• Les femmes tondues : une mise au pilori sexiste

     

     

    Les femmes tondues : une mise au pilori sexiste

      

      

    Jusqu’à très récemment, les historiens ont eu tendance à réduire l’événement des femmes tondues, le tenant pour un phénomène marginal. Sans doute l’acte de tondre les femmes n’est-il pas propre à la France :

      

    déjà, les Allemandes avaient subi ce sort pour avoir couché avec des militaires français occupant la Rhénanie, et des Italiennes ont été traitées de la même façon à la Libération.

     

    Pourtant, comme l’a bien montré Alain Bross, ce qu’il appelle « le carnaval des tondues » mérite d’autant plus d’être étudié que la mémoire nationale a jeté sur lui un voile bien oublieux.

     

    Le rituel du spectacle expiatoire a ses constantes : cortèges bruyants de femmes et surtout d’hommes promenant à travers villages, bourgs ou villes des femmes portant sur le front, sur la poitrine, voire sur d’autres parties du corps, tracées au goudron ou à la peinture, des croix gammées et des inscriptions explicites :

     

     

    « a dénoncé », « Collabo », et plus souvent encore « a couché avec les boches ».

      

    Les victimes étaient presque toujours à demi, parfois totalement dévêtues.

      

    Certaines portaient dans les bras leur enfant.

      

      

      

    Si elles n’avaient pas été immédiatement tondues, elles l’étaient de façon solennelle, sur une estrade placée devant un bâtiment public, et elles restaient ensuite exposées, comme jadis au pilori.

     

     

     

     

    Cette « coiffure 1944 » était infligée à des femmes considérées soit comme des délatrices, soit comme des « collaboratrices à l’horizontale ».

      

    Il a été couramment admis, mais trop vite, que ces dernières étaient en majorité des prostituées, ce qui permettait de supposer que les Françaises (en exceptant Arletty ou Coco Channel, qui avaient pu s’afficher avec un officier allemand), avaient été vraiment peu nombreuses à succomber au charme de guerriers supposés tous blonds.

      

      

    Or, Philippe Buri  peut écrire que « au minimum plusieurs dizaines de milliers de Françaises ont eu des relations avec l’occupant », ajoutant qu’on estime à

    au moins 50 000 le nombre d’enfants nés d’amours franco-allemandes.

     

     

      

    Précisons encore qu’il s’agit souvent de femmes de milieux modestes et que, à côté d’un nombre relativement significatif de « demoiselles des P.T.T. », on trouve surtout celles qui, comme elles, ont eu à fréquenter l’occupant en tant que femmes de service.

     

      

    On affirme volontiers que les explosions de haine à leur encontre ont été brèves et localisées, et qu’elles étaient menées par des résistants de la onzième heure à qui ce zèle purificateur permettait d’acquérir à bon compte une conduite patriotique.

      

      

    En fait, malgré les instructions officielles, des femmes continuèrent d’être tondues jusqu’à la fin de l’hiver 1944-1945

      

      

    Et ce furent assez souvent des chefs des maquis ou les responsables des Comités de libération qui patronnèrent ces cérémonies expiatoires.

     

     

     

      

      

    Ces comportements représentent une sorte de défoulement, après la tension insupportable des semaines qui ont précédé la Libération, ils témoignent de l’exaspération de ceux qui avaient vécu quatre années d’humiliation, qui venaient de subir les ultimes exactions de l’occupant et de ses complices français.

      

      

    Ce qui explique que la virulence populaire fut souvent proportionnelle à la violence des derniers affrontements avec la Wehrmacht ou la Milice.


    Photo Robert Capa

      

      

    La désignation de boucs émissaires a pris alors une tournure sexuée : au trop classique voyeurisme des mâles, s’est ajouté le sentiment plus ou moins confus que ces femmes, qui avaient trahi la France en livrant leur corps, devaient recevoir un châtiment spécifique à leur sexe.

     

     

    On n’aura garde d’oublier, malgré tout, que, en ce qui concerne celles qui furent accusées d’avoir dénoncé (et les délatrices avaient été nombreuses), cette humiliation leur permit assez souvent, semble-t-il, d’échapper au peloton d’exécution qui attendait les délateurs.

      

      

    Reste que la mémoire officielle préféra refouler l’existence des « tondues ».

      

    Ce sont les écrivains et les cinéastes qui ont su évoquer et reconstituer le parcours des malheureuses ainsi mises au pilori.

      

    Citons Marguerite Duras et Alain Resnais, dont l’héroïne tondue de Hiroshima mon amour s’explique : « Je devins sa femme dans le crépuscule, le bonheur et la honte"

    Et le poème bien connu de Paul Eluard,

     

    Ses six premiers vers en disent long ...

    Au rendez-vous allemand
    Paul Eluard
    1944

    Comprenne qui voudra
    Moi mon remords ce fut
    La malheureuse qui resta
    Sur le pavé
    La victime raisonnable
    À la robe déchirée
    Au regard d'enfant perdue
    Découronnée défigurée
    Celle qui ressemble aux morts
    Qui sont morts pour être aimés
    Une fille faite pour un bouquet
    Et couverte
    Du noir crachat des ténèbres
    Une fille galante
    Comme une aurore de premier mai
    La plus aimable bête
    Souillée et qui n'a pas compris
    Qu'elle est souillée
    Une bête prise au piège
    Des amateurs de beauté
    Et ma mère la femme
    Voudrait bien dorloter
    Cette image idéale
    De son malheur sur terre.

     

      

    intégré Au rendez-vous allemand, qui porte précisément en exergue la phrase :

      

    « En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait les filles.

      

      

    On alla même jusqu’à les tondre. » Ses six premiers vers en disent long :

      

      

    « Comprenne qui voudra / Moi mon remords ce fut / La malheureuse qui resta / Sur le pavé / La victime raisonnable / A la robe déchirée... »

     

     


    Lire sur ce sujet le récit de Guy Croussy :

    La Tondue.
    Source : http://lang.swarthmore.edu/faculty/...

    Notes

    [2] Burrin, Philippe. La France à l’heure allemande. Le Seuil, 1995."
    Azéma, Jean-Pierre, Wieviorka Olivier. Vichy 1940-1944. Librairie Académique Perrin, 1997. 250.

     

    http://www.tetue.net/?article296

    Qui était les responsables de ces crimes honteuses contre les femmes? 

     
    C’était ceux ou celles qui voulaient la vengeance contre quelqu’un pendant les mois rudes après La Libération.
     
    Georges Brassens chante 'La belle qui couchait avec le roi de Prusse' mais lui 'je n’ai pas bougé du fond de ma torpeur, … les coupeurs de cheveux.. m’ont fait peur'. 
      
    La vengeance cherchée par la foule exigeante était dangereuse et fait peur aux gens innocents
      
      
    Les hommes et les femmes également coupables de ses crimes ont condamnés ses femmes a un sort humiliant. Fabrice Virgili constate “La France sera virile ou morte”. 
      
      
    Donc la virilité, dans ce sens la, voulait dire les cheveux courts ou tondus comme les hommes. 
      
    En 1944, les malfaiteurs guettait les collaboratrices horizontales pour les humilier devant tous les habitants de leur village. 
      
    Environ 20,000 femmes étaient victimes de ses malfaiteurs qui savaient l’importance des cheveux aux femmes.
      
    George Brassens chante 'Et je n’en souffre pas avec trop de rigueur… Ma rosette a moi : c’est un accroche-coeur'. Les témoins étaient beaucoup, sans rien faire pour aider ces femmes. On voit les sourires aux visages de malfaiteurs et le plaisir avec lequel ils ont complété leur tonte.
     
    En conclusion, vous pouvez voir le blâme et le ridicule qui était dirigé aux femmes à cause des difficultés pendant et après la guerre.

    Les Références
     
    Georges Brassens « Paroles La Tondues », http://www.youtube.com/watch?v=2I7NUoQX324, 26/08/12.
     
      
      

     

    « Qu’est-ce que je pense à propos de la mutilation des femmes collaboratrices … ?Les "Tondues" de la Libération »
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