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    La COLLABORATION

     

     

     

    Le 30 octobre 1940, six jours après sa rencontre avec Hitler à Montoire,

     

     

    le maréchal Pétain s’adresse aux Français :

     

    « Français, j’ai rencontré jeudi dernier le chancelier du Reich.

     

    Cette rencontre a suscité des espoirs et provoqué des inquiétudes…

     

    Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays.J’en ai accepté le principe ». 

     

    Le maréchal Pétain croit, comme la majorité des Français à cette époque, que la victoire des Allemands est inéluctable et définitive.

     

    Il pense pouvoir améliorer le sort des Français et notamment celui des prisonniers de guerre en collaborant avec l’Allemagne.

     

     

    La Collaboration va prendre deux visages : idéologique et économique. 

      

     

    On a beaucoup écrit sur la collaboration d'État par ce qu'elle est la plus sensible en premier militaire puis ensuite policière conduisant à une dictature révolutionnaire dont les précédents articles ont montré l'importance sur la vie des Français,

     

    mais la question des entreprises collaboratrices semble

    avoir été mise à l'écart à la libération,

     

    et pourtant de nombreuses ont collaborés comme ces grandes entreprises Renault, Worms, Berliet ou les patrons se sont retrouvés en prison après la libération.

     

     

     

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    Il apparait en effet que le patronat a bénéficié d'une certaine indulgence.

     

    Dans les faits, les entreprises Françaises n'avaient probablement pas d'autres possibilités que de collaborer, comment faire autrement pour exister, et pour eux ce fut une source de profits, le Reich payait bien, notre dette de l'armistice revenait sous une autre forme.

     

     

     

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    On peut considérer, en se fiant aux meilleures estimations, qu'un bon tiers de la production industrielle Française ­ et plus de la moitié après la mi-1942 ­ a franchi le Rhin à cette époque.

     

    A titre personnel, certains patrons ont été résistants, et la proportion de ceux qui ont rejoint «l'armée de l'ombre» est peu différente, à en croire les statistiques disponibles, de celle que l'on rencontre dans les autres catégories sociales.

     

    En revanche, et c'est ce qui explique l'ampleur des livraisons au Reich, très rares ont été les cas d'entreprises résistantes, comme Hispano-Suiza, célèbre pour ses automobiles, mais surtout fabricant de matériels de guerre, dont les dirigeants, sollicités par les Allemands, ont refusé de travailler pour eux, mettant en péril l'existence même de la société et de son outil de production.

    L'atelier des usines Berliet à Vénissieux

     

     

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    De la référenc 

     

    L'économie Française a donc travaillé presque pour l'Allemagne entre 1940 et 1944 devant s'acquitter d'abord de la dette de guerre fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark.

     

    Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour,

     

    l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers.

     

    L'emploi du terme de «collaboration économique» signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration Française comme conséquence

    désastreuse de l'armistice de 1940.

     

     

    Photo couleur prise lors d'un meeting Nazi en 1930 par un photographe de Hitler 

    1930

     

    La collaboration économique pendant l'occupation.

     

    A cette ponction forcée on peut y ajouter le travail des prisonniers de guerre,

    qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.

     

    En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle.

     

    Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Pétain décida d'autoriser les entreprises Françaises à accepter des contrats avec les Allemands.

     

    Les commandes Allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie Française.

     

    Il est évident que les condamner dans ce cas aurait été un non sens comment donner du salaire, donc de quoi vivre, si les entreprises ferment pour ne pas traiter des affaires avec les Allemands.

     

    Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942, et à la Libération, il était pratiquement nul.

     

     

     

    De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie Française en grande partie pour son compte, en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne.Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct.

     

    Selon l'historien Allemand Eberhard Jäckel,

     

    « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht , 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements», Eberhard Jäckel ,

     

    «La France dans l'Europe de Hitler», Fayard, 1968, p. 320.

     

    En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvreFritz Sauckel va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO.

     

    Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires, volontaires et STO sont plus ou moins bien rémunérés.

     

     

    Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice Allemande,

    «l'industrie Française des armements de guerre fut remise sur pieds pour les armements Allemands. Sans le potentiel économique de la France,

     

    Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps.

     

    C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France».

    Deux auteurs, Fabrizio Calvi et Marc Masurovsky , montrent dans un ouvrage, Le Festin du Reich, 2006, que des banques Américaines à Paris «avaient continué à faire commerce avec les nazis pendant toute la guerre» malgré les «lois, ordonnances Américaines réprimant le commerce avec l’ennemi», et qu'elles ne furent guère inquiétées par la mission Matteoli.

     

    Lire l'entretien avec Fabrizio Calvi sur Le Festin du Reich, mars 2007.

     

     

    * Louis Renault a été accusé à la Libération de collaboration avec l'armée Allemande.

     

    Les usines groupe Renault furent confisquées et nationalisées sous ce motif.
    * Gnome et Rhône fournissait des moteurs d'avions à l'Allemagne.

     

    Elle fut nationalisée à la Libération pour faits de collaboration et deviendra la Snecma,

    actuelle société Safran.
    * Berliet

     


    * En mai 1941, après les premières arrestations de juifs, l'entreprise Photomaton propose ses services à l'occupant,

     

    «Nous pensons que le rassemblement de certaines catégories d'individus de race juive dans des camps de concentration aura pour conséquence administrative la constitution d'un dossier, d'une fiche ou carte, etc. Spécialistes des questions ayant trait à «l'identité», nous nous permettons d'attirer particulièrement votre attention sur l'intérêt que présentent nos machines automatiques Photomaton susceptibles de photographier un millier de personnes en six poses et ce en une journée ordinaire de travail», Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odila Jacob, 1995.


    * Des entreprises du BTP, comme Sainrapt et Brice, et des cimenteries ont participé à la construction du mur de l'Atlantique.
    * Banque Worms, bien introduite au sein du régime de Pétain, avec notamment Jacques Barnaud, 1893-1962, responsable des relations économiques Franco-allemandes et Pierre Pucheu, une présence qui a entraîné bien des fantasmes, voir la Synarchie.

     

    La collaboration artistique

    Des hommes du monde du spectacle, par exemple Sacha Guitry, furent un moment taxés de collaboration parce qu'ils avaient, pendant l’occupation, continué à exercer leur métier et avaient entretenu des relations pour le moins cordiales avec l'occupant.

     

    De fait, si nombre d'autres artistes, comme Ray Ventura, avaient émigré à cette époque, un certain nombre d'autres ont, pour reprendre l'expression de Guitry, continué à exercer leur métier, comme tous les autres Français restés sur le territoire national, à la seule exception de ceux qui avaient pris le maquis.

     

    Il n'en reste pas moins que plus d'une personnalité des arts et des spectacles ne manifesta aucun état d'âme particulier à s'afficher régulièrement aux côtés des Allemands, et que ceux-ci furent largement mêlés pendant quatre ans à la vie d'un Tout-Paris pas toujours regardant.

    Quelques témoignages

    Panneau à l’exposition anti-juive de Paris, octobre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 874-11, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    Je n'ai pu publier cette image, mais vous pouvez la consulter en

    cliquant sur la référence citée

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    Artistes de music hall rentrant d’Allemagne, Gian Roberte, Ginette Werden-Nello, Rinatis, Suscitio.... Paris. Juillet 1943. © LAPI / Roger-Viollet 2152-13, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

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    Retour d’Allemagne des écrivains Français. De gauche à droite, lieutenant Gehrard Heller, Pierre Drieu La Rochelle, Georg Rabuse, Robert Brasillach, Abel Bonnard, André Fraigneau et Karl Heinz Bremer. Paris, novembre 1941. © LAPI / Roger-Viollet 533-1, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

     

    Charles Trenet sous l'occupation

     

    La presse collaborationniste

    Avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le décret-loi du 26 juillet 1936, décret Daladier, institue un «Commissariat Général à l'Information» qui dépend directement de la Présidence du Conseil. Dirigé par le diplomate Jean Giraudoux, il est chargé de contrôler les médias et mobiliser l'opinion contre l'Allemagne nazie.

     

    Pendant la Drôle de guerre, le commissariat est transformé par le décret du 1er avril 1940 en «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande » du Ministère de l'Information sur lequel va s'appuyer la collaboration pour faire accepter aux Français la défaite à travers trois médias, France-Actualité pour les actualités cinématographiques, Radiodiffusion nationale et la presse écrite.

    Les principaux journaux de presse existant alors adoptent trois attitudes, soit ils se sabordent

     

    comme

     

    Le Canard enchaîné, l'Intransigeant, le Populaire ou l'Humanité, soit ils se replient en zone libre dès le 10 juin 1940, essentiellement sur Lyon où

    existent de nombreuses imprimeries, comme

     

    Le Journal, Paris-Soir ou le Figaro, soit ils décident de reparaître en zone Nord, comme Je suis partout ou Le Matin.

     

    La majorité des titres de la presse collaborationniste en zone occupée étaient subventionnés ou détenus en sous-main par l'ambassade d'Allemagne d'Otto Abetz, qui a créé à cet effet les Éditions Le Pont.

    La presse parisienne est dominée par la personnalité du patron de presse Jean Luchaire . L'ambassade d'Allemagne exerce principalement la propagande et la Propaganda Staffel se spécialise dans la censure, notamment grâce à ses bureaux en province.

     

    A part les ultra-collaborationnistes, les journalistes agissent plus par opportunisme, appât du gain, ou lâcheté que par idéologie alors que les salaires en France sont bloqués, leurs appointements sont doublés par l'entremise de la Propaganda Staffel.

     

    La presse pétainiste en zone libre soutient majoritairement la politique collaborationniste et antisémite de Pétain en pratiquant l'autocensure car elle est contrôlée par le «Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande» du Ministère de l'Information, dirigé par Paul Marion puis Philippe Henriot.

     

    Des dizaines d'écrivains ou journalistes de renom

    furent des collaborateurs

     

    Les articles spécialisés permettent de connaître plus en détail la nature des engagements de différents écrivains de renom en faveur de l'occupant ou de la Révolution nationale.

     

     

    * Jacques Benoist-Méchin, historien
    * Henri Béraud, journaliste, écrivain
    * Abel Bonnard, académicien
    * Georges Albertini, journaliste et secrétaire général du RNP
    * Robert de Beauplan, journaliste, écrivain
    * Robert Brasillach, journaliste, écrivain
    * Charles Spinasse, député socialiste et fondateur de l'hebdomadaire collaborationniste Le Rouge et le Bleu
    * Louis-Ferdinand Céline, écrivain
    * Paul Chack
    * Jacques Chardonne, romancier
    * Alphonse de Chateaubriant
    * Pierre Drieu La Rochelle
    * Abel Hermant, académicien
    * George Montandon, ethnologue
    * Lucien Rebatet, romancier
    * Camille Mauclair, écrivain
    * Charles Maurras, directeur du journal L'Action française.
    * Maurice Sachs, écrivain, juif, collaborateur.

     

     

    Quelques témoignages

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    «Je suis partout», hebdomadaire politique et littéraire dirigé

    par Robert Brasillach, juillet 1941. © Roger-Viollet 11136-11, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale. 

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    Kiosque à journaux, Paris. © André Zucca / BHVP / Roger- Viollet 37817-2, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

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    Vente dans la rue du journal de Jean Luchaire. © André Zucca / BHVP / Roger-Viollet 37809-12, référence, La France pendant la seconde guerre mondiale.

    La suite 53 portera sur le Service du Travail Obligatoire.

     

     

     

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    Colonel Edgar Puaud at a Legion of French Volunteers Against Bolshevism’s (L.V.F.) meeting in 1941.

     

     

    Par avidité ou par conviction, parce qu'ils étaient des ratés ou des racistes, certains Français ont commis pour le compte du IIIe Reich des crimes immondes. Portraits noirs.

    Les profils des Français qui s'engagèrent dans la Collaboration sont aussi divers que leurs motivations. réactionnaires ou révolutionnaires, ils soutinrent les nazis par les armes ou furent ce que l'historien Pascal Ory a appelé, dans sa somme de 1979 «Les Collaborateurs», des «assassins de plume».

     

    Parmi eux, on trouvait des Rastignac n'envisageant que l'aubaine, des écrivains et des scientifiques méconnus en quête de reconnaissance, de grands bourgeois mus par l'appât du gain, des voyous propulsés chefs de police auxiliaires et quelques masochistes pour lesquels l'engagement tint lieu de suicide. Mais la France enfanta aussi d'authentiques fascistes et nationaux-socialistes. Dans cette cohorte de soldats fervents, l'anglophobe côtoyait l'anticommuniste et l'antisémite. La plupart de ces damnés furent tués à la fin de la guerre ou exécutés à la Libération. D'autres en réchappèrent, graciés ou morts en exil.

     

    Et certains remirent après guerre le couvert de leur ignominie.

     

     

    Voici la monstrueuse parade des pro-nazis français.

     

     

    MARCEL BUCARD [1895-1946]   Les camps ?  «Des endroits rêvés», disait-il

    Séminariste, il s'engagea comme volontaire en 1914. revenu des tranchées couvert de blessures et de médailles, Marcel Bucard fit ensuite le tour des mouvements d'extrême droite qui pullulaient dans les années 1920 - de l'Action française royaliste de Charles Maurras au Faisceau de Georges Valois, premier parti fasciste de France avant de fonder, en 1933, son propre mouvement.

     

    Anticommuniste, anti-franc-maçon et antijuif, le parti franciste se réclamait explicitement de Mussolini, dont il recevait des subsides. Membre de l'internationale fasciste aux côtés du Belge Léon Degrelle et de l'Espagnol Miguel Primo de rivera, Bucard aspirait à une «deuxième révolution française», instaurant une société hiérarchique où l'ordre primerait la liberté, et le corps national, l'individu. sous

     

     

     

    l'Occupation, ce proche du Maréchal milita pour la Collaboration, confondant la Légion des volontaires français (LVF) et vantant les camps de concentration, «endroits rêvés pour apprendre aux juifs à travailler pour les autres». La plupart des francistes s'enrôlèrent dans la Franc-Garde qui traquait les résistants. réfugié à Sigmaringen avec les derniers irréductibles de la Collaboration, Bucard fut arrêté en juin 1945, condamné à mort et fusillé en mars 1946, au fort de Châtillon.

     

    PAUL CHACK [1876-1945]  Ce militaire présidait le Cercle aryen

    Frais émoulu de l'Ecole navale, Paul Chack sillonna les océans avant de livrer une trentaine de romans, gorgés de patriotisme et d'anglophobie, célébrant l'épopée maritime nationale. Glissant de l'Action française au fascisme, il intégra en 1937 le bureau politique du parti populaire français, futur soutien du régime de Vichy.

     

     

     

    Pétainiste et anticommuniste, il lança sous l'Occupation des appels à la dénonciation dans la presse collaborationniste et au micro de radio Paris.

     

     

     

    Présidant à la fois le Cercle aryen et le Comité d'action antibolchevique, c'est encore lui qui organisa la grande exposition parisienne de 1942:

     

    «Le bolchevisme contre l'Europe». En février 1943, il rallia le Front révolutionnaire national, regroupant les militants de plusieurs partis (RNP, MSR, parti franciste...) qui finirent par intégrer les rangs de la Milice.

     

    Arrêté en août 1944, il fut jugé, condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi et exécuté début 1945.

     

     

    ALAIN LAUBREAUX [1899-1968] Il dénonçait des juifs dans son journal

    Natif de Nouméa, il devint, en 1936, critique théâtral du journal de politique internationale «Je suis partout», dans lequel il prôna dès avant guerre l'entente avec l'Allemagne. Puis, dans le Paris occupé, Laubreaux exerça sa redoutable influence bien au-delà du monde du spectacle.

     

    Enivré de sa puissance, il en joua sans retenue, rédigeant, entre deux critiques dramatiques fielleuses, les dénonciations antisémites anonymes de la page 3 de son hebdomadaire, et réclamant sur les ondes de radio Paris que l'on fusille le poète robert Desnos (qui allait mourir en déportation) .

     

    Ayant fui en 1944, il fut condamné à mort par contumace et s'éteignit en exil à Madrid en 1968. Dans son film «Le Dernier Métro», François Truffaut l'a représenté en lui donnant le nom de Daxiat, pseudonyme sous lequel Laubreaux signa la grande pièce antisémite de l'Occupation, «Les Pirates du ciel».

     

    HENRY COSTON [1910-2001] Il est l'auteur d'une apologie des camps nazis

    Cet homme a consacré sa longue existence à dénoncer le «complot judéo-maçonnique». Militant de l'Action française, il fonda, à la fin des années 1920, les Jeunesses antijuives, au programme prémonitoire: exclusion des juifs de la communauté française et spoliation de leurs biens.

     

     

    Ayant repris «La Libre Parole», le journal antisémite d'Edouard Drumont, Coston organisa un éphémère Front national ouvrier-paysan, avant de rallier le parti populaire français, en tant que chargé du renseignement. Après l'avènement d'Hitler, il se rendit en Allemagne où, considéré comme un authentique idéaliste national-socialiste, il fut subventionné pour rééditer le célèbre livre antisémite «Les Protocoles des sages de Sion».

     

    En 1940, il rejoignit le minuscule parti national- socialiste français. sous l'Occupation, il coprésida l'association des journalistes antijuifs et multiplia livres et articles de presse.

     

    Chargé par Pétain, qui lui remit la francisque en 1943, de travailler sur la franc-maçonnerie, il anima le Centre d'action et de documentation, éditant deux bulletins «d'information antimaçonnique» et «d'information sur la question juive». il signa, dans la brochure «Je vous hais», une apologie des camps nazis. Arrêté en Autriche en 1946 et condamné aux travaux forcés à perpétuité, il bénéficia rapidement d'une grâce médicale, et lança en 1957 «Lectures françaises», une revue où signait, entre autres, Paul Rassinier, l'un des pères du négationnisme.

     

     

     

    Ayant fini sa carrière de haine comme chroniqueur à «Présent» et à «National hebdo», Coston mourut paisiblement en France à l'âge de 91 ans.

     

    EDGAR PUAUD [1889-1945] Ancien poilu, il devient colonel chez les SS

    Passé par les tranchées de 14-18, puis par la Légion étrangère, Edgar Puaud s'engagea en juillet 1942 dans la Légion tricolore, prélude à la Légion des volontaires français (LVF) contre le bolchevisme que Laval souhaitait déployer sur le front de l'Est en renfort de la Wehrmacht. soutenue par Déat, Doriot et Deloncle, chefs des principaux partis collaborationnistes, qui y voyaient aussi une armée de partisans pour «nettoyer» la France, la LVF ouvrit ses rangs aux mercenaires, aventuriers et repris de justice. Fin 1943, au Vél'd'hiv de Paris, 6500 légionnaires prêtèrent serment à Hitler.

     

     

    Puaud, promu colonel de la Wehrmacht, prit la tête de trois bataillons rassemblés en Biélorussie. A l'été 1944, la LVF ayant subi d'énormes pertes, Himmler ordonna son démantèlement.

     

    La plupart des 1200 rescapés furent alors affectés à la 33e Division SS Charlemagne, commandée par l'Oberführer SS Puaud, et regroupant tous les Français combattant pour l'Allemagne. Début 1945, ses 10000 hommes furent décimés en Poméranie, lui-même y trouvant la mort. Les rescapés furent les ultimes défenseurs du bunker de Hitler à Berlin.

     

     

    MAURICE SACHS [1906-1945] Cet escroc fut un indic pour la Gestapo

    Escroc, pédéraste», tel qu'il se présentait lui-même, et aussi collaborateur bien que d'origine juive, Sachs chercha dans l'expérience de l'infamie la matière d'une œuvre littéraire.

     

    Après une enfance très dure, il fut un temps le secrétaire de Jean Cocteau.

     

    Max Jacob l'encouragea à écrire.

     

    Après l'exode, il vendit tous les biens de sa grand-mère en exil et se fit trafiquant d'or.

     

    Epicentre du marché noir, son appartement rue de Rivoli devint le rendez-vous des escrocs et des gigolos. réfugié un temps en Normandie avec l'écrivaine Violette Leduc et un enfant juif recueilli qu'il abandonnera sans remords, il s'engagea ensuite pour le STO.

     

    A Hambourg, la Gestapo le recruta pour espionner ses compatriotes, tâche dont il s'acquitta avant que ses trafics ne le fassent interner au camp de concentration de Fuhlsbüttel. il fut abattu par un SS en 1945. La guerre avait empêché la publication de son grand œuvre, «Le sabbat», qui parut en 1946.

     

    En 1943, il fit, avec sa Croix de guerre, la une du magazine allemand «signal»

    MAYOL DE LUPÉ [1873-1955]  Aumônier, il mit Dieu au service du Führer

    Né quatre-vingts ans jour pour jour après la décapitation de Louis XVI, cet aristocrate demeura toujours allergique à la république.

     

    Aumônier militaire pendant la Première Guerre, Mayol de Lupé suivit ensuite les troupes françaises en Bessarabie.

     

    Dans les années 1930, il effectua des voyages en Allemagne, s'y faisant un carnet d'adresses qui lui valut de nombreuses sollicitations.

     

    Hitler ayant lancé ses troupes sur l'Union soviétique en 1941, il bénit cette «croisade anti-bolchevique» en devenant l'aumônier de la Légion des volontaires français. servir sous l'uniforme allemand ne lui plaisait guère, mais face à l'antéchrist, qu'importait que la croix fut gammée.

     

    L'écusson bleu, blanc, rouge sur sa manche le tourmenta bien plus: «il n'y a qu'un seul drapeau, jugeait-il, le blanc fleurdelisé du comte de Chambord.»

     

    En 1943, il fit, avec sa Croix de guerre, la une du magazine allemand «signal».

     

    Célébrant la messe de Noël 1944 de la Division Charlemagne, il dédia son homélie à «Notre très saint-père le pape et à notre Führer Adolf Hitler». Mayol de Lupé fut arrêté en 1946 en Bavière, et condamné à 15 ans de réclusion.

     

    HENRI LAFONT  [1902-1944]   Ce malfrat faisait parler les résistants

     

    L’occupation n’a pas été une défaite pour tout le monde. Les quatre années de guerre ont même été, d’une certaine manière, l’âge d’or de la pègre, pour plusieurs centaines de voyous libérés des prisons où ils purgeaient leurs peines. 
     
    Celui qui a sélectionné cette sinistre bande de malfrats à la solde des nazis s’appelait Henri Lafont, un ancien taulard de peu d’envergure. Dans le milieu, on l’appelait "Monsieur Henri".  

    Il devient alors Henri Lafont

     

    Arrêté plus tard pour insoumission, il est envoyé en prison où il fait la rencontre de deux Allemands et un Suisse, membres de l'Abwehr, une organisation de l'armée allemande qui fait office de service de renseignement de l'état-major. Les trois hommes proposent à Henri de travailler avec eux.

    Ce qu'il accepte. Il se fait remarquer par Hermann Brandl, agent spécial de l'Abwher,

    et Wilhem Radecke, capitaine de la Wehrmacht, qui l'intègrent à la police allemande. 

     

    Orphelin à 11 ans, Henri Lafont connut une enfance miséreuse, survivant de petits larcins qui le menèrent vite en colonie pénitentiaire.

     

    En 1940, son casier comptait une dizaine de condamnations.

    A la faveur du chaos de juin 1940, il s'évada d'un camp du Loiret en compagnie de deux Allemands.

     

     

     

    Fiche d'identité d'Henri Chamberlin alias Henri Lafont

     

    Ces agents de l'Abwehr le conduisirent à Hermann Brandl, alias «Otto», pour le compte duquel il ouvrit à Paris un «bureau d'achats».

     

    Ces officines avaient été mises en place par l'occupant pour rafler directement chez les particuliers les marchandises réquisitionnées par le Reich.

     

     

    Bonny et Lafont

    Les affaires prospérant, Henri s'installa ensuite au 93, rue Lauriston, à l'ombre de la place de l'Etoile. sa bande - constituée de truands recrutés notamment à la prison de Fresnes - compta jusqu'à cent permanents, sur lesquels il régnait avec son bras droit, l'ancien policier Pierre Bonny Dotés par les Allemands d'Ausweis et de cartes de police officielles, ses hommes écumaient la capitale, menaçant, dépouillant, assassinant.

     

    Ayant reçu la nationalité allemande et le grade de capitaine de la SS, «Monsieur Henri» roulait en Bentley s'entourait d'orchidées et invitait aux soirées du «93» le tout-Paris qu'il compromettait par ses faveurs.

     

     

    son officine se mua alors en annexe de la Gestapo, traquant les résistants pour lesquels la rue Lauriston figurait la porte des Enfers.

     

    Début 1944, Lafont créa une Légion nord- africaine qui multiplia les atrocités en Limousin et en Dordogne, puis il se cacha avec Bonny dans une ferme. Les deux hommes furent jugés et fusillés.

     

     

    GEORGES MONTANDON   [1879-1944]   Il a osé l'expression «ethnie putain»

    Etabli à Paris en 1925, ce suisse, qui avait étudié la médecine et l'anthropologie, se fit spécialiste des «races» et spécialement de celle qu'il qualifia d'«ethnie putain», les juifs.

    Mais Georges Montandon resta aux portes de l'université.

     

    L'Occupation donna à ce correspondant de Céline - dont l'œuvre «Bagatelles pour un massacre» l'avait enthousiasmé - l'opportunité de faire triompher ses vues. investi dans toutes les instances antisémites de la Collaboration, il dirigea notamment «L'Ethnie française», revue financée par l'institut allemand de Paris, et publia un manuel intitulé «Comment reconnaître le Juif?».

     

     

     

    De l’admiration de la révolution bolchevique à l’adhésion totale à l’antisémitisme nazi:

    la dérive mortelle du Dr Montandon, Neuchâtelois, médecin à Renens, ami de Céline et

    ennemi juré de la «Gazette de Lausanne»

     

    Membre du parti populaire français, il fut nommé en 1942 expert auprès du Commissariat général aux questions juives, délivrant, moyennant finances, des «certificats de non appartenance à la race juive». il trouva encore le temps de traduire le «Manuel d'eugénique et d'hérédité humaine» du nazi Otmar von Verschuer, avant de cosigner avec henry Coston (voir page 59) la brochure «Je vous hais», publication la plus violemment antisémite de la période.

     

     

    Cible d'un attentat des FFi, Montandon mourut dans un hôpital allemand.

    Violette Morris 1913 (02).jpgLa grosse avant son amputation des seins

    VIOLETTE MORRIS [1893-1944]   On l'appelait   «La hyène de la Gestapo»

    Fille d'un baron qui l' éleva comme un garçon, Violette Morris fut ambulancière en 1914-1918 avant de devenir célèbre dans les années 1920 en se forgeant un palmarès sportif d'exception:

     

    recordwoman du monde des lancers du poids et du disque, elle était aussi footballeuse, boxeuse, pilote automobile

     

    (vainqueur du Bol d'or 1927)... Bisexuelle affichée, Violette fit scandale en se faisant enlever les seins pour être plus à son aise au volant. ( ?? )

     

    Ce qui lui valut d'être privée des JO de 1928, les premiers ouverts aux femmes, par la Fédération française d'athlétisme qui l'accusait d'atteinte aux bonnes mœurs.

     

    Une injustice qu'elle crut laver en devenant espionne pour l'Allemagne.

    En 1940, Helmut Knochen, chef de la SS à Paris, la recruta.

     violettepiano

    Elle rejoignit ensuite la rue Lauriston (voir Henri Lafont) , s'y taillant une réputation de tortionnaire émérite, avant d'être abattue en avril 1944 par des FFI sur une route de campagne normande.

    C'est lors de ses recherches et investigations sur le Maquis Surcouf  que Raymond Ruffin avait croisé la route de Violette Morris (1893-1944).

     

     

    Collaboratrice zélée de la Gestapo, elle a été exécutée sur une petite route de Normandie sur ordre de Londres par les résistants du maquis Surcouf

     

     

     

     

     

     C'est l'écrivain Auguste Le Breton, qui l'avait connue en 1941, qui la surnommera pour la postérité «La hyène de la Gestapo».

     

    JEAN FILLIOL [1909-?]    Il tua pour Mussolini et pour Franco

    Il fut l'âme damnée d'Eugène Deloncle, le fondateur de la Cagoule. son épopée sanglante débuta le 6 février 1934. A la tête d'une section parisienne des Camelots du roi, Jean Filliol conduisit l'assaut manqué contre la Chambre des députés.

     

    Ayant outrepassé les consignes, il fut exclu de l'Action française. Avec Deloncle, autre dissident du mouvement royaliste, il fonda alors le Parti national révolutionnaire. inquiétés par les policiers, les deux hommes optèrent ensuite pour la clandestinité au sein du Comité secret d'action révolutionnaire (CSAR). Vite rebaptisée la «Cagoule», cette organisation structurée cherchait à entraîner l'armée dans un putsch militaire contre la république, en multipliant attentats et assassinats.

     

    En échange de mitraillettes Beretta, Filliol tua pour le compte de Mussolini deux antifascistes réfugiés en Normandie, puis il œuvra pour l'Espagne franquiste, où il se mit un temps au vert. rentré en France, il intégra le Mouvement social révolutionnaire que Deloncle venait de créer.

     

    Accusé par Vichy d'avoir fomenté une tentative d'assassinat contre Pierre Laval et Marcel Déat, il fut arrêté, puis interné près de Limoges. C'est Darnand, secrétaire d'Etat au maintien de l'ordre, qui le fit libérer début 1944 pour l'affecter à la Milice engagée en Limousin contre le maquis de Georges Guingouin.

     

    Filliol aurait alors indiqué aux SS de la division Das Reich le village d'Oradour-sur-Glane comme hébergeant un maquis.

    Condamné à mort en France, il avait fui en Espagne,

    où il y travailla pour L'Oréal, multinationale dont le fondateur Eugène Schueller était proche des Cagoulards. Puis on perdit sa trace.

     

     

    ----------------------
    ==> Article tiré du magazine GEO Histoire n°16, "La France sous l'Occupation" (sept. 2011) 


    En savoir plus sur http://www.geo.fr/photos/reportages-geo/seconde-guerre-mondiale-collaboration-ils-ont-pactise-avec-le-diable-127071#haVCQHYOPE5RGzQK.99

     

     

     

     

     

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    La FACE HONTEUSE de la POLICE FRANCAISE sous l'OCCUPATION.

     

    De 1940 à 1945, la PJ a arrêté plus de 5 000 résistants,
    maquisards, femmes, jeunes et juifs, catholiques, communistes,

    marché noir...

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    elle est belle la république des droits de l'Homme..!!


     

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    Dans l'entre-deux-guerres, il était le «flic le plus célèbre de France».

      

    Avec son prédécesseur Marcel Guillaume, il avait servi de modèle à Georges Simenon pour confectionner son personnage de Maigret.

     

     

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    A la Libération, le commissaire Massu, l'homme

    «aux trois mille deux cent cinquante-sept arrestations»,

      

    est arrêté, accusé de collaboration.

    En prison, il fait une tentative de suicide.

     

    Blanchi, il sort de Fresnes, après huit mois d'internement.

     

    C'est un homme brisé, qui part en retraite quelques mois plus tard.

      

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    Inavouables. «L'as de la brigade criminelle» de Paris a payé les fautes d'une institution.

     

    Ses épreuves illustrent l'«ambiguïté du rôle des policiers pendant l'Occupation», écrit l'historien Jean-Marc Berlière, dans son ouvrage de référence, les Policiers français sous l'Occupation (1).

      

    La guerre, c'est la période noire de la PJ, sa face honteuse.

     

    A propos de ses brigades, Clemenceau disait qu'elles formaient la «seule police qu'une démocratie puisse avouer, celle des crimes et des délits».

     

    Sous le gouvernement de Vichy, ses missions deviennent inavouables.

     

     

    Dès les premières attaques antiallemandes, Vichy veut montrer à l'occupant l'efficacité de sa police. La PJ, comme les Renseignements généraux ou la police municipale, se dote de sa «brigade spéciale criminelle» chargée de la lutte contre les «terroristes».

      

    Ce sont ses hommes qui démantèlent le groupe de Gilbert Brustlein qui a tiré contre un Feldkommandant à Nantes en 1941. Sept jeunes communistes sont fusillés après un simulacre de procès.

     

    Rebaptisée, en novembre 1942, police de sûreté, la PJ participe activement à la traque des résistants, des Juifs, des francs-maçons...

      

    Au sein des brigades mobiles régionales de la PJ (BR), des sections des affaires politiques (SAP) voient le jour.

     

    «On attribue aux sections des affaires politiques des BR plus de 5 000 arrestations», rapporte Jean-Marc Berlière.

     

    Son directeur, Jean-Félix Buffet, sera fusillé en 1944.

     

    Décrit comme un «mobilard à la carrière médiocre», il a profité des événements pour prendre du galon.

      

    Comme beaucoup de ses collègues épurés à la Libération, c'est un fonctionnaire appliqué et discipliné, un «bon républicain» qui a réprimé la Cagoule, groupe armé d'extrême droite, à la fin des années 30.

     

    Il agit par opportunisme et discipline, non par idéologie. Rien à voir avec le commissaire Schweblin, antisémite enragé qui dirige la police aux questions juives.

    Repris de justice. Cela n'empêche pas Buffet de collaborer sans état d'âme avec la Gestapo et son officine de la rue Lauriston, formée de truands qui pratiquent le meurtre et la rapine.

      

    Ces repris de justice sont encadrés par des policiers, révoqués ou détachés, tel Pierre Bonny, un ancien de la PJ destitué en 1935 pour fautes graves. La PJ compte aussi quelques résistants illustres, comme Michel Hacq, de la 12e brigade de Reims, déporté au camp de Mauthausen.

     

     

    (1) Jean-Marc Berlière (avec Laurent Chabrun), les Policiers français sous l'Occupation, Perrin, Paris, 2001.

    Christophe BOLTANSKI 

     

     

     

    http://www.liberation.fr/evenement/2007/02/03/la-face-honteuse-de-l-occupation_83919

     

     

     

     

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    Carlos Menem, l’effaceur

     

      

    On continue à en apprendre tous les jours sur cette présence avérée de dignitaires nazis en Argentine et du rôle surtout qu'a tenu Juan Peron dans leur protection. Longtemps dissimulés, les liens étroits du dictateur populiste argentin font l'objet d'une nouvelle attention depuis le départ de Carlos Menem, ultime rempart contre ceux qui voulaient savoir.

      

    Après son départ, le dossier avance... mais lentement : tout se passe comme si l'on ne désirait jamais totalement juger ces fuyards qui disposaient de tant d'argent, volé en Europe pendant la guerre par les moyens que l'on sait. Tout se passe comme si les enfants du nazisme, pour survivre, avaient endossé des costumes moins voyants.

      

    Aucune allusion à une extermination, désormais, ou alors à moins de remettre en cause celle-ci, pour en minimiser les faits, ce qui signifie aussi ne pas en assumer la paternité. A Bariloche, s'est tout simplement dessiné une sorte de nazisme édulcoré, mais toujours aussi fondamentalement antisémite.

      

    Celui sur lequel surfent les générations nouvelles d'héritiers du mouvement, comme celles d'un Reynouard en France, négationniste patenté et grand admirateur d'Hitler, défendu par un Paul Eric Blanrue qui a été au temps de son passage chez les zététiciens, un des grands partisans de la thèse de la fuite d'Hitler, le genre qu'adorent les lecteurs d'Historia, où il publiait aussi... ce qu'il s'évertue aujourd'hui à ne pas trop rappeler.

      

    Développant sans s'en rendre compte un anti-américanisme évident, très proche du péronisme. Qui rejoint, par exemple, les élucubrations d'un Jacques Pauwels à propos du débarquement !

    Quelle était la méthode utilisée pour se faire oublier, chez les nazis argentins ? La dissimulation de preuves par graissage de patte, grâce au tas d'or dont il disposaient. Résultat, Carlos Menem, qui fut accusé de blanchiment d'argent sale en Suisse, pouvait en 1996 tranquillement ouvrir les archives sans crainte : elles avaient été vidées au préalable de leur contenu compromettant, sous son ordre. Les agents des services publics d'administration avaient été scandaleusement "graissés". « Celles de la gendarmerie contiennent quelques perles ; celles des services secrets, composées de coupures de presse et de dépêches d'agence, sont bonnes pour la poubelle », déclare Widder.

      

    On y relève d'étranges lacunes - le nom d'Adolf Eichmann, l'organisateur de la Solution finale, n'y apparaît qu'après la date de son enlèvement, en Argentine, par les services israéliens - et les preuves d'un étonnant laxisme, dont les auteurs ont sans doute été bien rémunérés. Ainsi Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, qui pratiquait, dans les premières années de son exil, des avortements clandestins à Buenos Aires, fut détenu quelques heures, puis relâché, après la mort d'une de ses patientes.

      

    Un autre criminel nazi, Walter Kutschmann, accusé du meurtre de 20 professeurs d'université polonais et de leurs familles, qui vivait en Argentine sous le nom de Pedro Ricardo Olmo, fut arrêté un jour à Mar del Plata et présenté devant un juge. Il nia toutes les charges qui pesaient contre lui, maintint qu'il s'appelait bien Pedro Olmo et fut, lui aussi, libéré. Bref, il s'agit d'un puzzle de milliers de vieux papiers pour reconstituer la confuse et incroyable histoire des nazis en Argentine," raconte l'Express, dans un superbe article en date de 1998, sidéré par les méthodes employées pour dissimuler la faune qui avait envahi Bariloche, notamment.

      

    La liste était longue en effet (*) : on y trouvait Ludolf von Alvensleben (ici en photo à gauche), Klaus Barbie, Gerhard Bohne, Kurt Christmann, Armin Dadieu, Adolf Eichmann, Johann Feil, Hans Fischbock, Erwin Fleiss, Albert Ganzenmaller, Fridolin Guth, Hans Hefelmann, Bernhard Heilig, Josef Janko, Karl Otto Klingenfuss, Alois Luigi Kofler, Eckard R. Krahmer, Walter Kutschmann, Fritz Lantschner, Gerhard Lausegger, Josef Mengele, Erich Friedrich, Otto Karl Muller, Erich Priebke, Erich Rajakowitsch, Friedrich Joseph Rauch, Walter Rauff, Eduard Roschmann, Josef Schwammberger, Siegfried Uiberreither, Josepf Votterl, Horst Wagner, Guido Zimmer. A part ça, peu de nazis avaient réussi à s'échapper, nous a-t-on appris jusqu'ici...

    Quant à Menem, l'ami des Rolling Stones (de "Sympathy for the Devil", pour sûr ! ), il n'était guère plus reluisant : mêlé à divers trafics, dont celui d'armes avec le trafiquant Jean-Bernard Lasnaud, nous rappelle sud-nord news ; il fut arrêté le 7 juin 2001. "Le 17 janvier et le 14 février 2002, la revue helvétique L'Hebdo a consacré deux longs articles à cette affaire. Ceux-ci font apparaître d'autres comptes appartenant à des membres du clan Menem, notamment celui de Nicolás Becerra, actuel Procureur Général d'Argentine. Ce compte a déjà été signalé en Suisse par le journal Le Temps, le 25 juillet 2001. Sous le nom de « Naranja », il a été ouvert au début des années 90 par l'intermédiaire d'un représentant spécial du Crédit Suisse pour l'Amérique Latine, Hans Peter Winkler, qui entre temps est passé à l'UBS, en Uruguay. Devant ces révélations, le siège du Crédit Suisse à Zurich n'est pas entré en matière. Il faut savoir qu'en 1998 Becerra a été nommé procureur par Menem et qu'en 1990 il a été l'organisateur de la naturalisation illégale en Argentine du narco-terroriste syrien Monzer Al Kassar, cousin lointain de Menem, lequel a été condamné à Genève pour trafic d'armes en 1999. En juin 2001 déjà, le juge fédéral de Buenos Aires, Juan José Galeano, avait refusé de demander aux autorités helvétiques la levée du secret bancaire de Becerra suite à la dénonciation de l'existence de ce compte et malgré la requête de deux procureurs fédéraux argentins, Carlos Rivolo etClaudio Navas".Des armes qui partaient aussi vers la Croatie, comme par hasard : "Dans la procédure pénale pour trafic d'armes vers la Croatie et l'Equateur instruite en Argentine, d'abord par le juge Urso et maintenant par le juge Speroni, il apparaît que le 4 février 1995 Jean-Bernard Lasnaud a fait une visite à la fabrique d'armes de Rosario en Argentine pour tester des armes avant d'organiser une exportation destinée à l'Equateur". Sous les mandats de Menem, deux attentats antisémites avaient eu lieu. 

    Et Menem, lors de son mandat, avait tout simplement pillé le pays à son seul profit : "en 1989, son discours péroniste avait d'abord séduit les foules.

      

    Son règne la plus longue présidence dans l'histoire argentine fut marqué par un pic de prospérité économique, mais aussi par une longue série de scandales. (...) La justice argentine, qui semble avoir enfin récupéré son entière liberté, pourrait aussi se pencher sur la fortune de l'ancien chef d'Etat. Pendant ses dix années de pouvoir, Carlos Menem a privatisé, souvent dans des conditions douteuses, tout ce qui pouvait l'être. En tout, environ 40 milliards de dollars dont les experts se demandent où ils sont passés car en même temps, la dette publique avait presque doublé (120 milliards de dollars fin 1999). La main sur le coeur, l'ancien président a juré ne pas s'être enrichi pendant cette période et a déclaré un patrimoine de 1,9 million de dollars

      

    alors que la rumeur évoque le chiffre de 3 milliards de dollars" expliquait le Figaro le 9 juin 2001. Il avait guère fait mieux que Peron, au total. "En 1991, par exemple, il avait été accusé d'avoir reçu une Ferrari d'hommes d'affaires italiens en retour d'un contrat pour la modernisation des aéroports du pays" accuse "Perspectives Monde". De là à effacer consciencieusement les archives compromettantes de ceux qui l'avaient soutenu comme ils avait soutenu Person, en lui payant sa campagne électorale... et il y en avait, à supprimer, en plus de ceux déjà cités avec et il y en avait à effacer , Reinhard Kopps, devenu citoyen de Bariloche sous le nom d'emprunt de Juan Maler, le N° 7524143 de carte du NSDAP, un ancien de l'Abwerh, Herbert Habel, né lui en 1914 en Argentine, à El Bolsón, dans la Province de Río Negro, ancien SS, arrivé sous le nom de Kurt Repa en 1950 à bord du bateau"Cabo de Buena Esperanza", un de ces "whited sepulchers" (avec l'Alsina), et venu habiter un chalet appelé EL Piltriquitrón du nom du sommet qui surplombait sa maison.

      

    Peron lui aurait demandé pourquoi Hitler avait-il perdu la guerre ? Ce à quoi il avait répondu : "vous savez très bien ce qui s'est passé". Mais aussi Paul Schaefer Schneider, pédophile recherché pour abus et corruption de mineurs, le fondateur de l'infâmante colonie Dignidad (devenue ensuite Villa Bavaria), qui sera condamné en 2006 à la prison où il finira par mourir en 2010, à Santiago. Mais encore Ante Pavelic, Aribert Heim, le médecin autrichien SS des camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen, présumé décédé en Egypte (selon une information tardive de 2009). cela en faisait pas mal d'arrivés en Amérique du Sud...

    Tout s'expliquait donc, que ce soit sous Peron ou sous Menem, selon l'Express toujours, les nazis fortunés, en Argentine, choisissaient de soutenir le candidat présidentiel qui leur serait le plus favorable :

      

    "aimablement reçus par un régime péroniste influencé par les fascismes européens, aussi antiaméricain qu'il était anticommuniste, les fugitifs du IIIe Reich ont souvent recréé ici des villages à l'image de leurs Heimat natals. Ils se sont installés dans le nord de l'Argentine, non loin des frontières avec le Paraguay et l'Uruguay, dans la région de Cordoba, où vivaient déjà de nombreux marins du Graf Spee, un navire de guerre allemand qui s'était sabordé en décembre 1939 dans l'embouchure du Rio de la Plata, ou bien vers Mendoza, au pied de la cordillère des Andes, près de la frontière avec le Chili." C'était bien le premier point de chute qu'avait visité notre chasseur de sous marins !

      

    Le deuxième étant également connu depuis, X-Men aidant : "Beaucoup d'entre eux ont particulièrement apprécié San Carlos de Bariloche, sur les contreforts andins, au bord d'un lac, un lieu de villégiature qui rappelle, avec ses chalets, ses montagnes et ses eaux claires, un joli coin de Bavière (..., voir la photo ci-contre en effet).Comme le raconte Jorge Camarasa dans son livre "Odessa al Sur" (éd. Planeta), il put, dans les rues de Bariloche, croiser Josef Mengele ou Adolf Eichmann, qui y vint parfois en vacances. L'ancien pilote de la Luftwaffe Hans Ulrich Rudel participait aux tournois de ski du Club andino. Le financier Ludwig Freude, ami de Peron, y avait une maison. Friedrich Lantschner, ancien gouverneur nazi du Tyrol autrichien, y fonda une entreprise de construction. Vivaient également à Bariloche un ancien agent des services de l'armée allemande, Juan Maler, le banquier nazi Carlos Fuldner, d'anciens responsables de la Gestapo ou des SS comme Max Naumann, Ernst Hamann ou Winfried Schroppe. Tout ce beau monde buvait chaque soir de la bière au Deutsche Klub et fêtait, tous les 20 avril, l'anniversaire d'Adolf Hitler au dernier étage de l'hôtel Colonial."  

     

     

      

    On ne peut être plus clair : tout ce petit monde n'était pas venu là en soucoupe volante nazie : mais par la mer, a bord de sous-marins pour les premiers, à bord des cargos ou paquebots pour les autres, ceux gérés par l'une des fortunes argentines, ami des nazis. Aidés par Eva Peron et le Pape !


    Reste à en établir le nombre exact : "Combien furent-ils à venir dans ce pays après la guerre ? Personne ne le sait encore précisément. « Des nazis, des collaborateurs ? Des milliers. Des criminels de guerre ? Quelques dizaines », estime Sergio Widder. L'historien allemand Holger Meding, chercheur à l'université de Cologne, qui a travaillé sur les archives argentines, allemandes et autrichiennes et a publié, en 1993, un livre sur le sujet (Flucht vor Nürnberg ? Deutsche und Oesterreichische Einwanderung in Argentinien, 1945-1955, éd. Boehlau Verlag, Cologne), estime qu'environ 80 000 Allemands et Autrichiens sont entrés au cours des dix années de l'après-guerre en Argentine, et que 19 000 s'y sont établis définitivement. Entre 3 000 et 8 000 d'entre eux ont fui l'Europe en raison de leur association avec le nazisme et 50 seraient des criminels de guerre"... Aurait-on minimisé ce nombre ? Il semble bien. Dans son ouvrage, "The "Nazi menace" in Argentina, 1931-1947", paru en 1992, Ronald C. Newton, en recense en effet la bagatelle de 250 000 au total, d'installés en Argentine. Mais il n'y a pas que cela, les plus dangereux n'étant pas nécessairement ceux qu'on pouvait attendre au départ : "Face aux immigrants d'origine germanique, l'historien Cristian Buchrucker, de l'université de Cuyo, dans la province de Mendoza, identifie un « groupe latin », composé de collaborateurs français, de rexistes belges et de fascistes italiens. Moins nombreux mais souvent plus intellectuels et plus urbains que les exilés allemands, moins handicapés aussi par la barrière de la langue, ils eurent sans doute une plus grande influence qu'eux sur la société argentine.

      

    Ils pénétrèrent plus facilement le monde universitaire et publièrent articles et revues en castillan, diffusant ainsi leurs idées d'un « ordre nouveau » dont la version la plus atténuée était un « conservatisme autoritaire » fortement teinté d'intégrisme catholique. Leurs principaux représentants furent Carlo Scorza, secrétaire général du Parti fasciste italien en 1943, l'universitaire français Jacques de Mahieu, ancien combattant de la division Charlemagne, mort à Buenos Aires en 1990, le rexiste Pierre Daye, Henri Lebre, qui collabora à la revue vichyste Je suis partout, et Alberto Falcionelli, lui aussi journaliste et représentant de l'office d'information du régime de Vichy à Madrid.

      

    " Un "fascisme sans frontières", en quelque sorte, et une dilution du message hitlérien dans la société contemporaine : en ce sens, l'Argentine fût un creuset, dont la dangerosité se mesure aujourd'hui à l'aune des publications fascistes européennes actuelles, ou le rexisme a, hélas, particulièrement le vent en poupe. Quant à l'Europe, elle a aussi hébergé des nazis : étonnamment, le 12 juin dernier, on retrouve... en Angleterre, à Fareham, un ancien gardien du sinistre camp polonais de Trawniki, Alexander Huryn, né en Ukraine, aujourd'hui âgé de 90 ans, qui était sous les ordres du SS Karl Streibel. Il continuait à recevoir en Angleterre sa pension versée par l'armée allemande !

     
      
    Sous Nestor Kirchner, ce "péroniste de gauche" élu le 25 mai 2003, qui tenta de redorer le blason entaché par Menem, car il avait aussi amnistié les généraux de la Junte, après les sooubresauts du pays et les épisodes présidentiels qu'ont été Fernando de la Rúa Bruno (démissionnaire après de terribles émeutes), le péroniste Federico Ramón Puerta ; "Président provisoire de l'Honorable Sénat de la Nation", Adolfo Rodríguez Saá Páez Montero, autre péroniste, président intermédiaire lui aussi, Eduardo Óscar Camaño, président deux jours seulement, et Eduardo Alberto Duhalde Maldonado, qui s'étaient tous succédés en moins de 6 ans, une nouvelle vague de révélations avec d'autres archives intéressantes surgit :   "l'ouverture des archives de la direction nationale de migrations, qui a été ordonnée à la mi-juillet par le président Nestor Kirchner, a révélé que 7 250 fascistes croates sont arrivés en Argentine à partir de 1946, dont quinze grands criminels de guerre.
      
    Parmi eux, Ivo Heinrich, conseiller financier d'Ante Pavelic, ancien chef de l'Etat oustachi (pro hitlérien) et qui avait également trouvé refuge en Argentine, et Friedrich Rauch, qui était en fait un colonel SS chargé par Hitler de retirer l'or de la Banque centrale de Berlin et de l'enterrer dans les montagnes de Bavière. Tous ces immigrants s'étaient vu délivrer des passeports de la Croix-Rouge par l'intermédiaire du Vatican". Pour la première fois, en clair, on montre les liens étroits entre Peron et les nazis, et ce lien si particulier avec la Croatie :
      
    "Une puissante organisation secrète chargée de fournir l'asile était dirigée par Rodolfo Freude, collaborateur de Juan Peron," titre l'article du magazine Pagina 12, qui relate aussi un extrait du livre de Goni qui explique que cette organisation avait bel et bien été créée avant la seconde guerre, à la date de la création du fameux hôtel Llao Llao, notamment."Dans une tribune d'opinion, M. Goñi révèle que "le secret d'Etat le mieux gardé" en Argentine est une circulaire secrète du ministère des affaires étrangères datant de 1938, avant même l'arrivée au pouvoir de Peron, qui interdisait l'entrée en Argentine de réfugiés juifs fuyant l'Allemagne nazi.
      
    Exception faite, précise M. Goñi, de ceux qui avaient les moyens financiers de payer des pots-de-vin à des diplomates argentins.   Cette "circulaire 11" n'a jamais été rendue publique et n'a pas non plus été abolie, ajoute le journaliste". A partir de là, on peut difficilement imaginer que l'arrivée des U-Boot à la fin du conflit ait été une manœuvre de dernière minute sans préparations préalables. Les nazis s'étaient ouverts une porte de sortie en cas de besoin dès 1938 ! Avec comme comité d'accueil 1/4 millions de nazis ou de sympathisants en puissance ! A partir de là, l'hypothèse de la fuite organisée du principal responsable prend davantage encore de corps, à vrai dire, et inquiète encore davantage (d'autant plus que son garde du corps avait été bien peu prolixe sur les circonstances exactes de sa disparition**) !

    Car on a bien protégé une deuxième fois ces nazis, après Peron, et c'est le gouvernement de Carlos Menem qui en avait pris la responsabilité : "A Buenos Aires, des parlementaires ont exigé une enquête pour vérifier si d'importantes archives du département des migrations avaient été détruites en 1996 sous le gouvernement de l'ex-président Carlos Menem. En 1992, après un voyage officiel à Washington et des entretiens avec la communauté juive, M. Menem avait ordonné l'ouverture en grande pompe des archives secrètes de la police et de services de renseignement sur le séjour en Argentine de criminels de guerre nazis. A l'exception de quelques coupures jaunies de journaux, ces archives avaient déçu les chercheurs venus du monde entier". Du grand art, l'ouverture d'archives consciencieusement vidées auparavant ! Du grand art, signé Menem !

     

    L'auteur Jorge Camarasa, dans son livre "Odessa al Sur", allant plus loin dans le rôle joué par l'église catholique dans l'affaire, citant Vincent La Vista, attaché américain à Rome qui avait affirmé que le Vatican « était la principale organisation impliquée dans le déplacement illégal de personnes », en "citant 21 dignitaires du Saint-Siège impliqués dans un réseau fournissant asile, documents et argent aux fugitifs, pour peu qu'ils soient anticommunistes et favorables à l'Eglise catholique.

    En plus du couvert, l'habit, parfois, fut également fourni. On sait que certains nazis, comme Eichmann, Ante Pavelic ou Klaus Barbie, arrivèrent en Argentine vêtus d'une soutane. Pavelic, ancien chef de l'Etat indépendant de Croatie, où furent exterminés dans des camps de la mort 800 000 personnes, aurait été en contact, selon un télégramme du Central Intelligence Corps américain de 1947, avec le sous-secrétaire d'Etat du Vatican de l'époque, Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI". Klaus Barbie débarqué sous un soutane ?

     

    "Les historiens responsables de l'étude de la « Vatican Connection » ont cependant découvert en Italie un document inédit qui confirme le rôle de l'Eglise dans la recherche d'une sortie de secours pour les soldats perdus du IIIe Reich et leurs collaborateurs :

    une lettre du cardinal français Eugène Tisserant, responsable des Missions du Vatican en Europe orientale, adressée en mai 1946 à l'ambassadeur d'Argentine à Rome. « Lorsque Son Eminence le cardinal Caggiano [à l'époque primat d'Argentine, NDLR] et Son Excellence Mgr Barrère [évêque de Tucuman, dans le nord de l'Argentine, NDLR] se trouvaient à Rome, ils m'ont laissé entendre que le gouvernement de la république Argentine serait disposé à recevoir des Français que leur attitude politique pendant la récente guerre exposerait, s'ils rentraient en France, à des mesures de rigueur ou à des vengeances privées », écrit le prélat français. Et il demande au diplomate de bien vouloir accorder des visas aux familles Plissard et Reuillard, ainsi qu'à Pierre Aubry.

      

    Nous sommes alors à un mois de l'arrivée au pouvoir de Peron, dans une situation politique pour le moins confuse qui incite sans doute l'ambassadeur à la prudence. Il répond à Tisserant qu'il a pour instructions de suspendre pour le moment tous les visas pour l'Argentine. Cet échange de correspondance confirme deux autres découvertes réalisées par Ignacio Klich sur le rôle du Saint-Siège. En juin 1946, le cardinal Montini approche l'ambassadeur argentin près le Vatican pour lui proposer que des experts des deux Etats travaillent ensemble afin de répondre aux inquiétudes du pape Pie XII concernant les catholiques ne pouvant rentrer chez eux.

      

    Peu de temps après, l'adjoint au secrétaire d'Etat américain pour les zones occupées, le général John Hilldring, fait savoir à l'Argentine que les décisions de chaque Etat sud-américain concernant les personnes déplacées et les réfugiés constituent pour eux « une affaire intérieure ». « C'était, déclare Klich, un feu vert américain. »

     

     

     

    En 1949, enfin, le pape Pie XII, dans un entretien avec le Washington Post, déclare qu'il tient à féliciter Peron pour ses bonnes dispositions « en matière d'immigration ». De bonnes dispositions qui supposaient tout de même un péage d'entrée, et qui auraient rapporté au régime argentin, selon les services secrets américains, quelque 800 millions de dollars". De quoi échafauder deux programmes nucléaires et demi, au tarif de Richter ! Que d'or, que d'or !

     

    Selon ce même historien, Peron aurait même fait envoyé à Vienne, par valise diplomatique, près de 2 000 passeports argentins agrémentés de 8 000 cartes d'identité vierges, destinées à être remplies par les fugitifs nazis.

    C'est ce qu'avait fait parvenir Eva Peron lors de son fameux voyage en Europe (voir l'épisode précédent). Chose confirmée par Pedro Bianchi, ancien diplomate devenu l'avocat du nazi Erich Priebke... Quant à l'église, elle s'occupera comme il se doit (pour elle) d'Alojzijc Stepinac, ce cardinal croate oustachi, soutien affiché d'Ante Pavelić ,qui fût archevêque de Zagreb et qui avait déclaré en 1942 qu'« Hitler est un envoyé de Dieu".

    Ben tiens ! Jugé et condamné aux travaux forcés par le tribunal de Tito, sa peine fut commuée en assignation à résidence... mais bien pire encore, le 3 octobre 1998 l'homme a été béatifié par l'Eglise catholique (par Jean-Paul II) ! Il n'avait jamais pourtant renié son soutien au fascisme croate !!! Un bienheureux admirateur d'Hitler, on trouve décidément de tout au paradis !

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    Il y a 1 mois - 27 secondes

    L'intervention de Carlos Ghosn au Mondial de Paris

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    Car avec tout ce monde et tout cet argent, il y en avait à faire avec un dictateur qui désirait tant faire avancer son pays sans tomber nécessairement dans les bras des USA ou de l'URSS. Il y avait tout à créer, dans ce pays où s'étaient réfugiés tant de de nazis...

    (*) Eux, mais aussi leurs collaborateurs, qui fabriquent là-bas une belle faune :

      

    Marc Augier, Jean-Henri Azema, la la voix du Gouvernement de Vichy sur Radio Paris, Marcel Emil Auguste Boucher, le maire de Contrexéville, Fernand de Menou (venu avec un visa de touriste), Philippe Darnand, devenu speaker à Radio-Vatican, Jacques de Mahieu, qui fera carrière d'écrivain là-bas, se spécialisant dans les théories fumeuses (les Vikings en Patagonie !), Michel Detroyat, superbe pilote de voltige, l'ancien moniteur d’acrobaties d’Hélène Boucher et conseiller du ministre de l’Air en 1938, Emile Julien Dewoitine, l'inustriel avionneur, Jean de Vaugelas, l'un des principaux chefs de la Milice, réfugié à Mendoza, qui sera tué par un commando déguisant sa mort en accident de voiture,

      

    Christian Du Jonchay de la "La Phalange africaine", René Fayard, Georges Guilbaud Degay,  en photo à droite, qui dirigeait le quotidien « Tunis-Journal », organe du collaborationnisme en Tunisie. condamné à mort en France et qui devint conseiller de Peron, Henri Lèbre du "Cri du peuple", Jean-Pierre Ingrand à la tête des lamentables sections spéciales, parti d'abord en Suisse, l'un des rares à avoir fait des regrets plus tard, Henri Janieres, l'acteur Robert Le Vigan, l'acteur, interprète de « Quai des Brumes » qui officiait à la propagande de Radio-Paris,

      

    Charles Lesca de « Je suis partout » le directeur de l'hebdomadaire, condamné à mort par contumace en mai 1947, Olier Mordrel, l'ancien chef du Parti national breton (PNB) qui arrive en 1948 et achète un hôtel à Cordoba, Robert Pincemin, le chef départemental de la Milice de l'Ariège et de la Haute Garonne, qui sera condamné à mort par contumace.

      

     Il était parti défendre le bunker d'Hitler et sera en Argentine le premier animateur du mouvement de la "Cité Catholique" intégriste, fondée par Jean Ousset en 1946 (où atterriront surtout ceux de l'OAS).

      

    Henri Queyrat, engagé dans la Waffen SS en mai 1944, Maurice Francois Remy, Auguste Joseph Ricord, qui avait travaillé pour la Gestapo française sous le régime de Vichy et qui deviendra le"Mr Héroïne " de la French Connection (!), Simon Sabiani , le célèbre maire PPF de Marseille, Eric Marquis de Surville, Pierre de Villette. Georges Guilbaud Degay, condamné à mort en France, qui devint lui conseiller de Juan Peron. (Renseignements empruntés ici (les belges sont ici). La liste complète est là).

    (**) lire ici son étonnant mutisme : la Nuit de Cristal, ça ne lui disait rien, paraît-il..."« Pas le meilleur des observateurs », de son propre aveu", raconte le Figaro, et pourtant l'un des seuls témoignages sur la mort d'Hitler. Or il n'a même pas entendu le coup de feu fatal." Il a fini quand même par s'approcher, vu à distance le corps « replié sur lui-même » et, à ses côtés, celui d'Eva Braun qu'il venait d'épouser, « recroquevillé sur le canapé ».

      

    Il a aperçu « les chaussures noires » du dictateur dépassant des couvertures au moment où le cadavre était remonté à l'air libre pour y être brûlé. Il n'a pas assisté à l'incinération, de nouveau pris par « le travail, en bas »." D'aucuns, ici-même, avaient évoqué un témoignage bien plus assuré...

     

    le film à voir (durée 93') est celui de Pereyra, bien sûr, sur la question :

    http://www.independent.co.uk/news/w...

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    lire aussi ceci en complément :

    http://en.wikipedia.org/wiki/World_...

     

      

    Pour la vente d'armes en lousdé de Menem grâce à Lasnaud lire ceci :

    http://www.sudnordnews.org/menemfr.html

     

      

    à noter que tout avait été transporté par Fine Air, société de...Miami, qui sera absorbée après banqueroute par Arrow Air... firme qui avait été mêlée en 1985 à une catastrophe aérienne sans précédent, avec armes découvertes à bord. Difficile en ce cas d'imaginer que la CIA n'ait pu être dans le coup ! Dans le cas de Gander, on trouvait également Adolph « Al » Schwimmer, décédé en juin dernier. Le fondateur d'El-Al, mais aussi de l'aviation israélienne.

     

     

     

     

     

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