ». Quinze jours après le débarquement, débuta la mise en place de deux ports artificiels, les Mulberries face aux plages de Saint-Laurent-sur-Mer (Mulberry A, port américain) et d'Arromanches (Mulberry B, port britannique). Ces deux ports devaient être capables de permettre le débarquement de 6 500 véhicules et 40 000 tonnes d'approvisionnement par semaine. Une tempête détruisit le Mulberry A américain et endommagea le Mulberry B britannique et dans les faits, la majeure partie du débarquement du matériel et des troupes continua à se faire par les plages et par l'utilisation intensive et plus qu'initialement prévu des petits ports côtiers et ce jusqu’à la prise et la remise en marche du port de Cherbourg.
L'approvisionnement en carburant :
L'approvisionnement en carburant était un des éléments vitaux de la réussite de l'opération Overlord. Les Alliés avaient estimé leurs besoins à 15 000 tonnes à J+41 (soit le 15 juillet) pour approvisionner en essence les 200 000 véhicules qui auraient déjà été débarqués[2] mais également le kérozène des avions ou la mazout des navires de la zone. Pendant les 10 premiers jours, les Alliés faisaient échouer sur les plages des LCT remplis de jerricans d'essence[2]. En parallèle, deux points d'ancrage pour pétroliers étaient installés au large de Sainte-Honorine-des-Pertes et reliés à la côte et au mont Cauvin par des tuyaux souples[2]. Un terminal pétrolier sommaire était installé le long des jetées de Port-en-Bessin et relié lui aussi au Mont-Cauvin par un oléoduc.
À partir du 15 juillet, ces systèmes d'approvisionnement dit mineurs devaient être remplacés par des systèmes de plus grand échelle à partir du port de Cherbourg reconquis. Le terminal pétrolier d'avant-guerre de la marine nationale de la digue de Querqueville devait être remis en marche avec l'accostage de gros pétroliers mais surtout avec la mise en place d'un oléoduc sous la Manche. Mais les importantes destructions allemandes du port ne permirent au premier pétrolier allié de n'accoster à Querqueville que le 25 juillet et la mise en place de l'oléoduc fut elle aussi retardée.
Article détaillé : Opération PLUTO.Il s'agissait de dérouler entre l'île de Wight et Querqueville, soit une centaine de kilomètres, dix tuyaux souples sous la mer (Pipe-Lines Under The Ocean ou PLUTO), ce qui n'avait encore jamais été fait dans l'Histoire.
Initialement, le premier tuyau devait entrer en fonctionnement le 18 juin, soit 12 jours après le débarquement. Mais la prise de Cherbourg plus tardive, le long nettoyage des eaux du port et le mauvais temps retardèrent sa mise en service de 6 semaines et il ne put rentrer en fonction qu'au début du mois d'août. Néanmoins, le manque de carburant ne se fit pas trop sentir, le front ne progressant pas ou peu.
Le fonctionnement de PLUTO se révéla également insuffisant, chaque tuyau ne fournissant pas les 300 tonnes/jour initialement prévues, obligeant les Alliés à poursuivre des débarquement de carburant sur les plages, à décharger dans le port de Courseulles-sur-Mer et à continuer de faire fonctionner le terminal de Port-en-Bessin. Par la suite, avec l'avancée des Américains, PLUTO fut prolongé par un oléoduc terrestre jusqu'à Avranches[2]. Au mois d'aout, il sera redirigé vers la Seine et Paris. 7500 sapeurs américains aidés de 1500 prisonniers de guerre allemands participeront aux travaux de cet oléoduc.
SOURCES WIKIPEDIA
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Les actions de la Résistance en Normandie
Les résistants en Normandie n’étaient pas très nombreux du fait que la région était très occupée par des garnisons c ôtières nombreuses et des troupes blindées mobiles donc gênantes. Il y avait environ 500 résistants prêts à agir début juin. Le 1er juin 1944, les résistants reçurent un message d’alerte : « l’heure des combats viendra » qui signifiait qu’il y aurait un débarquement dans les quinze jours ; puis il eut un autre message le lendemain :
« Les sanglots longs de l’automne’ » indiquait un débarquement imminent.
Le 5 juin, les résistants reçurent un appel complémentaire au premier :
« blessent mon coeur d’une langueur monotone. »
( 2e vers d’une célèbre poésie de Verlaine) confirmant un débarquement le 6.
Puis vinrent les messages aux normands :
La résistance française aura joué un grand rôle dans l'opération Overlord. Et plus la victoire semble proche, plus les français s'engagent dans la résistance...« Les chants désespérés sont les chants les plus beaux » donne l’ordre de saboter toutes les lignes téléphoniques ;
c’est le plan violet.
« Les dés sont sur le tapis » donne l’ordre de saboter les voies ferrées :
c’est le plan vert.
Le 7 juin : « Il fait chaud à Suez » demande de déclencher une guérilla dans laquelle les Allemands exécutèrent 110 prisonniers de la résistance française. Les opérations furent exécutées avec efficacité ce qui gêna considérablement les mouvements des allemands.
Au cours de la bataille de Normandie, les résistants servirent de guides aux alliés et facilitèrent leurs opérations.
L'organisation de la Résistance
Les Alliés pouvaient connaître la configuration du terrain grâce à l’aide de civil français qui s’étaient regroupés spontanément pour résister à l’occupant. Ce mouvement de résistance est né après l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 à la BBC.
C’était une réunification de deux mouvements de rébellion :
les FFI (Forces françaises Libres) plut ôt issus du front populaire et les FTP (Francs Tireurs Partisans) communistes.
Mais pour unifier ces deux mouvements, il fallut que Jean Moulin, parachuté en France sur les ordres du général de Gaulle, fasse valoir ses qualités de diplomate.Il créa le CNR, Comité National de la Résistance qui coordonna les actions des résistants en France. Moulin était préfet à Chartres.
Un cloisonnement existait entre tous les petits groupes de résistants pour éviter un démantèlement du réseau ; ils ne devaient connaître que les membres de leur groupe.
Les résistants agissaient par petits groupes :
ils sabotaient les lignes téléphoniques, faisaient sauter les voies de chemin de fer ou les ponts, transmettaient des documents secrets à Londres, renseignant ainsi les alliés sur l’état des troupes allemandes et leurs positions, mais ils recueillaient aussi les aviateurs malchanceux pour les renvoyer en Angleterre et parfois cachaient les juifs.
« L’armée de l’ombre » (comme certains historiens l’ont appelé après la guerre) recevait ses ordres de Londres par la BBC en messages codés pour que les Allemands ne sachent ni à qui ils étaient adressés ni à quoi ils correspondaient.
Des maquis de résistants se créèrent : des groupes importants se cachaient à l’intérieur de forêts ou sur des plateaux montagneux pour tenter des actions de grande envergure sur les troupes allemandes.
Le Vercors, le maquis breton, par exemple, se sont fait remarquer par des actions d’éclat.
Des « Sten » (pistolets-mitrailleur anglais) ont été parachutées en grand nombre par les Britanniques la nuit ;
elles étaient souvent accompagnées de vivres, de matériel en tout genre :
émetteurs-récepteurs, lampes, autres armes, explosifs, rations de combat, bouteilles d’alcool et très souvent des cigarettes.
Les Anglais ne se rendaient pas compte des besoins des résistants et ne savaient pas forcément où les vivres devaient être parachutés car certains groupes ne les avaient pas contactés.
Ainsi, au début de la guerre de nombreux groupes de résistants sans attaches avec quelque autorité que ce soit étaient souvent délaissés mais il n’en était pas de même de la situation à la fin de la guerre où tous les groupes étaient organisés.
Environ 10 000 résistants furent tués, fusillés ou tombés dans les combats avec les Allemands.
SOURCES : super blog -
http://overlord44.free.fr/index.php?idpage=La_r06eesistance
photos ajoutées google
Les Archives départementales de l’Orne présentent
du 20 juin au 21 septembre 2014 l’exposition « 1944 :
le rôle de la Résistance pendant la Bataille de Normandie ».
A travers 17 panneaux et plus de 120 documents, l’exposition démontre le rôle de la Résistance en Basse-Normandie dans la préparation du Débarquement et tout au long de la Bataille de Normandie.
Les cinq premiers mois de 1944, la Résistance se prépare à participer aux combats de la Libération.
En dépit des nombreuses arrestations opérées par la Gestapo, réseaux de renseignements et mouvements de résistance
se mettent en ordre de bataille.
Dès la réception des messages d’alerte et d’exécution des plans d’action diffusés sur les ondes de la BBC, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, ce sont environ 1500 à 2000 résistants bas-normands, rassemblés au sein des FFI qui se lancent dans la bataille et s’appliquent à couper les moyens de communications de l’ennemi, à retarder le plus possible la montée des convois militaires vers le front et à pratiquer des actions de guérilla.
A la Libération, les rôles militaire et humanitaire de la Résistance normande sont officiellement reconnus tant par les Alliés que par les forces militaires régulières françaises.
http://www.pixfan.com/1944-role-resistance-bataille-normandie/
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Réquisitionné par la Gestapo, le camp de la Lande, à Monts (Indre-et-Loire), abrite d'abord des juifs polonais évacués de Moselle.
En septembre 1942, 422 israélites étaient « chargés » (l'expression est des gendarmes de Chinon) dans des wagons, vers Drancy puis Auschwitz :
14 survécurent.
Succédèrent alors aux juifs 298 femmes communistes.
Une seule fut exécutée : une infirmière française l'avait dénoncée comme juive.
Les camps d'internement du Centre-Ouest de la France 1939-1945:
le camp de La Lande (2/9)
Monts: le courage des femmes.
Le camp de La Lande (Indre-et-Loire) a d'abord été un camp d'internement pour les juifs avant de se transformer en camp de détention pour femmes.Plus de 200 militantes engagées, syndicalistes ou politiques en firent un lieu de combat et de solidarité.
En 1982, deux habitantes de Monts -petite cité de la banlieue sud tourangelle- filles de déportés et résistants, montèrent une exposition sur le camp de La Lande.Ainsi sortait de l'oubli, quarante ans après, un lieu d'internement dont les anciens de la région se rappelaient vaguement avoir été un
<<camp pour prostituées et trafiquants>>.
Le camp de La Lande, situé non loin de la voie ferrée Paris-Bordeaux, fut construit en 1939 pour loger le personnel supplémentaire de la poudrerie nationale:26 bâtiments en dur sur sept hectares.
La Gestapo de Tours réquisitionne l'ensemble en 1940 pour le transformer en centre d'accueil. Dès septembre, on y trouve des juifs et des étrangers raflés dans les grandes villes avoisinantes de l'Ouest (ainsi que deux juives anglaises
dont une vieille dame de 71 ans, Ethel Peck qui restera jusqu'au bout !);
puis dès les 1er et 5 décembre arrivent deux convois de juifs de l'Est de la France réfugiés à Bordeaux. Ils sont au maximum 541 en mars 1941.
Premier changement de décor le 3 octobre 1941, le camp devient un camp d'internement. Triple réseau de fil de fer barbelés, personnel de surveillance renforcé (27 gendarmes en renfort, plus les gardes civils), guérites, éclairages nocturnes.Le camp de La Lande compte 278 internés israélites fin 1941.
En 1942, comme à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, des convois de déportés partent vers l'Allemagne. Regroupé à Angers, le convoi n° 8 du 20 juillet comptera 1 139 personnes, dont 133 internés du camp de Monts.
Avec les rafles, le camp est surchargé et le 4 septembre, un nouveau convoi, le n° 31, part pour Drancy avec 422 prisonniers juifs, venant tous de La Lande.Les convois n° 32 et n° 36 achèvent fin septembre 1942, de vider le camp où il ne reste que les effets personnels de 500 malheureux pour lesquels leur séjour à Monts fut l'antichambre d'Auschwitz.
Deuxième changement de décor, le 2 octobre 1942. Le camp de La Lande devient le seul camp de femmes de la France occupée. 227 femmes, syndicalistes, épouses de militants communistes ou militantes elles-mêmes, résistantes y sont transférées.Puis le 4 octobre, 140 nouvelles détenues, en provenance de Châteaubriant (Loire-Atlantique) ou de Gallion (Eure), toutes des "politiques", débarquent à Monts.
Dehors, les ouvriers qui travaillent à la poudrerie passent parfois en saluant les prisonnières le poing fermé, des journaux circulent, les informations aussi. Mais la faim, la promiscuité, les poux...Le 23 août 1943, les 300 "politiques" participent à une révolte qui aboutira au transfert de force à Mérignac, de 25 "meneuses", saluées lors de leur départ, par une vibrante <<Marseillaise>>.
Les organes clandestins de la Résistance feront connaître rapidement le courage et la détermination des détenues de Monts, leur discipline, leur solidarité, et leur combat incessant pour leur dignité.
Le 15 janvier 1944, après divers prélèvements de la Gestapo, et alors qu'il ne reste que 186 prisonnières, elles sont acheminées au camp de la route de Limoges, à Poitiers. Elles finiront pour la plupart à rejoindre la Résistance.
Sur le camp de La Lande à Monts, une chappe
de plomb va alors tomber...
L'endroit sera rasé en 1970 !
On y bâtit un coquet quartier pavillonnaire et un terrain de sport. Une première plaque va être apposée en 1988,une simple plaque avec ces mots:
<< En mémoire des victimes de la haine raciale et politique, internées en ce lieu, de 1940 à 1944 >>.
En 1995, une deuxième viendra compléter l'ensemble.
Depuis chaque année, communauté juive et ville de Monts rendent hommage à l'ensemble des internés hommes et femmes du camp de La Lande.
(1) Il y a parmi elles Gisèle Fontanot, tante de l'un des des héros du groupe Manouchian, Spartaco Fontanot.Hervé Cannet.
1944: la région opprimée, la région libérée. La Nouvelle République hors série / 2004.
Fin de la seconde partie. A suivre, Douadic: un centre de "triage".http://ufacbagnolet.over-blog.com/article-22744894.html
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Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) sont les plus connus (ou les moins occultés ? ) des camps d'internement de la région.Comme Drancy, ils servirent de camps de transit pour des milliers de juifs dont la destination finale était les chambres à gaz d'Auschwitz.Ils furent 18 000 à passer par les deux camps du Loiret, dont 6 000 enfants entassés dans des conditions de dénuement et d'hygiène pitoyables après la rafle du Vel'd'Hiv de juillet 1942, puis poussés dans des wagons à bestiaux vers Auschwitz.
L'Écho de Pithiviers écrivait :« 5 000 juifs, récemment importés de tous les ghettos du monde, viennent d'être invités à rejoindre divers camps de concentration de notre région.L'épuration de la pouillerie sémite est sérieusement commencée.Les juifs ne sont plus aujourd'hui qu'un misérable gibier de camp de concentration. »Voilà pour ceux qui « ne savaient pas... »sources /
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La rafle « surprise » et méconnue du 20 août 1941
La rafle « surprise » et méconnue du 20 août 1941
Fred Romano
L’enfer commence un beau matin d’août à Paris.
Les policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 juifs pour les envoyer vers le camp de Drancy qui venait d’ouvrir ses portes.
Le matin du 20 août 1941, des policiers français soutenus par des allemands en uniforme ont envahi les rues du 11ème arrondissement de Paris.
C’est un véritable piège qui se prépare, tous les hommes français ou étrangers sont contrôlés et les juifs envoyés vers la place Voltaire .
Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.
Commence alors l’impensable, une vaste manipulation dont les acteurs n’imaginent pas l’étendue, pour certains, ce sera le début de la fin,
un voyage douloureux vers l’abandon et la mort.
Ceux qui étaient allé s’enregistrer au commissariat conformément à l’ordonnance du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée (stipulant que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial »), ont déjà été appréhendés directement chez eux.
Ceux qui étaient « connus » comme des familles juives du quartier, même non répertoriée, aussi.Les femmes sont épargnées et personne ne sait où sont emmenés les juifs.
Cette rafle « surprise », contrairement à celle qui l’a précédé le 14 mai, utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police.
Les 4232 personnes arrêtées ont toutes été conduites dans des autobus parisien à plate-forme, de la place Voltaire, direction le camp de Drancy,
tristement inauguré à cette occasion.
Ces premières rafles avaient pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis et c’est ce qui explique que beaucoup des juifs qui en ont fait parti furent libérés avant que le camp de Drancy devienne un camp de transit dont
« la marchandise »
était tout simplement redirigée vers les camps d’Auschwitz-Birkenau,
à partir de mars 1942, afin d’y être exterminée.
En effet, la mal-nutrition, la fatigue, les maladies, le « recrutement « -si tant est qu’on peu l’appeler ainsi- ayant été fait de manière systématique, une majorité de cette main d’œuvre était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient.
Certains furent donc libérés relativement rapidement (malades, handicapés, vieillards…), si l’on peut dire,
ils avaient alors échappé à une mort certaine, une chance que d’autres n’auront pas l’occasion d’avoir dans les mois et années qui suivirent, mourir de sa propre mort était devenu un droit inaccessible.
Cette rafle a eu lieu onze mois avant celle du Vel d’Hiv.
Souvent absente des manuels d’histoire et très souvent mal comprise, elle est le résultat d’un excès de zèle du gouvernement de l’État français dirigé alors par le maréchal Pétain.
En effet, le gouvernement de Pétain est allé au delà des directives de
l’ordonnance du 27 septembre 1940 en promulguant le 4 octobre 1940
(J.O du 18 octobre 1940) le premier Statut des Juifs.
Tous les historiens confirment que les nazis ne l’avaient pas demandé.
De plus, la France, fait assez unique pour être signalé, a livré tous ses juifs, étrangers, français, et même ceux qui venaient de combattre pour elle.
Les anciens combattants qui se croyaient protégés par ce pays pour lequel ils avaient combattu – trahison suprême
– ont été livrés en pâture à l’ennemi de la veille au même titre que les autres.
Odette Bagno, qui a assisté à la Rafle du 11ème arrondissement en témoigne sur le site de l’Association de la généalogie juive dans son article très instructif
une rafle mal connue, le 20 août 1941 inconnue !
(Extrait de GenAmi n°29 de septembre 2004) .
Elle souligne un point important et singulier:
Face à l’attitude indigne des français, à leur non-respect des lois de la guerre et des accords entre pays, les nazis, en respectant la Convention de Genève sur la protection des prisonniers de guerre,
ont « paradoxalement protégé ceux qui avaient porté l’uniforme français contre les lois du pays pour lequel ils venaient de se battre ».
Pour se souvenir de cet événement, les Fils et les Filles des Déportés Juifs de France, organisent une cérémonie ce samedi 20 août 2011 à 18h00, devant le
« Monument aux déportés »
réalisé par Shelomo Selinger sur les lieux de l’ancien camp de Drancy.
Demain, le 21 août 2011, à cette occasion, parce que nous avons tous un devoir de mémoire, parce qu’il n’y aura bientôt plus aucun témoin pour rectifier ou compléter l’histoire, parce que les livres seront les seuls garants de la transmission et qu’ils comportent certaines erreurs,
LGO publiera en partenariat avec le site www.ajpn.org,
le témoignage de monsieur Albert Zuckermann,
déporté à Drancy le 20 août 1941 avec son père et son frère.
Photo d’illustration :
Arrivée dans le camp de Drancy des Juifs raflés le 20 août 1941.
Source photo :
DIZ Muenchen GMBH, Sueddeutscher Verlag Bilderdienst.
Crédit photo : D.R
http://www.lesgrandesoreilles.com/2011/08/20/la-rafle-surprise-et-meconnue-du-20-aout-1941/
photos ajoutées du lien -
http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/juifs/nuit%20de%20terreur.html
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Arrestation de Juifs à Paris par des policiers français
- rafle du 20 aout 1941
Le régime de Vichy.
A propos de la politique antisémite du gouvernement
de Vichy :
1942, les rafles.
Devançant les injonctions allemandes le gouvernement de Pétain, qui n'est en place que depuis 3 mois, instaure dès octobre 1940 le premier statut des Juifs.
A Paris le 16 juillet 1942 la police française opère la rafle du Vel. d'hiv. 20 000 personnes de tous âges, d'origine étrangère, sont arrêtées.En application d'une loi de Vichy elles avaient été recensées et fichées en 1941 dans les commissariats de police.
Toutefois, malgré le secret de l'opération, il y a des fuites et des complicités.
Plus de 5000 personnes échappent à l'arrestation.
Mais cela ne s'est pas seulement passé à Paris, alors en zone occupée par l'armée allemande, mais aussi en zone dite “libre”, placée directement sous l'autorité du gouvernement de Vichy, C'est le cas du département des Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence) où des réfugiés juifs sont arrêtés à l'aube par les gendarmes alors qu'ils se croyaient à l'abri dans ce département isolé à l'époque.
Ces arrestations de l'été 1942 ont lieu à Annot, Barcelonnette, Castellane, Colmars, Dauphin, Digne, Forcalquier, Gréoux, La Mure, Les Mées, Manosque, Moustiers-Ste Marie, St-André-les-Alpes, Thoard.
Après la première rafle à Paris, la police française escorte des Juifs étrangers de l’école
Japy vers les trains de déportation à la gare d’Austerlitz.
Paris, France, 14 mai 1941.
Les arrestations de familles juives reprennent en novembre 1943; elles sont alors effectuées par les Allemands qui occupent le département depuis peu; ils sont guidés par des Français à leur solde Il y a alors plusieurs centaines d'arrestations dont une cinquantaine d'enfants et adolescents. Ces victimes sont envoyées à Auschwitz et quelques unes dans les Pays Baltes.
Dans ce département seule l'association “Basses-Alpes 39-45, une mémoire vivante”, située à Manosque, par ses recherches, études , activités culturelles et par ses interventions en milieu scolaire maintient fidèlement la mémoire de ces années très sombres.SOURCES :
http://basses-alpes39-45.fr/annees_noires/vichy/rafles42.php
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Le régime de Vichy.
Les débuts de la Résistance
" J'aime ces êtres tellement épris de ce que leur coeur imagine la liberté qu'ils s'immolent pour éviter au peu de liberté de mourir. Merveilleux mérite du peuple ".(Résistance n'est qu'espérance) - René Char.
Certes l'esprit de résistance est peu répandu en France en été 1940. Mais plusieurs événements déclenchent le questionnement des Français malgré les difficultés de tous ordres qui les assaillent et d'abord celles de la vie quotidienne :
ravitaillement difficile, absence de 1.500.000 actifs prisonniers de guerre en Allemagne, etc... Ils constatent que le vainqueur est bien décidé à s'installer dans le pays qu'il commence déjà à piller. La propagande gouvernementale, radio et journaux , leur apprennent les lois antisémites du Ier statut des Juifs, que des fonctionnaires, des élus sont révoqués selon des critères politiques, revanche à l'encontre du Front populaire, et bien d' autres mesures contraires aux principes républicains.
Ils apprennent aussi la rencontre "cordiale" à Montoire entre Pétain et Hitler concrétisant la collaboration du
gouvernement français avec les nazis.
Mais ils savent aussi que l' Angleterre, qu'Hitler envisage d'envahir, tient bon courageusement sous les bombes, sa résistance étant galvanisée par Winston Churchill et la présence dans la capitale de la famille royale.Ils savent bientôt qu'à la radio de Londres des Français s'adressent à eux à heures fixes et découvrent ainsi l'appel du 18 juin que le Général de Gaulle, inconnu jusqu'alors du plus grand nombre, lance aux Français depuis la BBC, bien décidé à créer une armée de volontaires qui, il en est sûr, se battra aux côtés des alliés, présents et à venir, pour délivrer la France.
Le 18 juin 1940 la Résistance a une voix avant d'avoir un visage. Le Général de Gaulle, qui a rallié l'Angleterre, s'adresse à tous les Français.
Toujours en été 1940 d'autres appels au sursaut comme celui du Général Cochet et d'autres militaires à leurs troupes et aussi de civils, comme celui du Parti communiste où on lit :"le peuple de France ne sera jamais un peuple d'esclaves".
Ainsi naît l'esprit de résistance qui va bientôt se concrétiser. Parmi les premières actions notoires le camouflage d'armes et de matériels militaires, le plus spectaculaire étant sans doute celui du parc d'artillerie de Grenoble, les militaires français réussissant à trouver 150 caches y compris au tribunal d'instance de la ville où 13 tonnes de matériel seront entreposées.
Toutes ces armes seront plus tard distribuées à la Résistance.
Puis il y aura le coup de tonnerre du 11 Novembre 1940 à Paris.
A l'Université une résistance larvée se devine. Elle éclate au grand jour quand les étudiants apprennent en octobre l'arrestation du professeur Paul Langevin.
Depuis la fin de la 1ère guerre mondiale le 11 novembre est la date symbolique de la Victoire de 1918 des alliés sur l'Allemagne. Ce 11 novembre 1940 dans la France vaincue et meurtrie donne lieu à une grande manifestation des étudiants parisiens à laquelle se joignent des adultes. Des milliers de jeunes, répondant à un mot d'ordre colporté dans la ville et au-delà, se dirigent vers l'Arc de Triomphe alors que tous rassemblements et manifestations sont strictement interdits par les lois de Vichy.
C'est incontestablement la manifestation à l'Arc de Triomphe du 11 novembre 1940 qui s'impose au nombre des mythes fondateurs de la Résistance en France.Puis, avant de s'engager plus tard dans la lutte armée les jeunes trouveront d'autres formes spectaculaires pour manifester leur patriotisme comme, en 1941, la campagne des V (signifiant Victoire) qu'ils inscriront subrepticement à la craie sur les murs.
SOURCES : http://basses-alpes39-45.fr/annees_noires/vichy/debut.php
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Deux soldats allemands boivent un verre sur une terrasse de Paris en 1940 – Bundesarchiv, Bild 101I-247-0775-38 / Langhaus / CC-BY-SALa France sous l’occupation allemande (1940)
L’occupation de la France par les troupes allemandes en 1940.Suite à la défaite de la France face à l’Allemagne en 1940, un accord de l’armistice a été signé par le maréchal Philippe Pétain avec le gouvernement allemand le 24 juin 1940. Ainsi la France se trouvait divisée en deux parties : une zone nord occupée par les Allemands, alors que la zone sud demeure sous la gouvernance vichyste.
La ligne de démarcation entre les deux parties était susceptible de se transformer en frontière hermétique avant qu’elle ne soit franchie par les Allemands en 1942 après l’invasion de l’Afrique du Nord par les alliés.
En plus les Allemands annexèrent l’Alsace –Lorraine et fixèrent des frais d’occupations très élevés.
L’organisation des préfets et des mairies avait considérablement changé à cette époque. Après la prise de la France par les troupes allemandes, tous les fonctionnaires antinazis ont été éliminés ou remplacés soit par des officiers allemands ou des Français pronazis.
Le quotidien des Français sous l’occupation allemande
Entre le moment de la signature de l’armistice et la libération du territoire en 1944, la France se trouvait inféodée à l’Allemagne. Un pillage économique, humain et financier a été exercé en France et la population locale n’a pu que se soumettre à l’occupation allemande avec tout ce qu’elle inclut en termes de restriction, de pénurie et de dictature.
La propagation de la faim
Les Allemands ont réquisitionné toutes les denrées alimentaires, les sources d’énergie et évidemment la main d’œuvre française, sans omettre que la situation a empiré avec le blocus imposé sur le territoire occupé.
C’est ainsi que les Français ont dû vivre une situation cauchemardesque due essentiellement aux problèmes de ravitaillement. Le gouvernement n’a pu que distribuer des cartes et des tickets d’alimentation échangeable contre des aliments de base comme le pain, quelques rares grammes de viande et surtout des matières grasses qui ne peuvent mettre fin à la faim qui sévisse dans le pays. Les plus démunis ont dû se nourrir de denrées comme le rutabaga et le topinambour.
Les succédanés et la chicorée ont vite remplacé le sucre et le café, le gazogène a substitué l’essence et un marché noir s’est développé pour la revente de produits alimentaires à des prix exorbitants loin d’être à la portée de tous. C’est ainsi que le vol et le pillage se sont propagés dans tous le pays.
L’exploitation de la main d’œuvre française
Les Allemands ont manqué de main-d’œuvre locale pour faire fonctionner les usines et les fermes, vu qu’une grande partie des hommes étaient engagés dans l’armée d’Hitler.
Pour combler ce manque, ils ont réquisitionné et déporté des centaines de milliers de Français pour l’effort de guerre allemand dans le cadre de ce qui était connu sous le nom de STO (Service de travail obligatoire).
Les historiens parlent environ 700 000 travailleurs français qui ont été acheminés en Allemagne entre juin 1942 et Juillet 1944.
Soldats allemands en France – Creative Commons par John N.Les autres aspects de la vie quotidienne sous l’occupation allemande
Le quotidien des Français était chamboulé jusqu’aux classes d’écoles où les enfants sont formés aux idées des occupants et où ils sont tenus de fredonner « Maréchal, nous voilà » ! Et si les journées étaient marquées par des contrôles réguliers et par la censure, la nuit venue, le couvre-feu sonne l’arrêt de toute vie nocturne dans les rues. Les volets et les fenêtres sont occultés et aucune activité à l’extérieure n’est permise sans autorisation des forces allemandes.
Les juifs de la France quant à eux, ils n’ont pu que subir une discrimination raciale intolérable. Ils étaient obligés de porter l’étoile jaune distinctive et occuper la dernière voiture du métro.
La territorialité sous l’occupation allemande
Avec le début de l’occupation, les Allemands ont déployé leurs forces tout au long du nord et nord-est de la France ainsi le territoire occupé s’étendait sur la région Alsace-Moselle qui était indexée à l’Allemagne, puis toute la zone du Nord-Pas-de-Calais, Charleville-Mézières, Saint-Dizier et Dole en plus du littoral Manche –Atlantique qui couvre une large zone côtière de plus de 10 km.
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L'occupation
L'occupation est issue de la défaite française en mai 1940 face aux armées du Reich. L'occupation de la France, au terme de l'armistice du 22 juin 1940 signé entre le Reich et le gouvernement français du maréchal Pétain divise le territoire en plusieurs zones d'occupation.
Une ligne de démarcation sépare la zone d'occupation Nord de la zone d'occupation Sud.
La zone Nord se compose de la zone d'occupation "interdite" soumise au même régime que la zone d'occupation "réservée" où l'occupation allemande se double d'une politique de colonisation par des paysans allemands.
La zone d'occupation "annexe du Reich" comprend le Bas-Rhin et la Moselle.
L'occupation sur le pourtour littoral est "zone interdite". Délimitée en 1941 ; c'est dans cette zone d'occupation qu'est édifié le Mur de l'Atlantique.
Au sud, l'occupation se concrétise par l'occupation par les armées italiennes des départements frontaliers jusqu'en novembre 1942.
La zone "Libre", administrée par le gouvernement de Vichy, ne connaît pas l'occupation de fait mais l'Etat français y mène une politique de collaboration d'Etat.Pendant toute la période de l'occupation, l'administration française obéit aux ordres de Vichy.
Une milice est créée en janvier 1943 pour aider les Allemands à traquer les résistants et les Juifs.
Les républicains Espagnols et les Juifs Allemands sont les premières victimes emprisonnées dans les camps d'internement de la zone Sud et livrés aux Allemands quand ceux-ci les demandent.
La France livre à l'Allemagne des denrées alimentaires ainsi que du matériel de guerre.
En 1943, Laval crée le STO (service du travail obligatoire).
L'occupation touche alors les travailleurs français qui sont réquisitionnés pour travailler dans les usines françaises ou allemandes.
Enfin l'Etat français collabore militairement :
en juillet 1941 est créée la Légion des Volontaires contre le Bolchevisme(LVF).
La désorganisation économique et le paiement à l'Allemagne de lourdes indemnités d'occupation créent une situation de pénurie et de rationnement. Les citadins sont les plus touchés.
L'occupation est restée comme l'époque des cartes d'alimentation, des tickets, du "marché noir" et de la malnutrition.
En août 1944, le Reich recule, Vichy est en déroute, l'occupation cède la place à l'Epuration.
sources /
http://resistance39-45.e-monsite.com/pages/l-occupation.html
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La Libération
LE PREMIER DÉPARTEMENT LIBÉRÉ: LA CORSE
«La libération de la Corse, de septembre 1943 au 4 octobre, fut un présage de bon augure pour l'ensemble de la Résistance, puisqu'elle s'effectue avec ses seules forces. L'opération fut combinée par la Résistance intérieure corse, animée principalement par le Front National, appuyée par des troupes débarquées du sous-marin Casablanca, échappé au sabordage de la flotte de Toulon pour rejoindre les Français libres.»
«La Résistance»
LA LIBÉRATION DE PARIS
Après l'attentat des généraux contre Hitler, le 20 juillet 1944, après l'échec allemand en Normandie, après le débarquement de Provence avec les troupes de de Lattre de Tassigny le 15 août, le moral allemand faîblit. Les armées soviétiques ont occupé la Bulgarie et la Roumanie. Elles stoppent sur la Vistule. Le 15 août 1944 partent de Paris les derniers convois de deportation (l'ultime convoi partira de Loos-les-Lille le 2-9-44).
Le 18 août, à Paris: grève genérale, occupation de bâtiments administratifs, d'usines, barricades, tandis que se perpètrent les dernières exécutions... comme celle de 35 jeunes au bois de Boulogne ou celle des cheminots de Romainville. Les différentes instances de la Résistance se concernent pour lancer l'appel à l'insurrection (appel déjà lancé par le commandement du F.T.P.). L'insurrection éclate. Dans tous les quartiers s'affrontent forces allemandes et F.F.I. La préfecture de police, occupée grace à un groupe franc du F.N. entrainé par un inspecteur de police résistant, est occupée, avant le signal de l'insurrection. Des S.S. attaquent dans l'après-midi. Après une situation confuse, trêve demandée par le consul norvégien Nordling, refusée par certains groupes résistants, RolTanguy, chef des F.T.P. de l'Ile-de-France, envoie un émissaire demander aux Américains une colonne de secours --dans la crainte que le général commandant les forces allemandes à Paris, Von Choltitz, n'obéisse aux ordres de Hitler, et ne détruise Paris. Le 21 aout, à minuit, l'émissaire Gallois-Cocteau affronte le géneral Panon, qui reproche aux Parisiens d'avoir déclenché l'insurrection «sans ordre».
Cependant, la division du genéral Leclerc est autorisée à marcher sur Paris. Le 25 août, Von Choltitz signe, à la gare Montparnasse, l'acte de capitulation, qui porte les noms du géneral Leclerc et du colonel Rol-Tanguy comme symbole de l'union des deux volets de la Résistance. Ce jour-là, F.F.I. et F.F.L. libèrent ensemble les derniers points chauds: la République, le Palais-Bourbon, le Luxembourg. Le général de Gaulle, après avoir reçu Leclerc et Rol à la gare Montparnasse, va s'installer rue Saint-Dominique.
Le 25 au soir, à l'hotel de ville, tandis que sonnent toutes les cloches de Paris, de Gaulle déclare: «La République n'a jamais cessé d'être. Moi-même, Je suis président du gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer?».
SOURCES : http://resistance39-45.e-monsite.com/pages/la-liberation.html
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La lutte armée
LES MAQUIS
Le salut au drapeau à croix de Lorraine au maquis des Glières. (Association des rescapés des Glières).
«Revenu au pouvoir en avril 1942, Pierre Laval, après avoir constaté l'échec de «la relève» -la majorité des Français ne s'étant pas laissé prendre à cette fiction du «retour de nos prisonniers», moyennant le départ volontaire d'autres esclaves pour le Reich-, instaure, le 4 septembre 1942, le Service du travail obligatoire ( ...)
Les maquis vont se créer, se multiplier, s'armer, cependant que la Resistance à la relève, puis au S.T.O, va rapprocher les différents mouvements. (...)
A partir du moment où les ouvriers qui refusent la «relève», puis les réfractaires au S.T.O., gagnent les campagnes, se terrent dans les fermes, créent des maquis, une union paysans-ouvriers cimentera les forces éparses.»
« La Résistance »
LES GLIÈRES
«Quelques maquis donnèrent lieu à de veritables batailles. Ainsi, à 1400 m d'altitude, cinq cents maquisards environ tenaient le plateau des Glières. Ils furent attaqués en février 1944 par les forces de Vichy, formées de gendarmes, de gardes mobiles, de Waffen S.S. et de miliciens. L'attaque échoua. mais le chef du maquis, le lieutenant Morel, avait été tué. Les Allemands prirent alors l'affaire en mains, employant près de cinq mille hommes, dont deux groupes d'artillerie de montagne, dix autos-mitrailleuses et de l'aviation. L'attaque commença le 18 mars; la résistance des maquisards dura quatorze jours. La plupart furent tués, -soit dans les combats, soit exécutes (près de deux cents)-.»
LE VERCORS
«Dans le Vercors, plusieurs milliers de maquisards avaient été rassemblés au mois de juin 1944, d'après l'idée, qui se révéla malheureuse, de constituer en plein coeur de France une sorte de réduit fortifié. Ils tinrent en échec une division allemande de montagne - la 157-. Mais, mal munis d'artillerie et privés de tout concours aérien, ils furent assaillis en plein centre du plateau par des S.S. descendus de planeurs (fin juillet 1944). Du moins avaient-ils retenu des forces allemandes importantes au moment des combats de Normandie. Les Allemands se vengèrent de leur pertes en incendiant les villages et en exécutant les blessés.»
LE MONT MOUCHET
Dans le Massif central, il fallut une division allemande, appuyée par la Luftwaffe, pour venir à bout des maquisards qui s'étaient rassemblés dans la région du mont Mouchet, à la suite d'une véritable mobilisation régionale. Les Allemands perdirent un millier d'hommes et dix chars Panther.
LA VIE DANS LES MAQUIS
«Vivre dans les bois, dans des masures délabrées, souffrir du froid, de l'isolement et parfois de la faim incitait souvent au découragement. Si de nombreuses complicités s'offraient dans la population, sans lesquelles les maquis n'auraient pas pu vivre, les paysans étaient aussi souvent méfiants à l'égard de garçons qui n'étaient pas du pays, et les inévitables délations, génératrices d'attaques surprises, contraignaient les maquisards à de fréquentes, fatigantes et dangereuses migrations. L'encadrement des hommes fut longtemps défectueux, et les armes trop rares. Les tortures, les exécutions sommaires étaient le sort réservé aux prisonniers.»
L'IMPORTANCE DES MAQUIS
«Les maquis réussirent à faire régner parmi les Allemands un état d'esprit fait d'incertitude et de crainte; ils ont fortement contribué à les démoraliser par leurs coups de main, leur aptitude à se reformer plus loin alors qu'on les croyait détruits. Ils accomplissaient parfois des exploits dont le retentissement était grand, telle l'occupation de Oyonnax par les maquis de l'Ain, de Romans-Petit, le 11 novembre 1943. Ils appliquaient aux amis de l'ennemi une justice expéditive et redoutable. Quand la Libération provoqua la levée générale, les maquis furent le creuset où vinrent s'amalgamer les Forces françaises de l'intérieur et d'où partirent les unités de la nouvelle Armée française.»
H. MICHEL
LA FORMATION F.F.I.
Le 1 février 1944, les Forces françaises de l'interieur (F.F.I.) furent créées officiellement, sous la direction du général Koenig. Les formations militaires de tous les organismes ( A.S.), ( F.T.P, etc.) se fondirent en principe dans les F.F.I., avec un commandement unique à l'échelon national, regional et départemental.
L'action des F.F.I. fut capitale au moment du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, et dans la suite des opération, le général De Gaulle, aussi bien que Churchill et Eisenhower, ont reconnu l'aide inappréciable aini apportée aux alliés. En particulier, ce sont 80 000 F.F.I. qui, au mois d'août 1944, vont être chargés de «liquider» les forces allemandes restées dans les «poches» bretonnes. En deux mois, ils firent 20 000 prisonniers.
sources / http://resistance39-45.e-monsite.com/pages/la-lutte-armee.html
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