• Les LEBENSBORN

     

     

     

    Qu'on ne s'y méprenne pas :

    les Lebensborn sont traités dans la catégorie "Petites Histoires & Anecdotes" non pas dans le sens que c'est une partie de l'Histoire insignifiante, mais au contraire, dans le sens que c'est une partie de l'Histoire trop peu traitée, alors qu'elle reflète d'une manière horrible les monstruosités nazies.

      

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

    En juin 1936, la première maternité du Lebensborn ouvre à Steinhöring, un village de Bavière. Jusqu'en 1945, une vingtaine de nurseries fonctionnèrent en Allemagne puis dans certains pays occupés, notamment en Norvège, berceau supposé de la "race germanique nordique". Près de 20 000 SS-Kinder (enfants SS) sont ainsi nés dans ces établissements. Leur naissance était inscrite dans un registre secret et leur véritable identité était effacée.

    Crédit photo : Boris Thiolay/L'Express

      

      

    L'arrivée au pouvoir du parti nazi en 1933 entraîne dans le pays la mise en place des 3K pour les femmes allemandes :

     

    Küche, Kinder, Kirche (Cuisine, enfants, église).

     

    La femme est donc tout, sauf émancipée.

     

     

    Himmler, le Reichsführer SS, affiche dès 1935 un but clair :

     

    la femme allemande doit procréer pour créer une élite, l'élite aryenne, et va pour cela créer des institutions spécialisées : les Lebensborn.

     

    Ce sont au final des haras nationaux, des centres où les femmes jugées "dignes, nobles", reçoivent, en théorie de manière volontaire, la semence des SS les plus performants.

     

     

     

    Dans les premiers temps, ces centres servaient surtout de centre d'accueil pour les filles-mères, pour les femmes déjà enceintes et qui correspondaient "aux critères". Ces centres suivaient les femmes dans leur grossesse.

     

    Ils devinrent ensuite des "lieux de rencontre", où les femmes jugées dignes de la "race aryenne" rencontraient des soldats SS pour procréer. Ces Lebensborn constituèrent même des laboratoires pour des essais de procréation artificielle.

     

     

     Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

     

    Les statuts du Lebensborn, signés de la main d'Heinrich Himmler. En décembre 1935, le chef suprême de la SS, fonde cette institution destinée à créer une "race supérieure". Ce projet monstrueux visait à donner le jour à des enfants "parfaits", blonds, aux yeux bleus, qui étaient appelés à régner sur un IIIe Reich censé durer 1000 ans.

    Après avoir subi une "sélection raciale", des femmes enceintes d'un SS ou d'un soldat allemand, venaient accoucher dans des maternités spécialisées, dans un anonymat absolu. Les enfants pouvaient y être abandonnés puis adoptés par une "famille modèle".

     

    Crédit photo : ITS 

     

      

      

    Lorsque le bébé arrive, les infirmières de ces centres jouent un rôle horrible : si le bébé est anormal, malade mental, ou qu'il présente une quelconque malformation, il est immédiatement étouffé, et on annonce à la mère qu'il est mort-né.

     

    A l'inverse, si le bébé est jugé digne pour constituer l'élite aryenne, il est "conservé" : on va alors l'arracher à ses parents, les empêchant de le voir.

     

    Cet enfant "de l'Etat" va alors être choyé, nourrit, et élevé comme un véritable petit soldat du Reich. On lui inculque les valeurs nazies dès le plus jeune âge.

     

     

    On va même jusqu'à lui raconter des obscénités sur ses parents, pour qu'il considère que son seul père, c'est Hitler, et sa seule mère, l'Allemagne.

     

     

    Mais les Lebensborn vont encore plus loin : lorsque la future mère qui s'y présente est une prostituée, ou que le procréateur est alcoolique par exemple, ou retardé mentalement, ces personnes vont être stérilisées.

     

    Criminels, anormaux, associaux... tout ceux qui ne sont pas de " l'élite du mythe Nordique" sont écartés : on fait une véritable épuration biologique, en les rendant stérile de manière à ce qu'ils ne se reproduisent plus.

      

      

    On peut estimer à 12 000 les bébés nés dans ce genre de centre en Allemagne. Pourquoi pas plus? Beaucoup jugeaient ces centres comme des "bordels SS", ou des lieux immoraux.

     

     

      Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

    En Belgique, dès mars 1943, le château de Wégimont, près de Liège, accueille une maternité du Lebensborn: le foyer "Ardennes". Entre 40 et 50 enfants, nés d'un père SS belge ou allemand, y ont vu le jour. Comme tous les établissements de ce genre, le lieu est sévèrement gardé. Le 1er septembre 1944, à l'approche de la 3e division blindée américaine, les SS évacuent les lieux et emmènent tous les enfants.

    Ces derniers sont tout d'abord dirigés vers Wiesbaden, en Allemagne.  

      

      

    Cependant, le nombre d'enfants qu'ils prendront en charge au total est beaucoup plus grand. Les Lebensborn accueillent en effet des enfants kidnappés, arrachés à leur vrais parents au fil de la conquête allemande.

     

    Les plus belles filles y sont envoyées pour former "de bonnes procréatrices". Les garçons les plus robustes y sont envoyés pour former "de bons soldats SS".

     

    En 1942 par exemple, après l'assassinat d'un haut commandant SS à Prague, les SS massacrèrent toute la population d'un village nommé Lidice. 91 enfants du village furent considérés comme "germanisables", et envoyés dans des Lebensborn.

     

    Les autres? Ils furent envoyés dans des camps de concentration.

     

    On estime à presque 250 000 les "orphelins" qui furent ainsi recueillis pour être "germanisé". Cependant, on estime à plus de deux millions les enfants littéralement enlevés de force à leur famille.

    Là encore, ces enfants "à germaniser" connaissent le même parcours que les enfants directement nés dans les centres : on les élève avec une application stricte des principes nazis, on fait en sorte qu'ils rejettent leur famille d'origine, puis on les place dans des familles loyales au Parti.

     

     

     

    Maternité de Lamorlaye

      

      

    Au cours de ce processus, les enfants qui montrent des signes "d'anormalité", de rejet des principes nazis, ou qui continuent à aimer leur ancienne famille sont déportés dans les camps de concentration sans plus attendre.

      

      

    Ces centres se sont développés un peu partout : d'abord en Allemagne, puis dans les pays conquis. Un fut notamment inauguré en France, à Lamorlaye, près de Chantilly (dans l'Oise, 60), le 6 février 1944.

     

     

     

     

     

    Plusieurs furent faits en Norvège : les norvégiennes étaient en effet considérées comme de bonnes procréatrices, de pure race selon le mythe nordique, et entre 9 000 et 12 000 enfants seraient nés de norvégiennes et de SS dans les centres situés dans ce pays, soit autant que le nombre d'enfants nés en Allemagne.

     

     

    Les chiffres restent confus, car ce n'est qu'en 1971 qu'un journaliste, Marc Hillel, et sa compagne, retrouvent les principaux témoins de ces centres, pour en apprendre plus : Max Sollmann, administrateurs SS de ces centres, et Gregor Ebner, le médecin-chef SS des Lebensborn.

     

     

     

    Ils continuaient de vivre une vie tranquille. Ils ont refusé de parler au journaliste, mais lorsque sa compagne s'est présentée à eux en se faisant passer pour une enfant des Lebensborn, ils lui ont ouvert grand la porte...

     

    A leurs yeux, cette femme qu'ils croyaient issue de ces centres, faisait encore partie de la

    "grande famille SS"... La guerre était pourtant finie depuis 26 ans...

      

      

    Cette partie de l'Histoire a souvent été occultée.

      

    Pourtant, les pauvres enfants issus de ces centres ont entre 66 et 75 ans aujourd'hui.

      

    Ils n'ont jamais eu de reconnaissance : d'abord les centres leur ont appris à rejeter leur famille d'origine, puis ils sont passés de famille d'accueil en centre de redressement...

     

    Après la guerre, on n'a retrouvé que seulement un dixième de ces enfants envoyés dans les Lebensborn, pour les renvoyer chez eux. Les autres ont en général soit grandi dans leur famille allemande d'adoption, peut-être même sans jamais avoir eu vent de leur triste enfance, soit ils ont refusé de rentrer chez eux, complètement enrôlés par les idées nazies, même après la guerre.

     

    Enfin, la plupart d'entre eux ont également été déportés ou exterminés pendant la guerre, voir après, lors des épurations de la Libération.

     

    En Norvège notamment, un procès a été ouvert par certains de ces enfants, qu'on appellait "orphelins de la honte", contre l'Etat, espérant obtenir des dommages-intérêts pour "traitements inhumains".

      

      

    Pour plus d'informations sur les Lebensborn, il vous est possible de consulter l'article wikipédia, ou bien

     

    http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps/General/LebensbornFr.html

     

     

    Je vous invite également à consulter l'ouvrage de Claude Quétel :

     

    Les femmes durant la Seconde Guerre Mondiale.

     

     

     

    anecdotes/les-lebensborn.html

     

     

     

     

     

    « Je suis un enfant du Lebensborn par Adèle MeredithLEBENSBORN, la fabrique des enfants parfaits - Boris Thiolay »
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