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    La résistance française aura joué un grand rôle dans l'opération Overlord. Et plus la victoire semble proche, plus les français s'engagent dans la résistance...

    Les débuts de la Résistance en France

    L'invasion foudroyante, par les troupes allemandes de la France, de la Belgique. des Pays-Bas, commencée le 10 mai 1940, le réembarquement des troupes anglaises à Dunkerque, l'exode, les deux millions de prisonniers, autant d'évenements qui frappent les Français de stupeur.

    Le 17 juin, le maréchal Pétain demande l'armistice (signé à Rethondes et effectif le 25 juin).

      

      

     

    L'APPEL DU 18 JUIN 1940

    Le 18 juin 1940, un géneral presque inconnu, Charles de Gaulle, lance de Londres le premier appel de la résistance: «Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.»

     

    RÉSISTANCE SPONTANÉE

    «Dès l'appel du 18 juin, dès la signature de l'armistice, des manifestations spontanées de résistance prouvent que les Français commencent à réagir après le choc et la stupeur de la défaite et de l'occupation.

    Le 24 juin, 130 hommes, habitant l'île de Sein décident avant l'arrivée des Allemands, de gagner l'Angleterre. Le plus jeune a 12 ans, le plus agé 60. Ils débarquent à Portsmouth et entreront dans les Forces navales françaises libres, en train de naître.

    On se transmet des anecdotes de bouche à oreille: le freinage du travail ouvrier dans les entreprises travaillant pour l'ennemi est recommandé par tracts manuscrits, messages: certains procèdent au dangereux ramassage et stockage des armes abandonnées en juin 1940.

    Le 22 juin, les armées de l'Est avaient capitulé. Le 24 les Allemands étaient entrées à Angoulême, à Grenoble. à Menton... Lorsqu'ils pénètrèrent dans Bordeaux, des tracts communistes condamnant la trahison et en appelant au sentiment national contre l'occupant, à l'union des travailleurs pour résister à l'hitlérisme apporté avec les baïonnettes allemandes, furent encartés dans les journaux du jour avec l'approbation de plusieurs tenanciers des kiosques, et distribués à la main dans les faubourgs. Trois jours après l'occupation de Bordeaux par les Allemands (...), des dizaines de personnes suspectes de communisme étaient raflées dans l'agglomération.»

    Charles TILLON «Les F.T.P..» (Julliard, 1962 et 10/18)

    Des réactions, souvent spontanées, se produisent et sont sanctionnées. Les occupants sont-ils aussi «corrects» qu'on veut bien le dire ?

    … A Rennes, la blanchisseuse Aurélie Juge, trois mois de prison pour offense publique à l'armée allemande.

    … Les couturières Yvonne Ollivier et Georgette Vallet, une semaine de prison pour offense publique à l'armée allemande.

    … L'élève René Chaussinand, une semaine de prison pour les mêmes faits.

    … L'ouvrier Gaston Lahaye, deux mois de prison pour offense publique à l'armée allemande.

    (- Ouest-Eclair … des 18 et 23 août 1940.)

    … Les femmes de chambre Raymonde et Yvonne Paisnel, de Rennes, six mois de prison pour manifestations anti-allemandes.

    (- Ouest-Eclair- du 16 septembre 1940.)

    … Le cheminot Joseph-Marie Poidevin, de Rennes, six mois de prison pour manifestations hostiles aux Allemands.

    (- Ouest-Eclair. du 1er novembre 1940.)

    Charles TILLON

     

     

     

    11 NOVEMBRE 1940

    Pour protester contre l'arrestation de Paul Langevin, physicien de renommée internationale, les étudiants manifestent à l'Arc de Triomphe en brandissant «deux gaules», geste précédé de «Vive»: de nombreuses arrestations sont opérées et les facultés ferment pour deux mois. Le recteur Roussy est suspendu. C'est une des premières «réactions de masse» à l'occupant, suivie d'arrestations et bientôt de déportations.

    La Résistance doit être désormais considérée sous ses deux aspects:

    - La France libre et les Forces françaises libres;

    - La résistance intérieure, qui doit s'implanter et se développer dans un pays mutilé, livré à l'occupant et sous le gouvernement de Vichy à la solde de l'ennemi.

     

    sources / http://resistance39-45.e-monsite.com/pages/content/les-debuts-de-la-resistance-en-france/

     

    Qu'est ce que La Résistance ?

     

    Pendant la guerre, on appelait Résistants ceux qui s’opposaient au régime de Vichy et à l’occupation allemande. En pratique la résistance a revêtu quatre formes principales : la collecte de renseignements utiles aux alliés. La lutte politique par la distribution de tracts ou de journaux clandestins, l’assistance aux juifs, aux réfugiés, aux parachutistes alliés, etc.., grâce aux filières d’évasions, et la lutte par les armes, à base de guérillas, d’exécutions et de sabotages.

    Ces trois derniers modes ont été dominants en France et plus globalement en Europe de l’Ouest. Dans le cas Français, les résistants se sont rassemblés dans trois types d’organisations différents. Les réseaux, qui sont des groupes restreints ( 7 à 88 personnes maximum ), souvent en contact avec la France libre, à Londres, et les services secrets alliés; les mouvements, qui comptent parfois plusieurs milliers de militants, visent d’avantage à informer la population, à lutter contre la propagande de Vichy et du Reich. Les plus importants s’appellent Combat, Libération-sud, Franc-Tireur, Défense de la France... ;

    Ils éditent des journaux du même nom et se montrent plus indépendants à l’égard de Londres. Les maquis, souvent organisés par les mouvements, rassemblent des combattants dans des zones difficiles d’accès : marécages, forêts, montagnes,… Ce sont des bases de départ pour mener des opérations de guérilla.

     

     

    On ne trouvait pas des résistants qu’en France, il y en avait aussi aux Pays-Bas, en URSS, en Pologne, en Italie, en Yougoslavie, en Grèce, et même en Allemagne. Et oui, il y avait des résistants jusqu’en Allemagne, mais ils furent rares et impitoyablement réprimés. Les historiens estiment à 300 000 le nombre de résistants ayant participé de façon militaire. Sans l’appui occasionnel ou régulier d’une partie plus importante de la population-que l’on songe aux paysans, à partir de 1943, qui ravitaillaient en vivres les maquis français-, ils n’auraient probablement pas tenu

    .

    Les résistants imprimaient et diffusaient des tracts, ce sont des affiches de propagande
    pour la plupart ; Elles seront collées sur des murs pendant la nuit

     

    L'unification de la Résistance

    Clandestine, la Résistance évolue cependant en raison de tous les évenements intérieurs et extérieurs, la résistance des Anglais aux bombardements, l'influence de la France libre par l'intermédiaire de la B.B.C..

    L'invasion de l'U.R.S.S. par l'Allemagne, le 22 juin 1941, I'entrée en guerre des Américains après le bombardement de Pearl Harbour par les Japonais, le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, et en guise de represailles, I'occupation de la zone «Iibre», le 11 novembre 1942, par les troupes allemandes (et l'installation de ses polices en zone sud), autant d'événements qui fortifient les différents courants de la Résistance.

    Malgré la propagande de Vichy et les discours de Pétain, malgré les arrestations, les exécutions annoncées par des affiches jaunes et noires, rouges et noires, une grosse fraction du peuple français n'a pas accepté les mesures contre les Juifs et la grande rafle du 17 juillet 1942, n'accepte pas les restrictions au bénéfice de l'Allemagne et des profiteurs du régime, n'accepte pas l'éloignement de deux millions de prisonniers, la comédie de la «relève», la phrase de Pierre Laval, déclarant: «Je souhaite la victoire de l'Allemagne», l'instauration du Service du travail obligatoire (S.T.O.).

    Avec la défaite allemande à Stalingrad (février 1943), il semble que la victoire change de camp. Les résistants de toutes idéologies acceptent de reconnaître pour chef celui qui le premier a lancé l'appel à la Résistance.

    JEAN MOULIN ET LE C.N.R.

    L'unification de la Résistance fut surtout l'oeuvre de Jean Moulin. Cet ancien préfet de Chartres. qui avait essayé de s'ouvrir la gorge plutot que de signer une déclaration qu'il jugeait infamante pour les troupes françaises, avait été limogé par Vichy et avait gagné Londres en septembre 1941. Il était revenu en France en janvier 1942 avec mission de coordonner les efforts des mouvements de Résistance sur les plans politiques et militaires. Moulin eut quelque mal à se faire admettre. Mais il détenait un argument capital il distribuait l'argent grace auquel les mouvements pouvaient vivre. (...) ll finit par s'imposer. (...)

    La première réunion plénière du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) se tint le 27 mai 1943, rue du Four, à Paris, avec la participation des représentants des mouvements de la Résistance, des anciens partis politiques, et des délégués des syndicats clandestins.

    Jean Moulin, qui présidait, lut un message du général de Gaulle, disant entre autres que la parole serait rendue, dès que possible, au peuple français.

    Pour des raisons de sécurité, le C.N.R. ne se réunit plus en séance plénière jusqu'à la Libération.

    La tache essentielle fut d'établir un programme, le celèbre «programme du C.N.R.», composé de deux parties: l'une consacrée à la lutte immédiate et préconisant l'union; l'autre engageant l'avenir, préconisant des réformes sociales, et, sur le plan économique, réclamant des nationalisations.

    Le Conseil national de la Résistance nomma des sous-commissions, chacune presidée par un membre du C.N.R. assisté de spécialistes. Ce sont ces commissions qui nommeront les secrétaires généraux du gouvernement chargés d'occuper provisoirement les postes ministériels à la Libération . Il décida, en outre, avec Francis Closon, d'instituer dans les départements des Comités de Libération, composés à l'image du C.N.R., destinés à coordonner l'action de la Résistance dans le département et entourer le préfet, à la Libération, d'une représentation de la population résistante.»

    D'après H. MICHEL

    LE PROGRAMME DU C.N.R.

    «Au printemps 1944 sera diffusé, sous le titre «Les jours heureux», le programme d'action du C.N.R.. Tout d'abord action immédiate: collaborer étroitement aux opérations militaires françaises et alliées pour libérer la patrie. Le C.N.R. adjure les alliés d'ouvrir un second front. Il exige des armes, il se glorifie des grèves, de la constitution des maquis, de la résistance au S.T.O. qui attestent la combativité du peuple français. Il appelle à l'intensification de la lutte armée (...).

    Lorsque la France sera libérée, le C.N.R. devra veiller à l'établissement d'un gouvernement provisoire de la République, formé par le général de Gaulle, pour défendre l'indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle. Les traîtres devront être châtiés .

    La parole devra être rendue au peuple français rour assurer la démocratie la plus large, restaurer le suffrage universel, la pleine liberté de pensée, de conscience, d'expression. Le respect de la personne humaine, l'égalité absolue de tous les citoyens devant la loi...»

    «La Résistance »

      

    sources . http://resistance39-45.e-monsite.com/pages/l-unification-de-la-resistance.html

      

    L'organisation de la Résistance

     

    Les Alliés pouvaient connaître la configuration du terrain grâce à l’aide de civil français qui s’étaient regroupés spontanément pour résister à l’occupant. Ce mouvement de résistance est né après l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 à la BBC. C’était une réunification de deux mouvements de rébellion : les FFI (Forces françaises Libres) plut ôt issus du front populaire et les FTP (Francs Tireurs Partisans) communistes.

    Mais pour unifier ces deux mouvements, il fallut que Jean Moulin, parachuté en France sur les ordres du général de Gaulle, fasse valoir ses qualités de diplomate. Il créa le CNR, Comité National de la Résistance qui coordonna les actions des résistants en France. Moulin était préfet à Chartres. Un cloisonnement existait entre tous les petits groupes de résistants pour éviter un démantèlement du réseau ; ils ne devaient connaître que les membres de leur groupe.

    Les résistants agissaient par petits groupes : ils sabotaient les lignes téléphoniques, faisaient sauter les voies de chemin de fer ou les ponts, transmettaient des documents secrets à Londres, renseignant ainsi les alliés sur l’état des troupes allemandes et leurs positions, mais ils recueillaient aussi les aviateurs malchanceux pour les renvoyer en Angleterre et parfois cachaient les juifs. « L’armée de l’ombre » (comme certains historiens l’ont appelé après la guerre) recevait ses ordres de Londres par la BBC en messages codés pour que les Allemands ne sachent ni à qui ils étaient adressés ni à quoi ils correspondaient. Des maquis de résistants se créèrent : des groupes importants se cachaient à l’intérieur de forêts ou sur des plateaux montagneux pour tenter des actions de grande envergure sur les troupes allemandes. Le Vercors, le maquis breton, par exemple, se sont fait remarquer par des actions d’éclat. Des « Sten » (pistolets-mitrailleur anglais) ont été parachutée en grand nombre par les Britanniques la nuit ; elles étaient souvent accompagnées de vivres, de matériel en tout genre : émetteurs-récepteurs, lampes, autres armes, explosifs, rations de combat, bouteilles d’alcool et très souvent des cigarettes. Les Anglais ne se rendaient pas compte des besoins des résistants et ne savaient pas forcément où les vivres devaient être parachutés car certains groupes ne les avaient pas contactés. Ainsi, au début de la guerre de nombreux groupes de résistants sans attaches avec quelque autorité que ce soit étaient souvent délaissés mais il n’en était pas de même de la situation à la fin de la guerre où tous les groupes étaient organisés. Environ 10 000 résistants furent tués, fusillés ou tombé dans les combats avec les Allemands.

      

    SOURCES : http://overlord44.free.fr/index.php?idpage=La_r06eesistance

      

      

     

     

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    Anecdote locale : la Résistance au Château de La Brède

    Ici Londres … pom...pom…pom… pom...pom... « Nous sommes réunis dans le petit salon »…pom …pom… pom...pom...pom... ça y est , c’est le message attendu. A minuit, il faut se rendre à la « Croix de Lorraine », zone forestière proche du château de Grenade à Saint Selve, alors réquisitionné par les Allemands. On part à 7 ou 8 dans un semi remorque, armés d’une mitraillette et de deux revolvers , dont on ne s’est d’ailleurs jamais servi. L’un de nous monte sur un « pignot » ( un petit pin ) et fait des signes avec une torche. Un avion largue une vingtaine de containers suspendus à des parachutes ; à l’intérieur des armes, des postes émetteurs, des médicaments, des cigarettes pour les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). Robert continue : « On avait creusé de grands fossés près du château pour y planquer les containers.

    Une voisine nous demandait pourquoi nous creusions ; on lui répondait que c’était pour planter des asperges … nous croyait-elle vraiment ? Et c’est ainsi qu’on a récupéré 3 parachutages ; et planqué 75 parachutes dans les placards du château » .

    Louise poursuit : « Un jour, on a reçu une lettre d’un archiviste nous prévenant d’une prochaine visite des Allemands dans le château. Pendant toute la nuit, on a brûlé des parachutes .

    Durant leur visite, ils ont ouvert des caisses contenant des archives et y ont trouvé un tableau du Tintoret … (peintre vénitien du XVI° siècle ) .

    Quand ils ont voulu ouvrir une malle ayant appartenu à Montesquieu, et contenant des vêtements, je leur ai dit que je n’en avais pas la clef …heureusement, ils n’ont pas insisté, car la malle contenait les postes émetteurs. » ....Ainsi racontaient Robert et Louise C .

    La grande Histoire n’est elle pas faite de petites histoires ? ... journal du SIGM 2007

     

     

    sources : anecdotes de la Résistance en France.

     

    http://www.si-graves-montesquieu.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=177:anecdotes-sur-le-chateau-de-la-brede-&catid=26:chateau-de-montesquieu-a-la-brede-&Itemid=47

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    Anecdote locale : la Résistance au Château de La Brède

     

    Ici Londres … pom...pom…pom… pom...pom... « Nous sommes réunis dans le petit salon »…pom …pom… pom...pom...pom... ça y est !

     

    c’est le message attendu.

     

    A minuit, il faut se rendre à la « Croix de Lorraine », zone forestière proche du château de Grenade à Saint Selve, alors réquisitionné par les Allemands.

     

    On part à 7 ou 8 dans un semi remorque, armés d’une mitraillette et de deux revolvers , dont on ne s’est d’ailleurs jamais servi.

     

     

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    L’un de nous monte sur un « pignot » ( un petit pin ) et fait des

    signes avec une torche.

     

    Un avion largue une vingtaine de containers suspendus à des parachutes ; à l’intérieur des armes, des postes émetteurs, des médicaments, des cigarettes pour les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

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    Robert continue :

     

    « On avait creusé de grands fossés près du château pour y planquer les containers.

    Une voisine nous demandait pourquoi nous creusions ; on lui répondait que c’était pour planter des asperges … nous croyait-elle vraiment ?

     

    Et c’est ainsi qu’on a récupéré 3 parachutages ; et planqué 75 parachutes dans les placards du château » .

    Louise poursuit : « Un jour, on a reçu une lettre d’un archiviste nous prévenant d’une prochaine visite des Allemands dans le château.

     

    Pendant toute la nuit, on a brûlé des parachutes .

    Durant leur visite, ils ont ouvert des caisses contenant des archives et y ont trouvé un tableau du Tintoret … (peintre vénitien du XVI° siècle ) .

    Quand ils ont voulu ouvrir une malle ayant appartenu à Montesquieu, et contenant des vêtements, je leur ai dit que je n’en avais pas la clef …heureusement, ils n’ont pas insisté, car la malle contenait les postes émetteurs. » ....

     

    Ainsi racontaient Robert et Louise C .

    La grande Histoire n’est elle pas faite de petites histoires ? ...

     

    journal du SIGM 2007

     

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    http://www.chateaulabrede.com/index.php?id=12

     

     

    sources : anecdotes de la Résistance en France.

     

    http://www.si-graves-montesquieu.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=177:anecdotes-sur-le-chateau-de-la-brede-&catid=26:chateau-de-montesquieu-a-la-brede-&Itemid=47

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  • Paul Ricard

      La résistance de Paul Ricard ...

     

    Tandis que leurs usines équiperont de pneus l'armée allemande, les Michelin se battront dans l'ombre.

     

    Plusieurs membres de la famille seront arrêtés et déportés.

     

     

    Peugeot travaillera certes pour l'occupant, mais Jean-Pierre Peugeot laissera la Résistance saboter ses usines.

     

    D'octobre 1940 à juillet 1944, l'industrie française aura livré 116 917 véhicules aux Allemands: Renault 32877, Citroën 32248, Peugeot 22658. Ford 10620. Berliet 2389.
     

    Les usines Coder et les ADN, les Aciéries du Nord, emploient plus de 2000 ouvriers.

     

    Quand on sait la place du chemin de fer dans le transport des militaires, des déportés vers les camps de la mort, on comprend que les Allemands apportent un soin particulier au bon fonctionnement de ces usines.

     

    Le chiffre d'affaires des ADN va passer de 42 millions de francs

    en 1940 à 174 millions en 1944.

     

     

    A la Libération ses patrons prendront la fuite.

     

    Peu de patrons, sauront maintenir l'activité de leur entreprise sans compromissions avec l'occupant.

    Paul Ricard en est un des rares exemples.

    Lorsqu'en août 1940, pour des raisons morales, le gouvernement de Vichy instaure la prohibition et lui interdit de produire son pastis, ce patron ne se laisse pas abattre.

     

    Dans ses usines de Marseille, il fait des jus de fruits.

    Il envoie une partie de ses ouvriers en Camargue, où il possède une vaste propriété, pour produire du riz.

    En Ardèche, il exploite une source thermale et il fait de la résistance avec ses employés.

     

    Surtout, il fabrique de l'alcool carburant pour le maquis.

      

      

      

     

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  • La rutabaga pendant l'occupation

     

     

    L'hiver des rutabagas en 1940 ...

      

    A défaut d'idées justes, on essaye d'inculquer aux Français l'idéalisme que, croit-on, leur a enlevé l'école sans Dieu des instituteurs. C'est en grande partie par les messages radiodiffusés du maréchal que cette philosophie, dans l'ensemble doucereuse et souvent périmée, leur sera communiquée.

    Elle fait appel à tous les bons sentiments, amour et respect des vieillards, de l'autorité, amour du travail, frugalité.


    Frugalité de saison, car nous sommes au seuil de l'hiver « rutabaga ».

     

    Cette racine, connue jusque-là des bestiaux et des paysans qui la leur donnaient, va devenir la base du régime alimentaire de millions de Français qui n'ont pas encore eu le temps d'organiser le marché noir, ou d'apprendre à s'en servir.


    La ration alimentaire (1 800 calories) mène lentement à la mort. Le combustible, les tissus manquent, le travail, trop souvent et, par conséquent, le salaire.
     

    1 800 000 prisonniers garnissent les camps allemands. Les femmes assument les travaux les plus durs.

     

    La moisson de 40 sera faite en grande partie par elles, aidées par des prisonniers de guerre détachés par les Allemands.


    Problèmes graves, compliqués par les destructions, la division de la France en plusieurs zones plus ou moins imperméables et qui sont alourdis dans la zone occupée, par la présence de l'Allemand...

     

     

    sources : excellent blog..http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/gouvernement%20de%20vichy/rutabaga.html

     

     

     

     

     

     

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  • Le service du travail obligatoire (1/3):

    un évènement décisif dans l'histoire de la Résistance 

     

     

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    Le service du travail obligatoire (S.T.O.) est l'une des questions les plus méconnues et les plus controversées de la Seconde Guerre mondiale.

     

    Un million de Français, essentiellement des jeunes, sont partis travailler en Allemagne nazie.

     

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    Si environ 250 000 y sont allés avec un contrat de volontaire dûment signé dans une officine d'embauche spécialisée, qu'en est-il de tous les autres parfois jugés sévèrement, y compris aujourd'hui? Etait-il si facile de se défiler?

     

     

    La Résistance avait-elle réellement les moyens d'acceuillir tous les réfractaires?

     

    Refuser de partir était-il sans risque?

     

     

    Quelle a été l'attitude de l'administration française de l'époque, de la police et de la gendarmerie? 

     

    Voici quelques éléments de réponse qui ne mettront évidemment pas fin aux polémiques, mais qui visent simplement à fournir des éclairages utiles pour un débat passionné.


    Aux premiers mois de l'occupation, il y a en France un million de chômeurs, dont huit cent mille en zone occupée (60% en région parisienne).

     

     

    Pourtant, les premiers appels au volontariat pour partir travailler en Allemagne restent sans écho. Seulement 12 000 personnes ont signé un contrat de travail au 31 octobre 1940.

      

    Des bureaux de recrutement allemands sont ouverts en novembre 1940 en zone occupée et en mars 1942 en zone non occupée avec l'objectif avoué de recruter massivement des travailleurs, surtout spécialistes.

      

    Malgré des offres alléchantes, salaires doublés voire triplés, le succès n'est pas au rendez-vous. Le gouvernement de Pétain va jusqu'à promettre l'impunité à certains délinquants à condition qu'ils signent un contrat.

     

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    En vain. Les départs ont lieu au compte-gouttes, bien loin des besoins de l' Allemagne nazie désormais engluée en URSS, et qui mobilise tous les hommes en âge de combattre au fur et à mesure de ses échecs militaires.

    Deux éléments déterminants vont alors intervenir: D'abord en mars 1942, la nomination du Gauleiter nazi Fritz Sauckel en tant que responsable du recrutement de la main-d'oeuvre dans toute l'Europe occupée.

     

     

      

    Hitler lui a donné les pleins pouvoirs et même les militaires doivent lui obéir. Puis, en avril 1942, c'est le retour de Pierre Laval au pouvoir à Vichy, accentuant encore davantage la collaboration de l'Etat français.

     

    Ces deux-là vont réellement faire la paire pour drainer vers les usines nazies plusieurs centaines de milliers de travailleurs.

     



    Dès juin 1942, Sauckel exige 250 000 hommes dont 150 000 spécialistes; 240 000 partiront de juin à décembre.

     

    En janvier 1943, il en réclame encore 250 000 et effectivement ce chiffre sera atteint au délai prévu, le 31 mars. Mais la mécanique commence à s'enrayer dès sa demande suivante:

     

    220 000 travailleurs à fournir avant le 30 juin.

    Seulement 110 000 franchiront effectivement le Rhin.

      

    Lorsqu'en février 1944, Sauckel, surnommé depuis déjà longtemps le "négrier de l'Europe",

     

    exige encore 110 000 hommes, il n'y en a plus que 40 000 au départ, souvent obtenus à coups d'exactions et de rafles, jusqu'à prendre des droits communs dans les prisons.

     

    Mais en quelques mois, de septembre 1942 à juin 1943,

     

    il est tout de même parti environ 600 000 travailleurs, soit une moyenne de 60 000 par mois ou 2 000 par jour.

     

    Chiffres énormes et l'on se demande comment ils ont pu être atteints.

     

      

    Il faudra passer à une autre phase pour que le processus commence à fonctionner:

    <<La relève forcée>>,

    le départ au nom de la loi.

    La loi du 4 septembre 1942 <<relative à l'utilisation et à l'orientation de la main-d'oeuvre>> est prise pour <<faciliter l'exécution de tous les travaux que le gouvernement jugera utile dans l'intérêt supérieur de la nation>>.

     

    Elle concerne tous les hommes de 18 à 50 ans et les femmes célibataires de 21 à 35 ans.

    On parle encore de relève dans la presse et à la radio, mais il s'agit bien de contrainte.

     

    Très rapidement en effet, sous la houlette de préfets régionaux (postes créés en avril 1941), responsables des affaires économiques et de la police ainsi qu'avec l'aide des secrétariats d'Etat au travail et à la production industrielle, des recensements sont effectués usine par usine, avec désignation de travailleurs qui devront partir au nom de la loi.

      

    Ici, on désigne les ouvriers qui effectuent des temps partiels, là les célibataires, ailleurs on s'intéresse aux chômeurs, l'essentiel étant de faire du chiffre.

     

    Les listes des <<victimes>> sont affichées sur les panneaux administratifs des entreprises.

     

    Entre la désignation et le départ il ne se passe guère plus de 3 à 4 jours. La plupart partent, car bien souvent, l'entreprise qui les a désignés avec l'aide des inspecteurs du travail, les a en même temps licenciés.

    Jean-Pierre Vittori
    journaliste, ancien rédacteur en chef du "Patriote résistant", historien, cinéaste


    Notre Musée (Revue de l'Association du Musée de la Résistance Nationale) n° 186 / 03-08

    Fin de la première partie.

     

    SOURCES : http://ufacbagnolet.over-blog.com/categorie-10577068.html

     http://archives.allier.fr/1733-de-la-releve-au-sto.htm

     

     

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  • Le service du travail obligatoire (2/3):

      

    un évènement décisif dans l'histoire de la Résistance 

      

     


    Seconde partie

    Durant toute cette période, l'administration de Vichy joue largement le jeu, y compris en mobilisant contre les premiers réfractaires, la police, la gendarmerie et mêmes les maires des villes et villages, sans compter l'implication des troupes d'occupation.

     

    En quelques semaines, la demande de Fritz Sauckel est donc satisfaite.

      

    il a obtenu son contingent d'esclaves. L'effet de surprise passé, les travailleurs commencent à organiser des répliques et il y aura des grèves importantes dans différentes régions, notamment dans la région lyonnaise dès octobre 1942, à la SNCF, aux aciéries de Vénissieux, aux établissements Berliet, etc. avec interventions des <<forces de l'ordre>> pour casser le mouvement.

    Les effets de la loi du 4 septembre 1942 s'essoufflant, et les demandes de Sauckel redevenant plus pressantes, il faudra recourir à d'autres moyens.

     

    Ce sera la loi du 16 février 1943 qui instaure un travail obligatoire de 2 ans, pour les hommes nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922. Dès lors, les effets des deux lois (4 septembre 1942 - 16 février 1943) se conjuguant, pendant les semaines qui suivent, les départs forcés vont se multiplier.

      

    Les révoltes aussi, comme à Romans dans la Drôme en mars 1943 où populations et requis mêlés, empêchent le départ du train, malgré les charges des G.M.R. (gardes mobiles de réserve).

     

    Désormais, surtout à partir de l'été 1943, la machine à fabriquer des esclaves ne fonctionne plus très bien.

      

    Certes, les arrestations s'intensifient, certes, les réfractaires sont privés de papiers, de carte de travail, de cartes d'alimentation, certes, les menaces pleuvent, les rafles se multiplient, mais le gouvernement de Pétain et Laval n'a plus les moyens de sa politique collaborationniste, et de son côté, Sauckel se heurte à Albert Speer, le puissant ministre de l'Armement du IIIe Reich.

      

    Lui ne croît pas à l'efficacité du recrutement contraint.

     

    Il est partisan de l'utilisation sur place de la main-d'oeuvre dans l'une des 10 000 usines d'un secteur protégé, les Speer-Betriebe, qui travailleront directement pour les nazis.

    En Septembre 1943, il signe un accord en ce sens avec Jean Bichelonne, secrétaire d'Etat à la Production industrielle. L'impunité est même promise aux réfractaires.

     

    S'ils régularisent leur situation, ils pourront aussi travailler dans les usines protégées.

     

    En janvier 1944 pourtant, Sauckel reprend la main et va jusqu'à réclamer un million de nouveaux esclaves.

     

    Cette fois, c'est l'échec total, l'espoir a définitivement changé de camp.

      

    Il est désormais beaucoup plus facile de se soustraire et de rejoindre les rangs de la Résistance, qui s'est considérablement renforcée depuis l'été 1943, alors qu'administration et <<forces de l'ordre>> prennent moins à coeur la chasse aux réfractaires.

    On l'a vu, les victimes de la relève forcée et les requis du S.T.O. ont souvent réagi à leur envoi en Allemagne. Il y a eu des grèves, des manifestations, des refus individuels. Depuis la fin de la guerre, 180 451 réfractaires ont été homologués par l'administration, ce qui donne également un aperçu du nombre des travailleurs qui se sont soustraits volontairement à l'ordre de réquisition.

    Certains qui ont obtenu des permissions ne sont pas repartis, attendant chez eux la fin du conflit, rejoignant parfois un maquis, ou obtenant de faux papiers.

      

    Car la Résistance n'est jamais restée inerte face à la question de la <<déportation des ouvriers>> comme il est dit alors. De la distribution de tracts à l'organisation de manifestations, de l'article dans les journaux à l'appel radiophonique de Londres ou de Moscou, elle informe inlassablement avec en leitmotiv <<ne partez pas pour l'Allemagne>>. De Témoignage Chrétien à L'Humanité, de Combat à Libération ou La Vie Ouvrière, c'est un long combat d'information qui fait peu à peu son chemin.

    Mais il faudra attendre juillet 1943 pour que se mette en place un organisme essentiellement chargé d'organiser sur tout le territoire la lutte contre la déportation du travail: Le comité d'action directe (C.A.D.) placé sous la responsabilité d'Yves Farge.

      

    L'organisme assure la mise en circulation d'un demi-million de fausses cartes d'alimentation, de fausses cartes du travail et d'identité. D'autre part, le comité centralise les tickets d'alimentation obtenus à la suite de raids F.T.P.

    Le quotidien des travailleurs français en Allemagne ? Différent selon les lieux et les époques. Différent également en fonction de l'usine ou l'atelier dans lequel ils travaillent. Il est évident que celui qui oeuvre dans une petite structure à la campagne, est moins exposé que celui qui travaille dans une grande usine placée sous la surveillance de la Gestapo, et visée par les bombardements de l'aviation alliée.

      

    Il est certain aussi que l'alimentation restera correcte à la campagne, tandis que les derniers mois de guerre seront insoutenables pour les travailleurs des grandes structures industrielles nazies, en butte aux privations, à la surveillance de la police, aux punitions répétées à la moindre incartade, au moindre acte de refus.

    Ainsi, plusieurs milliers de travailleurs français seront condamnés à des peines de camp de rééducation par le travail, punition chargée de remettre rapidement tout contestataire dans le droit chemin, ce qui fait écrire à Ernst Kaltenbrunner, chef de la police de sécurité du Reich (R.S.H.A.) que les conditions de travail et de vie y <<sont en général plus dures que dans les camps de concentration>> et que <<cela est nécessaire pour atteindre le but fixé et possible, car la détention par mesure de sécurité ne dure que quelques semaines, au maximum quelques mois>>.

    Selon une étude récente d'Arnaud Boulligny, plusieurs milliers de travailleurs ont aussi été internés dans des camps de concentration, ce qui montre bien que la vie des requis en Allemagne n'a pas été exempte de dangers et de drames, sachant également qu'environ 40 000 y sont morts, le plus souvent sous les bombardements de la dernière année de guerre. Après leur retour, 60 000 d'entre eux ont été soignés pour des affections pulmonaires. Il est utile de préciser que le travail pour l'Allemagne nazie ne se résume pas aux seuls volontaires et victimes des lois du 4 septembre 1942 et du 16 février 1943.

      

    En France, près de 750 000 personnes ont été requises dans les usines protégées et l'Organisation Todt qui construisit notamment les fortifications du "Mur de l'Atlantique". Il y eut aussi 250 000 prisonniers de guerre transformés en travailleurs. Au total, 3 600 000 Françaises et Français ont, volontaires ou contraints, travaillé pour l'Allemagne nazie.

    Jean-Pierre Vittori

    journaliste, ancien rédacteur en chef du "Patriote résistant" historien, cinéaste
    Notre Musée (revue de l'Association du Musée de la Résistance) n° 186 / 03-08

    Fin de la seconde partie. A suivre: l'opposition des ouvriers aux réquisitions allemandes

     

     

    SOURCES : http://ufacbagnolet.over-blog.com/categorie-10577068.html

     

     

     

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  •  

      

    Le service du travail obligatoire (3/3):  

     



     

    Troisième partie.

    L'opposition des ouvriers de l'usine Gnome et Rhône aux réquisitions allemandes selon les archives de la Police.

    Dès l'été 1942, l'occupant exige des réquisitions massives d'ouvriers français pour aller travailler en Allemagne.

      

    Les oppositions se manifestent tout de suite et l'occupant est loin d'obtenir le nombre de travailleurs demandés. Les éléments d'archives ci-dessous concernant l'entreprise Gnome et Rhône donnent un aperçu des oppositions du personnel.

    Archives BA 1788 / chemise B-46-f

    Note,26 octobre 1942:

    << En vue de récupérer les ouvriers défaillants désignés pour aller travailler en Allemagne, les services de police allemande ont effectué samedi dernier de 12 h à 13 h 15 un pointage du personnel aux établissements Gnome et Rhône, boulevard Kellerman. Cette opération n'ayant pas donné les résultats escomptés, la direction de ces établissements a invité, par télégramme adressé à leur domicile, les trente-cinq ouvriers réfractaires à se présenter aujourd'hui à 10 heures au bureau d'embauche de l'usine. Six d'entre eux seulement ont répondu à cette invitation et ont signé leur contrat de travail en Allemagne...

      

    D'autre part, en accord avec la direction, les autorités allemandes envisagent de remplacer, le cas échéant, les ouvriers restés réfractaires par d'autres ouvriers qui, primitivement reconnus inaptes, seront déclarés bons à la suite d'une contre-visite médicale. >>

    Note, 17 décembre 1942:


    << Ce matin, dix membres de la police allemande accompagnés de militaires en arme se sont présentés à la direction des usines Gnome et Rhône à Gennevilliers en vue de procéder à la réquisition d'une partie du personnel, en remplacement des cinquante et un ouvriers défaillants de cette usine qui avaient été désignés pour aller travailler en Allemagne.

      

    Les cinquante et un ouvriers ayant quitté depuis lors les établissements Gnome et Rhône, les autorités d'occupation ont réquisitionné d'office ce matin quarante-six autres ouvriers sans considération d'âge ou de situation de famille.

      

    Les quarante-six ouvriers ont été emmenés en camion à la caserne Mortier.


    Leur départ est prévu pour ce soir à la gare de l'Est. En vue de parer à des défaillances possibles, dix-sept autres ouvriers ont été pris en otages et ne seront relaxés que si la totalité des ouvriers réquisitionnés se présente au départ. Les opérations ont causé une animation assez vive parmi le personnel de l'usine...>>

    Ces notes de la police montrent bien l'opposition des ouvriers à ce qu'on appelait alors la déportation du travail; et ce n'était qu'un début puisque les faits remontent à 1942.

     

    Les premières réquisitions de masse vont être suivies, dès le début 1943, par d'autres plus importantes encore mais qui provoqueront de nombreuses réactions de refus (réfractaires et maquisards).

    Documents remis par Serge Boucheny,


    président de l'Association parisienne des Amis du Musée de la Résistance nationale

    a totalité des ouvriers réquisitionnés se présente au départ. Les opérations ont causé une animation assez vive parmi le personnel de l'usine...>>

    Ces notes de la police montrent bien l'opposition des ouvriers à ce qu'on appelait alors la déportation du travail; et ce n'était qu'un début puisque les faits remontent à 1942.

     

    Les premières réquisitions de masse vont être suivies, dès le début 1943, par d'autres plus importantes encore mais qui provoqueront de nombreuses réactions de refus (réfractaires et maquisards).

    Documents remis par Serge Boucheny,


    président de l'Association parisienne des A
    mis du Musée de la Résistance nationale

     

     

     

    SOURCES : http://ufacbagnolet.over-blog.

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  • LA LIBERATION D’AIRAN EN 1944 PAR LES ANGLAIS 

     

    A l’entrée du Pays d’Auge, Billy et Airan ont été libérés les 15 et 16 Août 1944 par le régiment anglais des Hallamshire, alors commandé par le Lieutenant-colonel Trevort Hart-Lyke, de la fameuse division des « Ours Polaires ». Ces soldats sont originaires de Comté de Hallamshire, dans le West-Yorkshire.

    Le bataillon s’était déjà battu à Tilly sur Seulles et dans la vallée de l’Odon. La division des « Ours Polaires » allait libérer la majeure partie du Pays d’Auge et du Lieuvin entre le 15 et le 28 Août, puis investirait et libérerait Le Havre… avant de participer aux combats pour la vallée de la Vie et libérer Crèvecoeur et le Breuil en Auge. Les Hallamshire firent une pause au sud de la Plaine de Caen, où de nouveaux ordres leur furent donnés le 15 Août.

    « Villages et fermes sont complètement abandonnés, alors que nous progressons sur Billy… la compagnie C « entre dans Airan, couverte par nos pelotons de chenillettes. Mais on ne peut y pousser l’ensemble de l’unité, sous peine d’être dangereusement en pointe. Un escadron du régiment de reconnaissance nous rejoint sur la droite, s’arrête juste à l’entrée d’Airan : l’ennemi a complètement bloqué la route en démolissant le pont du chemin de fer, pont de pierre qui la franchit ».

    Le lendemain, la compagnie « C » est dans Airan, et elle y est handicapée par le feu ennemi déferlant des hauteurs, car sur l’ensemble du bastion constitué par les premières collines du Pays d’Auge, la ligne allemande est intacte.

    Les Ecossais à la droite des « Ours Polaires » sont encore arrêtés devant la ligne de chemin de fer Canon-Saint Pierre sur Dives… « Les ruines du pont sont hautes de neuf mètres. C’est plutôt un rude boulot que nous avons devant nous. Nous retroussons nos manches et nous réussissons à ouvrir une brèche pour nos chenillettes… je pousse dans le village et m’efforce de repérer l’ennemi aux jumelles. Ceci fait, je demande à Arthur Cowell de m’apporter un anti-tank et de le manœuvrer avec suffisamment d’habileté pour qu’il puisse tirer à l’abri d’un coin de maison.

    Une seule salve obtient le retrait de l’ennemi retranché dans une ferme. Alors couvert par les fumigènes, une autre compagnie déloge des Allemands d’un verger à notre droite. Ordre nous est donné de nous retrancher et de constituer une base ferme pour permettre aux Lincolnshire de s’emparer de la hauteur à notre sud (la hauteur 57 au dessus du Ruel). Appuyés par des tanks, les Lincolnshire attaquent et l’ennemi aussitôt s’enfuit.

      

      

    SOURCES : http://www.airan.fr/histoire_locale.htm#LIBERATION

      

     

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  • UNE RESISTANTE AUTHENTIQUE : MADEMOISELLE EDMONE ROBERT

     

      

      

    En 1937, Madame Lair étant malade, une remplaçante vint pour quelques mois :

      

    Mademoiselle Edmone Robert. Par la suite elle devait enseigner à Crèvecoeur, à Touques et enfin à Saint Aubin sur Algot pendant plus de trois ans.

      

    A Saint Aubin, elle participa à la préparation et à l’exécution d’efficaces coups de mains, attaques de petits postes, sabotages de voies ferrées et à Caen, destructions des stocks allemands de la place d’Armes, explosion du bureau de placement du boulevard des Alliés, « cache » à Crèvecoeur fort utile pour les résistants pourchassés…

      

    .......mais un déraillement manqué d’un train de permissionnaires allemands, à Lécaude, permit à la gestapo de démembrer le réseau.

      

    Mademoiselle Robert n’eut pas le temps de cacher efficacement des documents…

      

    Par des fonctionnaires maladroits ou peureux, ces documents parvinrent à la sous Préfecture de Lisieux, et un soir de décembre 1943, la gestapo vint arrêter Mademoiselle Robert.

     

      

    Torturée, condamnée à mort, elle fut graciée, mais déportée en Allemagne. Elle eut la joie de connaître la libération et la victoire, mais épuisée par les privations et les mauvais traitements, elle mourut dans l’ambulance américaine qui la ramenait en France.

      

    Son corps repose au cimetière de Falaise.

      

                                                                      A Airan, elle n’a fait que passer.

     

    C’est là pourtant qu’un hommage tardif lui a été rendu 22 ans après sa mort. Une plaque de marbre a été apposée sur le mur de l’ancienne mairie et a été dévoilée par deux enfants d’Airan, Jean-Marie Seffray et Josette Biard, dont les pères sont morts des suites de la captivité en Allemagne

     
     
     
     
     
     
      
     

    GUERRE 1939 – 1945 

     

      

    LE DERAILLEMENTS D’AIRAN

     

      

    NUIT DU 15 ou 16 AVRIL ET 1er MAI 1942 

     

     

     

      

     

    A chaque fois, il s’agissait d’un train de permissionnaires allemands, venant de la direction de Paris, et passant vers quatre heures du matin. Ces trains comprenaient des otages français dans le convoi, en avant deux compartiments d’un wagon, de même en arrière du convoi.

     

      

     

    Déjà une autre fois, un jeune homme de Touques avait voulu faire acte de sabotage en gare de Moult. Ayant entendu du bruit, il voulu se sauver, se prit dans les fils téléphoniques et fut abattu par les sentinelles allemandes.

     

      

     

    Dans la nuit du mercredi au jeudi 15 ou 16 Avril 1942, vers trois heures du matin, l’adjudant-chef allemand Spiegel, journaliste de Leipzig, de la gare de Moult remarqua le passage d’un avion anglais. Une heure après, vers quatre heures du matin, se produisit un déraillement épouvantable à cent mètres du pont, en face du cimetière au kilomètre 222, un rail ayant été déboulonné.

     

      

     

    Cinq wagons avaient été mis en l’air, deux ou trois debout, trois n’avaient plus que leur plate forme. Les wagons métalliques n’avaient plus de boggies et étaient arrivés dans le « petit pré au tilleul ».

     

      

     

    Les wagons en bois étaient pulvérisés. La locomotive s’était couchée le long de la voie. Le sifflet de la locomotive, bloqué, continuait à siffler jusqu’au lever du jour, tant qu’il y eut de la vapeur et de la pression.

     

      

     

    Monsieur Henri Lemière, réveillé, préféra rentrer chez lui. Madame Brée se rendit compte rapidement que ce n’était pas un biberon qui faisait ce bruit…

     

      

     

    Sur place, le spectacle était épouvantable : cadavres déchiquetés, blessés qu’on achevait d’un coup de revolver. Dans les wagons en bois, c’était un véritable carnage.

     

      

     

    Les chiffres des morts ? Personne ne l’a jamais su exactement. Des soldats ont parlé ensuite de trente six morts. Les camions emmenaient les cadavres. Les ambulances emmenaient les blessés vers Evreux.

     

      

     

    Défense aux habitants d’approcher du lieu du déraillement, sauf Monsieur Henri Chapron, qui avait été nommé Maire par la Préfecture, après Monsieur Le Tourneur d’Ison.

     

      

     

    Monsieur Henri Chapron était accompagné de Monsieur Lair, instituteur et secrétaire de mairie. Les deux notables se sont dirigés vers le lieu du déraillement par la route de Valmeray, ont commencé à monter le talus après le pont de chemin de fer. Mais le passage était barré par deux sentinelles, deux grands Allemands.

     

      

     

    Monsieur Chapron dit qu’il était le « bourgmestre » et il put passer avec Monsieur Lair.

     

    Madame Carreau, qui avait la garde du passage à niveau n° 55 près du cimetière n’avait rien entendu : elle était habituée à entendre le passage des trains, et c’est le bruit inhabituel des pas sur le ballast qui la reveilla.

     

      

     

    Elle s’habilla, et sortit voir : les gendarmes de Mézidon étaient là, assez peu révérentieux. « qu’est-ce qu’il y a ? – Vous ne voyez pas qu’il y a un déraillement ? »

     

    Enquête : par bonheur, l’interprète allemand comprit très bien les explications de Madame Carreau…

     

    Le bourg d’Airan fut encerclé et une fouille systématique des maisons fut entreprise,. Et dura deux jours.

     

      

     

    Monsieur Chapron avait failli être tué par un Allemand avec un marteau ou une grosse clef. Ce soldat déchaîné en fut empêché par un autre qui avait reconnu le « bourgmestre ».

     

      

     

    L’adjudant-chef Spiegel dit à Monsieur Pierre Le Roy, adjoint, « Grand malheur pour les Allemands, mais grand malheur aussi pour les Français ».

     

      

     

    De cet Allemand, les habitants des environs de la gare de Moult n’ont pas eu à se plaindre, au contraire. Car plusieurs lui doivent d’avoir eu des centaines de kilos de charbon, sans tickets…

     

      

     

    Dans le cas des déraillements, sa réaction fut en faveur des habitants d’Airan : « ce ne sont pas les habitants d’Airan qui ont fait ce sabotage, je m’en porte garant. Je suis prêt à aller jusqu’au Führer si c’est nécessaire ». Il dut y avoir un délai d’attente de dix jours, puis l’adjudant revint de Berlin et il n’y eut pas de représailles contre les habitants d’Airan. (Contrairement à ce qui s’est passé à Ouradour par exemple).

     

      

     

    Il assura avoir remarqué le passage d’un avion anglais. Et de fait on retrouva les traces de pneus d’une camionnette qui avait pu aller à un rendez-vous avec l’aviateur anglais.

     

      

     

    On dit que les Allemands lui firent la réflexion : « êEes-vous Allemand ou Français ? »…Plus tard, limogé à la suite de maladresse de « clients », dégradé, envoyé sur le front russe, il en revint vivant, mais dit-on avec une jambe de bois.

     

      

     

    Dans le déraillement, pas de morts parmi les Français, mécaniciens ou otages d’accompagnement.

     

      

     

    La fouille des maisons n’avait rien donné. Des tracts anglais ramassés et gardés par curiosité avaient pu être brûlés à temps chez Monsieur Le Roy et Monsieur Lair. Une baïonnette-scie et une clef à déboulonner les rails avaient été enfouis à temps dans le jardin chez Monsieur Henri Lemière.

     

      

     

    La prise d’otage n’avait finalement pas eu lieu. Un officier allemand avait insisté près de Monsieur Le Roy : « Y a-t-il des communistes ? » Et Monsieur le Roy avait répondu : « Non, il n’y a pas de communistes. »

     

      

     

    Monsieur Michel Le Roy, libéré d’Allemagne, à la suite de la fameuse relève, n’avait pas ses papiers sur lui. Le commandant de gendarmerie français tint tête à l’officier allemand et lui rappela : « Non, ce n’est pas obligatoire ».

     

      

     

    Un autre, Monsieur Robert Girard, interné en Suisse et revenu à Airan, fut ennuyé un moment lui aussi.

     

      

     

    D’autres, Monsieur l’abbé Rault, curé d’Airan et Monsieur Henri lemière, en parlaient ensemble le lendemain et n’étaient pas rassurés.

     

      

     

    Dans les jours suivants, les hommes s’offrirent pour garder la voie pour éviter d’autres sabotages qui pouvaient être dramatiques pour la population. Par la suite, cette garde des voies devint obligatoire et assurée par tous les hommes des communes voisines.

     

      

     

    Le jeudi matin, des feld-gendarmes se présentèrent chez Monsieur Chapron pour essayer de savoir si le Docteur Derrien d’Argences avait parlé de ce déraillement : « Le Docteur Derrien ne nous aime pas. Nous savons qu’il est venu chez vous mardi ». « C’est vrai que le Docteur est venu, mais c’était pour vacciner les enfants, voici les certificats ». « C’est bon ».

     

      

     

    Dans l’après-midi Monsieur le Préfet du Calvados vint à Airan et demanda à Monsieur Chapron de l’accompagner sur le lieu du sinistre. Monsieur Chapron lui répondit qu’il en avait assez vu comme cela.

     

      

     

    Après le déraillement, le couvre-feu fut institué à cinq heures (heure allemande), c'est-à-dire trois heures heure française… et à cause de cela, il fallut avancer l’heure de la distribution du lait…

     

      

     

    Quinze jours plus tard, le 1er Mai, au même endroit, à la même heure, (quatre heures du matin), avec un train semblable de permissionnaires allemands, nouveau sabotage, nouveau déraillement et nouveaux morts allemands et pas de Français parmi les morts…

     

      

     

    Cette fois, la locomotive se mit en travers des deux voies. Le tender se dressa debout. Derrière le tender, il y avait un wagon d’otages d’accompagnement : pas un mort non plus.

     

      

     

    Un mécanicien, trempé par l’eau de la machine renversée alla demander des vêtements secs à Madame Carreau, au passage à niveau. Veuve, elle n’avait pas d’habits d’homme et envoya le mécanicien téléphoner à six cent mètres à la gare de Moult. De la gare de Moult, on lui apporta des habits secs.

     

      

     

    Comme la première fois, Madame Carreau n’avait pas été réveillée par le bruit du déraillement, mais par l’appel du mécanicien, mais il lui fut impossible de sortir. Deux sentinelles, baïonnette au canon gardaient ses portes.

     

      

     

    L’arrivée du « petit interprète » allemand permit de s’expliquer et de renvoyer les sentinelles.

     

      

     

    Les Allemands vinrent au bourg demander du secours. Ils tirèrent des coups de revolver pour réveiller les gens… ils vinrent chez Monsieur Le Roy : « Secours Madame, secours, tout de suite ».

     

      

     

    Les gens avaiet peur des représailles. Pour éviter la colère compréhensible des Allemands, on essaya de secourir les blessés. L’employée de Madame Drouin voulait qu’on fasse sonner le tocsin pour rassembler les gens, mais on refusa…

     

      

     

    Les Allemands réveillent Monsieur Lair à grands coups dans la porte.

     

      

     

    Cette 2ème fois, les Allemands demandèrent de l’aide. Mais au besoin, ils se servirent eux-mêmes de seaux à lait, de lampes-tempêtes. Madame Lair va de maisons en maisons demander de l’alcool, du linge, de l’éther (Madame Fouques). Plus tard, les Allemands demandèrent la liste de ce qui fut fourni et remboursèrent ce qui avait été apporté pour soigner les blessés.

     

      

     

    Le Docteur Derrien (qui devait être [déporté plus tard]) était déjà sur place. On dégagea les victimes et on les étendit le long du remblai, en triant les morts, les blessés à soigner et à sauver et ceux qu’on ne pouvait pas sauver… il y avait moins de morts que la première fois.

     

      

     

    Monsieur Le Roy remarqua que les Allemands demandèrent aux Français leurs papiers et voulurent renvoyer les femmes : « Ils demandent les papiers ; vous les femmes, filez d’ici ». Et le Docteur Derrien dit à Madame Le Roy : « Etes-vous foutue le camp ! ».

     

      

     

    On a parlé de 56 morts, mais on ne sait pas au juste.

     

      

     

    Par la suite, un gendarme de Moult devait se faire du mauvais sang : « Dire que je n’ai pas fait la ronde que je devais faire à cette heure là ! ».

     

      

     

    Il y eut quelques temps après, une 3ème tentative de sabotage dans le secteur d’Airan, mais sans résultat. Il est certain que les Allemands voulaient prendre des otages à Airan, Cesny et Moult. La bonne volonté des habitants d’Airan pour apporter une aide humanitaire aux blessés du 2ème déraillement eut pour résultat d’éviter toute arrestation d’otages à Airan.

     

      

     

    Au cours des allées et venues dans les rues d’Airan pendant les fouilles, Madame Lair remarqua sur la porte extérieure du puits sur la place, dessinés à la craie, une faucille et un marteau. Un officier a dû les voir lui aussi,et demanda : « Y a-t-il des communistes ici ? »

     

      

     

    Et Madame Lair s’évertua à lui affirmer : « Non, il n’y a que des ouvriers agricoles. Ils ont autre chose à faire que de faire de la politique ». Mais elle effaça les inscriptions dès qu’elle le put.

     

    [

     

      

     

      

     

    Note de la rédaction : l’ouvrage de l’abbé Leprestre n’en dit pas plus sur les auteurs de ces attentats. Nous recommandons à ceux qui veulent en savoir plus sur ce sujet, de consulter l’excellent ouvrage de Monsieur Jean Quellien, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Caen, spécialiste de la période de l’occupation et de la libération en Normandie. Le livre s’intitule « Résistance et sabotages en Normandie » aux éditions Charles Corlet.]

     
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  • Le combattant du petit bonheur

    Le jeune Alphonse, 19 ans à peine, habite dans le 13ème arrondissement ; il quitte l'imprimerie où il travaille pour s'enrôler dans un maquis du Centre puis remonte à Paris à la veille de l'Insurrection et rejoint un groupe de F.F.I de l'O.C.M (Organisation civile et militaire).

    Le 19 août, avec ses camarades, il tient une barricade à l'angle de la rue Saint-Séverin et du boulevard Saint-Michel; leur mission : intercepter tout véhicule allemand se dirigeant vers la Préfecture de police. Le surlendemain, 21 août, ils se déplacent à l'angle de la rue Danton, au coin de la place Saint-André des Arts, et sont équipés de bouteilles d'essence pour attaquer les chars qui descendent des Jardins du Luxembourg ; dans l'après midi ils récupèrent au cours d'une escarmouche un fusil-mitrailleur 24-29 ce qui leur vaut d'aller s'installer en batterie au cinquième étage de l'immeuble de l'angle de la rue Surger et de la rue Danton.

    De retour d'une brève promenade dans le quartier, vers 14h 30, Alphonse débouche rue Saint-André des Arts en même temps qu'un side-car allemand qui a réussi à forcer les barrages. Une rafale part de l'immeuble d'en face. Le conducteur est touché et la machine vient s'écraser contre la façade d'une boutique de naturaliste (aujourd'hui une agence bancaire).

    Le passager du side-car parvient à s'extraire de son siège et se précipite mitraillette à la main dans le couloir de l'immeuble à côté du magasin. Le gardien de la paix Joseph Lahuec est en travers de sa route et veut s'interposer. Il est abattu d'une rafale ...

    Alphonse se jette à la poursuite de l'Allemand et grimpe quatre à quatre les escaliers derrière lui ... au cinquième étage une deuxième rafale de mitraillette le stoppe net. Un F.F.I venu en renfort ne s'arrête pas à temps ... il est touché. S'engagent des tractations par l'intermédiaire d'un interprète, mais le soldat allemand ne veut pas se rendre aux "terroristes" et menace de tirer sur quiconque s'approchera .

    La Préfecture de police envoie la Brigade des gaz pour tenter de le déloger. Profitant d'un moment de calme Alphonse tire deux fois dans la direction du sixième étage et dévale à toute allure les escaliers ... le soldat réagit immédiatement ... tire ... mais le rate.

    En bas de l'immeuble il est fraîchement accueilli par son chef de groupe qui parle d'abandon de poste, de désobéissance.

    A la nuit tombée les policiers investissent les escaliers, lancent les fumigènes et montent à l'assaut ... ils ne trouveront qu'un cadavre. Le soldat allemand n'avait que dix sept ans et ne voulait pas se rendre, il s'était tiré une balle dans la tête.

     

    Joseph Lahuec, 40 ans, sous-brigadier à la 7ème compagnie de circulation de la Préfecture de police, est marié et père de trois enfants. Après une mission de récupération d'armes au Fort de Verrières le Buisson dans la matinée, il se tenait avec son groupe place Saint-André des Arts pour interdire le pont Saint-Michel. Il a été mortellement atteint à la tête.

    Sur le registre des communications téléphoniques de la salle de permanence de la Préfecture de police, on peut lire qu'à 13h15 quelqu'un a appelé pour signaler que des F.F.I ont cerné un Allemand qui s'est retranché au 6ème étage d'un immeuble de la place Saint Michel et qu'ils demandent renforts et grenades. A 14h25, on signale le décès de Joseph Lahuec et son transport au poste de secours de l'Ecole de médecine.

     

     

     

    Alphonse Boudard (1925-2000) a raconté ses aventures dans "Le combattant du petit bonheur"; il les poursuivra dans le régiment de F.F.I du colonel Fabien et nous les livrera dans "Le corbillard de Jules".

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/eboudard.htm

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  •   

      

    UN EPISODE INEDIT DE LA LIBERATION  DE 1944

    EN MORBIHAN SUD

     

    Georges Mousset

     SAHPL 

    D’après les notes manuscrites de Pierre Godec.

     

    Secteur de Crac'h Secteur de Carnac
    Secteur de Sainte-Hélène Secteur de Plouharnel
    Annexe Photos
     

     

    FFI Pierre Godec022

     

    Photo originale détenue par Pierre Godec et datant de cette période de l’été 44, toutes les personnes n’ont pu être identifiées.

    Eté1944: 2e Bataillon FFI, Groupement Sud, Commandant le Garrec, 4e Compagnie, 3e section, 1er groupe.

    Pierre est le deuxième debout à gauche, Mlle Le Bayon de Lorient, agent de liaison, Manuel Lautram de La Trinité debout à l’extrême droite, Charles Norian agenouillé au centre porte la bande du FM, derrière lui debout, Joseph Marcpo de Ploemel, le chef de groupe Charles Courseaux de Quiberon à genou au centre avec sa mitraillette et son béret.

      

      

      

    A ce jour il existe peu de témoignages relatifs aux événements liés à la libération de notre région courant août 1944, et particulièrement en ce qui concerne le secteur Sud de la poche de Lorient, autour de Carnac et d’Erdeven notamment. Les acteurs de ces évènements restants souvent très discrets, aussi tous témoignages inédits sur des faits de cette époque sont-ils bienvenus pour la contribution à une meilleure connaissance de notre histoire locale durant cette période. Aujourd’hui, Pierre Godec, né à Locmariaquer en 1920, nous livre son témoignage sur certains faits précis et événements qu’il a vécus avec ses camarades.

     

     

    FFI Pierre Godec025

     

     Capitaine Bessière au fond avec le béret, Léo Courseaux   de Manémeur en Quiberon, à l’accordéon, il accompagnait les messes de l’abbé Jégo dans nos maquis.

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Rappel succinct de la situation en juillet 1944.

     Les Alliés ont débarqué sur les plages de Normandie et ils libèrent progressivement les territoires occupés par l’armée allemande. Les troupes « foncent » prioritairement vers l’Allemagne pour mettre fin au régime hitlérien au plus tôt.

      

    Dans cette course vers l’Est, ils laissent derrière eux des « poches de résistance» que l’armée allemande, pas complètement vaincue, s’est constituée autour de ses points fortifiés de la côte Atlantique conformément aux ordres de son Etat-Major.

      

    C’est le cas notamment du secteur de Lorient et les sites associés de Belle-Ile en Mer, de Groix et de Quiberon qui seront contenus par les combattants volontaires en attendant la libération totale du pays en mai 1945.

      

    Le repli en urgence de l’armée allemande dans ces « poches » a malheureusement été l’occasion d’exactions et de représailles sur la population civile et sur les résistants qui avaient pris les armes.

      

    Dans le Morbihan, après les événements dramatiques du maquis de Saint-Marcel le 18 juin 44, des parachutistes SAS engagés auprès des résistants sont chargés de créer et d’encadrer des compagnies de combattants volontaires civils afin de capturer les soldats allemands qui cherchent à se réfugier dans la « poche de Lorient ».

      

    C’est dans le cadre de ces événements souvent tragiques liés à cette période que la première partie de ce récit sous forme de résumé trouve sa place.

      

    La seconde partie du récit, plus détaillée, nous narre la vie quotidienne des combattants chargés de contenir l’ennemi replié dans la « poche de Lorient », et plus précisément dans le secteur de Carnac, Plouharnel, Erdeven, aux abords immédiats de la ligne de démarcation de la zone occupée que l’on pourrait appeler la « poche de Quiberon » disposant d’une formidable force de frappe avec les pièces d’artillerie du Bégo à l’entrée de la presqu’île. 

      

    Pierre Godec, qui apporte son témoignage direct dans le cadre de cet article, fut un temps employé chez « Grands Travaux de France » dans le cadre des chantiers de l’ « Organisation Todt » de 1941, année de sa démobilisation de la Marine Nationale et de son retour à la vie civile, à juillet 1944[1]. C'est alors qu'il rejoint ses parents à Locmariaquer, sa commune natale.

    Secteur de Crac’h

    Cela se passait en début Août 1944 à Crac’h, bourg de campagne situé au Sud d’Auray sur la route de Locmariaquer et de La Trinité sur Mer.

    C’est dans le terrain communal situé près de l’ancien cimetière que les autorités avaient mis en place un bureau de recrutement de combattants volontaires afin de faire « à la chasse à l’Allemand » sur le territoire de la commune.

      

    « Ce bureau était tenu par les parachutistes SAS, Commandants Pierrot et Félix[2] . Ils furent un temps cachés chez Mme Le Floch qui deviendra agent de liaison de notre groupe à Plouharnel»[3].

    Pierre s’engage dans ce groupe de combattants constitué de civils. Il est nommé tout de suite au grade de caporal-chef [4] et sera responsable d’une escouade de quelques hommes durant les évènements qu’il nous raconte.

     

     

    « Des fusils de diverses origines sont distribués aux volontaires par les parachutistes: fusils canadiens, fusils français Lebel de 14/18 avec baïonnettes, mousquetons, fusils mitrailleurs Bren, fusils tchécoslovaques modifiés, quelques Mauser, des cartouchières en toile de parachutes, des grenades quadrillées offensives et des grenades défensives dites de corps à corps, des pains de plastic de la grosseur d’une boule bretonne avec leurs détonateurs, quelques casques… Le tout étant accroché aux ceinturons, les chargeurs en ½ lune des fusils mitrailleurs prenaient place dans un sac de jute ».

     

    « Les hommes se rassemblaient et se tenaient prêts tous les jours sur la principale place du bourg dans l’attente des instructions des parachutistes.

      

    Plusieurs témoignages faisaient état d’un groupe de soldats allemands aperçus en différents points de la commune durant plusieurs jours. Un groupe de combattants volontaires partait en reconnaissance à chaque alerte sans pouvoir capturer ces soldats qui se déplaçaient fréquemment. Quelques incidents entre la population et le groupe de soldats en fuite nous étaient signalés.

      

    Ainsi, un jour, alors que nous traversions le village de Kergal à leur poursuite, des paysans choqués nous racontaient leurs malheurs :

      

    «On avait fini le battage, on chantait. Les Allemands sont arrivés, ils ont tiré une rafale sur nous. Ils sont repartis vers le château de Kergleverit».

      

    Nous-mêmes, en passant par Kerran à leur poursuite, nous avions subis des tirs nourris de mitrailleuse en provenance d’une butte, notre groupe de fuyards devait s’y trouver.

      

    Devant cette sérieuse résistance, le parachutiste Pierrot m’avait chargé de demander au Capitaine Pogam, qui gardait la route de Locmariaquer avec quelques hommes au carrefour du « Chat Noir », l’autorisation d’attaquer les Allemands positionnés sur cette butte.

      

    « Pas question ! me dit le capitaine Pogam, c’est trop risqué, attendons les Américains ».

    J’en informais le SAS qui décidait, malgré l’avis négatif du capitaine, de passer à l’attaque du groupe qui, entre temps, et sans nous en être aperçu, avait quitté le site.

      

    Nous les poursuivons à nouveau et les repérons dans un grand champ cultivé de pommes de terre et de maïs près de Kerdaniel, toujours sur le territoire de Crac’h.

     

    Le parachutiste, nous donne l’ordre de tirer, nous touchons mortellement de deux balles de fusil un Oberlieutnant de l’armée allemande. Nous le laissons sur place et poursuivons les fuyards. 

      

    Nous apprenons que le groupe d’Allemands s’est enfui en direction de Fort Espagnol, une pointe en bordure de la rivière d’Auray.

      

    300 mètres avant la pointe, nous somment stoppés dans notre recherche par des tirs de fusils mitrailleurs.

      

    Les tirs cessent au bout d’un moment et nous investissons l’endroit. Nous constatons qu’il n’y a plus personne. En redescendant alors vers la côte nous repérons notre groupe de soldats allemands que nous poursuivions depuis plusieurs jours, ils sont bloqués dans la vase près d’un parc ostréicole en voulant quitter le site et rejoindre peut-être l’autre rive. 

     

    Les soldats, une vingtaine, sont fait prisonniers et regroupés à l’école du bourg de Crac’h. Des parachutistes arrivent d’Auray à bord d’une traction, ils viennent pour récupérer les prisonniers.

     

     Les Géorgiens du groupe sont priés d’ôter leurs chaussures. Nous les avons fait tous monter dans un camion GMC. On entendait leurs jurons lorsqu’ils se faisaient marcher sur les pieds par leurs camarades bottés en s’entassant dans ce camion. C’était une façon à nous de les punir, eux plus que les autres. Tous les prisonniers furent conduits aux halles d’Auray, lieu de rassemblement convenu.

     

    Je n’ai jamais su où fut transporté le corps de l’officier que nous avions mortellement touché dans le champ.

     

     

     

     

     

     Secteur de Carnac

    Le 1er septembre 1944, Pierre obtient sa carte officielle de FFI, matricule 3712. Il est à partir de cette date affecté au secteur de Carnac avec pour mission de contenir les Allemands réfugiés dans la presqu’île de Quiberon et leur interdire toute intrusion dans les zones libérées. Ce territoire était inclus dans le secteur de la poche de Lorient sous contrôle de l’armée allemande.

     

    « J’étais affecté au poste de contrôle à l’entrée de Carnac et je devais arrêter toutes les personnes arrivant au bourg pour connaître les raisons de leur déplacement et contrôler leur identité.

     

    C’est ainsi que je fus amené à conduire une jeune femme sans carte d’identité au poste de commandement pour interrogatoire. Cette personne fut libérée un peu plus tard.

     

    Notre vie quotidienne s’organisait tant bien que mal dans ce secteur. J’étais chargé de la cuisine du groupe en dehors de mes tours de garde. Le chaudron pour cuire la viande était installé devant l’hôtel de la Mairie, en plein bourg. Plus tard nous faisions la cuisine à la Boucherie-Charcuterie de la rue Saint-Cornély et je fus remplacé avec joie dans ce travail par Marcel Le Guennec de Locmariaquer. Il était cuisinier de métier et avait servi dans la Marine Nationale.

     

    Un jour nous apprîmes la mort d’un camarade tué au cours d’une patrouille par un éclat d’obus fusant tiré du Bégo.

     

    L’abbé Jégo, lieutenant FFI, venait de temps en temps nous dire la messe dans les fermes là où nous pouvions nous trouver durant cette période selon les circonstances.

     

     

    Secteur de Sainte-Hélène

     

    Pierre et son groupe quittèrent Carnac dans un camion fonctionnant au gazogène pour s’installer à proximité de Sainte-Hélène, petite bourgade du fond de la rivière d’Etel, en limite Est de la poche de Lorient.

     

    « Notre campement était établi dans un hangar sur un îlot qu’on avait rejoint à l’aide d’un chaland ostréicole. Pour dormir nous couchions sur de la paille répandue à même le sol. La nourriture était constituée de pommes de terre avec quelques morceaux de viande que nous appelions du singe, provenant des rations américaines.

     

    Dans un appentis situé un peu plus loin de notre hangar se trouvaient des parachutes que les gens utilisaient pour se tailler des chemises.

     

    Du point de vue militaire, aucun accrochage avec les Allemands présents de l’autre côté de la rivière ne fut à signaler. Je crois qu’ils étaient Géorgiens.

     

    Notre position n’était pas très sûre en cas d’attaque allemande sérieuse. Comment nous replier ou évacuer? Nous étions cernés par la mer.

     

    Nous quittâmes notre île pour Plouharnel».

     

     

    Secteur de Plouharnel

     

    « Notre nouvelle mission était de tenir la route Plouharnel-Auray en remplacement de la 1ère compagnie du commandant Cosquer qui avait eu plusieurs accrochages avec l’ennemi dans ce secteur. Les Allemands cherchaient à s’approvisionner en nourriture dans les champs, des pommes de terre principalement.

     

    Notre campement était positionné à proximité du transformateur électrique route de Carnac. Nous y avions construit une cabane avec des branchages pour nous abriter. Nous dormions tout habillés sur de la paille.

     

    La nourriture était constituée principalement de conserves américaines mangées froides. On ne pouvait pas faire de feu de crainte d’être repérés et bombardés par les Allemands depuis le Bégo, à l’entrée de la presqu’île de Quiberon.

     

    Notre campement se trouvait à proximité de l’abbaye de Plouharnel occupé par les Américains  qui observaient les installations du Bégo à travers un œil de bœuf. Il y avait souvent des tirs allemands sur cette abbaye.

     

    Nous sommes restés un mois environ sur cette position, nous avons été remplacés par un bataillon des Côtes du Nord.

     

    Nous avions alors pris la direction d’Erdeven à pied par la route pour une nouvelle affectation. Nous chantions tous en suivant Pierre Le Morillon qui marchait en tête du groupe.

     

    Nous nous sommes arrêtés à Crucuno , village entre Plouharnel et Erdeven où nous étions hébergés dans les fermes du village. L’accueil des paysans fut excellent.

     

    La nourriture, essentielle pour garder un bon moral, était convenable. Nous avions l’autorisation de réquisitionner moyennant paiement un veau de ferme de temps en temps.

     

    C’était François Le Floch, le frère de Lucienne, notre agent de liaison, qui était en charge de l’intendance. Nous allions alors dans les fermes avec une camionnette, les veaux étaient parfois abattus à la mitraillette en plein champ. Nous achetions aussi du cidre et des pommes de terre.

     

    C’est moi qui faisais la cuisine, notre cuisinier Marcel Le Guennec ne nous avait pas suivi, je pense qu’il fut malade quelques temps. Je me débrouillais assez bien pour préparer les repas, selon les camarades c’était bon. Faut dire que nous nous servions dans les jardins en tomates, oignons…

     

    Le dimanche, l’abbé Jégo  venait nous dire la messe au village, je faisais le servant, tout le monde y assistait. L’accordéon nous accompagnait dans les chants.

     

    Le moral de la troupe était excellent. Quelques camarades étaient malades, les agents de liaison de la Croix-Rouge venaient les soigner avec des ventouses.

     

    Notre occupation consistait à prendre position le long de la route Erdeven à Plouharnel où nous avions creusé et aménagé un poste avancé. Deux hommes se tenaient dans ce poste les nuits armés d’un fusil mitrailleur, d’un fusil  et de grenades. Les quarts duraient 6 heures, de 18 H à 24 H et de minuit à 6 h du matin. Nous avions pour consigne de ne laisser passer personne sauf bien entendu celles qui prononçaient le mot de passe, sinon c’était le coup de feu systématique.

     

    Un soir vers 22 heures, il faisait très mauvais temps, j’ai cru entendre un moment un coup de sifflet en provenance de la haie de l’autre côté de la route. J’ai pensé un instant demander à mon camarade de tirer une rafale de fusil mitrailleur dans la haie mais je me suis ressaisi. Je ne voulais pas réveiller peut être pour rien notre groupe qui dormait dans le grenier de la ferme à côté. En même temps je me disais que s’il y avait réellement danger nous courrions tous un grand risque. Cette nuit me parût interminable!

      

    A la relève de minuit, je signalais l’évènement, j’eus pour réponse un laconique "Ah bon !"

      

    Le lendemain matin, on su par la fille du fermier qui nous apportait comme d’habitude notre café, qu’un groupe de 5 à 6 Allemands venait de se rendre à nous sans armes ni munitions. Ils venaient du Bégo. Ils nous ont indiqué l’endroit où ils avaient caché leurs armes et où étaient disséminées les mines. Nous eûmes froid dans le dos à savoir que tous les jours nous patrouillions dans ce secteur entre les villages de Loperet et de Sainte-Barbe parmi ces explosifs !

     

    Un soir que nous descendions de Crucuno  pour nous diriger vers Loperet en compagnie des chefs Camille Le Floch et le lieutenant Alain, notre groupe fut mitraillé. Nous avions été obligés de décrocher sous l’intensité des tirs. Camille Le Floch fut touché sérieusement à la tête au cours de cette attaque et laissé sur le terrain faute de pouvoir le ramener. Le lendemain la Croix-Rouge récupéra le blessé pour le transporter à l’hôpital d’Auray. Il avait été sommairement pansé par les soldats allemands avant son évacuation.

      

    Quelques jours plus tard j’appris son décès, sa blessure fut mortelle malgré son casque.

      

    Son corps fut ramené à Carnac et exposé un temps dans un champ en face de l’Hôtel des Voyageurs avant d’être enterré au cimetière. Nous avons porté son cercueil et rendu les honneurs.

      

    C’était mon deuxième camarade tué par les Allemands. D’abord Guy Combacal, par une mine, et cette fois Camille qui avait échappé comme moi aux bombardements de la marine française à Mers El Kébir en 41, moi j’étais sur le contre-torpilleur Le Terrible, lui sur Le Volta.

      

    Camille fut remplacé en tant que chef par Léon Courseaux.

      

    Quelques jours plus tard, Louis le Mab de Saint-Goustan et Gaston Ilbert de La Trinité-sur-mer,  étaient de faction dans notre poste en bordure de la route. Le chien de la ferme qui était en leur compagnie s’aventura dans le champ miné situé au-delà de la route. Albert et Louis cherchèrent à le rattraper. Ce qui était prévisible arriva, une mine sauta. Albert fut tué sur le coup par un éclat en pleine poitrine, Louis fut criblé d’éclats sans gravité, le chien fut indemne.

      

    Ces terrains minés étaient difficiles à repérer, les Allemands avaient enlevé les pancartes les signalant lorsqu’ils se sont retirés dans leurs positions à l’été 44. C’était vraiment dangereux pour nous qui patrouillions tous les soirs dans ces parages.

      

    Un incident qui aurait pu être dramatique survint quelques temps plus tard alors que nous nous trouvions à Crucuno  près du dolmen au cœur du village. Nous étions nos gamelles à la main en attente de la soupe qui cuisait dans un appentis sur le coup de midi.

      

    Attendez, c’est pas cuit, le bois est vert, ça ne chauffe pas ! me répondit notre cuisinier à qui je demandais à manger avec insistance.

      

    A peine 5 minutes plus tard, l’appentis fut atteint par 2 obus qui passèrent à travers la toiture, des 100 mm ou 80 mm antichars tirés du Bégo. Le chaudron contenant le manger fut renversé. Nous avions eu chaud ! Heureusement que ce n’étaient pas des obus fusants qui avaient été tirés, c’est beaucoup plus dangereux, ceux-là auraient certainement fait des blessés parmi nous.

      

    A la réflexion, ce tir était vraiment bien calculé, les Allemands devaient nous observer ou ils étaient renseignés sur nos habitudes.

      

    Nous avons été remplacés à Crucuno  en Novembre 44 par une équipe de soldats du Loir et Cher. »

     

    Pierre fut alors affecté au PC Le Garrec à Auray. Il occupa le poste de téléphoniste chargé de réceptionner les informations et messages en provenance des différentes sections réparties dans son secteur et de transmettre les ordres de l’État-major. Il resta à ce poste jusqu’à la reddition de la poche de Lorient en mai 1945.

    ANNEXE

     

    1- M. le Glohaec qui cultivait sa ferme à Crucuno  en Erdeven au moment de l’occupation allemande et Pierre Bayon de Bovelane en Erdeven aussi que nous avons rencontré à l’occasion d’une visite des lieux en compagnie de Pierre Godec, nous font savoir aujourd’hui que les Allemands avaient pris position au village de Crucuno au moment du Débarquement.

    De l’artillerie était positionnée et des abris avaient été creusés dans la terre. Cette affirmation serait à verser au dossier que nous avions ouvert à propos du point d’appui de la Seconde Guerre découvert fortuitement dans la lande de Kerprovost en Belz suite à l’incendie de 2003 et qui a fait l’objet d’un article dans le Bulletin n° 34 de la SAHPL. Dans cette étude, nous avancions l’hypothèse que ce point d’appui fut aménagé par l’armée allemande pour tenter de s’opposer à la progression des Alliés à partir de début août 1944, date d’arrivée de ces forces dans le Morbihan. 

    2- Pierre Le Morillon, originaire de Port-Louis, cité dans ce récit (Secteur de Plouharnel) aux côtés de Pierre Godec, se trouvait en poste d’instituteur stagiaire à Saint-Philibert au moment de la constitution du maquis de Saint-Marcel. Il fut contacté par le commandant Garrec et Bessières sur recommandation de l’épouse de Joseph Rollo d’Auray pour constituer une compagnie de volontaires à venir renforcer le bataillon de Crac’h (sous les ordres de Bessières).

    Pierre se souvient parfaitement de « la chasse à l’Allemand » à laquelle il a lui-même participé à Crac’h et du groupe d’Allemands capturé et conduit dans l’école du bourg. Il évoque à ce sujet le triste sort réservé à un soldat Allemand qui a payé de sa vie la mort d’un résistant à Saint-Marcel.

      

    Affecté ensuite dans le secteur de Carnac, il participa avec Roger Vinet à la récupération mouvementée par bateau d’un groupe de déserteurs allemands du fort de Penthièvre, Il s’est ensuite retrouvé dans le secteur de Sainte-Hélène en bordure de la rivière d’Etel avec le bataillon « Muller », sur Pont Scorff en janvier 1945 et ensuite au PC du secteur jusqu’à la Libération.

    Annexes complémentaires

     

      

      

      

    FFI Pierre Godec025

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Capitaine Bessière au fond avec le béret,

    Léo Courseaux de Manémeur en Quiberon,

    à l’accordéon, il accompagnait les messes

    de l’abbé Jégo dans nos maquis.

      

    FFI Pierre Godec021 

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Une partie de notre groupe. Le chien qui avait

    déclenché une mine qui avait coûté la vie

    à Gaston Ilbert de la Trinité est assis s

    ur le seuil de la luc

    arne du grenier.

      

     

     

     

     

     

      

     
    FFI Pierre Godec027 
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    [1] Lire à ce sujet dans le Bulletin de la SAHPL n°34, l’épisode tragique narré et vécu par Pierre se déroulant durant la construction de fortifications du mur de l’Atlantique à la pointe de Kerpenhir en Locmariaquer

    [2] Appelés par leurs prénoms réels, la recherche de leurs patronymes respectifs a été infructueuse

    [3] Après les combats du maquis de Saint-Marcel les parachutistes et les résistants furent contraints à la clandestinité pour échapper aux rafles allemandes qui durèrent jusqu’à début août à l’arrivée des troupes alliées.

    [4] Il était Quartier-maître dans la Marine.

     

     

    SOURCES - LIEN -

    http://www.sahpl.asso.fr/site_sahpl/Mousset_

      

    episode_inedit_liberaton_1944.htm

     

     

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    Le témoignage d'un vétéran québécois
    de la bataille de Normandie

    Jean-Jérôme Doucet
    École Le Sommet
    Charlesbourg, Québec

     


     


    Monsieur Marcel Auger, vétéran de la
    deuxième guerre mondiale.

    Fascinant pour nous, les jeunes de la fin de ce siècle, d'apprendre que nous avons ici, au Québec, des héros encore vivants, qui ont participé à la Deuxième guerre mondiale et qui sont prêts à nous raconter les souvenirs de ce grand événement qui a marqué leur vie.



    La Deuxième guerre mondiale a débuté en 1939 et s'est terminée au printemps de 1945. Des entaines de milliers de personnes, provenant de toutes les parties du monde libre, se sont retrouvées réunies pour former la plus grande armée du monde, l'armée des alliés. La plupart de ces gens ont dû affronter l'horreur des champs de bataille. Un grand nombre y sont morts, souvent dans des ouffrances atroces. D'autres sont revenus chez eux mutinés et meurtris par l'épreuve. Enfin, un certain nombre de témoins, malgré leur âge avancé, sont toujours là pour témoigner de cette aventure meurtrière, déclenchée par la folie d'Adolf Hitler.

     

    Au Québec, pour les « Canadiens français » de l'époque, la grande bataille, ce fût celle de Normandie. Il reste encore des personnes au Québec qui ont été présents lors de cet événement et qui ont participé de plein pied (sans jeu de mots) à cette gigantesque opération. Ils sont toujours là pour témoigner du courage et de la témérité de nos Canadiens. Lors de cette bataille, ils ont dû affronter un ennemi coriace, rompu aux techniques de la guerre et bien retranchés dans des défenses côtières en béton. Après des combats acharnés, ils ont réussi à les faire battre en retraite et à libérer par la suite tout le continent européen de l'emprise de l'Allemagne nazie, au printemps de 1945.

    Après la défaite de la France face à l'Allemagne, au début de la Seconde Guerre mondiale, l'armistice, signé le 22 juin 1940, divisa le territoire en deux zones séparées par une ligne de démarcation : au nord, la zone occupée par l'armée allemande, au sud, la zone libre, où s'installa le gouvernement de Vichy. L'Alsace et la Lorraine furent annexées au Reich allemand.

     

    J'ai rencontré, pour vous, un vétéran de cette époque dramatique, qui se souvient (malgré ses 74 ans) de sa participation à cette grande cause de la libération des démocraties occidentales, réunies sous le vocable des « pays alliés ». Il m'a raconté pour vous ce qu'il a vu et vécu, surtout lors d'une opération spécifique où les forces alliées ont débarqué en Normandie dans une tentative réussie de libérer la France occupée.

    Cliquez sur l'icône pour entendre ma présentation de cette opération critique.(Si vous n'avez pas le logiciel RealPlayer sur votre ordinateur, vous pouvez le télécharger gratuitement, ce qui vous permettra d'écouter cet enregistrement que j'ai préparé pour vous.)

    Écoutez les propos de Marcel Auger sur le débarquement de Normandie, tels que je les ai recuellis de sa propre bouche.

     

    La carte ci-dessus montre le plan du débarquement de Normandie qui a eu lieu le 6 juin 1944. Les différentes couleurs des flèches représentent la position de débarquement occupée par les différents pays qui ont participé à l'opération Overlord, soit les États-Unis en bleu à UTAH et à OMAHA, l'Angleterre en jaune à GOLD et à SWORD et le Canada en blanc à JUNO. Ce qu'il faut aussi souligner, c'est que UTAH, OMAHA, GOLD et JUNO étaient des noms de code qui désignaient les lieux de débarquement des soldats alliés.

    Dans l'extrait suivant de ma conversation avec lui, Monsieur Auger explique le travail qu'il faisait durant la deuxième guerre mondiale et les endroits où il est allé.

    Paybook.jpg (47491 bytes)

     

    Ci-dessus, côté droite, la photo de Marcel Auger prise à l'époque du débarquement de Normandie. Sur la gauche, vous voyez son pay book. C'était une sorte de carnet que devait posséder tout soldat et qui contenait des informations sur les vaccins, les banques de congés et les armes en leur possession. En plus, on y retrouvait aussi à l'intérieur un testament prêt à servir en cas de décès.

    Baillonette.jpg (31293 bytes) La baillonnette que vous voyez ici était fichée au bout de la carabine que les alliés appelaient la « enfield ». C'est un souvenir donné par un copain qui faisait partie du Régiment de la Chaudière.
    Carnet.jpg (47918 bytes) À gauche, un carnet militaire que Monsieur Auger a ramassé sur le cadavre d'un Allemand. Il servait à des fins similaires au pay book des soldats alliés. On peut y lire que l'Allemand s'appelait Volbert et qu'il était membre de « l'unité de défense », le Schutzstaffelet, mieux connu sous le sigle SS. Volbert est né en 1916 à Cologne, une ville située en l'Allemagne, tout proche de la Belgique.
    SS.jpg (35027 bytes) Ce poignard SS appartenait à l'Allemand que l'on a vu sur l'image précédente. Si on l'examine attentivement, on se rend compte que la lame est usée et qu'il a dû servir à toutes sortes d'usage.
    Parade.jpg (37137 bytes) Voici un couteau de parade allemand que Marcel Auger a pris sur le cadavre d'un officier allemand.

     

    Comme vous le réalisez sans doute, la deuxième guerre mondiale a été un événement qui a bouleversé la vie de millions de personnes. Je ne vous ai montré qu'une infime partie de cette tragédie, en me basant sur le témoignage d'un vétéran encore vivant, Monsieur Marcel Auger.


    La photo décrivant la France en 1940 et celle de l'opération « Overlord »
    ont été prises dans Microsoft Encarta 99

      

    sources LIEN - http://www.snn-rdr.ca/rdr/old/avr99/avr99/normandie.html

      

     

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      Roger Lecheminant avait 20 ans en 1944, ses parents possédaient une ferme à Houesville dans la Manche. La débâcle de 1940, l'occupation, la libération par les parachutistes américains, et après... Il se souvient, comme si c'était hier.

    Tous les droits de l'auteur des textes et des photographies sont réservés. Toute reproduction ou utilisation des oeuvres, autre que privée ou à fin de consultation individuelle sont interdites, sauf autorisation.  
       
               
     
    LE DEPART DES ANGLAIS, L’ARRIVEE DES ALLEMANDS  
    En 1940, je me souviens des Anglais qui partaient pour embarquer à Cherbourg. Ils ont fait sauter les ponts à Carentan, et la marine de Cherbourg, avec ses canons, a bloqué les Allemands pendant 24 heures. Mais un officier allemand est allé trouver le maire de Carentan et lui a dit : « Si vous n’arrêtez pas les tirs on fait sauter la ville ! » ; alors le maire est parti avec un drapeau blanc pour dire à la marine de stopper ; le temps qu'ils
      fassent un détour, cela a permis aux Anglais d’embarquer. De Carentan à Cherbourg je les ai vu brûler tous les camions le long de la route pour que les Allemands ne s’en servent pas. Quand les Allemands sont arrivés on avait peur. Le premier que j’ai vu, c’était un éclaireur en side-car, puis du matériel, des convois sur des kilomètres, des camions et des charrettes avec des chevaux.
     
               
     
    L’OCCUPATION - 1  
    La vie quotidienne
    Avec les Allemands ça se passait pas trop mal, on s’occupait pas d’eux, ils n’étaient pas si terribles que ça. Ils réquisitionnaient les grandes maisons et les châteaux, ils en occupaient la moitié. A Carentan ils avaient monté des magasins.
    « Requis » à Cherbourg
    J’ai été réquisitionné - requis - fin 1942, par la Todt, pour faire des blockhaus. Il fallait envoyer deux jeunes par commune. On était 1200 ouvriers. Le travail était dur, mais les français sont malins. « Français grands filous ! ». Quand j’avais un décoffrage de blockhaus et que je trouvais une planche pas trop lourde je la gardais sur mon dos, je faisais le tour toute la journée avec. Ils s’en apercevaient mais ne nous faisaient pas de représailles. Les soldats allemands de la Todt étaient habillés en uniforme jaune, avec la croix gammée ; ils étaient assez gentils avec nous. Beaucoup parlaient français ; on discutait et on rigolait quelquefois avec eux. Je couchais à Cherbourg, à l’Hôtel Sud Amérique qui était à côté de la montagne du Roule. Il y avait une quarantaine de grands bâtiments, sans étage, réquisitionnés par les Allemands. On était quarante par chambre, avec des lits superposés. Une nuit, un bombardier est tombé dans le jardin, je dormais, je n’ai rien entendu. Le lende-main matin, il n’y avait plus personne dans la chambre. Les gars m’ont dit : « Tu n’as pas vu ce qui s’est passé, tu est resté là ? un bombardier est tombé à moins de vingt mètres du bâtiment ». Alors je me suis dit que je n’allais pas rester là. Je suis parti dormir à Carentan chez un de mes oncles ; je prenais le train pour Cherbourg, on l'appelait le « trouillard ». Mais ça bombardait tous les jours sur Cherbourg. Les Allemands fabriquaient des V1 et les V2 sous la monta-gne du Roule, dans un tunnel qui faisait plus d'un kilomètre de long. Les Américains devaient être renseignés, le 11 novembre 1942 ils ont balancé des milliers de bombes pour détruire les installations. Je me suis sauvé. Mais les Allemands ont été chercher mon père, et l’ont pris en otage. Alors je suis retourné à Cherbourg, je me suis présenté, ils m’ont emmené à la Feldkommandantur. Je leur ai dit que j’avais peur des bombardements. Ils ont relâché mon père. La Feldkommandan-tur m’a fait signer un papier comme « déserteur de l’armée allemande ». J’ai été placé dans un camp de discipline à Rouville-la-Bigot dans la Manche, et là, on coulait des blockhaus jour et nuit. On chargeait du sa-ble dans des wagonnets. On allait à Cherbourg, du côté de la gare maritime, pour couler un block-haus ; pendant trois jours on a travaillé jour et nuit.
     Le marché noir
    On était nourris : j’avais chaque jour 40 gr de beurre, 40 gr de saucisson et une demi boule de pain. Le soir on avait une soupe de farine d’orge. Ils nous payaient ; on achetait des fausses cartes de pain que les Belges nous vendaient, et avec ça on avait droit à trois livres de pain dans les boulangeries ; ça me permettait d’avoir de la nourriture un peu meilleure. J’avais droit à un paquet de cigarettes par semaine. Je les revendais une par une, dix francs la cigarette, pour acheter des tickets de pain. Les
     
     
    Roger Lecheminant en 2004
     
    Mais on était mieux nourris à la maison, car on avait une petite ferme, on cultivait beaucoup de légumes, on faisait de l’élevage et on se débrouillait pour trouver de la farine pour faire des galettes, on avait de tout. Ça n’empêche pas qu’il fallait toujours se débrouiller, on faisait des échanges. Les villes ont plus souffert de la faim que nous ; tout le monde désertait les grandes villes comme à Caen et Cherbourg. tickets de pain étaient beaucoup plus cher que ne valait le pain, c’était trois à quatre fois le prix. C’était le marché noir.
       
     
               
     
    L'OCCUPATION - 2  
    Les femmes russes
    On a souffert mais c’étaient pas nous les plus malheureux, c’étaient ces femmes russes. Parmi elles, une jeune femme de 18 ans parlait très bien le français et m’a raconté ; elle couchait au même hôtel que nous mais on avait pas le droit de leur parler, c’était interdit. Elles ont été capturées en Russie au moment où les Alle-mands ont capturé une ville vers Stalingrad. Ils ont mis des cars dans toutes les rues, et toutes les femmes de 18 à 60 ans ont été ramassées. Puis on les a emme-nées à la gare. Elles ont roulé pendant huit jours, à quarante dans des wagons à bestiaux. Quand elles sont arrivées à Cherbourg, elles ne savaient pas qu’elles étaient en France. On les a emmené à l’hôtel Sud Amérique, elles ne logeaient pas dans les mêmes bâtiments que nous. Elles ont reçu un camion de carottes à moitié pourries pour se nourrir. Des trains de ciment arrivaient chaque jour, il était destiné à faire des blockhaus. Le matin, elles partaient à la gare maritime de Cherbourg avec un gros caillou sur la tête. Deux cent femmes en colonnes avec les Allemands et leurs mitraillettes de chaque côté. Arrivés à l’arsenal, ils les mettaient à vider les wagons de ci-ment. Elles portaient sur leur tête des sacs de 50 kg. Elles étaient vraiment costaudes. Le soir elles rentraient avec leurs cailloux sur la tête et les laissaient à l’entrée de l’hôtel. Le matin elles les repre-naient; comme ça elles avaient les mains en l’air, et ne pouvaient pas fuir. Elles étaient très mal nourries. Je les ai vu ramasser des miettes de pain par terre.
    Rommel inspecte le Mur
    Les Allemands de la Wehrmacht nous disaient qu’ils en avaient marre de la guerre, ils parlaient bien le français ; certains traitaient Hitler de fou, « il voulait faire mieux que Napoléon !». Il y avait des soldats âgés sur le mur de Normandie ; certains avaient soixante ans, ils n’avaient plus envie de faire la guerre contrairement à la jeunesse hitlérienne et aux SS. J’ai vu Rommel en 1943. Il venait visiter les fortifications à Cherbourg. J’étais en train de terrasser, de creuser la montagne du Roule avec le pistolet pour percer les trous pour mettre les mines. Il a passé une inspection, mais il était difficile de le distinguer, ils portaient
      tous des imperméables verts. Quand il est reparti, les Allemands nous ont dit que Rommel était venu.
    Il fallait bien travailler

    Au début de 1943, les Allemands ont coupé tous les arbres de la région, et les personnes âgées ont été réquisitionnées pour les planter dans les champs et dans les marais ; ils faisaient des trous dans la terre pour les planter debout ; les Allemands coupaient les arbres à trois mètres de hauteur à la dynamite. C’était pour empêcher les planeurs d’atterrir, on les appelait les « asperges de Rommel ». Un beau jour ils ont décidé d’inonder le marais ; au cours d’une tempête, tous ces arbres ont été couchés ; avec un bateau à fond plat je les ai récupérés ; on a eu du bois pour se chauffer pendant trois ans ! Pendant l’été, j’ai travaillé pour une entreprise allemande, je devais faire le goudronnage des toits des hangars pour avions. Le responsable allemand avait abattu beaucoup d’avions. Il avait un lapin. Chaque jour, je devais le nourrir, et je ramassais les feuilles de pissenlit une par une. Un matin, quatre avions sont partis en Angleterre. Je soignais les lapins, quand je les ai vu revenir tous les quatre. Le quatrième avion était, en fait, un avion anglais ; il était revenu avec les avions allemands; il a tiré sur les trois autres et les a abattu, il est reparti au ras de la mer.

    La Résistance
    Un jour la laiterie Gloria, à Carentan, a pris feu ; il y avait 450 tonnes de beurre, et j’ai vu les Allemands essayer d’éteindre le feu avec des canons à eau. Ca ne pouvait être qu’un sabotage, c’est ce que beaucoup ont pensé.
    Mais il ne fallait pas faire de sabotage, car les Allemands prenaient les gens du pays comme otages et les fusillaient. A Saint-Clair, un avion s’est écrasé, l’équipage a atterri en parachute au bord d’une forêt ; les fermiers ont accueilli les trois aviateurs anglais ; ils ont tous été fusillés. A Méautis, à 4 km de Carentan, quatre jeunes, dont un de ma famille, ont été fusillés pour avoir accroché
    des bouts de chiffon blanc à des arbres fruitiers. C’était pour éviter que les oiseaux viennent manger des fruits. Les allemands ont cru que c’étaient des signaux pour les avions anglais.
     
               
     
    LE DEBARQUEMENT  
    Le premier Américain
    Au mois de juin j’étais encore réquisitionné, mais je suis rentré chez moi une deuxième fois à cause des bombardements. A Cherbourg, ça chauffait tellement que les Allemands n’avaient plus le temps de s’occuper de nous. Ils s’organisaient pour défendre la côte. Je me doutais un peu que le débarquement allait arriver. J’avais un oncle qui habitait à Trévières, personne ne savait, même pas sa femme, qu’il avait un poste émetteur pour renseigner les Anglais. Un jour il m’a dit : « Tu sais, s’il y a un débarquement dans le coin, tu diras aux Américains et aux Anglais « Be welcome !». Il a été décoré après la guerre. La nuit du 5 juin 1944 j’ai pas très bien dormi. Les avions envoy-aient partout des fusées parachu-te, pour voir s’il y avait des mouvements de troupes alle-mandes ; ils tournaient sans arrêt. A 20 h 30, un américain est arrivé chez mes parents à Houesville. Il nous a dit « American !». Alors, on a compris que c’était un Américain. Il nous a demandé s’il y avait des Allemands, il nous disait : « Boche ? Boche ? ». On lui a répondu non. Il est même pas resté cinq minutes et il est parti se camoufler dans les champs. Vous auriez vu l’équipement. Il en avait lourd : des grenades, une mitraillette, une bouée, un gilet pare-balles... Un grand gaillard, on aurait dit qu’il faisait deux mètres de haut. Dix minutes après, une moto s’est arrêtée dans la cour, c’était un Allemand. Il s’est mis à bricoler sa moto, il devait avoir un problème de bougies. On a eu peur pour nous. Puis il est reparti sur sa moto ; il y avait une grande ligne droite, on l’a entendu sur un bon kilomètre. Le lendemain matin, on a vu deux américains morts sur le bord de la route.
    On est libérés
    Les obus passaient au dessus de notre maison. On entendait les bruits des combats. Puis les planeurs sont arrivés. Ils tombaient un peu partout dans les champs; ils évitaient les marais car ils étaient inondés avec deux mètres d’eau, mais certains se sont tout de même noyés. Pour faire descendre les planeurs dans les champs c’était pas facile à cause des « asperges de Rommel ». Pour les parachutistes ça a été difficile au début, puis quand le gros du débarquement est arrivé et qu’ils ont envahi tout le secteur on s’est dit : « Cette fois on est sauvés ; c’est fini ». Quand les Américains ont débarqué on est pas parti de chez nous ; ils ne nous interdisaient pas les déplacements ; on allait partout, comme on voulait. Ils nous disaient rien, au contraire, ils nous jetaient des cigarettes, du chocolat, des boites de ration Keloggs Ils ont été gentils avec nous ; on a pas à se plaindre des Américains. On trouvait beaucoup d’objets qui leur appartenaient. On a récupéré des parachutes, il y en avait partout, dans les champs, dans les arbres. Les parachutistes américains les laissaient sur place ; on en a fait des chemisettes en soie de toutes les couleurs ; chaque couleur de parachute indiquait la marchandise transportée.
    La Manche était couverte de bateaux
    Le 10 juin je me promenais à vélo sur une route en bord de côte. J’avais mis des bouts de tuyau de compresseur à la place des pneus, avec un boulon pour tenir ça. Quand j’ai vu les bateaux ! Vous auriez vu l’armada de bateaux qu’il y avait. La Manche
    était couverte de bateaux. La mer était très mauvaise. Il y avait des bateaux à fond plat pour pouvoir approcher le
      plus près de la côte. J’ai vu les chars amphibies qui venaient par la mer ; ils étaient entourés d’un gros boyau d’acier, et du liège tout autour. Les Américains avaient monté des « saucisses » : une cinquantaine de gros ballons. Quand ils sont arrivés, ils ont lancé des milliers de tracs par avion. J’ai pédalé vers Sainte-Marie-du-Mont. Le bourg était libéré. Il y avait des Américains partout, les Allemands étaient partis. Sainte-Mère-Eglise a été libéré le 6 juin, la première ville libérée dans la Manche. Carentan a été libérée après nous. J’allais à Sainte-Marie du Mont sur mon vélo ou à pied, j’emmenais aux Américains du calva que me parents faisaient, et je ramenais des boites de ration et des cigarettes. Je connaissais très bien tout le secteur car mon grand père y avait gardé des grands troupeaux moutons pendant des années. Vous auriez vu toutes les munitions qu’il pouvait y avoir dans les champs ; des tentes partout, ils entassaient les sacs de farine, et au bout d’un moment, comme ils ne pouvaient plus rentrer dans les champs, ils roulaient sur deux rangées de sacs avec leurs GMC ; ils mangeaient beaucoup de pain de riz, et de pain blanc ; ils ravitaillaient aussi les boulangeries ; les allemands avaient du pain noir. On mangeait des boites de ration ; on ne savait pas lire l’américain alors des fois on ouvrait une boite en croyant que c’était des pommes de terre alors que c’était de la confiture, faite uniquement avec de la peau d’orange, très amère.
    Arrêtés par la Police militaire

    Vers le 16 juin, un officier américain qui était logé chez le maire de la commune de Houesville, m’a dit : « Voulez-vous venir faire un tour sur la plage ?, je m’en vais porter du courrier ». On est monté avec mon frère dans sa jeep. L’officier avait des documents à apporter ; une vedette rapide l’attendait sur la côte. On est descendu de la jeep et avec un ami on est parti se promener sur la plage. Il y avait des bateaux par milliers, certains étaient énormes, ils n’accostaient pas. Il y avait des camions amphibies. On était à 200 mètres à peine de la jeep, tout d’un coup une autre jeep est arrivée, c’était la Police militaire - Military Police. Ils nous ont obligé à monter dans leur Jeep ; on leur a dit qu’on était avec un officier américain mais ils n’ont rien voulu savoir. Ils nous ont emmené dans les dunes et gardé dans des grandes tentes carrées pendant une demi-heure. Puis ils nous ont ramené sur la plage et nous ont fait monter dans une vedette rapide en direction de Southampton en Angleterre. Pendant ce temps, l’officier américain qui nousavait amenés nous cherchait partout ; le lendemain après-midi on est remonté dans un bateau en direction de Sainte-Marie-du-Mont, l’officier américain nous attendait là-bas avec sa Jeep. Nos parents se demandaient bien où on était partis, mais l’Américain les avait rassuré C’est lors de cette « petite promenade » en Angleterre qu’on a vu tous les bateaux qu’il pouvait y avoir ; c’était incroyable ; il y avait toutes espèces de bateaux. Heureusement que les Allemands n’avaient pas le matériel des Américains ; on ne serait plus là. Les Allemands n’avait plus grand chose. Ils avaient tellement grand à surveiller, jusqu’en Russie. Mais ils ont résisté quand même; il y avait des blockhaus dans tous les coins. Beaucoup d’Américains ont été tués. J’ai vu ceux qui conduisaient les GMC plein de cadavres ; ils les emmenaient au cimetière à Blosville.
     
               
     
    APRES LE DEBARQUEMENT  
    Mort et destruction
    Il faut avoir vécu la guerre pour se rendre compte de tout le matériel qui est venu d’Amérique. Il y avait de tout. Ils faisaient un camp d’aviation en un rien de temps ; les pistes d’envol pour les gros avions quadrimoteurs étaient faites avec des plaques en acier qui s’emboîtaient les unes dans les autres, ou du grillage qu’ils déroulaient. Un bon mois et demi après le Débarquement, au mois d’août, je suis allé à Caen en stop avec les Américains, pour aller chercher un vélo, car je faisais beaucoup de sport. Après j’ai retraversé en vélo toute la ville de Caen ; il y avait un passage très étroit rue Saint Jean, on ne pouvait même pas passer en vélo. Toutes les maisons étaient écroulées, les rues étaient encombrées de cailloux. La seule chose que je déplore, c’est qu’ils ont démoli des villes par les bombardements alors qu’il n’y avait pas un Allemand. A Caen il y a eu plusieurs milliers de civils tués. Les maisons étaient complètement détruites ; ils bombardaient à 4 heures du matin, pendant que les gens dormaient ; ils étaient tués en plein sommeil, j’en ai vu.
    La reconstruction
    Des entreprises ont fait fortune à déblayer tout ça. Après le Débarquement, il y avait énormément de travail , il fallait refaire les routes. J’ai travaillé pour une entreprise qui bouchait les trous de bombes. Je faisais comme tout le monde : lorsque j’avais 150 m3 j’en comptais le double. On avait jamais assez de terre pour combler les trous, alors les américains y mettait les munitions, et même des chars. Mais cinq ou six ans après, il a
     

    fallu creuser pour les ressortir. On touchait pas grand chose, ça nous payait la nourriture. J’ai un peu travaillé à faire des fosses dans un cimetière avec un de mes oncles. Mais ça payait pas beaucoup.
    Ma rencontre avec le général Bradley

    Début juillet 1944, j’ai serré la main d’un général : je discutais avec les gendarmes de Carentan ; le général était dans le coin avec ses troupes ; il est arrivé vers nous, il m’a regardé et m’a serré la main. Il m’a demandé des renseignements ; il parlait très bien le français et voulait savoir où étaient les Allemands, je lui ai répondu qu’ils pouvaient être partis derrière la rivière de la Sienne du côté de Coutances. A ce moment je ne savais pas qu’il s’agissait du Général Bradley. Quand il est reparti, les gendarmes m’ont dit que c’était lui. Le quartier général des Américains était dans un château au
    Petit Liesville ; il est resté là pendant un moment,
    puis ils l’ont changé. Avant le Débarquement les Allemands avaient occupé ce château.
    Des jeux dangereux
    On était jeunes, on a fait des bêtises. On démontait les grenades, on sortait la poudre et on en mettait un peu dans le fond de la cartouche pour faire des cartouches de chasse. On moulinait la poudre de fusil de guerre avec un moulin à café; la poudre de grenade ça fait exploser tandis que la poudre de fusil de guerre est faite pour pousser. C’était dangereux mais on avait peur de rien. Un jour, un collègue a eu une main déchiquetée par une charge de dynamite. On s’est calmé.
      

     
               
     
    EPILOGUE  
    Je ne souhaite pas que les jeunes voient la guerre ; la guerre c’est un massacre, c’est une honte ; j’ai vu des soldats américains déchiquetés. Le Débarquement c’est fini, et je ne demande pas à le revoir et je ne demande pas à ce que les jeunes voient cette chose là.
      C’est une honte de faire massacrer des gens pour rien du tout. Les jeunes ne se rendent pas compte de ce que ça peut être ; je ne souhaite pas que les jeunes voient une guerre ; c’est terrible…
     
               
           
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  • La Normandie aujourd'hui

    Les musées du débarquement :

    Plusieurs musées retracent l'histoire du débarquement, chacun ayant ses particularités. Le plus grand et le plus généraliste est sans doute le Mémorial de Caen, qui propose également un site internet. Il existe également d'autres musées plus ciblés : j'en ai visité la plupart ; les plus remarquables sont celui consacré à la 101e Air Borne (Ste Mère-Eglise) et celui consacré au port artificiel (Arromanches).

    14400 Bayeux
    Musée mémorial De Gaulle
    10 rue Bourbesneur 02 31 92 45 55

    Le musée présente une exposition permanente consacrée au débarquement, il est ouvert toute l'année.
    14000 Caen
    Mémorial musée pour la paix
    esplanade Gen. Eisenhower 02 31 06 06 44

    Ce musée, l'un des plus important de la région, mérite largement le détour : par ses moyens financiers plus importants, il permet une vision impressionnante de la guerre (des films projetés sur trois écrans, des reconstitutions...) et plonge le visiteur dans l'ambiance de la libération. Il est intéressant de noter que l'exposition ne s'arrête pas au débarquement, mais retrace la marche à la guerre et le long combat jusqu'à la reddition des puissances de l'Axe.
    14117 Arromanches-les-Bains
    Musée du débarquement
    place du 6 juin 02 31 22 34 31

    Situé dans la ville qui a accueilli le premier port artificiel, ce musée du débarquement est logiquement consacré pour l'essentiel aux deux ports "Mulberry", ce qui n'enlève rien de son intérêt, bien au contraire. Le musée propose des reproductions réduites des ports artificiels, et permet de mieux se rendre compte de l'imagination débordante du génie militaire de l'époque ...
    50480 Sainte-Mère-Eglise
    Musée des troupes aéroportées
    14 rue Eisenhower 02 33 41 41 35

    Ce musée est également situé sur un des lieux clés du débarquement : Ste-Mère-Eglise est la ville où les premiers soldats américains ont atterri, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 : le musée de l'U.S. Air borne se fait ainsi l'exposition du matériel aérien du débarquement : on trouve dans le musée des équipements de parachutistes, des explications et des détails sur l'opération aéroportée, et le plus impressionnant, un des planeurs qui ont atterri dans la nuit de débarquement.
    A noter : à proximité du musée, une exposition de matériel militaire de l'époque, comprenant des chars et autres jeep.


    Le port artificiel d'Arromanches

    Cliquez sur l'image pour l'agrandir...
    éArromanches. - La longue ligne des caissons en béton armé amenés d'Angleterre en flotaison et fixés en mer abritant un port artificiel. On remarque les tourelles de D.C.A..
    Cliquez sur l'image pour l'agrandir...
    éLes digues flottantes de sortie du port artificiel d'Arromanches fonctionnent entre les quais flottants et la plage. Un L.S.T. décharge 60 véhicules en 30 minutes.
    Ce port, construit deux semaines seulement après le début du débarquement, est un assemblage de caissons en béton, de gigantesques plate-formes et de digues flottantes. Deux de ces ports "Mulberry" ont été construit, mais seulement un seul a servi, celui de St Laurent ayant été dévasté par la tempête du 19 juin.
    Les éléments constitutifs furent tractés par bateaux depuis la côte anglaise, puis amarés sur des épaves précèdemment coulées : en fait on se servi des bateaux ayant participé au débarquement pour assurer la mise en place d'une jetée de fortune.
    Chaque caisson (appelé caisson Phoenix) a été équipé de D.CA., et forme un brise-lames : les bateaux accostent à l'intérieur de cette jetée, sur des plate-formes flottantes dotées d'un ingénieux système d'adaptation à la hauteur de la marée : quatre pieds coulissants assurent un équilibre et permettent aux bateaux de décharger leur cargaison sans danger.
    Cliquez sur l'image pour l'agrandir... Cliquez sur l'image pour l'agrandir... Cliquez sur l'image pour l'agrandir... Cliquez sur l'image pour l'agrandir...

     

     

     

     

     

     

    sources / http://normandie44.chez.com/normandi/musees.htm

      

      

      

     

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  • "Si vous pensez qu'ils arriveront par beau temps, en empruntant l'itinéraire le plus court et qu'ils vous préviendront à l'avance, vous vous trompez... Les alliés débarqueront par un temps épouvantable en choisissant l'itinéraire le plus long.. Le débarquement aura lieu ici, en Normandie..." (Maréchal Rommel, avril 1944)

     

     

    J - 3 20h 50

    Le 1er message de Radio-Londres ("L'heure des combats viendra"...) est capté par les résistants Français. Il annonce l'imminence du Débarquement et consistitue l'ordre de mise à éxécution des sabotages de voies ferrées de l'ouest. Placement en alerte de tous les réseaux.

    J- 2 23h00

    Radio-Londres envoie les messages complémentaires tant attendus (Le laboureur dans le matin brumeux... et ...Les sanglots longs des violons de l'automne...)donnant aux F.F.I l'ordre de sabotage généralisé du reliquat ferroviaire et des installations téléphoniques. Désormais, plus aucun train n'est en mesure d'acheminer du matériel vers la Normandie alors le réseau de télécommunications est neutralisé. La première strophe de Verlaine annonce l'éxécution dans les deux jours des opérations Neptune et Overlord. En Angleterre, acheminement des unités d'assaut vers les zones portuaires, fin de l'embarquement des derniers véhicules.Le 5 juin, le convoi est détourné en pleine mer. Overlord est provisoirement suspendu.

    J - 1 3h 30

    A l'état major du SHAEF, près de Porstmouth, "Ike" Eisenhower vient de donner le feu vert à son état major. Le jour J aura lieu le 6 juin après avoir annulé les opérations prévues pour le 5 juin..

    J - 1 20h00

    "Blessent mon coeur d'une langueur monotone..." La seconde partie de la strophe vient d'être prononcée par le speaker de radio-Londres. Mobilisation générale de tous les réseaux, et passage à l'offensive (Attaques de dépôts de munitions, de stations de transmission, embuscades sur tout le réseau routier, harcèlement des convois Allemands).

    Désormais, plus aucun convoi ferroviaire ne peut rejoindre la Normandie, le réseau téléphonique est totalement coupé, les mouvements de troupe sont devenus très difficiles en raison des coups de main continuels.Les alliés peuvent compter sur un effectif total d'environ 100.000 FFI . Les deux parties du message annonçant le débarquement provoquent des réactions inégales au sein de l'O.K.W, où beaucoup d'officiers n'y voient rien d'autre qu'une nouvelle manoeuvre d'intoxication des alliés.
     

    22h 00 Bombardement des batteries cotières, des ponts, et des stations radar du littoral Normand par l'U.SA.F et la R.A.F. Sainte Mère Eglise est touchée par plusieurs projectiles, l'un d'entre eux incendie une maison en centre ville. La Normandie est coupée du reste du monde.

    Simultanément, très importants bombardements sur le Nord Pas de Calais, largage de bandelettes metalliques destinées à créer un trafic fictif sur les radars Allemands. L'armada alliée, articulée en 47 convois, fait route vers la France, par forte houle et sous une pluie incessante. Dans le département du Morbihan, parachutage de quatre sticks de paras Français (2ème Bataillon F.F.L). Le caporal BOUETARD sera le premier mort allié du jour J. Il a été abattu par un volontaire Géorgien de l'Armée Vlassov.


    82 ème Airborne (Photo U.S Army)

    23 h 55
    Parachutage des équipes de pathinfders (éclaireurs) britanniques dont la mission est le balisage des zones de saut.
    JOUR J .
    00h 10

    A leur tour les éclaireurs des 101ème et 82éme Airborne sont largués entre Sainte Mère Eglise et Carentan, après avoir été acheminés par 20 C47.
    00h 20

    Les planeurs Albermale transportant 180 "Ox and Buks" du major Howard se posent à quelques centaines de mètres des ponts de Bénouville et Ranville. L'effet de surprise joue à merveille et après un bref mais violent combat, les points sont pris. pertes légères.

    Le message "Ham and Jam" (oeufs et jambons), prévu pour informer le SHAEF de la réussite de l'opération, est reçu quelques instants plus tard à Londres, où un soupir de soulagement monte à l'unisson : les ponts de Bénouville et Ranville sont aux mains d'Howard et ses commandos.
     

    00 h 45 730 avions et 355 planeurs Horsa et Albermale larguent les 3e et 5e brigades de la 6ème Airborne (commandée par le Gén. Gale). Les commandos Anglais (auxquels sont intégrés 450 paras Canadiens) s'élancent à l'assaut des 8 objectifs attribués par le S.H.A.E.F. Malgré la dispersion due au vent violent et la perte d'une grande partie du matériel, les premièrs sticks commencent à se regrouper au sol. 7990 hommes sont engagés.


    Embarquement en Grande Bretagne (Photo I.W.M)

     

    01h 00 Parachutages des 15.000 soldats et officiers de la 82ème Airborne et de la 101ème Airborne à bord de 1660 C47 et 152 planeurs Waco. seuls les 501ème , 505ème, et 506ème Régiments atterissent à peu près sur leur drop zone initiale. Pertes importantes. Nombreux noyés dans la zone immergée par l'occupant (Marais de Carentan). Les unités sont pour la plupart dispersées et se regroupent en noyaux hétérogènes. une partie du 505 PIR est largué sur Sainte Mère Eglise. Le P.F.C John Steele, blessé par balles, restera suspendu plusieurs heures au clocher de l'eglise, avant d'être fait prisonnier. La 101ème Airborne est dispersée sur une vaste partie du Cotentin. Plusieurs paras atterrissent même au bas de la pointe du Hoc : ils participeront à l'assaut avec le 2e Rangers de Rudder !....


    Paras à Saint Marcouf (Photo U.S Army)

     

    02h 00
    Les ponts de Troarn, Robehomme et Bures sont détruits par la 6è Airborne.En mer, les troupes d'assaut commencent à gagner les landing craft infantery (L.C.I)
    03h 30
    Le matériel lourd de la 6e Airborne, dont 6 chars légers Tetrach se posent à l'est de l'Orne.
    04h 30 Prise de la batterie de Merville par les paras Britanniques du 9th Parachute Battalion. Destruction des pièces Skoda de 100 mm . 1000 paras du 505 P.I.R (82è Ab) investissent Sainte Mère Eglise et se rendent maîtres du village après de violents combats. De retour de Rennes, Le général Wilhem FALLEY, commandant la 91ème D.I est abattu par un groupe dont fait partie Jack Schlegel, para US du 508e.


    Planeur Horsa au départ d'Angleterre (Photo I.W.M)

     

    5h 20 A La Madeleine et Vierville, le sous-lieutenant Arthur Jancke (709e DI Wh) et le major Werner Pluskat (352e DI Wh) comtemplent, médusés, un spectacle terrible et presque surréaliste. Des centaines de navires, bardés de dirigeables, se trouvent maintenant à moins de deux milles des côtes !!!.... La plus grande armada de tous les temps est là, face à eux... Tous deux réalisent subitement que la mer est basse, les obstacles qu'ils avaient mis des semaines à dresser ne serviront à rien !... Tout est à nu sur cette plage... Ils arrivent !...
    05h 30

    Les paras US du 505ème (82 A.B) ont investi Sainte Mère Eglise. Toutefois, la ligne de front reste précaire et des élements de la 91e D.I retranchés dans le manoir de la Fière mettent la compagnie A en échec. La route vers Cauquigny , donnant accès à la R.N 13 n'est pas encore tenue.

    05h 50

    Les 6939 navires de l'armada alliée abordent les côtes Normandes. Les premières salves de marine explosent sur le littoral. De nombreuses casemates sont anéanties ou très sérieusement endommagées. Si les pertes Allemandes sont assez peu élevées, l'effet psychologique causé par ce déluge de feu et d'acier est indéniable. beaucoup de soldats sont choqués et hors de combat. La première vague d'assaut est à six kilomètres des côtes.


    Débarquement de matériel Anglais à bord d'un LCT (Photo I.W.M)

    06 h 00

    1365 bombardiers lourds déversent 13400 tonnes de projectiles sur les plages. Les objectifs prévus sont réalisés, à l'exception d'Omaha Beach, où les ouvrages bétonnés restent intacts, les bombes tombant à plus de 800 mètres de la ligne de défense. Les équipes enfermées dans les blockauss peuvent maintenant voir, face à eux, dans toute son étendue, l'incroyable flotte alliée. Les renseignements arrivent par bribes à l'état major de l'O.K.W.

    06 h 30

    Les premières vagues d'assaut se lancent sur Utah et Omaha. Sur la première plage, une erreur de navigation des conducteurs de péniches fait débarquer les troupes à 2000 mètres à l'ouest de l'objectif initial. Sur le site, les obstacles sont beaucoup moins nombreux qu'à l'endroit prévu, et en grande partie détruits par les bombardements. Une vague de P 47 Thunderbolt achève la neutralisation des points d'appui. Quelques minutes plus tard, les équipes d'assaut du 8th R.C.T s'élancent sur le sable des secteurs Uncle red et Tare green ; elles sont appuyées par les Sherman D.D du 70th Tank Batallion. Jancke tente de s'opposer à ce déferlement, mais les armes qui restent encore en état de marche dans ce chaos sont proches du néant absolu... ses soldats se rendent un à un, les nerfs lâchent, beaucoup sont pris de crises de nerf.


    Le sous-lieutenant Arthur Jancke en 1944.
    (Photo ECPA)

    06 h 35

    La première vague d'assaut est littéralement laminée à Omaha Beach. Pertes très importantes sur les secteurs Charlie, Dog et Fox. Aucun appui feu n'est disponible, la quasi-totalité des 32 Sherman Duplex Drive ayant sombré dès leur mise à l'eau. La réaction ennemie (352è D.I) cloue au sol les éléments des 1ere et 29e D.I.U.S. Les premiers renseignements sur la situation sont alarmants.

    07 h 10

    Les 225 Rangers du 2e Bataillon (placé sous le commandement du Colonel Rudder) entament l'escalade de la Pointe du Hoc. Progression rapide malgré une violente réaction de l'ennemi. A Utah, la plage est définitivement tenue par le 8ème Infantery Regiment (4è D.I, "The Ivy"), les pertes sont inférieures à 50 hommes. Situation critique sur Omaha, où les pertes subies par la première vague dépassent 60% des effectifs engagés.


    Rangers à la Pointe du Hoc (Photo U.S Army)

    07h 30

    Assauts simultanés par les troupes Anglo-Canadiennes à Gold, Juno et Sword. Sur les trois plages, si les pertes matérielles sont élevées, les objectifs semblent pouvoir être atteints dans les délais. Les 178 Français du commando n° 4 (Cdt Kieffer) s'élancent vers Riva Bella. Jean Couturier est de ceux-là


    Sword Beach (Photo I.W.M)

    07 h 30

    Arrivée de la seconde vague d'assaut à Omaha Beach ; aucune progression possible. les survivants de la première vague demeurent cloués au sol. Le débarquement se poursuit toutefois, dans la plus totale confusion.

    08 h 45

    Juno est conquise après de violents combats au corps à corps. La progression vers les terres peut commencer. Les soldats Canadiens font preuve d'un courage à toute épreuve.


    Hermanville (Photo I.W.M)

    09h 30
    Les Rangers ont investi la pointe du Hoc, malgré une opposition ennemie très forte.
    10h 00

    Le 2e East Yorkshire (3e D.I Britannique) s'empare de la batterie de Riva Bella alors que dans le même temps, le Royal commando 41 prend Hermanville après de lourdes pertes. Le casino de Ouistreham vient également de tomber sous l'assaut des "Frenchies" du commandant Kieffer. Si Juno est maintenant totalement nettoyée, 600 hommes sont hors de combat sur la plage.

    10H 50 Gold est conquise, au prix de 400 soldats hors de combat. Prise de la batterie du Mont Fleury (2 pièces de 155) et de la Mare Fontaine (4 x 155 mm) par le 6è Green Howard (69ème brigade britannique). Sur Omaha, la situation est toujours aussi dramatique, Bradley envisage de faire rembarquer ses vagues d'assaut.


    Paras de la 6ème Airborne (Photo I.W.M)

    Le point d'appui WN 5 de la Madeleine est totalement détruit, le sous lieutenant Jancke est à demi-enterré vivant... Dans un semi-coma, il distingue à peine un silhouette s'approcher de lui, l'enlevant aux décombres qui l'oppressent... C'est un infirmier Américain... Pour Arthur Jancke, ainsi se termine la guerre...
     

    13h 30

    Le commando 4 de la 1ère brigade spéciale de Lord Lovat relève les hommes du major Howard à Bénouville. En tête du détachement, un piper franchit le pont au son de "Black bonnet over the border" , à la stupéfaction des "Ox and Bucks" . C'est ainsi que Bill Millin entrera dans la légende du jour J. La radio Américaine, par la voix d'Eisenhower, annonce le débarquement

    14h 00

    La situation s'est stabilisée à Omaha Beach où les unités d'assaut s'engouffrent maintenant, mais avec difficultés, vers l'intérieur des terres

    .
    Vue d'Omaha Beach (Photo U.S Army)

    19h 00

    Les jonctions entre la 4ème DI et les éléments 82 ème Airborne les plus à l'ouest viennent de s'effectuer. ( pour les unités situées à l'est de Sainte Mère Eglise, celle ci ne sera réalisée que le 9 juin)

    20h 00

    La tête de pont sur Omaha est définitivement établie. A l'est de l'Orne tous les objectifs de la 6ème Airborne sont réalisés avec seulement 60% des effectifs. Le 2nd Rangers tient toujours la pointe du Hoc, mais a du repousser plusieurs contre attaques successives. Les Anglais de la 50ème D.INorthumbernian sont aux portes de Bayeux.

    Bilan

    Au soir du 6 juin la majeure partie des objectifs a été réalisée, 135.000 hommes et 22.000 parachutistes ont débarqué, les pertes s'élèvent à 9500 morts, blessés, prisoniers ou disparus, nettement moins que les prévisions du SHAEF.20 000 véhicules dont 900 chars ont été débarqués, 1400 tonnes d'approvisionnement sont à terre. Bayeux est en partie aux mains des alliés, les deux ports artificiels d'Arromanches est en cours d'installation ainsi que plusieurs terrains d'atterrisage. En revanche, Caen et l'aérodrome de Carpiquet sont toujours Allemands, malgré l'héroïsme de la 3e D.I Canadienne. Les batteries de 210 mm de Crisbecq continuent de tirer sur les navires alliés.La pointe du Hoc subi de nouvelles contre attaques de l'occupant. Globalement, malgré ces éléments , les opérations se sont passées selon le meilleur scénario possible. Mais, la bataille de Normandie ne fait que commencer. Elle durera 7 semaines pour s'achever le 25 août avec la fermeture de la poche de Falaise. Les Allemands perdront durant ces deux mois 230.000 hommes et 2200 blindés.


    Vue d'Omaha Beach le 7 juin 1944 (Photo U.S Army) 

      

    SOURCES LIEN - http://stephane.delogu.pagesperso-orange.fr/chronologie.html

      

      

     

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    Le saviez-vous ? Dans la nuit du 5 au 6 Juin 1944, John Steele, soldat de la 82ème Airborne Division, fut l'un des héros de la prise de Sainte-Mère Eglise. Le sort voulut qu'il se retrouve suspendu par la pointe de son parachute au clocher de l'église. Pris pour cible par les Allemands et blessé, il fit le mort 2 heures durant jusqu'à ce qu'un soldat Allemand le fasse prisonnier.

    Le Débarquement en chiffres :

    Véhicules mis à terre 20 000 dont 900 chars
    Soldats ayant débarqué 135 000
    Nombre de parachutistes 22 000
    Pertes humaines (blessés, tués, disparus) environ 10 000
    Tonnes d'approvisionnement mises à terre 1 400

      

      

      

    Heure par heure, la chronologie du Débarquement :

     

      

    3 juin, 20H50 : le premier message de la BBC : "l'heure des combats viendra…" est capté par la Résistance. Il annonce l'imminence du Débarquement et constitue l'ordre de lancement des opérations de sabotages des voies ferrées de l'ouest.
    4 juin, 23H00 : la BBC diffuse des messages complémentaires dont "Les sanglots longs des violons de l'automne". donnant aux résistants l'ordre de sabotage généralisé des installations ferroviaires non encore détruites et des installations téléphoniques.
    5 juin, 3H30 : Eisenhower donne le feu vert définitif à son état major : le jour J est fixé au 6 juin.
    20H00 : "Blessent mon coeur d'une langueur monotone" : diffusion de la seconde partie de la strophe du vers de Verlaine sur la radio de Londres. Mobilisation générale de tous les réseaux et passage à l'offensive.
    22H55 : parachutage des équipes d'éclaireurs britanniques dont la mission est le balisage des zones de saut.
    6 juin à partir de 0h00 : 1135 bombardiers britanniques déversent 5 800 tonnes de bombes sur une dizaine de positions côtières.
    1h30 : la 101ème Division Aéroportée américaine est larguée à l'est d'Utah Beach. Peu après, parachutage anglais à l'est de l'Orne.
    2h30 : bombardements sur l'ensemble des côtes. Devant Omaha Beach, transfert des troupes des navires sur les barges de débarquement.
    3h50 : les paras anglais s'emparent de Ranville, premier village libéré.
    4h30 : libération de Sainte-Mère Eglise et des Iles Saint Marcouf.
    5h50 : Les 6 939 navires de l'armada alliée abordent les côtes normandes.
    6h00 : 13 400 tonnes de bombes larguées sur les plages. Une demie heure plus tard, premières vagues d'assaut sur Utah et Omaha Beach.
    07h30 : assauts simultanés par les troupes anglo-canadiennes à Gold, Juno et Sword. Les 178 Français du commando n° 4 s'élancent vers Riva Bella. Arrivée de la seconde vague d'assaut à Omaha Beach.
    13h30 : la radio américaine, par la voix d'Eisenhower, annonce le débarquement.
    20h00 : La tête de pont sur Omaha est définitivement établie.

    La bataille de Normandie ne fait que commencer : elle durera 7 semaines pour s'achever le 25 août avec la fermeture de la poche de Falaise.

      

      

      

     

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  • PAROLES de RESISTANTS NORMANDS - JEANNE FERRES 1924-2005

     

    JEANNE FERRES 1924-2005

    Madame Ferres explique aux élèves qu’elle avait leur âge , 15 ans, juste avant la guerre. Elle garde un souvenir très heureux de cette époque-là : une société normale, peu informée de tout ce qui se tramait en Allemagne ( les camps de concentration, les mesures contre les opposants au nazisme, les Instituts d’Euthanasie,…) ; on croyait aux slogans patriotiques : « nous vaincrons parce que nous sommes les meilleurs » ; on avait confiance dans la Ligne Maginot

    Elle habitait Cherbourg. La défaite soudaine fut pour elle, comme pour tous les Français, un coup sur la tête . Et l’arrivée des blindés allemands un spectacle épouvantable, une apocalypse. Honte et tristesse… Son père embarque et gagne l’Angleterre avec la flotte dans l’intention d’y poursuivre le combat.

    Il fallut participer à l’exode, d’autant que la maison familiale avait été bombardée.Jeanne se rend chez ses grands-parents à la campagne, avec sa mère et les deux autres enfants. On camoufle la maison dans l’espoir d’éviter les bombes.

    Les Français de la zone occupée se sentent prisonniers. Ils ont un très fort ressentiment envers les Allemands, des intrus, , qui accaparent la nourrriture, instaurent des cartes de rationnement ( nourriture, textiles ), privent les Français de leurs libertés en muselant la presse, en interdisant les rassemblements, en imposant le couvre-feu à 20 h.. Pour certains Français, l’humiliation et le déshonneur ressentis sont insupportables.

    S’engager est alors un devoir pour certains français au patriotisme développé. L ’Appel du Général De Gaulle leur sert de déclencheur.

    La culture familiale des Ferrès portait à la résistance.

    D’assez nombreuses personnes avaient, comme mon père, décidé de poursuivre le combat en choisissant de passer en Espagne ou en Algérie. Ceux-là ne supportaient pas la défaite ni le discours pétainiste.

    Jeanne revient donc à Cherbourg pour y loger chez un oncle. Ce dernier cachait alors deux employés d’une compagnie d’assurance anglaise, en réalité des agents des services secrets britanniques résidant à Cherbourg avant l’arrivée des troupes allemandes, et qui n’avaient pas voulu regagner leur pays afin de continuer à le servir en territoire occupé.

    Ce fut le premier contact de Jeanne avec la Résistance.

    Après une rapide formation, elle dut accomplir un travail de renseignement pour le compte direct des services spéciaux anglais. Cette phase dura quelques mois. Puis, elle fut recrutée en fin 1940 par le Service inter-allié , section des services secrets polonais.

    Jeanne nous indique qu’il y eut pendant la guerre 228 réseaux homologués, dont 8230 membres sont morts, 2318 internés et 7381 déportés.

    La mère de Jeanne Ferrès ignorait tout des activités de sa fille, qui savait que le meilleur moyen de se préserver était de ne parler à personne. Sa mère finit cependant par se douter de ses agissements.

    Jeanne ignorait elle-même jusqu’où la mènerait son action…

    Elle travaillait avec son oncle, elle devait colporter tous les renseignements susceptibles d’intéresser les Alliés : dépôts de munitions, ouvrages militaires, concentrations de troupes, nature des divisions, aérodromes, dépôts d’essence ou avancement du Mur de l’Atlantique. Ces renseignements étaient collectés par des agents de liaison qui se chargeaient de les communiquer à un intermédiaire, lui-même en contact avec le chef du réseau.

    Son arrestation se produisit le 6 Novembre 1941 à Saint-Lô (Manche), par le service de contre espionnage allemand , l’Abwehr, opérant en France sous les ordres de l’Amiral Wilhelm Canaris (1). Elle avait été trahie par un agent corrompu du réseau. Jeanne Ferrès revient à plusieurs reprises sur l’abomination que furent les dénonciations entre français.

    Elle passa deux jours dans la prison de Saint-Lô, puis fut transférée à la prison de la Santé à Paris et mise au secret pendant vingt deux mois . Elle ne reçut ni visites, ni paquets, ni lectures. Dans sa cellule , pas de fenêtre, et juste une cruche d’eau pour toute une journée sans promenade.

    Les cellules n’étaient pas chauffées, et l’hiver 1941-42 fut très froid : les engelures et autres maux accompagnaient la douleur morale d’être totalement coupée du monde.

    La seule façon de combattre était le rêve, moyen d’auto-défense, la croyance en la victoire des Alliés. 17 ans, c’est l’âge de l’espoir et des rêves… La demi-douzaine d’interrogatoires qu’elle dut subir se déroulèrent à l’Hôtel Georges V à Paris. Les Allemands restaient courtois, mais ils exerçaient une pression morale, « un chantage affectif » en évoquant le sort qui serait réservé à sa famille si elle ne disait rien. Mais cela ne la troublait pas trop dans la mesure où elle savait son père hors de France et donc hors de danger.

    Si Jeanne confrontée à l’Abwehr n’a subi aucune torture, il n’en a pas été de même pour ceux qui eurent affaire à la Gestapo, laquelle infligeait sévices et tortures morales à ses prisonniers. On peut citer ici une anecdote : Jeanne Ferrès avait une voisine de cellule, Renée Lévy, professeur de lettres, qu’elle ne connaissait que par les « dialogues » sommaires établis en tapant aux cloisons. Un soir, celle-ci, se sachant condamnée à mort, lui fit parvenir ses dernières affaires par un gardien complice. Elle fut exécutée à la hache en Allemagne, et ses cendres reposent aujourd’hui au Mont-Valérien près de Paris. Jeanne Ferres découvrit, longtemps après, les traits du visage de son amie d’infortune sur un timbre-poste faisant partie d’une série consacrée aux personnalités de la Résistance.

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée à la prison de Fresnes, en Octobre 1942, et elle y resta jusqu’au printemps 1943. Les conditions étaient meilleures : eau courante et de grandes fenêtres au quatrième étage de la prison, qui lui permettaient de redécouvir les plus simples gestes de la vie : voir enfin le ciel et pouvoir respirer ! Là, elle connut un prêtre allemand francophile qui lui prêtait des livres en cachette ; il était charitable, profondément bon et très apprécié de tous (2). Cet Abbé Stock, était un admirateur de Pierre Brossolette qu’il visitait dans sa cellule. Pierre Brossolette, grand résistant devait se suicider en mars 1944 pour ne pas parler sous les tortures qui lui furent infligées par ses bourreaux. Il se jeta par sa fenêtre du cinquième étage de l’immeuble où la Gestapo l’avait interrogé. Lorsque la mère de notre témoin voulut rendre visite à sa fille à la prison, on le lui refusa. L’abbé Stock s’intéressa alors à cette dame accompagnée de son tout jeune fils. Le prêtre l’écouta, et contre toutes les règles en vigueur, procura à Jeanne l’une de ses plus grandes joies dans ces tristes moments en lui faisant passer un mot de sa mère.( note et photo)

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée au camp de Romainville pendant trois mois avant d’être déportée dans celui de Ravensbrück ( note ) , réservé aux femmes, où il y eut 90.000 mortes sur les 130.000 personnes internées. Ce camp était situé au nord-est de Berlin dans une région assez touristique dotée d’un magnifique et grand lac, appelée cependant Petite Sibérie à cause de l’influence des courants climatiques venus de la Baltique.

    Lors du premier mois passé dans ce camp, les détenues étaient mises à l’épreuve avec des travaux les plus pénibles : décharger des péniches, pousser des wagonnets ou répandre les cendres des déportées incinérées dans les petits jardins SS qui surplombaient le lac proche de Ravensbrück. Les femmes étaient rassemblées dans plusieurs blocks contenant chacun huit-cents personnes, pour lesquelles il n’y avait que seize points d’eau et cinq toilettes. La journée commençait tôt (à 3 heures 30 en été et à 4 heures en hiver). Après avoir bu un breuvage chaud, c’était pour toutes l’appel qui durait souvent plus d’une heure, quel que soit le temps. Elle a connu des appels dans un froid de -32°, juste vêtue d’une robe. Les femmes étaient rangées par ordre numérique car nous n’avions plus d’identité, souligne-t-elle, nous n’étions plus qu’un numéro, toutes au garde à vous, quels que soient l’état et l’âge… Les journées de travail étaient de douze heures, coupées par une demi-heure pour prendre une pause déjeuner. Les déportées étaient louées à des groupes industriels : pour Jeanne Ferrès, ce fut à l’usine Siemens. Cela rapportait de l’argent aux nazis qui tiraient vraiment partie de tout ! La journée s’achevait comme elle avait débuté, par un appel interminable, avant que les détenues ne puissent enfin prendre une soupe accompagnée d’un peu de pain.

    Le samedi après-midi et le dimanche, les détenues se retrouvaient entre elles un peu plus librement. L’été 1943 amena une chaleur torride, aggravant encore la situation. Ces conditions entraînaient une grande mortalité. Tous les matins, les cadavres étaient déposés à l’entrée du bloc et ramassés par une brigade spécialisée. Aucune disposition n’était prise pour les femmes enceintes. Ainsi les médecins du camp noyaient, étranglaient ou tuaient d’une balle dans la nuque les nouveaux-nés. A partir de 1944, les bébés furent laissés vivants, mais ils mouraient de faim : sur huit cents bébés , une douzaine seulement sont sortis du camp, dont trois petits français.

    Les détenues trop faibles ou malades étaient emmenées dans des camions, et leurs vêtements revenaient au camp : on savait bien qu’on les avait supprimées, mais on ne savait pas alors comment. C’est après la guerre, seulement, qu’on a appris qu’on les avait conduites dans des camps équipés où elles furent exterminées soit dans des chambres à gaz, soit dans des cliniques où l’on pratiquait l’euthanasie… En fait, on utilisait à Ravensbriick les femmes aussi longtemps qu’elles pouvaient avoir un certain rendement et travailler. Le travail était si rude que certaines femmes, surtout les plus âgées, mouraient sur place sur le chantier.

    Chaque matin, aux abords de chaque block, des monceaux de cadavres étaient formés, un commando de déportées se chargeait de ramasser les morts de la nuit.

    Certaines avaient aussi subi des expériences chirurgicales atroces.

    Pour Jeanne Ferrés, la situation était moins dure que pour certaines femmes. En effet, quelques-unes avaient laissé de jeunes enfants derrière elles, et l’inquiétude les conduisait parfois jusqu’à la folie. Mais Jeanne savait très bien qu’étant classée Nacht und Nebel , Nuit et Brouillard (3) elle pourrait disparaître à tout moment. Elle a confié avec une émotion difficilement contenue sa fierté d’avoir côtoyé des femmes admirables, courageuses, ayant de de l’humour et de la dignité. Très jeune encore, elle ressentait pleinement l’affection de toutes ces femmes et elle avoue ne pas avoir souffert de la promiscuité : car ces femmes étaient formidables, affirme-t-elle, la plupart savaient pourquoi elles étaient là. En effet, elle avaient été arrêtées pour acte de résistance. La vie au camp était beaucoup plus mal ressentie pour toutes les déportées arrêtées pour des raisons raciales ou celles qui, ayant été otages, avaient du être incarcérées à la place de quelqu’un d’autre… Les femmes de mon block partageaient le même idéal, notre sort était le même ; toutes étaient entre les mains de l’autorité supérieure du camp qui pouvait à n’importe quel moment venir nous chercher et nous faire subir le sort de Renée Lévy…

    Dans le camp, il n’y avait plus de barrières sociales, les vingt-trois nationalités représentées étaient toutes solidaires, on pouvait ainsi ne pas désespérer de la noblesse des êtres humains. Jeanne Ferrès a évoqué de nombreux actes de solidarité et d’amour. Ainsi celui de Mère Marie, religieuse orthodoxe qui avait été déportée pour avoir organisé un réseau d’accueil pour les évadés (4) . Lorsqu’une jeune femme juive, qui était mère, fut appelée pour être exécutée, la religieuse alla mourir à sa place…

    Autre souvenir, celui d’un bébé, Jean-Claude, qui fut sauvé par plusieurs détenues. Pour le nourrir, elles avaient transformé des gants de chirurgien volés et troués pour former des tétines.

    Jeanne Ferrès n’était plus à Ravensbrück lorsque le camp fut libéré. En effet la Croix-Rouge, dirigée alors par le comte Bernadotte de Suède (5), avait engagé des tractations avec les Allemands. Ces derniers avaient réuni toutes les NN ressortissantes des pays occupés par l’Allemagne et les avaient acheminées sur le camp de Mauthausen. Il revint ensuite chercher les françaises. Au total, Bernadotte aurait sauvé jusqu’à 25000 détenus. Jeanne Ferrés, elle, s’était cachée avec une douzaine de ses camarades. Elles réussirent à se dissimuler pendant quelques jours dans les plafonds du block, mais finirent pas se faire prendre et elles furent échangées contre des vivres et des médicaments. Ravensbrück fut libéré une semaine après son départ.

    Le moment du départ du Camp ne fut pas marqué par la joie ; les cadavres entassés devaient être brûlés sans délai, les armées alliées approchant, la fumée et l’odeur étaient partout, et Jeanne a pu dire : J’en garde un souvenir tel que je n’ai jamais pu remettre les pieds, en visite, dans un camp de concentration, ni aller à aucun pèlerinage. en pensant à toutes ces femmes que je laissais là-dedans…donc, je n’étais pas contente : ce n’était pas la Délivrance d’un Camp…L’odeur de toutes ces femmes porteuses de plaies infectées, de maladies de toutes sortes, l’odeur de l’Humanité souffrante en plus de cette fumée issue des fours crématoires…C’est un événement que j’aurais été incapable de raconter avant car cela m’aurait fait trop mal mais désormais, je peux plus facilement témoigner.

     

    La douzaine de déportées avait alors rejoint la Suède, après avoir traversé le Danemark, qui leur avait réservé un accueil triomphal, bien que ce pays fût encore occupé par les Allemands. Dans un premier temps, elles furent placées en quarantaine dans un gymnase de Trellebeurg puis dans un petit village, Ryd, au nord de Stockholm (où théâtres et cinémas avaient été équipés pour leur hébergement).Le 8 mai 1945, elle put saluer la capitulation de l’Allemagne en présence d’ un représentant français.

    Les dangers de contamination passés, après un suivi médical très poussé, une réalimentation progressive dûment dosée (Jeanne Ferrés pesait trente-deux kgs à son arrivée !) choyées comme des nourrissons, nous sommes parties à douze dans un château situé à trois kilomètres de Stockholm, Hässelby Slott .

    Lorsque notre témoin rentra enfin chez elle, son père était revenu d’Angleterre. Elle ne put ni retrouver son existence antérieure, ni raconter son expérience à ses parents. Elle pesait soixante kilos à son retour ; comment expliquer ce qu’elle avait subi ? C’était incommunicable. Elle apprit de sa mère l’existence difficile que celle-ci avait dû mener avec ses deux plus jeunes enfants. Jeanne Ferrès choisit de partir de chez elle peu après son retour…

    Laissons la parole aux élèves :

    Nous fermons nos blocs-notes, une impression étrange flotte. Notre esprit fait un bond dans le temps avant de retrouver nos camarades flânant déjà dans le Musée.

    Pas de paroles échangées, mais nous nous rappelons la rage que nous a avoué ressentir Jeanne Ferrès lorsque des personnes nient l’existence des camps de concentration. Il nous revient aussi à l’esprit la solidarité présente à chaque horreur, à chaque injustice. Nous semblons accorder à présent peu d’importance à certaines valeurs pourtant fondamentales.

    Nous n’oublierons pas avant longtemps ce témoignage et s’il peut nous préserver de vivre les mêmes situations, ce sera une bonne chose.

    Voici le message final que Jeanne Ferrès a voulu délivrer aux jeunes gens venus l’écouter :

    « Je n’ai pas la moindre animosité à rencontre du peuple allemand qui a été le premier à souffrir d’un régime basé sur la terreur et la délation. Il fallait être courageux pour oser se rebeller et pourtant, il y eut la Résistance Allemande. Elle a payé très cher et fait preuve d’un courage admirable très tôt : c’est pour les opposants allemands que les premiers camps de concentration ont été construits ! La Résistance allemande était formée de catholiques, de protestants, de socio-démocrates, des communistes de l’Orchestre rouge

    (6 ) et d’étudiants comme ceux de la Rose blanche (7 ).

    Cependant, aujourd’hui, malgré les cinquante années qui se sont écoulées, je ne peux pardonner aux nazis les souffrances qu’il ont infligées à mes compagnes de déportation, aux enfants martyrisés à Ravensbrûck, pauvres victimes innocentes d’une idéologie abjecte. Témoin visuel de ces atrocités, non, je ne peux vraiment pas pardonner !

    Pas de pardon non plus pour les Français qui ont offert leurs services à ces bourreaux, les égalant même parfois. Pas de pardon aux français qui n’ont pas hésité à livrer leurs compatriotes souvent de façon anonyme, parfois pour de l’argent, sachant qu’ils les vouaient à une mort certaine. Derrière chaque déporté, il y a peut-être un français qui l’a dénoncé. Par leur attitude, les français ont participé au génocide et à l’arrestation d’autres Français qui se faisaient un devoir d’agir dans le but de réhabiliter l’honneur de la France.

    Je garde de la haine pour les nazis adeptes d’une abjecte idéologie, comme pour les négationnistes de France et d’ailleurs. Ils sont nuisibles : la seule chose à faire est de ne pas voter pour eux : le vote est , en effet, la seule arme du citoyen.

    J’ai essayé de vous apporter les précisions qui me paraissaient utiles pour un exposé très complet. Je me rends compte qu’il est très difficile de parler de soi. Je l’ai fait pour que vous serviez de relais auprès des plus jeunes qui ne pourront pas nous entendre puisque nous ne serons plus là. N’oubliez pas notre message. IL tient en un seul mot : Vigilance

     

    Après la Guerre, Jeanne Ferrès . a entrepris des études d’infirmière et d’assistante sociale. Et elle a trouvé un emploi dans un service de Prévention de l’Enfance en Danger , choix professionnel qui découle directement de ce qu’elle a pu observer à Ravensbrück

    Propos recueillis et mis en forme par Marie-Céline Bard, 15 ans

     

    sources : https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/7-jeanne-ferres

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    COMITE VALMY

      

      

    Les Trois Guerres de Madeleine Riffaud

     

    Considérée comme la plus jeune résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud est connue pour avoir abattu un officier nazi en plein Paris. Arrêtée, torturée puis condamnée à mort, elle est miraculeusement sauvée quelques jours avant la Libération.

    Marquée à jamais par cette période à la fois intense et dramatique de sa vie, Madeleine Riffaud devient correspondante de guerre et grand reporter ! Ses engagements la mènent en Europe, en Asie et en Afrique où elle couvre trois guerres : Indochine, Algérie, Vietnam, échappant plusieurs fois à la mort. La combattante témoigne à travers des photos, des films, des livres et des articles. « Je ne me sens bien que lorsque je suis en danger », déclare l’héroïne qui toute sa vie n’aura cessé de prendre des risques. A 86 ans, Madeleine vit au coeur de Paris et revient avec émotion et lucidité sur son parcours unique.

     

     

    sources / http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve392

     

     Madeleine Riffaud

     
     
     

    Madeleine Riffaud, née à Arvillers-Somme le 23 août 1924, est une héroïne de la résistance, poétesse, journaliste et correspondante de guerre française.

     

    Biographie :

    Engagée dans la Résistance française à l'âge de 18 ans sous le nom de code Rainer, elle participe à plusieurs « coup de mains » contre l'occupant Nazi, dont l'attaque du train de la Butte Chaumont où elle contribue à la capture de sept soldats de la Wehrmacht.

    Responsable d'un triangle du Front National des Etudiants du Quartier latin, elle entre dans les FTP en juin 1944. Elle obéit au mot d'ordre d'intensifier les actions armées en vue du soulèvement parisien d'août 1944, ce qui la mène à exécuter en plein jour un membre de l'armée d'occupation. Capturée par un milicien, elle est livrée à la Gestapo. Torturée (rue des Saussaies près de la place Beauvau à Paris), condamnée à mort, elle échappe cependant à son exécution et à la déportation. Libérée à la mi-août[1], elle reprend immédiatement son combat dans la Résistance où elle est affectée à la Compagnie St-Just avec le grade d'aspirant. Son engagement s'arrête à la fin des combats pour la Libération de Paris, l'armée régulière ne l'acceptant pas en tant que femme d'une part, mineure d'autre part. Ses camarades de la Compagnie St Just poursuivent la lutte contre les nazis au sein de la Brigade Fabien jusqu'à la victoire totale sur le régime hitlérien.

    Journaliste, poète, correspondante de guerre, grand reporter pour le journal L'Humanité, écrivaine, après 1945, elle couvre la guerre d'Algérie, où elle est victime d'un attentat organisé par l'OAS. Aussitôt guérie, elle couvre la guerre du Viêt Nam pendant sept ans, dans le maquis du Vietcong sous les bombardements américains. À son retour, elle se fait embaucher comme aide-soignante dans un hôpital parisien, expérience dont elle tire le best-seller Les Linges de la nuit.

    Citation :

    « Neuf balles dans mon chargeur
    Pour venger tous mes frères
    Ça fait mal de tuer
    C’est la première fois
    Sept balles dans mon chargeur
    C’était si simple
    L’homme qui tirait l’autre nuit
    C’était moi »
    « Femmes avec fusils »

    Œuvres :

    • Le Poing fermé (1945). Avec un frontispice de Picasso et une préface de Paul Eluard.
    • Le Courage d'aimer (1949)
    • Les Carnets de Charles Debarge, documents recueillis et commentés par Madeleine Riffaud (1951)
    • Les Baguettes de jade (1953)
    • Le chat si extraordinaire (1958). Contes du Viet-Nam illustrés de dessins de Ragataya. Livre pour enfants paru aux éditions La Farandole.
    • Ce que j'ai vu à Bizerte (1951) Supplément à l'HUMANITE N°5265 du 2/08/1961
    • Merveille et douleurs : l'Iran (1963) Recit publié en 1963 dans l'Humanité probablement d'abord sous forme d'articles en octobre 1963
    • De votre envoyée spéciale... (1964). Avec un portrait de l'auteur par Pablo Picasso. Prix 1965 de l'Organisation internationale des journalistes
    • Dans les maquis "Vietcong" (1965). (Réédition commentée par Philippe Devillers et Madeleine Riffaud)
    • Au Nord-Vietnam : écrit sous les bombes (1967)
    • Nguyễn Ðinh Thi : Front du ciel (Mãt trãn trên cao) (1968). Roman adapté en français et préfacé par Madeleine Riffaud.
    • Cheval rouge : anthologie poétique, 1939-1972 (1973)
    • Les Linges de la nuit (1974)
    • On l'appelait Rainer : 1939-1945 (1994) Entretien avec Gilles Plazy.
    • La Folie du jasmin : poèmes dans la nuit coloniale (2001)
    • Bleuette (2004)

    Cinéma :

    En 1965, elle tourne Dans le maquis du Sud-Vietnam, un film de cinéma militant. Elle a sorti un DVD en novembre 2007.

    Télévision :

    Les trois guerres de Madeleine Riffaud, documentaire de Philippe Rostan (2010).

     

     

    SOURCES : WIKIPEDIA  - photos - google

      

     

    MADELEINE 

     

     

     

     

    Madeleine Riffaud raconte son engagement

    dans la Résistance et ses motivations.

     

     

    POUR APPRECIER cette VIDEO - cliquer sur le LOGO CENTRAL de RADIONOMY - colonne de gauche en bas... le fond musical du blog sera supprimé.

     

     

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  • Vera Atkins, une femme de l'ombre : la Résistance anglaise en France

     

    http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782020985369.jpgDocument 2010- À travers la biographie de Vera Atkins (1908-2000), une femme d'exception chargée de recruter et d'encadrer des agents anglais pour la résistance en France, voici un aspect de la Seconde Guerre mondiale, peu connu dans notre pays, voire occulté pour des raisons idéologiques et politiques.


    En 1940, sous l'égide de Churchill, les Anglais créent un organisme des services secrets, le SOE (Special Operation Executive). Vera Atkins devient le «cerveau» de la section F, qui parachutera sur la France occupée plus de 400 agents dont une centaine disparaîtront.


    Fin 1945, sous l'uniforme britannique, Vera entreprend une quête solitaire à travers l'Allemagne en ruine pour connaître le sort des victimes et notamment des femmes agents. La piste éprouvante passe par l'interrogatoire d'anciens tortionnaires nazis et aboutit aux horreurs des camps de concentration. Vera découvre aussi l'étendue des erreurs fatales - et des trahisons - du SOE.


    Le récit, nourri d'interviews de survivants et de proches de Vera Atkins, donne une image contrastée et complexe du climat de l'époque, et renforce le mystère dont s'est entourée jusqu'à sa mort «la personne la plus puissante du SOE». En fouillant dans le passé de Vera Atkins et en la suivant dans sa quête en Allemagne, Sarah Helm nous propose un livre qui se lit comme une passionnante enquête policière.

    Journaliste britannique indépendante, Sarah Helm a été correspondante pour le Sunday Times et l'Independent, spécialiste notamment des questions européennes et du Moyen-Orient.

     

    • Les courts extraits de livres : 26/10/2010

       

    Extrait du prologue - Je n'ai rencontré Vera Atkins qu'une seule fois, en mai 1998, quelques semaines avant son quatre-vingt-dixième anniversaire, lorsque je lui ai rendu visite à Winchelsea, petite ville de la côte est du Sussex aux maisons d'un blanc immaculé sur une hauteur. Elle vivait là, dans un cottage baptisé Chapel Platt. J'ai pressé le bouton de ce qui ressemblait à un interphone sophistiqué et me suis retrouvée à fixer une icône souriante sur un autocollant portant ces mots : Donnez-moi le temps de vous regarder. Quelques instants plus tard, une femme est apparue à la porte et m'a soigneusement examinée comme si je n'étais pas tout à fait ce que la vidéo de l'interphone lui avait laissé présager. Légèrement voûtée et s'appuyant pesamment sur une canne, elle m'a fait signe d'entrer.


    http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/SOEatkins.jpgVera Atkins avait étonnamment bien conservé sa beauté et était encore presque jolie. Grande malgré sa voussure, la démarche assurée malgré un boitillement, elle m'a précédée dans la vaste entrée où un portrait d'elle la montrait âgée, les deux mains sous le menton, doigts joints, pour se donner un air pensif. «Brian Stonehouse a fait ce tableau, dit-elle. C'était l'un de nos agents. Il a survécu à quatre camps de concentration.»


    Elle m'a dit d'aller dans le salon à l'étage et qu'elle monterait dans le «bidule», un ascenseur pour handicapé qui semblait avoir été installé dans un ancien monte-plats. Elle s'est assise dans ce qui ressemblait à une boîte sans couvercle et, lorsque j'ai tourné sur le palier de repos, j'ai vu sa tête sans corps apparaître à travers le plancher au-dessus de moi. Distraite par ce spectacle, j'ai failli ne pas remarquer la mer que l'on apercevait de la fenêtre du palier. La nuit, m'expliqua Vera, elle voyait les feux du phare de Dungeness. Elle avait le visage poudré, les lèvres légèrement maquillées, et un foulard à fleurs plié sur les épaules ; la composition était parfaite, troublée seulement par les très gros diamants montés sur trois bagues qui étincelaient dès qu'elle prenait une cigarette d'un coffret en argent - ce qu'elle faisait souvent.


    Je n'ai jamais vu quelqu'un fumer comme elle. Le choix de la cigarette était très lent et réfléchi ; elle la tenait ensuite quelques instants, puis la plaçait au creux du V formé par l'index et le majeur avant de l'insérer soigneusement entre ses lèvres qui semblaient se pencher pour la saisir. À peine avait-elle la fumée en bouche qu'elle l'exhalait, de sorte qu'elle paraissait continûment enveloppée d'un nuage. Lorsqu'elle se fut fait un jugement sur moi, elle cessa de m'observer et regarda devant elle ou au-dessus de ma tête, par la fenêtre, par-delà les toits de Winchelsea.

    Vera Atkins, une femme de l'ombre : la Résistance anglaise en France

    Auteur : Sarah Helm

    Traducteur : Jean-François Sené

    Date de saisie : 26/10/2010

    Genre : Biographies Historiques

    Éditeur : Seuil, Paris, France

    Collection : Biographies-Témoignages

     

     

    Liens utiles sur le blog


    Parachutées en terre ennemie


    1942 : Winston Churchill autorise le recrutement de femmes, plus adaptées à certaines missions délicates que lance le Special Operations Executive (SOE), une organisation secrète destinée à soutenir la résistance européenne à l'ennemi nazi. Difficile pourtant de trouver l'oiseau rare disponible... On les veut vives, intelligentes, courageuses, audacieuses, et séduisantes si possible ! C'est ainsi que les trente-neuf candidates de la section F (comme France) viennent d'horizons multiples à l'image même de leurs motivations. Leur formation sera brève, mais militaire - maniement des armes, sabotage, endurance à la torture, etc. Leur histoire pleine de rebondissements et, pour treize d'entre elles, terriblement dramatique est étrangement méconnue en France. Pour retracer leur aventure, Monika Siedentopf a eu accès aux archives, dont certaines déclassifiées depuis peu, et a recueilli les témoignages d'anciens résistants. Son récit souvent bouleversant témoigne de la bravoure de ces jeunes femmes. Mais il tourne au drame lorsque l'historienne révèle l'existence d'une taupe au sein de la section F qui, pour leur malheur, ne fut découverte que bien après la guerre...

     

    Biographie de l'auteur

    Monika Siedentopf est historienne et vit en Allemagne. Auteure de nombreux ouvrages sur les femmes, elle s'est intéressée cette fois à un sujet encore méconnu : l'engagement des femmes dans la Résistance.

    Détails sur le produit
    Broché: 266 pages
    Editeur: Librairie Académique Perrin (13 février 2008)
    Parachutées en terre ennemie (Broché)
    de Monika Siendentopf (Auteur), Olivier Wieviorka (Préface), Amélie de Maupeou (Traduction)

      

    sources / http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-vera-atkins-une-femme-de-l-ombre-la-resistance-anglaise-en-france-61172171.html

      

      

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  • Charlotte Delbo, l'écrivain résistante qui aimait tant la vie ...

     

    http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/image/Biographies/GHDelboJuliette.jpgCharlotte Delbo (Vigneux-sur-Seine, 1913 - Paris, 1995). Elle adhère à la Jeunesse communiste en 1932 et rencontre Georges Dudach en 1934, qu'elle épouse. Assistante de Louis Jouvet, de 1938 à 1941, jusqu'au départ du comédien, en mai 1941, pour une tournée en Amérique latine. Avec son mari, elle entre dans la Résistance en 1941 et fait partie du « groupe Politzer », responsable de la publication des Lettres françaises dont Jacques Decour était rédacteur en chef. Ils sont arrêtés le 2 mars 1942 et Georges Dudach sera fusillé au Mont Valérien, le 23 mai 1942, à l'âge de 28 ans. D'abord incarcérée à la Santé, à Paris, elle est transférée à Romainville, le 24 août 1942, avant d'être déportée à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943 - un convoi de 230 femmes dont elle racontera le destin, après la guerre. Elle est l'une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras. Par la suite, elle est envoyée à Ravensbrück le 7 janvier 1944. Libérée par la Croix-Rouge le 23 avril 1945, elle est rapatriée en France en passant par la Suède. Après la guerre, Charlotte Delbo travaille pour l'O.N.U. puis, à partir de 1960, au C.N.R.S., devenant la collaboratrice du philosophe Henri Lefebvre.

     

     

    Revue de presse

    François Bott (Le Monde, 4 mars, 1985)

    Mort de l'écrivain Charlotte Delbo

    La mémoire d'Auschwitz

    Charlotte Delbo

    « Je reviens d'au-delà de la connaissance, disait Charlotte Delbo, il faut maintenant désapprendre, je vois bien qu'autrement je ne pourrais plus vivre. »


    Comment continuer de vivre, en effet, si l'on garde dans son corps la mémoire des coups, de la faim, de la soif, de la peur et du mépris ? Cependant, Charlotte Delbo s'est souvenue, en écrivant pour les autres et pour elle-même. Elle revenait d'Auschwitz. Elle avait passé là-bas, durant les sombres années 40, une partie de sa jeunesse.


    Je me rappelle notre première rencontre, en 1965, dans son appartement de la rue Lacépède, à Paris. Charlotte s'inquiétait de savoir si je lui rendais visite pour connaître la couleur de ses yeux – qui étaient d'ailleurs très beaux. Je l'ai rassurée. Son livre m'avait bouleversé. Mais comme le mot est faible ! Comme les mots nous trahissent ! Ce livre m'avait fait comprendre tant de choses !


    Il s'intitulait Aucun de nous ne reviendra. Charlotte l'avait écrit en 1946. Elle avait mis longtemps à le publier, par pudeur peut-être. Chaque fois que je le relisais, les mots de Rimbaud se promenaient dans mon esprit : la beauté injuriée... Charlotte racontait la monstruosité, elle montrait la barbarie, mais elle disait surtout l'injure faite à la beauté d'un visage qu'on mutile. Je découvrais un ouvrage sur les camps qui était une sorte de poème d'amour. Et le poème le plus juste, par un mélange d'extrême passion et d'extrême délicatesse.


    Les lecteurs de Charlotte Delbo allaient retrouver la même voix si étrange – à cause de sa tendresse – dans les livres qui ont suivi : une pièce de théâtre, Qui rapportera ces paroles ?, et deux autres récits formant avec Aucun de nous ne reviendra la trilogie d'Auschwitz et après. Dans Une connaissance inutile, Charlotte évoque son arrivée au camp, « un matin de janvier 1943 : Les wagons s'étaient ouverts au bord d'une plaine glacée. C'était un endroit d'avant la géographie. Au début, se souvient-elle, nous voulions chanter, mais les mots ne faisaient plus se lever aucune image ». Elle dépeint aussi les sentiments qu'éprouvaient les femmes lorsqu'elles entrevoyaient les hommes qui partageaient leur infortune : « Nous les aimions. Nous le leur disions des yeux, jamais des lèvres. Cela leur aurait semblé étrange. Ç'aurait été leur dire que nous savions combien leur vie était fragile. Nous dissimulions nos craintes. Nous ne leur disions rien qui pût les leur révéler mais nous guettions chacune de leurs apparitions, dans un couloir ou à une fenêtre pour leur faire sentir toujours présentes notre pensée et notre sollicitude. »


    Les écrivains correspondants de guerre qui avaient découvert les camps,, en 1945, se posaient la question : que peut la littérature devant tant de crimes ? Charlotte trouvait la question mal formulée : elle ne se demandait pas ce que peut la littérature, mais ce qu'elle doit. Le métier d'écrivain, selon Charlotte Delbo, c'était de témoigner sur notre siècle, et sur le désespoir qui nous atteint, que nous le sachions ou non, lorsqu'on défigure un visage, quel qu'il soit.


    Arrêtée et déportée parce qu'elle faisait partie d'un mouvement de résistance – le réseau Politzer, – Charlotte avait été, avant la guerre, l'assistante de Louis Jouvet. Connaissant admirablement le théâtre, elle reconstituait, avec ses compagnes de captivité, le texte du Malade imaginaire, pour ne pas laisser au malheur tous les droits. D'autres fantômes se mêlaient aux pensées de Charlotte, à Birkenau : quand ce n'était pas Dom Juan, c'était Ondine, ou Antigone, ou Alceste. Celui-ci ne s'était pas douté qu'il devrait subir, un jour, le voisinage des bourreaux.


    Au retour du camp, Charlotte retrouva Louis Jouvet, qui l'avait tant impressionnée naguère, et se permit de lui avouer qu'elle n'aurait plus jamais peur de lui. Jouvet n'offrit pour toute réponse, qu'un silence guetté par les larmes.Charlotte Delbo n'éprouvait aucun désir de vengeance quand elle songeait aux SS. Elle aimait trop la vie pour donner au ressentiment ce qu'il réclame. Je me souviens de sa curiosité, de ses inclinations pour les gens, et du soin qu'elle mettait dans les moindres gestes de l'existence. Qu'une personne revenue de la pire détresse ait conservé un tel goût de vivre, cela tordait le cou à nos petites mélancolies, comme à nos vaines querelles.

     

    Bibliographie (extrait) :

    • Les Belles lettres. Anthologie de correspondance politique. De Lagaillarde à Francis Jeanson (Minuit, 1961).
      * Le Convoi du 24 janvier (Minuit, 1965).
      * Aucun de nous ne reviendra. Auschwitz et après I. (Gonthier, « Femmes » n°11, 1965 ; Minuit, 1970).
      * La Théorie et la pratique. Dialogue imaginaire mais non tout à fait apocryphe entre Herbert Marcuse et Henri Lefbvre (Anthropos, 1969).
      * Une connaissance inutile. Auschwitz et après II. (Minuit, 1970).
      * Mesure de nos jours. Auschwitz et après III. (Minuit, 1971).
      * La Sentence, pièce en trois actes (Pierre-Jean Oswald, 1972).
      * Qui rapportera ces paroles, tragédie en trois actes (Pierre-Jean Oswald, 1975).
      * Maria Lusitania, pièce en trois actes, suivi de Le Coup d'État, pièce en cinq actes (Pierre-Jean Oswald, 1975).
      *
      Spectres, mes compagnons. Lettre à Louis Jouvet (Maurice Bridel, Lausanne, 1977 ; Berg international, 1995).
      * Kalavrita des mille Antigone
      (Opale, 1979).
      * La Mémoire et les jours
      (Berg international, 1995).
      * Une scène jouée dans la mémoire
      (H.B., 2001) 

    Source : Les Editions de Minuit

     

     

     

    SOURCES ;

    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-charlotte-delbo-l-ecrivain-resistante-qui-aimait-tant-la-vie-70347238.html

     

     

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    Edmée Jourda

     
      
     
     
     
        

    Edmée Jourda née Kahn (13 février 1916, Paris - 15 décembre 2011, Paris) est une résistante française. Elle est l'épouse du résistant Jacques Jourda et la sœur des résistants Robert Kahn et Pierre Kahn-Farelle.

    Éléments biographiques :

    Née à Paris, Edmée Kahn rejoint la Résistance en août 1943 à Lyon[1]. Elle est capitaine FFI et travaille dans la clandestinité (pseudonyme : « Hélène ») auprès de Jacques Baumel, secrétaire général des Mouvements unis de la Résistance (MUR).

    À la Libération, avec deux amies de la Résistance (dont sa cousine Jeannine Cyrot), et au nom de la Résistance, elle réclame la reddition de l'Hôtel Matignon, occupé par les services du gouvernement de Pierre Laval : reddition immédiatement obtenue.

    Après la guerre, Edmée Jourda se consacre notamment à la traduction en français de romans étrangers

    Elle est reçue chevalier de la Légion d'honneur et officier de la Résistance (médaille de la Résistance avec rosette)

    Elle meurt à Paris le 15 décembre 2011, à l'âge de 95 ans, deux semaines avant son époux.

      

      

    SOURCES WIKIPEDIA

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    La carte de FFI de Georges Humbert

      

    Comment s'organise la Résistance ?

    En France, lors de la domination nazie, deux types d'armée se sont formés:

    -la FFL: Forces Francaises Libres, qui se trouvent à Londres et sont dirigées par Charles De Gaulle.
    -la FFI: Forces Francaises de l'intérieur, qui se trouvent en France et sont dirigées dès 1942 par Jean Moulin.


    Le signe de la FFL:



    Le signe de la FFI:

    Par Thibault Dudognon

     

    * La Résistance intérieure:

    C'est la resistance la plus risquée puisque les résistants sont traqués par les allemands (la Gestapo) et par le régime de Vichy (la Milice).
    Il y a deux types de Résistance :
    -Les Résaux => leur but est généralement militaire ; ils font du sabotage et du renseignement.
    -Les Mouvements => ils font souvent de la propagande à travers la diffusion de journaux (ex: Libération) et de tracts.

      
    Un résistant était une personne qui s'oppposait au régime de Vichy et l'occupation allemande durant la guerre.
    Ils
    pouvaient être des hommes ou des femmes de tous âges, mais souvent jeunes.
    Moins nombreuses que les hommes, les femmes participaient également à la résistance mais dans des rôles différents.
    Ils étaient issus de tous les milieux sociaux.
    Tous les partis politiques de gauche comme de droite, toutes les religions étaient représentées au sein de la résistance.
     
    Volontaires engagés dans l'action clandestine, les résistants risquaient à tout moment d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés.
    Ils constituaient une toute petite minorité courageuse, qui a suscité à la fin de l'Occupation un mouvement social beaucoup plus vaste, entraînant l'adhésion de la majorité des Français.
    En pratique la résistance a revêtu quatre formes principales : la collecte de renseignements utiles aux alliés. La lutte politique par la distribution de tracts ou de journaux clandestins, l'assistance aux juifs, aux réfugiés, aux parachutistes alliés, etc.., grâce aux filières d’évasions, et la lutte par les armes, à base de guérillas, d’exécutions et de sabotages. Ces trois derniers modes ont été dominants en France et plus globalement en Europe de l’Ouest.
      
    Dans le cas Français, les résistants se sont rassemblés dans trois types d’organisations différents. Les réseaux, qui sont des groupes restreints ( 7 à 88 personnes maximum ), souvent en contact avec la France libre, à Londres, et les services secrets alliés; les mouvements qui comptent parfois plusieurs milliers de militants, visent d’avantage à informer la population, à lutter contre la propagande de Vichy et du Reich. Les plus importants s’appellent Combat, Libération-sud, Franc-Tireur, Défense de la France... ;
      
    Ils éditent des journaux du même nom et se montrent plus indépendants à l’égard de Londres. Les maquis, souvent organisés par les mouvements, rassemblent des combattants dans des zones difficiles d’accès : marécages, forêts, montagnes,… Ce sont des bases de départ pour mener des opérations de guérilla.

    On ne trouvait pas des résistants qu’en France, il y en avait aussi en URSS, en Italie, aux Pays-Bas, en Yougoslavie, en Pologne, en Grèce, et même en Allemagne. Mais ces derniers furent rares et impitoyablement réprimés. Le nombre de résistants ayant participé de façon militaire sont estimés à 300 000 par les historiens.


     Définition du mot "répression" : c'est l'action de réprimer (=empêcher quelque chose de se développer). Elle a donc pour but d'empêcher tout soulèvement de la part des opposants du régime et peut être sous forme de sanction punitive ou pénale.



    Avant le 11 Novembre 1942, seuls les communistes de zone Nord et Sud sont arrêtés parla police vichyssoise. La police allemande capture les résistants en zone Nord afin de les emprisonner, les déporter ou les exécuter. Ceux de le zone sud sont arrêtés par la police française et emprisonnés.
    Suite aux accords de Bousquet-Oberg, en Novembre 1942, la police française travaille aux côtés des polices allemandes.
    C'est à partir du 11 novembre 1942 que la poursuite des résistants devient identique sur tout le territoire.
    Les forces de répression allemandes se durcissent, le gouvernement de Vichy emploi donc des forces de répression de plus en plus brutales.
      
      
      
      
    Par Alice Stenhouse
      
      
      
     
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    DOCUMENTAIRE EXCEPTIONNEL du DEBARQUEMENT du 6 JUIN 1944 en NORMANDIE, par les TROUPES AMERICAINES ( film couleur)

     

     

     

     

    A youtube color vid, fantastic footage:

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    DOCUMENTAIRE EXCEPTIONNEL du DEBARQUEMENT du 6 JUIN 1944 en NORMANDIE, par les TROUPES AMERICAINES ( film couleur)

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  • Une femme hors du commun

     

     

    L' histoire d'une femme exceptionnelle, de sa personnalité au moment de la Deuxième Guerre mondiale et comprendre le Verbe de cette femme. Bien des êtres humains ont une vie, certes, mais bien peu d'existence, d'autres offrent un langage unique jusqu'à la fécondité de leur Verbe à tous les temps et Renée Auduc faisait partie indélébile de cette humanité lumière qui prouve son aura dans l'affirmation d'un altruisme absolu. La devise des Angeard d'où était issue Renée, n'était-elle pas : J'y tiens ! Renée Angeard, épouse Auduc est née au Mans le 16 novembre 1908, son père, Fernand était menuisier, il fabriquait des escaliers, des meubles et sa petite entreprise était florissante.

      

    La petite Renée a vécu heureuse dans la prodigieuse cohérence d'une famille dont l'abnégation était le fruit d'une vocation transmise de génération en génération, la fidélité comme modèle accompli d'humanité. À l'école, Renée est une enfant qui apprend vite et bien, on la pousse tout naturellement aux études d'où elle obtiendra son brevet du second degré, son brevet de secrétariat et de comptabilité. C'est probablement au cours de ces bals musette qui festoyaient les samedi dans les villages alentours qu'elle rencontre dans une chaumière, Alfred son futur époux. Alfred Auduc est né à Cérans-Foulletourte, il fabriquait dans son atelier des éoliennes dont il était détendeur d'un brevet.

    De leur union naquirent deux fils, Jean Jacques né en 1931 et Michel né en 1939, une fille, une naissance toute miraculeuse, Marie Josette née en 1948. 1939, la guerre éclate, c'est la débâcle, l'exode, les gens dans le désarroi sont sur la route, en ces jours d'agonie chacun tente de sauver ce qui peut l'être encore, les longues files de charrettes tirées par les chevaux, les landaus tirés par les mères, les anciens, les vieux comme on dit en Sarthe, ramassés dans les carrioles, la peur est gravée sur tous les visages. Renée et ses deux garçons sont de ceux là, Alfred ayant été mobilisé comme motocycliste au 6e génie d'Angers. Les marcheurs de l'exode, la wehrmarcht a tôt fait de les rattraper, Renée est ses enfants ont regagné la maison du Mans.

    Mobilisé près de la frontière Belge et après s'être échappé, Alfred est rentré chez lui, il décide d'entrer dans la résistance suite à l'assassinat à la mitrailleuse par les nazis, d'une centaine d'enfants, du jardinier et des sœurs d'un orphelinat. En 1943, un ami lui fait connaître le réseau Hercule-Buckmaster, là on lui propose de monter son groupe, se sera la famille, sa femme Renée, les oncles, les tantes, la grand- mère et le petit Jean Jacques 12 ans. Renée est devenue Francine, avec le grade de capitaine, elle est chef de réseau, agent des Forces française libres. Renée fabrique des faux papiers, elle est adjointe de radio, elle décode les messages de l'intelligence service britannique. Les taches du groupe étaient de récupérer les armes et les colis qui leurs étaient parachutés, cacher les aviateurs alliés abattus.

    L'activité du groupe dura 9 mois, ce 2 novembre 1943 où Renée et Alfred furent arrêtés par la gestapo. Conduits rue des Fontaines, ils furent matraqués, martyrisés, envoyés à Angers devant un tribunal militaire, ils sont condamnés à mort. Leur peine de mort fut commuée à la prison à vie suite à une intervention anglaise. Renée Auduc fut envoyée au camps de Ravenbrück, puis au camps de Holleischen où elle subit les pires atrocités d'un médecin nazi qui a mené sur elle des expériences gynécologiques, 98 % des femmes qui tombaient entre les mains de ce sinistre bourreau finissaient au four crématoire. Renée fut ensuite envoyée en Silésie dans une usine de poudre à canon où ses poumons furent brulés.

    Renée Auduc fut libérée du camps de la mort en 1945, son état d'épuisement extrême lui vaut d'être hospitalisée en Suède durant quarante jours, là elle se remet car dit-elle : je ne veux pas apparaitre comme ça devant mes enfants et ma famille ! Elle voulait que ses cheveux repoussent, reprendre du poids. Sur les 104 personnalités du groupe, seules 46 ont survécu, dont Renée et Alfred. Pour tenter de réparer les expériences gynécologiques du médecin nazi, on lui propose d'avoir un enfant et c'est ainsi que Marie Josette, l'enfant miracle nait le 4 novembre 1948. Renée décède cinq mois après la naissance de sa fille. Fait unique dans l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Renée Auduc a été déclarée morte pour la France par un décret spécial de la République en 1949, soit cinq ans après la fin de la guerre en 1945.

    Renée Auduc a été faite Officier de la Légion d'Honneur, médaillée de la Résistance et des Combattants volontaires, des Déportés, de la Medal Of Freedom des USA. Je lui dédie à Renée, cette phrase du grand écrivain tchèque Jean Neruda, reproduite par le héros tchèque Julius Fucik, dans sa lettre ouverte où il appelait, en automne 1940, les intellectuels de son pays à la résistance : Nous sommes nés dans la tempête et pas à pas nous marchons fièrement dans les nuées orageuses vers notre noble but, ne courbant la nuque que devant notre peuple.

      

      

    sources / http://www.patrickdelaplacetrinquet.eu/blog/lire-article-161142-1691778-une_femme_hors_du_commun.html

      

      

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    juin 1940, ile de Sein

      

    Histoire

    Monsieur François HERVIS adhérent associé de notre section a offert au Centre de Documentation Maritime, le récit des "Evénements du mois de juin 1940 à l'Ile de Sein " qui vit le ralliement des marins pêcheurs sénans à la France Libre suite à l'appel du 18 juin. Monsieur François HERVIS décrit fidélement et sans aucun ajout ce qui s'est passé et dont il a vécu tous les moments.

    Evénements du mois de juin 1940 à l'Ile de Sein

    Forte de près de douze cents âmes, la population sénane très soudée, profondément croyante a vécu jusqu'à présent loin des bruits de la guerre. Ancrée sur son rocher, elle a vu, comme ailleurs, partir avant le début des hostilités les hommes mobilisables.

    Une petite garnison mixte (Marine - Armée de terre) est venue s'installer sur l'île en septembre 1939.

    Conformément à la tradition, les pouvoirs temporel et spirituel s'entendent bien. Le Maire, Louis GUILCHER, ancien combattant, décoré de la Médaille Militaire, a la confiance de ses administrés depuis une dizaine d'années. Le Recteur, Louis GUILLERM, est chargé d'âmes depuis 1937. C'est un patriote ardent. Tous deux sont du même âge ( nés en 1888) ce trait d'union les rapproche un peu plus.

    L'île est desservie depuis le port d'Audierne, deux fois par semaine, par l' "AR ZENITH", robuste bateau de consruction récente conçu pour le transport des passagers et de la marchandise. Il est commandé par le patron-armateur Jean-Marie MENOU qui assume également la responsabilité de l'acheminement du courrier entre les deux bureaux de poste. Communément les îliens appellent ce bâteaux le "Courrier". Son équipage se compose de trois sénans qui sont d'ailleurs les neveux du patron.

    Comment les nouvelles parviennent-elles en ce lieu éloigné? Il y a bien sûr la presse régionale " l'Ouest Eclair " et la " Dépêche de Brest et de l'Ouest " qui se partagent les faveurs des lecteurs. Ensuite les postes téléphoniques installés essentiellement chez les commerçants et par lesquels il est courant d'apprendre que telle chose s'est passée à tel endroit sur le " Continent ". Enfin il y a les postes de T.S.F, peu nombreux il est vrai, mais qui fonctionnent sans difficulté grâce à la possibilité de faire recharger les accus périodiquement à la Centrale Electrique du Phare de Sein. Il y en a un notamment chez Henri THOMAS le Maître de phare, trois autres au bourg chez Madame MENOU-GONIDEC propriétaire de l'Hôtel de l'Océan, chez Laurent VICHON commerçant et chez Jean ROHOU débitant. Il est courant d'ailleurs, depuis le début de la guerre, que les voisins ou amis viennent y écouter les informations.

      

     

      

      

    Le mardi 18 juin l' "AR ZENITH" quitte Sein en milieu de journée pour effectuer sa liaison bi-hebdomadaire avec Audierne. Malgré une sourde inqiétude la population est confiante et rien ne laisse présager en ce jour les événements dont l'île va être témoin.

    Le mercredi 19 juin en début d'après midi le "Courrier" est aperçu dans le Raz de Sein, c'est l'heure normale de son retour, celle de la marée. Sur la cale, nombreux sont les marins à suivre son accostage et surtout à observer ses passagers. Il transporte en effet un fort contingent de militaires, notamment des Chasseurs Alpins et plusieurs civils. Au total il y a plus de cent personnes qui débarquent et s'égaillent dans les ruelles de l'île. Durant leur courte escale, elles trouveront auprès de la population la traditionnelle hospitalité des gens de mer.

    Des " Alpins" à Sein, c'est un peu le monde à l'envers et les commentaires vont bon train sur les quais. Les civils en majorité des jeunes du Cap Sizun, sont quant à eux désireux de gagner l'Angleterre.

    Rapidement,on apprend que l' " AR ZENITH " doit reprendre la mer dans la soirée pour l' Ile d'Ouessanr pour y acheminer les militaires. Son bateau à quai, le patron est allé comme de coutume déposer les sacs de courrier au bureau postal. Dans l'esprit de Jean-Marie MENOU sa mission est simple; continuer jusqu' à Ouessant puis rentrer à Sein. Il a précisé à l'Officier Commandant le détachement qu'il transportera uniquement les militaires, l'heure à laquelle tous devront avoir regagné le bord et qu'il lévera l'ancre vers vingt heures.

    L'arrivée de tout ce monde a créé une certaine effervescence sur l'île. L' " AR ZENITH " n'embarquant pas les civils et ces derniers souhaitants plus que jamais partir, le Maire demande à Jean-Marie PORSMOGUER, patron de la " VELLEDA ", le ravitailleur des phares en mer, d'assurer le transport de ces personnes jusqu'à Ouessant. Entendu répond ce dernier, je partirai en même temps que le " Courrier "; l'embarquement se fera à la cale du phare du Men-Brial, à l'entrée de l'avant-port. Il prévient en conséquence Jean-Marie MENOU; ce dernier lui dit que cela l'arrange car il est moins familier que lui des parages d'Ouessant.

    A vingt heures les deux bateaux lèvent l'ancre. l' "AR ZENITH" transporte soixante quinze militaires, la "VELLEDA" trente deux civils. Le retour des deux bateaux à Sein est prévu pour le lendemain jeudi en fin de matinée.

    Le jeudi 20 juin le retour de la "VELLEDA" est signalé. Contrairement aux prévisions l' "AR ZENITH" ne suit pas, aussi est-ce avec une grande impatience que l'on attend l'arrivée de la vedette. Tout de suite la nouvelle tombe: le "Courrier" est parti pour l'Angleterre, il ne reviendra pas.

    A peine débarqué Jean-Marie PORSMOGUER se met en quête du Maire. Il est au presbytère lui dit-on. Il s'y rend et c'est là qu'il fait part à ses interlocuteurs du voyage et des impressions qu'il en retire. Ouessant, selon ce qu'il a vu, est le lieu de rendez-vous de tout ce qui flotte dans les parages et surtout le point de ralliement de tous ceux , militaires ou civils qui désirent gagner l'Angleterre. Lui, après avoir débarqué ses passagers, a été prié par la Direction des Phares et Balises de Brest dont il relève de regagner Sein.

    Que s'est-il passé pour l' "AR ZENITH"? Le patron MENOU qui considère sa mission terminée et qui pense pouvoir regagner Sein, s'entend signifier par l'Autorité Militaire sur l'île, d'avoir à prendre toutes dispositions, en particulier le ravitaillement en carburant, pour faire route sur Plymouth avec d'autres bateaux.

    Jean-Marie MENOU a plus de cinquante ans. Ancien fusilier marin, il s'est battu à Dixmude au cours du premier conflit mondial. C'est un homme de devoir, intègre, qui sait assumer ses responsabilités et il mettra un point d'honneur à le faire jusqu'au bout. Il continuera avec son équipage et ne rentrera à Sein qu'après la guerre pour apprendre malheureusement la mort de son fils unique tombé lors de la libération d'Audierne au mois d'août 1944.

    Nous sommes le vendredi 21 et personne à Sein n'a entendu parler d'un appel lancé à la radio de Londres. Dans la soirée de ce même jour, le Maître de phare fait transmettre au bourg la nouvelle qu'un Général français a parlé à la radio et qu'il parlera encore demain. On n'en sait pas plus pour le moment.

    Pour écouter l'Appel

    Le samedi 22, comme à l'accoutumée depuis plusieurs jours, nous sommes assez nombreux à nous retrouver sur le quai sud face à l'Hôtel de l'Océan pour l'émission radio de 11 heures. Pour une meilleure émission le poste de T.S.F est posé près de la fenêtre. C'est là que nous entendons pour la première fois une retransmission de l'Appel du Général DE GAULLE. Il y a peu de réactions dans l'immédiat parmi les présents. En rentrant chez moi, étant voisin de la Cure, je m'arrête au presbytère et rapporte au Recteur ce que je viens d'entendre.

    En fin d'après midi des groupes, de jeunes notamment, se sont formés sur les quais et discutent entre eux. Ils ont appris que des départs, isolés ou en nombre, ont eu lieu de plusieurs ports de la côte finistérienne. Les nouvelles ont toutes un point commun: "rallier l'Angleterre". Ce qu'ils ont entendu maintenant à la radio confirme ce point. Nous avons des bateaux dit l'un d'entre eux, il faut s'en servir. Plusieurs manifestent le désir de partir. Seulement un départ de cette nature ne s'improvise pas. les classes "40" et suivantes ne sont pas des classes "creuses", bien au contraire. Dans chacune d'elles les garçons avoisinent la vingtaine.

    Un homme se soucie également de cette jeunesse, c'est Louis GUILLERM, le Recteur. Des jeunes sont allés le voir et il connaît leur état d'esprit. Il va les encourager mais en même temps leur conseiller la patience en leur promettant d'agir de son côté.

    La journée du dimanche apporte la nouvelle de la signature de l'Armistice. Le Recteur craint une prochaine arrivée des allemands; c'est aussi l'avis du maire.

    Le lundi 24 une nouvelle retransmission de l'Appel est entendue sur le poste radio de Laurent VICHON, parmi les personnes présentes il y a le Maire. Il est un peu plus de onze heures lorsque Louis GUILCHER est appelé au téléphone par la Préfecture de Quimper via la Brigade de Gendarmerie d'Audierne. Il lui est prescrit:

    - de diriger sur Quimper tous les militaires présents sur l'île.

    - de prévoir le recensement des jeunes gens et des hommes valides.

    Au reçu de cet avis le Maire s'est rendu au presbytère auprès du Recteur. Bien que la conversation entre les deux hommes n'ait pas eu de témoin, c'est à son issue et après que Louis GUILCHER l'eut informé du coup de fil qu'il vient de recevoir, que le Recteur prend l'initiative d'une réunion au presbytère à quatorze heures.

    C'est le deuxième point de la communication qui incite le Recteur à brusquer les choses. Il connaît les sentiments des jeunes et ceux d'autres marins qui sont venus lui demander conseil depuis que l'Appel a été entendu. A l'heure prévue se retrouvent dans la salle à manger de la Cure autour du Recteur: le Maire, le patron de la "VELLEDA", des patrons pêcheurs ainsi que deux ou trois autres personnes étrangères à l'île mais désireuses de partir.

    Louis GUILLERM a pris la responsabilité de ce départ, il en sera l'âme.

    Il a été dit et écrit que le départ des sénans s'était fait dans la confusion et la précipitation; cela est totalement inexact.

    Jean-Marie PORSMOGUER, patron de la "VELLADA", va tout de suite répondre présent ainsi que Prosper CUILLANDRE, patron du "ROUANEZ AR MOR". Ce dernier bateau est le plus grand et l'un des plus rapides de la flotille de Sein. Il est en état de prendre la mer sans avoir besoin d'être réarmé. Embarqueront en priorité les jeunes, les militaires qui souhaitent partir puis s'il reste de la place les volontaires étrangers à l'île. Le départ aura lieu à vingt deux heures à la cale neuve.

    La nouvelle fait le tour de l'île comme une trainée de poudre: beaucoup de jeunes l'attendaient avec une impatience non dissimulée. On prévoit de suite que les deux bateaux seront chargés. Il a été entendu entre les deux patrons que les militaires embarqueraient sur la "VELLEDA" ainsi que les civils de passage.

    Vers vingt et une heures les deux embarcations viennent se mettre à quai. Par petits groupes, les familles arrivent accompagnant celui qui s'en va. En majorité les partants sont des jeunes, mais il y a aussi des mariés. Bientôt toute l'île est sur la cale.

    Malgré une émotion bien compréhensible, il y a parmi ces marins qui s'en vont, surtout chez les jeunes, une ambiance qui est faite de fierté de pouvoir être utile au Pays. Il est vingt deux heures. Face aux deux bateaux le Recteur récite une prière puis d'un geste ample les bénit. Le Maire est près de lui. Point de grandes phrases, point de chants. Lentement les deux embarcations s'éloignent du quai et gagnent l'avant-port, puis cap au Nord-Ouest disparaissent dans la nuit qui tombe doucement. Le "ROUANEZ AR MOR" emporte trente cinq îliens et doit refuser du monde. Près d'une vingtaine de sénans trouvent place sur la "VELLEDA".

    Après le départ, le Recteur, le Maire et des patrons pêcheurs se retrouvent à la cure. De suite l'obligationde réarmer des bateaux se dégage car de nombreux marins qui auraient voulu partir n'ont pu le faire. Il va de soit dit Louis GILCHER que personne n'oblige à partir qui que ce soit mais ce ne sont pas les volontaires qui font défaut.

    La journée du 25 voit le réarmement des bateaux et est ausi animée que celle de la veille. Le "ROUANEZ AR PEOC'H", patron François FOUQUET, le "MARIS STELLA", patron Martin GUILCHER, le "PAX VOBIS", patron Joseph GUILCHER, sont remis en état de prendre la mer comme cela a été prévu. Par suite d'une panne de moteur, irréparable dans l'immédiat, ce dernier bateau est remplacé par le "CORBEAU DES MERS", patron Pierre CUILLANDRE.

    Le mercredi 26 en fin de matinée tous sont parés et le départ est fixé à vingt deux heures, cale neuve. Si l'on pouvait manifester une crainte quant au nombre de volontaires elle va être vite dissipée. Comme l'avant veille, dès vingt et une heure, toute la population afflue sur le terre-plein bordant la cale; ce soir les partants sont plus agés mais il y a encore des jeunes.

    Le "ROUANEZ AR PEOC'H" et le "MARIS STELLA" sont venus à quai. Le "CORBEAU DES MERS" a choisi de partir d'un endroit plus discret, de la cale dite du phare, il sera moins chargé que les deux autres ambarcations.

    De même qu'au précédent départ le maire est aux côtés du Recteur. Les adieux dans les familles restent empreints d'une"grande dignité et après un dernier "KENAVO" à ceux qui restent c'est l'embarquement. Les marins se répartissent à bord des deux bateaux selon leurs affinités. Leur nombre dépasse la cinquantaine. Petit à petit le silence se fait. Le Recteur a revêtu son surplis et mis son étole. Tous se mettent à genoux sur les ponts rugueux et commencent avec le Recteur la récitation du "Confitéor". Oh! tous ne sont pas des assidus de la Grand'Messe du dimanche, mais en ces instants tous se souviennent de cette prière qu'ils ont appris sur les bancs du catéchisme de leur église paroissiale. A la fin, la voix de Louis GUILLERM s'élève et l'accompagnant du geste, donne l'absolution générale. Tous les marins se signent.

    Il y a un moment de grande émotion entrecoupé seulement par des sanglots étouffés. Puis une voix: "paré devant" et celle du patron: "largue". Le dernier lien vient d'être coupé. Un dernier regard des épouses, des méres, des fiancées, des proches, vers ces marins qui partent et dont beaucoup ne reverront plus leur île. Aucun chant n'accompagne le départ, "Kenavo - Kénavo", rien d'autre. Moteurs au ralenti le "ROUARNEZ AR PEOC'H" et le "MARIS STELLA" gagnent la sortie du port, puis, accompagnés par le balai du phare de Sein, se fondent dans la brume du soir. Ils sont rejoints dans le chenal par le "CORBEAU DES MERS".

    Et maintenant, Monsieur le Recteur, demande en breton une vieille îlienne: nous ferons de notre mieux répond (en breton) Louis GUILLERM en embrassant du regard toutes ces familles dont les soutiens viennent de partir volontairement pour répondre à un Appel venu de l'autre côté de la Manche et qui confient à leur île leurs 171 enfants qui ne reverront pas leur père avant la fin des hostilités et pour certains jamais. Aidé par de bonnes volontés, le Recteur fera le maximum avec de pauvres moyens durant toutes ces années noires de l'occupation allemande.

    D'autres sénans répondront aussi présent selon l'endroit où ils se trouvent en ce mois de juin: d'Angleterre, de Brest, et d'autres lieux. Ils seront 128 à répondre à l'Appel en ces mois de juin et juillet 1940. Cinq autres marins-pêcheurs gagneront l'Angleterre le 3 octobre 1943 dans des conditions périlleuses. 133 au total. Quinze d'entre eux ne reverront plus leur île. Tombés au "Champ d'Honneur" pour une cause qu'ils estimaient juste, celle de la Liberté, ils avaient tout abandonné pour la défendre. A leurs noms gravés dans le granit breton du Mémorial du Souvenir érigé sur l'île de Sein, sont venus s'ajouter ceux de leurs camarades, anciens des Forces Françaises Libres, partis d'ailleurs ou décédés des suites de guerre et ceux de tous les enfants de cette île disparus dans la tourmente guerrière. Les trente deux noms inscrits sur les faces du Monument portent témoignage du sacrifice sénan.

    Pendant cinq longues années les marins séans serviront sous le pavillon de la France libre et sous tous les cieux. A bord des navires de guerre, sur les vaisseaux marchands, dans les Services Spéciaux, tel ce Capitaine du B.C.R.A, dans le transport clandestin des agents de renseignements entre les côtes anglaises et bretonnes où au cours d'une mission trois d'entre eux seront arrêtés par les allemands à la suite d'une trahison et connaîtront l'horreur de la déportation, à la 2ème D.B du Tchad à Berchtesgaden, dans l'infanterie ou l'artillerie de marine, aux fusiliers marins tel que ce quartier-maître, chef de char qui se battra à Bir hakeim et terminera la guerre dans les rangs de la 1ère D.F.L sur les bords du Rhin, et celui qui débarquera le 6 juin 1944 sur les plages normandes avec le commando KIEFFER.

    Fait Chevalier de la Légion d'Honneur par le Général De Gaulle après la Libération, Louis GUILLERM, Recteur de l'ile de Sein, avait su montrer à ces hommes la voie pendant laquelle ils serviront pendant cinq années avec "Honneur et Fidélité - Valeur et Discipline". Chaque dimanche, tant qu'il sera Recteur de Sein, jusqu'à février 1944, il rapellera le souvenir des absents.

    Dès l'automne 1940 les premiers décès seront connus, d'autres malheureusement suivront. A chaque fois le Recteur et le Maire préviendront les familles et toute la population assistera à la messe de Requiem où il n'y aura pas de cercueil.

    Malgré des conditions de vie très dures et une liberté restreinte, il faut un laissez-passer visé par la douane allemnade pour quitter l'île et les parents sont garants du retour, la fidélité des sénans à l'Appel du 18 juin 1940 restera toujours intacte.

     

    Lieutenant-Colonnel François HERVIS

    Officier de la Légion d'Honneur

    Médaillé Militaire (SEG)

    Officier de l'Ordre National du Mérite

      

      

    Annexe

    Départ des sénans

    Le 19 juin de Sein par l'AR ZENITH 4
    Les 24 et 26 juin de Sein par VELLEDA, ROUANEZ AR MOR, ROUANEZ AR PEOC'H, MARIS STELLA, CORBEAU DES MERS 114
    Le 25 juin de Brest sur un navire marchand 4
    D'autres lieux, individuellement 6
    Le 3 octobre 1943 de Sein par l'YVONNE-GEORGES 5
      133

    Note: On peut épiloguer sur les raisons qui ont poussé les hommes de Sein à répondre en masse à l'Appel du 18 juin.

    La meilleure réponse ne se trouve-t-elle pas dans le vieil adage breton " DOUE HAG AR VRO" (Dieu et la Patrie) car on ne peut pas dissocier dans la réaction de ce groupe d'hommes l'éducation civique rigoureuse qu'ils avaient reçu, de la forte imprégnation religieuse qui avait été la leur et celle de leur famille.

    La notion de "DEVOIR" était un concept vécu journellement à Sein.

    Pour en savoir plus Chemins de mémoire - Ordre de la libération -

     

      

    SOURCES : http://www.merite-maritime29.org/sein-juin-40

      

      

     

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    A Strasbourg, en septembre 1940, Marcel Weinum, un garçon de 16 ans, rassemble une vingtaine d'adolescents avec un objectif courageux :
     
     
    combattre Hitler et le nazisme.
     
    Ils se donnent un nom : « la Main noire ».
     
    Très vite, ils s'organisent et réussissent à se procurer armes, argent, locaux.
     
    A leurs côtés, on ne compte aucun adulte pour les conseiller.
     
    Tous sont fils d'ouvriers et ouvriers eux-mêmes.
     
    70 ans plus tard, cet acte héroïque semble presque complètement oublié.
     
    Quatre anciens camarades de « la Main noire » témoignent.
     
    Marcel Weinum et ses camarades ont porté les couleurs de la Résistance en Alsace qui, après l'annexion, fut soumise à une nazification intensive.

     

     

    La Main Noire est un réseau de jeunes résistants créé en septembre 1940 à Strasbourg par Marcel Weinum.

     

    Il se compose de jeunes garçons de 14 à 18 ans. Certains sont enfants de chœur et membres de la Maîtrise de la cathédrale de Strasbourg.

     

    Presque tous sont apprentis et fils d’ouvriers et ils agissent le plus souvent à l’insu de leurs parents. La plupart sont des membres contraints des jeunesses hitlériennes du fait de l’annexion de l’Alsace-Moselle.

    Constitué sans le soutien d’aucun adulte, structuré en cellules étanches, doté d’armes et de locaux, ce réseau s'est spécialisé dans la contre-propagande, le sabotage et le renseignement.

    Jugé avec neuf de ses camarades par un tribunal spécial à Strasbourg en mars 1942, Marcel Weinum a été condamné à mort et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart, en Allemagne

     

     

      
      
    Histoire 
     
     
    Dès octobre 1940, la Main Noire multiplie sur les murs de
    Strasbourg croix de Lorraine et inscriptions patriotiques.
     

    À partir de novembre, l’organisation sabote installations de chemin de fer et postes de transmission de la Wehrmacht, pille les automobiles allemandes en stationnement, crève les pneus et récupère armes, papiers et bons d’essence.

     

    En décembre 1940, la Main Noire commence à lancer des grenades contre les vitrines qui exposent le buste ou la photo d’Hitler : plusieurs commerçants préfèrent dès lors prendre le risque de lourdes amendes plutôt que de voir voler en éclats leur devanture.

     

    Le groupe explore les fortins abandonnés de la ligne Maginot et y trouve toutes sortes de munitions – cartouches, grenades, dynamite – qui sont cachés près du domicile des parents.

     

    Marcel Weinum loue en 1941 un appartement qu’il paie avec l’argent récolté lors des cambriolages de bureaux d’organisations nazies.

     

    Équipé d’une machine à écrire, il rédige des tracts, qui sont éparpillés dans la rue, distribués dans les boîtes à lettres, collés aux murs des immeubles ou même expédiés par la poste à certaines personnalités allemandes.

     

    En avril 1941, Marcel Weinum et Lucien Entzmann récupèrent dans un fort des stocks de munitions. Le 8 mai 1941, Marcel Weinum et Albert Uhlrich réalisent leur attentat contre le gauleiter Robert Wagner, le plus haut représentant de Hitler en Alsace.

     

    Alors que ce dernier se trouve dans un café, les deux hommes jettent une grenade dans sa voiture et prennent la fuite.

     

    C'est un attentat à caractère dissuasif.

     

    Après l’arrestation à la frontière suisse de Marcel Weinum et de Ceslav Sieradzki qui tentaient de rejoindre Bâle pour trouver des fonds afin de continuer la lutte contre le nazisme, l’ensemble du réseau est arrêté. Une partie de ses membres est internée au camp de Schirmeck.

     

    Le 12 décembre 1941 au matin, Ceslav Sieradzki est lui aussi transféré au camp de Schirmeck.

     

    Le même jour, les haut-parleurs annoncent que Ceslav Sieradzki a été fusillé

    « pour cause de résistance ».

     

    C’est la première fois qu’est utilisé en Alsace par les nazis le terme de « résistance ». Ceslav Sieradski, orphelin polonais, est ainsi le premier résistant d’Alsace mort pour la France.

     

    Dix membres du réseau sont traduits devant un tribunal spécial à Strasbourg en mars 1942.

    Marcel Weinum est condamné à mort et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart, en Allemagne.

     

    Certains de ses camarades sont libérés et enrôlés de force dans le Reichsarbeitsdienst (RAD), le service paramilitaire de travail du Reich.

     

    Les 14 jeunes de la Main Noire qui n’ont pas été jugés apprennent au camp de Schirmeck l’exécution de Marcel Weinum.

     

    Douze d’entre eux sont libérés et aussitôt incorporés de force dans le Reichsarbeitsdienst (RAD).

     
      
      
     
    Liste des membres de la Main Noire :
    • Robert Adam
    • Lucien Albrecht
    • Jean-Jacques Bastian
    • Robert Bildstein
    • Lucien Entzmann
    • Marcel Keller
    • René Kleinmann
    • André Kleinmann
    • Jean Kuntz
    • Charles Lebold
    • Aimé Martin
    • Bernard Martz
    • André Mathis
    • René Meyer
    • François Mosser
    • Xavier Nicole
    • Ceslav Sieradzki
    • René Spengler
    • Albert Uhlrich
    • Jean Voirol
    • Marcel Weinum

     

    Les hommages aux survivants du réseau 

    C’est la publication en octobre 2007 de l’ouvrage de Gérard Pfister Marcel Weinum et la Main Noire, avec une préface de Pierre Sudreau, Président de la Fondation de la Résistance et une introduction d’Alfred Grosser qui a permis d’appeler à nouveau l’attention sur le réseau de la Main Noire, presque totalement tombé dans l’oubli, et de rendre enfin l’hommage qui leur était dû à Marcel Weinum et à ses compagnons.

     

     

    Cet ouvrage a pu être écrit grâce aux précieux documents et témoignages conservés par René Kleinmann, frère de lait de Marcel Weinum et, avec son frère André Kleinmann, l’un des tout premiers membres du réseau, décédé en 2009.

     

    Il doit également beaucoup aux recherches menées durant de longues années par

    Marie Brassart-Goerg, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, en particulier pour perpétuer la mémoire de Ceslav Sieradzki.

    À la suite de ce livre, les cinq survivants du réseau ont reçu en novembre 2007 des mains de M. Robert Grossmann, Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, la médaille d’honneur de la Ville de Strasbourg et Jean-Jacques Bastian a été fait chevalier dans l'ordre de la Légion d’honneur.

    C’est aussi à la suite de cette publication que le principe d'une plaque commémorative a été décidé par M. Robert Grossmann en 2007, plaque qui fut apposée à l’entrée du

     

    Collège Épiscopal Saint-Étienne et inaugurée après les élections municipales de 2008 par le nouveau maire de Strasbourg M. Roland Ries.

      

      

    Filmographie :

    Un documentaire de 52 minutes a été réalisé en 2010 sous le titre La Main noire par Jean-Baptiste Frappat (auteurs : Jean-Baptiste Frappat et Daniel Psenny) d’après le livre de Gérard Pfister Marcel Weinum et la Main Noire. Il a été coproduit par JEM Productions et France 3 Alsace avec le soutien de la Région Alsace.

     

    http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782845901094.jpg

      

    Document 2007 - Septembre 1940 : à l'appel d'un garçon de 16 ans, près de trente jeunes âgés de 14 à 16 ans se rassemblent d'enthousiasme pour une grande entreprise. Ces trente-là ont un objectif : combattre Hilter et le nazisme.

    Un chef : Marcel Weinum.

    Un nom : « la Main Noire ».

    Une organisation structurée.

    Ils savent se procurer armes, argent, locaux. Propagande, action psychologique, sabotage n'ont pas de secrets pour eux.

    Ils sont conscients de risquer leur vie. Le premier d'entre eux, l'orphelin polonais Sieradzki, abattu à bout portant en décembre 1941, et Weinum décapité en avril 1942.

     


    Tous fils d'ouvriers :

    cheminots, traminots, électriciens...

    Parmi leurs parents aucun dont l'attitude politique ait pu les influencer.

     

    D'ailleurs, pour la quasi totalité, ils ne sont pas même au courant des activités de résistance de leurs petits.

     

    Quant à ces enfants, ils sont tous eux-mêmes apprentis :

    futurs boulangers, mécaniciens, dessinateurs...

    Parmi eux aucun intellectuel.

     

    Et à leurs côtés pas un adulte - professeur ou religieux - pour les inspirer ou les conseiller.

    Une « Croisade es enfants » contre Hitler, à Strasbourg, entre septembre 1940 et avril 1942.

    Et pourtant : oubliée !

    Extrait du livre : Une « Croisade des enfants » contre le nazisme

     

     

    Septembre 1940 

     

    à l'appel d'un garçon de 16 ans, près de trente adolescents eux-mêmes âgés de 14 à 16 ans se rassemblent d'enthousiasme pour une grande entreprise.

    Comme une nouvelle «Croisade des enfants».

    Mais leur but n'est pas aussi chimérique que celui de leurs malheureux devanciers du moyen âge, abusés de paroles spécieuses et partant à pied pour la Terre Sainte... Non, ces trente-là ont un objectif simple et clair : combattre Hitler et le nazisme.

     

    Ils ont un chef : Marcel Weinum.

    Ils ont un nom : la Main Noire.

    Ils ont une organisation structurée.

    Ils savent se procurer armes, argent, locaux.

    La propagande, l'action psychologique,

    le sabotage n'ont guère de secrets pour eux.

    Et ce n'est certes pas un jeu. Ils sont bien conscients qu'ils s'exposent à la mort.

     

    Et ils y font face avec courage, le premier d'entre eux abattu à bout portant en décembre 1941, le deuxième décapité en avril 1942.

    Tout sauf des enfants de chœur, voudrait-on dire !

     

    Et justement non : enfants de chœur, ils le sont tous, ou presque.

     

    C'est là et nulle part ailleurs qu'ils se sont connus : à l'église de Brumath ou à la maîtrise de la cathédrale de Strasbourg.

    Tous fils d'ouvriers : cheminots, traminots, élec­triciens... Parmi leurs parents aucun dont l'attitude politique ait pu les influencer. D'ailleurs, pour la quasi totalité, ils ne sont pas même au courant des activités de résistance de leurs fils.

    Quant à ces jeunes combattants, ils sont tous eux-mêmes apprentis : futurs boulangers, mécaniciens, dessinateurs...

    Parmi eux aucun intellectuel. Et à leurs côtés pas un adulte - professeur ou religieux - pour les inspirer ou les conseiller.

    Une croisade des enfants contre Hitler, à Strasbourg, entre septembre 1940 et avril 1942. L'affaire semble extraordinaire.

     

     

    Mémorable. Et pourtant, soixante ans après, il semblerait qu'elle soit déjà presque complètement oubliée … (…) -

     

    Gérard Pfister

    Gérard Pfister

      

      

    SOURCES : article Gérard PFISTER - et WIKIPEDIA

    Photos google

      

      

    http://www.souvenir-francais67.fr/homagemarcelweinum.htm

      

      

      

     

     

     

     
     
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  • Désobéir à Vichy :

    la résistance civile de fonctionnaires de police

     

    http://www.non-violence-mp.org/images/vichy.jpg

      

    Document avril 1994

      

    - Après une longue et minutieuse enquête, au cours de laquelle il a pu confronter nombre de témoignages et de documents, Jean-Marie Muller a écrit l'histoire jusque-là méconnue, de la résistance civile de fonctionnaire de police du Service des étrangers du Commissariat central de Nancy qui, sous l'Occupation, se sont opposés, avec efficacité, à la politique de persécution mise en œuvre par les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy à l'encontre de la communauté juive.

      

    L'action de ces policiers a permis de sauver quelque trois cents Juifs lors de la grande rafle organisée à Nancy par les Nazis le 19 juillet 1942.

     

    Alors que l'histoire officielle a surtout retenu l'obéissance complice des policiers dans la mise en œuvre de la "solution finale", il est de la plus grande importance de faire connaître la désobéissance de ces fonctionnaires qui n'ont pas hésité à prendre pour eux-mêmes les plus grands risques pour désobéir à Vichy.

     

    Présentation de l'ouvrage par Christian Le Meut (In Non-Violence Actualité, avril 1994)

     

     

    La sortie du film de Steven Spielberg, La liste de Schindler, a été l'occasion de braquer les projecteurs sur les "Justes", ces personnes qui, au risque de leur vie, ont sauvé des Juifs pendant l'occupation nazie. Le nouveau livre de Jean-Marie Muller,Désobéir à Vichy traite également de ce sujet :

      

      

      

    il s'agit d'une enquête historique sur la résistance civile de policiers nancéens qui ont sauvé des centaines de Juifs pendant l’occupation. Portrait d'une France entre servilité (Vichy, Touvier) et résistance.

     

    Si la publication du livre de Jean-Marie Muller, en février, a eu moins d'écho médiatique que le film de Spielberg, son contenu montre des policiers nancéens ayant fait preuve d'un courage tout aussi remarquable que celui d'Oskar Schindler.

      

    Il s'agit d'Edouard Vigneron, Pierre Marie, Charles Bouy, François Pinot, Henri Lespinasse,

    Charles Thouron et Emile Thiébaut, tous membres du Service des étrangers

    au Commissariat de Nancy.

     

    Le 18 juin 1940, l'armée allemande fait son entrée dans cette ville. La Meurthe et Moselle est intégrée à la "zone interdite", que les Allemands envisagent d'annexer mais qui demeure sous l'autorité du gouvernement de Vichy.

      

    L’opinion publique semble hostile à l'occupant, mais la collaboration s'organise. Comme la très grande majorité des Français, les Nancéens se rallient au gouvernement de Vichy dont les lois antisémites dépasseront les voeux des nazis.

      

    Le 27 septembre, l'occupant publie une ordonnance sur le premier statut des Juifs. L’administration locale applique fidèlement les ordres, qu'ils émanent de Vichy ou de l'occupant. La communauté juive nancéenne compte environ 2600 Juifs étrangers, originaires surtout de Pologne, et 1200 Juifs de nationalité française. Les deux communautés ne se mélangent guère.

     120422014550250296.jpg

    Dès le début de l'occupation, certains fonctionnaires du Service des étrangers du Commissariat central de Nancy mettent sur pied des filières pour évacuer les Alsaciens et Lorrains, désormais Allemands, qui refusent de servir dans l'armée du Reich.

      

    En liaison avec un fonctionnaire de la préfecture, Raymond Chavarot, C. Bouy et E. Vigneron fabriquent de fausses cartes d'identité. C. Thouron et P. Marie font de même, mais en ignorant les activités de leurs collègues :

     

    "Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent"

     

    clame à cette époque Radio-Londres.

    La méfiance règne, mais ces fonctionnaires vont bientôt agir ensemble en faveur des Juifs étrangers de Nancy.

     

     

      120422014942163494.jpg

    La répression s'abat d'abord sur ces derniers : "Nous les considérions comme des braves gens", témoigne Pierre Made.

      

    *Et, quand l'Etat impose aux policiers de distribuer les étoiles jaunes aux Juifs, il s'indigne :

    "C'était écoeurant. "

      

    On considérait ces gens comme des bêtes, on les marquait comme du bétail". J-M. Muller rappelle, au début de son ouvrage, les fondements racistes de l'idéologie nazie et le processus qui conduit, à partir de 1942, à la "solution finale" par laquelle six millions de Juifs européens périrent.

     

    De 1940 à 1942 les policiers distribuent les vraies-fausses cartes d'identité qui permettent aux juifs-étrangers de passer en zone libre ou de vivre à Nancy sous une fausse identité.

      

    Certaines familles pourront ainsi demeurer à Nancy jusqu'à la libération sans être inquiétées, sous la protection de ces fonctionnaires de police ! La résistance des sept policiers va prendre une autre ampleur lors de la rafle du 19 juillet 1942. Le 16, un Juif nancéen se trouve à Paris où il assiste à la première grande rafle des Juifs étrangers. Il téléphone à Pierre Marie qui prévient ses collègues.

     

    Le 18, les sept policiers apprennent la décision allemande d'arrêter, le lendemain, 350 Juifs étrangers sous le prétexte officiel d'aller les faire travailler en Allemagne. En fait, la " solution finale " a commencé et c'est vers les camps d'extermination que ces personnes doivent être conduites : "Nous savions que ces arrestations étaient pour eux le commencement de la fin ", dira plus tard Pierre Marie.

      

    Les policiers du service des étrangers n'hésitent pas : six d'entre eux parcourent la ville pour prévenir le plus possible de familles juives étrangères.

     

    Seul Edouard Vigneron, leur chef, reste au poste en "couverture". Le soir, les policiers ont la certitude que tous les Juifs visés ont pu être prévenus, mais il faut organiser leur hébergement ou leur évacuation. Ils s'emploient également à ce que les Juifs absents de Nancy lors de la rafle ne soient pas interpellés à leur retour, et vont même en attendre certains à la gare.

     

    Le 19, une cinquantaine de Juifs sont quand même arrêtés par les gardiens de la paix français. Quelques-uns, pourtant prévenus, n'ont pas cru au danger... Certains policiers font du zèle dans leur recherche. Le lendemain de la rafle, les Allemands sont furieux : ils sont dans l'obligation d'annuler un train à destination d'Auschwitz.

     

    Toutefois, une explication prévaudra: la rafle parisienne ayant eu lieu avant les rafles en province, les Juifs nancéens auront été prévenus... Pierre Marie et ses collègues sont interrogés par leur supérieur, mais rien ne peut être prouvé contre eux.

      

    Cependant, en août 1942, Edouard Vigneron est arrêté, emprisonné trois mois et contraint à prendre une retraite anticipée. Une personne à laquelle il a donné une " vrai-fausse" carte d'identité a, naïfement, vendu la mèche. Pierre Marie le remplace à la tête du service. Mais la méfiance s'est installée : les "sept" ne sont pas informés des rafles suivantes qui, à partir du début 1944, concernent les Juifs français.

     

    Pierre Marie, Charles Bouy, Edouard Vigneron et François Pinot (ces deux derniers à titre posthume) ont reçu la "Médaille des Justes parmi les nations" de l'Institut Yad Vashem dont l'une des missions est de "perpétuer la mémoire des non-Juifs qui, au péril de leur vie, ont secouru des Juifs". Au dos de cette médaille, est écrit:

      

    "Quiconque sauve une vie, sauve l'humanité tout entière". Charles Thouron, comme ses 4 autres collègues, s'est vu décerné le 30 juin 1996, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations.

    Oskar Schindler, le héros de Spielberg, a lui aussi reçu cette distinction. Certes, ces policiers n'agissaient pas par conviction non-violente, mais simplement par humanité. Au péril de leur vie (et de celle de leurs proches), ils ont sauvé environ trois cents Juifs, et l'autres personnes non-juives. Des résistances comme celle de Nancy ont, hélas, été trop peu fréquentes.

     

    Jean-Marie Muller démontre la soumission de la plupart des autorités face à l'autorité allemande ou vychiste...

     

    Or il semble que les résistances non-violentes ont particulièrement déstabilisé l'occupant, comme l'a constaté l'historien Basil Liddell Hart qui a interrogé des généraux allemands après la guerre. "Les déclarations des généraux allemands révélaient l'efficacité de la résistance non-violente. (...) D'après leurs propres déclarations, ils avaient étéincapables d'y faire face. Ils étaient experts en violence et avaient été entraîné à affronter des adversaires qui employaient des méthodes violentes. Mais d'autres formes de résistance les déconcertaient (...)".

     

    La seconde partie de l'ouvrage de J-M Muller est consacrée au devoir de désobéissance des fonctionnaires français sous l'occupation et au "Noyautage des Administrations Publiques" (NAP). Sous l'impulsion de Claude Bourdet cette organisation intégrée à la résistance avait pour objectif de noyauter l'administration vichyste.

     

    Jean-Marie Muller livre ici une très intéressante étude sur le devoir de désobéissance et la non-coopération, base de toute résistance non-violente à un oppresseur.

      

    Cette étude se prolonge jusqu'à aujourd'hui : il cite, notamment, le décret du 18 mars 1986, sur le code de déontologie de la police nationale qui autorise la désobéissance d'un policier à un ordre illégal. Mais l'auteur souligne justement que, sous Vichy, les ordres étaient légaux.

      

    Aussi, il suggère que les fonctionnaires soient formés de manière à ce qu'ils ne se soumettent pas à une autorité ou à un ordre illégitime. Il en appelle à leur conscience et au respect de la Constitution qui, au dessus des lois, garantit les droit fondamentaux des personnes vivant sur le sol français.

     

    Par cet ouvrage, Jean-Marie Muller contribue à alimenter et renforcer la réflexion sur la non-violence. Fort à propos il cite Henry-David Thoreau: "Si la machine gouvernementale veut faire de vous l'instrument de l'injustice envers votre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi". Il rappelle également l'illégitimité du pouvoir de Vichy, auquel la majorité des Français s'est pourtant soumise. Alors que le procès Touvier s'est ouvert le 17 mars, ce genre de rappel est nécessaire. La mémoire collective des peuples, et du peuple français en l'occurrence, révèle leurs valeurs. Alors, soumission, ou résistance ?

     

    Désobéir à Vichy : la résistance civile de fonctionnaires de police

     

    Jean-Marie Muller, Presses Universitaires de Nancy, 1994, 144 p.

     

    http://www.non-violence-mp.org/muller/desobeirvichy.htm

     

     

    Liens utiles sur le blog

     

    La cour du 19 août 1944 – essai sur la mémoire policière

    Policiers français sous l'occupation : 

      

    (les archives de l'épuration)

    La loi du 23 avril 1941 portant organisation générale

    des services de police en france

     

    Les rafles … "très françaises" de 1942

    L'énigme rené bousquet …

    Archives policières de l'occupation …

    La police sous vichy

      

      

      

      

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