• Auschwitz

     

      

      

    In this section of Auschwitz-Birkenau concentration camp only barbed wire and the chimneys of the baracks remained. Though seeing just the mumbers and size is still very much overwhelming.
    Today, 69 years ago , the camp was liberated by the Red Army.

     

     

     

     

    The orderly SS officer who was on duty in this room often executed the sentences of Gestapo summary court.

     

     

     

     

    Birdman suggested that I try this shot in black & white, with the exception of the red candle, in the same style as was used in Steven Spielberg's film "Schindler's List", which adds to the poignancy of this upsetting scene.

    Feel free not to comment if the subject makes you uncomfortable. We just think that this is something people need to see, or rather, never forget...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Prisoners were only given a few minutes every day, regardless of the season, to use the toilet. Fights often occurred in order to obtain a seat and only the strongest managed to get one...

    At Birkenau camp, there were 4 toilet barracks (a sewer with a concrete lid that had 58 toilet openings in it), and 2 barracks containing toilets and sinks (for a sector containing 62 barracks housing up to 1000 prisoners each!).

    The prisoners also had limited opportunities for bathing. Additionally, they had to undress in their own barracks before doing so and, regardless of the weather, walk naked to the bathhouse. For many prisoners, this led to sickness and death.

     

     

    Wooden barracks in Auschwitz II - Birkenau, BIIA. These barracks were actually prefabricated horse stables originally made for use on the eastern Front, against the Soviet Union. Even the rings for tying horses were in place along the sides. The wooden bunks, or "hutches" as they are sometimes called, contained as many as six prisoners on each shelf. Originally intended to house 250 prisoners, these barracks sometimes contained as many as a thousand.

     

     

     

     

    Jewish were called to wash themselves before being shot or hanged in Auschwitz. Many times the murder happened to be while they were washing themselves.

     

     

    The Hall of Names at Yad Vashem, the Holocaust history museum in Jerusalem is the Jewish People’s memorial to each and every Jew who perished in the Holocaust – a place where they may be commemorated for generations to come.

     

     

    Fingernail scratches in main gas chamber.

    I can't describe what I felt inside this place...

     

     

     

     

     

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    Date: 25 aout 1944


    Des soldats de la 2e DB du général Leclerc, rue de Bourgogne, dans le VIIe arrondissement de Paris. Précisons que nous nous trouvons à l'arrière de la chambre des Députés. Les jardins de cette dernière se trouvent au-delà des arcades qui se trouvent en arrière-plan de la photo.

     


    Des soldats armés dont certains derrière un blindé, un autre blindé au bout de la rue. Sur le trottoir à gauche avec les soldats : un gendarme et deux civils.


    Automitrailleuse M8 du 1er peloton, 5e escadron du 1er régiment de marche de spahis marocains (RMSM) commandé par le Lt Matousek, action vers 18h00-18h30 le 25 août 1944.

     


    fr.wikipedia.org/wiki/1er_régiment_de_spahis


    Au moins deux civils participeront à cette action M. Achille Peretti, futur maire de Neuilly-sur-Seine et le photographe Robert Capa.

     


    www.museedelaresistanceenligne.org/pageDoc/pageDoc.php?id...


    " il rentre à Paris le 25 août 1944 avec le général de Gaulle dont il assure la protection. Il prend part au combat de la rue de Bourgogne et de la Chambre des Députés avec des éléments de la Division Leclerc placés sous ses ordres. "


    www.google.fr/search?q=capa+%2B+liberation+de+paris&t...
    De nos jours : www.flickr.com/photos/mlq/11100936806/


    NB la date du 30 août ne correspond pas à la date de la prise de vue qui est le 25.
    Pour aller plus loin :


    fr.wikipedia.org/wiki/Libération_de_Paris

     

     

     

     

     

     

     

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    Le film de Hava Kohav Beller La Conscience Restless, salue la mémoire des résistants allemands qui se sont levés contre le mal, en dépit du danger mortel pour eux-mêmes et leurs familles.

    La plupart d'entre eux ont été arrêtés par les nazis, ont essayé, et exécutés.


    (Voici Helmuth James von Moltke.)


    En 1981, les commentaires d'un convive eu un grand impact sur ​​la vie des New-Yorkais Hava Kohav Beller. Elle littéralement «tout laissé tomber» et les 10 années suivantes, elle a fait des voyages en Allemagne cinq et six fois par an sur une mission qu'elle admet franchement était une «obsession».

     

     



     

      

    Son objectif était d'enregistrer sur la pellicule les histoires de ceux qui ont osé défier Adolf Hitler et son Troisième Reich, dès le début de son règne en 1933 jusqu'à son suicide 12 ans plus tard.

      

    Elle a dû vendre biens, enseigner, travailler dans une galerie d'art, mener des sollicitations téléphoniques pour le Metropolitan Opera, et emprunter de l'argent pour financer le projet, qui a été rejetée pour le financement parce qu'il était considéré comme «trop controversé."

     

     

      

    Après sa sortie de l'année dernière, le film de Beller, la Conscience Restless, a été nominé pour un Academy Award, et a reçu des prix de la Fondation Petra à l'Institut américain pour les arts et la science, et de l'American Film et Video Association. Beller a également reçu le CINE Golden Eagle



    Bien qu'elle est née dans une famille juive allemande à Francfort, Beller insiste pour que ce projet n'a rien à voir avec son milieu familial depuis l'âge de dix-huit mois quand ses parents, Max Stern et Lotte Marcusy déplacés avec elle en Israël.

      

    "Mais l'idéalisme que j'ai appris en grandissant dans un kibboutz appelé Geva, au pied du Mont Gilboa, m'a donné une affinité avec les résistants.

      

    On nous a appris à être responsable pour les autres, à défendre la justice, de se battre pour ce que nous pensions était juste ".

    Grandir en Israël, sa mère n'a jamais mentionné la Shoah. Mais une fois, l'expression de sa mère parlait plus que les mots. Ce fut un événement qui est gravée dans sa mémoire.

    «Je me souviens que lorsque j'étais une fille - ans après la fin de la guerre - ma mère a reçu une lettre de la Croix-Rouge pour l'informer que sa mère avait péri à Auschwitz. Je me souviens encore de l'expression sur son visage - un de la douleur, l'horreur. C'était comme si quelque chose de terrible, très significative, était arrivé. Elle ne pleurait pas, mais la vie évacuée de son visage.

      

    Il était comme un masque de la mort. La mémoire de l'Holocauste était dans son visage. Il était très vif et il me faisait peur. Je n'ai rien dit. J'ai eu un sentiment qu'elle ne voulait pas en parler. Elle n'a pas parlé, je n'ai pas demandé. "

    Quand elle dit à sa mère sur le projet en 1981, Beller, dit sa mère "me regarda un long moment, puis dit:« J'ai essayé tant de mal à vous éloigner de tout cela. "Beller dit que sa mère a refusé de lui parler de sa vie pendant la guerre, en expliquant "les enfants ne peuvent pas percevoir leurs parents comme des personnes."

    Bien que son père l'a encouragé son cinéma, elle n'a jamais eu la chance de discuter sérieusement du projet avec lui avant sa mort en 1982, sa mère est morte en 1984.



    eller, parlant avec un accent français à consonance que dit-elle avec un rire qu'elle ne sait pas comment elle a acquis, parle d'une jeunesse innocente.

      

    «À l'adolescence, je suis allé aux États-Unis de rester avec mon père et à assister à la Juilliard School, j'ai étudié la musique, le ballet et la danse moderne."

    Beller est devenu un danseur professionnel et chorégraphe, a eu sa propre compagnie de danse à New York et a joué dans des productions de l'appartement de Zoya de Mikhaïl Boulgakov et le jeu de Steinberg With Fire-Broadway off.

    Sur le chemin, elle a épousé le Dr Alexander Beller, un psychanalyste, et ils ont eu un fils, Thomas. Leur mariage de 12 ans a été tragiquement interrompue par la mort de M. Beller.









     




    Hava Kohav Beller
    Photo © Dorothea von Haeften




    Beller fait un film pour une production multimédia qui comprenait également la danse et le théâtre.

    Sa brève course était assez réussie qu'il a incité Beller à étudier le cinéma avec Arnold Aigle à la New School for Social Research de 1979 à 1981.

    Elle rappelle que ses études en cinéma a été une expérience «merveilleuse».

    Elle dit qu'elle «a fait deux courts métrages d'étudiants avec lui [Arnold Aigle] en 1980 et a commencé un film sur les peintres expressionnistes allemands et leur contexte historique au début du XXe siècle.

    C'est alors que j'ai découvert qu'il y avait de la résistance allemande à Hitler dans les années 30 et 40 ".

     

      

    Beller, vêtu d'un gros pull et un pantalon vert, et dont les cheveux noirs a des traces de gris, dit qu'elle a appris de la résistance à un dîner au printemps 1981 de Dorothea von Haeften-Steinhardt, la femme d'un ami.

      

    À propos de son fond, Steinhardt a mentionné que son père, Hans-Bernd von Haeften, avait été pendu par les nazis pour son rôle dans la résistance allemande.



    Le ciel est tombé sur moi quand j'ai entendu cela. Je ne savais pas qu'il y avait eu un souterrain anti-nazie. [Steinhardt] a dit que son père avait été un diplomate service civil avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qu'il est resté dans le bureau à l'étranger pour être plus utile à la résistance. Il faisait partie d'un groupe de civils qui ont résisté à Hitler dès le début.

      

    En essayant d'obtenir l'aide des Alliés, Angleterre et la France principalement, ils ont essayé d'arrêter Hitler avant la guerre. Après la guerre a éclaté, lui et ses amis a essayé d'arrêter la guerre et les atrocités. Il a finalement été arrêté, jugé et pendu en 1944 "

    Beller, dit-elle rapidement trouvé que peu de gens en dehors de l'Allemagne savait qu'il y avait eu une résistance, et que même les gens en Allemagne n'avait qu'une connaissance superficielle de celui-ci.

    Une fois, elle a appris que, Beller dit, elle a mis de côté son film sur les peintres expressionnistes allemands et s'est envolé pour l'Allemagne. "Je l'ai trouvé incroyable que nous ne connaissions pas la résistance et j'étais déterminé à faire un film sur elle. Peintres expressionnistes pouvaient attendre ... ».

    «C'était incroyable pour moi que personne ici ne connaissait les résistants. Ils avaient tout simplement disparu, mais ils ont fait quelque chose d'extraordinaire. Ils avaient le choix. Ils n'ont pas eu à faire ce qu'ils ont fait.

      

    Pourtant, ils l'ont fait savoir qu'ils mettaient en danger leur vie et celle de leurs familles. Il me semblait que ce n'était pas juste qu'ils ont sacrifié leur vie et si peu de gens étaient au courant. Je voulais savoir qui ils étaient, pourquoi ils ont fait ce qu'ils ont fait, quels sont les obstacles qu'ils ont dû affronter et surmonter ".

    Mais il avait été plus de 40 ans depuis la Seconde Guerre mondiale, et Beller, dit-elle savait qu'elle devait «course contre la montre» pour localiser et filmer les gens vieillissants qui étaient familiers avec les résistants.

    «Je ne connaissais personne, et je n'ai même pas parlé un mot d'allemand, mais une chose que je n'ai eu le numéro de téléphone d'un ami de mon père.

      

    J'ai pris le thé avec elle le lendemain et elle a dit, "J'ai la bonne personne pour vous." Elle pris le téléphone sur place et j'ai été invité pour le déjeuner le lendemain avec le fils d'un résistant. "Ce type de réseau a continué pendant 10 ans comme Beller cherchait des gens qui connaissaient les résistants.

    Contrairement à des mouvements de résistance en France, en Yougoslavie et ailleurs, Beller dit, résistants en Allemagne "ne pouvaient pas s'organiser en un mouvement. C'était une décision individuelle à résister.

      

    Ils ne viennent pas d'un parti politique, et ils sont venus de différents milieux sociaux et économiques. "

     

      

    Elle dit que la Gestapo (police secrète allemande) était «très efficace» dans la découverte des activités subversives. Les plupart des résistants pouvais faire était de former des "groupes lâches parce qu'il était dangereux pour les résistants de connaître l'autre. En conséquence, il y avait un grand sens de l'isolement.

      

    Le soutien qu'elle reçoit d'un groupe manquait, «Parmi les opposants les plus efficaces sont ceux qui ont demeuré actif dans le gouvernement et l'armée, car ils pourraient utiliser leurs postes de haute direction à titre de couverture, Beller souligne

     









     


    Une photographie unique de la resister Adam von Trott zu Solz, sa femme Clarita von Trott zu Solz, et leur petite fille. Il a essayé de mettre en garde les Britanniques sur la menace nazie, mais a été considéré comme un traître.


    u moment où elle a terminé le film en 1991, Beller a mené 30 entretiens avec les familles et amis des résistants - dont cinq résistants eux-mêmes.

    Les entretiens ont duré entre une et huit heures. «Il était bon pour certains d'en parler, tandis que d'autres étaient réticents à en parler. Quelques-uns ont refusé catégoriquement de parler sur le film, mais je leur ai dit que je serais de retour avec mon équipe sur telle ou telle date et quand je suis revenu, ils ont tous accepté de parler à la caméra. "

    Le film repose en grande partie sur des extraits de films d'archives et des interviews en direct de reconstruire la résistance. "Le sujet n'avait pas besoin de commentaire éditorial," dit Beller.

    L'un des commentaires les plus convaincants, c'est que faite par Axel von dem Bussche, qui à l'époque était de 18 ans officier dans le 9ème régiment d'infanterie. "Il était là quand l'armée allemande entre la Pologne, la France et la Russie", rappelle Beller. "Il a vu ce qui s'est passé et il n'a pas répondu à eux.

      

    C'était jusqu'à ce qu'il voit le massacre des Juifs en Russie. Qui le propulse dans l'action ".

    Dans l'interview, Bussche a raconté témoin des longues files d'hommes nus, les femmes et les enfants, car ils ont été conduits dans une fosse à être assassiné par SS en uniforme noir. "Et il m'a fallu un certain temps pour comprendre que l'extermination qui se passait, l'extermination des Juifs,» dit-il.

      

    «Instinctivement, je savais. . . que certains types de, harmonie traditionnelle acceptée avait été détruit. "

    Dit Beller: "Il est le Everyman - chacun d'entre nous qui ne répond pas à des choses dont nous sommes témoins. Mais pour lui, il a évolué.

      

    Il est arrivé un moment où il se devait de réagir. Il a décidé de passer à l'étape ultime - il s'est porté volontaire pour une mission suicide pour assassiner Hitler ".

    Ce n'était pas une tâche facile. Les explosifs étaient difficiles à trouver. Une bombe non explosée anglais trouvés dans un champ de bataille a été utilisé pour un explosif. Le plan prévoyait Bussche à porter la bombe sous ses vêtements tout en présentant de nouveaux uniformes d'hiver pour Hitler le lendemain. Quand Hitler arriva assez près, Bussche était de sauter sur lui et exploser la bombe.

    "Cependant, la nuit avant Hitler devait arriver, les uniformes ont été détruites par un bombardement allié et la manifestation a été annulée», dit Beller. Bussche dit dans le film qu'il lui fait encore mal qu'il ne pouvait pas arrêter les massacres. "Il est de ma responsabilité et de la culpabilité que je suis encore en vie."

    Beller souligne que les parcelles de tuer Hitler était seulement une partie de l'effort de résistance et développé seulement après qu'il est devenu clair que la machine à tuer nazie ne serait pas s'arrêter jusqu'à ce que Hitler a été assassiné.

      

    "Il y avait des efforts visant à prévenir forme arrivée de Hitler au pouvoir, et lui renverser et le traduire en justice pour violations des droits civils une fois qu'il est arrivé au pouvoir," dit-elle. "Il y avait des tentatives aussi dans les années 1930 pour éviter la guerre en obtenant la Grande-Bretagne et la France à résister à Hitler."














    Comptez-Fritz von der Schulenburg Dietlof, le commissaire de police adjoint à Berlin, sa femme Charlotte, et leurs six enfants. Von der Schulenburg a aidé Juifs à fuir l'Allemagne. Cette photo a été prise peu de temps avant il a été arrêté et exécuté.




    Autres résistants, dont le général Hans Oster dans le renseignement militaire, Peter Yorck, un fonctionnaire, juriste Hans von Dohnanyi, et le comte Helmuth James von Moltke, un avocat international, a travaillé pour obtenir les juifs d'Allemagne.

      

    Et à un moment où les églises établies offert aucune opposition officielle, pasteur luthérien et théologien Dietrich Bonhoeffer a publiquement dénoncé Hitler et prêché que le christianisme a exigé la résistance au nazisme. "Seulement si tu pleures pour les Juifs, vous n'êtes autorisé à chanter des chants grégoriens."

    Une fois que la guerre a commencé, il est de plus en plus difficile pour la résistance à fonctionner. Hans von Dohnanyi est cité comme disant,

      

    "Pour nager contre l'opinion publique dans son propre pays à l'époque de la victoire est une chose très difficile à faire."

    Mais la résistance a continué avec plusieurs résistants de travail au sein de l'Abwehr, le service allemand du renseignement militaire, et dans le bureau à l'étranger.

      

    Adam von Trott zu Solz, un fonctionnaire, a voyagé à l'étranger et a demandé à différentes nations pour aider à l'effort de résistance. Le président Franklin D. Roosevelt refusa de le voir.

    La résistance a pris fin en 1944 avec une série de simulacres de procès à Berlin, dans laquelle au moins 170 opposants ont été jugés et condamnés. La plupart de ceux présentés dans le film ont été exécutés.



    il film n'a pas été initialement reçu à bras ouverts. «Il y avait beaucoup d'opposition à ce sujet sur ​​les deux côtés de l'Atlantique," Beller dit de son film. "Il était la négation silencieuse en Allemagne, et une réticence marquée en Amérique du Nord pour faire face aux questions soulevées le film."

    Il a fallu sept ans de tournage et de dépistage "show" bobines de partisans potentiels avant que le financement a été obtenu. Le National Endowment for the Humanities fourni Beller avec son premier financement réel.

      

    Puis vint subventions de la Corporation for Public Broadcasting et la Fondation MacArthur. Mais elle est toujours en dette et espère récupérer une partie de ses dépenses grâce à la vente de cassettes vidéo, les ventes aux chaînes de télévision, et la vente de billets de cinéma.

    «Les gens sont fascinés par le mal», dit Beller, et admet sa propre fascination pour cette période de l'histoire. Elle passe beaucoup de son temps libre à lire à ce sujet, et envisage de faire un autre film.

      

    Dans le même temps, elle fait la promotion de la conscience Restless et parlant des leçons importantes qui peuvent être tirés de résistants.

    "Ils ont fait un choix moral et éthique. Les chances étaient complètement contre eux. Leurs chances de succès étaient nulles, et pourtant ils l'ont fait. Ce film est un document sur ​​les êtres humains qui se sont levés contre le mal, en dépit du danger mortel pour eux-mêmes et leurs familles. Il va au-delà de l'Allemagne et nous concerne tous ".

    Beller, dit-elle demande souvent ce qu'elle aurait fait elle a été dans les chaussures des résistants. Aurait-elle eu le courage de faire ce qu'ils ont fait? D'ailleurs, combien d'entre nous le ferait?

    «Pour moi, ce qui s'est passé pendant la Shoah est incompréhensible», dit-elle. «C'est un vide sombre. Et pourtant, je sais que les nazis étaient des êtres humains, ils ne sont pas d'une autre espèce. Cela signifie que ce mal est en nous tous.

      

      

    Il était d'une importance cruciale pour moi de trouver des gens qui se sont levés contre [ce mal], et qui a perpétué le positif dans l'esprit humain. Était pour moi essentiel. "



    il film a été diffusé aux États-Unis et dans plusieurs pays d'outre-mer. Beaucoup de survivants des camps de concentration qui l'ont vu, Beller dit, "m'ont remercié avec des larmes coulant sur ​​leurs joues. Les enfants de parents qui avaient péri dans les camps de concentration m'ont dit qu'ils ne voulaient que leurs parents avaient été là pour le voir. Les enfants de nazis sont venus me voir avec les larmes aux yeux.

      

      

    Ils avaient été profondément ému, a été secouée, et a exprimé sa gratitude. "

    En Russie, Beller dit qu'elle a été arrêté dans la rue et a remercié après le film a été montré à la télévision russe. Elle dit beaucoup de Russes "perçu comme un film anti-fasciste. Ils ont identifié avec elle, sentant que c'était sur ​​eux-mêmes et leur propre histoire difficile ».

    Après il a été diffusé en Allemagne l'année dernière, il y avait beaucoup de gens qui étaient mécontents que tout le film n'avait pas été démontré. Le film est de 113 minutes, mais la télévision allemande a édité jusqu'à 95 minutes pour entrer dans un intervalle de temps.

    «J'ai reçu beaucoup d'éloges après la projection. Je reçois encore des lettres, la plupart d'entre eux me remercier.

      

    Certains étaient des soldats allemands qui ont tenté d'expliquer pourquoi ils n'ont pas résisté. La plupart d'entre eux ont dit qu'ils étaient liés par le serment de fidélité qu'ils ont pris pour Hitler ".

    En réfléchissant sur ​​son travail, Beller dit: "Le film parle d'espoir et de ce que l'on peut faire pour se lever contre le mal. Les jeunes doivent se rendre compte de ce qui peut être fait dans l'adversité, et que même dans les moments les plus sombres, il ya toujours de la lumière ".
















    Le film de Hava Kohav Beller La Conscience Restless, salue la mémoire des résistants allemands qui se sont levés contre le mal, en dépit du danger mortel pour eux-mêmes et leurs familles.

      

    La plupart d'entre eux ont été arrêtés par les nazis, ont essayé, et exécutés.
     

      

    (Voici Helmuth James von Moltke.)


    n 1981, les commentaires d'un convive eu un grand impact sur ​​la vie des New-Yorkais Hava Kohav Beller. Elle littéralement «tout laissé tomber» et les 10 années suivantes, elle a fait des voyages en Allemagne cinq et six fois par an sur une mission qu'elle admet franchement était une «obsession».

    Son objectif était d'enregistrer sur la pellicule les histoires de ceux qui ont osé défier Adolf Hitler et son Troisième Reich, dès le début de son règne en 1933 jusqu'à son suicide 12 ans plus tard. Elle a dû vendre biens, enseigner, travailler dans une galerie d'art, mener des sollicitations téléphoniques pour le Metropolitan Opera, et emprunter de l'argent pour financer le projet, qui a été rejetée pour le financement parce qu'il était considéré comme «trop controversé."

      

    Après sa sortie de l'année dernière, le film de Beller, la Conscience Restless, a été nominé pour un Academy Award, et a reçu des prix de la Fondation Petra à l'Institut américain pour les arts et la science, et de l'American Film et Video Association. Beller a également reçu le CINE Golden Eagle.



    ien qu'elle est née dans une famille juive allemande à Francfort, Beller insiste pour que ce projet n'a rien à voir avec son milieu familial depuis l'âge de dix-huit mois quand ses parents, Max Stern et Lotte Marcusy déplacés avec elle en Israël. "Mais l'idéalisme que j'ai appris en grandissant dans un kibboutz appelé Geva, au pied du Mont Gilboa, m'a donné une affinité avec les résistants.

      

    On nous a appris à être responsable pour les autres, à défendre la justice, de se battre pour ce que nous pensions était juste ".

    Grandir en Israël, sa mère n'a jamais mentionné la Shoah. Mais une fois, l'expression de sa mère parlait plus que les mots. Ce fut un événement qui est gravée dans sa mémoire.

    «Je me souviens que lorsque j'étais une fille - ans après la fin de la guerre - ma mère a reçu une lettre de la Croix-Rouge pour l'informer que sa mère avait péri à Auschwitz. Je me souviens encore de l'expression sur son visage - un de la douleur, l'horreur. C'était comme si quelque chose de terrible, très significative, était arrivé. Elle ne pleurait pas, mais la vie évacuée de son visage.

      

    Il était comme un masque de la mort. La mémoire de l'Holocauste était dans son visage. Il était très vif et il me faisait peur. Je n'ai rien dit. J'ai eu un sentiment qu'elle ne voulait pas en parler. Elle n'a pas parlé, je n'ai pas demandé. "

    Quand elle dit à sa mère sur le projet en 1981, Beller, dit sa mère "me regarda un long moment, puis dit:« J'ai essayé tant de mal à vous éloigner de tout cela. "Beller dit que sa mère a refusé de lui parler de sa vie pendant la guerre, en expliquant "les enfants ne peuvent pas percevoir leurs parents comme des personnes."

    Bien que son père l'a encouragé son cinéma, elle n'a jamais eu la chance de discuter sérieusement du projet avec lui avant sa mort en 1982, sa mère est morte en 1984.



    eller, parlant avec un accent français à consonance que dit-elle avec un rire qu'elle ne sait pas comment elle a acquis, parle d'une jeunesse innocente. «À l'adolescence, je suis allé aux États-Unis de rester avec mon père et à assister à la Juilliard School, j'ai étudié la musique, le ballet et la danse moderne."

    Beller est devenu un danseur professionnel et chorégraphe, a eu sa propre compagnie de danse à New York et a joué dans des productions de l'appartement de Zoya de Mikhaïl Boulgakov et le jeu de Steinberg With Fire-Broadway off.

    Sur le chemin, elle a épousé le Dr Alexander Beller, un psychanalyste, et ils ont eu un fils, Thomas. Leur mariage de 12 ans a été tragiquement interrompue par la mort de M. Beller.









     




    Beller fait un film pour une production multimédia qui comprenait également la danse et le théâtre.

      

    Sa brève course était assez réussie qu'il a incité Beller à étudier le cinéma avec Arnold Aigle à la New School for Social Research de 1979 à 1981.

     

      

    Elle rappelle que ses études en cinéma a été une expérience «merveilleuse».

      

    Elle dit qu'elle «a fait deux courts métrages d'étudiants avec lui [Arnold Aigle] en 1980 et a commencé un film sur les peintres expressionnistes allemands et leur contexte historique au début du XXe siècle.

      

    C'est alors que j'ai découvert qu'il y avait de la résistance allemande à Hitler dans les années 30 et 40 ".

    Beller, vêtu d'un gros pull et un pantalon vert, et dont les cheveux noirs a des traces de gris, dit qu'elle a appris de la résistance à un dîner au printemps 1981 de Dorothea von Haeften-Steinhardt, la femme d'un ami. À propos de son fond, Steinhardt a mentionné que son père, Hans-Bernd von Haeften, avait été pendu par les nazis pour son rôle dans la résistance allemande.



    Le ciel est tombé sur moi quand j'ai entendu cela. Je ne savais pas qu'il y avait eu un souterrain anti-nazie. [Steinhardt] a dit que son père avait été un diplomate service civil avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qu'il est resté dans le bureau à l'étranger pour être plus utile à la résistance. Il faisait partie d'un groupe de civils qui ont résisté à Hitler dès le début. En essayant d'obtenir l'aide des Alliés, Angleterre et la France principalement, ils ont essayé d'arrêter Hitler avant la guerre. Après la guerre a éclaté, lui et ses amis a essayé d'arrêter la guerre et les atrocités. Il a finalement été arrêté, jugé et pendu en 1944 "

    Beller, dit-elle rapidement trouvé que peu de gens en dehors de l'Allemagne savait qu'il y avait eu une résistance, et que même les gens en Allemagne n'avait qu'une connaissance superficielle de celui-ci.

    Une fois, elle a appris que, Beller dit, elle a mis de côté son film sur les peintres expressionnistes allemands et s'est envolé pour l'Allemagne. "Je l'ai trouvé incroyable que nous ne connaissions pas la résistance et j'étais déterminé à faire un film sur elle. Peintres expressionnistes pouvaient attendre ... ».

    «C'était incroyable pour moi que personne ici ne connaissait les résistants. Ils avaient tout simplement disparu, mais ils ont fait quelque chose d'extraordinaire. Ils avaient le choix. Ils n'ont pas eu à faire ce qu'ils ont fait. Pourtant, ils l'ont fait savoir qu'ils mettaient en danger leur vie et celle de leurs familles. Il me semblait que ce n'était pas juste qu'ils ont sacrifié leur vie et si peu de gens étaient au courant. Je voulais savoir qui ils étaient, pourquoi ils ont fait ce qu'ils ont fait, quels sont les obstacles qu'ils ont dû affronter et surmonter ".

    Mais il avait été plus de 40 ans depuis la Seconde Guerre mondiale, et Beller, dit-elle savait qu'elle devait «course contre la montre» pour localiser et filmer les gens vieillissants qui étaient familiers avec les résistants.

    «Je ne connaissais personne, et je n'ai même pas parlé un mot d'allemand, mais une chose que je n'ai eu le numéro de téléphone d'un ami de mon père. J'ai pris le thé avec elle le lendemain et elle a dit, "J'ai la bonne personne pour vous." Elle pris le téléphone sur place et j'ai été invité pour le déjeuner le lendemain avec le fils d'un résistant. "Ce type de réseau a continué pendant 10 ans comme Beller cherchait des gens qui connaissaient les résistants.

    Contrairement à des mouvements de résistance en France, en Yougoslavie et ailleurs, Beller dit, résistants en Allemagne "ne pouvaient pas s'organiser en un mouvement. C'était une décision individuelle à résister. Ils ne viennent pas d'un parti politique, et ils sont venus de différents milieux sociaux et économiques. "

    Elle dit que la Gestapo (police secrète allemande) était «très efficace» dans la découverte des activités subversives. Les plupart des résistants pouvais faire était de former des "groupes lâches parce qu'il était dangereux pour les résistants de connaître l'autre. En conséquence, il y avait un grand sens de l'isolement. Le soutien qu'elle reçoit d'un groupe manquait, «Parmi les opposants les plus efficaces sont ceux qui ont demeuré actif dans le gouvernement et l'armée, car ils pourraient utiliser leurs postes de haute direction à titre de couverture, Beller souligne.














    Une photographie unique de la resister Adam von Trott zu Solz, sa femme Clarita von Trott zu Solz, et leur petite fille. Il a essayé de mettre en garde les Britanniques sur la menace nazie, mais a été considéré comme un traître.


    u moment où elle a terminé le film en 1991, Beller a mené 30 entretiens avec les familles et amis des résistants - dont cinq résistants eux-mêmes.

    Les entretiens ont duré entre une et huit heures. «Il était bon pour certains d'en parler, tandis que d'autres étaient réticents à en parler. Quelques-uns ont refusé catégoriquement de parler sur le film, mais je leur ai dit que je serais de retour avec mon équipe sur telle ou telle date et quand je suis revenu, ils ont tous accepté de parler à la caméra. "

    Le film repose en grande partie sur des extraits de films d'archives et des interviews en direct de reconstruire la résistance. "Le sujet n'avait pas besoin de commentaire éditorial," dit Beller.

    L'un des commentaires les plus convaincants, c'est que faite par Axel von dem Bussche, qui à l'époque était de 18 ans officier dans le 9ème régiment d'infanterie. "Il était là quand l'armée allemande entre la Pologne, la France et la Russie", rappelle Beller. "Il a vu ce qui s'est passé et il n'a pas répondu à eux. C'était jusqu'à ce qu'il voit le massacre des Juifs en Russie. Qui le propulse dans l'action ".

    Dans l'interview, Bussche a raconté témoin des longues files d'hommes nus, les femmes et les enfants, car ils ont été conduits dans une fosse à être assassiné par SS en uniforme noir. "Et il m'a fallu un certain temps pour comprendre que l'extermination qui se passait, l'extermination des Juifs,» dit-il. «Instinctivement, je savais. . . que certains types de, harmonie traditionnelle acceptée avait été détruit. "

    Dit Beller: "Il est le Everyman - chacun d'entre nous qui ne répond pas à des choses dont nous sommes témoins. Mais pour lui, il a évolué. Il est arrivé un moment où il se devait de réagir. Il a décidé de passer à l'étape ultime - il s'est porté volontaire pour une mission suicide pour assassiner Hitler ".

    Ce n'était pas une tâche facile. Les explosifs étaient difficiles à trouver. Une bombe non explosée anglais trouvés dans un champ de bataille a été utilisé pour un explosif. Le plan prévoyait Bussche à porter la bombe sous ses vêtements tout en présentant de nouveaux uniformes d'hiver pour Hitler le lendemain. Quand Hitler arriva assez près, Bussche était de sauter sur lui et exploser la bombe.

    "Cependant, la nuit avant Hitler devait arriver, les uniformes ont été détruites par un bombardement allié et la manifestation a été annulée», dit Beller. Bussche dit dans le film qu'il lui fait encore mal qu'il ne pouvait pas arrêter les massacres. "Il est de ma responsabilité et de la culpabilité que je suis encore en vie."

    Beller souligne que les parcelles de tuer Hitler était seulement une partie de l'effort de résistance et développé seulement après qu'il est devenu clair que la machine à tuer nazie ne serait pas s'arrêter jusqu'à ce que Hitler a été assassiné. "Il y avait des efforts visant à prévenir forme arrivée de Hitler au pouvoir, et lui renverser et le traduire en justice pour violations des droits civils une fois qu'il est arrivé au pouvoir," dit-elle. "Il y avait des tentatives aussi dans les années 1930 pour éviter la guerre en obtenant la Grande-Bretagne et la France à résister à Hitler."














    Comptez-Fritz von der Schulenburg Dietlof, le commissaire de police adjoint à Berlin, sa femme Charlotte, et leurs six enfants. Von der Schulenburg a aidé Juifs à fuir l'Allemagne. Cette photo a été prise peu de temps avant il a été arrêté et exécuté.




    Autres résistants, dont le général Hans Oster dans le renseignement militaire, Peter Yorck, un fonctionnaire, juriste Hans von Dohnanyi, et le comte Helmuth James von Moltke, un avocat international, a travaillé pour obtenir les juifs d'Allemagne. Et à un moment où les églises établies offert aucune opposition officielle, pasteur luthérien et théologien Dietrich Bonhoeffer a publiquement dénoncé Hitler et prêché que le christianisme a exigé la résistance au nazisme. "Seulement si tu pleures pour les Juifs, vous n'êtes autorisé à chanter des chants grégoriens."

    Une fois que la guerre a commencé, il est de plus en plus difficile pour la résistance à fonctionner. Hans von Dohnanyi est cité comme disant, "Pour nager contre l'opinion publique dans son propre pays à l'époque de la victoire est une chose très difficile à faire."

    Mais la résistance a continué avec plusieurs résistants de travail au sein de l'Abwehr, le service allemand du renseignement militaire, et dans le bureau à l'étranger. Adam von Trott zu Solz, un fonctionnaire, a voyagé à l'étranger et a demandé à différentes nations pour aider à l'effort de résistance. Le président Franklin D. Roosevelt refusa de le voir.

    La résistance a pris fin en 1944 avec une série de simulacres de procès à Berlin, dans laquelle au moins 170 opposants ont été jugés et condamnés. La plupart de ceux présentés dans le film ont été exécutés.



    il film n'a pas été initialement reçu à bras ouverts. «Il y avait beaucoup d'opposition à ce sujet sur ​​les deux côtés de l'Atlantique," Beller dit de son film. "Il était la négation silencieuse en Allemagne, et une réticence marquée en Amérique du Nord pour faire face aux questions soulevées le film."

    Il a fallu sept ans de tournage et de dépistage "show" bobines de partisans potentiels avant que le financement a été obtenu. Le National Endowment for the Humanities fourni Beller avec son premier financement réel. Puis vint subventions de la Corporation for Public Broadcasting et la Fondation MacArthur. Mais elle est toujours en dette et espère récupérer une partie de ses dépenses grâce à la vente de cassettes vidéo, les ventes aux chaînes de télévision, et la vente de billets de cinéma.

    «Les gens sont fascinés par le mal», dit Beller, et admet sa propre fascination pour cette période de l'histoire. Elle passe beaucoup de son temps libre à lire à ce sujet, et envisage de faire un autre film. Dans le même temps, elle fait la promotion de la conscience Restless et parlant des leçons importantes qui peuvent être tirés de résistants.

    "Ils ont fait un choix moral et éthique. Les chances étaient complètement contre eux. Leurs chances de succès étaient nulles, et pourtant ils l'ont fait. Ce film est un document sur ​​les êtres humains qui se sont levés contre le mal, en dépit du danger mortel pour eux-mêmes et leurs familles. Il va au-delà de l'Allemagne et nous concerne tous ".

    Beller, dit-elle demande souvent ce qu'elle aurait fait elle a été dans les chaussures des résistants. Aurait-elle eu le courage de faire ce qu'ils ont fait? D'ailleurs, combien d'entre nous le ferait?

    «Pour moi, ce qui s'est passé pendant la Shoah est incompréhensible», dit-elle. «C'est un vide sombre. Et pourtant, je sais que les nazis étaient des êtres humains, ils ne sont pas d'une autre espèce. Cela signifie que ce mal est en nous tous. Il était d'une importance cruciale pour moi de trouver des gens qui se sont levés contre [ce mal], et qui a perpétué le positif dans l'esprit humain. Était pour moi essentiel. "



    il film a été diffusé aux États-Unis et dans plusieurs pays d'outre-mer. Beaucoup de survivants des camps de concentration qui l'ont vu, Beller dit, "m'ont remercié avec des larmes coulant sur ​​leurs joues. Les enfants de parents qui avaient péri dans les camps de concentration m'ont dit qu'ils ne voulaient que leurs parents avaient été là pour le voir. Les enfants de nazis sont venus me voir avec les larmes aux yeux. Ils avaient été profondément ému, a été secouée, et a exprimé sa gratitude. "

    En Russie, Beller dit qu'elle a été arrêté dans la rue et a remercié après le film a été montré à la télévision russe. Elle dit beaucoup de Russes "perçu comme un film anti-fasciste. Ils ont identifié avec elle, sentant que c'était sur ​​eux-mêmes et leur propre histoire difficile ».

    Après il a été diffusé en Allemagne l'année dernière, il y avait beaucoup de gens qui étaient mécontents que tout le film n'avait pas été démontré. Le film est de 113 minutes, mais la télévision allemande a édité jusqu'à 95 minutes pour entrer dans un intervalle de temps.

    «J'ai reçu beaucoup d'éloges après la projection. Je reçois encore des lettres, la plupart d'entre eux me remercier. Certains étaient des soldats allemands qui ont tenté d'expliquer pourquoi ils n'ont pas résisté. La plupart d'entre eux ont dit qu'ils étaient liés par le serment de fidélité qu'ils ont pris pour Hitler ".

    En réfléchissant sur ​​son travail, Beller dit: "Le film parle d'espoir et de ce que l'on peut faire pour se lever contre le mal. Les jeunes doivent se rendre compte de ce qui peut être fait dans l'adversité, et que même dans les moments les plus sombres, il ya toujours de la lumière ".

     
     
     
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    "The Restless Conscience" by Hava Kohav Beller
    Interview by Stewart Ain

     

     
     
    Hava Kohav Beller's film The Restless Conscience, salutes the memory of the German resisters who stood up against evil, in spite of mortal danger to themselves and their families. Most of them were arrested by the Nazis, tried, and executed.
    (Here is Helmuth James von Moltke.)

    n 1981, the comments of a dinner guest had a great impact on the life of New Yorker Hava Kohav Beller. She literally “dropped everything” and the next 10 years she made trips to Germany five and six times a year on a mission that she frankly admits was an “obsession.”

    Her goal was to record on film the stories of those who dared to challenge Adolf Hitler and his Third Reich, from the start of his rule in 1933 until his suicide 12 years later. She had to sell belongings, teach, work in an art gallery, conduct telephone solicitations for the Metropolitan Opera, and borrow money to finance the project, which was rejected for funding because it was considered “too controversial.” After its release last year, Beller’s film, The Restless Conscience, was nominated for an Academy Award, and has received awards from the Petra Foundation at the American Institute for Arts and Science, and from the American Film and Video Association. Beller has also been awarded the CINE Golden Eagle.

     

    lthough she was born to a German Jewish family in Frankfurt am Main, Beller insists that this project had nothing to do with her family background since she was only eighteen months old when her parents, Max Stern and Lotte Marcusy moved with her to Israel. “But the idealism that I learned while growing up in a kibbutz called Geva, at the foot of Mount Gilboa, gave me an affinity with the resisters. We were taught to be responsible for others, to stand up for justice, to fight for what we believed was right.”

    Growing up in Israel, her mother never mentioned the Holocaust. But on one occasion, her mother’s expression spoke louder than words. It was an event that is seared into her memory.

    “I remember that when I was a girl – years after the war ended – my mother got a letter from the Red Cross informing her that her mother had perished in Auschwitz. I still remember the expression on her face – one of pain, horror. It looked as if something terrible, very meaningful, had happened. She didn’t cry, but life drained out of her face. It was like a mask of death. The memory of the Holocaust was in her face. It was very vivid and it frightened me. I didn’t say anything. I had a sense she didn’t want to talk about it. She didn’t talk, I didn’t ask.”

    When she told her mother about the project in 1981, Beller says her mother “looked at me a long time and then said, 'I tried so hard to keep you away from all of that.' Beller says her mother refused to tell her about her life during the war, explaining “children can’t perceive their parents as people.”

    Although her father encouraged her filmmaking, she never had a chance to seriously discuss the project with him before he died in 1982. Her mother died in 1984.

     

    eller, speaking with a French-sounding accent that she says with a laugh she doesn’t know how she acquired, talks of an innocent youth. “As a teenager, I went to the United States to stay with my father and to attend the Juilliard School, where I studied music, ballet and modern dance.”

    Beller became a professional dancer and choreographer, had her own dance company in New York and acted in off-Broadway productions of Mikhail Bulgakov’s Zoya’s Apartment and Steinberg’s Playing With Fire.

    Along the way, she married Dr. Alexander Beller, a psychoanalyst, and they had a son, Thomas. Their marriage of 12 years was tragically cut short by Dr. Beller’s death.

     
    Hava Kohav Beller
    Photo © Dorothea von Haeften
     

    Beller made a film for a multimedia production that also included dance and theater. Its brief run was successful enough that it prompted Beller to study filmmaking with Arnold Eagle at the New School for Social Research from 1979 to 1981.

    She recalls that her education in filmmaking was a “wonderful” experience. She says she “made two short student films with him [Arnold Eagle] in 1980 and started on a film about German expressionist painters and their historical context at the beginning of the twentieth century. It was then that I found out there was German resistance to Hitler in the ’30s and ’40s.”

    Beller, dressed in a large green sweater and pants, and whose dark hair has traces of gray, says she learned of the resistance at a dinner party in the spring of 1981 from Dorothea von Haeften-Steinhardt, the wife of a friend. In discussing her background, Steinhardt mentioned that her father, Hans-Bernd von Haeften, had been hanged by the Nazis for his role in the German resistance.

     

    The sky fell in on me when I heard that. I did not know there had been an anti-Nazi underground. [Steinhardt] said her father had been a civil-service diplomat before Hitler came to power and that he stayed in the foreign office to be more useful to the resistance. He was part of a group of civilians who resisted Hitler from the beginning. By trying to enlist the aid of the Allies, England and France primarily, they tried to stop Hitler before the war. After the war broke out, he and his friends tried to stop the war and atrocities. He was eventually arrested, tried and hanged in 1944.”

    Beller says she quickly found that few people outside Germany knew there had been a resistance, and that even people in Germany only had a cursory knowledge of it.

    Once she learned that, Beller says, she put aside her film about German expressionist painters and flew to Germany. “I found it incredible that we did not know about the resistance and I was determined to make a movie about it. Expressionist painters could wait….”

    “It was incredible to me that nobody here knew about the resisters. They had just disappeared, yet they did an extraordinary thing. They had a choice. They didn’t have to do what they did. Yet they did it knowing they were endangering their lives and the lives of their families. It seemed to me that it was not right that they should have sacrificed their lives and so few people knew about it. I wanted to learn who they were, why they did what they did, what obstacles they had to face and overcome.”

    But it had been more than 40 years since World War II, and Beller says she knew she had to “race against time” to locate and film the aging people who were familiar with the resisters.

    “I didn’t know anybody, and I didn’t even speak any German, but one thing I did have was the phone number of a friend of my father’s. I had tea with her the next day and she said, “I have the right person for you.” She picked up the phone on the spot and I was invited for lunch the next day with the son of a resister.” This type of networking went on for 10 years as Beller looked for people who knew resisters.

    Unlike resistance movements in France, Yugoslavia and elsewhere, Beller says, resisters in Germany “could not organize into a movement. It was an individual decision to resist. They did not come from one political party, and they came from different social and economic backgrounds.”

    She says the Gestapo (German secret police) was “very effective” in uncovering subversive activities. The most resisters could do was form “loose groups because it was dangerous for resisters to know each other. As a result, there was a great sense of isolation. The support one gets from a group was missing,” Among the most effective resisters were those who remained active in the government and the military because they could use their senior positions as cover, Beller points out.

     

     
     
    A unique photograph of the resister Adam von Trott zu Solz, his wife Clarita von Trott zu Solz, and their baby daughter. He tried to warn the British about the Nazi menace but was treated as a traitor.

    y the time she finished the film in 1991, Beller had conducted 30 interviews with the families and friends of resisters – including five resisters themselves.

    The interviews lasted between one and eight hours. “It was good for some to talk about it, while others were reluctant to speak. A few flatly refused to talk on film, but I told them that I would be back with my crew on such and such a date and when I returned, they all agreed to speak on camera.”

    The film relies heavily on archival film clips and live interviews to reconstruct the resistance. “The subject needed no editorial comment,” says Beller.

    One of the most compelling comments was that made by Axel von dem Bussche, who at the time was an 18-year-old officer in the 9th Infantry Regiment. “He was there when the German army entered Poland, France and Russia,” recalls Beller. “He saw things that happened and he did not respond to them. That was until he saw the massacre of Jews in Russia. That propelled him into action.”

    In the interview, Bussche recounted witnessing the long lines of naked men, women and children as they were led into a pit to be murdered by black-uniformed SS. “And it took me some time to understand that extermination was going on, extermination of Jews,” he said. “Instinctively I knew . . . that some kind of traditional, accepted harmony had been destroyed.”

    Says Beller: “He’s the Everyman – everyone of us who doesn’t respond to things we witness. But for him, it evolved. There came a point where he had to react. He decided to take the ultimate step – he volunteered for a suicide mission to assassinate Hitler.”

    That was not an easy task. Explosives were hard to come by. An unexploded English bomb found in a battlefield was used for an explosive. The plan called for Bussche to wear the bomb under his clothes while presenting new winter uniforms for Hitler the next day. When Hitler came close enough, Bussche was to jump at him and explode the bomb.

    “However, the night before Hitler was to arrive, the uniforms were destroyed by an Allied bombing raid and the demonstration was canceled,” says Beller. Bussche says in the film that it still pains him that he couldn’t stop the mass killings. “It is my responsibility and guilt that I am still alive.”

    Beller stresses that the plots to kill Hitler were only part of the resistance effort and developed only after it became clear that the Nazi killing machine would not stop until Hitler was assassinated. “There were efforts to prevent Hitler form coming to power, and to overthrow him and bring him to trial for civil rights violations once he came to power,” she says. “There were also attempts in the 1930s to avert war by getting Britain and France to stand up to Hitler.”

     
    Count Fritz-Dietlof von der Schulenburg, the deputy police commissioner in Berlin, his wife Charlotte, and their six children. Von der Schulenburg helped Jews escape from Germany. This photo was taken a short time before he was arrested and executed.  

    Other resisters, including General Hans Oster in military intelligence, Peter Yorck, a civil servant, jurist Hans von Dohnanyi, and Count Helmuth James von Moltke, an international lawyer, worked to get Jews out of Germany. And at a time when established churches offered no official opposition, Lutheran pastor and theologian Dietrich Bonhoeffer publicly denounced Hitler and preached that Christianity demanded resistance to Nazism. “Only if you cry for the Jews are you permitted to sing Gregorian chants.”

    Once the war began, it was increasingly more difficult for the resistance to operate. Hans von Dohnanyi is quoted as saying, “To swim against public opinion in your own country in times of victory is a very difficult thing to do.”

    But the resistance continued with several resisters working within the Abwehr, the German Military Intelligence Service, and in the foreign office. Adam von Trott zu Solz, a civil servant, traveled overseas and asked different nations to help in the resistance effort. President Franklin D. Roosevelt refused to see him.

    The resistance came to an end in 1944 with a series of show trials in Berlin in which at least 170 resisters were tried and convicted. Most of those profiled in the film were executed.

     

    he film was not initially received with open arms. “There was great opposition to this subject on both sides of the Atlantic,” Beller says of her film. “There was silent negation in Germany, and a pronounced reluctance in North America to deal with the issues the film raised.”

    It took seven years of filming and of screening “show reels” to potential supporters before funding was obtained. The National Endowment for the Humanities provided Beller with her first real funding. Then came grants from the Corporation for Public Broadcasting and the MacArthur Foundation. But she is still in debt and is hoping to recoup some of her expenses through videocassette sales, sales to television stations, and movie theater ticket sales.

    “People are fascinated with evil,” Beller says, and admits her own fascination with that period of history. She spends much of her spare time reading about it, and is considering making another film. In the meantime, she is promoting The Restless Conscience and speaking of the important lessons that can be learned from the resisters.

    “They made a moral and ethical choice. The odds were completely against them. Their chances of success were nil, and yet they did it. This film is a document about human beings who stood up against evil, in spite of mortal danger to themselves and their families. It goes beyond Germany and concerns us all.”

    Beller says she often wonders what she would have done has she been in the shoes of the resisters. Would she have had the courage to do what they did? For that matter, how many of us would?

    “For me what happened during the Holocaust is incomprehensible,” she says. “It’s a dark void. And yet I know that the Nazis were human beings, they were not another species. That means that this evil is in us all. It was crucially important for me to find people who stood up against [this evil], and who perpetuated the positive in the human spirit. That for me was essential.”

     

    he film has been shown in the United States and in several countries overseas. Many concentration camp survivors who saw it, Beller says, “thanked me with tears rolling down their cheeks. The children of parents who had perished in concentration camps told me they only wished their parents had been there to see it. The children of Nazis came to me with tears in their eyes. They had been deeply moved, were shaken up, and expressed gratitude.”

    In Russia, Beller says she was stopped on the street and thanked after the movie was shown on Russian television. She says many Russians “perceived it as an anti-fascist film. They identified with it, feeling that it was about themselves and their own difficult history.”

    After it was broadcast in Germany last year, there were many who were upset that the entire film had not been shown. The movie is 113 minutes long, but German television edited it down to 95 minutes to fit into a time slot.

    “I received a lot of praise after the showing. I’m still getting letters, most of them thanking me. Some were from German soldiers who tried to explain why they did not resist. Most of them said they were bound by the oath of loyalty they took to Hitler.”

    In reflecting on her work, Beller says: “The film is about hope and about what one can do to stand up against evil. Young people should realize what can be done in times of adversity, and that even in the darkest times there is always light.”

     

     

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  •  Adam von Trott zu Solz with his Wife Clarita (1944)

     

    Organized German resistance others photos 

       

    Adam von Trott zu Solz with his wife Clarita (1944) .

    See his role during WWII Germany

     

    Clarita Freifrau von Trott zu Solz, geborene Tiefenbacher (* 19. September 1917 in Hamburg; † 28. März 2013 in Berlin) war eine deutsche Ärztin und Psychotherapeutin sowie Ehegattin von Adam von Trott zu Solz, einem Widerstandskämpfer gegen den Nationalsozialismus und Beteiligtem am Attentat vom 20. Juli 1944.

     

    Friedrich Adam Freiherr von Trott zu Solz, né le 9 août 1909 à Potsdam - mort le 26 août 1944 à la prison de Plötzensee à Berlin, est un juriste, diplomate et résistant allemand contre le national-socialisme.

    Adam von Trott zu Solz1943.jpg 

    1943

     

     

     

    Adam von Trott appartenait au cercle étroit qui a participé au complot du 20 juillet 1944 et servait de relais entre le comte von Stauffenberg et le Cercle de Kreisau dont il était membre. Il était le précurseur d'une politique étrangère au sein de la résistance allemande contre le national-socialisme et aurait accédé à un poste de secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères si l'attentat contre Hitler avait réussi.

     

    claus-von-stauffenberg.jpg

     

     

    Il était en relation directe avec des cercles gouvernementaux britannique et américain et utilisa ces contacts au profit de la résistance.

     

     

      

    Son caractère tolérant et son ouverture d'esprit ont joué un grand rôle dans la collaboration entre les différents groupes politiques et sociaux au sein de la résistance allemande contre le nazisme.

     

      

    Adam von Trott zu Solz descend d'une famille noble ancienne appartenant à la chevalerie de Hesse et qui trouve ses racines au nord de la Hesse depuis le XIIIe siècle. La branche dont il descend est localisée dans la région autour d'Imshausen et de Solz entre Bad Hersfeld et Eisenach.

      

    Cette lignée a donné de nombreux hommes politiques et diplomates.

      

    Son prénom Adam lui a été donné en souvenir d'un de ses ancêtres qui avait été au XVIe siècle un envoyé du Prince-Électeur de Brandebourg à la cour de l'empereur Charles Quint.

      

    Être au service de l'État avait une importance capitale pour la famille.

      

    Son grand-père, Werner von Trott zu Solz (1819-1858), avait été l'envoyé du Prince-Électeur de Hesse à la cour du roi du Wurtemberg et son père,

      

    August von Trott zu Solz (1855-1938), avait gravi les échelons jusqu'aux hautes responsabilités de l'État après que la Hesse était tombée aux mains de la Prusse en 1866 :

     

     

     

      

     

    Adam von Trott et son père.

     

     

    après avoir été Landrat (haut fonctionnaire régional), il était devenu en 1899 président du gouvernement de la région de Cassel avant de devenir en 1905 Oberpräsident de la province de Brandebourg, devenant ainsi proche de la cour royale.

      

    C'est à cette période que la famille déménage à Potsdam où Adam von Trott zu Solz voit le jour. Lorsque le libéral-conservateur Theobald von Bethmann Hollweg devient chancelier en 1909, August von Trott zu Solz est nommé ministre de l'enseignement, poste qu'il quitte en 1917 lorsque Bethmann Hollweg quitte le gouvernement.

     

      

    Les ancêtres silésiens de sa mère Eleonore von Schweinitz (1875-1948) étaient aussi célèbres : le grand-père maternel Hans Lothar von Schweinitz, général prussien, était ambassadeur à Vienne et à Saint Petersbourg après avoir eu une carrière brillante au sein de l'armée prussienne.

      

    La grand-mère d'Adam von Trott était Anna Jay, descendante directe de John Jay le premier Chief Justice des États-Unis, père fondateur des États-Unis et ami de George Washington.

    C'est dans cette tradition familiale cosmopolite que naît

    Adam von Trott zu Solz en 1909.

      

    Adam von Trott (2e à partir de la droite) avec d'autres collaborateurs du ministère des Affaires étrangères.

    Von Trott au ministère des Affaires étrangères

     

     

    Adam von Trott et sa fiancée Clarita Tiefenbacher en 1940.

    Adam et Clarita von Trott en 1940.

    Berlin - amitié et résistance (1940-1942)

     

    Après son retour, Trott fait deux rechutes et doit aller à l'hôpital. Cinq ans plus tôt, en 1935, il avait rencontré furtivement Clarita Tiefenbacher.

    Le 9 avril 1940, il se décide alors à se fiancer avec elle. Clarita Tiefenbacher, descendante d'une famille de patriciens de la Hanse, n'avait pas entendu parler de lui depuis longtemps mais leur amour était réciproque.

     

    Ils se fiancent la première fois qu'ils se revoient.

     

     

     

     

     

    En mai 1940, la situation politique change : l'armée allemande marche dans les Pays-Bas, en Belgique et en France, tandis qu'en Grande-Bretagne le gouvernement de Chamberlain adepte de l'appeasement démissionne et que Churchill est nommé Premier ministre.

      

    Le 8 juin 1940, Trott épouse Clarita Tiefenbacher à Reinbek près de Hambourg.

      

    Il se sent prêt à fonder sa propre famille et veut pour cela un emploi sûr. Il devient alors collaborateur scientifique au Ministère des Affaires étrangères ; le 1er juillet, il devient membre du parti nazi (NSDAP), à l'encontre de ses convictions les plus profondes, pour pouvoir continuer son double jeu.

      

    Trott travaille tout d'abord au bureau de l'information qui informe les services administratifs allemands de l'état de l'opinion publique dans les pays ennemis.

     

    Au printemps 1940, les services du ministère des Affaires étrangères, y compris celui de Trott, sont réorganisés sur ordre de Wilhelm Keppler.

      

    Trott s'efforce à obtenir de nouvelles responsabilités, et on lui confie le dossier Amérique du Nord et Extrême-Orient. Adam von Trott entre en contact avec Subhash Chandra Bose qui a fui l'Inde pour arriver à Berlin le 3 avril 1941, et qui au contraire de Gandhi et de Nehru, cherche un partenaire dans l'Allemagne nazie.

      

      

    En 1941, la politique étrangère national-socialiste espère une collaboration avec le mouvement d'indépendance indien pour affaiblir l'hégémonie britannique - et donc alliée - en Asie du sud. Wilhelm Keppler met en place début 1941 un « Bureau indien » au sein du bureau de l'information.

      

    Alexander Werth, un collaborateur de Trott, décrit son travail comment étant suit :

    « D'abord le bureau d'information, ensuite le dossier spécial sur l'Inde, et enfin le travail pour la résistance. Dans son travail, ces trois objectifs se mêlaient, tant sur le plan pratique qu'en fonction de ses convictions, à vrai-dire chacun de ces objectifs influait sur un autre. Car seul le travail légal permettait la liberté de mouvement nécessaire pour entamer et conduire les activités illégales. »

     

     

    Trott est le chef du Bureau « Indes » et peut employer des collaborateurs sans devoir passer par le ministère. C'est ainsi qu'il parvient non seulement à sauver des amis juifs de Paris de la déportation, mais également à élargir ses contacts grâce au syndicaliste social-démocrate Franz Josef Furtwängler.

      

    Furtwängler lui permet de faire la connaissance de l'ancien député social-démocrate Julius Leber, un des chefs de la résistance de gauche. L'activité de aux Affaires étrangères lui permet de lier des contacts, mais également des amitiés comme avec Hans Bernd von Haeften et sa femme qui deviennent par la suite parrain et marraine de ses enfants.

      

    Les couples Trott, Haeften, et Peter et Christabel Bielenberg (l'ami de Trott, devenu jusiste et son épouse, écrivain d'origine anglaise) se donnent rendez-vous à Berlin pour des promenades. Helmuth James von Moltke et son épouse Freya von Moltke font également partie de ce cercle d'amis.

      

    Moltke travaille sous les ordres de Wilhelm Canaris au service Étranger-Défense du commandement suprême des forces armées allemandes, et discute souvent avec Trott et Eugen Gerstenmaier de la philosophie de Hegel.

      

    Le 1er mars 1942, Verena, la première fille d'Adam und Clarita von Trott, vient au monde à Berlin.

     

      

      

    Gerstenmaier la baptise. Par l'intermédiaire de Peter Bielenberg, Trott fait la connaissance de Peter Yorck von Wartenburg et de son épouse Marion Yorck von Wartenburg, dont la maison dans la Hortensienstraße à Berlin-Lichterfelde devient vite le quartier général de la résistance.

    Les bases du Cercle de Kreisau sont en place.

     

     

    Adam von Trott zu Solz with his Wife Clarita (1944)

     

    © Bildarchiv Preußischer Kulturbesitz

    Dernière photo de leur dernière rencontre

      

      

    ------------------------------------------------------


    (in wikipedia* and also for Shiela Grant Duff who actively opposed the initial UK goverments1930s appeasement policy ). See photo credit L hand corner.

     

    *Adam von Trott zu Solz (August 9, 1909 – August 26, 1944) was a German lawyer and diplomat who opposed the Nazi regime.German resistance groups were called collectively the 'Widerstand'.

     

     

     

     

    1943

      

      

    Born in Potsdam, Germany, he was the fifth child of Emilie Eleonore (née von Schweinitz) and leading Prussian civil servant August von Trott zu Solz. Adam von Trott went to the UK in 1931 on a Rhodes Scholarship to study at Balliol College, Oxford where he became close friends with David Astor. Following his studies at Oxford, Trott went on to spend six months in the United States.In 1937 Trott was posted to China.

      

      Afficher l'image d'origine

     

     

     

    He took advantage of his travels to try to raise support outside Germany for the internal resistance against the Nazis. In 1939, he lobbied Lord Lothian and Lord Halifax to pressure the British government to abandon its policy of 'appeasement' towards Adolf Hitler, visiting London three times. He also visited Washington, D.C., in October of that year in an unsuccessful attempt to obtain American support.

      

      

    1938

     

     

    Friends warned von Trott not to return to Germany but his conviction that he had to do something to stop the madness of Hitler and his henchmen led him to return. Once there, in 1940 Trott joined or infiltrated the Nazi Party in order to access party information and monitor its planning.

      

    At the same time, he served as a foreign policy advisor to the clandestine group of intellectuals planning the overthrow of the Nazi regime known as the Kreisau Circle. However, during the war, Trott helped Indian leader Subhas Chandra Bose in setting up the Special Bureau for India.

      

    Bose had escaped to Germany at the onset of the war, and later raised the Indische Legion in the country.

    Trott was part of Claus von Stauffenberg's unsuccessful plot of July 20 1944 to assassinate Hitler. He was arrested within days, placed on trial and found guilty. Sentenced to death on 15 August 1944 by the Volksgerichtshof, he was hanged in Berlin's Plötzensee Prison on August 26.

     

    Trott is one of five Germans who are commemorated on Balliol College's World War II memorial stone.The 'Trott' surname apparently exists both in England (as variants such as Treat / Tratt from at least the 1540s , in Norfolk?,

    King Henry VIIIs reign til 1547) and in Prussian/German variants.The last name / surname Trott is the 7,500th most common family name in Germany and not among the 5000 most common surname in Austria. (Statistics from the phone book 2005).

    Adam von Trott was the author of: Hegels Staatsphilosophie und das internationale Recht; Diss. Göttingen (V&R), 1932 .

     

     

     

     

    Trott en Suisse probablement en avril 1942.

     

     

    In contrast: On Martin Niemöller's (Jan 14, 1892 – Mar 6, 1984) famous quotation:
    "First they came for the Communists" .


    What did Niemoeller really say? Which groups did he name? In what order?

    Asks Harold Marcuse, UC Santa Barbara (2005) ...?


    From a 1946 English translation:


    " When Pastor Niemöller was put in a concentration camp we wrote the year 1937; when the concentration camp was opened we wrote the year 1933, and the people who were put in the camps then were Communists. Who cared about them? We knew it, it was printed in the newspapers.

      

    Who raised their voice, maybe the Confessing Church? We thought: Communists, those opponents of religion, those enemies of Christians - "should I be my brother's keeper?"

      

    Then they got rid of the sick, the so-called incurables. - I remember a conversation I had with a person who claimed to be a Christian. He said: Perhaps it's right, these incurably sick people just cost the state money, they are just a burden to themselves and to others. Isn't it best for all concerned if they are taken out of the middle [of society]? -- Only then did the church as such take note. Then we started talking, until our voices were again silenced in public.

      

    Can we say, we aren't guilty/responsible? The persecution of the Jews, the way we treated the occupied countries, or the things in Greece, in Poland, in Czechoslovakia or in Holland, that were written in the newspapers. …

     

     

     

     

    1943

     

    I believe, we Confessing-Church-Christians have every reason to say:

     

    mea culpa, mea culpa! We can talk ourselves out of it with the excuse that it would have cost me my head if I had spoken out.

    We preferred to keep silent. We are certainly not without guilt/fault, and I ask myself again and again, what would have happened, if in the year 1933 or 1934 - there must have been a possibility - 14,000 Protestant pastors and all Protestant communities in Germany had defended the truth until their deaths? If we had said back then, it is not right when Hermann Göring simply puts 100,000 Communists in the concentration camps, in order to let them die.

      

    I can imagine that perhaps 30,000 to 40,000 Protestant Christians would have had their heads cut off, but I can also imagine that we would have rescued 30-40,000 million [sic] people, because that is what it is costing us now."

     

     

    Acte d'accusation contre les conjurés du 20 juillet.

    Judgement in connection with en:20 July plot by en:Roland Freisler (en:People's Court, 15th August 1944). The plotters and condemned men were Bernhard Klamrothen:Wolf-Heinrich Graf von Helldorfen:Adam von Trott zu Solz and en:Hans Bernd von Haeften.

     

    For his opposition to the Nazi's state control of the churches, Niemöller was imprisoned in Sachsenhausen and Dachau concentration camps from 1937 to 1945.He narrowly escaped execution and survived imprisonment.

     

     

     

      

     

    Adam von Trott devant le tribunal.

     

    After his imprisonment, he expressed his deep regret about not having done enough to help the victims of the Nazis.

    He turned away from his earlier antisemitic and nationalistic beliefs and was one of the initiators of the Stuttgart Declaration of Guilt.

     

    This was translation was paraphased or morphed by the 1970s or later to this version below.Other versions included Jehovahs Witnesses , homosexuals or Roman Catholics though the latter were not a minority.Gypies/Romany or Tartars don't seem to have been mentioned?

     

    There are at least two slightly different versions on 'Flickr 'under the tag: Niemöller /Niemoller.

     

    'First they (Nazis) came for the communists, and I did not speak out--
    because I was not a communist;


    Then they came for the socialists, and I did not speak out--
    because I was not a socialist;


    Then they came for the trade unionists, and I did not speak out--
    because I was not a trade unionist;


    Then they came for the Jews, and I did not speak out--
    because I was not a Jew;
    Then they came for me--


    and there was no one left to speak out for me'.

    Back to the main theme: The attempted coup of July 20, 1944, is the pivotal event in the resistance against National Socialism.There were at least ninety murdered in judical courts. Where?


    Address:
    Gedenkstätte Plötzensee
    'Plötzensee Memorial Center Hüttigpfad'
    D-13627 Berlin-Charlottenburg-Wilmersdorf
    Germany

    e-mail: info@gdw-berlin.de

    Opening Hours:
    March until October daily 9:00 a.m. - 5:00 p.m.
    November until February daily 9:00 a.m. - 4:00 p.m.
    Closed on December 24-26 and December 31 - January 1

    How to Get There:
    Bus 123 to bus stop "Gedenkstätte Plötzensee".
    The Memorial Centre is a three-minute walk from the bus stop.

    Public transport timetable information from VBB (Berlin-Brandenburg Transport System): Admission is free.

     


    This is a site of quiet remembrance; no guided tours are available. 2007 Gedenkstätte Deutscher Widerstand.

     

     

     

     

    Plaque commémorative apposée sur le Gymnasium de Hannoversch Münden

     

     

     

     

     

     

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    Maquis et résistance, renseignements, débarquement des alliés

    et libération du Calvados

      

    Beaucoup de gens, et qui se croient souvent très bien informés pensent qu'il n'y a eu que peu de mouvements de résistance dans le département du Calvados.

    C'est un fait que l'application de la loi militaire allemande sur une bande côtière profonde de 30 à 35 Km dans la zone la plus peuplée du Calvados a sérieusement limité les possibilités d'organiser des maquis.

    (voir la carte de l'effectif des résistances armées en juillet 1944, par exemple)

    Mais en revanche, on peut légitimement se demander si le débarquement des alliés aurait pu être organisé avec des chances sérieuses de succès sans le travail de deux réseaux de renseignements, à savoir le réseau Centurie, organisé pour "écrémer" les renseignements collectés par l'OCM (Organisation civile et militaire) et proche de la Confrérie Notre-Dame (CND) dirigée par Rémy d'une part, et le réseau Nord "des Sosies" dirigé par Dominique Ponchardier, d'autre part. La notion de résistance armée ne se différencie pas en réalité de la notion de prudence.

    Le Calvados
    La carte à gauche a été fabriquée à l'aide de Google map

    Les maquis

    Parmi les maquis organisés, il faut bien signaler les maquis FTP du Champ-du-Boult dans le sud du département du Calvados qui dépendait du Commandant Louis Petri, et étaient placés sous le commandement, de René BERJON (Emile), chef départemental des groupes de F.T.P., de Claude de BAISSAC, de Jacques NAVIER et d'Alice BOUGOURD, agents de liaison.

      

    Si le capitaine britannique J.B. HAYES a été parachuté à Feugerolles du Plessis dans la nuit du 8 au 9 juillet 1944, c'est à Champ-du-Boult que l'essentiel des armes et explosifs nécessaires aux FTP de Louis Petri ont été massivement parachutés afin de couvrir La Mission dite Helsman, qui a permis à l'état-major du général Bradley d'être sûr de réaliser avec succès la percée des divisions blindées américaines suivant l'opération Cobra.

    C'est également sur la colline de Champ-du-Boult que l'essentiel des armes et explosifs alimentant les maquis FTP du sud Calvados, de Mayenne et de la Manche était parachuté.

    Organisation de la Résistance en Normandie
    Cliquez sur l'image pour suivre le lien

    A ce propos, une page web donne des renseignements très intéressants sur l'organisation de la Résistance dans le Calvados et la Mayenne, organisation liée au réseau SOE Buckmaster, dont l'influence s'étendait également à L'Ille-et-Vilaine.

    Un autre maquis a joué un rôle actif dans l'attaque des parachutistes britanniques: le maquis de Saint-Clair opérant au sud de Caen et qui comptera une centaine de membres dont la moitié environ était affectées aux opérations actions sous la direction Capitaine Jean Renaud-Dandicolle du Spécial Opération Exécutive (S.O.E.), britannique, qui a été parachuté en Mayenne pour y unir les maquis.

    Il a ensuite organisé tous les parachutages pour un maquis dans la Manche, avant de placer sous son commandement trois groupes de résistants qui ont formé le maquis : le groupe d’André Lenevez, le groupe de Jean Foucu, et le groupe d’André Masseron,

    André Lenevez est en relation avec l’Intelligence Service, il ramasse les armes, donne des renseignements sur les troupes et sur l’aviation allemandes, fabrique de fausses cartes d’identité et d’alimentation et organise toute une filière de cache pour les réfractaires au S.T.O. dans les fermes du secteur.

    Il aurait également existé un réseau "Scamaroni" réunissant quelque 80 résistants œuvrant dans la ville de Caen. Par ailleurs, il faut citer le rôle essentiel joué par tous les petits réseaux locaux pour entrer en liaison avec les forces alliées afin d'éviter les destructions massives urbaines. Tel fut le cas à Caen, Lisieux, Evreux et sans doute dans beaucoup d'autres cités de moindre importance.

    D'autres actions sont citées par Robert Aron dans son «Histoire de la Libération de la France» (Tome 1) (pp. 63 à 68 de l’édition Arthème Fayard). Il cite le réseau de Jean Sainteny, créé dès septembre 1940 et rallié au réseau Alliance, dont la plupart des membres seront arrêtés en avril 1944 et massacré le 7 juin 1944.

      

    Parmi ces résistants opiniâtres eux, un professeur de dessin du lycée de Caen qui va dresser une carte détaillée des défenses allemandes depuis l’embouchure de la Dives jusqu’au Cotentin, une carte détaillée de… 16 m2 qui parviendra aux alliés et leur servira à établir les opérations du D-day, ou encore l’activité du pêcheur Thomime qui prélève sur les panneaux d’affichage des mairies côtières tous les avis de zones d’interdiction de la navigation en mer à l’occasion des essais de tirs des batteries côtières allemandes.



    Quant à la Résistance dans la zone de Bayeux, ajoute Robert Aron, elle était représentée par une poignée de résistants sous la coupe du marchand de cycles de Bayeux, Mercader, délégué de l’OCM qui n’eut pas à intervenir au soir du 5 juin 1944.

      

    Quant à Tony Mercader, frère cadet du délégué de l’OCM, Pierre D esprairies, agrégatif réfractaire au STO, Braneler, Lelandais, et Berthonet, ils passèrent plusieurs fois le front le 6 juin pour informer les Officiers de renseignement anglais, ce qui permit à l’aviation anglaise de détruire une formation importante de chars allemands.

     

     

     

    Les réseaux de renseignement

    D'une manière générale, la plupart des réseaux de résistance étaient implantés dans le Calvados. Mais la résistance était typiquement une affaire de famille en Normandie (voir par exemple "La résistance du bocage" d'André Debon et louis Pinson, ou encore l'exemple de Jacques Vicot. Le Réseau Alliance était implanté à Vierville-sur-mer.

    Mais les réseaux les plus remarquables et dont les renseignements se sont montrés les plus décisifs dans le choix des plages de débarquement et la réussite du plan "Neptune" (opération d'assaut et de débarquement d'Overlord) sont certainement ceux de la filiale de la Confrérie Notre-Dame, c'est à dire le réseau "Century" dirigé par Rémy, et la branche normande du réseau des Sosies dirigée par Dominique Ponchardier et son second, le lieutenant de vaisseau Rivière, alias "Dood".

      

    Comment La carte du mur de l'Atlantique en projet est-elle parvenue aux Alliés?

    Effectivement, l'intégralité de la carte du mur de l'Atlantique en construction est parvenue entre les mains des alliés par l'intermédiaire de Rémy, nom de guerre de Gilbert Renault, officier de renseignements de 2ème classe des Forces françaises libres. Voici comment!

    Rémy raconte comment, alors qu'il était pourchassé par la Gestapo, il a dû quitter la France accompagné des plusieurs membres de sa famille et le jeune Alain de Beaufort, il a embarque à Pont-Aven, sur un bateau de pêche, les Deux Anges, le 17 juin 1942 pour l'Angleterre en transportant jusqu'en Grande-Bretagne le plan des défenses allemandes du mur de l'Atlantique allant de Cherbourg à Honfleur, dont il n'avait même pas pu prendre connaissance avant son embarquement.(1)

    Le Vendredi 19 juin 1942, Rémy monte avec sa petite famille à bord du Motor Torpedo Boat commandé par le lieutenant Dunstan Curtiss, et son courrier comportant une grande carte frappée des mots

    "Sehr Geheim" (très secret).

      

    Il s'agit de la carte du mur de l'Atlantique (dessinée de Cherbourg jusqu'à Honfleur) «que notre camarade René Duchez a dérobé le mois précédent sur la table du commandant de l'organisation Todt à Caen,» récupérée par le réseau Centurie travaillant en concertation avec l'O.C.M., lui-même lié à la confrérie Notre-Dame.(ndr: au départ, le réseau Centurie était un réseau de ramassage des informations recueillies par l'O.C.M.)

      

    C'est Lavoisier, qui avait remis à Rémy la veille de l'arrestation, le 15 mai 1942, de François Faure, alias Paco, auquel avait été confié la mission d'amener la précieuse carte dans les bureaux de Rémy (p. 15) Dès le début des années 50, Rémy avait raconté par le menu comment cette carte lui était parvenu (2)   dans un livre qui a donné lieu à un célèbre film où Bourvil tient le rôle

    du peintre Roger Duchez.

      

    Il raconte donc qu'un mois environ avant son embarquement, le café « chez Paul », à l'enseigne du «café des touristes» à Caen était fréquenté par un peintre en bâtiment d'origine Lorraine, Duchez, qui savait dissimuler combien il détestait les Allemands.

      

      

    Les agents d'un petit réseau créé par Girard, du réseau Centurie, lui-même rattaché à la Confrérie Notre-Dame, fréquentaient également assidument ce café ainsi qu'un capitaine médecin de la Wehrmacht, le Hauptmann «Albert».

    Ayant entendu marmonner par les membres du réseau de Girard, qui jouaient aux cartes que l'organisation Todt, sise rue de la Geôle à Caen, était chargée de mener des travaux gigantesques de construction du mur de l'Atlantique, le peintre eût l'idée de forcer l'adjudication de travaux de peinture décrit dans un avis affiché à la mairie de Caen, bien que les délais de cette adjudication soient expirés. Après diverses péripéties et quiproquos comiques, Duchez réussit à obtenir l'adjudication des travaux et propose d'y ajouter gracieusement le retapissage du bureau du Bauleiter Schnedderer.

    Or, alors que, dès le lendemain, il montrait les échantillons de papiers peints au Bauleiter, un sous-officier apporte justement une pile de documents dont émergeait une grande carte pliée frappée du sigle gothique «SEHR GEHEM». Pendant que l'officier allemand était occupé à dicter un courrier urgent entre deux portes à sa secrétaire, le peintre réussit, sans se faire remarquer, à subtiliser cette carte et à la glisser derrière un grand miroir, de telle sorte qu'elle soit invisible.

    Le lendemain, il se mettait au travail pour le compte cette fois de Keller, un nouveau Bauleiter remplaçant le précédent et le surlendemain, 13 mai 1942, ayant achevé son travail supplémentaire de retapissage du bureau Keller, il a emmené la carte secrète des travaux sur le mur de l'Atlantique avec les chutes de papier peint, aidé au demeurant par les soldats allemands, tant leur patron était enchanté du travail de Duchez.

     



    Bien sûr, la ville a été très vite quadrillée par la police allemande ce qui n'empêcha nullement Duchez de livrer son trophée à Girard, alias Malherbe du réseau Centurie, attablé au café « chez Paul », lequel trophée était passé préalablement, par mesure de sécurité, par la poche du manteau du Hauptmann Albert, lequel manteau était pendu à la patère à l'entrée du café...

      

    L'odyssée de cette carte va durer près d'un mois avant de trouver le chemin de l'Angleterre parmi les sacs de courrier convoyés par Rémy, qui emmenait en même temps son épouse et ses enfants.

      

    Rémy voulait en effet les mettre à l'abri à la suite de la trahison de Pierre Carton, alias Capri, et de l'arrestation de Faure, alias PACO, lequel, n'ayant pas confiance en sa mémoire, notait toutes ses tâches sur son calepin...

    Sous la plume de Rémy, voici l'épilogue de la destinée de cette carte que le réseau Nord des Sosies dirigé par Dominique Ponchardier fût chargé de mettre à jour jusqu'au débarquement des alliés.(2):

    "A la fin du mois d'août 1944, un général américain entouré de plusieurs officiers est entré dans un restaurant de la rue de Lille en réclamant le « colonel Personne ». Jacques Piette, qui appartenait au mouvement de l'OCM, qui déjeunait en compagnie du futur ministre des Finances du premier Gouvernement de de Gaulle, se leva pour demander « Que puis-je faire pour vous? »
    « Glad to see you! Je suis le général Omar Bradley et je vous cherche depuis quatre jours. C'est bien vous qui vous occupez de la région Nord? »
    « -Oui, mon général. Je suis inspecteur régional des Forces françaises de l'Intérieur de la région A qui comprend la zone allant de l'embouchure de la Seine à la Frontière belge », répondit Jacques Piette.
    « - Good, Dites moi où je puis trouver là-bas des responsables militaires? »
    « Le poste de commandement de notre état-major est situé à l'abbaye de Marest, à la limite des départements du Nord et de l'Aisne. Il suffit de demander le prieur de ma part »
    « Excellent, a conclu Bradley, Maintenant j'ai une autre chose à vous dire. J'ai à vous témoigner la satisfaction de l'armée américaine à l'égard de votre réseau. C'est en effet à la suite de la réception à Londres du plan des défenses côtières de la Manche que nous avons choisi la zone de débarquement et que nous avons fait notre planning. Les renseignements qui figuraient sur ce plan étaient d'une telle valeur que nous avons pu réussir l'opération du débarquement avec le minimum de pertes en hommes et en matériel.» (Citation littérale extraite des pages 279 et 280 de «La dernière carte ») (2).

    La mise à jour des défenses du mur de l'Atlantique

    Mais posséder deux ans avant l'intervention du débarquement la carte du mur de l'Atlantique ne suffisait pas. Il fallait mettre à jour les notables modifications réclamées par le feld maréchal Erwin Rommel. Les frères Ponchardier avaient dédié une bonne partie de l'activité "des sosies" à cette œuvre ainsi que Dominique Ponchardier l'a écrit dans «Les pavés de l'enfer»(3).

    -«Tu penses ! Le guide de l'Atlantic Wall était une des grosses artères de Sosies. Les feuillets de renseignements 323 nous arrivaient tout prêts, conçus en formulaires que nous pouvions immédiatement insérer dans l'ouvrage. Ce guide comportait, en particulier, les angles de tir, la qualité du tir, les espaces morts et leurs plans de minage, les plans de voies de concentration, les équipements de manœuvres et les défenses des ports, mobiles et statiques. Nous avions ce mur dans les yeux avec son picasson d'ouvrages et ses transformations incessantes. C'était notre "mur".
    «Louis, un crayon sur l'oreille et un autre à la main, voltigeait avec ses appareils de dessin pour mettre à jour les croquis. Je m'extasiais sur M. A. 1. (marine n° 1: depuis Ostende jusqu'à Nantes) (4) dont nous pressentions l'importance capitale pour le débarquement. Depuis plusieurs semaines déjà, Sosies s'était définitivement réalisé. Il n'y avait plus de rue de Rennes, plus de cabinet Bompaix. Pierre ne commandait plus la zone sud. Je ne commandais plus la zone nord. Il y avait simplement un être unique, le tandem Pierre et Dominique , se doublant ou se dédoublant, mais toujours identique un être en soi. Néanmoins, nous avions gardé, Pierre et moi, une grosse vanité pour nos anciennes équipes respectives «sud» et «nord». Nous étions restés "chauvins", nous échangions des flèches acérées:
    «- Ah ! Quand même, j'ai des équipes du tonnerre ! Ton Midi, c'est de la petite bière ! Tout le monde y va, parce qu'il y fait beau et il n'y aura rien à foutre. Pour moi, il fait trop chaud là-bas.
    «- De la petite bière ? Non, mais regarde : Arsenal, arsenal, arsenal, Saint-Raphaël, cap Dramont, Agay... Tiens ! Anthéor, Théoule, le Var, Sète, Alès... Il s'extasiait en entassant les rapports.
    «Oeil de Velours allait et venait dans ce tourbillon de paperasses : Flack et contre-espionnage étaient ses afines maîtresses. On recoupait M. A 1. avec 1342 et M. A. 2. avec Hector. On perdait les fils, on les retrouvait. Cayeux, cotes X et Y passent en cotes W, Z, doubles coupoles à décaler 15" W.,...»

    Mais D. Ponchardier, Pépé et son groupe normand firent encore mieux en allant récupérer dans une usine désaffectée, sans doute aux confins des département de l'Eure, de la Seine inférieure et du Calvados, des notes de Rommel critiquant les insuffisances du mur de l'Atlantique. Il écrit toujours dans «Les pavés de l'Enfer» (pp. 310 et 311):

    «L'épluchage des papiers fut un travail considérable. Tout ce qui pouvait parler allemand dans la région parisienne fut convoqué. Il ne resta d'intéressant, sur le mètre cube de papiers que nous avions ramené, que la valeur d'une serviette. Cette serviette m'était précieuse : elle recelait des notes manuscrites de M. Rommel, soi-même. Ces notes contenaient une critique abondante sur le mur de l'Atlantique.
    «Elles ne révélaient aucun secret extraordinaire, mais elles disaient ce que Rommel pensait du mur et il en pensait beaucoup de mal, ce qui était quand même intéressant pour les Alliés. Il parlait du bluff des constructions, révélant que certaines coupoles ne permettaient même pas le recul de leurs canons. Il y avait des remarques exquises et très vaches (c'était un seigneur, M. Rommel) sur les angles ridicules qui avaient été laissé à des batteries. Il y avait une sorte de formulaire de méchancetés, d'une sévérité féroce, au sujet du responsable qui avait conçu les espaces morts entre les lignes fortifiées et les charnières.
    «Ce formulaire à lui seul valait la visite. Finalement, on y trouvait, noir sur blanc, la preuve, par le propriétaire lui-même, que les maçons avaient disposé de trop peu de moyens pour construire la fameuse barrière, que la main-d'œuvre utilisée était lamentable et les matériaux de très mauvaise qualité. Je me souviens textuellement de ceci: un bétonnage, du côté de Saint-Valéry-en-Caux, avait été construit sans armature de fer. Il n'était pas bâti sur un radier et Rommel prévoyait qu'une bonne saison de pluie le ferait s'enfoncer de lui-même dans le sol.
    «Le surlendemain, à Paris, fut un bon jour. N'aurait été ce putain de cœur qui battait comme un moteur à compression, j'aurais été parfaitement heureux. Tout y était, j'avais gagné.»

    Ce qu'il ne dit pas mais qu'il laisse entendre à l'occasion de l'arrestation sur dénonciation par la police française de son second, le lieutenant de vaisseau Rivière, alias DOOD, c'est qu'en outre les Alliés ont pu bénéficier des cartes des courants côtiers et des niveaux des marées levées par le service hydrographique de la marine nationale. En effet, non seulement Rivière avait pu communiquer les cartes officielles levées par les services de la marine, qui intéressaient les alliés aussi bien pour le débarquement des hommes de l'assaut que pour l'implantation des mulberries (les ports artificiels préfabriqués), mais encore par ses seules connaissances, il pouvait deviner quelles étaient les zones côtières les plus favorables à leur implantation.

    Telles sont les raisons pour lesquelles le centre du vieux Rouen et sa prison où Rivière avait été transféré ont été durement bombardés le 19 avril 1944 par les Anglais afin de détruire à tout prix, le centre des interrogatoires et les archives de la police nazie. Sur ce point, l'opération fut d'ailleurs un succès puisque faute de preuves, Doods fut finalement libéré après avoir subi plus de 60 interrogatoires de la police SS.

    La préparation des troupes alliées au débarquement

    Elle a porté sur les moyens à mobiliser pour assurer les débarquements des troupes, du matériel et leur approvisionnement, sur les moyens mis en œuvre pour tromper l'ennemi sur les intentions des alliés, et sur la préparation aérienne et l'isolement de la zone d'évolution des opérations dédiées au plan OVERLORD. Au préalable, il parait tout de même indispensable de rappeler qu'avant même de penser à débarquer en France, il fallait que les alliés conquièrent la maîtrise des mers. Là encore, le concours des réseaux de renseignements français se révèlera important, aussi bien en ce qui concerne l'élimination ou la neutralisation des cuirassés allemands que celle des meutes de sous-marins allemands (voir opération "Cerberus"). Le réseau nord des sosies contribuera également à faire disparaître la menace que pouvait faire peser la concentration de sous-marins en meute dans la baie du Mont-Saint-Michel en alertant les alliés et en leur livrant les cartes hydrographiques de cette zone.

    Mais c'est à coup sûr La technique de développement des radars équipant et des avions patrouilleurs, éventuellement à long rayon d'action comme les hydravions Catalina équipés de mines et de bombes spécifiques, qui va permettre aux alliés de maîtriser la sécurité des convois, l'invention du "snorckel" permettant aux sous-marins allemands de réduire considérablement la trace détectable de leurs sous-marins, qui nécessitait des travaux importants, intervenant trop tard dans le cours de la guerre pour en influencer le cours de façon décisive.

    Il restait également aux alliés à acquérir la maîtrise de l'espace aérien qui n'était pas encore acquis au début de l'année 1944. La maîtrise de l'air, indispensable pour le plein succès d'OVERLORD, a au demeurant coûté très cher en vies humaines. Aussi bien pour les armées aériennes alliées que pour les victimes civiles des bombardements.

    La stratégie allemande d'Hitler pour prévenir le débarquement des alliés.

     

     

    Les structures et chaîne de commandement
    des armées allemandes sur le front de l'Ouest

    Documents extraits de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
    par Gordon A. Harrison.
    Pour mieux les apprécier cliquer deux fois sur l'image.

     

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    C'est seulement à partir du début de l'année 1943, c'est à dire bien après l'entrée en guerre des USA et même la guerre en Tunisie qu'Hitler s'est préoccupé de prendre véritablement le contrôle du front de l'Ouest via l'OKW, laissant l'OKH se débrouiller avec le front de l'Est.

      

    En effet, après les conférences de Moscou puis de Téhéran, le sentiment général était qu'un débarquement à l'ouest paraissait imminent au printemps, à deux ou trois mois à partir du mois de février 1944.

      

    A ce moment là, Hitler s'était borné à émettre les deux directives n° 40 du 23 mars 1942.


    C'est justement vers la fin du mois d'octobre 1943, et plus précisément le 25 octobre, que von Rundstedt a mis la dernière main à un rapport quelque peu explosif dans lequel le commandant d'OB West mettait en exergue les faiblesses de la défense allemande à l'Ouest. Hitler y répondra de deux manières:

     

      1. d'abord en émettant sa directive n°51 du 3 novembre 1943 au demeurant entre les mains des alliés. L'armée disposerait d'un plan pour équiper chaque division de panzer et de panzer grenadier de quatre-vingt-treize chars Mark IV ou de canons d'assaut et des défenses antichars fortes pour la fin décembre 1943. Des divisions de panzer de réserve devraient être entièrement équipées; des canons antichars et des mitrailleuses devaient être livrés en quantité aux unités d'OB OUEST. Il était interdit de transférer les unités blindées hors de l'ouest sans approbation personnelle d'Hitler.

      

      1. Enfin, OB OUEST devrait organiser des exercices pour planifier le décalage des unités partiellement mobiles des parties de côte non menacées par l'invasion. (Hitler n'avait pas prévu que le carburant allait manquer dramatiquement aux divisions allemandes à la suite du bombardement systématique de toutes les sources de production de l'Allemagne, y compris le bombardement de Ploestie.)

     

      1. Alors qu'il avait l'intention de nommer Rommel au commandement des opérations allemandes en Italie (commandant d'OB SUD), Hitler a changé complètement d'avis et trois jours après avoir nommé à sa place le feld maréchal Kesselring, il a désigné Rommel pour assurer la contre-attaque allemande en cas d'invasion avec l'idée de lui confier les réserves chargées de repousser l'ennemi. Mais il y avait loin de l'intention aux actes: Rommel se rendra bien vite compte qu'il ne dispose des panzers que si Hitler y consent, et que les marges de manœuvres et de déplacement des panzers à sa disposition sont réduites par l'absence de la maîtrise de l'air.

     

    1. Les seules fonctions qu'il peut remplir effectivement consistent donc à renforcer autant que possible le mur de l'Atlantique.

     

    Casematte d'un canon de gros calibre
    en cours de bétonnage dans le Pas-de-Calais
    Documents extraits de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
    par Gordon A. Harrison.

    Dès sa nomination, et avant même son entrée en fonction officielle, Rommel a donc entrepris de visiter le mur de l'Atlantique, d'abord au Danemark, puis les fortifications de "Kanalkuest" défendant les plages de la Côte d'Opale. Le 23 décembre 1944, il quittera brusquement la zone de Fort-Mahon pour se rendre via Abbeville à Amiens où il rencontrera le 24 décembre 1944, l'état-major de la 2ème Panzer Division de la Wehrmacht.

    De son côté, Von Runsted approuvera un plan de renforcement des fortifications et de constructions de casemates pour l'artillerie côtière et les canons antichars, et il entreprit de constituer une réserve d'unités blindées.

      

    Tout en sachant que le commandement de ces réserves et la conduite de la bataille devait être confiée au "renard du désert" sous le contrôle d'Adolf Hitler. On devine déjà quelle sera la réponse des alliés aux mesures adoptées par Adolf Hitler, mesures au demeurant parfaitement connues des alliés grâce au système de décodage "Ultra".

    Chaîne de commandement et organisation alliée

     

    Les chaînes de commandement
    du COSSAC et du S.H.A.E.F.

    Pour mieux apprécier ces documents
    cliquer deux fois sur l'image.
    Pour prendre connaissance de
    la directive du 12 février 1944,
    cliquer sur le lien.

    Alors que l'on peut constater, dans le schéma des chaînes de commandement allemand, que les responsabilités stratégiques et militaires, théoriquement concentrées entre les mains d'Hitler, sont en réalité parfaitement diluées jusqu'au niveau des unités militaires, on observe que la chaîne de commandement alliée est parfaitement intégrée dans les états-majors mixte du COSSAC puis du S.H.A.E.F. Ce schéma était annexé à la directive au Commandant en chef du corps expéditionnaire allié, c'est à dire, Dwight D. Eisenhower, établie le 12 février 1944 et communiquée deux jours plus tard à l'Intérressé.

      

    Cette directive intègre donc les directives d'Hitler à ses troupes, mais également, les modifications apportées au plan d'assaut du COSSAC, et le plan de tromperie du commandement allemand. Il intègre également la connaissance qu'avaient les alliés des concentrations de troupes

    supplémentaires allemandes opérées au nord d'Abbeville par 127 trains T.C.O. (trains de l'armée allemande en cours d'opération).

    La seule exception à cette règle sera le commandement centralisé des forces aériennes alliées, oublié dans le schéma initial prévu à Casablanca que Dwight D. Eisenhower, en sa qualité de commandant suprême du corps expéditionnaire allié, résoudra vers la mi-avril 1944 au prix d'un débat particulièrement dur avec Winston Churchill, le Premier ministre britannique, au cours duquel le commandant suprême de forces alliées mettra sa démission dans la balance.

    Il résultera de l'intégration parfaite des officiers alliés au sein du S.H.A.E.F. et dans les états-majors chargés notamment des missions aériennes et également des missions de support aux troupes alliées et aux maquis de la Résistance française une grande cohésion dans l'action et l'application de la stratégie adoptée.

      

    Cette cohésion va jouer un rôle majeur dans l'exécution et la réussite totale des plans de tromperie de FORTITUDE et QUICKSILVER, destinés à préserver la sécurité de NEPTUNE et d'OVERLORD. (NDR: Ce principe a été conservé dans l'organisation de l'OTAN).

    Un entraînement à munitions réelles au débarquement
    sur une plage anglaise
    Document extrait de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
    par Gordon A. Harrison.

    Autre avantage résultant de la cohésion alliée, la permanence des responsables militaires pérennisés dans leur poste, tel le lieutenant général Omar N. Bradley, commandant la première armée US. Les mutations aux postes de responsabilité d'armes se comptent sur les doigts d'une main.

      

    On peut citer le remplacement du général Paget par le Maréchal Sir Bernard L. Montgomery à la tête du 21ème groupe d'armées britannique. Dans la marine US, la nomination, le 9 septembre 1943, de l'amiral Stark ne se fit pas aux dépens de son prédécesseur, l'Amiral King, car ce dernier a été désigné pour commander, former et entraîner les forces américaines chargées de l'assaut des plages du débarquement d'Utah et d'Omaha.

      

    Seule, la nomination le 1er avril 1944 de l'Amiral Sir Bertram H. Ramsay à la tête des forces navales du Corps expéditionnaire allié (ANCXF) paraît d'autant plus tardive que la tâche de préparation des opérations était engagée depuis le mois de janvier 1944; Mais un contrôle pointilleux et opérationnel paraissait indispensable pour mener à bien toutes les opérations programmées, y compris celles de tromperie de l'ennemi.



    Il faut dire que l'ajout de deux nouvelles plages de débarquement (celle d'Utah beach et de Sword), réclamées par Montgomery avec l'accord du major général Sir Francis de Guingand, chef d'Etat-major du général Eisenhower, dès le début du mois de janvier 1944, bouleversait complètement les prévisions établies par le COSSAC: il allait falloir augmenter sérieusement la préparation des unités chargées de l'assaut, y compris celles de parachutistes et des unités de planeurs, accroître le nombre des barges, des péniches de débarquement, et des Liberties'ships, et encore celui des navires de protection et de soutien...

    Tout cela en même temps que les marines US et britanniques devaient assurer des tâches d'entraînement de nuit et de jour au débarquement avec des tirs réels afin d'entraîner et de durcir les troupes d'assaut...



    A l'exemple des centres d'entraînement britanniques gérés par le Combined Operations Headquarter, l'armée US avait ouvert en septembre 1943, à Woolacombe, un centre d'entraînement à l'Assaut, dirigé par le lieutenant colonel Paul W. Thompon dans lequel ont bientôt défilé les unités prévues pour l(assaut en Normandie à l'exception de la 82ème Airborn, qui, elle, s'était entraînée en Sicile... Ont également été ouverts un centre d'entraînement pour les sauts à basse altitude des parachutistes, un autre pour le pilotage des planeurs...



    Pour donner une idée de la nature des tâches qui se répartissaient entre les états-majors aux différents niveaux de la chaîne de commandement, voici la chronologie des tâches accomplies à partir du 1er janvier 1944 jusqu'à la fin mai au niveau des seules armées US, sachant que des travaux analogues étaient conduits simultanément par les états-majors de l'armée britannique:

     

    Le général Dwight D. Eisenhower,
    commandant suprême
    du Corps expéditionnaire allié
    Document extrait
    de "CROSS-CHANNEL ATTACK",
    par Gordon A. Harrison.

     

      1. 01/01/1944: Réorganisation des armées aériennes américaines. Il est en outre établi une section de contrôle des 8ème et 15ème US Air Forces .au niveau de l’Etat-major (Bomber Command) afin d’étudier la pertinence des bombardements, y compris des bombardements stratégiques, à l’aide d’outils de calculs opérationnels et d’études statistiques. Cette pratique sera pérennisée ultérieurement au sein du Strategic Air Command (S.A.C.).

     

      1. 13/01/1944: Un radiogramme émanant du réseau France zéro ZW, (et donc ajoutons noustransmis par Elizabeth du réseau Alibi pour le MI5) annonce des mouvements de trains TCO (Transports commandés en opération) de la Wehrmacht, pour 62 trains réalisés (dont 24 TCO "Preiselbeers" et 33 TCO Edelkirsch") et auxquels s'ajoutent à venir 9 trains TCO "APT" et 10 trains TCO "PAPST" pour les 16 et 17 janvier.

     

      1. "Il semble, ajoute la dépêche, qu'il se produit en ce moment et depuis le début du mois une importante concentration de troupes dans le Nord du département de la Somme et la zone contiguë du département du Pas de Calais". (5)

     

      1. Du 17 au 22 janvier 1944:
      2. Eisenhower prend connaissance à Norfolk House des projets de plans d'induction en erreur des allemands (BODYGUARD et FORTITUDE) et donc nécessairement des mouvements de trains allemands sur le littoral de la Côte d'Opale émanant du réseau France zéro ZW (6).
      3. 23/O1/1944: Décision d'Eisenhower: le Commandant Suprême (qui avait longtemps soutenu ANVIL) était également convaincu ainsi qu'il l'a indiqué au Conseil mixte des opérations,

     

      1. son autorité exécutive, en précisant que le plan d' OVERLORD devait être amplifié et celui d'ANVIL réduit, s’agissant simplement de le maintenir comme une menace; et, au besoin, OVERLORD lui-même doit être lui-même repoussé d'un mois.(7)

     

      1. 31/01/1944: FUSAG: Planification de la directive pour OVERLORD.(8)

     

      1. 01/02/1944: esquisse des grandes lignes du plan initial de Neptune par les états-majors combinés du Commandement mixte allié (Joint Commanders).

     

      1. 3 février 1944: Lancement de l'ordre de bataille fictif du FUSAG daté du 3 février 1944 sous la référence SHAEF/18201/6/OPS.(8).

     

      1. 04/02/1944: Agrément par les chefs d’état-major combinés des opérations amphibies confiées à la deuxième Armée.

     

      1. 10/02/1944: Plan préliminaire "OVERLORD" établi par le TF 122 du FUSA.
      2. 12/02/1944:
      3.  
          • Plan préliminaire d'Overlord du Vème Corps de l'Armée US.
         
          • Publication du plan d'isolement de la zone de débarquement en Normandie élaboré par l'Air Marshall Leigh-Mallory, pour l'A.E.A.F.
         
      4. 13/02/1944: Une nouvelle directive des chefs d'état-major mixte (combined) donne pour consigne aux formations de bombardement US et britanniques de réduire les forces aériennes allemandes... par tous les moyens possibles.

     

      1. Cette directive modifie donc sérieusement les objectifs entérinés par la conférence de Washington du 18 mai 1943, et ne change rien à la mission de l'Air Marshall Portal qui reste chargé de la directio stratégique des opérations de bombardement "combinées". [consulter notamment à ce sujet le site "hyperwar" de l'US Air Force.]

     

      1. 14/02/1944: Le général Eisenhower et son état-major reçoivent la directive du 12 février 1944 des état-majors généraux britanniques et américains.Le COSSAC devient officiellement le SHAEF sous le contrôle d'Eisenhower.

     

      1. 22/02/1944: Le Q.G. de la 8ème Air Force est redésigné comme le QG de l’USTAF (incluant la 15ème Air Force).

     

      1. 25/02/1944: planification de "NEPTUNE" par le FUSA.
      2. 26/02/1944: Directive SHAEF 44-21 de FORTITUDE.

     

      1. 27/02/1944: mise en service au départ pour la 9ème US Air Force (chasseurs et chasseurs bombardiers) du centre de contrôle opérationnel mixte (avec le 11 gp de la RAF d'Uxbridge, sous l'autorité provisoire du général Quesada. L'actvité de ce centre sera finalement étendue à toutes les missions concernant OVERLORD.

     

      1. 28/02/1944:
          • Plan Guide de l'Operation “OVERLORD"pour le Vème Corps de l'armée US
          • Plan naval de l'Operation “NEPTUNE" de l'ANCXF (forces navales du Corps expéditionnaire allié).
         
      2. 10/03/1944: Directive du SHAEF au 21ème groupe d'armée, à l'AEAF, et à l'ANCXF.
      3. 20/03/1944: Plan combiné applicable au 2nd TAFF du 83ème Groupe de la 2ème Armée.
      4. 25/O3/1944: Approbation définitive de l'accord qui confie l'exécution du plan de bombardement du réseau ferré français et belge càonjointement à l'Air Marshall Portal, représentant les Etats-majors combinés américain et britannique et à l'Air chief Marshall Tedder, en tant que délégué du Commandant suprême.

      

      1. Acquis le 9 mars 1944, cet accord n'a été définitivement approuvé que le 25 mars 1944 afin de substituer le terme de "commandement" au terme de supervision... C'est également le même jour que Tedder exposera les grandes lignes du plan de bombardement du réseau ferré aux états-majors des formations aériennes au linistère de l'Air britannique. Le plan "oil" proposé le même jour par le général Spaatz a également été appouvé le même jour comme plan alternatif au plan rail.

     

      1. 26/03/1944: Plan NEPTUNE du Vème Corps d'armée US.

     

      1. 27/03/1944: Plan Neptune du VIIème Corps d'armée US.

     

      1. 8/04/1944: Plan de feu combiné de Neptune applicable par le 21ème Groupe d'armées et l'ANCXF.
      2. 10/04/1944: ordre d'opération navale de l'ANCXF.

     

      1. 13/04/1944: Le Général Eisenhower assure formellement la direction des opérations aériennes en dehors du Royaume uni à Minuit (toutefois, il avait exercé déjà son autorité dès la fin du mois de mars 1944). L’autorité d’Eisenhower s’étend désormais à l’ AEAF, au bomber

     

      1. Command de la RAF et à l’USSTAF (les 8ème et 15ème US Air Force, cette dernière conservant un certain degré d’indépendance) ainsi qu’au 1er groupe d’armées US, au 21ème groupe d’armées britannique, et aux forces navales alliées.

     

      1. 14/04/1944: Eisenhower fixe la mission particulière des forces aériennes stratégiques: d'abord détruire les forces aériennes allemandes et leurs moyens de maintenance, ensuite détruire les moyens de communication par chemin de fer.

     

      1. 15/04/1944: Plan aérien global de l'opération NEPTUNE applicable par l'E.A.E.F.

     

      1. 17/94/1944: Le général Dwight D. Eisenhower impose aux formations aériennes alliées le plan "rail" de paralysie des réseaux de la SNCF en France.

     

      1. 16/04/1944: Ordre de bataille No. 35 de la 1ère D.I. US.

     

      1. 21/04/1944: Plan d’Operation No. 2-44 (ONWEST 2)de la WNTF (sigle dont la traduction littérale n'a pas été retrouvée et ne figure dans aucun glossaire...) Il s'agit probablement d'un plan de mouvement de débarquement sur l'une des plages américaine

     

      1. 24/04/1944: Plan des mouvements communiqué au War Office (ministère de la guerre britannique).

     

      1. 28/04/1944: Directive amendée au FUSAG (1st US Army group) 21ème Groupe d’Armées britannique.

     

      1. 01/05/1944:
      2.  
          • Amendement N°1 à l’ordre de bataille (ON)à l'ANCXF.
         
          • L'état-major du S.H.A.E.F. demande que la combativité de la résistance et le plan "vert" soit testé en Bretagne. Ce test sera exécuté dans la nuit du 6 au 7 mai 1944 sur la ligne Paris Quimper et maintenu pendant une semaine.
         
      3. 02/05/1944: Constitution du IXème Tactical Air Command pour Neptune au sein de la 9ème U.S A.F.
      4. 06/05/1944:
      5.  
          • Directive "Fortitude South" SHAEF/24132/4/SM/OPS
          • (grandes lignes du plan pour les moyens spéciaux). (8)
          
          • Ordre de bataille N°6 de la 82ème Airborn Division.
         
      6. 08/05/1944: Plan révisé des operations combinées des Armées US pour l’opération OVERLORD concerne FUSAG, 9ème USAF, WNTF.

     

      1. 09/05/1944: Ordre de bataille n°1 du VIIème Corps d’armée US.

     

      1. 12/05/1944: Ordre de bataille n°1 de la 4ème Division US.

     

      1. 15/05/1944: Ordre d’opération n° 3-44 (opération combinée navale N°3-44 ON-WEST/U-3) ordonnançant l'assaut d'Utah Beach.

     

      1. 18/05/1944:
      2.  
        • Lettre d’instruction au Vème Corps d’armée US (Omaha)amendant le plan Neptune.
        • Ordre de bataille n°1 à la 101ème Airborn division.
      3. 20/05/1944: Ordre d’opération n° BB-44 (ON-WEST/0) ordonnançant l'assaut Assault de la force O (Omaha).

     

    1. 27/O5/1944: Révision n°2 vers l’Annexe 12 (appui feu) au FUSA (1rst US Army).
    2. 28/05/1944: Révision de l’ordre de bataille n°6 de la 82ème Airborn Division.
    3. 28/05/1944: Révision de l’ordre de bataille n°1 du VIIème Corps d'armée US.
    4. 19/07/1944: Directive SHAEF/18250/op(B) du plan Fortitude II.(8)

    Quelles premières conclusions tirer des travaux de préparation du débarquement?

    On voit très bien comment le général Eisenhower a su mener à leur terme des opérations particulièrement complexes avec obstination, diplomatie et tenacité. Les termes "de main de fer dans un gant de velours" correspond très bien à son personnage.

    Ike avait très bien compris que le problème central que devrait affronter les alliés serait l'étranglement possible des troupes alliés faute du contrôle d'un port facilitant le débarquement des troupes et des approvisionnements [NdR:

    cette situation sera aggravée par la destruction du mulberry d'Omaha et la destruction de nombreuses barges de débarquement par la tempête survenue huit jours après la mise en service du mulberry d'Omaha]. Telle est la véritable raison pour laquelle il tenait à enclaver le champ de bataille normand en détruisant les moyens de communication ferrée à la disposition de l'ennemi. Et son raisonnement a été parfaitement validé par le déroulement des combats.

    En revanche, le déclenchement de l'opération GROG, qui a suivi la mission COONEY de paralysie du réseau ferré breton les 5 et 6 juin 1944, a été une erreur, dès lors que la percée du front allemand n'était pas réalisée.

    Il est certain que si l'opération avait été reportée après l'opération Cobra, alors le maquis de Saint-Marcel soutenu par la 4ème DB US ne serait pas tombé et qu'en revanche la baie de Quiberon serait tombée comme un fruit mûr entre les mains des alliés qui en aurait fait un port de débarquement précieux en attendant la reconstruction du port de Cherbourg.

    Le général Wood, à la tête de la 4ème DB US, avait très bien vu le problème (sans savoir que s'il fonçait sur Lorient il pouvait conquérir le port) et l'absurdité de sa mission initiale dès lors que les groupes de combat de sa division ne pouvaient compter sur l'appui des maquis dès leur entrée dans le département du Morbihan.

     

     

    http://museevirtuelmilitaire.centerblog.net/6544253-rare-livre-der-kampf-im-westen-1940 

     

     

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    Réseau ARC-EN-CIEL

     

    Le réseau Arc-en-Ciel est fondé en novembre 1942 à l'initiative de plusieurs agents du BCRA: docteur Raymond Baud alias "Claude Béziers", Paul Emile Fromont, étudiant en médecine à Paris, Jean Héron (31 ans en 1940,Domicile : Sarrebruck) et Jean-Albert Vouillard dit "Karl", coupé du mouvement Libération et recruté en 1943. Ce réseau de renseignement militaire travaille pour le BCRA en rapport avec

    le réseau Turma-Vengeance.

      

    Le réseau Arc-en-Ciel travaille exclusivement dans la zone Nord et se développe rapidement dans la Région parisienne, dans le Nord et en Normandie.

     

    NB Arc-en-Ciel est un des six sous-réseaux de Turma, comme indiqué dans ce livre (page 69) écrit en 1946 par François Wetterwald. (liste officielle des mouvements FFC, JO du 16 novembre 1946 )

    La tâche essentielle du réseau est la collecte de renseignements. Des informations sont ainsi rassemblées sur les mouvements de troupes ou les installations militaires comme les bases de V2.

      

    En parallèle, le réseau fait du contre-espionnage en tenant à jour les effectifs de la Gestapo.

      

    Les renseignements collectés sont transmis à Londres par pigeons-voyageurs ou par l'intermédiaire du réseau Turma-Vengeance.

     

    Pour la Normandie, dite "Zone de feu", c'est Jean Héron , alias "Jean-Claude Devaux" qui implante et anime l'organisation. Il a pour contact un roumain, nommé Grachenko, ancien des Brigades rouges.

    Secondé par Arthur Collard , Jean Héron recrute une vingtaine d'agents dans tout le département. Les liaisons avec les autres secteurs sont assurées

    par Paulette Leconte , qui centralise les renseignements et les transmet à la direction parisienne, qui les achemine à Londres.

     

    Le réseau fabrique aussi de nombreux faux papiers pour ses agents et les réfractaires au STO.

     

    En septembre 1943, un agent de la Gestapo réussit à s'infiltrer dans le réseau à Paris provoquant de nombreuses arrestations. Raymond Baud est ainsi capturé et déporté à Sachsenhausen.

      

    Paul Fromont prend sa succession sans savoir qu'un traître renseigne les services de l'Abwehr, le service de contre-espionnage de l'armée allemande.

     

    En Normandie, le réseau a perdu un soutien précieux après l'arrestation

    du docteur Pecker en mai 1942.

      

    A partir de 1943 et surtout de 1944, les arrestations dans les rangs de

    la Résistance se m

     

    ultiplient. Lucien Brière, agent français de la Gestapo, est un des principaux responsables de ces arrestations. Jean Héron demande alors l'élimination de Brière à Londres.

    Le 3 mai 1944, un commando du réseau mené par Jean Héron assassine Brière.

    Les Allemands. fous de rage, sont bien décidés à retrouver les auteurs de l'attentat et à prendre leur revanche. Celle-ci s'exercera trois semaines après. L'Abwehr, en coopération avec la Gestapo, obtient de précieux renseignements sur le réseau, grâce à la complicité d'un traître parisien, Philippe Pierret. Le 17 mai 1944, Jean-Albert Vouillard, se rendant à un rendez-vous donné par Pierret à Paris, tombe dans un traquenard. En tentant de s'échapper, il est abattu par les Allemands.

    A Caen, les services de répression allemands frappent quelques jours plus tard.

    par l'intermédiaire de deux agents français de l'Abwehr, envoyés en mission à Caen pour détruire le réseau. Dont Pierre Beudet de l'Abwehr de Lille.

      

    Les deux hommes ont pris contact avec la Gestapo de Caen, dès leur arrivée, et ont carte blanche pour remplir leur mission.

      

    Très vite, ils réussissent à prendre contact avec Raymond Pauly, un résistant peu méfiant, qui les met en relation avec certains de ses camarades. L'enquête menée sur les deux hommes est satisfaisante et Jean Héron est prêt à travailler avec eux.

    Le 22 mai 1944, Raymond Pauly, Arthur Collard et son fils Jacques sont arrêtés par les hommes de la Gestapo, renseignée par les agents infiltrés de l'Abwehr.

      

    Dans les jours qui suivent. les Allemands capturent Anatole Lelièvre ,

    Maurice Dutacq , Marcel Barjaud , Roger Veillat ,

    Yves Le Goff , Roland Postel ,

    Edouard Poisson, Madeleine Héron, Paulette Leconte femme de Jean Héron,

      

    Paul et Jeanne Leconte, la Gestapo n'ayant pu arrêter leur fille Paulette ,

      

    René Huart,

    André Lebrun (19 ans en 1940, employé de commerce -

    Organisation : Arc-en-Ciel - Domicile : Caen).

      

    Jean Héron parvient à échapper aux griffes de la Gestapo.

      

    Le 6 juin 1944. les Allemands exécutent à la prison de Caen:

      

    Roger Veillat, Yves Legoff, Roland Postel, Paul Leconte, Anatole Lelièvre,

      

    Raymond Pauly et Maurice Dutacq. Madeleine Héron et Jeanne Leconte

    sont libérées le 7 juin au matin.

      

    Les rescapés de la tuerie sont conduits à pied vers Fresnes. Arthur Collard et

    René Huart s'ajouteront aux martyrs du réseau.

    Sources

    :

    Archives de Jean Quellien.

    Cédric Neveu

     

     

    et et et .

     

     

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    RESISTANCE

     

     

     

    Roger BASTION

    (1913-1942)

     

     

     

    Ouvrier forgeron aux aciéries de la Société métallurgique de Normandie (SMN), Roger Bastion adhéra aux Jeunesses communistes en 1934.

      

    Membre du Secours rouge et du Comité antifasciste local, il est d'abord secrétaire de la section de Caen du Parti communiste puis devient secrétaire fédéral en décembre 1938

     

     

     

    Démobilisé en août 1940, il constitue avec André Lenormand (27 ans en 1940, cheminot - Organisation : Front national - Domicile : Villers-sur-Mer) et René Plantagenest (37 ans en 1940, marchand forain - Organisation : Front national -

      

    Domicile : Caen) le premier triangle de direction du Parti communiste clandestin, reconstitué dans le Calvados dès la fin de l'été. Bien qu'étroitement surveillé par la police, il parvient à renouer des contacts avec ses anciens camarades des Jeunesses communistes et forme un petit groupe à Caen, spécialement chargé de distribuer dans les milieux ouvriers des tracts provenant de la région rouennaise.

      

    Lors du démantèlement de celui-ci en janvier 1941, il est momentanément incarcéré, puis remis en liberté, faute de preuves. Roger Bastion travaille quelque temps aux chantiers navals de Blainville-sur-Orne, tout en poursuivant ses activités politiques dans des conditions de plus en plus périlleuses.

     

     

     

    Dans les jours qui suivent l'invasion de l'URSS par les armées hitlériennes (en juin 1941), la police française multiplie les arrestations de militants communistes dans le Calvados. Pour y échapper, Roger Bastion entre alors dans une clandestinité totale, assurant encore quelques mois ses responsabilités avant d'être envoyé, à l'automne 1941, dans la Manche pour y diriger la Résistance communiste.

     

     

     

    Il est arrêté par la police judiciaire de Paris le 18 février 1942 en gare de Cherbourg, en même temps que plusieurs autres responsables clandestins de la région, notamment Henry Messager (37 ans en 1940, chef opérateur) - Organisation : Front national - Domicile : Caen) et Louis Canton (33 ans en 1940, électricien - Organisation : Front national - Domicile : Caen), qui lui avait succédé dans le Calvados.

     

     

     

    Remis aux Allemands, puis transféré au fort de Romainville, Roger Bastion est fusillé le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien. Il figure parmi les 46 otages exécutés ce jour-là en représailles d'attentats commis contre des soldats allemands dans la Région parisienne.

     

     

     

    Sources:

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

     

    RESISTANCE

     

    Le groupe des Jeunesses communistes de Caen

     

     

     

    A l'automne 1940, Roger Bastion, l'un des membres du triangle de direction du Parti communiste clandestin, aidé de René Plantagenest regroupe quelques uns de ses anciens camarades des Jeunesses communistes pour former un petit groupe de Résistance à Caen. Celui-ci comprend:

     

    - deux étudiants: Serge Greffet, 19 ans en 1940, étudiant en chimie - Organisation : Front national - Domicile : rue Neuve-Saint-Jean à Caen

     

    et Pierre Rouxel, 18 ans en 1940, lycéen - Organisation : Front national - Domicile : rue Neuve-Saint-Jean à Caen

     

    - Pierre Chardine, 21 ans en 1940, commis des P. T. T. - Organisation : Front national - Domicile :19 rue de l'Oratoire à Caen

     

    - André Montagne , ouvrier électricien,

     

    - Raymond Guillard , comptable,

     

    - et Joseph Besnier , cordonnier.

     

    Les jeunes gens se livrent à une assez active distribution de tracts et collent de nuit, çà et là, des papillons de propagande s'en prenant au gouvernement de Vichy.

     

    La police caennaise, mise en alerte, parvient à les identifier et procède à leur arrestation le 27 janvier 1941 .Traduits devant le tribunal de Caen, ils sont frappés de condamnations allant de quatre à huit mois de prison pour propagande communiste.

    Compte rendu de leur procès.

     

    Bien que remis en liberté au terme de leur peine, ils sont désormais fichés par les Allemands. Aussi, trois d'entre eux figureront-ils sur la liste des otages arrêtés après les sabotages d'Airan, en avril et mai 1942. Raymond Guillard , Joseph Besnier et André Montagne seront déportés vers Auschwitz en juillet 942. Seul, ce dernier en reviendra.

     

     

     

    Sources

    :

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

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    RESISTANCE

     

    Henriette Bayeux "MARRAINE"

     

    Note de MLQ: le narrateur est le colonel Rémy .

    "Marraine" est citée ici à la date du 17 juillet

    Ah, si vous pouviez voir «Marraine »! s'était exclamé mon ami Léon Dumis . Oui, si vous pouviez la voir! Elle en a fait, celle-là, des choses, à Caen! Elle en aurait, des choses à vous dire! Rien qu'à parler d'elle, j'ai envie de tirer mon chapeau.

    « Marraine» n'habitait plus Caen, mais Rouen.

    " Marraine" avait été décorée pour faits de résistance. J'ai trouvé «Marraine» dans un logement mansardé très propre. Elle se nomme en réalité Mme Bayeux; épouse divorcée d'un certain H ...

    Pendant l'occupation, vivant dans la région de Caen, elle s'est spécialisée dans l'hébergement de prisonniers évadés et d'aviateurs alliés Arrêtée par la police allemande, sur dénonciation de son mari qui l'avait abandonnée après avoir pu s'évader grâce à elle d'un camp de prisonniers de guerre, elle a été matraquée par les Allemands puis relâchée faute de preuves.

      

    Depuis la Libération, elle a refusé d'engager des poursuites, contre H ... et vit à l'écart de tout, ayant même, omis de demander sa carte de Résistance et n' ayant jamais sollicite aucune indemnité. Infirmière, elle est extrêmement sympathique et m'a paru quelque peu désabusée.

    Ce fut l'impression que je ressentis quand je rends visite à Henriette Bayeux, tout en haut de la très ancienne maison du 5 bis de la rue Damiette, à Rouen.

      

    Par sa fenêtre je pouvais voir le magnifique clocher de l'église Saint-Maclou toute proche. Elle était si contente de me voir qu'elle m'embrassa d'emblée sur les deux joues.

     

    - Quand la guerre, a éclaté, me dit-elle, je venais d'avoir vingt-huit ans. Mon mari avait été mobilisé comme sergent dans l'infanterie et se trouvait au front. Moi, comme beaucoup d'autres femmes, je me suis engagée volontairement à l'usine de Mondeville, près de Caen, pour travailler à faire des munitions (Note de MLQ: la cartoucherie). Il y avait là un contremaitre qui s'amusait à nous lire dans les lignes de la main.

      

    A l'une il disait:

    «Ne pleurez pas, ma belle. Votre mari, vous le reverrez! »

    Une autre, il se contentait de la regarder en hochant la tète. Un Jour, il s'approche de moi, il prend ma main, il me regarde: «Toi, je ne te dis rien. Tu iras très loin, Sois forte, et soigne ton cœur. »

    Je me suis dit qu'il était drôle, ce bonhomme-là! Et puis un matin, à 4 heures, comme on sortait de l'usine, nous avons été prévenues qu'il fallait évacuer parce que les Allemands arrivaient. Je suis partie pour rentrer chez moi, rue d'Auge, en face de la gare.

      

    En arrivant, j'ai trouvé toute une unité française d'infanterie qui était là.

      

    J'ai demandé aux hommes s'ils n'avaient pas par hasard des nouvelles de mon mari, car ça faisait plusieurs semaines que je ne recevais plus de lettres, mais ils ne le connaissaient pas. Eux, ils se repliaient, à ce qu'ils m'ont dit. Je leur ai fait du café, et ils sont partis.

    » Peut-être une dizaine de jours après, j'ai reçu une carte de mon mari, qui était prisonnier de guerre à Meaux. J'ai conduit mon fils Georges, qui avait dix ans, chez mes parents, à Merri, dans l'Orne, pour qu'il soit à l'abri, et j'ai continué vers Meaux.

      

    Là, j'ai fait la connaissance d'une dame qui avait un salon de coiffure, Mme Léa Chamelot.

    «Oh mais, m'a-t-elle dit, n'y comptez pas! C'est trop difficile! Vous ne pourrez sûrement pas voir votre mari. Mais si je peux vous aider en quoi que ce soit, je le ferai.»

      

    Je me suis approchée du mur de la caserne, bien que Mme Chamelot m'ait dit que c'était défendu, les Allemands m'ont tiré dessus, j'ai continué quand même, ils m'ont demandé ce que je voulais, je leur ai expliqué, et ils ont fini par aller chercher mon mari.

    «Tu sais, m'a-t-il dit, on va tous être libérés dans quatre jours,

    c'est les Allemands qui nous ont prévenus. »

      

    Comme je ne répondais rien, il a compris que je n'y croyais pas et m'a dit:

      

    «Est-ce que tu pourrais m'aider à m'évader ? Il y a ici un officier qui parle très bien le français, et, à ce qu'il paraît, il ne serait pas Allemand.

    Tâche donc de t'arranger avec lui. »

    » J'ai réussi à trouver cet officier, je me rappelle qu'on s'est parlé sous une porte cochère. Là, il m'a appris qu'il était Alsacien et m'a demandé si je pouvais faire passer une lettre chez lui.

    »- Bien, monsieur, j'ai répondu.

    Et vous, est ce que vous pouvez me dire si mon mari va être libéré?

    »- Les prisonniers ne seront pas libérés, madame. Ils vont tous être envoyés en Allemagne.

    »- Alors, monsieur, si je vous fais passer votre lettre en Alsace, vous pourriez peut-être m'aider à faire sortir mon mari?

    »- Ecoutez: est-ce que vous pouvez vous procurer des papiers comme quoi il est cultivateur?

    »- Certainement, monsieur.

    »- Eh bien, partez les chercher et rapportez les ici, mais faites vite.

    »Je suis retournée dans l'Orne. A ce moment là, c'était très difficile de voyager, mais Mme Chamelot m'a donné des faux papiers comme quoi j'étais réfugiée. Par le train, par camion, j'ai fini par arriver chez mes parents.

      

    A la mairie, on m'a donné un certificat de cultivateur qui était faux, car mon mari travaillait dans une quincaillerie, et je suis repartie pour Meaux, toujours par le train ou par camion, le plus souvent des camions allemands. Je me suis présentée à la caserne, j'ai montré le certificat, on a appelé mon mari et il est parti.

      

    Quand ses camarades ont vu qu'il s'en allait, vous pensez s'ils m'ont demandé de les aider à faire comme lui! Eh bien, on peut dire que ce certificat-là a servi, car j'en ai fait sortir cent trente-cinq dans le même après-midi. Heureusement pour eux, car tous ceux qui sont restés dans la caserne partaient le lendemain pour l'Allemagne. »

    - Comment se fait-il, madame, que ce faux certificat ait pu servir à ces cent trente-cinq prisonniers ?

    - Parce qu'il n'y avait pas de nom dessus.

    Alors vous comprenez, je l'ai passé à un, qui l'a présenté, et qui s'est arrangé pour le passer à un autre et ainsi de suite. Donc, mon man est rentré avec moi à Caen, et il a recommencé à travailler dans la quincaillerie où il était employé.

      

      

    Malheureusement, celui qui est devenu par la suite son patron était pour les Allemands, et quand on a annoncé le service du travail obligatoire en Allemagne, il a encouragé ses employés à partir, en leur disant qu'ils seraient bien là-bas, qu'il ne fallût emporter qu'un peu de ravitaillement pour la route parce qu'ils auraient tout ce qu'il leur fallait une fois sur place. Mon mari m'a raconté ça, et je lui ai dit:

     

    "Oui,. oui. Ton patron va vous accompagner à Pans, mais moi j'irai aussi. Il vous a dit de consigner vos paquets et qu'il s'en occuperait? Eh bien, reprends ton paquet sous prétexte que tu en as besoin. »

    A Paris, le patron avait retenu des chambres à l'hôtel, et c'est qu'il voulait aller jusqu'en Allemagne, pour dire là-bas en montrant ses neuf employés:

      

    « Vous voyez que, moi, je suis pour la collaboration! »

     

    Bref, en fait de neuf, il n'a pu en montrer que trois, parce que je me suis arrangée pour faire filer mon mari avec cinq autres au moment où ils sont arrivés à Paris. J'en avais ramassé quatre quand j'ai entendu crier le cinquième dans mon dos, au moment ou on descendant dans le métro:

    « Hé, Roger!»

    - Roger, c'était le prénom de mon mari

    - « Hé, Roger! Tu peux aller en Bochie si tu veux, mais moi, où ira ta femme, j'irai moi aussi! »

    » On s'était esbignés, mais quoi faire? J'ai pensé à Mme Léa Chamelot, et je les ai conduits à Meaux. Elle avait une maison retirée, et tout de suite elle a été d'accord, mais elle m'a dit:

    «Et le ravitaillement? »

    »- Eh bien, j'ai répondu, ne t'en fais pas, ils ont leur carte. Tu n'auras qu'à t'en servir, et puis je t'en apporterai.

    »Je laisse là mon mari et les cinq autres, je rentre par le train. En face de moi, j'avais un officier allemand qui n'arrêtait pas de me regarder.

      

    Il commençait à m'agacer, je change de wagon et je passe en première, avec la femme de M. Dumont, un collègue de mon mari. Voilà l'Allemand qui nous suit, et qui vient s'asseoir dans le compartiment où on s'était mis.

      

    Là, je lui dis:

    « Mais qu'est-ce que vous voulez, vous? »

    » On était seuls, tous les trois, et il me répond:

    «Maintenant, nous pouvons parler. Je ne suis pas Allemand. Je suis Michel, et je tiens un réseau à Pont-Audemer. »

     

    »- Monsieur, je lui réponds, mais ça ne m'intéresse pas!

    »- Madame, n'ayez pas peur, je sais ce que vous faites, je sais où vous demeurez, et je suis avec vous. Quand vous aurez besoin de quelque chose, vous n'aurez qu'à écrire: Monsieur Michel, Hôtel de la Poste à Pont-Audemer, en signant « Marraine », et je vous aiderai. Mettez cette adresse dans votre tête, il ne faut pas l'écrire.

      

    Regardez dans votre sac: vous avez un papier avec quelque chose d'écrit dessus. Il faut me déchirer tout ça. »

    - C'est une histoire fantastique, madame! Avez vous su qui était ce mystérieux «Michel» qui se promenait en uniforme allemand?

    - Un grand bel homme, brun. Un jour où je sortais du magasin de marbrerie, 36, rue Saint Sauveur à Caen, où je travaillais, Je le vois arriver :

    «Attention, je suis suivi, maintenant plus personne. »

    - Toujours en uniforme allemand?

    - Toujours en officier allemand. Il m'a dit:

    « Je suis suivi, j'ai peur, il faut nous séparer, mais je veillerai toujours sur vous.»

    C'est alors qu'il m'a présenté au pasteur Boudehen, un Breton, dont le nom signifie «le bout du chemin », comme il m'a expliqué.

    - En échange de la protection qu'il vous offrait, ce mystérieux «M. Michel» ne vous demandait rien? Par exemple de lui communiquer des renseignements ?

    - Si. Il m'avait dit: «Je voudrais savoir ce qui se passe dans votre région, surtout du côté de Luc-sur-Mer. Les Allemands font des fortifications par là, tâchez de prendre des photos. »

    - Que devenait votre mari pendant ce temps?

    - Il était resté à Lagny-Pomponne avec ses camarades. De temps en temps, je leur portais du ravitaillement. Un jour, ils se sont amenés à Caen, et je les ai cachés dans l'ancien presbytère, qui dépendait de la marbrerie.

      

    J'avais fait connaissance avec M. René Liaut, inspecteur de police. Tantôt, il sortait avec sa femme, qui était blonde, tantôt avec moi, qui étais brune, .et les gens ne comprenaient pas. Il m avait dit:

    «Marra1ne, Je suis obligé de fréquenter les Allemands, mais ne vous inquiétez pas, ça me permet de savoir ce qu'ils veulent faire, et je vous préviendrai toujours à temps. »

    Pour moi, c'était merveilleux. Grâce à lui, j'avais les faux papiers quand je lui en demandais. Il me les donnait sans jamais se faire rien payer, ce qui n'était pas le cas pour un de ses collègues.

    » Un jour où j'étais à la marbrerie, je reçois un coup de téléphone. Quelqu'un dont je ne connaissais pas la voix me dit: «C'est vous, Marraine? Il faut que vous alliez tout de suite chez votre tante, il y a un accident de voiture. »

    » - Ah? je fais, tout étonnée.

    » - Oui, Marraine. Le ciel n'est pas favorable. Faites vite.

    » La personne qui parlait raccroche, et je me dis: Mais qu'est-ce que c'est tout ça? Peut-être un piège?

    » Je vais quand même chez ma tante, et là on m'explique que c'était trois parachutistes qu'il fallait aller chercher dans le bois de Dozulé pour les conduire au pasteur Boudehen.

      

    Comme je continuais à me méfier un peu, je m'en suis allée trouver M. Goubert, de la gendarmerie de Dozulé, et nous sommes partis à deux dans le bois où nous avons trouvé les trois garçons, qui étaient des vrais, envoyés d'Angleterre. Ils apportaient des armes, que nous avons mises dans une

    fosse chez M. Henri Daudet , qui avait une briqueterie à Dozulé. Malheureusement, il a été dénoncé avec tout son groupe, et arrêté par les Allemands qui les ont tous emmenés à Paris. Ils sont venus dire à sa femme de lui apporter un vêtement chaud parce qu'il allait être envoyé dans une mine de sel. Mme Daudet est partie pour Paris lui porter un costume de velours, je me rappelle.

      

    Pendant ce temps-là, avec sa fille, qui n'avait que seize ans, M. Goubert et moi on est allés retirer les armes de la fosse pour les cacher dans la forêt, car la Gestapo n'avait pas réussi à les trouver. Quand Mme Daudet est arrivée à Fresnes, son mari venait de partir pour le Mont-Valérien avec ses seize camarades. Ils ont été fusillés à dix-sept et, sur les dix-sept, un n'avait pas encore dix-sept ans... .

      

    » Après ça, nous avons eu les premiers aviateurs abattus. C'était M. Nicolle, de Lisieux, qui venait les chercher. Il les faisait partir par Cabourg ou par les Pyrénées. C'était la sœur du Dr Morice qui les habillait, parce qu'il leur fallait des vêtements civils, n'est-ce pas? Et moi je les logeais, et je les nourrissais. Je trouvais des cartes de ravitaillement dans les petites communes des environs. Par la suite l'évacuation n'a plus marché, et j'ai eu jusqu''à soixante aviateurs à la fois cachés dans les bois de Moult-Argences, où ils étaient logés dans une grande grange.

      

    Je leur portais du ravitaillement avec l'agent de police Ducreux, qui mettait un brassard de la Croix-Rouge, on partait dans l'ambulance et l'affaire était faite. Sur les soixante, il y en avait deux qui étaient très blessés et qu'on a conduits au Dr Morice.

    » Une fois, ils sont restés deux jours sans manger. On n'avait plus rien à leur donner, plus de pâtes, rien. Enfin, mon boulanger m'a remis de grosses miches de pain et je suis partie sur mon vélo. En arrivant dans le bois je n'en pouvais plus tellement mes sacs étaient lourds. Je les laisse là, et je vais à la grange pour demander qu'on m'aide ... qu'est-ce que je vois? Mes aviateurs qui tournaient en rond, autour de quelque chose qu'ils avaient l'air de caresser.

      

    C'était une cigarette, une cigarette anglaise pendue par une ficelle à une poutre, la dernière qui leur restait pour eux tous. Comme ils savaient que j'aimais de temps en temps fumer une cigarette anglaise, ils n'avaient pas voulu la jouer entre eux, mais avalent dit:

    « Ça sera pour Marraine. »

    Seulement, mettez-vous un peu à leur place: rien dans le ventre depuis deux jours, et rien a fumer ... Alors ils tournaient autour de la cigarette, à la file, et, en passant, ils la caressaient.»

    - Pendant ce temps, madame, votre mari et ses camarades continuaient de résider dans l'ancien presbytère?

    - Non. Ils étaient repartis pour Lagny-Pomponne, chez Mme Chamelot. D'ailleurs l'ancien presbytère, je ne vous l'ai pas dit, mais c'était là ou j'habitais maintenant, tout contre l'église, et que je logeais les aviateurs que M. Nicolle venait chercher. Quand il y avait une alerte, on ouvrait une lucarne et tout le monde allait se mettre sur le toit.

      

    Mon mari faisait la navette entre Caen et Lagny-Pomponne, parce que moins il restait en place, mieux ça valait étant donné qu'on le recherchait pour n'être pas parti en Allemagne. J'avais mis mon petit garçon - qui est maintenant marié, avec trois enfants, et bientôt un quatrième - chez une dame de Pont-l'Evêque que le pasteur Boudehen m'avait recommandée étant donné qu'il était trop dangereux pour lui de rester avec mol.

      

    Bref, mon mari et ses camarades étaient à Lagny-Pomponne, et Mme Léa Chamelot avait dit:

    « Vous ne savez pas? Puisque les Allemands occupent la mairie, on va les mettre sur la tête des Allemands, au-dessus de la distribution des tickets, jamais les Allemands n'auront l'idée de monter dans le grenier. ».

     

    Donc, ils étaient dans le grenier, où on s'arrangeait pour leur passer du ravitaillementnt. Dans des paniers, ils ont trouvé de vieux uniformes de garde champêtre, qui avaient peut-être cent ans, avec une plaque de cuivre sur la tunique, et figurez-vous qu'ils ont trouvé le moyen de s'habiller avec ça, qu'ils sont sortis, et que les Allemands, qui n'avaient jamais vu des uniformes pareils, les ont salués, à eux cinq qu'ils étaient, fiers comme Artaban.

    - Comment avez-vous fait la connaissance de mon ami Dumis ?

    - Le commissaire spécial de la gare, M. Georges Anquetil, était avec nous. Comme il savait tout ce qui se passait du côté des Allemands, quand quelque chose n'allait pas il me disait:

    « Ma petite Marraine, aujourd'hui, attention ! »

     

    Il m'aidait à porter dans le train mes valises de ravitaillement pour mon mari et ses camarades et à faire passer ceux qui venaient me trouver pour les aider à ne pas partir en Allemagne. C'est lui qui a dû parler de moi à M. Dumis.

      

    Celui-ci, je l'ai rencontré à la brasserie de la place Clichy où j'avais l'habitude d'aller. Je commençais par demander au violon de l'orchestre de me jouer un air. S'il me disait:

    « Mais oui, madame, dans un instant », je savais que je pouvais rester.

    Si c'était au contraire:

    « Oui, madame; mais il faudra que vous attendiez un peu », ça signifiait qu'il y avait danger.

    Ce jour-là, j'ai vu un homme venir vers moi et me dire:

    « Marraine, je sais qui vous êtes, il faut que je parte en Savoie, mais on se reverra.»

    C'était M. Dumis. On était à Noël 1943, un moment où il fallait faire attention, et je ne l'ai revu qu'après le débarquement, quand son ami

    M. Duchez se cachait et qu'il avait laissé pousser sa barbe. Il avait des lunettes, avec un verre comme pour cacher un œil crevé, et je ne le reconnaissais pas. Il enlève ses lunettes...

    « Oh, je dis, monsieur Duchez ! »

    Tout de suite, il répond:

    « Tais-toi, malheureuse !»

    Vous comprenez, Mme Duchez était arrêtée et les Allemands le cherchaient partout. Naturellement, M. Dumis m'a demandé de travailler avec lui et de lui avoir des renseignements qu'il ferait passer aux Alliés.

    » Il y avait à Caen un jeune garçon de seize ans que je connaissais, nommé Raoul Jeffrotin (Note de MLQ: erreur de prénom). Son frère avait été fusillé par les Allemands et il voulait le venger. Dans la soirée du 18 juin 1944, il vient me trouver en me disant qu'il connaissait un endroit où il y avait des armes.

     

    « C'est bien, mon peut Raoul, je lui réponds, on va aller les chercher tous les deux. »

      

    On est partis lui et moi avec M. Dumis qui nous couvrait avec sa mitraillette. Le petit nous a conduits à l'endroit où les armes étaient enfouies dans la terre, on les a déterrées, et, comme il était trop jeune, je lui ai dit:

    « Tu vas me laisser ça pour que je le mette sur mon vélo.»

    Le lendemain, je devais aller chercher des caisses de pièces de mitrailleuses qui avaient été volées sur un bateau allemand. Alors, un peu plus, un peu moins ...

    » Comme j'arrivais place Saint-Gilles, M. Dumis me fait signe que je ne pouvais pas passer. Je me retourne, avec l'idée de prendre une autre route, mais je vois des Allemands qui venaient dans la même direction.

    Place Saint Gilles

    « Ecoute, je dis à Raoul, continue, toi, et laisse-moi me débrouiller.»

    Il ne voulait pas me laisser, et j'ai dû me fâcher. En arrivant près de M. Dumis, il lui a dit:

    « Marraine est en danger! »

    M. Dumis le savait bien, puisqu'il voyait tout de l'endroit où il était des Allemands devant moi, des Allemands derrière, et il dit à Raoul:

    « Tire-toi! ».

    Les Allemands me rejoignent, et me demandent ce que je faisais là avec mon vélo. Les armes et les munitions étaient enveloppées dans une grosse toile ficelée le long du cadre.

    « Je suis en train d'évacuer, je leur réponds. Vous n'auriez pas vu le commandant Karl ?"

    J'avais inventé le premier nom qui me passait par la tête.

    « Qui, commandant Karl ? « demandent les Allemands.

    Je prends Un air étonné:

    « Vous ne le connaissez pas? Pourtant il est à la Kommandantur. »

    Les Allemands se regardent: « Non, on ne connaît pas. »

    »- Oh, je dis, il faut que j'aille là-bas, c'est plein de pierres par terre et mon vélo est lourd ... Vous ne pourriez pas m'aider un peu?»

    Les pierres, c'était les débris et les gravats des maisons touchées par le bombardement, la place Saint-Gilles en était pleine. Les Allemands ont été très gentils et ont porté mon vélo par-dessus tout ça. De l'autre côté de la place, M. Dumis n'en revenait pas. Je ne peux pas vous dire où il avait caché sa mitraillette, mais, naturellement, il s'était arrangé pour qu'on ne la voie pas. Quand on est arrivés près de lui, j'ai dit:

    « Tiens, mon frère! Tu n'as pas vu le commandant Karl?»

    On s'est embrassés comme si on ne s'était pas vus depuis longtemps, M. Dumis a bien remercié les Allemands pour moi, il a pris le vélo, et on est partis tous les deux, toujours à la recherche de ce fameux commandant Karl qui n'existait que dans mon imagination.

    »On a retrouvé notre petit Raoul, avec un de ses camarades du même âge qui s'appelait François. Ils ont dîné avec nous, et sont partis ensemble pour aller coucher dans la maison de Mme Jeffrotin, qui habitait derrière l'hôpital. Je leur donne rendez-vous pour le lendemain, à 2 heures de l'après-midi. On arrive chez Mme Jeffrotin, je la trouve tout en larmes: « Ils m'ont fusillé mon garçon cette nuit avec son camarade!» Les deux petits étaient tombés sur une patrouille, et, sans explication, les Allemands les avaient abattus.

    Note de MLQ: voir le témoignage du père Léandre Perdrel, Eudiste, vicaire de la paroisse Saint Jean-Eudes qui les a enterrés le 27 juin.

    »M. Dumis et moi avons appris que les Alliés avaient besoin des plans de la ville et des installations que les Allemands avaient faites. Nous savions que les plans étaient dans des bureaux où nous nous sommes arrangés pour aller tous les deux. Nous avons perquisitionné partout, on a trouvé les plans, on s'est enfuis en sautant sur un tas de charbon, et je me rappelle qu'on a ri quand on est rentrés chez moi car nous étions tout barbouillés de noir. M. Dumis m'a dit:

    « C'est pas tout ça, on a les plans, mais maintenant il faut les porter de l'autre côté! »

    »- Eh bien, j'ai répondu, je vais y aller, moi. »

    Je suis partie le long du canal de l'Orne, j'ai réussi à passer à travers les Allemands et je suis arrivée chez les Anglais. Là, j'ai été conduite à un officier, qui était commandant, et il m'a bien surprise parce qu'il a trouvé dans ses papiers ma photo. Il m'a regardée et m'a dit:

    « C'est bien vous. Vous êtes Marraine.»

    Figurez-vous que cette photo-là, c'était un des aviateurs anglais dont je m'étais occupée qui l'avait emportée en Angleterre. Là-bas, il avait dit que j'étais à Caen, que tout le monde m'appelait « Marraine », et que je pourrais aider tous ceux qui auraient besoin de moi. Tenez, voilà une carte que le commandant m'a envoyée après la guerre pour me souhaiter la bonne année.

    « Marraine» mit sous mes yeux une carte de vœux que je la priai de me confier pour la reproduire, car le message qu'elle porte au-dessus du nom de l'expéditeur, le commandant Fred T. Adams, est éloquent dans sa simplicité: « Je me souviens », a-t-il écrit, faisant allusion à l'exploit accompli par cette admirable femme dans la nuit du 8 au 9 juillet 1944, à la veille même de la libération de Caen par les troupes britanniques, et qui lui valut, dès le mois de septembre suivant, cette citation qui porte la signature prestigieuse du vainqueur de Bir-Hakeim:

    « Décision n° 37

    »HENRIETTE BAYEUX. - Française d'une énergie indomptable, animée du plus pur patriotisme, montrant toujours l'exemple par son courage et sa foi. A assuré notamment les 8 et 9 juillet 1944 la liaison à travers les lignes ennemies pour les éléments. F.F.I., transportant des plis et des armes. Cette citation comporte l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze.

    (Signe): le général de corps d'armée KŒNIG. »

    - Des armes? dis-je. Vous êtes donc revenue dans Caen?

    - Ah oui! Le commandant anglais ne voulait pas me laisser repartir, mais je lui ai répondu que mes camarades avaient besoin de mol. Alors, il m'a confié des armes pour leur rapporter, car il leur en fallait!

    »Je suis donc repartie dans. la même nuit, toujours en longeant le canal, je suis passée à travers les Allemands, et j'ai retrouvé mes amis, mes « filleuls », comme ils disaient. »

    - N'avez-vous pas été arrêtée par les Allemands, madame? . .

    - Si comme tout le monde, au mois de mars 1944. Mais ça ne vaut pas la peine d'en parler ...

    - Dites tout de même.

    - Oh, vous savez, j'avais été dénoncée, naturellement ! Les Allemands étaient venus chez moi, j'ai juste eu le temps de dire à deux aviateurs blessés qui étaient là de se mettre sous mon lit, je me suis glissée dedans, en mettant de l'éther partout... Les Allemands ont menacé mon fils:

    «Encore deux minutes. Si tu ne parles pas, tu seras fusillé! »

    Mais le petit n'a pas parlé, ils sont repartis, et ça a continué jusqu'au jour où des policiers se sont amenés:

    «Gestapo, suivez-nous! »

    Ils m'ont emmenée, me faisant traverser toute la ville les mains derrière le dos, jusqu'en face de l'Hôte1 Malherbe.

    L'Hôtel Malherbe siège de la Feldkommandantur 723

    Là, j'ai été interrogée par un officier très correct, qui m'avait vue plusieurs fois chez Mme Ducreux, une épicière qui me fournissait du ravitaillement. Il m'a dit:

    «Vous êtes une spécialiste de l'évasion. Vous êtes perdue, à moins de signer un engagement volontaire pour aller travailler en Allemagne. Signez, si vous ne voulez pas faire connaissance avec le 44 de la rue des Jacobins. Si vous signez, je vais vous faire partir. Surtout, ne descendez pas à Lisieux, allez tout droit jusqu'à Paris. »

    - Que signifiait cette adresse du 44 de la rue des Jacobins, madame?

    - C'était là où la Gestapo avait ses chambres de torture. J'ai répondu que je ne comprenais pas, que je ne voulais pas aller en Allemagne, et j'ai été dirigée sur la rue des Jacobins. On m'a fait entrer dans une salle qui était pleine de Français, qui venaient là pour dénoncer contre de l'argent. C'était épouvantable. J'ai vu une petite vieille qui repartait avec des billets de banque, et qui avait un air heureux ... Si j'avais pu l'étrangler, celle-là! On est venu me chercher, on m'a fait monter dans un bureau de l'étage au-dessus, où des hommes m'attendaient. Ils m'ont dit:

    «Vous, vous n'êtes pas bonne pour la salle d'en dessous, vous êtes bonne pour ici! »

    J'ai vu passer des camarades, qui saignaient des coups qu'ils avaient reçus. Au mur, il y avait des crochets. Un prisonnier, qui avait une grande barbe blanche toute tachée de sang, m'a regardée en passant et a dit:

    «Pauvre petite! »

    Les Allemands m'ont offert une cigarette, que j'ai refusée, et au même moment j'ai reçu un grand coup sur la tête. Je ne peux pas dire que j'ai souffert: tout de suite, j'ai été mise K.-O.. comme disent les boxeurs. On m'a dit que j'avais été jetée en bas de l'escalier, mais je ne me suis rendu compte de rien. Quatre jours après, on m'a retrouvée sur le trottoir, toujours inanimée, vêtue en tout et pour tout d'un soutien-gorge et d'un slip. Je pense que les Allemands me croyaient morte et qu'ils voulaient m'envoyer au charnier. C'est le Dr Morice qui m'a vue. Bien qu'il fût un grand mutilé de la guerre de 1914, il m'a attrapée dans ses bras et m'a mise dans sa voiture. Quand j'ai ouvert les yeux, je ne comprenais pas. J'étais dans un lit, et la première chose que j'ai dite:

    « Comment, je ne suis pas morte? «

    »Les Allemands, eux, me croyaient morte, mais ils visitaient les cliniques pour tâcher d'y trouver des résistants blessés. Ils sont venus à la clinique du Dr Morice et ont demandé qui j'étais.(Note de MLQ: le Dr Morice exerçait à la clinique de la Miséricorde)

    «Oh! a dit le docteur, c'est une pauvre fille idiote, qui a le mal de Pott. »

    Le pasteur Boudehen est venu, lui aussi. Il m'a dit:

    «Marraine, vous croyez en Dieu! Vous rendrez votre témoignage pour tous vos filleuls qui sont en ce moment ,à la chapelle en train de prier pour vous.»

    C'était une petite chapelle sur le bord du canal, qui nous permettait de nous retrouver. Quand je suis sortie de la clinique, au bout d'environ trois semaines, je suis allée là, et j'ai revu mes filleuls.

    »Après, j'ai continué. Et puis le jour de la libération de Caen est venu. Je suis partie au-devant des Canadiens pour les guider, afin de montrer où les Allemands avaient installé des nids de mitrailleuses, à trois hommes par trou. C'est là. où j'ai fait la connaissance de Jean Marin et de

    Maurice Schumann , qui sont partis de l'autre côté de la rivière. Un peu plus tard, on s'est retrouvé à la gare, où avaient lieu les derniers combats, et tout a été fini. »

    La gare SNCF de Caen

    Pendant ma visite à Mme Bayeux, j'ai pu prendre connaissance d'une attestation établie par M. Michel Misery, qui portait le pseudonyme d'Epiale dans le réseau de renseignement Alliance, et qui explique comment « Marraine» fut reconnue dès son arrivée aux avant-postes de l'armée britannique qui assiégeait Caen:

    « J'atteste avoir contacté en mai 1944 Mme Bayeux, qu'on appelait « Marraine », et grâce à laquelle j'ai échappé à une arrestation imminente par la Gestapo. Bravant tous les dangers, Mme Bayeux m'a caché et nourri pendant deux jours. C'est elle-même qui a cherché une filière pour me faire sortir de Caen, et qui m'a accompagné jusqu'à la voiture de Mlle Meiriel, dite « Crevette », du réseau Alliance. Si je suis encore en vie, c'est grâce à Mme Bayeux qui n'a jamais voulu recevoir la moindre rémunération pour compenser les frais de nourriture de ceux qu'elle cachait. Au mois d'août suivant, interrogé à Patriotic School à Londres par un officier de l'Intelligence Service, celui-ci me mit sous les yeux la photo de « Marraine », me demandant si je connaissais cette personne. Il se déclara satisfait de m'entendre répondre par l'affirmative, ajoutant que « Marraine» avait rendu à la cause alliée les plus grands services. Elle m'est toujours apparue comme un vivant exemple de courage, de patriotisme, et d'abnégation. »

    Témoignage paru dans: Les Français dans la Résistance,

    La Résistance en Normandie,

    Récits présentés par le colonel Rémy,

    Editions de Saint-Clair, Neuilly-sur-Seine, 1975.

     

     

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    http://www.images-chapitre.com/ima2/original/694/140694_2697512.jpg

      

    Images d'archives et témoignages des enfants de l'époque relatent la fuite de la population civile après l'offensive allemande au cours du printemps 1940.

     

    Au printemps 1940, Adolf Hitler passe à l'offensive, ordonnant à ses troupes, placées aux abords de la frontière entre la Belgique et la Hollande, d'attaquer. Pour la population locale, qui s'était habituée à la «drôle de guerre», la surprise est totale. Alors que leurs soldats partent au front, les civils belges et français prennent la fuite. Réunissant leurs biens les plus précieux, des vêtements et de quoi se nourrir, des millions de personnes se retrouvent sur les routes. Des images d'archives et les témoignages de ceux qui n'étaient alors que des enfants font revivre cet exode. Les parents d'Olivier souhaitaient rallier le Sud de la France, tandis que la famille d'André prenait la direction du Havre et que Willy allait à Paris.

     

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  • La terrible humiliation des femmes tondues

     

    Publié le 26/08/2001

    Tarn - TARN : Après la Libération d'Albi, le 26 août 1944

    La terrible humiliation des femmes tondues - DDM 

      La terrible humiliation des femmes tondues DDM

    Comme le précise la légende au dos d'une des photos d'époque, c'était à « Albi, samedi 26 août 1944 à 19 heures.

     

    Les femmes ayant pratiqué la collaboration horizontale sont tondues sur le Vigan. »

     

    Sur les photos, on voit ces femmes, mises à genoux comme en signe d'expiation.

    Au nombre de neuf sur les photos, la plupart sont jeunes, parfois belles.

     

    Deux hommes, l'un avec une blouse blanche de coiffeur, l'autre vêtu d'une sorte d'uniforme, leur rasent les cheveux aux ciseaux.

     

    L'une, déjà tondue, sa chevelure éparpillée autour d'elle, échange un regard avec une autre, qui y passe.

    Sur une autre image, prise quelques minutes auparavant, on aperçoit la même debout, bras croisés, attendant son tour.

    C'est une jolie brune coiffée avec art, avec une robe blanche qui lui arrive aux genoux.

    Une autre, vêtue de sombre, aux cheveux tirés en arrière avec une raie au milieu, passe sa main gauche sur le visage, comme pour écraser une larme.

    Tout autour, la foule. Surtout des hommes jeunes.

     

    Beaucoup arborent un béret sur la tête et la cigarette

    ou la pipe au bec.

      Rigolards, ils ont l'air de s'amuser beaucoup.

    Quelques uns ont un fusil.

      

    A l'arrière- plan, quatre individus sont montés sur quelque chose pour mieux profiter du spectacle.

    Cette scène, dont le 26 août 2001 marque le 57e anniversaire, Yves Bénazech, 89 ans, est un des derniers témoins à pouvoir la raconter.

     

    L'auteur du livre « Les Terroristes de l'Espérance », chronique du Tarn sous la Résistance, le fait volontiers, pour l'Histoire.

    C'est important pour les générations futures d'expliquer ce qui s'est passé, sur cet épisode peu glorieux de la Libération, comme sur d'autres qui le furent davantage. La tonte des femmes a marqué les esprits. Il faut dire ce qu'il en fut réellement.

    « Déchainements »

    Cet événement sinistre s'est inscrit dans les journées troublées qui ont suivi la Libération d'Albi le 19 août 1944. Avec la liberté retrouvée, relate Yves Bénazech, « tous les déchainements ont été rendus possibles.

      

    Pendant 15 jours à trois semaines, ce fut la pagaïe.

    C'était fou. N'importe qui faisait n'importe quoi.

    C'était avant que les autorités soient remises en place, avec la nomination d'un préfet, des consignes précises données aux policiers et l'aide des chefs de maquis, qui ont participé à remettre de l'ordre.

     

    Au début, il sortait des gens avec des galons de partout, que l'on surnommait les naphtalinards.

     

    Des types qui n'avaient rien foutu pendant la Résistance

    ont sorti l'uniforme.

     

     

     

    Avant la Libération, on était 2.500 au maquis.

    Cinq ou six jours après, on était 10.000 environ.

     

    Des gens que l'on n'avait jamais vus jusque là sont apparus.

     

    Tout un tas de gens qui s'étaient compromis se sont dépêchés

    de se mettre en avant à la Libération. »

     

    Les femmes tondues ne furent pas les seules victimes de ces exactions.

     

    « Il y a eu des gens tués, on se demande pourquoi.

     

    Parfois par jalousie ou par vengeance.

    Pour leur prendre leur femme...

     

     

    C'est facile quand on a une arme à la main, si on n'est pas bien équilibré. »

    Yves Bénazech met la tonte des femmes sur le compte de ces éléments incontrôlés. Il ne nie pas que des vrais résistants aient pu figurer dans la foule du Vigan:

     

    « Certains en étaient capables.

     

    Mais ce n'était pas des ordres donnés par la Résistance.

     

    C'était des actes individuels.

     

    Des individus sont allés ramasser des femmes, celles dont ils considéraient qu'elles allaient avec les Allemands.

      

    Certaines couchaient avec des officiers.

     

    Mais il y en avait certainement d'autres qui n'avaient rien fait.

     

    Ils sont allés les chercher chez elles.

     

    Ils en ont pris d'autres au Bon-Sauveur, parmi les internées. »

     

    Yves Bénazech en connaissait quelques unes de vue, mais ne leur avait jamais parlé.

      

    Ce jeune policier était entré au commissariat d'Albi en 1942.

    En tant qu'agent,

    il participait à des gardes devant les bâtiments allemands, comme la feld-gendarmerie, rue Séré-de- Rivières.

      

    « Le soir, on voyait ces femmes entrer... »

      

    Les femmes tondues « n'étaient pas des prostituées.

     

    C'étaient des femmes libres qui s'étaient mêlées aux Allemands.

    Les prostituées n'ont pas été inquiétées.

     

    De leur part, on considérait que c'était normal.

    Elles étaient dans des bordels.

    Il y en avait un derrière le marché couvert, rue Athon, il me semble », se souvient Yves Bénazech.

    Le soir du 26 août 1944, la place était noire de monde « comme tous les jours. Il se passait sans cesse des choses » dans l'effervescence de la Libération.

    « Le coiffeur du coin avait été réquisitionné.

    On lui avait demandé de couper les cheveux aux femmes. »

    Ensuite, leurs tourmenteurs leur avaient peint une croix-gammée sur le crâne nu et les avaient faites poser, à genoux, alignées l'une à côté de l'autre.

    Yves Bénazech parle d'un accès « de bestialité ». Il est très dur envers ses auteurs. « C'est désastreux ce qu'ils ont fait.

    Ils adoptaient les méthodes des nazis. Si on recommence à faire ce que les Allemands faisaient, ça ne va plus. On ne s'était pas battus pour ça », dit cet ancien résistant. « Tondre les femmes, c'est une drôle d'humiliation.

    La dignité humaine ne comptait plus. »

    A l'époque, Yves Bénazech était de retour au commissariat après son passage dans le maquis.

    Alors âgé de 30 ans, il était chargé de récupérer du matériel et des gens présumés coupables.

     

    Quelqu'un, dans la foule qui assistait à la tonte des femmes, l'avait prévenu ainsi que Charles d'Aragon, le vice- président du Comité départemental de la Libération (CDL). Ils sont intervenus pour arrêter ça.

    « D'Aragon avait l'autorité pour le faire. Il a pris les ciseaux du coiffeur.

     

    Il a gueulé. Il a dit que c'était indigne. Il leur a fait lâcher les femmes.

    On les a libérées et on les a renvoyées sans les embêter. La foule s'est dispersée. »

    Ceux qui les avaient tondues n'ont pas été poursuivis.

     

    « Elles ont marché avec les boches. On les tond »,

    déclaraient-ils. « Ils trouvaient ça normal. »

    Yves Bénazech pense « qu'il y a dû avoir des larmes »

    chez leurs victimes même s'il n'en a pas vu.

     

    « A Toulouse, ils les avaient fait défiler nues.

    Il y en a une qui s'est suicidée après. »

     

     

    Plus tard, Yves Bénazech a croisé une ou deux de ces femmes dans les rues d'Albi. Il ne sait pas ce qu'elles sont devenues.

     

    Alain-Marc DELBOUYS.

     

     


    André, 74 ans:

    « Ce n'était pas très glorieux »

    «Je passais. Je n'ai pas participé ni rien. Je l'ai vu », confie André, 74 ans, de Saint- Juéry.

     

    Agé alors de 17 ans, il a assisté à l'épisode des femmes tondues sur le Vigan le 26 août 1944.

     

    La place d'Albi était « toujours pleine les premiers temps après la Libération. Il y avait tellement de monde » que le jeune homme d'alors n'a eu qu'une vision partielle de la scène.

     

     

    Mais il assure que « ce ne sont pas des militaires qui ont fait ça. Il n'y en avait aucun. C'était des civils.

     

    Les filles étaient jeunes.

    Elles avaient 25 ans au maximum, même moins. L'ambiance était assez difficile à décrire. Cela a été fait de manière sauvage. »

     

     

    André l'interprète comme « une ruée », dans laquelle ces filles se sont trouvées prises. « Ce sont certainement des vengeances de voisinage, émanant peut-être de gens qui auraient voulu se payer ces filles. Je ne pense pas que c'était des filles de haute moralité. Ce n'étaient pas des prostituées, plutôt des filles "faciles" »

    « HONTE POUR EUX »

    Selon André, elles étaient plus de neuf, plutôt une quinzaine. « Sur les photos, elles n'y étaient pas toutes. Cela s'est peut-être fait en plusieurs endroits. »

    Il se souvient en effet d'avoir ensuite, en tant que militaire, avoir gardé des femmes tondues à l'hôpital, « pour les protéger et pour les empêcher de partir ».

     

    Cinquante sept ans plus tard, André estime qu'il n'est « pas là pour juger. Mais ce n'est pas très glorieux pour ceux qui ont tondu ces femmes.

     

     

    Les Albigeois ont leur mea culpa à faire.

     

    Plus tard, cela s'est reproduit sur l'île d'Oléron sur des jeunes filles.

    C'était des soldats de mon groupe qui l'avaient fait. J'avais honte pour eux. Après, je suis allé m'excuser auprès des parents. Nous étions des

    libérateurs, pas des justiciers. » A.-M. D.

     

     


    Robert, 80 ans: « Elles allaient avec l'ennemi »

    Robert Ruffel, 80 ans, de Saint-Juéry, n'était pas sur le Vigan le 26 juin 1944. Mais il connaissait une des filles tondues à la Libération.

    « Elle habitait rue de la Rivière à Albi. Elle avait 20 ou 25 ans.

    On se tutoyait. Pendant l'Occupation, elle se baladait avec un Allemand. » Après la Libération, pour masquer sa chevelure perdue, la jeune femme « portait un foulard, comme toutes ».

    Il n'en a jamais parlé avec elle, mais Robert Ruffel pense que « ça a été terrible » pour cette fille « connue dans Albi. Ce n'était pas une prostituée. C'était une fille sérieuse. Et puis il a fallu cette saleté de guerre...

    Après qu'elle ait été tondue, ça été fini. Elle était devenue très maigre.

    Elle est morte peut-être une dizaine d'années après. »

     

    Il suppose que c'était « de chagrin ».

     

     

    Pourtant, l'octogénaire n'est pas tendre envers ces femmes qui « faisaient » avec les Allemands, avec qui elles « se promenaient bras dessus, bras dessous.

    Elles s'affichaient avec l'ennemi.

    Je dis que ceux qui les ont tondues ont bien fait. »

    « Leur table était garnie... »

    « Ce n'était pas normal d'aller avec les Allemands, ajoute Evelyne Ruffel, l'épouse de Robert.

    Elles, elles avaient tout ce qu'elles voulaient, et nous, on crevait de faim.

     

    Quand on n'avait plus de pain, elles avaient tout ce qu'il fallait sur la table.

    En plus, nos maris risquaient leur vie.

    -Au STO, où j'ai passé trois mois, on s'est retrouvé un jour avec un pétard sur le ventre, simplement parce qu'on s'abritait de la pluie.

    Ça ne fait pas plaisir », fait valoir Robert.

    « Et ceux qui ont été torturés?

    C'est pire que de se faire couper les cheveux.

    Si on m'avait donné à choisir, j'aurais dit: Rasez-moi la tête! »

      

    Peut-être que la femme qu'il connaissait agissait par amour?

      

    « Ne dites pas n'importe quoi », dit Robert, pour qui elle était plutôt motivée

    « par la faim ».

    A.-M. D.

     

    SOURCES

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    La résistance en Alsace et en Moselle concerne la résistance à l'Allemagne nazie dans les trois départements annexés

    (Moselle, Bas-Rhin et Haut-Rhin)

    lors de la Seconde Guerre mondiale.

     

     

    Une résistance spécifique

      

    Bien que la convention d'armistice du 22 juin 1940 ne signifia en aucune clause le sort des départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, la « frontière de Francfort », celle de la précédente annexion, fut rétablie de fait mi-juillet 1940.

      

    Contrairement à l'annexion de 1871 où l'Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) et la Moselle formaient le Reichsland Elsass-Lothringen (Terre d'Empire d'Alsace-Lorraine),

    les Allemands prirent le parti d'annexer séparément la Moselle et l'Alsace pour faciliter la germanisation.

     

     

      

     

     

    La Moselle et l'Alsace furent respectivement annexées au Gau Westmark avec la Sarre et le Palatinat, et au Gau de Bade pour former le Gau Baden-Elsaß destiné à devenir le Gau Oberrhein. Hitler nomma le 7 août Joseph Bürckel Gauleiter

     

    (chef de l'administration civile) du Gau Westmark et lui ordonna de germaniser la Moselle en dix ans.

      

    Doté des pleins pouvoirs, Bürckel commença la germanisation en adoptant sans tarder toute une série de mesures visant à casser toute tentative de résistance.

     

     

      

     

     

    La résistance en Alsace et en Moselle n'est pas tout à fait assimilable à la résistance intérieure française ni même à la résistance allemande au nazisme. Il s'agit d'une résistance à l'occupant en territoire annexé. Elle ne peut pas être assimilée à une résistance allemande bien qu'elle se déroulait sur un territoire « allemand ».

      

    La spécificité de la résistance en Alsace et en Moselle vient avant tout de la résistance massive de la population à la germanisation.

      

    C'est de cette oppression dont furent issus les premiers et les plus nombreux actes de résistance.

     

     

     

      

     

     

     

    Alphonse Adam né en 1918, lance en 1941 "Le Front de la Jeunesse alsacienne" qui recrute d'abord en milieu étudiant puis réunit à partir de 1942 quelques 400 jeunes d'Alsace et de Lorraine.

     

    D'inspiration chrétienne, le mouvement est soutenu par Léon Neppel, curé à l'église Ste-Famille de Schiltigheim.

     

    Adam et ses amis organisent le passage de prisonniers de guerre et de réfractaires et mènent une intense activité de propagande. Le réseau est décimé en janvier 1943.

     

     

    24 membres sont arrêtés et jugés à Strasbourg.

     

    Alphonse Adam et cinq autres jeunes Résistants seront condamnés à mort et fusillés le15 juillet 1943 au stand Desaix en face du Rhin. 

     

    Toute action ou attitude, si minime fut-elle, hostile à la germanisation ou portant atteinte au prestige ou à l'effort de guerre allemand, était non seulement considérée comme un acte de résistance mais également comme un acte de trahison.

      

    Malgré quelques contacts, la résistance en Alsace et en Moselle n'avait pas de lien étroits avec la résistance allemande au nazisme.

      

    Les mouvements actifs affichaient ouvertement leur caractère français, mais n'étaient pas membres du Conseil national de la

     

    Résistance et ne recevaient aucune aide alliée (armes, radios[3]...).

     

    Pour autant, ils entretenaient des liens étroits avec la résistance située en territoire non annexé.

      

    Ainsi l'Espoir français était en liaison constante avec le réseau Kléber implanté à Nancy.

     

     

    Schiltigheim Résistance Georges Wodli  

    Geoges Wodli, né en 1900, est ajusteur aux Ateliers de Bischheim. Il habite à Schiltigheim depuis 1925.

    Il est membre du bureau régional du parti communiste en 1930. En 1939, il entre dans l'illégalité.

    Nommé délégué du parti clandestin pour l'Alsace et la Moselle, il réorganise le mouvement communiste et met en place un réseau de résistance.

    Il est arrêté en octobre 1942, transféré au camp de Schirmeck en janvier 1943 puis au siège de la Gestapo à Strasbourg où il meurt sous la torture le 2 avril 1943. 

     

     

    Premiers faits de résistance

      • Dès juillet 1940, peu après l'entrée des troupes allemandes à Metz le 17 juin 1940, un groupe de lycéens rejoint par des apprentis et quelques employés des postes, pour la plupart âgés de 17 à 20 ans, forment « l'Espoir français ».

     

      • Le 12 août, une première opération de sabotage sur des lignes téléphoniques est attestée.

     

      • Le 15 août, pour la fête de l'Assomption, un rassemblement a lieu place Saint-Jacques à Metz où sont déposés des bouquets de fleurs bleues, blanches et rouges au pied de la statue de la Vierge.

     

    • À l'automne 1940, le commandant Scharff et d'autres anciens officiers et sous-officiers forment le groupe « Mission Lorraine ».

      

    La population en action

    La population dans sa grande majorité continua malgré tout à afficher son attachement à la France.

      

    On continua à parler français et à refuser le salut hitlérien.

     

     

    On bouda les informations allemandes, mais on écouta à ses risques

    et périls la radio anglaise ou suisse.

      

    Un rapport du service de sécurité allemand de la ville de Metz pour la semaine du 17 novembre au 23 octobre 1941 dit que « la grande majorité des Lorrains fait preuve d'une obstination grandissante à l'encontre du Reich ».

      

    De nombreuses manifestations symboliques succédèrent à la manifestation place Saint-Jacques, telles les manifestations du 1er septembre 1942 à Metz, place de la Préfecture, et à Sarreguemines. On peut aussi rappeler le drapeau français hissé sur la mairie d'Hagondange le 11 novembre 1942.

     

    De nombreux anonymes ont aidé les résistants matériellement, en informations, en cachant ou ravitaillant des prisonniers de guerre évadés,

    dont la Moselle est presque un passage obligé vers la France.

     

     

      

     

     

    Nombre d'entre eux ont participé à des actions plus ciblées, notamment à des filières d'évasion de prisonniers de guerre, comme celui de la religieuse sœur Hélène de l'hospice Saint-Nicolas de Metz, sur tout le département.

      

    Les trains de marchandises, les passages dans les usines sidérurgiques à cheval sur la frontière, dans les bois ou en campagne furent autant de moyens de passer une frontière pourtant très surveillée.

     

    Plusieurs milliers de jeunes furent réfractaires à l'enrôlement dans la Wehrmacht et le Reichsarbeitsdienst et devinrent donc des clandestins recherchés.

      

    Les Malgré-nous (mosellans et alsaciens mobilisés contre leur volonté sous l'uniforme allemand, notamment sur le front russe) furent nombreux à déserter.

      

    Enfin dans la région du Donon, ce sont des maquisards aidés de Russes évadés qui libérèrent quelques villages.

      

    En 1942, Bürckel proposa aux Mosellans n'appartenant pas au Deutsche Volksgemeinschaft et à ceux en ayant été exclus, et donc à ceux qui refusaient toujours d'être allemands, de s'inscrire dans les sous-préfectures pour quitter la Moselle.

      

    Les besoins de l'armée et de l'industrie allemande firent dire à Himmler qu'on ne pouvait faire cadeau de sang allemand à la France.

     

     

      

    Ainsi en janvier 1943, ce sont 10 000 personnes optant pour la France, originaires principalement du bassin ferrifère et houiller, qui furent déportées dans des camps spéciaux en Silésie, en Basse-Saxe, en Autriche, dans la Ruhr, et dans les Sudètes.

     

     

     

    On les appela les P.R.O., les Patriotes Résistant à l'Occupation.

     

     

      

    Marcel Weinum est né à Brumath, au nord de Strasbourg, le 5 février 1924. En septembre 1940, alors qu’il n’a que 16 ans, il crée à Strasbourg, dans une Alsace annexée de fait et quadrillée par les organisations nazies, le réseau de Résistance « La Main Noire ».

     

     

    Constitué sans le soutien d’aucun adulte, structuré en cellules, doté d’armes et de locaux, spécialisé dans la contre-propagande, le sabotage, et le renseignement, ce groupe se compose en tout et pour tout de 25 jeunes de 14 à 16 ans, presque tous apprentis et fils d’ouvriers.

     

    Presque tous agissent à l’insu de leurs parents.

     

     

    Jugé avec dix de ses camarades par un tribunal spécial à Strasbourg en mars 1942, il a été condamné à mort et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart, en Allemagne.

     

    Il venait d’avoir 18 ans.

     

    « Si je dois mourir », avait-il écrit à ses parents,

     

    « je meurs avec un cœur pur » 

     

      

      

      

    Principaux groupes de résistance

     

     

    L'Espoir Français : formé dès le 17 juin 1940,

    « l'Espoir Français » est décapité entre le 18 juin et le 15 juillet 1941 par une série d'arrestations.

      

    Le mouvement agissait essentiellement par diffusion de tracts et par des tâches de renseignement.

     

    Le groupe Mario : il tient son nom du pseudonyme employé par son animateur principal Jean Burger, chargé par le communiste Georges Wodli l'activité des militants des chemins de fer, du secteur sidérurgique et du secteur houiller, mission confirmée par le comité national militaire des FTPF et le comité directeur du Front national.

      

    Le mouvement divisa son action en 27 secteurs.

      

    Pour suivre le parcours de Jean Burger dès les années trente on peut se reporter à sa biographie dans le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

      

    Une présentation plus complète est issue des actes d'un colloque traitant de la résistance en France annexée tenu à Strasbourg en novembre 2004 sous l'égide de la Fondation entente franco-allemande (FEFA) et de l'Université de Metz.

      

    Son action consistait en la formation de groupes de combat de trois personnes, la constitution de dépôts d'armes, l'aide aux évadés, la réalisation et la diffusion de tracts, les sabotages, l'aide aux familles des militants arrêtés et la préparation de la libération.

      

    L'action du groupe fut considérable, mais 752 personnes considérées comme appartenant au réseau furent arrêtées entre août et septembre 1944.

     

    Mario avait lui été pris en septembre 1943.

      

    A la Libération, le groupe est donc très affaibli.

      

    Il s'était constitué autour des nombreux ouvriers présents en Moselle industrielle et notamment des immigrés polonais (mineurs de charbon) et italiens (mineurs de fer) qui payèrent un lourd tribut à leur engagement contre le nazisme.

     

    Second groupe notable, le groupe Derhan fut fondé par Joseph Derhan, ouvrier à Hagondange qui avait formé en 1942 un groupe nommé Parti De Gaulle, composé d'une cinquantaine d'ouvriers de la vallée de l'Orne.

      

    Actif dans les années 1942 et 1943, le groupe sera démantelé par les Allemands entre janvier et mai 1944.

    Son principal dirigeant était déjà mort au Fort de Queuleu à Metz.

      

    Le groupe s'était donné pour mission l'accumulation d'armes pour la Libération, la propagande pro-gaulliste et l'incitation à refuser l'enrôlement dans la Wehrmacht et le Reichsarbeitsdienst (RAD).

     

     

     

     

    Le groupe La Main Noire :

     

    il a été créé par Marcel Weinum et a rassemblé des dizaines d'adolescents de 14 à 19 ans.

     

    Ce groupe a vu le jour en septembre 1940 et avait comme but de combattre d'une façon active le développement allemand en Alsace.

      

     WINTZENHEIM UNE COMMUNE FRANÇAISE EN ALSACE dans LA RÉSISTANCE 1940-1945 artfichier_729028_1831679_20130302370362

    Auguste Sontag 1915-1943, membre du Réseau Wodli

    Patriote résistant, condamné à mort

    pour son action contre le régime nazi, et exécuté le 1er juin 1943. 

     

     

    Le Réseau Wodli :

      

    le cheminot et responsable communiste Georges Wodli joua un rôle déterminant dans l'organisation de la résistance notamment ouvrière en Alsace annexée

     

     

      

    . Il joua aussi un rôle important en Moselle annexée en rencontrant Jean Burger, instituteur communiste messin, à qui il demanda de structurer la résistance CGT/PC en Moselle

    (le Groupe Mario)

     

    D'autres cheminots jouèrent un rôle de premier plan, par exemple Charles Hoeffel ou le jeune apprenti Jean Geiger qui fut l'un des fondateurs de L'Espoir français.

     

    Le groupe Mission Lorraine :

    le commandant Scharff ("Emmanuel") et son groupe « Mission Lorraine », qui ont intégré l'ORA en octobre 1943, plus en retrait jusqu'à l'approche des forces alliées sortirent de l'ombre en meilleur état que les restes des groupes cités plus haut.

      

    Ils sont intégrés aux FFI sous les ordres du commandant Krieger (« Gregor »), Scharff devenant son adjoint. Les trois départements annexés formaient la région C4, sous la responsabilité du chef de la région C, le colonel Grandval.

      

    Les 4 000 FFI du département avaient pour mission de combattre l'armée allemande, de rétablir l'ordre public et une administration civile provisoire.

     

     

     

     

    Les FFI désorganisèrent l'arrière des lignes allemandes, facilitant l'avance des troupes américaines.

      

    Toutefois, Scharff et Krieger étaient rivaux, car le premier jugé trop proche du général Giraud; ils ne se rencontrèrent pour la première fois que le 21 novembre 1944 !

      

    Dans les faits, les quatre brigades de FFI de l'ouest du département restèrent sous l'autorité réelle de l'"adjoint" Scharff dont le poste de commandement était situé à Jœuf (Meurthe-et-Moselle), contre un seul pour Krieger, quand les groupes de l'est mosellan restèrent de facto autonomes.

     

     

     

     

     Groupe de Résistants de Prégentil

     

    ( photo extraite du livre du Père Louis Poutrain :

     

    "la déportation au coeur d'une vie" ).

     

    Ces jeunes Alsaciens étaient cachés par Louis Poutrain. Ils refusaient tous d'intégrer l'armée allemande.

     

    De gauche à droite :

     

    Emile Arnaud , René Baumann , Pierre Poutrain ( fusillé le 19/06/1944 après avoir été capturé dans sa cache ),

    Léon Specklin, Armand Hengy, Henri Parmentier (tué au combat à Laye le 17/07/1944).

     

    Le père Poutrain, en les voyant s'entendre si bien, prêts à rendre service à tout moment et parfois au péril de leur vie, disait d'eux dans son livre :"quelle belle jeunesse.....

     

     

    Comme dans le reste de la France, les femmes jouèrent un rôle important dans l'organisation de la résistance même si elles restèrent souvent dans l'ombre.

      

    On peut citer l'exemple d'Annie Schulz, qui abrita dans son logement la planque de Jean Burger, alias Mario dans la Résistance ou Margot Durrmeyer, militante des Jeunesses communistes qui joua un rôle important dans la constitution du Groupe Mario.

      

    Selon les archives allemandes, 7 761 ont été arrêtés,

    soit plus d'un pour cent de la population, dont 1 053

    pour appartenance à des mouvements de résistance et

    164 pour actes de résistance isolés

    (2 379 car Juifs, 23 pour passage de courrier, etc...).

      

    5 812 ont été déportés, 2 960 n'en revenant pas ;

    1 798 ont été internés, 96 y mourant.

      

    La résistance dans le département fut donc très active,

    mais beaucoup y laissèrent leur vie.

     

     

    La Résistance des Alsaciens et Mosellans de l'intérieur

    Les Mosellans ne se sont pas contentés de résister localement :

    des expulsés, évacués et autres personnes ayant quitté le département se sont engagés dans les Forces Françaises Combattantes (Castille, Gallia, Buckmaster, ...) ou

    dans les Mouvements Unis de la Résistance / Forces Françaises de l'Intérieur.

      

    Pour la seule année 1944, les Allemands arrêtèrent 133 Mosellans

    (38 dans les FFC, 95 dans les MUR ou FFI)].

     

    Laure Diebold

     

     

    SUPERBE ARTICLE

     

    http://www.mooslargue.fr/le-village/Resistance.htm 

     

     

     

     

     

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     Au cours de la Seconde Guerre mondiale, deux frères qui voyagent seuls avoir été séparés de force de leurs parents, ils trouvent un soldat blessé.

     

    Résumé
     
    Peu après le Débarquement, un petit village du Sud de la France s'apprête à fêter la Libération.
    Trois garçons, Julien, Antoine et Gaby, annoncent prématurément l'arrivée des Américains.
      
    C'est en fait une colonne allemande en train de se replier qui traverse le village.
      
    Des coups de feu éclatent. Le maire est tué.
      
    Antoine et Julien s'enfuient. Dans un moulin, ils découvrent un soldat allemand d'origine alsacienne, Franz-Joseph, enrôlé de force dans la Wehrmacht et cloué au sol par une méchante sciatique.
      
    Tous trois cheminent ensemble. Antoine et Julien se prennent d'amitié pour leur «ennemi», un homme amer qui déteste profondément la guerre...

     

    Après la guerre, les acteurs principaux du film:

    Richard Bohringer, Jean-François Dérec, Julien Hubert, Jacques Mathou, Antoine Hubert, Raoul Billerey, Martin Lamotte et Isabelle Sadoyan.

    Drame

    • Date de sortie :
      26 avril 1989
    • Réalisé par :
      Jean-Loup Hubert
    • Avec :
      Richard Bohringer
      ,
      Antoine Hubert
      ,
      Julien Hubert
      ...>
    •  Tout le casting
    •   
    • Durée :
      1h45min
    • Pays de production :
      France
    • Année de production : 1988
    • Distributeur :
      AMLF

     

    Vu sur Cine Canal, ce film entier a été présenté dans le cinéma canadien ou français en 1989.

     

    L'édition Blu-Ray et DVD édition du film complet en version original a été vendue peu de temps après sa sortie officielle dans les salles suisses.

     

     

     

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    FEMME COURAGEUSE...

    IRENA SENDLER, infirmière polonaise CATHOLIQUE... a sauvé plus de 2500 enfants Juifs...


    During The Holocaust, Irena Sendler saved 2500 Jewish children by smuggling them out of the Warsaw Ghetto.

     

     Irena Sendlerowa (Irena Sendler), née Krzyżanowska  (15 février 1910 à Otwock - 12 mai 2008 à Varsovie), était une résistante et militante polonaise, Juste parmi les nations.

     

    Jeunesse

     

    Elle est élevée à Otwock, dans une banlieue ouvrière de Varsovie.

    Elle avait deux ans lorsque sa famille est passée de Varsovie à Otwock, où son père, un médecin engagé dans l’action sociale auprès des familles pauvres, dirigea un hôpital avec Spa.

      

    Stanisław Krzyżanowski, père d'Irena soignait aussi bien les pauvres que les Juifs. Irena les visitait et ils la connaissaient très bien, il était aussi membre du Parti socialiste polonais et est mort des suites du typhus en 1917.

      

    Irena dit avoir vécu selon les enseignements de son père qui affirmait que les gens devaient être divisés en deux catégories : les bons et les méchants, leur race, leur religion ou nationalité n'avaient pas d'importance d'après lui.

      

    Sa fille, Irena a été engagée avant la guerre dans l'Union gauchiste de la jeunesse démocratique. L'antisémitisme a été pour elle extrêmement pénible à supporter, et elle a donc participé naturellement à de nombreuses manifestations contre les discriminations des étudiants juifs à l'Université de Varsovie.

      

    Elle a été mariée avec Mieczyław Sendler, mais ils divorcèrent après la guerre. Elle s'est remariée à un autre activiste clandestin, Stefan Zgrzembski, ils eurent trois enfants ensemble, deux garçons et une fille qui était encore vivante à la mort de sa mère en 2008.

      

    Seconde Guerre mondiale

    Dès les premiers jours de l’occupation allemande, elle commence à travailler au Département de l’Aide Sociale à la mairie de Varsovie où elle organise l’aide aux pauvres[3]. Dans la section d’aide à l’enfant, un groupe clandestin (sous la direction de l’écrivain Jan Dobraczyński) se forme pour venir en aide aux enfants abandonnés qui sont légion à Varsovie après 1939.

      

    Cette aide concerne aussi les enfants sortis clandestinement du ghetto. Certains de ces enfants se sont enfuis par un trou dans le mur du ghetto, d’autres ont été sortis dans des camions de pompiers, des ambulances, sous les ordures…

      

    Le groupe prépare des faux papiers (certificats de naissance, enquêtes familiales) pour placer les enfants dans les orphelinats ou familles d’accueil.

      

    Le gouvernement polonais en exil à Londres s’est chargé d’envoyer des fonds et créa Żegota, une Commission clandestine d’aide aux Juifs.

      

    L’action de Jolanta (nom de clandestinité d’Irena) est souvent liée à Żegota alors que ce mouvement n’a vu le jour qu’en septembre 1942; Irena et ses collègues opéraient depuis trois ans déjà.

      

    La Commission et l’argent qui venait de Londres via les canaux clandestins sont néanmoins arrivés au moment où la vie de plusieurs milliers de personnes cachées du côté « aryen » était en jeu.

      

    Bien que les Allemands aient commencé à regarder de plus près les dépenses du Département de l’Aide Sociale - une menace planait sur le groupe - les fonds ainsi alloués par la structure clandestine du gouvernement polonais en exil, ont permis de continuer l’action en contournant les contrôles entrepris à la mairie.

    En décembre 1942, la Commission d’aide aux Juifs la nomme chef du département de l’enfance. Elle organise le passage clandestin des enfants du Ghetto vers les familles et les institutions à Varsovie, Turkowice et Chotomów (près de Varsovie)].

     

    Ayant eu, en tant qu'Allemande, connaissance des plans d'extermination des nazis envers les Juifs, elle mit au point un stratagème tout à fait génial, mais très risqué, pour sortir les enfants du Ghetto.

    Elle fit les démarches pour aller travailler dans le Ghetto comme plombier, serrurier. Irena cachait des enfants dans le fond de sa boite à outils qu'elle transportait à l'arrière de son véhicule ainsi qu'un grand sac pour les enfants plus grands.

    Elle avait aussi un chien à l'arrière entrainé à aboyer quand les soldats allemands la contrôlaient à l'entrée et à la sortie du Ghetto.

    Les soldats ne pouvaient rien contre le chien qui couvrait en fait le bruit que pouvaient faire les enfants. Elle sauva 2.500 enfants en les dissimulant ainsi.

    Le 20 octobre 1943, elle est arrêtée par la Gestapo et emmenée à la prison de Pawiak ; malgré les tortures qui la laissèrent infirme à vie (bras et jambes brisées), elle n’avouera rien sur son réseau; elle est condamnée à mort[.

      

    Żegota réussit à la sauver en achetant les gardiens de la prison.

      

    Irena garda tous les noms des enfants qu'elle avait sortis du Ghetto et garda ces noms dans une jarre en verre enterrée derrière un arbre au fond de son jardin derrière sa maison. Après la guerre, elle essaya de localiser tous les parents qui avaient pu survivre et tenta de réunir les familles; mais la plupart avaient été gazées.

      

    Les enfants qui avaient été sauvés ont été placés dans des familles d'accueil ou ont été adoptés.

    Elle a été proposée pour le prix Nobel de la paix, mais n'a pas été retenue;

    c'est Al Gore qui fut primé pour son film sur le réchauffement de la planète.

      

    Bilan de son action

    C'est en 1999 que son histoire a commencé à être connue grâce à quatre jeunes étudiantes et leur professeur Norman Conard de la ville d'Uniontown au Kansas, C'est ainsi que Megan Stewart, Elisabeth Cambers, Jessica Shelton et Sabrina Coons travaillaient sur un projet de fin d'études concernant les héros de la Shoah.

      

    Lors de leurs recherches, elles ne trouvèrent que peu d'éléments sur Irena, mais il y avait un chiffre surprenant, elle avait sauvé la vie de 2 500 enfants et elle aurait été âgée de 89 ans. Ces quatre étudiantes se rendirent en Pologne pour rencontrer Irena Sendler.

      

    Les élèves réalisèrent une pièce de théâtre intitulée Life in a jar en souvenir des petits papiers dans un bocal de verre, sur lesquels Irena avait écrit les noms des enfants et ceux de leurs familles d'accueil, et qu'elle avait cachés précieusement pour permettre aux enfants de retrouver leurs vraies identités après la guerre.

      

    Cette pièce de théâtre a retenu l'attention internationale et été présentée plus de 200 fois aux États-Unis, au Canada et en Pologne et finit par donner naissance à une fondation du même nom.

    C'est à l'instigation de cette fondation, conjointement avec l'association polonaise Enfants de l'Holocauste qu'est créé le prix Irena-Sendler, « Pour la Réparation du Monde », ce prix, destiné aux enseignants et instituteurs qui enseignent le respect et la tolérance, est décerné chaque année à deux personnes, l'une aux États-Unis et l'autre en Pologne.

      

    Après la guerre, Sendlerowa avait transmis la liste des noms et des familles d’accueil qu’elle a remis à Adolf Berman, le président du Comité Juif en Pologne.

      

    Grâce à cette liste, les membres du comité réussirent à retrouver environ 2 000 enfants.

    Distinctions et récompenses

     

    En 1965, elle a été honorée à Yad Vashem au titre de « Juste parmi les nations »[3]. En 1991, elle devient Citoyenne d'Honneur de l’État d'Israël[3]. En 2003, elle a reçu l’Ordre de l’Aigle blanc, la plus haute distinction civile polonaise.

      

    En 2007, elle a le plaisir d'obtenir une distinction de l'Ordre du Sourire, attribuée chaque année à des personnalités œuvrant pour « Le bonheur et le sourire des enfants », prix décerné par des enfants du monde entier.

      

    En 2009, Irena Sendler a reçu, à titre posthume, le prix humanitaire Audrey-Hepburn ; ce prix nommé ainsi en l'honneur de l'actrice et ambassadrice de l'Unicef est remis à des personnes ou organisations reconnues pour avoir aidé des enfants de manière exceptionnelle.

     

    En mars 2007, le gouvernement polonais de Lech Kaczyński a proposé qu’elle soit élevée au rang d’Héroïne nationale, ce que le Sénat a voté à l’unanimité. Le Sénat polonais a en outre recommandé sa candidature au prix Nobel de la paix. De santé fragile, Irena Sendler était restée à l'écart des cérémonies qui lui rendirent hommage en 2007, mais elle avait fait lire une lettre par une survivante, Elżbieta Ficowska qu'elle avait sauvé tout bébé en 1942.

     

    Elle avait écrit :

      

    « J'appelle tous les gens de bonne volonté à l'amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix. »

      

    Elle avait toujours pensé qu'elle n'était pas une héroïne et regrettait d'avoir fait si peu.

      

    Elle disait aussi : « On ne plante pas des graines de nourriture, on plante des graines de bonnes actions. Essayez de faire des chaînes de bonnes actions, pour les entourer et les faire se multiplier ».

     

    Bernard Dan lui rend hommage dans son roman Le livre de Joseph.

      

    Tandis qu'Anna Mieszkowska fera éditer en 2004 aux Editions Muza SA de Varsovie, Irena Sendlerowa : La mère des enfants de l'holocauste d'où sera tiré le film The courageous heart of Irena Sendler, réalisé par John Kent Harrison. Ce film est sorti aux États-Unis en 2009 avec Anna Paquin dans le rôle principal, et les acteurs Marcia Gay Harden et Nathaniel Parker.

     

    Irena Sendlerowa décède le 12 mai 2008 à Varsovie sans avoir reçu ce Nobel; on gardera d'elle un symbole de la résistance face aux horreurs qu'ont pu commettre des êtres humains dont la défense consista ensuite à prétendre avoir obéi aux ordres.

     

    http://www.irenasendler.org/gallery_details.asp?pixID=21 

     

     

     

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    L'Occupation

     

    Débuts de ce qui devint la résistance ornaise

     

    Eté de 1940, les Allemands sont maîtres militairement de la France. Une opposition, ou résistance non résignée se manifeste bientôt dans l'Ouest Normand. En voici les débuts dans l'Orne. Les premiers civils arrêtés par les Allemands furent deux jeunes de la région de l'Aigle qui avaient fait des barrages avec des engins agricoles devant l'armée allemande. Ils furent condamnés à des peines d'emprisonnement une première fois. Des conseils de faire appel à ce premier jugement, vu leur jeune âge, leur furent donnés. Par qui et comment ? Notables en fonction ? Le second jugement, rendu par un conseil de guerre de l'armée allemande en campagne, condamna celui qui, au moment des faits incriminés, avait dix huit ans accomplis, à être fusillé comme franc-tireur. Ils furent alors emprisonnés à Alençon, au château des Ducs.

      

    Là, ils furent rejoints par des Ornais venant de tous les coins du département: Alençon, Sées, Tésse-la-Madeleine, Flers, Trun, Chambois, et pour des motifs allant de la boxe à la diffusion des nouvelles transmises par Londres B.B.C. L'un de ceux-ci fut convoqué et emmené à la préfecture de l' Orne où un général, reconnaissable par les dorures de son uniforme, lui demanda s'il faisait appel du premier jugement le condamnant à un an de prison.

      

    Réponse négative. Une seconde demande n'eut pas plus de succès.

     

    Après quelques instants de silence, le général déclara "cela vaut mieux pour vous, car nous avons eu de mauvais renseignements sur vous par certains Français" Inclinaison de tête, par politesse, et le souhait de bonne chance de la part de l'officier. Le deuxième jugement de Coupry et de son camarade avait servie de leçon.

      

    Le condamné à la peine capitale avait un moral de fer dans les lettres qu'il envoyait à sa famille et, en plus du texte de la lettre, des choses étaient écrites sur le timbre avec une petite plume. Les gardiens laissaient faire ou ne s'en aperçurent pas . Cela dura pendant quelques temps, durant lesquels prisonniers des Allemands et prisonniers de droit commun furent mélangés, sans aucune discrimination à Alençon.

     

     

    Pour qui était curieux, c'était un monde nouveau à observer avec toutes ses catégories d'humains. D'un coté les prisonniers des Allemands faisaient bande à part; de l'autre, les prisonniers de droit commun: petits voleurs, braconniers, gitans et des escrocs qui ne voulaient pas être considérés comme des voleurs car ils se servaient de la bêtise de certains selon eux, pour vivre.

     

     

    Après l'exécution du jeune Coupry, les Allemands centralisèrent dans un étage de la prison cellulaire de Caen, tous leurs prisonniers civils des départements: Calvados, Orne, Manche et les îles Anglo-Normandes de Jersey et Guernesey. Une fourgonnette cellulaire assura le transport, le 19 novembre 1940. A Sées, les gardiens ayant soif s'arrêtèrent. Parmi les curieux, un boulanger, B., reconnut un prisonnier originaire de la région de Sées et un Trunois et, aussitôt alla chercher deux ou trois pains qui furent bien accueillis, les rations étant déjà très maigres.

      

    Puis la voiture continua son voyage. A Bons-Tassilly, nouvel arrêt. Le patron du café, quand il connut la situation des voyageurs distribua à chacun un verre de vin. Une petite goutte en plus créa une nouvelle ambiance dans la voiture. A Caen, les détenus furent répartis dans les cellules avec les premiers arrivés, ce qui modifia la camaraderie déjà existante et en créa d'autres. Les condamnés à des peines allant jusqu'à un an de prison restaient en France, au-dessus c'était le transfert en Allemagne.

     

    Alençon - Caen, il se créa une sorte de hiérarchie. En cas de troubles ou d'événements graves, c'était parmi les fortes peines que se trouvaient désignés ou choisis, les otages; ce bruit circulait dans la prison. Les nouvelles de l'extérieur et de la guerre, diffusées par Radio-Londres, parvenaient rapidement dans cet univers soi-disant clos.

      

    Le 22 juin 1941, l'attaque allemande de la Russie fut communiquée par l'aumônier à la messe et il ajouta: "

      

    Les loups se battent et se mangeront entre eux".

     

    Avec les ordres de Vichy, qui donnaient des directives plus ou moins précises, la remise de colis aux prisonniers était bizarre... un peu selon les circonstances. Les gardiens se trouvaient devant des textes changeants et plus ou moins précis. Un camarade, René.B., coiffeur, libéré en fin de peine, expliqua à ses clientes la réalité sur les faits. L'une de ces dames, d'une famille qui s'intéressa beaucoup au site de Téssé-Bagnoles (disons F.J.G.), par ses relations alerta la Croix Rouge Française afin que les incarcérés de Caen et d'ailleurs soient assimilés aux prisonniers de guerre, ce qui apporta une nette amélioration pour tous, familles et emprisonnés; mais ce n'était pas toujours idyllique.

      

    Quelques remarques sur ce qui pouvait arriver un jour à ceux qui surveillaient trop bien les prisonniers valut à l'un de ceux-ci 15 jours de mitard (cellule disciplinaire avec nourriture des plus simplifiées) mais un dimanche, pendant que tout était calme, un gardien lui passa en cachette une gamelle de riz qui fut bien accueillie. Le rôle de ces hommes n'était pas toujours facile; une peur inavouée subsistait dans toutes les classes de la société. A Caen, un an auparavant et pour avoir rossé Degrelle, collaborateur belge des Allemands, des gardiens eurent quelques ennuis.

     

    Les prisonniers étaient exactement libérés à la fin de leurs peines et cela jusqu'au début de l'offensive allemande en Russie. Une certaine correction des troupes et officiers de la Wermacht s'était plus ou moins établie avec la population civile. A ce moment commença la chasse aux communistes, que les Allemands considéraient comme les alliés de la Russie, ce qui provoqua, dans les mois qui suivirent, un renouvellement des pensionnaires de la prison de Caen et des remous dans toutes les classes de la société.

     

    Charles Malsoute, décembre 1983

     

    * Charles Malsoute a été incarcéré quelques mois à la prison de Caen pour avoir fait jouer par la fanfare municipale de Trun l'hymne anglais quand les Allemands sont entrés dans Trun.

     

     

     

     

     

    Souvenirs d'un temps pas si lointain

     

    A travers des documents sur les préparatifs défensifs allemands, triangulation des artilleries Punktes et clochers de la région, état des coordonnées, feuille de l'Unité Française Falaise.

      

    Les points de triangulation ont été déterminés par le secteur motorisé 618 de la Vermacht. Tous les points sont dans la grille française: Lambert 1, Zone Nord édité par le secteur motorisé 618 de la Vermacht, janvier 1941, imprimé par le fichier motorisé 550, août 1942. Bien entendu, tout ceci était objet secret, dans le sens de l'article 88 du Code Pénal du Reich (version du 24 avril 1934).

     

     

    De tout cela, on constate que, dès janvier 1941, les Allemands prenaient des précautions contre un débarquement en Normandie. Il est fort probable que ce document fut communiqué aux alliés. Toujours est-il que fin 1943, début 1944, des artilleries Punktes furent ajoutées ou installées dans une zone qui allait de Montreuil-la-Cambe, Montabard, la plaine d' Ecouché, jusqu'à la forêt d'Ecouves.

      

    En ce temps-là, la Vermacht construisait un radar à Ri. Les membres du réseau C.N.D. surveillaient les travaux sans savoir exactement ce que c'était et pour tous les camarades de l'équipe, c'était de nombreux kilomètres en vélo. Les artillerie Punktes étaient soigneusement marquées par de minuscules trous d'aiguille sur une carte Michelin.

      

    Quelques jours après le 6 juin 1944, de petits dépôts de munitions furent installés hâtivement. Certains, avant la fin juin, furent transférés ailleurs: Bois d'Auge, d'autres ceux de Tertu, Montabard, des Yveteaux-Fromentel (61), l'Eventard, commune du Perrou (50), signalés aux alliés ne furent pas bombardés, pourquoi ? Les services U.S. n'avaient-ils confiance que dans leurs propres renseignements? Le début de la C.I.A. Fin juin, la Gestapo et Jardin avaient désorganisé le groupe C.N.D. local en torturant et tuant deux de nos camarades et, parmi eux, celui qui nous reliait à la centrale de Paris. Les renseignements que nous avions n'avaient de valeur que s'ils parvenaient de l'autre coté du champ de bataille. Après de multiples péripéties, tout fut livré le 12 juillet 44 aux alliés: U.S. en premier et ensuite aux Anglais qui y attachèrent beaucoup plus d'attention.

      

    Le pourquoi fut compris plus tard en suivant la marche des offensives U.S. au Sud et des Britanniques au Nord. Les artilleries Punktes étaient installées en des points dominants, dans des forêts et des zones bocagères, souvent des chênes étayés de gaules supportant des planches noires et blanches... au pied d'une pierre de granit de 0,12 x 0,12 x 0,50 marquée A.P. Dans les plaines, les clochers en tenaient lieu. Ces détails, ces souvenirs s'estompent plus ou moins, selon l'âge des témoins qui ont vécu ces temps-là.

     

     

    A Ri, patrie de Saint Jean Eudes, les habitants décidèrent, après 1944, de bâtir une chapelle rappelant le rôle bénéfique du Saint; un des membres rescapé de l'équipe du C.N.D. qui venait par là, poussé par la curiosité, se mêla à un groupe de villageois qui discutaient des évènements passés et osa parler du rôle des alliés et de la Résistance, l'un d'eux s'écria: "Ah oui, vous faisiez partie de cette bande de salauds qui nous aurait fait bombarder par les Anglais!".

      

    Ne voulant pas mettre en doute l'efficacité de la protection de Saint Jean Eudes, l'interpellé reprit son vélo et changea de secteur en philosophant sur ce que les hommes appellent l' Histoire et la Vérité, qui n'existent qu'en fonction des connaissances de chacun.

     

    Charles Malsoute, septembre 1982

     

     

    Convocation pour le S.T.O

     

    Le quotidien au temps de la Résistance

     

    Ce que l'on désigne sous le nom général de Résistance revêtit différentes formes au fur et à mesure des événements qui découlèrent de l' Occupation: actions de défenses, de propagande, militaires, etc. Cela se combina avec le choix la cooptation, l'acceptation des personnes dans des réseaux ou groupes spécialisés, selon le comportement personnel des nouveaux adeptes ou volontaires.

      

    Ainsi, les prisonniers politiques libérés des prisons allemandes ou de l' Etat de Vichy, dit Français, étaient surveillés, testés et, pour être admis dans un de ces groupes, il fallait avoir fait ses preuves : "au pied du mur, on voit le maçon", selon le vieil adage des bâtisseurs de cathédrales! Avec en plus, le silence que les compagnons observaient sur les moyens employés vis-à-vis des non-initiés.

     

     

     

     

     

    Vers 1942, un Franco-Britannique, Dick CH... venait souvent dans la région, disons à Habloville, où il avait des possibilités d'échange avec les carriers et mineurs de Nécy pour une marchandise combien rare en ce temps. Tout cela était connu et devenait le secret de Polichinelle.

      

    Quand il en fut averti, il prit les dispositions qui s'imposaient en disparaissant discrètement de la région. Pour organiser une action, disons militaire, il fallait en prévoir les conséquences sur la population, peser les résultats envisagés, trouver les spécialistes qu'il fallait mener discrètement vers leur lieu de "travail", les héberger, les reconduire pour les mettre en dehors des curiosités. Cela nécessitait un plan, une organisation très cloisonnée et prévoir les mesures de sécurité qui s'imposaient. Si les itinérants (ou dynamiteurs) disparaissaient dans la nature, il n'en était pas de même pour ceux qui les avaient hébergés à leurs risques et périls.

     

     

     

     

     

    Les cercueils: fin 1943 - début 1944, quelques vétérans, croyant faire acte de résistance, envoyaient selon leurs inimitiés personnelles, des petits cercueils aux gens qu'ils avaient catalogué comme Vichyssois, trafiquant de marché noir, collaborateurs, etc... La résistance fit en sorte que cela ne fit pas trop de vagues. Ceux qui s'amusaient à ces petits jeux ne mesuraient pas ce que cela pouvait avoir de dangereux avec la Gestapo et les polices politiques.

      

    C'était souvent le fait d'anciens de la guerre de 14-18, les "vieux de la vieille" et qui, aux conseils de prudence ou de modération, répondaient: "nous nous avions gagné, on n'est pas foutu le camp comme vous en 40, etc." Pour arrondir les angles et éviter les complications entre générations, on eut recours à un personnage haut en couleurs, l' Abbé Georges V... dit le gars Georges, qui exerçait dans une paroisse voisine et avait la confiance des populations locales, mais aussi des F.T.P. d'un petit maquis de la région, il s'occupait de leur ravitaillement et de la sécurité en général, tout en conciliant bien des contraires.

      

    Pour "les vieux de la vieille", il transmit aux curés voisins ceux qu'il était bon de chapitrer et si besoin était, de sonner les cloches à ces drôles de paroissiens, soit à confesse ou partout ailleurs.


    Ceux-là constatèrent que le Seigneur avait des voies qui devenaient de plus en plus impénétrables. Cela n'était qu'un côté de l' affaire, il y avait aussi à rassurer ceux qui avaient reçu ces drôles de colis. La subtilité ecclésiastique permit quelques remises en ordre.

     

     

    La résistance, c'était aussi les faux papiers et en premier lieu les cartes d'identité, puis les certificats de travail, de résidence, etc. Le double d'un cachet municipal entre les mains d'un sympathisant permettait de compléter bien des fausses cartes d'identité départementales pour de soi-disant travailleurs; elles étaient faussement signées, à leur insu, du nom de certains maires qui, à la libération, revendiquèrent ces faux comme étant la preuve de leur participation à l'action de la résistance.

     

     

    Ainsi allait tout ce monde bizarre, cahin-caha, avec ses hauts et ses bas. De tout cela, on peut dire que ce fut dans les bourgs et bourgades ayant bénéficié de personnalités neutres, où il n'y eut ni trop de bruit, ni trop de discussions entre gens d'opinions différentes, que la Gestapo et les polices politiques firent le moins de dégâts, arrestations, déportations ou exécutions.

     

    A la libération, il y eut bien, dans certains bourgs, des règlements de compte: engueulades, crêpage de chignons, tonsures... Mais cela ne dépassa pas quand même une certaine mesure où le scepticisme normand se mêlait à une façon de voir les choses, un peu comme vu de Clochemerle. De toutes façons, il en resta une tolérance, ou méfiance sur tous ces événements, pour une bonne partie de la population qui ne s'était pas engagée, ni déclarée ouvertement dans ce conflit et réagissait en spectateurs plutôt qu'en acteurs.

      

    Quant à ces derniers, ils eurent proportionnellement plus de pertes que dans les régions où l'ensemble de la population avait fait un bloc homogène; par le fait aussi que leur nombre assez restreint les faisait à l'arrière du front du débarquement, davantage surveiller par les services policiers. Plus de pertes aussi que dans les régions où les maquis établirent une véritable libération pendant l'été 1944.

     

     

     

    Les alliés envoyèrent peu de matériel militaire, armes et munitions dans la Normandie intérieure, proportionnellement aux envois faits en Bretagne, pour laisser croire aux Allemands que le débarquement aurait lieu ailleurs. Par contre les réseaux de renseignements étaient, non pas les uns sur les autres, mais assez nombreux. Les réseaux U.S. avec beaucoup de matériel de transmissions, anglais, conventionnels, intelligence service, français, montés de toutes pièces, avec, sans doute, un manque de sécurité interne en mêlant renseignements et propagande.

     

     

     

    Voilà ce que peuvent dire les Normands avec un recul de quarante ans sur les événements qu'ils ont vus et auxquels ils furent mêlés, de leur plein gré ou de force, de ce temps qui est maintenant devenu de l'histoire

     

    Charles Malsoute

     

     

     

     

     

     

     

     

    Souvenirs de résistants sur la bataille de Normandie en 1944

     

    Vers 1936/37, de grandes manoeuvres militaires eurent lieu en Normandie. Une conclusion s'en dégagea: un débarquement était possible sur les côtes normandes. A la suite de cela, des recherches et et des coordonnées de tir pour l'artillerie furent établies, ou plutôt complétées le long des côtes de Dunkerque à Biarritz.

      

    Dans les environs S.E. de Falaise, des points de triangulation furent établis sous le titre de Champ de Tir de Falaise, par les services militaires français.


    Quand les Allemands s'installèrent en Normandie, comme en pays conquis, ils eurent donc connaissance de ces travaux, comme le montrent les textes complémentaires qu'ils établiront dès 1941 à cet effet. Entre 1942 et 1944, ils continuèrent de s'installer et établirent des artilleries Punck, de la région S.E de Falaise jusqu'à la forêt d' Ecouves.

     

    Dès le début du débarquement, en juin 1944, de petits dépôts de munitions furent établis un peu à l'arrière d'une ligne partant des collines de Saint Pierre sur Dives Jusqu'à la forêt d' Ecouves, en utilisant les possibilités défensives des rivières normandes orientées Nord-Sud: l'Orne, la Dive et ses marais, la Vie, la Touque et la Seine.

      

    Ces travaux étaient surveillés par plusieurs réseaux et notés par des membres du C.N.D, pour les régions d'Argentan et de Falaise. Le débarquement ayant eu lieu, la Gestapo commença la chasse aux résistants et autres groupes organisés, O.C.M., Vengeance, etc.


    Des arrestations ayant eu lieu à Paris, un camarade de l'équipe régionale du C.N.D., R. Leloyal fut prié de regagner la région parisienne pour y être, vu sa connaissance des rues de Paris, agent de liaison dans le réseau sous les ordres du Capitaine Verrière, dit "Lecomte".

     

    Un autre camarade, Maurice le..., fut chargé alors de la liaison du groupe local avec les transmissions qui étaient dans la région parisienne. Malheureusement, Maurice Le..., ainsi que Pierre Lo..., un autre du C.N.D., furent tués à Guerquesalles par Jardin et ses séides. Les mêmes qui bastonnèrent aussi, près de Trun, les membres d'une famille qui connaissait trop de choses sur les résistants, mais qui ne dirent rien sous les coups et les souffrances, alors que la Gestapo les matraquait. Le même matin, l'équipe Jardin mitrailla trois résistants de Vengeance dans le ruisseau de Neauphe. Cela se passait le 27 juin 1944.

     

     

    Peut être quelques membres du groupe Vengeance !

     

    Il ne restait du groupe C.N.D. que "le Lion", Co... et "Charlot" dit aussi Charmal. Ce dernier ayant eu connaissance de tous ces faits et les jugeant tels qu'ils étaient, alerta des sympathisants sur ces événements comme mise en garde, puis, pris d'une sainte frousse, décida de déménager sans dire où il allait, c'est-à-dire en direction de la Manche. Il espérait y retrouver un camarade d'incarcération dans la région de Lessay, Piroux, qu'il ne trouva pas, ce dernier étant à la Hague, près de Cherbourg.

      

    Après de multiples aventures, il traversa les dunes du bord de mer, minées ou pas ? Malgré les pancartes allemandes (Minen) et dans une zone située entre les deux armées où les belligérants ne mettaient pas les pieds. Ne voyant aucun cadavre de vache ou de mouton, Charlot passa derrière les haies en vélo, se vit sauvé et arriva à bon port, quand il trouva de plus en plus de papiers d'emballages de paquets de cigarettes américaines. Les soldats américains qu'il rencontra, alors, l'emmenèrent à leur officier des services de la 29eme D.U.S. Il fut interrogé par des membres de l'Etat Major du général Collins, installé à Méauties près de Carentan, en pleine bataille pour la maîtrise de Saint Lô; ceci aux environs du 14 juillet 1944.

     

    Par la suite, les services de l'armée anglaise (Montgommery), installés aux alentours de Creully, s'intéressèrent de près aux renseignements apportés et à tout ce qui se passait dans la zone à l'Est de l'Orne. Les développements des combats, la prise de Caen et de Carpiquet, permettant de comprendre le pourquoi de la résistance allemande pour la possession de Falaise à proximité des collines du Pays d'Auge et des marais de la Dive qui furent contournés ainsi que le furent les forêts d'Andaine et d'Ecouves.

     

    Ceci dit, il n'est pas facile de suivre et comprendre toutes les phases de la bataille, compte tenu de toutes les tentatives d'explications que cela comporte aujourd'hui et aussi sans doute demain, maintenant que tout cela est devenu de l'Histoire.

     

    Charles Malsoute, juillet 1984

     

     

     

     

    SOURCES

     

    SUPERBE BLOG

    http://trun.free.fr/Occupation.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Les "Tondues" de la Libération

     

    Cette pratique fut tristement et pourtant massivement répandue sur l'ensemble du territoire français de 1943 à 1946.




    Si le la vidéo ne s'affiche pas cliquer ICI
    (Video au format MP4)

    La Libération de la France a été une période complexe où se mêlèrent joie et enthousiasme pour certains mais aussi crainte et tristesse pour d'autres.

    Pour cimenter cette joie collective, un exutoire commun permet d'exprimer ces retrouvailles : s'en prendre aux collaborateurs, aux prisonniers allemands, à tous ceux qui ont eu des comportements jugés indignes.
     

    Parmi ceux-là, les femmes qui ont eu des relations affectives avec des soldats allemands seront tondues dans le meilleur des cas...
     
     
    Pour la plupart d'entre elles, c'est presque toujours la même histoire, celle d'une France occupée dans laquelle des jeunes filles, par insouciance ou inconscience, franchissent les interdits et commettent l'impensable : le délit d'adultère avec l'ennemi de la Nation.



    La France sera "virile ou morte". C'est à partir de cette phrase que l'historien Fabrice Virgili fonde son étude sur les tontes des femmes entre 1943 et 1946.



    Dans sa thèse, Fabrice Virgili, recense le nombre de tontes et leur périodicité.
    20 000 femmes furent tondues entre 1943 et 1946, mais seulement la moitié fut accusée de "collaboration horizontale".

    Un tiers pour les femmes détenues, c'est à dire ayant eu des relations sexuelles avérées ou non avec l'ennemi.

    Les femmes tondues sont les femmes qui ont subi, à l'issue ou lors d'un conflit majeur, diverses humiliations, dont la tonte de leur chevelure, de la part de compatriotes indignés de leur comportement, généralement des relations intimes volontaires avec les soldats ennemis.

    La nature de cette accusation constitue un premier clivage entre les sexes, relatif quand les accusations de dénonciation, de collaboration économique ou politique touchent femmes et hommes de manière similaire, marqué pour les accusations de relations sexuelles uniquement reprochées aux femmes.

    Le caractère sexué de la collaboration relève un discours spécifique qui reflète l'image d'une femme incapable d'agir de sa propre initiative.

    Soit qu'elle suive l'homme avec qui elle partage sa vie (les femmes de collaborateurs sont autant condamnées que leurs maris), soit qu'elle se conforme à une nature jugée insouciante, irresponsable, cupide ou immorale.

    Ce sont les explications avancées par certains tribunaux pour expliquer les actes des collaboratrices.

    Les "faiblesses du sexe faible" participent à la représentation des collaboratrices.

    La tonte est une sanction de faits sans gravité. Les relations sexuelles avec les Allemands n'influent en rien sur le cours des événements.

    C'est un acte symbolique de rupture avec l'ennemi qui produit sa propre image.

    Elle devient peu à peu le châtiment unique et exclusif des relations avec les Allemands et la marque provisoire d'une culpabilité sexuelle.
    La coupe de cheveux n'est pas le châtiment d'une collaboration sexuelle mais le châtiment sexué d'une collaboration.




    La tonte s'apparente à une faiblesse. Quelques hommes ont également été tondus (dans sept départements au moins), mais pour des motifs différents : pour manque de courage ou de virilité, pillage, travail volontaire pour les Allemands, collaboration mais aucune référence sexuelle n'apparaît à leur encontre.

    La tonte, les assimilant à des femmes, est une humiliation supplémentaire, dévirilisante, et ne revêt pas le caractère sexualisé des tontes de femmes.

    La tonte s'inscrit dans une geste guerrière. Le terme de tondue reste systématiquement et seulement féminin.

    Un phénomène massif.

    Que savons nous aujourd'hui sur les tontes ?

    L'état actuel de la recherche ne nous permet pas de chiffrer précisément ce phénomène. Il n'en demeure pas moins qu'il fut massif. Il concerne toutes les régions de France.

    Même dans l'Est de la France, que l'on croyait épargné, il y eut "des femmes aux cheveux coupés", c'est le cas par exemple à Rambervilliers où des manifestants installent dans un café un "bureau de tonte", devant lequel passent douze femmes, travailleuses volontaires en Allemagne ou collaboratrices, les 31 mai et 1er juin 1945.

    Les tontes se déroulent autant dans les grandes villes, qui ont toutes "leurs tondues", qu'en zone rurale.

    En Charente Inférieure, ce sont les gamins d'un petit village qui à l'exemple de leurs aînés "jouent au maquis... Armés de sabres de bois ils s'emparent du verger, pénètrent au poulailler et libèrent les lapins... Puis tondent trois petites filles".

    Plus généralement, les procès verbaux de Gendarmerie offrent, quand ils existent, de nombreux exemples de tontes se déroulant dans des villages, la promenade qui accompagne souvent la tonte s'étend alors d'un hameau à l'autre. Ces mentions sont trop nombreuses pour n'être que le fruit du hasard, on en retrouve pour l'instant dans soixante-dix-sept départements.

    C'est bien l'importance de cette pratique qui explique la "postérité" des tontes.

    On imagine aussi trop souvent les tontes comme accompagnant les seules journées de la Libération. Elles commencent en réalité plusieurs mois auparavant et ont été annoncées par certains organes de la presse clandestine.

    Dès mars 1944, on trouve des mentions concernant des départements aussi éloignés que la Loire Inférieure et l'Isère. Elles se déroulent alors de manière discrète, le plus souvent de nuit lors d'opérations visant des collaborateurs.

    Une fois les cortèges de tondues de la Libération passés, cette pratique se poursuit inégalement selon les lieux, sans que l'on sache encore très bien pourquoi elle perdure dans certaines villes. Ainsi, au sujet de quatre ou cinq femmes tondues fin septembre à Tournon, le journal local des FTP signale "qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire".

    Dans une petite ville de l'Oise, c'est une affiche intitulée "Liste des femmes dites Poules à Boches, n'ayant pas eu les cheveux coupés" qui tente de relancer les tontes début octobre 1944.


    Groupe de femmes tondues, photographiées devant l’entrée principale
    du Palais de Justice de Bergerac, septembre 1944

    L'historien Fabrice Virgili replace les tontes dans le temps.

    Pratiques empiriques, non marquées par une seule date, elles s'inscrivent dans un espace dont l'occupation a varié de 2 à 5 ans.

    Quand et où ont lieu les tontes ?

    Les premières menaces de tontes apparaissent dans la presse clandestine dès juillet 1941.

    Les premières tontes apparaissent dès 1943 entre mars et juin, quand la collaboration s'identifie de plus en plus à la trahison et ce dans quelques départements (Loire-Inférieure, Isère, Ille-et-Vilaine), mais sont clandestines et ne sont pas nombreuses.

    Elles sont le fait de groupes résistants qui l'utilisent comme moyen pour faire passer la peur dans l'autre camp. C'est pourquoi les tontes de la Libération ne surprennent pas. Elles sont rentrées dans les moeurs.

    Une première vague a lieu entre juin et septembre 1944 au fur et à mesure de la libération du territoire.
    Les tontes marquent la libération de plus petites parcelles du territoire souillé par la présence allemande.

    La recherche des femmes à tondre a lieu dès l’installation des comités locaux de Libération (CLL), et fait partie de leurs premières tâches, alors que les troupes allemandes peuvent se trouver à proximité. La première vague importante a donc lieu à la fin de l’été 1944.

    Ces tontes sont relayées et décrites par la presse, et Radio-Londres (émissions des 20 et 30 août 1944). Des résurgences ont lieu durant l’automne, et des tontes se produisent sporadiquement tout l’hiver.

    La maison de la "Tondue" qu'on investit et qu'on marque même avec ce qui reste de cheveux, ou la réappropriation des lieux publics et de pouvoir. La tonte s'effectue dans les rues, les places ou dans les mairies. Généralement en public aux yeux de tous.




    Groupe de femmes tondues, photographiées devant l’entrée principale
    du Palais de Justice de Bergerac, septembre 1944

    Une deuxième vague importante, en revanche, se dessine nettement entre mai et juillet 1945, lors de la capitulation allemande (et ce, malgré une condamnation de cette pratique dans l'opinion publique dès octobre 1944).

    Elle correspond à la conjonction de trois phénomènes.

    C'est la période du retour des déportés, des prisonniers de guerre, des requis au STO (ces derniers participent aux tontes de celles qui avaient suivi les Allemands dans leur défaite ou des femmes de prisonniers). Mais aussi des travailleurs volontaires et de celles et ceux qui sont partis avec les Allemands lors de leur retraite.

    Ces femmes qui reviennent d’Allemagne sont tondues, souvent sur le quai de la gare. Des femmes qui avaient échappé à la première vague, ou qui sont libérées après une peine jugée trop légère, souvent au printemps 45, sont également "Tondues". La dernière tonte recensée a lieu en Savoie en février 19469. Ces tontes se poursuivent jusqu’à la fin de 1945 (les retours ont lieu jusqu’à l’automne).

    C'est aussi la découverte de l'horreur des camps. Retour des rescapés, images des camps, témoignages publiés par la presse provoquent un véritable choc dans la population.

    La volonté d'une épuration en profondeur est ainsi relancée.

    C'est aussi le moment où un certain nombre de personnes, arrêtées à la Libération, sont relâchées après quelques mois d'internement. Pour beaucoup, elles semblent s'en tirer à trop bon compte. Tontes, attentats, exécutions viennent compléter une épuration légale jugée trop clémente ou incomplète par certains.



    Le Préfet du Jura note dans son rapport bimensuel.

    "C'est la première fois depuis de très nombreux mois, et dans différents centres du département, on s'est emparé de certaines femmes pour leur couper les cheveux; on s'en prend aussi bien à des femmes de mœurs légères, qu'à d'autres personnes de conditions sociales plus élevées, qui s'étaient fait remarquer pendant l'Occupation".

    On assiste ainsi à ce que l'on pourrait qualifier "d'épuration extra-judiciaire rampante" jusqu'à la fin 1945, voire le début de l'année 1946.

    Le prolongement des tontes dans le temps ainsi que leur extension sur l'ensemble du territoire expliquent la grande variété de leur déroulement.

    Beaucoup en effet ne correspondent pas à l'image qui demeure aujourd'hui. La tonte ne se déroule pas toujours devant une foule en liesse ou en furie, elle n'est pas seulement l'œuvre de résistants de la dernière heure, elle ne châtie pas uniquement les relations sexuelles avec l'occupant, et n'est pas toujours un moyen de canaliser la violence vers le lampiste aux dépens des collaborateurs plus importants.


    Souvenir appartenant à un ancien patriote de Brest
    Mèches de cheveux coupées après la libération de Brest le 24 septembre 1944

    Et pourtant c'est bien cette image que la mémoire a conservée ou, pourrions-nous dire, a créée. Les photographies des tontes, fréquemment publiées mais somme toute peu nombreuses, les romans et quelques récits de témoins sont la partie émergée de cette histoire.

    Est mis en avant le châtiment : la coupe des cheveux, qui prend le dessus sur le délit. La lecture du châtiment suffit alors à caractériser "la Tondue", elle est punie dans son corps, c'est donc son corps qui est coupable.

    La destruction d'un des attributs de la séduction (la chevelure) implique ce que les contemporains appellent la "collaboration horizontale".




    Les principales intéressées se sont tues et se taisent encore de nos jours. Très peu parle. Il n'est pas facile de recueuillir des témoignages de "Tondues".

    Les historiens ne se sont pas arrêtés, au-delà de quelques lignes, à ce qui apparaissait peut-être trop comme une anecdote, un épiphénomène, un "décor" de la Libération. D'où l'importance de la mise en perspective de cette image de la tondue avec les sources aujourd'hui étudiées.

    Ces sources, en fonction de leur origine, offrent une vision partielle et partiale de la tonte. Les mises en scène du corps de la tondue qu'elles décrivent peuvent être résumées à trois fonctions distinctes. Ce corps est, successivement ou simultanément selon les cas, image de la faute, image de châtiment et, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, image positive d'une reconstruction.

    Les tontes s'imposent comme un événement à part entière, imbriqué dans un contexte général mais ayant sa propre dynamique.

    Ce n'est donc pas un simple aspect des journées libératrices ou une simple manifestation spontanée ; il relève des moments de fracture ou de consensus de la communauté nationale.

    Dans les documents étudiés, la faute, ou le crime imputé à "la Tondue" occupe souvent une place plus importante que la coupe des cheveux elle-même.

    Le traumatisme de l'occupation, les restrictions, les peurs, la faim et toutes les frustrations de la période, semblent alors exploser dans la description de celles qui seraient passées au travers de ces privations. "La vie de noces" supposée de ces femmes apparaît comme une injure aux souffrances du plus grand nombre.

    Les reproches invoqués peuvent alors toucher chaque aspect de la vie quotidienne. Ce sont des meubles et un poste de TSF que l'on reproche à une infirmière de Rochefort sur Mer d'avoir obtenu d'un Allemand, comme d'être raccompagnée en voiture, de pouvoir rentrer après l'heure du couvre-feu, de consommer du vin et des liqueurs, d'écouter de la musique et de danser alors que les bals sont interdits, de confectionner des gâteaux pour toutes les autres... La liste de ces griefs est longue.

    Si l'on a ainsi une image en négatif des frustrations de la population, ce qui exprime le plus ce reproche d'une vie de jouissance dans une période de souffrance est bien sûr l'accusation "d'avoir couché avec les boches".

    Il y a ainsi, par le vocabulaire de désignation de ces femmes, par la description plus ou moins fantasmée de leurs relations avec les Allemands, la construction d'une image érotisée des "Tondues".

    C'est probablement un des éléments qui fait encore croire que la tonte est le châtiment exclusif de ces relations sexuelles avec l'ennemi.

    Les articles de presse, malgré la violence de certains propos tels que "paillasse à boches", restent dans l'ensemble relativement pudiques. Le vocabulaire est plus feutré, moins directement vulgaire ; ainsi le terme le plus fréquemment utilisé est celui de prostituée, accompagné parfois de variations sur le même thème, telles que "égéries à doryphores", "cocodettes frivoles", "hétaïres de haute volée" ou celles qui ont "fridolinisé sur les matelas".


    Photo Robert Capa
    Femme tondue pour avoir eu un enfant d’un soldat allemand
    Chartres, 18 août 1944

    On imagine cependant mal une foule utilisant ces expressions à l'encontre d'un cortège de femmes tondues.

    Ces expressions "journalistiques" reflètent néanmoins, en les déformant, les sentiments exprimés de manière beaucoup plus directe lors des témoignages recueillis par les gendarmes.

    On a alors toute une palette de cette rancœur, souvent investie de fantasmes à l'encontre de celles qui sont soupçonnées d'avoir pratiqué "la collaboration horizontale".

    L'extrait ci-dessous d'un procès-verbal de gendarmerie montre très clairement la place de la rumeur dans le processus d'accusation d'une femme.

    Enquête suite à lettre anonyme dénonçant un avortement de Mme X, 25 ans, ménagère, mari prisonnier de guerre, internée.

    Témoin n° 1 "...elle est réputée comme étant de mœurs légères et a beaucoup fréquenté les Allemands..."

    Témoin n° 2 "...cependant à en croire la rumeur publique elle aurait fait un avortement. Il est notoire qu'elle a beaucoup fréquenté les Allemands et qu'elle a été bien critiquée à ce sujet..."

    Témoin n° 3 "...tout ce que je puis dire c'est qu'elle a fréquenté les troupes occupantes..."

    Témoin n° 4 "...la rumeur publique lui reproche d'avoir collaboré intimement avec les troupes d'occupation..."

    Témoin n° 5 "...à en croire la rumeur publique elle passait pour être enceinte...".

    Mme X "...je nie énergiquement les faits qui me sont reprochés..."

    Ne pas savoir si cette femme a été tondue, ni si les faits reprochés sont exacts, n'a que peu d'importance dans ce cas.

    On note que la multitude des témoignages à charge n'apporte, ici, pas plus de faits tangibles, ils jouent tous sur un même registre : celui de la réputation de cette femme.

    Nombreux sont ceux qui ignorent encore l'horreur des camps, les rafles et persécutions de tout ordre, mais beaucoup semblent tout connaître des pratiques sexuelles de l'occupant avec les "filles du pays".

    La "rumeur publique" permet de condamner les mœurs par trop légères de ces femmes. Elle a aussi pour fonction de pénétrer les lieux clos, comme le domicile de ces deux Grenobloises où se déroulaient "des noces crapuleuses dont les échos retentissaient dans tout le quartier".

    L'observation des allées et venues, l'écoute des bruits d'orgie ou plus simplement de musique, les scènes furtives volées au travers d'une persienne, d'une porte, deviennent ainsi un véritable récit construit sur le réel, l'imaginaire et le fantasme. Il permet au public de faire irruption dans le privé pour une narration de cette vie de débaucheé. La rumeur s'enrichit ainsi de multiples images de la jouissance.







     
     curieusement, ce sont toujours les mêmes images qui me viennent à l’esprit. Les scènes de liesse populaire, les défilés de résistants paradant dans les rues des villes et des villages libérés, les cérémonies patriotiques, les drapeaux suspendus dans les rues, les bals et les flonflons sur les places publiques… les tontes des “collaboratrices”.


    Ce qui leur valut de subir ce cérémonial avilissant… sans parler de toutes celles qui furent "Tondues" pour des crimes qu’elles n’avaient pas commis, sur dénonciation, “pour l’exemple”…
      
      
     



     
      
    Vouées à la vindicte publique et humiliées, exhibées sous les quolibets et les crachats de la foule, ces femmes “épurées” n’ont souvent rien compris du déferlement de violence dont elles ont fait l’objet.

    Elles furent le plus souvent les victimes expiatoires de quatre années d’Occupation.

     
    Le rituel du spectacle expiatoire a ses constantes.
      
      
    Cortèges bruyants de femmes et surtout d'hommes promenant à travers villages, bourgs ou villes des femmes portant sur le front, sur la poitrine, voire sur d'autres parties du corps, tracées au goudron ou à la peinture, des croix gammées et des inscriptions explicites: "a dénoncé", "Collabo", et plus souvent encore "a couché avec les boches".

    Les victimes étaient presque toujours à demi, parfois totalement dévêtues.
      
      
      
      
      
    Certaines portaient dans les bras leur enfant.
      
      
    Si elles n'avaient pas été immédiatement tondues, elles l'étaient de façon solennelle, sur une estrade placée devant un bâtiment public, et elles restaient ensuite exposées, comme jadis au pilori.




     
      
    Cette "coiffure 1944" était infligée à des femmes considérées soit comme des délatrices, soit comme des "collaboratrices à l'horizontale".
      
      
    Il a été couramment admis, mais trop vite, que ces dernières étaient en majorité des prostituées, ce qui permettait de supposer que les Françaises (en exceptant Arletty ou Coco Channel, qui avaient pu s'afficher avec un officier allemand), avaient été vraiment peu nombreuses à succomber au charme de l'occupant.
     
     




     
      
    On affirme volontiers que les explosions de haine à leur encontre ont été brèves et localisées, et qu'elles étaient menées par des résistants de la onzième heure à qui ce zèle purificateur permettait d'acquérir à bon compte une conduite patriotique.

    En fait, malgré les instructions officielles, des femmes continuèrent d'être tondues jusqu'a la fin de l'hiver 1944 1945. Et ce furent assez souvent des chefs des maquis ou les responsables des Comités de Libération qui patronnèrent ces cérémonies expiatoires.

    Ces comportements représentent une sorte de défoulement, après la tension insupportable des semaines qui ont précédé la Libération, ils témoignent de l'exaspération de ceux qui avaient vécu quatre années d'humiliation, qui venaient de subir les ultimes exactions de l'occupant et de ses complices français.

    Ce qui explique que la virulence populaire fut souvent proportionnelle à la violence des derniers affrontements avec la Wehrmacht ou la Milice.

    La désignation de boucs émissaires a pris alors une tournure sexuée : au trop classique voyeurisme des mâles, s'est ajouté le sentiment plus ou moins confus que ces femmes, qui avaient trahi la France en livrant leur corps, devaient recevoir un châtiment spécifique à leur sexe.

    On n'aura garde d'oublier, malgré tout, que, en ce qui concerne celles qui furent accusées d'avoir dénoncé (et les délatrices avaient été nombreuses), cette humiliation leur permit assez souvent, semble-t-il, d'échapper au peloton d'exécution qui attendait les délateurs.

    Reste que la mémoire officielle préféra refouler l'existence des "Tondues".
    Ce sont les écrivains et les cinéastes qui ont su évoquer et reconstituer le parcours des malheureuses ainsi mises au pilori.

    Citons Marguerite Duras et Alain Resnais, dont l'héroïne tondue de Hiroshima mon amour s'explique :
    "Je devins sa femme dans le crépuscule, le bonheur et la honte".

    Et le poème bien connu de Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, porte précisément en exergue la phrase :

    "En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles.
      
    On alla même jusqu'à les tondre".

    Ses six premiers vers en disent long ...

    Au rendez-vous allemand
    Paul Eluard
    1944

    Comprenne qui voudra
    Moi mon remords ce fut
    La malheureuse qui resta
    Sur le pavé
    La victime raisonnable
    À la robe déchirée
    Au regard d'enfant perdue
    Découronnée défigurée
    Celle qui ressemble aux morts
    Qui sont morts pour être aimés
    Une fille faite pour un bouquet
    Et couverte
    Du noir crachat des ténèbres
    Une fille galante
    Comme une aurore de premier mai
    La plus aimable bête
    Souillée et qui n'a pas compris
    Qu'elle est souillée
    Une bête prise au piège
    Des amateurs de beauté
    Et ma mère la femme
    Voudrait bien dorloter
    Cette image idéale
    De son malheur sur terre.

    L’historien Fabrice Virgili arrive même à débusquer quelques découvertes renversantes :
      
    outre le fait que la vision négative de cette pratique surgit dès la Libération.
      
      
    On peut en prendre pour illustration ce poème, d'une des plus grandes figures intellectuelles de la Résistance, Paul Eluard "Comprenne qui voudra", ou que les prostituées échappent souvent à cette condamnation en retour du caractère professionnel de leurs fréquentations, on apprend qu’une cinquantaine d’hommes ont été tondus.
     


    Pour la plupart il s’agit de jeunes qui refusent de partir combattre les Allemands après la libération de leur région (un engagement qui n’a rien de négligeable au demeurant puisque quelque 20000 soldats furent tués), et que des résistants sanctionnent de la sorte l’emprise du châtiment dans la société française permet toute forme de glissement, si elle ne désigne pas dans le cas présent une collaboration, elle permet la dénonciation d’un manque de courage, d’une absence de virilité combattante, corroborant l’inscription de la pratique dans une geste guerrière. (…)
     


    Aucun homme n’est tondu pour avoir eu des relations avec une Allemande ou un Allemand. La sexualité masculine demeure une affaire privée. Les hommes disposent d’une liberté sexuelle implicite et si le corps des femmes est objet de réappropriation, celui des hommes est surtout objet de silence".

    Gabriel Péri
    Paul Eluard

    Un homme est mort qui n'avait pour défense
    Que ses bras ouverts à la vie
    Un homme est mort qui n'avait d'autre route
    Que celle où l'on hait les fusils
    Un homme est mort qui continue la lutte
    Contre la mort contre l'oublie
    Car tout ce qu'il coulait
    Nous le voulions aussi
    Nous le voulons aujourd'hui
    Que le bonheur soit la lumière
    Au fond des yeux au fond du cœur
    Et la justice sur la terre
    Il y a des mots qui font vivre[2]
    Et ce sont des mots innocents
    Le mot chaleur le mot confiance
    Amour justice et le mot liberté
    Le mot enfant et le mot gentillesse
    Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
    Le mot courage et le mot découvrir
    Et le mot frère et le mot camarade
    Et certains noms de pays de villages
    Et certains noms de femmes et d'amies
    Ajoutons-y Péri
    Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
    Tutoyons-le sa poitrine est trouée
    Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
    Tutoyons-nous son espoir est vivant.
     




     
      
    Gabriel Péri était un journaliste apprécié des résistants
    Il faisait partit des 92 otages fusillés le 15 décembre 1941 au mont Valérien
    Péri défendait la vie contre les fusils, sa mort prend la valeur d'un martyre


    "Quand la tondeuse vengeresse la privera t'elle d'un de ses moyens de séduction ?"
      
    s'interroge l'éditorialiste de La Libération de l'Aunis et de la Saintonge.

    On assiste alors à une mise en scène du corps de la femme qui a séduit l'ennemi, qui a profité de l'Occupation pour échapper aux souffrances, qui s'est vendu au "boche".

    Que se soit par les insultes de la foule "Puisque tu as fait la putain avec eux depuis quatre ans, toi aussi tu vas prendre", l'apposition de pancartes "raous... j'ai couché avec les boches !...", la mise au pilori

    "Sommairement vêtues ou barbouillées, le crâne tondu, celles-là passent au pilori avant d'être dirigées sur les prisons", ou dans certains cas la dénudation, le corps est mis en avant dans cette cérémonie expiatoire.

    Le corps est ainsi dégradé par la coupe des cheveux, mais aussi par les coups, les inscriptions de croix gammées faites au goudron ou à la peinture, ou encore, en détournant un autre élément de la séduction, le rouge à lèvre.

    Il s'agit par la tonte non seulement d'exclure la femme de la communauté nationale, mais aussi de détruire l'image de sa féminité.
      
      
    À l'érotisation qui prépare la tonte, succède ainsi un processus de désexualisation.
      
      
    Le corps ne doit être alors que le support des signes de la trahison.

    Elles porteront sur leur corps la trace de leur infamie [...] celles qui sont indignes des noms de femme et de Française.

    Les coupables perdent leur nom de femme pour n'être plus désignée que sous le vocable de "Tondue"; il y a destruction symbolique du corps sexué, la destruction réelle du corps par l'exécution n'étant que très rarement l'issue d'une tonte.

    Le seul témoignage de la séduction passée de ces femmes réside dans les mentions des "mèches blondes et brunes qui ne tardèrent pas à joncher le sol". Ces mèches restent sur le sol, "la Tondue" s'éloigne, la rupture a bien eu lieu avec les années noires.

    La coupe des cheveux a bien pour fonction d'enlaidir ces femmes au point de les "effacer" de la communauté.
     

    Elles portent publiquement les marques de leur infamie ...
    elles sont rejetées du sein de la Nation française.
     

    La laideur physique de ces crânes rasés vient naturellement orner ou plutôt révéler à tous leur laideur morale.

    On relève dans le quotidien Voies Nouvelles ce passage qui semble se complaire dans la description de cette dégradation :

    " Un être étrange bizarrement humain menait la danse.
      
    À force d'écarquiller les yeux, on reconnut des formes féminines et, sous un crâne en boule d'ivoire marqué de la peinture infamante, des yeux torves, une bouche baveuse : la hideur d'un déchet".

    Ces descriptions, comprenons-le bien, concernent avant tout les "Tondues" et non les tontes. Celles-ci paraissent bien anodines pour la plupart, quand elles sont mises en parallèle avec les horreurs de l'Occupation et du nazisme.

    Il s'agit donc de détruire l'image de ces femmes sans détruire l'image d'un peuple qui se libère.
    Accusation que l'on retrouve cependant dans certaines prises de position : "ne salissons pas notre victoire, notre belle victoire populaire" proclame par exemple La Marseillaise au sujet d'une dénudation publique.

    La plupart de ces descriptions jouent plus sur le registre de la moquerie que sur celui de l'horreur. Ce sont des variations sur le thème de "l'esthétique de la nouvelle ondulation" qui sont utilisées dans ces représentations. On ironise ainsi sur ceux "qui ont manié la tondeuse sans se soucier des règles posées par la mode ou l'élégance...

    Des profanes dans l'art de la peinture (qui ont) employé le goudron pour corriger des femmes de leur inconduite notoire". Ce jeu d'équilibre entre description de la laideur et préservation de l'image de la Libération conduit au paradoxe de voir les symboles honnis du nazisme devenir "de magnifiques croix gammées" quand celles-ci ornent les joues, le front et la tête des tondues d'Albi.

    Les crânes rasés des "collaboratrices horizontales" deviennent une image positive de l'épuration et de la reconstruction et la "tondeuse épuratoire" en est un instrument privilégié.

    La coupe des cheveux se transforme en mesure d'hygiène, la condition nécessaire au nettoyage du pays.
     

    Il faut qu'à leur retour (prisonniers et déportés) la "désinfection" soit terminée, pour les recevoir dans une Saintonge calmée et propre.

    Comme la tête d'un gamin que l'on débarrassait de ses poux , les chevelures de ces femmes renferment "les miasmes de l'infection bochisante".
      
    Au-delà du discours, on assiste à une véritable campagne prophylactique dans le département des Pyrénées-Orientales où le CDL y prend la mesure suivante.
     




     
      
    Certaines catégories de femmes sont exclues de la tonte dans certains territoires : ainsi, le Comité De Libération des Pyrénées-Orientales exclue les prostituées de la tonte, car elles n’ont fait que leur métier, mais prévoit que toutes les femmes ayant eu des rapports intimes avec l’ennemi auront la tête rasée.

    "à l'exception des prostituées des maisons publiques, les femmes qui ont eu des rapports intimes avec les Allemands devront avoir la tête rasée. Et seront en outre soumises pendant six mois à la visite médicale bi-hebdomadaire à laquelle sont astreintes les prostituées surveillées".

    La "collaboration horizontale" est vécue, dans le prolongement de l'adultère à la Nation, comme une véritable souillure dont est victime le pays. C'est le corps de Marianne qui en est à la fois l'auteur et la victime. Un avocat, dans une forme de justice particulière aux Cours martiales, peut ainsi réclamer "une punition de rigueur (pour sa cliente, coupable) d'avoir déshonoré la femme française".

    La coupe des cheveux doit permettre au pays de retrouver son honneur, d'effacer la souillure portée par le corps de ses femmes. Alain Brossat l'indique dans un chapitre où il fait le parallèle avec le châtiment des sorcières.

    Tout se passe comme si "la Tondue" était chargée d'emporter avec elle dans le désert de l'exil social tous les péchés, tous les crimes de la collaboration.

    C'est à cette condition que le pays peut retrouver son unité. La "Tondue" devient ainsi un formidable enjeu de réappropriation. La participation active ou passive d'une part importante de la population, la mise en scène du cortège et du châtiment font partie de la reconquête d'un espace perdu.

    Ainsi comme le souligne Pierre Laborie :

    C'est à la lumière de ce passage brutal de l'abattement à l'explosion qu'il faut aussi juger les débordements et les démonstrations excessives de la Libération.

    Les tontes, avec les défilés, les maisons pavoisées, les bals "sont belles" parce qu'elles expriment les promesses de lendemains qui chantent, une fierté retrouvée aux dépens de ces femmes qui n'ont pas compris que, plus que jamais, leur corps ne leur appartient pas. Il est comme tout le reste un enjeu politique. Avoir eu des relations sexuelles avec un soldat allemand devient alors "la grande trahison des garces".

    La collaboration féminine durant la Seconde Guerre mondiale concerne en majorité des employées de bureau et des femmes apportant des renseignements à l’armée allemande, ainsi que la collaboration sentimentale.

    Le terme de collaboration horizontale s’applique quand les femmes des pays occupés ont accepté durant l’Occupation, d’avoir des relations sexuelles avec un Allemand.
    Le phénomène est important : environ un cinquième des collaborateurs poursuivis sont des femmes.

    Environ 6000 femmes sont incarcérées à Fresnes en 1946 pour collaboration.
    Elles sont condamnées globalement aux mêmes peines. Travaux forcés, prison, voire peine de mort.

    Cependant, les motifs d’inculpation diffèrent : dans 68 % des cas, elles le sont pour dénonciation. Les autres motifs sont les relations intimes avec l’occupant "collaboration horizontale", la prostitution, les relations (familiales, amicales ou d’intérêt) avec des collaborateurs, et un emploi à la Gestapo ou à l’Abwehr.

    Quelques condamnations sont prononcées également pour collaboration économique, marché noir, propos antinationaux et adhésion à un organisme collaborateur.

    La sexualité n’est souvent pas un motif retenu de poursuites : la chambre civique de Rennes casse un arrêt de celle de Quimper, en considérant que les relations sexuelles avec un membre des troupes d’occupation "ne constituent pas une aide directe ou indirecte à l'Allemagne".

    La promiscuité avec ces troupes entraîne cependant un plus grand soupçon concernant la délation.

    La répression de la collaboration féminine ne diffère pas de la l’épuration générale : des exécutions sommaires ont eu lieu. 454, dont quelques unes paient pour un homme de leur entourage, époux, patron, fils, amant, parfois la tonte des coupables les punit dans leur corps ; ensuite, la répression judiciaire prend le relais.

    Deux camps sont réservés aux femmes collaboratrices, à Jargeau et Haguenau. En 1946, elles sont internés dans 14 centres spécialisés, dont deux centrales (Rennes et Haguenau).
    En 1951, la seule centrale subsistante est celle de Rennes.

    Dans certains départements à forte présence militaire allemande, le nombre de femmes condamnées à l’indignité nationale est supérieur au nombre d’hommes condamnés à la même peine, essentiellement pour "collaboration sentimentale" (terme administratif d’époque).

    Dans le Morbihan (où se trouvent les ports de Lorient et Vannes), 55 % des personnes arrêtées, mais 69 % des condamnés sont des femmes.
    Elles sont de plus, condamnées à des peines plus lourdes que les hommes.

    Lorient offre un cas particulier, étudié par Luc Capdevilla : la ville résiste jusqu’à la fin de la guerre, et les civils sont évacués à 90 % en février 1945. Dans les 194 collaborateurs arrêtés le 8 mai, 189 sont des femmes, concubines de soldats allemands. Ils s’agit essentiellement de femmes jeunes, voire mineures, de milieux pauvres, sans ressources ni solidarités (orphelines d’au moins un parent pour la moitié d’entre elles), déracinées (un tiers viennent de l’extérieur de la Bretagne).

    L’image répandue de la femme légère, changeant souvent d’amants ou trompant son mari prisonnier en Allemagne, ne concerne que quelques unes de ces femmes, qui cherchaient pour la plupart un protecteur.

    Les reproches qu’on leur adresse tiennent plus à leur anti-conformisme, voulu ou subi : elles sont indépendantes financièrement car elles travaillent, disposent de leur corps en ayant un amant hors-mariage, voire en n’ayant pas d’enfant, le tout en-dehors de toute structure patriarcale.

    Il est important de bien distinguer l’épuration extrajudiciaire, qualifiée de “sauvage”, de l’épuration judiciaire, qualifiée de “légale”.

    À l’initiative des organisations issues de la Résistance (FFI, Comités de Libération) et des commissaires de la République, des tribunaux réguliers sont établis.

    Ils succèdent aux juridictions exceptionnelles et portent le nom de cours martiales, de tribunaux militaires ou de tribunaux populaires.

    Le 5 septembre 1944, une Cour martiale composée de FFI est créée en Dordogne. Elle siège à Périgueux jusqu’au 20 octobre 1944.

    En 23 sessions comparaissent 172 personnes.
    20 % d’entre elles sont condamnées à mort.

    Le 6 novembre 1944, une juridiction civile, la Cour de justice, est mise en place.
    Entre le 13 novembre 1944 et le 4 août 1945, elle tient 119 audiences.

    Du 28 novembre 1944 au 30 juillet 1945, parallèlement à la Cour de justice siège une Chambre civique. Elle juge les faits de collaboration mineurs et prononce 176 condamnations à l’indignité nationale.

    Si les tontes sont dans leur quasi totalité extra-judiciaires, il n'en existe pas moins un débat sur les poursuites pour "collaboration horizontale".

    Comme le montre ce rapport du Commissaire Régional de la République, les avis sont partagés sur les bases juridiques qui doivent permettre de sanctionner celles qui en sont coupables.

    Des divergences se sont produites entre les décisions des Chambres civiques relativement à la répression de la collaboration horizontale. Alors que certaines Chambres civiques se saisissent de tous les cas, quelles que soient les intéressées et les circonstances, certaines autres entendent faire des discriminations.

    Les unes refusent de prononcer l'Indignité nationale des femmes qui font de la prostitution leur métier, estimant que leur conduite revêt un caractère professionnel et nullement politique. D'autres se demandent si la Chambre civique peut se saisir en l'absence d'une plainte déposée par le mari, la collaboration horizontale étant d'abord un adultère.

    Bien qu'il s'agisse là d'interrogations juridiques qui n'ont pas d'effet sur la décision de tondre, elles marquent les réticences à confondre vie privée et vie publique.
      
    La référence juridique reste pourtant l'article 1 de l'ordonnance du 26 décembre 44, qui déclare "coupable d'indignité nationale tout individu qui a sciemment apporté, en France ou à l'étranger, une aide directe ou indirecte à l'Allemagne". Les relations intimes en font donc partie.

    La situation des femmes de prisonniers de guerre est encore plus claire.

    Les sources faisant état de tontes signalent fréquemment un mari prisonnier.

    Dans l'Oise, le Préfet propose, dans son rapport concernant l'assistance aux prisonniers, "que les procédures soient plus rapides pour donner satisfaction aux rapatriés pouvant apporter des preuves absolument certaines d'inconduite notoire".

    On note, pour les femmes de prisonniers, une vigilance accrue du voisinage, une responsabilité collective qui ne leur pardonne pas d'avoir eu des relations avec un autre homme, encore moins si celui ci est membre des troupes d'occupation.

    La particularité réside dans la complémentarité entre cette surveillance de la communauté et une loi promulguée le 23 décembre 1942 par Vichy - et non supprimée depuis - qui permet "au Ministère Public d'intervenir, sans plainte du mari, pour sanctionner le concubinage notoire d'une épouse d'une personne retenue au loin par suite des circonstances de la guerre".

    Pour Michèle Bordeaux, " l'ordre familial est une affaire d'État qui ne peut être confié au seul mari, le Parquet est le substitut du chef de famille".

    Il existe bien une représentation sexuelle de la collaboration.
      
    Le corps féminin est l'objet de cette trahison, c'est donc ce corps qui doit être châtié.
     





     
      
    Dans l'émission de radio "Là-bas si j'y suis" diffusée sur France Inter en 2002, Daniel Mermet nous présente ces évènements des années noires et le témoignage de Madeleine, allias Mandeline.

    Madeleine a enregistré cette séquence à 81 ans lors de son témoignage en 2002.
    A choisir d'être envoyée en Allemagne pour le STO, le travail obligatoire, elle préfèrera rester à Aix Les Bains dans l'hôtel ou elle travaillera dans la restauration dans un premier temps et ensuite avec les Allemands en tant qu'aide à l'infirmerie et dans les blocs opératoires improvisés.

    Madeleine rencontre Siegfried en 1943 alors qu'elle travaille à Aix Les Bains dans un hôtel qui a été transformé en hôpital par les Allemands. Cet hôtel reçoit bon nombre de blessés qui viennent de Casino en Italie ou une grande bataille se déroule.

    Siegfried est alors un jeune adjudant chef de la Wehrmacht, un infirmier de 23 ans, blond aux yeux bleus, au visage souriant. Madeleine et Siegfried tombent amoureux, et ils développent alors une relation de couple.

    Séparés un temps à la Libération, ils se retouveront et vivront ensemble en Allemagne après la guerre. Son fiancé allemand l’épousera en 1949 à Munich.
    A la Libération, Madeleine sera tondue.

    La "tonte" eut lieu un dimanche matin, sur "le parvis de la mairie" du village de Mure, devant "la foule rassemblée qui jetait des pierres". "Une estrade a été montée".

    "Les gendarmes sont là, ils protègent et amènent les femmes sur cette scène. Madeleine est accompagnée d'un gendarme qui lui dit de se taire pour éviter le pire.

    Elle monte sur cette scène, elle s'asseoit sur une chaise, puis elle est tondue sous les cris et les insultes".

    Madeleine nous dit que c'était comme si on l'avait "amené à l'échafaud". Elle parle d'une scène "traumatisante" pour elle (depuis elle ferme les yeux chaque fois qu'elle repasse en voiture devant cette mairie de ce petit village).

    Elle se souvient des insultes "Salope".
      
    "T'as pas honte" et des moqueries vicieuses "Alors, qu'est ce qui t'a plu chez ce boche,
    il avait un velours ?".

    Dans certains villages, certaines villes, devant une foule en délire, la foule est allée jusqu'à déshabiller les femmes complètement sur la place publique avant de les tondre.
      
    Dans d'autres cas, on a peint des croix gammées sur leurs poitrines.

    Nombreux sont ceux également qui témoignent de jets de pierre lancés sur ces femmes.
     
     




     
    Aujourd'hui, cette épisode de honte faite à ces femmes est devenu un secret dans de nombreuses familles.
      
    La honte est toujours active dans ce secret comme on peut le voir au regard de deux informations communiquées lors de cette émission.

    Dans les familles de femmes "Tondues", le secret est toujours là quand les mères n'ont jamais rien divulgué.
     

    Comme nous le raconte cet auditeur de "Là-bas si j'y suis" en parlant de sa soeur sur le répondeur de l'émission, de nombreuses personnes nées en 1944 1945 ne savent toujours pas qu'elles sont issues d'une relation de leur mère avec un occupant allemand.

    Le nouveau coup d'éclat de Georges Frêche, lundi 18 février 2008.

    L’Occupation a marqué. Des histoires d’amour ont vu le jour. De ces unions secrètes sont nés des enfants… de la passion ou de la guerre. Une descendance franco-allemande, témoin de l’histoire.

    Pour le politicien Georges Frêche, les femmes tondues à la Libération aurait pu être fusillées.

    A la Libération, les femmes françaises ayant fréquenté des Allemands sont traquées et tondues par les résistants. Ce qui a priori ne choque pas Georges Frêche.

    D’après Le Midi Libre, le socialiste aurait déclaré lors d’une inauguration du lycée Jean-Moulin à Béziers, le 12 février 2008 :

    "Il existe aujourd’hui une mode qui consiste à protester contre les résistants qui tondaient les femmes qui avaient couché avec les Allemands pendant l’Occupation.

    Elles ne pouvaient pas coucher avec les résistants ...?
    Vous croyez que je vais pleurnicher parce qu’on leur a coupé les cheveux ? Mais c’était gentil ...!
    On aurait pu les fusiller ... Mon père était officier de la Résistance : jusqu’à ma mort, je serai de ce côté !"

    Fils de l’amour
    Jean Jacques Delorme habite à Menton (06), il est membre de l’association Cœurs sans frontières.
    Son histoire est singulière mais elle est la plus belle preuve d’amour entre une Française et un Allemand.

    L’erreur de ses parents : s’être rencontrés au mauvais endroit au mauvais moment, début 1944. La guerre ne les a pas empêchés de s’aimer. Et Jean Jacques est né de cette romance.

    Quarante ans plus tard
    Mme Delorme peut s’estimer heureuse, elle n’a pas été tondue… simplement arrêtée, condamnée à un an de prison et déchue de ses droits, le 15 octobre 1944. Jean Jacques Delorme n’a jamais connu son père. Après une enfance douloureuse, il découvre la vérité à son propos.

    Il confie au quotidien régional :
      
    "J’ai mis quarante ans pour retrouver sa trace".

    Il y a deux ans, en Allemagne, il fait aussi la connaissance de son frère et de sa sœur.
      
    Des retrouvailles qui lui permettent de se reconstruire.
      
    Le plus grand réconfort de cet homme est sans nul doute de savoir que sa naissance est le fruit de l’amour.(Edition France Soir du lundi 18 février 2008 n°19724 page 8)
     



    Photo Robert Capa

     
      
    Au minimum, plusieurs dizaines de milliers de Françaises ont eu des relations avec l'occupant. On estime à au moins 50 000 le nombre d'enfants nés d'amours franco-allemands.

    Précisons encore qu'il s'agit souvent de femmes de milieux modestes et que, à côté d'un nombre relativement significatif de "demoiselles des P.T.T.", on trouve surtout celles qui, comme elles, ont eu à fréquenter l'occupant en tant que femmes de service.

    Les rues étaient joyeuses à la libération
    Les parisiens trinquaient sur les nappes à carreaux
    Pour fêter dignement la fin de l’oppression.
    A nouveau sur les toits rayonnaient les drapeaux.

    Mais les cris d’allégresse se couvrirent de haine
    Lorsque vint la curée aux abords de la Seine.
    De nombreux anathèmes fusèrent en taloches
    Contre ceux soupçonnés d’avoir servi les boches.

    Une femme eut le tort d’avoir offert son cœur
    A un homme ennemi, un soldat vert de gris
    La vindicte cruelle lui hurla son mépris
    Au milieu d’une foule rongée par la rancœur.

    Traînée par les cheveux elle fut emmenée
    Au centre de la place sous une pluie d’insultes
    Pour la faire payer cette vilaine pute
    Pour la faire pleurer cette sale traînée.

    De force elle s’assit sur un vieux tabouret.
    Elle baissa les yeux ne voulant regarder
    Les nombreux yeux avides de voir l’humiliation
    Qu’elle allait endurer avec résignation.

    Par des cliquetis sombres étant apostrophée
    Une tondeuse agit, rasant sa chevelure
    Le peuple s’en saisit en guise de trophée
    Et cracha au visage de cette fille impure.

    Elle quitta l’estrade sous tous les quolibets.
    Etaient-ils préférables au vulgaire gibet ?
    Car l’âme tourmentée d’un douloureux marasme
    Fut toujours poursuivie d’injures et de sarcasmes.

    Par zazou publié dans : poèmes communauté

    A Quimper (Finistère), tondues par les Allemands.

    Le 3 juillet 1944, Mado, 23 ans, a la tête rasée par les Allemands avec 21 autres femmes et jeunes filles de Quimperlé. Cette expédition punitive, destinée à venger deux jeunes femmes "Tondues" par des résistants pour avoir fréquenté l'ennemi, a été passé sous silence pendant de nombreuses années.
     




     
      
    16 des 22 jeunes femmes "Tondues" par les Allemands, en guise de représaille
    La photo a été prise à leur demande, quelques jours après la Libération...
    En haut coin droit et gauche, les deux coiffeurs réquisitionnés


    "Le 2 juillet 1944, un officier Allemand, amant d'une jeune femme tondue la veille par les patriotes, porte plainte à la Feldgendarmerie. Selon la loi du Talion, il est décidé de les venger en rasant la tête de 20 Françaises dont le frère, le mari ou le père sont connus comme résistants.

    Le 2 juillet, il devait être onze heures du soir.
      
    J'étais déjà dans mon lit, quand j'ai entendu les "colliers de chien", les gendarmes Allemands, frapper à la porte et monter à grands pas dans l'escalier jusqu'à ma chambre. Je les entends encore ...
     




     
      
    Ne sachant pas où, ni pour combien de temps ils m'emmenaient, ma mère m'a donné une robe d'hiver... Ils m'ont poussé dans une voiture et j'ai été emmennée au couvent des Ursulines, qui servait de prison sous l'Occupation.

    Nous étions 22 dans une grande pièce avec des lits superposés. Je n'ai pas dormi de la nuit, j'ai regardé l'aube se lever... On ne savait pas ce qui nous attendait.

    Au matin, ils nous ont toutes posé la même question :

    "...si vous nous donnez le nom et l'adresse de résistants vous pouvez sortir. Sinon ..."

    Aucune n'a parlé.

    Ils nous ont fait descendre deux par deux dans une grande cage grillagée. Je suis descendue la première avec une autre jeune fille.Deux sièges nous attendaient. Les Allemands ont ordonné à deux prisonniers de nous couper les cheveux. Ces deux-là tremblaient, hésitaient.


    J'ai dit à celui qui s'occupait de moi : "vas-y, avant qu'ils ne nous tuent !"
    Puis les Allemands ont réquisitionné deux coiffeurs pour nous raser complétement la tête. L'une de nous a d'ailleurs épousé son tondeur après la guerre.

    En remontant au deuxième étage de la prison, on ne se reconnaissait pas entre nous. Ils nous ont reposé la même question que la première fois, puis nous ont laissé repartir.
    Quand, arrivée chez moi, je me suis regardé dans la glace, je me suis sentie déshabillée...

    Une modiste nous a donné des turbans pour cacher nos crânes rasés.
    Une fois à Quimper, on m'a pourtant jeté des pierres, croyant que j'avais été tondue par des patriotes, après la Libération, en aôut 1944.

    En septembre de la même année, j'ai reçu un papier, frappé du tampon de la Résistance Française et signé par le chef de la police. Il précisé que j'avais été "Tondue", non pas par les patriotes à la Libération, mais par les "Boches" avant la fin de la guerre.

    C'était important pour trouver du travail ... Pour l'honneur aussi ..."

     
    La tondue
    Georges Brassens
    1964

    La belle qui couchait avec le roi de Prusse
    Avec le roi de Prusse
    A qui l'on a tondu le crâne rasibus
    Le crâne rasibus
    Son penchant prononcé pour les " ich liebe dich ",
    Pour les " ich liebe dich "
    Lui valut de porter quelques cheveux postich's
    Quelques cheveux postich's
    Les braves sans-culott's et les bonnets phrygiens
    Et les bonnets phrygiens
    Ont livre sa crinière à un tondeur de chiens
    A un tondeur de chiens
    J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison
    Parti pour sa toison
    J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon
    Pour sauver son chignon
    Mais je n'ai pas bougé du fond de ma torpeur
    Du fond de ma torpeur
    Les coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peur
    En quatre m'ont fait peur
    Quand, pire qu'une brosse, elle eut été tondue
    Elle eut été tondue
    J'ai dit : " C'est malheureux, ces accroch'-cœur perdus
    Ces accroch'-cœur perdus "
    Et, ramassant l'un d'eux qui traînait dans l'ornière
    Qui traînait dans l'ornière
    Je l'ai, comme une fleur, mis à ma boutonnière
    Mis à ma boutonnière
    En me voyant partir arborant mon toupet
    Arborant mon toupet
    Tous ces coupeurs de natt's m'ont pris pour un suspect
    M'ont pris pour un suspect
    Comme de la patrie je ne mérite guère
    Je ne mérite guère
    J'ai pas la Croix d'honneur, j'ai pas la croix de guerre
    J'ai pas la croix de guerre
    Et je n'en souffre pas avec trop de rigueur
    Avec trop de rigueur
    J'ai ma rosette à moi: c'est un accroche-cœur
    C'est un accroche-cœur
     


    Tondeurs et oppositions et condamnations des tontes

     
      
    Il est possible de définir deux catégories de tondeurs en utilisant le critère de la "légalité" de la tonte.

    En premier lieu, des résistants, FFI, accompagnent ou effectuent une tonte. Auquel cas, les FFI agissent pour le compte de la "justice populaire", comme ce fut le cas de plusieurs exécutions sommaires lors de la Libération de Paris.

    En second lieu, les tontes sont le fait de mouvement spontanés de la foule ou sont des initiatives personnelles appuyées par la foule. Ces tondeurs, sans avoir de pouvoir ou de hiérarchie, décident elles-même de la tonte et de la désignation des tondues.

    Un peu partout, les FFI, FTP, CDL et autorités appellent à la fin des brimades et désapprouvent les tontes. De même, les tontes sont rapprochées des procédés fascistes dans la presse (parfois précédées d’encouragement à la tonte). Sartre s’élève également contre ce châtiment qu’il juge moyenâgeux.
     
      
    Quelques femmes porteront plainte contre leurs tondeurs.
     
     
     
     
     
     
     
    http://congovox.blogspot.fr/2013/04/les-tondues-de-la-liberation.html
     
     
     
     
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    Les femmes tondues : une mise au pilori sexiste

      

      

    Jusqu’à très récemment, les historiens ont eu tendance à réduire l’événement des femmes tondues, le tenant pour un phénomène marginal. Sans doute l’acte de tondre les femmes n’est-il pas propre à la France :

      

    déjà, les Allemandes avaient subi ce sort pour avoir couché avec des militaires français occupant la Rhénanie, et des Italiennes ont été traitées de la même façon à la Libération.

     

    Pourtant, comme l’a bien montré Alain Bross, ce qu’il appelle « le carnaval des tondues » mérite d’autant plus d’être étudié que la mémoire nationale a jeté sur lui un voile bien oublieux.

     

    Le rituel du spectacle expiatoire a ses constantes : cortèges bruyants de femmes et surtout d’hommes promenant à travers villages, bourgs ou villes des femmes portant sur le front, sur la poitrine, voire sur d’autres parties du corps, tracées au goudron ou à la peinture, des croix gammées et des inscriptions explicites :

     

     

    « a dénoncé », « Collabo », et plus souvent encore « a couché avec les boches ».

      

    Les victimes étaient presque toujours à demi, parfois totalement dévêtues.

      

    Certaines portaient dans les bras leur enfant.

      

      

      

    Si elles n’avaient pas été immédiatement tondues, elles l’étaient de façon solennelle, sur une estrade placée devant un bâtiment public, et elles restaient ensuite exposées, comme jadis au pilori.

     

     

     

     

    Cette « coiffure 1944 » était infligée à des femmes considérées soit comme des délatrices, soit comme des « collaboratrices à l’horizontale ».

      

    Il a été couramment admis, mais trop vite, que ces dernières étaient en majorité des prostituées, ce qui permettait de supposer que les Françaises (en exceptant Arletty ou Coco Channel, qui avaient pu s’afficher avec un officier allemand), avaient été vraiment peu nombreuses à succomber au charme de guerriers supposés tous blonds.

      

      

    Or, Philippe Buri  peut écrire que « au minimum plusieurs dizaines de milliers de Françaises ont eu des relations avec l’occupant », ajoutant qu’on estime à

    au moins 50 000 le nombre d’enfants nés d’amours franco-allemandes.

     

     

      

    Précisons encore qu’il s’agit souvent de femmes de milieux modestes et que, à côté d’un nombre relativement significatif de « demoiselles des P.T.T. », on trouve surtout celles qui, comme elles, ont eu à fréquenter l’occupant en tant que femmes de service.

     

      

    On affirme volontiers que les explosions de haine à leur encontre ont été brèves et localisées, et qu’elles étaient menées par des résistants de la onzième heure à qui ce zèle purificateur permettait d’acquérir à bon compte une conduite patriotique.

      

      

    En fait, malgré les instructions officielles, des femmes continuèrent d’être tondues jusqu’à la fin de l’hiver 1944-1945

      

      

    Et ce furent assez souvent des chefs des maquis ou les responsables des Comités de libération qui patronnèrent ces cérémonies expiatoires.

     

     

     

      

      

    Ces comportements représentent une sorte de défoulement, après la tension insupportable des semaines qui ont précédé la Libération, ils témoignent de l’exaspération de ceux qui avaient vécu quatre années d’humiliation, qui venaient de subir les ultimes exactions de l’occupant et de ses complices français.

      

      

    Ce qui explique que la virulence populaire fut souvent proportionnelle à la violence des derniers affrontements avec la Wehrmacht ou la Milice.


    Photo Robert Capa

      

      

    La désignation de boucs émissaires a pris alors une tournure sexuée : au trop classique voyeurisme des mâles, s’est ajouté le sentiment plus ou moins confus que ces femmes, qui avaient trahi la France en livrant leur corps, devaient recevoir un châtiment spécifique à leur sexe.

     

     

    On n’aura garde d’oublier, malgré tout, que, en ce qui concerne celles qui furent accusées d’avoir dénoncé (et les délatrices avaient été nombreuses), cette humiliation leur permit assez souvent, semble-t-il, d’échapper au peloton d’exécution qui attendait les délateurs.

      

      

    Reste que la mémoire officielle préféra refouler l’existence des « tondues ».

      

    Ce sont les écrivains et les cinéastes qui ont su évoquer et reconstituer le parcours des malheureuses ainsi mises au pilori.

      

    Citons Marguerite Duras et Alain Resnais, dont l’héroïne tondue de Hiroshima mon amour s’explique : « Je devins sa femme dans le crépuscule, le bonheur et la honte"

    Et le poème bien connu de Paul Eluard,

     

    Ses six premiers vers en disent long ...

    Au rendez-vous allemand
    Paul Eluard
    1944

    Comprenne qui voudra
    Moi mon remords ce fut
    La malheureuse qui resta
    Sur le pavé
    La victime raisonnable
    À la robe déchirée
    Au regard d'enfant perdue
    Découronnée défigurée
    Celle qui ressemble aux morts
    Qui sont morts pour être aimés
    Une fille faite pour un bouquet
    Et couverte
    Du noir crachat des ténèbres
    Une fille galante
    Comme une aurore de premier mai
    La plus aimable bête
    Souillée et qui n'a pas compris
    Qu'elle est souillée
    Une bête prise au piège
    Des amateurs de beauté
    Et ma mère la femme
    Voudrait bien dorloter
    Cette image idéale
    De son malheur sur terre.

     

      

    intégré Au rendez-vous allemand, qui porte précisément en exergue la phrase :

      

    « En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles.

      

      

    On alla même jusqu’à les tondre. » Ses six premiers vers en disent long :

      

      

    « Comprenne qui voudra / Moi mon remords ce fut / La malheureuse qui resta / Sur le pavé / La victime raisonnable / A la robe déchirée... »

     

     


    Lire sur ce sujet le récit de Guy Croussy :

    La Tondue.
    Source : http://lang.swarthmore.edu/faculty/...

    Notes

    [2] Burrin, Philippe. La France à l’heure allemande. Le Seuil, 1995."
    Azéma, Jean-Pierre, Wieviorka Olivier. Vichy 1940-1944. Librairie Académique Perrin, 1997. 250.

     

    http://www.tetue.net/?article296

    Qui était les responsables de ces crimes honteuses contre les femmes? 

     
    C’était ceux ou celles qui voulaient la vengeance contre quelqu’un pendant les mois rudes après La Libération.
     
    Georges Brassens chante 'La belle qui couchait avec le roi de Prusse' mais lui 'je n’ai pas bougé du fond de ma torpeur, … les coupeurs de cheveux.. m’ont fait peur'. 
      
    La vengeance cherchée par la foule exigeante était dangereuse et fait peur aux gens innocents
      
      
    Les hommes et les femmes également coupables de ses crimes ont condamnés ses femmes a un sort humiliant. Fabrice Virgili constate “La France sera virile ou morte”. 
      
      
    Donc la virilité, dans ce sens la, voulait dire les cheveux courts ou tondus comme les hommes. 
      
    En 1944, les malfaiteurs guettait les collaboratrices horizontales pour les humilier devant tous les habitants de leur village. 
      
    Environ 20,000 femmes étaient victimes de ses malfaiteurs qui savaient l’importance des cheveux aux femmes.
      
    George Brassens chante 'Et je n’en souffre pas avec trop de rigueur… Ma rosette a moi : c’est un accroche-coeur'. Les témoins étaient beaucoup, sans rien faire pour aider ces femmes. On voit les sourires aux visages de malfaiteurs et le plaisir avec lequel ils ont complété leur tonte.
     
    En conclusion, vous pouvez voir le blâme et le ridicule qui était dirigé aux femmes à cause des difficultés pendant et après la guerre.

    Les Références
     
    Georges Brassens « Paroles La Tondues », http://www.youtube.com/watch?v=2I7NUoQX324, 26/08/12.
     
      
      

     

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    Qu’est-ce que je pense à propos

    de la mutilation des femmes collaboratrices … ?

      

      

      

    Depuis la révolution française, la France a été connu par le monde comme le pays des droits de l’homme.

      

    Néanmoins, il est nécessaire que nous continuions à nous interroger si la devise liberté, égalité, fraternité reste la vérité.

     


    Si nous acceptons que la France soit le pays des droits de l’homme, c’est clair que dans cette situation, la France n’a pas été à la hauteur de cette réputation en ce qui concerne les femmes tondues.
      
    L’instance des femmes tondues est une tâche sur l’histoire de la France (Moore).
      
    L’article de Clio dit que les femmes collaboratrices étaient
      
      
    « effacer de la communauté » ;
     
      
    je pense parce que c’était un groupe facile de blâmer.
      
      
    Renée Guimberteau a écrit que c’était « une terreur sans précédent ».
      
    Alors bien sûr, les tontes seulement ont augmenté l’amertume et l’anéantissement pendent les années après la libération.
      
    Ce n’est pas un exemple d’égalité.
      
     
    C’était une atrocité égale aux actions des Allemands.
      
      
    Beaucoup de temps les « cocodette frivoles » (Virgili) étaient la fiction créée par les autres français.
      
      
    Les effets ont été que les femmes se sentaient indignes des noms de femme et de Française ».
      
    Je crois qu’on puisse voir ces sentiments dans la vidéo dessous.
     

    Ce film documentaire revient sur les destins croisés de femmes tondues à la libération.

    Jusqu’à très récemment, les historiens ont eu tendance à réduire l’épisode des femmes tondues à la Libération, le tenant pour un phénomène marginal. Cette pratique fut pourtant massive et répandue sur l’ensemble du territoire français en 1944-45.

      

    Pour la plupart des femmes tondues, c’est presque toujours la même histoire, celle d’une France occupée dans laquelle les jeunes filles, par insouciance ou inconscience, commettent l’impensable : le délit d’adultère avec l’ennemi de la Nation…

      

      

    Ce film vous invite dans diverses régions de France à la rencontre de Madeleine, Marie et Renée, victimes de tontes à la Libération.

      

    À travers les destins croisés de ces femmes, découvrez un épisode bien peu glorieux de l’histoire de la France.

     
     
     
    Je comprends les raisons pour la vengeance des français.
      
    Bien sûr les français ont voulu la vengeance à cause des horreurs de la guerre.
      
    Cependant, je ne pense pas que ce soit juste pour viser des femmes sans défense.
      
      
    Les femmes étaient visées seulement parce qu’elles étaient un groupe facile à blâmer.
      
    Je pense que cette action n’était pas courageuse parce que beaucoup de français ont collaboré avec les Allemands.
      
      
    Je crois que les malfaiteurs soient faibles, lâches et désespérés.
     
     
    http://www.tetue.net/?rubrique28
     
      
      
      
     
     
     
     
     
     
     
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    L’histoire d’une Femme Accusée

     

    Si vous avez suivi mon blog, vous connaissez que la persécution des femmes tondues pendant et après la deuxième guerre mondiale est arrivée sur une grande échelle. De toute façon, entre 1943 et 1946, 20 000 femmes furent tondues (Virgilli). Cette situation soulève une question essentielle- comment des femmes diésées viser et qu’est-ce que leurs expériences comme les tontes. Je vous raconterai l’histoire triste des femmes collaboratrices en France.
     
    A la fin de la Guerre, les Français ont voulu démontrer leur solidarité et leur allégeance à la Résistance. Ils se sont rendus compte que la méthode plus facile pour prouver leur patriotisme était la tracasserie des collaborateurs. A partir de ce moment-là, les femmes étaient visées.
     
    Plusieurs facteurs ont contribué à la détermination qu’une femme était coupable de la « collaboration horizontale » (Delbouys). Il s’agit de la popularité de la femme, si elle a eu des enfants pendant la guerre et si elle était épouse. Il était courant pour des gens de fabriquer des mensonges accablant à propos des femmes ils n’ont pas aimé, et bien que, pour la plupart, les histoires soient les rumeurs, des dirigeants de la ville ont ordonné que les femmes accusées puissent être torturées et rasées.
     
    Après les femmes ont été accusées, elles étaient séparés à la communauté étant raillées et déshonorées. Prenons les cas dans le Dordogne. En 1944, Renée Guimberteau a écrit qu’il y avait des « promenades des collaboratrices ». Imaginez une parade malveillante pour souligner vos rapports sexuels et le ridicule et le blâme qu’étaient dirigé aux femmes. Voisez un exemple d’une femme accusée dans la photo.
     
     
     
    Cette femme s’appelle Juliet. Elle a habité à Dordogne entre 1932 et 1944.
      
    Son mari était tué en 1942 par un allemand et en 1944, elle est devenue une femme tondue après sa belle-mère avais dit aux autorités qu’elle a fait la
    « collaboration horizontale » (Delbouys) avec les soldats allemands.
      
    Autres sources  prétendent que elle n’a parlé que avec les allemands pour obtenir du sucre et du huile.
     
      
    En septembre 1944, elle était tondue et après tuée à la Grand-Place (Tronel).
     
     
    Il apparait que la punition pour les femmes qui ont eu des relations sexuelles avec les Allemands était disproportionnée à leurs actions.
     
      
    Il est à souhaiter que nous puissions apprendre à la suite de cette violation des droits de l’homme et que les horreurs des femmes tondues ne reproduisent jamais.
     
    Voilà, j’ai fini mon exploration du thème des femmes tondues.
      
    J’espère que vous avez bien lu mon blog et peut-être vous avez aussi appris un petit –peu.
     
    xx
    Stephanie
     
     
     
    SOURCES
     
    http://frenchstudies2012lesfemmestondues.blogspot.fr/2012/10/lhistoire-dune-femme-accusee.html
     
     
     
     
     
     
     

     

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    JEANNE FERRES 1924-2005

     

     

    Madame Ferres explique aux élèves qu’elle avait leur âge , 15 ans, juste avant la guerre. Elle garde un souvenir très heureux de cette époque-là : une société normale, peu informée de tout ce qui se tramait en Allemagne ( les camps de concentration, les mesures contre les opposants au nazisme, les Instituts d’Euthanasie,…) ;

    on croyait aux slogans patriotiques : « nous vaincrons parce que nous sommes les meilleurs » ; on avait confiance dans la Ligne Maginot

     

    Elle habitait Cherbourg. La défaite soudaine fut pour elle, comme pour tous les Français, un coup sur la tête . Et l’arrivée des blindés allemands un spectacle épouvantable, une apocalypse. Honte et tristesse… Son père embarque et gagne l’Angleterre avec la flotte dans l’intention d’y poursuivre le combat.

    Il fallut participer à l’exode, d’autant que la maison familiale avait été bombardée.Jeanne se rend chez ses grands-parents à la campagne, avec sa mère et les deux autres enfants. On camoufle la maison dans l’espoir d’éviter les bombes.

    Les Français de la zone occupée se sentent prisonniers. Ils ont un très fort ressentiment envers les Allemands, des intrus, , qui accaparent la nourrriture, instaurent des cartes de rationnement ( nourriture, textiles ), privent les Français de leurs libertés en muselant la presse, en interdisant les rassemblements, en imposant le couvre-feu à 20 h..

     

    Pour certains Français, l’humiliation et le déshonneur ressentis sont insupportables.

     

    S’engager est alors un devoir pour certains français au patriotisme développé. L ’Appel du Général De Gaulle leur sert de déclencheur.

     

    La culture familiale des Ferrès portait à la résistance.

    D’assez nombreuses personnes avaient, comme mon père, décidé de poursuivre le combat en choisissant de passer en Espagne ou en Algérie. Ceux-là ne supportaient pas la défaite ni le discours pétainiste.

    Jeanne revient donc à Cherbourg pour y loger chez un oncle.

    Ce dernier cachait alors deux employés d’une compagnie d’assurance anglaise, en réalité des agents des services secrets britanniques résidant à Cherbourg avant l’arrivée des troupes allemandes, et qui n’avaient pas voulu regagner leur pays afin de continuer à le servir en territoire occupé.

     

    Ce fut le premier contact de Jeanne avec la Résistance.

    Après une rapide formation, elle dut accomplir un travail de renseignement pour le compte direct des services spéciaux anglais. Cette phase dura quelques mois.

     

    Puis, elle fut recrutée en fin 1940 par le Service inter-allié , section des services secrets polonais.

     

    Jeanne nous indique qu’il y eut pendant la guerre 228 réseaux homologués, dont 8230 membres sont morts, 2318 internés et 7381 déportés.

     

    La mère de Jeanne Ferrès ignorait tout des activités de sa fille, qui savait que le meilleur moyen de se préserver était de ne parler à personne. Sa mère finit cependant par se douter de ses agissements.

     

    Jeanne ignorait elle-même jusqu’où la mènerait son action…

     

    Elle travaillait avec son oncle, elle devait colporter tous les renseignements susceptibles d’intéresser les Alliés : dépôts de munitions, ouvrages militaires, concentrations de troupes, nature des divisions, aérodromes, dépôts d’essence ou avancement du Mur de l’Atlantique. Ces renseignements étaient collectés par des agents de liaison qui se chargeaient de les communiquer à un intermédiaire, lui-même en contact avec le chef du réseau.

     

    Son arrestation se produisit le 6 Novembre 1941 à Saint-Lô (Manche), par le service de contre espionnage allemand , l’Abwehr, opérant en France sous les ordres de l’Amiral Wilhelm Canaris (1). Elle avait été trahie par un agent corrompu du réseau. Jeanne Ferrès revient à plusieurs reprises sur l’abomination que furent les dénonciations entre français.

     

    Elle passa deux jours dans la prison de Saint-Lô, puis fut transférée à la prison de la Santé à Paris et mise au secret pendant vingt deux mois . Elle ne reçut ni visites, ni paquets, ni lectures. Dans sa cellule , pas de fenêtre, et juste une cruche d’eau pour toute une journée sans promenade.

    Les cellules n’étaient pas chauffées, et l’hiver 1941-42 fut très froid :

    les engelures et autres maux accompagnaient la douleur morale d’être totalement coupée du monde.

     

    La seule façon de combattre était le rêve, moyen d’auto-défense, la croyance en la victoire des Alliés. 17 ans, c’est l’âge de l’espoir et des rêves… La demi-douzaine d’interrogatoires qu’elle dut subir se déroulèrent à l’Hôtel Georges V à Paris. Les Allemands restaient courtois, mais ils exerçaient une pression morale, « un chantage affectif » en évoquant le sort qui serait réservé à sa famille si elle ne disait rien. Mais cela ne la troublait pas trop dans la mesure où elle savait son père hors de France et donc hors de danger.

    Si Jeanne confrontée à l’Abwehr n’a subi aucune torture, il n’en a pas été de même pour ceux qui eurent affaire à la Gestapo, laquelle infligeait sévices et tortures morales à ses prisonniers. On peut citer ici une anecdote : Jeanne Ferrès avait une voisine de cellule, Renée Lévy, professeur de lettres, qu’elle ne connaissait que par les « dialogues » sommaires établis en tapant aux cloisons. Un soir, celle-ci, se sachant condamnée à mort, lui fit parvenir ses dernières affaires par un gardien complice.

     

    Elle fut exécutée à la hache en Allemagne, et ses cendres reposent aujourd’hui au Mont-Valérien près de Paris. Jeanne Ferres découvrit, longtemps après, les traits du visage de son amie d’infortune sur un timbre-poste faisant partie d’une série consacrée aux personnalités de la Résistance.

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée à la prison de Fresnes, en Octobre 1942, et elle y resta jusqu’au printemps 1943. Les conditions étaient meilleures : eau courante et de grandes fenêtres au quatrième étage de la prison, qui lui permettaient de redécouvir les plus simples gestes de la vie : voir enfin le ciel et pouvoir respirer !

     

    Là, elle connut un prêtre allemand francophile qui lui prêtait des livres en cachette ; il était charitable, profondément bon et très apprécié de tous (2).

     

    Cet Abbé Stock, était un admirateur de Pierre Brossolette qu’il visitait dans sa cellule. Pierre Brossolette, grand résistant devait se suicider en mars 1944 pour ne pas parler sous les tortures qui lui furent infligées par ses bourreaux. Il se jeta par sa fenêtre du cinquième étage de l’immeuble où la Gestapo l’avait interrogé. Lorsque la mère de notre témoin voulut rendre visite à sa fille à la prison, on le lui refusa.

     

    L’abbé Stock s’intéressa alors à cette dame accompagnée de son tout jeune fils. Le prêtre l’écouta, et contre toutes les règles en vigueur, procura à Jeanne l’une de ses plus grandes joies dans ces tristes moments en lui faisant passer un mot de sa mère.( note et photo)

     

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée au camp de Romainville pendant trois mois avant d’être déportée dans celui de Ravensbrück ( note ) , réservé aux femmes, où il y eut 90.000 mortes sur les 130.000 personnes internées. Ce camp était situé au nord-est de Berlin dans une région assez touristique dotée d’un magnifique et grand lac, appelée cependant Petite Sibérie à cause de l’influence des courants climatiques venus de la Baltique.

    Lors du premier mois passé dans ce camp, les détenues étaient mises à l’épreuve avec des travaux les plus pénibles : décharger des péniches, pousser des wagonnets ou répandre les cendres des déportées incinérées dans les petits jardins SS qui surplombaient le lac proche de Ravensbrück. Les femmes étaient rassemblées dans plusieurs blocks contenant chacun huit-cents personnes, pour lesquelles il n’y avait que seize points d’eau et cinq toilettes.

     

    La journée commençait tôt (à 3 heures 30 en été et à 4 heures en hiver). Après avoir bu un breuvage chaud, c’était pour toutes l’appel qui durait souvent plus d’une heure, quel que soit le temps. Elle a connu des appels dans un froid de -32°, juste vêtue d’une robe. Les femmes étaient rangées par ordre numérique car nous n’avions plus d’identité, souligne-t-elle, nous n’étions plus qu’un numéro, toutes au garde à vous, quels que soient l’état et l’âge

     

    Les journées de travail étaient de douze heures, coupées par une demi-heure pour prendre une pause déjeuner. Les déportées étaient louées à des groupes industriels : pour Jeanne Ferrès, ce fut à l’usine Siemens. Cela rapportait de l’argent aux nazis qui tiraient vraiment partie de tout ! La journée s’achevait comme elle avait débuté, par un appel interminable, avant que les détenues ne puissent enfin prendre une soupe accompagnée d’un peu de pain.

    Le samedi après-midi et le dimanche, les détenues se retrouvaient entre elles un peu plus librement. L’été 1943 amena une chaleur torride, aggravant encore la situation. Ces conditions entraînaient une grande mortalité. Tous les matins, les cadavres étaient déposés à l’entrée du bloc et ramassés par une brigade spécialisée. Aucune disposition n’était prise pour les femmes enceintes. Ainsi les médecins du camp noyaient, étranglaient ou tuaient d’une balle dans la nuque les nouveaux-nés.

    A partir de 1944, les bébés furent laissés vivants, mais ils mouraient de faim : sur huit cents bébés , une douzaine seulement sont sortis du camp, dont trois petits français.

    Les détenues trop faibles ou malades étaient emmenées dans des camions, et leurs vêtements revenaient au camp : on savait bien qu’on les avait supprimées, mais on ne savait pas alors comment. C’est après la guerre, seulement, qu’on a appris qu’on les avait conduites dans des camps équipés où elles furent exterminées soit dans des chambres à gaz, soit dans des cliniques où l’on pratiquait l’euthanasie…

    En fait, on utilisait à Ravensbriick les femmes aussi longtemps qu’elles pouvaient avoir un certain rendement et travailler. Le travail était si rude que certaines femmes, surtout les plus âgées, mouraient sur place sur le chantier.

    Chaque matin, aux abords de chaque block, des monceaux de cadavres étaient formés, un commando de déportées se chargeait de ramasser les morts de la nuit.

     

    Certaines avaient aussi subi des expériences chirurgicales atroces.

     

    Pour Jeanne Ferrés, la situation était moins dure que pour certaines femmes. En effet, quelques-unes avaient laissé de jeunes enfants derrière elles, et l’inquiétude les conduisait parfois jusqu’à la folie. Mais Jeanne savait très bien qu’étant classée Nacht und Nebel , Nuit et Brouillard (3) elle pourrait disparaître à tout moment. Elle a confié avec une émotion difficilement contenue sa fierté d’avoir côtoyé des femmes admirables, courageuses, ayant de de l’humour et de la dignité. Très jeune encore, elle ressentait pleinement l’affection de toutes ces femmes et elle avoue ne pas avoir souffert de la promiscuité : car ces femmes étaient formidables, affirme-t-elle, la plupart savaient pourquoi elles étaient là.

     

    En effet, elle avaient été arrêtées pour acte de résistance. La vie au camp était beaucoup plus mal ressentie pour toutes les déportées arrêtées pour des raisons raciales ou celles qui, ayant été otages, avaient du être incarcérées à la place de quelqu’un d’autre… Les femmes de mon block partageaient le même idéal, notre sort était le même ; toutes étaient entre les mains de l’autorité supérieure du camp qui pouvait à n’importe quel moment venir nous chercher et nous faire subir le sort de Renée Lévy…

    Dans le camp, il n’y avait plus de barrières sociales, les vingt-trois nationalités représentées étaient toutes solidaires, on pouvait ainsi ne pas désespérer de la noblesse des êtres humains. Jeanne Ferrès a évoqué de nombreux actes de solidarité et d’amour. Ainsi celui de Mère Marie, religieuse orthodoxe qui avait été déportée pour avoir organisé un réseau d’accueil pour les évadés (4) . Lorsqu’une jeune femme juive, qui était mère, fut appelée pour être exécutée, la religieuse alla mourir à sa place…

     

    Autre souvenir, celui d’un bébé, Jean-Claude, qui fut sauvé par plusieurs détenues. Pour le nourrir, elles avaient transformé des gants de chirurgien volés et troués pour former des tétines.

    Jeanne Ferrès n’était plus à Ravensbrück lorsque le camp fut libéré. En effet la Croix-Rouge, dirigée alors par le comte Bernadotte de Suède (5), avait engagé des tractations avec les Allemands. Ces derniers avaient réuni toutes les NN ressortissantes des pays occupés par l’Allemagne et les avaient acheminées sur le camp de Mauthausen.

     

    Il revint ensuite chercher les françaises. Au total, Bernadotte aurait sauvé jusqu’à 25000 détenus. Jeanne Ferrés, elle, s’était cachée avec une douzaine de ses camarades. Elles réussirent à se dissimuler pendant quelques jours dans les plafonds du block, mais finirent pas se faire prendre et elles furent échangées contre des vivres et des médicaments. Ravensbrück fut libéré une semaine après son départ.

     

    Le moment du départ du Camp ne fut pas marqué par la joie ; les cadavres entassés devaient être brûlés sans délai, les armées alliées approchant, la fumée et l’odeur étaient partout, et Jeanne a pu dire : J’en garde un souvenir tel que je n’ai jamais pu remettre les pieds, en visite, dans un camp de concentration, ni aller à aucun pèlerinage. en pensant à toutes ces femmes que je laissais là-dedans…donc, je n’étais pas contente :

    ce n’était pas la Délivrance d’un Camp…L’odeur de toutes ces femmes porteuses de plaies infectées, de maladies de toutes sortes, l’odeur de l’Humanité souffrante en plus de cette fumée issue des fours crématoires…C’est un événement que j’aurais été incapable de raconter avant car cela m’aurait fait trop mal mais désormais, je peux plus facilement témoigner.

     

    La douzaine de déportées avait alors rejoint la Suède, après avoir traversé le Danemark, qui leur avait réservé un accueil triomphal, bien que ce pays fût encore occupé par les Allemands. Dans un premier temps, elles furent placées en quarantaine dans un gymnase de Trellebeurg puis dans un petit village, Ryd, au nord de Stockholm (où théâtres et cinémas avaient été équipés pour leur hébergement).

    Le 8 mai 1945, elle put saluer la capitulation de l’Allemagne en présence d’ un représentant français.

     

    Les dangers de contamination passés, après un suivi médical très poussé, une réalimentation progressive dûment dosée (Jeanne Ferrés pesait trente-deux kgs à son arrivée !) choyées comme des nourrissons, nous sommes parties à douze dans un château situé à trois kilomètres de Stockholm, Hässelby Slott .

     

    Lorsque notre témoin rentra enfin chez elle, son père était revenu d’Angleterre. Elle ne put ni retrouver son existence antérieure, ni raconter son expérience à ses parents. Elle pesait soixante kilos à son retour ; comment expliquer ce qu’elle avait subi ? C’était incommunicable. Elle apprit de sa mère l’existence difficile que celle-ci avait dû mener avec ses deux plus jeunes enfants. Jeanne Ferrès choisit de partir de chez elle peu après son retour…

     

    Laissons la parole aux élèves :

    Nous fermons nos blocs-notes, une impression étrange flotte. Notre esprit fait un bond dans le temps avant de retrouver nos camarades flânant déjà dans le Musée.

    Pas de paroles échangées, mais nous nous rappelons la rage que nous a avoué ressentir Jeanne Ferrès lorsque des personnes nient l’existence des camps de concentration. Il nous revient aussi à l’esprit la solidarité présente à chaque horreur, à chaque injustice. Nous semblons accorder à présent peu d’importance à certaines valeurs pourtant fondamentales.

    Nous n’oublierons pas avant longtemps ce témoignage et s’il peut nous préserver de vivre les mêmes situations, ce sera une bonne chose.

     

    Voici le message final que Jeanne Ferrès a voulu délivrer aux jeunes gens venus l’écouter :

    « Je n’ai pas la moindre animosité à rencontre du peuple allemand qui a été le premier à souffrir d’un régime basé sur la terreur et la délation. Il fallait être courageux pour oser se rebeller et pourtant, il y eut la Résistance Allemande. Elle a payé très cher et fait preuve d’un courage admirable très tôt : c’est pour les opposants allemands que les premiers camps de concentration ont été construits ! La Résistance allemande était formée de catholiques, de protestants, de socio-démocrates, des communistes de l’Orchestre rouge

     

    (6 ) et d’étudiants comme ceux de la Rose blanche (7 ).

     

    Cependant, aujourd’hui, malgré les cinquante années qui se sont écoulées, je ne peux pardonner aux nazis les souffrances qu’il ont infligées à mes compagnes de déportation, aux enfants martyrisés à Ravensbrûck, pauvres victimes innocentes d’une idéologie abjecte. Témoin visuel de ces atrocités, non, je ne peux vraiment pas pardonner !

    Pas de pardon non plus pour les Français qui ont offert leurs services à ces bourreaux, les égalant même parfois. Pas de pardon aux français qui n’ont pas hésité à livrer leurs compatriotes souvent de façon anonyme, parfois pour de l’argent, sachant qu’ils les vouaient à une mort certaine.

     

    Derrière chaque déporté, il y a peut-être un français qui l’a dénoncé. Par leur attitude, les français ont participé au génocide et à l’arrestation d’autres Français qui se faisaient un devoir d’agir dans le but de réhabiliter l’honneur de la France.

    Je garde de la haine pour les nazis adeptes d’une abjecte idéologie, comme pour les négationnistes de France et d’ailleurs. Ils sont nuisibles : la seule chose à faire est de ne pas voter pour eux : le vote est , en effet, la seule arme du citoyen.

    J’ai essayé de vous apporter les précisions qui me paraissaient utiles pour un exposé très complet. Je me rends compte qu’il est très difficile de parler de soi. Je l’ai fait pour que vous serviez de relais auprès des plus jeunes qui ne pourront pas nous entendre puisque nous ne serons plus là. N’oubliez pas notre message. IL tient en un seul mot : Vigilance

     

    Après la Guerre, Jeanne Ferrès . a entrepris des études d’infirmière et d’assistante sociale.

     

    Et elle a trouvé un emploi dans un service de Prévention de l’Enfance en Danger , choix professionnel qui découle directement de ce qu’elle a pu observer à Ravensbrück

     

     

    Propos recueillis et mis en forme par Marie-Céline Bard, 15 ans

     

    sources :

    https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/7-jeanne-ferres

     

     

     

     

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    François Guérin

    Second d’une famille de quatre enfants, Monsieur François Guérin naît en 1926.

    Originaire d’Ile-et-Vilaine, la famille Guérin débarque à Bayeux et achète une pharmacie.

    Agé de dix ans, Monsieur Guérin rentre alors au collège.

    Quelques années plus tard, son père tombe gravement malade . Manquant d’argent, la famille est dans l’obligation de vendre la pharmacie en 1940, après l’arrivée des Allemands.
    Monsieur Guérin quitte pour la première fois le collège en juin 1940.

    C’est alors l’exode massif des populations du nord de la France qui fuyaient devant l’avancée allemande alors que l’armée française était dans une situation de débâcle complète. Un ami de ses parents décide de porter secours aux membres de sa famille établis à Rouen.

      

    La ville est bombardée, les dangers sont nombreux. Il faut fuir.

    Cet ami, ayant des amis dans les Landes, décide de les conduire à Castets. Désirant ne pas revenir en Basse-Normandie seul, il obtient des parents de François Guérin que le jeune homme l’accompagne.


    Le retour fut impossible et les deux jeunes gens se retrouvèrent bloqués trois mois durant dans les Landes. La ligne de démarcation établie, coupe alors la France en deux.

    « C’est à Castets, dans les Landes, que je vis l’arrivée des Allemands… »

    Quand il rentre à Bayeux, après trois mois d’exil, François est animé d’un profond sentiment de « rejet » envers les Allemands.

      

    Son état de collégien l’obligeait à vivre dans des conditions déplorables ; la ville ayant été bombardée, les cours avaient lieu dans l’ancienne prison de Bayeux. Le jeune François « entre » petit à petit dans le mouvement de résistance des collégiens…

     

    Dès le début de la guerre, des membres de la famille de Monsieur Guérin fuient Dunkerque, ville bombardée. Ils ont tout perdu et ont rejoint le flot des réfugiés du nord de la France et de la Belgique, qui partent par tous les moyens possibles.

      

    Arrivés en pleine nuit, en juin 1940, ces cousins durent loger plusieurs mois chez les Guérin, avant de pouvoir trouver un logement près de Bayeux. Ils resteront là toute la guerre… Ils ne sont pas les seuls à fuir en empruntant au péril de leur vie les routes de France : le mécontentement général est alors à son paroxysme.

    Pour Monsieur Guérin, la débâcle générale de mai 1940 fut la première vision de la guerre.

    L’occupation de Bayeux par les Allemands fut très mal perçue et vécue par tout le monde. Les autorités allemandes imposent le couvre-feu général et l’interdiction de se réunir, mesures très désagréables :

      

    Très vite, Monsieur Guérin enfreint ces interdictions : avec quelques-uns de ses camarades, ils se réunissent chez un libraire voisin (qui fut malheureusement déporté), et y écoutent les informations anglaises… Ils sont au courant de l’emplacement de bunkers, des canons, des troupes allemandes…

    Monsieur Guérin devient alors véritablement résistant.

    Parallèlement, son frère aîné opérait avec brio dans le « monde de l’ombre ». Même le jeune François n’était pas au courant des activités secrètes de son frère.

    Grand résistant, il fit des opérations extraordinaires et fabriqua de faux papiers pour les jeunes qui cherchaient à fuir le STO (service de travail obligatoire). A Bayeux, sous la vigilante surveillance allemande, le réseau de résistance Centuries s’étiolait. Son travail était surtout basé sur le renseignement.

    Il exerçait une grande activité en Normandie car il était indispensable pour les Alliés de connaître tous les mouvements des troupes allemandes à proximité du Mur de l’Atlantique…

      

    C’est ainsi que Monsieur Guérin et ses camarades du collège apprennent en Janvier 1943 qu’un avion anglais s’est écrasé sur la côte normande, près de Bayeux. Ils décident alors de rendre hommage au pilote mort en apportant des fleurs au cimetière de Saint Martin-des-Entrées.

      

    Cent quatre-vingts personnes étaient réunies autour de la tombe. Malheureusement, de « bonnes âmes » — ironise François Guérin —, préviennent les Allemands de leur visite et ils se font tous contrôler à la sortie du cimetière…

     

    Deux jours plus tard, Monsieur Guérin, qui a alors seize ans, et quelques uns de ses amis se retrouvent convoqués à la feldgendarmerie et ils passent une nuit à la Kommandantur. Le lendemain, lui et deux jeunes filles, dont Yvonne Lerouge (qui fut déportée le 23 Août 1943 avec Monsieur Guérin, puis incarcérée au camp de Ravensbruck) sont relâchés miraculeusement grâce à l’intervention d’une personne inconnue…

     

    « L’interprète de la feldgendarmerie qui était un client de la pharmacie de mes parents?

     

    Quoi qu’il en soit, je fus relâché après avoir cependant entendu de la Gestapo un sermon menaçant : maintenant, me dirent-ils, vous avez intérêt à vous tenir tranquille, car la prochaine fois, on ne vous relâchera pas… »

     

    A la suite de cette première arrestation et de peur qu’un événement de ce type ne se reproduise, les parents de Monsieur Guérin le retirèrent du collège et prièrent le directeur du Crédit Industriel de Normandie de l’embaucher dans sa société, ce qui se réalisa en mars 1943…

     

    Mais le 23 Août 1943, un lundi matin, au domicile de ses parents, la Gestapo arrêtait de nouveau Monsieur Guérin. « J’étais le premier de notre groupe à l’être. » Bientôt, son ami, Jacques Noé est lui aussi saisi par les Allemands.

      

    A la Kommandantur, ils retrouvent leur amie résistante Yvonne Lerouge.

     

    Que s’était-il donc passé ?…

     

    Jacques Noé avait présenté un jour à François Guérin un de ses anciens camarades qui avait été élevé avec lui au petit séminaire de Caen. L’homme était d’origine polonaise. Il manifesta le désir d’obtenir des faux papiers pour passer la frontière espagnole. Confiants, les résistants Noé et Guérin avaient accepté. Ils présentèrent pour leur plus grand malheur, le Polonais à des amis résistants à Port-en-Bessin qui avaient une filière de passage en Espagne.

    Le Polonais étant un indicateur de la Gestapo, ils se firent tous arrêter…

    A l’époque, chaque indicateur de la Gestapo recevait en moyenne cent francs de l’époque par personne arrêtée…

    Monsieur Guérin fut enfermé un mois dans la prison de Caen, puis il fut interrogé par la Gestapo à la Kommandantur et fut finalement transféré à Fresnes durant un mois encore… Il est ensuite incarcéré au camp de Natzweiler Strutthof en Alsace, le 11 Novembre 1943.

    Monsieur Guérin, fringant jeune homme, n’est plus alors qu’un numéro : 5957.

    L’homme n’existe plus sous l’oeil des tortionnaires, il n’est plus qu’un chiffre parmi tant d’autres.

    Puis, du fait de l’avance des troupes alliées, François fut finalement transféré à Dachau le 5 Septembre 1944, avec son ami aveugle, Arthur Poitevin, professeur de musique, qui avait été arrêté dans la même affaire que Monsieur Guérin… (la larme à l’œil, Monsieur Guérin exprime son émotion par une longue pause dans la narration de son récit et respire lentement..)

    Le 11 Novembre 1943 commença donc le calvaire de la déportation. Monsieur Guérin comprit que son sort prenait un tour plus grave lors de son transfert en Alsace :

    « Arrivés, nous fûmes descendus des wagons à coup de bâtons. C’était la première fois qu’on nous battait. Jamais, on nous avait frappé en prison. »

    L’horreur des camps apparaît dès l’accueil des déportés au Strutthof. Certains compagnons d’infortune de Monsieur Guérin arrivaient épuisés par ce voyage infernal. D’emblée, le chef du camp employait la formule glacée : « ici, si on entre par la porte, on en sort par la cheminée… »

    Monsieur Guérin se souviendra toujours de ce terrible hiver 1943, où au lendemain de leur arrivée au camp de Strutthof, il y avait plus d’un mètre de neige. Pour lui et ses amis, bien qu’ayant cru un instant que leur sort serait meilleur, n’étant pas partis dans un camp en Allemagne, l’enfer commençait.

    « On nous a immédiatement conduits aux douches, où l’on nous a dépouillés de tout ce que nous possédions.

      

    Rasés, tondus complètement, nous reçûmes en échange des guenilles : un pantalon et une veste coupée, qui n’étaient pas rayés dans ce camp-là, mais sur lesquels il y avait des croix pour que l’on ne puisse pas passer inaperçu en cas d’évasion, ainsi que la mention NN (Nacht und Nebel, (Nuit et Brouillard) , façon brutale de dire : destiné à disparaître sans laisser de trace…) peinte sur le dos et sur les manches, un triangle rouge et notre numéro…

    Arrivés à notre bloc, le chef du bloc, un Luxembourgeois, qui offrait pour nous l’avantage de parler français, nous intima de coudre notre triangle et notre numéro sur nos fripes.

      

    Nous devions apprendre par cœur ce chiffre en allemand… », ce qui représentait une tâche bien difficile pour les compagnons âgés de Monsieur Guérin, qui n’avaient jamais appris un traître mot en allemand!

      

    « Nous n’avions plus de noms, nous étions des numéros, des « stucks » comme disaient les Allemands… »

     

    Les conditions de vie au Strutthof, camp d’extermination, étaient terribles. « Un commando nous faisait horriblement souffrir. Nous devions notamment, à proximité des camps, élargir un tunnel, qui était avant-guerre une champignonnière, et qui devait accueillir une usine souterraine »

    Une route menant à ce tunnel devait être empierrée.

      

    Ils le firent, endurant les plus grandes souffrances :

    « les civils que nous rencontrions alors nous jetaient des cailloux. On leur avait dit que nous étions des terroristes…

    Au Strutthof, il n’y avait jamais de repos. Nous étions condamnés aux travaux les plus rudes, et le soir, au bloc, le chef du bloc qui était toujours un droit commun (un voleur, un criminel) continuait les supplices de la journée »

    Monsieur Guérin se souvient des Kapos terribles qui les surveillaient. L’un d’eux, avec lequel il ne fut heureusement jamais en contact, que l’on surnommait au camp le sanglier 1416, et qui était un droit commun, a tué à coups de manche de pioche de nombreuses personnes. Il a fait cela comme ça, sans raison.

      

    Ces gens-là avaient un droit de vie et de mort sur les déportés…

     

    Le Strutthof fut le comble de l’horreur pour Monsieur Guérin. Aujourd’hui, il est le Mémorial national de la Déportation que tout le monde peut visiter.

    Le Strutthof était avant-guerre une station de ski pour les Strasbourgeois qui recherchaient des cures d’air pur !

    .

    Le 5 Septembre 1944, en raison de la progression des Alliés, le camp de Strutthof est évacué. Après deux jours d’un voyage atroce, Monsieur Guérin arrivait à Dachau.

     

    Le voyage s’était déroulé dans des wagons à bestiaux, où cent-vingt déportés étaient entassés, tellement compressés qu’ils ne pouvaient ni s’asseoir, ni s’accroupir!

     

    Deux SS étaient au centre du wagon. Pour Monsieur Guérin, rien ne fut pire que la soif. Si une boule de pain leur avait été remise, aucune boisson ne leur fut accordée, si bien que personne ne put manger quoi que ce soit A l’arrivée, nombreux étaient les compagnons d’infortune de Monsieur Guérin à avoir sombré dans la folie ou à être morts.

     

    —« Si nous n’avions pas eu d’espérance, souligne Monsieur Guérin, nous ne serions pas là. Nous étions une équipe finalement de copains. Individuellement, il était impossible d’avoir l’espoir de sortir vivant du camp, nous vivions ainsi en partageant la minuscule tranche de pain avec les autres, plus démunis, plus faibles, plus malades.

      

    Nous savions pourquoi nous avions été arrêtés et cela nous motivait nous soutenait moralement. Continuer à lutter pour vivre était une façon de poursuivre te combat engagé. »

    Monsieur Guérin arrive au camp de Dachau où on lui retire les guenilles qu’on lui avait données au Strutthof. Au bloc 17, il retrouve par hasard le docteur Michel, médecin-résistant à Bayeux et ami de Monsieur Guérin.

      

    Le docteur Michel est le médecin responsable d’une chambre du bloc 17, une chance pour Monsieur Guérin! Il lui propose, ainsi qu’à son ami de les faire passer pour malades et décide de les faire transférer au bloc des invalides, le bloc 30…

    Mais le bloc 30 est un bloc où il y a surpopulation et donc régulièrement, les SS, les commandos du ciel font des ponctions. Ceux qui en partent ne reviennent jamais…

      

    (« Dans ce bloc, nous constations que régulièrement avait lieu des « transports », c’est-à-dire une sélection en présence d’un médecin SS qui éliminait les plus âgés, les infirmes, les malades qui partaient pour le « Himmel Kommando » »).

      

    Pris de peur, avec un troisième ami, ils décident de repartir de ce bloc en faisant passer leur ami aveugle Arthur pour voyant : « on le faisait marcher à côté de nous, comme s’il voyait ».

    Ils réussirent à être admis au bloc 27. Dans ce bloc 27, François Guérin partage la même chambre avec son ami Arthur Poitevin, Camille Blaisot, ancien ministre, député du Calvados, ainsi que le colonel De Job, interprète d’allemand à la mairie de Bayeux.

    En évoquant le chef de la chambrée, un Arménien, Monsieur Guérin ne peut cacher sa rancœur, son dégoût, sa colère. Le souvenir des injures, des brimades, des souffrances est trop fort Cet Arménien avait surtout pris pour victime Camille Blaisot, « un homme à la tenue exemplaire au camp », que le typhus a finit par emporter en Janvier 1945.

      

    Monsieur Guérin eut finalement beaucoup de chance. En effet, par l’intermédiaire d’un ami détenu qui réparait les postes de radio pour les Allemands, ce qui permettait d’écouter secrètement la BBC, Monsieur Guérin put obtenir son transfert au bloc 14, le bloc des cuisines le 23 Février 1945.

      

    C’était un bloc propre, sans puces, ni poux et surtout, on y donnait à deux par paillasse et non plus à cinq comme dans les autres baraquements !

     

    Ils sont « privilégiés », car outre un repos tranquille, ils peuvent y obtenir une ration de soupe suplémentaire.

    Les mots sont vains pour exprimer la joie profonde qui s’empara de Monsieur Guérin lorsqu’il sut que le 6 juin 1944, les Alliés avaient débarqué en Normandie, à Arromanches.

      

    Arromanches, il connaissait bien, il y avait été souvent car, habitant à Bayeux, il y livrait souvent pour ses parents des médicaments.

      

    Cela représentait alors un privilège exceptionnel car la côte normande était une zone interdite. Les conversations avec les sentinelles allemandes qui lui offraient de temps en temps quelques cigarettes, avaient permis à la Résistance de recueillir certaines informations qui se révélèrent très utiles.

    Pour Monsieur Guérin, c’était un endroit idéal pour le Débarquement car les défenses y étaient quasi inexistantes…

      

    Mais de là à penser que les Alliés y établiraient un port artificiel!…

     

    Le jour de la libération du camp de Dachau, le 29 avril 1945, Monsieur Guérin était toujours au bloc 17. Avec un ami, pour la première fois, ils reçurent un colis de la Croix-Rouge qui

    était en fait destiné à des prisonniers de guerre… En vérité, à cette époque, la Croix-Rouge avait fait pression sur les Allemands en exigeant une réciprocité : la Croix-Rouge s’occuperait des prisonniers de guerre allemands si on lui laissait la possibilité d’envoyer des colis dans les camps de concentration.

      

    Avec la pénurie des moyens de transport, une partie des colis destinés à d’autres camps arrivèrent finalement à Dachau…

      

    Dans ces colis, un trésor : des nouilles !… Monsieur Guérin et ses amis s’en régalèrent après avoir bricolé un réchaud de fortune, pendant que les Américains s’approchaient du camp.

    Monsieur Guérin se souvient très bien du premier soldat américain à être entré dans le camp en passant par-dessus la porte cadenassée : Ce fut une « magnifique jeune femme blonde », Margaret Higgins, reporter de l’armée américaine, accompagnée du soldat américain Kahn israélite et d’un aumônier.

      

    Certains S S dans les miradors résistèrent mais furent finalement tous abattus. Certains avaient eu l’idée de se déguiser en déporté. Monsieur Guérin témoigne : « Le SS Rapportfiihrer du camp a été retrouvé deux jours après aux environs à Dachau. Ramené, il fut ensuite installé sur la tribune au-dessus de la porte du camp. On lui demanda de raconter tout ce qu’il avait fait, ce qu’il fit sans aucun gêne apparente.

      

    Quand il eut tout raconté, il y avait dehors des milliers de cadavres qui n’avaient pu être brûlés parce qu’il n’y avait plus de charbon.

      

    On lui fit transporter les cadavres, sans masque et sans gant.. Au bout de deux jours, il y avait laissé sa peau. Il l’avait bien mérité. »

    A la libération du camp, il y avait un nombre incroyable de déportés malades du typhus, dont Monsieur Guérin. Ce dernier se souvient avoir accompagné certains officiers américains dans les blocs du camp, ils connurent l’horreur en découvrant l’état si squelettique des déportés, et ces soldats se mirent à pleurer comme des enfants…

      

    L’infection était partout.

      

    Progressivement, les Américains aménagèrent les baraquements qui servaient à loger les S S pour y transporter et y soigner les déportés.

      

    Les Américains ne voulaient pas encore les laisser partir en raison des maladies contagieuses. Un ami français du frère de Monsieur Guérin (encore un heureux hasard pour lui…) était chargé deconduire un camion américain de ravitaillement.

      

    Il décida de cacher Monsieur Guérin et quelques autres déportés dans son camion. Il les emmena à 25 Km du camp. De là, ils partirent à pied rejoindre l’armée du général Leclerc.

     

    Finalement, Monsieur Guérin rentra en camion jusqu’à Strasbourg, puis en train jusqu’à Paris.

      

    Enfin, il regagna Bayeux le 15 mai 1945 après 21 longs mois d’absence.

     

    À son arrivée, il tomba gravement malade et se retrouva dans le coma durant 2 mois à cause du surmenage physique et moral vécu pendant ces durs moments d’emprisonnement…

     

    Il eut beaucoup de mal à se réadapter à la vie quotidienne. Il était absolument incapable de reprendre ses études.

      

    Aussi, choisit-il de travailler chez un ami expert agricole, ancien résistant aussi. Il dut s’occuper au lendemain de la guerre de la réquisition des terrains d’aviation anglais de la côte normande. Aidé considérablement par ses proches, il réussit peu à peu à se réadapter à la vie de tous les jours.

    Un peu plus tard il participa aux opérations de déminage en ayant des S S sous ses ordres : « Je n’ai jamais touché un SS, commente-t-il, alors qu’ils ne nous firent pas de cadeaux, même à ce moment-là… Ils tentèrent de s’évader souvent… Si certains sont morts pendant le déminage, cela est dû à leur maladresse. »

      

    Lorsque nous lui avons demandé :

      

    »Que vous inspire le mot tolérance ? »

     

     

    Monsieur Guérin réfléchit un moment, puis répondit calmement qu’il avait toute sa vie durant essayé d’être tolérant.

    La tolérance pour lui, c’est en fait la prise de conscience des risques qu’il prenait en transgressant les interdits. Maintenant, s’il y a bien une chose qu’il ne peut supporter, c’est l’injustice et la privation de la liberté.

     

    Pour lui, deux choses sont très importantes :

      

    la liberté et la démocratie. Et il espère de tout son cœur que toutes les races puissent un jour s’entendre comme lui et ses compagnons s’entendaient dans les camps et se soutenaient mutuellement.

      

    Finalement, Dachau a fait d’eux les premiers européens, tant le cosmopolitisme était grand et l’entraide nécessaire.

      

    « Les Nazis voulurent nous avilir, faire de nous des bêtes…» et Monsieur Guérin de nous exhorter à croire en ce que l’on fait : « il faut s’accrocher, ne jamais se laisser aller dans la vie…

      

    Et avoir des amis » Avec tous ses anciens compagnons de Dachau et Strutthof, des liens indéfectibles se sont tissés, une fraternité sans faille que seule la mort peut interrompre.

      

    Lui même eut pour meilleur ami après la guerre, un soldat autrichien qui avait été enrôlé de force dans l’armée allemande. Il n’a que du mépris pour tous les « négationnistes » qui prétendent, que tout cela n’a jamais existé. « Ceci est inacceptable !…» Monsieur Guérin mise tous ses espoirs sur les ardents défenseurs de la paix mondiale ainsi que sur la nouvelle sagesse que cette guerre a pu engendrer…

      

    Plus jamais ça !…

      

    Ce qu’il a vécu, il ne veut plus jamais le revivre et ne souhaite à personne de connaître de telles souffrances. Il ne veut rien oublier. S’il a connu des moments atroces, il garde aussi en mémoire le souvenir d’heures magnifiques et émouvantes qui resteront à jamais gravées dans son esprit :

      

    Je ne veux rien oublier ; il faut dire ce qui s’est passé sans exagération, sans haine, sans passion, simplement ce que nous avons vécu…

    Propos recueillis et mis en forme par C F et O D, 15 ans

     

     

    https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/1-francois-guerin

     

     

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