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    rennes sous l'occupation

     

    VIE des Rennais durant les quatre années que furent l'Occupation. Il est un regard vivant sur la guerre vue d'une ville de province et sert de témoignage à tous ceux qui n'ont pas connu les souffrances d'une ville sous l'Occupation.

     

    Le 17 juin 1940, des éléments avancés de la Wehrmacht sont à Vitré où ils se heurtent à la foule compacte qui encombre la route nationale.

     

    plaine de baud 1940

     

    Une épidémie de dysentrie accumule les cadavres dans les fossés, et la proximité des premiers chars allemands déclenche des paniques indescriptibles.

     

     

    l

    Survolant ces colonnes lamentables qui fuient sans but, trois chasseurs bombardiers, frappés de la croix noire, passent en hurlant au-dessus de Rennes.


    Après un rapide survol de la ville, ils se jettent sur la gare de triage de la plaine de Baud.

     

    Par une négligence absurde, des trains de réfugiés du Nord voisinent avec des transports de troupes, eux-mêmes entourés par des convois de munitions.

     

    C'est l'un d'eux, chargé de plusieurs tonnes de mélinite, qu'une bombe larguée par l'un des bombardiers viendra frapper de plein fouet.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-obseques-mars-1943.html

    En faisant explosion, le train pulvérise les convois placés sur les voies parallèles.


    C'est un spectacle atroce qui s'offre aux yeux des premiers sauveteurs, accourus en toute hâte des ateliers ferroviaires voisins.

     

    Des trois trains littéralement désintégrés par l'explosion, il ne reste plus que des carcasses embrasées et des centaines de corps jonchent le sol constamment secoué par les explosions.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mars-1943.html

     

     

    Malgré les avis, et même les interdictions, des sauveteurs s'emploient à extraire des carcasses déformées, les corps mutilés ou carbonisés de soldats et de civils.

    Bien que le nombre des victimes ne pût jamais être chiffré exactement, le bombardement du 17 juin aura fait plus de 2 000 victimes, pour la plupart non identifiables. Elles seront rapidement enterrées le long du ballast.

    Ces victimes sont des soldats anglais qui venaient de quitter leurs cantonnements de la route de Lorient et leurs dépôts de l'École Saint-Vincent, pour se replier vers l'ouest, dans l'éventualité d'un second Dunkerque, des soldats français du 212e régiment d'artillerie rapatrié de Narvick et des civils de Lisieux qui croyaient avoir trouvé à Rennes la sécurité.

     

    occupation de rennes en 1940

     

    C'est au milieu des explosions qui continuent d'embraser la Plaine de Baud que les Rennais entendent sur « Radio Paris » le maréchal Pétain demander l'Armistice à l'Allemagne.

     

    Les choses vont en se précipitant. Poussant devant eux la masse des réfugiés, les premiers détachements allemands entrent à Rennes dans la matinée du 18.

     

    Ayant pour objectif les bases navales de Lorient et surtout Brest, ils traversent, sans s'arrêter, une ville morte qu'un soleil printanier ne parvient pas à égayer. Quelques heures plus tard, succédant aux « forces d'Invasion », ce sont les troupes d'occupation proprement dites qui font leur entrée dans la ville.


    L'administration allemande, conduite par le major Kruger, installe sa « Platzkommandantur » dans l'aile sud de l'Hôtel de Ville après y avoir fait flotter le drapeau à croix gammée.

    La «Luftwaffe», outre l'aérodrome de Saint-Jacques, jette son dévolu sur le Lycée Chateaubriand, avenue Janvier, où elle y installe un important central de communications et d'écoute.

     affiche allemande en 1940

    La « Wehrmacht », après avoir reçu les armes des troupes françaises encore à Rennes, occupe les diverses casernes et places militaires de la ville, caserne du Colombier, de Guines, camp de la Marne, les arsenaux, Marguerite... etc. 

     


    Aux forces militaires vont s'ajouter la « Gestapo » et le « S.D.», chargés plus principalement du maintien de l'ordre et de la répression.

     

    La Gestapo transfère donc ses bureaux rue de Fougères, d'où elle sévira sur la Bretagne pendant quatre longues années. Les premiers « Feldgendarmes » font leur apparition aux carrefours, les premiers « Ausweiss » aussi. Les premières exécutions ont lieu à la caserne du Colombier pour répondre aux premiers actes d'une résistance sauvage et pas encore organisée.

     

    Des lignes téléphoniques sont détruites, des affiches déchirées, des soldats allemands injuriés et même attaqués ; autant de faits qui prouvent que des hommes refusent déjà l'Occupation comme un fait acquis. 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mai-1943.html

     


    Dès le début de l'Occupation, se crée « l'Armée de l'Ombre » regroupant ceux qui ont entendu l'appel du général De Gaulle.

     

    Des jeunes Rennais gagnent l'Angleterre pour s'engager dans les Forces Françaises Libres.

     

    De Londres, arrivent des émissaires et des agents de renseignement.

     

    rennes 1941-1942
     

    En janvier 1941, le capitaine de Corvette d'Estienne d'Orves organise un réseau de renseignements à Nantes et à Rennes.

    Sa dernière visite à Rennes sera celle du 20 janvier.

    Le lendemain, il sera arrêté à Chantenay puis fusillé au Mont Valérien.

     


    Plusieurs réseaux de résistance s'organisent alors ; renseignements par messages radio, récupération des aviateurs alliés tombés sur notre sol et leur retour en Angleterre, réalisation de sabotages.


    18 fusillés, 29 morts en déportation, tel est le lourd tribut que paieront les cheminots rennais de « Résistance Fer »

     

    mais c'est plus de 100 fusillés et 600 internés pour l'agglomération rennaise.

     


    La radio française de Londres est écoutée attentivement, malgré les brouillages continuels ; et de nombreux tracts et journaux clandestins sont diffusés pour contribuer à entretenir l'espoir et à fortifier la résolution de ceux qui ne veulent pas céder au découragement.

     

     

    Le couvre-feu, les restrictions, les files d'attente, les contrôles, les réquisitions, images d'une guerre que les Rennais vont supporter pendant quatre ans. Le Gouvernement français, replié en zone libre, installe ses ministères dans les hôtels pour curistes de Vichy. Début novembre 1940, il nommera Rippert, au poste de préfet régional succédant de la sorte à Jouanny.

    C'est dans cette atmosphère grise et froide que l'année 1940 s'achève. Les années qui vont suivre, ne semblent pas y devoir changer grand chose.

     

     

    Les années 1941 et 1942 vont surtout voir la prolifération des cartes et des tickets de rationnement. Il en faut, bien sûr, pour l'alimentation, mais aussi pour les textiles, les chaussures, le charbon, le caoutchouc, le fer, etc...

     

    Vichy met en place un service de « Répartition générale » qui doit apporter une meilleure distribution des denrées devenues rares.

     

    Accompagnant régulièrement les périodes de restrictions et de privations, le marché noir a fait son apparition (et sera responsable de l'enrichissement, pour le moins rapide, de certaines catégories de trafiquants). Pour 500 g d'huile, d'interminables files d'attentes s'allongent sur les trottoirs, les bicyclettes sont de nouveau les petites reines, et les amateurs de l'automobile se déplacent en masse au champ de Mars où la Foire-Exposition leur offrent les tout derniers modèles de gazogènes. 
     

     

    On apprend à se discipliner pour faire la queue aux portes des magasins ou pour s'inscrire dans l'espoir de 100 g de viande ou d'un litre de vin ; on parle coupons, rations, travailleur de force, on calcule, on troque, on revend. C'est l'ère des succédanés et des ersatz, le triomphe des B.O.F. et de la « débrouille ».
    Mais Rennes n'oublie pas.

     

    On n'oublie pas ceux qui croupissent dans les stalags et les offlags d'Allemagne, on n'oublie pas les patrouilles nocturnes et les affiches noires et jaunes qui annoncent les exécutions au Colombier ou à la butte de la Maltière, derrière la poudrière.

     

    On n'oublie pas les bombardements, et chaque fenêtre est soigneusement peinte en bleu ou occulté avec du papier spécial. On creuse des abris sur les principales places de la ville : place Sainte-Anne, Croix de la Mission, dans les jardins de la Préfecture et même dans les pelouses du Thabor.

     

    Recouverts de sacs de sable, de terre, de tôles, de madriers, ils rappellent constamment aux Rennais que, même dans la tranquillité relative dont jouit la ville durant ces deux années, la guerre n'est pas terminée. 


    Quelques alertes ont bien émaillé ces deux années, mais aucun bombardement n'est venu frapper la ville ; seule la base de Saint-Jacques a essuyé plusieurs attaques des bombardiers allié

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-1944-espoir.html

     

     rennes bombardee en 1943

     

     

    Il fait un temps printanier magnifique, et les rues de la ville présentent un aspect joyeux et inhabituel.

     

    C'est le Lundi Gras, beaucoup de magasins ont baissé leurs volets de fer, et tout le monde se retrouve sur le Champ-de-Mars où la fête foraine a planté ses stands et manèges.

     

     

    bombardement rennes en 1943 

    C'est au milieu des cris de joie et des flonflons, qu'à 14 h 30, les premières explosions creusent des fossés sanglants dans la foule massée sur l'esplanade.

     

    En moins d'une demi-heure, et sans que les sirènes aient eu le temps de lancer leurs sinistres cris, le Champ-de-Mars n'est plus qu'un champ de Morts. 


    C'est au milieu d'un chaos indescriptible que les premiers sauveteurs, accourus en hâte de tous les coins de la ville, s'acharnent sur les manèges déchiquetés, soulèvent les stands effondrés, dégageant avec beaucoup de précaution les rares survivants.

     

     

     rennes 1943

    Ce sont surtout des enfants en vacances, pour ce Lundi Gras, que les sauveteurs aligneront dans la chapelle ardente dressée dans une baraque en bordure du Champ-de-Mars. Le reste de la ville n'a malheureusement pas été épargné. 

     


    Le noeud ferroviaire de la gare de triage étant, semble-t-il, l'objectif attribué aux forteresses volantes de l'U.S. Bomber Command (commandement américain de l'aviation de bombardement), le quartier de la Gare et la rue Saint-Hélier ont été particulièrement éprouvés. Au bout de la rue Saint-Hélier encombrée de débris, la Société Économique dresse la silhouette carrée de ses entrepôts, rue Monseigneur-Duchesne.

     

    C'est dans les caves de ces entrepôts, qui jouxtent la voie ferrée, que les 71 employés périront, prisonniers dans leur abri incendié. Des centaines de corps meurtris, brûlés, déchiquetés, s'entassent à présent dans les principaux hôpitaux de la ville.

     

    L'Hôtel-Dieu est vite débordé par cet afflut continuel de blessés et bien que ce drame ait dépassé en horreur et soudaineté tout ce que les sauveteurs pouvaient imaginer, les secours s'organisent très rapidement.

     

     

    Les quartiers épargnés envoient leurs équipes de D.P. ; des bénévoles fouillent méthodiquement (au moyen de tiges de fer) les décombres des maisons effondrées, le personnel des hôpitaux, les sapeurs-pompiers, sous les ordres du commandant Dubois, la Croix-Rouge, organisent une évacuation rapide. La ville entière participe au sauvetage et à l'hébergement de ses victimes. 

     


    Outre le quartier de la gare, les quartiers du Cimetière de l'Est, rue de Châteaugiron, et boulevard Villebois-Mareuil d'une part et les rues Ange-Blaise, Ginguené, lb quartier de la T.S.F. établi rue de l'Alma d'autre part, sont le théâtre des mêmes scènes de désolation.

     

    Seuls dégâts aux installations militaires allemandes, le parc d'artillerie de la caserne de Guines et la caserne du Colombier ont été touchés. La propagande allemande et vichyste sauront exploiter au mieux ces fatales erreurs de l'aviation alliée.

     

     

    Obsèques le 11 mars 1943 à Rennes

    C'est dans une ville silencieuse et recueillie que le 11 mars se déroulent les obsèques des victimes de la tragédie du 8 mars.

     

    Le préfet de région M. Jean Quenette, le maire, F. Château, entourés d'une foule de personnalités, président à la cérémonie.

    Le maréchal Pétain et Pierre Laval sont représentés par le ministre d'État Cathala.

     

     

    La foule se réunit tout d'abord place de la Mairie, où les camions transportant les cercueils ont été rangés face au théâtre.

     

     rennes 1943

    Puis le cortège rejoint la place Saint-Pierre où Monseigneur Roques, successeur de Monseigneur Mignen décédé au début de la guerre, doit célébrer l'Office funèbre avant de gagner les cimetières du Nord et de l'Est.

     

     obseques rennes 1943

    C'est entre deux haies de Rennais recueillis et silencieux que le convoi, après avoir suivi les berges de la Vilaine, dépose en terre ses 173 cercueils.

     

    Durant tout le mois de mars les recherches vont se poursuivre dans les décombres, et il ne se passe pas de jour sans que de nouveaux corps soient découverts.

     

    1943 rennes 

     

    Ce sont les volontaires de la D.P. et les scouts qui sont chargés de la difficile tâche d'identification. Le nombre total des corps se monte à plus de 300 dont beaucoup ne seront jamais identifiés. Finalement, Rennes vient de subir son premier mais très dur bombardement.

     

     rennes 1943

    La soudaineté de l'attaque, la destruction d'objectifs sans intérêt stratégique, le massacre de centaines d'innocents laissent au coeur des Rennais un sentiment de colère indignée mélé à de l'inquiétude.

     

    Durant les deux mois qui vont suivre, les alertes vont être pratiquement quotidiennes et la descente à l'abri devient chose courante pour une population maintenant réaliste et disciplinée.

     

    Le 29 mai 1943 à Rennes

     

    Le 29 mai, en fin d'après-midi, les bombardiers de l'U.S. Air Force sillonnent de nouveau le ciel et écrasent le nord de la ville sous un tapis de bombes Le cimetière du Nord est dévasté, tout le quartier alentour bouleversé.

     

    La rue de Brest et les jardins du grand séminaire, le boulevard Marboeuf comptent de très nombreux cratères. Le centre de la ville : les rues Nantaise, le Mail, les rues entourant la place de Bretagne ont été aussi touchés par les bombes soufflantes.

    Comme les mêmes scènes tragiques se déroulent et il est clair que les bonnes volontés ne suppléent pas à un matériel défaillant, il devient urgent de créer une véritable protection de la population.

     

    Le bombardement du 29 mai comptera plus de 220 morts et 300 blessés qui rejoindront les victimes déjà trop nombreuses.
     

     

    La Municipalité va donc décider le déplacement des enfants de la ville vers des régions moins dangereuses.

     

    Le lycée de filles est reconstitué à la Guerche-de-Bretagne, celui de garçons trouva refuge dans le petit bourg de Louvigné-de-Bais. Le 10 juillet, Jean Quénette est remplacé par Philibert Dupart au poste de préfet régional.

     

    rennes mai 1943

     

    Dans le pays qui s'achemine vers sa quatrième année d'occupation, les attentats et les sabotages s'amplifient et touchent à présent tout le pays auxquels les Allemands répondent par des assassinats d'otages de plus en plus nombreux. 
     

     

    1944... Espoir et bombardements

    La fin de l'année 1943 confirme le redressement du bloc allié face à une Allemagne exsangue.

     

    En juillet, les Russes entament la reconquête de leurs sols, les Italiens capitulent le 3 septembre et la Corse est libérée au début du mois d'octobre.

     

    La nouvelle année débute par un remaniement régional. Philippe Dupart quitte son poste, remplacé par Robert Martin.

     

    Les quatre premiers mois de cette année 1944 sont relativement calmes pour la ville qui ne reçoit plus la visite des bombardiers depuis le 29 mai 1943, et la peur des deux précédents bombardements commencent à s'estomper.


    Seule la base aérienne de Saint-Jacques de la Lande, d'où partent les Messerschmidts qui bombardent l'Angleterre, subit les raids d'une aviation alliée, de plus en plus puissante et audacieuse.


    A plusieurs reprises, la population des environs est réquisitionnée afin de remblayer les pistes rendues impraticables par les bombes. Les habitants des communes environnantes : Saint-Jacques-de-la-Lande, Bruz, Chartres-de-Bretagne, Chavagne ont fini par s'habituer tant bien que mal à ces attaques répétées sur les terrains de la « Luftwaffe ».

     


    A Bruz, ce 7 mai est un grand jour. Le petit bourg de 800 habitants fête ses enfants. A la cérémonie religieuse et à la procession de la Communion, succède le traditionnel repas et c'est tard dans la soirée, que Bruz fatigué, s'endort.

     

     

    bruz 1944 

    A 23 h 45, succédant aux hurlements des sirènes, les premières bombes écrasent en moins de 25 minutes la petite localité endormie.

     

    Les explosions ayant cessé, les survivants qui ont tenté de fuir au milieu des gravats et des incendies reviennent sur les lieux. La deuxième vague des bombardiers lourds achèvera les destructions de la première vague.

     

    bruz
    Aussitôt, des communes avoisinantes, on se précipite sur les lieux de la tragédie, et c'est à la lumière des incendies et des projecteurs de pompiers de Rennes accourus en toute hâte, que les premiers blessés sont extraits des décombres.

     

    C'est avec le jour que les sauveteurs bénévoles comprennent l'étendue de la tragédie du petit bourg, il ne reste plus que quelques bâtisses éventrées, serrées contre l'église dont le squelette noirci se dresse dans un ciel merveilleusement bleu.

     

    Le député-maire, le docteur Joly et le docteur Belliard travailleront sans relâche à soulager les victimes dont le bilan s'alourdit d'heure en heure.

     

    Ces deux médecins, dont le courage et l'abnégation forceront l'admiration des témoins du 8 mai, ont perdu toute leur famille dans la tragédie. Des familles entières ont été anéanties.

     

    Au cours des heures qui suivent, près de 200 cercueils sont ainsi alignés dans le choeur de l'église de Chartres-de-Bretagne, où les obsèques seront célébrées par Monseigneur Roques quelques jours plus tard.

     


    La petite ville de Bruz vient de subir son unique bombardement. Unique bombardement, qui la raye de la carte. Les jours qui ont suivi l'anéantissement de Bruz, les alertes sur Rennes vont devenir pratiquement quotidiennes.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-juillet-1944.html

    Même les petites villes et les bourgs de la région ne sont plus à l'abri des raids aériens alliés : Janzé, Bain, Châteaugiron comptent de très nombreuses victimes. Rennes est constamment parcouru par des convois de matériels et d'hommes harassés qui fuient le gigantesque piège qu'est devenue la Normandie.

     


    Afin d'enrayer cette fuite, les chasseurs bombardiers attaquent régulièrement les colonnes qui s'étirent le long des routes.

     


    Le 17 juillet, en plein midi, les cinq coups longs de la sirène précipitent les Rennais dans les caves. Pendant près d'une demi-heure, les vagues se succèdent au-dessus de la ville. L'hôpital psychiatrique de Saint-Méen est sévèrement frappé, plus de 100 corps jonchent la cité, principalement les quartiers Nord-Est de la ville.

     

    Les deux cimetières ont leurs tombes de nouveau bouleversées.

     

     

    Dans la nuit du 5 au 6 juin, prévenus par un message spécial de la B.B.C., des groupes de résistants appartenant au F.T.P. et dirigés par L. Pétri, font sauter les voies ferrées autour de Rennes.

     

    Juin-Juillet 1944 à Rennes

    La nouvelle du Débarquement traverse Rennes comme une traînée de poudre. Dans les files d'attente, on la commente avec vigueur mais prudence et les « bobards » vont bon train.

     

     rennes juin 1944


    Le 7 juin, dès 7 heures du matin, vingt Rennais sont arrêtés à leur domicile et internés comme otages à la prison Jacques-Cartier.

     

    Le 12, ils seront transférés au camp Marguerite, baraque 14, où ils rejoignent d'autres otages.

     

    Le 14 juin, à la suite d'une intervention de Monseigneur Roques auprès du Major Kruger, 7 otages sont libérés.

     

    Les autres seront libérés le 1er août grâce au Professeur Morice.

     

     juin 1944 rennes

    Le 9 juin, entamant la destruction systématique des points stratégiques de Rennes, l'aviation alliée approche en vague serrée.

     

    Trois fois durant la nuit les « Lancaster » et les « Wellington » anglais largueront leurs bombes à la lueur des incendies allumés par la première vague.

     


    Le quartier de la gare et la rue Saint-Hélier ont été de nouveau touchés.

     

    L'église Saint-Germain n'a pas été épargnée et les petites maisons de bois qui garnissaient la place sont incendiées.

     

    Les quais, eux-mêmes, ont subi les déflagrations des bombes de 1 000 livres. Il faudra plusieurs jours aux sauveteurs et à la Défense passive pour retirer plus de 100 cadavres des ruines fumantes.
     

     

    Alors que les opérations de déblaiement se poursuivent, trois jours plus tard, le 12 juin, les B.17 américains reviennent pilonner la voie ferrée et les routes d'accès à la ville, de très nombreux convois allemands transitant par Rennes pour rejoindre la Normandie.

     

    juin 1944 rennes


    Ces jours de bombardements totaliseront près de 180 morts, les blessés engorgeant les hôpitaux qui, eux non plus, ne sont pas à l'abri des bombes.

     

    Le Centre de Pontchaillou a été particulièrement touché à plusieurs reprises.
     

     

    Pendant tout le mois de juin, les alertes succèdent aux alertes, la Plaine de Baud subit toujours aussi régulièrement les bombes américaines le jour, et anglaises la nuit.

     

    Les troupes d'occupation quittent peu à peu la ville, les alliés affermissant leur progression en Normandie.


    Le dimanche 18 juin, quatre ans jour pour jour après l'entrée des Allemands à Rennes, la ville subit un nouveau bombardement.

     

    Très destructeur, s'étalant en larges vagues espacées sur toute l'après-midi, il n'y aura heureusement que peu de victimes à déplorer ; l'alerte ayant été donnée avec suffisamment d'avance pour permettre aux Rennais de descendre aux abris. 

     


    Le mois de juillet qui voit le rapprochement inexorable des troupes anglo-américaines en Normandie, débute à Rennes dans le sang.

     

    En effet, pour assurer un maintien de l'ordre de plus en plus sévère, les 50 miliciens alors stationnés à Rennes sont rejoints par 250 francs-gardes sous les ordres du déjà fameux De Costanzo.


    Ceux-ci intervinrent brutalement à la suite de l'assassinat à Paris,

    de Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à la Propagande.

     

    Dans toute la France, 150 personnalités furent désignées par Vichy et ordre fut donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à titre de représailles.

     

    La population rennaise fût indignée et consternée par ces attentats commis contre des personnes honorables de la ville.


    Pour les habitants, les difficultés augmentent de jour en jour ; aux alertes continuelles, s'ajoutent le manque d'eau, les coupures d'électricité, les communications interrompues et même la pénurie de blé qui oblige les autorités à lancer un appel à la solidarité des agriculteurs.

     

     

    La marche vers la liberté

     

     

    Le 31 juillet, à Pontaubault, se succédant sur le seul pont laissé intact par les Allemands, les chars et les soldats américains se ruent sur la Bretagne.
     

     vers rennes en 1944

     

     

    C'est le 8e corps U.S. sous les ordres du général Troy H. Middleton qui a été investi par Bradley de la libération de la province bretonne.

     

    Ce 8e corp fonce sur Brest.

     

    La 4e Armoured division est chargée de la Libération de Rennes,

     

    Les Allemands quittent Rennes en emportant tout ce qu'ils peuvent.

     

    Ne vont rester que quelques compagnies de la Luftwaffe chargées de ralentir l'avance américaine en se servant de leurs canons de 88 comme antichars, et des soldats du génie dont la tâche est de faire sauter tous les ponts qui pourraient faciliter la passage des chars américains.

     

    Le 1 er août, la 4e Armoured division, qu'ont rejoint les fantassins de la 8e division, stationne à Melesse. Le chef du 8e corps, Middleton, est alors confronté à deux conceptions différentes de la libération de la Bretagne.

     

    D'un côté, son supérieur direct, le chef de la Ille Armée, le général Patton. dont la fougue et la rapidité sont redoutées des Allemands et d'un autre, le chef du Xlle groupe d'Armée dont dépend Patton, le général Omar Bradley dont les conceptions sont plus tournées vers la sécurité de ses têtes de ponts et la protection de ses troupes.


    Les tergiversations des deux hommes vont malheureusement retarder la libération de la ville de plusieurs jours.

     

    sherman detruit rennes 1944


    Le 2 août, arrivant par la route d'Antrain les chars de Wood cantonnent autour de Betton ; une simple prairie derrière la petite gare sert de terrain d'atterrissage aux avions d'observation.


    Au matin du 2 août, les blindés de Wood se mettent en ligne sur la R.N. 176 pour entrer dans la ville.

     

    Du haut de leurs tourelles, les chefs de chars américains peuvent apercevoir, dans leurs jumelles, le clocher de la petite église de Saint-Laurent qui domine les champs environnants à gauche de la route.

     

    Quittant Maison-Blanche, les « Sherman » passent sans méfiance devant la ferme des Fontennelles.

     

    En avant de celle-ci se trouve une batterie de Flak (D.C.A. allemande) apparemment abandonnée.

     

    Brusquement, les redoutables canons de 88 qui l'arment, ouvrent le feu.

     

    Touchés à bout portant, 18 chars en flammes, encombrent la route d'Antrain.

     

    Aussitôt, les fantassins de la 8e D.I.U.S. qui accompagnaient les blindés, se ruent à l'assaut de la batterie qui fait feu de toutes ses pièces.

     

    Le combat acharné qui s'en suit, oblige les Allemands à abandonner leurs positions et à se replier sur le quartier Saint-Laurent où ils se terrent dans les jardins et les champs entourant l'église.


    Les Américains avaient cependant été prévenus de l'existence de cette batterie par la Résistance et la population libérée mais il semble qu'ils apportaient peu de crédit à ces informations bénévoles et qu'ils entendaient mener la guerre à leur façon.


    Les deux jours suivants vont être le théâtre de coups de mains et de combats au corps-à-corps sous le pilonnage de l'artillerie.


    Les Américains tirent en effet sur les batteries de D.C.A. allemande du sud de la ville, qui répondent coup pour coup aux obusiers de 180.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-1944.html

     americains rennes 1944


    Du 31 juillet au 4 août, plus de 6 000 obus américains tombent sur la ville, causant quelques incendies et la mort de 30 personnes.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-liberation.html

     

     

    La libération de Rennes en 1944

    Mais Rennes a eu la chance inouïe d'échapper à un bombardement massif comme ceux qui avaient, les jours précédents, écrasés les villes normandes.


    Pendant ces deux jours, le peu d'Allemands qui restaient, s'enfuient précipitamment abandonnant à l'E.P.S., rue Jean-Macé, plus de 600 soldats alliés blessés.


    Le 3 août, les Allemands retranchés désespérément aux Gastelles, subissent plusieurs assauts de détachements de la 8e division, mais sans succès pour les « Sammies ».


    A cette époque, la guerre secrète a pris une autre forme. Il s'agit de remplacer aux commandes, avant l'arrivée des Américains, les hommes de Vichy par ceux de la France Libre.

     

     liberation de rennes

    Les Rennais attendront jusqu'au milieu de la matinée l'arrivée des premiers éléments américains.


    C'est à 10 heures, place de la Mairie, que la foule enthousiaste pourra embrasser ses libérateurs.

     

    Une cérémonie réunit à l'Hôtel de Ville Y. Milon, maire, Legorgeu, commissaire régional, et les officiers américains ainsi que le lieutenant Jean Marin

    — « la voix de la France » — auquel la foule fera une vibrante ovation.

     

    On brûle les kiosques de propagande allemande de la place du Théâtre.


    Les troupes américaines descendent alors la rue Le Bastard, passent sous l'Hôtel du Commerce avant de s'engouffrer sur la route de Nantes sous les acclamations de la foule.

     

    resistant à rennes
    Les trois couleurs sont hissées sur l'Hôtel de Ville après plus de 1 500 jours d'absence. Rennes est libre.

     

    FFI à rennes 

    La marche vers la liberté FFI et collabos à Rennes


    Le Comité régional de Libération est, dans la clandestinité, dirigé

    par M. Le Gorgeu, ancien député-maire de Brest.

     

    F.F.I. et collabos à Rennes

    Il était arrivé à Rennes le 13 mai pour organiser avec le Mouvement de Libération Nationale (M.L.N.) la mise en place des nouvelles structures et le choix des hommes qui doivent remplacer l'Administration Vichyssoise.

     

     

    1944 liberation de rennes


    Dans la soirée du 3 août, les commandes du M.L.N. prennent possession de la Préfecture, de la Mairie, de la police, de la Banque de France, de la poste et de la prison.

     

    collabos à rennes en 1944
    A 5 heures du matin, toute la ville tremble sous les explosions ; tous les ponts sauf le pont Legraverend et Saint-Martin sont détruits, et c'est dans un paysage lunaire que les Rennais sortent des abris.

     

    Les quais ont beaucoup soufferts.

     

    Certains ponts ont même résisté aux puissantes charges déposées par les Allemands.

     

     

    liberation de rennes 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/…/…/rennes-FFI-collabos.html

     

     

     

     

     

     

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  • Photo prise en mai 1945 à l'hôtel Lutetia de prisonniers libérés consultant la liste des personnes déportées recherchées après la libération des camps.

    Photo prise en mai 1945 à l'hôtel Lutetia de prisonniers libérés consultant la liste des personnes déportées recherchées après la libération des camps. AFP 

     

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    [Cet article a été publié dans Libération en janvier 2005, à l’occasion du 60e anniversaire de la liberation du camp d’Auschwitz]

    «Je n'osais leur dire ce qu'était réellement Auschwitz.»

     

    En 1945, Charles Palant, comme tous ceux qui reviennent des camps, préfère se taire plutôt que tuer l'espoir des familles qui attendent, nuit et jour, le retour d'un proche au centre d'accueil de l'hôtel Lutetia.

     

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    Les marronniers sont en fleurs sur le boulevard Raspail et une douceur printanière baigne la capitale française, qui profite de ses premiers mois de liberté.

    Mais devant l'hôtel Lutetia, une petite foule reste là jour et nuit, bloquée derrière des barrières, visages tendus, photos brandies à bout de bras, écriteaux portant les noms des leurs. Ils attendent le retour des déportés.

     

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    Photographie de déportés transportés en bus vers l'hôtel Lutetia, printemps 1945

     

    Même si la spécificité de l'extermination de cinq millions à six millions de juifs n'apparaît pas encore dans toute son évidence, l'horreur des camps commence à émerger avec les premiers témoignages et les images de corps squelettiques.

     

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    Ils viennent le matin avant le travail et reviennent le soir.

    Quand un convoi de bus arrive, déchargeant sa cargaison fantomatique, les conversations

     

     

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    Principal centre d'accueil des déportés rapatriés, l'hôtel Lutetia devient le lieu de rassemblement des familles dans l'attente de nouvelles. Un service de renseignement est installé pour tenter de coordonner la diffusion des informations. A.F.P.

     

     

    ARRIVEE à l'HOTEL LUTETIA

     

    Les uns et les autres arrivaient tout aussi maigres avec en main un paquet dans lequel ils avaient mis des bouts de sucre, un coupon de tissu, un gobelet, un morceau de couverture...

    Beaucoup trouvent l'appartement occupé ou pillé.

    Parfois, la concierge les accueille comme s'il ne s'était rien passé.

     

    «Elle m'a donné les clefs et même du courrier, l'appartement était vide avec la table encore mise, comme au moment de l'arrestation, et je n'ai pas supporté»

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    Ils pénètrent sous les dorures du grand hall de l'hôtel, puis direction la désinfection.

    Ensuite commencent les formalités d'enregistrement qui leur donneront des papiers provisoires après interrogatoire. «C'était une grande pagaille.

    On voyait de vrais déportés dénonçant du doigt des faux déportés qui s'étaient infiltrés dans leurs rangs afin de se refaire une virginité»,

    a raconté au Magazine littéraire Bertrand Poirot-Delpech, alors lycéen de philo à Louis-le-Grand et boy-scout qui, comme tant d'autres dont Michel Rocard, se porta volontaire pour aider les rescapés.

    Les interrogatoires de la police militaire sont méticuleux.

    «Un pyjama rayé, c'était facile à trouver.

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    On craignait l'infiltration d'ex-collabos ou même de SS dans cette masse de rapatriés sans papiers, raconte André Lafargue, rapidement identifié grâce à son réseau de résistance.

    Ebensee était un petit camp que personne ne connaissait, mais j'étais heureusement passé par Buchenwald et Mathausen.

    J'ai décrit l'entrée, les camarades avec qui j'étais.»

    Pour les juifs, surtout les étrangers livrés à la machine de mort par la police de Vichy, le moment est plus dur.

    «C'était des questions de flic, et on se méfiait»,

    reconnaît Charles Palant.

     

    Chaque histoire est une tragédie.

     

     

    Chaque survie un hasard ou un miracle.

    Chaque libération une épopée différente.

    Au Lutetia, ils ont reçu une carte de rapatriement. Ils ont mangé, parfois pris une veste ou un pantalon.

    Des chambres sont à leur disposition, mais la plupart préfèrent ressortir aussitôt.

    «Téléphoner, l'idée était impensable»
    C'est maintenant le moment le plus difficile, celui de la recherche des proches, le vrai retour tant attendu et tellement craint, en premier lieu pour les juifs.

    «Un prisonnier libéré téléphone tout naturellement chez lui, mais pour nous l'idée était impensable, probablement parce que, nous, tout le monde était mort», écrit la psychanalyste Anne-Lise Stern, arrivée à Lyon en juin 1945.

    C'est une amie qui téléphona pour elle. Ses parents avaient survécu. Joseph Bialot avait envoyé un télégramme dès son débarquement à Marseille, annonçant qu'il arriverait gare de Lyon : 
    «Mon père était venu, mais il ne m'a pas vu ou pas reconnu.» 
    Le ventre noué, il a quand même décidé de rentrer chez lui. Léopold Rabinovitch, lui, s'est précipité au centre d'accueil du XXe arrondissement pour retrouver des camarades :

    ------- là, il a vu son nom et celui de son frère sur la liste des probables fusillés.

     

     

    Beaucoup trouvent l'appartement occupé ou pillé.

     

    Parfois, la concierge les accueille comme s'il ne s'était rien passé.

    «Elle m'a donné les clefs et même du courrier, l'appartement était vide avec la table encore mise, comme au moment de l'arrestation, et je n'ai pas supporté», a raconté dans un documentaire Marcel Bercau, ancien d'Auschwitz et seul rescapé de sa famille.

    Pendant des mois, il a attendu en vain le retour des siens, laissant toujours la lumière allumée ou les fenêtres ouvertes s'il sortait, afin de leur montrer que quelqu'un était là.

    Dans l'appartement, Charles Palant a trouvé son frère Jean et sa belle-soeur.

    A la joie des retrouvailles se mêlait l'angoisse de l'insoutenable vérité qu'il portait en lui.

    Lors de la première «sélection» à son arrivée à Auschwitz-Birkenau, il a vu sa mère partir avec les autres femmes, les enfants, les vieux et tous ceux destinés à la chambre à gaz.

    «Sur le coup, je n'ai pas compris que cela signifiait une mort immédiate, et quand, au camp, j'ai appris le sort de ceux qui n'étaient pas là, je n'avais d'autre choix que de tenir et de renvoyer à plus tard le deuil.»

    A Auschwitz, il avait aussi vu mourir le frère de sa belle-soeur. «Comment lui expliquer que moi, freluquet, je suis vivant et que ce solide gaillard, lui, est mort ?

    Comment sauter au cou de mon frère en lui disant qu'ils ont été tous assassinés ?»,

    explique le survivant, convaincu encore aujourd'hui qu'il valait mieux que son frère et sa belle-soeur «se fassent peu à peu d'eux-mêmes à cette idée en voyant que les retours étaient de moins en moins nombreux».

    Pendant des semaines, Charles Palant a ainsi continué à se rendre au Lutetia pour pouvoir dire à sa belle-soeur qu'il allait «voir s'il y avait des nouvelles».

    «Ceux qui ont vu la Gorgone...»

    A chaque fois, il y retrouvait les mêmes scènes, les visages anxieux à la recherche désespérée d'un indice :

    «Je n'osais leur dire ce qu'était réellement Auschwitz.»

    Les rescapés ont commencé à reprendre du poids et leurs cheveux à repousser mais sont restés reconnaissables entre tous.

    Parfois s'exprime à leur égard un petit geste de solidarité, un poinçonneur qui refuse le ticket de transport, un fleuriste qui fait cadeau du bouquet.

    Souvent fusent les questions qui déclenchent l'angoisse de l'impossible réponse.

    La peur de ne pas être cru par ceux qui n'ont pas vécu l'horreur des camps comme la crainte de faire plonger dans l'horreur ceux qui sont impliqués au travers de leurs proches.

    «Ma femme s'est ainsi toujours refusée à savoir exactement quand et comment mourut sa mère, à devoir l'imaginer se déshabillant puis courant nue sous les coups jusqu'à la chambre à gaz», dit Léopold Rabinovitch.

    La différence est grande, souligne-t-il, entre les «politiques» et les «raciaux», entre ceux déportés pour avoir résisté et couru des risques assumés et ceux uniquement coupables d'être nés.

    «Pour moi, abonde André Lafargue, la déportation a signifié la fin des interrogatoires et la possibilité, en retrouvant des camarades, de continuer la lutte au camp.»

    Son matricule ­ 53 858 ­ lui vient encore aux lèvres en allemand, automatiquement.

    Pour les survivants d'Auschwitz, le principal des camps d'extermination, ce numéro est tatoué indélébilement dans leur chair et dans leur âme.

    «Il m'a fallu plus de vingt-cinq ans et une psychanalyse pour réussir à sortir du camp», souligne Joseph Bialot. Beaucoup y restent enfermés à jamais.

    «Nous, les survivants, nous sommes une minorité exiguë mais anormale : nous sommes ceux qui, grâce à la prévarication, à l'habileté ou à la chance, n'ont pas touché le fond.

     

     

    Ceux qui l'ont fait, ceux qui ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter», écrivait Primo Levi dans les Naufragés et les rescapés, quarante ans après Auschwitz.

    En 1987, il se jetait dans la cage d'escalier de son domicile turinois.

     

    Marc Semo

     

     

    http://www.liberation.fr/societe/2005/01/24/au-lutetia-le-silence-des-survivants_507114

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    RESISTANCE

    Réseau  ARC-EN-CIEL

     

    Le réseau Arc-en-Ciel est fondé en novembre 1942 à l'initiative de plusieurs agents du BCRA: docteur Raymond Baud alias "Claude Béziers", Paul Emile Fromont, étudiant en médecine à Paris, Jean Héron  (31 ans en 1940,Domicile :Sarrebruck)

    et Jean-Albert Vouillard  dit "Karl", coupé du mouvement Libération et recruté en 1943.

     

    Ce réseau de renseignement militaire travaille pour le BCRA en rapport avec le réseau Turma-Vengeance.

     

    Le réseau Arc-en-Ciel travaille exclusivement dans la zone Nord et se développe rapidement dans la Région parisienne, dans le Nord et en Normandie.

    NB Arc-en-Ciel est un des six sous-réseaux de Turma, comme indiqué dans  ce livre  (page 69) écrit en 1946 parFrançois Wetterwald. (liste officielle des mouvements FFC, JO du 16 novembre 1946 )
     

    La tâche essentielle du réseau est la collecte de renseignements.

     

    Des informations sont ainsi rassemblées sur les mouvements de troupes ou les installations militaires comme les bases de V2.

     

    En parallèle, le réseau fait du contre-espionnage en tenant à jour les effectifs de la Gestapo

     

    Les renseignements collectés sont transmis à Londres par pigeons-voyageurs ou par l'intermédiaire du réseau Turma-Vengeance.

     

    Pour la Normandie, dite "Zone de feu", c'est Jean Héron ,

    alias "Jean-Claude Devaux" qui implante et anime l'organisation.

    Il a pour contact un roumain, nommé Grachenko, ancien des Brigades rouges.

    Secondé par Arthur Collard , Jean Héron  recrute une vingtaine d'agents dans tout le département. Les liaisons avec les autres secteurs sont assurées par Paulette Leconte , qui centralise les renseignements et les transmet à la direction parisienne, qui les achemine à Londres.

     

    Le réseau fabrique aussi de nombreux faux papiers pour ses agents et les réfractaires au STO.

     

    En septembre 1943, un agent de la Gestapo réussit à s'infiltrer dans le réseau à Paris provoquant de nombreuses arrestations.

     

    Raymond Baud est ainsi capturé et déporté à Sachsenhausen.

     

    Paul Fromont prend sa succession sans savoir qu'un traître renseigne les services de l'Abwehrle service de contre-espionnage de l'armée allemande.

     

    En Normandie, le réseau a perdu un soutien précieux après

     

    l'arrestation du docteur Pecker  en mai 1942.

     

    A partir de 1943 et surtout de 1944, les arrestations dans les rangs de la Résistance se multiplient. 

     

    Lucien Brière, agent français de la Gestapo, est un des principaux responsables de ces arrestations.

    Jean Héron  demande alors l'élimination de Brière à Londres.

    Le 3 mai 1944, un commando du réseau mené par Jean Héron assassine Brière.

    Les Allemands. fous de rage, sont bien décidés à retrouver les auteurs de l'attentat et à prendre leur revanche.

     

    Celle-ci s'exercera trois semaines après.

     

    L'Abwehren coopération avec la Gestapoobtient de précieux renseignements sur le réseau, grâce à la complicité d'un traître parisien, Philippe Pierret.

     

    Le 17 mai 1944, Jean-Albert Vouillardse rendant à un rendez-vous donné par Pierret à Paris, tombe dans un traquenard.

     

    En tentant de s'échapper, il est abattu par les Allemands.

    A Caen, les services de répression allemands frappent quelques jours plus tard. par l'intermédiaire de deux agents français de l'Abwehrenvoyés en mission à Caen pour détruire le réseau.  Dont Pierre Beudet  de l'Abwehr de Lille.

    L’Abwehr, mot allemand signifiant « défense », est une ancienne organisation de l'armée allemande qui opéra de 1921 à 1944. Elle constituait le service de renseignements de l'état-major allemand. 

    Les deux hommes ont pris contact avec la Gestapo de Caen, dès leur arrivée, et ont carte blanche pour remplir leur mission.

     

    Très vite, ilsréussissent à prendre contact avec Raymond Pauly, un résistant peu méfiant, qui les met en relation avec certains de ses camarades. L'enquête menée sur les deux hommes est satisfaisante et Jean Héron  est prêt à travailler avec eux.

    Le 22 mai 1944, Raymond PaulyArthur Collard  et son fils Jacques sont arrêtés par les hommes de la Gestapo, renseignée par les agents infiltrés de l'AbwehrDans les jours qui suivent. les Allemands capturent Anatole Lelièvre ,Maurice Dutacq Marcel Barjaud Roger Veillat Yves Le Goff Roland Postel , Edouard Poisson, Madeleine Héron, Paulette Leconte  femme de Jean Héron, Paul et Jeanne Leconte, la Gestapo n'ayant pu arrêter leur fille Paulette René Huart, André Lebrun (19 ans en 1940, employé de commerce - Organisation : Arc-en-Ciel - Domicile : Caen). Jean Héron  parvient à échapper aux griffes de la Gestapo.

    Le 6 juin 1944. les Allemands exécutent à la prison de Caen

    Roger Veillat, Yves Legoff, Roland Postel, Paul Leconte,

    Anatole Lelièvre, Raymond Pauly 

    et Maurice Dutacq.

     

    Madeleine Héron et Jeanne Leconte sont libérées le 7 juin au matin.

     

    Les rescapés de la tuerie sont conduits à pied vers Fresnes.

     

    Arthur Collard et René Huart s'ajouteront aux martyrs du réseau.

    Sources :

    Archives de Jean Quellien.

     

    Cédric Neveu

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/reseau-arc-en-ciel.htm

     

     

     

     

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    Levi Bettweiser 

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    Avec son projet Rescued Film Project, le photographe américain Levi Bettweiser a récemment sauvé par hasard un lot de 31 pellicules photo non développées, réalisées par un soldat de la Seconde Guerre mondiale.

     

    C’est en les développant avec précaution plus de 70 ans plus tard qu’il a découvert des clichés inédits et historiques…

    http://www.ufunk.net/photos/rescued-film-project/

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    Jean Hébert (1920-1943)              Denys Boudard (1919-2005)

     

    Quelques documents aimablement fournis par François Robinard dépositaire des archives de Denys Boudard

     

    - communication de Pierre Cot sur l'Aviation Populaire parue dans la revue Normandie-Aviation N°3 juillet-septembre 1936.

     

     

    lettre écrite le 24 avril 1941 par Denys Boudard et Jean Hébert à M. Dupont leur instructeur de l'Aviation Populaire et remise à René Dadure.

     

     

     

     

    Source. Le biplan Bücker Jugmann 131: GD EG N°4477 dans tous ses marquages tel qu'il a été restauré récemment en Angleterre.

     

    Trajet de Carpiquet à Christchurch, en rase motte jusqu'à Ouistreham puis la traversée de la Manche au ras de l'eau. Annotations de la main de Denys Boudard.

     

    Source. Plaque commémorative sur la façade de l'aérogare de Carpiquet.

     

     

    A Caen,   une rue porte le nom de Jean Hébert.

    A Flers (Orne) la rue qui mène à

    l'aérodrome de Flers Saint-Paul porte le nom de Denys Boudard  elle n'est malheureusement pas répertoriée sur les plans.

     

    Pour de plus amples informations lire  et les 3 pages:

    324, 325 et 326 que l'auteur de ce livre  leur consacre.

     

     

     

    SOURCES ! 

     

    http://sgmcaen.free.fr/boudard-hebert.htm

     

     

     

     

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    Le général de Lattre en 1946.

     

    Jean de Lattre de Tassigny est un général d'armée et maréchal de France, né le 2 février 1889 à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) et mort le 11 janvier 1952à Neuilly-sur-Seine.

    Jeune officier lors de la Première Guerre mondiale, il se bat sur différents fronts, dont Verdun, il est blessé cinq fois et termine la guerre avec huit citations, la Légion d'honneur et la Military Cross.

    Dans l'entre-deux-guerres, il participe à la guerre du Rif au Maroc, où il est de nouveau blessé. Il effectue ensuite une carrière d'officier d'état-major et de commandant de régiment.

    Au début de la Seconde Guerre mondiale, en mai-juin 1940, plus jeune général de France, à la tête de sa division lors de la bataille de France, il tient tête auxAllemands à la bataille de Rethel, en Champagne et sur la Loire, continuant à se battre jusqu'à l'armistice du 22 juin 1940.

    Pendant le régime de Vichy, il reste dans l'Armée d'armistice, où il occupe des postes de commandement à l'échelon régional, puis comme commandant en chef des troupes en Tunisie. Commandant de la 16e division militaire àMontpellier, lorsque la zone libre est envahie par les troupes allemandes, à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, il est arrêté et condamné à dix ans de prison pour avoir refusé l'ordre de ne pas combattre donné par le gouvernement et, seul général en activité à le faire, commandé à ses troupes de s'opposer aux Allemands. Il parvient à s'évader et rallie la France libre, fin 1943.

    Après son ralliement à de Gaulle, il est l'un des grands chefs de l'Armée de Libération en 1943-1945, s'illustrant à la tête de l'armée qui, après le débarquement allié du 15 août 1944, mène la campagne victorieuse, dite « Rhin et Danube », contre le Troisième Reich. Il est le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à avoir commandé des grandes unités américaines.

     

     

    Il est le représentant français à signature de la capitulation allemande à Berlin, le 8 mai 1945, aux côtés d'EisenhowerJoukov et Montgomery.

     

     

    Affiche de De Lattre de Tassigny annonçant la victoire, le 9 mai 1945 (photographiée à Strasbourg en 1979).

    Commandant en chef des forces françaises en Allemagne en 1945, puisinspecteur général de l'Armée de terre et chef d’État-Major général de la Défense nationale en 1947, il devient vice-président du Conseil supérieur de la guerre. De 1948 à 1950 auprès du maréchal Montgomery, il est le premier commandant en chef des Forces terrestres de l’Europe occidentale.

    Haut-commissairecommandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, lors de la guerre d'Indochine, il remporte des victoires contre le Viêt Minh, en 1951.

    Il est élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume, en 1952, lors de ses funérailles nationales.

     Blason de la famille de Lattre de Tassigny.

     Blason de la famille de Lattre de Tassigny.

     

     

    Plaque commémorative à la prison Montluc de Lyon.

    Arrêté le 11 novembre 1942 pour avoir voulu résister, dans son commandement de la XVIème division militaire de Montpellier, à l'invasion de la zone libre par l'armée allemande, le Général Jean de Lattre fut emprisonné dans ce fort de Montluc -du 8 Décembre 1942 au 9 Janvier 1943- avant d'être jugé à Lyon par le tribunal d'état, juridiction d'exception.

     

    L'origine de la famille de Lattre1 de Tassigny est mentionnée au sein de diverses sources :

    • selon l'ordre de la Libération, la famille de Lattre de Tassigny est « une vieille famille aristocratique des Flandres françaises2 » ;
    • ou selon un autre site, Jean de Lattre de Tassigny « est issu d'une vieille famille bourgeoise3 » ;
    • ou bien : « […] au xviiie siècle, les de Lattre, Delastre ou Delatre (l'orthographe varie d'un acte à l'autre), bourgeois, qui semble être d'origine noble, occupent diverses fonctions publiques, ajoutent parfois à leur patronyme le nom de leur fief de Tassigny, près de Guise.
    • Sous la Révolution française, le nom de terre disparaît, et sera rétabli en 1829 avec Laurent Delatre (un seul T), qui obtient du tribunal de Poitiers que son nom soit rectifié en […] de Lattre de Tassigny .
    • Pourtant une branche de la famille de Lattre fut reconnue noble et confirmé en la noblesse le 21 mars 1664 […]4. »

     

    • Dans les archives concernant la ville de Laon, on trouve la naissance de « César François Marie Joseph, fils de M. Robert François Joseph de Lattre de Tacigny […] et pour marraine Marie Anne Broudou veuve de messire Lambert Joseph de Lattre de Tacigny ancien avocat au parlement et ancien maire de Guise »5.

    Une branche de cette famille avait été membre de l'aristocratie de la ville d'Abbeville6.

    Cette famille n'est pas mentionnée dans des ouvrages recensant la noblesse française « subsistante » aux xxe etxxie siècles7,8.

    Le père du maréchal, Roger Joseph de Lattre de Tassigny (Poitiers22 juin 1855-Mouilleron-en-Pareds14 avril 1956), fut ledoyen des maires de France (maire de Mouilleron-en-Pareds de 1911 à 1956), époux

    d'Anne Marie-Louise Hénault (1862-1938)9.

    Carrière militaire

     
    Monument du parc de la mairie deCoubron.

    Jean fréquente le collège Saint-Joseph de Poitiers2 et poursuit ses études à Paris10.

     

    De 1898 à 1904, il prépare l'École navale et Saint-Cyr, où il est reçu en 1908.

     

    Il effectue ses classes au 29e dragons à Provins. Il est élève de Saint-Cyr de 1909 à 1911, dans la promotion « Mauritanie » dont il sort 4e de promotion2. Il entre en 1911 à l'école de cavalerie de Saumur2.

    Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

    En 1912, il est sous-lieutenant, affecté au 12e dragons à Pont-à-Mousson puis sur le front12,2. Il est blessé une première fois le 11 août 19142 par un éclat d'obus10 au cours d'une reconnaissance. Le 14 septembre, il est blessé d'un coup de lance2,10d'un uhlan en chargeant à la tête de son peloton de dragons. Affaibli par sa blessure, obligé de se cacher dans Pont-à-Mousson occupée par les Allemands, il est sauvé de la capture par un officier du 5e régiment de hussards en mission de reconnaissance, le sous-lieutenant Schmeltz.

    Jeune lieutenant d'infanterie, il rend visite à Georges Clemenceau (1841-1929) également né à Mouilleron-en-Pareds, qui le voyant s'éloigner, dit à son fidèle Albert Boulin : « Regardez-le bien, celui-là, et souvenez-vous de lui. Il ira loin, très loin13. »

    En 1915, il est capitaine au 93e régiment d'infanterie, se bat à Verdun pendant seize mois11, au Chemin des Dames et termine la guerre avec cinq blessures, huit citations12,11, la Légion d'honneur (le 20 décembre 191410) et la Military Cross2,12. Il est affecté au 2e bureau, à l'état-major de la 21e division10.

    Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

    En 1919, il est affecté à la section franco-américaine à Bordeaux, puis au 49e régiment d'infanterie à Bayonne2. De 1921 à 1926, il est envoyé au Maroc, où, de 1922 à 1923, il participe à des opérations en Haute Moulouya et à Taza10, puis durant laguerre du Rif11 consécutive à la révolte d'Abdelkrim (1925-1926), devient chef d'état-major de la région de Taza2,10. Il est de nouveau blessé en opération, reçoit trois citations12 et est nommé chef de bataillon2.

    De 1927 à 1929, il suit les cours de l'École de guerre, où il est chef de promotion12,2 (49e promotion). Il se marie avecSimonne Calary de Lamazière en 19272, et ils ont un fils, Bernard, en 1928. En 1929, de Lattre est affecté au 5e régiment d'infanterie à Coulommiers2.

    Le 25 novembre 1929, Jean de Lattre, ami du « Tigre » et son épouse, sont — en qualité de résidents de Mouilleron-en-Pareds — parmi les rares Vendéens catholiques à assister aux obsèques civiles de Georges Clemenceau au « Colombier » de Mouchamps (Vendée).

    En 1931, il est au 4e bureau, à l'État-Major de l'Armée, et, au grade de lieutenant-colonel, il est nommé, en 1932, à l'État-Major, auprès du général Maxime Weygand2 — vice-président du Conseil supérieur de la guerre10,11. À ce poste, il suit particulièrement la politique étrangère, dont les relations avec l'URSS et, en politique intérieure, les problèmes de budgets militaires10. En février 1934, il fait partie, avec Adrien MarquetPhilippe HenriotGeorges Scapini et Xavier Vallat, d'un groupe qui complote contre la République ; à cette occasion, le maréchal Pétain, alors ministre de la Guerre, exprime, sans succès, le souhait que Weygand le « démissionne »14. Au départ de Weygand, atteint par la limite d'âge, de Lattre est maintenu à l'état-major du Conseil supérieur de la guerre auprès du général Georges. En 1935, promu colonel, il commande le151e régiment d'infanterie à Metz2,10,11. Entre 1937 et 1938, il suit des cours au Centre des hautes études militaires et devient, en 1938, chef d'état-major du gouverneur militaire de Strasbourg2, le général Héring11.

    Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

    Bataille de France[modifier | modifier le code]

    Promu général de brigade, le 22 mars 1939 — alors le plus jeune général de France12,10,2 —, il est chef d'état-major de la5e armée2, le 3 septembre 193910. Le 1er janvier 1940, il prend le commandement de la 14e division d'Infanterie, qu'il dirige pendant les affrontements avec la Wehrmacht à Rethel2,10, où sa division résiste pendant un mois11, repoussant par trois fois les Allemands devant l'Aisne12,10, faisant 2 000 prisonniers2, continue à se battre jusqu’à la Champagne, à Mourmelon, puis se replie en menant des combats de retardement, sur la Marne, l'Yonne, la Loire et Nevers2,10. La division conserve sa cohésion militaire au milieu du chaos de la débâcle12.

    Armée de Vichy[modifier | modifier le code]

    Après l'armistice, il reste dans l'Armée de Vichy et, de juillet 1940 à septembre 1941, il est adjoint au général commandant la13e division militaire à Clermont-Ferrand2 et commandant militaire du Puy-de-Dôme15. Le découragement des troupes est alors profond, il s'emploie à restaurer la confiance des soldats, par la discipline16. À cette époque, il pense que le régime dumaréchal Pétain défend l'intérêt national et se soumet à ses directives17. S'intéressant à la jeunesse, il organise, en dehors des Chantiers de jeunesse, ses propres chantiers et une école de cadres militaires dans le village d'Opme (près de Clermont-Ferrand) — qu'il fait reconstruire par des étudiants alsaciens réfugiés et des soldats18 —, avec pour but de « produire des chefs » pour une armée apte au travail d'équipe et d'étendre cette expérience à toute l'Armée d'armistice19. Promu général de division il est commandant en chef des troupes de Tunisie, où il crée une autre école de cadres, à Salammbô (quartier deTunis)2,10 ; il n'y reste que pendant quatre mois, de fin septembre 1941 au 2 février 1942, rappelé alors en métropole, à la demande des Allemands, pour avoir refusé de ravitailler l'Afrika Korps12. À la mort du secrétaire d'État à la Guerre dans leGouvernement Darlan, le général Huntziger, en novembre 1941, de Lattre tente, sans succès, d'obtenir ce poste20. Par la suite, en 1942, il commande la 16e division militaire à Montpellier12,21,11, est promu général de corps d'armée2 et crée de nouveau une école de cadres, à Carnon10,22. Il conserve son poste dans l'Armée d'armistice, malgré l'hostilité manifestée par les Allemands à son égard21,23 et le SOL de Montpellier qui le signale comme « sympathisant gaulliste »12. Contrairement à nombre de militaires de l'Armée de vichy, de Lattre n'a jamais été décoré de la francisque24 et en particulier parmi les huit généraux commandants de division militaire, il est le seul à ne l'avoir pas été12.

    Le 21 juin 1942, le général Giraud, qui vient de s'évader de la forteresse de Königstein et qui commence à prendre des contacts pour ses projets d'avenir, rencontre de Lattre à Montpellier mais il le trouve « prudent et évasif »25. En août 1942, contacté par Jean Moulin pour prendre la tête de l'Armée secrète, de Lattre refuse26.

    Lorsqu'en septembre-octobre 1942, les Alliés préparent l'établissement d'un deuxième front en Afrique du Nord, alors qu'ils sont désireux de s'entendre avec Vichy qui contrôle la région afin que les Français n'opposent pas de résistance, cherchant donc un chef avec qui traiter pour mettre sur pied les opérations, Weygand ayant refusé, le nom du général de Lattre est évoqué, parmi d'autres (militaires ou politiques) ; il n'est toutefois pas retenu27.

    Arrestation

    Lorsqu'à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, la zone libre est envahie par les troupes allemandes, le11 novembre 1942, seul général en activité à le faire, il refuse l'ordre de ne pas combattre donné par le gouvernement de Vichy, en la personne du ministre Bridoux, commande à ses troupes de s'opposer aux Allemands, et est arrêté par les gendarmes.

     

     

    Il est interné à la prison militaire de Toulouse, puis à la prison Montluc à Lyon, il est condamné, à dix ans de prison28,2, par les juges français11 du tribunal d'État de la section de Lyon (juridiction d'exception, siégeant à huis clos, constituée d'un magistrat et de quatre jurés désignés par le gouvernement : deux officiers généraux, un préfet honoraire et le chef des SOL, Joseph Darnand28), le 9 janvier 194310,30, mais conserve son grade28,29. Il a même été envisagé de le radier de l'ordre national de la Légion d'honneur31. Cet épisode fait dire au préfet Hontebeyrie32,28, que « lorsqu'on apprend [qu'ils] ont franchi la frontière, on s'occupe beaucoup plus d'arrêter de Lattre que les Allemands »33.

     
    Affiche de De Lattre de Tassigny annonçant la victoire, le 9 mai 1945(photographiée à Strasbourg en 1979).

    Ralliement à de Gaulle[modifier | modifier le code]

    Parvenant à s'évader de la maison d'arrêt de Riom dans la nuit du 2 au3 septembre 1943, avec le concours de sa femme, de son fils34,35,29,10 et de Louis Roetsch34,36,37, puis l'aide de la Résistance2, et après être resté caché un mois enAuvergne10, à Compains34, il fuit, via le Port d'Arciat38 et le terrain d’atterrissage clandestin « Aigle » à Manziat (Ain), au nord de Mâcon, le 17 octobre, pour rejoindreLondres, puis Alger où il arrive le 20 décembre 194334,10, après avoir été promu au rang de général d'armée, le 11 novembre 1943, par le général de Gaulle2. Il rend ensuite visite au général Giraud, qui fut son supérieur à Metz, lequel lui réserve « un très cordial accueil39 » et l'assure de son soutien39.

    En décembre 1943, il commande l'armée B — qui deviendra la 1re armée française le 25septembre 194440 —, constituée par l'amalgame, réalisé le 31 juillet 1943, d'éléments des Forces françaises libres et de l'Armée d'Afrique et de volontaires2. Fidèle à ses principes, il met sur pied un centre d'entrainement de cadres, à Douera (près d'Alger)10,41. Cette armée libère l'île d'Elbe2,10 les 17 et 19 juin 194442.

    Débarquement en Provence et remontée du Rhône[modifier | modifier le code]

    Comme commandant de l'armée B, il participe aux préparatifs de l'opération Anvil-Dragoon avec les Alliés qui, liée à l'opération Overlord, fait partie des offensives à l'Ouest visant à refouler les Allemands jusqu'au Rhin43. Les forces prévues pour cette opération, placée sous le commandement du général Patch, sont constituées en grande partie des sept divisions de l'armée de Lattre (256 000 hommes40) et de trois divisions américaines, des forces spéciales et aéroportées de la 7e armée44.

    Avec les Américains du 6e corps de la 7e armée, de Lattre et ses commandants de corps d'armée, les généraux Béthouart etde Larminat (remplacé45 par la suite par de Monsabert), débarquent en Provence, à partir du 15 août 194446,47, prennent, avec la participation d'éléments des Forces françaises de l'intérieur (FFI), Toulon le 27 août48 et Marseille le 29 août48, avec presqu'un mois d'avance sur les prévisions10. La prise de ces deux ports, par l'augmentation des capacités d'accueil en hommes et matériel qu'elle constitue par rapport au front de Normandie, apporte un avantage décisif pour la suite des opérations sur le front de l'Ouest49.

    Les armées remontent ensuite la vallée du Rhône en libérant, Saint-Étienne (le 2 septembre)50, Lyon (le 3 septembre)50,MâconChalon-sur-SaôneBeaune et Autun2,10 (8 septembre).

    En incorporant à son armée nombre d'éléments issus des FFI, de Lattre parvient à augmenter notablement ses effectifs (de137 000 hommes)51 ; dès lors son armée compte près de 400 000 hommes. À partir de septembre 1944, l'Armée de la Libération est un « heureux amalgame de l'armée d'armistice, de la France libre et des Forces françaises de l'intérieur [...]52 ». Cet amalgame, dans la droite ligne de la formation de l'armée B est poursuivi dans la 1re armée avec les forces issues de laRésistance et s'avère être un succès53.

    Campagne Rhin et Danube[modifier | modifier le code]

    Après avoir effectué sa jonction avec la 2e division blindée10 venant de Normandie, à Montbard50Aisey-sur-Seine50 et Nod-sur-Seine, près de Dijon, le 12 septembre 194454, la 1re armée participe, début octobre, à la bataille des Vosges, prendMontbéliard55 et Héricourt55 le 17 novembre, puis Gérardmer et atteint le Rhin2 le 19 novembre, avant toutes les autres armées alliées10,55. Elle libère ensuite Mulhouse10 (24 novembre) et Belfort10 (25 novembre).

    La contre-attaque allemande sur les Ardennes (16 décembre 194430 janvier 1945), qui stoppe momentanément l'avance des Alliés et les fait reculer, oblige Eisenhower à déplacer des troupes pour tenir le front et à envisager l'éventualité d'une retraite sur les Vosges en abandonnant l'Alsace et Strasbourg56. Pour de Gaulle, qui considère que ce serait « un désastre national irréparable », il n'est pas question de laisser les Allemands reprendre l'Alsace et surtout Strasbourg, ville symbole, qui a été libérée par la 2e DB du général Leclerc, le 23 novembre56. Sur le terrain, de Lattre et son supérieur américain, le général Devers, commandant du 6e groupe d'armées dont dépend la 1re armée française depuis septembre 1944, sont aussi d'accord pour ne se retirer de la région qu'en cas d'extrême nécessité56. Pendant que de Gaulle finit de convaincre Eisenhower, le3 janvier 1945, dans une réunion à haut niveau à laquelle assiste Churchill, et malgré un ordre de repli — dont il n'a connaissance que le 2 janvier —, dû à une nouvelle attaque allemande, le 31 décembre, sur Sarreguemines, sur Bitche et depuis Colmar, de Lattre donne l'ordre de défendre Strasbourg, anticipant l'ordre de De Gaulle « avec une convergence parfaite » et l'accord d'Eisenhower, de 24 heures56. La 1re armée parvient à se maintenir dans la ville et ses alentours, en dépit de lourdes pertes.

     
    EisenhowerJoukovMontgomery, de Lattre, à Berlin, le 5 juin 1945.
     
    Montgomery, Eisenhower, Joukov et de Lattre, Berlin, le 5 juin 1945.

    À sa demande de renforts, le général Devers décide, le 19 janvier 1945, de placer les quatre divisions du 21e corps d'armée US du général Milburn sous les ordres du général de Lattre56 faisant de lui le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à commander des grandes unités américaines57. L'armée de Lattre, participe, à partir du20 janvier, à la réduction de la poche de Colmar2,10,56. La ville est libérée le9 février 1945.

    Le 12 février 1945, le général de Lattre décide la création d'une nouvelle école de cadres, à Rouffach, afin d'assurer la formation de FFI recrutés durant la campagne58. Cette école, implantée à Strasbourg en 1946, deviendra l'École militaire de Strasbourg59.

    Les victoires du général de Lattre déclenchent alors un vent de panique à Sigmaringenoù les exilés de Vichy, dont Laval, commencent à organiser leur fuite ; ce mouvement s'accélère avec l'avancée des Alliés60.

    De Lattre entre en Allemagne, après avoir franchi le Rhin, les 30-31 mars 19452,10suivant en cela les ordres de De Gaulle, du 29 mars, qui lui enjoignent de prendreKarlsruhe et Stuttgart, malgré les plans américains61. La 1re armée déborde la ligne Siegfried, pénètre en Forêt-Noire, prend Karlsruhe (3 avril)62 et Stuttgart10, après de durs combats durant lesquels elle réduit quatre divisions allemandes et fait9 000 prisonniers61. Cet épisode est l'objet d'un nouvel affrontement entre Eisenhower et de Gaulle qui demande instamment à de Lattre, le 2 avril« de maintenir une garnison française à Stuttgart et d'y instituer tout de suite un gouvernement militaire, quoi que puissent dire et penser les Américains »61. Devers proteste mais le général de Lattre, tout en maintenant ses troupes sur place et en laissant toutes facilités aux Américains, lui répond que la décision est du ressort des gouvernements61. L'incident est clos le 28 avril, le président Harry Truman ne souhaitant pas le développement de tensions entre les Alliés au moment où la capitulation de l'Allemagne approche61.

    L'armée de Lattre poursuit sur Sigmaringen, prise par les Français le 22 avril, puis Ulm sur le Danube (24 avril)61, atteint la frontière suisse de Bâle à Constance10. La campagne dite « Rhin et Danube » s'achève au col de l'Arlberg, en Autriche2,10.

    Le 8 mai 1945, le général de Lattre représente la France à la signature de la capitulation allemande à Berlin, au quartier général du maréchal Joukov.

    Après la guerre[modifier | modifier le code]

     
    Monument au maréchal de Lattre de Tassigny à Mantes-la-Jolie par Jacques Le Nantec.

    Du 31 mars 1945 au 27 mai 1945, de Lattre est commandant en chef des forces françaises en Allemagne.

    Le 17 juin 1945, l'escadrille Normandie-Niemen qui regagne la France fait escale à Stuttgart63. Les héros sont reçus par de Lattre. Ils arrivent à Paris, le 20 juin 1945, après une escale à la base aérienne de Saint-Dizier.

    En septembre 1945, de Lattre se rend notamment à Marseille pour féliciter les officiers et les soldats démobilisés de la 4e DMM.

    Entre décembre 1945 et mars 1947, il est inspecteur général de l'Armée de terre etchef d’État-Major général de la Défense nationale2. En mars 1947, il devient vice-président du Conseil supérieur de la guerre en étant maintenu inspecteur général de l’Armée, puis inspecteur général des Forces armées46. D’octobre 1948 àdécembre 1950, auprès du maréchal Montgomery, il est le premier commandant en chef des Forces terrestres de l’Europe occidentale2,10, à Fontainebleau.

    En octobre-novembre 1947, il effectue une mission diplomatique et économique enAmérique latine durant laquelle il a des entretiens avec le président argentin Perón, le président chilien Videla, le président uruguayen Berres et le président brésilien Dutra, ainsi que de nombreux ministres et hauts responsables de ces pays ; il y rencontre également les représentants des communautés françaises et prononce de nombreuses conférences64.

    Guerre d'Indochine[modifier | modifier le code]

    Le 6 décembre 1950, de Lattre devient haut-commissairecommandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient10,2. Il arrive à Saïgon le 17 décembre 195065 et met sur pied une Armée nationale vietnamienne65,10.

    Il redresse la situation au Tonkin et remporte des victoires contre le général Giap, notamment à Vinh Yen2,10(18 janvier 1951)10 — où il se rend personnellement —65, Dong Trieu65Mao Khé2,10 (mars 1951)65, Ninh Binh (mai 1951)65et à la bataille du Day, en juin65.

    De Lattre se rend à Saïgon en juillet pour lancer un appel à la jeunesse vietnamienne et assister, auprès de l'empereur Boao Dai, au défilé du 14 Juillet65.

    En septembre, il assure des missions à Washington2,10,65 — où il est reçu par le président Truman et au Pentagone et répond à une entrevue télévisée dans l'émission Meet the Press sur le problème indochinois66 —, Londres et Rome auprès du pape Pie XII67,2,10.

    Il retourne en Indochine, le 19 octobre, alors qu'une nouvelle attaque du Viet-Minh vient d'être repoussée à Nghia Lo, en pays Thaï65.

    De Lattre doit alors rentrer en France pour participer à la conférence des États associés2 et faire un compte rendu de la situation en Indochine10. Il la quitte définitivement le 15 novembre 1951, après avoir été saluer ses soldats à Hoa Binh où une opération aéroportée vient de se dérouler la veille65.

    Maréchal de France[modifier | modifier le code]

    Épuisé par le surmenage auquel il s'est astreint tout au long de sa carrière et que n'a pas arrangé sa blessure reçue en 1914, très affecté par la mort de son fils Bernard — tué au combat à Ninh Binh, le 30 mai 19512,10 —, et atteint d'un cancer de la hanche, il meurt à Neuilly-sur-Seine le 11 janvier 1952 des suites d'une opération.

    Il est élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, par le président de la République Vincent Auriol, le jour de ses funérailles nationales68,69,70, célébrées le 15 janvier 1952 à la cathédrale Notre-Dame de Paris2 et aux Invalides en présence, entre autres, de Charles de GaulleDwight David Eisenhower et Bernard Montgomery71.

    La dignité de maréchal de France n'avait pas été décernée depuis que l'on en avait honoré les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et, après lui, trois généraux d'armée furent élevés à cette dignité : Alphonse Juin (1888-1967), de son vivant72Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), à titre posthume73 et Pierre Kœnig (1898-1970), à titre posthume74.

    Il est inhumé dans son village natal de Mouilleron-en-Pareds (Vendée), où a été créé le « musée national des Deux Victoires » (rebaptisé par la suite : « Musée national Clemenceau - De Lattre »), qui comprend la maison natale de Jean de Lattre, géré par la direction des musées de France (ministère de la Culture).

    Il fut membre de l'Académie de Stanislas75.

    Distinctions[modifier | modifier le code]

    Source2

    Rubans[modifier | modifier le code]

    Rubans aux couleurs des décorations françaises plus certaines décorations étrangères.

    Legion Honneur GC ribbon.svg Ordre de la Liberation 2nd ribbon.svg Medaille militaire ribbon.svg Croix de Guerre 1914-1918 ribbon.svg
    Croix de Guerre 1939-1945 ribbon.svg Croix de Guerre des Theatres d'Operations Exterieurs ribbon.svg Medaille d'Outre-Mer (Coloniale) ribbon.svg World War I Victory Medal ribbon.svg
    Medaille commemorative de la Guerre 1914-1918 ribbon.svg Medaille des Evades ribbon.svg Ordre de l'Etoile Noire GC ribbon.svg Ordre Royal du Cambodge GC ribbon.svg
    Distinguished Service Medal ribbon.svg US Legion of Merit Commander ribbon.png Ordre de l'Ouissam Alaouite GC ribbon (Maroc).svg Ordre du Mérite Militaire Chérifien ribbon (Maroc).svg
    Order suvorov1 rib.png
     
    Les décorations du général de Lattre de Tassigny conservées aumusée de l'Armée.
     

    Décorations françaises[modifier | modifier le code]

    Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

    Ouvrages[modifier | modifier le code]

    • Première Armée Française – Ordres du jours et Messages, Strasbourg, 1945.
    • Textes du général de Lattre de Tassigny, Paris, 1947.
    • Histoire de la 1re armée française, Rhin et Danube, Paris, édition Plon, 1949, 654 p.
    • Général de Lattre, la victoire à Berlin 1945, Paris, 1949.
    • Œuvres Libres, Paris, 1949.
    • Ne pas subir – Écrits 1914-1952, textes rassemblés et présentés par Élisabeth du Réau, André KaspiMarc MichelGuy Pedroncini et Maurice Redon, Paris, édition Plon, 1984, 562 p.
    • Reconquérir – Écrits 1944-1945 (préface de Henri Amouroux), textes réunis et présentés par Jean-Luc Barre, Paris, édition Plon, 1985, 380 p.
    • De Lattre à l'état-major de Weygand, textes réunis et présentés par Jacques Dinfreville, Revue des deux Mondes, juin etjuillet 1970.

    Iconographie[modifier | modifier le code]

    (liste non exhaustive)

    Hommages[modifier | modifier le code]

     
    Plaque commémorative à la prison Montluc de Lyon.

    La promotion 1951-1953 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan porte son nom.

    Une stèle est érigée dans la prairie de Manziat, dit « terrain de l'Aigle », duquel il s'envola pour Londres.

    Des établissements scolaires, divers édifices, des places, des boulevards, des avenues, des rues, etc., portent son nom :

     

     

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    Paris sous l’Occupation

    Rue de Rivoli.

    Rue de Rivoli. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    L’arrivée des Allemands

     

    Aux aurores du 14 juin 1940, deux camions chargés de soldats allemands et quelques motocyclettes entrent par la Porte de la Villette dans Paris, déclaré “ville ouverte”.

     

    À 5 h 35, des troupes vert-de-gris sont aperçues descendant l’avenue de Flandre en direction des gares du Nord et de l’Est. Une heure plus tard, les Allemands sont aux Invalides.

     

    À 7 h 30, place de la Concorde, le général von Stunitz descend de voiture et s’engouffre dans l’Hôtel de Crillon. C’est le nouveau commandant militaire de la région parisienne.

    Dans la matinée, un drapeau géant à croix gammée flotte sous l’Arc-de-Triomphe (il sera retiré dans la soirée, après protestation des conseillers municipaux), le premier défilé des troupes occupantes a lieu sur les Champs-Élysées. La capitale est saisie de stupeur. 

     

    “L’agonie de Paris se passa dans le calme… Il n’y eut aucune tentative de réaction de la population civile. Il n’y eut rien du tout. Il y eut apathie. La population parisienne, au moins ce qu’il en restait, fit montre d’une indifférence totale” , témoigne le Colonel Groussard

     

     Indifférence pas si totale puisque le Colonel ajoute : 

     

    “À Belleville, comme à Pigalle, à Ménilmontant comme aux Champs-Élysées, les officiers et hommes de troupe allemands étaient sans cesse accostés et partout par des badauds appartenant à toutes les classes de la société, qui riaient avec l’ennemi et lui offraient leurs services à propos de n’importe quoi”.

    Relève de la garde.

    Relève de la garde. Photographie André Zucca, 1941. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Si certains applaudissent et rient, d’autres, pris d’un sentiment d’horreur, ne cachent pas leurs larmes. “Le 14 juin, ils étaient bien là. Je me reverrai, jusqu’à mon dernier jour, seule sur le trottoir du boulevard Haussmann, à 8 heures du matin, me rendant à mon bureau. Ils défilaient impeccables, regardant droit devant eux, ignorant tout ; à midi, ils défilaient, le soir, ils défilaient, le lendemain, le surlendemain, ils défilaient ! Avec horreur, nous les regardions.” témoigne Violette Wassem .

     

    Une autre, anonyme, “Je me suis effondrée sur un banc en pleurant. Une commère, l’air fermé, impassible, m’a dit : Ne pleurez pas tant, ma petite dame. Ça leur ferait trop plaisir” .

    Un ouvrier métallurgiste raconte l’enthousiasme débordant d’une spectatrice :

    J’étais à Paris le 14 juin. Ce que j’en pense ? Pourrai jamais oublier. J’ai pris mon vélo, histoire de faire un tour. J’ai fait tout le 8e, le 6e, le centre, le 9e et le 10e, et un peu de banlieue. Alors, voilà : dans les quartiers riches, rien, pas un chat ; toutes les fenêtres bouclées, le 16e surtout. Dans les quartiers populaires, du monde…

     

    À midi, on fraternisait avec les Fridolins.

     

    Y en avait même qui allait un peu fort. Rue Lafayette, pendant le défilé, une grosse bonne femme pouvait pas tenir en place.

    Elle arrêtait pas :

     

    « Oh ! Qu’y sont beaux ! Et ces chevaux ! Ah ! ils avaient pas mangé depuis dix ans, voyez-moi ça ces beaux hommes ! Et ces canons !

    Et ces motos ! Ah ! ils avaient pas d’essence ? Et pas de matériel ?

    On s’est foutu de nous !

    À la fin, je voyais qu’elle allait applaudir. J’ai été obligé de lui dire :

     

    Dites donc, la petite mère, Tenez-vous un peu ! Y a des gars qui sont morts…

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    Pour beaucoup, pour le “petit peuple” de Paris, c’est l’expression de la rancœur à l’égard d’un gouvernement en débandade qui les a laissés à l’abandon, et du dépit d’avoir été trompés.

     

    Trompés par la propagande française qui, pendant des mois, avait fait passer le message que l’armée allemande manquait de tout, d’essence comme de nourriture, de vêtements comme de munitions, et qu’il n’y avait donc rien à craindre d’hommes nourris au “pâté de harengs sans harengs” et à “l’omelette sans œufs”.

    Ébahi, le Parisien découvre ce 14 juin l’ampleur du mensonge.

     

    Ce ne sont pas de pauvres hères, amaigris et vêtus de loques comme ils s’y attendaient, mais des soldats propres et bien rasés, manifestement bien portants, impeccablement habillés, qui défilent en bon ordre devant leurs yeux.

     

    Des femmes vont jusqu’à toucher les vareuses feldgrau pour s’en convaincre :

     

     “C’est de la vraie laine !” 

     

    Et de plus, ce ne sont pas des barbares :

     

    Ils sont polis. Ils demandent les choses et les paient en marks. Personne ne sait ce que vaut le mark ; aussi leur donne-t-on tout pour rien, mais ils sont polis !”.

     

    Le sentiment qui semble prédominer est une curiosité sans haine, mêlée d’appréhension. 

     

    “On voudrait bien leur parler, savoir d’où ils viennent, dans quel état se trouve l’armée française.

    1940's:

    On ose pas : on tourne autour des autos, on feint de s’intéresser au matériel” 

     

     

    Un journaliste américain note : 

     

    “Je remarque une certaine fraternisation entre les soldats allemands et la population…

    Les troupes allemandes se comportent en touristes naïfs, causant aux Parisiens une agréable surprise” 

     

     

    Rapidement, avec une efficacité que l’on pourra qualifier de toute germanique, l’administration d’occupation se met en place.

     

    Ses objectifs sont clairs : 

     

    “Le régime national-socialiste répondant le mieux aux besoins réels et aux aspirations intellectuelles de l’Européen moderne, il faut inculquer aux peuples vaincus la croyance de la supériorité de ce régime, tout en les détournant de leurs propres gouvernements, coupables de l’avoir combattu.

     

    Ce résultat doit être obtenu par tous les moyens : persuasion, coercition, corruption, etc.”explique Gérard Walter .

     

    La première préoccupation de l’administration allemande fut le rapatriement de ceux qui avaient fui Paris. Un rapide recensement est réalisé le 7 juillet, on compte 1 051 306 habitants (contre 2 879 746 en 1936) dont seulement 160 000 dans les quartiers dits “bourgeois”, 1er, 2e, 6e, 7e, 8e, 9e et 16e arrondissements.

     

     

     

    La psychose collective et l’exode furent principalement une affaire de gens aisés.????

     

    Si Belleville et Ménilmontant vivent comme avant, le 16e est un désert urbain.

     

     

     

    Tout revient vite à la normale, les quelques commerces qui avaient baissé le rideau ouvrent à nouveau, l’animation habituelle renaît dans les rues, des trains spéciaux commencent à ramener les habitants partis. Il est a noter qu’il n’y a eu aucune interruption des services publics (eau, gaz, électricité, métro) et que les grands magasins, comme les maisons de passe, demeurèrent ouverts, y compris le 14 juin.

    Le dimanche 23 juin, second dimanche d’occupation, est ensoleillé.

     

    Les terrasses des cafés sont combles, la foule arpente les grandes artères, comme à son habitude.

    La principale différence visible est le faible nombre de véhicules motorisés (sans compter les drapeaux à croix gammée qui ont remplacé les tricolores sur les édifices officiels, et les soldats allemands qui profitent aussi de la promenade dominicale).

     

     

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    La propagande

     

    C’est le lendemain que le PresseGruppe de la Propaganda-Staffel se met en fonction, il s’agit de “régénérer l’esprit public à Paris”.

     

    Des journaux sont créés par cet organisme pour diffuser la vérité allemande, pour convertir les âmes aux bienfaits du national-socialisme.

     

    Apparaissent ainsi le quotidien La France au Travail, l’hebdomadaire littéraire La Gerbe, et l’infâme Au Pilori, journal violemment antisémite voulu par Joseph Goebbels, sur le modèle du Stürmer.

     

     

    1940s girls.:  

    Par ailleurs, à l’instigation de l’attaché de presse de l’état-major de la Xe armée, deux titres pré-existants ont déjà redémarré, comme Le Matin, le 17 juin, et Paris-Soir, le 22 juin, dans les locaux abandonnés par sa rédaction (Pierre Lazareff).

     

     

     

    D’autres journaux seront créés à l’initiative d’entrepreneurs privés, avec l’aval du PresseGruppe, commeAujourd’hui, le Cri du peupleLes Nouveaux Temps.

     

    Malgré des demandes soumises à la Propaganda-Staffel, des titres sont interdits de reparution. Pour paraître, ou reparaître, outre sa volonté de collaboration active avec les autorités d’occupation, un journal doit faire ses preuves de “pureté raciale”, aucun juif ou capital d’origine juive ne peut y participer.

    Des journaux qui avaient fait le choix de l’exode (à vrai dire imposé le 10 juin par les autorités françaises) rentrent au bercail, L’Illustration en août, L’Œuvre en septembre, Le Petit Parisien en novembre.

     

     

    En juillet-août 1940, beaucoup de “fuyards” sont déjà revenus, les quartiers bourgeois retrouvent un semblant d’activité.

     

    La Propaganda-Staffel s’active à faire redémarrer les cinémas, cabarets, boîtes de nuit, music-halls et théâtres. Paris doit garder son statut de “Ville lumière ”, et pour le plaisir des troupes, femmes dénudées, plumes et strass, doivent retrouver illico les feux de la rampe.

     

    Le haut commandement allemand a en effet décidé que Paris serait le lieu de détente privilégié pour les soldats permissionnaires.

    Musique militaire, place de la République.

    Musique militaire, place de la République. Photographie André Zucca, c. 1943. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Les services de la Wehrmacht sont même convoqués à participer à l’animation artistique de la capitale : des concerts de musique militaire et de classiques allemands (Beethoven, Wagner…) sont régulièrement donnés par des ensembles musicaux de l’armée, place de l’Opéra, au Jardin des Tuileries, sur le parvis de Notre-Dame, place de la République, etc. Ils attirent un public nombreux.

     

     

     

    S’il est possible de se divertir — le “Paris bei Nacht” ne désemplit pas (il faut préciser qu’il faut attendre la fin du couvre-feu pour pouvoir sortir du cabaret ou du “night-club”…) et les théâtres et cinémas affichent complet tous les soirs — les Parisiens découvrent chaque jour de nouveaux tracas de la vie quotidienne.

    Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche.

    Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Les tracas des Parisiens

     

     

    Le premier sujet d’embarras sera les transports.

     

    Le service d’autobus ayant été supprimé, voitures particulières et taxis ayant disparus en raison des rationnements de carburant, le métro est bondé.

     

     

    Et le couvre-feu étant à minuit, il ne faut pas rater le dernier métro qui part à 23 heures du terminus, au risque de devoir passer la nuit dans un commissariat ou… un cabaret. [La situation du métro s’agravera le 11 janvier 1943

    avec la fermeture de 30 stations, par économie.]

     

     

    Vélo taxi.

    Vélo taxi. Photographie André Zucca, c. 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Pour suppléer à ce problème, on verra apparaître tout au long de la guerre, une infinie variété de nouveaux moyens de transport.

     

    Pour remplacer les taxis, les fiacres à cheval du début du siècle sont remis en service. Ils sont sévèrement concurrencés par les vélos-taxis, bien moins chers, qui rencontrent un grand succès. Pour remplacer l’automobile, la bicyclette se fait reine, toute la ville pédale.

     

    Quelques bus équipés au gaz, camions et voitures équipés au gazogène, feront peu à peu leur apparition sur les pavés parisiens.

     

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    Le second sujet de tracas, le chauffage, apparaîtra avec l’arrivée de l’hiver, et le premier de la guerre fut rigoureux. Le charbon est sévèrement rationné dès janvier 1941.

     

    Si les établissements publics sont livrés, les particuliers ont toutes les peines du monde à en obtenir en quantité suffisante. Trois types de cartes de rationnement existent : 

     

    “carte rouge : prioritaire, pour les foyers ne disposant pas de gaz ou électricité pour cuisiner ;

     

    violette : prioritaire, réservée aux foyers sans gaz ou électricité et ayant des enfants de moins de 6 ans ou des vieillards de plus de 70 ans ;

     

    jaune : attribuée à tous les foyers, mais ne pouvant servir que s’il restait un tonnage de charbon disponible après avoir servi les foyers titulaires de cartes rouges et violettes.” 

     

    Autant dire qu’il valait mieux ne pas avoir une carte jaune…

     

     

    Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules.

    Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules. Photographie André Zucca, février 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Enfin, le dernier casse-tête, et non le moindre, est la queue.

     

    Tout ou presque devient rationné et le pays, ponctionné par son “soutien obligé” à l’effort de guerre allemand, s’engage dans une économie de pénurie. Les années passant, chaque rationnement deviendra plus dur.

     

    Des produits sont tout simplement interdits, comme le café.

    Ce à quoi il faut ajouter la très méchante gestion du rationnement par les administrations françaises…

     

    Cette pitoyable gestion fait penser à certains que, par “acte de résistance”, les fonctionnaires français s’ingénient à pourrir la vie de leurs concitoyens afin d’entretenir un ressentiment à l’égard de l’occupant.

     

    D’autres n’y verront que l’exercice libéré d’une inclination naturelle du fonctionnaire à rendre tout compliqué, même la chose la plus simple.

     

    Ainsi, à titre d’exemple, un ouvrier mécanicien, faisant un métier salissant, avait le droit à 250 grammes de savon supplémentaires. Le journal Les Nouveaux Temps rapporte le 3 mai 1941 les avanies subies pour les obtenir :

    1. Se présenter à la mairie pour obtenir, après attente, la délivrance d’un imprimé spécial.

    2. Une fois muni de cet imprimé, se présenter à la Chambre des Métiers, quai de Jemmapes.

    3. À la Chambre des Métiers, s’entendre réclamer :
    a) la feuille d’immatriculation au registre des métiers ;
    b) les reçus du percepteur justifiant le paiement en 1939 et en 1940 de la taxe pour frais de ladite chambre ;
    c) un certificat d’inscription à titre personnel à une caisse de compensation.

    4. Se procurer les trois pièces ci-dessus mentionnées.

    5. Retourner à la mairie.

    Et, au bout de deux mois, tout est à recommencer, parce qu’il faut bien s’assurer que notre ouvrier mécanicien n’ait pas changé de métier…

     

     

    Le ressentiment des Parisiens se porte contre les petits commerçants, épiciers, bouchers et les fameux BOF (beurre, œufs, fromage), accusés, souvent à raison, de profiter de la situation, d’organiser des pénuries, de frauder sur la qualité des produits et d’alimenter le marché noir. “Qu’est que vous feriez après la guerre, quand la prospérité sera revenue ?

     

    — Moi, répondit-elle, je mettrai le feu chez mon épicier” 

     

    “Tous les soirs quand je rentre chez moi, je suis tenté d’aller casser la figure de mon épicier et de ma crémière. Je n’exagère pas.

     

    La muflerie, l’imbécillité du commerçant deviennent quelque chose de sensationnel.” ajoute un modeste employé 

    Il fut un temps où l’on disait que le Français avait peur de sa concierge.

     

    Maintenant, c’est sa marchande de pommes de terre qu’il craint.

     

    Si, des fois, elle vous coupait les vivres ! Alors, il se fait très petit, très aimable, humble presque. Il ne lui viendrait pas à l’idée de rouspéter parce qu’il lui a semblé qu’il n’avait pas son poids ou bien parce que ses carottes étaient abîmées. D’ailleurs, ce se serait vite fait :

     

    — Vous n’êtes pas content ? Bon, au suivant.

    La Princesse du Navet a le geste noble. Il faut la voir jongler avec ses légumes et d’un geste dictatorial flanquer la ration dans les bras du client.

    Et sans papier, encore.

    Il est préférable de ne pas trop se bousculer en faisant la queue.

    — Alors quoi ! Silence dans les rangs, ou j’arrête de servir.

    Silence immédiat. On ne contrarie pas une marchande de légumes, par le temps qui court. [8]

    Le ravitaillement deviendra l’obsession numéro un du Parisien. Une économie “souterraine” va très rapidement se mettre en place pour répondre aux fortes attentes, avec toute la force du génie français tel qu’on le connaît.

     

    Là, plus qu’ailleurs, le “système D” va faire ses preuves de créativité.

     

    Que vous ayez besoin de tabac ou d’un nouveau costume, inutile d’attendre du marché officiel.

    L’un des problèmes qui alimentent la pénurie est que les prix ont été bloqués par les autorités allemandes dès le 14 juin 1940.

     

    Beaucoup de commerçants, espérant un plus juste bénéfice, vont ainsi créer un marché parallèle, un marché de fond de boutique.

     

    Ce n’est pas que le produit manque, c’est qu’ils ne veulent pas le vendre proche de la perte. Mais, au-delà des commerçants soucieux de préserver leurs marges, c’est quasi toute la population qui va s’engager avec frénésie dans la fièvre du commerce, les petits trafics, les combines…

     

    Chacun s’improvise une activité secondaire, jusqu’à l’écolier qui fera contrebande de plumesSergent-Major. Le troc va également connaître un renouveau spectaculaire.

     

    Ainsi, les cours d’école se transforment en bourses d’échanges très actives, biscuit vitaminé contre chocolat, crayons contre savon, etc.

     

     

    Ce qu’on appelle le “marché noir” n’est pas l’affaire exclusive de quelques trafiquants mafieux, c’est toute la société qui y participe. Même si les “bas-fonds” ne sont pas sans s’intéresser au nouveau marché. Certains vont effectuer des reconversions “professionnelles”… pour un maquereau, le savon et le bas de soie rapportent bien plus que son “entreprise” faisant les cent pas sur le trottoir.

     

    Et, il n’est pas impossible de concilier les deux activités…

    Et ne parlons pas des fausses cartes de rationnement qui deviennent presque monnaie courante… Ainsi, la vie s’organise…

     

    Et les policiers, qui sont également dans le système, ont tendance à fermer les yeux. Allez-vous arrêter la jeune fille qui vous fournit en savonnettes sans ticket à 10 francs ?

     

    La loi vous l’imposerait, mais votre hygiène s’y refuse. Au pire, et si vous étiez un policier vraiment très malfaisant, vous l’obligeriez juste de vous nettoyer une certaine partie de votre anatomie avec les moyens que la nature offre.

    Kommandantur, place de l’Opéra.

    Kommandantur, place de l’Opéra. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Révélateur d’une société, un triste phénomène va connaître son âge d’or : la délation, généralement anonyme. Un nombre appréciable de Parisiens va être pris de fièvre épistolaire, les journaux, administrations et autorités d’occupation en reçoivent des sacs entiers, où il est bien difficile de séparer le bon grain de l’ivraie (on y renonce souvent d’ailleurs). La presse de la collaboration va jusqu’à s’en plaindre, c’est dire…

     

    Et sans aller jusqu’à la dénonciation, une menace prisée par les plus vils éléments est 

     

    “J’irai le dire à la Kommandantur”.

     

    À la Kommandantur, ce genre de dénonciations abusives, pour des motifs souvent futiles, provoque plus le dégoût à l’égard du peuple français qu’autre chose.

    Activité, heureusement plus généralisée, est l’écoute de la radio anglaise.

     

    Car, chacun sait “Radio Paris ment, Radio Paris est allemand”.

     

    Cela n’a rien de secret, même le rédacteur en chef du journal La Gerbe, créé par laPropaganda-Staffel, en parle :

    — La radio anglaise !

    Tout le monde aussitôt se tait. Nous sommes dix à table, mais toutes les conversations s’arrêtent. Seul un jeune homme qui n’a pas entendu continue à parler, penché vers sa voisine. Le maître de la maison qui s’est levé pour tourner les boutons de son poste le rappelle fermement à l’ordre.

    — Voyons, mon cher, c’est l’heure de la radio anglaise.

    Le jeune homme rougit, baisse le nez dans son assiette. Plus un bruit. Le maître d’hôtel se tient au garde-à-vous. Tournés tous vers le cadran lumineux de l’appareil, nous attendons la voix de Londres.

    Je regarde les convives autour de moi. Tous, l’an passé, se sont enfuis. Concours de vitesse et concours d’égoïsmes…

     

    Mais aujourd’hui il n’y a pas plus braves que mes compagnons. Bien attablés, sirotant leur calvados, digérant un excellent gigot du marché noir, ils n’ont plus peur de rien : ils sont des héros, pensez donc, ils écoutent Londres ! 

     

    La “question juive”

     

    Comme bien ailleurs en Europe, l’un des épisodes les plus douloureux de l’Occupation à Paris fut la déportation des Juifs vers les camps de concentration et d’extermination, et ce, avec la participation des autorités françaises.

     

     

     

    16-17 juillet 1942, rafle du Vel'd'Hiv :

    13152 juifs dont 4115 enfants conduits à l'abattoir.

    Moins de 100 survécurent.

    16-17 juillet 1942, rafle du Vel'd'Hiv : 13152 juifs dont 4115 enfants conduits à l'abattoir. Moins de 100 survécurent.  

    Pour la Propaganda-Staffel, la première étape est de faire croire à la population que les mesures anti-juives ne sont pas l’initiative des Allemands, mais le résultat du souhait “légitime” des populations locales, mues par un profond ressentiment à l’égard des Juifs.

     

     

     

     

     

    Les premières opérations furent donc l’organisation de manifestations antisémites “spontanées”.

    Afin de pouvoir ensuite dire “peuple français, nous vous avons entendus et compris, vous ne voulez plus des Juifs sur votre territoire, nous allons vous y aider”…

     

    Buses used in Paris during the roundup of Vel'd'Hiv, 16 and 17 July 1942, stationed along the Velodrome d'Hiver. This is the only picture found in the press archive, and it was forbidden its publication in July 1942.:

    Le journal Au pilori (créé par le PresseGruppe), reçoit la mission de recruter des jeunes Français pour ces manifestations.

     

    C’est ainsi que naquirent deux formations d’action, sous le haut patronage

    du Parti Français National Collectiviste, le Jeune Front — sous la direction de Robert Hersant —

    pour les jeunes de 16 à 20 ans, et la Garde Française pour les 21 ans et plus.

     

    La première mission de ces jeunes Français collaborateurs fut de distribuer des tracts antisémites, notamment aux entrées de magasins tenus par des Juifs, dès juillet 1940.

     

    Le 3 août, une vitrine de boutique est brisée, le 7 août, des vendeurs du Pilori pénètrent dans des commerces et renversent des comptoirs.

     

    La première action d’envergure aura lieu le 20 août 1940.

    Pendant deux heures, en plein jour, un groupe de jeunes gens va briser très méthodiquement les vitrines de tous les magasins supposés juifs de l’avenue des Champs-Élysées, en y lançant des briques.

    Ils iront ensuite célébrer leur forfait au siège du Jeune Front, au n°36 de l’avenue.

     

    paris-occupation-05.jpg

     

     

    Siège du “Jeune Front”, 36 avenue des Champs-Élysées. © LAPI / Roger-Viollet, 1940.

    Thomas Kernan, citoyen américain, éditeur du Vogue français et représentant des éditions Condé-Nast en Europe, assiste à la scène  :

     

     

     

     

    J’étais debout par hasard au balcon de mon bureau sur les Champs-Élysées, causant avec un de mes collègues, lorsque nous entendîmes des cris du côté de l’Étoile.

     

    Un roadster  jaune descendait l’avenue presque déserte… un jeune homme revêtu d’une manière d’uniforme était debout dans le tonneau et hurlait :

     

    « À bas les Juifs ! »

     

    Il laissa comme un sillage de verre brisé derrière lui, car à mesure que l’auto passait devant chaque magasin de confection des Champs-Élysées, un jeune homme en uniforme posté à chaque endroit lançait une brique enveloppée de journaux dans la vitrine.

     

    Devant mes yeux étonnés, les grandes vitrines de Cedric, de Vanina, d’Annabel, de Brunswick, de Marie-Louise, de Toutmain, — il y avait là pour un million de francs de glaces, — tombèrent en éclats sur le trottoir. La plupart, sinon tous ces établissements appartenaient à des Juifs, et avaient été rouverts par leurs fidèles employées françaises, qui se tenaient dans les allées en tremblant et en pleurant.

     

    Leur mission terminée, les jeunes gens en uniforme déambulèrent sur l’avenue jusqu’au numéro 36, au quartier général du Jeune Front, et se penchèrent aux fenêtres en riant et en ricanant face à la foule indignée qui s’était attroupée.

     

     

    Je vis un officier allemand sortir de l’Hôtel Claridge [74, avenue des Champs-Élysées] qui venait d’être transformé en bureaux pour les siens, au moment où une brique fracassait la vitrine voisine.

     

    Cet officier mit la main au collet du vandale, mais celui-ci tira une carte de sa poche.

     

    J’ignore la nature de cette carte, mais je vis l’officier y jeter un coup d’œil, puis se hâter de relâcher son prisonnier.

     

     

     

     

    Après deux mois de propagande et d’agitation antisémite,

     

    ce fut le début d’une série d’ordonnances discriminatoires et spoliatrices.

     

    Les Juifs doivent se faire enregistrer auprès des services de police et les commerces doivent afficher l’inscription “entreprise juive” (ordonnance du 27 septembre). Les Juifs doivent avoir une carte d’identité tamponnée “Juif” (7 octobre).

     

    On recense les “entreprises juives” en vue de leur passage sous le contrôle d’administrateurs “aryens” (ordonnance du 18 octobre).

     

    Les biens juifs réputés abandonnés sont mis sous séquestre. Etc.

     

     

    L’internement de Juifs en camps de détention débuta à Paris en mai 1941.

     

    Grâce à l’enregistrement des Juifs de septembre-octobre 1940, on connaissait leur nombre et leur localisation pour au moins 90 % d’entre eux (149 734 personnes dans le département de la Seine,

    enregistrées dans le fichier “Tulard”

     

    La cible fut d’abord les Juifs n’ayant pas la nationalité française (64 070 recensés dans la Seine), plus tard viendront les nés en France de parents étrangers et les naturalisés.

     

     

    Le 14 mai 1941, environ 3 700 hommes (allemands, tchèques et polonais) se rendirent d’eux-mêmes dans plusieurs centres parisiens (gymnase Japy, caserne des Minimes, rue de la Grange-aux-Belles, rue Édouard Pailleron), suite à la réception par voie postale de convocations pour “examen de situation”.

     

    Il s’agissait d’un piège qui se transforma en arrestation immédiate par la police française. Ces hommes furent acheminés vers les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, où ils resteront plusieurs mois, jusqu’aux premières déportations de 1942.

     

     

    La presse parisienne se félicite de cette action (tout en exagérant le nombre) : 

     

    “Cinq mille Juifs sont partis, cinq mille Juifs étrangers ont couché leur première nuit dans un camp de concentration. Cinq mille parasites de moins dans le grand Paris qui en avait contracté une maladie mortelle.

     

    La première ponction est faite, d’autres suivront”

     

    . Dans le grand public, cette opération passe relativement inaperçue et ne suscite aucun émoi particulier, ce sont des étrangers, souvent des réfugiés de fraîche date…

    Paris 1941 ~ Pierre Laval ~ (28 June 1883 – 15 October 1945) was a French politician. Following France's surrender & Armistice with Germany in 1940, he served twice in the Vichy Regime as head of government. He signed orders permitting the deportation of foreign Jews from French soil to the Nazi death camps.  After Liberation (1945), he was arrested by the French government under General de Gaulle, found guilty of high treason, & executed by firing squad.:  

     

    Paris 1941 ~ Pierre Laval ~ (28 June 1883

    – 15 October 1945) was a French politician. Following France's surrender & Armistice with Germany in 1940, he served twice in the Vichy Regime as head of government. He signed orders permitting the deportation of foreign Jews from French soil to the Nazi death camps. After Liberation (1945), he was arrested by the French government under General de Gaulle, found guilty of high treason, & executed by firing squad.


     

    Une première rafle aura lieu les 20 et 21 août 1941, le prétexte est une 

    “opération menée en représailles à l’agitation communiste”.

     

    4 232 hommes de nationalité étrangère, sont arrêtés par la police française

    (encadrée cette fois-ci par des Allemands), principalement dans 11e arrondissement.

    Ils sont envoyés dans le tout nouveau camp d’internement de Drancy.

     

     

    Le 6 septembre 1941, l’infâme exposition antisémite “Le Juif et la France” est inaugurée au Palais Berlitz, boulevard des Italiens.

     

     

     Le Rafle (The Round Up) Early in the morning of July 16, 1942, the French police arrested over 13,000 Jews including 4,000 children and detained them at the Vélodrome. Kept under horrendous, unsanitary conditions for days, they were then shipped to the transit camp at Drancy and on to Auschwitz. Almost all of them died.... About 76,000 Jews were deported from France between 1940 and 1944. Only 2,500 are believed to have survived the death and concentration camps.:

    C’est une “création” française…

     

     

    Une seconde rafle, plus modeste mais plus “visible”,

    vise 743 hommes le 12 décembre 1941, dans le milieu des notables et des intellectuels, et pour la première fois, essentiellement de nationalité française.

    Celle-ci est organisée directement par les Allemands en 

     

    “représailles à une série d’attentats anti-allemands”, avec l’assistance de la police française.

     

     

    Les prisonniers partiront au camp de Compiègne.

     

    Quelques-uns, chefs d’entreprises, commerçants, ingénieurs, médecins, avocats ou universitaires, sont libérés dans les semaines qui suivent, mais la plupart restent emprisonnés pour attendre le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation.

     

     

    Rue de Rivoli, 1942.

    Rue de Rivoli. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

     

     

    Le 29 mai 1942, une ordonnance allemande obligeant les Juifs de plus de 6 ans à porter

    l’étoile jaune en zone occupée est publiée.

     

    Elle est applicable à partir du dimanche 7 juin 1942.

     

    Le 5 juin, la Propaganda-Staffel est inquiète, des rapports concordants font état de désordres organisés pour le 7 juin par les gaullistes et les communistes.

     

    Elle transmet un rapport à la Sûreté allemande :

    Suivant des rapports qui nous parviennent d’heure en heure, les milieux gaullistes et communistes font une propagande massive pour provoquer des troubles dimanche prochain. Les directives données sont les suivantes : sur les grands boulevards, tous les Juifs pourvus de l’étoile jaune devront être salués par des manifestations de sympathie… Il est projeté que les non-Juifs gaullistes et communistes circulent dans les rues portant l’étoile jaune, munie à la place de l’inscription “Juif” du nom d’une province française.

    Un mot d’ordre circule également parmi les Juifs d’aller se promener ce même jour sur les grands boulevards. Dépitée, la Propaganda-Staffel notera le lendemain : “Ce mot d’ordre a été suivi : il était frappant de voir en quelle quantité la juiverie parisienne était présente sur le parcours indiqué”. Et la propagande allemande a un autre motif de dépit, c’est que la population semble manifester de plus en plus de solidarité avec les Juifs.

    Des Parisiens suivirent le projet “gaullo-communiste”, on a pu ainsi voir dans les rues des étoiles jaunes marquées “breton”, “basque”, “auvergnat”, “goï”, “zoulou”, “zazou”, “papou”, “swing”… Certains seront arrêtés et invités à “réfléchir à la portée de leur geste” pendant 3 mois au camp de Drancy. Les plus prudents se contenteront d’une pochette jaune, ou autre accessoire de même couleur. La presse de propagande est en rage :

    Malgré la répugnance qu’a maintenant l’ensemble des Français pour les Juifs, il se trouve encore des jeunes gens très « swing » [13] qui, complètement enjuivés par leurs fréquentations, témoignent de la sympathie à l’égard des Israélites et portent également une étoile jaune. Le gouvernement se doit de retrancher de la communauté française ces éléments indésirables et de satisfaire à leur désir d’appartenir à la communauté juive en les pourvoyant d’un authentique état d’Israélite et en les recensant comme tels. Ils pourront ainsi bénéficier sans exception de toutes les mesures que nous serons amenés à appliquer aux Juifs. [14]

    Étoiles juives saisies par les autorités françaises.

    Fausses étoiles juives saisies par les autorités françaises.

    Ces manifestations ne sont pas le seul fait de jeunes “zazous”, mais aussi d’ouvriers, de fonctionnaires, etc. de tous âges. Par exemple, Mme Lemeunier, 58 ans, sans profession. Elle sera emprisonnée à Drancy pour avoir porté une étoile jaune brodée d’une croix (l’étoile en question figure en bas à gauche sur la photo ci-dessus).

    La persécution des Juifs, français comme étrangers, s’intensifie encore le 8 juillet 1942 avec une ordonnance particulièrement sévère. Celle-ci leur interdit l’accès aux restaurants, cafés, bars, théâtres, cinémas, concerts, cabines de téléphone public, marchés, piscines, musées, bibliothèques, monuments historiques, manifestations sportives, champs de courses, parcs, etc.

    “Les Juifs ont voulu la guerre. La malfaisance de leur race a jeté le monde entier dans cet affreux conflit.

     

    Au regard de ce crime, les dernières mesures édictées sont bénignes.” peut-on lire dans Le Petit Parisien du 15 juillet.

    #199 ❘ La rafle du Vel’ d’Hiv’ ❘ 17 juillet 1942:

    Effectivement, ces mesures pourraient paraître presque “bénignes” au regard de celles qui allaient immédiatement suivre, les 16 et 17 juillet,

    avec la grande rafle du Vélodrome d’Hiver.

     

     

    Cette énorme opération vise principalement les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques et russes.

     

    Elle aboutira à l’arrestation de 12 884 Juifs à Paris et en banlieue.

     

     

    En moins de quarante-huit heures (de quatre heures du matin, le 16 juillet, jusqu’au lendemain, le 17 juillet à treize heures), la police a arrêté 12 884 Juifs à Paris et en banlieue.

     

    C’est une première même si, en raison des « fuites », le nombre des arrestations est inférieur aux prévisions.

     

    Pendant la rafle du Vél d’Hiv, les autorités policières n’ont pas arrêté uniquement des hommes dans la force de l’âge.

     

    Elles ont également appréhendé cette fois-là des hommes de plus de 60 ans, des malades, des femmes (5 802) et même des enfants de moins de 16 ans (4 051).

     

     

    La fiction d’un « transfert de population à l’Est pour du travail » vole donc en éclats.

    Une opération d’une telle ampleur a été nécessairement longuement et soigneusement préparée.

     

    Certains chiffres sont d’ailleurs éloquents. Il faut souligner en particulier que 9 000 fonctionnaires français (et parmi eux 4 000 policiers) ont été mobilisés pour cette rafle baptisée non sans ironie « opération vent printanier ».

     

    À cette occasion, on a retiré rien moins que 27 000 fiches de Juifs (recensés en application des lois de Vichy) d’un fichier de la préfecture de police (le fichier « Tulard »), de manière à pouvoir les distribuer, sur le terrain, aux équipes policières chargées des arrestations.

     

     

    L’opération, sans précédent dans les annales policières françaises, a été conçue à l’initiative des occupants.

     

    Elle est menée toutefois, de bout en bout, sous les ordres de Pétain, Laval, Bousquet, Leguay et de la hiérarchie administrative et policière de l’État français.

     

    Au-delà du nombre de fonctionnaires français impliqués dans cette rafle, il faut rappeler aussi la mobilisation d’une soixantaine de cars de la police et de la TCRP (l’ancêtre de la RATP) pour l’acheminement des Juifs arrêtés vers Drancy et le Vélodrome d’Hiver (situé dans le XVe arrondissement).

     

     

    Il faut souligner d’autre part que ce complexe parisien, destiné avant tout aux grandes manifestations sportives, n’était pas approprié pour l’accueil d’une population hétérogène parmi laquelle, nous l’avons souligné, figuraient un grand nombre de jeunes enfants.

     

    De plus, pratiquement rien n’avait été prévu pour un enfermement durable d’une telle population.

     

    Les 8 000 personnes parquées dans l’enceinte du complexe sportif entre le 16 et le 22 juillet ont donc dû faire face au manque d’eau, à des conditions d’hygiène lamentables et à un bruit continuel.

     

    Dans cette confusion, on enregistre d’ailleurs de graves problèmes sanitaires et une multiplication de suicides et de tentatives de suicides.

     

    La situation ne se normalise que lentement, lorsque le Vél d’Hiv se vide progressivement, à la suite du transfert des internés vers Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande.

     

    Dans ces camps, le chaos et l’improvisation étaient certes moins poussés.

     

    Le répit n’a été qu’une illusion de courte durée pour les internés du Vél d’Hiv car la plupart d’entre eux ont été ensuite déportés. Leurs noms figurent dans les 38 convois à destination d’Auschwitz qui quittent la France entre le 17 juillet et le 11 novembre 1942.

    [Claude Singer, historien à l’université de Paris I. Revue “Les Chemins de la Mémoire” n° 119 - Juillet-août 2002. Source.]

     

     

    En France (selon le Mémorial de la Shoah et le décompte de Serge Klarsfeld), 51 000 Juifs étrangers ou apatrides et 24 700 Juifs de nationalité française (13 % des Juifs de nationalité française, dont environ 1 tiers de Français “de souche”,

     

    1 tiers de nés en France de parents étrangers ou apatrides, et 1 tiers de naturalisés) ont été déportés. Bien peu reviendront des camps allemands.

     

     

    La Résistance

     

     

    Dès juillet 1940 et pendant toute la guerre, la désapprobation des Parisiens se manifeste par de petits gestes… Il y a la “guerre des graffitis” : 

     

    “Vive de Gaulle”“Mort à l’envahisseur”, partout et en tous lieux, qui réapparaissent sitôt après avoir été effacés. Il y a l’ouvrier typographe qui fait une “malheureuse” coquille :“Le président du Conseil municipal de Paris remettra auojurd’hui (sic) au Maréchal PÜTAIN (sic) une médaille en argent.” (Le Cri du Peuple, 24 avril 1942).

    La première étape importante est la guerre de l’information, principalement menée par les communistes. Il s’agit d’imprimer clandestinement des tracts et de les diffuser. Du 1er juillet au 7 décembre 1940, 1 141 personnes sont arrêtées pour ces faits. Pour le citoyen ordinaire,

     

     

    il n’est pas rare d’entrer dans une rame de métro au sol jonché de tracts ou de croiser un cycliste qui en jette à tous vents.

     

     

    (L’un de ces diffuseurs de tracts communistes s’appelle Guy Môquet, il est arrêté le 13 octobre 1940 à l’âge de 16 ans, au métro Gare de l’Est.)

    Le 11 novembre 1940, une manifestation d’étudiants place de l’Étoile est sévèrement réprimée, occasionnant quelques blessés par balles et de nombreuses arrestations. Le 23 décembre, Jacques Bonsergent, 27 ans, est le premier civil fusillé, pour avoir participé à une bousculade avec des soldats allemands aux abords de la gare Saint-Lazare, le 10 novembre.

     

     

    Sortie de la messe, église de la Madeleine.

    Sortie de la messe, église de la Madeleine. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Le premier acte “terroriste” à Paris est en date du 13 août 1941, avec l’assassinat d’un officier allemand près de la porte d’Orléans. Le 21 août, un autre officier est abattu sur un quai du métro Barbès. Ce sont les premiers d’une longue série. Ils correspondent à l’organisation des premiers groupes communistes de combat dans la capitale, courant juillet.

    L’autre cible de ces groupes est l’élimination des “traîtres et renégats”, ces communistes ayant versé dans la collaboration active. Ce programme débute le 5 septembre 1941 avec la mort, rue des Lilas, de Marcel Gitton, ex-communiste, dirigeant du Parti ouvrier et paysan français. Le second visé est Fernand Soupé, ancien maire communiste de Montreuil, membre du Parti populaire français, qui fut grièvement blessé le 22 décembre 1941, mais s’en tira. Début juin 1942, c’est le tour d’Albert Clément, ex-communiste, membre du Parti populaire français et rédacteur en chef du Cri du Peuple, qui est abattu rue Vivienne.

    Le 8 janvier 1942, un agent de police est abattu boulevard Magenta.

    Le premier “procès” contre des “terroristes” débuta le 4 mars 1942 à la Chambre des Députés, c’est celui du groupe de Gilbert Brustlein (Bataillons de la Jeunesse).

     

    Les sept jeunes résistants sont condamnés à mort. Ils sont exécutés le 9 mars au Mont Valérien.

    Le second eut lieu le 14 avril 1942, 27 accusés communistes.

     

    Exécutés le 17 avril au Mont Valérien.

    Ce procédé “médiatique” des procès est alors délaissé, jugé moins “payant” par les autorités d’occupation que les exécutions d’otages. Ces exécutions par représailles permettent en outre de se débarrasser de gens qui n’ont rien à voir avec la résistance communiste.

     

     

    Le 31 mai 1942, c’est la “révolte des femmes”. Un groupe de femmes communistes manifeste rue de Buci, devant un entrepôt de marchandises destinées à l’Allemagne, ameute les ménagères et les incite à se servir en boîtes de conserve, sucre, etc. La police charge. Les Francs-Tireurs et Partisans chargés de la protection ripostent. Arrêtés et déférés devant une cour spéciale, ils sont condamnés à mort pour cinq d’entre eux.

    Café Le Pam-Pam, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince.

    Café “Le Pam-Pam”, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance se réunit, 48 rue du Four.

    L’un des attentats les plus spectaculaires fut celui organisé le 28 juillet 1943 par le petit groupe de Francs-tireurs et partisans - Main-d’Œuvre Immigrée de Marcel Rayman (Polonais juif âgé de 17 ans), qui réussit à jeter une bombe dans la voiture du général-commandant du Grand Paris, Von Schaumburg, à l’angle de la rue Nicolo et de l’avenue Paul Doumer.

    L’assassinat annoncé de ce très haut dignitaire, signataire des affiches placardées dans Paris annonçant l’exécution des otages et résistants, était d’une grande portée symbolique. (“Il fut avéré bien des années plus tard que le général avait été remplacé par une doublure et qu’il était depuis longtemps sur le front de l’Est. Mais l’effet fut le même puisque nous avions visé la fonction autant que l’homme et surtout nous avions démontré qu’il était possible de le faire.” explique Henry Karayan [15].

    Avec la prolifération des attentats à partir de 1942-43, les représailles, arrestations, procès expéditifs, exécutions vont se multiplier jusqu’à l’insurrection et la libération en août 1944, provoquant à la fois dégoût et mobilisation parmi la population.

    Le 17 février 1944, c’est le procès de “l’affiche rouge”. Les 22 jeunes hommes sont fusillés le 21 février au Mont Valérien. La seule femme, Olga Bancic, sera décapitée en Allemagne le 10 mai.

    Ultime geste d’une armée en cours d’évacuation, 42 jeunes gens sont fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne, le 16 août 1944. Le 19 août, l’insurrection commence, le 25 août, les chars du général Leclerc entrent dans la capitale. À 14 h 45, le Paris allemand capitule définitivement.

    Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées.

    Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées. Photographie André Zucca, août 1944. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

    • [#1] Gérard Walter. “La vie à Paris sous l’occupation, 1940-1944”. Armand Colin, Collection Kiosque dirigée par Jean Pinet, 1960.
    • [#2] Georges Groussard, né en 1891 et décédé en 1980, connu sous le nom de colonel Groussard, fut un résistant français. En juin 1940, il était chef d’état-major de la région de Paris.
    • [#3] La Révolution Nationale. 9 novembre 1941.
    • [#4] La Gerbe. 11 juillet 1940.
    • [#5] La France au travail. 7 juillet 1940.
    • [#6] La Gerbe. 4 décembre 1941.
    • [#7] La Gerbe. 13 novembre 1941.
    • [#8] France-Europe. 26 novembre 1943.
    • [#9] La Gerbe. 21 août 1941.
    • [#10] Thomas Kernan (1903-1975), “France on Berlin Time”. J. B. Lippincott & Co., New York, 1941. Publié en français à Montréal sous le titre “Horloge de Paris, heure de Berlin” en 1942 (Éditions de l’Arbre).
    • [#11] Roadster (WP-eng). Automobile légère à deux places, sans toît et sans fenêtres latérales.
    • [#12] Paris-Midi. 15 mai 1941.
    • [#13] Swing. Mot de ralliement des jeunes “zazous”.
    • [#14] Le National Populaire. 20 juin 1942.
    • [#15] Discours de M. Henry Karayan, membre du Groupe Manouchian, le 29 août 2004, lors de l’inauguration d’une place “Groupe Manouchian” à Issy-les-Moulineaux. Source

     

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    Emmanuel Astier De La Vigerie (D')

     

    Compagnon de la Libération

     
     
    Emmanuel d'Astier de la Vigerie est né le 6 janvier 1900 à Paris.
     
    Ses frères aînés Henri et François sont tous deux également
    Compagnon de la Libération.

    Après des études au lycée Condorcet, puis à l'école Sainte-Geneviève à Versailles, il entre à l'École navale en 1919.

    Il démissionne de la Marine en 1931 pour entamer une carrière journalistique.

    Mobilisé en août 1939 au centre de renseignements maritimes de Lorient, il rejoint, en juin 1940, le 5e Bureau replié à Port-Vendrès avant d'être démobilisé le mois suivant.

    Dès septembre 1940, refusant l'armistice, il fonde à Cannes le mouvement
     
    La Dernière Colonne, qui se destine au sabotage.

    Après l'arrestation du co-fondateur, Edouard Corniglion-Molinier, en décembre 1940, il gagne Clermont-Ferrand où règne une atmosphère favorable à la Résistance, notamment au sein de l'équipe de rédaction de La Montagne.

    En janvier 1941, La Dernière Colonne étant décimée par les arrestations, il entre dans la clandestinité sous le pseudonyme de Bernard.

    Il crée en juin 1941, avec Jean Cavaillès, le mouvement Libération qui, avec Combat et Franc-Tireur, deviendra l'un des trois plus importants mouvements de résistance de la zone sud.
     
     
    Libération recrutant le plus souvent ses membres dans les milieux syndicaux (CGT) et socialistes.
     
     
    A la tête de du mouvement il fait paraître affiches, tracts et le journal du même nom dont le premier numéro paraît en juillet 1941.

    En janvier 1942, une liaison est établie avec Londres par Yvon Morandat, représentant du général Charles de Gaulle,
    puis par Jean Moulin qu'Emmanuel d'Astier rencontre pour la première fois.
     
     
    En mars a lieu la première réunion, à Avignon des responsables de Libération, Combat et Franc-Tireur sous la présidence de Jean Moulin.

    Emmanuel d'Astier effectue lui-même, par sous-marin, une mission à Londres en mai 1942 au cours de laquelle
     
    il rencontre le général de Gaulle.
     
    Envoyé en mission à Washington, en juin 1942, il est chargé de négocier auprès de Roosevelt la reconnaissance de la France libre.

    Il repart pour la France à bord d'un chalutier en juillet 1942, avec le titre de chargé de mission de 1ère classe, équivalant au grade de lieutenant-colonel.

    En novembre 1942, après un deuxième voyage à Londres, il regagne la France avec Henri Frenay et est désigné pour siéger au Comité de coordination des Mouvements de Résistance qui devient, en janvier 1943, le Directoire des Mouvements unis de Résistance (MUR) dont il est le commissaire aux affaires politiques.

    Emmanuel d'Astier repart pour Londres en avril 1943, et, retourne en métropole en juillet 1943, à la suite de l'arrestation de Jean Moulin.

    De retour à Londres en octobre 1943, il prend les fonctions de commissaire à l'Intérieur du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Alger à partir de novembre 1943.
     
    Emmanuel d'Astier est membre du COMIDAC, Comité d'action en France, institué en septembre 1943 à Alger et chargé de définir la stratégie et les crédits affectés à l'action de la résistance métropolitaine.
     
     
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    Dans ce cadre, il rencontre Churchill à Marrakech en janvier 1944 pour lui demander des armes pour la Résistance.

    A partir de la création du Gouvernement provisoire de la République française en juin 1944, Emmanuel d'Astier devient ministre de l'Intérieur.
     
    Il débarque en France en juillet 1944.

    Il quitte ses fonctions en septembre 1944 après avoir refusé la proposition de servir comme ambassadeur à Washington.

    Elu député communiste de l'Ille-et-Vilaine de 1946 à 1958.
    Prix Lénine de la Paix 1957.

    Il fonde le quotidien Libération puis en 1966, le mensuel l'Événement.

    Membre titulaire des programmes de radiodiffusion.

    Emmanuel d'Astier de la Vigerie est décédé le 12 juin 1969 à Paris, il est inhumé au cimetière d'Arronville (Val d'Oise).

    • Chevalier de la Légion d'Honneur
    • Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1943
    • Croix de Guerre 1939-45

    21/07/2011
    Lien : Ordre de la Libération

     

    PRINCIPALES PUBLICATIONS :

    • La Douleur sur les tréteaux, Paris, Au sans pareil1925

    (sous le pseudonyme d'Emmanuel Rancey)
    • Passage d'une Américaine
    , Argenteuil, impr. R. Coulouma 1927

    • Sept jours en été, Alger, Éd. de la Revue Fontaine 1944
    • Avant que le rideau ne tombe, Paris Sagittaire 1945 
    • Sept jours en exil, Paris J. Haumont 1946
    • Sept fois sept jours, Paris, les Éditions de minuit 1947
    • Les Dieux et les Hommes 1943-1944, Paris Julliard 1952
    • L'Eté n'en finit pas, Paris Julliard 1954
    • Le miel et l'absinthe, Paris Julliard 1957
    • Les Grands, Paris Gallimard 1961
    • Sur Saint-Simon, Paris, Gallimard 1962
    • Sur Staline,Paris : Union générale d'éditions, 1963
    • De la chute à la libération de Paris : 25 août 1944, Paris Gallimard 1965
    • Portraits, Paris Gallimard, 1969

     

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  •  

    Denise Vernay Soeur de Simone WEIL
    © coll.particulière

     

    La place des femmes dans le résistance a été reconnue tardivement dans l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale. !!!!

    En effet, c'est a partir du moment où la communauté scientifique s’est penchée sur la résistance quotidienne, loin des luttes armées, que l'importance du rôle des femmes a réellement émergé.

    Cacher, héberger, nourrir, approvisionner : telles étaient les missions que la majorité d'entre elles exerceraient dans la clandestinité.

    Au sein des réseaux, elle assuraient les travaux de secrétariat, étaient agents de liaison ou officiaient dans les services sociaux.

    Les femmes dans la Résistance intérieure française ont joué un rôle important dans le contexte de l'occupation du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. 

     

     

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    Marie Madeleine FOURCADE

    Chef du Réseau ALLIANCE 

     

     

    Elles se faisaient aussi trublions dans les manifestations publiques.

     

     

    D’autres avaient rejoint les unités de la France Libre, comme médecins, infirmières, aviatrices.

     

     

    Leur engagement a été peu valorisé à la Libération, ce que traduisent les chiffres :

     

    on ne compte que 6 femmes parmi les 1059 Compagnons de la Libération; de même, seulement 10% des Médaillés de la Résistance sont des femmes.

     

     

     

    "NICOLE"  son nom de RESISTANTE

    Simone Segouin, une résistante, près de Chartres, en août 1944.

     

     

     

    Mais l’année 1975 marque une tournant: dans la foulée de la vague féministe, un colloque organisé par l’Union des femmes françaises leur est consacré, premier du genre à mettre en avant leur rôle important dans la Résistance.

     

     

     

    Sœur Hélène Studler en 1944

     


    Les publications et les travaux universitaires sur le sujet vont peu à peu se multiplier.

     

     


     
    Marie Claude Vaillant-Couturier
    © Ministère de la Défense - DMP - 
     

     

     

     

     

    Décrypter les spécificités de la Résistance féminine revient à remettre en cause un schéma convenu de « La Résistance», de ses rouages,

     

    ce qui peut expliquer la "frilosité" des historiens à s’être penchés plus tôt sur ce volet « opaque », mais pourtant authentique, de l’histoire de la Résistance.

     

     

    Véra Obolensky
    © Ministère de la défense - DMPA

     

    Les résistantes ont pu contribuer de leur côté à cette désaffection, en martelant une image « attendue » de la féminité, teintée de modestie et de discrétion.

     

     

     

     

     

    L’histoire de cette période ne saurait pourtant s’écrire sans elles, héroïques au même titre que leurs homologues masculins.
     

     

     

     

     

    Madeleine RIFFAUD

     

     

    Les jeunes générations ne s’y trompent pas,

    qui se passionnent pour le sujet.

     

     

    http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/?aIndex=2

     

     

     

     

     

     

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  • Philippe Bertin- Histoires extraordinaires du Jour le plus long – Editions Ouest-France

     

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    Les témoins du 6 juin 1944 – civils ou soldats, enfants ou adultes – racontent des morceaux de leur vie, ce jour-là, sous les bombes.

    En Normandie, ces temps-là, ces jours-là racontent les histoires de leur vie, qui, soudain, bascule. Sainte-Mère-Eglise :

    Juliette et Georges sont les mariés du 6 juin 1944, les premiers mariés de la France libre. Bayeux :

    Marcel, jeune résistant, déporté, s'évade des camps de la mort.

    Le jour de ses 20 ans, il entre dans Berlin libéré. Caen, Saint-Lô, Avranches : à vélo, Fernand traverse les villes meurtries, à la recherche de ses parents disparus. Utah Beach : Jacques, le jeune pilote de chasse français engagé dans la Royal Air Force, vit le " jour le plus court " de toute l'histoire de la bataille de Normandie :

    le matin du 6 juin, il disparaît en mer.

    Depuis, une Anglaise va, chaque année, fleurir sa tombe sous-marine quelque part au large du Cotentin. Sourdeval :

    le souterrain du vieux château Labiche protège des bombardements la colonie de vacances des enfants de Cherbourg.

     

    Ils ont entre 2 et 14 ans. Mortain dans les galeries de l'ancienne mine de fer, huit cents civils vivent le cauchemar de la destruction ; parmi les réfugiés, deux enfants et leur grand-mère. Nous avons retrouvé tous ces témoins et beaucoup d'autres : ils se souviennent et racontent. Morceaux de leur vie, sous les bombes de 1944, ce jour-là en Normandie

     

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    Philippe Bertin- Histoires extraordinaires du Jour le plus long – Editions Ouest-France

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    Philippe Bertin a recueilli les témoignages de divers témoins qui ont vécu la guerre en Normandie, l’approche du Débarquement, et ses suites. Il les transmet avec  » les mots du coeur « ‘ et tous émeuvent profondément.

    Tout d’abord, Marie-Louise :  » Un soir, tout près d’Utah Beach, calée dans son fauteuil d’où elle regardait fixement la mer et les vagues, Marie-Louise nous a raconté qu’en écoutant le vent, parfois trop violent du large, elle croyait soudain revivre ces terribles  moments lorsqu’ elle assistait, terrorisée et impuissante, à la destruction de sa ville natale, Saint-Lô. Marie-Louise  n’a rien oublié de ces temps-là : le soir, elle ne supporte  plus les images de violence qu’elle entr’aperçoit dans la lucarne de son téléviseur, au journal de vingt heures. Ces morts, ces enfants  meurtris par les bombes qu’on étale, sans pudeur, à la une des journaux lui rappellent trop de drames et de déchirures.

    Le 6 juin 1944, à vingt heures quand, au-dessus de Saint-Lô,  apparurent les premières forteresses volantes,  Marie-Louise venait de fêter ses dix-sept ans : elle a vécu ce moment-là dans les ruines fumantes  d’une ville qui allait, d’un seul coup, devenir martyre.  La peur, la  fuite sur les routes de campagne, l’exode de ferme en ferme : Marie-Louise, pour conjurer le sort et la peur, a tout écrit, sur un petit cahier d’écolier aux feuilles quadrillées « .

    Il y eut un mot, parmi tant d’autres, pour décrire ce qu’était devenue Saint-Lô : 

     » rôtie « .

    Marcel Fauvel, maintenant médecin de campagne retraité à Caen, tient à parler de son engagement  dès ses quinze ans dans la Résistance à Caen.

    Il a souffert quand  son père,  combattant de 1914-1918, est mort trop tôt des gaz  et d’ épuisement, il s’est révolté quand il a vu les Allemands entrer dans sa ville, l’un d’eux occuper sa maison, et oser demander à sa mère un service qu’il aurait pu accomplir lui-même:  »

    Entre 1941 et 1943 , Marcel Fauvel et Claude Lemarchand, tous deux lycéens, vont agir dans l’ombre à la recherche de renseignements qu’ils communiquent aux membres du réseau Libé-Nord. »

    Claude Lemarchand est arrêté le premier. alors qu’il transporte en plein Caen un chariot rempli d’armes. Il est torturé, jugé en Allemagne, et meurt en prison, atteint de tuberculose. Une plaque apposée sur un mur du lycée Malherbe de Caen, devenu Hôtel de Ville, rappelle le souvenir du jeune résistant de la première heure.

    Marcel Fauve se savait traqué, mais n’eut  jamais peur. Lui aussi fut arrêté par la Gestapo, le 17 février 1943, au cours d’une grande rafle organisée par les occupants. Il fut longuement torturé par un   » Monsieur Hervé  » puis transféré en Allemagne avec beaucoup d’autres dans des wagons fermés, sans eau ni nourriture, sous la chaleur torride. Beaucoup trouvèrent la mort. Au bout du voyage, c’était Büchenwald, puis le camp de Langeinstein, où les survivants creusaient à la main des tunnels. Il craint que, les  échos du Débarquement se précisant, les SS ne les transforment en fosse commune, et il réussit  à s’échapper avec deux compagnons. Ils parviennent à gagner le front russe. Le jour de ses vingt ans, le 24 avril 1945, il entre victorieux dans Berlin, avec « l’impression de vivre l’histoire, d’y participer  pleinement « .

    Ce qu’il garde de ces années : deux documents, le plan du camp de Langelstein, où  l’architecte avait prévu un emplacement  pour une potence, et une photographie prise quelques semaines plus tard devant le Lutétia à Paris,quand il  échange une poignée de main avec le Général de Gaulle.

    Connaissez-vous Mortain ? C’est une des  plus belles régions de la Manche, qui en compte tant. Mortain – la poche de Mortain- subit aussi de terribles bombardements. Deux soeurs, Suzanne et Yvonne, onze et quatorze ans, avaient quitté Sotteville près de Rouen  pour rejoindre leur grand mère dans le Sud de la Manche, où, supposent leurs parents, elles seraient davantage en sécurité. Etant donné l’ampleur des combats, le sous-préfet, M. Panzani, décide la réquisition de la mine de Cambremont, près de Neufborg,  et son directeur  organise son aménagement.  A près de vingt mètres sous terre, une terre humide, friable, environ huit cents personnes y trouvèrent un abri. Cela dura plus de deux mois. Quand elles en sortent, elles voient des ruines et des cadavres… elles trouvent des lettres adressées depuis l’Ohio à un soldat, Tommy, et elles les recueillent. Les lettres à Tommy sont  publiées en fin de volume.

    De ces histoires terribles, Philippe Bertin fait surgir une épopée presque romantique. (Elles m’émeuvent personnellement profondément, car je suis attachée à la terre manchoise, où j’ai vécu quelque temps, certes en « horsain  » !  et entendu des souvenirs  » d’après le Débarquement « , le soir à la veillée).

    Au revers du livre, la quatrième de couverture, on peut découvrir d’autres noms, d’autres récits intenses.

     

    Présentation de l'éditeur

     

    En Normandie, ces temps-là, ces jours-là racontent les histoires de leur vie, qui, soudain, bascule. Sainte-Mère-Eglise : Juliette et Georges sont les mariés du 6 juin 1944, les premiers mariés de la France libre.
    Bayeux : Marcel, jeune résistant, déporté, s'évade des camps de la mort. Le jour de ses 20 ans, il entre dans Berlin libéré. Caen, Saint-Lô, Avranches : à vélo, Fernand traverse les villes meurtries, à la recherche de ses parents disparus. Utah Beach : Jacques, le jeune pilote de chasse français engagé dans la Royal Air Force, vit le "jour le plus court" de toute l'histoire de la bataille de Normandie : le matin du 6 juin, il disparaît en mer.
    Depuis, une Anglaise va, chaque année, fleurir sa tombe sous-marine quelque part au large du Cotentin. Sourdeval : le souterrain du vieux château Labiche protège des bombardements la colonie de vacances des enfants de Cherbourg.
    Ils ont entre 2 et 14 ans. Mortain : dans les galeries de l'ancienne mine de fer, huit cents civils vivent le cauchemar de la destruction ; parmi les réfugiés, deux enfants et leur grand-mère. Nous avons retrouvé tous ces témoins et beaucoup d'autres : ils se souviennent et racontent. Morceaux de leur vie, sous les bombes de 1944, ce jour-là en Normandie.
     

    Biographie de l'auteur

     

    Journaliste, Grand Prix de la Presse et de la communication, Philippe Bertin est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à la Normandie, sa terre d'adoption : Le Sentier des douaniers en Normandie, Au pays des sorciers et des guérisseurs, La Normandie.
     

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    jours poignantes qui racontent ce que fut le D. Day, autant de portraits et de récits qui dessinent au fil des pages l'histoire extraordinaire de la bataille de Normandie vue par celles et ceux qui l'ont vécue parce qu'ils en ont été les témoins ou/et les acteurs.

     

    Philippe Bertin  collection > Poche Histoire Parution mai 2014 • broché • 10,8 x 17,8 • 6,90 euros

     


    Philippe Bertin collection > Poche Histoire Parution mai 2014 • broché • 

     

     

    - Sainte-Mère-Église :

    Marcel, 15 ans, est enrôlé par l'Armée américaine pour enterrer, dans le champ d'à côté, les premiers GI'S tombés au combat aux premières heures de la Bataille de Normandie.

    - Marais du Cotentin :

    alors qu'au dehors, les combats font rage, Roger soigne GI's américains et soldats allemands sans distinction à l'abri d'une minuscule église transformée en endroit de paix le temps des combats.

    Philippe Bertin, ancien journaliste, puis directeur de la Communication du Département de la Manche, est le Directeur de l'institution régionale « Caen Expo Congrès ».

    Il a publié de nombreux ouvrages aux Editions Ouest-France dont Histoires extraordinaires du jour le plus long, 14-18, 1a Grande Guerre : armes, uniformes, matériels et D-Day Normandie : armes, uniformes, matériels.

    LE SAVIEZ-VOUS

    Né dans un champ et sous les bombes !

    C'est le destin incroyable du jeune Harry Decaen dont la naissance eut lieu au tout début du mois 1944 à Vernix, tout près de Mortain, le sud du département de la Manche.

    Les forces américaines y avaient installé le plus imposant hôpital militaire de toute la bataille de Normandie, trois mille lits pour y accueillir sous les toiles kaki des milliers et de milliers de soldats victimes des combats en plein bombardement de la région de Mortain Le 91th Evacuation Hospital fonctionna sur place du 4 au 28 août.

    La marraine du jeune Harry fut la directrice elle même de l'hôpital provisoire,

    Marie Couderc. Harry Decaen a vécu toute sa vie près du champ où il est né.

    Ouistreham 1939-1945

     

    Ouistreham 1939-1945 

    Couverture réalisée par nos soins

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    Alors que Paris devient lieu de débauche pour l'Occupant et que la France est livrée au pillage généralisé des troupes allemandes, des chansons joyeuses percent malgré tout le paysage. Certaines sont innocentes comme "Ah ! le petit vin blanc", créée en 1943 par Lina Margy.

    D'autres relèvent de la propagande comme le fameux "Maréchal, nous voilà !" Mais d'autres encore versent dans l'insouciance ("ça sent si bon la France" de Chevalier, "La Tour Eiffel est toujours en place", de Mistinguett) ou frisent carrément la bêtise et l'obscénité :

    "ça va beaucoup mieux" après le franchissement par l'ennemi de la ligne de démarcation.

    Un irresponsable écrit même "alors, ça gaze ? 

     

    La courageuse Joséphine Baker s'engage dans la Résistance active dès 1940. Mais elle représente une exception ; la plupart des artistes sont plutôt dans l'attentisme ou l'insouciance. Rares sont cependant ceux qui fricotent réellement avec les Allemands. Les artistes veulent que le spectacle continue et que l'on continue de chanter.

    Tout comme les gens en général. Comme eux, ils sont plus attentistes que fanatiques. D'où les pressions importantes sur les artistes de la part des deux bords et les reproches, souvent malveillants venant de ces deux bords. Le rôle plus que trouble d'Arletty est cependant à souligner.

     

    Joséphine Baker, la Résistante

     

    oséphine Baker, la Résistante

    Dès le début de la Guerre, Joséphine Baker est agent du contre-espionnage. Profitant de ses relations dans la haute société parisienne, elle agit pour la Croix-Rouge. Puis, elle s'engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France libre : en France métropolitaine et ensuite en Afrique du Nord. Elle ne fait pas de la figuration ; elle joue un rôle important. C'est ainsi qu'elle code ses partitions musicales pour faire passer des messages. C'est comme engagée volontaire qu'elle débarquera à Marseille en octobre 1944. Elle fait partie des forces féminines de l'armée de l'air.

    À la Libération, elle chante pour les soldats et les résistants près de la ligne de front. Joséphine Baker sera décorée de la croix de guerre, de la Médaille de la résistance puis de la Légion d'honneur des mains du Général de Gaulle. L'ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans un ouvrage intitulé Joséphine Baker contre Hitler.

    Arletty "pas très résistante"

    (ci contre : Hans Jürgen Soehring, l'officier allemand compagnon d'Arletty) A l'opposé de Joséphine Baker, l'actrice et chanteuse Arletty fera comme les "saucisses", ces femmes qui flirtent avec les soldats allemands, qui se livrent à une forme de "collaboration horizontale". Arletty s'afficha avec un officier allemand sans aucun complexe. Elle en tombera même enceinte et avortera. Et, quand on lui demandait "Alors, comment ça va ?", elle répondait : "Pas très résistante..." En effet !

    Quand Tristan Bernard (qui est juif) est arrêté, c'est quand même Arletty qui le fait libérer en utilisant ses relations avec l'Occupant. Guitry, qui jouera un rôle plus secondaire dans cette bonne action, s'en attribuera tout le mérite.

    A la Libération, Arletty ne subit pas le sort des "saucisses". Elle n'est pas tondue. Elle subira néanmoins des nuits d'interrogatoire et de cachot à la Conciergerie. Elle sera également internée à Drancy. Mais on ne l'y laissera croupir que quelques semaines. Elle est alors assignée à résidence, avec interdiction de tourner (elle n'avait pourtant fait aucun film avec la société allemande La Continentale). Elle s'en tire avec un "blâme".

    Finalement, Arletty résume en une phrase peu élégante sa conduite durant les années d'Occupation : "Mon coeur est français, mais mon cul est international !"

    André Dassary chante "Maréchal, nous voilà !"

    Il chantera successivement "Maréchal nous voilà !", "Le temps des cerises", et la chanson-titre du film "Le Jour le plus long". Son meilleur succès : Ramuntcho (1944), une chanson de Vincent Scotto pour la musique et Jean Rodor pour les paroles. "Les Allumettes", de Prévert et Kosma. Il commence véritablement sa carrière au sein des Collégiens de Ray Ventura. Captif en Allemagne au début de la Seconde Guerre mondiale, il est libéré et atteint véritablement la notoriété sous l'Occupation, notamment avec l'opérette "L'Auberge qui chante" (1941) et une chanson tout à la gloire de Pétain, "Maréchal, nous voilà !", devenue emblématique du régime de Vichy — et qui, après guerre, lui attire quelques critiques. Son succès n'aura toutefois pas à en souffrir. 

    L'humour résiste

    En 1942, Fernandel joue les simplets, comme on le voit sur cette vidéo de la délicieuse scène où il chante dans un arbre. Jusqu'ici, il ne s'était affublé que de prénoms ridicules comme "Ignace" (voir extrait chanté du film) ou "Barnabé", qui donnèrent lieu à deux films du même nom avant la guerre. A présent, c'est officiel, il se déclare simplet, donc innocent en ces temps de graves irresponsables perpètrent des crimes. Fernandel fait l'idiot mais faire l'idiot ne veut pas dire qu'il n'est pas conscient de ce qui se passe autour de lui.

     

    C'est en reprenant "Ignace" de Fernandel que Bourvil remporta un radio-crochet de Radio-Cité en 1938 et endossa à son tour le costume du chanteur idiot, stéréotype déjà lancé à la Belle Epoque, lancé par Dranem et Fortugé.

    Dans les années 1940, Jacques Pills (par ailleurs mari de la grande chanteuse Lucienne Boyer), qui n'était jamais en reste pour plaisanter, sans tomber cependant dans l'idiotie de Fernandel ou de Bourvil, devient peu à peu sérieux. Comme si son humour en avait pris un coup. Lui qui avait tourné dans toute l'Europe en duo avec son acolyte Georges Tabet, et qui avait repris notamment à Mireille et à Jean Nohain des chansons comme "Couchés dans le foin", voilà qu'il se met à évoquer la soltude de la femme du soldat avec "Seul dans la nuit" (1945), une reprise de la chanson de Léo Marjane. Ayant pris comme impresario Bruno Coquatrix, il continuera dans la voie sérieuse en collaborant plus tard avec Coquatrix pour la conception de spectacles à l'Olympia. Ses chansons de l'Occupation gardent quand même encore une bonne teinte d'humour : : "Avec son ukulélé", 1941, "Elle était swing , 1941, "Cheveux dans le vent", 1943

    Jacques Pills avait pris Gilbert Bécaud comme pianiste pour l'accompagner pour une tournée en Amérique. Suzy Solidor, elle, a pour pianiste le père (russe) de Michel Polnareff :il s'appelle Leib Polnareff mais son nom d'artiste, c'est Léo-Poll.

    1945, le temps des comptes

    Charles Trenet et son ex-complice duettiste Johnny Hess furent inquiétés à la Libération (voir "Chansons de la Douce France"). D'autres artistes le furent aussi.

    - Suzy Solidor chante chaque jour la version française de Lily Marlene dans son cabaret rempli d'Allemands. Elle participa à des galas politiques et elle eut une liaison avec un haut dignitaire nazi. A la Libération, on lui réclame des comptes.

    Piaf chante beaucoup de nouvelles chansons pendant l'Occupation. En 1940 : "y'en a un de trop", "L'accordéoniste", "on danse sur ma chanson". En 1941 : c'était un jour de fête", "j'ai dansé avec l'amour". En 1942 : "c'était une histoire d'amour". En 1943 : "de l'autre côté de la rue", "tu es partout". Etc. Certains ont prétendu que "tu es partout" était un acte de résistance par référence à "je suis partout" mais il n'en est rien. L'analyse du texte montre qu'il s'agit d'une simple chanson d'amour. Piaf a maille à partir avec la commission d'épuration. Elle s'en sort facilement et même avec les félicitations de ses juges. En effet, sa secrétaire était une résistante qui aida les clandestins et prisonniers avec l'aide passive de la chanteuse.

    Lys Gauty. À la Libération on lui reproche ses interventions sur Radio Paris et une tournée avec Fréhel et Raymond Souplex organisée par l'association Kraft durch Freude (la Force par la Joie) en Allemagne pendant laquelle elle chante devant les ouvriers du S.T.O et les prisonniers des Stalags en 1942. Elle ne reviendra jamais sur le devant de la scène. Son plus grand succès restera la valse "Le chaland qui passe" (1933), version française de la chanson italienne Parlami d'amore Mariu, chantée par Vittorio de Sica. 

    - Léo Marjane. Née en 1912, elle vient d'avoir 101 ans le 27 aout 2013. À la Libération, elle fut poursuivie par les Comités d’épuration pour avoir chanté dans des établissements fréquentés par des officiers allemands « Je ne pouvais pas empêcher les Allemands d’entrer..." Elle est arrêtée et jugée, puis finalement acquittée, mais pour elle le mal est fait et son image s'en ressentira durablement. Son premier grand succès "La Chapelle au clair de lune" - traduit de l'anglais - l'avait propulsée en 1937 au devant de la scène. En 1942, elle remporte un immense succès avec la chanson "Seule ce soir", dans laquelle se reconnaissent les centaines de milliers de femmes françaises dont le mari est prisonnier de guerre en Allemagne ("Je suis seule ce soir / Avec mes rêves / Je suis seule ce soir/ Sans ton amour"). Cette chanson la rend célèbre. Elle sera reprise par Chevalier ainsi que par Jacques Pills.

    - Danielle Darrieux est contrainte de se produire en Allemagne pour faire libérer son mari. Puis le couple s'efface par prudence.

    - Tino Rossi grossit. Tino Rossi gagne des cachets astronomiques. Ou plutôt gastronomiques devrait-on dire car il grossit alors que tout le monde vit de privations. Il profère des propos inquiétants mais qui semblent plus liés à un délire passager (grisé par son succès ou grisé tout court ?) que par une adhésion aux thèses de Vichy.

    D'autres chansons et interprètes inoubliables de ces années-là

    La chanson française n'a pas connu d'exode.

    Elle est restée. Apolitique, elle se fait pourtant l'écho des préoccupations du moment  : "Elle a un stock" (Georgius), "Les jours sans" (Fernandel), "la symphonie de semelles en bois" (Chevalier), "la marché rose" (Jacques Pills), par exemple, en témoignent. Les Allemands financent les spectacles de divertissement pour assurer le "gai Paris". Paris est devenue la principale vedette Paris et Francis Lemarque en fait son sujet de prédilection. Le public se presse pour aller aux spectacles, à la fois pour oublier les soucis mais aussi parce que les chanteurs de rue ont disparu (interdiction des attroupements sur la voie publique). C'est un Français, Pierre Laval, qui va censurer les ondes à partir de 1942.

    - Lucienne Delyle : "Mon amant de Saint-Jean" C'est une chanson qu tout le monde connaît, sans savoir pour autant que Lucienne Delyle en est la créatrice sur la scène. Et pendant qu'Arletty aurait pu chanter "mon amant allemand", Lucienne Delyle chante "mon amant de Saint-Jean". C'est tout de même mieux...Cette chanson sera le grand succès de 1942. "Mon amant de Saint-Jean", une chanson tellement symbolique de son époque que Truffaut en fera la bande-son du Dernier métro. Sa carrière décline à la fin des années 1950, en raison d'une leucémie qui finira par l'emporter.. A écouter aussi : "Nuages", 1942 sur la musique de Django.

    - Lina Margy : "Ah ! le petit vin blanc". Son nom est associé à la chanson qu’elle crée en 1943 : "Ah ! le petit vin blanc", paroles de Jean Dréjac et musique de Charles Borel-Clerc. On lui doit aussi d’avoir popularisé "Voulez-vous danser grand-mère ?" (reprise ensuite par Chantal Goya), paroles de Jean Lenoir sur une musique de Raymond Baltel et Alex Padou.

    - Mâchez danois avec Ulmer ! Sa chanson "J'ai changé ma voiture contre une jeep "devient la chanson fétiche de la 2ème DB de Leclerc. Il écrit aussi "Pigalle" qui devient un succès. "Un monsieur attendait" est typique de son humour. L'accent danois de George Ulmer passe bien en période d'américanophilie. Son ami Pierre Dudan perce également avec Clopin-clopant","Le café au lait au lit", "la tête à l'ombre et les pieds au grand soleil".

    - L’américanisme est mal toléré mais Yves Montand aime l'Amérique et il chante grimé en cow boy.En octobre 1944, Edith Piaf lui a donné sa chance et il passe justement en..."vedette américaine" ! 

    Raymond Legrand fait office de remplaçant de Ray Ventura parti s'aérer en Amérique du Sud en attendant que la guerre passe. Il fait de la musique brillante et joyeuse.

    - Un chant circule dans l'ombre : le Chant de la libération dont le titre sera très tôt changé en "Chant des partisans". Une chanson écrite par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon sur une mélodie d'Anne Marly qui devait au départ servir d'indicatif à Radio Londres.Germaine Sablon (soeur aînée de Jean Sablon et résistante) la crée.

    Juliette Greco est plus litéraire. Elle a comme premier paroliers Queneau (Si tu t'imagines"), Sartre (Rue des blancs-manteaux), Mauriac...

    Georges Guétary

    Cet athlète égyptien venu en France étudier la comptabilité et la gestion, sera vite célèbre grâce au compositeur Francis Lopez qui lui écrira, entre autres, "Robin des bois", "Caballero", "Chic à Chiquito". Spécialisé dans l'opérette et le film musical comme "La Route fleurie", Guétary joue aux côtés de Gene Kelly dans "Un Américain à Paris" de Vicente Minelli. Il est aussi célèbre pour son tube "Le pt'it bal du samedi soir".

    Radio-Paris ment, Radio-Londres parodie La propagande joue à plein. Radio-Paris est la radio du Maréchal. Y viennent chanter Chevalier et Fernandel. A Radio-Londres, Pierre Dac parodient des chansons pour s'en prendre à des vedettes, ainsi "tout ça fait d'excellents Français" est détournée par ses soins.

    Marie-José connut un certain succès pendant et après la Seconde Guerre mondiale. "Le bar de l'escadrille" fut gravé en 1942.

    Plutôt que coller des liens partout, j'ai confectionné cette playliste de plus de 70 vidéos musicales sur YouTube :

    PLAYLISTE DES CHANSONS DES ANNEES 1940 - 1944


     

     

     

     

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    Témoignage présenté dans ce livre

     

    Rapport officiel établi par la Communauté des Sœurs du Bon-Sauveur, remis aux auteurs par la Mère Supérieure :

    Le 6 juin :

    « Les malades étaient restées depuis le matin dans les caves mais quelques-unes d'entre elles s'y étant excitées, les sœurs avaient jugé bon de leur donner à toutes un moment de répit après le repas ; c'était, hélas ! pour recevoir dies bombes. »

    Pendant ce temps, voici ce qui se passe au Triage (Note de MLQ: le Grand Pavillon):

    « Les pauvres blessés, encore sous le coup d'une première et violente émotion, sont pris de panique, s'affolent et s'enfuient le pavillon est si près du lieu de chute des huit bombes, que le choc formidable en fait trembler tout le bâtiment, si solide pourtant.

     

    Cette fois ils croient leur dernière heure arrivée, on ne parvient pas à les retenir et c'est une ruée lamentable vers la cave. En même temps arrivent les femmes de la Maternité (service infantile au premier de Notre-Dame), ceci met une note encore plus triste au tableau les malheureuses paraissent encore plus affolées que les blessés, échevelées, en chemise et pieds nus, serrant leur enfant dans leurs bras ou se soutenant les unes les autres, poussent des cris terrifiants.

     

    On est prêt, devant ce triste spectacle, à fondre en larmes, mais ne faut-il pas plus que jamais conserver son énergie et son courage ? Et voilà que dans cette mêlée, au milieu des cris et des pleurs, s'élève une prière ardente et combien suppliante.

     

    C'est bien le cri d'angoisse vers Dieu, le seul qui puisse nous sauver. Enfin, au bout d'un moment qui a semblé interminable, le danger s'étant éloigné de nous, on parvient à apaiser un peu ces pauvres gens.

    Il s'agit maintenant de rétablir l'ordre. Les docteurs usant de leur autorité font remonter les blessés la Maternité reste définitivement à la cave nos pensionnaires accourues en sortant de sous les décombres, s'y installent, décidées d'y rester désormais tout le temps qu'il faudra d'autres personnes, en grand nombre, viennent également s'y réfugier si bien qu'elle est très vite envahie cette mémorable cave du pavillon, où nous verrons se passer tant de choses.

     

    Le soir on se demande où coucher :

    faut-il même se coucher ?

    Personne du moins n'envisage d'aller au lit.

     

    On se disperse un peu partout dans les lieux que l'on croit les plus surs. La Communauté s'installe au bas de l'escalier rouge, à proximité de la cave ; un groupe de jeunes professes et les 40 petits sourds-parlants adoptent une étable de Saint-Augustin ;

     

    les hommes aliénés vont tirer profit de la tranchée-abri faite par eux à Saint-Jean-Baptiste ; beaucoup de gens sont, depuis l'après-midi installés dans nos prairies, dans ce nombre on compte pas mal de malades tuberculeux, tandis que d'autres se sont réfugiés ou dans les caves ou sous les cyprès de la cour d'honneur, etc...

     

    Enfin, chacun choisit l'endroit qu'il juge le plus convenable pour lui servir d'abri. C'est déjà un semblant de sécurité.

    Les réfugiés sont si nombreux que nous ne savons plus où les loger. Et pourtant, il nous est difficile de refuser l'hospitalité aux amis de la maison qui se présentent.

     

    Nous acceptons toujours, ils se font tellement suppliants, demandant seulement un tout petit coin.

     

    En effet, tous les petits coins sont utilisés, on s'installe partout : ne trouve-t-on pas des matelas jusque sous les cloîtres intérieurs et extérieurs,

     

    puisque tous les bâtiments sont pris, même la construction inachevée de Saint-Joseph.

    La cour d'honneur subit, elle aussi, une drôle de transformation : on couche sur les pelouses, on y mange, on y étend le linge, le bassin sert de cabinet de toilette, de lavoir; les pauvres poissons rouges sont sûrement au comble de l'étonnement. »

    Le 8, à la faveur d'une accalmie, les petits sourds sont évacués à Venoix où le Bon-Sauveur possède une propriété.

     

    Les réfugiés profitent, de ce répit pour aller reconnaître la ville.

    « Tous partent avec l'espoir plus ou moins vague de rapporter tant soi peu de leur bien.

     

    Quelquefois, ce sera un rien, mais ce rien, mais ce rien sera précieux parce qu'il est l'unique rescapé, le seul vestige de toute une vie de souvenirs.

     

    Beaucoup de sinistrés le sont, hélas ! totalement, les flammes ayan chez eux tout consumé ; pour ceux-là, le sacrifice est bien grand et ce n'est qu'après plusieurs visites à leurs ruines calcinées, qu'ils se résignent à dire :« Je n'ai plus rien ». Les privilégiés (si ce n'est pas trop dire), qui parviendront à récupérer une partie plus ou moins importante de leurs affaires, reviendront poussant ou tirant le moyen de transport qu'ils auront eu la bonne fortune de trouver : brouette, voiture d'enfant, poussette, remorque, etc...

    contenant leur précieuse trouvaille.

     

    Malgré le danger des jours précédents, le pillage a malheureusement sévi et combien de sinistrés eussent sans cela été moins dépourvus. Fallait-il que ce déplorable et odieux pillage vienne encore s'ajouter à tant de maux ?

    Que dire du travail imposé à nos cuisinières en raison d'une telle affluence de monde ?

    C'est bien le moment d'affirmer que la tâche est lourde et la besogne compliquée par suite de la déficience du ravitaillement, de la pénurie de charbon et du manque d'eau.

     

    Nous devons pourtant à la bonne volonté de quatre ouvriers d'avoir la quantité d'eau suffisante pour la cuisine et la buanderie ; quand on pense qu'il en faut pour ces emplois, pour le moins 50.000 litres par jour, on peut se représenter l'effort qu'ils ont à fournir ; aussi les voit-on pomper de 6 heures du matin à 10 heures du soir.

    Note de MLQ, grâce à ce livre  des informations sur le pompage de l'eau dans l'Odon " Mais à côté du bâtiment de la buanderie, coule la paisible rivière, l'Odon, dont on tire l'eau au moyen d'une grosse pompe à bras.

     

    Cette pompe est équipée d'un énorme piston actionné par le mouvement de haut en bas de deux barres de bois, à la force des biceps de deux équipes de quatre à six hommes, qui rivalisent d'ardeur, face à face. Comme la tâche est pénible, il faut s'arrêter de temps en temps pour souffler. "

    Plan du Bon Sauveur: la pompe, l'Odon. Source du plan.

    En parlant de la cuisine, il ne faut pas moins parler du service dans les salles à manger et les réfectoires ; toutes et tous sont mis à contribution et encore ne suffisent pas.

     

    Il a fallu transformer la lingerie de la Communauté en réfectoire, une partie de la grande cuisine également.

     

    Partout, les services se succèdent durant trois heures pour chaque repas ; c'est dire que les Sœurs et les employées qui s'y dévouent n'ont pas un moment de répit, surtout à la salle à manger des docteurs et leurs familles où l'on sert près de 100 personnes, alors qu'il y a habituellement place pour une dizaine.

    Le personnel de la buanderie est de son côté on ne peut plus occupé : alors que le linge à laver est en grande abondance les services des blessés l'exigeant, les commodités sont plus rares : peu d'eau, pas d'électricité, un personnel bénévole.

     

    De plus, la buanderie n'offrant aucune garantie de sécurité, il faut à nos Sœurs et à leurs aides beaucoup de courage et de renoncement pour y rester pendant les bombardements et il leur en faut également pour affronter le danger durant les allées et venues, la Communauté se trouvant éloignée de l'emploi.

    Les Sœurs se dévouant aux blessés ont, elles aussi, une lourde tâche, bien que le personnel infirmier soit nombreux.

     

    Ces pauvres souffrants demandent tant de soins, la plupart étant très atteints. On ne peut passer dans.les grandes salles, comme celles du Sacré-Cœur et de Sainte-Camille, sans être saisis de tristesse à la vue de certaines blessures affreuses. Pauvres gens ! Et combien, après cela, verrons-nous de mutilés dans noire région ?

     

    Non seulement, comme après les autres guerres, des adultes hommes, mais encore des femmes et des enfants. C'est navrant. »

    Le 26 juin 

    « L'incendie se propage vite, bien que les secours aient été immédiats, on va jusqu'à craindre une explosion ; en conséquence, les blessés sont descendus soit dans la cave, soit sous le hall du pavillon.

    On envisage, si le danger se fait plus menaçant, de les transporter ailleurs.

     

    Ce n'est pas à souhaiter car on ne suffira pas à la tâche : la descente des étages a déjà été laborieuse, compte tenu de la panique régnant chez ces pauvres souffrants, du nombre considérable à brancarder et de l'aide qu'il faut apporter à la chaîne, ce qui prend nécessairement sur le nombre des brancardiers.

     

    La chaîne se fait dans les meilleures conditions : il y a beaucoup de bonnes volontés (n'y voit-on pas jusqu'à des religieuses), tous les seaux, brocs, pots, bains de pied, etc..., de la maison sont utilisés, toutes les pompes-fontaines en mouvement.

     

    Cela donne espoir, on prie d'ailleurs, à la cave du pavillon surtout, pour que le Bon Dieu vienne encore à notre secours.

    On fait de son mieux pour rassurer les blessés, plus particulièrement les pauvres impuissants, étendus sur les brancards ; ceux-là sont si malheureux de penser qu'ils ne pourront pas faire le moindre effort pour se sauver ; ils sont d'autant plus difficiles à apaiser.

    Sous le hall du pavillon, c'est une lamentable cohue.

     

    Une partie de la chaîne se fait là, alors que c'est archicomble de blessés

     

    Le 9 juillet 

    « Les Canadiens se font ouvrir les portes des maisons pour s'assurer que des Allemands ne s'y cachent pas.

     

    La nôtre ne s'ouvrant pas assez vite à leur gré, ils usent de leur fusil mitrailleur et tirent en plein dans la cour d'entrée : les éclats viennent jusqu'à la chapelle Saint-Michel et blessent

    légèrement deux hommes de la D. P.

     

    La porte leur est alors aussitôt ouverte ; ils s'étonnent de voir des Sœurs et, se reconnaissant dans un couvent, s'excusent de leur regrettable geste ; c'est qu'ils croyaient disent-ils, qu'on cachait des Allemands. »

     

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/temoignage-communaute-bs.htm

     

     

     

    Le 19 août, le Maire (Note de MLQ: Joseph Poirier adresse à la Mère Supérieure une lettre dont nous détachons ce passage :

    « Dans les jours cruels que la Ville de Caen vient de vivre, sa population a trouvé près de vous un large accueil et des secours pour lesquels il conviendra que la gratitude publique vous soit manifestée.

    D'ores et déjà, je tiens à vous exprimer toute la gratitude de la Municipalité qui a été de très près témoin de l’œuvre accomplie par votre Communauté, tant au service des blessés qu'au service des sinistrés et des réfugiés...,

    bien que la catastrophe ait dépassé toutes les prévisions que nous avions pu établir, c'est en grande partie grâce à votre hospitalité généreuse et à l'organisation modèle du Bon-Sauveur, qu'il a pu être fait face aux besoins exceptionnels de la population.

    Je suis heureux de vous en féliciter et de vous en remercier personnellement comme au nom de mes collègues demeurés à leur poste.... »

     

     

     

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  • Le Système Octogon

     


    Le Système OCTOGON (1/2). Où est passé l'Or du... par Agent__001

    Le documentaire ultrasensible censuré par Arte sur ce qu'est devenu l'or du IIIe Reich. Une enquête sur la disparition de ce trésor et sa réapparition dans les caisses du parti de la CDU, dans des financements occultes divers, entre les mains de l'Etat américain et du secteur bancaire israélien.  

    Comment, après la Seconde Guerre mondiale, le parti du chancelier Adenauer fut financé par un vaste réseau occulte réunissant agents de la CIA et anciens nazis.

    En 1944, prévoyant la défaite de l’Allemagne, deux marchants d’armes et affairistes nazis cachent de fortes sommes d’argent en Suisse pour le compte des services secrets de la SS.

     

    Après la guerre, les deux aventuriers rapatrient le trésor caché

    pour financer la toute jeune CDU. 

    Anciens nazis et agents américains créent alors un réseau de corruption et de financement politique occulte, Octogon, qui exploite les ventes d’armes à l’armée allemande pour détourner de fortes commissions vers les caisses noires de la CDU et financer les campagnes de Konrad Adenauer.

     

     


    Le Système OCTOGON (2/2). Où est passé l'Or du... par Agent__001 

    L’affaire devient publique en 1956, et provoque la constitution d’une commission d’enquête parlementaire.

     

    Mais ce n’est pas l’heure de la vérité.

     

    Après plusieurs suicides et disparitions suspectes de témoins, l’enquête se termine dans la confusion. Les affaires peuvent donc continuer…

    ................Jusqu’à la démission d’Helmut Kohl.

     

    (Documentaire controversé diffusé sur Arte le 1er juin 2011

    – Réalisation Jean-Michel Meurice d’après

    une enquête de Frank Garbely et Fabrizio Calvi)

     

    http://fortune.fdesouche.com/tag/or-nazi

     

     

     

     

     

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  •  Afficher l'image d'origine

    La plupart des maquisards agissent depuis les régions montagneuses de Bretagne,
    du Massif central, des Alpes et du Sud de la France.
    Ils font naturellement partie de la Résistance, encadrés, organisés au sein des Forces françaises de l'intérieur
    (FFI, liées au Gouvernement provisoire de la République française d'Alger) ou des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF,communistes), armés par des parachutages alliés.
    Le premier maquis en France est installé dans le massif du Vercors en décembre 1942.
    Par sa proximité avec plusieurs grands massifs montagneux, la ville de Grenoble devient sur les ondes de la BBC la capitale des maquis.
    Dès 1943, les Britanniques envoient des hommes et des munitions dans les maquis par l'intermédiaire du Special Operations Executive (SOE) créé en 1940 par Winston Churchill.
    Les Américains, grâce à l'Office of Strategic Services (OSS), enverront eux aussi leurs agents en France, en collaboration avec le SOE.
    À l'approche du débarquement de Normandie le 6 juin 1944, et surtout après celui de Provence le 15 août, les maquis, dont les effectifs augmentent grandement pour l'occasion, lancent des opérations de guérilla pour ralentir les mouvements de l'armée allemande.
    Durant le Débarquement de Normandie, le maquis et d'autres groupes de résistants jouent un rôle non négligeable, en retardant l'arrivée des renforts allemands.
    Au fur et à mesure de la progression alliée, les groupes de maquisards combattent très violemment les troupes allemandes.
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    Par exemple, le groupe de 7 000 maquisards de Nancy Wake affronte 22 000 Allemands le 20 juin 1944.
    Certaines cellules ne font pas de prisonniers, et bien souvent les Allemands préfèrent être capturés par les Alliés que par le maquis.
    De l'autre côté, les maquisards capturés sont fusillés ou torturés et déportés en camps de concentration, dont très peu reviendront.
    Organisation :
    Les cellules maquisardes prennent le nom de l'endroit depuis lequel elles opèrent (par exemple le Maquis du Vercors), d’un évènement historique (par exemple Valmy ou Bir-Hakeim, avec différentes orthographes) ou d’un personnage historique
    (Saint-Just ou Charles Martel).
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    La taille de ces cellules peut aller d'une dizaine d'hommes et de femmes à plusieurs milliers.
    Certaines cellules dans le Sud-ouest de la France sont composés exclusivement de républicains espagnols,
     
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    CARTE PHOTO GROUPE MAQUIS MAQUISARD FTP RESISTANCE FFI CORREZE 1943

    La Lozère accueille même un maquis allemand, dirigé par le communiste

    Otto Kühne.

    vétérans de la Guerre d'Espagne.
    Les maquisards se distinguent par le port du béret basque, suffisamment répandu pour ne pas éveiller les soupçons mais assez explicite.
     
     
    Les combats des maquis ne sont qu'une des formes de la Résistance.
    Les maquis sont dissous par De Gaulle à la Libération :
    les FFI sont alors amalgamés à l’armée française.
    Quelques maquis
    WIKIPEDIA
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  • Joséphine Baker, la résistante

    Dès le début de la guerre, Joséphine Baker se montre une ardente patriote.

     

    Devenue française par son mariage, en 1937, avec Jean Lion (de son vrai nom Levy), un industriel juif, elle décide d'entrer en résistance contre les nazis et refuse de chanter à Paris tant que les Allemands y seront.

    Elle a plus de 4000 filleuls de guerre.

    Chaque soir, elle assure la gestion à ses frais d'un centre d'accueil de réfugiés à la Gare du Nord.

    A l'aube elle regagne au Vésinet sa maison lointaine. 
    Avant de se coucher elle s'astreint encore à une longue prière. Elle dort quelques heures et dès qu'elle a pris son bain, elle s'assoit à une table dans sa chambre ; elle écrit à ses soldats. Puis elle s'occupe de la préparation des colis qu'elle leur destine et finance elle-même. [1]

    Elle effectue dès 1939 plusieurs tournées le long de la frontière nord-est pour motiver les troupes.
    En septembre 1939, Daniel Marouani, frère de l'agent de Joséphine Baker, la présente à Jacques Abtey, officier du 2ème Bureau, le service de renseignement de l'Armée. Abtey, qui était chef du contre-espionnage militaire à Paris au moment de la déclaration de guerre, est alors chargé de recruter des « Honorables Correspondants » des personnalités bénévoles et dignes de confiance susceptibles de se rendre partout sans éveiller les soupçons afin de recueillir des renseignements sur l'activité des agents allemands. Jacques Abtey relate ainsi leur rencontre, à la villa Beau Chêne du Vésinet  :

    Grande fut ma surprise lorsque je l'aperçus… nous avancions par l'allée du parc, lorsque nous entendîmes un joyeux « Hello ! » Puis ce fut l'apparition, au-dessus des buissons, d'un feutre ratatiné…

    Souriant de toutes ses dents, elle était là, une main dans la poche d'un vieux pantalon, l'autre tenant une vieille boite de conserve rouillée remplie d'escargots … Je fus, dès le commencement de notre conversation, saisi par l'étrange rayonnement de mon interlocutrice…

     

    Parlant sans rechercher d'effet, d'une voix douce, égale… je dus faire un effort afin de ne pas laisser paraître mon émotion quand elle me parlait de la France, son pays d'adoption :

     

    « C'est la France qui m'a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle. La France est douce, il fait bon y vivre pour nous autres gens de couleur, parce qu'il n'y existe pas de préjugés racistes. Ne suis-je pas devenue l'enfant chérie des Parisiens. Ils m'ont tout donné, en particulier leur cœur. Je leur ai donné le mien. Je suis prête, capitaine, à leur donner aujourd'hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l'entendez. »

    Jacques Abtey

    Les Français Libres

    Il est alors convenu que Joséphine Baker se servira de ses relations pour se faire inviter aussi souvent que possible dans les cocktails donnés dans les ambassades afin d'y recueillir des informations sur les troupes ennemies.

     

    Elle réussit ainsi à obtenir, lors de réceptions données dans les ambassades d'Italie et du Portugal, de précieux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes et les intentions de Mussolini au début de la guerre.

     

     


    Joséphine Baker lors d'un cocktail de l'armée de l'air (coll. S.H.A.A.)

    Titulaire d'un brevet de pilote, elle rejoint, pour masquer son engagement dans le contre-espionnage, les Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air (IPSA) et accueille des réfugiés de la Croix Rouge.
    Début 1940, sur l'avis de Jacques Abtey, Joséphine Baker quitte Le Vésinet pour le château des Milandes en Dordogne où se formera autour d'elle un noyau de résistants.
    Lorsque le général de Gaulle lance son appel du 18 juin 1940, elle accepte avec enthousiasme de servir de couverture à Jacques Abtey, qui a reçu pour mission de transmettre aux services de renseignement de la France Libre, les renseignements recueillis en zone occupée sur les positions allemandes.
    Jacques Abtey voyagera sous la fausse identité de Jacques Hebert comme « artiste » qui « accompagne Madame Joséphine Baker » selon la mention portée sur son visa. Les renseignements sont transcrits en langage chiffré et à l'encre sympathique sur les partitions musicales.


    Le passeport au nom de Jacques Hebert avec lequel le commandant Abtey s'est rendu en Espagne, au Portugal et en Afrique du Nord.

    Soupçonnée par les Allemands de cacher des armes, Joséphine fait preuve d'un grand sang-froid lorsque ceux-ci demandent à perquisitionner sa propriété des Milandes, alors qu'elle y héberge des résistants : « Je pense que Monsieur l'officier ne peut être sérieux. Il est vrai que j'ai des grands-parents Peaux-Rouges mais il y a bien longtemps qu'ils ont enterré la hache de guerre, et s'il y a une danse que je n'ai jamais dansé, c'est bien la danse de guerre. »

    En 1941, Joséphine Baker et Jacques Abtey sont tous deux envoyés en Afrique du Nord en mission pour la France Libre. 
    Alors que Jacques Hébert ne parvient pas à obtenir de visa, Joséphine Baker part seule en Espagne donner des représentations et revient avec des notes d'informations qu'elle épingle dans son soutien-gorge. Elle évoque cette anecdote avec malice :

    « C'est très pratique d'être Joséphine Baker. Dès que je suis annoncée dans une ville, les invitations pleuvent à l'hôtel. A Séville, à Madrid, à Barcelone, le scénario est le même. J'affectionne les ambassades et les consulats qui fourmillent de gens intéressants. Je note soigneusement en rentrant… Ces papiers seraient sans doute compromettants si on les trouvait. Mais qui oserait fouiller Joséphine Baker jusqu'à la peau ? Ils sont bien mis à l'abri, attachés par une épingle de nourrice. D'ailleurs mes passages de douane s'effectuent toujours dans la décontraction… Les douaniers me font de grands sourires et me réclament effectivement des papiers… mais ce sont des autographes ! » [3]

    En juin 1941, Joséphine Baker tombe gravement malade. Son hospitalisation qui durera 19 mois ne met pas un terme à son activité de renseignement, bien au contraire puisque sa chambre devient un centre d'échanges d'informations secrètes. Elle s'emploie également à convaincre tous les officiels américains qu'elle rencontre de soutenir le général de Gaulle et la France Libre. 
    Lors du débarquement des Américains en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, elle quitte sa chambre d'hôpital pour vivre l'événement tant attendu.
    A peine rétablie, Joséphine Baker part soutenir le moral des troupes et organise des spectacles en remettant à l'armée française l'intégralité de ses cachets. Entre 1943 et 1944, elle mettra à la disposition des œuvres sociales de l'armée de l'air plus de 10 millions de francs. [4]
    Voyant l'effet que produisent les concerts de Joséphine sur le moral des troupes, un officier américain lui propose de signer un contrat pour la durée de la guerre, ce qu'elle refuse en soulignant qu'elle est un soldat de la France Libre et qu'elle chante bénévolement pour l'armée française [5]. Elle se met à la disposition du Haut Commandement des troupes pour donner des spectacles partout où on lui demande d'aller, finançant elle-même ses tournées. Elle n'a bientôt plus un sou mais ne se plaint jamais, convaincue de se battre pour une cause juste.
    Elle parcourt des dizaines de milliers de kilomètres en jeep à travers les déserts pour donner des spectacles dans les camps isolés de l'armée et dans les villes d'Alger, Agadir, Fez, Tunis, Benghazi, Alexandrie, Le Caire, Jérusalem, Haïfa, Damas et Beyrouth, partageant le quotidien des soldats avec ses risques et ses contraintes, au prix de sa santé.
    Lors de son passage à Alger en 1943, le général de Gaulle, reconnaissant, lui offre une petite Croix de Lorraine en or qu'elle vend par la suite aux enchères pour la somme de 350.000 francs au profit exclusif de la Résistance.
    Après avoir combattu l'occupation allemande en travaillant pour la Résistance, Joséphine Baker est, le 23 mai 1944, officiellement engagée pour la durée de la guerre à Alger, dans l'armée de l'air, et devient sous-lieutenant, rédactrice première classe, échelon officier de propagande. Elle débarque à Marseille en octobre 1944.


    Le commandant Alla Dumesnil-Gillet et le sous-lieutenant Joséphine Baker à Alger, 1944


    ... au débarquement allié, octobre 1944

    De nouveau hospitalisée en 1946, elle reçoit alitée, en présence de Mme de Boissieu, fille du Général de Gaulle, la médaille de la Résistance des mains du Colonel de Boissoudy.
    Les autorités militaires manifesteront cependant beaucoup de réticence à reconnaître son action, rejetant à deux reprises, en 1947 et en 1949 la proposition de sa nomination comme chevalier de la Légion d'Honneur. Il faudra l'intervention du général Billotte, chef d'état-major particulier du Général de Gaulle, du général Bouscat, chef d'état major général de l'armée de l'air et d'Alla Dumesnil-Gillet, supérieure hiérarchique de Joséphine Baker en Afrique du Nord, qui rédigent des rapports sur ses états de service pendant la guerre, pour que Joséphine Baker obtienne enfin la reconnaissance officielle qu'elle mérite pour son engagement patriotique. 
    Par décret du 9 décembre 1957 [JO du 14/12/1957], elle est faite chevalier de la Légion d'Honneur et reçoit la Croix de guerre avec palme. Le texte du décret est édifiant :

    " Dès 1939, se met en rapport avec les services du contre espionnage, fournissant de précieux renseignements, notamment sur l'éventualité de l'entrée en guerre de l'Italie, sur la politique du Japon et sur certains agents allemands à Paris. En octobre 1940, se met en rapport avec un officier du 2e Bureau. D'un courage et d'un sang-froid remarquables, transporte des messages secrets et continue à fournir des renseignements très utiles aux services alliés de l'intelligence service. Mobilisée pour la Croix Rouge, se dépense sans compter.
    Quitte Paris pour la Dordogne, soupçonnée par les allemands de cacher des armes, une perquisition est opérée dans sa propriété, fait preuve d'un courage et d'un sang-froid remarquables. Afin de faciliter le départ d'agents de renseignements pour l'Angleterre, monte une troupe artistique composée uniquement de gens désireux de rallier les F.F.L. ; passe en Espagne, soi-disant à destination du Brésil. A Lisbonne, reçoit un télégramme de Londres lui demandant d'organiser en France un nouveau service de renseignements. Rejoignant Marseille, mise en rapport avec un agent de renseignements est obligée de reprendre son activité artistique. Voulant quitter le sol de France part au Maroc en 1941, collabore avec les mouvements de résistance Française.
    Invitée dans les Ambassades et les Consulats lors d'une tournée en Espagne, recueille de précieux renseignements. Dès le débarquement allié en Afrique du Nord, à peine remise d'une longue maladie, s'engage dans les Formations Féminines des F.A.F.L. - Envoyée au Moyen-Orient, met son talent, son énergie au service des Combattants Français et alliés. Suit le corps Expéditionnaire Français en Italie. Belle figure de la femme française au service de la Résistance"
    . [6]

    Les médailles lui sont remises solennellement le 19 août 1961 dans le parc de son château des Milandes, par le général Martial Valin (1898–1980) commandant en chef des Forces aériennes françaises libres de juillet 1941 à juin 1944, puis chef d'état-major général de l'armée de l'air française d'octobre 1944 à février 1946 et enfin inspecteur général de l’armée de l’air jusqu'en 1957.


    Joséphine Baker reçoit la Croix de la Légion d'Honneur des mains du général Valin.

    Elle sera la première femme d'origine américaine à recevoir les honneurs militaires à ses funérailles en 1975.

    Et si Joséphine Baker entrait au Panthéon ? L'idée a été émise par l'écrivain Régis Debray dans une tribune du Monde en date du 16 décembre 2013. Cette « panthéonisation » de Joséphine Baker aurait le mérite d'éclairer un pan méconnu de son histoire, de rappeler au public qu'elle n'a pas été seulement une danseuse de music-hall devenue célèbre grâce à ses danses endiablées et ses pitreries. Son passé de résistante, sur lequel elle a toujours été discrète, ainsi que son combat contre le racisme méritent de rester dans nos mémoires.

    ****

    SOURCES: 

    http://histoire-vesinet.org/jbaker-resistante.htm

     

    Notes et sources :

    [1] Alain-Marie Foy et Jean-Marie Dumont, Hommage à Joséphine Baker, Bulletin Municipal du Vésinet n°31, juin 1975.

    [2] Jacques Abtey, La guerre secrète de Joséphine Baker, Editions Siboney, 1948, p 18 à 21.

    [3] Joséphine Baker et Jo Bouillon, Editions Robert Laffont 1976, p 177.

    [4] Charles Onana, Joséphine Baker contre Hitler, Editions Duboiris, 2006, p 98.

    [5] Ibid. p 89.

    [6] Colonel Rougier, Des Folies Bergère au ruban rouge, Lieutenant Joséphine Baker (1906-1975) chevalier de la Légion d'Honneur. La Cohorte n°159, 2000, p 31-32.

     

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    Noor Inayat KHAN, une princesse indienne

    espionne morte pour la France

     

    Elle était une pacifiste qui combattit pour la Grande-Bretagne et mourut entre les mains de la Gestapo.

     

    Mais qui donc était cette femme exceptionnelle ?

     

    C’est l’histoire d’une jeune princesse indienne et musulmane qui rejoignit la Résistance pendant la seconde Guerre Mondiale.

     

    Critique féroce de l’impérialisme britannique, elle travaille pourtant avec passion et audace à nuire et à perturber les forces de l’ordre.

    Une fois capturée, elle se montra impénitente et incontrôlable.

     

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    Elle mourut dans des conditions atroces en captivité.

    Pendant plus d’un demi-siècle, des mythes, des idées fausses et absolument imaginaires ont obscurci la mémoire de Noor Inayat Khan.

     

    Par cet, article, modestement, je voudrais lui rendre justice.

     


    Sa famille et son enfance

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Noor Inayat Khan était l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Tipu Sultan, le célèbre prince musulman régnant de Mysore, dont les prouesses militaires tant vantées retardèrent l’avancée des forces de la Compagnie des Indes orientales à la fin du XVIIIème siècle.
     
    Même après la conquête, les Britanniques en Inde tinrent la famille en extrême suspicion.
     
    Mais le père de Noor, Hazrat, tourna le dos à cette tradition rebelle et guerrière en devenant un maître soufi et en fondant un ordre pour diffuser –par la musique - sa foi pacifique, tolérante et non-dogmatique.
     
    Chanteur et instrumentaliste doué d’une famille de virtuoses, il rencontra son épouse américaine lors d’une tournée en Californie.
     
    Au moment de la naissance de Noor, en janvier 1914, les Inayat Khan vivaient et se produisaient à Moscou, et sa mère, avait changé son nom
    - Ora Ray Baker – en celui d’Amina Begum, adoptant le sari et le voile. 
     
     
     



    Après une enfance dans les squares froids de Bloomsbury en temps de guerre, Noor grandit dans la banlieue parisienne, à “Fazal Manzil”, une maison très chère à Suresnes, devant laquelle une fanfare militaire joue encore en son honneur chaque 14 Juillet.
     
     
     
    Afficher l'image d'origineEn tant qu'aînée de quatre enfants, considérée par tout le monde comme gentille, distraite et artiste de tempérament, elle eut soudain à prendre en charge la famille lorsque
    son père mourut lors d’une visite en Inde en 1927, laissant sa mère paralysée par la douleur.
     
     
     
    Pour la première, mais non la dernière fois, une crise tranforma Noor la rêveuse en Noor la leader.
     
     

    Le début de son engagement

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Dans les années 30, Noor étudia la musique (particulièrement la harpe) au Conservatoire de Paris, et la psychologie infantile à la Sorbonne.
     
    Elle devint aussi un écrivain de talent et auteur d’histoires radiophoniques pour enfants.
     
    On peut trouver sur amazon.com ses Twenty Jataka Tales (1939) (Vingt contes jataka): des charmantes fables bouddhistes, dans lesquelles, étrangement, des animaux surmontent leur fragilité pour réaliser des exploits de bravoure et de sacrifice.
     
    À cette époque, elle se lia à un pianiste d’origine juive Plus tard, il y eut les rumeurs d’une liaison , durant la guerre, avec un camarade, officier britannique, mais on n'en sait très peu sur sa vie amoureuse, qui reste encore, actuellement très mystérieuse. 

    Après l’invasion de la France par l’Allemagne en 1940, Noor, la pacifiste musulmane soufie – qui croyait passionnément au droit à l’indépendance de l’Inde du joug colonial -, fit le choix moral qui décida du cours de sa vie, et de sa mort.
     
     
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    Elle et son frère Vilayat décidèrent que face à l’agression nazie, la non-violence ne suffisait plus. Ensemble, ils firent le vœu de travailler – comme Vilayat le rapporte lors d'une entrevue en 2003 - “pour contrer l’agression du tyran ”.
     
     

    Son combat

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Survivant au chaos de l’exode de masse de Paris vers Bordeaux, ils firent une dramatique évasion par voie maritime vers l’Angleterre.
     
    Là, Noor s’engagea comme volontaire dans la WAAF (Women’s Auxiliary Air Force-Auxiliaires féminines de l’aviation) et commença un long chemin de formation à la signalisation et à la TSF qui devait la conduire, elle - une femme élevée en France, parfaitement bilingue, et avec des compétences radio poussées – à être recrutée comme agent secret novembre 1942, à la SOE, Special Operation
     
    Executive, service de sabotage et de renseignement créé en 1940 par Churchill pour infiltrer la France occupée. 
     
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    Officier navigant temporaire, elle navigue sous différents noms : Madeleine, Rolande, Marie-Jeanne, Norah Becker. 

    Après une formation intensive comme opérateur radio, elle fut la première femme dans cette fonction à être infiltrée en France occupée, le 16 juin 1943.
     
    Elle atterrit à bord d'un monoplan ultraléger, avec avec comme converture un emploi de bonne d'enfants.
     
    Elle a aussi un équipement qui comprend des tickets d'alimentation, un pistolet automatique, des stimulants pour se tenir éveillée, des somnifères pour endormir quelqu'un à son insu, des simulateurs de nausées et du cyanure. 

    Peu après son arrivée, les Allemands procédèrent à des arrestations massives de résistants.
     
    On proposa à Noor de rentrer en Angleterre, mais elle préféra continuer son travail pour ne pas laisser ses camarades français sans communications.
     
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    Elle transmet un grand nombre de messages vers l'Angleterre, dont celui du remplacement de Jean Moulin par Georges Bidault à la tête du CNR.
     
    Après trois mois et demi, le 13 octobre 1943, elle est arrêtée rue de la Faisanderie, à Paris, trahie par la sœur du chef du sous-réseau Cinéma. 

    Elle refusa de donner à la Gestapo la moindre information. 

    Noor fut envoyée en novembre 1942 à la prison de Pforzheim où, attachée par trois chaînes, à l’isolement total, elle endura pendant dix mois des sévices médiévaux.
     
    Elle était classée comme détenue Nacht und Nebel (“Nuit et brouillard”), destinée à l’oubli et à la mort.
     
    Enchaînée, affamée, battue, elle ne parla jamais. Puis en septembre 1944, ce fut le transfert à Dachau, avec trois femmes détenues, et la fin de ses souffrances.
     
    Le 12 septembre 1944 elle y fut exécutée avec trois autres agents féminins de la SOE (Yolande Beekman, Eliane Plewman et Madeleine Damerment) le jour suivant.
     
     

    Et elle entra dans l'Histoire ?

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Le fait de connaître toute la vérité –ou presque toute la vérité – sur Noor ne la rend pas moins paradoxale. Basu, qui fait voler en éclats tant de mythes sur cette “femme musulmane d’origine indienne qui a fait le sacrifice suprême pour la Gande-Bretagne”,
     
    souligne aussi qu’elle était une ardente partisane de la liberté indienne. Noor choqua – et sans doute impressionna plutôt – le panel qui l’interviewa lorsqu’elle posa sa candidature à la WAAF en 1942, en déclarant qu’après la guerre, elle pourrait se sentir obligée de combattre les Britanniques en Inde.
     
    Cela fait d’elle – bien qu’officier britannique et titulaire de la Croix de Saint-Georges – une bien curieuse héroïne nationale Britannique.
     
    Et pour ce qui est de son identité musulmane, le type de soufisme oecuménique à la Inayat Khan serait considéré comme une hérésie ou même pire aux yeux des tenants d’une ligne dure qui sont censés parler au nom de l’Islam en et à l’Occident. 

    En 1949, Noor reçut la George Cross à titre posthume pour son courage, ainsi que la MBE et la Croix de Guerre. Outre Noor, la George Cross ne fut décernée durant la deuxième guerre mondiale qu'à deux autres femmes, Odette Hallowes et Violette Szabo. 

    La clé de sa carrière est peut-être que cet enfant d’un foyer libéral et cultivé a choisi son destin librement.
     
    Elle a choisi de combattre le nazisme ; elle a choisi de le faire aux côtés des Britanniques; elle a choisi les risques de l’espionnage; et elle a choisi de rester à Paris quand le SOE lui avait ordonné de rentrer. Lors d’une cérémonie du souvenir à Paris, la nièce du Général de Gaulle résuma ainsi son parcours sans faute : « Rien, ni sa nationalité ni les traditions de sa famille, rien de cela ne l’obligeait à prendre son poste dans la guerre. Pourtant, elle l’a choisi.
     
    C’est notre combat qu’elle a choisi, qu’elle a mené avec courage admirable et invincible. »
     
    Quand elle est morte, avec le mot « liberté » aux lèvres, c’était de la sienne qu’elle parlait.
     
    Et aussi de la nôtre.
     
     

    Une héroïne digne de roman

    Noor Inayat KHAN, une  princesse indienne espionne morte pour la France

    Le charisme de cette princesse-martyr, à l'incroyable destin a inspiré des oeuvres littéraires qui ont en quelque sorte corrompu la vérité des faits. Ainsi ces dernières années, deux romans pittoresques ont enjolivé son histoire au gré des intérêts et des penchants de leurs auteurs :
     
    il y a la version fanchement romancée de Laurent Joffrin "La princesse oubliée" et le livre plus engagé politiquement de Shauna Singh Baldwin "The Tiger Claw" (La griffe du tigre). 

    Plus insolite, il est à noter, qu'un chanteur-compositeur de word music fusion, Geoffrey Ames a dédié son 6ème CD, intitulé Noor à la princesse espionne.
     
     
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    Elle est aussi le sujet de différentes biographies


    Déjà dans les les années 50-60, une oeuvre littéraire avait évoqué la vie de cette héroïne. Il s'agit de "Madeleine" de Jean Overton Fuller.
     
    Cette dernière, est un écrivain britannique, amie personnelle de la famille Inayat Khan. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est employée au Bureau de la censure postale à Londres.
     
    À la fin des hostilités, elle voyage beaucoup à travers l'Europe pour interviewer différentes personnes en relation avec la vie tragique de Noor. Le livre qui en résulte, Madeleine, est publié en 1952.[1]. 

    Cependant, la découverte récente de fichiers personnels ont permis de faire émerger à la lumière historique les faits et gestes toujours opaques du SOE et des agents de sa « Section F » (pour laquelle travaillait Noor), qui espionnaient (et mouraient) en France. 

    Du matériel frais a fait surface lorsqu'en 2005, Sarah Helm, dans" A Life in Secrets", a retracé la biographie de Vera Atkins, l’officier d’État-major du SOE qui, rongée par le remords pour le sort si atroce de tant de ses “filles” de la Section F, a mené une enquête secrète, après-guerre, sur les conditions dans lesquelles elles avaient été trahies et capturées.
     
    Un an après, Shrabani Basu – historienne et journaliste d'origine Indienne basée à Londres, où elle est correspondante d’un groupe de presse indien – a reconstitué l’histoire de Noor de la manière la plus complète et fiable à ce jour, dans une nouvelle biographie intitulée "
    Spy Princess: the life of Noor Inayat Khan".
     
     
     
     

     

    Samedi 31 Mai 2008

     

    Fabienne-Shanti DESJARDINS
     
     
     
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     http://www.couleur-indienne.net/Noor-Inayat-KHAN-une-princesse-indienne-espionne-morte-pour-la-France_a256.html
     
     
     
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    Violette Morris usercontent1hubimgcom9651006f1024jpg 

     
     
    Violette Morris nait en 1893, à Paris.
     
    Fille d’un baron qui aurait voulu un garçon, elle découvre la mécanique
    à 10 ans, lorsqu’un plombier débarque dans le manoir à vélo.
     
    Elle emprunte le vélo et c’est le coup de foudre.
     
     
    Plus tard, ses parents la jugent chétive et l’envoient dans un couvent à la campagne, où elle se découvre un gout pour le sport en général et pour les autres femmes.
     
    Cette femme était un mystère: la tortionnaire de la Gestapo était-elle bien celle qui s'était engagée en 1914 comme ambulancière aux armées de la Somme avant de devenir estafette sur le front de Verdun? 
    Comment une patriote émérite avait-elle pu se transformer en auxiliaire du nazisme? Quel a donc été ce cheminement durant la vingtaine d'années qui sépare les deux conflits mondiaux? Comment a-telle pu passer d'un comportement héroïque et patriotique à ce dégradant avilissement?
     
    Dans quelles conditions la volontaire jeune femme décorée pour son courage et son dévouement lors des combats de la Somme et de Verdun s'est-elle rangée sous la sinistre bannière à croix gammée?
     
     
     
     
     
    Quelles circonstances ont entraîné cette incroyable dérive intellectuelle?
     
    Et quel processus a pu la propulser dans la trajectoire des services secrets nazis jusqu'à en devenir un élément hautement considéré par les grands dignitaires de la Gestapo en France?
     
     
     
     
    En terme d’engins à moteur, elle fut d’abord motarde
     
    (même si elle n’a couru à moto qu’à partir de 1925.)
     
    Pendant la première guerre, elle devient ambulancière, toujours à moto.
     
    Elle s’en prend vertement aux malheureux poilus qui préfèrent
    s’auto-mutiler que de continuer à combattre.
     
     
     
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    D’abord lanceuse de poids (et pionnière de la discipline),
     
     
    Violette Morris Violette Morris Wikipedia the free encyclopedia
     
    elle pratique (avec succès) également la natation, le vélo, la boxe,
    l’équitation, le tir à l’arc,
     
    l’haltérophilie et le football!
     
     
     
    Les années 20 voit justement l’explosion du football féminin
    Mais les moralisateurs sont en embuscade:
     
     
     
     
    on considère alors qu’une jeune femme qui fait du sport (ou qui travaille), doit se “préserver” car le moment venu, elle devra tout abandonner pour se marier, avoir des enfants et mener une paisible activité de femmes d’intérieur.
     
     
     
     
    Le sport pourrait donc leur inculquer des notions de liberté et d’égalité des sexes.
    Violette Morris n’est définitivement pas l’une de ces “futures épouses”:
     
    très masculine, ouvertement bisexuelle, elle jure et n’hésite pas à prendre à parti les spectateurs mécontents!
     
     
    Tous les prétextes sont bons pour l’exclure, comme en 1923, où on l’accuse de distribuer des amphétamines à ses coéquipières.
     
    Elle fut néanmoins plusieurs fois sélectionnée en équipe de France féminine
     
     
    Violette Morris Violette Morris Mazda of Lakewood39s Blog
     
    En 1922, en parallèle de tout ces sports, elle s’engage en compétition avec un cyclecar Benjamin.
     
    Elle remporte d’emblée de nombreux trophées.
     
     
     
    Violette Morris Violette Morris 1932 Deviates Inc
     
    Elle est loin d’être la seule femme pilote.
     
    Il existe même une fédération féminine du sport automobile.
     
    Mais les autres femmes sont surtout de jeunes élégantes,
    qui courent le petit doigt en l’air.
     
    Et comme d’habitude, La Morris détonne.
     
     
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    Vers 1925, “la Morris” est exclue de la plupart des clubs athlétiques féminins.
     
    Elle a donc plus de temps pour piloter.
     
     
     
    En 1927, à Saint-Germain, elle décroche la victoire absolue au Bol d’Or auto, sur BNC “usine”: 24 heures seule au volant!
     
     
     
     
    Ce fut son apogée.
     
    Trop indépendante et ayant mauvais caractère,
     
    elle n’a pu quitter les cyclecars et passer aux Grand prix
     
    (où l’appui d’un mécène, voir d’un constructeur, est obligatoire.)
     
     
     
     
     
    En 1928, elle se fait enlever ses seins parce qu’ils “la gênent pour conduire”.
     
     
    On est à l’époque des grands volants, qui se tiennent près du corps.
    En 1930, elle est exclue de la fédération féminine du sport automobile pour…
     
     
    Port d’un pantalon
    (ressortant opportunément une loi du XIXe siècle alors surtout appliquée pour les hommes s’habillant en femmes)!
     
     
     
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    Elle ouvre un magasin de pièces détachées et court sporadiquement “pour promouvoir son magasin”.
     
    Elle devient au passage une “figure” de Montlhery, auprès de laquelle se pressent les V.I.P. du paddock
     
     
     
     
     
    Mais la crise de 1929 passe par là.
     
    En 1934, elle revend son magasin à BNC.
     
     
     
    Elle tente brièvement une carrière dans la chanson puis disparait du radar.
     
     
    Dans le Pigalle des années 30, les stars de la chanson côtoient volontiers les truands et d’aucun pensent que c’est avec les second que Violette Morris trainent désormais.
     
     
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    En 1936, elle est invitée aux Jeux Olympiques de Berlin, comme V.I.P. C’est sans doute là qu’elle fut recrutée par l’Abwehr
    (contre-espionnage nazi.)
     
    Certains parlèrent d’une amourette avec une officier de la Gestapo ou un simple désir de revanche sur une France qui l’a exclue.
     
    D’autres évoquèrent une réelle fascination pour le nazisme.
     
    Devenue agent, elle livre aux Allemands les plans du char Somua.
     
    Les nazis peuvent ainsi découvrir que le S-35, sans doute le meilleur tank de la fin des années 30 est lent, n’a pas de radio et que sa tourelle est dirigé par le commandant (qui ne peut donc plus surveiller la zone de combat lorsqu’il tire.)
    Image
     
    Lorsque les hostilités éclatent, la Gestapo veut “accompagner” la Wechmacht.
     
     
     
     
    Mais même les soldats nazis trouvent les agissements de la police secrète abominables.
     
    Heinrich Himmler profite du chaos en haut de la hiérarchie nazie pour créer une “filiale Française” de la Gestapo.
     
    Ce sera la sinistre “Carlingue”.
     
    La Gestapo recrutera ses agents dans le “milieu” afin de bénéficier de leurs connaissances de Paris et de leur absence de scrupules.
     
     
     
     
    Officiellement, c’est un bureau d’achat public, chargé de collecter l’argent que la France doit payer à l’Allemagne en guise de “réparations” et
     
     
    d’acheter en France des biens pour le compte de l’état Allemand.
     
     
    Mais c’est surtout une bande de malfrats chargés d’arrêter et de torturer, avec le soutien tacite de Vichy.
     
    Ils profitent d’une total impunité pour se livrer en parallèle à des activités de grand banditisme (marché noir, proxénétisme, cambriolage, recel des biens spoliés aux Juifs, etc.)
     
     
     
    Et certaines personnes furent arrêtées et torturées simplement parce qu’elles leur faisaient de la “concurrence”.
     
     
     
     
    Violette Morris fait partie de la bande.
     
     
    Elle est la maitresse d’un certain “Jo la terreur”.
     
     
    On la surnomme la “Hyène” et on la dit adepte de l’interrogatoire au chalumeau. Comme tous les cadres de la Carlingue, elle mène grand train.
     
     
     
     
    Quel fut son rôle précis?
     
    Difficile de savoir, car immédiatement après la guerre,
    Henri Lafont et Pierre Bonny
     
    (les deux “cerveaux” de la Carlingue)
    sont interpellés, jugés, condamnés à mort et exécutés
    en 3 mois.
     
     
     
     
    Le juge d’instruction se plaignit d’une telle célérité.
     
    Mais on estime qu’environ 32 000 personnes ont travaillé de près ou de loin pour la Carlingue et il ne valait mieux pas que Lafont et Bonny parlent trop…
     
     
     
    Quant à Violette Morris,
    son parcours s’arrêta en avril 1944,
    lorsque sa 15cv/six
    équipée d’un compresseur est mitraillée
    par les résistants du groupe “Surcouf”.
     
     
     
    Elle meurt sur le coup, avec 4 autres membres de la Carlingue
    (dont sa nièce.)
     
    D’après la légende la balle qui l’a tuée fut tirée par Philippe Maillard-Brune, vainqueur du bol d’or 1935.
     
     
     
     
     
     
     
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    Par avidité ou par conviction, parce qu'ils étaient des ratés ou des racistes, certains Français ont commis pour le compte du IIIe Reich

    des crimes immondes.Portraits noirs.

     

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    Les profils des Français qui s'engagèrent dans la Collaboration

    sont aussi divers que leurs motivations.

    réactionnaires ou révolutionnaires, ils soutinrent les nazis par

    les armes ou furent ce que l'historien Pascal Ory a appelé,

    dans sa somme de 1979

    «Les Collaborateurs», des «assassins de plume».

     

     

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    Parmi eux, on trouvait des Rastignac n'envisageant que l'aubaine, des écrivains et des scientifiques méconnus en quête de reconnaissance, de grands bourgeois mus par l'appât du gain, des voyous propulsés chefs de police auxiliaires et quelques masochistes pour lesquels l'engagement tint lieu de suicide.

     

    Mais la France enfanta aussi d'authentiques fascistes et nationaux-socialistes.

    Dans cette cohorte de soldats fervents, l'anglophobe côtoyait

    l'anticommuniste et l'antisémite.

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    La plupart de ces damnés furent tués à la fin de la guerre

    ou exécutés à la Libération.

    D'autres en réchappèrent, graciés ou morts en exil.

    Et certains remirent après guerre le couvert de leur ignominie.

    Voici la monstrueuse parade des pro-nazis français.

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    MARCEL BUCARD [1895-1946]

    Les camps ? «Des endroits rêvés», disait-il

     

    Séminariste, il s'engagea comme volontaire en 1914.

     

    revenu des tranchées couvert de blessures et de médailles,

    Marcel Bucard fit ensuite le tour des mouvements d'extrême droite

    qui pullulaient dans les années 1920 - 

    l'Action française royaliste de Charles Maurras au Faisceau de Georges Valois, premier parti fasciste de France avant de fonder, en 1933, son propre mouvement.

     

    Anticommuniste, anti-franc-maçon et antijuif, le parti franciste se réclamait explicitement de Mussolini, dont il recevait des subsides. Membre de l'internationale fasciste aux côtés du Belge Léon Degrelle et de

     

    l'Espagnol Miguel Primo de rivera, Bucard aspirait à une «deuxième révolution française», instaurant une société hiérarchique où l'ordre primerait la liberté, et le corps national, l'individu.

     

    sous l'Occupation, ce proche du Maréchal milita pour la Collaboration, confondant la Légion des volontaires français (LVF) et vantant les camps de concentration,

    «endroits rêvés pour apprendre aux juifs à travailler pour les autres».

     

    La plupart des francistes s'enrôlèrent dans la Franc-Garde qui traquait les résistants. réfugié à Sigmaringen avec les derniers irréductibles de la Collaboration, Bucard fut arrêté en juin 1945, condamné à mort et fusillé en mars 1946, au fort de Châtillon.

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    PAUL CHACK [1876-1945]

    Ce militaire présidait le Cercle aryen

     

    Frais émoulu de l'Ecole navale, Paul Chack sillonna les océans avant de livrer une trentaine de romans, gorgés de patriotisme et d'anglophobie, célébrant l'épopée maritime nationale.

     

    Glissant de l'Action française au fascisme, il intégra en 1937 le bureau politique du parti populaire français, futur soutien du régime de Vichy.

     

    Pétainiste et anticommuniste, il lança sous l'Occupation des appels à la dénonciation dans la presse collaborationniste et au micro de radio Paris.

    Présidant à la fois le Cercle aryen et le Comité d'action antibolchevique, c'est encore lui qui organisa la grande exposition parisienne de 1942:

    «Le bolchevisme contre l'Europe».

    En février 1943, il rallia le Front révolutionnaire national, regroupant les militants de plusieurs partis (RNP, MSR, parti franciste...) qui finirent par intégrer les rangs de la Milice. Arrêté en août 1944, il fut jugé, condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi et exécuté début 1945.

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    ALAIN LAUBREAUX [1899-1968]

    Il dénonçait des juifs dans son journal

     

    Natif de Nouméa, il devint, en 1936, critique théâtral du journal de politique internationale «Je suis partout», dans lequel il prôna dès avant guerre l'entente avec l'Allemagne.

     

    Puis, dans le Paris occupé, Laubreaux exerça sa redoutable influence bien au-delà du monde du spectacle.

    Enivré de sa puissance, il en joua sans retenue, rédigeant, entre deux critiques dramatiques fielleuses, les dénonciations antisémites anonymes de la page 3 de son hebdomadaire, et réclamant sur les ondes de radio Paris que l'on fusille

    le poète Robert Desnos (qui allait mourir en déportation) .

     

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    Ayant fui en 1944, il fut condamné à mort par contumace

    et s'éteignit en exil à Madrid en 1968.

    Dans son film «Le Dernier Métro», François Truffaut l'a représenté en lui donnant le nom de Daxiat, pseudonyme sous lequel Laubreaux signa la grande pièce antisémite de l'Occupation, «Les Pirates du ciel».

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    HENRY COSTON [1910-2001]

    Il est l'auteur d'une apologie des camps nazis

     

    Cet homme a consacré sa longue existence à dénoncer le

    «complot judéo-maçonnique».

    Militant de l'Action française, il fonda, à la fin des années 1920, les Jeunesses antijuives, au programme prémonitoire:

    exclusion des juifs de la communauté française et spoliation de leurs biens.

     

    Ayant repris «La Libre Parole», le journal antisémite d'Edouard Drumont, Coston organisa un éphémère Front national ouvrier-paysan, avant de rallier le parti populaire français, en tant que chargé du renseignement.

     

    Après l'avènement d'Hitler, il se rendit en Allemagne où, considéré comme un authentique idéaliste national-socialiste, il fut subventionné pour rééditer le célèbre livre antisémite «Les Protocoles des sages de Sion».

     

    En 1940, il rejoignit le minuscule parti national- socialiste français. sous l'Occupation, il coprésida l'association des journalistes antijuifs et multiplia livres et articles de presse.

     

    Chargé par Pétain, qui lui remit la francisque en 1943, de travailler sur la franc-maçonnerie, il anima le Centre d'action et de documentation, éditant deux bulletins «d'information antimaçonnique» et «d'information sur la question juive». il signa, dans la brochure «Je vous hais», une apologie des camps nazis.

     

    Arrêté en Autriche en 1946 et condamné aux travaux forcés à perpétuité, il bénéficia rapidement d'une grâce médicale, et lança en 1957 «Lectures françaises», une revue où signait, entre autres, Paul Rassinier, l'un des pères du négationnisme.

    Ayant fini sa carrière de haine comme chroniqueur à «Présent» et à «National hebdo», Coston mourut paisiblement

    en France à l'âge de 91 ans.

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    EDGAR PUAUD [1889-1945]

    Ancien poilu, il devient colonel chez les SS

     

    Passé par les tranchées de 14-18, puis par la Légion étrangère, Edgar Puaud s'engagea en juillet 1942 dans la Légion tricolore, prélude à la Légion des volontaires français (LVF) contre le bolchevisme que Laval souhaitait déployer sur le front de l'Est en renfort de la Wehrmacht.

     

    soutenue par Déat, Doriot et Deloncle, chefs des principaux partis collaborationnistes, qui y voyaient aussi une armée de partisans pour «nettoyer» la France, la LVF ouvrit ses rangs aux mercenaires, aventuriers et repris de justice.

     

    Fin 1943, au Vél'd'hiv de Paris, 6500 légionnaires prêtèrent serment à Hitler.

     

    Puaud, promu colonel de la Wehrmacht,

     

    prit la tête de trois bataillons rassemblés en Biélorussie.

     

    A l'été 1944, la LVF ayant subi d'énormes pertes, Himmler ordonna son démantèlement. La plupart des 1200 rescapés furent alors affectés à la 33e Division SS Charlemagne, commandée par l'Oberführer SS Puaud, et regroupant tous les Français combattant pour l'Allemagne.

     

    Début 1945, ses 10000 hommes furent décimés en Poméranie,

    lui-même y trouvant la mort.

    Les rescapés furent les ultimes défenseurs du bunker de Hitler à Berlin.

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    MAURICE SACHS [1906-1945]

    Cet escroc fut un indic pour la Gestapo

     

    Escroc, pédéraste», tel qu'il se présentait lui-même, et aussi collaborateur bien que d'origine juive, Sachs chercha dans l'expérience de l'infamie la matière d'une œuvre littéraire.

    Après une enfance très dure, il fut un temps le secrétaire de Jean Cocteau.

    Max Jacob l'encouragea à écrire.

    Après l'exode, il vendit tous les biens de sa grand-mère en exil et se fit trafiquant d'or.

     

    Epicentre du marché noir, son appartement rue de Rivoli devint le rendez-vous des escrocs et des gigolos.

    réfugié un temps en Normandie avec l'écrivaine Violette Leduc et un enfant juif recueilli qu'il abandonnera sans remords,

    il s'engagea ensuite pour le STO.

    A Hambourg, la Gestapo le recruta pour espionner ses compatriotes, tâche dont il s'acquitta avant que ses trafics ne le fassent interner au camp de concentration de Fuhlsbüttel. il fut abattu par un SS en 1945.

     

    La guerre avait empêché la publication de son grand œuvre, «Le sabbat»,

    qui parut en 1946.

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    MAYOL DE LUPÉ [1873-1955]

    Aumônier, il mit Dieu au service du Führer

     

    Né quatre-vingts ans jour pour jour après la décapitation de Louis XVI, cet aristocrate demeura toujours allergique à la république.

     

    Aumônier militaire pendant la Première Guerre, Mayol de Lupé suivit ensuite les troupes françaises en Bessarabie.

    Dans les années 1930, il effectua des voyages en Allemagne, s'y faisant un carnet d'adresses qui lui valut de nombreuses sollicitations.

     

    Hitler ayant lancé ses troupes sur l'Union soviétique en 1941, il bénit cette «croisade anti-bolchevique» en devenant l'aumônier de la Légion des volontaires français. servir sous l'uniforme allemand ne lui plaisait guère, mais face à l'antéchrist, qu'importait que la croix fut gammée.

     

    L'écusson bleu, blanc, rouge sur sa manche le tourmenta bien plus:

    «il n'y a qu'un seul drapeau, jugeait-il, le blanc fleurdelisé du comte de Chambord.»

     

    En 1943, il fit, avec sa Croix de guerre, la une du magazine allemand «signal». Célébrant la messe de Noël 1944 de la Division Charlemagne, il dédia son homélie à «Notre très saint-père le pape et à notre Führer Adolf Hitler».

     

    Mayol de Lupé fut arrêté en 1946 en Bavière, et condamné à 15 ans de réclusion.

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    HENRI LAFONT [1902-1944]

    Ce malfrat faisait parler les résistants

     

    Orphelin à 11 ans, Henri Lafont connut une enfance miséreuse, survivant de petits larcins qui le menèrent vite en colonie pénitentiaire.

     

    En 1940, son casier comptait une dizaine de condamnations.

     

    A la faveur du chaos de juin 1940, il s'évada d'un camp du Loiret en compagnie de deux Allemands.

     

    Ces agents de l'Abwehr le conduisirent à Hermann Brandl, alias «Otto», pour le compte duquel il ouvrit à Paris un «bureau d'achats».

     

    Ces officines avaient été mises en place par l'occupant pour rafler directement chez les particuliers les marchandises réquisitionnées par le Reich.

     

    Les affaires prospérant, Henri s'installa ensuite au 93, rue Lauriston, à l'ombre de la place de l'Etoile.

     

    sa bande - constituée de truands recrutés notamment à la prison de Fresnes - compta jusqu'à cent permanents, sur lesquels il régnait avec son bras droit,

     

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    l'ancien policier Pierre Bonny Dotés par les Allemands d'Ausweis et de cartes de police officielles, ses hommes écumaient la capitale, menaçant, dépouillant, assassinant.

     

    Ayant reçu la nationalité allemande et le grade de capitaine de la SS,

     

    «Monsieur Henri» roulait en Bentley s'entourait d'orchidées et invitait aux soirées du «93» le tout-Paris

    qu'il compromettait par ses faveurs.

     

     

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    son officine se mua alors en annexe de la Gestapo, traquant les résistants

    pour lesquels la rue Lauriston figurait la porte des Enfers.

     

     

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    Début 1944, Lafont créa une Légion nord- africaine qui multiplia les atrocités en Limousin et en Dordogne,

     

    puis il se cacha avec Bonny dans une ferme.

    Les deux hommes furent jugés et fusillés.

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    GEORGES MONTANDON

    [1879-1944] Il a osé l'expression «ethnie putain»

     

    Etabli à Paris en 1925, ce suisse, qui avait étudié la médecine et l'anthropologie, se fit spécialiste des «races» et spécialement de celle

    qu'il qualifia d'«ethnie putain», les juifs.

    Mais Georges Montandon resta aux portes de l'université.

     

    L'Occupation donna à ce correspondant de Céline - dont l'œuvre «Bagatelles pour un massacre» l'avait enthousiasmé - l'opportunité de faire triompher ses vues.

     

    investi dans toutes les instances antisémites de la Collaboration, il dirigea notamment «L'Ethnie française», revue financée par l'institut allemand de Paris, et publia un manuel intitulé «Comment reconnaître le Juif?».

     

    Membre du parti populaire français, il fut nommé en 1942 expert auprès du Commissariat général aux questions juives, délivrant, moyennant finances, des «certificats de non appartenance à la race juive».

     

    il trouva encore le temps de traduire le «Manuel d'eugénique et d'hérédité humaine» du nazi Otmar von Verschuer, avant de cosigner avec henry Coston (voir page 59) la brochure «Je vous hais», publication la plus violemment antisémite de la période.

     

    Cible d'un attentat des FFi, Montandon mourut dans un hôpital allemand.

     

    VIOLETTE MORRIS [1893-1944]

    On l'appelait «La hyène de la Gestapo»

     

    Fille d'un baron qui l' éleva comme un garçon, Violette Morris fut ambulancière en 1914-1918 avant de devenir célèbre dans les années 1920 en se forgeant un palmarès sportif d'exception:

    recordwoman du monde des lancers du poids et du disque, elle était aussi footballeuse, boxeuse, pilote automobile (vainqueur du Bol d'or 1927)...

     

    Bisexuelle affichée, Violette fit scandale en se faisant

    enlever les seins pour être plus à son aise au volant.

     

     

     

     

    Ce qui lui valut d'être privée des JO de 1928, les premiers ouverts aux femmes, par la Fédération française d'athlétisme qui l'accusait d'atteinte

    aux bonnes mœurs. Une injustice qu'elle crut laver en devenant espionne pour l'Allemagne.

     

    En 1940, Helmut Knochen, chef de la SS à Paris, la recruta.

     

    Elle rejoignit ensuite la rue Lauriston (voir Henri Lafont) , s'y taillant une réputation de tortionnaire émérite, avant d'être abattue en avril 1944 par des FFI sur une

    route de campagne normande.

     

    C'est l'écrivain Auguste Le Breton, qui l'avait connue en 1941, qui la surnommera pour la postérité «La hyène de la Gestapo».

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    JEAN FILLIOL [1909-?]

    Il tua pour Mussolini et pour Franco

     

    Il fut l'âme damnée d'Eugène Deloncle, le fondateur de la Cagoule. son épopée sanglante débuta le 6 février 1934.

    A la tête d'une section parisienne des Camelots du roi, Jean Filliol conduisit l'assaut manqué contre la Chambre des députés.

     

    Ayant outrepassé les consignes, il fut exclu de l'Action française.

     

    Avec Deloncle, autre dissident du mouvement royaliste, il fonda alors le Parti national révolutionnaire. inquiétés par les policiers, les deux hommes optèrent ensuite pour la clandestinité au sein du Comité secret d'action révolutionnaire (CSAR).

     

    Vite rebaptisée la «Cagoule», cette organisation structurée cherchait à entraîner l'armée dans un putsch militaire contre la république, en multipliant attentats et assassinats.

     

    En échange de mitraillettes Beretta, Filliol tua pour le compte de Mussolini deux antifascistes réfugiés en Normandie, puis il œuvra pour l'Espagne franquiste, où il se mit un temps au vert.

     

    rentré en France, il intégra le Mouvement social révolutionnaire que Deloncle venait de créer. Accusé par Vichy d'avoir fomenté une tentative d'assassinat contre Pierre Laval et Marcel Déat, il fut arrêté, puis interné près de Limoges.

     

    C'est Darnand, secrétaire d'Etat au maintien de l'ordre, qui le fit libérer début 1944 pour l'affecter à la Milice engagée en Limousin contre le maquis de Georges Guingouin. Filliol aurait alors indiqué aux SS de la division Das Reich le village d'Oradour-sur-Glane comme hébergeant un maquis.

    Condamné à mort en France, il avait fui en Espagne, où il y travailla pour L'Oréal, multinationale dont le fondateur Eugène Schueller était proche des Cagoulards. Puis on perdit sa trace.

    ----------------------
    ==> Article tiré du magazine GEO Histoire n°16,

    "La France sous l'Occupation" (sept. 2011) 

     

     

     


    En savoir plus sur http://www.geo.fr/photos/reportages-geo/seconde-guerre-mondiale-collaboration-ils-ont-pactise-avec-le-diable-127071#A8iRdOgHB4X4K3px.99

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    Je sais, celà ne va pas faire plaisir à certains,

    mais l'HISTOIRE est là....

    Un épisode parmi tant d'autres,

    HISTOIRE de la POLICE FRANCAISE

    sous PETAIN 

     

    Pris au piège de leurs intérêts corporatifs et d'une culture professionnelle principalement fondée sur l'obéissance, les policiers

    sont amenés à jouer un rôle qu'il convient d'éclairer à

    l'aide des témoignages de certains d'entre eux et

    de leurs victimes ou adversaires. 
     

     

    A travers les propos des uns et des autres, un monde complexe se dessine,

    différent des stéréotypes qui ont habituellement cours dans ce domaine. 
    Ce document aborde successivement la persécution des communistes,

    le soutien à la politique antisémite prônée par les Allemands,

    les actes de résistance de policiers courageux, et enfin,

    l'épuration qu'eut à subir à la Libération une institution républicaine

    complice d'atrocités. 

     

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    «LAURETTE 1942», UN FILM RÉSISTANT - photo 

     

     

    Je lis un livre  HISTOIRE VRAIE

    sur les arrestations par la police française vichyste,

    des jeunes résistants, et une jeune fille surtout, âgée de 17 ans,

     

    MADELEINE,

    qui a subi des interrogatoires - musclés - par les fonctionnaires

    de police et les shleuh... qui prenaient le relais...)

    Pauvre petite !

     

    Arrêtée dans la rue, la veille de NOEL 1942, dans la rue, en fin d'après-midi....

    direct par la POLICE FRANCAISE, à CAEN..

    tribunal , geoles, transferts...

    gardiennes de prison allemandes, et françaises...

    elle a été "sauvée " par la GRACE !!

     

    trop jeune pour partir dans un camp de déportation,

     

     

    ( la SEULE de tout son RESEAU, a été libérée après quelques mois,

    TOUS SES COMPAGNONS ont été FUSILLES au MONT VALERIEN )

     

    .. devant le JUGE... son avocat «  ALLEMAND « !!

    nommé d'office, l'a faite libérer....!!

     

    et surtout qu'il n'y avait PAS DE PREUVE... elle n'a jamais parlé !!! "

     

    vingt mois de prison... après train, camions,

    transfert dans une prison au milieu de la France !!

     

    Je cite :

     

    " Pris au piège de leurs intérêts corporatifs et d'une culture professionnelle principalement fondée sur l'obéissance, les policiers sont amenés à jouer un rôle qu'il convient d'éclairer à l'aide des témoignages de certains d'entre eux et de leurs victimes ou adversaires.

     

    A travers les propos des uns et des autres, un monde complexe se dessine, différent des stéréotypes qui ont habituellement cours dans ce domaine.

     

    Ce document aborde successivement la persécution des communistes, le soutien à la politique antisémite prônée par les Allemands, les actes de résistance de policiers courageux, et enfin, l'épuration qu'eut à subir à la Libération une institution républicaine complice d'atrocités."

     

     

    Sources

    D.R.

    article écrit le 22 septembre 2015

     

     

     

    http://www.dailymotion.com/video/x185txj_2e-guerre-mondiale-

    policiers-sous-l-occupation_webcam

     

     

     

     

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    On a beaucoup écrit sur la collaboration d'État par ce qu'elle est la plus sensible en premier militaire puis ensuite policière conduisant à une dictature révolutionnaire dont les précédents articles ont montré l'importance sur la vie des Français, mais la question des entreprises collaboratrices semble avoir été mise à l'écart à la libération, et pourtant de nombreuses ont collaborés comme ces grandes entreprises

     

    Renault, Worms, Berliet ou les patrons se sont retrouvés en prison après la libération. Il apparait en effet que le patronat

    a bénéficié d'une certaine indulgence.

     

    Dans les faits, les entreprises Françaises n'avaient probablement pas d'autres possibilités que de collaborer, comment faire autrement pour exister, et pour eux ce fut une source de profits, le Reich payait bien, notre dette de l'armistice revenait sous une autre forme.

     

     

    On peut considérer, en se fiant aux meilleures estimations, qu'un bon tiers de la production industrielle Française ­ et plus de la moitié après la mi-1942 ­ a franchi le Rhin à cette époque. A titre personnel, certains patrons ont été résistants, et la proportion de ceux qui ont rejoint «l'armée de l'ombre» est peu différente, à en croire les statistiques disponibles, de celle que l'on rencontre dans les autres catégories sociales.

     

     

     

    Le Paris des collaborations

    Les Allemands à la Chambre des Députés


    Photographie anonyme, juillet 1940
    © Lapi/Roger-Viollet

    Le Paris des collaborations

    Capitale de la France allemande, Paris a perdu les lieux symboliques de la légitimité nationale. Le Palais de l'Élysée est fermé, la Chambre des députés est occupée par l'administration militaire allemande (MBF) et par la Kommandantur du Gross-Paris, et le Sénat, au Palais du Luxembourg, sert de quartier général à la Luftwaffe.
    Autour du pouvoir national-socialiste gravite un nouveau « Tout-Paris », société composite formée de Français de conviction nazie, d'opportunistes et d'hommes de main parfois libérés des prisons de la République par l'occupant. Des groupes et des partis rémunérés par les Allemands ont pignon sur rue, comme le Parti populaire français de Doriot ou le Rassemblement national populaire de Déat. Ils s'appellent eux-mêmes les collaborationnistes.


    Le gouvernement siégeant à Vichy, il lui faut ouvrir une ambassade à Paris. C'est le rôle de la Délégation générale du Gouvernement français dans les Territoires occupés (DGTO), qui occupe le ministère de l'Intérieur, place Beauvau.

    Présence allemande

    Ceux des ministères qui n'ont pas été réquisitionnés par l'occupant conservent leurs locaux et les ministres font la navette entre Vichy et Paris.
     

    Le ministère de l'Information finance une partie de la propagande.

     

    À regarder ses affiches, la souveraineté du gouvernement de Vichy semble réduite à l'action familiale et sociale. Les moyens de la Propaganda Abteilung sont autrement plus amples. Ils assurent le financement de campagnes d'affiches mais aussi d'expositions imposantes, conçues dans l'esprit et le style nazis.

     

    SOURCES /http://quotidien-parisiens-sous-occupation.paris.fr/chapitre_le-paris-des-collaborations

     

    1

     

    En revanche, et c'est ce qui explique l'ampleur des livraisons au Reich, très rares ont été les cas d'entreprises résistantes, comme Hispano-Suiza, célèbre pour ses automobiles, mais surtout fabricant de matériels de guerre, dont les dirigeants, sollicités par les Allemands, ont refusé de travailler pour eux, mettant en péril l'existence même de la société et de son outil de production.

     

     

    L'atelier des usines Berliet à Vénissieux

    berliet.1296723287.jpg

    De la référence les patrons sous l'ocupation

    L'économie Française a donc travaillé presque pour l'Allemagne entre 1940 et 1944 devant s'acquitter d'abord de la dette de guerre fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark.

    Les maîtres de l’image

    Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour, l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers.

     

    L'emploi du terme de «collaboration économique» signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration Française comme conséquence désastreuse de l'armistice de 1940.

    La collaboration économique pendant l'occupation.

     

    A cette ponction forcée on peut y ajouter le travail des prisonniers de guerre, qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.

     

    En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle. Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Pétain décida d'autoriser les entreprises Françaises à accepter des contrats avec les Allemands.

     

    Les commandes Allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie Française.

     

    4

    Il est évident que les condamner dans ce cas aurait été un non sens comment donner du salaire, donc de quoi vivre, si les entreprises ferment pour ne pas traiter des affaires avec les Allemands.

     

    Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942,

    et à la Libération, il était pratiquement nul.

     

     

    De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie Française en grande partie pour son compte, en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne.Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct.

     

     

    Brouillages du quotidien

     

    Brouillages du quotidien

    La réalité en clichés
    Depuis le XVIe siècle, les Cris de Paris et les petits métiers dont ils sont l'expression constituent un réservoir d'images convenues et rassurantes, propres à exprimer la permanence et l'enracinement social du peuple dans l'espace urbain.

     

    Ces stéréotypes contribuent à vider la réalité de toute force transgressive et présente du « petit peuple parisien » une version affadie et rassurante. Ils inspirent durablement la gravure ou la peinture avant de s'exprimer, selon
    des formes naturellement réinterprétées, par la photographie relevant de l'humanisme poétique.
     

     

    Les photographies réalisées à l'instigation des services de propagande de Vichy ou simplement marquées par les valeurs maréchalistes empruntent à ce répertoire convenu pour dire un Paris éternel que rien n'aurait affecté, Paris des humbles, ici figuré par des écoliers, éternels gavroches, sur les escaliers de Montmartre, des pêcheurs à la ligne
    ou la clientèle habituelle des bistrots.

     

    Ces clichés figurent un peuple de petites gens et offrent de la ville une image débonnaire, où le temps ne passe pas. Ils diffèrent de ceux qui donnent à voir ces « touristes pas comme les autres » que sont les soldats d'occupation. Ils participent d'une neutralisation de l'histoire et, par la même, d'une négation de la dureté des temps ainsi que des résistances qu'elle suscite.

     

    Sources - http://quotidien-parisiens-sous-occupation.paris.fr/chapitre_brouillages-du-quotidien

     

     

    Selon l'historien Allemand Eberhard Jäckel, « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht , 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements», 

    Eberhard Jäckel ,

    «La France dans l'Europe de Hitler», Fayard, 1968, p. 320.

    Afficher l'image d'origine

     

    En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvre, Fritz Sauckel 

    va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO.

     

    Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires, volontaires et STO sont plus ou moins bien rémunérés.

     

     

    Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice Allemande,

    «l'industrie Française des armements de guerre fut remise sur pieds pour les armements Allemands.

     

    Sans le potentiel économique de la France, Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps.

     

    C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France».

     

     

    Deux auteurs, Fabrizio Calvi et Marc Masurovsky ,

    montrent dans un ouvrage, Le Festin du Reich, 2006,

     

    que des banques Américaines à Paris «avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre» malgré les «lois, ordonnances Américaines réprimant le commerce avec l’ennemi», et qu'elles ne furent guère inquiétées

    par la mission Matteoli.

     

     

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    Lire l'entretien avec Fabrizio Calvi sur Le Festin du Reich, mars 2007.

     

     

    * Louis Renault a été accusé à la Libération de collaboration avec l'armée Allemande. Les usines groupe Renault furent confisquées et nationalisées sous ce motif.
    * Gnome et Rhône fournissait des moteurs d'avions à l'Allemagne.

    Elle fut nationalisée à la Libération pour faits de collaboration et deviendra la Snecma, actuelle société Safran.

     

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    * Berliet
    * En mai 1941, après les premières arrestations de juifs, l'entreprise Photomaton propose ses services à l'occupant,

    «Nous pensons que le rassemblement de certaines catégories d'individus de race juive dans des camps de concentration aura pour conséquence administrative la constitution d'un dossier, d'une fiche ou carte, etc.

     

    Spécialistes des questions ayant trait à «l'identité», nous nous permettons d'attirer particulièrement votre attention sur l'intérêt que présentent nos machines automatiques Photomaton susceptibles de photographier un millier de personnes en six poses et ce en une journée ordinaire de travail», 

    Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera,

    Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995.


    * Des entreprises du BTP,

     

    comme Sainrapt et Brice, et des cimenteries ont participé à la construction du mur de l'Atlantique.
    * Banque Worms, bien introduite au sein du régime de Pétain, avec notamment Jacques Barnaud, 1893-1962, responsable des relations économiques Franco-allemandes et Pierre Pucheu, une présence qui a entraîné bien des fantasmes, voir la Synarchie.

     

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    La collaboration artistique

    Des hommes du monde du spectacle, par exemple Sacha Guitry, furent un moment taxés de collaboration parce qu'ils avaient, pendant l’occupation, continué à exercer leur métier et avaient entretenu des relations pour le moins cordiales avec l'occupant.

     

    De fait, si nombre d'autres artistes, comme Ray Ventura, avaient émigré à cette époque, un certain nombre d'autres ont, pour reprendre l'expression de Guitry, continué à exercer leur métier, comme tous les autres Français restés sur le territoire national, à la seule exception de ceux qui avaient pris le maquis.

     

    Il n'en reste pas moins que plus d'une personnalité des arts et des spectacles ne manifesta aucun état d'âme particulier à s'afficher régulièrement aux côtés des Allemands, et que ceux-ci furent largement mêlés pendant quatre ans à la vie d'un Tout-Paris pas toujours regardant.

     

     

    Quelques témoignages

    Panneau à l’exposition anti-juive de Paris, octobre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 874-11, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    Je n'ai pu publier cette image, mais vous pouvez la consulter en cliquant sur la référence citée

    img108.1297682354.jpg

    Artistes de music hall rentrant d’Allemagne, Gian Roberte, Ginette Werden-Nello, Rinatis, Suscitio.... Paris. Juillet 1943.

    © LAPI / Roger-Viollet 2152-13, référence, 

    La France pendant la seconde guerre mondiale.

    img109.1297682385.jpg

    Retour d’Allemagne des écrivains Français.

    De gauche à droite, lieutenant Gehrard Heller, Pierre Drieu La Rochelle,

    Georg Rabuse, Robert Brasillach, Abel Bonnard, André Fraigneau et Karl Heinz Bremer. Paris, novembre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 533-1, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    Charles Trenet sous l'occupation

     

     

    La presse collaborationniste

    Avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le décret-loi du 26 juillet 1936, décret Daladier, institue un «Commissariat Général à l'Information» qui dépend directement de la Présidence du Conseil. Dirigé par le diplomate Jean Giraudoux

     

    , il est chargé de contrôler les médias et mobiliser l'opinion contre l'Allemagne nazie. Pendant la Drôle de guerre, le commissariat est transformé par le décret du 1er avril 1940 en «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande » du Ministère de l'Information sur lequel va s'appuyer la collaboration pour faire accepter aux Français la défaite à travers trois médias, France-Actualité pour les actualités cinématographiques, Radiodiffusion nationale et la presse écrite.

     

     

    Les principaux journaux de presse existant alors adoptent trois attitudes, soit ils se sabordent comme

    Le Canard enchaîné, l'Intransigeant, le Populaire ou l'Humanité, soit ils se replient en zone libre dès le 10 juin 1940, essentiellement sur Lyon où existent de nombreuses imprimeries, comme Le Journal, Paris-Soir ou le Figaro, soit ils décident de reparaître en zone Nord, comme Je suis partout ou Le Matin.

     

     

     

    La majorité des titres de la presse collaborationniste en zone occupée étaient subventionnés ou détenus en sous-main par l'ambassade d'Allemagne d'

    Otto Abetz, qui a créé à cet effet les Éditions Le Pont.

     

     

    La presse parisienne est dominée par la personnalité du patron de presse Jean Luchaire .

     

     

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    L'ambassade d'Allemagne exerce principalement la propagande et la Propaganda Staffel se spécialise dans la censure, notamment grâce à ses bureaux en province.

     

    A part les ultra-collaborationnistes, les journalistes agissent plus par opportunisme, appât du gain, ou lâcheté que par idéologie alors que les salaires en France sont bloqués, leurs appointements sont doublés par l'entremise de la Propaganda Staffel.

     

    La presse pétainiste en zone libre soutient majoritairement la politique collaborationniste et antisémite de Pétain en pratiquant l'autocensure car elle est contrôlée par le «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande» du Ministère de l'Information, dirigé par Paul Marion puis Philippe Henriot.

     

     

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    Des dizaines d'écrivains ou journalistes de renom furent des collaborateurs. Les articles spécialisés permettent de connaître plus en détail la nature des engagements de différents écrivains de renom en faveur de l'occupant ou de la Révolution nationale.

     

     

    * Jacques Benoist-Méchin, historien
    * Henri Béraud, journaliste, écrivain
    * Abel Bonnard, académicien
    * Georges Albertini, journaliste et secrétaire général du RNP
    * Robert de Beauplan, journaliste, écrivain
    * Robert Brasillach, journaliste, écrivain
    * Charles Spinasse, député socialiste et fondateur

    de l'hebdomadaire collaborationniste Le Rouge et le Bleu
    * Louis-Ferdinand Céline, écrivain
    * Paul Chack
    * Jacques Chardonne, romancier
    * Alphonse de Chateaubriant
    * Pierre Drieu La Rochelle
    * Abel Hermant, académicien
    * George Montandon, ethnologue
    * Lucien Rebatet, romancier
    * Camille Mauclair, écrivain
    * Charles Maurras, directeur du journal L'Action française.
    * Maurice Sachs, écrivain, juif, collaborateur.

     

     

    Quelques témoignages

    img112.1297691945.jpg

    «Je suis partout», hebdomadaire politique et littéraire dirigé

    par Robert Brasillach, juillet 1941. © Roger-Viollet 11136-11, référence, 

    La France pendant la seconde guerre mondiale. 

     

     

    img111.1297691914.jpg

    Kiosque à journaux, Paris. © André Zucca / BHVP / Roger- Viollet 37817-2, référence, 

    La France pendant la seconde guerre mondiale.

     

     

    img110.1297691866.jpg

    Vente dans la rue du journal de Jean Luchaire. © André Zucca / BHVP / Roger-Viollet 37809-12, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

     

     

    http://lhistgeobox.blogspot.fr/2011/06/238-pierre-dac-tout-ca-ca-fait-1944.html

     

    http://cinepsy.com/film/panique/#movie-review

     

     

     

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  •  

    14 JUIN 1940, l'ARMEE ALLEMANDE OCCUPE PARIS ! 

    Soldats allemands attablés à une terrasse de café à Paris en juin 1940.

    Article paru dans Le Figaro du 2 juillet 1940

    Quelqu'un venant de Paris m'a dit…

    La capitale reste digne et calme sous l'occupation

     

    Quittant Bordeaux, nous venions de sortir de la zone occupée.

    Nous ne croiserions plus sur les routes de colonnes allemandes et, aux carrefours, nous ne verrions plus de soldats feldgrau réglementer la circulation en agitant des petits disques rouges et blancs montés sur une tige comme des écrans japonais.

    Ouf! c'est fini. Nous poussions un profond soupir de soulagement. Le passager que nous avions dans notre voiture hocha la tête.

    -Je sais à quoi vous pensez nous dit-il, vous les avez vu à Bordeaux. Mais moi c'est pire, je les ai vus à Paris.

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    Une partie des troupes allemandes d'occupation stationnant près de l'Arc de Triomphe, le 14 juin 1940.© Ria Novosti




    Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population.

     

    La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France.

    Dès leur arrivée, les Allemands marquent de leur empreinte une ville déclarée ouverte. Pour faciliter la circulation des militaires allemands dans la ville occupée, des milliers de panneaux indicateurs furent installés un peu partout aux carrefours.

     

    Dans la vidéo suivante (muette), la succession d'images hétéroclites, filmées par les services cinématographiques de l'armée allemande, illustre les débuts de

    l'occupation allemande dans la capitale.
     
    Scènes de vie au premier jour de l’occupation (film muet)…

     

     
    Reportage Actualités françaises. Photo AFP / Berliner Verlag / Archiv / DPA-Zentralbild / DPA.

     

    -A Paris ?

     

    Oui, monsieur, à Paris.

    J'en arrive. Comment?

    Pourquoi? c'est une autre histoire.

    Afficher l'image d'origine 

    J'étais en mission, et je les ai vus à Paris, oui monsieur, sur nos boulevards, dans nos cafés.

    Cela me paraissait inconcevable.

     

    Je voyais, j'écoutais un homme qui avait vu ce spectacle incroyable.

    -Alors, dites, comment est-ce Paris occupé par les Allemands?

     

    -Vide, triste, silencieux.

    Très peu de circulation dans les rues, mais le métro fonctionne.

    C'est à peu près le seul moyen de locomotion.

     

    Les seules voitures qui circulent sont les autos militaires ou officielles. Mais Paris n'est pas cependant une ville morte. Il vit.

     

    Les magasins sont ouverts ainsi que les cafés.

    Quelle est leur clientèle?

    -Avant tout les Allemands.

     

    Dans les grands magasins les Allemands achètent beaucoup, surtout des objets de luxe, de la lingerie féminine, des parfums.

     

    Des sucreries, de la confiserie, du chocolat aussi.

    Ils paient avec leurs marks estimés 20 francs.

     Afficher l'image d'origine

    Ils se régalent pour pas cher.

    -Et les cafés?

    -Les officiers allemands se sont emparés du Fouquet et de Maxim‘s. Ils y règnent en maîtres. [Ici du texte coupé par la censure].

    Ils se donnent ainsi l'illusion de mener la vie de Paris.

    -Les cinémas?

    -Un certain nombre de cinémas sont ouverts.

     

    Le Marignan est réquisitionné.

    On y projette des films pour les seuls soldats allemands.

    Nous aurions voulu lui demander tant de choses que nous ne savions plus par où commencer.

    -Le ravitaillement, la nourriture?

    -Paris est mal ravitaillé, mais il l'est.

    Le lait est réservé pour les enfants, pour les malades.

    -Ont-ils pénétré dans les maisons?

    -Nulle part, je crois.

    Les grands hôtels ont été réquisitionnés.

    La troupe cantonne dans les monuments publics, dans les casernes.

    -Y a-t-il eu des défilés, des parades?

    -On a raconté beaucoup de choses qui sont fausses.

    Il n'y a pas eu de défilé*.

     

    Seulement une cérémonie sur le tombeau du soldat inconnu et des hortensias bleus par centaines, par milliers, ont été déposés.

     

    Le drapeau à croix gammée a flotté pendant un jour sur l'Arc de Triomphe.

     

    Il flotte encore sur beaucoup de monuments, la Chambre, l'Elysée, etc.,etc.

     

    -Et le chancelier Hitler, s'est-il montré?

    -On m'a assuré que non.

    Hitler prend la pose devant la tour Eiffel le 23 juin 1940. 

    Il serait venu un matin vers 6 heures, à l'Eglise de la Madeleine, du moins c'est le sacristain qui l'affirme, et il ne faut pas croire tout ce qu'on dit**.

    Afficher l'image d'origine 

    Je ne suis resté qu'une demi-journée à Paris.

     

    Je n'ai point pu tout voir, et j'ai entendu raconter beaucoup de choses.

     

    D'une façon générale, j'ai eu l'impression que Paris vivait au ralenti. La nuit tout est éteint à 21 heures, tout s'arrête. J'ai eu l'impression aussi que la Gestapo travaillait activement et surveillait tout en détail.

     

    Prononcer dans un établissement public le mot boche est très dangereux, mais on peut parler des Fritz et des Fridolins.

    -Les civils allemands commencent-ils à arriver?

    -J'ai vu des cars qui amenaient des touristes.

     

    C'étaient les premiers.

    Voilà ce que m'a dit cet homme qui venait de Paris.

    Mon cher Paris, le reverrai-je un jour?...

    Et ce jour-là, quel sera son visage?

     

     

    Par André Warnod

    *Il y a bien eu des défilés et des parades sur les avenues autour de l'Etoile.

     

    **Hitler s'est rendu dans la capitale, discrètement il est vrai, probablement

    le 23 juin 1940 au petit matin.

    Il visite en deux heures non seulement la Madeleine mais également le Palais Garnier, les Invalides, le Panthéon, Notre-Dame, les Halles de Paris, et même le Sacré-Cœur.

     

    Sources

    http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2015/06/12/26010-20150612ARTFIG00340-il-y-a-75-ans-paris-vivait-les-premiers-jours-de-l-occupation-allemande.php

    http://geopolis.francetvinfo.fr/14-juin-1940-larmee-allemande-occupe-paris-17595

     

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  •  

     

    Ils côtoient la mort pour renseigner Londres,

    pour faire évader des prisonniers,

    pour rapatrier des pilotes,

    pour organiser des sabotages... 

    Ils appartiennent à un réseau.

     

    Des réseaux qui émergent parfois de manière spontanée, par la seule volonté de quelques résistants.

     

    Mais ils dépendent le plus souvent de Londres.

     

    Car de cette capitale de la liberté proviennent les soutiens logistiques et financiers.

     

     

    Londres, où siègent la section française du Special Operation Executive, l'Intelligence Service, le Bureau central de renseignement et d'action.

     

     

    • Saboteur en action.

      Saboteur en action.©MINDEF/SGA/DMPA


     

     

    Les réseaux spécialisés dans le renseignement supposent des organisations de type militaire s'appuyant à la fois sur un quadrillage du territoire français et des liaisons permanentes - radio, aériennes, maritimes


    - avec l'étranger. Les autres réseaux présentent des profils difficilement classifiables.

     

    De la grande filière de passeurs internationaux au réseau local de sabotage. Mais, grands ou petits, les réseaux sont traqués par les Allemands et les Miliciens.

     

    L'automne 1943 est particulièrement tragique :
    16 000 agents tués ou déportés.

     

     

    Relais de la Mémoire :

    Le réseau Comète (Saint-Jean de Luz, Pyrénées Atlantiques)



    Deux jeunes Belges créent le réseau Comète en 1940 pour convoyer de la Belgique à l'Espagne des résistants et des soldats anglais.

     

    Le pays basque s'organise pour accueillir les clandestins.

     

    Et passer les Pyrénées.

     

    Pour en savoir plus : 

     

    Fondation de la résistance(link is external)

     

     

    Source MINDEF/SEDAC et BBDO Corporate
     
     
     
     
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    La COLLABORATION

     

     

     

    Le 30 octobre 1940, six jours après sa rencontre avec Hitler à Montoire,

     

     

    le maréchal Pétain s’adresse aux Français :

     

    « Français, j’ai rencontré jeudi dernier le chancelier du Reich.

     

    Cette rencontre a suscité des espoirs et provoqué des inquiétudes…

     

    Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays.J’en ai accepté le principe ». 

     

    Le maréchal Pétain croit, comme la majorité des Français à cette époque, que la victoire des Allemands est inéluctable et définitive.

     

    Il pense pouvoir améliorer le sort des Français et notamment celui des prisonniers de guerre en collaborant avec l’Allemagne.

     

     

    La Collaboration va prendre deux visages : idéologique et économique. 

      

     

    On a beaucoup écrit sur la collaboration d'État par ce qu'elle est la plus sensible en premier militaire puis ensuite policière conduisant à une dictature révolutionnaire dont les précédents articles ont montré l'importance sur la vie des Français,

     

    mais la question des entreprises collaboratrices semble

    avoir été mise à l'écart à la libération,

     

    et pourtant de nombreuses ont collaborés comme ces grandes entreprises Renault, Worms, Berliet ou les patrons se sont retrouvés en prison après la libération.

     

     

     

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    Il apparait en effet que le patronat a bénéficié d'une certaine indulgence.

     

    Dans les faits, les entreprises Françaises n'avaient probablement pas d'autres possibilités que de collaborer, comment faire autrement pour exister, et pour eux ce fut une source de profits, le Reich payait bien, notre dette de l'armistice revenait sous une autre forme.

     

     

     

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    On peut considérer, en se fiant aux meilleures estimations, qu'un bon tiers de la production industrielle Française ­ et plus de la moitié après la mi-1942 ­ a franchi le Rhin à cette époque.

     

    A titre personnel, certains patrons ont été résistants, et la proportion de ceux qui ont rejoint «l'armée de l'ombre» est peu différente, à en croire les statistiques disponibles, de celle que l'on rencontre dans les autres catégories sociales.

     

    En revanche, et c'est ce qui explique l'ampleur des livraisons au Reich, très rares ont été les cas d'entreprises résistantes, comme Hispano-Suiza, célèbre pour ses automobiles, mais surtout fabricant de matériels de guerre, dont les dirigeants, sollicités par les Allemands, ont refusé de travailler pour eux, mettant en péril l'existence même de la société et de son outil de production.

    L'atelier des usines Berliet à Vénissieux

     

     

    berliet.1296723287.jpg

    De la référenc 

     

    L'économie Française a donc travaillé presque pour l'Allemagne entre 1940 et 1944 devant s'acquitter d'abord de la dette de guerre fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark.

     

    Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour,

     

    l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers.

     

    L'emploi du terme de «collaboration économique» signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration Française comme conséquence

    désastreuse de l'armistice de 1940.

     

     

    Photo couleur prise lors d'un meeting Nazi en 1930 par un photographe de Hitler 

    1930

     

    La collaboration économique pendant l'occupation.

     

    A cette ponction forcée on peut y ajouter le travail des prisonniers de guerre,

    qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.

     

    En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle.

     

    Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Pétain décida d'autoriser les entreprises Françaises à accepter des contrats avec les Allemands.

     

    Les commandes Allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie Française.

     

    Il est évident que les condamner dans ce cas aurait été un non sens comment donner du salaire, donc de quoi vivre, si les entreprises ferment pour ne pas traiter des affaires avec les Allemands.

     

    Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942, et à la Libération, il était pratiquement nul.

     

     

     

    De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie Française en grande partie pour son compte, en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne.Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct.

     

    Selon l'historien Allemand Eberhard Jäckel,

     

    « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht , 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements», Eberhard Jäckel ,

     

    «La France dans l'Europe de Hitler», Fayard, 1968, p. 320.

     

    En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvreFritz Sauckel va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO.

     

    Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires, volontaires et STO sont plus ou moins bien rémunérés.

     

     

    Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice Allemande,

    «l'industrie Française des armements de guerre fut remise sur pieds pour les armements Allemands. Sans le potentiel économique de la France,

     

    Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps.

     

    C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France».

    Deux auteurs, Fabrizio Calvi et Marc Masurovsky , montrent dans un ouvrage, Le Festin du Reich, 2006, que des banques Américaines à Paris «avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre» malgré les «lois, ordonnances Américaines réprimant le commerce avec l’ennemi», et qu'elles ne furent guère inquiétées par la mission Matteoli.

     

    Lire l'entretien avec Fabrizio Calvi sur Le Festin du Reich, mars 2007.

     

     

    * Louis Renault a été accusé à la Libération de collaboration avec l'armée Allemande.

     

    Les usines groupe Renault furent confisquées et nationalisées sous ce motif.
    * Gnome et Rhône fournissait des moteurs d'avions à l'Allemagne.

     

    Elle fut nationalisée à la Libération pour faits de collaboration et deviendra la Snecma,

    actuelle société Safran.
    * Berliet

     


    * En mai 1941, après les premières arrestations de juifs, l'entreprise Photomaton propose ses services à l'occupant,

     

    «Nous pensons que le rassemblement de certaines catégories d'individus de race juive dans des camps de concentration aura pour conséquence administrative la constitution d'un dossier, d'une fiche ou carte, etc. Spécialistes des questions ayant trait à «l'identité», nous nous permettons d'attirer particulièrement votre attention sur l'intérêt que présentent nos machines automatiques Photomaton susceptibles de photographier un millier de personnes en six poses et ce en une journée ordinaire de travail», Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995.


    * Des entreprises du BTP, comme Sainrapt et Brice, et des cimenteries ont participé à la construction du mur de l'Atlantique.
    * Banque Worms, bien introduite au sein du régime de Pétain, avec notamment Jacques Barnaud, 1893-1962, responsable des relations économiques Franco-allemandes et Pierre Pucheu, une présence qui a entraîné bien des fantasmes, voir la Synarchie.

     

    La collaboration artistique

    Des hommes du monde du spectacle, par exemple Sacha Guitry, furent un moment taxés de collaboration parce qu'ils avaient, pendant l’occupation, continué à exercer leur métier et avaient entretenu des relations pour le moins cordiales avec l'occupant.

     

    De fait, si nombre d'autres artistes, comme Ray Ventura, avaient émigré à cette époque, un certain nombre d'autres ont, pour reprendre l'expression de Guitry, continué à exercer leur métier, comme tous les autres Français restés sur le territoire national, à la seule exception de ceux qui avaient pris le maquis.

     

    Il n'en reste pas moins que plus d'une personnalité des arts et des spectacles ne manifesta aucun état d'âme particulier à s'afficher régulièrement aux côtés des Allemands, et que ceux-ci furent largement mêlés pendant quatre ans à la vie d'un Tout-Paris pas toujours regardant.

    Quelques témoignages

    Panneau à l’exposition anti-juive de Paris, octobre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 874-11, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    Je n'ai pu publier cette image, mais vous pouvez la consulter en

    cliquant sur la référence citée

    img108.1297682354.jpg

    Artistes de music hall rentrant d’Allemagne, Gian Roberte, Ginette Werden-Nello, Rinatis, Suscitio.... Paris. Juillet 1943. © LAPI / Roger-Viollet 2152-13, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

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    Retour d’Allemagne des écrivains Français. De gauche à droite, lieutenant Gehrard Heller, Pierre Drieu La Rochelle, Georg Rabuse, Robert Brasillach, Abel Bonnard, André Fraigneau et Karl Heinz Bremer. Paris, novembre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 533-1, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

     

    Charles Trenet sous l'occupation

     

    La presse collaborationniste

    Avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le décret-loi du 26 juillet 1936, décret Daladier, institue un «Commissariat Général à l'Information» qui dépend directement de la Présidence du Conseil. Dirigé par le diplomate Jean Giraudoux, il est chargé de contrôler les médias et mobiliser l'opinion contre l'Allemagne nazie.

     

    Pendant la Drôle de guerre, le commissariat est transformé par le décret du 1er avril 1940 en «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande » du Ministère de l'Information sur lequel va s'appuyer la collaboration pour faire accepter aux Français la défaite à travers trois médias, France-Actualité pour les actualités cinématographiques, Radiodiffusion nationale et la presse écrite.

    Les principaux journaux de presse existant alors adoptent trois attitudes, soit ils se sabordent

     

    comme

     

    Le Canard enchaîné, l'Intransigeant, le Populaire ou l'Humanité, soit ils se replient en zone libre dès le 10 juin 1940, essentiellement sur Lyon où

    existent de nombreuses imprimeries, comme

     

    Le Journal, Paris-Soir ou le Figaro, soit ils décident de reparaître en zone Nord, comme Je suis partout ou Le Matin.

     

    La majorité des titres de la presse collaborationniste en zone occupée étaient subventionnés ou détenus en sous-main par l'ambassade d'Allemagne d'Otto Abetz, qui a créé à cet effet les Éditions Le Pont.

    La presse parisienne est dominée par la personnalité du patron de presse Jean Luchaire . L'ambassade d'Allemagne exerce principalement la propagande et la Propaganda Staffel se spécialise dans la censure, notamment grâce à ses bureaux en province.

     

    A part les ultra-collaborationnistes, les journalistes agissent plus par opportunisme, appât du gain, ou lâcheté que par idéologie alors que les salaires en France sont bloqués, leurs appointements sont doublés par l'entremise de la Propaganda Staffel.

     

    La presse pétainiste en zone libre soutient majoritairement la politique collaborationniste et antisémite de Pétain en pratiquant l'autocensure car elle est contrôlée par le «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande» du Ministère de l'Information, dirigé par Paul Marion puis Philippe Henriot.

     

    Des dizaines d'écrivains ou journalistes de renom

    furent des collaborateurs

     

    Les articles spécialisés permettent de connaître plus en détail la nature des engagements de différents écrivains de renom en faveur de l'occupant ou de la Révolution nationale.

     

     

    * Jacques Benoist-Méchin, historien
    * Henri Béraud, journaliste, écrivain
    * Abel Bonnard, académicien
    * Georges Albertini, journaliste et secrétaire général du RNP
    * Robert de Beauplan, journaliste, écrivain
    * Robert Brasillach, journaliste, écrivain
    * Charles Spinasse, député socialiste et fondateur de l'hebdomadaire collaborationniste Le Rouge et le Bleu
    * Louis-Ferdinand Céline, écrivain
    * Paul Chack
    * Jacques Chardonne, romancier
    * Alphonse de Chateaubriant
    * Pierre Drieu La Rochelle
    * Abel Hermant, académicien
    * George Montandon, ethnologue
    * Lucien Rebatet, romancier
    * Camille Mauclair, écrivain
    * Charles Maurras, directeur du journal L'Action française.
    * Maurice Sachs, écrivain, juif, collaborateur.

     

     

    Quelques témoignages

    img112.1297691945.jpg

     

     

    «Je suis partout», hebdomadaire politique et littéraire dirigé

    par Robert Brasillach, juillet 1941. © Roger-Viollet 11136-11, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale. 

    img111.1297691914.jpg

    Kiosque à journaux, Paris. © André Zucca / BHVP / Roger- Viollet 37817-2, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

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    Vente dans la rue du journal de Jean Luchaire. © André Zucca / BHVP / Roger-Viollet 37809-12, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    La suite 53 portera sur le Service du Travail Obligatoire.

     

     

     

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  • JACK GONET

    LE TEMPS DES DORYPHORES

    Souvenirs d'un enfant méruvien pendant

    la seconde guerre mondiale 1940-1945

    Chapitre premier

       J'avais à peine sept ans et pour moi la guerre n'était qu'un mot qui revenait souvent dans la conversation des mes parents, mon grand père était volubile sur ce sujet, il écoutait avec attention le " communiqué " sur une vieille T.S.F. qui datait de son fils Paul qui avait été

    établi radio-électricien dans la ville.

      Ce mot qui n'avait aucune signification pour moi, sonnait mal dans mes oreilles juvéniles, et ce n'est que ce jour de Mai de l'année 1940 alors que l'aviation allemande bombardait un train de munitions stationné en gare de Méru que je pris conscience de cette réalité.

    Les explosions résonnaient dans mes oreilles, les vitres des maisons de la rue d'Andeville

    tombaient avec fracas sur les trottoirs.

    Les déflagrations étaient puissantes et se succédaient à un rythme obsédant, je me mis à pleurer, à hurler de frayeur, je ne pensais qu'a sortir de la boutique de mon grand-père qui était quincaillier dans ce quartier, j'appelais mon oncle d'Argenteuil qui possédait une petite voiture,

    une Simca 5, pour qu'il m'emmène ailleurs au delà de cet enfer.

      Mon grand-père Paul, vêtu de son traditionnel bourgeron noir, binocles sur le nez, tenait avec sérieux, me semblait-il, son petit négoce de fil de fer, de clous, il appelait cela des " pointes " ou encore des semences, suivant la taille, il faisait aussi commerce de grillages, de bassines des toutes formes et aussi d'outils qu'il présentait dans deux petites vitrines.

      Quand le bombardement fut terminé, que les munitions du train furent épuisées, les hommes du quartier sortirent tous de leur précaire abri: la cave, et se dirigèrent vers les bistrots du quartier, il n'en manquait pas dans le coin:

    Dumont à l'angle de la rue Boudeville, qui faisait aussi épicerie, Hattin, un peu plus loin, et puis le café de la piscine, celui du parc et un autre un peu plus haut face à l'industrie.

     

    C'est chez la mère Dumont que j'accompagnais mon grand-père, autour des " canons " voire des " chopines ", les commentaires allaient bon train, il fut question de l'arrivée des troupes allemandes, les " boches ", des sévices qu'ils faisaient subir aux femmes et aux enfants, quand aux hommes ils étaient immédiatement fusillés.

      Pendant ce temps mon père qui avait été réformé pour maladie, avait été malgré cela mobilisé pour servir une pièce de D.C.A. prés de Chartres, à Morençay, j'étais seul avec mon grand-père et ma mère, qui occupait un petit emploi à la fabrication d'aiguilles à tricoter à l'industrie méruvienne.

      La décision fut vite prise: il fallait quitter le pays, cacher plus loin les femmes et les enfants, l'exode était à l'ordre du jour, les hommes surchauffés par les événements et par les consommations de demi-settiers élaboraient les départs, les destinations, et surtout les moyens de locomotion.

     

    Mon père avant de partir servir la patrie était employé dans l'usine Romec à Hénonville qui fabriquait des obus, fut rappelé par son patron qui voulait déménager son usine avant que n'arrivent les allemands, quand à moi il fut décidé que partirais avec ma grand-mère et ma cousine chez une tante qui habitait prés de Paris, j'y serai en sécurité près de mon oncle qui était ancien combattant de la grande guerre.

      Quand à mes parents, ils partiraient en Bretagne avec la voiture d'un boulanger méruvien, le " père Cocquillon " qui suivrait avec une deuxième voiture, et tous iraient se terrer dans la profonde campagne bretonne, à Liffré un petit village près de Rennes où sa soeur tenait une ferme.

     

    La gare de Méru en ruines était bien sur inutilisable, mon grand-père décida d'aller prendre le train pour Paris à Laville tertre où il y avait une gare. Nous voilà partis à pieds avec quelques bagages sur la bicyclette du grand-père avec ma grand-mère Berthe et ma cousine Paulette, la route me semblait longue et monotone, par bonheur un industriel de Méru, monsieur Angot au volant d'une petite camionnette Peugeot, s'arrêta à notre hauteur et proposa, la voiture étant petite, de m'emmener moi et ma grand-mère jusqu'à Laville tertre ou nous attendrons le reste de la troupe.

     

    La nuit était tombée à leur arrivée et le prochain train était pour le lendemain matin, mon grand-père décida de passer la nuit dans une maison de la famille, d'un cousin de son épouse, il fallut casser un carreau, n'ayant bien sûr pas de clé, ce qui me révolta et me mis en larmes, c'est la guerre grommela mon grand-père pour me rassurer.

      Je revis mon père le lendemain matin quand il vint rechercher Paul avec la voiture du père Cocquillon, il nous déposa à la gare qui était à l'écart du village, destination Paris puis Vincennes en banlieue. Pendant ce temps les hommes préparaient l'exode vers la Bretagne, puis au retour ils racontèrent: Le boulanger qui avait une bonne cave, après s'être constitué une provision pour le voyage, sortit ses bonnes bouteilles sur le trottoir et les offrit aux soldats de passage qui fuyaient vers le sud et aux passants, la gendarmerie et les services administratifs étaient déjà partis. Ce fut un cultivateur méruvien resté sur place pour sauvegarder son cheptel qui " accueillit " les troupes allemandes, le maire de l'époque, Marcel Coquet étant à l'armée.

     Je n'ai que peu de souvenirs de mon séjour chez ma tante à Vincennes. A l'arrivée des Allemands, les Boches, disait-elle, nous étions avenue de Paris, refusant de voir et d'entendre la parade des occupants en m'entraînant sous une porte cochère elle se mit à pleurer en tournant le tête, moi j'étais plutôt admiratif, devant ces uniformes impeccables, la musique ronflante, leur manière de marcher au pas de l'oie m'étonnât.

     

    Un autre souvenir me fut pénible, le jour de la déclaration de guerre des Italiens envers la France, une foule imbécile saccageât le magasin d'un petit épicier italien qui était là depuis vingt ans.

      Après un bon mois d'exil dans la banlieue de la capitale, il fallut bien revenir à Méru, à mon regret car je me trouvais bien dans cette grande ville, les commerces encore bien approvisionnés me changeaient de la boutique de la mère Dumont.

     

    René le fils de ma tante me fit découvrir Paris et me sortait au cinéma. Un beau matin mes parents vinrent me chercher, je quittais sans plaisir l'appartement de la rue des Meuniers et me voila de retour rue d'Andeville. Finalement notre petit logement n'avait pas été " visité ", j'y retrouvais mes jouets, mon cartable d'écolier toujours à la même place, pendu au portemanteau, j'oubliais vite Vincennes et ses beaux magasins.

     

    Le commerce de mon grand-père avait été pillé, il ne restait pas grand chose du contenu des vitrines, le matériel ménager était parti et avait fait les choux-gras ce ceux qui n'avaient pas fuient comme nous. Nous allions devoir nous habituer à la présence des allemands, nous nous installions dans l'occupation.

      Finalement la première impression que nous faisait les " boches " était assez bonne, vêtus d'uniformes bien coupés, surtout ceux des gradés, une politesse presque obséquieuse, la distribution quotidienne de nourriture, soupe et pain noir, faisait que pendant les premiers jours les adultes acceptaient cette contrainte, je ne le compris qu'un peu plus tard, des sous entendus prétendaient que certaines femmes aux moeurs dites légères succombaient facilement au prestige de l'uniforme.

     

    Chaque soir donc la soupe était distribuée à la porte des " cantonnements ", généralement des bâtiments réquisitionnés par l'organisation des troupes., les parents sûrement gênés d'aller mendier de la nourriture aux envahisseurs envoyaient leurs enfants, qui devaient avant de recevoir leur ration présenter des mains propres aux ongles récurés, sinon pas de soupe !

      Les officiers s'étaient installés dans les maisons bourgeoises vides, comme l'immeuble Fessart(*) et en avaient fait leur " kommandantur ".

    D'autres, les plus belles, faisaient office de cantonnement, rue Voltaire, rue de la République, Virhally, une ancienne brasserie rue Charles Boudeville et aussi le château de Sandricourt.

     

    Les soirées étaient occupées avec des voisins au récit de l'exode vers la Bretagne, les lapins dans une cage, les ponts que le génie des armées françaises dynamitait après leur passage pour retarder l'ennemi, les campements sur la route à la belle étoile avec les lapins qu'on sortait de la cage et qu'il fallait attacher par une patte, le voyage qui aurait du se faire en deux jours prit presque une semaine, les avions de l'armée allemande mitraillaient les colonnes de réfugiés, il y eu beaucoup de morts et de blessés sur les routes.

     

    Bref ce fut pour tous un soulagement que de retrouver le calme dans la campagne bretonne, où la nourriture était encore copieuse, le bon cidre servi à tout moment pour étancher les soifs dues aux travaux des champs auxquels ils participaient, la guerre était presque oubliée, ce fut un séjour mémorable duquel ils gardèrent de bons souvenirs.

    L'emplacement est maintenant occupé par la Poste, l'immeuble à été conservé tel quel.

     

    Chapitre deuxième

      Les réactions des méruviens commencèrent à être plus hostiles aux occupants quand ceux ci devinrent plus exigeants, ils réquisitionnaient davantage de locaux, de cantonnements, l'école Voltaire et en général toutes les maison vides de la localité. La nourriture allait être rationnée, de même que le carburant pour les automobiles était réservé aux services d'urgence.

     

    La résistance pointait le bout de son nez d'autant que ceux qui possédait la " T.S.F. " avaient entendu, malgré le brouillage, le message d'un certain général De Gaulle, depuis Londres qui incitait les citoyens à désobéir au chef de l'état, le maréchal Pétain, il incitait les volontaires à le rejoindre outre Manche, ou à mettre en place des réseaux de résistance.

      Il fallait reconnaître que tout était organisé de main de maître par l'état major allemand, l'organisation Todd responsable du génie et des travaux et dont les soldats étaient vêtus de kaki, était installée dans une usine désaffectée du centre ville, les "machines automatiques ",

    autrement dit la maison Leroy qui fabriquait des machines pour l'industrie du bouton.

    L'organisation Todd occupe l'usine abandonée "les machines automatiques de Méru"

      L'hôtel du centre avait été vendu par son propriétaire, Clotaire Carpentier, pour en faire une sorte de maison close, le "Pouf ", qui recevait les " vert de gris " en mal d'affection, avec la participation de dames méruviennes fort à l'aise dans cet emploi.

     

    La direction sanitaire militaire exigeait que ces dames soient en bonne santé, aussi chaque semaine un bon docteur de la ville auscultait celles-ci dans un local de la rue Pasteur, aux anciens hospices, où se tenait l'atelier municipal et où mon père venait d'être embauché,

     

    l'usine d'Hénonville ou il travaillait à fabriquer des obus étant fermée par la volonté de son patron Monsieur Romec qui ne voulait par fournir de munitions aux allemands.

      Il devenait de plus en plus difficile de se procurer de la nourriture convenable, les distributions de soupe par la troupe avaient cessé, ce n'était, disait ma mère, que de la propagande, aussi il fut décidé de louer un jardin, près du passage à niveau de la route de Beauvais, mon père citadin de la région parisienne, n'était pas expert dans ce genre d'exercice,

     

    c'est mon grand-père qui prit la direction de l'affaire, près de la cabane en tôle, il me réservât un petit coin pour y faire pousser des fleurs, ce coin de terre devint le lieu des occupations du Dimanche après-midi et de certaines soirées.

     

    A nous les semis, le désherbage, le sarclage, la chasse aux doryphores sur les plants de pommes de terre, un insecte destructeur, qui disait-on était venu dans les bagages des occupants, c'est ainsi que nous les surnommions entre nous.

      A l'école il était organisé des collectes de ces horribles bêtes puantes, nous en remplissions des bouteilles qui étaient ramassées en classe, puis celles-ci étaient brûlées pour éviter qu'elles ne prolifèrent. Il fallait aussi aller à la chasse aux engrais naturels, crottin de cheval que nous ramassions dans les rues, après le passage des voitures de livraison, bouses de vaches,

     

    l'idéal pour repiquer les poireaux, il fallait beaucoup d'effort pour enfin voir pousser nos légumes, mais quel bonheur de les trouver sur la table et quelle leçon de choses.

     

    Place du jeu de paume, classe de Georges Cresson .

      Mon père, qui donc travaillait comme employé municipal sous le mandat de Marcel Coquet, un dauphin de l'ancien maire Bebert Dégremont, était chargé entre autres taches, de mettre en place les cantonnements que la ville devait aux occupants.

     

    Pendant l'absence de ceux-ci, il m'était possible de l'accompagner, et de profiter, en cachette, des fruits des vergers de ces maisons bourgeoises abandonnées par leurs propriétaires partis en " zone libre " ou à l'étranger.

      Quoique difficile, avec le manque de matières premières, le commerce continuait à bien se porter, les habitudes du quartier étaient redevenues coutumières et je revois toujours mon grand-père, en soirée, sur le trottoir, assis à cheval sur une chaise, les avants bras sur le dossier, qui attendait le client, ou qui commentait les dernières nouvelles avec un voisin en quête d'informations, je l'aidais avec plaisir comme je pouvais, et quand il s'agissait de vendre du grillage,

     

    j'en commençai le cérémonial, d'abord dérouler celui-ci sur le trottoir, le maintenir en place avec les poids en fonte de la balance, les plus lourds, mesurer la longueur avec le mètre de bois, le couper bien droit avec des tenailles, bien affûtées, la fin de la vente se passait sur le zinc d'en face chez Dumont .

      Notre quartier, rue d'Andeville, rue Théodore Gérard, rue Charles Boudeville, était proche de la rue Pasteur qui s'appelait encore pour les anciens, rue de l'abreuvoir, parce que il n'y avait pas bien longtemps, le ru était à découvert et que les bêtes y venaient boire, cette rue avait mauvaise réputation, on l'appelait aussi rue des pouilleux, elle était fermée par deux passages étroits: près de la maison Bouteille et par la petite rue Berthelot prés de chez Legay, c'était un espace que nos parents nous interdisait de fréquenter, il est vrai que deux immeubles vétustes, abritaient des familles très pauvres et de ce fait mal vues.

     

    Bien que ma mère fut élevée avec des principes bourgeois, école privée catholique, cercle des enfants de Marie, fréquentations de bal de notables, le chômage subit par mon père aprés les gréves de 1936 et les faibles revenus du commerce de mon grand-père, tout cela faisait que nous n'étions pécuniairement pas très à l'aise, je devais me contenter comme les enfants du quartier des jouets que nous proposait le petit bazar: toupie à fouet, cerceaux de bois et un peu plus tard, jouets biscornus que nous fabriquions de bric et de broc, j'aimais beaucoup ma toupie, celle-ci faîte en bois tourné était mise rotation grâce à un fouet dont nous enroulions la ficelle autour du fût et qu'il fallait lancer avec vigueur, il fallait activer la toupie ensuite par des coups du même fouet, nous faisions des concours que suivaient avec intérêt les vieux du quartier, installés à califourchon sur leur chaise, sur le trottoir.

      La circulation des automobiles était quasiment inexistante, restriction de carburant oblige, les rares à circuler devaient posséder un " ausweiss " autorisation délivrée par la kommandantur, les voitures à chevaux avaient repris possession des rues, faisant concurrence à " Mimile " qui ramassait pour le compte de la maison Prévost, les ordures ménagères, peu volumineuses à l'époque, tout était récupéré par les usagés, pour la nourriture des lapins où pour le jardin, les emballages perdus n'avaient pas cour.

     

    La rue était notre terrain de jeu et nous en profitions, des camarades très bricoleurs et astucieux construisaient des planches à roulettes!

     

    Des roulements à billes de bonnes dimensions emmanchés sur des tasseaux de bois, calés avec des clous, le tout fixé sous une planche, " l' essieu " avant était articulé et commandé par une ficelle, et nous voila partis à descendre la cote d'Andeville depuis l'industrie, en roue libre pour s'arrêter devant le vétérinaire là ou la route remontait et nous permettait de finir la course en douceur.

     

    Un des gosses de la rue Charles Boudeville avait un père ébéniste, mais aussi un peu photographe, accordeur de piano et aussi chômeur. La pratique de la photographie étant interdite et les pianos très rares à Méru, le gosse avec l'aide de son père avait fabriqué une " moto " sur le même principe que nos planches à roulettes.

     

    L'engin avait de l'allure, le pilote était assis sur une selle en bois et un guidon permettait de diriger l'engin, les tiroirs de mon grand-père me fournissait la quincaillerie et pour tous c'était la chasse aux roulements à billes.

     

    Tous les soirs d'été et les jeudis, la rue d'Andeville retentissait du son criard des roulement sur le goudron de la chaussée et encore une fois nous faisions notre numéro devant un public attentionné.

      Nos occupations de pré-adolescents allaient faire place à d'autres plus vitales, la nécessité quotidienne d'améliorer la nourriture que nous octroyait l'occupant par le biais des tickets des cartes d'alimentation.

     

    J'allais passer mes jeudis après-midi de congé scolaire à l'abattoir municipal au bout de la rue Mimaut, le prétexte était de ramener le soir de quoi nourrir le chien de mon père, mais en fait je cherchai de quoi améliorer l'ordinaire.

     

    Responsable de l'établissement, le père David me fit connaître le monde des bouchers, des gens aux habitudes plutôt rudes, mais bourrés de bons sentiments, d'une grande sensibilité, je m'en fis des amis et malgré mon jeune âge je m'habituais à l'abattage des bêtes, à l'odeur du sang et de la viande fraîchement débitée, je devins insensible à la mort nécessaire des animaux, je repartais le soir avec mon chariot chargé de quelques boyaux de boeuf enrobés de leur graisse, quelques fois avec une mamelle de vache où des testicules de taureaux, morceaux de choix que se réservaient habituellement les bouchers.

      La graisse qui accompagnait les boyaux, une fois hachée menue puis fondue, remplaçait le beurre pour mijoter les ragoûts de rutabagas et autre plats de guerre, avec l'aide de mon père nous faisions une sorte de pâté avec les boyaux qui, avec une bonne adjonction d'épices étaient consommables, mais sans plus.

     

    Cette pénurie de tout permettait à certains bons français de faire de l'argent et même de très bonnes affaires, c'était le régime du marché noir, un marché parallèle du troc et des combines, des fortunes s'édifièrent en peu de temps, cette pratique, réprimée par l'occupant lui profitait bien aussi.

     

    Les moins nantis devaient faire appel au " système D ", pour avoir un peu plus de pain que ne le permettait la ration quotidienne, il fallait aller glaner le blé au moment de la moisson, la pratique pour nous, jeunes était d'aller " tirer " dans les meules ce qui nous valait quelques poursuites épiques à travers champs par un " gros " cultivateur qui de sa carriole distribuait généreusement des coups de fouet sur les cuisses des chapardeurs.

     

    Les grains de blé, séchés, puis débarrassés de la menue paille étaient, avec l'aide de ma cousine Paulette écrasés à l'aide d'un moulin à café, de cette farine grossière nous tirions, après l'avoir tamisée, de quoi fabriquer, c'était ma tache, un pain cuit dans la cocotte, quelque fois mal levé, pas assez ou trop cuit, mais il avait le goût du pain blanc, du pain de la liberté.

     

    Chapitre troisième

      Nous étions logés dans un petit trois pièces au dessus du magasin de mon grand- père, le confort était minimum, pas d'eau courante et je devais coucher dans la salle à manger, la cuisine était exigüe et faisait penser à un couloir, notre voisine que j'appelais grand-mère Marie n'avait pas l'électricité et s'éclairait avec une lampe à pétrole.

     

    Ainsi il nous fut possible d'emménager dans le local de gardien de l'usine Leroy qui était désaffectée depuis le début de la guerre, occupés un moment par l'organisation Todd, les bâtiments étaient à nouveau à l'abandon et pour moi allait commencer une grande aventure:

     

    la découverte de cet immense édifice, quoique nous n'occupions que quatre pièces, je pouvais me promener dans toute l'usine, je commençais par les toits, une échelle métallique en permettait l'accès très facilement, je me trouvais un circuit en marchant dans les chenaux, les terrasses et les faux toits, je découvrais tout le paysage des vieilles toitures du centre ville.

     

    Des magasins installés dans les greniers regorgeaient de pièces détachées pour les machines outils de boutonniers, c'était un paradis qui me faisait oublier ces temps pénibles.

      Je n'oubliais pas les copains de la rue d'Andeville, mais je me fit de bons amis dans le quartier, mon père m'avait récupéré un vélo que je bricolais avec l'aide de René, mon voisin d'en face qui s'y connaissait à merveille dans l'art de réparer les pneus usés, en y collant des bandes de chambre à air avec de la " dissolution " encore trouvable.

     

    Quand les pneus étaient usés à l'extrême nous avions d'autres solutions, il fallait bien pouvoir se déplacer, d'abord un truc facile: un morceau de tuyau d'arrosage agrafé avec une épingle en fil de fer faisait office de pneu plein, très peu confortable, à chaque tour de roue on ressentait dans les reins et les bras le clac du raccord sur le sol, ensuite, plus sophistiqué et plus délicat à réaliser, un empilage de rondelles de caoutchouc, des joints de canettes à bière enfilés sur un fil de fer, c'était bien confortable, mais quel travail!

      Sur ces montures, plus ou moins performantes, nous allions sur les routes du canton, à l'aventure, surtout à la recherche d'herbe pour les lapins, de blé pour le pain, de betteraves à sucre.

     

     

    Un soir un avion anglais fût descendu par la flag teutonne et s'écrasa dans la plaine entre Lormaison et Saint Crépin, le lendemain, un jeudi, jour de repos scolaire, nous voila partis avec mon copain, René, en vélo pour voir de près les restes de l'appareil, l'épave était sérieusement gardée par des sentinelles allemandes.

     

    Après avoir planqué nos vélos dans le fossé, nous avons pu, sans se faire voir, en rampant dans le blé haut, inconscients des risques, s'approcher des débris et ramasser quelques bouts de ferraille, à nos yeux des trésors de guerre que nous pourrions exhiber le lendemain à l'école. Plus tard nous avons appris que le pilote, qui avait sauté en parachute, était mort.

      Les restrictions de carburant avaient aussi donné des idées aux adultes, prêts à tout pour faire circuler les automobiles encore disponibles, là aussi le Système D était de rigueur, des étranges alambics naissaient comme des tumeurs sur les ailes des camions et même de certaines limousines: les " gazo ", une installation compliquée qui permettait de fabriquer du gaz à partir de petits rondins de bois, le gaz remplaçait la précieuse essence de pétrole.

     

    Il fallait là aussi être patient, le fourneau de cet engin devait être allumé plusieurs heures avant le départ et il fallait régulièrement nettoyer les tuyaux et le réservoir du goudron qui se formait pendant la distillation.

     

    Un électricien de Méru monsieur Bacué avait choisit l'électricité pour faire circuler son véhicule, une voiturette à trois roues de marque Morgan, l'astucieux artisan avait équipé l'engin d'un moteur basse tension et avec une bonne provision de batteries rechargées chaque nuit, il pouvait se rendre chez ses clients tout le temps que duraient les accus.

      Le temps passait, l'occupation durait et nous passions notre temps libre à la recherche de combines, tout devenait rare et donc précieux, le sucre faisait défaut, bien que la betterave sucrière soit largement cultivée dans la région, elle était réservée par l'occupant à la fabrication d'alcool, carburant de remplacement, " erzast " pour les déplacements des troupes allemandes.

     

    J'allais à la gare à betteraves ramasser les racines tombées des wagons, puis à la maison je les préparais pour en faire de la mélasse: épluchées, coupées en petits cubes, cuites longuement pour en faire évaporer l'eau, il en résultait une sorte de confiture , très sucrée qui dans le petit déjeuner, remplaçait avantageusement l'affreuse saccharine du pharmacien.

     

    Le café, objet d'importation était aussi absent de la cuisine, jadis présente sur le coin de la cuisinière prête à servir à chaque visite, la cafetière était rangée dans le placard en attendant des jours meilleurs, sauf pour les débrouillards qui avaient, moyennant finances, accès au marché noir.

     

    Pour mes parents il fallait avoir recours à l'erzast, de l'orge grillée, le céréale, se trouvait facilement mais il fallait le griller, c'était ma cousine Paulette qui " était chargée " de ce travail, dans notre logement de la rue du docteur Gey, nous avions une sorte d'arrière-cuisine très étroite avec une fenêtre qui donnait dans la cour du grand bazar, porte fermée, dans ce réduit, l'opération consistait à griller dans une poêle à frire l'orge juste ce qu'il fallait pour en faire du faux café, la manoeuvre était délicate et produisait une fumée épouvantable qui allait parfumer la cour du bon monsieur Mathivat

     

    La viande était toujours aussi rare chez le boucher et ne se vendait officiellement qu'en échange de tickets d'alimentation, hormis les abats que je rapportais de l'abattoir

    le Jeudi, les rations étaient maigres.

     

    Mon père s'était fait une relation avec Julot, un habitant du hameau de Lardières, un homme des bois, la chasse étant interdite, sauf pour certains, les armes à feu avaient été confisquées et de ce fait le gibier était abondant, les braconniers étaient à leur affaire et quoique traqués par les gardes, ils faisaient de bonnes prises.

     

    Julot était un as en la matière et parfois le Jeudi il m'emmenait volontiers dans les bois et les prés préparer ses pièges et ramasser le butin de la veille, il m'apprit tout, repérer les coulées des lièvres, des lapins, choisir le bon fil de fer que lui vendait mon grand-père, un matériau assez fin, recuit, facile à nouer, qu'il fallait placer à bonne hauteur, en prenant mesure avec la main, pouce tendu, et puis une fois le gibier pris au piège et mort,

     

    le cacher dans un fourré et uriner autour pour le soustraire au flair des chiens ou autres renards, Julot me fit découvrir les richesses de la nature, les champignons à la bonne saison, les prunelles délicieuses après les premières gelées, et d'autres fruits sauvages, les petites pommes, les poires à cochon, moins délicates, les châtaignes et les mûres à la fin de l'été. Je revenais souvent de Lardières avec dans mon sac à dos un beau lièvre, et dont le poids et la trouille des gendarmes, me coupaient les jambes.

      Le clocher de Méru abritait des escadrilles de pigeons qui venaient y nicher et se reproduire, de fin tireurs parmi les officiers allemands venaient les descendre à la carabine depuis la place de l'église, et faisaient l'admiration de nous autres gosses, d'autres visiteurs habilités à pénétrer dans le clocher se servaient à juste titre de cette bonne viande qui s'accommodait si bien avec les petits pois, le responsable de l'horloge et même le garde champêtre, ils n'avaient pas leur pareil pour étouffer vivement et sans douleur les volatils éblouis par une lampe électrique.

     

    Mon père en tant que responsable des ateliers municipaux possédait la clé du clocher et avec la complicité du curé de l'époque nous allions tous deux avec une vieille carabine à plombs qui avait échappée à la confiscation, descendre quelques volatils que nous partagions avec le curé.

     

    La carabine était démontée, j'en cachais la crosse dans ma veste tandis que mon père enfilait le canon dans son pantalon, la montée des marches était pénible jusqu'à la hauteur des cloches, la carabine remontée en bas des marches, nous attendions la sonnerie de l'heure ou de la demie, et à nous le gibier qu'ensuite nous allions ramasser dans les chenaux entre les toits, il arrivait même que le jeune vicaire nous fit une commande: ma soeur vient de récolter des petits pois disait-il astucieusement.

     En face de notre nouvelle résidence de la rue du docteur Gey, il y avait un établissement vide, l'ancien garage Tétard, juste habité par un couple de gardiens, les Barbier, ce beau bâtiment fut d'abord réquisitionné pour y stocker de la paille, celle-ci devant servir à fabriquer des sortes de grands paillassons pour couvrir les wagons de marchandises à destination du grand reich.

     

    Ces couvertures étaient fabriquées dans le grand atelier de l'usine Leroy, juste en face, des hommes mais surtout des femmes sans emploi y venaient travailler à la journée pour le compte de l'armée d'occupation, le contremaître était le " père Kulhen " avant guerre artisan forain, il animait les fêtes de village avec plusieurs manèges et une boutique de nougats et autres friandises, tout ce matériel était au repos en attendant des jours meilleurs. Il menait dare-dare son personnel, les femmes devaient lier des torons de paille sur des fils de fer tendus sur une sorte de métier fixé au ras du sol.

     

    Ce travail était le bienvenu pour beaucoup et quand les responsables de l'armée étaient absents il se passait du bon temps, et même des moments de franche rigolade, le contremaître, Gaston aimait bien plaisanter avec les femmes, les conversations étaient souvent paillardes, mais sans plus.

    Les employées de la paille

    Un jour deux chars d'assaut et leurs équipages des " S.S. ", jeunes, blonds et très beaux vinrent s'installer dans le garage Tétard, vraisemblablement pour s'y reposer. Avec René mon voisin d'en face et d'autres copains nous pouvions pénétrer facilement dans le garage et cachés dans les bottes de pailles nous passions des heures à les observer.

     

    Notre curiosité était éveillée à l'extrême par le matériel de guerre, nous fumes même invités à visiter l'intérieur des chars bourrés de munitions, l'espace était réduit, mais nous trouvions cela bien agencé, quel succès à l'école quand nous avons raconté notre visite. Tous les matins les beaux ariens faisaient leur toilette, au robinet d'eau du garage, nus comme des vers, la gardienne était choquée et gênée de traverser le bâtiment pendant leurs ablutions, à plus forte raison quand ceux-ci l'interpellaient dans leur langue gutturale.

     

    Nous autres jeunes adolescents restions ébahis à la vue de leur sexe qui nous paraissait énorme, même notre copine Josette qui nous suivait partout lorgnait avec curiosité cet appendice masculin qui pour elle devait être une spécificité de la race allemande.

      Notre piscine socialiste était réquisitionnée un jour par semaine pour la détente des soldats, fermée ce jour là aux méruviens, ce jour là aussi le naturisme était de rigueur, soldats et " souris grises ", auxiliaires féminines, s'adonnaient au plaisir de l'eau dans le plus simple appareil, c'est ainsi au cours d'une visite d'entretien avec mon père et Bebert Blanchet, que je découvris de visu les différences entre hommes et femmes, c'est aussi dans cette piscine que j'appris à nager avec l'aide de monsieur Talon, un maître nageur venu se planquer à Méru.

     

    Feu à la ferme Duchatel le 1er mai 1942, sous le commandement du capitaine Anthony BERNARD

     

    Chapitre quatrième

       Ecouter la radio anglaise était rigoureusement interdit par les autorités allemandes et pouvait être puni de la peine de mort, n'empêche que tous ceux qui possédaient la " T.S.F. " calaient leur radio sur les grandes ondes à l'heure des informations en langue française, précédé du fameux indicatif, les premières mesures de la cinquième symphonie de Beethoven, les trois points un trait de l'alphabet morse, le .V. de la victoire.

     

    C'était l'émission " les français parlent aux français ", le brouillage était intense et l'écoute difficile, des radios amateurs fabriquaient des " cadres " pour avoir une réception plus directive, il fallait enrouler du fil de cuivre émaillé sur une monture de bois, le nombre de spires était critique et les résultats pas toujours évidents, l'écoute terminée il fallait cacher cet accessoire encombrant et revenir à l'antenne classique pour écouter " radio- Paris ".

      Certains soldats hostiles au nazisme demandaient au méruviens partisans de De Gaulle d'écouter radio Londres, c'était le cas d'Oscar un mécanicien de l'armée et d'un autre officier, avocat dans le civil et qui pratiquait très bien notre langue, il fallut du temps pour que mon père accepte de les recevoir à l'heure de l'écoute, ils étaient encore plus prudents que nous, fermaient eux-mêmes les volets et tiraient les rideaux, la porte était fermée au verrou,

     

    ils prenaient les nouvelles réelles du front, l'avocat traduisait pour Oscar, ils repartaient après que la radio fut réglée sur radio Paris, leur commentaire était toujours le même: pas bon la guerre, Adolphe malade!

      L'avocat qui travaillait à la commandanture faisait son possible pour éviter les heurts entre les méruviens et la milice. Je m'étais fait un ami d'Oscar qui travaillait dans le garage d'en face après que les tankistes S.S. en soient partis. Sa spécialité était de repeindre en couleurs de camouflage les voitures particulières réquisitionnées. Il m'avait offert de repeindre mon vélo, c'était la première fois que je voyais utiliser un pistolet à peinture, je n'avais pas trop apprécié la couleur vert de gris de mon vélo, mais voyant qu'il voulait me faire plaisir je m'en contentais. Oscar était bon mécanicien, il n'avait pas son pareil pour faire démarrer un " gazo ", un dimanche, il nous proposa de nous emmener à Lavilletertre, avec une citroën traction avant équipée de cet engin, nous n'allèrent que jusqu'à Monts, le véhicule refusant d'aller plus loin, c'est à pieds que nous sommes revenus.

      Ayant de plus en plus d'exigences et de plus en plus besoins de locaux, l'armée décida de s'installer aux écoles Voltaire, nous autres écoliers nous retrouvèrent à la rue, les écoles maternelles furent fermées aux petits et réservées aux plus grands, j'échouais avec toute ma classe à l'école Jean Macé, les pupitres étaient trop petits, les tableaux trop bas et les toilettes inutilisables.

    l'année suivante je me retrouvais avec notre instituteur Georges Cresson dans un atelier désaffecté de la côte de Beaumont où il se fabriquait avant l'occupation des boutons de coquillages, cette matière première, un produit d'importation n'était plus livrée, certains boutonniers comme les Ets Mercier s'étaient reconvertis dans le transport. Nous n'avions pas de chauffage dans cette classe de fortune et notre instituteur proposait à la récréation des jeux réchauffants.

      L'aviation alliée surveillait les mouvements de troupes et les activités du camp du Coudray en Thelle, L'éclairage public dans les rues était interdit, les voitures allemandes qui circulaient la nuit éclairaient leur route avec des " yeux de chats ", une seule petite fente laissait passer la lumière des phares, en ville il fallait fermer les volets dès la tombée de la nuit ou coller de la cellophane bleue sur les vitres, pour guider leurs convois de nuit, l'armée avait exigé des municipalités que les panneaux routiers en ville soient éclairés de manière discrète.

    C'est mon père qui fût chargé par le maire de procéder à cette installation, la commune n'était pas riche et les matières premières manquaient, des boites de conserve vides servaient de réflecteurs et munies d'un interrupteur manoeuvrable avec une sorte de clé rustique, tous les soirs il était chargé, après que la ville lui ait obtenu un laissez passer, d'aller allumer cet éclairage et éventuellement d'en changer les ampoules défectueuses ou disparues, c'était pour moi un plaisir de l'accompagner quelques fois pour faire ce travail routinier pendant lequel nous nous faisions contrôler par les patrouilles à chaque coin de rue.

      La résistance commençait à faire parler d'elle, on commentait diverses nouvelles d'attentats, de lignes électriques détruites, de descentes dans les bureaux de tabac pour alimenter en cigarettes les maquisards, que certains pro-nazis qualifiaient de terroristes, de nombreux méruviens étaient persuadés que la victoire finale reviendrait à Hitler, et affichaient leur sympathie aux occupants, voir leur collaboration.

    Nous avions entre nos murs un certain Rudy, marié à la fille d'un notable méruvien et qui affichait très ostensiblement des opinions pro-nazi, il paradait en ville dans un pseudo uniforme allemand.

    La crainte de l'action de la résistance avait déterminé les autorités à instaurer des tours de garde le long de la voie ferrée pour tous les hommes adultes et au poste de contrôle de Nord-lumiére place du jeu de paume.

    Mon père, avec trois autres employés municipaux, était commis d'office pour monter la garde trois nuits par semaine auprès du transformateur principal.

    Aimant bien dormir la nuit, il s'était aménagé avec son coéquipier une couchette dans le sous-sol du bâtiment, pour ne pas être trouvés endormis lors du contrôle de la patrouille qui passait chaque nuit, ils empilaient derrière la grand'porte des bidons vides ayant contenu du carbure, servant à fabriquer l'acétylène pour les lampes de secours de Nord lumière, à chaque ouverture de la porte la pyramide de fûts s'écroulait avec fracas réveillant les soi-disant gardes, pas contents les allemands avaient flairé la combine et il fallut trouver autre chose de plus discret: une sonnerie alimentée par une vieille batterie d'automobile était commandée par un contact fait d'une pince à linge en bois coincée dans la feuillure de la porte.

    La combine dura longtemps jusqu'au jour ou deux autres gardiens utilisant le même artifice ne purent se réveiller, après avoir trop usé de la piquette que les épiciers vendaient en guise de vin.

      La garde des voies de chemin de fer se faisait par réquisition systématique de tous les hommes valides, par ordre alphabétique, le curé de Méru n'échappait pas à la règle,

    Les hommes, pour tenir toute la nuit, emmenaient quelques provisions et aussi un peu de boisson, notre bon curé qui devait dire sa messe le matin à jeun arrêtait son casse-croûte au milieu de la nuit pour être en règle avec la pratique sacerdotale.

      Les traditions ancestrales des agriculteurs et plus particulièrement les propriétaires de vergers n'avaient pas perdus leurs droits de " bouillir ", c'est à dire le droit de faire distiller une partie de leur récolte de cidre pour en tirer une sorte de " calva ", très raide et fort alcoolisé, les opérations très contrôlées par l'occupant se faisaient sur la place de la mairie en présence d'un officier et d'un soldat en armes, les badauds étaient nombreux pour regarder le travail du spécialiste, en espérant, pourquoi pas, un fond de verre du précieux liquide, la sentinelle allemande lorgnait elle aussi, avec envie, vers le mince filet d'alcool qui gouttait du récipient de cuivre, l'homme de l'art, flairant une bonne farce à faire à l'occupant proposa au teuton: schnaps?

    ya ya ! répondit ce dernier, il lui fût servit un plein verre de calva tiède et encore saturé des éthers malicieux de la distillation, privé peut-être d'alcool depuis un bon moment, le serviteur du grand reich fit " cul sec " puis titubant ,assommé par la boisson il s'allongea sur le trottoir devant les spectateurs ravis du bon tour, il fut vite évacué par la police militaire, après que le distillateur se soit fait vertement tancé par l'officier de service.

      Le Château de Sandricourt, propriété d'un richissime américain avait été occupé lui aussi, nous avons su plus tard que cette magnifique propriété était un centre de repos pour les officiers supérieurs de l'armée de l'air allemande, ces as des combats de la bataille d'Angleterre profitaient tout à leur aise des installations majestueuses réalisées jadis par le marquis de Beauvoir, les habitants de Sandricourt parlaient aussi de contingents de jolies filles qui tenaient compagnie à ces messieurs.

     

    Un autre site près de Méru faisait l'objet de grands travaux, dans le plus grand secret et sous une surveillance particulière c'était le tunnel ferroviaire du Coudray en Thelle qui en raison de sa grande résistance avait été choisi pour abriter le train blindé du " furher " lors de ses visites dans la capitale, près de l'entrée du tunnel un camp militaire avait été aménagé avec un confort particulier, tennis, piscine, cinéma, salles souterraines pour y abriter les installations radio, la bataille d'Angleterre aurait été dirigée depuis ce site par Goering qui chassait aussi dans la forêt de Sandricourt. Un large périmètre autour du Coudray était interdit, seuls les habitants avait un droit de passage, le train de Beauvais était dévié par Creil, des ouvriers et des artisans avaient été réquisitionnés pour travailler à l'aménagement des belles maisons du village occupées par l'état major, très surveillés, les travailleurs étaient parait-il bien payés. On à dit après la libération que les enfants des écoles avaient été requis avec leurs instituteurs pour accueillir le furher sur le quai de la gare de Parfondeval tandis que les photographes officiels tiraient de nombreux clichés, propagande ! Plusieurs fois des bombardements eurent lieu sur ce site mais sans succès.

      Le ras le bol des français se faisait sentir, les actes de résistance étaient plus fréquents, en plein jour ou plus discrets, comme ce marchand de chaussures de la place de l'hôtel de ville qui cachait dans son appartement, au dessus de son magasin des aviateurs alliés "récupérés " par les résistants du maquis de Ronquerolle. Moi qui avait l'oreille aux aguets, j'avais bien compris que dans l'entourage de mon père, parmi les employés municipaux, certaines nuits ils partaient en équipe réceptionner des parachutages d'armes prés d'Haillencourt, nous mêmes, écoliers naïfs, pensions faire de la résistance en chantant " les Allobroges " que nous trouvions très subversif.

     

    Chapitre cinquième

       L'année 1944 venait de débuter, nous ne savions pas encore que ce serait l'année de la libération, je devais faire ma première communion au printemps. Aussi j'allais régulièrement au catéchisme dans notre église froide et sombre, certains fidèles, fidèles aussi au maréchal Pétain et à ce qu'il représentait, étaient présents à la grand messe du dimanche et affichait avec ostentation des opinions pro allemande ce qui ne plaisait pas trop à mon père, encore moins à mon oncle Henri qui se prétendait marxiste.

      La cérémonie religieuse était une chose, il fallait aussi penser à recevoir la famille, et prévoir le repas comme il se doit, mes parents avait acheté un jeune agneau qui serait " sacrifié " pour ce jour. D'ici là il allait falloir l'engraisser sérieusement, en laisse comme un chien " Tonton " allait en ma compagnie brouter l'herbe tendre du talus de la route d'Andeville, il nous accompagnait aussi au jardin en se nourrissant de des déchets du désherbage des légumes, tout le monde était persuadé qu'il serait " à point " pour la cérémonie.

      Au début de l'année des résistants avaient été arrêtés à la suite d'une dénonciation après un parachutage d'armes à Haillencourt, Marcel Ponlevé, boucher, Lucas, appariteur, Monel, coiffeur, Lhomme, directeur de Nord Lumière qui était le radio de l'équipe, tous ces gens courageux avaient été conduits dans un camp à Compiègne, nous n'en avions pas de nouvelles.

      Le matin du 6 juin les renseignements donnés par la radio anglaise suscitent une grande animation et de l'enthousiasme pour les méruviens: Ils ont débarqué! enfin l'avenir se présentait mieux, toutefois les nouvelles étaient rares et assez floues, la B.B.C. était de plus en plus brouillée par l'occupant. Dans les jours qui suivirent une grande agitation régnait sur les routes, de nombreux convois traversaient la ville en direction de la Normandie. Quelques jours plus tard une patrouille aérienne mitrailla la gare de Méru, une locomotive est complètement détruite, il n'y eu aucun blessé, cependant des balles ont ricoché dans les jardins alentours, de nombreuses douilles de mitrailleuse jonchaient les rues près de la gare, nous allions les ramasser comme des trophées.

    31 Aout 1944. Gare de Méru, les réservoirs détruits.

      Quelques jours avant ma communion une plate forme vide de transport de V.1 heurta la barrière du passage à niveau de la route de Beauvais au moment ou passait le train venant de Laboissière, l'accident a fait de nombreux blessés, deux docteurs de Méru se rendirent sur les lieux pour les soigner, un véhicule militaire les emmena vers Beauvais.

      Le dix huit, c'est le jour de communion, pour la première fois je suis en costume, pantalon long, cela me gène au niveau des genoux, il faut s'y faire c'est un événement, mes parents sont allés trouver cet habit à Beauvais, chez Médieu, dans une ville en ruine où les commerces se tiennent dans des cabanes en bois, résultat du bombardement de la ville en juin 1940, c'est une ville triste. La cérémonie religieuse aussi est triste, les cierges sont interdits et remplacés par des fleurs de lys, ce qui ne plaît pas à mon oncle qui y voit un symbole royaliste. Pour la première fois je devais recevoir l'hostie que je trouvais fade, j'avais bien soin de ne pas la croquer, pour ne pas blesser le corps du christ, je faisais ce que les bonnes dames du cathé m'avais recommandé, sans convictions réelles. Après la sortie de la messe, mon oncle qui était amateur photographe voulut à toute fin faire des photos, il lui restait une pellicule datant de 1940, cet article étant quasiment introuvable depuis, et photographier dans la rue était interdit, pendant ce temps le repas fut préparé par les femmes, Il faut dire que toute la famille et même des amis étaient présents, venus en train, en bicyclette, parfois à pieds. Le repas fut copieux et apprécié de tous, Tonton avait été sacrifié par Marcel, un ami de mon père qui était boucher, le marché du Vendredi nous avait fourni un très beau turbot, poisson assez rare mais d'autant plus délicieux qu'il avait été accommodé par ma tante, la soeur aînée de ma mère, qui était fine cuisinière ,et puis nous avions les fruits, des fraises que nous allions cueillir dans les jardins des maisons abandonnées qui n'étaient pas occupées par les soldats allemands.

      Le ciel était de plus en plus envahi par les avions des alliés, et à chaque fois nous étions inquiets quant à leurs intentions, souvent ils ne faisaient que passer à basse altitude au dessus de la gare et des voies ferrées, une autre fois dans la soirée un bombardier arrosa la gare reconstruite en bois, sans la toucher, par contre les alentours subissent des dégâts, rue Baudier, la cité Brébant est touchée, la maison de monsieur Royer est détruite et lui même blessé, sans gravité, toutefois, monsieur Boitel aussi. Une évacuation du quartier est engagée, certains vont s'installer au centre ville, d'autres dans la campagne. Nous savions par la radio anglaise que les troupes alliées progressaient sur le front de Normandie, l'écoute toujours difficile donnait lieu à des " bidouilles " invraisemblables, les cadres efficaces souvent, mais aussi, les avions lâchaient des petite lanières de métal brillant, des blagueurs prétendaient qu'il suffisait de mettre ces objets dans le poste de T.S.F. pour avoir une écoute confortable de la B.B.C., j'appris plus tard de la part d'un pilote que ces lanières lâchées en grande quantité étaient des leurres pour les radars allemands. Dans le courant du mois de juillet, les mitraillages et les bombardements se succèdent souvent avec comme objectif, les voies ferrées et le tunnel du Coudray.

    Tunnel du  Coudray

      Le père d'un de nos camarades d'école fut tué lors d'un mitraillage du terrain d'aviation de Beauvais, avec Charles un copain de classe, nous décidons de faire une quête auprès des parents des élèves de notre classe. Un dimanche matin alors que nous étions rue Mimaut, devant le chantier d'Anthony Bernard, deux maraudeurs en rase motte mitraillent le quartier, les douilles encore fumantes tombaient sur la chaussée, monsieur Bernard qui avait été attiré dehors par le bruit des avions nous attrapa vite par le bras et nous mit dare-dare à l'abri dans sa cave, l'alerte passée, en sortant ce fut la récolte des douilles pour enrichir notre collection.

      Il y avait dans l'usine que nous occupions, une très belle cave voûtée que mon père commença à aménager à partir du début du mois d'Août, en prévision de ce qui pourrait arriver lors de l'avance des troupe alliées, notre cave devait être prête pour pouvoir y passer plusieurs jours: réserve d'eau, de nourriture, lits de camp et paillasses " empruntés " à l'occupant, il y avait même une trompette pour appeler du secours en cas de bombardement, avec deux de nos copains de quartier nous avions creusé une tranchée dans le jardin du garage Tétard déserté par la troupe. D'autres belles caves, notamment celle du garage Gueudet avaient été prévues comme abri par la défense passive.

      De nombreux convois circulent dans la ville, dans les deux sens, ceux qui vont vers l'est sont dans un état lamentable, j'ai souvenir d'une équipe de soldats harassés, entassés dans un corbillard traîné par une maigre cheval, un soldat en déroute à pieds prétendit même me voler mon petit vélo, je me débâtis comme un diable, il me traîna sans ménagement jusqu'à la Kommandantur où il se fit rabrouer par un officier, sitôt libéré avec mon vélo, je m'empressais de rentrer à la maison et de cacher ma monture après l'avoir démontée.

    C'est à ce moment qu' Oscar le mécanicien, s 'arrêtât devant notre porte, il fuyait le front de Normandie, avec un autre soldat, à bord d'une Peugeot au toit éventré, remplacé par un morceau de tôle ondulée, tous deux étaient dans un état lamentable, les traits tirés, avec une barbe de plusieurs jours, c'est foutu, nous dit-il en nous expliquant qu'ils essayaient de rejoindre l'Allemagne.

      Un jour de beau temps alors que nous étions au jardin avec Paulette ma cousine et mon grand-père et que ,je m'occupais des doryphores, un gros avion américain certainement en difficulté largua son chargement au dessus du bois de Boulaines, c'était la première fois que je voyais des bombes tomber d'un avion, il était très bas je distinguais très bien les étoiles sur son fuselage, au moment des déflagrations nous nous miment à l'abri dans la cabane, allongés sur le sol et les mains sur les oreilles, deux jours plus tard alors que j'étais près de la bijouterie Daval, nouveau lâcher de bombes, cette fois je me mis à l'abri dans l'entrée de la banque proche. Vers la mi août, deux hommes en moto, tirent au revolver, dans la rue Anatole France sur Rudy Mendza, collaborateur notoire, il était le fils du propriétaire du café " A tout va bien " au bout de la rue nationale, le père Mendza était aussi recruteur pour les candidats au S.T.O. des volontaires qui s'engageaient pour aller travailler outre Rhin.

      Le lendemain de cet attentat, le service sanitaire des armées d'occupation décide de réquisitionner l'hôpital de Méru, l'établissement devant être libre le soir même, les moins malades doivent rentrer chez eux, les pensionnaires de l'hospice seront déménagés dans la maison du peuple, rue Pasteur, et dans les écoles, des volontaires, pompiers, scouts et membres de la croix rouge effectuent ce transport avec les moyens du bord, dont un brancard tiré par une bicyclette, dotation de la croix rouge aux pompiers de Méru.

    Le transfert terminé, un officier annonce au maire Marcel Coquet, que le front étant trop près, l'hôpital ne sera pas réquisitionné, re transport dans l'autre sens, par les mêmes.

    FFI devant l'Oasis : Matiasco Fourdraine Duchatel  Chavatte Lebrun...

      Le 23 Août on annonce la libération de Paris et l'on entend le canon gronder toute la journée, les convois allemands roulent la nuit alors qu'un couvre-feu est instauré, l'électricité est souvent coupée, le courrier de Paris n'arrive plus, pour Beauvais les facteurs vont à pieds jusqu'au bois de Mole ou les attendent ceux de Beauvais, chez Deruelle et Duchatel le lait est distribué gratuitement, aucun moyen de transport ne permet de le faire parvenir dans la région parisienne. Notre cave-abri est bien prête et nous attendons tous les libérateurs, les résistants de la région font distribuer une feuille mal imprimée, sur la quelle on peut lire des extraits du journal clandestin " défense de la France ". Les Allemands font sauter les voies de chemin de fer, depuis Agnicourt jusqu'au passage à niveau, les bacs à eau et les signaux de la gare, on peut voir une épaisse fumée vers le nord, c'est le camp du Coudray qui est incendié avant d'être abandonné.

     

    Chapitre sixième

       Fin Août, il fait très beau et très chaud, on entend toujours le bruit du canon, les allemands dynamitent le transformateur de la fonderie avant de quitter la ville, mes parents m'obligent à rester dans la cave, il y fait frais mais je m'y ennuie. Dans l'après-midi mon père passe à la maison en brandissant un tract imprimé par les résistants de la Seine et Oise et signé d'un certain Philippe, commandant, et qui met en garde, sous peine de mort, toute personne qui aurait dénoncé ou fait arrêter des résistants. Je ressort de mon abri en fin de soirée pour retrouver mes parents à la cuisine, tout le monde est dans la rue et d'un seul coup, de la place de la mairie toute proche on entend des hurlements: " les américains, les américains ", ruée vers la place, venant du coin à Moulin deux motards chevauchants de puissants engins s'arrêtent devant la mairie, ils sont aussitôt acclamés par la foule, certains même apportent des fleurs, les F.F.I. brassard au bras sont là, l'un d'eux, Coatannay monte sur le tand-sad d'une moto et part faire le tour de la ville en tirant des coups de pistolet, tout à la joie de voir les premiers libérateurs, nous ne pensions pas que la ville abritait encore des allemands, nos motards repartent, et voilà que les allemands reviennent, dit-on, je cours vite à la maison, mon père revient quelques instants plus tard en expliquant que les rues sont vides, les volets sont tous tirés, deux motocyclistes " vert de gris " ont traversé la ville et ont pris la direction d'Andeville, nous passerons la nuit tous ensemble dans l'abri, mon père ne rentrera que fort tard, un des motards est couché chez Musat à l'hôtel du Lion d'or et comme il à été très bien fêté par le patron qui est F.F.I, un tour de garde est établi pour le veiller tandis qu'il dort.

    Char américain le 31 Aout 1944

     Mon père, qui est toujours employé municipal se rend à son travail ou plutôt prendre des ordres auprès du maire, je vais avec ma cousine près du bistrot Mension en haut de la rue du Dr Gey, des soldats en rang avancent en ordre vers la route de Beauvais, ils ont l'air très fatigués mais répondent avec plaisir à nos applaudissements, nous retournons à la maison pour chercher des fruits à offrir aux fantassins, l'un d'eux prend les poires que je lui tend et me donne en échange... une bouteille de cidre bouchée, nous passons une partie de la matinée à les regarder passer tandis qu'une fusillade éclate sur la route d'Amblainville, on entend parler de l'attaque du pavillon de la fonderie où se sont barricadés une quinzaine de soldats allemands, les F.F.I. méruviens participent au combat et reviennent rapidement avec des armes qu'ils montrent aux américains, prises de guerre!, peu avant midi sous la conduite de Musat, les résistants vont arrêter le " traître " Mendza et le conduisent vers la place de l'église au milieu des huées de la foule, on dit qu'ils veulent le fusiller, C'est Marcel Coquet le maire qui s'interpose et lui sauve la vie, il sera enfermé avant d'être livré à la gendarmerie, pendant ce temps les cloches sonnent à la volée, le soleil est de la partie, déjà certaines femmes sont arrêtées et passent à la tonsure, je rencontre Marcel Doyelle qui court à sa boutique pour y chercher une tondeuse, cela ira plus vite dit-il, les femmes tondues sont promenées dans Méru et injuriées par la foule qui a envahit la rue.

      Dans l'après midi la Ronflante méruvienne est reconstituée derrière " Bichette ", méruvien célébre, poissonnier de son état, et qui assurait l'organisation des fêtes de Pâques et qui agite, devant la formation un drapeau tricolore, les musiciens jouent des airs populaires à chaque coin de rue. Une délégation de résistants et de méruviens monte à Andeville déposer une gerbe et se recueillir au cimetière sur les tombes des victimes de la sanglante répression de ces derniers jours, un cinéaste de l'armée americaine filme la céremonie. Les résistants qui ont agit dans l'ombre sont au plein jour, j'en reconnais comme des voisins ou des amis de mon père: le voisin Houdayer, ti-Georges Lebrun, les Morel, Vignaud, Delbreghe, Coatanay, Musat, patron de l'hôtel du lion d'or, frère de la célèbre Mathilde qui prendra la succession de l'établissement, et bien d'autres dont les noms m'ont échappé.

      Les troupes américaines en ce jour ne sont pas avares de cadeaux, cigarettes, bonbons, chewing-gum et boites de conserves pleuvent, toutes et nous tous essayons de récolter ces cigarettes aux noms nouveaux, Camel, Chesterfield, Lucky Strike, c'est ce jour avec des copains que j'ai fumé ma première cigarette, et j'ai trouvé cela mauvais! Des avions d'observation passent au dessus de la ville très bas, on peut voir le pilote par la porte ouverte de la carlingue, d'ailleurs un terrain est installé route d'Esches, plus tard j'y allais, avec mon vélo ressorti sans crainte qu'il soit réquisitionné , j'y ai appris que ces avions en bois et toile étaient des Piper-cub.

      La musique aussi est à nouveau présente, après la reconstitution de la " Ronflante " un bal est improvisé dans le garage en face notre habitation, c'est Pierre Morel qui est à l'accordéon, il y a aussi une batterie et un saxophone, les vieux succès d'avant guerre sont à nouveau en liberté. Pendant plusieurs jours le défilé des troupes est incessant, le matériel est gigantesque, canons, chars, et ces fameuses petites "Jeep " qui font notre admiration de gamins et que les G.I. pilotent comme des cow-boys en mâchant du chewing-gum, que, avant nous appelions " sam sam gomme ". J'avais fait un bon copain qui était un réfugié du Havre. Ils étaient plusieurs à être arrivés à Méru fuyant la ville détruite, ce copain parlait couramment Anglais, je ne sais pourquoi, toujours est-il que je l'avais embauché pour aller à la rencontre des américains, ils avaient établi un camp au " S " de la Villeneuve et nous y étions fourrés tous les jours, les soldats prenaient plaisir à nous faire visiter leurs tentes et à nous expliquer le fonctionnement de leurs armes, ils nous donnaient aussi des rations de nourriture.

      Les arrestations des traîtres et des collaborateurs allaient bon train, c'étaient les F.F.I. qui intervenaient, ils étaient armés avec des fusils de toutes sortes qui s'enrayaient souvent, mon père qui était un peu mécanicien, et qui réparait dans sa jeunesse des machines à écrire, avait installé un atelier de réparation dans une dépendance de l'usine que nous habitions, les résistants, surtout les derniers apparus, étaient peu habitués au maniement et même, dangereux, l'un d'eux pour essayer son arme la fit partir dans l'atelier, la balle traversa le mur et vint se ficher dans le buffet de notre cuisine, il se vit confisquer son fusil par le chef Musat., le travail de ces groupes était de débusquer les allemands qui s'étaient cachés un peu partout dans le campagne. Le F.F.I. Farque fut blessé de deux balles tirées par un allemand isolé dans la côte de Beaumont.

      Les troupes s'installèrent dans la ville, les anciens cantonnements des occupants furent à nouveau investis par les libérateurs et la commandanture devint un lieu de commandement tandis que les F.F.I. avaient installé leur " P.C. " à l'Oasis, une belle maison bourgeoise près de la poste. Les soldats américains n'avaient pas la possibilité d'acheter quoique ce soit en France, il ne disposaient pas de monnaie française et pourtant étaient demandeurs de ce qui pouvait encore se trouver dans les boutiques méruviennes, les parfums qui étaient vendus en pharmacie et surprise, des sabots fantaisie, qu'un artisan, qui avait son atelier rue Mimaut, fabriquait à partir de semelles en bois et recouverts de peau de lapin, matériaux de pénurie, les soldats trouvaient cela super chic et voulaient en expédier à leur compagne outre atlantique, pas d'argent français, le marché " noir " revenait, en échange de cigarettes, d'essence, ou de nourriture il leur était possible de se procurer des francs. Il y avait parmi les occupants des écoles Voltaire, pas encore remises à l'enseignement, un noir du sud " t'Charlie " qui avait toujours un bidon d'essence à vendre, un " jerrican " d'une vingtaine de litres que nous allions troquer avec mon père le soir avant le couvre feu, pour cela nous nous faisions accompagner de Bobette notre chienne qui flairait la military police à cent mètres, il est vrai que ce commerce était illicite mais il rendait service à tous et ne grugeait que la toute puissante armée yankee.

     L'organisation des troupes américaines avait tout apporté en même temps que ses vaillants soldats, t'Charlie était pianiste et sur un piano d'aluminium donnait des récital le soir, à l'immeuble Fessart, pour ses camarades de combat, ils avait le blues dans la peau, cette musique me surprenait et ne m'était pas indifférente.

    Mon père préférait le musette, l'accordéon c'était la musique de sa jeunesse et au début de l'occupation il était un fervent admirateur du jeune Aimable qui animait les soirées du bar l'Exelcior, il lui avait réparé son instrument auquel il manquait un bouton, avec un morceau de buis, Aimable joua ensuite au café français et revint bien plus tard à Méru animer un bal du Lundi de Pâques, alors qu'il était devenu une vedette du piano à bretelles.

                                                                                              —

    Dernier chapitre

       Après la libération de la ville, nous nous installons dans une nouvelle époque, la liberté retrouvée et des occupants beaucoup plus agréables de compagnie, toutefois les restrictions étaient toujours de rigueur et nous avions toujours les mêmes difficultés pour se procurer une nourriture correcte, les troupes américaines qui lors de leur arrivée distribuaient allègrement bonbons, chocolats cigarettes et même rations de nourriture, étaient devenues plus avares, mon père qui s'occupait en tant qu'employé municipal de l'hébergement des soldats, voyait beaucoup de victuailles défiler à l'immeuble Fessart.

     

    Un jour, voyant que les cuisiniers ne servaient que les cuisses et les ailes des poulets, les restes étant brûlés, demanda l'autorisation de ramener chez lui quelques carcasses pour, disait-il nourrir sa famille, l'autorisation ne fut pas accordée, mais nous fûmes invités tous deux à partager les repas des hommes de troupe, avec chaque plat étaient distribués quelques légumes crus, carottes ou navets, pour les vitamines, que d'ailleurs les soldats ne mangeaient jamais.

      Après avoir quitté les écoles Voltaire, les allemands, que l'on disait si corrects, avaient cassé à coup de fusil presque tous les carreaux de l'établissement, ce fût un gros travail pour l'équipe des ouvriers de la ville de remettre en état les bâtiments et c'est dans une école qui nous semblait très grande que nous fîmes la rentrée du mois d'Octobre, j'avais l'âge de rentrer au cours complémentaire au premier étage, sur les murs de la cour des silhouettes de soldats avaient été peintes pour servir de cibles au tireurs.

    Je n'avais pas " passé " mon certificat d'étude primaire, ce diplôme institutionnel avait été supprimé par le gouvernement Pétain et remplacé par le D.E.P.P., c'est à l'école d'Andeville que nous dûmes aller plancher pour cet examen , faute de salle libre à Méru.

     

    L'épreuve terminée, le père de notre instituteur, Georges Cresson, nous offrit le cidre du pays, dans la belle maison qu'il habitait prés de l'église.

    C'est à ce cours complémentaire que j'eus pour la première fois Anatole Devarenne comme professeur de dessin, aquarelliste et écrivain de talent, il venait d'Andeville à bicyclette, coiffé d'un drôle de chapeau, pour donner ses cours.

      Nous avions deux professeurs principaux, monsieur Blondel qui faisait les mathématiques et les sciences et monsieur Lemaire qui enseignait le français et l'anglais, j'avais trouvé un ami soldat prés de chez nous, un texan qui me faisait répéter mes leçons avec l'accent particulier des U.S.A., si bien que mon professeur ne reconnaissait rien de son enseignement lorsqu'il m'interrogeait, ce même soldat avait voulut m'initier à l'art du lasso mais sans succès, un autre, officier, celui là, venait à la maison pour manger du pain de blé, celui que nous vendait le boulanger, contre des tickets, qui était gris et de mauvaise qualité, mais parait-il délicieux à coté du pain blanc distribué à la cantine et qui devait être fait avec de la farine de riz, de temps en temps il mangeait avec nous et se régalait de la soupe faite aux légumes du jardin, il venait toujours avec un petit cadeau, des cigarettes, du chocolat ou des tablettes de chewing-gum, pendant très longtemps après son départ j'ai entretenu une correspondance avec lui, il me retournait mes lettres avec la correction, son prénom était Edward.

      La présence de la troupe ne dura pas très longtemps, la guerre continuait dans l'Est et outre-Rhin, seuls restaient quelques éléments au château de Sandricourt, environ 10% des contingents de passage s'arrêtaient quelques jours à Méru.

    Je ne sais lequel d'entre nous découvrit un dépôt de poudre à canon que les allemands avaient abandonné au bois Lapin, cela ressemblait à des macaronis, de couleur noir et plus longs, il y en avait de différentes tailles, emballés dans sacs de toile, notre jeu était d'en allumer une tige et de pincer l'extrémité avec le pied, le combustible partait alors comme une fusée ce qui faisait notre joie, ou alors plusieurs morceaux enfilés dans une douille de mitrailleuse désamorcée que l'on tenait par l'étrier qui servait à les maintenir en ruban, cela une fois allumé faisait un lance-flammes qui projetait son feu à quelques mètres.

    Ces jeux dangereux, nous n'en avions pas trop conscience, ne durèrent qu'un temps, les gendarmes mis au courant organisèrent une perquisition à l'école, le résultat : un tombereau de l'entreprise Prevost plein à ras bord, nous fumes punis après une mise en garde du maire.

      Les américains aussi avaient laissé face à la fonderie un important dépôt de munitions, sur le terrain de la Gaillardiére, et qui fut aussitôt investit par les garnements que nous étions, là se trouvaient des détonateurs de bombes, qu'il suffisait de frapper pour les faire exploser, un camarade, Emile, fut blessé en mettant sa main devant pour protéger un autre, il y avait aussi des boites de fusées que nous démontions pour en faire des feux de Bengale, aussi des boites complètes de cartouches de mitrailleuses et des supports de bombes qui retournés faisait de solides petits bancs que l'on retrouvât partout dans les habitations de la ville.

    Sans soucis du danger que représentait cette " décharge " nous évoluions sans complexes dans ces engins de mort, le stock fut évacué pour ce qui était dangereux et racheté par un ferrailleur méruvien pour le reste . Nous faisions nos propres feux d'artifice avec les éléments des fusées et de la poudre à canon comme mèche de mise à feu, ce qui nous fait maintenant sourire quand on voit le cérémonial de mise en place des spectacles pyrotechniques actuels.

      Avant 1940, il y avait un journal local, " le journal de Méru " que mon père achetait toutes les semaines et que mon grand père Paul lisait d'un bout à l'autre en attendant le client, ensuite il coupait soigneusement chaque feuille en deux pour en faire de quoi envelopper les clous qui se vendaient au poids, la parution fut arrêtée en 1940.

     

    Après la libération, le 9 Septembre parait " l'Echo méruvien " imprimé chez Brard et dont la direction était confiée à Léon Oguez, le premier numéro relatait dans le détail le drame d'Andeville, c'était une feuille provisoire mais que mon grand père dévorait à chaque parution.

    L'année se passa encore, à part l'école, à se procurer de la nourriture les jeudis et les dimanches avec le jardin toujours apprécié.

      Un jeune instituteur était arrivé à Méru, Roland Dordhain qui plus tard sera directeur de Radio France, il fonda une troupe d'éclaireurs de France, genre de scoutS laïqueS, alors qu'il existait à Méru depuis avant guerre une compagnie de des Scouts de France dirigée par Lucien Dégremont, Roland Dordhain participa beaucoup à la vie méruvienne, au renouveau des fêtes de Pâques et à la célébration de la victoire, il épousa une méruvienne, mademoiselle Bazin.

    Quant à moi je préparais au cours complémentaire, sous la direction de monsieur Coeffet, le concours d'entrée au lycée technique de Creil dans lequel je devais rester comme interne pendant cinq ans, je me coupais ainsi de la vie quotidienne à Méru, pendant ce temps mon père déménagea avec toute la famille rue Pasteur il devint aussi correspondant d'un grand journal de Reims issu de la résistance, c'est comme cela qu'il commença une longue carrière de journaliste localier.

     

     http://jack.gonet.pagesperso-orange.fr/dory.htm

    ©  Jack GONET  1998

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    La présence de la polynésie francaise pendant les combats de la seconde guerre mondiale est trés rarement évoquée voire meme inéxistante.
     
     
     
    En voici une ébauche que j'ai essayé de retranscrire au mieux
     
     
     
    Pendant le débarquement de Provence, le bataillon du pacifique est rattaché à la 1ère DFL du général Diego BROSSET.
     
    Le bataillon du pacifique prend alors part à la libération de Hyères et aux combats du Golf Hotel qui permettent d'ouvrir la voie sur Toulon en Aout 1944.
     
     
     
    1943-1944 - TUNISIE - GENERAL BROSSET - COLONEL ALAIN JACQUOT-BOILEAU 
     




    Le ralliement à la France libre

     


    La polynésie a été délaissée jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, elle ne reprit de l'importantance qu'aprés 1940.

     

    L'armistice avec l'Allemagne placait la Polynésie comme les autres colonies francaises sous l'autorité du gouvernement de Vichy.

     

    En Aout 1940, par référendum, la population décida d'abandonner le gouvernement de Pétain et de se rallier aux

     

    forces francaise libres du Général De Gaulle. 

     

     


    La présence Américaine:
    DU fait de l'éloignement, la guerre est
    vécue comme étrangère.

     

    Ce n'est qu'en 1942

     avec l'attaque de PearlHarbour

     

    ( La polynésie a déja ralliée le camp des francais libres), non loin de chez eux, que la guerre commence à atteindre
    réellement les polynésiens.

     

    L'opération "Bob cat" est
    lancée, 9 navires américains débarquent sur les côtes
    polynésiennes.

     

    Avec l'accord du général De Gaulle, les américains
    utiliseront ce territoire comme base.

     

     

     

     

     

     

    Durant cette occupation, la
    colonie va découvrir une autre façon de vivre.

     

    Ces 4 ans
    d'occupations marqueront à jamais la population.

     

    Une soixantaine
    d'enfants naîtront de pères américains et de mères polynésiennes.
     

     

    L'envoi de forces armées:
     

     

    ce n'est qu'aprés le ralliement à la France libre en 1940 que les Tamarii Volontaires forment le bataillon du Pacifique.

     

    Engagé en
    1942 au sein de la 1ère DFL dans la campagne d'Afrique,
    il se distingue à Bir Hakeim et participe en 1944 aux campagnes
    d'Italie et de France

     

     

    (débarquement de Provence). 

    Voici la citation du bataillon du Pacifique 

     

    Le bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique

    Bataillon d'élite au passé glorieux qui, après s'être battu sur tous les
    champs de bataille des Forces Françaises Libres en Libye, en
    Erythrée, à Bir-Hakeim, à El-Alamein et en Tunisie, vient de
    fournir en Italie de nouvelles preuves de sa valeur.

     

    Le 12 mai 1944 a
    donné sur les pentes est du Girofano un des coups de boutoir
    décisifs de la bataille de rupture.

     

    Le 19 juin, a fini en pointe du
    corps expéditionnaire, atteignant son objectif dans des délais
    imprévus.

     

    A perdu 68 tués, dont le commandant Magny, chef de corps,
    et deux com-mandants de compagnie ainsi que 189 blessés.

     

     

     

     

     

    A citer en
    exemple aux troupes coloniales pour son dynamisme et sa bravoure. "
    (22 juillet 1944.)

     

     

     

     

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    Louis Delfino, probablement à Powanden

    (Poméranie orientale) en février 1945. 

     

     

    SHAA   

     

         

     

    Le 5 octobre 1912 naît, rue Arson, le jeune Louis Delfino, fils d'un ébéniste tué quelques années plus tard lors des combats de la Première Guerre mondiale. Le jeune orphelin, qui a débuté sa scolarité à l'école Risso, entre au lycée Masséna. Il y montre des qualités intellectuelles remarquables puisqu'il intègre Saint-Cyr en 1931.

    Mais c'est aussi un sportif accompli, qui joue sous le maillot de l'OGCN (Olympique gymnaste club de Nice), en compagnie de Numa Andoire.

     

    A 18 ans, « Fino » est de toutes les attaques !

     

    En 1931, il fait partie de l'équipe de foot qui affronte, à Colombes, le Club français pour la demi-finale de la Coupe de France. Le Gym s'inclinera 6 à 1.

    Sa passion le porte cependant vers l'aviation, à l'image de ses héros, Costes, Bellonte, Mermoz...

     

    En 1934, il obtient son brevet de pilote. A la déclaration de guerre, en 1939, il est capitaine aviateur à la tête de la 4e escadrille du Groupe de Chasse II/9 à Reims.

     

    Deux versions du yak3 de Louis Delfino. 

     

    Au cours de la campagne de France de mai 1940, il obtient huit victoires en combat aérien.

    Un accident l'éloigne des terrains au moment de l'Armistice, et il ne reprend du service qu'en 1942, à Dakar, en Afrique occidentale française, dans l'armée de Vichy. C'est dans ce cadre qu'au cours d'un combat aérien, il abat un appareil anglais ! Tragique incident qui l'empêchera de combattre aux côtés des Anglais dans les Forces aériennes de la France libre ! « J'ai cru, et je ne suis pas le seul, faire mon devoir en restant fidèle à Vichy. J'en suis revenu et je veux toujours combattre... »

    Le Groupe de Chasse « Normandie »

    A cette époque, en 1942, le général de Gaulle décide de la nécessité d'une présence française sur tous les fronts de combat contre les Allemands.

     

    A la fin de l'année, il décide de constituer une escadrille de chasse française pour combattre sur le front russe.

     

    Ce sera le Groupe de Chasse 3, constitué de 14 pilotes volontaires et 58 mécaniciens.

     

    Le groupe, constitué au Liban en novembre 1942, rejoint la base d'Ivanovo, proche de Moscou. Pilotes et mécaniciens décident de le baptiser du nom de

    « Normandie ».

    Après un entraînement intensif sur le célèbre avion Yak 1, les hommes de « Normandie », aux ordres du commandant Jean Tulasne, sont lancés avec succès dans la bataille de Koursk en juillet 1943. A la fin de l'année 1943, Delfino se porte volontaire et rejoint Normandie avec d'autres volontaires. Tulasne ayant été abattu, c'est Pierre Pouyade qui prend le commandement et il choisit Delfino comme second.

    Le 21 juillet 1944, pour sa participation aux combats du fleuve Niémen, le maréchal Staline confère au groupe, devenu régiment aérien, le nom de « Niémen », que les Français accolent au nom d'origine. « Normandie-Niémen » est né !

    Lors de la deuxième campagne de Prusse orientale, de décembre 1944 à mai 1945, Delfino prend le commandement de « Normandie-Niémen » et participe aux derniers combats.

    Après l'Armistice de mai 1945, le maréchal Staline décide d'offrir à chacun des pilotes de « Normandie-Niémen » son Yak.

     

    Et c'est donc aux commandes de leurs avions de combats que « Finochard » et les quarante pilotes français atterrissent au Bourget le 20 juin 1945".

    (1) Le boulevard Louis-Delfino portait initialement le nom de « boulevard Sainte Agathe ».

     


    Rocca Roger 

    Sacré Delfino hein!

    The Best pigiste

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     Un peu plus de deux mois après Alexandre Schmorell, le 26 septembre 1943, était exécuté un autre jeune héros chrétien du XXe — Henri Fertet (16 ans), avec quinze de ses compagnons.

     

    Fils d’instituteurs, Henri Fertet est né le 27 octobre 1926 à Seloncourt dans le Doubs.

     

    Après des études primaires à Seloncourt où ses parents sont en poste, il entre en 1937 au Lycée Victor Hugo de Besançon.

     

     

    Élève intelligent et appliqué, passionné d’histoire et d’archéologie, il intègre, pendant les vacances de l’été 1942, un groupe de résistance dirigé par Marcel Simon, jeune agriculteur de 22 ans et secrétaire de la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) locale, à Larnod, à quelques kilomètres de Besançon. 

    En février 1943, constitué d’une trentaine de membres, le groupe intègre l’organisation des Franc-Tireurs et Partisans (FTP) et devient le Groupe-franc «Guy Mocquet»

    — avec une orthographe fautive, mais que l'on retrouve aussi dans la presse communiste de l'époque

    — (en hommage au plus jeune des fusillés de Châteaubriant en octobre 1941) qui s’organise rapidement dans la lutte clandestine.

    Henri Fertet (enregistré sous le matricule Emile – 702)

     

     

    participe comme chef d’équipe à trois opérations :


    1) tout d’abord à l’attaque du poste de garde du Fort de Montfaucon

    le 16 avril 1943 pour s’emparer d’un dépôt d’explosifs qui entraîne la mort d’une sentinelle allemande ;


    2) puis le 7 mai, la destruction d'un pylône à haute-tension à Châteaufarine (près de Besançon) ;


    3) enfin, le 12 juin 1943, sur la route Besançon-Quingey, il prend part également avec Marcel Reddet (17 ans), à l’attaque du commissaire des douanes allemand Rothe dans le but de lui prendre son arme, son uniforme et les papiers qu’il transporte.

     

    Henri Fertet tire sur le commissaire, le blessant mortellement mais l’arrivée d’une moto les empêche de se saisir des documents.

    Activement recherché, le groupe va subir de nombreuses arrestations à partir de juin 1943.


    Arrêté par les Allemands le 3 juillet 1943 chez ses parents à l’école de Besançon-Velotte à 3 heures du matin, Henri Fertet est conduit en cellule à la prison de la Butte à Besançon.

     

     

     

    Jugé par un tribunal de guerre allemand

    (Feldkommandantur 560)

    le 18 septembre 1943, il est le plus jeune des prévenus et

    est condamné à mort en même temps que 15 de ses 23 coinculpés

    dont sept autres seront déportés (trois reviendront).

     

     

    Sont condamnés à mort les dix-sept terroristes dont les noms suivent : 

     

     

    Raymond Aymonin (20 ans), 

    Jean Compagnon (21 ans), 

    Henri Fertet (16 ans), 

    Philippe Gladoux (18 ans), 

    Jean-Paul Grappin (21 ans), 

    André Montavon (24 ans), 

    René Paillard (18 ans), 

    Paul Pacqueriaud (35 ans), 

    Marcellin Puget (29 ans), 

    Roger Puget (22 ans), 

     

    Marcel Reddet

    Marcel Reddet (17 ans — photo ci-contre), 

     

     

    Gaston Retrouvey (18 ans), 

    Baltazar Robledo (35 ans), 

    Georges Rothamer (24 ans), 

    René Roussey (26 ans), 

    Marcel Simon (23 ans), 

    Saturnin Trabado (32 ans).

     

    Est condamné à quinze ans de travaux forcés : 

    André Beche (29 ans).

    Est condamné à dix ans de prison : 

    Roger Dupuy (18 ans).

     

    Sont condamnés à huit ans de prison : 

    Jacques Michelot (17 ans), 

    Paul Larrequi (17 ans).

     

    Sont condamnés à trois ans de prison : 

    Georges Tourrain (18 ans), 

    Paul Lhomme (16 ans). » 

     

    (source PDF :

    « Les Maquis de Franche-Comté » par André Besson)

     

     

     

     

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    RESISTANCE dans l'ORNE

     

    La Résistance dans l’Orne s'organise dès octobre 1940. 

    Les réseaux sont très nombreux (au moins 30).

     

    Le RESEAU HECTOR  constitué autour du docteur Planchais et

     

    d’Octave Colombet est démantelé en 1942, suite à la trahison de l’agent britannique Davies. 

     

    De gauche à droite : Michel Simon, Jacques Henriet, Octave Colombet (qui n'a pas été déporté pas plus que sa femme.

    Tous deux vaillants résistants). Août 1945 | 

     

     Monique BÉGUIN.

    L'histoire

    Michel Simon a été déporté par les Allemands au camp de Mauthausen en 1943 pour faits de résistance. Libéré en 1945, il a effectué toute sa carrière comme journaliste à l'hebdomadaire Le Perche. Son fils Daniel témoigne...

    « Tellement affaibli »

    « Il n'avait pas 20 ans lorsqu'il s'est engagé dans le réseau de résistance Hector », évoque le fils du déporté qui n'a pas hésité à prendre la tête sur le plan national de l'amicale de Mauthausen, camp de concentration situé en haute Autriche.

    À 20 ans, au début de la guerre, Michel Simon est devenu un agent de renseignements pour les Anglais. Arrêté en 1943 à Vincennes, alors qu'il se sentait repéré par les Allemands, il a subi tout d'abord des « interrogatoires musclés » à Fresnes puis, de Compiègne, a été transféré à Mauthausen. Il en est revenu le 6 mai 1945, « tellement affaibli, raconte Jeanine Vallée, témoin de la scène, qu'il pouvait à peine marcher ». Il a pourtant assisté à l'office religieux célébré à l'église de Mortagne à la mémoire des frères Vallée qui, eux, n'étaient pas rentrés vivants du camp. Daniel Simon s'avère très discret à l'évocation de son père. Ce dernier a pourtant raconté devant lui certains détails quotidiens de son séjour : « creuser, entre autres, à la pelle des tunnels pour mettre à l'abri des bombardements les armes de guerre allemandes ».

    L'essentiel des préoccupations du fils du déporté ne se complaît pas dans les souvenirs personnels, mais concerne plutôt l'avenir. « Les marques du souvenir des huit Mortagnais morts dans les camps ne manquent pas. En témoignent les noms des rues des Déportés et des Quinze-Fusillés, la plaque devant un sapin apporté de Mauthausen, celle du Dr Planchais à l'hôpital etc. Mais on a parfois l'impression que les Mortagnais ne se sentent pas vraiment concernés, même si 50 personnes sont présentes à la journée annuelle de la déportation. »

    Des regrets

    Et de regretter, entre autres, l'absence d'implication des élèves des établissements scolaires et des jeunes en général. Bien sûr, le concours annuel de la résistance et de la déportation existe depuis 1961, mais le fils du déporté interpelle : « que fait-on à Mortagne de la mémoire des camps ? Qui s'en occupe ? Il y a pourtant des enjeux pédagogiques et les lycéens sont faciles à impliquer ».

    Daniel Simon regrette, entre autres, l'absence de Mortagnais lors de visites organisées dans les camps de la mort. « 70 ans après, on fait quoi ? Il faut utiliser toute l'énergie de ce souvenir pour lutter contre le racisme et mettre en valeur le patrimoine lié à la déportation. On a besoin d'un passé : les sites des camps en conservent tout le sens et sont un repère majeur de civilisation ».

    Le fils de Michel Simon ne se sent pas impliqué dans la « mémoire douloureuse » des familles de résistants déportés. Il regrette plutôt le constant retour vers la Shoah (volonté d'extermination du peuple juif par les nazis) et constate que les enfants de déportés résistants non juifs se sentent un peu floués. « Il y a pour nous une certaine perte d'identité du côté du souvenir ». Et d'interroger : « aujourd'hui on fait quoi de ces faits ? », tout en rappelant la phrase de son père :« plutôt que vivre Mauthausen, j'aurais préféré être fusillé ».

     

    À partir d’avril 1942, les premiers groupes FTP se créent à Flers autour de Paul Saniez puis à Argentan, sous l’impulsion  de Jean Soubabère et Albert Giroux. 

     

    Le MAQUIS  des frères Gagnaire à Vrigny, sera démantelé en mars 1944.

     

    Fin 1942, la Résistance prend une nouvelle ampleur dans le département. 

     

    Le MOUVEMENT LIBERATION- NORD s’établit en janvier 1943 dans la région de Flers, sous l’impulsion d’Henri Laforest. 

     

    L’OCM, le principal mouvement, s’implante en juillet 1942 grâce à Robert Aubin et son adjoint Joseph ONFRAY

     

    Joseph ONFRAY 

    Joseph Onfray est né le 9 octobre 1907 à Paris. Ingénieur agronome, il occupe à Caen, de 1931 à 1941, les fonctions d'ingénieur du génie rural.

    Nommé en avril 1941 à Alençon, il devient le chef du service en 1943.

    Engagé en 1942 dans le réseau Centurie et dans l'Organisation civile et militaire qui regroupe la majorité des membres de la Résistanceornaise, il est arrêté le 3 novembre 1943 à Evreux (Eure) par la Gestapo. Incarcéré à Alençon à la caserne Bonet et au château, il est déporté en mai 1944 à Buchenwald Allemagne). Libéré le 28 avril 1945, il reçoit de nombreuses décorations et écrit ses souvenirs de déportation dans un ouvrage intitulé L'âme résiste couronné par l'Académie française.

    Après la guerre, il reprend ses activités professionnelles et, en 1964, il est ingénieur général pour les régions Nord, Picardie, Haute et Basse-Normandie. Il contribue alors à l'électrification et à la dotation d'un réseau public d'adduction d'eau d'environ cent quarante communes.

    Depuis le 24 octobre 1994, une rue d'Alençon porte le nom de Joseph Onfray décédé en cette même ville le 23 mai 1974.

    Extrait du Dictionnaire des rues et monuments d'Alençon (Alain Champion, Éditions Cénomane, 2003) et de La Seconde Guerre mondiale à Alençon  (Alain Champion, Éditions Alan Sutton, 2007).

     

    Le MOUVEMENT VENGEANCE  se développe autour de la famille Sénaque à Trun.

     

    La Résistance ornaise est active tant dans le renseignement, que le parachutages d’armes, les évasions d’aviateurs, les sabotages, la presse clandestine 

     

    (Résistance et son supplément régional  La Flamme),

    la fabrication de faux papiers et la lutte armée. 

     

    Noël 1943, les FTP détruisent des locomotives au dépôt d’Argentan.

     

    La répression allemande s’accroît à partir d’octobre 1943, avec l’installation de la Gestapo.

     

    Plus de 150 résistants seront arrêtés avant le 6 juin.

     

    Le 20 juin 1944, tous les mouvements s’unifient sous l’autorité d’André Mazeline

    nommé chef des FFI. 

     

    Les maquis sont nombreux :

    Lonlay l’Abbaye, 

    Lignières-la-Doucelle, Francheville-Boucé, Courcerault ou 

    encore Saint-Cyr-la-Rosière. 

     

    L’Orne occupe une position stratégique, point de passage obligé pour l’acheminement des renforts allemands vers le front, puis, à partir du mois d’août, pour la retraite. 

     

    La résistance s'active : attaques de véhicules et de dépôt, coupures de lignes téléphoniques, arrachage de fléchages... 

     

    L’été 1944 est marqué par une répression accrue et les opérations brutales se multiplient : 

    Lignières-la-Doucelle, Les Riaux, L’Hôme-Chamondot…

     

    La Libération

    Fin août, l’Orne est libéré. 

     

    De nombreux résistants et volontaires s’engagent alors dans les armées britannique ou américaine, dans la 2e DB de Leclerc ou rejoignent le 2e Bataillon de Marche de Normandie sous le commandement d' ANDRE MAZELINE

     

    sources

    http://www.ajpn.org/departement-Orne-61.html

     

     

     

     

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    Colonel Edgar Puaud at a Legion of French Volunteers Against Bolshevism&rsquo;s (L.V.F.) meeting in 1941.

     

     

    Par avidité ou par conviction, parce qu'ils étaient des ratés ou des racistes, certains Français ont commis pour le compte du IIIe Reich des crimes immondes. Portraits noirs.

    Les profils des Français qui s'engagèrent dans la Collaboration sont aussi divers que leurs motivations. réactionnaires ou révolutionnaires, ils soutinrent les nazis par les armes ou furent ce que l'historien Pascal Ory a appelé, dans sa somme de 1979 «Les Collaborateurs», des «assassins de plume».

     

    Parmi eux, on trouvait des Rastignac n'envisageant que l'aubaine, des écrivains et des scientifiques méconnus en quête de reconnaissance, de grands bourgeois mus par l'appât du gain, des voyous propulsés chefs de police auxiliaires et quelques masochistes pour lesquels l'engagement tint lieu de suicide. Mais la France enfanta aussi d'authentiques fascistes et nationaux-socialistes. Dans cette cohorte de soldats fervents, l'anglophobe côtoyait l'anticommuniste et l'antisémite. La plupart de ces damnés furent tués à la fin de la guerre ou exécutés à la Libération. D'autres en réchappèrent, graciés ou morts en exil.

     

    Et certains remirent après guerre le couvert de leur ignominie.

     

     

    Voici la monstrueuse parade des pro-nazis français.

     

     

    MARCEL BUCARD [1895-1946]   Les camps ?  «Des endroits rêvés», disait-il

    Séminariste, il s'engagea comme volontaire en 1914. revenu des tranchées couvert de blessures et de médailles, Marcel Bucard fit ensuite le tour des mouvements d'extrême droite qui pullulaient dans les années 1920 - de l'Action française royaliste de Charles Maurras au Faisceau de Georges Valois, premier parti fasciste de France avant de fonder, en 1933, son propre mouvement.

     

    Anticommuniste, anti-franc-maçon et antijuif, le parti franciste se réclamait explicitement de Mussolini, dont il recevait des subsides. Membre de l'internationale fasciste aux côtés du Belge Léon Degrelle et de l'Espagnol Miguel Primo de rivera, Bucard aspirait à une «deuxième révolution française», instaurant une société hiérarchique où l'ordre primerait la liberté, et le corps national, l'individu. sous

     

     

     

    l'Occupation, ce proche du Maréchal milita pour la Collaboration, confondant la Légion des volontaires français (LVF) et vantant les camps de concentration, «endroits rêvés pour apprendre aux juifs à travailler pour les autres». La plupart des francistes s'enrôlèrent dans la Franc-Garde qui traquait les résistants. réfugié à Sigmaringen avec les derniers irréductibles de la Collaboration, Bucard fut arrêté en juin 1945, condamné à mort et fusillé en mars 1946, au fort de Châtillon.

     

    PAUL CHACK [1876-1945]  Ce militaire présidait le Cercle aryen

    Frais émoulu de l'Ecole navale, Paul Chack sillonna les océans avant de livrer une trentaine de romans, gorgés de patriotisme et d'anglophobie, célébrant l'épopée maritime nationale. Glissant de l'Action française au fascisme, il intégra en 1937 le bureau politique du parti populaire français, futur soutien du régime de Vichy.

     

     

     

    Pétainiste et anticommuniste, il lança sous l'Occupation des appels à la dénonciation dans la presse collaborationniste et au micro de radio Paris.

     

     

     

    Présidant à la fois le Cercle aryen et le Comité d'action antibolchevique, c'est encore lui qui organisa la grande exposition parisienne de 1942:

     

    «Le bolchevisme contre l'Europe». En février 1943, il rallia le Front révolutionnaire national, regroupant les militants de plusieurs partis (RNP, MSR, parti franciste...) qui finirent par intégrer les rangs de la Milice.

     

    Arrêté en août 1944, il fut jugé, condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi et exécuté début 1945.

     

     

    ALAIN LAUBREAUX [1899-1968] Il dénonçait des juifs dans son journal

    Natif de Nouméa, il devint, en 1936, critique théâtral du journal de politique internationale «Je suis partout», dans lequel il prôna dès avant guerre l'entente avec l'Allemagne. Puis, dans le Paris occupé, Laubreaux exerça sa redoutable influence bien au-delà du monde du spectacle.

     

    Enivré de sa puissance, il en joua sans retenue, rédigeant, entre deux critiques dramatiques fielleuses, les dénonciations antisémites anonymes de la page 3 de son hebdomadaire, et réclamant sur les ondes de radio Paris que l'on fusille le poète robert Desnos (qui allait mourir en déportation) .

     

    Ayant fui en 1944, il fut condamné à mort par contumace et s'éteignit en exil à Madrid en 1968. Dans son film «Le Dernier Métro», François Truffaut l'a représenté en lui donnant le nom de Daxiat, pseudonyme sous lequel Laubreaux signa la grande pièce antisémite de l'Occupation, «Les Pirates du ciel».

     

    HENRY COSTON [1910-2001] Il est l'auteur d'une apologie des camps nazis

    Cet homme a consacré sa longue existence à dénoncer le «complot judéo-maçonnique». Militant de l'Action française, il fonda, à la fin des années 1920, les Jeunesses antijuives, au programme prémonitoire: exclusion des juifs de la communauté française et spoliation de leurs biens.

     

     

    Ayant repris «La Libre Parole», le journal antisémite d'Edouard Drumont, Coston organisa un éphémère Front national ouvrier-paysan, avant de rallier le parti populaire français, en tant que chargé du renseignement. Après l'avènement d'Hitler, il se rendit en Allemagne où, considéré comme un authentique idéaliste national-socialiste, il fut subventionné pour rééditer le célèbre livre antisémite «Les Protocoles des sages de Sion».

     

    En 1940, il rejoignit le minuscule parti national- socialiste français. sous l'Occupation, il coprésida l'association des journalistes antijuifs et multiplia livres et articles de presse.

     

    Chargé par Pétain, qui lui remit la francisque en 1943, de travailler sur la franc-maçonnerie, il anima le Centre d'action et de documentation, éditant deux bulletins «d'information antimaçonnique» et «d'information sur la question juive». il signa, dans la brochure «Je vous hais», une apologie des camps nazis. Arrêté en Autriche en 1946 et condamné aux travaux forcés à perpétuité, il bénéficia rapidement d'une grâce médicale, et lança en 1957 «Lectures françaises», une revue où signait, entre autres, Paul Rassinier, l'un des pères du négationnisme.

     

     

     

    Ayant fini sa carrière de haine comme chroniqueur à «Présent» et à «National hebdo», Coston mourut paisiblement en France à l'âge de 91 ans.

     

    EDGAR PUAUD [1889-1945] Ancien poilu, il devient colonel chez les SS

    Passé par les tranchées de 14-18, puis par la Légion étrangère, Edgar Puaud s'engagea en juillet 1942 dans la Légion tricolore, prélude à la Légion des volontaires français (LVF) contre le bolchevisme que Laval souhaitait déployer sur le front de l'Est en renfort de la Wehrmacht. soutenue par Déat, Doriot et Deloncle, chefs des principaux partis collaborationnistes, qui y voyaient aussi une armée de partisans pour «nettoyer» la France, la LVF ouvrit ses rangs aux mercenaires, aventuriers et repris de justice. Fin 1943, au Vél'd'hiv de Paris, 6500 légionnaires prêtèrent serment à Hitler.

     

     

    Puaud, promu colonel de la Wehrmacht, prit la tête de trois bataillons rassemblés en Biélorussie. A l'été 1944, la LVF ayant subi d'énormes pertes, Himmler ordonna son démantèlement.

     

    La plupart des 1200 rescapés furent alors affectés à la 33e Division SS Charlemagne, commandée par l'Oberführer SS Puaud, et regroupant tous les Français combattant pour l'Allemagne. Début 1945, ses 10000 hommes furent décimés en Poméranie, lui-même y trouvant la mort. Les rescapés furent les ultimes défenseurs du bunker de Hitler à Berlin.

     

     

    MAURICE SACHS [1906-1945] Cet escroc fut un indic pour la Gestapo

    Escroc, pédéraste», tel qu'il se présentait lui-même, et aussi collaborateur bien que d'origine juive, Sachs chercha dans l'expérience de l'infamie la matière d'une œuvre littéraire.

     

    Après une enfance très dure, il fut un temps le secrétaire de Jean Cocteau.

     

    Max Jacob l'encouragea à écrire.

     

    Après l'exode, il vendit tous les biens de sa grand-mère en exil et se fit trafiquant d'or.

     

    Epicentre du marché noir, son appartement rue de Rivoli devint le rendez-vous des escrocs et des gigolos. réfugié un temps en Normandie avec l'écrivaine Violette Leduc et un enfant juif recueilli qu'il abandonnera sans remords, il s'engagea ensuite pour le STO.

     

    A Hambourg, la Gestapo le recruta pour espionner ses compatriotes, tâche dont il s'acquitta avant que ses trafics ne le fassent interner au camp de concentration de Fuhlsbüttel. il fut abattu par un SS en 1945. La guerre avait empêché la publication de son grand œuvre, «Le sabbat», qui parut en 1946.

     

    En 1943, il fit, avec sa Croix de guerre, la une du magazine allemand «signal»

    MAYOL DE LUPÉ [1873-1955]  Aumônier, il mit Dieu au service du Führer

    Né quatre-vingts ans jour pour jour après la décapitation de Louis XVI, cet aristocrate demeura toujours allergique à la république.

     

    Aumônier militaire pendant la Première Guerre, Mayol de Lupé suivit ensuite les troupes françaises en Bessarabie.

     

    Dans les années 1930, il effectua des voyages en Allemagne, s'y faisant un carnet d'adresses qui lui valut de nombreuses sollicitations.

     

    Hitler ayant lancé ses troupes sur l'Union soviétique en 1941, il bénit cette «croisade anti-bolchevique» en devenant l'aumônier de la Légion des volontaires français. servir sous l'uniforme allemand ne lui plaisait guère, mais face à l'antéchrist, qu'importait que la croix fut gammée.

     

    L'écusson bleu, blanc, rouge sur sa manche le tourmenta bien plus: «il n'y a qu'un seul drapeau, jugeait-il, le blanc fleurdelisé du comte de Chambord.»

     

    En 1943, il fit, avec sa Croix de guerre, la une du magazine allemand «signal».

     

    Célébrant la messe de Noël 1944 de la Division Charlemagne, il dédia son homélie à «Notre très saint-père le pape et à notre Führer Adolf Hitler». Mayol de Lupé fut arrêté en 1946 en Bavière, et condamné à 15 ans de réclusion.

     

    HENRI LAFONT  [1902-1944]   Ce malfrat faisait parler les résistants

     

    L’occupation n’a pas été une défaite pour tout le monde. Les quatre années de guerre ont même été, d’une certaine manière, l’âge d’or de la pègre, pour plusieurs centaines de voyous libérés des prisons où ils purgeaient leurs peines. 
     
    Celui qui a sélectionné cette sinistre bande de malfrats à la solde des nazis s’appelait Henri Lafont, un ancien taulard de peu d’envergure. Dans le milieu, on l’appelait "Monsieur Henri".  

    Il devient alors Henri Lafont

     

    Arrêté plus tard pour insoumission, il est envoyé en prison où il fait la rencontre de deux Allemands et un Suisse, membres de l'Abwehr, une organisation de l'armée allemande qui fait office de service de renseignement de l'état-major. Les trois hommes proposent à Henri de travailler avec eux.

    Ce qu'il accepte. Il se fait remarquer par Hermann Brandl, agent spécial de l'Abwher,

    et Wilhem Radecke, capitaine de la Wehrmacht, qui l'intègrent à la police allemande. 

     

    Orphelin à 11 ans, Henri Lafont connut une enfance miséreuse, survivant de petits larcins qui le menèrent vite en colonie pénitentiaire.

     

    En 1940, son casier comptait une dizaine de condamnations.

    A la faveur du chaos de juin 1940, il s'évada d'un camp du Loiret en compagnie de deux Allemands.

     

     

     

    Fiche d'identité d'Henri Chamberlin alias Henri Lafont

     

    Ces agents de l'Abwehr le conduisirent à Hermann Brandl, alias «Otto», pour le compte duquel il ouvrit à Paris un «bureau d'achats».

     

    Ces officines avaient été mises en place par l'occupant pour rafler directement chez les particuliers les marchandises réquisitionnées par le Reich.

     

     

    Bonny et Lafont

    Les affaires prospérant, Henri s'installa ensuite au 93, rue Lauriston, à l'ombre de la place de l'Etoile. sa bande - constituée de truands recrutés notamment à la prison de Fresnes - compta jusqu'à cent permanents, sur lesquels il régnait avec son bras droit, l'ancien policier Pierre Bonny Dotés par les Allemands d'Ausweis et de cartes de police officielles, ses hommes écumaient la capitale, menaçant, dépouillant, assassinant.

     

    Ayant reçu la nationalité allemande et le grade de capitaine de la SS, «Monsieur Henri» roulait en Bentley s'entourait d'orchidées et invitait aux soirées du «93» le tout-Paris qu'il compromettait par ses faveurs.

     

     

    son officine se mua alors en annexe de la Gestapo, traquant les résistants pour lesquels la rue Lauriston figurait la porte des Enfers.

     

    Début 1944, Lafont créa une Légion nord- africaine qui multiplia les atrocités en Limousin et en Dordogne, puis il se cacha avec Bonny dans une ferme. Les deux hommes furent jugés et fusillés.

     

     

    GEORGES MONTANDON   [1879-1944]   Il a osé l'expression «ethnie putain»

    Etabli à Paris en 1925, ce suisse, qui avait étudié la médecine et l'anthropologie, se fit spécialiste des «races» et spécialement de celle qu'il qualifia d'«ethnie putain», les juifs.

    Mais Georges Montandon resta aux portes de l'université.

     

    L'Occupation donna à ce correspondant de Céline - dont l'œuvre «Bagatelles pour un massacre» l'avait enthousiasmé - l'opportunité de faire triompher ses vues. investi dans toutes les instances antisémites de la Collaboration, il dirigea notamment «L'Ethnie française», revue financée par l'institut allemand de Paris, et publia un manuel intitulé «Comment reconnaître le Juif?».

     

     

     

    De l’admiration de la révolution bolchevique à l’adhésion totale à l’antisémitisme nazi:

    la dérive mortelle du Dr Montandon, Neuchâtelois, médecin à Renens, ami de Céline et

    ennemi juré de la «Gazette de Lausanne»

     

    Membre du parti populaire français, il fut nommé en 1942 expert auprès du Commissariat général aux questions juives, délivrant, moyennant finances, des «certificats de non appartenance à la race juive». il trouva encore le temps de traduire le «Manuel d'eugénique et d'hérédité humaine» du nazi Otmar von Verschuer, avant de cosigner avec henry Coston (voir page 59) la brochure «Je vous hais», publication la plus violemment antisémite de la période.

     

     

    Cible d'un attentat des FFi, Montandon mourut dans un hôpital allemand.

    Violette Morris 1913 (02).jpgLa grosse avant son amputation des seins

    VIOLETTE MORRIS [1893-1944]   On l'appelait   «La hyène de la Gestapo»

    Fille d'un baron qui l' éleva comme un garçon, Violette Morris fut ambulancière en 1914-1918 avant de devenir célèbre dans les années 1920 en se forgeant un palmarès sportif d'exception:

     

    recordwoman du monde des lancers du poids et du disque, elle était aussi footballeuse, boxeuse, pilote automobile

     

    (vainqueur du Bol d'or 1927)... Bisexuelle affichée, Violette fit scandale en se faisant enlever les seins pour être plus à son aise au volant. ( ?? )

     

    Ce qui lui valut d'être privée des JO de 1928, les premiers ouverts aux femmes, par la Fédération française d'athlétisme qui l'accusait d'atteinte aux bonnes mœurs.

     

    Une injustice qu'elle crut laver en devenant espionne pour l'Allemagne.

    En 1940, Helmut Knochen, chef de la SS à Paris, la recruta.

     violettepiano

    Elle rejoignit ensuite la rue Lauriston (voir Henri Lafont) , s'y taillant une réputation de tortionnaire émérite, avant d'être abattue en avril 1944 par des FFI sur une route de campagne normande.

    C'est lors de ses recherches et investigations sur le Maquis Surcouf  que Raymond Ruffin avait croisé la route de Violette Morris (1893-1944).

     

     

    Collaboratrice zélée de la Gestapo, elle a été exécutée sur une petite route de Normandie sur ordre de Londres par les résistants du maquis Surcouf

     

     

     

     

     

     C'est l'écrivain Auguste Le Breton, qui l'avait connue en 1941, qui la surnommera pour la postérité «La hyène de la Gestapo».

     

    JEAN FILLIOL [1909-?]    Il tua pour Mussolini et pour Franco

    Il fut l'âme damnée d'Eugène Deloncle, le fondateur de la Cagoule. son épopée sanglante débuta le 6 février 1934. A la tête d'une section parisienne des Camelots du roi, Jean Filliol conduisit l'assaut manqué contre la Chambre des députés.

     

    Ayant outrepassé les consignes, il fut exclu de l'Action française. Avec Deloncle, autre dissident du mouvement royaliste, il fonda alors le Parti national révolutionnaire. inquiétés par les policiers, les deux hommes optèrent ensuite pour la clandestinité au sein du Comité secret d'action révolutionnaire (CSAR). Vite rebaptisée la «Cagoule», cette organisation structurée cherchait à entraîner l'armée dans un putsch militaire contre la république, en multipliant attentats et assassinats.

     

    En échange de mitraillettes Beretta, Filliol tua pour le compte de Mussolini deux antifascistes réfugiés en Normandie, puis il œuvra pour l'Espagne franquiste, où il se mit un temps au vert. rentré en France, il intégra le Mouvement social révolutionnaire que Deloncle venait de créer.

     

    Accusé par Vichy d'avoir fomenté une tentative d'assassinat contre Pierre Laval et Marcel Déat, il fut arrêté, puis interné près de Limoges. C'est Darnand, secrétaire d'Etat au maintien de l'ordre, qui le fit libérer début 1944 pour l'affecter à la Milice engagée en Limousin contre le maquis de Georges Guingouin.

     

    Filliol aurait alors indiqué aux SS de la division Das Reich le village d'Oradour-sur-Glane comme hébergeant un maquis.

    Condamné à mort en France, il avait fui en Espagne,

    où il y travailla pour L'Oréal, multinationale dont le fondateur Eugène Schueller était proche des Cagoulards. Puis on perdit sa trace.

     

     

    ----------------------
    ==> Article tiré du magazine GEO Histoire n°16, "La France sous l'Occupation" (sept. 2011) 


    En savoir plus sur http://www.geo.fr/photos/reportages-geo/seconde-guerre-mondiale-collaboration-ils-ont-pactise-avec-le-diable-127071#haVCQHYOPE5RGzQK.99

     

     

     

     

     

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  • Charlotte Delbo


          Charlotte Delbo nait en 1913, au cœur de l’été, trois ans après Simone de Beauvoir, dans une famille d’immigrés italiens.

     

    Autodidacte, bilingue en anglais, elle apprend la sténographie, comme Alice Guy avant elle.

     

    A vingt-et-un ans, la jeune femme entre dans les Jeunesses communistes et rejoint deux ans plus tard, en 1936, l’Union des jeunes filles de France, créée et dirigée par Danièle Casanova. Jeune mariée, elle fait des piges pour les journaux du Parti communiste dont ceux que codirige Andrée Viollis.

     

    Devenue l’assistante de Louis Jouvet, elle le suit en tournée jusqu’en Amérique latine. Lorsque la guerre éclate, et après la débâcle, Charlotte décide de laisser la troupe et de revenir par ses propres moyens en France, retrouvant son mari qui, entré dans la clandestinité, travaille pour ce qui devient les Lettres françaises. 

     

    Elle prend sa relève au grade d’adjudant chef au titre de résistance française.

     

    Cinq mois avant les rafles du Vel d’hiv et avant le débarquement en Afrique du Nord,

     

    le 2 mars 1942, le réseau auquel appartient Charlotte tombe, son mari, Danielle Casanova, Jacques Decour, les époux Vaillant-Couturier et elle-même sont interpellés, torturés et transférés à la Santé.

     

    Son mari est fusillé, deux mois plus tard, au Mont Valérien.

     

     

     

    Charlotte a fêté ses vingt-neuf ans depuis deux semaines, quand le 24 août elle est transférée de la prison de la Santé au camp de Romainville,

    où elle reste jusqu’au 20 janvier 1943.

     

    Embarquée dans un convoi qui emporte deux cent trente déportées politiques vers Compiègne, et qui repart le 24 janvier vers Auschwitz, seul convoi de femmes déportées politiques parti vers cette destination.

     

     

     

     

     

    85 % des déportées sont des résistantes et quarante-cinq d’entre elles sont les veuves de résistants fusillés.

     

    Le convoi arrive trois jours plus tard, le 27 janvier à Birkenau.

     

    Les Françaises entrent dans le camp en chantant la Marseillaise.

     

     

     

    Le 10 avril, deux mois et demi plus tard, seules soixante-dix d’entre elles sont encore vivantes, dont Charlotte qui a survécu au typhus.

     

    Le 3 août, les cinquante-sept survivantes sont mises en quarantaine et mieux traitées, cinq d’entre elles meurent néanmoins avant décembre.

     

    En janvier 1944, un an après le début de sa déportation, Charlotte est envoyée à Ravensbrück, où elle est libérée par la Croix Rouge internationale, le 23 avril 1945, après plus de deux années d’internement.

     

    Agée de trente-et-un ans, la jeune femme, matricule 31 661, en garde au cœur une myocardie parcellaire, qui la contraint à entrer en clinique en 1946.

     

    Depuis sa chambre, elle écrit Aucun de nous ne reviendra, qu’elle relègue dans un tiroir durant près de vingt ans.

     

    Dans la foulée, elle rédige, aidée de ses amies survivantes, Le convoi du 24 janvier, notice biographique de ses deux cent vingt-neuf compagnes de déportation.

    Passée la cinquantaine, elle publie la plupart de ses œuvres, récits, drames et poèmes.

     

    Celle qui est connue pour sa gaité et son goût du champagne, s’éteint un an avant Simone de Beauvoir, victime d’un cancer, à soixante-douze ans.



    Charlotte Delbo 1913-1985

     

    Delbo Charlotte, Qui rapportera ces paroles ?,

    tragédie en trois actes, P.-J. Oswald, Paris, 1974.

    Delbo C., Aucun de nous ne reviendra, éd. de minuit, 2007

    Delbo C., Le convoi du 24 janvier, éditions de minuit, 2002

    Gelly Violaine, CharlotteDelbo, Fayard, 2013 

    Hatzfeld J. L'urgence Charlotte Delbo in Le Monde Mai 2013

    Mesnard Philippe, Témoigner entre histoire et mémoire, Kimé 2010

    Hommage à Charlotte Delbo 1995, Ina

    Charlotte Delbo.org

    Radioscopie Charlotte Delbo/ Jacques Chancel avril 1974, Ina

    Dargnies S. Une vie, une oeuvre. Charlotte Delbo, France culture 2013

    Varier Zoé, Charlotte Delbo, et 2de partie France inter, 2013

    Fonds Charlotte Delbo BnF

     

     http://pantheonistas.blogspot.fr/

     

     

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