• RENNES sous l'OCCUPATION

     

    rennes sous l'occupation

     

    VIE des Rennais durant les quatre années que furent l'Occupation. Il est un regard vivant sur la guerre vue d'une ville de province et sert de témoignage à tous ceux qui n'ont pas connu les souffrances d'une ville sous l'Occupation.

     

    Le 17 juin 1940, des éléments avancés de la Wehrmacht sont à Vitré où ils se heurtent à la foule compacte qui encombre la route nationale.

     

    plaine de baud 1940

     

    Une épidémie de dysentrie accumule les cadavres dans les fossés, et la proximité des premiers chars allemands déclenche des paniques indescriptibles.

     

     

    l

    Survolant ces colonnes lamentables qui fuient sans but, trois chasseurs bombardiers, frappés de la croix noire, passent en hurlant au-dessus de Rennes.


    Après un rapide survol de la ville, ils se jettent sur la gare de triage de la plaine de Baud.

     

    Par une négligence absurde, des trains de réfugiés du Nord voisinent avec des transports de troupes, eux-mêmes entourés par des convois de munitions.

     

    C'est l'un d'eux, chargé de plusieurs tonnes de mélinite, qu'une bombe larguée par l'un des bombardiers viendra frapper de plein fouet.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-obseques-mars-1943.html

    En faisant explosion, le train pulvérise les convois placés sur les voies parallèles.


    C'est un spectacle atroce qui s'offre aux yeux des premiers sauveteurs, accourus en toute hâte des ateliers ferroviaires voisins.

     

    Des trois trains littéralement désintégrés par l'explosion, il ne reste plus que des carcasses embrasées et des centaines de corps jonchent le sol constamment secoué par les explosions.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mars-1943.html

     

     

    Malgré les avis, et même les interdictions, des sauveteurs s'emploient à extraire des carcasses déformées, les corps mutilés ou carbonisés de soldats et de civils.

    Bien que le nombre des victimes ne pût jamais être chiffré exactement, le bombardement du 17 juin aura fait plus de 2 000 victimes, pour la plupart non identifiables. Elles seront rapidement enterrées le long du ballast.

    Ces victimes sont des soldats anglais qui venaient de quitter leurs cantonnements de la route de Lorient et leurs dépôts de l'École Saint-Vincent, pour se replier vers l'ouest, dans l'éventualité d'un second Dunkerque, des soldats français du 212e régiment d'artillerie rapatrié de Narvick et des civils de Lisieux qui croyaient avoir trouvé à Rennes la sécurité.

     

    occupation de rennes en 1940

     

    C'est au milieu des explosions qui continuent d'embraser la Plaine de Baud que les Rennais entendent sur « Radio Paris » le maréchal Pétain demander l'Armistice à l'Allemagne.

     

    Les choses vont en se précipitant. Poussant devant eux la masse des réfugiés, les premiers détachements allemands entrent à Rennes dans la matinée du 18.

     

    Ayant pour objectif les bases navales de Lorient et surtout Brest, ils traversent, sans s'arrêter, une ville morte qu'un soleil printanier ne parvient pas à égayer. Quelques heures plus tard, succédant aux « forces d'Invasion », ce sont les troupes d'occupation proprement dites qui font leur entrée dans la ville.


    L'administration allemande, conduite par le major Kruger, installe sa « Platzkommandantur » dans l'aile sud de l'Hôtel de Ville après y avoir fait flotter le drapeau à croix gammée.

    La «Luftwaffe», outre l'aérodrome de Saint-Jacques, jette son dévolu sur le Lycée Chateaubriand, avenue Janvier, où elle y installe un important central de communications et d'écoute.

     affiche allemande en 1940

    La « Wehrmacht », après avoir reçu les armes des troupes françaises encore à Rennes, occupe les diverses casernes et places militaires de la ville, caserne du Colombier, de Guines, camp de la Marne, les arsenaux, Marguerite... etc. 

     


    Aux forces militaires vont s'ajouter la « Gestapo » et le « S.D.», chargés plus principalement du maintien de l'ordre et de la répression.

     

    La Gestapo transfère donc ses bureaux rue de Fougères, d'où elle sévira sur la Bretagne pendant quatre longues années. Les premiers « Feldgendarmes » font leur apparition aux carrefours, les premiers « Ausweiss » aussi. Les premières exécutions ont lieu à la caserne du Colombier pour répondre aux premiers actes d'une résistance sauvage et pas encore organisée.

     

    Des lignes téléphoniques sont détruites, des affiches déchirées, des soldats allemands injuriés et même attaqués ; autant de faits qui prouvent que des hommes refusent déjà l'Occupation comme un fait acquis. 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mai-1943.html

     


    Dès le début de l'Occupation, se crée « l'Armée de l'Ombre » regroupant ceux qui ont entendu l'appel du général De Gaulle.

     

    Des jeunes Rennais gagnent l'Angleterre pour s'engager dans les Forces Françaises Libres.

     

    De Londres, arrivent des émissaires et des agents de renseignement.

     

    rennes 1941-1942
     

    En janvier 1941, le capitaine de Corvette d'Estienne d'Orves organise un réseau de renseignements à Nantes et à Rennes.

    Sa dernière visite à Rennes sera celle du 20 janvier.

    Le lendemain, il sera arrêté à Chantenay puis fusillé au Mont Valérien.

     


    Plusieurs réseaux de résistance s'organisent alors ; renseignements par messages radio, récupération des aviateurs alliés tombés sur notre sol et leur retour en Angleterre, réalisation de sabotages.


    18 fusillés, 29 morts en déportation, tel est le lourd tribut que paieront les cheminots rennais de « Résistance Fer »

     

    mais c'est plus de 100 fusillés et 600 internés pour l'agglomération rennaise.

     


    La radio française de Londres est écoutée attentivement, malgré les brouillages continuels ; et de nombreux tracts et journaux clandestins sont diffusés pour contribuer à entretenir l'espoir et à fortifier la résolution de ceux qui ne veulent pas céder au découragement.

     

     

    Le couvre-feu, les restrictions, les files d'attente, les contrôles, les réquisitions, images d'une guerre que les Rennais vont supporter pendant quatre ans. Le Gouvernement français, replié en zone libre, installe ses ministères dans les hôtels pour curistes de Vichy. Début novembre 1940, il nommera Rippert, au poste de préfet régional succédant de la sorte à Jouanny.

    C'est dans cette atmosphère grise et froide que l'année 1940 s'achève. Les années qui vont suivre, ne semblent pas y devoir changer grand chose.

     

     

    Les années 1941 et 1942 vont surtout voir la prolifération des cartes et des tickets de rationnement. Il en faut, bien sûr, pour l'alimentation, mais aussi pour les textiles, les chaussures, le charbon, le caoutchouc, le fer, etc...

     

    Vichy met en place un service de « Répartition générale » qui doit apporter une meilleure distribution des denrées devenues rares.

     

    Accompagnant régulièrement les périodes de restrictions et de privations, le marché noir a fait son apparition (et sera responsable de l'enrichissement, pour le moins rapide, de certaines catégories de trafiquants). Pour 500 g d'huile, d'interminables files d'attentes s'allongent sur les trottoirs, les bicyclettes sont de nouveau les petites reines, et les amateurs de l'automobile se déplacent en masse au champ de Mars où la Foire-Exposition leur offrent les tout derniers modèles de gazogènes. 
     

     

    On apprend à se discipliner pour faire la queue aux portes des magasins ou pour s'inscrire dans l'espoir de 100 g de viande ou d'un litre de vin ; on parle coupons, rations, travailleur de force, on calcule, on troque, on revend. C'est l'ère des succédanés et des ersatz, le triomphe des B.O.F. et de la « débrouille ».
    Mais Rennes n'oublie pas.

     

    On n'oublie pas ceux qui croupissent dans les stalags et les offlags d'Allemagne, on n'oublie pas les patrouilles nocturnes et les affiches noires et jaunes qui annoncent les exécutions au Colombier ou à la butte de la Maltière, derrière la poudrière.

     

    On n'oublie pas les bombardements, et chaque fenêtre est soigneusement peinte en bleu ou occulté avec du papier spécial. On creuse des abris sur les principales places de la ville : place Sainte-Anne, Croix de la Mission, dans les jardins de la Préfecture et même dans les pelouses du Thabor.

     

    Recouverts de sacs de sable, de terre, de tôles, de madriers, ils rappellent constamment aux Rennais que, même dans la tranquillité relative dont jouit la ville durant ces deux années, la guerre n'est pas terminée. 


    Quelques alertes ont bien émaillé ces deux années, mais aucun bombardement n'est venu frapper la ville ; seule la base de Saint-Jacques a essuyé plusieurs attaques des bombardiers allié

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-1944-espoir.html

     

     rennes bombardee en 1943

     

     

    Il fait un temps printanier magnifique, et les rues de la ville présentent un aspect joyeux et inhabituel.

     

    C'est le Lundi Gras, beaucoup de magasins ont baissé leurs volets de fer, et tout le monde se retrouve sur le Champ-de-Mars où la fête foraine a planté ses stands et manèges.

     

     

    bombardement rennes en 1943 

    C'est au milieu des cris de joie et des flonflons, qu'à 14 h 30, les premières explosions creusent des fossés sanglants dans la foule massée sur l'esplanade.

     

    En moins d'une demi-heure, et sans que les sirènes aient eu le temps de lancer leurs sinistres cris, le Champ-de-Mars n'est plus qu'un champ de Morts. 


    C'est au milieu d'un chaos indescriptible que les premiers sauveteurs, accourus en hâte de tous les coins de la ville, s'acharnent sur les manèges déchiquetés, soulèvent les stands effondrés, dégageant avec beaucoup de précaution les rares survivants.

     

     

     rennes 1943

    Ce sont surtout des enfants en vacances, pour ce Lundi Gras, que les sauveteurs aligneront dans la chapelle ardente dressée dans une baraque en bordure du Champ-de-Mars. Le reste de la ville n'a malheureusement pas été épargné. 

     


    Le noeud ferroviaire de la gare de triage étant, semble-t-il, l'objectif attribué aux forteresses volantes de l'U.S. Bomber Command (commandement américain de l'aviation de bombardement), le quartier de la Gare et la rue Saint-Hélier ont été particulièrement éprouvés. Au bout de la rue Saint-Hélier encombrée de débris, la Société Économique dresse la silhouette carrée de ses entrepôts, rue Monseigneur-Duchesne.

     

    C'est dans les caves de ces entrepôts, qui jouxtent la voie ferrée, que les 71 employés périront, prisonniers dans leur abri incendié. Des centaines de corps meurtris, brûlés, déchiquetés, s'entassent à présent dans les principaux hôpitaux de la ville.

     

    L'Hôtel-Dieu est vite débordé par cet afflut continuel de blessés et bien que ce drame ait dépassé en horreur et soudaineté tout ce que les sauveteurs pouvaient imaginer, les secours s'organisent très rapidement.

     

     

    Les quartiers épargnés envoient leurs équipes de D.P. ; des bénévoles fouillent méthodiquement (au moyen de tiges de fer) les décombres des maisons effondrées, le personnel des hôpitaux, les sapeurs-pompiers, sous les ordres du commandant Dubois, la Croix-Rouge, organisent une évacuation rapide. La ville entière participe au sauvetage et à l'hébergement de ses victimes. 

     


    Outre le quartier de la gare, les quartiers du Cimetière de l'Est, rue de Châteaugiron, et boulevard Villebois-Mareuil d'une part et les rues Ange-Blaise, Ginguené, lb quartier de la T.S.F. établi rue de l'Alma d'autre part, sont le théâtre des mêmes scènes de désolation.

     

    Seuls dégâts aux installations militaires allemandes, le parc d'artillerie de la caserne de Guines et la caserne du Colombier ont été touchés. La propagande allemande et vichyste sauront exploiter au mieux ces fatales erreurs de l'aviation alliée.

     

     

    Obsèques le 11 mars 1943 à Rennes

    C'est dans une ville silencieuse et recueillie que le 11 mars se déroulent les obsèques des victimes de la tragédie du 8 mars.

     

    Le préfet de région M. Jean Quenette, le maire, F. Château, entourés d'une foule de personnalités, président à la cérémonie.

    Le maréchal Pétain et Pierre Laval sont représentés par le ministre d'État Cathala.

     

     

    La foule se réunit tout d'abord place de la Mairie, où les camions transportant les cercueils ont été rangés face au théâtre.

     

     rennes 1943

    Puis le cortège rejoint la place Saint-Pierre où Monseigneur Roques, successeur de Monseigneur Mignen décédé au début de la guerre, doit célébrer l'Office funèbre avant de gagner les cimetières du Nord et de l'Est.

     

     obseques rennes 1943

    C'est entre deux haies de Rennais recueillis et silencieux que le convoi, après avoir suivi les berges de la Vilaine, dépose en terre ses 173 cercueils.

     

    Durant tout le mois de mars les recherches vont se poursuivre dans les décombres, et il ne se passe pas de jour sans que de nouveaux corps soient découverts.

     

    1943 rennes 

     

    Ce sont les volontaires de la D.P. et les scouts qui sont chargés de la difficile tâche d'identification. Le nombre total des corps se monte à plus de 300 dont beaucoup ne seront jamais identifiés. Finalement, Rennes vient de subir son premier mais très dur bombardement.

     

     rennes 1943

    La soudaineté de l'attaque, la destruction d'objectifs sans intérêt stratégique, le massacre de centaines d'innocents laissent au coeur des Rennais un sentiment de colère indignée mélé à de l'inquiétude.

     

    Durant les deux mois qui vont suivre, les alertes vont être pratiquement quotidiennes et la descente à l'abri devient chose courante pour une population maintenant réaliste et disciplinée.

     

    Le 29 mai 1943 à Rennes

     

    Le 29 mai, en fin d'après-midi, les bombardiers de l'U.S. Air Force sillonnent de nouveau le ciel et écrasent le nord de la ville sous un tapis de bombes Le cimetière du Nord est dévasté, tout le quartier alentour bouleversé.

     

    La rue de Brest et les jardins du grand séminaire, le boulevard Marboeuf comptent de très nombreux cratères. Le centre de la ville : les rues Nantaise, le Mail, les rues entourant la place de Bretagne ont été aussi touchés par les bombes soufflantes.

    Comme les mêmes scènes tragiques se déroulent et il est clair que les bonnes volontés ne suppléent pas à un matériel défaillant, il devient urgent de créer une véritable protection de la population.

     

    Le bombardement du 29 mai comptera plus de 220 morts et 300 blessés qui rejoindront les victimes déjà trop nombreuses.
     

     

    La Municipalité va donc décider le déplacement des enfants de la ville vers des régions moins dangereuses.

     

    Le lycée de filles est reconstitué à la Guerche-de-Bretagne, celui de garçons trouva refuge dans le petit bourg de Louvigné-de-Bais. Le 10 juillet, Jean Quénette est remplacé par Philibert Dupart au poste de préfet régional.

     

    rennes mai 1943

     

    Dans le pays qui s'achemine vers sa quatrième année d'occupation, les attentats et les sabotages s'amplifient et touchent à présent tout le pays auxquels les Allemands répondent par des assassinats d'otages de plus en plus nombreux. 
     

     

    1944... Espoir et bombardements

    La fin de l'année 1943 confirme le redressement du bloc allié face à une Allemagne exsangue.

     

    En juillet, les Russes entament la reconquête de leurs sols, les Italiens capitulent le 3 septembre et la Corse est libérée au début du mois d'octobre.

     

    La nouvelle année débute par un remaniement régional. Philippe Dupart quitte son poste, remplacé par Robert Martin.

     

    Les quatre premiers mois de cette année 1944 sont relativement calmes pour la ville qui ne reçoit plus la visite des bombardiers depuis le 29 mai 1943, et la peur des deux précédents bombardements commencent à s'estomper.


    Seule la base aérienne de Saint-Jacques de la Lande, d'où partent les Messerschmidts qui bombardent l'Angleterre, subit les raids d'une aviation alliée, de plus en plus puissante et audacieuse.


    A plusieurs reprises, la population des environs est réquisitionnée afin de remblayer les pistes rendues impraticables par les bombes. Les habitants des communes environnantes : Saint-Jacques-de-la-Lande, Bruz, Chartres-de-Bretagne, Chavagne ont fini par s'habituer tant bien que mal à ces attaques répétées sur les terrains de la « Luftwaffe ».

     


    A Bruz, ce 7 mai est un grand jour. Le petit bourg de 800 habitants fête ses enfants. A la cérémonie religieuse et à la procession de la Communion, succède le traditionnel repas et c'est tard dans la soirée, que Bruz fatigué, s'endort.

     

     

    bruz 1944 

    A 23 h 45, succédant aux hurlements des sirènes, les premières bombes écrasent en moins de 25 minutes la petite localité endormie.

     

    Les explosions ayant cessé, les survivants qui ont tenté de fuir au milieu des gravats et des incendies reviennent sur les lieux. La deuxième vague des bombardiers lourds achèvera les destructions de la première vague.

     

    bruz
    Aussitôt, des communes avoisinantes, on se précipite sur les lieux de la tragédie, et c'est à la lumière des incendies et des projecteurs de pompiers de Rennes accourus en toute hâte, que les premiers blessés sont extraits des décombres.

     

    C'est avec le jour que les sauveteurs bénévoles comprennent l'étendue de la tragédie du petit bourg, il ne reste plus que quelques bâtisses éventrées, serrées contre l'église dont le squelette noirci se dresse dans un ciel merveilleusement bleu.

     

    Le député-maire, le docteur Joly et le docteur Belliard travailleront sans relâche à soulager les victimes dont le bilan s'alourdit d'heure en heure.

     

    Ces deux médecins, dont le courage et l'abnégation forceront l'admiration des témoins du 8 mai, ont perdu toute leur famille dans la tragédie. Des familles entières ont été anéanties.

     

    Au cours des heures qui suivent, près de 200 cercueils sont ainsi alignés dans le choeur de l'église de Chartres-de-Bretagne, où les obsèques seront célébrées par Monseigneur Roques quelques jours plus tard.

     


    La petite ville de Bruz vient de subir son unique bombardement. Unique bombardement, qui la raye de la carte. Les jours qui ont suivi l'anéantissement de Bruz, les alertes sur Rennes vont devenir pratiquement quotidiennes.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-juillet-1944.html

    Même les petites villes et les bourgs de la région ne sont plus à l'abri des raids aériens alliés : Janzé, Bain, Châteaugiron comptent de très nombreuses victimes. Rennes est constamment parcouru par des convois de matériels et d'hommes harassés qui fuient le gigantesque piège qu'est devenue la Normandie.

     


    Afin d'enrayer cette fuite, les chasseurs bombardiers attaquent régulièrement les colonnes qui s'étirent le long des routes.

     


    Le 17 juillet, en plein midi, les cinq coups longs de la sirène précipitent les Rennais dans les caves. Pendant près d'une demi-heure, les vagues se succèdent au-dessus de la ville. L'hôpital psychiatrique de Saint-Méen est sévèrement frappé, plus de 100 corps jonchent la cité, principalement les quartiers Nord-Est de la ville.

     

    Les deux cimetières ont leurs tombes de nouveau bouleversées.

     

     

    Dans la nuit du 5 au 6 juin, prévenus par un message spécial de la B.B.C., des groupes de résistants appartenant au F.T.P. et dirigés par L. Pétri, font sauter les voies ferrées autour de Rennes.

     

    Juin-Juillet 1944 à Rennes

    La nouvelle du Débarquement traverse Rennes comme une traînée de poudre. Dans les files d'attente, on la commente avec vigueur mais prudence et les « bobards » vont bon train.

     

     rennes juin 1944


    Le 7 juin, dès 7 heures du matin, vingt Rennais sont arrêtés à leur domicile et internés comme otages à la prison Jacques-Cartier.

     

    Le 12, ils seront transférés au camp Marguerite, baraque 14, où ils rejoignent d'autres otages.

     

    Le 14 juin, à la suite d'une intervention de Monseigneur Roques auprès du Major Kruger, 7 otages sont libérés.

     

    Les autres seront libérés le 1er août grâce au Professeur Morice.

     

     juin 1944 rennes

    Le 9 juin, entamant la destruction systématique des points stratégiques de Rennes, l'aviation alliée approche en vague serrée.

     

    Trois fois durant la nuit les « Lancaster » et les « Wellington » anglais largueront leurs bombes à la lueur des incendies allumés par la première vague.

     


    Le quartier de la gare et la rue Saint-Hélier ont été de nouveau touchés.

     

    L'église Saint-Germain n'a pas été épargnée et les petites maisons de bois qui garnissaient la place sont incendiées.

     

    Les quais, eux-mêmes, ont subi les déflagrations des bombes de 1 000 livres. Il faudra plusieurs jours aux sauveteurs et à la Défense passive pour retirer plus de 100 cadavres des ruines fumantes.
     

     

    Alors que les opérations de déblaiement se poursuivent, trois jours plus tard, le 12 juin, les B.17 américains reviennent pilonner la voie ferrée et les routes d'accès à la ville, de très nombreux convois allemands transitant par Rennes pour rejoindre la Normandie.

     

    juin 1944 rennes


    Ces jours de bombardements totaliseront près de 180 morts, les blessés engorgeant les hôpitaux qui, eux non plus, ne sont pas à l'abri des bombes.

     

    Le Centre de Pontchaillou a été particulièrement touché à plusieurs reprises.
     

     

    Pendant tout le mois de juin, les alertes succèdent aux alertes, la Plaine de Baud subit toujours aussi régulièrement les bombes américaines le jour, et anglaises la nuit.

     

    Les troupes d'occupation quittent peu à peu la ville, les alliés affermissant leur progression en Normandie.


    Le dimanche 18 juin, quatre ans jour pour jour après l'entrée des Allemands à Rennes, la ville subit un nouveau bombardement.

     

    Très destructeur, s'étalant en larges vagues espacées sur toute l'après-midi, il n'y aura heureusement que peu de victimes à déplorer ; l'alerte ayant été donnée avec suffisamment d'avance pour permettre aux Rennais de descendre aux abris. 

     


    Le mois de juillet qui voit le rapprochement inexorable des troupes anglo-américaines en Normandie, débute à Rennes dans le sang.

     

    En effet, pour assurer un maintien de l'ordre de plus en plus sévère, les 50 miliciens alors stationnés à Rennes sont rejoints par 250 francs-gardes sous les ordres du déjà fameux De Costanzo.


    Ceux-ci intervinrent brutalement à la suite de l'assassinat à Paris,

    de Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à la Propagande.

     

    Dans toute la France, 150 personnalités furent désignées par Vichy et ordre fut donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à titre de représailles.

     

    La population rennaise fût indignée et consternée par ces attentats commis contre des personnes honorables de la ville.


    Pour les habitants, les difficultés augmentent de jour en jour ; aux alertes continuelles, s'ajoutent le manque d'eau, les coupures d'électricité, les communications interrompues et même la pénurie de blé qui oblige les autorités à lancer un appel à la solidarité des agriculteurs.

     

     

    La marche vers la liberté

     

     

    Le 31 juillet, à Pontaubault, se succédant sur le seul pont laissé intact par les Allemands, les chars et les soldats américains se ruent sur la Bretagne.
     

     vers rennes en 1944

     

     

    C'est le 8e corps U.S. sous les ordres du général Troy H. Middleton qui a été investi par Bradley de la libération de la province bretonne.

     

    Ce 8e corp fonce sur Brest.

     

    La 4e Armoured division est chargée de la Libération de Rennes,

     

    Les Allemands quittent Rennes en emportant tout ce qu'ils peuvent.

     

    Ne vont rester que quelques compagnies de la Luftwaffe chargées de ralentir l'avance américaine en se servant de leurs canons de 88 comme antichars, et des soldats du génie dont la tâche est de faire sauter tous les ponts qui pourraient faciliter la passage des chars américains.

     

    Le 1 er août, la 4e Armoured division, qu'ont rejoint les fantassins de la 8e division, stationne à Melesse. Le chef du 8e corps, Middleton, est alors confronté à deux conceptions différentes de la libération de la Bretagne.

     

    D'un côté, son supérieur direct, le chef de la Ille Armée, le général Patton. dont la fougue et la rapidité sont redoutées des Allemands et d'un autre, le chef du Xlle groupe d'Armée dont dépend Patton, le général Omar Bradley dont les conceptions sont plus tournées vers la sécurité de ses têtes de ponts et la protection de ses troupes.


    Les tergiversations des deux hommes vont malheureusement retarder la libération de la ville de plusieurs jours.

     

    sherman detruit rennes 1944


    Le 2 août, arrivant par la route d'Antrain les chars de Wood cantonnent autour de Betton ; une simple prairie derrière la petite gare sert de terrain d'atterrissage aux avions d'observation.


    Au matin du 2 août, les blindés de Wood se mettent en ligne sur la R.N. 176 pour entrer dans la ville.

     

    Du haut de leurs tourelles, les chefs de chars américains peuvent apercevoir, dans leurs jumelles, le clocher de la petite église de Saint-Laurent qui domine les champs environnants à gauche de la route.

     

    Quittant Maison-Blanche, les « Sherman » passent sans méfiance devant la ferme des Fontennelles.

     

    En avant de celle-ci se trouve une batterie de Flak (D.C.A. allemande) apparemment abandonnée.

     

    Brusquement, les redoutables canons de 88 qui l'arment, ouvrent le feu.

     

    Touchés à bout portant, 18 chars en flammes, encombrent la route d'Antrain.

     

    Aussitôt, les fantassins de la 8e D.I.U.S. qui accompagnaient les blindés, se ruent à l'assaut de la batterie qui fait feu de toutes ses pièces.

     

    Le combat acharné qui s'en suit, oblige les Allemands à abandonner leurs positions et à se replier sur le quartier Saint-Laurent où ils se terrent dans les jardins et les champs entourant l'église.


    Les Américains avaient cependant été prévenus de l'existence de cette batterie par la Résistance et la population libérée mais il semble qu'ils apportaient peu de crédit à ces informations bénévoles et qu'ils entendaient mener la guerre à leur façon.


    Les deux jours suivants vont être le théâtre de coups de mains et de combats au corps-à-corps sous le pilonnage de l'artillerie.


    Les Américains tirent en effet sur les batteries de D.C.A. allemande du sud de la ville, qui répondent coup pour coup aux obusiers de 180.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-1944.html

     americains rennes 1944


    Du 31 juillet au 4 août, plus de 6 000 obus américains tombent sur la ville, causant quelques incendies et la mort de 30 personnes.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-liberation.html

     

     

    La libération de Rennes en 1944

    Mais Rennes a eu la chance inouïe d'échapper à un bombardement massif comme ceux qui avaient, les jours précédents, écrasés les villes normandes.


    Pendant ces deux jours, le peu d'Allemands qui restaient, s'enfuient précipitamment abandonnant à l'E.P.S., rue Jean-Macé, plus de 600 soldats alliés blessés.


    Le 3 août, les Allemands retranchés désespérément aux Gastelles, subissent plusieurs assauts de détachements de la 8e division, mais sans succès pour les « Sammies ».


    A cette époque, la guerre secrète a pris une autre forme. Il s'agit de remplacer aux commandes, avant l'arrivée des Américains, les hommes de Vichy par ceux de la France Libre.

     

     liberation de rennes

    Les Rennais attendront jusqu'au milieu de la matinée l'arrivée des premiers éléments américains.


    C'est à 10 heures, place de la Mairie, que la foule enthousiaste pourra embrasser ses libérateurs.

     

    Une cérémonie réunit à l'Hôtel de Ville Y. Milon, maire, Legorgeu, commissaire régional, et les officiers américains ainsi que le lieutenant Jean Marin

    — « la voix de la France » — auquel la foule fera une vibrante ovation.

     

    On brûle les kiosques de propagande allemande de la place du Théâtre.


    Les troupes américaines descendent alors la rue Le Bastard, passent sous l'Hôtel du Commerce avant de s'engouffrer sur la route de Nantes sous les acclamations de la foule.

     

    resistant à rennes
    Les trois couleurs sont hissées sur l'Hôtel de Ville après plus de 1 500 jours d'absence. Rennes est libre.

     

    FFI à rennes 

    La marche vers la liberté FFI et collabos à Rennes


    Le Comité régional de Libération est, dans la clandestinité, dirigé

    par M. Le Gorgeu, ancien député-maire de Brest.

     

    F.F.I. et collabos à Rennes

    Il était arrivé à Rennes le 13 mai pour organiser avec le Mouvement de Libération Nationale (M.L.N.) la mise en place des nouvelles structures et le choix des hommes qui doivent remplacer l'Administration Vichyssoise.

     

     

    1944 liberation de rennes


    Dans la soirée du 3 août, les commandes du M.L.N. prennent possession de la Préfecture, de la Mairie, de la police, de la Banque de France, de la poste et de la prison.

     

    collabos à rennes en 1944
    A 5 heures du matin, toute la ville tremble sous les explosions ; tous les ponts sauf le pont Legraverend et Saint-Martin sont détruits, et c'est dans un paysage lunaire que les Rennais sortent des abris.

     

    Les quais ont beaucoup soufferts.

     

    Certains ponts ont même résisté aux puissantes charges déposées par les Allemands.

     

     

    liberation de rennes 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/…/…/rennes-FFI-collabos.html

     

     

     

     

     

     

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