• Une femme hors du commun

     

     

    L' histoire d'une femme exceptionnelle, de sa personnalité au moment de la Deuxième Guerre mondiale et comprendre le Verbe de cette femme. Bien des êtres humains ont une vie, certes, mais bien peu d'existence, d'autres offrent un langage unique jusqu'à la fécondité de leur Verbe à tous les temps et Renée Auduc faisait partie indélébile de cette humanité lumière qui prouve son aura dans l'affirmation d'un altruisme absolu. La devise des Angeard d'où était issue Renée, n'était-elle pas : J'y tiens ! Renée Angeard, épouse Auduc est née au Mans le 16 novembre 1908, son père, Fernand était menuisier, il fabriquait des escaliers, des meubles et sa petite entreprise était florissante.

      

    La petite Renée a vécu heureuse dans la prodigieuse cohérence d'une famille dont l'abnégation était le fruit d'une vocation transmise de génération en génération, la fidélité comme modèle accompli d'humanité. À l'école, Renée est une enfant qui apprend vite et bien, on la pousse tout naturellement aux études d'où elle obtiendra son brevet du second degré, son brevet de secrétariat et de comptabilité. C'est probablement au cours de ces bals musette qui festoyaient les samedi dans les villages alentours qu'elle rencontre dans une chaumière, Alfred son futur époux. Alfred Auduc est né à Cérans-Foulletourte, il fabriquait dans son atelier des éoliennes dont il était détendeur d'un brevet.

    De leur union naquirent deux fils, Jean Jacques né en 1931 et Michel né en 1939, une fille, une naissance toute miraculeuse, Marie Josette née en 1948. 1939, la guerre éclate, c'est la débâcle, l'exode, les gens dans le désarroi sont sur la route, en ces jours d'agonie chacun tente de sauver ce qui peut l'être encore, les longues files de charrettes tirées par les chevaux, les landaus tirés par les mères, les anciens, les vieux comme on dit en Sarthe, ramassés dans les carrioles, la peur est gravée sur tous les visages. Renée et ses deux garçons sont de ceux là, Alfred ayant été mobilisé comme motocycliste au 6e génie d'Angers. Les marcheurs de l'exode, la wehrmarcht a tôt fait de les rattraper, Renée est ses enfants ont regagné la maison du Mans.

    Mobilisé près de la frontière Belge et après s'être échappé, Alfred est rentré chez lui, il décide d'entrer dans la résistance suite à l'assassinat à la mitrailleuse par les nazis, d'une centaine d'enfants, du jardinier et des sœurs d'un orphelinat. En 1943, un ami lui fait connaître le réseau Hercule-Buckmaster, là on lui propose de monter son groupe, se sera la famille, sa femme Renée, les oncles, les tantes, la grand- mère et le petit Jean Jacques 12 ans. Renée est devenue Francine, avec le grade de capitaine, elle est chef de réseau, agent des Forces française libres. Renée fabrique des faux papiers, elle est adjointe de radio, elle décode les messages de l'intelligence service britannique. Les taches du groupe étaient de récupérer les armes et les colis qui leurs étaient parachutés, cacher les aviateurs alliés abattus.

    L'activité du groupe dura 9 mois, ce 2 novembre 1943 où Renée et Alfred furent arrêtés par la gestapo. Conduits rue des Fontaines, ils furent matraqués, martyrisés, envoyés à Angers devant un tribunal militaire, ils sont condamnés à mort. Leur peine de mort fut commuée à la prison à vie suite à une intervention anglaise. Renée Auduc fut envoyée au camps de Ravenbrück, puis au camps de Holleischen où elle subit les pires atrocités d'un médecin nazi qui a mené sur elle des expériences gynécologiques, 98 % des femmes qui tombaient entre les mains de ce sinistre bourreau finissaient au four crématoire. Renée fut ensuite envoyée en Silésie dans une usine de poudre à canon où ses poumons furent brulés.

    Renée Auduc fut libérée du camps de la mort en 1945, son état d'épuisement extrême lui vaut d'être hospitalisée en Suède durant quarante jours, là elle se remet car dit-elle : je ne veux pas apparaitre comme ça devant mes enfants et ma famille ! Elle voulait que ses cheveux repoussent, reprendre du poids. Sur les 104 personnalités du groupe, seules 46 ont survécu, dont Renée et Alfred. Pour tenter de réparer les expériences gynécologiques du médecin nazi, on lui propose d'avoir un enfant et c'est ainsi que Marie Josette, l'enfant miracle nait le 4 novembre 1948. Renée décède cinq mois après la naissance de sa fille. Fait unique dans l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Renée Auduc a été déclarée morte pour la France par un décret spécial de la République en 1949, soit cinq ans après la fin de la guerre en 1945.

    Renée Auduc a été faite Officier de la Légion d'Honneur, médaillée de la Résistance et des Combattants volontaires, des Déportés, de la Medal Of Freedom des USA. Je lui dédie à Renée, cette phrase du grand écrivain tchèque Jean Neruda, reproduite par le héros tchèque Julius Fucik, dans sa lettre ouverte où il appelait, en automne 1940, les intellectuels de son pays à la résistance : Nous sommes nés dans la tempête et pas à pas nous marchons fièrement dans les nuées orageuses vers notre noble but, ne courbant la nuque que devant notre peuple.

      

      

    sources / http://www.patrickdelaplacetrinquet.eu/blog/lire-article-161142-1691778-une_femme_hors_du_commun.html

      

      

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