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    Guillaume Mercader Chef de réseau/Résistance du Bessin.

    Né en 1914 à Urdos dans les Pyrénnées-Atlantiques,

    il s'installe à Bayeux et ouvre une boutique de cycles.

    Il se fait un nom en participant au Tour de France et devient

    le meilleur cycliste normand de l'époque.

    mercader_guillaume

     

    Il s'engage dans la Légion Etrangère dès la début de la deuxième guerre mondiale .

      

    Il rentre à Bayeux à sa démobilisation et s'occupe de son fond de commerce.

      

    il fini par intégrer l'OCM (l'Organisation civile et militaire) un des huit plus grands mouvement de la Résistance devenant responsable du réseau du Bessin.

     

    Grâce à son statut de cycliste professionnel,

    les Allemads lui délivre des laisser-passer spéciaux pour qu'il puissent s'entraîner, et celà lui permet de parcourir les routes du Bessin sans être inquiêter par les contrôles.

     

     

    Il renseigne les Alliés sur les infrastructures allemandes du

    Mur de l'Atlantique de sa région.

     

    Le 14 juin le général de Gaulle revient en France

    arrivant sur la plage de Courseulles-sur-Mer.

    Mercadet l'acceuille et le guide dans Bayeux pour

    que le chef de la France Libre installe

    son gouvernement provisoire à la Préfecture.

    Afficher l'image d'origine  

    Pour le reste de la guerre Guillaume Mercadet s'engage dans les troupes alliées participant à la libération de l'Europe.

     

    Après la guerre Guillaume Mercader revient à Bayeux,

    puis devient directeur d'une équipe dans laquelle

    il fait signer son premier contrat à un

    autre normand illustre Jacques Anquetil.

     

     

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    Anquetil va se lancer dans le grand bain Pro et signera sa 1ère licence dans l'équipe créée par guillaume Mercader

    un autre normand connu "qui en connaissait un rayon " en cyclisme ! .

    Né à Urdos pyrénnées ,devenu normand G.mercader fut un bon coureur avant guerre ,licencié à caen .

    Amateur de vélo et grand Résistant qui parcourait le Bessin à bicyclette au nez à la barbe de l'occupant

    faisant la liaison avec des messages cachés dans le cadre de son vélo .....

    pour "son Réseau" ,

    ce dernier jouera un grand role au DDay 44 évitant à Bayeux des bombardements destructeurs ,

    les renseignements étant arrivés à temps  ....aux bombardiers alliès!

    Guillaume Mercader disparu il y'a quelques années ,   dès  la Libération il  lancera la Renaissance du Bessin

    un quotidien local 1er journal de France libérée créé par les résistants ,

    qui va occuper sa vie .

    A ces moments de loisirs de retraité  on pouvait le croiser sur  les routes du Bessin ,

     

    faisant  toujours du vélo !

     

     

     

    Par la suite Mercader sera nommé directeur du

    journal Renaissance du Bessin.

      

    Pour son engagement auprès des

    Alliés et son activité de résistant,

    Guillaume Mercadet obtient plusieurs décorations et médailles :

    officier de la Légion d'honneur,

    décoré de la Croix de Guerre 1939-1945 avec six citations,

    médaille de la Résistance avec Rosette,

    croix du combattant,

    Bronze Star of Courage américaine ainsi que

    l'Oustanding et King's médaille britannique.

      

    Guillaume Mercader s'éteint le 15 décembre 2008 à Bayeux.

     

    images

     Guillaume Mercader pendant sa période de coureur cycliste d'avant guerre.

     

    koenig_mercader

     Guillaume Mercader

    à droite avec le général Pierre-Marie Koenig.

     

    In Memory.........

     

    Afficher l'image d'origine  

      

    Sources

    Superbe blog -

      

    http://normandie44.canalblog.com/archives/2011/12/29/23066471.html

     

     

     

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    Commandant Pourchier faisant partie du groupe de Pierre Dalloz, 9 J 189
     

     

     
    Deux hommes dans la neige chargés du ravitaillement , 9 J 286
     

     

     
    Maquis dans le Vercors, 9 J 406
     

     

     
    Un maquisard avec un fusil-mitrailleur, Pétouze, 9 J 285
     

     

     
    Commando en embuscade, 9 J 284
     

     

     

    Le maquis du Vercors, de la Résistance...

    Dès 1941, des hommes se retrouvent à Grenoble, Villard de Lans, Saint-Jean-en-Royans... La résistance est née de la rencontre de deux groupes, l’un de volontaires du mouvement Franc-Tireur dirigé par Aimé Pupin avec Eugène Samuel ; l’autre autour de Pierre Dalloz. Forteresse naturelle, le massif du Vercors paraît un refuge idéal pour ces résistants.
    A partir de 1943, se créent dans le Vercors des camps qui rassemblent des volontaires et des réfractaires au travail imposé en Allemagne (STO). Ils comportent 350 hommes qui doivent organiser le ravitaillement, l’équipement, le transport, les transmissions…
    La transformation du Vercors en lieu stratégique est imaginé dès 1941 par Pierre Dalloz, inspecteur des sites. Ce projet (le plan Montagnards) comprend le "Programme d’action immédiate" qui a pour objectif de transformer le Vercors en "forteresse" et le "Programme d’action ultérieure" qui prévoit le débarquement aérien de troupes et de parachutistes afin d’intervenir au moment du débarquement des Alliés.

    au drame

    Suite au débarquement en Normandie le 6 juin 1944, 4000 volontaires, sans arme et peu formés affluent sur le Vercors et attendront des parachutages d’armement des Alliés.
    Pressentant leur rôle stratégique, les Allemands s’engagent dans l’extermination des résistants considérés comme des "terroristes". Les 13 et 14 juin, ils pénètrent la "forteresse" par Saint-Nizier. Entre le 21 et le 23 juillet, environ 1000 soldats allemands attaquent sur 3 fronts, à Vassieux avec le débarquement aéroporté des chasseurs-parachutistes, sur la zone Lans-Corrençon où se passe l’attaque principale, et sur les Pas le long des lignes de crête. Le 22 juillet, le chef civil Eugène Chavant tente d’alerter l’état-major français à Alger.
    La répression allemande est brutale. Les soldats exécutent des blessés dans la Grotte de La Luire transformée en hôpital, déportent infirmières et médecins, fusillent des hommes à La Chapelle-en-Vercors, pillent et détruisent les fermes et les villages sur leur passage. Le bilan humain est lourd, 200 civils et 600 maquisards sont morts, 40 sont déportés. L’ordre de dispersion est donné. Le commandement tente de réorganiser

     
    Cimetière provisoire à Vassieux-en-Vercors, 9 J 250
     

     

     
    Ruines de Vassieux-en-Vercors, 9 J 238
     

     

     
    Ruines de Vassieux-en-Vercors, 9 J 239
    Abandonné plus que trahi, le Vercors deviendra depuis ce drame un lieu de mémoire, associant résistance, liberté mais également héroïsme tragique.
     
     
    Les 2 et 6 août, la gare de triage de Portes-lès-Valence est touchée : 12 morts, 9 J 15
     
     
    La préfecture après le bombardement, 9 J 109
    Les 15 et 18 août, à Valence, le pont de pierre sur le Rhône visé est finalement touché : le 15, les bas quartiers, la Préfecture, la maternité de l’hôpital sont détruits, 280 morts ; 20 supplémentaires le 18
     
    La préfecture après le bombardement, 9 J 110
    Les 15 et 18 août, à Valence, le pont de pierre sur le Rhône visé est finalement touché : le 15, les bas quartiers, la Préfecture, la maternité de l’hôpital sont détruits, 280 morts ; 20 supplémentaires le 18
     
    Rues de Saint-Vallier, 9 J 91
    Le 16 août, Saint-Vallier et Pont-de-l’Isère comptent respectivement 96 et 17 tués
     

    Les Alliés arrivent

    Avant que les troupes alliées ne débarquent sur les côtes de Provence et n’arrivent dans la Drôme, les aviateurs ont de nouvelles missions : la destruction de nombreuses cibles (principalement ponts routiers et de voies ferrés, mais aussi gares ferroviaires, terrains d’aviation, dépôts de carburant …), afin qu’une fois ces infrastructures détruites, les Allemands soient considérablement gênés dans leurs déplacements.
    Les jours précédant et suivant le débarquement, les bombardements se multiplient, notamment, les 24 juillet et 15 août, le terrain d’aviation de la Trésorerie à Valence est visé, causant 50 morts à Valence, Chabeuil et Malissard.
    Au total, en moins d’un mois, plus de 500 morts en Drôme et plus de 200 en Ardèche…
    Afin d’éviter de nouvelles bavures, le commandant Legrand, chef des FFI de la Drôme, demande le 15 août à "Gérard" (Henri Faure), qui dirige la S.A.P (Section Atterrissages et Parachutages), de faire sauter le pont routier de la RN 7 qui enjambe la Drôme, entre Loriol et Livron.
    Devant le succès du débarquement de Provence 

     
    Les troupes américaines arrivent à Die, 9 J 306
    Quelques unités américaines sont envoyées vers Grenoble et dans la vallée de la Drôme. Le 20 les premières troupes sont déjà à Die.
     
    Les troupes américaines arrivent à Die, 9 J 307
     
     
    Entre Montélimar et Valence, 9 J 148
     
     
    Les restes de l'armée allemande après la coupure du pont de Livron, 9 J 387
    Une crue subite de la Drôme le 27 recouvre pendant 12 heures les gués installés à l’ouest du pont détruit.
     
    La débacle allemande, 9 J 386
     
     
    Libération de Valence, 9 J 308
    Le 31, Valence est libérée par les compagnies FFI, tout comme Tain-l’Hermitage et Saint-Vallier.

     

     

    La Bataille de Montélimar

    Le 20 août, l'armée allemande en retraite traverse le Rhône. Le 21, les Alliés arrivent dans la plaine de Montélimar pour bloquer toutes les voies de retraite vers le nord dans la vallée du Rhône. Le 22 ont lieu les premiers accrochages.
    Les Alliés s'emploient à attaquer Montélimar dont ils sont repoussés. D’autres renforts, venant de Grenoble, participent, le 24 août, à l’attaque de Valence, sans succès, avant de se retirer vers Crest. Des centaines de FFI se battent aux côtés des Américains.
    Le 24, ordre est donné de rassembler les diverses divisions allemandes et de "nettoyer" le terrain entre le Roubion et la vallée de la Drôme. Mais les attaques ne sont pas suffisantes pour faire se replier les Alliés au-delà de Crest et les éloigner, ainsi, de la vallée.
    La sortie de la zone entre Montélimar et la Drôme est de plus en plus difficile : la route est encombrée de véhicules et matériels pilonnés par les tirs d’artillerie et les attaques aériennes. Au total, 80 % de l'armée allemande a pu sortir et rejoindre quelques jours plus tard les troupes refluant de

    Valence
    Le 31 août, le préfet de la Résistance, Pierre de Saint-Prix entre à Valence et le Comité départemental de Libération de la Drôme s’installe à la Chambre de Commerce, la préfecture ayant été détruite, avec comme président, Claude Alphandéry, et secrétaire général, Roger Marty.
    Les FFI défilent dans de nombreuses villes, à Montélimar, le 3 septembre ; à Valence, le 4 septembre, devant les nouvelles autorités.

      

     
     
     
     
    Cérémonie après la libération de Valence, 9 J 313
     
     
     

     

     
     
     
     
    Libération de Crest, 9 J 444
     
     
     

     

     
     
     
     
    Lettre du comité cantonal de libération de Die, 711 W
    Réponse au Comité départemental de la Drôme concernant la date de libération du canton de Die.
     
     

     

     
     
     
     
    Lettre du comité cantonal de libération de Saint-Vallier, 711 W
    Réponse au Comité départemental de la Drôme concernant la date de libération du canton de Saint-Vallier.
     
     

     

     
     
     
     
    Lettre du comité cantonal de libération de Saint-Donat, 711 W
    Réponse au Comité départemental de la Drôme concernant la date de libération du canton de Saint-Donat
     
     

     

     
     
     
     
    Lettre du comité cantonal de libération de La Chapelle-en-Vercors, 711 W
    Réponse au Comité départemental de la Drôme concernant la date de libération du canton de La Chapelle-en-Vercors.

      

    La Drôme
    A une enquête réalisée en octobre 1945 par le Comité départemental de Libération de la Drôme, pour connaître « la date de Libération » de tous les cantons, certains présidents de comité cantonal de Libération montrent par leur réponse la difficulté d’établir des dates précises ; quelques unes sont même inexactes.
    Saint-Donat insiste sur un autre point : "Le Comité de Libération a remplacé la municipalité le 25 août… Nous ne nous sommes, cependant, considérés comme parfaitement libérés qu’à la Libération de Valence et de Tain".

     

     

    http://archives.ladrome.fr/?id=142

     

     

     

     

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  • Les formes de résistance

      

    AUX JEUNES RÉSISTANTS
    DES BATAILLONS DE LA JEUNESSE FTPF
    DU XIe ARRONDISSEMENT DE PARIS

     
    “Jeunes gens qui me lirez peut-être, pensez-y !
    Les bûchers ne sont jamais éteints et le feu, pour vous, peut reprendre...”
    (P. Seghers)


    livrés aux Allemands par la police vichyste

      

    Les jeunes sont avides d'action.

      

    La parole, l'article de journal, le livre, tout cela ne leur suffit pas. Il leur faut l'action immédiate, même dangereuse, le risque", écrit Marie Granet dans Les jeunes dans la résistance: 20 ans en 1940.

    Les jeunes résistants ont participé à des actions diverses et qui ont évolué, entre 1940 et 1944, selon la culture politique, les intentions ou les origines sociales des jeunes, les circonstances et les besoins de la résistance.

     

     

    Diversité d'engagement.jpg (58062 octets)Dès 1940, beaucoup de jeunes refusent la défaite et l'occupation. Ils organisent spontanément des manifestations: le 11 novembre 1940, des centaines d'étudiants et de lycéens parisiens se réunissent devant la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de Triomphe, pour protester contre les premières mesures visant à séparer les "bons" Français de tous les autres: communistes, juifs, francs-maçons....

      

    Ils rédigent et diffusent des appels patriotiques. Ils récupèrent les armes laissées par les soldats français et britanniques et aident à l'évasion des prisonniers de guerre. Ils participent à des réseaux (réseaux de passeurs ou de renseignements). Certains rejoignent le général de Gaulle à Londres et s'engagent dans les Forces Françaises Libres (les FFL).

      

    A partir de 1941, la résistance s'organise. Des étudiants créent des journaux clandestins - comme la Défense de la France qui deviendra un mouvement aux activités diverses - ou participent à leur diffusion.

      

    De nombreux jeunes sont recrutés par les grands mouvements de résistance ("Combat", "Franc-Tireur", "Libération"...) et deviennent secrétaires, agents de liaison... Ils participent aussi aux activités caritatives dans les camps d'internement et aux actions de sauvetage des résistants et des personnes persécutées.

      

      

      

    A partir de 1942 se pose la question de la participation à la lutte armée. Des jeunes participent à des attentats contre les troupes d'occupation.

      

      

      

    Le militant communiste Pierre Georges, alias colonel Fabien, a 19 ans lorsqu'il tue un officier allemand à Paris en août 1941. D'autres s'engagent dans des actions de guérilla urbaine, menées par les FTP ou par des "groupes francs": plasticages, libérations de résistants, vols de matériels, de papiers d'identité, de tickets de rationnements, sabotages de voies ferrées et d'usines. A partir de 1943, les réfractaires au STO constituent spontanément des maquis dans des régions boisées ou montagneuses.

     

     

    actes de résistance.jpg (45151 octets)

      

      

    En 1944, ces maquis deviennent des moyens de lutte contre l'occupant et contre la Milice et les GMR de Vichy. Les maquis et les groupes militaires allient leurs forces au sein des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur). Ces FFI participent à la libération du territoire et pour certains, combattront jusqu'en Allemagne aux côtés des troupes alliées.

     

     

    grouperesist.jpg (24352 octets)

      

      

    Les jeunes résistants ont été victimes de la répression : tortures, exécutions, déportations... Ces pratiques se durcissent à partir de 1942 et en 1944 lorsque le nombre de résistants augmente avec l'espoir de la libération. Sur les 2 995 membres de Défense de la France, 688 sont victimes de la répression: 87 sont fusillés, 40 morts au combat, 322 disparus.

      

    A la suite de l'exécution d'un officier allemand à Nantes, le 20 octobre 1941, 100 otages sont fusillés à Châteaubriant, Nantes, au Mont-Valérien et à Souges. Parmi les fusillés de Châteaubriant se trouve un jeune communiste de 17 ans, Guy Môquet. En juillet 1944, un autre jeune résistant, militant catholique lyonnais, Gilbert Dru, est arrêté et exécuté sur la place Bellecourt de Lyon.

    En 1941, 5 garçons du lycée Buffon à Paris se réunissent en petit commando. Le plus jeune, Jean-Marie Arthus a 15 ans. Le plus âgé, Jacques Baudry en a 18. Les trois autres, Pierre Benoît, Lucien Legros et Pierre Grelot sont en classe de 1ère. En avril 1942, un professeur d'histoire, Raymond Burgard qui dirige le réseau Valmy, est arrêté. Les élèves de Buffon organisent une manifestation de soutien à leur maitre dans la cour de l'établissement et chantent "la Marseillaise." La police procède à des arrestations. Lucien Legros et Pierre Benoît sont exclus du lycée.

      

    Recherchés par la police, ils entrent dans la clandestinité où les rejoignent les trois autres. Le groupe passe à la lutte armée. Ils multiplient les attentats : contre des militaires allemands, contre une péniche, contre un yacht allemand. Le 31 mai, un incident tourne à l'émeute dans un magasin d'alimentation. Les gardiens de la paix interviennent. Une fusillade éclate. Deux policiers sont tués. Grelot, Baudry, Arthus et Legros sont arrêtés quelques jours plus tard. Benoît est pris deux mois après.

      

    En juin 1942, le tribunal spécial d'Etat les condamne aux travaux forcés à perpétuité. En octobre, le tribunal de la Luftwaffe les condamne à mort. De la prison de Fresnes, où ils attendront un an dans des conditions abominables d'être fusillés, ils écriront à leur famille leur dernière lettre.

     

     

    lettrebaudry.jpg (34059 octets)

     

     

    sources

    http://webetab.ac-

    bordeaux.fr/Etablissement/CHBretinNeuvic/

    resist03/resist/formesderesistance.htm

     

     

     

     

     

     

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    25 août 1944 : la Libération de Paris

    - texte et vidéos ...

     

     

     

    http://blogdejeromehelie.files.wordpress.com/2011/01/lestrois1944-1.jpeg

     

    Pour apprécier les vidéos... cliquer sur le logo central de RADIONOMY

    (colonne gauche, en bas) le fond musical du blog sera supprimé..

     

    Le document est signé par le général Dietrich von Choltitz, commandant du 84e corps d'armée. Il est aussi contresigné par le colonel Henri Rol-Tanguy, chef régional des FTP-FFI (Francs-tireurs et partisans des Forces Françaises de l'Intérieur).

    Une heure plus tard, le général Charles de Gaulle lui-même arrive à la gare et se voit remettre par Leclerc l'acte de capitulation.

     

    Il se rend ensuite à l'Hôtel de Ville où il est reçu par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance. Comme celui-ci lui demande de proclamer le rétablissement de la République, de Gaulle rétorque qu'elle n'a jamais cessé d'exister.

    Sur le perron, devant une foule enthousiaste et joyeuse, sous un beau soleil estival, il célèbre en des termes flamboyants la Libération de Paris : « Paris martyrisé ! mais Paris libéré !... ». Son discours improvisé est aussitôt retransmis à la radio.

    Le soir, de Gaulle s'installe au ministère de la Guerre en qualité de chef du gouvernement provisoire de la République française et le lendemain, le chef de la France libre descend en triomphe les Champs-Élysées, suivi de Leclerc et de ses fidèles de la première heure auxquels il a recommandé de se tenir derrière lui.

    Dans une joyeuse pagaille, acclamé par deux millions de Parisiens, il arrive à la Concorde. Là éclatent des coups de feu sporadiques. Puis le général gagne Notre-Dame pour un Te Deum passionné.

    En savoir plus

     

     

     

    Une foule immense est rassemblée pour acclamer le Général de Gaulle place de la Concorde, le 26 août 1944, au lendemain de la Libération de Paris.

    afp.com

    - Fusillé le 19 août 1944, décédé en 2005

    Samedi 19 août au matin. L'insurrection commence. La préfecture de police est prise par des policiers en grève depuis quatre jours. Le gardien de la paix Armand Bacquer, 24 ans, est arrêté par les Allemands dans le VIIe arrondissement. Vers 23h00, il est fusillé, avec un autre policier, Maurice Guinoizeaux, 37 ans, au bord de la Seine, près de la Concorde.

    Guinoizeaux est tué sur le coup. Touché de plusieurs balles, Bacquer, laissé pour mort, est secouru le lendemain. Opéré à Necker, il survivra et reprendra son métier de policier. Il mourra dans son lit en 2005.

    Une plaque commémore cet épisode à l'endroit-même où il s'est déroulé.

    - "Tenez bon, nous arrivons"

    Jeudi 24 août. Les barricades se multiplient. Les combats s'intensifient entre résistants, à l'armement disparate, et les soldats allemands munis d'armes lourdes. Les premiers chars de la 2ème DB sont à une dizaine de km des portes sud de la capitale. Des émissaires de la Résistance font savoir au général Leclerc qu'ils ont besoin d'aide.

    Vers 17h00, un avion Piper Club de l'escadrille d'observation de la 2ème DB survole Notre Dame et la préfecture de police. Aux commandes, le capitaine Jean Callet, qui pique sur les bâtiments. Le lieutenant Etienne Mantoux largue un petit objet lesté de plomb et muni d'une traîne qui tombe tout près de la préfecture. "Le général Leclerc vous fait dire : +Tenez bon, nous arrivons+", porte simplement le message manuscrit.

    - Les Espagnols de la 2ème DB les premiers à Paris

    Jeudi 24 août vers 20h00. Le général Leclerc donne l'ordre au capitaine Raymond Dronne de pénétrer dans Paris. Les premiers véhicules blindés de la 2ème DB gagnent une heure et demie plus tard l'Hôtel de ville. Des noms de villes espagnoles sont inscrits sur des blindés qui emportent des Républicains espagnols de la 9ème compagnie du Régiment de marche du Tchad, commandée par Dronne.

    Un livre écrit par Evelyn Mesquida, "La Nueve 24 août 1944", vient de paraître aux éditions du Cherche-Midi. Il raconte, à travers des témoignages, l'histoire de ces Espagnols antifranquistes qui s'engagèrent dans la 2ème DB.

    - La dernière partie de billard de Dietrich von Choltitz

    Vendredi 25 août au matin. Le général Leclerc arrive à Paris par la porte d'Orléans et la 2ème DB se déploie dans l'ouest de la capitale. Les Allemands se rendent massivement. Dans l'après-midi, la 4ème division américaine occupe l'est parisien à partir de la porte d'Italie.

    Le colonel Pierre Billotte installe le PC de son groupement dans la salle de billard des appartements du préfet de police Charles Luizet. Cet homme de confiance du général de Gaulle, qui fut l'un des tout premiers à se rallier au chef de la France Libre dans la soirée de l'appel du 18 juin 1940, tient la préfecture de police depuis une semaine.

    A l'hôtel Meurice, où il a installé son état-major, le général Dietrich von Choltitz, commandant du "Gross-Paris" depuis le 4 août, est fait prisonnier en début d'après-midi. A la préfecture de police, le général Leclerc attend impatiemment la capitulation allemande.

    "Allez me le chercher!", demande Leclerc. Billotte amène von Choltitz à la préfecture. A 17h00, le général allemand signe l'acte de reddition sur une petite table.

    Par

    Les vidéos d'appui

     

     

     

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    Charles de Gaulle - Libération de Paris - 25 Août 1944

    Discours intégral du célèbre "Paris brisé, Paris outragé mais Paris libéré!" sur la place de l’Hôtel de ville le 25 août 1944 par De Gaulle

     

      

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    ..25 août 1944 Paris était libéré par l'armée du général Leclerc et les forces françaises de l'intérieur,les alliés nous ayant laissés ...

     

      

    Libération de Paris août 1944

    Images de la Libération, de Gaulle à l'Hôtel de Ville de Paris

     

      

    Libération de Paris (2/5) : 26 aout 1944, le général ...

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    Histoire de la France Résistance Française 3 - La Libération de Paris

     

      

    Liberation de Paris en couleur

    Vrais images couleurs de la libération de Paris filmés par le reporter de guerre Jack Lieb. Images commercialisées par l'atelier des Archives www ...

     

      

    La Libération de Paris

    de fondationdegaulle | 7 vidéo(s)

     

    La Guerre 1939-1945 à la radio

    de ArchivesRadio | 46 vidéo(s)

     

     

     

     

     

     

     

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    Pelenop : Les femmes dans les lebensborn

      

      

    Heinrich Himmler, le 12 décembre 1935, a crée les "Lebensborn" (fontaine de vie). Ces lieux étaient dirigés par la SS et patronés par l’Etat allemand.

    Sous le Troisième Reich, les femmes étaient fortement incitées à devenir mère au foyer, faire le plus d’enfants. Mais les modes de garde se faisaient rares, alors on dirigeait ces jeunes mères dans les lebensborn, présentés comme des crèches.

    Les haltes garderies se sont vite transformées en maternité pour les filles-mères voulant cacher la grossesse à leur famille. Dès la naissance, l’enfant était arraché à la mère qui était vite expulsée de la maternité. Les enfants considérés comme "sains" étaient éduqués par les SS, préparer de futurs soldats. Les autres enfants étaient envoyés dans les camps de concentration.

     

    Les SS devaient donner 4 enfants à la "Nation allemande", en et ou hors mariage. Leurs enfants et leurs femmes (pour l’accouchement) étaient accueillis dans les Lebensborn.

    Mais il y a eu,par la suite, des femmes allemandes enfermées et violées par les SS, pour engendrer un maximum d’enfants de "race pure".

    L’Allemagne nazie a crée les Lebensborn.

    Le but de ces lieux était de produire en masse des enfants élevés pour former de nouveaux SS (pour les garçons) et de futures génitrices (pour les filles).
    En 1936, à leur création, 30 lits étaient destinés aux femmes et 55 lits pour les enfants.
    En 4 ans, les conditions d’accueil ont doublé.

     

     

     

      

    Ces lieux de "fabrication de vie" apparaissent dans toute l’Allemagne (10), en Pologne (1), en Autriche (2), en Norvège (10), aux Pays Bas (1), au Luxembourg (1), en Belgique (1) et en France (1).
     

    Les pères étaient des SS. Les femmes étaient sélectionnées selon le type aryen: blondes aux yeux bleus, et surtout pouvant assumer des grossesses multiples.

    Les femmes étaient considérées comme des matières premières.

      

    Les "femelles reproductrices" ne devaient jouer aucun autre rôle que celui d’engendrer. Une fois le produit fourni, leur renvoi des Lebensborn était systématique, jusqu’à leur prochain passage.
     

    D’autre femmes prenaient le relais, c’étaient les infirmières nazies. Ces nurses se contentaient de nourrir, changer, aérer les bébés. Aucun acte de tendresse ne leur était prodigué, les bébés devaient être élevés pour être de bonne machine de guerre.

     

     

     

      

    8 000 progénitures sont procréées, mais ce n’est pas encore assez. Des femmes, dont le physique ressemble au type aryen, sont enlevées et enfermées dans les Lebensborn. On exploite alors ces prisonnières pour assurer le rendement : 20 000 autres enfants verront le jour.

    Les Lebensborn sont des industries lourdes. Maîtriser le principe de vie en utilisant les femmes comme des machines à procréer.

    Dominer, s’approprier la vie et la mort, est le principe du patriarcat.

    L’ Allemagne nazie était aussi patriarcale.

    Filed under: Histoire & analyses

     

     

     

    http://actionantifasciste.fr/2010/04/pelenop-les-femmes-dans-les-lebensborn/

     

     

     http://actionantifasciste.fr/2010/04/pelenop-les-femmes-dans-les-lebensborn/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits - Boris Thiolay    


    Cet ouvrage dévoile l'histoire de ces enfants français nés dans une maternité SS afin de répondre au projet mis en place    par les nazis : créer une race supérieure censée constituer l'élite du IIIème Reich durant 1.000 ans.

    L'auteur montre le parcours de certains de ces enfants, qui pouvaient être abandonnés dans les maternités et adoptés par    des familles modèles, à la recherche d'un parent.

    Résumé

    Erwin, Gisèle, Walter, Christiane ont aujourd'hui près de 70 ans.

    Ces Français, marqués à jamais par le sceau de leur étrange origine, sont nés dans une maternité SS.

    Leur secret renvoie à l'un des projets nazis les plus terrifiants entrepris entre 1935 et 1945 : créer une "race    supérieure", future élite du IIIème Reich.

    Ce livre raconte la création de nurseries spéciales, les Lebensborn, par la SS.

    Les 2 parents étaient sélectionnés selon leur "pureté raciale aryenne" : grands, blonds, les yeux bleus.

    Les nourrissons y étaient abandonnés, puis adoptés par des familles modèles.

    Leur véritable identité était alors falsifiée.

    Ces enfants devenus adultes dévoilent pour la première fois leur histoire, depuis leur naissance dans un établissement du    Lebensborn jusqu'à la maison mère de l'organisation, ainsi que leur quête vertigineuse pour retrouver, des décennies plus tard, la trace de leurs parents.

    Une enquête inédite qui met au jour une part sombre de l'histoire de France.

     


    Lien 1001 Libraires : link

    Lien Editions Flammarion : link

     

     

     


    Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits

    Boris Thiolay

    Editions Flammarion : 21 €

     

     


      

    Lebensborn de Lamorlaye - France

     

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    Qu'on ne s'y méprenne pas :

    les Lebensborn sont traités dans la catégorie "Petites Histoires & Anecdotes" non pas dans le sens que c'est une partie de l'Histoire insignifiante, mais au contraire, dans le sens que c'est une partie de l'Histoire trop peu traitée, alors qu'elle reflète d'une manière horrible les monstruosités nazies.

      

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

    En juin 1936, la première maternité du Lebensborn ouvre à Steinhöring, un village de Bavière. Jusqu'en 1945, une vingtaine de nurseries fonctionnèrent en Allemagne puis dans certains pays occupés, notamment en Norvège, berceau supposé de la "race germanique nordique". Près de 20 000 SS-Kinder (enfants SS) sont ainsi nés dans ces établissements. Leur naissance était inscrite dans un registre secret et leur véritable identité était effacée.

    Crédit photo : Boris Thiolay/L'Express

      

      

    L'arrivée au pouvoir du parti nazi en 1933 entraîne dans le pays la mise en place des 3K pour les femmes allemandes :

     

    Küche, Kinder, Kirche (Cuisine, enfants, église).

     

    La femme est donc tout, sauf émancipée.

     

     

    Himmler, le Reichsführer SS, affiche dès 1935 un but clair :

     

    la femme allemande doit procréer pour créer une élite, l'élite aryenne, et va pour cela créer des institutions spécialisées : les Lebensborn.

     

    Ce sont au final des haras nationaux, des centres où les femmes jugées "dignes, nobles", reçoivent, en théorie de manière volontaire, la semence des SS les plus performants.

     

     

     

    Dans les premiers temps, ces centres servaient surtout de centre d'accueil pour les filles-mères, pour les femmes déjà enceintes et qui correspondaient "aux critères". Ces centres suivaient les femmes dans leur grossesse.

     

    Ils devinrent ensuite des "lieux de rencontre", où les femmes jugées dignes de la "race aryenne" rencontraient des soldats SS pour procréer. Ces Lebensborn constituèrent même des laboratoires pour des essais de procréation artificielle.

     

     

     Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

     

    Les statuts du Lebensborn, signés de la main d'Heinrich Himmler. En décembre 1935, le chef suprême de la SS, fonde cette institution destinée à créer une "race supérieure". Ce projet monstrueux visait à donner le jour à des enfants "parfaits", blonds, aux yeux bleus, qui étaient appelés à régner sur un IIIe Reich censé durer 1000 ans.

    Après avoir subi une "sélection raciale", des femmes enceintes d'un SS ou d'un soldat allemand, venaient accoucher dans des maternités spécialisées, dans un anonymat absolu. Les enfants pouvaient y être abandonnés puis adoptés par une "famille modèle".

     

    Crédit photo : ITS 

     

      

      

    Lorsque le bébé arrive, les infirmières de ces centres jouent un rôle horrible : si le bébé est anormal, malade mental, ou qu'il présente une quelconque malformation, il est immédiatement étouffé, et on annonce à la mère qu'il est mort-né.

     

    A l'inverse, si le bébé est jugé digne pour constituer l'élite aryenne, il est "conservé" : on va alors l'arracher à ses parents, les empêchant de le voir.

     

    Cet enfant "de l'Etat" va alors être choyé, nourrit, et élevé comme un véritable petit soldat du Reich. On lui inculque les valeurs nazies dès le plus jeune âge.

     

     

    On va même jusqu'à lui raconter des obscénités sur ses parents, pour qu'il considère que son seul père, c'est Hitler, et sa seule mère, l'Allemagne.

     

     

    Mais les Lebensborn vont encore plus loin : lorsque la future mère qui s'y présente est une prostituée, ou que le procréateur est alcoolique par exemple, ou retardé mentalement, ces personnes vont être stérilisées.

     

    Criminels, anormaux, associaux... tout ceux qui ne sont pas de " l'élite du mythe Nordique" sont écartés : on fait une véritable épuration biologique, en les rendant stérile de manière à ce qu'ils ne se reproduisent plus.

      

      

    On peut estimer à 12 000 les bébés nés dans ce genre de centre en Allemagne. Pourquoi pas plus? Beaucoup jugeaient ces centres comme des "bordels SS", ou des lieux immoraux.

     

     

      Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

    En Belgique, dès mars 1943, le château de Wégimont, près de Liège, accueille une maternité du Lebensborn: le foyer "Ardennes". Entre 40 et 50 enfants, nés d'un père SS belge ou allemand, y ont vu le jour. Comme tous les établissements de ce genre, le lieu est sévèrement gardé. Le 1er septembre 1944, à l'approche de la 3e division blindée américaine, les SS évacuent les lieux et emmènent tous les enfants.

    Ces derniers sont tout d'abord dirigés vers Wiesbaden, en Allemagne.  

      

      

    Cependant, le nombre d'enfants qu'ils prendront en charge au total est beaucoup plus grand. Les Lebensborn accueillent en effet des enfants kidnappés, arrachés à leur vrais parents au fil de la conquête allemande.

     

    Les plus belles filles y sont envoyées pour former "de bonnes procréatrices". Les garçons les plus robustes y sont envoyés pour former "de bons soldats SS".

     

    En 1942 par exemple, après l'assassinat d'un haut commandant SS à Prague, les SS massacrèrent toute la population d'un village nommé Lidice. 91 enfants du village furent considérés comme "germanisables", et envoyés dans des Lebensborn.

     

    Les autres? Ils furent envoyés dans des camps de concentration.

     

    On estime à presque 250 000 les "orphelins" qui furent ainsi recueillis pour être "germanisé". Cependant, on estime à plus de deux millions les enfants littéralement enlevés de force à leur famille.

    Là encore, ces enfants "à germaniser" connaissent le même parcours que les enfants directement nés dans les centres : on les élève avec une application stricte des principes nazis, on fait en sorte qu'ils rejettent leur famille d'origine, puis on les place dans des familles loyales au Parti.

     

     

     

    Maternité de Lamorlaye

      

      

    Au cours de ce processus, les enfants qui montrent des signes "d'anormalité", de rejet des principes nazis, ou qui continuent à aimer leur ancienne famille sont déportés dans les camps de concentration sans plus attendre.

      

      

    Ces centres se sont développés un peu partout : d'abord en Allemagne, puis dans les pays conquis. Un fut notamment inauguré en France, à Lamorlaye, près de Chantilly (dans l'Oise, 60), le 6 février 1944.

     

     

     

     

     

    Plusieurs furent faits en Norvège : les norvégiennes étaient en effet considérées comme de bonnes procréatrices, de pure race selon le mythe nordique, et entre 9 000 et 12 000 enfants seraient nés de norvégiennes et de SS dans les centres situés dans ce pays, soit autant que le nombre d'enfants nés en Allemagne.

     

     

    Les chiffres restent confus, car ce n'est qu'en 1971 qu'un journaliste, Marc Hillel, et sa compagne, retrouvent les principaux témoins de ces centres, pour en apprendre plus : Max Sollmann, administrateurs SS de ces centres, et Gregor Ebner, le médecin-chef SS des Lebensborn.

     

     

     

    Ils continuaient de vivre une vie tranquille. Ils ont refusé de parler au journaliste, mais lorsque sa compagne s'est présentée à eux en se faisant passer pour une enfant des Lebensborn, ils lui ont ouvert grand la porte...

     

    A leurs yeux, cette femme qu'ils croyaient issue de ces centres, faisait encore partie de la

    "grande famille SS"... La guerre était pourtant finie depuis 26 ans...

      

      

    Cette partie de l'Histoire a souvent été occultée.

      

    Pourtant, les pauvres enfants issus de ces centres ont entre 66 et 75 ans aujourd'hui.

      

    Ils n'ont jamais eu de reconnaissance : d'abord les centres leur ont appris à rejeter leur famille d'origine, puis ils sont passés de famille d'accueil en centre de redressement...

     

    Après la guerre, on n'a retrouvé que seulement un dixième de ces enfants envoyés dans les Lebensborn, pour les renvoyer chez eux. Les autres ont en général soit grandi dans leur famille allemande d'adoption, peut-être même sans jamais avoir eu vent de leur triste enfance, soit ils ont refusé de rentrer chez eux, complètement enrôlés par les idées nazies, même après la guerre.

     

    Enfin, la plupart d'entre eux ont également été déportés ou exterminés pendant la guerre, voir après, lors des épurations de la Libération.

     

    En Norvège notamment, un procès a été ouvert par certains de ces enfants, qu'on appellait "orphelins de la honte", contre l'Etat, espérant obtenir des dommages-intérêts pour "traitements inhumains".

      

      

    Pour plus d'informations sur les Lebensborn, il vous est possible de consulter l'article wikipédia, ou bien

     

    http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps/General/LebensbornFr.html

     

     

    Je vous invite également à consulter l'ouvrage de Claude Quétel :

     

    Les femmes durant la Seconde Guerre Mondiale.

     

     

     

    anecdotes/les-lebensborn.html

     

     

     

     

     

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    Je suis un enfant du Lebensborn

    par Adele Meredith

     

      

      

    Mon nom est Adele Meredith.

      

      

    J'aimerais vous raconter l'histoire de ma vie.

      

    Je suis née en 1946 à Reutlingen, en Allemagne. Ma mère s'appelait Lucy Bozic.

      

    J'avais une grave maladie qui affectait mes deux jambes et n'ai pas pu marcher pendant les deux premières années de ma vie.

      

    Lorsqu'en 1948 Lucy Bozic essaya d'embarquer sur un navire (le "Nellie" ou "Nelly") à destination de l'Australie, elle fut arrêtée au contrôle frontalier et on lui expliqua qu'elle ne pouvait partir sans son enfant.

      

    Lucy fut obligée d'attendre que mes jambes guérissent.

      

    Lorsque Lucy arriva en Australie, je fut immédiatement abandonnée et placée dans l'orphelinat Sainte Thérèse à Essendon. En 1984 la police fédérale australienne me retrouva et me fit savoir que Lucy Bozic me demandait. Elle n'avait plus que 3 semaines à vivre. Elle avait un cancer du colon.

      

    C'est sur son lit de mort que Lucy me raconta l'histoire de sa vie et la place que j'y avais. J'étais en train de faire sa toilette parce qu'elle était trop faible pour le faire elle-même lorsque j'ai remarqué une croix gammée avec le numéro LB 0096 tatoué sur son bras gauche.

      

    C'est à ce moment que Lucy m'expliqua qu'elle avait été esclave dans un Lebensborn.

      

    Elle travaillait dans l'usine d'armement de Reutlingen où on produisait des roquettes et des obus pour l'armée allemande.

      

    Lorsque les SS avaient envie de prendre "du bon temps", ils la choisissaient parce qu'elle était très belle - et même sur son lit de mort, elle était restée très belle. Ma mère m'a dit que j'avais eu beaucoup de chance de ne pas être née en 1945.

      

    Lorsque je lui ai demandé pourquoi, elle me répondit qu' Hitler ne voulait que des garçons, et que les SS m'auraient tuée et aurait brûlé mon cadavre.

    Ma pauvre mère a vécu toute sa vie dans la peur. Moi, je me suis sentie coupable toute mon existence parce que j'avais été placée dans des maisons de redressement, et qu'il n'y a pas de plus grande douleur pour un enfant que de se sentir rejeté.

      

    Je ne comprenais pas pourquoi j'avait été placée en institution de redressement alors que je n'avais rien fait de mal. Mais je me bat à présent, et ce depuis 1984. Ma mère est décédée le 2 février 1985.

      

    J'avais pu passer 4 semaines avec elle, cette si belle femme qui n'avait pas mérité de vivre ce qu'elle avait vécu.

      

    La Croix Rouge s'occupe de mon cas et j'essaie de connaître le nom de mes grand-parents. Je veus savoir si ma mère a des frères survivants et si j'ai des cousins, ou des neveux ou nièces.

      

    Le crime de ma mère, c'est qu'elle était tziganne de Hongrie. La seule chose que je sais, c'est qie son père (mon grand-père) était yougoslave et qu'elle avait 6 frères. Lucy était la seule fille.

    Je doit probablement avoir de très nombreux frères et soeur, dont beaucoup enfantés par ma mère. Dieu seul sait combien de femmes ont été mises enceintes à cette époque. Ma mère ne m'a jamais dit le nom de ma grand-mère, et j'ai pu me rendre compte que parler de tout cela lui était terriblement douloureux.

      

    Depuis que j'ai découvert les circonstances de ma naissance, j'ai l'étrange impression que Dieu ne voulait pas que je naisse, mais que les lois démoniaques d'un homme appelé Heinrich Himmler ont fait que je suis à présent sur terre, que je suis une propriété de l'Allemagne nazie parce que j'y ai été conçue, que j'y suis née.

      

    Lorsque la guerre fut terminée, ils ont pris toutes les mesures pour que ma mère me prenne avec elle, parce que mon existence les gênait. Mais je me bat, et me battrai encore. L'Allemagne me doit un dédomagement, ou des excuses. Je veus savoir qu'elle était ma famille, et où mes grads-parents ont été enterrés.

    Je sais que la justice prévaudra pour toutes les victimes encore vivantes, et que les enfants de ceux-ci continueront à se battre avit que ceux qui sont morts durant l'Holocauste ne soient pas mort en vain.

      

    Merci d'avoir lu mon témoignage.

     

     

     

     

    http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps/Witnesses/AdeleFr.html

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les "Lebensborn"

    Photo prise par un soldat allemand: une mère tente de retenir l'enfant qu'on lui enlève de force.

     

    C'est dans le cadre d'une politique de promotion des naissances exacerbée que les "Lebensborn" ("Source de vie") ont vu le jour à l'initiative de Heinrich Himmler le 12 décembre 1935.

      

    Le but de cette société ("Société enregistrée Lebensborn - Lebensborn Eingetragener Verein") était de donner aux filles mères "racialement valables" la possibilité d'accoucher, en cachette de leurs parents, et d'abandonner, si elles le désiraient, leur enfant à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.

    Bien qu'au départ il s'agissait de foyers et de crèches, la SS transforma rapidement ces centres en lieu de rencontre afin de permettre à des femmes allemandes racialement pures de concevoir des enfants avec des officiers SS.

      

    Le but ultime de ces "haras" humains était la création et le développement d'une "super-race" parfaitement pure. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS et il est à noter que nombre d'entre eux furent victimes de ce projet: élevés sans aucun contact avec la mère, privé de tout amour parental, une grand partie d'entre eux devinrent autistes ou débiles.

    A partir de 1939, l'un des aspect les plus monstrueux de ce projet fut le kidnapping systématique des enfants "racialement valables" dans les pays occupés, principalement à l'est. De véritables opérations d'enlèvement furent organisées par la SS pour arracher de force à leur familles les enfants répondant aux critères raciaux nazis (blonds, yeux bleus, etc...).

      

    Des milliers d'enfants furent transférés dans les centres "Lebensborn" situés en Allemagne afin d'y être germanisés. Dans ces centres, tout était mis en oeuvre pour que ces enfants rejettent leur parents naturels. En particulier, les infirmières SS leur faisaient croire qu'ils avaient été délibérément abandonnés.

      

    Ceux qui, malgré les pressions et les mauvais traitements, résistaient à la germanisation étaient transférés dans des camps, en particulier celui de Kalish, ou la grande majorité d'entre eux fut exterminées. Les autres étaient destinés à l'adoption par des familles SS.

    En 1942, en représaille à l'assassinat du gouverneur SS Heydrich à Prague, les SS massacrèrent toute la population du village de Lidice. Les troupes SS procédèrent à une sélection parmi les enfants du village. 91 enfants furent considérés comme "germanisables" et envoyés en Allemagne. Les autres disparurent dans l'enfer des camps (par exemple Dzierzazna & Litzmannstadt, camps pour enfants en Pologne).

    Il est extrêmement difficile de connaître le nombre d'enfants ainsi kidnappés par les nazis dans les pays occupés. En 1946, on estimait ce nombre à plus de 250.000 enfants enlevés et envoyés de force en Allemagne. A peine un dixième d'entre eux fut retrouvé et rapatriés. Le sort des autres est inconnu.

      

    On sait que de nombreuses familles allemande refusèrent de rendre les enfants adoptés par l'intermédiaire des Lebensborn. Dans d'autres cas, ce sont les enfants eux-mêmes qui refusèrent de revenir, victimes de la propagande à laquelle ils avaient été soumis. Enfin, des milliers d'enfants furent exterminés parce que non germanisables.

    Pour plus de détails sur les Lebensborn, nous recommandons un excellent ouvrage paru dans les "Livres de Poche", n° 4910: "Au nom de la race" par Marc Hillel.

     

    sources

    http://www.jewishgen.org/forgottenCamps/General/LebensbornFr.html

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les camps de concentration et d'extermination.

     

    Il ne faut par confondre un camp de concentration avec un camp d’extermination.

    Un camp de concentration s’agissait d’une installation de détention où l’on enfermait, généralement sur simple décision de la police où de l’armée, des gens qui fut considérés comme gênants pour le pouvoir. La plupart des camps de concentration étaient aussi des camps de travail forcé.

    Un camp d’extermination s’agissait d’une installation dont le but était de tuer industriellement, sans aucune espèce de jugement, les gens qui y furent amenés.

    Une petite partie des déportés fut conservée provisoirement pour effectuer les tâches de fonctionnement du camp, en particulier celle de destruction des corps des déportés assassinés.

    Entrée principale d'Auschwitz-Birkenau.

     

    Les camps d’extermination

    Les camps d'extermination nazis furent construits dans l'unique but de perpétrer des meurtres de masse. Ils étaient presque uniquement des "usines de mort". Plus de trois millions de Juifs furent exterminés dans les camps d'extermination, soit gazés, soit abattus. Les enfants furent les premières victimes. On estime à plus d’un million le nombre d’enfants juifs exterminés en Allemagne et en Europe occupé. Un enfant n’avait aucune chance de survie. Seulement certains adolescents en bonne santé qui étaient capable de faire le travail d’un homme furent épargnés dans un premier temps des chambres à gaz. Les plus jeunes tels que les nourrissons et les jeunes enfants furent directement tués à leur arrivée dans les camps. Les nouveaux née furent gazés avec ou sous les yeux de leurs mères, ou jetés vivants dans les fours crématoire, enterrés vivants, empoisonnés, étranglés ou noyés.

    Le premier camp d'extermination fut celui de Chelmno, en Pologne qui ouvrit en décembre 1941. Là, des Juifs, mais aussi des Tsiganes, furent assassinés dans des camions à gaz mobiles. Les premières expériences de gazage ont eu lieu à Auschwitz au début de septembre 1941. En 1942, les nazis ouvrirent les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka pour assassiner systématiquement les Juifs de Pologne. En octobre 1943, plus d' 1,7 million de Juifs avaient été gazés (dans des chambres à gaz fonctionnant au monoxyde de carbone). A peu près en même temps les nazis construisirent le plus grand camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, où, au printemps 1943, fonctionnaient quatre chambres à gaz (qui utilisaient le gaz Zyklon B). On gaza jusqu'à 8 000 Juifs par jour à Auschwitz-Birkenau. Il y avait aussi Maïdanek en Pologne où furent tués 170 000 civils Juifs et Polonais et les soldats soviétiques.

    Les déportés femmes, hommes et enfants arrivaient dans les camps en train, entassés comme le bétail.

    « Nous étions cent cinquante, serrés à ne pouvoir bouger, dans la chaleur de cet été polonais qui ne finissait pas et dans la sueur de la peur. Un homme près de moi priait …….. Les hurlements allaient battre les parois. Parfois dans un creux le cri d’un enfant. Puis vint la soif : des hommes se battaient pour atteindre la lucarne grillagée ; des hommes étaient prêts à tuer pour une gorgée d’air. Puis vinrent les odeurs, les odeurs de la peur physique. L’urine et la merde. Puis des gens tombèrent et d’autres devinrent fous. » Martin Gray

    Une fois arrivés en gare, tout le monde devait descendre du train. Un haut parleur diffusait le message « Hommes à droite, femmes et enfants à gauche ». Par la suite on demanda à la file de gauche de se déshabiller pour être douchés. Une fois dépourvus de leur habilles et objets de valeur ils furent tendus pour récupérer leur cheveux et ensuite envoyés dans les chambres à gaz.

    Un petit nombre des hommes et adolescents étaient choisis pour constituer des équipes de travail spéciales connues sous le nom de « Sonderkommandos ». Il y avait les kommandos qui accueillaient les passagers de train, qui triaient les vêtements, qui camouflaient les barbelés, qui coupaient du bois, et qui nettoyaient la voierie. Il y avait ensuite le plus inhumaine des travaux, les « Todenjuden » qui devaient transporter les corps des chambres à gaz pour les vider dans les fosses.

    « Les corps étaient nus, enchevêtrés comme des lianes, les corps étaient jaunes et du sang avait coulé de leur nez sur leur visage. Et c'étaient ma mère, mes frères, Rivka, mon peuple. Nous avons imité les autres, saisis à pleines mains les corps, couru. Nous nous sommes arrêtés devant les prisonniers qui munis de tenailles exploraient la bouche des cadavres et arrachaient les dents en or, et nous avons couru jusqu'à la fosse creusée dans le sable jaune. [...]Et nous avons jeté notre premier corps. Puis d'autres, toujours courant, chargeant parfois trois corps d'enfants au travers du brancard. [...] Et j'ai jeté cent fois ma mère, mes frères, Rivka, mon peuple, au fond de la fosse et plus loin, à quelques dizaines de mètres, l'excavatrice creusait avec son ronflement de bête. [...] J'étais devenu l'un des Totenjuden, un juif de la mort. [...]Ici était le fond. Le fond de la vie, le fond de l'homme. Car les bourreaux avaient visages d'hommes, ils étaient semblables à ces corps que je jetais, ils étaient pareils à moi. Et ils avaient inventé cette fabrique à tuer, ces chambres à gaz, ces nouvelles chambres si bien conçues, avec leurs pommeaux de douche par où s'échappait le gaz, ces parois carrelées de blanc, ces petites portes d'entrée puis leur sol en pente qui descendait vers la grande porte que nous ouvrions et contre laquelle s'étaient enchevêtrés les corps. »

    « Parmi les corps chauds nous avons trouvé des enfants encore vivants. Seulement des enfants, contre le corps de leurs mères. Et nous les avons étranglés de nos mains, avant de les jeter dans la fosse »

    Martin Gray Au nom de tous les miens

     

    Les camps de concentration

    La plupart des enfants déportés furent directement transportés dans les camps d’extermination. Les plus robustes d’une quinzaine d’années furent souvent envoyés dans des camps de concentration ou des camps de travail. Ils étaient traités comme des adultes et ils devaient travailler comme eux avec les mêmes sanctions. Leurs conditions de vie étaient affreuses. Ils sont souvent morts par la suite du manque de nourriture et des conditions d’hygiène épouvantables. Ils dormaient dans des lits faits de bois et de paille. Ils étaient 3 dans un lit de 90 cm de largeur et de 2m de longueur. Les bagarres pour avoir une place étaient quotidiennes.

    Il existait des camps de concentration partout en Allemagne et en Europe occupé mais les deux camps où il y avait des centaines d’enfants prisonniers, étaient Ravensbrück en Allemagne et Lodz en Pologne. Les enfants furent condamnés à mort avant leur naissance. Les femmes enceintes furent avortées de force (jusqu’à huit mois de grossesse), souvent dans des conditions bestiales et les nouveau-nés étaient arrachés des bras de leur mère et noyés. La plupart du temps la mère était présente. Par la suite, les mères et les enfants, juifs et non-juifs, furent provisoirement épargnés mais les conditions sanitaires épouvantables provoquaient la disparition rapide des nourrissons. A Ravensbrück, malgré les efforts des mères affectées à la « Kinderzimmer » (la chambre de l’enfant), seuls quelques nourrissons sur les 850 nés dans le camp furent encore en vie à la libération.

    Les jeunes enfants furent souvent utilisés, en particulier les jumeaux, comme cobaye dans des expériences médicales. A Ravensbrück, 120 petites Tsiganes, quelquefois à peine âgées de 8 ans, ont été stérilisées par exposition directe de leurs organes génitaux aux rayons X et décédaient souvent par la suite d’une péritonite, de vomissements, de douleurs abdominales ou encore de brûlures.

    A Auschwitz-Birkenau, de mai 1943 à janvier 1945, le docteur Mengele dirigea des études physiologiques sur des jeunes Tsiganes atteints d’une maladie rare et il procéda à des études comparatives sur des enfants jumeaux. La plupart de ses enfants furent assassinés afin de pouvoir pratiquer des autopsies.

    « Je me rappelle la petite Dagmar. Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère autrichienne et j’avais aidé à la mettre au monde. Elle est morte après que Mengele (médecin SS) lui eut fait des injections dans les yeux pour essayer d’en changer la couleur. La petite Dagmar devait avoir des yeux bleus !... » Témoignage d’Ella Lingens, infirmière polonaise déportée à Auschwitz.

    Quant aux enfants plus âgés à Ravensbrück, leur sort fut inhumain. Ils avaient le même régime que les adultes : ils étaient dépouillés, rasés et fouillés et devaient porter un uniforme rayé. Ses uniformes étaient bien trop grands et ils ne les changeaient jamais. Les SS s’en prenaient souvent au plus jeunes détenus, leur reprochant leur manque d’efficacité dans le travail. Les enfants et adolescents furent fréquemment frappés et ils devaient faire les tâches ingrates comme le curage des latrines. En échange de nourriture ils furent également contraints de devenir les partenaires sexuels de « Kapos » (les prisonniers chargés d’encadrer les autres détenus).

    Ils devaient être présents aux appels à 3h30 du matin. Après avoir bu une tasse de café ils sortaient dans le froid des fois à -33° C. Il fallait rester debout immobile pendant parfois plus de 3 ou 4 heures dans la neige ou sous la pluie et leurs vêtements restés mouillés pendant des jours. Ils travaillaient dans les ateliers. Epuisés en fin de journée ils retournaient à leurs paillasses, trop affaiblis pour se livrer à la moindre activité. Bien évidement il y avait quasiment rien à manger : un bout de pain très fin, une légère soupe de topinambours ou rutabagas avec 5 morceaux de sucre. Plus de132, 000 femmes et enfants et 1000 adolescents provenant de 40 nations différentes furent incarcérés à Ravensbrück. 92,000 furent assassinés, moururent de faim, de maladies et d’épuisement ou furent victimes des expérimentations médicales.

    Les enfants trouvaient de temps en temps les gestes de bienveillance des détenus plus âges : parfois un peu de nourriture, une parole encourageante. Toutefois la survie des enfants et adolescents dépendait de leurs aptitudes individuelles. Ceux plus âgés ont connu le même taux de survie que les adultes, mais les enfants et les plus jeunes adolescents n’ont jamais connu le moment de la libération : ils sont tous morts avant.

    Michel Del Castillo « Tanguy »
     

    La lecture de l'ouvrage "Tanguy" de Michel Del Castillo, auteur espagnol, est très éclairante sur le vécu d'un enfant déporté.

    Pendant la deuxième guerre mondiale, il n'était encore qu'un jeune réfugié du régime franquiste lorsqu'il fut déporté vers le camp de Mathausen, suite à la dénonciation de son propre père, haut placé dans le régime de Vichy. Son passage auparavant dans un camp de réfugiés, seul sans sa mère (hospitalisée) dans des conditions de vie épouvantables le confronte à une réalité bien différente de l'image qu'il avait de la France, patrie des droits de l'Homme. En lisant son témoignage, nous avons ressenti un sentiment de profonde injustice envers Tanguy, héros du récit. Le caractère éphémère de ses rencontres amicales nous a beaucoup touchés car il s'ajoute à l'absence affective de ses parents, à un âge où on a besoin d'être entouré. Tanguy a enduré des souffrances à la fois physiques, psychologiques et affectives...
    Trop dur et trop injuste à son âge !

     

    sources

     http://resistance2009.free.fr/camp.html

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Des femmes dans la France combattante pendant la Deuxième Guerre mondiale :

    Le Corps des Volontaires Françaises

    et le Groupe Rochambeau

    Elodie Jauneau*

     

     

     

    Cet article aborde la question de l’engagement des femmes dans l’Armée française pendant la Deuxième Guerre Mondiale grâce aux traces écrites qu’elles ont laissés. Dès 1940, plusieurs centaines de femmes rejoignent les rangs des FFL à Londres, mais aussi en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie).

      

    Elles s’engagent dans les trois corps d’Armée et sont présentes dans la plupart des services. Souvent dénigrées par les hommes, sous-estimées aussi, ces femmes accomplissent pourtant des tâches essentielles entre 1940 et 1945. Cet engagement moral, physique et souvent idéologique dans l’Armée de la Libération, devient pour la plupart d’entre elles un tournant définitif dans leur vie.

      

    Nombreuses sont celles qui ont éprouvé le besoin de raconter cette période si « particulière » de leur vie. La lecture des témoignages et des souvenirs permet de comprendre quand et comment s’est déroulé leur engagement. Car, contrairement aux idées reçues, elles n’étaient pas toutes dans les transmissions ou dans les services de santé. Elles n’étaient pas non plus « que » des AFAT (Auxiliaires féminines de l’Armée de Terre). Grâce à un panel d’autobiographies et de souvenirs de guerre, les points abordés ici seront donc ceux du contexte et des motivations de l’engagement, des postes occupés par ces femmes, ainsi que du regard que les libérateurs ont porté sur elles pendant mais surtout après la Libération.  

     

     

    De gauche à droite Margueritte, Antoinette, Lucienne, Madeleine, Paule, Lucie et Michette

      

      

    Dès 1940 à Londres, après la défaite française, la Résistance extérieure s’organise et les premières femmes répondent présentes à l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. L’armée de la Libération se met en place et compte très rapidement des femmes dans ses rangs.

      

    C’est une première dans l’histoire militaire française :

      

    Ces femmes signent un engagement militaire au même titre que les hommes et décident alors de servir leur pays, mission jusqu’alors réservée au sexe masculin. Cet engagement est le résultat de la loi dite « Paul-Boncour » du 11 juillet 1938 sur l’organisation de la nation en temps de guerre, qui envisage pour la première fois de faire appel à toute personne en âge de combattre, indépendamment de son sexe. Même si pendant la Première Guerre Mondiale, des femmes avaient déjà porté l’uniforme militaire, elles étaient en fait, le plus souvent, infirmières civiles.

     

      

      

      

    En 1939, elles sont six mille six cents à s’engager dans l’Armée Française, en vertu de la loi du 11 juillet 1938. Elles sont alors majoritairement ambulancières et/ou servent dans les Sections Sanitaires Automobiles (SSA). Une autre grande nouveauté est d’avoir confié le commandement de toutes ces sections à des femmes. En 1940, après la défaite française, les SSA sont dissoutes et immédiatement après l’appel du Général de Gaulle, les FFL s’organisent et doivent, contre toute attente, faire face à une mobilisation féminine sans précédent, qui répond à un engagement volontaire et non à un appel à mobilisation.

    •  Tous les ouvrages sur les FFL donnent ce chiffre, sans distinction hommes-femmes.

    Réfléchir sur les femmes engagées dans la France combattante revient donc à mettre en lumière des soldates à part entière puisque les FFL, bien que constituées dans un contexte exceptionnel, répondent à une organisation militaire traditionnelle, de même que l’ensemble des armées de Libération fondées hors de la métropole.

      

    Les FFL sont créées à Londres par le Général de Gaulle, reconnu chef des Français Libres par Churchill le 28 juin 1940. L’enrôlement dans les FFL s’effectue donc d’abord à Londres dès l’été 1940. Fin juillet, on compte environ sept mille hommes dans les FFL. Ce n’est qu’après les premiers combats contre l’ennemi que d’autres unités combattantes pour une France libre se mettent en place en Afrique ou dans les DOM-TOM.

    Même si la plupart des ouvrages traitant de la Résistance française accorde depuis quelques années une large place aux femmes, au chapitre des FFL et de la résistance extérieure, elles sont – à de rares exceptions près – absentes. Quant aux ouvrages exclusivement consacrés aux femmes dans la Résistance, c’est la Résistance intérieure (réseaux ou Forces Françaises de l’Intérieur par exemple) qui domine tandis que les FFL et la résistance extérieure ne sont jamais abordées.

    Il y a au sein de ces unités, des femmes venues de tous les horizons. Cet article s’intéresse particulièrement à deux groupes, exclusivement féminins : le Corps des Volontaires Françaises (CVF) et le Groupe Rochambeau. Le CVF répond à l’engagement des femmes à Londres dès 1940 et est intégré par décret le 16 décembre 1941 aux FFL. Quant au Groupe Rochambeau, il est créé en 1943 à New York et immédiatement rattaché, non sans quelques difficultés, à la 2e Division Blindée (2e DB).

    • Service Historique de l’Armée de Terre (SHAT), 7 P 73-1 : Note du Général d’Armée de Lattre de Tas (...)

    La quasi-totalité des travaux consacrés aux forces françaises de l’extérieur ne traite que des militaires masculins et porte sur l’ensemble des formations, divisions et opérations menées par l’ensemble de ces forces sans faire de distinction hommes-femmes.

      

    Les femmes étant, pour la plupart, reléguées aux tâches administratives, ne méritent donc apparemment pas qu’on les mentionne. Pourtant, même qualifiées de subalternes voire ingrates4 les tâches que les femmes effectuent sont indispensables au bon déroulement des opérations.

    Cet engagement vécu par certains comme une invasion du féminin, place donc les femmes en position de pionnières d’une féminisation « subie » de l’Armée Française. Cette féminisation de la première heure sera envisagée sous deux angles : l’engagement en tant que tel et les questions qu’il pose à une institution fondamentalement masculine.

     

    Jacquotte Fournier et Crapette Demay dans la région de Champigny-sur-Yonne en juin 1945

    L’engagement : Les Françaises à Londres

    •  Loi du 11 juillet 1938, op. cit.
    •  Madeleine PELLETIER, Une vie nouvelle, Paris, E. Figuière, 1932, 247 p.
    •  Ibid., p. 100.

    La loi du 11 juillet 1938 est un tournant historique pour l’intégration des femmes dans l’Armée Française car elle envisage une mobilisation de toute la population en cas de conflit « sans distinction d’âge ni de sexe ».

      

    Cette loi, en projet depuis 1927, s’inscrit à la fois dans le contexte de la marche à la guerre mais aussi dans celui de la lutte des femmes pour l’obtention du droit de vote et l’égalité totale avec les hommes. Et l’accès aux armes et au droit de servir comme un homme sont au cœur des revendications de nombreuses féministes.

      

    Ainsi, dès 1932, Madeleine Pelletier, s’inspirant du projet de loi de 1927, imagine dans son roman Une Vie nouvelle, des femmes engagées dans le service armé de la nation6. Dans le roman, ces femmes déjà électrices et éligibles, payent aussi, en toute logique, l’impôt du sang : « Un projet déjà ancien sur la mobilisation générale de tout le pays avait été adopté. […]

      

    Parmi les femmes, une élite vigoureuse était versée dans le service armé. Depuis longtemps les femmes jouissaient de leurs droits politiques et on avait décidé qu’elles devaient comme les hommes l’impôt du sang ».

    • Janine BOULANGER-HOCTIN, entretien réalisé en 2005.

    Après le 18 juin 1940, quelques femmes quittent la France pour Londres. D’autres, résidant déjà en Angleterre, s’organisent et rejoignent la capitale anglaise.

      

      

      

    Lucie Delplancke

      

      

    Certaines, comme Hélène Terré (future commandante des Françaises à Londres) appartiennent déjà aux SSA avant la défaite et décident de continuer à servir leur pays. Ces femmes sont donc d’abord originaires de France et d’Angleterre mais, à partir du débarquement allié du 8 novembre 1942, les engagements féminins s’étendent à l’Afrique du Nord, à Haïti, à la Nouvelle Calédonie, à l’Amérique du Nord et du Sud, et aux colonies au fil de leur libération par les Alliés et les FFL.

      

    A titre comparatif, l’armée britannique compte déjà dans ses rangs, en 1940, trente cinq mille femmes des Auxiliary Territorial Service (ATS) qui jouent d’ailleurs un rôle considérable et influent dans la création des premières unités féminines françaises. En effet, faute de moyens et d’organisation, l’instruction des Françaises Libres se fait alors à l’école des ATS, et les Françaises revêtent les uniformes des soldates britanniques en attendant que la France Libre puisse leur en fournir. Seuls les insignes permettent de distinguer les ATS des VF.

    •  Luc CAPDEVILA, « La mobilisation des femmes dans la France combattante (1940-1945) », CLIO, « Le g (...)
    •  Décret n° 74 du 16 décembre 1941 "portant organisation du Corps des volontaires françaises », Jour (...)

     Le 7 novembre 1940, à Londres, est fondée la première unité militaire du « Corps féminin des Volontaires Françaises » plus souvent appelé « Corps féminin des FFL », dirigé par l’ancienne championne de tennis Simone Mathieu puis par Hélène Terré. A l’origine composée de vingt-six femmes, cette formation répond au patriotisme de quelques femmes souhaitant œuvrer pour la libération de la France aux côtés de l’Angleterre. Désireux d’unir toutes les volontés autour de son combat, de Gaulle, bien que réticent, autorise la création de cette unité féminine des FFL et évite ainsi à ces volontaires d’être tentées de s’engager dans les ATS britanniques.

      

    Cette concrétisation s’obtient aux termes d’une lutte de pouvoir et d’intérêts avec Churchill, hostile à la création d’une deuxième armée féminine sur le territoire anglais. Ce n’est qu’à partir de 1940 que les appels à la Résistance française lancés depuis Londres commencent à considérer que les femmes, au même titre que les hommes, ont un rôle à jouer. Institutionnalisé le 16 décembre 1941, le Corps Féminin prend le nom de « Corps des Volontaires Françaises » (CVF) par un décret stipulant que ce corps est une « formation militaire auxiliaire féminine ».

      

      

      

    L’objectif du CVF est de remplacer tous les hommes aptes au combat par des femmes dans des emplois qu’elles peuvent exercer… sans « dénaturer » le sexe féminin.

      

    LA femme combattante n’existe pas encore… Si la loi Paul-Boncour a ouvert les portes de l’armée aux femmes, elle ne leur donne pas pour autant accès à la sphère du combat et au maniement des armes qui restent l’apanage des hommes.

    •  Jeanne BOHEC, La plastiqueuse à bicyclette, Paris, Editions du Sextant, 2004 (1ère éd. 1975), 285 (...)
    •  Section Française du SOE (Special Operation Executive). Le BCRA est dirigé par André Dewavrin, fut (...)
    •  Sonia VAGLIANO-ELOY, Les Demoiselles de Gaulle. 1939-1945, Paris, Plon, 1982, 262 p. et Tereska To (...)
    •  Eliane BRAULT, L’épopée des AFAT. Paris, Pierre Horay, 1954, 237 p.
    •  Sonia VAGLIANO-ELOY, Les Demoiselles… Op. cit.

    De nombreuses Volontaires Féminines ont témoigné de leur expérience dans la France Libre.

      

    C’est le cas de Jeanne Bohec, chimiste de formation, œuvrant pour le Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA), qui est très rapidement parachutée en Bretagne où elle prend la tête d’un groupe qu’elle forme au maniement des explosifs.

      

    C’est aussi celui de Tereska Torrès, Française à Londres pendant ses études qui, face à la débâcle française outre Manche, décide de rejoindre les FFL en s’engageant dès 1940, à l’âge de dix-neuf ans. D’autres, comme Sonia Vagliano-Eloy ou Eliane Brault, profitent de leur expérience personnelle en tant que Volontaire Féminine pour raconter « l’épopée » des « Demoiselles de Gaulle ».

    Tandis que le CVF se met en place au Quartier Général des FFL à Londres, un projet féminin d’une toute autre nature prend forme outre-Atlantique.

     

    Michette Duhamel, Anne-Marie Davion, un infirmier du 501e RCC et Crapette Demay

      

    Le Groupe Rochambeau

    •  Du nom du maréchal de France qui commandait l’armée de Louis XVI pendant la guerre d’indépendance (...)
    •  Nommé maréchal à titre posthume, c’est son grade de militaire en activité qui sera donc utilisé ic (...)

    En 1943, une riche Américaine, Florence Conrad, acquiert dix ambulances Dodge avec le soutien de puissantes ligues féminines et crée le Groupe Rochambeau.

      

    A droite, Florence Conrad ainsi que Denise Colin

      

      

    A New York, elle recrute quatorze femmes dont Suzanne Torrès (future épouse Massu) qui avait déjà servi dans les SSA. Florence Conrad s’attribue le grade de commandant et nomme Suzanne Torrès lieutenant.

      

    Ces femmes débarquent à Casablanca la même année dans le but de rallier la 2e DB stationnée dans la région.

      

    Elles contraignent le Général Koenig à contacter le Général Leclerc pour se faire admettre au sein de la 2e DB1.

      

    Leclerc, plus que sceptique, croit d’abord à une plaisanterie de la part de Koenig. Il lui semble inconcevable d’enrôler des femmes dans une division blindée et s’il accepte volontiers les ambulances, il refuse d’incorporer leurs conductrices. Il exige donc de voir ces femmes à l’exercice afin de vérifier qu’elles sont aptes à la tâche qu’elles prétendent accomplir. Somme toute, séduit par les ambulances, il finit par accepter ces femmes, mais uniquement jusqu’à Paris.

    •  Suzanne MASSU, Quand j’étais Rochambelle, Paris, Grasset, 1969, p. 57 et 85.

    Après cette première victoire, Suzanne Torrès recrute massivement des volontaires en Afrique du Nord. C’est ainsi que trente-six femmes intègrent une prestigieuse division de quinze mille hommes. Mais cette intégration est extrêmement difficile à cause de la méfiance et de la réticence que ces femmes suscitent, malgré un emploi pourtant traditionnellement féminin.

      

    Finalement, ce n’est pas tant la nature du métier qui pose problème ici mais bien le fait qu’elles pénètrent la sphère masculine du combat, du feu et de la violence, jugée contraire à la « nature » féminine. Avant tout ambulancières, celles que les hommes de la 2e DB surnomment « les Rochambelles » s’improvisent rapidement infirmières en mettant à profit la formation qu’elles ont reçue à New York.

    •  Rosette PESCHAUD, « Les Rochambelles », in Mechtild GILZMER, Christine LEVISSE-TOUZE et Stefan MAR (...)

    Elles sont affectées au 13e Bataillon Médical (BM), celui qui manifeste le plus de réticence à leur égard en les décourageant constamment. Rosette Peschaud, recrutée au Maroc se souvient : « Il nous a fallu faire la preuve que le courage d’une femme pouvait égaler celui d’un homme ».

      

    Les Rochambelles, comme toutes les infirmières et ambulancières de toutes les unités des armées de Libération, sont les femmes les plus exposées au feu puisqu’elles sont toujours en première ligne, au plus près des blessés.

    • Ibid.

    Elles quittent l’Afrique du Nord le 11 avril 1944 pour l’Angleterre. C’est là qu’elles se perfectionnent au métier de conductrice et de soldat : mécanique, marche au pas, respect de la hiérarchie, formation aux premiers secours dispensée par des ATS. Enfin, elles débarquent en juin 1944 à Utah Beach. A l’arrivée à Paris, Leclerc, prenant conscience du fait que leur présence est indispensable, les garde pour le reste de la campagne vers l’Allemagne.

    •  Suzanne TORRES, Quand j’étais Rochambelle, Paris, Grasset, 1969, 255 p., Edith VEZY, « Gargamelle (...)
    •  Marie-Gabrielle COPIN-BARRIER, Marguerite ou la vie d’une Rochambelle, Paris, L’Harmattan, 2001, 2 (...)

    A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, elles sont soixante-cinq. Elles sont cinq à avoir laissé une trace écrite de leur aventure au sein de la 2e DB : Suzanne Torrès, Edith Vézy, Zizon Bervialle, Jacqueline Fournier et Rosette Peschaud. Enfin, Marguerite Marchandeau est l’héroïne d’une biographie romancée dont l’auteure n’est autre que sa petite-nièce.

     

    Anne-Marie Davion, Raymonde Brindjon et Suzanne Torrès

      

    Modalités et motivations de l’engagement

    Ces femmes s’engagent avant tout par patriotisme et par idéologie, parvenant souvent à motiver quelques-unes de leurs amies. La majorité des femmes qui s’engagent n’ont – aux premières heures de la guerre – aucune vocation militaire et n’envisagent quasiment jamais de faire carrière dans l’armée.

      

    De toute façon, leurs contrats d’engagement ne leur permettent pas d’envisager l’armée comme une carrière sur le long terme puisque toutes sont enrôlées « pour la durée de la guerre » plus quelques mois (entre trois et six mois selon les cas). La fin de la Deuxième Guerre mondiale s’annonce donc comme synonyme d’un retour, sinon au foyer, tout au moins à une sphère professionnelle conforme à leur sexe.

      

    Pour beaucoup, c’est le contexte particulier de l’Occupation et de la défaite de 1940 qui a éveillé en elles un patriotisme ardent qu’elles ne soupçonnaient pas. En tant que membres d’une armée non reconnue par l’Etat Français, elles risquent les mêmes sanctions que les hommes, à savoir la peine de mort par contumace ainsi que la confiscation de leurs biens en France et la perte de la nationalité française. Et, si elles sont capturées, elles peuvent être fusillées au même titre que les francs-tireurs.

    •  Madeleine BOUE-LAHORGUE, entretien du 27 mars 2006.
    •  Citée par Rosette PESCHAUD, « Les Rochambelles », op. cit., p. 197.
    •  Témoignage de Rosette PESCHAUD in Dominique TORRES, Elles ont suivi De Gaulle, 18 juin 2000, Franc (...)
    •  Madeleine PELLETIER, Une vie nouvelle, op. cit., p. 100.
    •  SHAT 7 P 73 : archives de la guerre. Vichy – Londres – Alger – Paris. 1940-1946 : Organisation des (...)
    •  Témoignage de Tereska TORRES in Dominique TORRES, Elles ont suivi De Gaulle, 18 juin 2000, France (...)
    •  Témoignage de Claire in ibid. Sans doute s’agit-il de Claire Chicoteau, amie de Tereska Torrès, ma (...)

    Leurs origines sociales sont tout aussi diverses que leurs origines géographiques. Elles sont étudiantes comme Tereska Torrès ou Sonia Eloy, infirmières ou secrétaires de formation, sportives de haut niveau comme Simone Mathieu, médecins comme Suzanne Vallon ou Louise-Marie Lemanissier, qui est l’une des premières femmes médecins à être immédiatement engagée dans l’Armée Française à titre militaire. Parmi elles se rencontrent aussi des scientifiques comme Jeanne Bohec ou des artistes comme Joséphine Baker.

      

    D’autres encore sont pilotes, d’abord dans le civil puis au service de l’Armée, comme Maryse Hiltz, Maryse Bastié ou Margot Duhalde ; assistantes sociales ou femmes de militaires comme Marguerite Catroux (épouse du Général Georges Catroux). Enfin, certaines comme Madeleine Boue Lahorgue ou Michèle Mirande-Cambards sont d’abord engagées dans les FFI avant d’intégrer les FFL. Leurs parents sont militaires, artistes, de profession libérale ou encore commerçants. Lorsqu’elles s’engagent, toutes sont célibataires ou veuves, et pour les plus jeunes, l’engagement est impossible sans accord parental.

      

    Leur place au sein de l’Armée reste celle que la société veut bien leur accorder. Les Volontaires Féminines occupent donc des postes conformes à leur sexe. Quant aux Rochambelles, bien qu’au contact du danger et souvent de l’ennemi, elles ne sont jamais armées car l’accès au prestige du maniement des armes demeure exclusivement masculin.

      

    Paradoxalement, les Volontaires Féminines à Londres suivent un stage d’entraînement au tir au cours de leur formation alors qu’elles occupent majoritairement des emplois administratifs… Pendant des années, ces tâches jugées secondaires, subalternes ou ingrates ont relégué toutes ces femmes au second plan de l’Histoire des combattants de la Deuxième Guerre Mondiale. Faut-il donc être armée pour mener un combat ?

     

    Toutes ces femmes répondent aujourd’hui que l’arme ne fait pas le combattant et toutes mettent en avant leur patriotisme comme arme.

      

    Néanmoins, dans la panoplie du soldat, l’arme occupe une place de choix et l’accès des femmes aux fonctions armées n’interviendra que très progressivement dans le dernier quart du XXe siècle… en temps de paix. Les femmes en armes combattant comme des hommes mises en scène par Madeleine Pelletier relèvent davantage du fantasme et de l’imaginaire. Elle envoie ses héroïnes se battre au nom d’une lutte féministe contre la « nature féminine » toujours présente dans le roman : 

      

    " Néanmoins, par un reste de préjugé, on n’en envoyait au combat qu’une faible proportion ; on disait qu’il ne fallait pas tarir la race en envoyant les femmes se faire tuer. La plupart était dans les services auxiliaires : infirmerie, cuisine, ravitaillement, habillement ».

      

    Le fait, pour s’engager, de devoir être obligatoirement célibataire, veuve ou divorcée, sans enfant à charge, correspond à la volonté de ne pas troubler l’équilibre familial déjà mis à mal en contexte de guerre. Agées de dix-huit à quarante-cinq ans, elles sont surveillées de près car les autorités craignent que « la femme mobilisée » ne soit « amenée à compromettre sa dignité , en raison de la promiscuité avec les hommes. Pour beaucoup de femmes, le mariage signifie la fin de la carrière militaire.

      

    Quelques rares exceptions poursuivent leur mobilisation après leur mariage à condition qu’elles en aient obtenu l’autorisation de leurs maris et que le couple ait reçu l’aval des autorités militaires. A l’inverse, le mariage n’a aucune incidence sur les missions que doivent accomplir les époux, qui restent avant tout des soldats.

     

      

    Normandie 1944, Ecouché

      

    Claire, Volontaire Féminine mariée à un militaire du BCRA souhaite rejoindre le BCRA après son mariage mais, son mari ayant été parachuté en France, se voit refusé cette affectation afin d’éviter qu’elle ne reçoive de mauvaises nouvelles qui entraveraient son travail.

    Toutes les femmes qui ont choisi de lutter pour une France libre ont forcé les portes de l’Armée puisque leur engagement reposait au début sur le volontariat et la spontanéité. Dès lors, le regard que posent sur elles leurs contemporains et la façon dont elles sont désignées ne sont jamais neutres.

    L’incorporation des femmes dans l’Armée Française de la Deuxième Guerre Mondiale : légiférer, trouver les mots… le poids des représentations

    Réalités et contraintes liées à l’incorporation des femmes dans l’Armée

    •  Madeleine BOUE LAHORGUE, entretien.
    •  Reproduit à partir du décret n° 51-1197 du 15 octobre 1951, portant statut du personnel des cadres (...)

    Dans aucune des trois armes (Terre, Air, Mer) les femmes ne sont officiellement gradées. On parle alors de classes pour les officiers et de catégories pour les sous-officiers. Ainsi, Florence Conrad n’est donc pas commandant mais « officier hors classe » tandis que Suzanne Torrès n’est pas non plus capitaine mais « officier 1e classe ». Sans grade, les combattantes se font appeler « madame » ou « mademoiselle ».

    Il est indispensable de ne pas dissocier les termes « officier » et « 1e classe » puisque chez les hommes, un militaire « 1e classe » est en fait un militaire du rang en passe de devenir caporal. Dans le langage militaire, ces « grades » féminins différents de ceux des hommes, accentuent encore davantage la distinction très nette entre les sexes.

    Les fonctions les plus élevées ne peuvent s’accorder au féminin et une femme comme Florence Conrad ne sera donc jamais l’homologue féminine d’un commandant masculin. Elle ne sera jamais reconnue comme telle par l’administration militaire.

    Finalement, on parle alors de « grade d’assimilation», une hiérarchie confirmée par un décret le 15 octobre 1951. Cette différence d’appellation va bien au-delà de la simple question sémantique puisqu’elle se répercute directement sur les soldes et les retraites des femmes. Le tableau ci-dessous fait apparaître les correspondances des hiérarchies féminine et masculine.

    Correspondance de grades entre hommes et femmes dans l’Armée française pendant la Seconde Guerre mondiale

     

     

    Classes des personnels féminins

    Grades des officiers masculins

    Hors-classe

    1e classe

    2e classe

    3e classe

    Commandant

    Capitaine

    Lieutenant

    Sous-lieutenant

    Catégories des personnels féminins

    Grades des sous-officiers masculins

       Ie catégorie

    2e catégorie

    3e catégorie

    4e catégorie

    5e catégorie

    6e catégorie

    Adjudant-chef

    Adjudant

    Sergent-major

    Sergent-chef

    Sergent

    Caporal-chef

      

      

            .   SHAT, 7 P 73-1 : Instruction de l’AFAT, note AFAT/346/CAB du 24 novembre 1944.

    •  SHAT, 6 P 5 : note AFAT/1058/CAB du 27 février 1945.
    •  SHAT, 7 P 73-1 : Note du Général d’Armée de Lattre de Tassigny du 18 février 1946 : « ordre du jou (...)
    •  Témoignages divers : Rosette PESCHAUD, Suzanne MASSU, Tereska TORRES, Janine BOULANGER-HOCTIN… etc (...)
    •  SHAT, 4 H 337-7 : note de service 16092/3 du 6 novembre 1942.
    •  SHAT, 7 P 31-1 : ordre du jour n° 78 de l’ambassade de France à Londres du 17 octobre 1945.

    Le 26 avril 1944 est créé le corps des Auxiliaires Féminines de l’Armée de Terre (AFAT) qui regroupe les femmes des CVF, FFL et FFI. Plus tard, d’anciennes déportées qui décident d’œuvrer pour la Libération après l’horreur des camps, rejoignent les rangs de l’AFAT.

      

    Pour la première fois, toutes les femmes servant sous le drapeau de la France Libre appartiennent à une entité précise. Mais ce nouveau corps pose un nouveau problème de définition et d’appellation. En effet, en pratique, le « A » d’AFAT peut aussi bien signifier « Arme » qu’« Auxiliaire(s) ou « Armée ». Ainsi, en 1944, Hélène Terré se désigne comme « Commandant H. Terré, chargé de mission auprès de l’AFAT » et en 1945 « directeur de l’AFAT ».

      

    Elle emploie ici le sigle au singulier, faisant donc référence à l’Arme ou l’Armée. Dans le langage militaire, le mot « arme » désigne la Terre, l’Air, la Marine, ou encore la cavalerie, l’infanterie ou la gendarmerie.

    L’AFAT constituerait-elle donc une arme à part entière ? Il est avéré que ce n’est pas le cas puisque toutes les femmes de l’AFAT sont disséminées dans toutes les armes or, autre incohérence, le « T » désigne pourtant l’Armée de « Terre ». De plus, le terme d’« AFAT » est aussi fréquemment substantivé : employé au singulier ou au pluriel, l’acronyme AFAT devient le terme générique employé pour toute femme engagée dans l’Armée. Ainsi, quand De Lattre rend hommage à ces femmes, il parle « des AFAT ».

    Le Corps Féminin des Volontaires Françaises est plus souvent appelé « Corps féminin » et cette appellation suscite bien souvent des railleries de la part des hommes à cause du double sens du mot « corps » qui renvoie à la fois à une unité militaire mais aussi au corps des femmes, objet de fantasmes et de remarques obscènes dans les rangs masculins.

    Cette ambiguïté d’appellation des femmes engagées dans l’Armée Française perdure bien au-delà de la Deuxième Guerre Mondiale et les décrets précisant les termes à emloyer seront nombreux par la suite.

    Quoi qu’il en soit, aucune de ces femmes ne se définit jamais comme « auxiliaire » ou « subalterne » même si elles gardent toujours à l’esprit la raison pour laquelle elles ont été « acceptées » dans l’Armée. Elles se voient toujours comme des militaires à part entière dont la tâche est complémentaire de celle des hommes mais jamais secondaire.

    Quant à la féminisation des termes, si le langage militaire officiel ne la pratique pas, et si Hélène Terré ne féminise pas sa fonction et ne se désigne ni comme « directrice » ni comme « chargée » de mission, il est fréquent d’en trouver trace dans les archives ou les témoignages.

    Ainsi, le mot « lieutenante » ou « commandante » est facilement employé par les femmes entre elles sans aucune connotation péjorative. En revanche, utilisé par les hommes, il est souvent dédaigneux.

    L’usage du masculin étant officiellement de rigueur, les notes de service d’Hélène Terré ne font pas exception. Finalement, la féminisation de l’Armée semble poser aux autorités militaires une difficulté visible dans presque tous les textes et notes de service. Dans une note de service du 6 novembre 1942, on peut lire « sous-officiers et hommes de troupes féminins » ; tandis que les termes « conductrices », « ambulancières », « cuisinières » ou « infirmières » ne posent apparemment pas problème quant à leur genre grammatical alors que le champ lexical de l’Armée et du combat n’est que très rarement féminisé. Pourtant, après la guerre, à l’heure des hommages et du souvenir, certains courriers et notes de service font parfois apparaître une féminisation de certains termes jusqu’alors « intouchables » comme « la capitaine ». Toujours est-il que ce sont les hommes qui nomment les femmes… et les surnomment.

    •  Micheline FORNACIARI, Les femmes dans la Marine Nationale Française de 1942 à 1956. Toulon, AGPM E (...)
    •  C.B., entretien écrit, juin 2006.
    • Mireille HUI, Les merlinettes. Pendant la seconde guerre mondiale (période de 1942 à 1945), Le Pra (...)
    •  Suzanne MASSU, Quand j’étais… Op. cit., p. 102.

    Dans cet esprit, les sobriquets les plus variés mais pas toujours les plus heureux voient le jour avec les premiers engagements féminins. C’est le cas des « Marinettes », surnom donné par les hommes aux premières femmes enrôlées dans la Marine au sein de la 2e DB en 1944.

      

    Dans les Transmissions, le Général Merlin crée en février 1943 le Corps Féminin des Transmissions (CFT) et les transmissionistes deviennent donc – en toute logique – les « Merlinettes ». Ces diminutifs en « -ette » ne sont pas sans en rappeler d’autres : celui des suffragettes par exemple, sans compter qu’ici, il s’agit d’un dérivé de nom propre masculin. Le suffixe « -ette » s’applique ainsi aux termes familiers et/ou réducteurs.

      

    Loin de mettre en avant le rôle des femmes, il les relègue au rang de petites soldates ou petites transmissionistes. Avec le recul, elles sont peu nombreuses à accorder de l’importance à ces diminutifs. Si elles sont d’accord pour reconnaître qu’ils ne sont pas vraiment à leur avantage, elles n’en font que peu de cas. Pour d’autres, il fait tout simplement partie de leur vocabulaire et de leur identité de femme militaire comme pour Mireille Hui ou Paulette Vuillaume, toutes deux transmissionistes.

     

      

    Ambulance "Pop" à Saïgon en 1946
     

    Quant à Suzanne Torrès, elle considère volontiers que le surnom de « Rochambelles » que les hommes de la 2e DB leur ont attribué est « affectueux ». Affectueux, certes, mais non officiel puisque les archives relatives aux ambulancières de la 2e DB les nomment « Groupe Rochambeau ».

    •  Décret n° 51-1197 du 15 octobre 1951.

    Une succession de textes législatifs entre 1940 et 1951 concernant les femmes militaires révèle une certaine incapacité à les intégrer, la date de leur assimilation dans l’Armée française étant chaque fois repoussée. L’AFAT est devenue en 1946 le service du Personnel Féminin de l’Armée de Terre (PFAT). Ceci confirme que l’organisation de 1944 n’était pas militaire, au sens strict du mot, et que l’AFAT ne faisait pas partie intégrante de l’Armée, même si tout son fonctionnement était calqué sur elle.

      

    La loi du 31 décembre 1948 insiste sur le fait que les services accomplis par les AFAT pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient des « services civils auxiliaires. » Il semble donc que l’Armée, par ses lois et par la distinction très nette entre auxiliaires et militaires de carrière, se soit ainsi protégée d’une installation définitive des femmes dans ses rangs. Enfin, il faut attendre le décret du 15 octobre 1951 pour que soit affirmé le fait que « les services accomplis dans les corps militaires féminins créés depuis juin 1940 sont des services militaires à tous points de vue ».

      

    En revanche, même s’il subsiste des distinctions de grades entre hommes et femmes, il n’existe aucune différence de traitement face à la justice et aux peines encourues. Les personnels militaires féminins dépendent comme les hommes des tribunaux militaires ou maritimes.

    Bien que la présence de ces femmes semble poser problème sur les plans de la législation et de la terminologie, une reconnaissance progressive « pour services rendus » se met en place tant bien que mal, et un intérêt nouveau pour ces soldates sans armes voit le jour.

      

     

    En Normandie, Edith Vezy et le Lieutenant Bernard de Lamotte

      

    Les lendemains de guerre : une difficile reconnaissance

    • Luc CAPDEVILA, « Le mythe du guerrier et la construction sociale d’un « éternel masculin » après l (...)

    La reconnaissance de ces femmes par leurs « frères d’armes » se fait attendre. Elle n’est pas immédiate et se fait souvent bien après la guerre, rarement pendant. Comme lors de la Première Guerre Mondiale, les lendemains de guerre apparaissent comme un moment de reconstruction de l'identité masculine par le refoulement des femmes. Cette reconstruction repose sur l'appropriation exclusive de la figure du combattant et du guerrier.

      

    Les hommages rendus aux femmes sont donc rarement officiels et visibles. On les trouve dans des notes de service, dans des courriers ou dans des autobiographies de militaires ou de femmes rapportant leurs propos. Les généraux de Gaulle, Leclerc, ou de Lattre de Tassigny ne manquent jamais de mentionner les femmes après-coup. De Lattre, le 18 février 1946, souligne qu’elles « ont accompli leur devoir avec un dévouement, une générosité et souvent un courage qui méritent le respect ». Il termine son éloge ainsi :

    •  SHAT, 7 P 73-1 : Note du Général d’Armée de Lattre de Tassigny du 18 février 1946 : « Ordre du jou (...)

    « Sans doute y avait-il dans leur intervention parmi les forces armées une initiative trop neuve pour qu’elle ait été sans défaut et pour que l’esprit français n’en ait parfois éprouvé quelque surprise. Mais la justice demande que certaines critiques faciles ne fassent pas oublier des réalités qui font honneur aux femmes de France. Celles qui les ont vécues ont le droit d’en garder la fierté. Demain, le souvenir des cinquante-trois AFAT qui ont donné leurs vies au cours de nos combats victorieux inspirera, j’en suis sûre, les quatre mille Françaises choisies pour servir sous l’uniforme des Personnels Féminins de notre Armée Nouvelle ».

    Quand le corps des PFAT est créé le 1er février 1946 en remplacement des AFAT, ses premiers effectifs sont fixés à quatre mille. Les paroles de de Lattre sont intéressantes car en peu de lignes, il évoque les préjugés, les réticences des autorités militaires face à l’engagement féminin, les soldates mortes pour la France, et la naissance de ce nouveau « corps féminin » qui marque la reconnaissance officielle en temps de paix de l’incorporation de personnels féminins dans l’Armée Française. Ces femmes passent donc du statut d’auxiliaires à celui de personnels militaires de l’Armée.

    • 45 SHAT, 7 P 31-1 : Edmond Michelet, ordre du jour du 28 février 1946.
    • 46 Madeleine BOUE LAHORGUE, entretien du 27 mars 2006.

    Le 28 février 1946, Edmond Michelet, Ministre des Armées du gouvernement de Gaulle, s’incline « avec respect devant celles […] qui sont restées sur les champs de bataille, devant celles qui ont trouvé la mort dans les maquis » et il « exprime à toutes celles qui rentrent dans la vie civile, la reconnaissance du pays pour les indiscutables services qu’elles lui ont rendus ».

      

    A droite, Rosette Peschaud

      

    Justement, « celles qui retournent à la vie civile », doivent affronter un obstacle majeur : la rémunération. Les archives débordent de demandes de régularisation et de paiement de soldes ou de retraites. Les femmes démobilisées patientent parfois jusqu’à cinq ans avant de toucher leur première solde. Enfin, concernant les « grades », une nouvelle injustice vient frapper les femmes. Celles qui s’engagent en Indochine, immédiatement après la Deuxième Guerre Mondiale, se voient « rétrogradées » car aucune disposition n’a été prise pour toutes celles qui sont retournées temporairement à la vie civile et qui décident de partir pour l’Indochine, passant ainsi du statut d’AFAT, devenu obsolète, à celui de PFAT. En bref, le « grade » atteint dans l’armée de Libération n’a aucune valeur juridique pour celles qui « rempilent » en Indochine.

    •  Rosette PESCHAUD, entretien du 6 avril 2006.

    Le général Leclerc, on l’a vu, était plus que réticent à l’idée d’incorporer des femmes dans sa division. Mais face à leur détermination et à leur courage, il admet qu’elles sont indispensables au bon déroulement des opérations et au moral des troupes. Elles sont d’ailleurs souvent comparées à des sœurs ou à des mères bienveillantes quand elles prodiguent les premiers soins.

      

    La voix féminine rime avec douceur et chaleur dans les affres du combat.

      

    Malgré cela, il ne faut pas oublier que les autorités militaires ont avant tout subi cette intrusion féminine. Dans le contexte d’euphorie de l’immédiat après Deuxième Guerre Mondiale, cette reconnaissance bien qu’officieuse semble donc assez logique.

    Aux lendemains de la guerre, l’image de LA femme soldat soulève aussi de nouvelles questions et un intérêt qui n’est pas moindre. Car, même si l’engagement des femmes n’est pas approuvé de tous, il tend à être connu de tous. Pour certains, ces femmes deviennent l’objet de questionnements et d’études.

    •  Yvonne-Hélène TAILLEFER, Essai de psycho-pathologie féminine dans l’armée. Paris, Imprimerie Mauri (...)
    • Ibid., p. 92.
    •  Tereska TORRES, Women’s Barracks. New York, Dell Publishing, 1968, 158 p.
    •  ––––, Une Française libre. Journal 1939-1945, Paris, Phébus, 2000, 301 p.
    •  Yvonne-Hélène TAILLEFER, Essai de psycho-pathologieOp. cit., p. 92-93. Ses conclusions sont sans (...)
    •  Tereska TORRES, entretien du 4 avril 2005.

    Ainsi, le 27 février 1947, la thèse de Médecine que soutient Yvonne-Hélène Taillefer a pour titre : Essai de psycho-pathologie féminine dans l’armée.

    Elle fonde ses résultats sur des enquêtes qu’elle a réalisées au Val de Grâce. Elle relève quatre types de pathologies sévères chez les AFAT : le déséquilibre instable, pervers, l’hystérie, la mythomanie. Dans les déséquilibres pervers sont classées les « toxicomanies » et les « perversions sexuelles. » Elle souligne que le lesbianisme et la nymphomanie sont deux problèmes qui n’ont « pas tardé à préoccuper le commandement féminin » pendant la guerre.

      

    Pourtant, ni l’historiographie ni aucune autobiographie ne fait mention de ces troubles qui seraient plus répandus chez les soldates que dans l’ensemble de la population féminine. Un seul ouvrage place le lesbianisme militaire au cœur de son intrigue. Il s’agit du roman de Tereska Torrès, Women’s Barracks, publié plus de vingt ans après la guerre.

      

    Elle-même Volontaire Féminine à Londres, est déjà l’auteure d’un journal de guerre. Toutefois, la prudence est de rigueur car Tereska Torrès soutient qu’il s’agit là de pure fiction et que c’est pour cette raison majeure qu’elle a refusé de le publier en France.

      

    Elle affirme également que dans sa caserne, deux ou trois femmes étaient lesbiennes et qu’elle craignait pour la réputation des Volontaires Féminines si un tel ouvrage était publié en France, vingt ans après la guerre. De plus, contrairement à ce que soutient Yvonne-Hélène Taillefer, Tereska Torrès affirme que ces quelques lesbiennes n’ont « jamais essayé de séduire celles qui ne l’étaient pas […] et cela ne devait pas être jugé si épouvantable que ça puisqu’on a nommé l’une d’elles adjudante ».

      

    Quoi qu’il en soit, la question du lesbianisme militaire demeure un champ de recherche inexploité.

    Seul un cercle d’initiés dans l’immédiat après-guerre semble reconnaître un certain mérite aux femmes militaires. Et, en dépit de leurs exploits ou de leur dévouement, l’idée la plus répandue dans la France d’après-guerre est que la place des femmes, même en temps de guerre, est au foyer :

    •  SHAT, 7 P 73-1 : Gilda Sinon, déléguée des mouvements féminins, Jean Fontensau, président du Conse (...)

    « Les femmes comme les hommes, mais à leur place, ont à se mettre au service du pays. La participation à l’effort de guerre entraîne des bouleversements profonds mettant en jeu la dignité et la mission de la femme, le moral des soldats, la conduite de la guerre et l’Avenir du Pays. […] Même en temps de guerre, le rôle primordial de la femme est au foyer »

    •  Luc CAPDEVILA, « La mobilisation des femmes dans la France combattante (1940-1945) », art. cit., (...)
    •  Gil MIHAELY, « L'effacement de la cantinière ou la virilisation de l'armée française au XIXe siècl (...)
    •  Katia SORIN, op. cit. p. 16.

    Entre 1944 et 1945, les rumeurs vont bon train concernant les « femmes-soldats » qui sont souvent vues comme des « femmes au service des soldats » même si les femmes de la Résistance extérieure ne sont pas les premières à essuyer de telles critiques. En effet, l’une des plus anciennes critique faite aux femmes proches des milieux militaires concerne leur morale et leur comportement sexuel.

    Plus généralement, à l’aube des années 1950, les femmes sont souvent vues comme des éléments perturbateurs pour l’institution « Armée » mais aussi pour « ses hommes ».

    Dix ans après la Deuxième Guerre Mondiale, certains militaires n’hésitent pas à qualifier LA femme soldat d’être « hybride » et « asexué » :

    •  Q.M WATTEL, Cherbourg, « Réponse à Yvette », Bellone, n° 43, juillet-août 1957, p. 30.

    « Jamais la femme ne sera l’égale de l’homme dans ce métier [...] Si ces femmes sont souvent considérées avec « dédain » ou « condescendance », c’est souvent, il faut le dire, avec juste raison [...] La femme-soldat est un être hybride et asexué bien loin de l’ange au foyer [...] Le plus beau rôle de la femme n’est-il pas celui d’être épouse et mère [...] Restez à votre place et laissez le métier des armes à vos fils et à vos maris ».

    •  Pierre LAROUSSE, Grand Dictionnaire du XIXe siècle, tome 3, 1867, Paris, Genève, p. 290, cité par (...)
    •  Gil MIHAELY, ibid.
    •  Hélène DEUTSCH, La psychologie des femmes. Etude psychanalytique, tome 1 : Enfance et adolescence, (...)
    •  Michelle ZANCARINI-FOURNEL (coord.), Les mots de l’Histoire des femmes, Toulouse, Presses Universi (...)
    •  Ed. DE LA BARRE DUPARCQ, Histoire militaire des femmes, Paris, aux frais de l’auteur, 1873, p. 304 (...)

    Ces propos s’inscrivent dans une logique déjà ancienne de « virilisation » des femmes par des hommes qui se représentent difficilement des femmes aux armées. Ainsi en 1867, Pierre Larousse donne une définition révélatrice des ambiguïtés sexuées de ces femmes. Selon lui, « La cantinière [...] appartient à un sexe intermédiaire, à quelque chose d’androgyne, beaucoup plus rapproché du sexe fort que du sexe faible ».

      

    Michette Duhamel et Anne-Marie Davion

      

    Toutes les femmes qui endossent l’uniforme français sont en quelques sortes les héritières de la cantinière, cette figure emblématique des femmes militaires du XIXe siècle. Pour Pierre Larousse, l’expression « femme militaire » est suffisamment étrange pour qu’il parle d’un troisième sexe.

    Cette « virilisation » se retrouve aussi dans les écrits d’Hélène Deutsch qui voit dans l’engagement féminin « la satisfaction d’un complexe de virilité, par identification avec l’homme ».

    Cette virilisation est presque toujours perçue comme négative sauf chez quelques féministes radicales, telles Madeleine Pelletier qui se revendique comme la théoricienne – certes très controversée – de la virilisation des femmes.

    Cette virilisation du féminin est donc toujours fortement critiquée car elle serait la cause d’un « amollissement » des hommes qui dénigreraient leur rôle « naturel ».

    • Martin VAN CREVELD, Les femmes et la guerre, Monaco, Editions du Rocher, 2002,4e de couverture.
    •  John KEEGAN, Histoire de la guerre, du Néolithique à la guerre du Golfe, Paris, Dagorno, 1996, p. (...)
    •  Nombreux sont les témoignages, les enquêtes et les études sur le sujet qui permettent une telle af (...)
    •  Elodie JAUNEAU, Quand les femmes deviennent soldats. A l’origine de nouveaux rapports de genre dan (...)
    •  Jeanne BOHEC, La plastiqueuse… Op. cit., préface.

    Pour une femme, vouloir être soldat, c’est vouloir la guerre et cela ne se peut car toutes les femmes sont pacifistes « de nature ». Cette idée prédomine pendant toute la première moitié du XXe siècle et aujourd’hui encore, certains scientifiques pensent que la guerre n’est pas l’affaire des femmes, voire que leur enrôlement engendre un déclin inéluctable de l’Armée : « C’est le déclin de l’organisation militaire qui a entraîné le recrutement des femmes, et le recrutement des femmes accélère le déclin de ces armées ».

      

    D’autres vont même jusqu’à affirmer que les femmes ne se sentent que peu ou pas concernées par la guerre : « La guerre est la seule activité humaine vis-à-vis de laquelle les femmes, à d’infimes exceptions près, ont préféré toujours et partout garder leurs distances ».

      

    Certes, mais c’est sans compter avec les oppositions fermes et intransigeantes des autorités qui ont toujours exclu les femmes de la sphère combattante. Il est en effet avéré que si celle-ci leur avait été ouverte plus tôt, beaucoup plus nombreuses auraient été les militaires féminines, non pas parce que les femmes sont bellicistes ou militaristes, mais parce que comme les hommes, certaines aspirent à cet engagement, par vocation ou par patriotisme.

      

    Or ce patriotisme féminin, dans l’imaginaire masculin dominant, ne doit se manifester que par un soutien moral aux soldats. Ainsi, les femmes, en gardiennes du foyer, doivent avant tout être des mères et des épouses capables d’assurer dignement le repos du guerrier à son retour du front. L’idée qu’une femme puisse guerroyer, se battre ou participer activement à un conflit, tout en remplissant son rôle « naturel » est inconcevable.

      

    Suzanne Torrès et Lucie Delplancke

     

    En l’absence des hommes, elles deviennent les garantes de la stabilité familiale et sociale à l’arrière et non au front. En revanche, en 1975, Jacques Chaban-Delmas précise dans la préface de l’ouvrage de Jeanne Bohec que celle-ci « apporte la preuve éclatante que les femmes sont fort capables d’atteindre un degré de courage, de détermination et d’efficacité accessible à peu d’hommes ».

    Finalement, bien des années après la Deuxième Guerre mondiale, la réhabilitation des femmes combattantes dans la mémoire collective reste à faire. L’idée qu’une femme puisse faire partie de l’ensemble des soldats, au même titre qu’un homme, est loin d’être acquise.

      

    Les combattants de la Libération sont incarnés par des hommes dont les vertus masculines sont exacerbées et les femmes qui ont servi à leurs côtés sont tout simplement oubliées. Même si aujourd’hui les femmes représentent 12 % des effectifs de l’Armée et qu’elles sont envoyées au front, que ce soit dans le Golfe ou en Afghanistan, l’idée qu’une femme en uniforme puisse combattre comme un homme est encore peu admise par l’imaginaire collectif. Chaque année depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les femmes défilent aux côtés des hommes, le 14 juillet.

      

    Ces défilés de femmes, retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévision françaises sont également l’occasion de commentaires portant sur la longueur de leurs jupes, la qualité de leur maquillage, ou la rigueur de leur pas cadencé. Si l’Armée a donc pleinement incorporé les femmes dans ses rangs, c’est dans les mentalités que cette incorporation semble difficile.

     

     

     

      

      

     

      

    Conclusion

    • Jean-Louis CREMIEUX-BRILHAC, Ici Londres. Les voix de la Liberté 1940-1944, Paris, La Documentatio (...)
    • Théroigne de MERICOURT, Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes, le 25 mars 1792, P (...)
    • Jacques SARRAZ-BONNET, Contribution à l’étude… Op. cit., p. 15.

    Le 16 décembre 1943, Maurice Schuman déclare à la BBC : « Dans la dernière guerre [1914-1918, ndla], la femme a donné des centaines d’héroïnes à la liberté, pour la première fois dans cette guerre [1939-1945 ndla], elle lui a donné des centaines de milliers de combattantes ».

      

    Certes, elles ne sont pas des centaines de milliers comme l’affirme le porte-parole de la Résistance extérieure, mais elles sont suffisamment nombreuses pour être évoquées. Elles ne sont pas non plus des combattantes armées, mais elles ont tout de même lutté pour leur patrie au même titre que les hommes en armes. Cette question des femmes en armes a été maintes fois soulevée à toutes les époques. Mais c’est au XIXe siècle, après que les femmes se soient mobilisées dans les armées révolutionnaires, que cette question devient plus vive, notamment dans les mouvements féministes naissants.

      

    En 1792, Théroigne de Méricourt dans son discours aux citoyennes du Faubourg Saint-Antoine, déclarait : « Citoyennes, pourquoi n’entrerions-nous pas en concurrence avec les hommes ? Prétendent-ils eux-seuls avoir des droits à la gloire ?… […] Nous aussi, nous voulons briguer une couronne civique et briguer l’honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut-être plus chère qu’à eux ».

      

    A cette question, il a fallu un siècle et demi pour qu’une réponse soit donnée. Mais cette réponse reste incomplète. Car, aux lendemains de la Deuxième Guerre mondiale, nombreux sont ceux qui pensent encore que l’entrée des femmes dans l’Armée doit rester limitée à ce qu’en langage d’état-major on appelle les « services », les femmes étant toujours exclues des unités combattantes

      

     exception faite des Rochambelles, et de l’ensemble des ambulancières des différentes divisions de la France Libre, qui font partie intégrante de ces unités… mais sans armes et sans combattre.

    •  Les effectifs féminins de l’Armée de Terre passent de plus de dix mille à trois mille huit cents à (...)
    •  Luc CAPDEVILA, François ROUQUET, Fabrice VIRGILI et Danièle VOLDMAN, Hommes et Femmes dans la Fran (...)
    •  Rosette PESCHAUD, entretien du 6 avril 2006.

    Entre 1945 et 1946, bien que la fin de la guerre engendre une démobilisation massive des femmes, l’idée qu’elles puissent être reconnues comme des militaires à part entière commence à naître dans les esprits des autorités militaires et politiques.

      

     
    Ambulance "La Baraka" - Paule et Madeleine

      

    La mobilisation des femmes dans les réseaux de résistance et dans l’Armée est à l’origine d’une reconnaissance progressive de leur place dans la sphère militaire. Pourtant, le devoir de mémoire auquel s’attache la France depuis la fin de cette guerre n’est que partiellement accompli puisque les femmes sont sous-représentées aussi bien dans les cérémonies commémoratives que dans les associations d’anciens combattants. Quant aux récompenses, si les femmes ont presque toutes obtenu la médaille militaire, elles ne sont que « six Compagnes de la Libération seulement sur mille cinquante neuf Compagnons. 10 % de femmes parmi les médaillés de la Résistance ou les détenteurs de la carte de combattant volontaire ».

      

    A noter aussi que parmi ces six Compagnes de la Libération figurent deux Volontaires de la France Libre. La première, Laure Diebold, engagée dans les FFL, immatriculée au BCRA, devient la secrétaire de Jean Moulin en 1942. Quant à Marie Hackin, engagée le 26 décembre 1940, elle a participé à l’organisation du CVF avec le « grade » de sous-lieutenant et meurt en service commandé, avec son époux, le 20 février 1941 après le torpillage du cargo qui les transporte. Elle est faite Compagne de la Libération par décret du 13 mai 1941 et reçoit la Légion d’Honneur à titre posthume. Elles sont très nombreuses à avoir obtenu la Légion d’Honneur, mais souvent tardivement.

    C’est ainsi qu’en 1977, avant de mourir, Suzanne Massu demande à Rosette Peschaud de faire en sorte que toutes les Rochambelles sans exception, y compris celles qui ont perdu la vie pendant ou après la guerre, obtiennent cette distinction. Ce sera chose faite, mais plus de trente ans après les faits.

    •  Luc CAPDEVILA, « Le mythe du guerrier … », art.. cit., p. 616.

    La mémoire collective apparaît donc essentiellement comme une « mémoire masculine » bien que les femmes militaires, peu considérées par leurs contemporains aux lendemains de la Deuxième Guerre Mondiale aient été les pionnières de la féminisation de l’Armée Française. Néanmoins, leur présence inévitable dans des sources de toutes sortes contribue progressivement à une féminisation de la mémoire. En 1970, Hélène Terré écrivait :

    •  Hélène TERRE, « Les volontaires françaises à Londres », Revue de la France Libre, n° 187, août-sep (...)

    « On a peu parlé des Volontaires Françaises de la France Libre – la France Combattante – sans doute pour plusieurs raisons dont la principale pourrait être que le Corps des Volontaires Françaises était partie intégrante de l’armée et que nous autres, femmes, servions au même titre que les hommes ; il n’y avait donc pas lieu de nous traiter à part. Aussi, il faut bien le dire, les Volontaires Françaises avaient le souci de rester modestes afin que leur présence dans l’armée ne fût jamais contestée. […] Elles ont joyeusement revendiqué leur part d’héroïsme et la mort ne les a pas épargnées ».

    •  Les monuments aux « mortes pour la France » sont si peu nombreux qu’il convient de mentionner, à t (...)

    Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce souci de modestie « naturellement féminine »… Sans doute les autorités militaires n’étaient-elles tout simplement pas prêtes, aux lendemains de la guerre, à hisser au rang de héros des héroïnes, à leur accorder la couronne civique et à célébrer leur mémoire au pied de monuments qui ne portent pas même leurs noms.

     

     

    A partir de la gauche : Plumeau et Crapette avec les petites soeurs de Mitho - Saïgon

      

      

    Référence électronique

    Elodie Jauneau, « Des femmes dans la France combattante pendant la Deuxième Guerre mondiale : Le Corps des Volontaires Françaises et le Groupe Rochambeau », Genre & Histoire [En ligne], 3 | Automne 2008, mis en ligne le 02 janvier 2009, consulté le 24 novembre 2012. URL : http://genrehistoire.revues.org/373

     

     

     

     

    Photographies -

     http://www.marinettes-et-rochambelles.com/pages/photosR.htm

     

     

     

     

     

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    Dossier Berty Albrecht:
    Une femme de tous les combats



    Intimement liée à Henri Frenay, Berty Albrecht est déjà engagée dans la lutte sociale, féministe et pour les droits de l'homme, lorsqu'elle se rend, en 1940, à Vierzon pour rejoindre les usines Fulmen où elle doit exercer en sa qualité de surintendante diplômée.

     

    Elle y arrive le 11 juin 40, écrit Alain Prato, après un voyage épique en voiture en compagnie de Mireille, sa fille. Elle doit essuyer les quolibets de misogynes ne supportant pas de la voir au volant et, plus grave, les mitraillages de l'aviation italienne qui la blessent au bras gauche.

    Après plusieurs jours de combat et de bombardement, Vierzon, dévastée, est investie le 16 juin. Dans la maison que Berty occupe avec sa fille, elle écoute le message de Pétain annonçant, le 17 juin, la demande d'armistice. La honte l'anéantit !



     

    Face à la Kommandantur



    L'armistice avait placé l'usine et le logement en zone occupée mais des ouvriers résident en zone libre ce qui permet à Berty d'avoir un ausweis. 

      

    Elle se lance dans sa première action : organiser un réseau de passage de la ligne de démarcation pour les soldats évadés des camps de transit installés en France par les Allemands avant leur transfert dans les stalags en Allemagne. Comme le cimetière est en zone libre, de faux enterrements sont organisés et certaines des personnes qui suivent les cortèges funèbres oublient de revenir…

      

    Les Allemands finissent par s'en apercevoir et mettent un terme à cette action.

    Le viol d'une jeune femme vivant dans la même maison que Berty lui permet de protester auprès de la Kommandantur.

      

    Sa maîtrise de l'Allemand en impose et, non seulement elle obtient des excuses mais aussi l'attribution d'un ausweis permanent ce qui va faciliter ses déplacements. Mireille accomplit quelques missions de courrier.

    C'est ici que commencent l'originalité et l'imprudence de son action.

      

    Elle va s'effectuer en famille : Mireille restera à ses côtés jusqu'au bout. Freddy, son fils, resté en zone libre, réussira à gagner le Canada via l'Espagne et Curaçao avant de passer en Angleterre pour s'engager dans les FFL.

    A partir de décembre 1940, avec Henri Frenay, Berty met sur pied Combat.

    Lors d'un voyage à Paris, en août 1940, elle apprend que les Allemands ont demandé au concierge où était Mme Albrecht.

      

    Elle obtient des nouvelles d'Henri Frenay, dont elle est coupée depuis le début de la guerre, en réponse à une lettre expédiée à sa mère. Dans cette réponse, Frenay raconte son évasion d'un camp de prisonniers militaires, le 27 juin 1940. Après 3 semaines de marche à pied, il a pu regagner Lyon puis Sainte-Maxime.

      

    En garnison à Marseille, il rédige, le 15 août 1940, un manifeste appelant à la lutte armée tout en affichant ses sympathies pour la Révolution nationale à entreprendre après la libération. La politique de collaboration l'éloignera définitivement de Pétain. Il est renvoyé de l'armée. Il organise les premiers recrutements. Henri et Berty se retrouvent à Lyon en décembre 1940 pour lancer le mouvement Libération nationale.

    « Chef d'état-major »



    Pour se rapprocher d'Henri, Berty demande un nouveau poste… à Vichy !

      

    Elle obtient une mission au commissariat contre le chômage des femmes. Ce sera sa couverture. Elle tape les 18 premiers exemplaires des « Petites Ailes » qui deviendront « Vérités » à partir de septembre 1941. Son poste lui permet de circuler en zone sud. Ainsi, en mars 1941, elle est à Marseille pour rencontrer Maurice Chevance.

      

    Puis elle rejoint Lyon pour occuper le poste d'inspectrice du chômage féminin. Ainsi Vichy assure une couverture et le couvert !

    Berty va vivre dans un meublé à Villeurbanne où Mireille la rejoint en octobre 1941. Dénoncées comme… prostituées par le concierge, à cause des allées et venues des camarades du mouvement, elles subissent une visite de la police qui les pousse à déménager. Berty s'occupe, dans le mouvement, du service social pour les emprisonnés et du journal. Elle est, comme le dira Frenay, « son chef d'état-major ».

      

     

    Elle finit par trouver un courageux imprimeur, Martinet, à Villeurbanne, qui tire à 10 000 exemplaires les « Petites Ailes » devenues « Vérités » et, en novembre 41, « Combat », né de la fusion de MLN et de Liberté. Le journal prend le même titre que le nom du mouvement. A l'été 42, le tirage atteint les 100 000 !



      

    Les ennuis avec la police commencent. Un premier interrogatoire en octobre 41, au bureau de Villeurbanne, ne donne rien. Berty est relâchée.

    Seconde interpellation à la mi-janvier 1942 : une taupe dans le mouvement a provoqué 40 arrestations dont Berty, conduite à la DST. Elle est libérée pour convaincre Frenay de rencontrer le patron de la DST et Pucheu, ministre de l'Intérieur. L'entrevue a lieu.

      

    Cela paraît à peine croyable mais, depuis juin 1941, l'entrée en guerre de l'URSS a changé la donne. Vichy espère que l'anticommunisme d'une partie des Résistants, dont Frenay, peut brouiller les cartes d'un jeu passablement compliqué.

      

    Pucheu essaie de démontrer que Vichy n'est pas pro-allemand. Depuis avril 41 Darlan a remplacé Laval : ça tangue fort ! Pucheu veut que Frenay arrête avant que la répression ne s'abatte. Le chef de Combat ne répond rien et repart libre.

    Evasion


    Ces péripéties contraignent Berty à démissionner. Elle continue ses passages clandestins de la ligne. Arrêtée fin avril 1942, elle est internée à Vals-les-Bains. Elle exige d'être jugée.

      

    Devant le refus des autorités, elle fait une grève de la faim pendant 13 jours avec quelques-uns de ses codétenus, parmi lesquels Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit. Elle obtient alors d'être transférée à la prison Saint-Joseph à Lyon.

      

    Elle est finalement jugée et condamnée à six mois de prison ferme. Elle doit en principe sortir deux mois plus tard mais la décision de la maintenir dans un camp d'internement dans le Tarn lui fait craindre la déportation.

    L'invasion de la zone sud, le 11 novembre 1942, risque de compliquer un peu plus encore l'avenir des prisonniers. Berty décide alors de simuler la folie.

      

    Envoyée à l'asile psychiatrique de Bron puis transférée au Vinatier le 28 novembre, elle est libérée par un commando de Combat mené par André Bollier le 23 décembre 1942, grâce également à l'aide de sa fille Mireille et de son médecin, le docteur Foex, qui donne ses clés pour en faire un double.

    Le lendemain, les deux femmes sont en Ardèche puis passent à Marseille le 25 décembre 1942. Elles y restent un mois.

    Frenay essaie de convaincre Berty de passer en Angleterre où il a rencontré pour rencontrer le général De Gaulle en septembre 42. Elle refuse

    : « Ah ! ça jamais ! On ne fait pas la guerre dans un fauteuil de cuir ! » Le mouvement la met alors en lieu sûr à Toulouse. Début avril 43 : nouvelle alerte et nouveau départ pour Cluny.

    « Tu ne me reverras pas vivante »

     

    Elle va rejoindre Mireille qui séjourne à la Roche Vineuse à 20 km de là. Elles louent deux chambres chez les Gouze. M..Gouze a été révoqué de son poste de proviseur pour avoir refusé de donner la liste des enfants et des professeurs juifs. Les hôtes des deux femmes ne posent pas de questions mais se doutent bien qu'ils ont affaire à des personnes importantes de la Résistance puisque Frenay loue une autre maison sous un nom d'emprunt.

      

    Henri et Berty tiennent des réunions de travail, en particulier pour lancer un journal, « La Voix du maquis ». Les Gouze ont deux filles dont la plus jeune, Danielle, épousera en 1946 François Mitterrand. Frenay renouvelle sa demande de départ pour Londres.

    Nouveau refus.

    Berty décide de mettre Mireille à l'abri en Suisse chez des cousins.

    Dans une chambre d'hôtel, à Mâcon, où la mère et sa fille passent une dernière nuit, Berty explique à Mireille qu'elle ne la reverra plus vivante.

    Berty retourne à Cluny. Elle trouve un message pour un rendez-vous à Mâcon le 28 mai 1943. Les Gouze essaient de la dissuader de s'y rendre. C'est un piège. La femme qui l'aborde sur le banc d'une place près de l'hôtel en lui demandant :

      

    « Etes-vous Victoria ? » est en réalité un agent double.

      

    Des hommes surgissent, maîtrisent Berty, la conduisent dans l'hôtel en pensant mettre la main sur Frenay. Elle est emmenée à l'hôtel Terminus, siège de la gestapo. Elle en ressort à 18 heures, le visage tuméfié, pour être transférée au fort Montluc à Lyon puis à Fresnes, près de Paris.

    La mort d'une héroïne


    Que se passe-t-il ensuite ? Le 31 mai 1943, les Allemands font connaître son décès sans en préciser les causes. Radio Londres, sur on ne sait quelle information, annonce qu'elle a été décapitée !

    La réalité est forcément différente. Mais, 67 ans après, il est difficile de savoir exactement. Des zones d'ombre, que Mireille essaya de dissiper, demeurent :

      

    le rôle de la femme agent double, blanchie par la justice en 1950, reste confus. 

      

    Mireille l'a rencontrée mais ses déclarations ne concordent pas avec celles d'un témoin oculaire.

    Pour sa mort les choses sont plus claires : l'acte de décès établi par la mairie de Fresnes porte la date du 31 mai 1943, sans cause connue. En mai 1945, Henri Frenay fait exhumer le corps du potager de la prison transformé en cimetière. L'autopsie montrera qu'elle n'a pas été décapitée mais qu'une marque profonde subsiste à la base du cou.

      

    Il est communément admis, dans toutes les biographies, que Berty, torturée puis incarcérée le 31 mai à 0 h 15, placée dans une cellule du quartier des droits communs, s'est donné la mort par pendaison. Mais pour sa fille cela restera toujours un mystère.

      

      

    Ainsi s'achevait cette vie hors du commun. Berty fut une femme de tous les combats pour le progrès. Le combat pour les femmes, le combat pour la dignité de la classe ouvrière, le combat pour la liberté.

      

    La nation a reconnu ses mérites en l'inhumant au Mont Valérien aux côtés de 

    16 autres héros, dont une autre femme, Renée Levy, déportée - résistante, décapitée à la hache à Cologne le 31 août 1943.

      

    Berty Albrecht a reçu, à titre posthume, les décorations suivantes :

    Compagnon de la Libération ;

    Médaille Militaire, distinction très rarement attribuée à une femme ;

    Croix de Guerre avec palme ; Médaille de la Résistance avec rosette.

     

      

    Article écrit par

    Monsieur Alain Prato

      

    sources

     

    http://resistance-var.org/maures/berty_albrecht/index.html

      

      

     

     

     

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    le nid douillet argentin des aigles nazis

     

    Ce grand hôtel n'est pas si mystérieux que ça : les fans de cinéma le connaissent bien, puisqu'il fait une apparition dans le dernier X-Men, me souffle mon collègue fan de la série (et de bien d'autres films de série Z, à l'entendre tous les jours ou presque !* ).

      

    Que représente-t-il, de quand date-t-il exactement avec son style imposant, voilà qui questionne en effet. Mieux encore quand on étudie son histoire, qui nous ramène directement au sujet : à Bariloche, il y avait l'une des plus importantes colonies nazies d'Amérique du Sud, logique que l'architecture locale en ait gardé quelque souvenir...

     

    L'île visitée est en effet celle d'Huemul, située dans le sud de l'Argentine, en Patagonie, au milieu du lac Nahuel Huapi, près de la ville de Bariloche, ou habite donc toujours... le nazi échappé. Car c'est là aussi, figurez-vous, qu'il avait été arrêté en 1995 ! De quelle impunité jouit-il, seule la justice italienne le sait : et Interpol aussi, qui n'a pas l'air de beaucoup se remuer pour lui courir après. L'homme a de l'argent (l'or des nazis, encore !) : l'hôtel où on l'a croisé n'est autre que le luxueux Llao Llao (du nom d'un champignon parasite qui se fixe sur les arbres), situé à San Carlos de Bariloche, est un des plus grands du pays et un cinq étoiles bien sûr !

    Ce gigantesque hôtel inauguré le 27 janvier 1938 a été dessiné par l'architecte argentin Alejandro Bustillo et a été entièrement refait en 1993. Il avait été incendié en 1939 et reconstruit en béton, imitant le bois, pour davantage de sécurité.

      

    Comme le note un guide local, sa taille avait de quoi surprendre surtout : "l'hôtel possède 169 chambres, une salle à manger de 500 couverts, une salle de bal, un solarium, et un casino. L'apparition de cet hotel 1938 a changé totalement la physionomie de Bariloche, puisque la ville disposa alors d'une véritable infrastructure de luxe de prestige international. N'oubions pas que dans les années 30, la Patagonie était vide, peu peuplée, déservie d'aucune route asphaltée, et que les hôtels ne disposaient que de quelques chambres. Hotel Llao Llao était donc surdimensionné et pour l'époque, et pour le lieu".

    Qui attendait-on en masse ?

    Quels clients fortunés, juste avant la guerre ?

     

    Autre spécificité de l'ensemble : le mobilier et la décoration dessinés aussi par le même architecte et aidé d'un français, Jean Michel Franck. Ce dernier travaillait à l'époque en Argentine et faisait parti de la société Comte S.A. spécialisée dans la fabrication de mobilier hôtelier. Franck, un proche de Mallet-Stevens qui se suicidera le 8 mars 1941 à New-York, où il s'était réfugié après la défaite française. Il fut à la fois l'intime de Pierre Drieu La Rochelle... et d'Aragon.

      

    Il travaillait en 1940 pour le milliardaire argentin Jorge Born, venu d'Anvers, et Nelson Rockfeller. Born avait fondé avec son beau-frère Ernesto Bunge la société Bunge & Born, dès 1884, et qui dès 1910 contrôlait déjà 80% de l'exportation des céréales du pays. Le groupe se diversifiera dans les années 30 en formant des entreprises de peinture Alba (1925), mais aussi d'engrais avec la Compañía Química, et de textile, avec Grafa (1932), ayant déjà produit de la toile de jute avant-guerre. "Bunge Argentine, Hirsch, et d'autres firmes liées à Bunge et Born ont accumulé des estancias et des plantations de centaines de milliers voire des millions d'acres de terres, dans la région au sol riche des plaines de la Pampa. L'étendue de Bunge et sa domination sur l'économie argentine a été révélée en 1974, lorsque les terroristes Montoneros ont enlevé les héritiers de l'entreprise, Jorge Juan et Born, et les ont détenus pendant plusieurs mois.

      

    Pendant le temps que les frères étaient gardés en captivité, ils ont révélé que Bunge et Born non seulement dominait l'agriculture de l'Argentine, mais aussi que les entreprises de Bunge produisaient 40% de la peinture de l'Argentine, un tiers de ses boîtes de conserve, 20% de ses textiles, etc ". Sous Peron, qu'ils critiqueront ardemment car il voulait s'attaquer à leur emprise sur le pays, leurs affaires devinrent encore plus florissantes pourtant.

    Ils récidiveront sous Carlos Menem, dirigeant quasiment l'économie du pays, grâce aux deux ministres de l'économie Mor Roig et Nestor Rapanelli venus tous droit de chez Bunge. Adroitement, alors que la famille se divisait au seuil des années 1990, la société se déclara en 1994 comme étant... des Bermudes. Aujourd'hui devenue Bunge Limited, elle est dirigée par Jorge Born Jr.

     

    Quant au Llao Llao, d'autres personnalités l'on visité, dont le président américain Dwight D. Eisenhower, en février 1960, invité par le président argentin Arturo Frondizi, Selon le New York Times du 29 Février 1960, "Ike" lui-même s'était déclaré "fatigué par pêche à la mouche", la spécialité du coin, en renvoyant son secrétaire de presse James Haggerty qui lui soumettait une audience supplémentaire par un "avez-vous déjà essayé de pêcher dans un cours d'eau pour deux heures et demie ?"

      

    plutôt surprenant pour un homme d'état, militaire de surcroît. Ike ayant passé le reste de son invitation à jouer au golf sur le parcours du Llao Llao. Eisenhower, était en effet apparemment connu pour passer autant de temps sur les parcours de golf que dans le bureau ovale... note le journal, sarcastiquement. En 1997, Clinton, autre dilettante, y séjournera aussi, en dînant au restaurant grill El Patagon.

      

    Reçu par le vice-président Enrique Villanueva, il n'avait pas été raté par un article vengeur et fort satirique de The Onion , qui se déguste toujours aussi bien 13 ans après...  Les américains semblent toujours avoir eu plein de sollicitude pour ce pays ayant hébergé tant de nazis qu'eux mêmes avaient récupéré lors de l'opération Paperclip. Il est vrai aussi qu'Ike avait rencontré Franco e 1959 en Espagne... l'ancien pourfendeur du nazisme rencontrant un de ses meilleurs supporters... l'histoire a de ces télescopages, parfois !

     

      

    Historiquement, il y a lien, ténu, mais qui a bel et bien existé et il nous ramène à un autre épisode sidérant de cette guerre : Himmler, ce véritable mafieux parvenu à la tête du parti nazi, et le lieutenant Willi Gröbel, le chef du fameux Bureau VI, avaient envisagé de détourner une bonne partie des profits des entreprises allemandes, via du blanchiment d'argent sur les profits réalisés et déclarés, pour leur bénéfice personnel.

      

    Les nazis ponctionnaient leur propre pays, avant de s'attaquer aux autres. Pour y parvenir, ils avaient recruté Friedrich Schwend, qui avait été marchand d'armes dans les années 1920, et vait même vécu aux USA. Un Schwend qui avait aussi et surtout épousé la nièce du ministre de l'extérieur allemand, le baron Von Neurath. Grâce aux relations de famille de sa femme il avait réussi à être nommé en tant qu'administrateur personnel de la richissime famille des... Bunge. C'était un nazi qui était devenu le dépositaire des droits sur la fortune des Bunge.  

      

    Mais Schwend avait déjà été également mouillé dans des détournements de l'American Express en Suisse, et avait travaillé avec les services de Bernard Krüger, qui utilisait déjà des machines Dehomag-Hollertih à cartes perforées pour établir des fiches bancaires falsifiées, faites au camp de Sachsenhausen, par des prisonniers mis à part des autres. Mais ces fameuses machines servaient à autre chose également (à Trieste, en Italie, elles avaient aussi servi au recensement des juifs !).

    Les machines (dont j'ai déjà parlé ici longuement, et dont on découvre chaque jour davantage l'importance !) servirent également à casser le code permettant la génération de numéros de série véritables sur les billets de banque, et surtout elles y réussirent. Selon Adolf Burger, juif slovaque tailleur de talent recruté pour l"opération (tous les tailleurs de précision du camp étaient d'origine juive !), ce sont près de 134 millions de livres sterlings qui avaient ainsi été falsifiées, dont environ 10% suffisamment bien faites pour passer totalement inaperçues, possédant le bon numéro.  

    Au total, en effet, 8 965 080 billets furent produits à Sachsenhausen, pour un montant total de 134 610 810 livres exactement.

      

    C'est Rudolph Blaschke, un autrichien installé en...

    Croatie qui avait indiqué aux autorités suisses que l'auteur des faux papiers était Friedrich Schwend. Ceui-ci résidait alors en Italie, dans une luxueuse villa à Abbazia, près de Fiume. Recruté par l'Abwehr pour espionner la Croatie, il fut renvoyé par les italiens qui le soupçonnaient de faire la même chose sur leur territoire. Schwend fut alors "sauvé" par Gröbel, avec lequel il se lança dans la fabrication de faux billets, au nom du Reich bien entendu ce fut l'Opération Bernhard.

      

    On retrouvera une partie des billets en 1959 au fond du lac Toplitz, près d'Ebensee, grâce à une caméra immergée. A l'Hôtel Enzian à Techendorf, devenu le QG du nazi Globocnik en avril1945 on trouva un véritable trésor en or et de diamants, enterrés juste à côté du bâtiment. Il n'y avait pas que de l'or, chez les nazis, mais aussi de l'argent... en faux billets, et les bijoux volés dans toute l'Europe ! Une partie a-t-elle servi en Argentine ? Très certainement, les billets étant moins lourds à transporter que les barres d'or.

     

    Voilà donc notre nazi croisé un soir au restaurant et réfugié à Bariloche, en Argentine, donc, qui ce nom Bariloche qui vient de la langue des Mapuches, le dérivé du mot Vuriloche, qui signifie "homme de l'autre côté de la montagne", comme beaucoup d'autres sans nul doute. Aujourd'hui, à Bariloche, on peut vivre comme des rois, la région étant très avancée technologiquement : on trouve dans la ville un réacteur nucléaire de recherche, car la ville est aussi le siège entres de recherche de l'INTA et de la CNEA (les équivalents de l'INRA et du CEA français), mais aussi l'internet haut débit, ce qui est déjà plus étonnant, et toute une série d'universités, des écoles et même une station de ski, telle la Cerro Catedral etc. Question paysage, notent les visiteurs, ça oscille entre la Suisse et la Bavière...

      

    logique que cela ait plu à ces centaines de nazis réfugiés dans le secteur. Le lac Nahuel Huapi est situé à une altitude de 750 mètres environ et s'étend sur une superficie de 646 km² (un peu plus que le lac Léman) et présente la particularité d'être un des plus profonds de ce type : il plonge à 480 mètres de profondeur. C'est situé à 1 650 km au sud-ouest de Buenos Aires, comme quoi les nazis avaient largement exploré le pays pour s'établir : c'est bien la preuve ils n'avaient pu le faire dans l'urgence en 1945 seulement. Tout avait été préparé pour les recevoir, et depuis longtemps. A Bariloche, où il n'y avait rien, c'est simple, on avait édifié une ville pour eux, au flanc d'une montagne et au bord d'un lac : une Bavière bis, a-t-on déjà dit. Les nazis avaient déjà construit leur point de chute.

     

     

    Abel Basti, qui habite aujourd'hui Bariloche, en qualité de gestionnaire du parc naturel autour du lac Nahuel Huapi, un des premiers créés au monde, a une idée bien arrêtée et surtout une enquête qui se tient, sur les hauts dignitaires nazis arrivés en masse à partir de 1948, via la fameuse "route des rats".

    Parmi les hauts dignitaires, Basti est pratiquement persuadé qu'il y avait le plus élevé. Selon lui, l'énorme maison visitée par notre chercheur en U-bootologie, située en réalité à Inalco, près de la ville de La Angostura, n'était autre que son habitation ! Or celle-ci, construite selon des plans allemands, appartenait à Jorge Antonio, un proche du dictateur Juan Peron, qui avait comme employé un certain Adolf Eichman. Une villa faite par l'architecte Alejandro Bustillo, elle aussi !!!

    Or Jorge Antonio est décèdé en 2007, l'année qui précède la première visite de notre treckker andin, ce qui expliquerait l'abandon de l'énorme villa, qui s'est beaucoup dégradée depuis la seconde visite de 2009 (les photos récentes la montrent en mauvais état, avec un toit passablement abîmé). Un mauvais point pour ceux qui en faisaient la résidence d'Hitler, refaite en 1993, elle semble désormais à l'abandon. Il était loin le temps des publicités des années 50 pour vanter Bariloche comme une petite Bavière...

    La première résidence argentine utilisée étant l'estancia San Ramon, un ranch tenu par des allemands, de Bariloche, dans le Rio Negro, toujours. Selon l'auteur, un des sous-marins aurait débarqué à Caleta de los Loros, dans la province du Rio Negro, dans le Golfe de Sa Matias, à 140 km de Viedma et à 100 km de Las Grutas,. Le 18 juillet 1945, un rapport de la Marine argentine avait indiqué avoir vu à cet endroit deux sous-marins, ou plutôt deux périscopes. Un navire, l'Escumar, y avait été envoyé pour y balancer des charges de profondeur.

      

    En 1957, un pilote, Mario Chironi, survolant Caleta de los Loros y avait aperçu ce qu'il avait pris pour une épave de navire. Un photographe amateur, Eduardo Frías, l'apercevra lors d'une marée exceptionnelle. Une étude menée en novembre 1996 par Luis Artigas Brochado, du San Antonio Oeste Institute of Marine Biology ne donnera hélas rien. On y distinguera qu'un banc de sable aggloméré noir. Un témoignage retrouvé sur place confirmera l'arrivée d'un sous-marin à environ 1 km du rivage, l'homme l'ayant vu provenant de la estancia Madreselva.

      

    Etait-ce le U-530, qui avait tant tardé à rejoindre Mar del Plata, ou l'U-977, qui avait fait de même ? Ou un troisième et un quatrième, puisque certains semblent avoir un autre sous-marin que ces deux-là, dont l'histoire est connue.

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    Il y a 1 mois - 49 secondes

    L'attaquant argentin s'est une nouvelle fois blessé, mais cette fois-ci, seulement 7 minutes (...)

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    Pour certains, c'est un fait acquis, et l'encombrant "touriste" se serait même enhardi : "ainsi, il a été vu et reconnu dans le Parc national en Cholila et Alerces 1948.

      

    Quatre ans plus tard, il est vu dans la estancia "Vallée de la Huemules" Braun, propriété de Maurice Braun, il visite Comodoro Rivadavia, où il a également été reconnu. En 1953, il sera vu à Mar del Plata près de son ami yougoslave Pavelic.

      

    Trois ans plus tard, ils assistent à une réunion du parti à La Falda, Córdoba, hébergé par le couple Eichhorn, les anciens propriétaires de l'hôtel "Eden". L'année suivante, a visité, à Cervantes (dans le Rio Negro) il rend visite à Albrecht Boehme, à la estancia Santa Cruz, puis à celle de Bella Vista, des conjoints Stipicic, avec vue sur le glacier Perito Moreno. C'est à ce moment, avec 70 ans d'âge, que le poids de la vie a gagné la bataille finale.

      

    L'ami Jacob Boehme, le pilote expert, s'est envolé immédiatement pour le voir" raconte même Raine Golab. Cela peut paraître abracadabrantesque : mais la cavale protégé d'un autre assassin serbe patenté, présent lui aussi dans des mariages et autres visites familiales laisse songeur (et je ne parle pas de celui qui aurait vécu des années à deux pas d'une caserne pakistanaise !)

     

    A Bariloche, véritablement infesté de nazis, au point qu'ils y dressaient leur drapeau sur les écoles ou affichaient leurs swastikas en réunion, derrière un portrait de leur idole, d'autres avaient manifestement débarqué : on y reconnut aussi Edouard Roschmann, devenu Federico Wegener, par la grâce de l'immigration argentine, décriée précédemment, le boucher du ghetto de Riga, venu se faire soigner dans un hôpital au Paraguay pour une infection, ainsi que Walter Rauf, "l'inventeur" du camion à asphyxier pour supprimer les juifs. Il s'en prendra en Afrique du Nord aux tunisiens et persécutera les juifs italiens, s'en prenant en priorité à leur or.

      

    Réfugé en Syrie, puis au Liban, il rejoindra par l'habituelle "route des rats" l'Equateur puis le Chili, pour y devenir un zélé collaborateur d'Augusto Pinochet. Il le fera via l'Egypte, "aidé" par les services secrets israéliens qui souhaitaient plutôt le voir rester en Egypte pour mieux le surveiller. Il mourra au Chili en 1984 seulement, d'un cancer de la langue, âgé de 77 ans. Roschmann avait utilisé le plan de la Croix-Rouge pour partir de Gênes vers l'Argentine, où il avait fondé comme Klaus Barbie en Bolivie une entreprise de bois, et avait même obtenu la nationalité argentine en 1968 ! Il fuira après au Paraguay, pour y mourrir le 10 août 1977.

      

    Ce qu'il y a de plus étonnant dans cette histoire, c'est que sur le bureau d'Edgar Hoover atterriront plein de faxs annonçant Hitler un peu partout, dès 1945, mais que certains avaient déjà localisé l'Argentine et tout un réseau organisé, qui aurait été dans l'attente de le recevoir. L'un d'entre eux daté du 3 août 1945, situe le lieu où il réside "au pied des Andes", ce qui est extrêmement troublant. Car c'est là que se situe... Bariloche !

     

    Basti, lui, n'en démord pas : le 10 mai dernier encore, il s'adressait au gouvernement argentin pour obtenir les documents de l'armée sur l'enquête faite à Caleta de los Loros en 1996 soient communiqués, en des termes plutôt virulents : "la documentation relative à la présence nazie dans le pays depuis les années 40 et pendant le gouvernement de Juan Domingo Perón, est plus que restreinte par une ordonnance de l'ancien président Carlos Menem en 1992, et que l'ancien ministre Nilda Garre l'a ignorée au motif que les renseignements sur la venue des sous-marins nazis était un « secret d'Etat." Si c'en est un, c'est l'un des pires de tous les temps, en tout cas ! Cela ne nous dit toujours pas ce qu'on faisait à Huemul, remarquez : cela, nous le verrons demain, si vous le voulez bien.

    (*) l'impayable Marc, déjà cité ici (il me doit deux bières).

    un documentaire intéressant suit la thèse d'un Hitler possible résident de Bariloche.

    1) http://www.youtube.com/watch?v=6D3n...

    2) http://www.youtube.com/watch?v=7_ZE...

    3) http://www.youtube.com/watch?v=Yh1Z...

    4) http://www.youtube.com/watch?v=uZxA...

    5) http://www.youtube.com/watch?v=8Cyv...

    6) http://www.youtube.com/watch?v=Y4Qg...)

    7) http://www.youtube.com/watch?v=9RzM...

     

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-52-le-nid-douillet-95411 



     
     
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    Carlos Menem, l’effaceur

     

      

    On continue à en apprendre tous les jours sur cette présence avérée de dignitaires nazis en Argentine et du rôle surtout qu'a tenu Juan Peron dans leur protection. Longtemps dissimulés, les liens étroits du dictateur populiste argentin font l'objet d'une nouvelle attention depuis le départ de Carlos Menem, ultime rempart contre ceux qui voulaient savoir.

      

    Après son départ, le dossier avance... mais lentement : tout se passe comme si l'on ne désirait jamais totalement juger ces fuyards qui disposaient de tant d'argent, volé en Europe pendant la guerre par les moyens que l'on sait. Tout se passe comme si les enfants du nazisme, pour survivre, avaient endossé des costumes moins voyants.

      

    Aucune allusion à une extermination, désormais, ou alors à moins de remettre en cause celle-ci, pour en minimiser les faits, ce qui signifie aussi ne pas en assumer la paternité. A Bariloche, s'est tout simplement dessiné une sorte de nazisme édulcoré, mais toujours aussi fondamentalement antisémite.

      

    Celui sur lequel surfent les générations nouvelles d'héritiers du mouvement, comme celles d'un Reynouard en France, négationniste patenté et grand admirateur d'Hitler, défendu par un Paul Eric Blanrue qui a été au temps de son passage chez les zététiciens, un des grands partisans de la thèse de la fuite d'Hitler, le genre qu'adorent les lecteurs d'Historia, où il publiait aussi... ce qu'il s'évertue aujourd'hui à ne pas trop rappeler.

      

    Développant sans s'en rendre compte un anti-américanisme évident, très proche du péronisme. Qui rejoint, par exemple, les élucubrations d'un Jacques Pauwels à propos du débarquement !

    Quelle était la méthode utilisée pour se faire oublier, chez les nazis argentins ? La dissimulation de preuves par graissage de patte, grâce au tas d'or dont il disposaient. Résultat, Carlos Menem, qui fut accusé de blanchiment d'argent sale en Suisse, pouvait en 1996 tranquillement ouvrir les archives sans crainte : elles avaient été vidées au préalable de leur contenu compromettant, sous son ordre. Les agents des services publics d'administration avaient été scandaleusement "graissés". « Celles de la gendarmerie contiennent quelques perles ; celles des services secrets, composées de coupures de presse et de dépêches d'agence, sont bonnes pour la poubelle », déclare Widder.

      

    On y relève d'étranges lacunes - le nom d'Adolf Eichmann, l'organisateur de la Solution finale, n'y apparaît qu'après la date de son enlèvement, en Argentine, par les services israéliens - et les preuves d'un étonnant laxisme, dont les auteurs ont sans doute été bien rémunérés. Ainsi Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, qui pratiquait, dans les premières années de son exil, des avortements clandestins à Buenos Aires, fut détenu quelques heures, puis relâché, après la mort d'une de ses patientes.

      

    Un autre criminel nazi, Walter Kutschmann, accusé du meurtre de 20 professeurs d'université polonais et de leurs familles, qui vivait en Argentine sous le nom de Pedro Ricardo Olmo, fut arrêté un jour à Mar del Plata et présenté devant un juge. Il nia toutes les charges qui pesaient contre lui, maintint qu'il s'appelait bien Pedro Olmo et fut, lui aussi, libéré. Bref, il s'agit d'un puzzle de milliers de vieux papiers pour reconstituer la confuse et incroyable histoire des nazis en Argentine," raconte l'Express, dans un superbe article en date de 1998, sidéré par les méthodes employées pour dissimuler la faune qui avait envahi Bariloche, notamment.

      

    La liste était longue en effet (*) : on y trouvait Ludolf von Alvensleben (ici en photo à gauche), Klaus Barbie, Gerhard Bohne, Kurt Christmann, Armin Dadieu, Adolf Eichmann, Johann Feil, Hans Fischbock, Erwin Fleiss, Albert Ganzenmaller, Fridolin Guth, Hans Hefelmann, Bernhard Heilig, Josef Janko, Karl Otto Klingenfuss, Alois Luigi Kofler, Eckard R. Krahmer, Walter Kutschmann, Fritz Lantschner, Gerhard Lausegger, Josef Mengele, Erich Friedrich, Otto Karl Muller, Erich Priebke, Erich Rajakowitsch, Friedrich Joseph Rauch, Walter Rauff, Eduard Roschmann, Josef Schwammberger, Siegfried Uiberreither, Josepf Votterl, Horst Wagner, Guido Zimmer. A part ça, peu de nazis avaient réussi à s'échapper, nous a-t-on appris jusqu'ici...

    Quant à Menem, l'ami des Rolling Stones (de "Sympathy for the Devil", pour sûr ! ), il n'était guère plus reluisant : mêlé à divers trafics, dont celui d'armes avec le trafiquant Jean-Bernard Lasnaud, nous rappelle sud-nord news ; il fut arrêté le 7 juin 2001. "Le 17 janvier et le 14 février 2002, la revue helvétique L'Hebdo a consacré deux longs articles à cette affaire. Ceux-ci font apparaître d'autres comptes appartenant à des membres du clan Menem, notamment celui de Nicolás Becerra, actuel Procureur Général d'Argentine. Ce compte a déjà été signalé en Suisse par le journal Le Temps, le 25 juillet 2001. Sous le nom de « Naranja », il a été ouvert au début des années 90 par l'intermédiaire d'un représentant spécial du Crédit Suisse pour l'Amérique Latine, Hans Peter Winkler, qui entre temps est passé à l'UBS, en Uruguay. Devant ces révélations, le siège du Crédit Suisse à Zurich n'est pas entré en matière. Il faut savoir qu'en 1998 Becerra a été nommé procureur par Menem et qu'en 1990 il a été l'organisateur de la naturalisation illégale en Argentine du narco-terroriste syrien Monzer Al Kassar, cousin lointain de Menem, lequel a été condamné à Genève pour trafic d'armes en 1999. En juin 2001 déjà, le juge fédéral de Buenos Aires, Juan José Galeano, avait refusé de demander aux autorités helvétiques la levée du secret bancaire de Becerra suite à la dénonciation de l'existence de ce compte et malgré la requête de deux procureurs fédéraux argentins, Carlos Rivolo etClaudio Navas".Des armes qui partaient aussi vers la Croatie, comme par hasard : "Dans la procédure pénale pour trafic d'armes vers la Croatie et l'Equateur instruite en Argentine, d'abord par le juge Urso et maintenant par le juge Speroni, il apparaît que le 4 février 1995 Jean-Bernard Lasnaud a fait une visite à la fabrique d'armes de Rosario en Argentine pour tester des armes avant d'organiser une exportation destinée à l'Equateur". Sous les mandats de Menem, deux attentats antisémites avaient eu lieu. 

    Et Menem, lors de son mandat, avait tout simplement pillé le pays à son seul profit : "en 1989, son discours péroniste avait d'abord séduit les foules.

      

    Son règne la plus longue présidence dans l'histoire argentine fut marqué par un pic de prospérité économique, mais aussi par une longue série de scandales. (...) La justice argentine, qui semble avoir enfin récupéré son entière liberté, pourrait aussi se pencher sur la fortune de l'ancien chef d'Etat. Pendant ses dix années de pouvoir, Carlos Menem a privatisé, souvent dans des conditions douteuses, tout ce qui pouvait l'être. En tout, environ 40 milliards de dollars dont les experts se demandent où ils sont passés car en même temps, la dette publique avait presque doublé (120 milliards de dollars fin 1999). La main sur le coeur, l'ancien président a juré ne pas s'être enrichi pendant cette période et a déclaré un patrimoine de 1,9 million de dollars

      

    alors que la rumeur évoque le chiffre de 3 milliards de dollars" expliquait le Figaro le 9 juin 2001. Il avait guère fait mieux que Peron, au total. "En 1991, par exemple, il avait été accusé d'avoir reçu une Ferrari d'hommes d'affaires italiens en retour d'un contrat pour la modernisation des aéroports du pays" accuse "Perspectives Monde". De là à effacer consciencieusement les archives compromettantes de ceux qui l'avaient soutenu comme ils avait soutenu Person, en lui payant sa campagne électorale... et il y en avait, à supprimer, en plus de ceux déjà cités avec et il y en avait à effacer , Reinhard Kopps, devenu citoyen de Bariloche sous le nom d'emprunt de Juan Maler, le N° 7524143 de carte du NSDAP, un ancien de l'Abwerh, Herbert Habel, né lui en 1914 en Argentine, à El Bolsón, dans la Province de Río Negro, ancien SS, arrivé sous le nom de Kurt Repa en 1950 à bord du bateau"Cabo de Buena Esperanza", un de ces "whited sepulchers" (avec l'Alsina), et venu habiter un chalet appelé EL Piltriquitrón du nom du sommet qui surplombait sa maison.

      

    Peron lui aurait demandé pourquoi Hitler avait-il perdu la guerre ? Ce à quoi il avait répondu : "vous savez très bien ce qui s'est passé". Mais aussi Paul Schaefer Schneider, pédophile recherché pour abus et corruption de mineurs, le fondateur de l'infâmante colonie Dignidad (devenue ensuite Villa Bavaria), qui sera condamné en 2006 à la prison où il finira par mourir en 2010, à Santiago. Mais encore Ante Pavelic, Aribert Heim, le médecin autrichien SS des camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen, présumé décédé en Egypte (selon une information tardive de 2009). cela en faisait pas mal d'arrivés en Amérique du Sud...

    Tout s'expliquait donc, que ce soit sous Peron ou sous Menem, selon l'Express toujours, les nazis fortunés, en Argentine, choisissaient de soutenir le candidat présidentiel qui leur serait le plus favorable :

      

    "aimablement reçus par un régime péroniste influencé par les fascismes européens, aussi antiaméricain qu'il était anticommuniste, les fugitifs du IIIe Reich ont souvent recréé ici des villages à l'image de leurs Heimat natals. Ils se sont installés dans le nord de l'Argentine, non loin des frontières avec le Paraguay et l'Uruguay, dans la région de Cordoba, où vivaient déjà de nombreux marins du Graf Spee, un navire de guerre allemand qui s'était sabordé en décembre 1939 dans l'embouchure du Rio de la Plata, ou bien vers Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, près de la frontière avec le Chili." C'était bien le premier point de chute qu'avait visité notre chasseur de sous marins !

      

    Le deuxième étant également connu depuis, X-Men aidant : "Beaucoup d'entre eux ont particulièrement apprécié San Carlos de Bariloche, sur les contreforts andins, au bord d'un lac, un lieu de villégiature qui rappelle, avec ses chalets, ses montagnes et ses eaux claires, un joli coin de Bavière (..., voir la photo ci-contre en effet).Comme le raconte Jorge Camarasa dans son livre "Odessa al Sur" (éd. Planeta), il put, dans les rues de Bariloche, croiser Josef Mengele ou Adolf Eichmann, qui y vint parfois en vacances. L'ancien pilote de la Luftwaffe Hans Ulrich Rudel participait aux tournois de ski du Club andino. Le financier Ludwig Freude, ami de Peron, y avait une maison. Friedrich Lantschner, ancien gouverneur nazi du Tyrol autrichien, y fonda une entreprise de construction. Vivaient également à Bariloche un ancien agent des services de l'armée allemande, Juan Maler, le banquier nazi Carlos Fuldner, d'anciens responsables de la Gestapo ou des SS comme Max Naumann, Ernst Hamann ou Winfried Schroppe. Tout ce beau monde buvait chaque soir de la bière au Deutsche Klub et fêtait, tous les 20 avril, l'anniversaire d'Adolf Hitler au dernier étage de l'hôtel Colonial."  

     

     

      

    On ne peut être plus clair : tout ce petit monde n'était pas venu là en soucoupe volante nazie : mais par la mer, a bord de sous-marins pour les premiers, à bord des cargos ou paquebots pour les autres, ceux gérés par l'une des fortunes argentines, ami des nazis. Aidés par Eva Peron et le Pape !


    Reste à en établir le nombre exact : "Combien furent-ils à venir dans ce pays après la guerre ? Personne ne le sait encore précisément. « Des nazis, des collaborateurs ? Des milliers. Des criminels de guerre ? Quelques dizaines », estime Sergio Widder. L'historien allemand Holger Meding, chercheur à l'université de Cologne, qui a travaillé sur les archives argentines, allemandes et autrichiennes et a publié, en 1993, un livre sur le sujet (Flucht vor Nürnberg ? Deutsche und Oesterreichische Einwanderung in Argentinien, 1945-1955, éd. Boehlau Verlag, Cologne), estime qu'environ 80 000 Allemands et Autrichiens sont entrés au cours des dix années de l'après-guerre en Argentine, et que 19 000 s'y sont établis définitivement. Entre 3 000 et 8 000 d'entre eux ont fui l'Europe en raison de leur association avec le nazisme et 50 seraient des criminels de guerre"... Aurait-on minimisé ce nombre ? Il semble bien. Dans son ouvrage, "The "Nazi menace" in Argentina, 1931-1947", paru en 1992, Ronald C. Newton, en recense en effet la bagatelle de 250 000 au total, d'installés en Argentine. Mais il n'y a pas que cela, les plus dangereux n'étant pas nécessairement ceux qu'on pouvait attendre au départ : "Face aux immigrants d'origine germanique, l'historien Cristian Buchrucker, de l'université de Cuyo, dans la province de Mendoza, identifie un « groupe latin », composé de collaborateurs français, de rexistes belges et de fascistes italiens. Moins nombreux mais souvent plus intellectuels et plus urbains que les exilés allemands, moins handicapés aussi par la barrière de la langue, ils eurent sans doute une plus grande influence qu'eux sur la société argentine.

      

    Ils pénétrèrent plus facilement le monde universitaire et publièrent articles et revues en castillan, diffusant ainsi leurs idées d'un « ordre nouveau » dont la version la plus atténuée était un « conservatisme autoritaire » fortement teinté d'intégrisme catholique. Leurs principaux représentants furent Carlo Scorza, secrétaire général du Parti fasciste italien en 1943, l'universitaire français Jacques de Mahieu, ancien combattant de la division Charlemagne, mort à Buenos Aires en 1990, le rexiste Pierre Daye, Henri Lebre, qui collabora à la revue vichyste Je suis partout, et Alberto Falcionelli, lui aussi journaliste et représentant de l'office d'information du régime de Vichy à Madrid.

      

    " Un "fascisme sans frontières", en quelque sorte, et une dilution du message hitlérien dans la société contemporaine : en ce sens, l'Argentine fût un creuset, dont la dangerosité se mesure aujourd'hui à l'aune des publications fascistes européennes actuelles, ou le rexisme a, hélas, particulièrement le vent en poupe. Quant à l'Europe, elle a aussi hébergé des nazis : étonnamment, le 12 juin dernier, on retrouve... en Angleterre, à Fareham, un ancien gardien du sinistre camp polonais de Trawniki, Alexander Huryn, né en Ukraine, aujourd'hui âgé de 90 ans, qui était sous les ordres du SS Karl Streibel. Il continuait à recevoir en Angleterre sa pension versée par l'armée allemande !

     
      
    Sous Nestor Kirchner, ce "péroniste de gauche" élu le 25 mai 2003, qui tenta de redorer le blason entaché par Menem, car il avait aussi amnistié les généraux de la Junte, après les sooubresauts du pays et les épisodes présidentiels qu'ont été Fernando de la Rúa Bruno (démissionnaire après de terribles émeutes), le péroniste Federico Ramón Puerta ; "Président provisoire de l'Honorable Sénat de la Nation", Adolfo Rodríguez Saá Páez Montero, autre péroniste, président intermédiaire lui aussi, Eduardo Óscar Camaño, président deux jours seulement, et Eduardo Alberto Duhalde Maldonado, qui s'étaient tous succédés en moins de 6 ans, une nouvelle vague de révélations avec d'autres archives intéressantes surgit :   "l'ouverture des archives de la direction nationale de migrations, qui a été ordonnée à la mi-juillet par le président Nestor Kirchner, a révélé que 7 250 fascistes croates sont arrivés en Argentine à partir de 1946, dont quinze grands criminels de guerre.
      
    Parmi eux, Ivo Heinrich, conseiller financier d'Ante Pavelic, ancien chef de l'Etat oustachi (pro hitlérien) et qui avait également trouvé refuge en Argentine, et Friedrich Rauch, qui était en fait un colonel SS chargé par Hitler de retirer l'or de la Banque centrale de Berlin et de l'enterrer dans les montagnes de Bavière. Tous ces immigrants s'étaient vu délivrer des passeports de la Croix-Rouge par l'intermédiaire du Vatican". Pour la première fois, en clair, on montre les liens étroits entre Peron et les nazis, et ce lien si particulier avec la Croatie :
      
    "Une puissante organisation secrète chargée de fournir l'asile était dirigée par Rodolfo Freude, collaborateur de Juan Peron," titre l'article du magazine Pagina 12, qui relate aussi un extrait du livre de Goni qui explique que cette organisation avait bel et bien été créée avant la seconde guerre, à la date de la création du fameux hôtel Llao Llao, notamment."Dans une tribune d'opinion, M. Goñi révèle que "le secret d'Etat le mieux gardé" en Argentine est une circulaire secrète du ministère des affaires étrangères datant de 1938, avant même l'arrivée au pouvoir de Peron, qui interdisait l'entrée en Argentine de réfugiés juifs fuyant l'Allemagne nazi.
      
    Exception faite, précise M. Goñi, de ceux qui avaient les moyens financiers de payer des pots-de-vin à des diplomates argentins.   Cette "circulaire 11" n'a jamais été rendue publique et n'a pas non plus été abolie, ajoute le journaliste". A partir de là, on peut difficilement imaginer que l'arrivée des U-Boot à la fin du conflit ait été une manœuvre de dernière minute sans préparations préalables. Les nazis s'étaient ouverts une porte de sortie en cas de besoin dès 1938 ! Avec comme comité d'accueil 1/4 millions de nazis ou de sympathisants en puissance ! A partir de là, l'hypothèse de la fuite organisée du principal responsable prend davantage encore de corps, à vrai dire, et inquiète encore davantage (d'autant plus que son garde du corps avait été bien peu prolixe sur les circonstances exactes de sa disparition**) !

    Car on a bien protégé une deuxième fois ces nazis, après Peron, et c'est le gouvernement de Carlos Menem qui en avait pris la responsabilité : "A Buenos Aires, des parlementaires ont exigé une enquête pour vérifier si d'importantes archives du département des migrations avaient été détruites en 1996 sous le gouvernement de l'ex-président Carlos Menem. En 1992, après un voyage officiel à Washington et des entretiens avec la communauté juive, M. Menem avait ordonné l'ouverture en grande pompe des archives secrètes de la police et de services de renseignement sur le séjour en Argentine de criminels de guerre nazis. A l'exception de quelques coupures jaunies de journaux, ces archives avaient déçu les chercheurs venus du monde entier". Du grand art, l'ouverture d'archives consciencieusement vidées auparavant ! Du grand art, signé Menem !

     

    L'auteur Jorge Camarasa, dans son livre "Odessa al Sur", allant plus loin dans le rôle joué par l'église catholique dans l'affaire, citant Vincent La Vista, attaché américain à Rome qui avait affirmé que le Vatican « était la principale organisation impliquée dans le déplacement illégal de personnes », en "citant 21 dignitaires du Saint-Siège impliqués dans un réseau fournissant asile, documents et argent aux fugitifs, pour peu qu'ils soient anticommunistes et favorables à l'Eglise catholique.

    En plus du couvert, l'habit, parfois, fut également fourni. On sait que certains nazis, comme Eichmann, Ante Pavelic ou Klaus Barbie, arrivèrent en Argentine vêtus d'une soutane. Pavelic, ancien chef de l'Etat indépendant de Croatie, où furent exterminés dans des camps de la mort 800 000 personnes, aurait été en contact, selon un télégramme du Central Intelligence Corps américain de 1947, avec le sous-secrétaire d'Etat du Vatican de l'époque, Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI". Klaus Barbie débarqué sous un soutane ?

     

    "Les historiens responsables de l'étude de la « Vatican Connection » ont cependant découvert en Italie un document inédit qui confirme le rôle de l'Eglise dans la recherche d'une sortie de secours pour les soldats perdus du IIIe Reich et leurs collaborateurs :

    une lettre du cardinal français Eugène Tisserant, responsable des Missions du Vatican en Europe orientale, adressée en mai 1946 à l'ambassadeur d'Argentine à Rome. « Lorsque Son Eminence le cardinal Caggiano [à l'époque primat d'Argentine, NDLR] et Son Excellence Mgr Barrère [évêque de Tucuman, dans le nord de l'Argentine, NDLR] se trouvaient à Rome, ils m'ont laissé entendre que le gouvernement de la république Argentine serait disposé à recevoir des Français que leur attitude politique pendant la récente guerre exposerait, s'ils rentraient en France, à des mesures de rigueur ou à des vengeances privées », écrit le prélat français. Et il demande au diplomate de bien vouloir accorder des visas aux familles Plissard et Reuillard, ainsi qu'à Pierre Aubry.

      

    Nous sommes alors à un mois de l'arrivée au pouvoir de Peron, dans une situation politique pour le moins confuse qui incite sans doute l'ambassadeur à la prudence. Il répond à Tisserant qu'il a pour instructions de suspendre pour le moment tous les visas pour l'Argentine. Cet échange de correspondance confirme deux autres découvertes réalisées par Ignacio Klich sur le rôle du Saint-Siège. En juin 1946, le cardinal Montini approche l'ambassadeur argentin près le Vatican pour lui proposer que des experts des deux Etats travaillent ensemble afin de répondre aux inquiétudes du pape Pie XII concernant les catholiques ne pouvant rentrer chez eux.

      

    Peu de temps après, l'adjoint au secrétaire d'Etat américain pour les zones occupées, le général John Hilldring, fait savoir à l'Argentine que les décisions de chaque Etat sud-américain concernant les personnes déplacées et les réfugiés constituent pour eux « une affaire intérieure ». « C'était, déclare Klich, un feu vert américain. »

     

     

     

    En 1949, enfin, le pape Pie XII, dans un entretien avec le Washington Post, déclare qu'il tient à féliciter Peron pour ses bonnes dispositions « en matière d'immigration ». De bonnes dispositions qui supposaient tout de même un péage d'entrée, et qui auraient rapporté au régime argentin, selon les services secrets américains, quelque 800 millions de dollars". De quoi échafauder deux programmes nucléaires et demi, au tarif de Richter ! Que d'or, que d'or !

     

    Selon ce même historien, Peron aurait même fait envoyé à Vienne, par valise diplomatique, près de 2 000 passeports argentins agrémentés de 8 000 cartes d'identité vierges, destinées à être remplies par les fugitifs nazis.

    C'est ce qu'avait fait parvenir Eva Peron lors de son fameux voyage en Europe (voir l'épisode précédent). Chose confirmée par Pedro Bianchi, ancien diplomate devenu l'avocat du nazi Erich Priebke... Quant à l'église, elle s'occupera comme il se doit (pour elle) d'Alojzijc Stepinac, ce cardinal croate oustachi, soutien affiché d'Ante Pavelić ,qui fût archevêque de Zagreb et qui avait déclaré en 1942 qu'« Hitler est un envoyé de Dieu".

    Ben tiens ! Jugé et condamné aux travaux forcés par le tribunal de Tito, sa peine fut commuée en assignation à résidence... mais bien pire encore, le 3 octobre 1998 l'homme a été béatifié par l'Eglise catholique (par Jean-Paul II) ! Il n'avait jamais pourtant renié son soutien au fascisme croate !!! Un bienheureux admirateur d'Hitler, on trouve décidément de tout au paradis !

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    Il y a 1 mois - 27 secondes

    L'intervention de Carlos Ghosn au Mondial de Paris

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    Car avec tout ce monde et tout cet argent, il y en avait à faire avec un dictateur qui désirait tant faire avancer son pays sans tomber nécessairement dans les bras des USA ou de l'URSS. Il y avait tout à créer, dans ce pays où s'étaient réfugiés tant de de nazis...

    (*) Eux, mais aussi leurs collaborateurs, qui fabriquent là-bas une belle faune :

      

    Marc Augier, Jean-Henri Azema, la la voix du Gouvernement de Vichy sur Radio Paris, Marcel Emil Auguste Boucher, le maire de Contrexéville, Fernand de Menou (venu avec un visa de touriste), Philippe Darnand, devenu speaker à Radio-Vatican, Jacques de Mahieu, qui fera carrière d'écrivain là-bas, se spécialisant dans les théories fumeuses (les Vikings en Patagonie !), Michel Detroyat, superbe pilote de voltige, l'ancien moniteur d’acrobaties d’Hélène Boucher et conseiller du ministre de l’Air en 1938, Emile Julien Dewoitine, l'inustriel avionneur, Jean de Vaugelas, l'un des principaux chefs de la Milice, réfugié à Mendoza, qui sera tué par un commando déguisant sa mort en accident de voiture,

      

    Christian Du Jonchay de la "La Phalange africaine", René Fayard, Georges Guilbaud Degay,  en photo à droite, qui dirigeait le quotidien « Tunis-Journal », organe du collaborationnisme en Tunisie. condamné à mort en France et qui devint conseiller de Peron, Henri Lèbre du "Cri du peuple", Jean-Pierre Ingrand à la tête des lamentables sections spéciales, parti d'abord en Suisse, l'un des rares à avoir fait des regrets plus tard, Henri Janieres, l'acteur Robert Le Vigan, l'acteur, interprète de « Quai des Brumes » qui officiait à la propagande de Radio-Paris,

      

    Charles Lesca de « Je suis partout » le directeur de l'hebdomadaire, condamné à mort par contumace en mai 1947, Olier Mordrel, l'ancien chef du Parti national breton (PNB) qui arrive en 1948 et achète un hôtel à Cordoba, Robert Pincemin, le chef départemental de la Milice de l'Ariège et de la Haute Garonne, qui sera condamné à mort par contumace.

      

     Il était parti défendre le bunker d'Hitler et sera en Argentine le premier animateur du mouvement de la "Cité Catholique" intégriste, fondée par Jean Ousset en 1946 (où atterriront surtout ceux de l'OAS).

      

    Henri Queyrat, engagé dans la Waffen SS en mai 1944, Maurice Francois Remy, Auguste Joseph Ricord, qui avait travaillé pour la Gestapo française sous le régime de Vichy et qui deviendra le"Mr Héroïne " de la French Connection (!), Simon Sabiani , le célèbre maire PPF de Marseille, Eric Marquis de Surville, Pierre de Villette. Georges Guilbaud Degay, condamné à mort en France, qui devint lui conseiller de Juan Peron. (Renseignements empruntés ici (les belges sont ici). La liste complète est là).

    (**) lire ici son étonnant mutisme : la Nuit de Cristal, ça ne lui disait rien, paraît-il..."« Pas le meilleur des observateurs », de son propre aveu", raconte le Figaro, et pourtant l'un des seuls témoignages sur la mort d'Hitler. Or il n'a même pas entendu le coup de feu fatal." Il a fini quand même par s'approcher, vu à distance le corps « replié sur lui-même » et, à ses côtés, celui d'Eva Braun qu'il venait d'épouser, « recroquevillé sur le canapé ».

      

    Il a aperçu « les chaussures noires » du dictateur dépassant des couvertures au moment où le cadavre était remonté à l'air libre pour y être brûlé. Il n'a pas assisté à l'incinération, de nouveau pris par « le travail, en bas »." D'aucuns, ici-même, avaient évoqué un témoignage bien plus assuré...

     

    le film à voir (durée 93') est celui de Pereyra, bien sûr, sur la question :

    http://www.independent.co.uk/news/w...

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    lire aussi ceci en complément :

    http://en.wikipedia.org/wiki/World_...

     

      

    Pour la vente d'armes en lousdé de Menem grâce à Lasnaud lire ceci :

    http://www.sudnordnews.org/menemfr.html

     

      

    à noter que tout avait été transporté par Fine Air, société de...Miami, qui sera absorbée après banqueroute par Arrow Air... firme qui avait été mêlée en 1985 à une catastrophe aérienne sans précédent, avec armes découvertes à bord. Difficile en ce cas d'imaginer que la CIA n'ait pu être dans le coup ! Dans le cas de Gander, on trouvait également Adolph « Al » Schwimmer, décédé en juin dernier. Le fondateur d'El-Al, mais aussi de l'aviation israélienne.

     

     

     

     

     

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    Paris 1940 - Deutsche Besatzung - German Occupation - l´Occupation  

     

     

     

     

     

     

    Pour apprécier les vidéos...

    cliquer sur le logo central de

    RADIONOMY

    juste en dessous - le fond musical du BLOG Sera supprimé...

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    A probably colorized photo of female russian soldiers training to defend their capital of the german attack in 1941


    Many woman served as snipers in the soviet army


    More female russian snipers. The woman in the left is the famous sniper Roza Yegorovna Shanina, credited with 54 kills including 12 enemy snipers during the Battle of Vilnius


    Raya Surnachevskaya, Soviet Air Force female fighter pilot in WWII


    RUSSIAN FEMALE SNIPER TEAM


    RUSSIAN MILITARY NURSES


    RUSSIAN NURSE IN BATTLEFRONT


    Russian women training for the sniping job


    SOVIET ATR ACES of 6th Guards army, killed 7 tanks each


    Soviet female manned fla 37mm M-1939 AA gun (61-K).


    The soviet armies were the first to use females in great numbers in WWII, including front line service


    THis is soviet air force bomber pilot PE-2 pilot, MariyaDolina


    This was Russian Sniper Maria Polivanova, accounted for 300kills in World war II


    Very young woman soldier of soviet army

     

     

     Côté russe
    Assemblage PPSh

    Moscou 1942. "Les défenseurs de Moscou, le peuple soviétique est toujours avec vous". Manufacture d'armes

    Fabrique de bombes

    Infirmière

    Partisante

    Cocktails Molotov

    Femmes soldats

    Moment de détente

    Alexandra Samusenko commandant de tank

    Sniper russe

    Natalya Meklin pilote Russe
    .
    Une autre pilote

    Une autre sniper

    Idem

    Deux autres

    Toubib sur le front du Nord en 1942

    Stalingrad

    Fin de la guerre Berlin 1945

     

     

     

     

     

     

     

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    Les femmes engagées dans les Forces Françaises Libres  

     

    Parmi les nanas en uniformes présentées depuis le début de ce sujet , il n'y a pas beaucoup de françaises mises à l'honneur.

      

    Voici donc quelques photos de " Rochambelles " et autres marinettes qui méritent autant sinon plus de considération 

     

    Il ne faut pas oublier ces Françaises courageuses qui ont traversé l'Espagne, connu les prisons de Franco, embarqué sur l'Atlantique pour rejoindre le général de Gaulle en 1940 et continué le combat de la France Libre, au même titre que les hommes.

      

    À leur arrivée à Londres, elles sont rapidement réunies dans le Corps des Volontaires féminines, conçu sur le modèle des unités de Volontaires anglaises. Mais leurs affectations évoluent au fur et à mesure des combats.

      

    Entre 1943 et 1945, l'armée française est probablement la seule à employer des femmes mêlées aux forces combattantes.


     

      

      

    Le Train est le premier corps à créer des sections de conductrices automobiles (instruction du 5 décembre 1942) et les 150 premières recrues du général Martin porteront le surnom de "Merlinettes" !

     

    Le grand nombre de blessés entraîne la création d'un nouveau service féminin de santé militaire. Pour étudier les conditions d'insertion des différents corps féminins dans l'armée, l' épouse du général Catroux, infirmière pendant la Grande Guerre est nommée inspectrice du personnel féminin (IGPF), en août 1943.

     

    Plus de 3 000 femmes constituent les effectifs de tous les services auxiliaires, en 1944, ce qui nécessite un commandement féminin aux côtés de l'autorité militaire : le commandant Hélène Terré, les capitaines Dupont et Dumesnil sont affectées au commandement des Volontaires féminines de terre, de mer et de l'air.
     

      Afficher l'image d'origine

      

    Elles ne sont pas dans les livres d'histoire, mais elles ont sauvé la France. Résistantes rend hommage à trois Françaises, toujours vivantes, qui racontent leur combat contre l'Allemagne nazie. Un documentaire lumineux et incontournable.

    Sous la torture

    Madeleine Riffaud fut la plus difficile à convaincre. Ce n'est que depuis 1994 qu'elle a rompu le silence sur cette partie de sa vie. Alors, elle raconte.

     

    Juin 1944, la Résistance parisienne décide de passer à l'offensive. Madeleine se porte volontaire.

     

    Elle est la première femme combattante à abattre un policier en pleine rue.

     

    Arrêtée, elle est livrée à la Gestapo puis torturée, mais elle se tait. La Gestapo l'oblige à regarder la torture d'un enfant de 14 ans dont on brise les membres!

     

    Le général Jurion, à la tête de la DPCF, tient à rappeler l'importance de ces auxiliaires féminines et le respect qui leur est dû :

     

    "Le personnel féminin en raison de sa situation particulière et de la participation très appréciée et sans cesse accrue qu'il apporte à l'effort de guerre, a le droit le plus légitime à la considération et au respect de tous : civils et militaires (...).

     

    C'est au moment où les femmes vont participer plus directement à l'effort de guerre qu'il importe au plus haut point qu'elles trouvent dans le monde militaire l'accueil et les égards auxquels elles ont droit (...). Le Corps des AFAT en uniforme officiellement créé en 1944 pour le temps de la guerre, sera donc supprimé et remplacé en 1946.

     Photo de l'agent de liaison, Mimi, des FFI de l'Ain, 1944

      




    Selon la légende:

    Résistantes bretonnes en 1944, sexy avec les grenades non?????

     

     


    Cette femme est Simone Segouin de Chartres.




     

    À leur départ, le général de Lattre de Tassigny félicitera ces femmes professionnelles et dévouées de l'Armée de terre qui ont contribué à la libération de la France : "Demain le souvenir des 53 AFAT qui ont donné leur vie au cours de nos combats victorieux inspirera, j'en suis sûr, les 4 000 Françaises choisies pour servir sous l'uniforme des Personnels féminins de notre armée nouvelle".


     

      

    Le site de la France libre

      

    http://www.france-libre.net/portraits_francais_libres/1_3_2_2_femmes_engagees_forces_francaises_libres.htm 


    "Nicole" une autre résistante française:
    Photo légendée comme suit après traduction:
     

    "Nicole " Partisane française qui a capturé 25 nazis dans la région de Chartres, en plus d'autres liquidations, pose avec le fusil automatique avec lequel elle est la plus compétente.

     


     











      

    Photo prise Par Monsieur  Jill Witz

    ( sources :

     

      

    http://nsa27.casimages.com/img/2011/09/25/110925125950519485.jpg 

    Monsieur JILL WITZ

     

     

    prise lors Commémoration de la libération d'Illkirch-Graffenstaden

     

    http://www.witzgilles.com/page_commemoration_illkirch.htm 

     

     

     

     

     

    http://www.2groupeduracaof.com/

     

     

      

     

    prise lors Commémoration de la libération d'Illkirch-Graffenstaden

      


    Et je ne vous parle pas de toutes celles qui sont restées dans l'ombre et qui pourtant auraient pu en remontrer
    à bien des " mecs "

     

     



     

     

    SOURCES

     

    http://www.2groupeduracaof.com/

     

     

     

     

     

     

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     Le 14 juillet 1944, à Alger, le Bataillon de Marche des Antilles (BMA) constitué d’Antillais défile devant le Général de Gaulle.

     

    Par volonté d’assimilation et aussi reconnaissance pour le pays qui a aboli l’esclavage au XIXe, ces soldats venus des «vieilles colonies» se sont engagés dans les troupes françaises défendre une terre qu’ils ne connaissaient même pas.

     

     

    Durant les deux conflits mondiaux du XXe siècle, l’apport des soldats ultramarins fut déterminant pour l’armée française. L’engagement des hommes et des femmes nés dans ce que l’on appelle alors les « vieilles colonies »

     

    (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) a une valeur hautement symbolique.

     

    Il témoigne de l’attachement aux valeurs républicaines portées par un pays qui, au XIXe siècle, a aboli l’esclavage et fait des anciens esclaves des citoyens français.

      

    Dans leur volonté d’assimilation à ce pays, ces nouveaux citoyens entendent avoir les mêmes droits et devoirs que les métropolitains.

      

    Quant aux habitants de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie, même si leur histoire et leur situation administrative différaient, ils se sont aussi loyalement et massivement engagés dans les troupes françaises.

     

    Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, des milliers de citoyens des « vieilles colonies » répondent à l’ordre de mobilisation, prêts à rejoindre une terre qu’ils n’ont jamais foulée. C’est la première fois de leur histoire qu’ils se trouvent en situation de remplir ce devoir.

      

    Nombreux sont ceux qui, oubliés par l’administration, ne sont recensés sur aucune liste. Pourtant, des centaines d’hommes se portent volontaires, dont beaucoup trichent pour pouvoir s’engager.

     

     

    Un rapport parlementaire de décembre 1924 chiffre les contingents ultramarins en Europe pendant la guerre à plus de 10 000 pour La Réunion, le double pour les Antilles et la Guyane. Ils combattent sur les théâtres les plus durs : la Somme, Verdun, le Chemin des Dames, et en Orient à partir de 1915, sur les fronts des Dardanelles et en Macédoine.

      

    D’abord intégrés dans les troupes coloniales (bataillons de tirailleurs et régiments d’infanterie coloniale), ces soldats sont versés dans les troupes métropolitaines et en Afrique du Nord.

     

     

    Plus de 1 400 Guadeloupéens, 1 700 Martiniquais, environ 300 Guyanais et 3 000 Réunionnais y perdent la vie. Leur valeur est saluée par leurs chefs : plus de 300 citations individuelles ont été obtenues par des soldats réunionnais ou guyanais, plus de 700 par des Martiniquais.

     

    En Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, les populations ne possédant pas encore le statut de citoyen français ne sont pas soumises à la mobilisation.

      

    Cela étant, des centaines de volontaires se présentent. D’ailleurs, au mois d’août 1914, deux croiseurs allemands se positionnent devant Papeete.

      

    La défense s’organise dans la hâte mais le lieutenant de vaisseau Destremau, à la tête des forces locales, met en déroute les deux navires après de violents échanges.

      

    En tout cas, le gouvernement recrute un bataillon de 500 soldats canaques à la fin de 1916, bientôt rejoint par un groupe de 500 Tahitiens.

     

      

    Intégrés au « Bataillon mixte du Pacifique – (BMP) », ces hommes reçoivent de rudes missions en 1918, d’intensité et d’importance égales à celles confiées aux meilleures troupes, alors que c’est leur baptême du feu. Le BMP participe à la défense de Compiègne, aux combats de l’Aisne et de Champagne. Près de 400 soldats y laissent la vie, plus de 300 autres sont décorés au front.

      

    Le BMP lui-même est cité à l’ordre de la 10e armée pour son comportement exemplaire.

     

     

    Des soldats guadeloupéens du 2e Génie escortent des prisonniers allemands en partance pour Rouen.

      

    L’« impôt du sang » est une nouvelle fois payé à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale. Mobilisés en 1939, les soldats de l’Empire représentent une force non négligeable.

    Sur plus de cinq millions de mobilisés, 300 000 proviennent des « vieilles colonies ».

     

    Les ultramarins joueront un rôle important après la défaite de la France au mois de juin 1940. Ils connaîtront la gloire au sein des Forces françaises libres (FFL) du général De Gaulle, qui avait d’ailleurs annoncé : « Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. […] Car la France n’est pas seule ! […]

      

      

    Elle a un vaste Empire derrière elle. »

     

     

    Les premiers à rallier les FFL sont la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, les 2 et 20 septembre 1940. Un corps expéditionnaire est rapidement constitué, le « Bataillon du Pacifique » de seconde génération. Le 21 avril 1941, un contingent de 300 hommes quitte Tahiti pour Nouméa où 300 autres soldats, Canaques notamment, se joignent à eux.

      

    Le Bataillon rejoint la Libye, passe son baptême du feu à Tobrouk puis s’illustre dans sa défense acharnée de Bir Hakeim en juin 1942 au sein de la 1e BFL de Koenig.

     

      

    Sa campagne se poursuit de l’Egypte à la Tunisie.

    En avril 1944, le Bataillon débarque à Naples, perce la ligne Gustav et entame sa campagne de France au sein de la 1re Division française libre (DFL), qui le mènera jusque dans les Vosges.

      

    Aux Antilles et en Guyane, des voix s’élèvent rapidement pour rallier de Gaulle. Mais les gouverneurs locaux, favorables au régime de Vichy, exercent une forte pression.

      

    Si les insurrections débutent en Guyane en mars 1943 et aux Antilles entre mai et juillet 1943, à cette date plusieurs milliers d’Antillais sont déjà allés rejoindre les îles anglaises voisines de la Dominique et de Sainte-Lucie. Ces « dissidents », que l’on estime à environ 5 000, sont pris en charge par les recruteurs FFL.

     

      

    Après sélection, ils sont dirigés vers les Etats-Unis et le camp de Fort Dix. Guyanais et Antillais sont envoyés en Afrique, en septembre 1943, en tant que « Bataillon de Marche des Antilles n°1 ». Après avoir traversé le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, le BMA 1 est intégré à la 1re DFL au mois de décembre et devient le 21e groupe antillais de DCA. Il débarque à Naples le 3 mai 1944 et participe à tous les combats de la libération.

      

    Après Pontecorvo, Montefiascone, Bolsena, Hyères, Fresse, il se distingue en Alsace lors des combats d’Herbsheim et de Benfeld.

     

      

    Après la libération des îles, à l’été 1943, le BMA 1 est rejoint par les volontaires intégrés au BMA 5. Des Antilles, celui-ci part pour l’Afrique. Rattaché à l’armée B, il débarque à Marseille le 15 septembre 1944 et participe à la campagne de France. Ses hommes combattent, en avril 1945, dans la poche de Royan, où leur valeur est saluée par une citation à l’ordre de la Division.

     

    La Réunion n’est pas en reste. Soumise à la loi d’un gouverneur vichyste, la population de l’île demeure favorable au général De Gaulle, la Résistance s’organise.

      

    Tout s’accélère après la prise de Madagascar par les Anglais le 5 novembre 1942. Le 28 novembre, le navire de guerre des Forces navales françaises libres (FNFL) Léopard prend le contrôle du port puis de la ville. Des volontaires se pressent pour poursuivre la lutte, partent sur le Léopard ou rejoignent le 1er Régiment blindé de fusiliers marins de la 2e DB et combattent jusqu’en Allemagne.

      

    Le panorama de la participation des troupes ultramarines à ces hauts faits ne serait pas complet si l’on passait sous silence le parcours de centaines de combattants engagés individuellement ou par petits groupes au sein des Forces aériennes françaises libres, des Forces navales ou des Cadets de la France Libre.

     

    En cette année célébrant l’outre-mer, un juste hommage doit être rendu à ces dizaines de milliers d’hommes et de femmes, qui, bien que séparés de la métropole par des milliers de kilomètres, furent toujours au premier rang des combattants de la liberté, faisant la fierté de leurs chefs et de la nation.

     

     

    sources

     

    http://www.defense.gouv.fr/actualites/dossiers/2011-annee-des-outre-mer/les-outre-mer/perspectives/histoire

     

     

     

      

      

     

     

     

     

     

     

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    Gros sur mon cœur

     France 3 Pays de la Loire

     

     

    "Ce film est une enquête sur l’histoire méconnue du ralliement de la Martinique à la France Libre en juillet 1943.

     

    Ce ralliement a été accéléré par la mutinerie d’une compagnie de soldats.

     

    Mon grand-père a participé à ce mouvement collectif de dissidence, et c’est l’émotion suscitée par la découverte tardive de ces faits qui a motivé ce film.

     

     

      

    Suite au ralliement de la Martinique à la France Libre, un bataillon d’environ mille combattants volontaires est formé sur place, le BMA5.

      

    Ce bataillon d’Antillais est commandé par le Lieutenant-Colonel Tourtet, qui avait pris la tête du mouvement de dissidence.

     

    Ils partent le 12 mars 1944 de Fort-de-France en direction de Casablanca.

     

    L’enquête que je mène et dont je serai le fil rouge,

    retrace l’épopée de ces soldats antillais.

      

    Le film est une rencontre avec les survivants (ils ont entre quatre-vingt cinq et quatre-vingt dix ans), qui nous racontent pourquoi et comment ils sont partis de la Martinique, dans quel contexte et dans quel état d’esprit, avec quelles motivations, mais est aussi l’occasion de confronter leurs descendants à ces souvenirs, puisque la plupart de ces hommes ont très peu (ou pas du tout) parlé de ce qu’ils ont vécu." (notice de la réalisatrice) 

      

    Afficher l'image d'origine  

      

    Un film de Chloé Glotinune coproduction Ciné-Sud Promotion et France Télévisions avec la participation du CNC, du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, de l’Office National des Anciens Combattants et du Bleuet de France, du Ministère chargé de l’Outre-mer, du Conseil Régional de Martinique, du Conseil Régional des Pays de la Loire, du Conseil Général de Martinique avec le soutien de la ville de Fort-de-France52’

     



    "Ce film est une enquête sur l’histoire méconnue du ralliement de la Martinique à la France Libre en juillet 1943.

     

    Ce ralliement a été accéléré par la mutinerie d’une compagnie de soldats.

     

    Mon grand-père a participé à ce mouvement collectif de dissidence, et c’est l’émotion suscitée par la découverte tardive de ces faits qui a motivé ce projet de film.


    Suite au ralliement de la Martinique à la France Libre, un bataillon d’environ mille combattants volontaires est formé sur place, le BMA5. 

      

    Ce bataillon d’Antillais est commandé par le Lieutenant-Colonel Tourtet, qui avait pris la tête du mouvement de dissidence.

     

    Ils partent le 12 mars 1944 de Fort-de-France en direction de Casablanca.

     

    L’enquête que je mène et dont je serai le fil rouge, retrace l’épopée de ces soldats antillais.

     

    Le film est une rencontre avec les survivants (ils ont entre quatre-vingt cinq et quatre-vingt dix ans), qui nous racontent pourquoi et comment ils sont partis de la Martinique, dans quel contexte et dans quel état d’esprit, avec quelles motivations, mais est aussi l’occasion de confronter leurs descendants à ces souvenirs, puisque la plupart de ces hommes ont très peu (ou pas du tout) parlé de ce qu’ils ont vécu.

      

    Le tournage s’est déroulé principalement à la Martinique, à Nantes et en région parisienne. 

     

    À Nantes, car entre deux et trois cents hommes de ce bataillon s’y sont installés entre 1945 et 1950, et à la Martinique puisque la grande majorité y est retournée vivre à la fin de la guerre…"

     

    http://bretagne.france3.fr/documentaires/index.php?page=article&numsite=6359&id_rubrique=6380&id_article=16253

      

      

      

    La Dissidence en Martinique et en Guadeloupe 1940-1945 (exposition)

     

    dissidenceDans le cadre de l'année des Outre-mer, l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) a réalisé l'exposition « la dissidence en Martinique et en Guadeloupe 1940 - 1945 », en partenariat avec le Service historique de la Défense (SHD) et la Direction de la mémoire du patrimoine et des archives (DMPA).

    Le comité scientifique se compose de Chloé Glotin, réalisatrice et documentariste, du capitaine Stéphane Longuet, chef du Bureau résistance et Seconde Guerre mondiale (SHD), de Daniel Maximin, écrivain et commissaire de 2011, année des Outre-mer, Jean-François Muracciole, professeur des universités, et Euzhan Palcy, réalisatrice et documentariste.

    Cette exposition rend hommage à l'engagement des « dissidents » d'outre-mer qui ont refusé la défaite de la France ; elle a été présentée le 18 juin 2011 à l'École militaire de Paris, en présence de Marie-Luce Penchard, ministre chargé de l'Outre-mer. Sa présentation a été suivie de la diffusion du film « Parcours de dissidents » de la réalisatrice Euzhan Palcy.

    Tirée à plus de 110 exemplaires, l'exposition est disponible auprès des services départementaux de l'ONAC à partir du mois de juin 2011.

    Panneaux de l'exposition :

    1. Introduction

    2. Guadeloupe et Martinique au cœur des Antilles

    3. Quelques repères historiques

    4. L'année 1940 en métropole

    5. Les Antilles au centre de toutes les convoitises

    6. Les cadres du régime de Vichy aux Antilles

    7. Une société encadrée, contrôlée, muselée

    8. S'engager en dissidence

    9. Une résistance politique engagée

    10. Une dissidence au jour le jour

    11 & 12. L'engagement des intellectuels

    13. S'exiler pour lutter, la liberté en danger

    14. L'intégration des dissidents aux Forces françaises libres

    15. Paroles de dissidents

    16. Censure et répression

    17. Printemps-été 1943 : la Martinique et la Guadeloupe se libèrent de Vichy

    18. Le bataillon des Antilles (BA1)

    19. Le bataillon de marche des Antilles (BMA5)

    20. D'autres parcours de dissidents

    21. Paroles de combattants

    22. Évoquer la dissidence

    23. Commémorer

     

    Consulter le dossier de presse de l'exposition pdf.

     

    Télécharger les panneaux de l'exposition pdf.

     

     

     

     

     

     

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    Nouvelles révélations sur la "route des rats"

    L'histoire est toujours à enseigner, ne serait-ce que pour faire taire ceux qui voudraient tant la modifier. Les nazis ont bel et bien exterminé dans des camps, les chambres à gaz ont bel et bien existé, c'est indubitable et prouvé, et ces mêmes nazis ont bénéficié à la fin de la guerre de complicités pour s'échapper, notamment vers l'Amérique du Sud et à Bariloche, devenu en fort peu de temps un nid douillet pour nazis. Un livre récent révèle les conditions de cette incroyable exfiltration, dont je vous avais ici déjà parlé en l'appelant "la route des rats" (*) surnom communément donné à ces circuits bien particuliers pour camoufler et faire circuler ces nazis exterminateurs.

    A l'époque, déjà, j'avais précisé le rôle du Vatican dans cette terrible histoire (**). Un rôle plus que gênant, qui explique combien l'on peut retrouver aujourd'hui de catholiques traditionnalistes chez les négationnistes, qui ainsi se libèrent du "poids de leur faute", tout simplement, pour parler comme eux : les supporters de ces thèses infâmes devraient y réfléchir, à cette façon biaisée de voir les choses.

    Aujourd'hui, la femme du jour s'appelle Gisela Heidenreich, et elle vient tout juste de raconter la fuite en 1948 du nazi Horst Wagner (voir sa fiche en bas de l'article), responsable de la mort de 356 524 juifs en camps de concentration. L'homme est mort le 13 mars 1977, sans jamais avoir été jugé. Un de ceux qui avait échappé au jugement des hommes, hélas en se réfugiant en Argentine. L'occasion de revenir sur des événements qui doivent être enseignés et non ignorés : plus on en sait (*), plus on en saura, moins on pourra douter, ou se laisser entraîner à douter...

    C'est un fait désormais certain que dans les années cinquante, on trouvait en Argentine un bon nombre de criminels nazis : leur protection durera tout le restant de leur vie, pour pas mal d'entre eux : jusque l'ère Carlos Menem au minimum, peut-on affirmer sans craintes (en photo, le passeport argentin d'Eichmann). Deux endroits ont eu leur préféfence : au nord, à Cordoba et au sud, à Bariloche.

      

    Deux fiefs du nazisme argentin, comme le précise ici L'Express le 9 avril 1998, dans ce qui reste l'article de référence sur la question. "Sous le premier gouvernement de Juan Peron, mais aussi sous les régimes qui l'ont suivi - Ignacio Klich, qui préside le comité académique de la Ceana, parle à ce propos d'une « connivence sociale qui a duré bien au-delà de la chute de Peron » - l'Argentine a toujours été le sanctuaire, l'ultime refuge des nazis ayant fui l'Europe.

    Accueillis par une communauté allemande déjà puissante à la fin de la Première Guerre mondiale (ici en photo à droite), aimablement reçus par un régime péroniste influencé par les fascismes européens, aussi antiaméricain qu'il était anticommuniste, les fugitifs du IIIe Reich ont souvent recréé ici des villages à l'image de leurs Heimat natals. Ils se sont installés dans le nord de l'Argentine, non loin des frontières avec le Paraguay et l'Uruguay, dans la région de Cordoba, où vivaient déjà de nombreux marins du Graf Spee, un navire de guerre allemand qui s'était sabordé en décembre 1939 dans l'embouchure du Rio de la Plata, ou bien vers Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, près de la frontière avec le Chili."

    Mais ce sont bien les montagnes du sud qui les ont davantage attirés, tant elles pouvaient ressembler aux leurs en Autriche ou dans les environs de Munich, comme je l'ai écrit ici (**). "Beaucoup d'entre eux ont particulièrement apprécié San Carlos de Bariloche, sur les contreforts andins, au bord d'un lac, un lieu de villégiature qui rappelle, avec ses chalets, ses montagnes et ses eaux claires, un joli coin de Bavière.

    C'est ici, en 1954, que s'était établi Erich Priebke, responsable du massacre de la fosse Ardéatine, au nord de Rome, où 335 civils furent tués en 1944 en représailles d'un attentat contre des soldats allemands par des partisans italiens. Comme le raconte Jorge Camarasa dans son livre Odessa al Sur (éd. Planeta), il put, dans les rues de Bariloche, croiser Josef Mengele ou Adolf Eichmann, qui y vint parfois en vacances. L'ancien pilote de la Luftwaffe Hans Ulrich Rudel participait aux tournois de ski du Club andino. Le financier Ludwig Freude, ami de Peron, y avait une maison. Friedrich Lantschner, ancien gouverneur nazi du Tyrol autrichien, y fonda une entreprise de construction.

    Vivaient également à Bariloche un ancien agent des services de l'armée allemande, Juan Maler, le banquier nazi Carlos Fuldner, d'anciens responsables de la Gestapo ou des SS comme Max Naumann, Ernst Hamann ou Winfried Schroppe. Tout ce beau monde buvait chaque soir de la bière au Deutsche Klub et fêtait, tous les 20 avril, l'anniversaire d'Adolf Hitler au dernier étage de l'hôtel Colonial."

    De ceux-là tous, j'ai déjà parlé ici-même en effet, comme j'ai évoqué les liens étroits qu'à pu entretenir le banquier Fuldner, l'industriel Freude et Carlos Menem, qui allait tous les protéger en échange d'argent ou de voitures de sport.

    Dans le lot, Wagner Horst sera bien arrêté en Allemagne ; et rendu responsable de l'organisation de la solution finale mais Nuremberg le relâchera, faute de preuves. Il savait qu'elles seraient découvertes un jour où l'autre. Sous surveillance discrète, il réussit à s'échapper en 1948 et rejoint la mère de l'auteur du livre du jour, qui présente une particularité étonnante.

    Edith Heidenreich, la mère de Gisela, travaillait en effet alors comme conseillère familiale en Allemagne, mais elle était aussi une enfant de parents nazis, puisque retrouvée à la fin de la guerre dans un de ces Lebensborn ou "Fontaine de Vie", ces nurseries où les nazis étaient priés de laisser leurs enfants au régime... selon les folles directives laissées par Himmler. Encore une autre incroyable création de ce régime d'individus passablement dérangés par la notion de race. Des Lebensborn, il y en eût un à Lamorlaye, en France, une commune de l'Oise située près de Chantilly-en photo à droite- et un également en Belgique, à Wégimont, dans la Province de Liège (photographié ci-dessous). On y sélectionnait véritablement les bébés selon les critères "aryens".

    "Les mères les plus "prolifiques" étaient décorées de la "Croix des Mères Allemandes". Les enfants présentant des anomalies physiques ou mentales étaient étouffés à la naissance, et les mères prévenues que leur bébé était mort-né. Le problème des maternités semble avoir été pris très au sérieux par Himmler ; en 1943, par exemple, il menace le Hauptsturmführer SS Franz Schwarz - toujours célibataire à 44 ans - de l'expulser de la SS si ce dernier ne convole pas en justes noces avant la fin de l'année..."

    Fait notable, le Lebensborn de Wégimont étant géré... par des religieuses, comme à l'époque beaucoup d'organismes s'occupant de la petite enfance, comme en atteste un cliché retrouvé...à Washington (ci-dessous à gauche).

    On retrouvera l'un de ces enfants, déboussolé, envoyé lui aussi à Lamorlaye après être né à Wégimont : "Walter habite aujourd’hui dans le joli village de Nançois-le-Grand, en Lorraine. « Je m’appelle Walter Beausert mais ce n’est vraisemblablement pas mon vrai nom, explique-t-il. Les enfants qui semblaient comprendre le français ont été dirigés vers le nord de la France. Comme je n’avais pas d’acte de naissance, un jugement du tribunal m’en a attribué un qui me faisait officiellement naître à Bar-le-Duc le 1er janvier 1944. » Balloté entre quelques familles d’accueil, hébergé ensuite à l’orphelinat Poincaré, dans le département de la Meuse, il entamera la veille de son mariage une quête qui dure encore aujourd’hui. « Quand je me suis marié, je suis allé voir mon tuteur légal, je voulais savoir d’où je venais. Il ne le savait pas ou n’a pas voulu me le dire.

    Je n’avais que cet extrait d’acte de naissance délivré par le tribunal et me donnant la nationalité française (…) Je n’ai pas pu en savoir plus jusqu’à ce qu’une loi de 1986 autorise les anciens pupilles de l’Etat à consulter leur dossier. » Depuis, il est souvent revenu en région liégeoise. Il a placardé des avis de recherche autour de la maison communale, interrogé les plus vieux habitants de Soumagne, participé à des émissions de télévision dans l’espoir de retrouver ses parents. Il est persuadé d’être le fils de Rita :

    « Je l’ai rencontrée, insiste-t-il. C’était un moment très fort. Il s’est passé quelque chose, elle m’a montré des photos, elle m’a tenu par la main mais elle n’a pas voulu avouer que j’étais son fils. Elle est décédée en 1998. » ; Rita, une Liégeoise de 17 ans tombée amoureuse d’un soldat allemand et qui avait été hébergée à l'époque au Lebensborn avec son tout jeune bébé.

    Comment étaient-ils arrivés là en si grand nombre, ces nazis, en Argentine ? Par quel miracle avaient-ils réussi à échapper aux incessantes recherches menées par ceux qui voulaient qu'ils payent un jour leurs forfaits ? Ceux qui parlent, dans leur délire négationniste des "vainqueurs" à propos de Nuremberg qu'ils trouvent bien sûr 'injuste", feraient beaucoup mieux de s'intéresser aux archives... du Vatican. Car ce qui n'est pas un hasard, c'est qu'une bonne partie de ces négationnistes sont aussi des chrétiens traditionnalistes, tel l'infect Reynouard, adepte d'une quasi-secte religieuse, les sédévacantistes.

    "La question, posée dès 1945, des responsabilités ne cesse de rebondir. La multitude d'enquêtes n'aura fait que confirmer le rôle de la Croix-Rouge, de l'Eglise croate, du Vatican couvrant les passeurs de nazis, notamment les évêques Alois Hudal et Giuseppe Siri.

    L'habit faisant moins que jamais le moine, ce sont de bien étranges pèlerins qui foulent, vêtus de bure, le sol argentin après l'effondrement du régime nazi. Munis de passeports délivrés par la Croix-Rouge et l'ambassade d'Argentine à Vienne, ils sont accueillis par leurs compatriotes installés dans la province de Misiones à la frontière avec le Paraguay et le Brésil, et dans les Andes ; San Carlos de Bariloche où durant cinquante ans Erich Priebke dirigea une maternité et présida le collège allemand illustre jusqu'à la caricature ces 'colonies' avec chalets bavarois et tavernes munichoises lovés dans l'écrin enneigé de la cordillère".

    Priebke, ce nazi arrivé sous une robe de bure et devenu gérant de maternité et se pavanant il n'y a pas si longtemps encore dans le principal hôtel de Bariloche alors qu'il était assigné à résidence en Italie : on croît rêver. Il faudra attendre 2009 pour que la mairie de Bariloche se décide à le "répudier". En 2010, âgé de 97 ans, on le photographiait dans un supermarché de Rome... tranquillement dans les allées.

    Toujours assigné à résidence, mais toujours libre de ses mouvements malgré ses escapades visibles à Bariloche ! Et ce d'autant plus que pas plus tard qu'en février 2011, leportail web du "Journal Digital de Bariloche", publiait une photo de Priebke à table, en Argentine et non en Italie, avec le candidat au poste de gouverneur du Rio Negro, le péroniste Carlos Soria ! Un an après, le "problème" Soria disparaissait : le 2 janvier dernier, il était abattu par sa propre femme Susana Freydoz, dans une chambre d'hôtel, par une balle en pleine tête de calibre 38. Soria avait été proche des précédents présidents Carlos Menem et Eduardo Duhalde, et avait la réputation de passer son temps à espionner le couple Kichner, puis la présidente seule une fois devenue veuve.

    Pour ceux qui en douteraient encore, il convient de rappeler les liens entre Hitler et l'Eglise catholique : Hitler n'était en fait pas athée, contrairement à ce qui a pu être dit. "Hitler athée, certainement pas, car il a bien écrit tout autre chose, malgré ces quelques lignes dans Mein Kampf :

    « Aujourd'hui s'éveille une foi nouvelle : le mythe du sang, la croyance selon laquelle on peut, avec le sang, défendre aussi l'essence divine de l'homme (...). Le sang nordique représente ce mystère qui a remplacé et surmonté les anciens sacrements (...). Le peuple allemand n'est pas atteint par le péché originel, il possède au contraire une noblesse originelle. »

    (Extraits de Mein Kampf, d'Adolf Hitler). Car il a aussi dit :

    « Je suis catholique. La Providence l'a voulu. En effet, seul un catholique connaît les points faibles de l'Eglise. Je sais de quelle manière on peut attaquer ces gens-là . » dixit A. Hitler, (Eric Lebec, Histoire secrète de la diplomatie Vaticane, Albin Michel, Paris, 1997, peu suspect d'être partisan dans l'affaire, car c'est un catholique) ...

    Hitler se proclame catholique dans Mein Kampf, l'ouvrage où il annonce son programme politique. Il y affirme aussi qu'il est convaincu qu'il est un "instrument de Dieu". L'Eglise catholique ne mettra jamais "Mein Kampf" à l'Index, même avant l'accession de Hitler au pouvoir.

    Il faut croire que le programme antisémite du futur chancelier ne déplaisait pas à l'église. Hitler montrera sa reconnaissance en rendant obligatoire la prière à Jésus dans l'école publique allemande, et en réintroduisant la phrase "Gott mit uns" (Dieu est avec Nous) sur les uniformes de l'armée allemande'"(extrait de "L'Eglise catholique face au fascisme et au nazisme" Editions Espace de Libertés, 1995 par Henri Fabre).

    Une croyance réitérée : "Aujourd'hui s'éveille une foi nouvelle : le mythe du sang, la croyance selon laquelle on peut, avec le sang, défendre aussi l'essence divine de l'homme (...). Le sang nordique représente ce mystère qui a remplacé et surmonté les anciens sacrements (...). Le peuple allemand n'est pas atteint par le péché originel, il possède au contraire une noblesse originelle." (Enrico Riboni - "Les pages Noires du Christianisme, 2000 ans de crime, terreur, répression" )

    « Hitler n'a jamais quitté l'Église catholique » rappelle d'ailleurs

    le Dr Otto Dietrich qui vécut dans l'entourage immédiat du Führer (c'était le le chef du service de presse (Reichspressechef) du parti). Et ce précieux témoin ajoute : « Il avait interdit d'appeler Charlemagne le « boucher des Saxons », dans la presse ou ailleurs ; Charlemagne avait christianisé les Allemands par la force de l'épée et on lui donnait ce surnom à cause des luttes sanglantes qu'il avait menées contre le duc de Saxe.

    « Hitler considérait Charlemagne comme l'un des plus grands hommes de l'histoire d'Allemagne, car il voyait d'abord en lui l'unificateur des Allemands et le créateur de l'Empire ; il l'approuvait d'avoir, en vue de ce « but national suprême », aussi bien introduit la religion chrétienne dans les pays germaniques que d'avoir agi avec une rigueur impitoyable contre tous ceux qui ne voulaient pas coopérer à l'unification sous l'égide du christianisme. C'était pour cela qu'il ne tolérait pas que l'on pût critiquer les massacres du grand empereur Charles… »

    (Dr Otto Dietrich, "Hitler démasqué" - Grasset, Paris 1955).

     

    Une croyance et une alliance avec un clergé qui vont lui permettre d'accéder au pouvoir : "janvier 1933, le Zentrum, parti catholique, dont le leader est un prélat catholique (Prälat Kaas ; ici à gauche), vote les pleins pouvoirs à Hitler. Ce dernier peut ainsi atteindre la majorité des 2/3 au Reichstag pour suspendre les droits garantis par la constitution. Avec une charité toute chrétienne, le bon prélat et ses ouailles du Zentrum accepte aussi de fermer un oeil sur les détails procéduriers discutables des nazis, comme l'arrestation des députés communistes avant le vote. Puis l'église commence à négocier un nouveau concordat avec l'Allemagne : dans ce cadre, elle "sacrifie" le Zentrum, alors seul parti significatif que les nazis n'ont pas interdit : en effet, il les a aidés à arriver au pouvoir.

    Le 5 juillet 1933, le Zentrum s'autodissoud sur demande de la hiérarchie catholique, laissant le champ libre au NSDAP de Hitler, désormais parti unique.

    Le prélat Kaas laisse les compatriotes se débrouiller avec la dictature qu'il a aidé à installer, et déménage au Vatican, où il entame une nouvelle carrière : alors que le monde s'embrase, Monseigneur Kaas, désormais évêque, dirigera des fouilles sous la Basilique de Saint Pierre qui aboutiront à la découverte du 2ème crâne de Saint Pierre" (***).(Enrico Riboni - Les pages Noires du Christianisme, 2000 ans de crime, terreur, répression ). Un sujet en or pour l'historienne Clémentine Portier-Kaltenbach, pour sûr (****) !

    Hitler athée, ou même alors laïc ? Même pas. Ecoutez-le donc pour vous en apercevoir : « Les écoles laïques ne doivent pas être tolérées, car elles ne dispensent pas d’instruction religieuse, et une éducation morale sans fondement religieux est construite sur du vent ; en conséquence, la formation du caractère doit venir de la foi... nous avons besoin d’un peuple croyant. » (Discours d’Adolf Hitler le 26 avril 1933 pendant les négociations qui ont conduit au Concordat.)

    Le Vatican avait donc toutes les possibilités de choisir son camp, et surtout d'aider ou non les vaincus à se mettre à l'abri après la défaite. Or il va clairement organiser un réseau d'exfiltration dont l'ampleur et l'organisation peut difficilement avoir été cachés aux yeux de la plus haute hiérarchie de l'Eglise (à savoir Pie XII), c'est bien aussi ce que révèle (une nouvelle fois) ce nouveau livre.

    "La question, posée dès 1945, des responsabilités ne cesse de rebondir. La multitude d'enquêtes n'aura fait que confirmer le rôle de la Croix-Rouge, de l'Eglise croate, du Vatican couvrant les passeurs de nazis, notamment les évêques Alois Hudal et Giuseppe Siri. L'habit faisant moins que jamais le moine, ce sont de bien étranges pèlerins qui foulent, vêtus de bure, le sol argentin après l'effondrement du régime nazi.

      

    Munis de passeports délivrés par la Croix-Rouge et l'ambassade d'Argentine à Vienne, ils sont accueillis par leurs compatriotes installés dans la province de Misiones à la frontière avec le Paraguay et le Brésil, et dans les Andes ; San Carlos de Bariloche où durant cinquante ans Erich Priebke dirigea une maternité et présida le collège allemand illustre jusqu'à la caricature ces 'colonies' avec chalets bavarois et tavernes munichoises lovés dans l'écrin enneigé de la cordillère." Déguisés en moines dominicains, comme ceux-là même qui se montraient en train ce nourrir les troupes hitlériennes : c'est déguisé ainsi, notamment, qu'Adolf Eichmann avait rejoint l'Argentine.

    Les faits sont là, indubitables, et la question fondamentale demeure : "les dictatures du continent latino-américain utilisèrent la compétence des vaincus de la guerre dans leur croisade anticommuniste, mais que penser de l'attitude du Vatican ? Quels intérêts inavouables justifient que le Saint-Siège ait soustrait à la justice quelques-uns des pires assassins que l'histoire ait engendrés ? Plus que jamais, il convient d'éclairer le rôle obscur de Pie XII. Ce qu'a évité de faire l'Eglise dans le texte récent où elle reconnaît ses torts et faiblesses vis-à-vis du génocide des juifs". Parmi les "exfiltrés", des nazis avérés :

      

    "à Bariloche, véritablement infesté de nazis, au point qu'ils y dressaient leur drapeau sur les écoles ou affichaient leurs swastikas en réunion, derrière un portrait de leur idole, d'autres avaient manifestement débarqué : on y reconnut aussi Edouard Roschmann, devenu Federico Wegener, par la grâce de l'immigration argentine, décriée précédemment, le boucher du ghetto de Riga, venu se faire soigner dans un hôpital au Paraguay pour une infection, ainsi que Walter Rauf, "l'inventeur" du camion à asphyxier pour supprimer les juifs.

    Il s'en prendra en Afrique du Nord aux tunisiens et persécutera les juifs italiens, s'en prenant en priorité à leur or. Réfugé en Syrie, puis au Liban, il rejoindra par l'habituelle "route des rats" l'Equateur puis le Chili, pour y devenir un zélé collaborateur d'Augusto Pinochet", comme j'avais déjà pu l'écrire ici.

    Dans ce contexte plutôt lourd sur la responsabilité du vatican dans la protection et l'exfiltration des nazis, la phrase du pape actuel liant l'athéisme au nazisme avait fait il n'y a pas si longtemps bondir, le pape et son frère ayant eux-même fait partie jadis des jeunesses hitlériennes. Le 18 septembre 2010, l'ancien cardinal Ratzinger (Benoît XVI) avait en effet dit ceci : "de notre vivant, nous pouvons nous souvenir de la manière dont la Grande-Bretagne et ses dirigeants se sont dressés contre la tyrannie nazie qui voulait éradiquer Dieu de la société et nier toute humanité à certains, en particulier les juifs, qui étaient jugés indignes de vivre".

      

    Un non sens complet : Hitler ne souhaitait pas éradiquer Dieu, d'une part et d'autre part l'athéisme ne conduit pas au nazisme, contrairement à ce qu'à osé dire ce pape pour se disculper et absoudre toute son Eglise : "tandis que nous méditons sur les leçons de l'athéisme extrême du XXe siècle, n'oublions jamais comment l'exclusion de Dieu, de la religion, et de la vertu de la vie publique conduit finalement à une vision déformée de l'homme et de la société, et donc à une vision réductrice de l'individu et de son destin ». Venant d'un pape ayant collaboré à la très droitière revue Aula-Verlag, dirigée par Otto Srinzi et Jürgen Schwab, deux leaders de l’extrême-droite germanophone, rien de très étonnant, à vrai dire.

    L'Eglise a participé de l'hitlérisme, comme elle a participé en France au Pétainisme : le pape actuel s'est ouvertement rangé dans le camp des révisionnistes avec cette sortie plutôt malvenue. Le livre qui vient juste de sortir enfonce un peu plus le clou sur la croix, pourtant. Horst, échappé en 1948 sera hébergé quelques mois dans des monastères et des couvents, sous une fausse identité, puis recevra d'Aloïs Hudal un passeport lui permettant de se rendre à Gênes, d'où il embarquera vers l'Argentine, confirme bien celle qui avait failli devenir sa belle fille : il s'installera directement à Baricoche, au milieu de la communauté nazie installée bien avant guerre et devenue plutôt impressionnante. Le même Hudal faisant de même pour Franz Stangl, le commandant de de Sobibor et de Treblinka, qui sera envoyé au Brésil, sous la protection d'un passeport octroyé à la Croix Rouge, cette même Croix Rouge à qui on confiera après guerre la gestion des archives des camps de concentration... à Bad Arolsen, où l'on a recensé 17,5 millions de victimes du nazisme. Une bien mauvaise idée, au final (ici l'annonce du transfert en France des archives numérisées ; soit 87 millions d’images).

    Horst était responsable de plusieurs crimes. Indirectement en qualité de gestionnaire du Reich, et directement car impliqué dans des décisions dont on retrouvera les preuves après sa mort seulement dans les documents de la Stasi. Selon un rapport découvert par le Berliner Zeitung en 2010, il était en effet impliqué dans des crimes de guerre directs, dont celle d'au moins dix prisonniers américains entre le 28 et le 30 décembre 1944, acquiescant alors à une demande de Ribentropp après une rebellion. Il aurait aussi été impliqué dans la planification de l'assassinat du général français Maurice Marie Gustave Mesny, interné dans un camp de prisonniers de guerre allemand, un crime organisé sous forme de transfert de prisonnier qui aurait eu un accident de voiture : une mise en scène complète et odieuse. Le Dr. Paul Otto Schmidt, numéro NSDAP 8 981 252 et devenu le SS 289 260 avait été arrêté le 4 février 1947 pour le même crime : il sera relâché et mourra libre le 21 avril 1970 à Munich. Le général Mesny avait été froidement abattu d'une balle dans le dos.

    Dans son livre, Gisela Heidenreich conclut par un laconique « c'était un monde parallèle, dit-elle,« développé si loin de l'Allemagne, et sans aucune condamnation dans l'après-guerre de la part du public ou des politiciens." Horst, membre du NSDAP (n ° 5387042) correspondra en effet des années avec la mère de l'auteur, comme si de rien n'était : comme s'il n'avait pas été le criminel qu'il avait pu être : chez les négationnistes actuels, on a le sentiment en effet qu'ils rêvent toujours du nazisme de l'époque de Bariloche, celui de personnes ne se sentant même pas coupables de leurs méfaits, et vivant comme si de rien n'était dans un nouveau pays. Il est assez sidérant de constater combien Bariloche n'a jamais été l'objet de soupçons avant l'année 1995 ! La visite d'Eisenhower de février 1960 dans le gigantesque hôtel Llao Llao réputé être le fief des nazis est encore plus troublante : le général aimait y venir pêcher à la mouche dit-on. De fait, on connaît fort peu de criminels nazis ayant reconnu leur culpabilité : beaucoup, tel Eichmann, se sont en effet rangés sous la bannière pratique du "j'effectuais les ordres", sans plus (mais il ne faut pas que cela (*****)). Le nazisme repose au départ sur une irresponsabilité totale, et une idéologie fondamentale ayant comme base la diffférence arbitraire entre des personne dites faibles et d'autres fortes, d'hommes prétenudus supérieurs issus de civilisations prétendues supérieures, et c'est bien pour ça que l'on doive encore, des années après en combattre le moinde germe. De manière à ce que ce monde parallèle qui a vu un bon nombre de criminels nazis échapper à tout jugement (grâce au Vatican)... ne réapparaisse jamais. C'est la morale indirecte que nous apporte ce nouveau témoignage : "plus jamais ça", encore une fois, quitte à devoir le répéter, et encore le répéter (******), aux sourds et aux aveugles embarqués par les sirènes d'autres irresponsables.

    Comme le rappelle Der Spiegel, en effet, "Heidenreich a dit qu'elle voulait garder les jeunes générations allemandes au courant de leur passé et combattre les récentes victoires électorales régionales des néo-nazis. « Je suis consterné comment les élèves écoutent l'histoire du nazisme avec une distance incroyable de nos jours. Ils savent beaucoup de choses sur lui, mais cela ne les touche pas émotionnellement. C'est comme la Rome antique pour eux", a déclaré Heidenreich."Il est de notre devoir de raconter notre propre histoire." Un devoir qui devient de plus en plus urgent, semble-t-il ; à voir la circulation intense de thèses abracadabrantesques sur la question.

    (*) dans ces épisodes :

    http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

    http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

    http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

    http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

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    (**) sur le vatican et la route des rats :

    http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

    (***) en citant l'extrait, un bloggeur ajoute chez Golias de l'excellent Christian Terras : N’est - ce pas Monseigneur Gràber, évêque de Freiburg qui commenta les lois raciales et les pogroms de la nuit de cristal par ces chrétiens propos qu’on ne pouvait refuser à quiconque le droit de sauvegarder la pureté de sa race et d’élaborer les mesures nécessaires à cette fin. L’ombre de la croix s’étend sur cette barbarie.

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    (****) "Aucun passage de l'Ecriture ne dit que Pierre est allé à Rome. Dans 1 Pierre 5:13, Pierre dit même qu'il s'est installé à Babylone, et pas à Rome. C'est de Babylone qu'il adresse ses épîtres aux chrétiens d'Asie (1Pierre 1:1).

    Dans Galates 2:8, on voit en effet que Pierre avait reçu pour mission d'évangéliser les Juifs et non pas les paîens. C'est Paul qui avait mission d'évangéliser les païens (et donc Rome, ou il est allé).

    Il n'y a pas de document authentique confirmant la présence de l'apôtre Pierre à Rome, cette histoire ne reposant que sur les contes d'un Père d'Asie, Abdias, et sur des suppositions relatives à l'épitre de Clément.

    Même Luther, l'un des pères du protestantisme, a dit que Pierre n'est jamais venu à Rome : "Certains érudits disent que saint Pierre n'est jamais venu à Rome ; et le Pape a certainement bien du mal à répliquer à de tels savants... Seul, saint Paul y a certainement été..." (Wider das Papsttum vom Teufel gestiftet).

    Et le pape Pie XI déclarait, en privé, que pour lui, "il était certain que jamais saint Pierre ne mit les pieds à Rome..."

    On remarquera même que ce Pape Saint-Pierre semble avoir été bicéphale : l'un de ses crânes est conservé à "Saint-Pierre" au Vatican (en fait, il s'agit d'un crâne de femme !), l'autre à "Saint Pierre et Paul hors les murs".
    Il semble bien, d'ailleurs, que Pierre a été exécuté avec son frère Jacques en 46, à Jérusalem, sous Cuspius Fadus, et qu'il n'est donc pas mort à Rome..
    Cela montre bien combien la tradition de la fondation de la Papauté par pierre ne repose sur rien de solide.

    En réalité, le Pape Saint-Pierre, comme les douze premiers papes, est un personnage légendaire qui n'a jamais existé.(ces premiers papes semblent avoir été inventés par Eusèbe de Césarée, dit Eusèbe le menteur au IVe siècle). On ne possède d'ailleurs aucun documents sur les premiers papes jusqu'en 325. ils n'ont pour seul titre que celui d'évêque de Rome. Le titre de pape n'apparaissant qu'en 306, à Alexandrie."

    s'il y en a à qui ça plaît ce genre de propos, je ne saurais trop leur conseiller celui-ci..., notamment ce que j'ai déjà pu écrire ici...

    (*****) "De son côté, l’historien Laurence Rees a rouvert le dossier Auschwitz. Il montre que les organisateurs de la solution finale n’étaient pas des exécutants serviles. Les ordres donnés étaient souvent assez vagues et il fallait que les responsables de la mise en œuvre prissent des initiatives et fissent preuve d’engagement pour atteindre les buts fixés. Selon L. Rees, cet engagement est d’ailleurs ce qui donne force au régime totalitaire. Il faudrait donc autre chose que de la simple soumission à un système pour aboutir à des crimes de masse. Cela nécessite aussi que les exécutants des basses besognes croient à ce qu’ils font, adhèrent à leur mission, se mobilisent activement. L’obéissance ne suffit pas, l’idéologie compte"

    (******) Telle l'histoire personnelle de Frida Lyngstad, par exemple, la chanteuse d'Abba, à l'incroyable parcours : "elle est l'une des 12 000 enfants norvégiens nés pendant l'occupation allemande, de 1940 à 1945, des amours entre soldats allemands et femmes norvégiennes. Après la guerre, ces femmes et leurs enfants sont devenus des parias de la société norvégienne : beaucoup d'entre-elles furent violées par des résistants, enfermées dans des maisons closes ou internées ou expulsées, certaines d'entre-elles et leurs enfants auraient servi de cobayes pour l'expérimentation de drogues comme le LSD par l'armée norvégienne et la CIA." Sidérant, non ? Elle avait appris son parcours en pleine gloire musicale : "durant cette période, elle a une révélation sur ses origines. Anni-Frid croyait que son père était mort lorsque son navire avait été coulé par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle découvre qu'elle est en réalité la fille d'un sergent allemand marié, Alfred Haase, lorsqu'un magazine allemand (Bravo) publie sa biographie en 1977 (la nièce d'Alfred Haase fait alors le rapprochement avec son oncle et prévient ce dernier)". En 1992 ; Frida épouse le Prince Heinrich Ruzzo Reuss von Plauen, membre de la famille princière allemande Reuss... il meurt 7 ans après d'un cancer

    livre à consulter : Marc Hillel et Clarissa Henry, Au Nom de la Race, Fayard, 1975

    PS : Une liste non exhaustive des criminels nazis (il y en a 1387) est disponible ici. A noter à la 693eme ligne cette indicatgion : "Höss, Rudolf (sévit à Dachau de 1934 à 1938, puis à Sachsenhausen en 1938, puis à Auschwitz dès 1940, puis commandant d'Auschwitz) : écrit ses mémoires en prison, condamné à mort en Pologne et exécuté le 16 avril 1947, derrière le crématoire du Stammlager à Auschwitz. (A ne pas confondre avec Rudolf Hess)."

    article sur les criminels nazis réfugiés en Argentine : "Les nazis de la pampa", l'Humanité, mai 1998.

    articles sur les Lebensborn :

    http://philippepoisson-hotmail.com....

    Pauvres enfants : "Au fil de la débâcle, ces bambins sont transbahutés d'une maternité nazie à l'autre. Leur périple à travers le Reich s'achève le 3 avril 1945, à Steinhöring, près de Munich. C'est là, dans la maison mère, ouverte dix ans plus tôt, que des soldats américains découvrent, au début de mai 1945, environ 300 enfants et une poignée de mamans livrés à eux-mêmes. Les maîtres de l'organisation ont pris la fuite après avoir brûlé les archives. Pour identifier les gosses, il ne reste que des fiches très succinctes. Un prénom germanique, un patronyme, parfois modifié, une date de naissance, le nom de code du lieu où ils ont vu le jour : Westwald, Ardennen... Les petits, confiés à une équipe de secours des Nations unies (l'Unrra), sont regroupés et soignés dans un couvent désaffecté. Le 14 décembre 1945, le père Ludwig Koeppel, curé de Steinhöring, les baptise collectivement. Photographiés, reconnus, certains sont rendus à leur mère. D'autres sont rapatriés, un an plus tard, vers leur pays d'origine. Du moins le croit-on. Car plusieurs bébés belges et néerlandais, nés à Wégimont ou à Lamorlaye, sont envoyés par erreur en France.

    Aux mois d'août et octobre 1946, deux trains affrétés par la Croix-Rouge, en provenance d'Allemagne, s'arrêtent ainsi à Bar-le-Duc (Meuse). Sur les 37 enfants confiés aux services locaux de l'Assistance publique, 17 sont encore bébés. Un an plus tard, la justice décide de les déclarer « nés à Bar-le-Duc ». Les prénoms trop allemands sont francisés. Ingrid s'appellera Irène, Gizela sera Gisèle, Songard et Ute deviennent Dominique... Plusieurs d'entre eux sont accueillis par des familles de la région, certains sont adoptés. Tous gardent en mémoire les injures des autres gamins, voire de l'instituteur : « A l'école, on me traitait de "sale boche" », raconte Gisèle Niango, 65 ans, de Nancy. Nous sommes déchirés entre le fait d'être des victimes innocentes et la honte d'avoir été conçus pour servir cette idéologie monstrueuse. »

    En 1946, Erwin a 2 ans à peine quand il est rapatrié en Avignon et récupéré - avec son nom inscrit sur un écriteau accroché autour du cou - par l'une de ses tantes. Sa mère les rejoint un an plus tard. Erwin n'a plus jamais revu son père. Il a découvert son nom par hasard, en 1987, en tombant sur son propre certificat de baptême, daté de 1945. Le document mentionnait ceci : « Père : Erwin Konstant Johannes Schmidt. » « Ma mère me l'a arraché des mains avant de le déchirer et de le jeter au feu », poursuit Erwin".

    http://www.liberation.fr/grand-angl...

    http://joelmatriche.com/lebensborn/

    la fiche (anglaise) de Wagner Horst :

    Né à Posen en 1906, d'une formation de journaliste à Berlin, où il a rejoint la SA en 1933, en mai 1938, il rejoint le ministère des Affaires étrangères. En Janvier 1944, il devint officier de liaison entre le ministère des affaires étrangères et la SS, période pendant laquelle il s'est impliqué dans la déportation des Juifs. Il était emprisonné au cours du procès de Nuremberg où il a été entendu comme témoin, et après lequel, en 1948, il a été libéré. Il a été immédiatement délivré contre lui un mandat d'arrêt par un tribunal de Bavière, mais il s'est alors échappé en Argentine. Après son retour en Europe, il a changé son nom en Peter Ludwig et a travaillé comme correspondant pour divers journaux argentins. En Mars 1953, il a été arrêté dans l'ombre du Vatican. Bonn espèrait l'extrader, mais en raison de certaines problèmes techniques avec son changement de nom, il devait compléter par une courte phase en Italie d'abord. Un juge italien a décidé qu'il ne pouvait pas être extradé, son crime étant selon lui politique, et non pénal. Pensant qu'il ne pouvait plus être jugé pour crimes de guerre, Wagner revint volontairement en 1956 en Allemagne de l'Ouest , après quoi il a été arrêté. Après 15 mois en détention provisoire, le tribunal de district de Hamm n'avait pas d'autre choix que de le libérer avec une amende de 80 000 DM , tout temps supplémentaire en prison pouvant être considéré comme une atteinte aux droits de l'homme. Il s'en est suivi une longue période de collecte de l'information, de retards pour cause de maladie, et de changement d'avocats, et pendant toute cette période,Wagner est resté en liberté. Il employait un ancien collègue de ses jours nazis pour de faire représenter, le Dr Ernst Achenbach, un député de la FDP. Enfin, après des années de fuite, Wagner a été appelé pour être jugé le 3 Juillet 1972. Cependant, après des mois à avoir fraudé sur sa santé physique, et de procrastination manifeste, il n'a jamais eu à comparaître à nouveau, au motif de la vieillesse.

     

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    France 1944 La fabrique des enfants parfaits

     

      

      

    Le carillon de la pendule tinte dans le salon : 14 heures.

     

    Assis devant une tasse de café, cheveux blancs mi-longs, le regard bleu un peu perdu, Erwin Grinski tire sur son cigarillo et se lance.

     

     

    Bois Larris

    Cette histoire, ce mécanicien à la retraite ne l'a jamais racontée.

    A personne.

      

     " Le peu que je sais, je le tiens de ma mère "

    prévient-il avec

    son accent chantant du Midi.   

      

    Elle ne répondait pas à mes questions mais, deux ou trois fois, elle m'a lâché un détail.

    " Elisabeth Grinski est décédée en 2007.

      

    Depuis, Erwin, 65 ans, divorcé, vit seul avec son secret, dans un appartement HLM un peu défraîchi, en Avignon.

     

    Ce secret, celui de sa naissance, renvoie à l'un des projets les plus effrayants entrepris par les nazis : des maternités, les Lebensborn (" source de vie " en vieil allemand), où devaient naître des enfants " parfaits ", grands, blonds aux yeux bleus.

      

    La future élite du IIIe Reich.

     

    Erwin a vu le jour le 21 mai 1944, à Lamorlaye (Oise), à 40 kilomètres au nord de Paris. Là, au manoir de Bois-Larris, caché dans la forêt de Chantilly, les SS avaient installé l'une de ces maternités.

     

    On y accueillait des femmes enceintes de SS ou de membres

    des services de police nazie.

     

    Les deux parents, soumis à une rigoureuse sélection, devaient correspondre aux critères raciaux " aryens " définis par le régime hitlérien.

      

      

      

      

    L'objectif était de créer une race " supérieure de Germains nordiques ".

    L'organisation Lebensborn a commencé à fonctionner à partir de 1935 en Allemagne (voir l'encadré page 98).

     

    Puis, pendant la guerre, les nurseries SS ont essaimé en Norvège, en Autriche, en Pologne, au Luxembourg, en Belgique et... en France.

     

    Le foyer Westwald (" forêt de l'Ouest " - en fait la forêt de Chantilly), à Lamorlaye, fut ainsi l'unique pouponnière nazie ouverte sur le sol français.

     

      

      Son histoire reste malgré tout méconnue : seuls deux livres d'historiens, l'un publié en 1975, l'autre cette année, lui consacrent quelques pages.

     

    En 2004, l'Association Lamorlaye mémoire et accueil a organisé une conférence sur le sujet, mais sans pour autant apporter de nouveauté.

    L'Express est parti à la recherche des enfants français des Lebensborn, des hommes et des femmes aujourd'hui âgés d'au moins 65 ans.

     

    Retrouver leur trace n'est pas évident.

     

    Leurs noms de famille ont parfois été modifiés pour brouiller les pistes, quand ils furent emmenés à la hâte en Allemagne, à la fin de 1944.

     

    Certains, rapatriés après la guerre, ne connaissent même pas leurs véritables origines.

     

     http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/bois larris.jpg  

      

      

    Ou ne veulent pas les connaître.

    Un rapport établi en 1948 par les services français en Allemagne, que nous avons pu consulter, permet toutefois d'affirmer que " 23 enfants sont nés " ou ont transité à Lamorlaye. "

    Le nombre de femmes y ayant séjourné n'a pas dépassé 21 ",

    précise le document.

    A cette époque, trois bébés étaient morts en bas âge.

    Parmi les 20 autres enfants, nous avons retrouvé sept noms :

    Ingrid, Helga, Edith, Gérard,

    Jean-Pierre...

    Deux sont décédés : Ingrid et Songard.

     

    Quatre autres n'ont pu être localisés.

     

    Le septième nous a reçus : Erwin Grinski.

    Sa mère, Elisabeth, s'est retrouvée à Lamorlaye par un terrible enchaînement de circonstances.

     

    Née dans une famille de mineurs polonais venus s'installer dans le Gard en 1921, elle ne parlait qu'allemand, comme la plupart des habitants de Poméranie occidentale. En 1941 ou 1942, la jeune femme monte à Paris.

      

    Elle travaille d'abord dans un orphelinat avant, semble-t-il, de devenir interprète au service de l'occupant. C'est ainsi qu'elle aurait rencontré Erwin Schmidt, un officier originaire des Sudètes.

     

    Travaillait-il pour la Croix-Rouge allemande ?

     

    C'est en tout cas ce qu'elle racontera, bien plus tard, à leur fils,

    également prénommé Erwin.

     

    L'unique trace de son séjour à Lamorlaye figure dans les registres d'état civil de la commune :

    Elisabeth Grinsky a reconnu l'enfant le 31 mars 1948.

    La date de naissance a été ajoutée au crayon à papier.

     

     

      

    Les Français ?

    Un peuple abâtardi, racialement sans intérêt

      

    Le projet d'ouvrir une maternité SS en France avait germé dans l'esprit des nazis au printemps de 1942. "

     

    Jusqu'alors, ils considéraient les Français comme un peuple abâtardi, issu de sang mélangé et donc racialement sans intérêt, précise l'historien Fabrice Virgili, auteur de Naître ennemi (Payot, 2009), un livre consacré aux enfants franco-allemands conçus pendant la guerre.

     

    Leur position évolue en 1942, en raison de la multiplication des naissances. " A cette date, en France, 50 000 enfants étaient déjà nés de père allemand ",

    indique Fabrice Virgili.

     

    Même le jugement sur les Français change :

    certaines femmes du Nord sont désormais considérées comme

    " aptes " à procréer des Aryens.

      

    Le 29 mai 1942, le secrétaire d'Etat à la Santé du Reich, Leonardo Conti, écrit au Reichsführer SS Heinrich Himmler :

     

    " Ces enfants ne sont pas mauvais [...].

    Je propose que le Lebensborn [s'en] occupe énergiquement. "

      

      

    Interdiction formelle d'approcher du manoir

      

    Reste à trouver un lieu adéquat : proche de Paris, mais suffisamment retiré, dans un cadre champêtre, bénéfique pour les petits " pensionnaires ".

     

    Le choix se porte sur le manoir de Bois-Larris, une jolie demeure de style anglo-normand, avec écuries et dépendances.

    Cette propriété, réquisitionnée à la famille Menier (celle des chocolats), est occupée par la SS depuis 1942.

    La suite de l'histoire oblige à se plonger dans les archives du Service international de recherches de la Croix Rouge (SIR). A Bad Arolsen, une petite ville de Hesse, le SIR conserve 50 millions de documents, concernant 17,5 millions de victimes du nazisme.

    Dans la salle de lecture, le visiteur est prié d'enfiler des gants de tissu blanc pour manipuler les feuillets jaunis, à en-tête du Lebensborn et de l'état-major SS. Une vingtaine de courriers et de télégrammes évoquent le foyer Westwald de Lamorlaye.

      

    Le 2 novembre 1943, l'Oberführer SS Gregor Ebner, médecin en chef des Lebensborn, spécialiste de la " sélection raciale " et ami personnel de Heinrich Himmler, écrit au commandant Fritze, tout juste nommé responsable de l'établissement :

     

    " Le lieu devra être aménagé à la manière du foyer de Steinhöring [la maison mère, en Bavière]. J'espère pouvoir venir à Paris au cours de l'hiver [1943-1944]. ".

    Faute de temps, Ebner ne pourra pas honorer ce rendez-vous.

    Finalement, Westwald sera inauguré le 6 février 1944.

    La plupart des femmes accueillies ici sont françaises, comme la maman de la petite Edith de V., née le 11 avril 1944. Mais il y a aussi quelques étrangères.

     

    Ainsi, la mère de Helga M., née le 20 juin 1944, est une Flamande, enceinte d'un SS belge ; celle d'Ingrid de F. (31 juillet 1944) est probablement néerlandaise.

    Par souci de discrétion, elles préfèrent accoucher dans un Lebensborn éloigné de leur région ou de leur pays d'origine.

      

    Toutes vivent en communauté dans cette maternité gardée en permanence. Il est formellement interdit d'approcher du manoir perché sur les coteaux. "

     

    Pourtant, à Chantilly, beaucoup de gens savaient qu'il y avait une nurserie nazie, là-haut, et que les Allemands recrutaient de grandes femmes blondes

    pour faire des enfants aryens ",

    raconte Michel Bouchet, 83 ans, ex-journaliste hippique qui habite toujours dans les environs.

    La vie quotidienne à Westwald, c'est l'Oberführer SS Gregor Ebner lui-même qui l'évoque dans un rapport de trois pages dactylographiées, après sa visite d'inspection du 24 avril 1944. Passant en revue les lieux et le personnel, il écrit :

      

    " Les chambres non attribuées ont été correctement reconverties et servent de salle d'accouchement, note-t-il.

     

    Une activité impressionnante règne au rez-de-chaussée, où se trouvent la salle de visite, les chambres des mères et le réfectoire. "

     

    En revanche, le matériel laisse à désirer :

    les meubles sont de mauvaise qualité, les berceaux " sont fabriqués dans un matériau très sommaire, ce qui les rend dangereux ".

    Autre problème : la maternité est mal gérée. Son responsable, le commandant Fritze, passe son temps à Paris et ne vient " qu'une ou deux fois par semaine ".

     

    Surtout, une querelle oppose le sergent SS Grünwald et son épouse - qui veillent sur le domaine depuis l'hiver 1943 - au reste du personnel, le régisseur SS Engelien, l'infirmière en chef, Josefa Knoll, la sage-femme et les trois autres infirmières.

      

    Gregor Ebner termine cependant son rapport sur une note positive :

      

    " Les six mères présentes à Westwald font bonne impression sur le plan racial et pour ce qui concerne leur intégration.

    Les quelques enfants du foyer sont en bonne santé, seul un d'entre eux laisse apparaître une légère dégénérescence.

      

    " Erwin Grinski, né en mai, ne restera pas longtemps à Lamorlaye. Quelques semaines plus tard, ses parents partent en effet avec lui vers Dortmund. "

    Nous avons passé les derniers mois de la guerre dans cette ville, terrés dans des abris souterrains, pour échapper aux bombardements alliés ", raconte-t-il.

    En ce printemps 1944, les Lebensborn, qui sont d'ordinaire bien approvisionnés, connaissent des pénuries.

     

    L'Oberführer SS Gregor Ebner s'en inquiète dans une note du 2 mai : " La plupart des foyers manquent de solution vitaminée [pour les enfants]. Ils manquent de produits alimentaires de toutes sortes, comme la semoule, le riz, les flocons d'avoine et le cacao. "

     

    Le manoir de Lamorlaye est au plus mal, lui aussi. Surtout après le débarquement allié en Normandie, le 6 juin. Engelien, le régisseur, est si préoccupé qu'il alerte Ebner :

      

    Fanny M., la sage-femme, a " appris la nouvelle de l'invasion [le débarquement] et en a informé les mères ".

     

    De plus, elle passe toute la journée dans sa chambre, vu "

    le peu d'accouchements qui se produisent ".

      

    Quant au commandant Fritze, il est toujours aux abonnés absents. Autre souci : il devient de plus en plus difficile de nourrir correctement les 12 bébés encore présents.

      

    " Le jardin ne fournit pas assez de carottes et d'épinards ", relève Ebner.

     

    A son tour, celui-ci informe son supérieur, le colonel SS Max Sollman, l'administrateur en chef des Lebensborn. Les jours de la maternité sont comptés...

    7 août 1944. Le commandant Fritze sait qu'il est temps de filer.

     

    De Paris il envoie un télégramme de cinq lignes à l'état-major personnel

    de Heinrich Himmler, à Berlin :

     

    " Evacuation du foyer Westwald prévue le 10 août, sous la direction du sous-lieutenant SS Decker. Le mobilier sera transporté par train jusqu'à Munich [...]. "

      

    Des bambins transbahutés d'une maternité nazie à l'autre

      

    C'est ainsi qu'une semaine avant la libération de Paris la maternité ferme en urgence. Ses pensionnaires - une dizaine d'enfants, dont Edith de V., Helga M., Gérard S., né le 28 juin ou Ingrid de F., âgée d'à peine 10 jours, ainsi que quelques mères volontaires - sont transférés au Lebensborn Taunus de Wiesbaden, près de Francfort.

     

    Début septembre, une dizaine d'autres bébés, évacués du Lebensborn Ardennen, de Wégimont (Belgique), les y rejoignent. Parmi ces derniers se trouvent Gisèle Niango et Walter Beausert (voir l'encadré).

    Au fil de la débâcle, ces bambins sont transbahutés d'une maternité nazie à l'autre. Leur périple à travers le Reich s'achève le 3 avril 1945, à Steinhöring, près de Munich.

     

    C'est là, dans la maison mère, ouverte dix ans plus tôt, que des soldats américains découvrent, au début de mai 1945, environ 300 enfants et une poignée de mamans livrés à eux-mêmes.

    Les maîtres de l'organisation ont pris la fuite après avoir brûlé les archives.

      

    Pour identifier les gosses, il ne reste que des fiches très succinctes. Un prénom germanique, un patronyme, parfois modifié, une date de naissance, le nom de code du lieu où ils ont vu le jour : Westwald, Ardennen... Les petits, confiés à une équipe de secours des Nations unies (l'Unrra), sont regroupés et soignés dans un couvent désaffecté.

     

    Le 14 décembre 1945, le père Ludwig Koeppel, curé de Steinhöring, les baptise collectivement.

     

    Photographiés, reconnus, certains sont rendus à leur mère.

     

    D'autres sont rapatriés, un an plus tard, vers leur pays d'origine.

     

    Du moins le croit-on. Car plusieurs bébés belges et néerlandais, nés à Wégimont ou à Lamorlaye, sont envoyés par erreur en France.

    Aux mois d'août et octobre 1946, deux trains affrétés par la Croix-Rouge, en provenance d'Allemagne, s'arrêtent ainsi à Bar-le-Duc (Meuse).

     

    Sur les 37 enfants confiés aux services locaux de l'Assistance publique, 17 sont encore bébés.

     

    Un an plus tard, la justice décide de les déclarer " nés à Bar-le-Duc ".

     

    Les prénoms trop allemands sont francisés.

     

    Ingrid s'appellera Irène, Gizela sera Gisèle, Songard et Ute deviennent Dominique...

      

    Plusieurs d'entre eux sont accueillis par des familles de la région, certains sont adoptés.

     

    Tous gardent en mémoire les injures des autres gamins, voire de l'instituteur : " A l'école, on me traitait de "sale boche" ", raconte Gisèle Niango, 65 ans, de Nancy.

    Nous sommes déchirés entre le fait d'être des victimes innocentes et la honte d'avoir été conçus pour servir cette idéologie monstrueuse. "

     

    En 1946, Erwin a 2 ans à peine quand il est rapatrié en Avignon et récupéré - avec son nom inscrit sur un écriteau accroché autour du cou - par l'une de ses tantes. Sa mère les rejoint un an plus tard. Erwin n'a plus jamais revu son père.

     

    Il a découvert son nom par hasard, en 1987, en tombant sur son propre

    certificat de baptême, daté de 1945.

     

    Le document mentionnait ceci :

    " Père : Erwin Konstant Johannes Schmidt. "

    " Ma mère me l'a arraché des mains avant de le déchirer et de le jeter au feu ",

    poursuit Erwin.

      

    Jamais reconnus en tant que victimes

      

    A l'adolescence, il faisait le coup de poing quand on se moquait de son physique, mais personne n'a jamais eu connaissance de ses origines. "

     

    Ma mère m'avait fait jurer de ne jamais raconter que mon père était allemand.

     

    Elle ne voulait pas que j'apprenne cette langue ", souffle-t-il.

     

    Je ne dois pas être tout seul dans ce cas.

     

    Souvent je me demande où sont passés les autres enfants... "

     

    Pour la première fois depuis le début de son récit, une larme coule sur son visage. Pourquoi être ainsi sorti du silence ?

      

     " Peut-être que quelqu'un me reconnaîtra. "

     

    Quelqu'un capable de le faire sentir moins seul avec son histoire.

     

    Quelqu'un capable de lui répéter que les bébés des Lebensborn - jamais reconnus en tant que victimes - ne sont coupables de rien.

     

    Nés d'un père SS ou non, ils n'étaient que des enfants.

      

    la quête sans fin d'une famille

    Pour les enfants des Lebensborn, la recherche de leurs origines est une quête vertigineuse.

     

    Certains d'entre eux, rendus à leur mère après guerre, ont obtenu ainsi des bribes d'informations sur leur père.

     

    D'autres, de parents inconnus, ont été confiés à l'assistance publique ou adoptés, et cherchent à " savoir ".

     

    C'est le cas de Walter Beausert et de Gisèle Niango.

    Nés au Lebensborn de Wégimont (Belgique),

    ils sont français depuis 1947, après leur rapatriement

    - par erreur - en France.

     

    Tous deux ont appris l'existence de ces maternités en ouvrant leur dossier personnel à la Ddass (ex- Assistance publique).

      

    Depuis, ils ont sillonné la France, la Belgique, l'Allemagne, pour suivre des pistes, vérifier des hypothèses, souvent floues.

     

    " Beausert n'est peut-être même pas mon vrai nom et je pense être né en juin 1943 plutôt que le 1er janvier 1944 ",

    explique Walter, en regardant une photo prise en 1945, par les Américains, à Indersdorf (Allemagne).

     

    Sur le cliché, un blondinet blessé à l'oeil fixe le photographe. C'est lui.

     

    En 1993, il retrouve en Belgique une femme nommée Rita P., qu'il pense être sa mère. " Elle ne me l'a jamais dit, mais elle m'a donné tant d'indices...

     

    " Walter connaît aussi l'identité de son père allemand, un certain Hugo Lunderstedt. Rita, elle, est décédée en 1998.

     

     

     

    De son côté, Gisèle Niango - bébé, elle s'appelait Gizela Magula - a identifié une partie de sa famille maternelle, également en Belgique.

     

    Elle croyait avoir ainsi découvert le nom de sa mère jusqu'au moment où, en avril, un nouveau document lui a démontré qu'il y avait erreur sur la personne.

    Sa quête va donc reprendre.

    " Des géniteurs grands, blonds, aux yeux bleus "

     

    La procréation d'enfants de " pure race aryenne " dans les Lebensborn est au coeur même du fanatisme eugéniste des idéologues SS.   

    L'historien allemand Georg Lilienthal, spécialiste du sujet, y voit le résultat d'une stratégie double : "

    D'un côté, éliminer les êtres considérés comme ?inférieurs?,

    ce qui a conduit à l'extermination des juifs et des Tsiganes ; de l'autre, renforcer une supposée élite raciale en sélectionnant des géniteurs grands,

    blonds, aux yeux bleus. "

     

    En 1935, la première maternité de ce type est ouverte à Steinhöring (Bavière).

    Heinrich Himmler, qui rêve de fonder un Etat SS peuplé de 120 millions de Germains nordiques, place l'institution sous son autorité.

     

    La direction est confiée au colonel SS Max Sollman, administrateur en chef, et à l'Oberführer SS et médecin Gregor Ebner, chargé de la sélection.

      

    Le but est d'éviter 1million d'avortements annuels, en permettant à de futures filles-mères d'accoucher en secret.

    C'est l'un des aspects les plus mystérieux du programme : les naissances ne sont pas déclarées à l'état civil, l'identité du père est cachée.

     

    Les maternités accueillent des femmes enceintes de membres de l'ordre noir SS, éventuellement de cadres de la Wehrmacht et du Parti nazi.

      

    Les SS, en particulier, se doivent d'avoir une nombreuse progéniture, y compris hors mariage. Ces enfants sont " offerts " à Hitler et confiés à des familles d'adoption.

      

    Plus tard, ils constitueront l'élite d'un IIIe Reich censé durer mille ans...

     

    Objets de multiples fantasmes, "

    les Lebensborn n'étaient ni des haras humains ni des bordels,

    poursuit Georg Lilienthal.

    Ils prétendaient être des établissements modèles, exploitant du matériel génétique ".

     

    En 1940, on en compte 10 en Allemagne.

    D'autres sont créés durant la guerre :

    9 en Norvège - sanctuaire supposé de la " race nordique " -

    3 en Pologne,

    2 en Autriche,

    1 au Danemark, aux Pays-Bas,

    en Belgique, au Luxembourg et en France.

    Environ 9 000 SS-kinder (enfants SS) seraient nés en Norvège, presque autant en Allemagne, quelques centaines ailleurs.

    Les responsables du Lebensborn, obsédés par le fait de récupérer le " sang aryen " disséminé en Europe, ont aussi kidnappé près de 200 000 enfants en Pologne.

      

    Ils furent placés dans des familles, envoyés au front ou contraints au travail forcé.

      

    En 1947-1948, Sollman, Ebner et leurs complices ont été jugés à Nuremberg, mais le tribunal allié n'a pas retenu le " caractère criminel " du Lebensborn :

    ils furent libérés à l'issue du procès.

      

      

    BORIS THIOLAY

      

    sources

    France 1944 - La fabrique des enfants parfaits

    Par Boris Thiolay, publié le 06/07/2009

    http://www.lexpress.fr/actualite/societe/france-1944-la-

    fabrique-des-enfants-parfaits_763222.html#commentaire  

      

    Témoignage

    http://www.psychologies.com/Planete/Societe/Articles-et-

    Dossiers/Adoption-Jean-Daniel-Remond-ne-sous-X

      

     

     

      

     

     

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  • Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0061, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

      

      

    Lebensborn

      Il y a près de 70 ans, l'Allemagne nazie lançait en Europe le projet terrifiant de faire naître et d'élever des enfants censés représenter l'élite de la race aryenne. 

    Le Lebensborn e. V. (Lebensborn eingetragener Verein, en français « Association enregistrée Lebensborn ») était une association de l'Allemagne nationale-socialiste, patronnée par l'État et gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance d'enfants « aryens » en permettant à des filles-mères d'accoucher anonymement et de remettre leur nouveau né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.

    C'est dans le cadre de la politique d'eugénisme sous le nazisme et de promotion des naissances exacerbée que les Lebensborn virent le jour à l'initiative de Heinrich Himmler, le 12 décembre 1935, cette politique étant le pendant des camps d’extermination.

      

     

    Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1973-010-11, Schwester in einem Lebensbornheim.jpg

     

      

      

    Il s'agissait à l'origine de foyers et de crèches, mais il semble sur la base de témoignages de voisinage, que la SS transforma rapidement ces centres en lieux de rencontre, où des femmes allemandes considérées comme « aryennes » pouvaient concevoir des enfants avec des SS. Le but de ces centres était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de mille ans ».

    Le terme « Lebensborn » est un néologisme formé à partir de « Leben » (« vie ») et « Born » (« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».

    Encore dans les années 1970, ces maternités étaient considérées comme une simple rumeur, donnant lieu à une grande puissance fantasmatique, certains y voyant des haras humains, d'autres des bordels SS, jusqu'à ce que Georg Lilienthal, un jeune historien spécialiste de la médecine SS, y consacre sa thèse en 1985.

      

     

     Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0063, Lebensbornheim, Entbindungszimmer.jpg

      

    Histoire

    En vertu du concept de « pureté raciale » inscrit dans les principes fondateurs du nazisme, Heinrich Himmler ouvrit le premier établissement à Steinhöring, près d'Ebersberg, en Haute-Bavière, le 15 août 1936, inaugurant la maternité Hochland, maison-mère du Lebensborn. Ce centre comportait 30 lits pour les mamans et 55 pour les enfants à naître. Leur nombre fut doublé en 1940.

    Le service du Lebensborn était placé sous l'égide du général SS Sollmann. La « pureté de la race aryenne » répondait à plusieurs critères, qui déterminaient l'appartenance à une typologie aryenne qui comportait plusieurs niveaux de « pureté ». Le niveau le plus élevé était celui des pays nordiques. Chacun des niveaux de pureté était connu pour les qualités de ses membres : attachement à la patrie, attachement au Führer, attachement au pays.

    Une dizaine d'établissements furent créés en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale — 8 000 enfants y naquirent —, puis deux en Autriche et un en Pologne, après l'invasion de ce pays en septembre 1939.

      

      

      

    La fascination des nazis pour la « race aryenne nordique » les conduisit à ouvrir une dizaine de centres en Norvège recueillant des krigsbarn, « enfants de la guerre ». On estime à entre 9 000 et 12 000 le nombre d'enfants nés dans ces centres selon certaines sources.

    Les centres étaient de taille variable, du bureau administratif à l'institution :

      

     

      

      

      

    Rôle :

    L'objectif du Lebensborn était de permettre à des femmes, mariées ou célibataires, de « race pure » de donner naissance à des enfants dont les pères appartenaient à l'élite raciale, notamment des membres de la SS.

    Outre la reproduction de la race aryenne, le Lebensborn se chargeait aussi de la germanisation d'orphelins issus de couple mixtes, mais peut-être aussi d'enfants arrachés à leurs parents en provenance de Norvège, de Pologne et de Tchécoslovaquie. Ainsi, plus de 200 000 enfants furent emmenés en Allemagne et confiés à des familles allemandes sélectionnées.

    Le Lebensborn mit en pratique les principes hitlériens. Le pouvoir en place décida d'élargir son recrutement en allant, par la suite, prélever des enfants dans des pays conquis (Pologne) où certains enfants dits racialement valables (2 millions d'enfants enlevés à leurs parents polonais) auraient été littéralement kidnappés pour être germanisés. La proportion d'enfants arrachés à leurs véritables parents aurait atteint un cinquième des effectifs des Lebensborn.

     

    Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0065, Lebensbornheim, Operationssaal.jpg

      

      

    La Maternité des Ardennes

    Beaucoup de ces Lebensborn étaient consacrés à l'éducation des enfants nés de l'union de soldats allemands et de femmes des pays occupés.

    Les Allemands baptisèrent « Maternité des Ardennes » l'institution de Wégimont (commune de Ayeneux, province de Liège), qui ouvrit ses portes en novembre 1942 et les ferma le 1er septembre 1944. Celle-ci accueillit des femmes belges convaincues par les thèses nazies, mais aussi quelques Néerlandaises et Françaises du Nord. La contribution masculine était assurée par des soldats des régiments belges nazis, comme la Légion Wallonie, ou leurs homologues flamands, ainsi que des SS stationnés en Belgique.

    Mais ce centre ne fonctionna jamais véritablement ainsi que les Allemands l'auraient voulu, car le personnel belge y montra toujours de la mauvaise volonté. Il reste peu de documents sur cette affaire et la population locale évoque rarement ces faits.

      

      Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0067, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

     
     

    sources

    wikipedia

     

     

     

     

     

     

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    A nos "cousins" et amis Quebécois qui ont grandement contribué à libérer l'Europe, et dont l'histoire est pourtant méconnue. Les Fusiliers Mont Royal, le Régiment de Maisonneuve et les "gars de la Chaudière" furent les trois régiments de Canadiens francophones de la bataille de Normandie. Voici l'histoire de cette magnifique unité.

     

    Insigne du Régiment sur lequel figure la devise AERE PERENNUIS (Plus dur que l'airain)

    ORIGINES 

    Le régiment de la Chaudière est né le 15 décembre 1936, de la fusion du Régiment de Dorchester et Beauce et du 5th Machine Gun Battalion. Sa devise , Aere Perennius (plus solide que l'airain) fut proposée par le major Gavan Powers et rapidement adoptée. L'écusson retenu représente deux mitrailleuses entrecroisées, surmontées d'un castor supportant une fleur de lys. Au bas de l'insigne, figure la devise régimentaire sur un bandeau d'oriflamme terminé par deux feuilles d'érable. Cet ecusson sera finalement approuvé le 1er juillet 1938 par le roi Georges V.

    Jusqu'en 1939, le Régiment de la Chaudière est une unité de milice fédérale, seulement constituée à l'occasion d'exercices périodiques. Lorsque l'Europe tente de s'opposer aux déferlantes nazies, le Canada ne compte tout au plus que 4500 soldats de métier, tous grades confondus. Au camp d"été de 1939, les "Chaud" sont au nombre de 26 officiers, 207 officiers et soldats. Mais, la menace Allemande est prise très au sérieux et le 1er septembre 1939, la totalité du Régiment est mobilisé : on compte alors 4 compagnies de combat, une compagnie hors rang et un QG. Les tableaux d"effectifs sont loin d'être réalisés car on comptabilise péniblement un effectif total de 250 hommes : un bataillon !.

    En septembre 1940, le Régiment de la Chaudière quitte le Quebec pour le New-Brunswick , la petite ville de Sussex est choisie comme destination première. Quelques mois plus tard, le lieutenant colonel Bouchard quitte le commandement de l'unité, ce au grand regret de ses hommes : on lui devra "l'âme des gars de la Chaudière" à qui les valeurs qu'il aura inculquées seront un précieux allié en Normandie, moins de quatre ans plus tard. Dans les mois qui suivront, les journées seront en grande partie consacrées à l'entrainement au tir et au combat. Le départ pour l'Europe a finalement lieu le 21 juillet 1941. Le régiment est embarqué à Halifax, à bord du H.M.T Strathmore ; il accoste en Ecosse (Greenock) après neuf jours de traversée. La guerre venait réellement de commencer pour les boys de la Chaudière.



    Ecusson d'epaule porté sur le Battle Dress


    Le Lt-Colonel John L. Reiman, chef de corps du 15 décembre 1936 au 16 janvier 1940


    Le Lieutenant-Colonel Georges L. Bouchard en poste du 16 janvier 1940 au 25 janvier 1941


    Le colonel Paul Mathieu succède à Georges Bouchard, il conduira l'action des Chauds en Normandie, jusqu'au 23 novembre 1944.

    PREPARATIFS

    L'année 1942 est marquée par un entrainement à la défense de zone, Hitler conservant intact son plan de débarquement en Angleterre. ainsi, les exercices "Leapfrog", "Pete", "Hardener", "Conqueror" seront destinés à tester les positions des unités en cas d"invasion. Alors que s'éloigne progressivement cette menace, la mise à niveau des Chaud. s'oriente dès lors vers des shémas de combat privilégiant l'offensive et l'endurance. La préparation au débarquement s'amorce, alors que le chef de corps , le colonel Power (créateur de l'insigne régimentaire) doit céder sa place à Paul Mathieu, qui conduira l'assaut en Normandie. Le mois de juillet 1943 sera crucial pour les Canadiens : c'est à ce moment que sera prise la décision d''intégrer la 3ème division d'infanterie aux plans d'assaut du Jour J. L'entrainement devient alors intensif : la petite unité de milice est devenue un Régiment d'Elite. Les derniers préparatifs sont d'ordre matériel : les vieux chars Ram et Valentine sont remplacés par des Sherman à peine sortis des usines.

    L'embarquement commence le 1er juin 1944 ; il est terminé deux jours plus tard. on distribue alors à chaque homme des rations d'urgence, deux boites de rations traditionnelles, une ceinture de sauvetage et ...200 francs Français. Le moral des Chauds est alors au plus haut, avec de surcroît le désir inébranlable de venger l'hécatombe de Dieppe. L'amiral Ramsay, chef de la force navale est aussi confiant que les Canadiens :"Ce que Philippe d'Espagne n'a pu accomplir, ce que Napoléon a tenté et n'a pu accomplir, et ce qu'Hitler n'a jamais eu le courage de tenter, nous sommes sur le point de l'accomplir et avec la grâce de Dieu, nous le ferons". Les compagnies A et B seront les premières jetées dans la bataille, derrière le Queen's Own Rifle of Canada, autre unité de la 3ème D.I Canadienne.

    Organigramme du Régiment en juin 1944

    Chef de Corps :

    Colonel Paul Mathieu

    Adjoint :

    Major G.L Taschereau

    Adjudant de Régiment : Capitaine G. Beaudry

    Officier "Renseignement" : Lieutenant J.G Leroux

    Officier "Transmissions" : Lieutenant W. Thirdwall

    _________________________________________

    Compagnie A :

    Major Lapointe

    Compagnie B

    : Major F. L'Espérance

    Compagnie C :

    Major G. Sévigny

    Compagnie D :

    Major G.O Taschereau

    Compagnie Support :

     Major P. Labrèque

    Compagnie Hors Rang :

    Major Major J. Laliberté

    Message du Général Crerar (commandant la Première Armée Canadienne) avant le déclenchement d'OVERLORD


    Dans l'impossibilité de m'adresser à chacun d'entre vous, je désire par ce message personnel, communiquer à tous les officiers, gradés et hommes de troupe de l'Armée Canadienne les pensées que j'éprouve à l'approche de l'heure de nous lancer dans la bataille

    J'ai pleine confiance que nous saurons affronter les épreuves qui nous attendent. Notre entrainement et notre matériel sont de premiers ordre. Nos chefs, tant supérieurs que subalternes, connaissent à fond leur métier. Canadiens, nous sommes, héritiers des caractéristiques militaires qui ont inspiré la crainte à l'ennemi pendant la dernière grande guerre. Sa crainte sera encore plus grande avant que la guerre actuelle ne soit terminée.

    Les unités Canadiennes prenant part à l'assaut joueront un role essentiel. Les plans, les préparatifs, les méthodes et la technique qui seront employés reposent sur les connaissances et l'expérience acquises et payées par la 2ème division Canadienne à Dieppe. L'utilité de cette opération hasardeuse ne saurait être sous estimée. Elle se sera révéléele prélude essentiel de notre succès prochain et définitif.

    Nous abordons cette phase décisive de la geurre avec pleine foi, en notre cause, avec une calme confiance en nos capacités et avec la détermination bien arrêtée d'achever promptement et définitivement cette tâche que nous sommes venus accomplir outre-mer.

    De même qu'en 1918, les Canadiens, en Italie et en Europe nord-occidentale, attaqueront l'ennemi sans répit jusqu'a ce que, à une époque prochaine, les armées alliées convergentes se rencontreront et nous nous trouverons, dans la victoire avec nos camarades du premier corps Canadien

    H.D.G Crerar, lieutenant général

     

    Assaut sur Juno Beach : le Régiment de la Chaudière débarquera sur le secteur de plage WHITE RED en second rideau derrière le Queen's. Bernières sur Mer est le premier objectif de la matinée du 6 juin.

     

     

    La compagnie A du major Hughes Lapointe neutralise vers 11h 15 un position Allemande de 6 canons de 88 mm, avec l'appui des Sherman du Fort Garry Horse (2ème Brigade Blindée). Après un combat assez bref mais violent, la batterie est enlevée et une cinquantaine d'Allemands sont capturés. Quant aux pièces d'artillerie, le bombardement les avaient déjà détruites... Au même moment, le village de Bény sur Mer est libéré par la compagnie C du major Sevigny, qui se porte ensuite vers Basly. Débarquée plus tardivement, la compagnie B essuiera les plus lourdes pertes supportées le 6 juin par le Régiment. L'unité du major l'espérance donne l'assaut à la batterie côtière de Moulineaux équipée de pièces de 105mm, faisant au passage 40 prisonniers, dont certains sont des Polonais. La compagnie D, prévue en reserve .

    LE JOUR J

    Après une traversée tumultueuse, les hommes sont reveillés à 4h30 ce 6 juin 1944 et embarquent dans les Landing Craft Assault. Face aux péniches des premières vagues, le clocher de Bernières sur Mer se dessine a travers un épais rideau de fumigènes. Les bombardements de préparation ont déjà enflammé les côtes Normandes lorsque les barges s'ouvrent. L'assaut sur Juno se révèle bien plus délicat que prévu en raison de la mer rendue démontée par la tempête : plusieurs L.C.A s'écrasent contre des récifs, les chars D.D ne peuvent être mis à l'eau qu'à 500 ou 600 mètres des côtes. Les hommes du Queen's Own Rifles of Canada sont pourtant en route pour Bernière, non sans avoir essuyé de lourdes pertes, lorsque le Régiment de la Chaudière prend pied sur le secteur Nan white de Juno Beach.Il est 08h 32... Amassés le long d'un mur brise-lames, les premières troops des compagnies A et B s'engagent dans les terres et atteignent Bernières sur Mer à leur tour : ils sont accueillis par une population Française enthousiaste, au milieu des décombres et des ruines.... La Normandie paye déjà le prix de la liberté.

    A Bernières sur Mer, les privates du Régiment de la Chaudière sont accueillis par la population Normandie. On remarquera au premier plan le mur brise-lames en béton et la brèche ouverte lors de l'assaut.

     

     

    Messe célébrée en Normandie par le capitaine Aumonier Huard, quelques jours après le débarquement.

    Le Régiment de la Chaudière poursuit sa progression et s'installe pour la nuit autour de La Mare, en direction de Colomby sur Thaon. Lorsque les hommes commencent à creuser leurs emplacements de combat, ils sont pris à partie par une colonne ennemie, parvenue à s'infiltrer à l'intérieur du dispositif. Au soir du 6 juin 1944, le Régiment de la Chaudière a atteint tous les objectifs que le SHAEF lui avait attribués, même si les abords de Caen ne sont pas atteints. Au total les pertes subies lors de cette première journée de combats s'élèvent à 105 hommes (tués, blessés et prisonniers) alors que dans sa totalité, la division Canadienne aura perdu 960 hommes.

    Dans la nuit du 6 au 7 juin, une contre attaque Allemande est lancée en direction de la Mare par des éléments du Grenadier Regiment 736 de la 716ème D.I, renforcés par des blindés (probablement le Panzerjäger-Abteilung 716). Cette attaque de nuit sera en grande partie subie par la compagnie A, a qui elle coutera plusieurs morts, de nombreux blessés, mais aussi des prisonniers. L'ennemi, pour sa part, aura laissé une trentaine de morts et blessés ainsi que dix sept blindés sur le terrain.

     

    Entre le 7 et le 11 juin, le régiment se déplacera vers le sud en empruntant Colomby sur Thaon, Fontaine Henri et Barbière, Bray puis enfin Rots.

    Dans cette dernière localité, de violents combats aboutiront à la mise en fuite de l'occupant nazi (12e SS Panzer "Hitlerjügend) grâce à un assaut combiné de la compagnie A et du 45e Royal Marines. Jusqu'au 17 juin, les Chauds vont prendre position à Rots, situé d'ailleurs à quelques emcablures de l'aérodrome de Carpiquet.

    Dès lors, le régiment est désigné pour relever le Canadian Scottish Regiment à Putot en Bessin ; il s'agit alors d'asseoir les positions alliées, aussi les Canadiens observeront une période statique jusqu'au 27 juin , où il sont relevés par la 49th British Division et partent désormais se réorganiser sur le Vey ou ils demeureront jusqu'au 3 juillet 1944.

      

    La guerre de position se prolonge et Caen n'est toujours pas tombé, les champs et fossés sont remplis de cadavres d'hommes et d'animaux, une odeur pestilentielle règne sur ce qui fut une région paisible et verdoyante. La Normandie n'est plus qu'un vaste champ de bataille auquel les cratères de bombes et les villages aux maisons effondrées confèrent des allures d'apocalypse.

      

    Le débarquement fut un évènement chargé d'espoir et inoubliable par la liberté qu'il apportait ; il fut aussi un long calvaire dans les semaines qui suivirent, autant pour la population que les soldats alliés.Entre le 7 et le 11 juin, le régiment se déplacera vers le sud en empruntant Colomby sur Thaon, Fontaine Henri et Barbière, Bray puis enfin Rots.

    Dans cette dernière localité, de violents combats aboutiront à la mise en fuite de l'occupant nazi (12e SS Panzer "Hitlerjügend) grâce à un assaut combiné de la compagnie A et du 45e Royal Marines. Jusqu'au 17 juin, les Chauds vont prendre position à Rots, situé d'ailleurs à quelques emcablures de l'aérodrome de Carpiquet.

      

    Dès lors, le régiment est désigné pour relever le Canadian Scottish Regiment à Putot en Bessin ; il s'agit alors d'asseoir les positions alliées, aussi les Canadiens observeront une période statique jusqu'au 27 juin , où il sont relevés par la 49th British Division et partent désormais se réorganiser sur le Vey ou ils demeureront jusqu'au 3 juillet 1944. La guerre de position se prolonge et Caen n'est toujours pas tombé, les champs et fossés sont remplis de cadavres d'hommes et d'animaux, une odeur pestilentielle règne sur ce qui fut une région paisible et verdoyante.

    La Normandie n'est plus qu'un vaste champ de bataille auquel les cratères de bombes et les villages aux maisons effondrées confèrent des allures d'apocalypse. Le débarquement fut un évènement chargé d'espoir et inoubliable par la liberté qu'il apportait ; il fut aussi un long calvaire dans les semaines qui suivirent, autant pour la population que les soldats alliés. 

      

    LA BATAILLE POUR CAEN

    Entre le 7 et le 11 juin, le régiment se déplacera vers le sud en empruntant Colomby sur Thaon, Fontaine Henri et Barbière, Bray puis enfin Rots. Dans cette dernière localité, de violents combats aboutiront à la mise en fuite de l'occupant nazi (12e SS Panzer "Hitlerjügend) grâce à un assaut combiné de la compagnie A et du 45e Royal Marines. Jusqu'au 17 juin, les Chauds vont prendre position à Rots, situé d'ailleurs à quelques emcablures de l'aérodrome de Carpiquet.

    Dès lors, le régiment est désigné pour relever le Canadian Scottish Regiment à Putot en Bessin ; il s'agit alors d'asseoir les positions alliées, aussi les Canadiens observeront une période statique jusqu'au 27 juin , où il sont relevés par la 49th British Division et partent désormais se réorganiser sur le Vey ou ils demeureront jusqu'au 3 juillet 1944. La guerre de position se prolonge et Caen n'est toujours pas tombé, les champs et fossés sont remplis de cadavres d'hommes et d'animaux, une odeur pestilentielle règne sur ce qui fut une région paisible et verdoyante.

    La Normandie n'est plus qu'un vaste champ de bataille auquel les cratères de bombes et les villages aux maisons effondrées confèrent des allures d'apocalypse. Le débarquement fut un évènement chargé d'espoir et inoubliable par la liberté qu'il apportait ; il fut aussi un long calvaire dans les semaines qui suivirent, autant pour la population que les soldats alliés.En ce début du mois de juillet, l'avancée alliée est sensible sans être foudroyante. Afin de permettre aux Américains de percer jusque dans le sud de la Manche, Montgomery a réussi à attirer le gros de la VIIème Armée à l'Est du dispositif allié, c'est à dire en secteur Anglo-Canadien.

     

    Pas moins de 13 divisions dont la moitié sont des Pz Div ou des SS Pz Div s'y trouvent concentrées. Les affrontements seront terriblement meurtriers, mais la tête de pont sur l'Odon sera preservée ce au prix de lourds sacrifices. Ainsi, la 15eme Scottish Division perdra à elle seule 2700 hommes en trois jours.

    L'aéroport de Carpiquet est tenu par la Hitlerjugend de Kurt Meyer, division fanatisée à laquelle ont doit le massacre de soldats du Regina Rifles, le 8 juin. Les élements ennemis sont retranchés dans des casemates de béton repartis au sud et au nord de la zone. La prise de Carquipet est confiée à la 8ème Brigade renforcée par le Royal Winnipeg Rifles, le Sherbrooke Fusiliers (2ème Brigade Blindée) et trois squadrons de Funnies appartenant à la 79ème Armoured Division Britannique. Les Canadiens disposent en outre d'un appui aérien (2 escadrilles de Typhoons) et des canons de gros calibre des bâtiments Britanniques HMS Rodney et HMS Roberts

    Carte des opérations pour la prise de CAEN en juillet 1944

     

    L'approche de Carpiquet se déroule sans problème majeur jusqu'aux abords des ouvrages bétonnés ou un véritable déluge de feu bloque les Canadiens ; malgré l'intervention de char "Crocodile" lance-flammes, les SS conservont leurs positions pendant huit heures au cours desquelles les combats seront d'une rare intensité. L'élan allié est brisé, le Royal Winnipeg Rifle perd 132 hommes dans l'affrontement. Durant cinq jours et cinq nuits, l'enfer descendra à Carpiquet ; le 9 juillet 1944, le côté Sud est toujours Allemand.

    L'opération Windsor laissera un souvenir amer au régiment de la Chaudière, très durement éprouvé d'autant que les combats ont séparé l'ont séparé en deux groupes : les compagnies A et D au sud et les compagnies B et C au nord de Carpiquet. La position tombera finalement le 10 juillet ; les Chauds se dirigent finalement vers Les Jumeaux (Bretteville sur Odon) - voir carte - ou ils relèvent la 15th Scottish Division jusqu'au 12 juillet pour se positionner à Cambe et permettre aux troupes de se réorganiser. En 8 jours, la Chaudière a perdu 176 hommes (53 morts et 123 blessés).

     

    Le major Hughes Lapointe, à droite, commandant la Compagnie A échange quelques mots avec Maurice Desjardins, correspondant de guerre

     

    Caen, dont il ne reste que des ruines fumantes au milieu de quelques maisons éparses, miraculeusement épargnées, est toujours Allemande et ce 18 juillet 1944, les Anglo-Américains lancent les Opérations Goodwood et Atlantic. Le régiment de la Chaudière participe à Atlantic et après la plus importante attaque aérienne de l'histoire (2000 avions en soutien), le 2ème Corps Canadien ainsi que les 1er et 8ème Corps Britanniques se lancent aux abords de Caen par le Sud-Est.

    Le régiment de la Chaudière se dirige vers Colombelles (Voir carte ci-dessus) ou les compagnies B et C sont violemment prises à partie à la hauteur des usines metallurgiques et du chateau fortifié. Après plusieurs heures de combat ininterrompu, les Chauds parvenaient non sans mal a dépasser la position et faire route vers Bellemaist, qui se rendait dans la soirée, au prix d'une centaines de pertes supplémentaires dont 25 morts.

    Les Canadiens se retirent du dispositif pour aller relever le 8th Queen's et se remettre en condition , puis se placent finalement en position défensive jusqu'au 31 juillet en secteur Est . Caen est désormais aux mains des alliés, qui la garderont définitivement. Les premiers libérateurs verront sortir, par grappes, quelques uns des 10.000 Caennais restés sur place malgré la violence des bombardements.

    Chacun se souviendra de visages soulagés mais sans débordement de joie, d'une émotion sourde et contenue, celles de gens enfin libres mais ayant perdu jusqu'à l'indispensable. Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1944, les Chauds sont à leur tour relevés par le Lake Supérior Regiment (2ème DI Canadienne) après 55 jours de combats d'une dureté extrême. Une indispensable semaine de repos les attend avant de regagner le front.

     


    La bataille de Normandie repris le 10 aout pour les Canadiens de la Chaudière avec la phase 2 de l'opération "Totalize",dont l'objectif était la prise de Falaise alors que l'étau allié se refermait inexorablement sur la 7ème Armée. Les villages de La Croix et du Val sont atteints par les Chauds dès la fin de journée puis poussent la progression vers Grainville-Langannerie, dans la soirée. Sur place, une violente riposte Allemande provenant du bois du Quesnay bloque l'avance du régiment ; de nouvelles pertes Canadiennes ponctuent cet affrontement, survenu à l'endroit ou la resistance Allemande est réputée la plus solide.

    Un nouvel assaut est alors déclenché pour s'emparer de Falaise. Le Régiment de la Chaudière est placé en direction de Rouvres, dont il doit s'emparer... Ce qui sera fait dans la soirée après avoir fait 175 prisonniers dans les rangs Allemands sans subir de pertes excessives, grâce au précieux apports des chars Kangaroos. En fait, les pertes les plus lourdes de la journée seront à mettre au crédit d'une tragique erreur d'objectif, la compagnie Support se retrouvant sous le feu d'un bombardement de la R.A.F.. Plusieurs hommes sont tués ou blessés, deux sections de chenillettes Bren sont détruites.. Le 16 aout marquait la fin des espoirs Allemands quant au rétablissement du rapport de force, le front Normand venait de s'effondrer, depuis l'echec de l'opération Luttich et la chute de Mortain .

      

    La "poche de Falaise" allait se révéler le cercueil de la 7ème Armée... Dès lors, le Régiment de La Chaudière est placé en position defensive, interdisant aux éléments ennemis de percer l'étau, qui sera fermé dès le 20 aout par la 1ère Division Blindée Polonaise à Chambois. Le 25 aout 1944, la bataille de Normandie est terminée pour les alliés comme pour le Régiment de la Chaudière... La guerre n'est pas pour autant achevée et les Chauds écriront leur nom sur le livre de l'héroïsme en de maintes occasions jusqu'au 8 mai 1945.

    Mais cela est une autre histoire.

      

    sources /

    http://stephane.delogu.pagesperso-orange.fr/la-chaudiere.html

    Un jeune SS fait prisonnier par des "privates" de la Chaudière

    BIBLIOGRAPHIE

    LE REGIMENT DE LA CHAUDIERE Jacques Castonguay et Armand Ross. Ed Regiment La Chaudière, 1983

    GOODWOOD, BOMBARDEMENT GEANT Georges Bernage et J.P Benamou. Editions Heimdal , 1994

    REMERCIEMENTS

    A Paul Arvis (Webmaster d'HISTOIRE.ORG) pour l'envoi d'une superbe documentation

    A Jean Merette et Evelyne Bouchard, amis Quebecois du groupe de reconstitution du Régiment de la Chaudière

      

     

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    Fichier:Roland de La Poype (1920-2012).jpg

      

      

    Roland Paulze d'Ivoy de La Poype, né le 28 juillet 1920 aux Pradeaux et mort le 23 octobre 2012 à Saint-Tropez  est un des pilotes de chasse français les plus fameux et héroïque de la Seconde Guerre mondiale. Il est également un industriel pionnier de la plasturgie et fondateur du Marineland d'Antibes en 1970


    Son père, le comte Xavier Paulze d'Ivoy de La Poyp est ingénieur agronome.

    Biographie

    Colonel de réserve, il fut tué sur le front en mai 1940

    Pilote de chasse de la Seconde Guerre mondiale

      

    Âgé de 19 ans, il s'engage en décembre 1939 comme élève-pilote pour décrocher son brevet en fevrier 1940, peu avant la ruée allemande de la campagne de France. Il réussit avec ses camarades de l'École principale d'aviation d'Étampes à rejoindre Saint-Jean-de-Luz au pays basque et il s'embarque pour l'Angleterre.

      

      

    Après un passage en Afrique équatoriale française entre juillet 1940 et janvier 1941 avec les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL), il intègre en Angleterre le squadron 602 « city of Glasgow » de Supermarine Spitfire de la Royal Air Force (RAF) avec le grade de sergent. Preuve de ses qualités, le chef du squadron britannique, l'as irlandais aux 23 victoires Paddy Finucane, le choisit comme équipier[4]. Il obtient sa première victoire le 22 août 1942 contre un Messerschmitt 109;

      

     

      Fichier:Supermarine Spitfire Mk XVI.jpg

      

      

    Apprenant la formation d'un groupe de volontaires français pour le front soviétique, le jeune pilote s'inscrit au G.C.3 du groupe de chasse Normandie-Niémen et fait partie du premier contingent de pilotes qui débarquent à Ivanovo en Russie le 28 novembre 1942. Il obtient sa première victoire homologuée en Russie, sa deuxième de la guerre, le 31 août 1943 sur un Stuka.

      

    Son palmarès compte au total 16 victoires confirmées, obtenues pour beaucoup en tandem avec son camarade du groupe Normandie-Niémen, Marcel Albert. Début 1945, avec le grade de capitaine,

      

    il commande de la 1re escadrille du groupe de chasse.

    Présent en Union soviétique jusqu'au 20 juin 1945, « le marquis », ou « Pohype » comme le surnommaient ses camarades, devient attaché de l'air en Belgique, puis en Yougoslavie avant de quitter l'armée en 1947, à seulement 27 ans, auréolé des titres de héros de l'Union soviétique et de compagnon de la Libération.

     

      

    Industriel en plasturgie

    Visionnaire et inventeur, Roland de La Poype comprend que l'avenir appartient au plastique et aux emballages jetables. À la tête de la Société d'études et d'applications du plastique, il monte sa première usine dès le mois de mai 1947 et se lance, en 1952, dans la fabrication d'un produit novateur : le berlingot DOP pour le groupe L'Oréal[2]. Il développe une véritable industrie de l'emballage plastique, qui touche à tous les domaines, de l'agro-alimentaire au loisir. Il est également l'inventeur de la carrosserie de la Citroën Méhari[2].

     

      

      

    Fondateur du Marineland d'Antibes

    En 1970, passionné du monde marin, il crée le Marineland d'Antibes sur la Côte d'Azur avec pour mission de faire connaître la vie du milieu difficilement accessible des grands animaux marins et de la mer à un large publicIl prend sa retraite en 1985 et reste propriétaire du Marineland jusqu'en 2006.

    Il est également maire de Champigné (Maine-et-Loire) et est propriétaire d'un golf, qu'il a créé en 1989, près d'Angers.

     

      

    Obsèques

    Ses obsèques ont eu lieu le 30 octobre 2012, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, à Paris, en présence d’une délégation de l’armée de l’air et des Chœurs de l'Armée rouge[ de ses anciens compagnons d’arme et de ses amis. Les honneurs militaires ont été rendus par un détachement de la base aérienne 123 d’Orléans et en présence d’une délégation du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen

     

      

    Décorations

    Rubans

    Legion Honneur GC ribbon.svg Ordre de la Liberation 2nd ribbon.svg Croix de Guerre 1939-1945 ribbon.svg
    Order of Red Banner ribbon bar.png Order of Lenin Ribbon Bar.svg Order gpw2 rib.png Orderglory rib.png Capturekoenigsberg rib.png
    Czechoslovak War Cross 1939-1945 Ribbon.png

     

      

    Intitulés des décorations françaises

    Intitulés des décorations étrangères

    Ouvrage

      

      

      

    Sources

    WIKIPEDIA

      

      

     

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    Fichier:Compagnon de la Liberation Frankrijk Eigen tekening.jpg

      

    Compagnon de la Libération

      

    Un Compagnon de la Libération est un membre de l'« Ordre de la Libération » créé le 17 novembre 1940 par le général De Gaulle en tant que « Chef des Français libres ».

    Qui sont les Compagnons ?

    Le titre de « Compagnon de la Libération » fut décerné pour « récompenser les personnes, les unités militaires et les collectivités civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et de son Empire ».

    Articles connexes :
     

     

     

    Ainsi, 1 038 personnes, cinq communes (Paris, Île-de-Sein, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-Vercors) mais aussi dix-huit unités combattantes dont deux bâtiments de guerre comptent au nombre des Compagnons de la Libération lors de la signature du décret de forclusion de l'Ordre de la Libération soit le 23 janvier 1946.

     

    Parmi les 1 038 Compagnons, 271 ont été nommés à titre posthume.

    60 étrangers, de 22 nationalités différentes, ont été faits Compagnons ; le plus jeune, mort à 14 ans, est Mathurin Henrio.

     

    Parmi les plus célèbres, on peut citer Dwight Eisenhower,

     

     

    le roi du Maroc Mohammed V

     

    Afficher l'image d'origine

     

    Romain Gary.

     

    Le roi du Royaume-Uni George VI et Winston Churchill

    sont décorés après la forclusion de l'Ordre.

      

    Fichier:Roland de La Poype (1920-2012).jpg

     

     

    Le 23 octobre 2012, après la mort de Roland de la Poype, à 92 ans, vingt trois Compagnons de la Libération étaient encore en vie .

      

      

    Disparités d'attribution

     

    Si l'ensemble des histoires des Compagnons représente assez bien l'histoire de la France libre, de la résistance intérieure française et de l'armée française de la Libération, on constate toutefois que les différentes catégories ne sont pas représentées dans des proportions conformes à leur participation réelle. Les circonstances, les difficultés de l'époque pour connaître l'action réelle de la résistance, les critères du général de Gaulle et son départ rapide du pouvoir en 1946, expliquent probablement ce fait.

    Ainsi sur les 1 038 Compagnons, on ne compte que six femmes et douze communistes, ce qui est très en deçà de la proportion de ces deux catégories de population dans les rangs de la Résistance. La Résistance intérieure est de même sous-représentée par rapport à la France libre qui représente les trois quarts des décorés[.

      

    Le général de Gaulle a en effet d'abord commencé par décorer des combattants et des agents que lui ou ses proches connaissaient ; ses contacts avec les autres composantes de la Résistance intérieure française ne se sont vraiment noués que vers 1942, période qui vit l'unification de celle-ci sous l'égide de Londres par Jean Moulin.

      

    De surcroît, dans l'opacité de la lutte clandestine, les chefs des mouvements avaient plus de difficultés à repérer des patriotes les plus méritants pour les proposer pour des décorations, alors que les combattants FFL

    se battaient généralement au grand jour.

     

    En principe, chaque mouvement de la Résistance intérieure disposait de deux Croix.

      

    Mais un certain nombre de chefs ou de hautes figures des mouvements de Résistance n'ont jamais reçu celle-ci, par exemple les époux Aubrac ou les fondateurs de Défense de la France.

     

    Même d'indéfectibles soutiens du général de Gaulle tels Philippe Peschaud ou son propre fils Philippe de Gaulle, ou plus tardifs comme Michel Debré, n'ont pas été faits Compagnons.

    On peut également remarquer que les Compagnons ont été choisis parmi ceux qui, à un moment ou à un autre, ont pris le risque de s'opposer à Vichy comme l'avaient fait les Français libres.

     

    Ainsi, par exemple, le maréchal de Lattre est Compagnon alors

    que le maréchal Juin ne l'est pas


     

    Fichier:Flag of Free France 1940-1944.svg

     

     

     

     

     

     

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    La COLLABORATION

     

     

     

    LA BANDE A HERVE

     

    Sous ce surnom, se cache un groupe de collaborateurs fanatiques qui va semer la terreur dans le Calvados de la fin de l'année 1943 à l'été 1944. La bande à Hervé tire son nom de son fondateur Raoul Hervé , collaborateur de Saint-Aubin-sur-Mer.

     

    En juillet 1943. Julien Lenoir , responsable du groupe Collaboration, souhaite fonder un service de renseignement pour aider les Allemands à lutter contre les ennemis de Vichy et du Troisième Reich. Il s’adresse aux Allemands qui lui recommandent de faire diriger ce service par une personne peu connue : Raoul Hervé. A cette époque, Raoul Hervé est le responsable du Centre d'information et de renseignement (CIR). Cet organe est, à l'origine, chargé de diffuser la propagande du régime de Vichy. Mais, très rapidement, il s’oriente vers une coopération policière avec les Allemands. Raoul Hervé rassemble alors un agglomérat monstrueux de brutes grossières, de partisans de la collaboration et de nazis fanatiques. Il recrute ainsi Serge Fortier , 23 ans et adhérent au PPF, Joseph Martine et son père Félix Martine tous deux membres du PPF et trafiquants notoires du marché noir, Louis Lancien, Bernard Desloges, herbager de 24 ans et Jean Laronche , apôtre du Troisième Reich. Raoul Hervé recrute aussi son fils adoptif, André Martin, ajusteur de 23 ans pour qu'il échappe aux rigueurs du STO, ou des brutes comme Gilbert Bertaux et Pierre Bernardin, chef de chantier de 25 ans .

     

    Parmi les autres membres, on peut citer : l'ancien résistant Daniel Collard (20 ans) des groupes Nord et Arc-en-Ciel, la maîtresse de Collard, Paulette James (secrétaire du groupe), Henri Léon le "Dépendu ", 23 ans, sans profession, Emile Chapron, Jacques Duchemin, Jacques Brotot, comptable et musicien amateur de 24 ans, Albert Baot, Eugène Pelan, cantonnier de 25 ans et Lucien Brière tué par la Résistance le 3 mai 1944 .

     

    Les membres du CIR sont encadrés par la Gestapo en la personne de Kart Zaumzeil, dit "Charles", qui n'apprécie pas beaucoup ces Français qu'il considère comme des traîtres. C'est pour cela qu'entre septembre 1943 et janvier 1944, l'action de la bande à Hervé se cantonne essentiellement au renseignement, utilisant la méthode de l'infiltration.

      

    Les auxiliaires français se font ainsi passer pour des résistants ou des réfractaires et transmettent les noms collectés à "Charles". Cette méthode se révèle dramatiquement efficace. Ils sont ainsi responsables de la rafle contre l'OCM et de l'arrestation des responsables départementaux du Front national et des FTP en décembre 1943.

     

    En février 1944. Harald Heyns , dit "Bernard", prend la direction de l'antenne du Sipo-SO de Caen après le départ de son chef Heinrich Meier et de « Charles ». Il décide alors d'utiliser sans vergogne les services de Raoul Hervé et de ses sbires. Ils se voient alors confier les missions d'arrêter et d'interroger les résistants.

      

    Ils forment alors le groupe Action du CIR de Caen, épaulé par le groupe Renseignement composé d'informateurs répartis dans tout le département. Au cours des quatre derniers mois de l'occupation, Raoul Hervé et sa bande vont mener une action dévastatrice contre les réfractaires au STO mais surtout contre la Résistance, provoquant l'arrestation de centaines de personnes. Ils infligent alors les pires tortures aux malheureux tombés entre leurs mains afin de leur arracher des noms. Ils démantèlent ainsi le réseau Alliance à la fin du mois de mars 1944 ainsi que les réseaux Zéro-France et Cohors-Asturies au mois d'avril.

     

    Au tout début du mois de juin, Hervé et son groupe participent au démantèlement du groupe de résistance du docteur Derrien à Argences, action qui se solde par dix-sept arrestations.

     

    Quand le débarquement survient le 6 juin 1944, accompagné d'une partie de son groupe, dont son fils adoptif André Martin, Raoul Hervé s'enfuit dans l'Orne: la bande n'a pas oublié le butin volé lors des perquisitions et des arrestations. Avec son équipe, il séjourne chez Louis Bablin, dit « Bablinoche », membre du R.N.P. et collaborateur occasionnel de la Gestapo dans l'Orne. Raoul Hervé et ses compagnons s'y font passer pour des résistants, ce qui permet l'arrestation de dix- neuf personnes.

     

    De là, Hervé part à Paris, où il rencontre un certain Beudet, agent de la police allemande. Sous les arcades du jardin des Tuileries, Hervé l'exécute d'une balle dans la nuque et s'empare de son argent. Un Allemand lui propose de l'emmener dans le nord de la France jusqu'à Amiens. Quelque temps plus tard, des Allemands l'appréhendent dans la Somme, mais c'est seulement pour s'emparer de sa voiture. Hervé revient en région parisienne et s'installe sous un faux nom à Clichy-sous-Bois, où sa maîtresse exploite un débit de boissons.

     

    ---------------------------------

     

    Emile Chapron fut condamné à mort par la cour de justice de l'Orne et fusillé à la prison d'Alençon le 6 août 1945.

     

    Gilbert Bertaux fut jugé en février 1946 par la cour de justice de l'Orne et exécuté le 17 mars 1946.

     

    Le 11 janvier 1946, s'ouvre à Caen ce que la presse appelle le "procès des gestapaches".

     

     

    Cinq accusés comparaissent devant la cour de justice :Daniel Collard, Bernard Desloges. Serge Fortier, Jacques Brotot et André Martin.


     

    Raoul Hervé, Pierre Bernardin, Henri Léon, Jean Laronche et Joseph Martine sont jugés par contumace.

     

     

    La cour ne sait pas que Jean Laronche et Joseph Martine ont été exécutés sommairement dans l'Orne par la Résistance en juin 1944. Quant à Henri Léon, il s'est évanoui dans la nature.



     

    Les débats sont dirigés par le juge Sébire. Le chef d'accusation est des plus graves. La bande à Hervé est responsable de l'arrestation de près de 150 personnes qui ont été torturées, fusillées ou déportées.

     

     

    Les prévenus minimisent leur responsabilité et la rejette sur les absents. Se succède alors, pendant deux jours, le défilé émouvant des témoins : déportés, familles, victimes de sévices. Les accusés n'affichent aucune émotion. Le journal Liberté de Normandie commente :



     

    " 

    Ils ne paraissent pas fatigués par l'audience de la veille. Sur leurs visages, nulle trace d'insomnie. On demeure confondu devant 1e cynisme et l'insouciance de ces jeunes hommes qui ont l'air plutôt d'étudiants en goguette que d'authentiques criminels. Jacques Brotot affiche toujours le même détachement des choses de ce monde. Daniel Collard s'entretient fréquemment avec son avocat et semble trouver sa cause excellente. Desloges, plus lourdaud, à l'air gêné aux entournures et Fortier fait de plus en plus chef de bande. "

     

     

    Liberté de Normandie du 10 mars 1946

     

     

    Les plaidoiries des avocats comme les témoins à décharge ne peuvent infléchir l'opinion des jurés. Le 14 mars 1946, après une courte délibération, le verdict tombe.

     

     

    Serge Fotier, Daniel Collard et Bernard Desloges sont condamnés à la peine capitale, à la grande joie de l'assistance.



     

    André Martin et Jacques Brotot sont condamnés à vingt ans de travaux forcés.



     

    La peine capitale est prononcée par contumace à l'encontre de Raoul Hervé. Jean Laronche. Pierre Bernardin. Henri Léon et Joseph Martine.

     

     

    Le 9 mai 1946, Daniel Collard, Bernard Desloges et Serge Fortier sont fusillés à l'aube dans la cour de la prison.



     


     

     

    Liberté de Normandie du 10 mai 1946


     

    Pierre Bernardin qui s'était engagé à Pau dans un régiment blindé colonial, sera arrêté au Laos, où il servait dans la Légion étrangère et où il s'était fait remarquer par son courage et sa valeur morale. Après avoir été condamné à mort en mars 1946 par la cour de justice du Calvados, il est rejugé par celle de Paris en janvier 1950. Après avoir tenté de nier son appartenance au C.I.R., Bernardin reconnaît en avoir fait partie « bénévolement», mais en n'y jouant qu'un rôle secondaire!

      

    Lors de son interrogatoire, il reconnaît son anglophobie et son anticommunisme et sa participation à des contrôles, mais sans plus: « J'affirme n'avoir participé à aucune opération ou arrestation et n'avoir joué aucun rôle particulier dans le groupe dont Hervé était le chef.» Membre du P.P.F., il travaillait officiellement - à l'époque des faits qui lui sont reprochés - dans l'entreprise de B.T.P. Potigny et Viel, laquelle travaillait elle-même pour les Allemands et servait de couverture à certains agents de la Gestapo. Défendu par Jacques Isorni, il s'en « tire» avec vingt ans de travaux forcés, pour reprendre les mots d'un article d'Ouest-France du 26 janvier 1950: « Condamné à mort par la cour de justice du Calvados, Pierre Bernardin, pourvoyeur de la Gestapo caennaise, s'en tire avec vingt ans de travaux forcés devant les juges parisiens.» Les temps ayant changé, Bernardin obtiendra sa liberté conditionnelle dès le 9 août 1952.

     

     

    Quant à Raoul Hervé, sa piste n'est retrouvée qu'en 1950, à Clichy-sous-Bois, sous le pseudonyme de Merver avec son amie, adhérant au parti communiste ou se liant avec les gendarmes locaux. Grâce à l'abnégation d'un enquêteur, Eugène Roy, Hervé est enfin interpellé et incarcéré à la prison de Fresnes.

      

    Entre 1950 et 1956, niant d'abord tout en bloc, il change de tactique et se fait passer pour un grand malade. Il obtient le report de son procès à neuf reprises pour n'être jugé que six ans plus tard. Il est cependant appelé plusieurs fois à témoigner, par exemple en juillet 1952 devant le tribunal militaire de Paris où étaient jugés six agents allemands de l'antenne de la Gestapo de Caen.

     

     

    Son procès s'ouvre le 13 février 1956. Parmi les résistants revenus de déportation, Peschet et Fournier viennent déposer au procès; ils précisent qu'il dirigeait en personne les interrogatoires et commandait les sévices quand il ne les faisait pas subir lui-même: « J'ai plus souffert avec lui qu'avec les Allemands. Il était plus sinistre et plus démoralisant qu'eux. » L'abbé Léon Dupont conte comment il fut frappé à plusieurs reprises à coups de nerf de bœuf par Hervé et Fortier .

     

     

     

    Jouant la sénilité, mettant en avant son passé de 1914-1918, il parvient à échapper à la peine de mort. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Mais Raoul Hervé n'avait plus que deux années de prison à effectuer: bénéficiant de remises de peine et de la grâce du président de la République, il sortait de la prison de Périgueux le 24 mars 1958. Pour échapper à une éventuelle expédition punitive, il se cacha habilement et, en 1960, il arrivait en Corse. Il s'installait à Lucciana, village proche de Bastia, et réussissait, en mystifiant tout le monde, à épouser la sœur du maire du village, Charles Galetti, également conseiller général, une des figures de la Résistance corse.

    Hervé s'était fait passer pour un écrivain connu sous deux pseudonymes: t'Serstevens, écrivain belge de langue française (1886-1974), et Denys Amiel, auteur dramatique français (1884-1977). Le couple s'installait à Bastia, dans une maison à trois étages située près du théâtre municipal. Raoul

    Hervé mourut en mai 1963, sans doute entouré de la respectueuse considération de ses voisins; son faire-part, publié dans Le Courrier de la Corse le 4 mai, indiquait qu'il avait été « capitaine de vaisseau, homme de lettres, commandeur de la Légion d'honneur ».

    Il était précisé que la famille ne recevait pas. Malgré un passé qu'elle ignorait vraisemblablement à cette époque, la famille Galetti ne l'a pas rejeté: il est inhumé dans la sépulture familiale du cimetière de Bastia depuis 1985. En juin 1963, l'article d'Ouest-France annonçant le décès de Raoul Hervé concluait ainsi: «Finalement, l'affaire vient d'éclater au grand jour:

    l'homme qu'on vient de porter en terre avec tant d'égards n'était autre que l'ancien chef de la Gestapo de Caen qui a, décidément, eu beaucoup de chance. »

     

     

    Jusqu'au bout, Raoul Hervé aura mystifié sa famille corse, comme il avait trompé les médecins entre 1950 et 1956, puis les juges du tribunal permanent des forces armées de Rennes en 1956. « Traître, tortionnaire, imposteur » qualifient sa vie.
    C'est le souvenir que garderont à jamais de lui celles et ceux qui sont passés au siège du C
    .I.R. ou au 44, rue des Jacobins
     

     

     

    Sources:

     

    et et .

     

    Liberté de Normandie, 10 mars et 10 mai 1948.

     

    Cédric Neveu

      

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/collabaration/bande-a-herve.htm

      

     

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    RESISTANCE

     

     

     

     

     

     

    Le sabotage du RNP par les jeunes du Front national

     

     

    Dans le courant de l'année 1943 se constitue à Caen, autour de Roger Câtel et Jean-Pierre Voidies ,, un petit groupe de Résistance, en grande partie composé de jeunes. Parmi eux, des camarades de leur quartier comme Bernard Boulot et Bernard Duval , des lycéens tels que Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze. Agissant d'abord de façon autonome, le groupe sera plus tard rattaché au Front national. Sa première activité consistera à faire des relevés des défenses allemandes sur la côte, entre Ouistreham et Arromanches, et à distribuer des tracts.

     

     

     

     

    Au début de l'année 1944. Jean-Pierre Voidies , qui brûle de faire un coup d'éclat, décide de saboter l'action du RNP, parti de collaboration bien implanté sur la place de Caen. Pour ce faire, il adhère à la section jeunes du RNP, les Jeunesses Nationales Populaires (JNP); ce qui lui permet de fréquenter le local de cette organisation et notamment le bureau du chef départemental, Marceau Degardin . Il y repère une volumineuse serviette qu'il décide de subtiliser; ce qu'il fera un dimanche de janvier après avoir dérobé la clé du local au 14 bis rue Ecuyère.

     

     

     

     

     

     

    La fameuse serviette contient la liste des adhérents du RNP, des bulletins d'engagement dans la milice du RNP, des notes confidentielles sur des personnes suspectées de gaullisme, divers papiers et enfin le tampon de Degardin. Dès lors, Voidies et ses amis passent à l'action. Des lettres, pompeusement signées

     

     

    "Mouvements Unis de la Résistance", sont adressées aux personnes suspectées pour les mettre en garde. D'autres sont envoyées aux membres du RNP avec des menaces de châtiment pour trahison.

     

    Jean-Pierre Voidies se débarrasse de la serviette dans un égout et disperse les dossiers chez deux lycéens de sa classe: le fils de la surveillante générale du lycée de filles et le fils d'un professeur de lettres du lycée Malherbe.

     

     

     

     

    Le 25 janvier 1944, une séance de cinéma devant être organisée au cinéma Eden, au cours de laquelle était prévue la projection du film anti-anglais: "Le président Krüger"   ; Jean-Pierre Voidies fait parvenir la veille au directeur de l'établissement, M. Le Boyteux, une lettre lui demandant d'annuler la séance, signée Degardin et revêtue de son tampon. Sans méfiance, l'homme renverra les bobines à Paris, au grand dam des responsables du RNP.

     

     

     

     

     

     

    Là ne s'arrêtent pas les canulars. Toujours avec la signature et le cachet de Degardin, des avis sont envoyés à la presse, invitant à venir assister à la messe en mémoire de miliciens du RNP décédés... et en fait toujours bien vivants.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mais ces facéties n'auront qu'un temps. Alertée, la Gestapo porte ses soupçons sur un membre des Jeunesses nationales populaires, totalement étranger à l'affaire, mais qui malheureusement fréquentait certains des membres du groupe dont il connaissait les idées. Le 23 février 1944, Mérouze, Lunois et Voidies sont arrêtés, conduits au siège de la Gestapo où ils sont sauvagement battus et tortures plusieurs jours durant par la bande à Hervé. Bien qu'étrangers à l'affaire du vol des documents de Degardin, Boulot et Duval sont à leur tour appréhendés dans les jours suivants. Tous seront déportés.

     

     

     

     

     

     

     

    Sources: Archives de Jean Quellien

     

     

     

    et  et .

      

     

     

    FRONT NATIONAL de RESISTANCE

     


     

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    La COLLABORATION

     

     

     

    La LVF

     

    En juillet 1941, les dirigeants de mouvements collaborationnistes, dont le RNP et le P.P.F., décident d'apporter leur pierre à la lutte colossale que le Reich a engagé contre l'ennemi héréditaire, la Russie communiste, après l'attaque de la Wehrmacht contre l'URSS le 22 juin 1941. Ils donnent naissance à la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, la L.V.F..

     

    Dans le Calvados, en attendant que les structures de recrutement se mettent en place, les engagements sont souscrits directement aux sièges des partis collaborationnistes mais ils sont rares : quatre entre juillet et septembre. En décembre 1941, le lieutenant Leconte, ancien Croix de Feu, devient délégué départemental de la LVF, chargé de la propagande et du recrutement de volontaires. Un bureau est ouvert à Caen en janvier 1942, au 115 rue Saint Pierre à la place d'un magasin de nouveautés tenu par un un israélite qui mourut en déportation.

    Un article de presse en mai 1942 . Mais la LVF ne rencontre pas de succès : neuf engagements à la fin du mois de mars. Des mesures sont prises pour améliorer ces résultats : le délégué départemental est relevé de ses fonctions. Une association," Les Amis de la Légion ", (elle deviendra "Les Amis de la LVF" à partir de juillet 1942)se met en place et regroupe près de 300 personnes, surtout des membres de partis collaborationnistes.

     

    En parallèle, la propagande est étendue à l'ensemble du département et des permanences sont ouvertes au cours de l'été à Bayeux, Lisieux, Honfleur, Falaise et Vire. Malgré ces mesures, les engagements ne s'envolent pas : pas plus de vingt à l'automne 1942.

     

    Quant aux cadres de l'organisation, ils sont au nombre de 37 en août 1942 pour tout le département. Les mois suivants confirment l'échec de la LVF, dont les soldats se heurtent à l'opprobre de la population. La LVF est en fait sclérosée par des rivalités politiques au sein de la direction mais surtout elle se heurté à l'hostilité de la population profondément germanophobe. Alors que les partis collaborationnistes sombrent dans le déclin, à partir de l'automne 1942, et que la collaboration se radicalise sous des formes policières et paramilitaires, seule la LVF surnage.

      

     

    En mars 1944, une autre adresse, au siège de la Légion Tricolore ,

    140 rue Saint Jean .

     

    Elle est la seule à organiser des manifestations au printemps 1944. Le 5 mars 1944, un grand meeting est organisé en présence de Jean-Hérold Paquis , éditorialiste à Radio-Paris. C'est un succès, l'assistance rassemblant 800 à 900 personnes, collaborationnistes et sympathisants, , mais un succès qui ressemble plutôt à un" Chant du cygne".

     

    Sources :

     

    QUELLIEN Jean, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation allemande, Caen, PUC, 2001, 512 pages.

     

    Cédric Neveu

     

    et et .

     

    sources

    http://sgmcaen.free.fr/collabaration/lvf.htm

     

     

     

     

     

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    La COLLABORATION

     

    Julien Lenoir

     

     

    Julien Lenoir, marchand de meubles à Caen, 49-53 rue Saint Pierre, voir ici publicité

     

     

    joue avant la guerre un rôle non négligeable dans la vie caennaise. Il est président du comité de la foire-exposition, conseiller municipal et adjoint au maire de Caen depuis 1935. II est aussi un ancien membre du P.S.F. du colonel de la Rocque , dont il démissionne début 1937.
    Quelques jours avant l'Occupation, il est chargé par le préfet d'encadrer la police auxiliaire de Caen et s'acquitte assez bien de sa mission. Il démisionne de ses fontions en août 1940.

     

     

    Ouest-Eclair du 9 août 1940

     

    Démission annulée après compromis avec le maire et le préfet le 21 août 1940. 

     

    Lors du conseil municipal du 27 mars 1941 il critique la distribution de charbon . Il est écarté du conseil municipal lors de sa désignation par Vichy en avril 1941.

     

    Personnage peu sympathique, ambitieux et vaniteux, Julien Lenoir voue alors une haine farouche au préfet Henri Graux qui apprécie peu les partisans de la Collaboration.

     

     


    En septembre 1941, Julien Lenoir revient enthousiasmé d'une foire tenue à Leipzig . Convaincu que le modèle nazi est celui qu'il faut à la France,

     

    il fonde une antenne du Groupe Collaboration. Celui-ci connaît un certain essor, en devenant le deuxième organe de la collaboration derrière le R.N.P., mais se heurte à l'hostilité affichée du préfet Graux . Les deux hommes ne vont cesser de s'affronter, Julien Lenoir multipliant les attaques et les calomnies afin d'obtenir son départ.
    Face au recul inexorable des mouvements de collaboration et à l'échec du Front révolutionnaire national (FRN), Julien Lenoir opte pour une collaboration policière avec l'occupant. Il joue un rôle important dans la création du Centre d'information et de renseignement (C.I.R.) en 1943 dirigé par Raoul Hervé , qui fournit des auxiliaires très actifs à la Gestapo.
    Après le Débarquement de juin 1944, Julien Lenoir se réfugie à Paris. Il donne alors plusieurs interviews à Radio-Paris et au Pariser-Zeitung et tente de monter l'opinion publique contre les Alliés en décrivant les ravages de leurs armées en Normandie. En septembre 1944, il prend la fuite avec les chantres de la collaboration qui se réfugient à Baden-Baden. Julien Lenoir, dans le gouvernement fantoche qui y est fondé, prend la tête de la commission Divertissements et jeux.
    Rentré en France, il est arrêté à Lyon, transféré à Caen et interné à la maison centrale en attendant de comparaître devant la cour de justice.

     

     

     

    Photo Liberté de Normandie 18 août 1945.

     

    Légende: Julien Lenoir passe rue Guillaume.. mais il a les menottes..

     

    Source: .

     

     

     

     

     

    Mais le 16 août 1945, 48 heures avant le début de sa première audience, un gardien le retrouve sans vie. Julien Lenoir s'est égorgé avec une lame de rasoir mécanique.

     

    Sa veuve sera condamnée à une amende de 13 millions de francs plus 4 millions de confiscation pour profits illicites.

     

    Deux frères de Julien Lenoir étaient également engagés dans la collaboration : Jean, membre du M.S.R., lié à Hervé et à la Gestapo, et Maurice, pétainiste et partisan d'un rapprochement franco-allemand. Comme son frère Julien, Jean tente de se suicider, mais échoue. En outre, les deux frères sont accusés d'avoir dénoncé leur frère André pour capter sa part d'héritage: déporté, il est mort au camp de concentration de Buchenwald. Le 28 novembre 1945, Jean est condamné à vingt ans de travaux forcés et Maurice, à dix ans.

     

     


    Sources :
    GRAUX Henry, Mémoires d'Henry Graux, préfet du Calvados de 1940 à 1942, présentés et annotés par Jean Quellien, Caen, Conseil général du Calvados, Direction des Archives, 1994,131 pages.

      et et et et ..

      

    BLOG SOURCES  

    http://sgmcaen.free.fr/collabaration/lenoir.htm

      

      

     

     

     

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    La COLLABORATION

     

     

     

    Le C.I.R.

     

     

     

    Au début de l'année 1943, Raoul Hervé prend la direction (en remplacement d'un certain Perrin) du Centre pour la Révolution nationale, officine de propagande dépendant du ministère de l'Information, située au 188 rue St Jean à l'angle des rues Saint-Jean et Cauvigny (dans les locaux de l'ancienne boutique La Grande Fabrique confisqués par Vichy au titre de "bien juif".). Dans la vitrine, trône une grande carte du front de l'Est. A l'intérieur, on trouve des bustes du maréchal Pétain , des insignes, des agendas, des jeux pour enfants ou des brochures vantant les mérites de la collaboration. Les affaires de ces centres, établis dans toute la France, n'étant pas florissantes, Vichy décide de les transformer en Centres d'information et de renseignement (CIR).

     

    Les membres du CIR sont rémunérés par la Propagandastaffel dirigée à Caen par le lieutenant Hoffmann et encadrés par la Gestapo en la personne de Karl Zaumzeil, dit "Charles", qui n'apprécie pas beaucoup ces Français qu'il considère comme des traîtres. Ils vont de plus en plus servir d'instruments de répression.

     

    Raoul Hervé accepte cette transformation avec enthousiasme, réaménage le CIR en conséquence :

     

    -le groupe A (comme Action)

     

    -le groupe R (comme Renseignement)

     

    et recrute de nombreux agents (à peine 20 personnes en effectif permanent). Le salaire était de 1956 Francs chiffre avancé au procès mais très en dessous de la réalité. Tous étaient munis d'une carte fournie par la police allemande et portant une lettre. Les titulaires de la carte A appartenaient au groupe Action et formeront la sinistre bande à Hervé, chargée des coups de main et des arrestations. Les porteurs de la carte R (RR pour les femmes), beaucoup plus nombreux, étaient des informateurs répartis sur tout le territoire du Calvados. Parmi eux :

     

    -Henri Thuillier, de Cabourg, responsable des jeunes au sein du RNP;

     

    -Roland Carpentier de Montchamp;

     

    -Albert Baot, spécialement chargé d'espionner les milieux ouvriers de la région caennaise;

     

    -Gilbert Cardon, inspecteur départemental du M.S.R.;

     

    -Trentin, un Italien, membre du Fascio de Caen;

     

    -la redoutable Madeleine Béranger , bijoutière à Pont-l'Évêque;

     

    -Maurice et Jean Lenoir, frères de Julien, leader du Groupe Collaboration;

     

    - le comte Renaud Durand de Mareuil;

     

    -Raymond Alhinc de Bayeux;

     

    -Henri de Malroy, délégué de la L.V.F. à Lisieux...

     

     

     

    Tous fournissent de précieux renseignements sur les réfractaires, les personnes soupçonnées d'activités résistantes ou affichant un peu trop leurs opinions. Leur activité est responsable d'au moins 160 arrestations dont 60 déportations dans tout le département.

     

     Le 6 juin 1944, Caen est bombardée. Fuyant la ville, la majorité de la bande à " Hervé ", échoue sur les routes pour se replier à Alençon et continuer ses méfaits.

     

     

     

    Source:

     

    et et

      

    BLOG

    http://sgmcaen.free.fr/collabaration/cir.htm

      

     

     

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