• Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Lucie Aubrac, Jean Moulin

     

    Portrait d’un homme libre : Emmanuel d’Astier de la Vigerie

     

    Par Jean-Matthieu Gosselin

     

    Comment un aristocrate dandy, futile et dilettante est devenu pendant la guerre un combattant de la liberté, un cérébral en action.

    Cet écrivain, journaliste et homme politique engagé à gauche, responsables de la Résistance, a marqué toute une génération d’intellectuels de l’après-guerre. Redécouverte !

     

     

    Né le 6 janvier 1900 à Paris, Emmanuel d’Astier de la Vigerie appartient à une grande famille française qui donnera des héros au pays, dont ses deux frères, tous deux Compagnon de la Libération comme lui.

    Flamboyant, lettré, condottiere avant la guerre, la Résistance emporta chez lui une rupture personnelle et sociale entamée déjà par son parcours européen lors de la montée des fascismes.

     

      

      

    HOMME D’ACTION, PENSEUR, AMOUREUX DES LETTRES

      

    Emmanuel passe son enfance près d’un père qui lui enseignera les humanités.

    Puis, à l’âge de 13 ans, d’Astier intègre le lycée Condorcet.

      

    En classe de 1ère, il rejoint les Eudistes du collège Sainte-Geneviève de Versailles et prépare l’École navale.

    Il est reçu en janvier 1918. Affecté à Lorient puis à Toulon, il se spécialise dans une arme toute récente : « l’aviation maritime ». Cet homme d’action est aussi un penseur, un amoureux des lettres.

    En 1931, il démissionne de la marine pour se lancer dans le journalisme et la littérature.

    Il rencontre les surréalistes. Son existence devient celle d’un dilettante flambeur. Sentimentalement sa vie est également un roman. Marié, en premières noces à une Américaine, il divorce puis se remarie, en 1937, avec Lubov Krassin, la fille d’un révolutionnaire soviétique.

      

    Il entre alors à l’hebdomadaireMarianne et voyage, pour l’hebdomadaire Vu, dans l’Europe troublée d’alors : Allemagne nazie, guerre d’Espagne...

     

    En 1939, d’Astier est mobilisé comme chef d’un centre de renseignements maritimes à Lorient. Il rejoint, en juin 1940, le 5e Bureau replié à Port-Vendres avant d’être démobilisé à Marseille, il organise, très tôt, à Cannes (octobre 1940), un groupe de résistants nommé :« La dernière colonne » qui se destine au sabotage. Édouard Corniglion-Molinier, le cofondateur du mouvement est arrêté en décembre 1940.

    Emmanuel d’Astier gagne alors Clermont-Ferrand et se réfugie auprès de la rédaction de La Montagne.

    Il rencontre Lucie Aubrac qu’il surnommera « Mme conscience ».

     

      

    Avec son mari, Raymond Aubrac, elle consacre tous ses temps libres aux activités de « La dernière Colonne ».

    Ils distribuent des tracts, recrutent, participent à des actions de sabotage... Ils aident Emmanuel d’Astier de la Vigerie - en janvier 1941 - à fonder le mensuel Libération.

      

    D’Astier, alias « Bernard » dans la Résistance, entre alors dans la clandestinité.

     

      

    UNE PERSONNALITÉ DÉTERMINÉE PAR LA RÉSISTANCE

      

    Mais qui est vraiment cet homme de 40 ans, à la réputation dilettante et aventureuse. Julian Jackson dans La France sous l’occupation (Flammarion) le présente en un portrait ni noir, ni blanc :

      

    « Emmanuel d’Astier de la Vigerie, fondateur de Libération Sud, affirma « qu’on ne pouvait être résistant que quand on était inadapté ».

      

    Sans doute était-ce vrai du flamboyant d’Astier, le mouton noir d’une famille d’aristocrates, qui, avant 1940, avait été un journaliste sans opinions bien arrêtées. Gros consommateur d’opium, il crut bon de se prêter à une cure de désintoxication avant de se lancer dans la Résistance. Ceux qui le connurent avant la guerre comme un dilettante désœuvré furent stupéfaits de voir la détermination et l’obstination dont il fut capable sous l’Occupation, au point qu’il ne put jamais se défaire tout à fait de sa réputation de condottiere et d’aventurier. »

     

      

      

    LA RÉSISTANCE SE STRUCTURE

      

    En juin, avec Jean Cavaillès, il crée le mouvement Libération.

      

    Avec les mouvements Combat et Franc-Tireur, trois des plus importants mouvements de résistance de la zone sud sont alors constitués. Libérationrecrute essentiellement dans les milieux syndicaux et chez les socialistes.

      

    Au printemps 1941, d’Astier obtient le soutien de Daniel Mayer qui reconstruit de son côté le parti socialiste clandestin. Il prend langue avec le leader syndical Léon Jouhaux et le convainc, à force d’éloquence et d’arguments patriotes, de rejoindre Libération.

      

    En décembre, ce dernier rédige dans le n° 4 du journal un

      

    « appel anonyme aux travailleurs ».

      

    Début 1942, il gagne Londres et rencontre le général de Gaulle.

      

    Celui-ci le charge d’une mission aux États-Unis auprès du président Roosevelt.

      

    Il est missionné pour négocier auprès de ce dernier la reconnaissance de la France libre.

    Au côté de Frenay, comme l’explique Julian Jackson, il s’attaque à la figure de la résistance intérieure :

    « Pendant que Frenay attaquait Moulin en France, d’Astier partit le 15 avril pour Londres où il rédigea un rapport féroce exigeant le limogeage de Moulin […]Même Lévy, d’un tempérament plus conciliant et généralement prêt à jouer les médiateurs entre ses camarades et Moulin signa avec d’Astier une lettre reprochant à Moulin de « bureaucratiser » et de «stériliser » la Résistance. »

      

    Mais tout cela n’empêchera pas la victoire de Moulin qui persuade les mouvements d’accepter un Conseil national de la Résistance. Moulin fut le plus habile, jouant des rivalités et, quant il le fallut, soutenant Frenay contre d’Astier ici, d’Astier et Lévy contre Frenay là ! Octobre 1942, les trois mouvements de la zone sud reconnaissent l’autorité de Charles de Gaulle et la formation d’une Armée secrète unifiée qui sera dirigée par le général Delestraint.

      

    Un Comité de coordination est créé. Il comporte les responsables des trois mouvements : Henri Frenay, Jean- Pierre Lévy et d’Astier. Son rôle est de diriger la propagande et l’action des mouvements.

     

    COMPLAINTE DU PARTISAN

    Les Allemands étaient chez moi

    On m’a dit résigne toi

    Mais je n’ai pas pu

    Et j’ai repris mon arme.

    Personne ne m’a demandé

    D’où je viens et où je vais

    Vous qui le savez

    Effacez mon passage.

    J’ai changé cent fois de nom

    J’ai perdu femme et enfants

    Mais j’ai tant d’amis

    Et j’ai la France entière.

    Un vieil homme dans un grenier

    Pour la nuit nous a cachés

    Les Allemands l’ont pris

    Il est mort sans surprise.

    Hier encore nous étions trois

    Il ne reste plus que moi

    Et je tourne en rond

    Dans la prison des frontières.

    Le vent souffle sur les tombes

    La liberté reviendra

    On nous oubliera

    Nous rentrerons dans l’ombre.

     

     

    EMMANUEL D’ASTIER DE LA VIGERIE

    Anna Marly écrivit également la musique

    de cette autre chanson de partisan,

    après celle rédigée par Maurice Druon

    et Joseph Kessel

     

    En novembre 1942, suite à son second voyage à Londres, il retourne en France avec Henri Frenay.

      

    « Le 27 janvier 1943, Frenay, d’Astier, Levy signent l’acte officiel de naissance des « Mouvements unis de Résistance », qui établit une direction unique. Tous les rouages des mouvements doivent désigner à tous les échelons un responsable. C’est un événement dans l’histoire de la Résistance intérieure française puisque les mouvements acceptent de réunir leurs forces à un moment décisif de la lutte. » (1) D’Astier siège au Comité de Coordination des Mouvements de Résistance, puis au Directoire des Mouvements unis de la résistance(MUR).

    Il en devient le Commissaire aux affaires politiques.

     

    UN RÔLE D’IMPORTANCE

      

    En 1943, Emmanuel d’Astier repart pour Londres. Mais l’arrestation de Jean Moulin bouleverse les équilibres.

      

    D’Astier retourne sur le territoire national en juillet 1943.

    En octobre de la même année, il revient à Londres.

     

    Le mois suivant il est nommé au Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Alger, comme Frenay et de Menthon – chefs historiques de la Résistance comme lui –, et des personnalités de la IIIe République, tels : Pierre Mendès-France, Henri Queuille, André Philippe...

      

    Membre du COMIDA (Comité d’Action en France), il rencontre les plus grandes personnalités du monde politique européen pour préparer la Libération.

      

    Ace titre, il a une entrevue avec Churchill, à Marrakech en janvier 1944 et requiert l’obtention d’armes pour la Résistance.

    Il débarque en France en juillet 1944. Il est nommé ministre de l’Intérieur du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) du 26 août au 10 septembre 1944. Il démissionne rapidement (en septembre) après avoir refusé la proposition de servir comme ambassadeur à Washington. Il est opposé à la politique du titulaire du poste du Quai, Georges Bidault.

      

    De Gaulle pour le convaincre lui dira :

      

    « vous ferez ma politique »(2).

      

    François Broche raconte :

      

    « D’Astier refusera. Il aura plus tard ce commentaire d’une flagrante partialité : « il avait été trop habitué à trouver des hommes seuls, dociles, dont il déterminait la carrière et qui étaient vite apaisés à condition de passer d’un honneur à l’autre ou d’un échelon à l’autre. »

      

    D’Astier de la Vigerie est fait Compagnon de la Libération.

     

      

    UN ESPRIT LIBRE ET BRILLANT

      

    Il entame une carrière politique d’esprit libre et brillant. Homme de gauche, progressiste, proche du Parti communiste, il est élu député d’Ille-et-Vilaine pendant 13 ans (1945-1958).

      

    Il ne suit pas toutes les consignes du PCF. Ainsi, il condamne l’intervention de l’URSS en Hongrie, tout autant que celle de l’armée française envoyée par le gouvernement Guy Mollet à Suez. Il est pacifiste.

     

    Il s’oppose à la ratification de la CED et appartient au Mouvement de la Paix.

      

    Il reçoit le Prix Lénine pour la Paix 1957. En 1961, il rédige : Les Grands, ouvrage qui brosse de vigoureux et brillants portraits des personnalités qu’il a connues, comme : Churchill, Staline, de Gaulle, Eisenhower, Khrouchtchev...

    Politiquement, s’il refuse la confiance à de Gaulle le 1er juin 1958, il se rapproche peu à peu des positions gaullistes et devient un « Compagnon de route des gaullistes de gauche ».

     

      

    UN INTELLECTUEL DANS L’ACTION

      

    En août 1944, le journal Libération reparaissait hors de la clandestinité. Il était dirigé par d’Astier. Le 21 août, il devint quotidien. La direction du journal était tenue par Emmanuel d’Astier et Pierre Hervé l’ancien responsable de l’Union des Étudiants Communistes.

      

    La presse française vivait alors des moments difficiles. Libération ne fut pas en reste, d’autant que l’union entre le PCF et les progressistes français ne se faisait pas. La ligne éditoriale de Libération fut frappée de plein fouet.

      

    En 1948, Georges- Eugène Vallois, autre résistant, homme de presse venu du Franc-Tireur, rejoint la direction du journal. Le quotidien s’éteindra en 1964. Entre février 1966 et juin 1969, Emmanuelle d’Astier crée un journal atypique : L’Événement.

      

    C’est un mensuel politique, social, culturel où se côtoient Pierre Dumayet, Pierre Viansson-Ponté, Paul-Marie de la Gorce, Jean Lacouture, Bernard Kouchner, Jean Bertolino, etc.

      

    La ligne est gaulliste de gauche, pacifiste, tiers-mondiste. Il rédige et publie également des ouvrages, dont les plus connus sont Sept fois sept jours et Les Dieux et les hommes.

      

    Pour reprendre le sous-titre de la seule biographie disponible pendant longtemps – livre aujourd’hui épuisée (3) – sur Emmanuel d’Astier de la Vigerie, et ce jusqu’au récent travail de son neveu Geoffroy (4), l’homme était « La plume et l’épée».

     

    (1) http://www.cheminsdememoire.gouv.fr

    (2) François Broche, Les hommes de De Gaulle, leur place, leur rôle, Pygmalion, 2006

    (3) Jean-Pierre Tuquoi, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, la plume et l’épée, Arléa, 1987

    (4) Geoffroy d’Astier de la Vigerie, Emmanuel d’Astier de la Vigerie : combattant de la Résistance et de la Liberté (1940-1944), France-Empire, 2010

     

     

    SOURCES

    http://www.actualite-histoire.com/les-dossiers/portrait-d-un-homme

    -libre-emmanuel-d-astier-de-la-vigerie/

     

     

     

     

     

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    Femmes de l'Ombre et Compagnons de la Libération


    « Soldats tombés dans les déserts, les montagnes ou les plaines, marins noyés que bercent toujours les vagues de l'océan, aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre ; combattants de la Résistance tués aux maquis et aux poteaux d'exécution ; vous tous qui à votre dernier souffle, avez mêlé le nom de la France, c'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort, cimenté les résolutions… »

     

    Charles de GAULLE

    (Préface du Mémorial des Compagnons).

      

    L'appel du Général De Gaulle

    Je tenais absolument, à évoquer ces héroïques Résistants Femmes, Enfants et Hommes, civils ou militaires… qui fidèles au devoir qu'ils s'étaient tracés ; luttèrent, au mépris de tous les dangers, sans trêve, de toutes leurs énergies et parfois même jusqu'à la mort… pour la Liberté.

    En novembre 1940, par l'Ordonnance N° 7, Charles de Gaulle décide de créer une récompense spéciale destinée à ceux qui en dehors des actes quotidien du champ de bataille, auraient, par des voies du combat à front découvert ou de l'action clandestine, travaillé d'une façon particulièrement remarquable à la Libération de l'Empire Français.

     

    En voici le texte :

    « - Article Ier. - Il est crée un Ordre dit « Ordre de la Libération », dont les membres porteront le titre de « Croisés de la Libération »
    Cet Ordre est destiné à récompenser les personnes ou collectivités militaires ou civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de la Libération de la France et de son Empire.

    - Article 2. - L'insigne unique de cet Ordre est la Croix de la Libération.

    - Article 3. - L'admission dans l'Ordre de la Libération est prononcée par le Chef des Français Libres.

    - Article 4.
    - Les modalités d'application de la présente ordonnance seront réglées par décret.

    - Article 5. - La présente ordonnance sera promulguée au Journal Officiel de l'Empire et, provisoirement au Journal Officiel de l'Afrique Equatoriale Française.

    Fait à Brazzaville, le 17 novembre 1940. »

    Le modèle de Croix retenu par le Général de GAULLE fut celui crée par le capitaine MELLA.

    - Il consiste en un écu de bronze sur lequel figure une croix de Lorraine noire ; sur son verso la devise de l'Ordre :

    « PATRIAM SERVANDO VICTORIAM TULIT -
    En servant la Patrie il a remporté la Victoire »


    Le ruban moiré, étant à bandes également noires en signe de deuil sur un fond de couleur verte, symbole d'espérance. Sur le premier modèle les bandes étaient en diagonale, contrairement à la version définitive…

    Copie de CROIX DE LA LIBERATION B.jpg

    De gauche à droite : Croix 1er type, modèle definitif recto et verso

     

     

     

    C'est ainsi que naquit « l'Ordre de la Libération ».

      


    - Suivant l'ordre protocolaire la Croix de la Libération se porte juste après la Légion d'Honneur, c'est-à dire avant la Médaille Militaire et les différentes Croix de Guerre. (1914-1918, 1939/1945).

    Les membres prirent tout d'abord le titre de « Croisés de la Libération » puis celui de « Compagnons de la Libération ».

    Parmi eux 6 femmes :
     


    Berty ALBRECH
    (15/02/1893 ~ 31/05/1943)

     

    - Alias : « Victoria »

     

    Berty Albrecht.jpg

     

    Photo aimablement

     

    communiquée par le Musée

    de l'ordre de la Libération

     

    Née à Marseille, Berty Wild après des études classiques passe un diplôme d'infirmière… Elle part alors pour Londres, où elle occupe la fonction de surveillante dans une pension de jeunes filles...

      


    De retour à Marseille, au début de la Première Guerre mondiale, elle travaille pour la Croix-Rouge dans plusieurs hôpitaux militaires.
    Elle épouse ensuite un banquier hollandais Frédéric Albrecht …dont elle aura deux enfants, Frédéric et Mireille.

      


    Rentrée en France en 1931, elle devient membre de la ligue des droits de l'homme puis crée en 1933 une revue féministe, « Le Problème sexuel » .
    elle s'occupe également des réfugiés allemands fuyant le nazisme…

      

    En juin 1940 après l'armistice elle fait passer la ligne de démarcation à des prisonniers évadés.
    Puis s'installe l'année suivante à Lyon. Commissaire au chômage, elle ouvre des ateliers de couture pour les chômeuses.

      


    Militante connue d'avant-guerre, et fonctionnaire de l'Etat français elle toutefois est surveillée de près par la police française et, par les services allemands...
    Fin 1941, Berty et le capitaine Henri Frenay reconnaissent le général de Gaulle en tant que symbole de la Résistance. Ils lancent successivement trois journaux : « le Bulletin », « Les Petites Ailes de France », puis « Vérités » et enfin « Combat ». Leur mouvement prend alors le nom de « Combat ».

      


    Berty Albrecht est arrêtée une première fois en janvier 1942 puis, relachée, elle est contrainte de démissionner. Une nouvelle fois arrêtée fin avril 1943 elle est condamnée à six mois fermes de prison… Libérée par un commando
    « Victoria » reprend immédiatement ses activité dans la Résistance.

    Arrêtée le 28 mai suivant, elle s'évade de la Prison de Fresnes en 1943 après avoir été torturée et met fin à ses jours.

      


    - Son corps repose dans le caveau n° 5 du Mémorial de la France combattante au Mont Valérien.

    . Compagnon de la Libération (août 1943),
    . Médaille Militaire,
    . Croix de Guerre avec palme,
    . Médaille de la Résistance avec Rosette.


    Laure DIEBOLD, (10/01/1915 ~ 17/10/1965),
    Alias :
    « Mona - Mado. »


     

    Laure Diebold.jpg

     

     

    Photo aimablement

     

    communiquée par le Musée

    de l'Ordre de la Libération

     

    Née à Erstein - Bas-Rhin, Laure Mutschler a passé une grande partie de sa jeunesse à Sainte-Marie-aux-Mines où ses parents s'y étaient établis dès 1922.

      

    A la fin de ses études de secrétaire dactylo bilingue (Français-Allemand), Laure travaille aux usines Elastic à Saint-Louis (1935-1939).

      


    … Après l'Armistice elle rejoint une organisation de passeurs de prisonniers évadés. Contrainte de quitter l'Alsace, c'est à Lyon qu'elle retrouve son fiancé Eugène Diebold fin 1941. Jeune mariée, elle travaille comme secrétaire pour le service des réfugiés d'Alsace-Lorraine puis elle entre en 1942 comme agent du réseau « Mithridate » avec le pseudonyme de « Mado » (catégorie P.1); arrêtée le 18 juillet avec son époux elle est relâchée quelques jours plus tard…

      

    Réfugiée à Aix-les-Bains, Laure Diebold passe dans la clandestinité et devient « Mona ».

      


    Dès le mois d'août 1942,
    elle est affectée au service de Jean Moulin en qualité d'agent P.2 avec le grade de lieutenant... En mars 1943 « Mona » s'installe à Paris où elle travaille jours et nuits... Après l'arrestation de Jean Moulin en juin 1943 elle demeure à Paris. Arrêtée une nouvelle fois le 24 septembre elle échappe à la torture et est conduite à Fresnes. Internée à Strasbourg elle est envoyée au camp de Schirmeck en janvier 1944, puis déportée à Auschwitz…


    Laure Diebold est ensuite internée au camp de Ravensbrück, puis transférée le 6 octobre 1944 au kommando de Taucha (dépendant de Buchenwald). Libérée en avril 1945 par les Américains.


    Elle retrouve à Paris son mari, lui aussi de retour de déportation. Très affaiblie Laure Diebold reprends le travail à la DGER, elle assure ensuite les fonctions de bibliothécaire (1957) et meurt subitement le 17 octobre 1965...

    . Chevalier de La Légion d'Honneur,
    . Compagnon de la Libération (novembre 1944),
    . Croix de Guerre 39 - 45,
    . Médaille des Services Volontaires dans la France Libre.


    Marie HACKIN, (07/08/1905 ~ 24/02/1941),

    Marie Hackin.jpg

     

     

    Photo aimablement

    communiquée par le Musée

    de l'Ordre de la Libération

    Née à Rombas en Moselle, Marie Parmentier, fille d'un Luxembourgeois, suit des études d'archéologie à l'Ecole du Louvre. Elle épouse, en 1928, Joseph Hackin archéologue directeur du musée Guimet, puis effectue ensuite avec son mari différentes campagnes de fouilles en Afghanistan…où elle dirige entre-autre deux chantiers de fouilles sur le site de Begram à environ 60 km de Kaboul (1937).

     

    Refusant l'Armistice et soutenant le Général de Gaulle les époux Hackin, quittent d'Inde, à destination de Londres.

     

    Engagée en décembre 1940 comme sous- lieutenant dans les Forces Française Libres, Marie Hackin participe activement à la formation du corps féminin de la France Libre.

    Elle disparait en mission le 24 février 1941 avec son mari le commandant Joseph Hackin lui aussi Compagnon de la Libération… Le bateau les transportant le « Jonathan Holt » ayant été torpillé dans le secteur du Cap Finistère…

     


    . Compagnon de la Libération (mai 1941),

    . Croix de Guerre 39 - 45 avec palme,

    . Médaille Commémorative 39 - 45.


    Marcelle HENRY, (07/09/1895 ~ 24/04/1945)

    Marcel henry.jpg

     

     

    Photo aimablement

    communiquée par le Musée

     

    de l'Ordre de la Libération


    Née à Angers, Marcelle Henry, fille d'un inspecteur départemental du travail effectue ses études secondaires à Limoges puis à Paris.


    Bachelière licenciée en histoire-géographie, elle est d'abord enseignante puis, en septembre 1919, elle entre au ministère du travail comme auxiliaire temporaire, titularisée en 1922 elle est promue sous-chef de bureau en 1931...

      

    Fervente catholique, opposée à la collaboration elle prends contact avec la Résistance au lendemain de l'armistice…entreposant chez elle des tracts qu'elle distribue ensuite dans les usines…


    Très appréciée de sa hiérarchie, Marcelle Henry est placée, outre ses fonctions professionnelles, à la tête du Service central et du Secrétariat de la Direction du Travail partir de 1942.


    Dès septembre 1943, elle est incorporée dans les Forces Françaises Combattantes - BCRA ~ Bureau Central de Renseignement et d'Action - en tant qu'agent de liaison dans un réseau prenant en charge les officiers français et alliés évadés, tout en assurant leur hébergement.

    Elle y travaille sous les ordres du commandant Jacques Mitterrand

    alias « Julien »


    La gestapo l'arrête le 4 juillet 1944, torturée puis condamnée à mort, le jour même où elle est promue sous-lieutenant (agent P.2) ; elle est finalement déportée au camp de concentration de Ravensbrück puis transférée à Torgau, Kommando de Buchenwald, où elle refuse catégoriquement de travailler à la fabrication de munitions et d'explosifs… ce qui lui vaut de nouvelles maltraitances et privations...

      

    Libérée par la Croix Rouge en janvier 1945 et rapatriée en France le 14 avril elle décède des suites des privations et des mauvais traitements à Paris le 24 avril suivant.

    . Chevalier de la Légion d'Honneur,
    . Compagnon de la Libération (27 avril 1945),
    . Croix de Guerre 39 - 45 avec palme,
    . Officier du Mérite Social à titre posthume.


    Simone MICHEL - LEVY, (19/01/1906 ~ 10/04/1945)
    - Alias :
    « Emma, Françoise, Madame Royale, Mademoiselle Flaubert, Madame Bertrand. »


     

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    Photo aimablement

    communiquée par le Musée

    de l'Ordre de la Libération

    Née à Chaussin dans le Jura, titulaire du brevet élémentaire, elle entre aux PTT à l'âge 16 ans et demi… En 1939 elle est contrôleur-rédacteur au département de la Direction et du Contrôle technique à Paris.. Après la capitulation, Simone Michel-Levy entre dans la Résistance, elle s'occupe notamment de la commutation des communications téléphoniques lieu stratégique, dont elle fait une agence clandestine d'information, en particulier vers la Normandie.

      

    « Françoise » participe activement dès 1941 à la formation du réseau « action PTT » qui devient en 1943 « Etat-major PTT » assurant le transport du courrier clandestin sur toute la France… réalisant ainsi sous ce pseudonyme et celui de « Madame Royale » un excellent réseau d'acheminement du courrier par voie maritime ou par voie aérienne dans les deux sens…

      

    En 1943 elle sabote des départs pour le STO en établissant plus d'une centaine de cartes professionnelles à des jeunes pour leur éviter le Service du Travail Obligatoire, Agent P.1 puis P.2 (permanent) elle mène alors une véritable double vie… Le 5 novembre suivant, suite à la trahison de « Tilden » , chef opérateur radio à la CND, « Emma » est attirée par ce dernier dans un piège…

      

    Arrêtée, elle est aussitôt conduite dans les locaux de Georges Delfanne, au 101 avenue Henri Martin ; horriblement torturée, Simone Michel-Levy ne lâche rien… Elle est ensuite livrée à la Gestapo (rue des rue des Saussaies).

     

    Déportée au camp de Ravensbrück en février 1944, « Emma » est envoyée dès le mois d'avril suivant au Kommando de Holleischen (Tchécoslovaquie) où elle continue de résister en procédant à divers sabotages…


    Transférée au camp de Flossenbürg en Bavière; Simone Michel-Levy sera pendue par les Allemands le 10 avril 1945, une dizaine de jours avant la libération du camp…

    . Chevalier de la Légion d'Honneur,
    . Compagnon de la Libération ( 26 septembre 1945),
    . Croix de Guerre 39 -45 avec palme,
    . Médaille de la Résistance.


    Emilienne MOREAU - EVRARD, (04/06/1898 ~ 05/01/1971)
    - Alias : « Jeanne Poirier, Emilienne la Blonde . »


    Emilienne Moreau-Evrard.jpg

     

     

    Photo aimablement

    communiquée par le Musée

    de l'Ordre de la Libération

     

    Née à Wingles (Pas-de-Calais), future institutrice, héroïne de Loos à 17 ans (Guerre 1914/1918) , pour avoir aidé et sauvé des soldats Britanniques :

    Croix de Guerre avec palme, Royal red Cross (first class) et titulaire de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem, Emilienne Moreau, issue d'une famille de mineurs, est citée à l'ordre de l'armée par le général Foch, reçue par le Président de la République, Raymond Poincaré, puis à Londres par le roi George V.

    Ayant passé avec succès ses diplômes d'enseignement elle termine la guerre en tant qu'institutrice à Paris. Après l'armistice (11 novembre 1918)

    elle retourne à Calais où elle épouse, en 1932, Just Evrard et devient Secrétaire générale des Femmes Socialistes du Pas-de-Calais en 1934...


    Connue pour ses actions durant la Première Guerre Mondiale elle est arrêtée au lendemain de la capitulation. Cela ne l'empêche pas de constituer « la Section Socialiste » de Lens. Une nouvelle fois arrêtée en 1941, elle devient agent de liaison du réseau « Brutus » en 1942, puis rentre au mouvement « la France au Combat » en avril 1943. L'année suivante Emilienne Moreau-Evrard part pour Londres.


    De retour en France en septembre 1944, elle remet sur pied avec son mari les sections socialistes du Pas-de-Calais…Elle est l'une des six femmes à être faites « Compagnon de la Libération » le général de Gaulle la décore en août 1945 à Béthune.


    Membre du comité directeur du parti socialiste de 1945 à 1963, elle occupe également les fonctions de conseillère honoraire de l'Assemblée de l'Union française de 1947 à 1958. À l'aube de la Cinquième République, elle abandonne ses activités publiques et publie ses mémoires…

    Emilienne Moreau-Evrard décède le 5 janvier 1971 à Lens.



    . Officier de la Légion d'Honneur,
    . Compagnon de la Libération (11 août 1945),
    . Croix de Guerre 14 - 18 avec palme,
    . Croix de Guerre 39 - 45,
    . Croix du Combattant 14 - 18,
    . Croix du Combattant Volontaire de la Résistance,
    . Military Medal (GB),
    . Royal Red Cross - first class (GB),
    . Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (GB).

    - Au travers de ces 6 Compagnons de la Libération, rendons également hommage à toutes les autres Femmes qui, engagées dans un combat sans trêve, « à front découvert ou dans la lutte clandestine », ont fait preuve, au mépris de tous les dangers, de dévouement et de sacrifice… n'hésitant pas un seul instant à donner leurs vies pour servir un Idéal et leur Patrie.

    …Mais aussi un enfant âgé de 14 ans lorsqu'il fut abattu par les Allemands le 4 Juillet 1944 en Bretagne (Morbihan) ; il s'appelait Mathurin HENRIO

    dit « Barrioz »

    Citons également parmi ces héroïques résistants et combattants à avoir été admis au sein de l'Ordre pour leurs actions dans la lutte clandestine ou sur les champs de bataille :

    - L'un des premiers Français le Père Thierry d'ANGELIEU de l'Ordre des Carmes, le lieutenant-colonel Félix BROCHE, le capitaine Gaston Duché de BRICOURT, le commandant Emile FAYOLLE, Fred SCARAMONI, Jean MOULIN, Pierre BROSSOLETTE, Camille CHEVALIER, Romain GARY ;

    … Pierre CLOSTERMANN, Philippe LECLERC de HAUTECLOQUE, Jean DELATTRE de TASSIGNY, Pierre-Marie KOENING, René CASSIN (Prix Nobel de la Paix 1968), André MALRAUX, Charles DELESTRAINT ….

    … André AALBERG, Gabriel BABLON, Georges CABANIER, André DAMMANN, Félix EBOUE, Yves FARGE, Pierre GABARD, Joseph HACKIN, Paul IBOS, Henri JABOULET,


    André KAILAO, Henri LABIT, Felipe MAEZTU, Jean NANTERRE, Paul ODDO, René PAILLERET, René QUAINTIN, Philippe RAGUENEAU, Raymond SABOT, Benjamin TAGGER, Pierre-Paul ULMER, Martial VALIN, Agoussi WABI,

    André ZIRNHELD…



    Des personnalités étrangères :

    Le roi GEORGES V(nommé à titre posthume), Sir Winston CHURCHILL, le roi Mohamed V du Maroc, le Maréchal MONTGOMERY, le Général Dwight EISENHOWER furent faits Compagnons de la Libération.

    Ainsi que Les villes suivantes :

    - Nantes, le 11 novembre 1941,


    « Ville héroïque qui depuis le crime de la capitulation, a opposé une résistance acharnée à toute forme de collaboration avec l'ennemi… Un magnifique exemple de courage et de fidélité. Par le sang de ses enfants martyrs, vient d'attester devant le monde entier la volonté française de libération nationale… » (extrait)

     

    Copie de Copie de BLASON NANTES.jpg

     

      

    . Ordre de la Libération,

    . Croix de Guerre 39 -45.

     

     


    -
    Grenoble, le 4 mai 1944.


    « Ville héroïque à la pointe de la résistance française et du combat pour la libération. Dressée dans sa fierté, livre à l'Allemand, malgré ses deuils et ses souffrances, malgré l'arrestation et la massacre des meilleurs de ses fils, une lutte acharnée de tous les instants bravant les interdictions… a manifesté le 11 novembre 1943 sa certitude de la victoire et sa volonté d'y prendre part… A bien mérité de la Patrie » (extrait)

    Copie de Copie de BLASON GRENOLE.jpg

     

     

    . Compagnon de la Libération,

    . Croix de Guerre 39 - 45 avec palme.


    - Paris, le 24 mars 1945,


    « Capitale fidèle à elle-même et à la France, a manifesté, sous l'occupation et l'oppression ennemies, sa conviction inébranlable de combattre et de vaincre. Le 19 août, conjuguant ses efforts avec ceux des armées alliés et Française, s'est dressée pour chasser l'ennemie par une série de glorieux combats…

    Malgré les lourdes pertes subies par les Forces Française de l'intérieur levées en son sein, s'est libérée par son propre effort, puis unie à l'avant-garde de l'Armée française venue à son secours, à, le 25 août, réduit l'Allemand dans ses derniers retranchement et l'as fait capituler… » (extrait)

    Copie de Copie de BLASON PARIS.JPG

     

     

    . Légion d'Honneur

     

    . Compagnon de la Libération,

    . Croix de Guerre 39 - 45, avec palme.

     

    - Vassieux-en-Vercors, le 4 août 1945.


    « Village du Vercors qui, grâce au patriotisme de ses habitants, s'est totalement sacrifié pour la cause de la résistance française en 1944. Principal centre de parachutage pour l'aviation alliée sur le plateau, a toujours aidé de tous ses moyens les militaires du Maquis dans les opérations de ramassage d'armes… Charnière de la Résistance, grâce à la coopération de tous ses habitants et du Maquis… eu en 1944, 72 habitants massacrés et la totalité de ses maisons brulées…

    Martyr de sa foie en la résurrection de la Patrie... » (extrait)

    Copie de Copie de BLASON VASSIEU EN VERCORS.JPG

     

     

    . Compagnon de la Libération

    . Croix de Guerre 39 - 45, avec palme.

     


    - L'Ile de Sein, le 1 janvier 1946.


    « Devant l'invasion ennemie, s'est refusée à abandonner le champ de bataille qui était le sien : la mer. A envoyé tous ses enfants au combat sous le pavillon de la France Libre, devenant ainsi le symbole de la Bretagne tout entière… »

    Copie de Copie de BLASON ILE DE SEIN.JPG

     

     

     

    . Compagnon de la Libération,

    . Croix de Guerre 39 - 45, avec palme,

    . Médaille de le Résistance.

     

     

    Dix huit unités militaires (Terre, Mer, Air) eurent également leurs Emblèmes décorés de la Croix de la Libération :

    ARMEE de TERRE :


    . 1ère DFL (1ère Division Française Libre - 18 juin 1940)
    . 2ème DB ( 2ème Division Blindée - 18 juin 1940)

    Copie de 1 DFL 2 DB.jpg

     

     

    Insignes de gauche à droite 1e DFL, 2e DB

     

     



    - Bataillon de Marche n° 2................................................ 09 SEPTEMBRE 1942,
    - 13ème Demi-brigade de la Légion Etrangère.................06 AVRIL 1945,
    - Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique...........28 MAI 1945,
    - Régiment de Marche du Tchad......................................12 JUIN 1945,
    - 2ème Régiment d'Infanterie Coloniale...........................12 JUIN 1945,
    - 1er Régiment d'Artillerie Coloniale.................................07 AOUT 1945,
    - 1/3 Régiment d'Artillerie Coloniale................................07 AOUT 1945,
    - 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains..............07 AOUT 1945,
    - 501ème Régiment de chars de combat............................07 AOUT 1945.

    ARMEE de L'AIR :


    . FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres : 1er JUILLET 1940)

    Copie de Insigne FAFL.jpg

     

     

    Insigne des FAFL


    - 1ère Escadrille de Chasse...................................................01 JUIN 1941,
    - 2ème Régiment Normandie-Niemen.................................11 OCTOBRE 1943,
    - 2ème Régiment de Chasseurs Parachutistes.....................08 NOVEMBRE 1944,
    - Groupe de Bombardement Lorraine..................................28 MAI 1945,
    - Groupe de Chasse Alsace...................................................28 MAI 1945,
    - Groupe de chasse Ile de France..........................................28 MAI 1945.

    MARINE :


    . FNFL (Forces Navales Françaises Libres : 1er JUILLET 1940)

    Copie de Libération 1 Type230.jpg

     

     

    " Perchoir " des FNFL

     

     


    - Sous marin « Rubis ».........................................................14 NOVEMBRE 1941,
    - Corvette « Aconis »...........................................................19 AVRIL 1943,
    - 1e Régiment de fusiliers Marins........................................12 JUIN 1945.

    J'ajoute pour conclure que le cérémonial est analogue à celui de la Légion d'Honneur ; la formule d'investiture est la suivante :

    - « Nous vous reconnaissons comme notre Compagnon pour la Libération de la France dans l'Honneur et la Victoire. »


    - Un décret du 23 janvier 1946 décida qu'il ne serait plus attribué de Croix de la Libération après cette date, l'Ile de SEIN fût sans doute une des toutes dernière à recevoir la prestigieuse distinction…si l'on excepte Sir Winston CHURCHILL qui l'obtint par dérogation en 1958.

    Le nombre de Compagnons s'élevant alors à 1061, en tenant compte des villes, des unités et des personnes morales à avoir été faites « Compagnons de la Libération »

    Parmi les 1038 femmes, hommes, enfants, à avoir été nommés soit à titre militaire ou civil : 271 compagnons le furent à titre posthume et 65 d'entre eux sont morts pour la France avant la fin de la guerre…

    Le 31 août 1947, fut remis, au Général de GAULLE, le Collier de Grand-Maître de l'Ordre de la Libération ; œuvre réalisée par le ferronnier d'art POILLERAT, le Général fût et restera le seul à l'avoir porté…

    Copie de GRAND MAITRE.jpg

     

    Général de GAULLE

    portant le Collier de Grand-Maître

    de l'Ordre de la Libération


    De 1941, date de sa création à nos jours, sept Chanceliers se sont succédés à la tête de l'Ordre :

    - Amiral Georges Thierry d'ARGENLIEU : 1941 ~ 1958,
    - Général François INGOLD : 1958 ~ 1962,
    - M. Claude HETTIER de BOISLAMBERT : 1962 ~ 1978,
    - Général d'Armée (cr) Jean SIMON : 1978 ~ 2002,
    - Général d'Armée (cr) Alain de BOISSIEU 2002 ~ 2006,
    - M. Pierre MESSMER : 2006 ~ 2007,
    - M. le Professeur François : JACOB depuis 2007.


    En 1996, par un arrêté du Ministère de la Défense, composé de 6 articles, précisant :

    - « Il est crée un insigne spécial portant le nom de « fourragère de l'Ordre de la Libération » destiné à pérenniser l'Ordre de la Libération et à préserver de l'oubli le souvenir des Compagnons de la Libération. » (article premier).

    - Les unités suivantes, héritières de leurs glorieux Aînés, se virent remettre la Fourragère aux couleurs de l'Ordre de la Libération :

    ARMEE de TERRE :

    - 1er Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine - Marsouins - (héritier des Traditions du 2ème Régiment de Parachutistes de l'Armée de l'Air).
    - 13ème Demi-Brigade de la Légion Etrangère.
    - Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique - Marsouins - (héritier des Traditions du Bataillon d'Infanterie de Marine du Pacifique).
    - Régiment de Marche du Tchad ( héritier des Traditions du 1er Régiment de Marche du Tchad)


    - 2ème Régiment d'Infanterie de Marine - Marsouins - ( héritier des Traditions du 2ème Régiment d'Infanterie Coloniale)
    - 1er Régiment de Spahis (héritier des Traditions du Régiment de Marche de Spahis Marocains)


    - 501ème Régiment de Chars de combat

    (héritier du 501ème Régiment de Chars)


    -1er Régiment d'Artillerie de Marine - Bigors - (héritier des Traditions du 1er Régiment d'Artillerie Coloniale)


    - 3ème Régiment d'Artillerie de Marine - Bigors - (héritier des Traditions du 1/3ème Régiment d'Artillerie Coloniale).



    MARINE NATIONALE :

    - Sous-marin « Rubis »
    - Corvette « Aconis »
    - Ecole des Fusiliers Marins (héritière des Traditions du 1er Régiment de Fusiliers Marins).

     

    ARMEE de l'AIR :

    - Escadron de Chasse 2/30 « Normandie/Niémen » (héritier des Traditions du Groupe de Chasse « Normandie » ).
    - Escadron de Chasse 1/30 « Alsace » (héritier des Traditions du Groupe de Chasse « Alsace »).


    - Escadron de Chasse 2/5 « Ile de France » (héritier des Traditions du Groupe de Chasse « Ile de France » ).


    - Escadron de Chasse 3/33 « Lorraine » (héritier des Traditions du Groupe de Bombardement « Lorraine »).



    . Le 18 juin 1996, ces fourragères, aux couleurs de l'Ordre de la Libération furent remises, au Mont Valérien par le Président de la République Jacques CHIRAC, aux 17 unités de l'Armée Française,

    faites Compagnons de l'Ordre de la Libération, .

    . En 2008, il ne restait plus que 58 Compagnons vivants, leur doyen, Pierre-Louis Dreyfus, eût 100 ans le 17 mai de cette même année …le plus jeune comme je l'ai précédemment souligné était âgé de 14 ans…

    . En 2011, date où le Conservateur Vladimir TROUPLYN et la Documentaliste Béatrice PARRAIN du Musée de l'Ordre de la Libération (Hôtel National des Invalides) ont eu l'extrême amabilité de me fournir certaines informations après, notamment, le décès de Pierre-Louis Dreyfus à 102 ans ; ils ne sont plus que 38...

    - Au flanc du mont Valérien, dans la Crypte de la France Combattante, il est un tombeau vide où viendra reposer, un jour, le dernier des Compagnons de la Libération…

    Copie de Copie de Mont-Valerien-300x224.jpg

     

    Mémorial du Mont Valérien

     


    « Je n'ai peur ni de la mort ni des hommes »

     

    Berty ALBRECHT.

     




    Remerciements
    :


    - L'auteur tient à remercier le Musée de l'Ordre de la Libération ,

    son Conservateur Vladimir TROUPLYN et

    sa Documentaliste Béatrice PARRAIN pour toute l'aide qu'ils lui ont apporté à la rédaction et à l'illustration de ce sujet. 

     

    Sources

    http://www.geoforum.fr/topic/20419-femmes-de-lombre-

    et-compagnons-de-la-liberation/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Cela a marqué les Français, Ouradour-sur-Glane...

      

    tout simplement car c'est le seul "événement" de ce type survenu en France.

      

    C'est ainsi

     

     

     

    Pour apprécier cette vidéo,

    cliquez sur le logo de RADIONOMY,

    colonne à gauche, le fond musical du blog

    sera supprimé.

     

    MERCI

     

    Le nom d'Oradour-sur-Glane reste attaché au massacre de sa population par la division SS Das Reich le 10 juin 1944.

      

    La petite cité est aujourd'hui divisée en trois entités, dont le centre de la mémoire qui constitue en quelque sorte le trait d'union et l'ancien village, conservé à l'état de ruine, qui témoigne des souffrances infligées aux hommes, femmes et enfants de cette petite bourgade, et le nouveau village, reconstruit quelques centaines de mètres plus loin.

      

      

    Miroir de cette PHOTO de Skripink

     

    Oradour est donc un petit village Limousin qui a eu le malheur, le 10 juin 1944, de se trouver sur le chemin des soldats allemands et alsaciens de la division SS Das Reich. Ceux-ci ont encerclé le village en début d'après-midi et rassemblé tous les habitants sur le champ de foire sous prétexte d'un contrôle d'identité. Les hommes, rassemblés dans des granges et garages ont été fusillés puis brûlés.

     

    Il en a été de même pour les femmes et enfants, rassemblés dans l'église. A de rares exceptions près, ceux qui rentraient dans le village n'en ressortaient pas, et quiconque tentait de s'évader était tué. Une seule femme a réussi à s'échapper, ainsi que cinq hommes.

      

    Le massacre a été justifié par le fait qu'Oradour aurait été une cache de résistants : ce n'était pas le cas et les Allemands le savaient. Le but était d'envoyer un message fort. Plus de 600 personnes ont péri et le village a été pillé et incendié.



    Le village a été reconstruit un peu plus loin, et les ruines sont conservées en l'état pour perpétuer le souvenir de cet acte ignoble. Les visiter est bien entendu très poignant, ne serait-ce que parce que cette période n'est pas si éloignée de la notre, et que l'on ne visite pas ici des ruines romaines ou autres mais bien des maisons fort semblables aux notres.

      

    Pour plus d'infos, vous pouvez consulter l'article Massacre d'Oradour-sur-Glane de Wikipédia, qui est d'un très bon niveau.



    Certains parmi vous sont-ils déjà allés à Oradour ?

      

    Et inversement, certains n'en avaient-ils jamais parlé ?

      

    Je pense notamment aux plus jeunes : il serait intéressant de voir si le souvenir de la catastrophe continue à se transmettre.

     

     

     

     

     

     

     

     

    SOURCES

     

    http://titanic.superforum.fr/t2081-le-massacre-d-oradour-sur-glane

    http://www.mmpentax.com/t715-devoir-de-memoire-oradour-sur-glane

     

     

     

     

     

     

     

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    L'Alsace sous domination allemande en 1940 (ville de Sélestat)

    Français : Policier allemand à Colmar (Alsace) en 1940 (rue Kléber vue depuis le carrefour avec le boulevard du Champ de Mars et la rue Stanislas)

     

     

    L’Alsace revient à la France en 1918, mais arrive finalement mal à s’adapter à la vie française : elle arrive dans un Etat plus mal administré, avec des désavantages, bien que certains « plus », comme le système de sécurité sociale, furent conservés.

      

    C’est ainsi avec difficulté que l’Alsace redevient Française, et elle aura à nouveau du mal à s’adapter à l’Allemagne lors de l’occupation nazie.

     

     

    Le dictateur A. Hitler lors d\'un de ses passages en Alsace, ici à Neuf-Brisach

      

    DRLe dictateur A. Hitler lors d'un de ses passages en Alsace, ici à Neuf-Brisach

      

    Lorsque la guerre est déclarée en septembre 1939, une très grande partie des habitants de la région, où est située une bonne partie de la Ligne Maginot construite dans l’Entre-Deux-Guerres, est évacuée. On place ces populations dans le Sud-Ouest de la France, où leur mauvaise maîtrise de la langue française n’aide pas.

     

    Après la Blitzkrieg, l’Alsace est annexée à l’Allemagne d’Hitler fin juillet 1940. Les exilés rentrent pour la plupart chez eux, mais n’y trouvent que l’oppression nazie.

      

    Un climat de Terreur est instauré par les occupants : de nombreux avantages sont supprimés, les clauses du Concordat de 1801 écartés et les religieux livrés à eux-mêmes, les écoles enlevées aux clercs.

     

    De nombreux jeunes sont enrôlés de force dans les Jeunesses Hitleriennes et dans la Wehrmacht ; ce seront les célèbres Malgré-Nous, ces Français opposés à l’Allemagne nazie qui n’auront d’autres choix, par peur et par pression, que de rejoindre les forces allemandes.


    La plupart des Malgrés-Nous sont envoyés sur le très difficile front russe, où beaucoup y perd la vie. Certains n’ont pas plus de 15 ans, et seront fauchés par les balles et le obus avant même de se rendre compte de leur sort. Beaucoup seront abandonnés à leur sort à la fin des combats, et devrons regagner leur domicile seuls, à pied, sans nourriture.


    Très meurtrier à cause des combats, des maladies et du froid, le front russe tua beaucoup. Au final, ce sont presque 43.000 Alsaciens « Malgré-Nous » qui disparurent dans les troupes d’Hitler, dont seuls les corps de trois quarts de ceux-ci furent retrouvés.

     

     

    Accueil des troupes françaises en Alsace 1919

    l'armée française victorieuse occupe l'Alsace qui réintègre la France après le traité de Versailles-Un artilleur du 15° régiment d'artillerie-155CTR-un fantassin du 239°

     

      

      

    L’Alsace est également le théâtre d’autres scènes d’horreur avec l’installation du camp de concentration du Struthof, à Natzwiller, ainsi qu’un autre non-loin à Schirmeck ; ce seront les deux seuls camps de ce type situés en France. Originellement camp de travail, le Struthof fut aussi lieu d’expérimentations médicales et de déportation pour les Juifs, Tziganes, ennemis politiques, homosexuels… On estime que 22.000 d’entre eux y laissèrent la vie.

     

    C’est donc une véritable libération, au sens propre comme figuré, que l’arrivée des troupes alliées fin 1944. L’Alsace sera la dernière région française libérée, et intègre officiellement la nouvelle IVe République française en 1946, une année après l'armistice signé le 8 mai 1945.

     

     

     

     Carte de l'Alsace-Lorraine, extrait du livre scolaire "La deuxième année

    de géographie" de Pierre Foncin, publié en 1888.

      

      

      

      

      

    Histoire du camp de concentration du Struthof

     

     

    Ancien et unique camp de concentration en France avec celui de Schirmeck, le Struthof (ou camp de Natzweiler) est aujourd'hui un musée et un mémorial sous le nom de Centre Européen du Résistant Déporté.

    Histoire du camp de concentration du Struthof

    Le camp de concentration de Natzweiler est ouvert dans la zone de l'Alsace annexée en mai 1941; le lieu est nommé KL-Natzweiler par les nazis. On retrouve parfois des documents qui réduisent le nom en "KL-Na".

    Il est formé d'un camp central ainsi que de plusieurs dizaines (environ 70) de camps annexes répartis sur les deux rives du Rhin.

    Le camp du Struthof avait deux rôles : un camp de travail ainsi qu'un lieu d'expérimentations médicales pour les chercheurs nazis de l'Université de Strasbourg. Les déportés sont pour la plupart des ennemis politiques, mais également des Juifs, des Tziganes ou des homosexuels, provenant de toutes les nations.

     

    On estime que le camp de concentration du Struhtof a vu 52 000 déportés entrer ou transiter par ses grilles; 22 000 détenus, soit plus de 40%, parmi eux y auraient laissé la vie, ce qui fait du KL-Natweiler un des camps de concentration les plus meurtriers du nazisme.

     

    Visiter un haut lieu de mémoire

    Aujourd'hui, l'ancien camp de concentration est un mémorial et un musée. Rebaptisé Centre Européen du Résistant Déporté (CERD), le lieu souhaite faire découvrir à ses visiteurs l'intensité de la vie dans les camps de concentration durant la 2e Guerre Mondiale.

     

    Le Mémorial est inauguré en juillet 1960 par le général De Gaulle, dans un camp dont la plupart des fondations ont été détruites par raison sanitaire. Le Mémorial accueille toujours annuellement la cérémonie du Souvenir au cours du mois de juin.

     

    Le musée du Struthof est crée en 1965, après une décision datant de 1964, dans un des derniers baraquements de l'ancien camp. Il présente la vie des déportés telle qu'elle était dans le camp central et ses annexes. Objets, images et films avec des images d'époque illustrent au mieux la difficulté des journées des déportés du Struthof.

    Enfin, le Centre Européen du Résistant Déporté est inauguré en novembre 2005 par le président français Jacques Chirac. Il est né de la coopération de plus de soixante partenaires européens, offrant réellement une dimension communautaire au projet.

    Lieu d'information, le CERD expose au visiteur, sur plus de 2000m², l'histoire de ces Hommes qui se sont élevés partout en Europe contre l'autoritarisme et le fascisme nazi.

     

     

     

     

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    En Aout 1944 l’engagement au sein des FTP, Franc Tireur ou

    d’autres mouvements ne se faisait pas sans réfléxion,

    voici le « contrat » actif en Aout 1944.

     

     

    ENGAGEMENT D’HONNEUR DU FRANC-TIREUR ET PARTISAN FRANCAIS

     

    Après avoir pris connaissance des conditions garanties par le Comité Militaire National des Francs-Tireurs et Partisans Français à chaque engagé dans leurs rangs, condition en vigueur dans les formations de la France Combattante et assurant notamment :

      

    Article 1.-

    Les volontaires de tout grade participant à l’action militaire des F.T.P.F. contre l’ennemi sur tout le territoire ont droit, en cas d’arrestation, pour eux et leur famille à un dédommagement matériel périodique.

     

    Article II.-

    En cas d’invalidité consécutive à une action dans les rangs des F.T.P.F. ou en cas de décès, les volontaires ou leurs ayant droit bénéficieront du régime des pensions militaires appliqué à tous les anciens combattants, leurs descendants directs seront de droit pupilles de la Nation.

      

      

    Article III.-

    Tous les droits et avantages reconnus par la France libérée à tous ceux qui auront combattus les armes à la main contre l’envahisseur, sont acquis de plein droit aux volontaires engagés dans les F.T.P.F. et soldats de la France Combattante.

    Je soussigné , déclare m’engager dans les rangs des F.T.P.F. pour servir avec honneur, en tous lieux et jusqu’à la libération totale du territoire Français.

    Je jure de combattre avec fidélité et discipline dans les unités F.T.P.F. qui sont sur le sol de la Patrie l’avant-garde armée de la France Combattante.

    J’ai conscience des devoirs que j’assume en appartenant aux forces de la libération nationale et de combattre aux côtés des soldats de l’armée du Général de Gaulle, illustrés à Bir-Hakeim et de l’armée du Général Giraud.

    En souscrivant formellement aux prescriptions du Code d’Honneur des F.T.P.F., je m’engage :

     

    1° A SERVIR

    la France en me consacrant de toutes mes forces à l’action contre les envahisseurs et les traîtres à leur solde, afin que la France libre de tout occupant retrouve son indépendance et sa souveraineté au milieu des nations libres.

     

    2° A EXÉCUTER

    avec discipline et conscience tous les ordres, instructions qui me seront donnés par mes chefs, la discipline librement consentie : fermement appliquée étant indispensable à l’accomplissement de notre mission et à la sécurité générale de nos forces.

     

    3° A GARDER

    le secret le plus absolu envers quiconque sur tout ce qui concerne les unités F.T.P.F. et tout ce qui s’y rapporte :

    Leur organisation, leur action, leurs chefs, ainsi que toutes les organisations de Patriotes quelles qu’elles soient.

     

    4° A RÉSISTER

    au cas ou je serais fait prisonnier par l’ennemi ou la Police dite Française, à toutes les menaces comme aux tortures, mais à ne jamais donner aucune déclaration ou indication quelle qu’elle soit sur n’importe quelle organisation de F.T.P. ou autre, ou sur aucune personne, connue ou inconnue, ou sur telle ou telle opération passée ou à venir.

     

    5° A VENGER

    tous les crimes commis par l’ennemi et ses policiers

    contre les Patriotes

     

    6° A RECHERCHER

    tous les traîtres coupables de délation à l’égard d’un Patriote


    ou d’une organisation et qui s’est par là même condamné au châtiment de la peine de mort qui doit lui être appliquée dans le plus court délai et sans recours possible, même après la libération du territoire. Tout individu s’opposant à l’application du châtiment à l’égard d’un délateur devant être considéré comme solidaire de sa trahison et puni en conséquence.

     

    7° A OBSERVER

    scrupuleusement toutes les règles de l’action illégale et clandestines auxquelles sont soumis tous ceux qui combattent contre l’envahisseur dans les conditions de l’occupation du territoire (ces principales obligations et règles sont énumérées dans la note de service 210 A sur la sécurité, dont je déclare avoir pris connaissance)

     

    8° A ACCOMPLIR

    toutes les missions qui me seront confiées avec célérité, esprit d’initiative et abnégation, à reconnaître pour chef au cas ou mon unité se trouverait privée de son commandement au cours de l’action, soit son suppléant, soit le meilleur et le plus expérimenté des combattants, afin de mener l’action jusqu’au bout.

     

    9° A PRÊTER au maximum aide à tout Patriote en danger ou blessé et à faire le maximum d’effort pour l’aider à conserver ou à recouvrer sa liberté.

     

    10° A PARTICIPER

    activement au recrutement de nouveaux combattants pour renforcer les unités de nouveaux F.T.P. , à accroître mon instruction militaire, à aider l’instruction de mes camarades afin d’accroître la qualification de mon unité par l’étude de l’art militaire, du maniement des armes et surtout par un effort constant pour accroître sa force offensive, ses moyens de combat et élever toujours plus le niveau de son action.

     

    11° A CONSERVER

    toujours une conduite exemplaire afin que l’honneur des F.T.P. ne puisse être entaché par un acte indigne d’un soldat de la libération nationale et à faire respecter autour de moi la discipline, à faire régner la discrétion, tout bavardage étant considéré comme un manquement grave à la sécurité et à la discipline.

     

    12° A OBSERVER

    à l’égard de tous les Patriotes appelés à m’aider ou à m’héberger une conduite exemplaire, à veiller à la ville ou à la campagne à l’observation vigilante de toutes les mesures propres à assurer leur sécurité, à savoir passer inaperçu, à restreindre au maximum mes entrées et sorties, à témoigner par ma conduite et ma tenue de ma gratitude à l’égard des Patriotes qui m’aident à accomplir ma mission, à renforcer par mon exemple leur foi dans la cause de la libération de la Patrie.

     

     

    VIVE LA FRANCE LIBRE ET INDÉPENDANTE
    Fait le …………………. Par le matricule……………….
    Grade ………………… Groupe de combat……………..
    Détachement……………. Compagnie………………Spécialité militaire
    Matricule écrit par l’engagé…………………
      

      

    Totem signe particulier de la Compagnie
    à acheminer par les C.P. jusqu’au Centre :
          

      

      

      

      

    http://www.laintimes.com/le-code-dhonneur-

    du-franc-tireur-et-partisan-francais-aout-1944/        

     

     

     

     

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     tondues pendant l'epuration

     

    Partout on dénonce :

    les lettres anonymes affluent.

      

    Un exemple qui donnera le climat :

    dans le journal France-Libre du 26 août, il est écrit :

      

    Il appartient à chaque Français de faire lui-même la police dans son immeuble et dans son quartier et de signaler immédiatement tout suspect aux autorités constituées.

     

     


    Malheur aux concierges ! Le fait de ne pas dénoncer, de cacher un homme en danger peut valoir à son auteur d'être étiqueté « collabo ».

      

    La France retrouve ses « tricoteuses » de la Révolution qui veulent voir du sang et des congénères humiliées.

      

    Elle retrouve ses « chauffeurs » qui pillent, rançonnent, torturent.

      

    Elle retrouve en certains lieux ses sans-culottes mangeurs de curés.

     


    Dans la Guyenne et le Languedoc, des prêtres sont tués l'un d'eux, en Lot-et-Garonne, eut la langue et les yeux arrachés, puis fut pendu par les pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive.

      

    Des religieuses accusées d'espionnage sont torturées.

     

    Quand les résistants commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile

    Femmes tondues, Paris, août 1944. Photo © Serge de Sazo

     

     

    Dans le texte qui suit, publié une première fois dans le Figaro Magazine en 1984, alors qu’on venait de commémorer en grande pompe le débarquement en Normandie, Michel Audiard raconte la libération de Paris telle qu’il l’a vécue, le 25 août 1944.

     

    Vivement qu’on ne se souvienne plus de rien. J’ai la mémoire en horreur. On va quand même faire un petit effort, à cause de l’anniversaire, des présidents sur les plages, de la vente des objets souvenirs qui a si bien marché, de tout ça.

     

    Nous autres, enfants du quatorzième arrondissement, on peut dire qu’on a été libéré avant tous les autres de la capitale, cela en raison d’une position géographique privilégiée. On n’a même pas de mérite. Les Ricains sont arrivés par la porte d’Orléans, on est allé au-devant d’eux sur la route de la Croix-de-Berny, à côté de chez nous.

      

    On était bien content qu’ils arrivent, oui, oui, mais pas tant, remarquez bien, pour que décanillent les ultimes fridolins, que pour mettre fin à l’enthousiasme des « résistants » qui commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile, lequel pouvait – à mon avis – préfigurer le coup de flingue.

      

    Cette équipe de coiffeurs exaltés me faisait, en vérité, assez peur.

     

    La mode avait démarré d’un coup.

      

    Plusieurs dames du quartier avaient été tondues le matin même, des personnes plutôt gentilles qu’on connaissait bien, avec qui on bavardait souvent sur le pas de la porte les soirs d’été, et voilà qu’on apprenait – dites-donc – qu’elles avaient couché avec des soldats allemands !

    Rien que ça ! On a peine à croire des choses pareilles !

      

    Des mères de famille, des épouses de prisonnier, qui forniquaient avec des boches pour une tablette de chocolat ou un litre de lait.

      

    En somme pour de la nourriture, même pas pour le plaisir.

    Faut vraiment être salopes !

     

    Alors comme ça, pour rire, les patriotes leur peinturlurait des croix gammées sur les seins et leurs rasaient les tifs.

      

    Si vous n’étiez pas de leur avis vous aviez intérêt à ne pas trop le faire savoir, sous peine de vous retrouver devant un tribunal populaire comme il en siégeait sous les préaux d’école, qui vous envoyait devant un peloton également populaire.

      

    C’est alors qu’il présidait un tribunal de ce genre que l’on a arrêté l’illustre docteur Petiot – en uniforme de capitaine – qui avait, comme l’on sait, passé une soixantaine de personnes à la casserole.

     

    Entre parenthèses, puisqu’on parle toubib, je ne connais que deux médecins ayant à proprement parler du génie, mais ni l’un ni l’autre dans la pratique de la médecine : Petiot et Céline. Le premier appartient au panthéon de la criminologie, le second trône sur la plus haute marche de la littérature.

     

    Mais revenons z’au jour de gloire ! Je conserve un souvenir assez particulier de la libération de mon quartier, souvenir lié à une image enténébrante :

    celle d’une fillette martyrisée le jour même de l’entrée de l’armée Patton dans Paris.

     

    Depuis l’aube les blindés s’engouffraient dans la ville. Terrorisé par ce serpent d’acier lui passant au ras des pattes, le lion de Denfert-Rochereau tremblait sur son socle.

     

    Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgard-Quinet et de la rue de la Gaïté, tout près d’où j’habitais alors.

     

    Il n’y avait déjà plus personne autour d’elle, comme sur les places de village quand le cirque est parti.

     

    Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passée la fiesta : un escadron de farouches résistants, frais du jour, à la coque, descendus des maquis de Barbès, avaient surpris un feldwebel caché chez la jeune personne.

      

    Ils avaient – naturlicht ! – flingué le chleu. Rien à redire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’avaient attachée au tronc d’un acacia.

      

    C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! Pas méchant. Plutôt voyez-vous à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés.

     

    Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà aux dires des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores festonnant les terrasses où s’agitaient des petits drapeaux et où les accordéons apprivoisaient les airs nouveaux de Glen Miller.

      

    C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement.

      

    Après ça je suis rentré chez moi, pour suivre à la T.S.F la suite du feuilleton. Ainsi, devais-je apprendre, entre autres choses gaies, que les forces françaises de l’intérieur avaient à elles seules mis l’armée allemande en déroute.

     

    Le Général De Gaulle devait, par la suite, accréditer ce fait d’armes. On ne l’en remerciera jamais assez. La France venait de passer de la défaite à la victoire, sans passer par la guerre. C’était génial.

     

     

     

    Michel AUDIARD, in Le Figaro-Magazine, 21 Juillet 1984, reproduit

    en 2009 dans le numéro nº13 du Petit Célinien

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L’Épuration et les femmes en Dordogne (1944-1951)
    Par Jacky Tronel


    Volonté de justice ou fureur de punir ?   La répression des femmes déclarées coupables d’avoir collaboré avec l’ennemi pendant l’Occupation s’est exprimée sous deux formes : « sauvage » d’abord, légale ensuite.



     



    « C’est fête ces jours - ci pour le badaud peuple de Périgueux. Et défilés ! Et fanfares ! On reprend le goût de sourire après avoir tant serré les poings et froncé le sourcil. Les Périgourdins furent bien ébaubis l’autre soir au passage d’un singulier cortège.
      
    Un être étrange, bizarrement humain, menait la danse.   
      
    À force d’écarquiller les yeux, on reconnut des formes féminines et sous un crâne en boule d’ivoire marqué de peinture infamante, des yeux torves, une bouche baveuse : la hideur d’un déchet. C’est la femme aux bicots ! ’ expliquaient les gosses au passage. Il n’y avait pas un regard de pitié pour elle ( … )   
      
    Et l’on pouvait songer aux défilés semblables qu’avaient vus les mêmes rues au Moyen - âge à une époque ardente et bonne enfant où l’on promenait les adultères nues, autour de la ville, juchées à rebours sur un âne. »
     

       Ces quelques lignes, relevées dans l’édition du 7 - 8 septembre 1944 des Voies nouvelles, campent assez bien le sujet. Le récit de cet événement, reproduit à l’envi tout au long des jours qui suivent la Libération, pose à la fois la question de la « justification » de l’Épuration et celle de la représentation de la « femme épurée ».   
      
    Tant dans l’inconscient collectif que dans l’imagerie populaire, la femme tondue incarne le symbole de l’Épuration. Son crâne rasé révèle, au regard de tous, la matérialité du châtiment épuratoire.  
     
     Quant à la nature des faits qui lui sont reprochés, ils dépassent largement le cadre de la « collaboration horizontale », à savoir l’inconduite sexuelle, réelle ou supposée, avec les Allemands ou leurs supplétifs.

    Précisons qu’il n’est pas question ici de réduire l’histoire de l’Épuration et des femmes en Dordogne aux tondues de Périgueux, de Bergerac et d’ailleurs. Le but de cette contribution n’est pas non plus d’entrer dans une logique de victimisation, ni d’engager une quelconque tentative de réhabilitation.  
     
     Il s’agit simplement de procéder à la lecture d’un certain nombre de faits et de témoignages, analysés dans leur contexte, en vue de contribuer à éclairer une page obscure de notre histoire.



    Les principaux lieux de détention des prisonniers frappés d’épuration se trouvent,
      
    pour la partie Nord du département, à Périgueux :
      
    caserne du 35e RAD (Régiment d’artillerie divisionnaire) et maison d’arrêt Beleyme ;
      
    pour la partie Sud, à Mauzac : camps pénitentiaires (Nord et Sud), situés à une trentaine de kilomètres à l’Est de Bergerac.

       Le 18 mai 1946, ces derniers enregistrent un pic de 1 740 détenus. Du 1er novembre 1940 au 2 mai 1945, le camp Nord a le statut de prison militaire, puis de centre pénitentiaire, après cette date. 

    Du 22 octobre 1947 au 15 février 1951, le camp Sud fonctionne en tant que prison pour femmes.
      
    Aujourd’hui, c’est un centre de détention pour détenus en fin de peine.

    À la prison militaire de Mauzac Le 6 juin 1944, l’annonce du débarquement allié en Normandie suscite l’enthousiasme dans la population et soulève, en Périgord, une formidable vague de ferveur patriotique.
      
    Le climat est à l’insurrection.  
     
     
     
     
     
     La « Quatrième République » est proclamée.
      
      
      
    Un « Comité français de libération » est mis en place.
      
    Le ralliement aux différentes forces de la Résistance, spontané pour les uns, calculé pour les autres, déclenche, dans tout le département, un certain nombre d’actions « épuratoires » et
    « libératrices », parmi lesquelles figure l’attaque du camp de Mauzac.

     
      
    Ce 7 juin 1944, sous la conduite de Léon Cerisier, alias Léontine, chef d’un maquis de l’AS, à Lalinde, une centaine de résistants se présentent à l’entrée de la prison ( camp Nord ). Ils obtiennent la libération de 42 « politiques ».
     
     
      
    Cerisier prend le contrôle de la prison et nomme le surveillant chef Joseph Chaussat au poste de commandant.
     
     
     

       À partir du 9 juin, les maquis de la région conduisent au camp de Mauzac leurs prisonniers.
      
    Dans un rapport du 29 juin 1944 adressé au service de la Justice militaire à Vichy, l’adjudant Antoine Chiaramonti, commandant la prison militaire, signale l’incarcération
    « par ordre du Maquis ( … ) de 229 détenus dont 48 femmes ».   
      
      
    De fait, du 9 au 21 juin 1944, période au cours de laquelle la prison militaire de Mauzac est sous contrôle de la Résistance,
     
      
    on relève la présence de 225 internés . 22,7 % sont des femmes, parmi lesquelles huit cultivatrices, trois bonnes, trois serveuses, deux couturières, deux infirmières, deux ménagères, une danseuse, une institutrice, une employée de bureau, une hôtelière, une commerçante, une vendeuse, une masseuse et une « rentière ».
      
      Quatorze d’entre elles sont déclarées « sans profession », et pour neuf autres, la profession n’est pas précisée.  
      
     
    L’arrestation et l’incarcération d’un certain nombre de femmes sont liées à celle d’un proche – conjoint, fils ou frère – parce qu’« adhérent à un organisme de collaboration ».  
     
     Parmi les principaux, citons la Légion française des combattants (LFC), le Service d’ordre légionnaire (SOL), la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), le Parti populaire français (PPF) et la Milice.


    Sur la douzaine de baraquements que compte la prison, deux sont consacrés aux femmes.
      
    Le 9 juin 1944, Michel Danner, président cantonal de la LFC à Lalinde ( Dordogne ), est écroué à Mauzac avec son épouse.
      
    Il décrit ainsi les lieux :  
      
    « Ce camp est un vaste quadrilatère entouré de cinq rangs de barbelés et flanqué de miradors.   
      
    Des baraques, sans étage, et primitivement construites pour loger les ouvriers de la poudrerie en construction, sont séparées les unes des autres par d’autres barbelés. Les fenêtres sont tendues de barbelés, partout on ne voit que cela. Là-dessus une tristesse morne, une humidité pénétrante … »



    Femmes tondues sur les marches du palais de justice de Bergerac, septembre 1944. ยฉ Photo Bondier 
     







    Les tontes : manifestations spontanées ou bien mises en scène ?


    La question est maintenant de savoir si les manifestations de liesse populaire et les cérémonies de tontes publiques sont, ou non, le fruit d’un mouvement populaire spontané…

    En dépit de quelques débordements dont on ne peut nier qu’ils sont le fait d’actions populaires spontanées, l’Épuration a, le plus souvent, été mise en place, pour ne pas dire mise en scène. C’est le cas des tontes de « collaboratrices » qui ont lieu à Bergerac sur les marches du palais de Justice.
      
    Le choix du lieu n’est pas innocent.   
      
    Sous le porche d’un tribunal où justice est rendue, des femmes soupçonnées de s’être
    « compromises avec les Boches » sont châtiées, publiquement.
      
    Les marches les plus hautes font office de podium, et du haut de cette estrade improvisée, officient les « coiffeurs » en blouse blanche. Ils président à une cérémonie qualifiée par l’historien Alain Brossat de « carnaval moche ».  
     
     Le rituel public de la tonte, écrit-il, est « une fête, un jeu, une exhibition, une cérémonie. […]
      
      Pour souligner qu’il s’agit d’un jeu, d’un ‘théâtre’, le marquage, ébauche de déguisement, joue un rôle décisif dans la cérémonie des tontes ; le ‘degré zéro’ du travestissement,
      
    c’est la croix gammée que l’on trace à la peinture, au goudron, que l’on ‘sculpte’ avec des ciseaux sur le crâne, que l’on dessine sur le visage, les seins, les fesses, voire le corps entier de la tondue. »

     
    Les partis politiques encouragent la chasse aux collabos, généralement suivie du spectacle des tontes publiques. Le mercredi 29 août, 3 000 personnes assistent à un rassemblement qualifié de « premier meeting populaire du Front National », place de la République, à Bergerac.
      
    Les orateurs se succèdent et en clôture s’exprime le représentant des FTPF, Yves Péron, alias Caillou, ancien prisonnier politique interné à Gurs, Mauzac et Nontron, futur député communiste de la Dordogne.  
     
     Il demande que « justice soit faite contre les traîtres,
    les tortionnaires de nos patriotes emprisonnés » et déclare :
      
    « Tous les complices des boches doivent être châtiés et le châtiment c’est la mort ».   L’assistance, enthousiaste, « applaudit frénétiquement ». Dans cette même édition du 2 septembre 1944, sous le titre « Sus aux traîtres ! », le journal Bergerac Libre rapporte qu’en Bergeracois les 155 premières arrestations sont loin d’être définitives :  
     
     « Les enquêtes et interrogatoires se poursuivent activement. Les femmes ayant eu des relations avec les boches ont été tondues.
      
    D’autres suivront bientôt.   
      
    Avec le concours de la population, nous espérons arriver bientôt à assainir notre ville. » Le journal communiste reconnaît que « des omissions ou des erreurs ont pu être commises » lors de la confection des listes de suspects et la constitution des dossiers.   
      
    C’est donc « pour remédier aux unes et aux autres que nous prions le public de nous faire connaître le nom des personnes ayant eu une attitude antifrançaise, appuyé de faits précis ».
      
      
    L’appel à délation est on ne peut plus clair.


    Le journal Les Voies Nouvelles du 7-8 septembre 1944 reconnaît bien « quelques excès », mais qu’il ne faut « ni grossir, ni exagérer », s’empresse d’ajouter l’auteur de l’article.
      
    « Oui, les réactions du peuple sont rudes, mais saines.
      
    Oui, des gens ont été hués et malmenés dans les rues, mais c’étaient des traîtres.     
      
    Oui, il a pu y avoir des erreurs, mais elles ont déjà été réparées. N’oublions pas que les excès possibles ont été la réaction spontanée et au grand jour d’un peuple trop longtemps opprimé, affamé, trahi.
      
    Ses débordements ont des excuses. Voyons-y un sursaut de vitalité et de justice, un réveil de patriotisme. » !  

    La presse gaulliste semble, quant à elle, plus mesurée, à l’exemple de l’hebdomadaire Combat républicain du 17 septembre 1944, qui, sous le titre « Justice et humanité », invite les magistrats à juger avec justice, sévérité mais humanité.  
     
     Il rappelle que « le moindre doute doit être favorable à l’accusé dont la défense doit être assurée comme il convient dans une République qui est la gloire du monde civilisé, la République des droits de l’homme et du citoyen. Ne vaut-il pas mieux absoudre un coupable que de fusiller un innocent ! » Les propos invitent à l’apaisement.     
      
    Excessivement rare dans le contexte d’une épuration que l’on peut encore qualifiée de « sauvage », ce discours décalé mérite d’être signalé.  
     


    Plus de soixante ans après, parler d’Épuration reste sensible…

    En conclusion, c’est l’historien Pierre Laborie
    qui résume le mieux l’esprit de cette recherche :
     


    « Loin de justifier ou de condamner,
    c’est d’abord de comprendre dont il s’agit ;
    c’est, avant de se risquer à dire pourquoi,
    chercher à savoir comment les choses
    se sont passées. »






     
     
     
     
     
     
     


     

     

     

     

     

     

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    la chasse aux notables en 1944

     

     

    Épuration sauvage, légale : vengeance ou soif de justice de la Résistance ?
    Par Max Lagarrigue


    L’épuration a longtemps été un sujet tabou dans l’histoire française. Elle recouvre l’ensemble des actions contre les personnes considérées comme coupables de Collaboration. On y distingue deux épisodes :une épuration dite « sauvage » ou extra-judiciaire qui échappe à toute règle juridique et donne lieu à nombre de règlements de comptes (tant politiques que personnels), et l’épuration légale qui se clôture avec les lois d’amnistie des années 50. Ces deux épurations ont laissé des traces profondes dans une partie du pays.



    L’épuration représente l’ensemble des actions entreprises contre les Français qui ont collaboré, trahi ou ont eu avec l’ennemi un comportement jugé répréhensible. La période de l’épuration a souvent été cantonnée aux années 1944-1945. Or, si certaines condamnations ne sont rendues qu’en 1953 avec la dernière loi d’amnistie générale, l’épuration débute bien avant la Libération.


    Selon Pierre Laborie, 25 % des exécutions « sauvages » effectuées par la Résistance sont antérieures au 6 juin 1944. Dans les zones de maquis, ce pourcentage moyen est dépassé : 45 % pour la Saône-et-Loire, 40 % pour l’Ain et le Jura, 37 % pour le Lot et la Haute-Garonne. Cette épuration, qualifiée de « sauvage », a pu être justifiée par les conditions très dures du combat de la Résistance, surtout dans l’année qui précède la Libération, face à la Milice et à la répression accrue du régime de Vichy aux abois.

      

    Mais elle a pris souvent une tournure très contestable, recouvrant en réalité des règlements de compte soit politiques, comme l’assassinat de cinq militants trotskistes par un maquis communiste en Haute-Loire en octobre 1943, soit personnels comme le rappelle l’historien périgordin Jacky Tronel pour la Dordogne : « les exécutions sommaires de légionnaires sont nombreuses, le pillage de leur biens est banalisé ». Et il ajoute :

      

    « Les milices patriotiques – encore appelées service d’ordre patriotique – ont en charge l’épuration. Tous ceux qui, de près ou de loin ont « collaboré », sont la cible des milices, émanation du Parti communiste ».



    Pire, certains opposants politiques font les frais de cette épuration tous azimuts : « Ainsi dans la nuit du 1er septembre 1944, Maurice Babin, militant du PSF et ancien candidat aux élections de 1937, est arrêté par le groupe FTP Sam-Jaurès de Couze-Saint-Front. Après avoir été martyrisé, il est exécuté, le 6 septembre ».

      

    L’enquête des RG conclut : « Le défunt était un sympathisant de la Résistance, et a rendu des services à cette cause par l’établissement de fausses cartes d’identité, et par la livraison des produits de sa ferme à des groupes de maquis.

      

    On se trouve devant une affaire de vengeance politique, Babin était anticommuniste et il représentait une valeur sûre capable de battre, après guerre, le représentant du PCF. »


    Les chiffres les plus récents de cette épuration extra-judiciaire oscillent entre 8 000 et 11 000 exécutions sommaires, assez loin donc des premiers chiffres publiés par Robert Aron, qui faisaient état de 30 000 assassinats.


    Dans les jours qui ont suivi la Libération, on assista également à la tonte et à l’exhibition publique de femmes accusées de « collaboration horizontale » avec des soldats allemands, actions lamentables souvent menées par des « résistants de la dernière heure » et encouragées par les foules de badauds. Pour endiguer l’épuration « sauvage », le gouvernement provisoire met en place trois juridictions spéciales qui s’ajoutent aux tribunaux militaires : les cours de justice, les chambres civiques et la Haute- Cour de justice.

     


    La relative clémence de cette dernière institution, qui a en charge le jugement des principaux caciques de l’État français – 41 % sont acquittés ou obtiennent un non lieu et moins de 2% sont exécutés (de Brinon, Darnand, Laval) – ne se retrouve pas dans les deux autres instances qui ont en charge 310 000 dossiers. Elles condamnent plus de 50 000 personnes à l’indignité nationale (privation des droits civiques et politiques) et 40 000 à des peines de prison ou de travaux forcés.

     


    Les peines de mort représentent à peine 2 % du total mais concernent tout de même 6 763 prévenus. De Gaulle en commue 1303 (20 %) et le total des exécutions effectives s’élève à 11 % (767 exactement).



    Ainsi, l’épuration légale, à laquelle il faut ajouter près de 800 prévenus passés par les armes après condamnation des tribunaux militaires, concerne un peu plus de 1 500 personnes.

      

    La France est le pays d’Europe occidentale qui a requis le plus l’exécution au détriment de la prison ; elle est également la seule, avec l’Italie, à avoir connu une épuration extra-judiciaire.

      

    L’épuration s’étend également aux différents secteurs professionnels, administratifs et politiques. Bon nombre de parlementaires qui ont voté « oui » au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 sont exclus de leurs partis respectifs.

      

    Certains secteurs sont fortement sanctionnés comme l’enseignement et les Postes dont 14 000 fonctionnaires sont révoqués ou mis à la retraite. Le besoin de cadres et de fonctionnaires rend certaines décisions d’exclusion inapplicables.

      

    Ainsi, les magistrats sont finalement épargnés devant l’urgente nécessité de leur concours dans… l’épuration. Entre les tenants du « toujours plus d’épuration », dont la figure de proue est le PCF, et ceux qui préfèrent la réconciliation nationale, souhaitée notamment par le général de Gaulle, la France a été profondément déchirée par cet épisode.



    Extrait de l’ouvrage de Max Lagarrigue "99 questions... La France durant l’Occupation" (CNDP, 2007).

     

     

     

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    Pendant les dernières guerres, la radio joua un rôle essentiel, tant pour les populations, pour les soldats ( maintien du morale avec un besoin d’informations).

     

    Durant la dernière guerre mondiale les Allemands imposèrent la tutelle de leur propagande sur la radio des pays occupés avec une censure et un contrôle totale des ondes « officielles » en zone occupée.

     Le général Charles de Gaulle (à droite) avec le brigadier Edward Spears, à Londres, le 17 juin 1940.

    Le gouvernement de Vichy devait quand à lui maintenir en zone libre ( sud ) une radiodiffusion nationale indépendante jusqu’en février 1942.


    Pour tous les Français depuis l’armistice de 1940, la radio était devenue, avec la presse, asservie à la propagande allemande.

     

    Avec la mondialisation du conflit les précurseurs furent les Anglais, qui avait dès 1938 développés ses émissions vers l’étranger

    ( B.B.C Radio Londres) un instrument de propagande modérée finalement très efficace mais encore sous utilisée en 1938 en France, l’Allemagne Nazi avait comprit le pouvoir des ondes avec le matraquage sur le peuple qui portera ses fruits.

     

    Radio Londres fut un symbole de libertée, un contact avec l’extérieur dans les pays occupés et joua un rôle très important pour la résistance Française.

     

    Le début de l’écoute massive débuta symboliquement un certain 18 juin 1940 vers 20 heures avec un appel historique.


    Dans le micro de la BBC le Général de Gaule déclare que « La flamme de la résistance Française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».

     

    C’est le début d’un espoir pour des Français, cette appel donnera l’introduction à se que l’on appellera la voix de la liberté avec Jean Marin (dit Yves Morvan, 1909-1995), co-créateur d’un programme de la BBC il anime l’émission « Les Français parlent aux français » de l’été 1940 à l’automne 1943.

     

    Pierre Dac également speaker dans l’émission, il lisait les messages dédiès aux résistants Français.Cette émission avait pour générique la symphonie n° 5 en ut mineur de Beethoven, dont le début representait un V comme Victoire en morse (Trois points un trait).Pendant de nombreuses années les instructions pour les divers groupes seront communiquées par cette voix venue d’au dela de la manche.

     

    Chaque message était communiquée sous la forme de message personnels, chaque message qui de première apparences semblaient n’avoir aucune logique avaient pour un groupe de résistance une signification précise.

     

    Quelques exemples :

     

    SAINT LIGUORI FONDA NAPLES = Parachutage d’armes et d’agents
    L’ANGORA A LES POILS LONGS = Parachutage d’armes
    L’INFIRME VEUT COURIR = Parachutage d’armes
    YVETTE AIME LES GROSSES CAROTTES = Parachutage d’armes
    LE GRAND BLOND S’APPELLE BILL = Parachutage d’armes
    LE SOLEIL SE LEVE A L’EST LE DIMANCHE = Parachutage d’armes
    IL A PLEURE DE JOIE = Parachutage d’armes et d’agents
    LE COQ CHANTERA A MINUIT = Parachutage d’agents
    LA MORT DE TURENNE EST IRREPARABLE = Parachutage d’armes
    LA VERTU REDUIT DANS TOUS LES YEUX = Parachutage d’armes
    J’ADORE LA DINDE ET LA PIECE DE POGNE = Parachutage d’armes
    XENOPHON A UNE PERRUQUE = Parachutage d’armes
    CINQ AMIS VISITERONT CE SOIR LA PERRUQUE DE XENOPHON = Parachutage d’agents
    VALENTINE VEUT ETRE SOLDAT, UN AMI SYMPATHIQUE L’ACCOMPAGNE = Parachutage d’armes + 1 agent
    LA RIVIERE A ETE DEVASTEE HIER SOIR, OU, LES CANARDS SAUVAGES SE SONT ENVOLES =Parachutage d’armes
    IL FAIT CHAUD A SUEZ = Ordre de saboter les trains et voies ferrées
    LES DES SONT SUR LE TAPIS = Ordre de couper les lignes téléphoniques et les câbles

      

      

      

    Certain auditeur de l’époque racontent :

    • « Une émission de la BBC, « Les traitres au pilori » , le presentateur y denonçait nommement et avec leur adresse , pour plusieurs villes ou villages de France , les français suspects de collaboration économique ou politique , avec un commentaire vengeur ou menaçant. »

      

      

      

     

    Radio Londres est composé, en plus des six bulletins quotidiens d’informations françaises, de deux émissions indépendantes l'une de l'autre, Honneur et Patrie sous la responsabilité de la France libre du général de Gaulleet tenue par Maurice Schumann2, et Les Français parlent aux Français réalisé par le gouvernement britannique.

     

     

    Rompant avec le style emphatique de la radio française, de jeunes chroniqueurs (Jacques Duchesne, Jean Oberlé, Jean-Louis Crémieux-Brilhac,Pierre Bourdan et Pierre Dac) insufflent un ton nouveau sur l'antenne et inventent la radio de proximité avec messages personnels, sketches, chansons, blagues et publicités détournées. S'ouvre alors une guerre redoutable contre Radio Paris ou Radio Vichy, démagogiques et ouvertementantisémites.

     

    Preuve de son succès : les Allemands tenteront de faire interdire son écoute en confisquant les postes et en punissant lourdement les auditeurs.

     

    Car Radio Londres est devenue une véritable arme de guerre.

     

     

    Radio Londres est avec Radio Brazzaville la voix de la France libre du général de Gaulle qui, dès le 18 juin, a appelé ses compatriotes à résister : en encourageant les Français à s'insurger contre l'occupant, il entend contrer la désinformation des radios collaborationnistes.

    Pierre Brossolette prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann, dont le discours du 22 septembre 1942 où il rend un vibrant hommage aux « soutiers de la gloire », expression qui deviendra par la suite usitée.

    En 1944, le triomphe des Alliés sonne la fin de l'épopée Radio Londres.

    Les émissions en français de la BBC vers l'Europe (diffusées sur ondes courtes et ondes moyennes 648 kHz), se poursuivent jusqu'au milieu des années 1990, et celles vers l'Afrique se poursuivent encore à notre époque.

     

     

     

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    http://i-am-a-robot-and-you.tumblr.com/post/37779014271/hellostranger4

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    John Brown (né le 9 mai 1800 à Torrington dans l’État du Connecticut aux États-Unis et pendu le 2 décembre 1859 à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), était un abolitionniste, qui en appela à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage. Il est l’auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d’une tentative d’insurrection sanglante à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l’Etat de Virginie et sa pendaison.

    Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un “fanatique”. L’activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et son issue tragique sont l’une des causes de la guerre civile américaine. Personnalité contemporaine et historique très controversée, John Brown est ainsi décrit à la fois comme un martyr ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste. Il deviendra un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage.

    La chanson “John Brown’s Body” (titre original de “Battle Hymn of the Republic”) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession.

     

     

     

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    Lebensborn

    les enfants européens du Führer partent à la recherche de leurs origines

     

    Il y a près de 70 ans, l'Allemagne nazi lançait en Europe un projet fou :

    celui de faire naître des enfants censés représenter l'élite de la race aryenne. 20 000 enfants naîtront dans ce que l'on a alors appelé les "Lebensborn".

     Lebensborn.svg

    Le premier est créé en Allemagne en 1935.

    Avant la Seconde Guerre mondiale, une dizaine d'établissements furent créés en Allemagne 

    — 8 000 enfants y naquirent —, puis deux en Autriche.

     

     

    Joseph Goebbels 

    Joseph Goebbels

     

    Heinrich Himmler

    1942 - Heinrich Himmler

     

     

    Après le déclenchement de la guerre, la fascination des nazis pour la

    « race aryenne nordique » les conduisit à ouvrir une dizaine de centres en Norvège recueillant des krigsbarn, « enfants de la guerre ».

     

    On estime à entre 9 000 et 12 000 le nombre d'enfants nés dans ces centres selon certaines sources. 

    D'autres centres furent ouverts en Pologne, au Danemark, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas et en France.

    Ces centres étaient de taille et de nature variable, du simple bureau administratif à l'institution.

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER) 

    Au total furent dénombrés :

     

    Centre  Croix-rouge de Lamorlaye, qui fut pendant la 2?me guerre mondiale une pouponni?re du Lebensborn.  

    Une dizaine seront ouverts dans toute l'Europe.

    Les pères sont des soldats de la Weirmarcht ou des SS.

    Les mères, des Norvégiennes, des Belges, des Hollandaises.

    Le dernier Lebensborn est créé en France très tard, en 1944, à Lamorlaye, au Nord de Paris.

    Une vingtaine de ces bébés y naîtront et y seront

    élevés dans le plus grand secret.

    Dans leur fuite, les Allemands ont brûlé leurs archives et emmenés avec eux les enfants des Lebensborn.

     

    Ils seront rapatriés plus tard dans leurs pays d'origine mais ils n'ont plus d'identité.

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER) 

    Belgique 

     

    Leurs noms ont été changés.

     

    Certains sont confiés à la Ddass.

    Aujourd'hui, ils recherchent leur histoire.

     

     

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    Lors de la seconde guerre mondiale, les Allemands organisèrent des centres d'éducation pour les jeunes bambins nés de très jeunes mères d'origine germanique.
     
    Elles y étaient mises en production comme des "poules pondeuses" pour fournir à l'Allemagne de vrais petits aryens, de futurs invincibles soldats.
     

     Hermann Göring

    Hermann Göring
     
    Le Lebensborn de Wégimont s'est développé sous la direction d'Inge Viermetz avec un personnel de jeunes aidantes et infirmières, et des médecins et gynécologues de Soumagne et de Liège
     
     

     

    L'un d'eux Walter Beausert, né d'un père Allemand et d"une mère Belge, a décidé de créer une association internationale pour les y aider.

    Le journal belge "Le Soir" a retrouvé, et écouté, les témoignages de quelques-uns de ces enfants du Führer élevés au Lebensborn de Wégimont, près de Liège.

     

     

     



    Des dizaines d’enfants



    C’est une photo en noir et blanc. Prise il y a plus de 60 ans à Steinhöring, près de Munich, elle montre une religieuse et une infirmière entourées de huit enfants.

    De son œil valide, un gamin situé à l’extrême-droite du cliché fixe le photographe.

     

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    Les autres jouent, se reposent, attentent le biberon.

     

    Recueillis sur les chemins d’une Europe dévastée, ils sont en attente d’une famille adoptive.

    Extrait d’une bibliothèque de Washington, ce cliché est un des seuls à montrer, parmi d’autres enfants, quelques ex-pensionnaires du lebensborn de Wégimont : créée en 1943 par les nazis, cette maternité devait ravitailler en cheveux blonds l’Empire de mille ans cher à Adolf Hitler.

      

    Nés d’une Belge et d’un père allemand, souvent enregistrés à l’Etat civil sous un nom d’emprunt, dissimulés à leurs propres familles, ils ont malgré eux participé à l’un des programmes les plus effroyables et les moins connus du IIIème Reich.

      

      

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    La naissance des Lebensborn



    « La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentante de toute l’humanité. » (Adolf Hitler, Mein Kampf).

    Tout commence fin 1935 lorsque, dans la suite logique de l’Office supérieur de la Race et du Peuplement (RUSHA) puis des lois de Nuremberg qui interdisent toute relation entre citoyens juifs et allemands, Heinrich Himmler crée la Société enregistrée des lebensborn (Lebensborn Eingetragener Verein).

      

    Les premières maternités - lebensborn signifie littéralement « Source de vie » - sont aménagées à Steinhöring, Wernigerode (province de Hartz), Klosterheide (près de Lindau, dans le Mark) et Bad-Polzin (Poméranie).

      

    Leur spécificité est d’accueillir les jeunes femmes enceintes d’un SS ou d’un policier et surtout, de leur permettre d’accoucher en toute sécurité et en toute discrétion.

    Les filles-mères qui veulent continuer à bénéficier du secret peuvent alors abandonner leur enfant à la SS, qui se chargera de leur éducation.

     

    Celles qui revendiquent leur enfant et promettent de l’élever selon les canons du national socialisme perçoivent une allocation mensuelle et jouissent de plusieurs facilités.

    Dans les années qui suivent, plusieurs décrets seront promulgués qui, en apposant sur ces naissances le sceau du secret, renforcent la quiétude de la maman et l’anonymat d’un père souvent marié par ailleurs :

    possibilité pour les filles-mères de changer leur nom de famille ou celui de leur enfant, renforcement du caractère confidentiel des actes de naissance, etc.

      

    L’objectif assumé est de décourager les avortements et, comme le rêvait le Reichsführer SS Heinrich Himmler, de peupler l’Allemagne de 120 millions de Germains nordiques avant 1980.

     

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    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)

     

    Le lebensborn de Wégimont

    « L’arrêt de la reproduction des éléments non valables est aussi important, pour l’élevage humain futur, que la reproduction des éléments humains valables. »

      

    (Krupp Schallmayer, médecin bavarois, théoricien de l’eugénisme).

    Lorsque la guerre éclate, le rêve fou d’une race supérieure prend une effroyable proportion.

      

    Alors que trains et camions acheminent par millions Juifs, Tziganes et homosexuels vers les camps d’extermination, tout est également mis en œuvre pour donner des enfants au Führer et de nouvelles pouponnières sont construites en Allemagne d’abord, en Europe occupée ensuite.

      

    De la Pologne à la Norvège en passant par la France et la Belgique, une trentaine d’immeubles – villas, châteaux, cliniques privées… - seront ainsi sélectionnés puis confortablement aménagés.

     

    Avec l’argent d’entreprises complaisantes d’abord, avec les biens confisqués aux ennemis du Reich ensuite.

    En Belgique, c’est le château de Wégimont, dont les parties les plus anciennes datent du 15è siècle et qui appartient depuis 1920 à la Province de Liège, qui est retenu par l’administration centrale des lebensborn.

     

     

    Lebensborn (NE PAS REUTILISER)  

    Entouré d’un vaste muret, doté de grandes cuisines, d’un large réfectoire et de nombreuses chambres, bordé d’un parc de 22 hectares, il est le refuge idéal pour les filles qui, séduites par un soldat de la SS ou par un de ses admirateurs belges, veulent fuir les foudres du curé, du paternel, des voisins.

    C’est « frau » Inge Vermietz, en charge des lebensborn à l’étranger, qui est chargée dès 1942 d’y créer la maternité des Ardennes (Heim Ardennen).

      

    Accusé de crime contre l’humanité et de crime de guerre, cette femme sera jugée en octobre 1947 en même temps que 13 autres responsables de Rusha... Et acquittée.

    Le centre ouvre ses portes en 1943 et très vite, une vingtaine de femmes y élisent domicile.

     

    « Lorsque les Allemands ont appris que j’avais travaillé au château avant la guerre, ils ont envoyé un membre de la garde wallonne pour me réquisitionner », se souvient Mariette Bodeux.

      

    Alors âgée de 23 ans, cette habitante de Soumagne fut affectée au service en salle :

      

    « Les cuisines étaient au sous-sol et les assiettes nous étaient envoyées par un monte-plats. Je traversais le réfectoire pour servir l’Obersturmführer et les jeunes mamans (…)

      

    Je me rappelle qu’un jour, une des filles de la cuisine a mis quatre grenouilles vivantes dans le plat de l’officier. Lorsqu’il a voulu commencé à manger, elles ont sauté hors de son assiette. Il était fou furieux, il a demandé qui avait fait ça…

    Je crois que s’il l’avait appris, il aurait envoyé la fille en Allemagne. »



    Mariette n’avait que peu d’occasion de parler aux pensionnaires de l’institut. Elle se souvient néanmoins de Rita, cette Liégeoise de 17 ans tombée amoureuse d’un soldat allemand et qui depuis lors, était hébergée au lebensborn avec son fils :

      

    « Elle travaillait parfois aux cuisines et je la croisais régulièrement dans le parc avec son enfant, Walter. Il avait perdu un œil en tombant de son lit. »

    Lorsque la maternité liégeoise fut évacuée en septembre 44, Walter fut, avec d’autres enfants, placé dans le convoi vers l’Allemagne que dirigeait Walter Lang :

      

    « Les Allemands sont partis sur le coup de midi, sans même manger, raconte encore Mariette. Rita ne voulait pas s’en aller. Elle serrait son fils contre elle mais on est venu le lui prendre. Elle s’est jetée dans mes bras, hurlant qu’on lui volait son enfant. »


    Avec d’autres enfants, celui-ci fut d’abord transféré dans le seul lebensborn français, à Lamorlaye, en région parisienne.

     

    Puis dans la maternité nazie de Schalkhausenn, en Allemagne, et le 3 avril 1945, il arriva à Steinhöring.

     

    Ce n’est qu’après un ultime détour par le lebensborn d’Indersdorf, au mois d’août 1945, qu’il est expatrié en France et confié aux bons soins de la Ddass.

     


    Photo : Sur le perron du château, une partie du personnel du lebensborn liégeois.

       

    Walter habite aujourd’hui dans le joli village de Nançois-le-Grand, en Lorraine. « Je m’appelle Walter Beausert mais ce n’est vraisemblablement pas mon vrai nom, explique-t-il.

     

    Les enfants qui semblaient comprendre le français ont été dirigés vers le nord de la France.

      

    Comme je n’avais pas d’acte de naissance, un jugement du tribunal m’en a attribué un qui me faisait officiellement naître à Bar-le-Duc le 1er janvier 1944. »

      

    Balloté entre quelques familles d’accueil, hébergé ensuite à l’orphelinat Poincaré, dans le département de la Meuse, il entamera la veille de son mariage une quête qui dure encore aujourd’hui.

      

    « Quand je me suis marié, je suis allé voir mon tuteur légal, je voulais savoir d’où je venais. Il ne le savait pas ou n’a pas voulu me le dire.

     

     

    Je n’avais que cet extrait d’acte de naissance délivré par le tribunal et me donnant la nationalité française (…) Je n’ai pas pu en savoir plus jusqu’à ce qu’une loi de 1986 autorise les anciens pupilles de l’Etat à consulter leur dossier. » Depuis, il est souvent revenu en région liégeoise.

      

    Il a placardé des avis de recherche autour de la maison communale, interrogé les plus vieux habitants de Soumagne, participé à des émissions de télévision dans l’espoir de retrouver ses parents.

     

    Il est persuadé d’être le fils de Rita : « Je l’ai rencontrée, insiste-t-il. C’était un moment très fort. Il s’est passé quelque chose, elle m’a montré des photos, elle m’a tenu par la main mais elle n’a pas voulu avouer que j’étais son fils. Elle est décédée en 1998. »



    A quelques dizaines de kilomètres, dans une grande maison voisine de la place Stanislas de Nancy, vit aujourd’hui Gisèle Niango.

     

    Elle est née le 11 octobre 1943 à Wégimont puis, après un long parcours, fut elle aussi confiée à une famille française du nord de la France.

     

    Plus de 60 ans ont donc passé depuis cette gamine qui, sur le même cliché, est sagement assise aux pieds d’une infirmière :

     

    « Mon nom de jeune fille est Gizela Magula, précise-t-elle.

      

    Après Steinhöring, j’ai été transférée à Indersdorf où je suis restée jusqu’en juin 1946. A ce moment, j’ai été mise dans un convoi vers la France car on a pensé que je parlais français alors qu’en fait, je ne comprenais que l’Allemand.

     

    Je suis finalement arrivée à Commercy avec d’autres enfants réfugiés et j’ai été adoptée par une très gentille famille. »

    “C’est encore trop douloureux”

    « Chaque Germain que nous amenons en Allemagne et dont nous faisons un Germain de conscience allemande est un combattant de plus pour nous et un de moins pour l’autre côté. »

    (Discours de Heinrich Himmler le 8 novembre 1938).



    Ces enfants dont personne ne voulait, dont on ne savait rien ou si peu, furent donc arbitrairement dispersés entre la France, l’Allemagne et la Belgique.

      

    Nés d’une mère belge et d’un père collaborateur flamand, voire issu de la SS ou de la Légion Wallonie, ils ont en commun une enfance cabossée.

     

    « L’instituteur me traitait de sale Boche, les gens du village racontaient que ma mère était allée avec des Allemands », se souvient Walter.

     

    « Lorsque j’étais petite, j’entendais qu’on traitait ma mère de prostituée »,

    complète Gisèle.

      

    Souvent, ils partagent aussi ce désespoir d’avoir servi malgré eux les théories racistes des nazis. Si quelques-uns, en perpétuelle quête de leur passé et de leur identité, dénoncent ouvertement cet héritage, d’autres ont préféré l’enfouir et l’oublier. Certains l’ignorent encore même aujourd’hui.

     

    Retrouvés en Belgique, en Allemagne, en France et en Australie, une dizaine de ces enfants du lebensborn liégeois ont préféré laisser fermé l’album de famille.

     

    « C’est encore trop douloureux », résume l’un d’eux.

    “Une honte que personne ne peut comprendre”

    Née Gizela Magula le 11 octobre 1943 à Wégimont, celle qui s’appelle aujourd’hui Gisèle Niango a ensuite transité par les lebensborn de Bad Polzin, de Wiesbaden, Ansbach puis Steinhoring le 3 avril 1945.

     

    C’est là qu’elle est retrouvée, en même temps que d’autres enfants, par les Américains puis transférée à Indersdorf où elle restera jusque juin 1946.

     

    A ce moment, elle est mise dans un convoi vers la France car erronément, on considère qu’elle parle français.

     

    Elle arrive avec les autres enfants à Commercy et est adoptée par la famille Marc.

    « Cette petite enfance, c’est une honte que personne ne peut comprendre, explique-t-elle. On sait qu’on n’est pas coupable mais on a honte d’avoir fait partie de ce programme de sélection raciale. Moi, ça m’a détruit intérieurement.

     

    Rien ne peut plus me toucher que ça. Il n’y a pas de plus grand déchirement. » Elle exprime aussi sa « colère » envers les historiens, coupables de ne

     

    « pas s’intéresser à ce programme nazis » et de « ne pas s’occuper de ces enfants qui ont erré toute leur vie, privés de tout repère. »

    D’innombrables recherches lui ont permis de retrouver trace de sa maman, une Hongroise réfugiée à Bruxelles au moment du Pogrom et décédée – quelques semaines avant qu’elle ne la contacte - en janvier 2005 à Huy.

     

    Son père, soupçonne-t-elle, aurait été un Autrichien enrôlé dans l’armée allemande et caserné à Malines.

    “Un grand secret de famille”

    Ingrid Van De Sande habite aujourd’hui en province du Luxembourg.

     

    Elle est née en février 1944 :

     

    « Ce fut longtemps un grand secret dans la famille. Après la naissance, ma mère m’a amenée en Allemagne. Nous sommes revenues en Belgique à la fin de la guerre, avec l’armée française (…)

     

    Plus tard, quand je posais une question à un membre de ma famille, c’était le black-out total. Je suis issue de la grande bourgeoisie flamande et mon grand-père a fait la guerre 14-18 alors vous imaginez…

     

    L’idée qu’une de leurs filles soit tombée enceinte d’un soldat allemand…

     

    Quand on me demandait à l’école qui était mon père et ce qu’il me faisait, mes grands-parents me disaient de répondre qu’on l’avait perdu dans un déménagement. Un jour qu’on était en Allemagne, ma mère m’a dit qu’on venait de passer près de mon père.

     

    J’ai commencé à me douter. Et ce n’est que vers 15 ou 16 ans que j’ai appris que j’étais née à Wégimont (…)

     

    Mon père a été condamné à mort par contumace.

    Je ne l’ai jamais connu. J’ai écrit à l’ambassade allemande pour avoir des détails et peut-être le retrouver mais on ne m’a jamais répondu. »

    “L’Allemagne leur promettait la lune”

    “Mon père, anversois et licencié de l’école des officiers, était chauffeur de l’Oberbefehlshaber Flanderns à Bruxelles, raconte Werner Van Echelpoel.

    Il parlait couramment le français, l’allemand et le néerlandais. Ma mère, elle, était allemande. Lorsqu’ils ont voulu se marier,

    l’autorisation leur a été refusée car les Allemands ont découvert que ma mère avait de lointaines origines juives.

     

    Finalement, le dossier s’est arrangé fin 43 (…)

      

    Ils vivaient en Allemagne lorsque maman est tombée enceinte.

     

     

    Afficher l'image d'origine

     

    Il était prévu qu’elle accouche à Wégimont mais à la fin du mois de septembre 44, comme la maternité liégeoise avait été évacuée, je suis né au lebensborn de Wiesbaden.

     

    Après de grandes difficultés, Werner a pu obtenir un certificat de naissance.

     

    « Il ne faut pas oublier le contexte de l’époque.

     

    La plupart des volontaires étaient flamands.

     

    La Flandre a toujours voulu se donner une identité et l’Allemagne,

    à cette époque, leur promettait la lune.

     

    Beaucoup de Flamands sont partis sans savoir comment ni pourquoi.

     

    Ce qui n’était pas le cas de mon père qui, lui, avait une conscience politique.

     

     

    Photo : un instituteur tient dans ses mains la tête d'une petite fille blonde, sous les yeux de ses camarades 

    A la fin de la guerre, il a fait 18 mois de détention préventive mais il avait des amis qui ont arrangé le dossier et il n’a jamais été condamné.

     

    Ma maman, elle, a toujours marché avec lui.

     

    Jusqu’à sa mort, il y avait d’ailleurs un portrait de Rudolf Hess

    dans sa maison (…)

     

    Ce sont mes parents.

     

    C’est grâce à eux que je suis là mais je ne suis pas responsable

    de ce qu’ils ont fait ou pensé. »

    “Les plus grands moustiques du monde”

    Du fonctionnement de la maternité nazie de Wégimont en Belgique,

    peu d’information subsistent.

     

    La plupart des documents ont été brûlés par les nazis au moment de leur débâcle et les quelques témoins encore vivants se murent dans un silence embarrassé.

     

    Le journaliste Marc Hillel, auteur d’un ouvrage de référence sur les lebensborn

    (Au Nom de la Race, Fayard, 1975), ne réserve d’ailleurs à l’institution belge que quelques lignes.

    Reste que si les archives liégeoises ont été détruites par le feu, de nombreux courriers échangés entre le Heim Ardennen et la centrale de Munich ont été, eux, sauvés par les

     

    Alliés lors de leur traversée de l’Allemagne puis transmis à l’International Tracking Service de Bad Harolsen (Hesse).

     

     

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0067, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

    Créé en 1943 par le Quartier général des forces alliées et la Croix-Rouge britannique, ce centre abrite sur des kilomètres d’étagères 50 millions de fiches relatives aux victimes des persécutions nazies.

     

    Géré par les représentants de 11 Etats et financé par le ministère allemand des Affaires étrangères, l’ITS a, voici quelques mois, ouvert son service documentaire au public.

     

    Nous y avons trouvé une centaine de correspondances qui donnent une idée de l’organisation de la maternité et surtout des relations souvent difficiles qu’elle entretenait avec sa hiérarchie allemande.

    En mai 1943, une infirmière du nom de Lydia Vorsatz est ainsi appelée à prendre la direction de Wégimont.

     

    Quelques jours plus tard, le général SS et médecin chef Gregor Ebner (condamné pour participation à une organisation criminelle, il décédera – libre – en 1974), encourage la nouvelle venue :

     

    « Vous devez essayer de gagner la confiance des mères et des employées de votre centre, lui enjoint-il.

     

     

    Afficher l'image d'origine 

    On ne peut gérer des gens avec succès que si l’on gagne leur confiance.

     

    Ayez toujours l’oreille attentive aux soucis des personnes, aidez-les là où vous pouvez (…)

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0065, Lebensbornheim, Operationssaal.jpg

    Veillez à ce que votre joli home soit toujours présentable.

     

    Comme vous l’avez vu ici à Steinhoring, nous sommes très soucieux de la propreté (…) S’il y a une employée qui ne veut pas suivre les consignes, faites preuve de sévérité car ordre et propreté sont la carte de visite de votre établissement. »

     

    C’est que de son inauguration au printemps 43 à son évacuation en novembre 44, la maternité liégeoise causera son bataillon de soucis à l’occupant allemand : les enfants y seraient traités avec peu de considération, la propreté des lieux laisserait à désirer, le personnel serait revêche et peu collaborant.

     



    Dans un courrier de juillet 1943, le même Ebner pousse néanmoins un soupir de soulagement, les enfants du Führer et leurs mamans seront correctement soignés : «

     

    Nous avons trouvé un gynécologue courageux à Liège, se réjouit-il. Il est à tout moment à votre disposition.

     

    En 20 minutes, il peut être à Wégimont et nous a déjà

    aidés dans deux situations difficiles. »

    Ebner renvoie aussi vers un généraliste qui habite Soumagne et en passant, se désole que les médecins soient « aussi rares que des pièces d’or ».

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0063, Lebensbornheim, Entbindungszimmer.jpg

    Suivent, l’automne et l’hiver de la même année, une série de plaintes, de récrimination, de licenciements.

     

    Ainsi en octobre est-il suggéré que la maternité se sépare

    de l’infirmière Fanny, qui est « sale », « négligente »,

    « manque de professionnalisme » et cumule les absences injustifiées.

     

    Puis, c’est la compagne flamande d’un soldat SS qui se plaint amèrement de n’avoir pas encore été auscultée alors qu’elle a été admise à la maternité voici déjà deux jours.

     

     

    Bundesarchiv B 145 Bild-F051638-0061, Lebensbornheim, Säuglingszimmer.jpg

     

    Un peu plus tard, après que la direction se soit plainte de ces sages-femmes qui « ne parlent même pas allemand », le Sturmbannführer Walter Lang constate qu’il est difficile de recruter et se demande « si les enfants reçoivent les soins nécessaires car le personnel est hostile à nos convictions politiques ».

     

    Après qu’une maman ait demandé le transfert de son enfant, Dagmar D., vers un hôpital bruxellois, Lang est même persuadé que « les sœurs laissent intentionnellement mourir nos enfants » et demande la mise sous surveillance de l’hôpital de Bavière, à Liège.

    La situation empire lorsque, le 3 novembre 43, Uwe Hans Keiner, un enfant de 7 mois, est retrouvé mort dans son lit.

     

    Alors qu’un peu partout en Europe des centaines de milliers de familles sont promises aux camps d’extermination, la direction du lebensborn est traumatisée par ce décès prématuré et est bien décidée à trouver un coupable.

     

     

    Bien que l’autopsie fasse état d’un kyste au cerveau de l’enfant, la possibilité d’un acte intentionnel n’est pas écartée car, est-il rappelé, le petit Hans Keiner était « un des rares enfants allemands du centre ».

     

    Il est finalement reproché à Gerda, l’infirmière de nuit, de n’avoir pas vérifié toutes les deux heures le bon sommeil des enfants.

     

    Il est décidé qu’elle sera suspendue puis jugée.

    En avril de l’année suivante, nouveau cri d’effroi :

     

    il y a des moustiques dans la pouponnière.

     

    Les responsables du centre constatent que « cette propagation est due aux étangs qui entourent le château » et en même temps que du matériel de désinfection, réclament deux exemplaires de la brochure

    « Les plus grands moustiques du monde ».

    Quelques mois plus tard, ne se doutant vraisemblablement pas que les populations occupées sont soumises aux tickets de rationnement, quand elles ne meurent pas littéralement de faim, une circulaire de la direction suggère aux maternités, dont celle de Liège, de « nourrir les enfants au pain complet ».

     

    Le temps manquera pour mettre ce régime en application puisque début septembre, l’arrivée de la 3ème division du 7ème corps d’armée américain sonne le glas de la maternité liégeoise.

     

    Les Alliés, qui y avaient provisoirement établi un poste de commandement, surnommeront d’ailleurs le château la « baby factory ».

     

      

    Source :

    Le Soir du 4 novembre 2008.

    http://www.personnedisparue.

    com/article.php?id=455

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Nom : Marcel Petiot
    Alias : ?
    Date de naissance : 17 janvier 1897
    Classification : Tueur en série
    Caractéristiques : Docteur
    Nombre de victimes : + de 27
    Date de meurtres : 1942 - 1944
    Date d'arrestation : 31 octobre 1944
    Méthode de meurtre : Poison
    Lieu : Paris, France
    Statut : Executé le 25 mai 1946


    I DÉCOUVERTE



    La macabre découverte d'une maison emplie de restes
    humains lança la police sur la trace de l'un des plus
    étranges criminels de ce siècle, qui parviendrait
    longtemps à échapper à la traque.

     

    Dans l'après-midi du 11 mars 1944, Andrée Marçais finit par perdre patience.

    Depuis cinq jours, un épais nuage de fumée noire s'échappait de la cheminée de l'immeuble d'en face et emplissait la rue entière de sa puanteur. Le vent venait de tourner et la fumée était rabattue vers l'appartement des Marçais, situé au cinquième étage du 22 de la rue Le Sueur.


    Lorsque son mari rentra du travail, madame Marçais le pressa d'agir : ce genre de chose était tout à fait déplacé dans le très bourgeois XVIè arrondissement de Paris. Pourtant, Jacques Marçais répugnait à " faire des histoires ". C'était la guerre, et la capitale était occupée par les Allemands depuis près de quatre ans.

    Les couples respectables n'avaient guère de contacts avec l'oppresseur ; les événements bizarres n'étaient pas rares, mais mieux valait ne pas se montrer trop curieux.

     

    Le secret du docteur

     

    Lorsque les pompiers pénétrèrent dans le sous-sol de la maison du 21, rue Le Sueur, ils y découvrirent deux calorifères. La chair humaine qui brûlait encore dans l'un deux (ci-contre) était à l'origine de la fumée âcre qui depuis plusieurs jours incommod-
    ait les voisins. Des restes humains à différents stades de décomposition jonchaient toute la cave. Les pompiers et les policiers allaient faire bien d'autres macabres trouvailles.


    Finalement, monsieur Marçais accepta d'aller effectuer quelques investigations. Il traversa la rue jusqu'au 21 - un grand hôtel particulier jadis élégant, qui portait maint-
    enant les traces d'un demi-siècle de manque d'entretien. Les lourdes doubles portes de bois paraissaient fermées à clef, mais une note manuscrite y était épinglée, qui indiquait que l'occupant était absent pour un mois et demandait que l'on fît suivre le courrier au 18, rue des Lombards, à Auxerre.
    Marçais appela la police. Quelques minutes plus tard, deux agents en tenue se présentaient rue Le Sueur. Après avoir essayé en vain d'ouvrir portes et fenêtres,

     

      

    ils s'enquirent auprès de la concierge de l'immeuble contigu et apprirent que le propriétaire du 21 était un certain Dr Marcel Petiot, qui demeurait au 66, rue Caumartin, dans le IXè arrondissement ( à quelques trois kilomètres de là ). La concierge connaissait son numéro de téléphone : Pigalle 77.11.
    L'un des policiers se rendit au café du Crocodile tout proche pour y téléphoner ;

    une femme se présentant comme madame Petiot lui répondit.

    L'agent lui exposa le problème et demanda à parler à son mari, qui prit alors le combiné et questionna d'un ton détaché le policier pour savoir si quelqu'un avait pénétré dans l'immeuble. Apprenant que nul n'était entré, Petiot recommanda à l'agent de ne plus rien faire et promit de le rejoindre dans le quart d'heure.


    Au bout d'une demi-heure, personne n'étant arrivé, les deux agents de police firent appel aux pompiers, qui forcèrent une fenêtre du deuxième étage afin d'accéder à l'intérieur. Quelques minutes plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit : les pompiers qui sortirent en titubant dans la rue étaient pâles de saisissement.

    L'un d'eux vomit contre le mur de la maison : un autre s'avança d'un pas mal assuré vers les agents de police médusés et d'une voix blanche leur annonça :

    " Messieurs, je crois que vous avez du travail en perspective ".


    La fumée provenait en fait de deux chaudières à bois installées dans le sous-sol de l'hôtel particulier ; par la porte entrouverte de l'une d'elles pendait ce qui semblait être une main de femme.

    Le sous-sol lui-même était jonché de restes humains, comprenant deux squelettes presque complets, plusieurs crânes, une tête en état de décomposition avancée et des amas de chair non identifiables.

    Partout, des cadavres, ou ce qui en restait....

      

    Un étranger fort agité

     L'un des agents, Teyssier, se dirigea immédiatement vers le café Le Crocodile pour téléphoner à ses supérieurs.

    A son retour, il fut accosté par un homme à bicyclette, de taille moyenne, vêtu d'un manteau gris, que Teyssier estima âgé d'une quarantaine d'années.

    Le policier fut frappé par son regard perçant.


    L'étranger paraissait fort préoccupé que les portes du 21 aient été ouvertes, mais il aborda Teyssier avec assurance et lui apprit qu'il était le frère du propriétaire. Conduit au sous-sol, il observa brièvement la scène horrible qui s'étendait sous ses yeux avant de s'exclamer :

      

    " C'est très grave... la vie de nombreux patriotes est en jeu ."


    Alors que, pour échapper à la puanteur, Teyssier regagnait la rue en compagnie de son collègue et de l'homme, ce dernier attira le policier sur le côté et lui demanda s'il était bon français. l'agent ayant affirmé avec indignation que tel était bien le cas, il s'entendit annoncer que les corps disséqués amoncelés dans la cave étaient ceux " de traîtres et d'Allemands ".


    Avec une ferme conviction dans la voix, l'étranger poursuivit en indiquant qu'il dirigeait un groupe de résistants, et qu'il avait chez lui trois cents dossiers qui devaient être détruits avant d'être découverts par l'ennemi. Quelle autre raison pouvait expliquer un carnage aussi systématique ? se dit Teyssier.

      

    Puis, se souvenant que des renforts devaient arriver d'un moment à l'autre, il conseilla à l'homme de s'enfuir. Celui-ci remonta sur sa bicyclette et s'éloigna dans la rue.

    Une fois encore, le Dr Marcel Petiot, criminel et imposteur, avait trompé son monde.

     



    Derrière la façade à l'élégance fanée du 21, rue Le Sueur ( ci-dessus ) s'étaient déroulés des scènes atroces. La plupart des pièces donnant sur la cour ( ci-contre) contenaient des corps découpés, dont certains étaient enfouis dans la chaux vive.

    Enquête préliminaire

    Une fouille en règle du 21, rue Le Sueur fut effectuée : les pièces de l'étage, dans la partie principale de l'immeuble, semblaient depuis longtemps à l'abandon ; l'épaisse couche de poussière qui recouvrait les meubles confirmait que nul n'y avait vécu depuis des années.

    A l'arrière de la maison et de l'autre côté de la cour se dressaient les communs ( anciens logements des domestiques ),

    qui communiquaient au rez-de-chaussée avec le bâtiment principal, par l'intermédiaire d'un couloir.

    " Le Dr Petiot soigne, mais
    n'exploite pas ses malades "
    PETIOT, dans un prospectus publicitaire

    A l'intérieur des communs se trouvaient les seules pièces habitables de la maison - une petite bibliothèque et un cabinet de consultation médicale. Du cabinet, un couloir étroit menait à une pièce de forme triangulaire, d'environ deux mètres cinquante dans sa plus grande dimension et deux mètres dans les autres. Cette pièce était vide de tout meuble ou objet, hormis huit solides anneaux métalliques scellés dans l'un des murs. Face à la porte menant au cabinet de consultation se trouvait une autre porte, qui, selon toute apparence, conduisait aux écuries attenantes ; à côté de cette porte, une sonnette électrique. Lorsque les policiers essayèrent d'ouvrir cette seconde porte, ils se rendirent compte qu'elle était factice et que le fil de la sonnette n'était relié à rien.

    LE VRAI MAIGRET ?
    Le commissaire Georges Massu avait trente-trois ans
    d'ancienneté dans la police lorsqu'il fut chargé de l'affaire Petiot. Avec 3 257 arrestations à son actif, il venait d'être promu à la tête de la Brigade Criminelle de la Police judiciaire.
    Dix années auparavant, Massu s'était lié d'amitié avec un jeune écrivain belge du nom de Georges Simenon, qui était à la recherche de contacts et de renseignem-
    ents afin de doter ses romans policiers d'une toile de fond réaliste.
    Fasciné par l'expérience du policier, ainsi que par sa compréhension instinctive des milieux criminels de la capitale française, Simenon accompagna Massu lors de certaines de ses enquêtes.
    Après la guerre, Simenon connut le succès que l'on sait, notamment au travers du fameux Maigret. Pour tous ceux qui connaissaient Massu, il ne fit aucun doute qu'il avait inspiré la création du célèbre commissaire fumeur de pipe, tel qu'il fut représenté dans de nombreux romans et feuilletons télévisés.


    Une fouille plus approfondie de la chambre triangulaire révéla la présence d'un autre objet intéressant : un œilleton, installé dans le mur adjacent au couloir.

    Le commissaire Georges Massu, qui était arrivé pour prendre la responsabilité de l'enquête, regarda dans le viseur : celui-ci était au niveau des anneaux métalliques, et donc parfaitement placé pour quiconque souhaitait observer de là l'agonie d'une personne attachée aux anneaux.
    Tandis que Massu commençait à s'interroger sur l'importance de ces découvertes, un groupe de policiers entreprit de fouiller le garage contigu au cabinet médical : ils y trouvèrent un tas de chaux vive d'un mètre de haut d'où dépassaient des restes humains - une mâchoire et un morceau de cuir chevelu.


    Le box voisin contenait une vieille fosse de vidange surmontée de deux grosses dalles. Lorsque celles-ci eurent été ôtées, on se rendit compte que la fosse renfermait de la chaux vive et d'autres débris humains. La découverte la plus sinistre fut celle d'un sac contenant tout le côté gauche d'un être humain, dépourvu de tête. Les appentis du 21, rue Le Sueur étaient de toute évidence équipés de manière à ce qu'un criminel ( ou plusieurs ) pût y assassiner des êtres humains, puis se débarrasser de leurs cadavres.


    Cette nuit-là, à 1h30 du matin, Massu avait vu tout ce qu'il avait besoin de voir, et déjà il avait commencé à élaborer une théorie expliquant les macabres trouvailles. Le propriétaire de la maison avait selon toute vraisemblance attiré ses victimes dans son cabinet de consultation, avant de les amener par la ruse à pénétrer dans la chambre de mort, ou de leur faire prendre un soporifique puis de les ligoter aux anneaux scellés dans le mur. Il leur administrait ensuite une dose mortelle de gaz ou de poison. Il pouvait alors, grâce à l'œilleton, observer sadiquement la lente agonie de ses victimes.



    La nouvelle des activités de Petiot était si sensationnelle qu'elle attira la foule devant son domicile du 66, rue Caumartin ( ci-dessus ). Le scandale permit d'oublier un temps l'occupation allemande.


    Les restes découverts dans la chaux vive des communs étaient dans un état de décom-
    position avancée. Le meurtrier avait donc, dans un premier temps, employé ce moyen pour se débarrasser des corps. Mais, de toute évidence, les cadavres s'étaient accumulés trop rapidement, si bien que l'assassin avait été forcé d'adopter la méthode nettement plus grossière qui consistait à les découper en morceaux avant de les faire brûler dans la chaudière du sous-sol.


    Au moment même où le commissaire Massu allait quitter la maison, un télégramme lui parvint du quai des Orfèvres, l'informant que le propriétaire, le Dr Marcel Petiot, était un
    " fou dangereux " recherché par les autorités allemandes, et qu'il devait l'arrêter sans retard.

    L'entrée en scène des Allemands coupa Massu dans son élan, car elle laissait supposer que l'affaire présentait des implications politiques. La police française serait sans doute bien inspirée de se tenir à l'écart d'une telle affaire.

    Une lente traque
     
    C'est peut-être ce qui explique la lenteur de l'enquête. Lorsque les policiers se rendirent rue Caumartin au domicile de Petiot, le lendemain matin, ni Petiot ni sa femme ne s'y trouvaient ( en fait, une demi-heure seulement avant leur arrivée, Petiot était encore en train de faire ses valises ). Ensuite, au lieu de diffuser le signalement de l'homme et de mettre sur pied une surveillance dans les gares - comme on le faisait ordinairement en pareil cas - les enquêteurs se contentèrent de rech-
    ercher les agents immobiliers qui avaient traité la vente à Petiot du 21, rue Le Sueur, et les artisans qui avaient effectué les travaux de trans-formation de la pièce triangulaire. Dans l'intervalle, Petiot avait disparu.
    Le 31 mars, l'inspecteur général Marius Batut entreprit de tirer parti de la note épinglée sur la porte du numéro 21, ce qui le mena à Auxerre, où demeurait le frère cadet de Petiot. Maurice Petiot, réparateur d'appareils de T.S.F. de son métier, commença d'abord par soutenir qu'il

    ignorait tout des trouvailles de la rue Le Sueur, qui faisaient alors les gros titres de toute la presse française. Il prétendit n'être jamais allé dans la maison et n'avoir pas vu son frère au cours du mois écoulé. Batut rentra à Paris, non sans avoir donné à la police locale l'ordre de surveiller la gare d'Auxerre. Le lendemain matin, Maurice et la femme de Petiot, Georgette, furent arrêtés alors qu'ils montaient dans le train de Paris, puis placés en garde à vue au commissariat de police.
    Pâle, les traits tirés, Georgette Petiot, belle femme de trente-neuf ans, expliqua à la police ce qu'elle savait. Le lendemain du départ hâtif de son mari, elle avait emmené son fils avec elle et essayé de prendre un train pour Auxerre. Comme il n'y en avait pas, elle avait passé la nuit du 12 mars dans un autre immeuble appartenant à son mari, au 52 de la rue de Reuilly, puis était finalement arrivée chez son beau-frère avant neuf heures du soir. Elle déclara ne rien pouvoir dire de plus, puis s'évanouit.

    Maurice Petiot, frère de Marcel ( ci-contre ) fut arrêté alors qu'il montait dans le train à Auxerre. S'il admit avoir livré de la chaux vive rue Le Sueur, il nia y avoir jamais vu de cadavres.

    La vérification des dires de madame Petiot permit de mettre la main sur un témoin important, un hôtelier du nom d'Alicot. Il affirma bien connaître Maurice Petiot, car celui-ci descendait régulièrement dans son hôtel depuis 1940, à l'occasion de voyages d'affaires à Paris. Alicot se souvint qu'en Février,

    Maurice était arrivé avec un camion et des ouvriers, apparemment dans le but de livrer un lourd chargement dans un autre quartier de la capitale.

    Par une extraordinaire coïncidence, le propriétaire du camion ( un certain Eustache, d'Auxerre ), alerté par les articles de journaux concernant l'affaire, prit le même jour contact avec la police.


    Eustache confirma que le 19 février, Maurice Petiot et lui-même avaient pris livraison de quatre cents kilogrammes de chaux vive dans une carrière proche d'Auxerre et les avaient livrés à une adresse
    parisienne qui ressemblait fort au 21, rue Le Sueur.

      Face à de telles déclarations, Maurice ( qui jusqu'alors avait à contrecœur admis être allé dans l'immeuble incriminé afin d'y surveiller des travaux de construction pour le compte de son frère ) capitula enfin. Il révéla qu'en février son frère lui avait écrit pour lui demander d'organiser la livraison de la chaux, destinée selon lui à lutter contre une invasion de cafards. Puis, dans la nuit du 11 mars, il avait reçu " un coup de téléphone anonyme " qui l'avertissait de la découverte de restes humains sur les lieux et le prévenait qu'il risquait d'être mis en cause.


    " C'est très grave... la vie de
    nombreux patriotes est en jeu "
    PETIOT, après la découverte du charnier de la rue Le Sueur

     Le 17 mars, Maurice Petiot fut arrêté et écroué ; inculpé de complicité d'homicide volontaire, il fut interrogé à maintes reprises au sujet de ce qu'il avait vu rue Le Sueur et de la maison pour laquelle il avait été amené à s'occuper de cet immeuble.

      

    A la première question, Maurice répondit qu'à aucun moment il n'avait vu de corps dans la maison. Sa réponse à la deuxième question parut plus plausible : il expliqua qu'il avait commencé à aider son frère parce que de mai 1943 à janvier 1944, Marcel Petiot avait été emprisonné par la Gestapo qui le soupçonnait de trahison.

     

    MAISON DE MORT

    Derrière son élégante façade, le 21 de la rue Le Sueur
    cachait une pièce transformée en chambre de torture et
    une fosse destinée à engloutir les restes humains.

    La rue Le Sueur paraissait a priori peu propice aux activités de Petiot. Elle se trouvait dans l'un des arrondissements les plus respectables de Paris, le XVIè ; l'immeuble du 21 lui-même, situé non loin de la place de l'Étoile, était un immeuble hôtel particulier du XIXè siècle, qui avait appartenu à la princesse Maria Colloredo-Mannsfeld. Après son départ, en 1930, l'intérieur fut laissé à l'abandon. La folie de Petiot allait trouver à s'exprimer dans les communs.



    Le commissaire Massu désigne le sinistre viseur et observe le calorifère (en bas à droite), tandis que ses hommes tamisent la chaux (ci-contre).



    II LES MEURTRES

    Les hommes et les femmes désireux de quitter la France
    occupée étaient pour Petiot des victimes toutes désignées,
    qui le payaient grassement pour organiser leur " fuite ".
    Dans ces circonstances, leur disparition ne suscitaient
    bien sûr aucune question gênante.
     
     
     

    A peine l'armée allemande était-elle entrée dans Paris que Petiot entreprit de mettre en œuvre un moyen de profiter des malheurs de la France. En mai 1941, il se vanta auprès de son coiffeur de la rue des Mathurins, Raoul Fourrier, d'être en relation avec un réseau d'évasion qui pouvait faire sortir des réfugiés de la France occupée pour la somme de vingt-
    cinq mille francs - soit les deux tiers des tarifs alors en vigueur.

    Il conseilla à Fourrier de prendre contact avec lui s'il apprenait que quiconque pouvait être intéressé. Le coiffeur transmit le message à son ami Edmond Pintard - un artiste de music-hall dans la débine qui comptait parmi ses connaissances plusieurs figures célèbres du Milieu parisien.


    Rendez-vous fatal
    Dans l'intervalle, Petiot lui-même fut contacté par Joachim Guschinow, juif polonais et associé dans un commerce de fourrures du 69 de la rue Caumartin. Guschinow parla à Petiot de son angoisse croissante devant la manière dont la communauté juive était traitée par les Allemands. Le médecin lui conseilla alors de quitter le pays aussi vite que possible, et lui glissa qu'il pourrait organiser pour lui une fuite vers l'Argentine.

    Le Dr Marcel Petiot chercha dans la guerre l'occasion d'accroître sa fortune personnelle. Avec l'absence de sens moral qui le caractérisait, il entreprit de tuer pour le profit.

    Après plusieurs mois de réflexion, Guschinow prit enfin sa décision. Le 2 janvier 1942, il fit ses adieux à sa femme pour aller au rendez-vous fixé en secret avec Petiot. Il emportait comme convenu cinq de ses plus beaux manteaux, un million de francs en espèces, de l'or et des bijoux, ainsi que mille dollars cousus dans les épaulettes de son manteau.
    Madame Guschinow ne devait jamais revoir son mari. Deux mois plus tard, elle demanda des nouvelles à Petiot, qui lui répondit que Guschinow avait gagné l'Argentine via Dakar ; le médecin lui fournit même une lettre ( apparemment rédigée sur le papier à en-tête d'un hôtel de Buenos Aires ) déclarant qu'il était arrivé à destination et ne tarderait pas à faire venir son épouse auprès de lui.



    En juin 1940, l'armée allemande entra dans Paris ; pour la plupart des Français,
    ce fut un événement tragique, mais des profiteurs sans scrupules virent là un moyen rêvé de s'enrichir.

    Guschinow fut le premier d'une longue liste. Peu après sa disparition, en février 1942, Petiot fut convoqué devant le juge d'instruction Achille Olmi. Il était accusé d'avoir prescrit illégalement de l'héroïne à un certain Jean-Marc Van Bever et à l'amie de celui-ci, une toxicomane et ancienne prostituée du nom de Jeannette Gaul.
    Après de multiples déclarations contradictoires de la part de Van Bever et Jeannette Gaul, et de véhémentes protestations d'innocence de la part de Petiot, tous trois furent relâchés en attendant le procès. Le 22 mars, toutefois, Van Bever disparut à jamais.
    Moins de neuf mois plus tard, Jeannette Gaul, qui avait repris son ancien métier, mourut du tétanos.
    Au moment de la disparition de Van Bever, Petiot fut impliqué dans une affaire étonna-
    -mment similaire, concernant une ordonnance d'héroïne maladroitement falsifiée par une jeune fille du nom de Raymonde Baudet. L'ordonnance qu'elle avait modifiée avait été rédigée par Petiot. La mère de Raymonde, Marthe Khaït, s'intéressa à l'affaire, si bien que Petiot craignit qu'elle ne conduisît la police jusqu'à lui. Avant qu'elle n'ait eu le temps de le faire, cependant, elle disparut également, le 25 mars - soit trois jours seulement après la disparition de Van Bever.
    Le lendemain matin, deux notes griffonnées à la hâte furent découvertes sur le seuil du domicile des Khaït, qui expliquaient que Marthe se droguait en secret depuis des années, et qu'elle s'était enfuie vers la Zone Libre afin de ne pas nuire à la cause de sa fille. Aussi douteux que cela pût paraître, les experts graphologues de la police confirmèrent l'authent-
    icité des lettres, en ajoutant qu'elles avaient de toute évidence été rédigées dans un moment de grande tension. Quelques heures plus tard, deux lettres supplémentaires, dont la teneur concordait avec celle des deux premiers messages, parvinrent à l'avocat des Khaït.

    En compagnie du coiffeur Raoul Fourrier, l'artiste de vaudeville décrépit qu'était Pintard ( ci-contre ) fournissait à Petiot ses victimes sans méfiance.

    Marthe Khaït ne devait jamais être retrouvée. Son mari s'en étant pris à Petiot, celui-ci prétendit qu'elle lui avait parlé de son projet d'évasion et qu'il lui avait fourni les noms de certains contacts en Zone Libre ( contacts qui allaient ultérieurement se révéler inexistants ). L'affaire Baudet fut jugée au mois de juillet suivant : le docteur fut condamné à dix mille francs d'amende ( comme dans l'affaire Van Bever ) et à un an de prison avec sursis.
    Pour autant qu'on le sache, la victime suivante fut une jeune femme du nom de Denise Hotin. Au début de juin 1942, elle prit le train à Neuville-Garnier pour se rendre à Paris. Dans une tentative désespérée pour rétablir la réputation souillée de sa famille, elle souhaitait obtenir un certificat médical fallacieux attestant qu'elle n'avait pas subi d'avortement - elle avait en fait eu recours à cette intervention l'année précédente. Denise se rendit tout d'abord chez une

    certaine madame Mallard, la sage-femme qui avait organisé l'avortement. Un an plus tard, en juin 1943, cette madame Mallard devait déclarer au mari de Denise qu'à l'issue d'un bref entretien, celle-ci avait quitté sa maison pour se rendre au cabinet du Dr Petiot.
    Deux jours après la rencontre supposée de Denise Hotin et de madame Mallard, son mari et sa belle-famille reçurent des messages affirmant qu'elle n'avait jamais subi d'avortement, et qu'elle était partie se reposer dans sa famille à Bordeaux. Il n'y eut plus aucune nouvelle de la malheureuse.
    Le 20 juin 1942, un médecin âgé de soixante-deux ans, Paul-Léon Braunberger, reçut un mystérieux appel téléphonique ; son interlocuteur, un homme qui paraissait le connaître, prétendit l'appeler de la part d'un patient gravement malade ; il souhaitait rencontrer Braunberger de toute urgence à la station de métro de la place de l'Étoile. Le médecin accéda à cette demande... et s'évanouit à jamais.
    Le même jour, un autre patient du docteur Braunberger, Raymond Vallée, reçut une lettre express émanant censément du médecin, dans laquelle celui-ci indiquait qu'il avait été obligé de s'enfuir en toute hâte. La femme de Braunberger reçut une lettre d'explication semblable. Les graphologues de la police devaient plus tard confirmer que ( comme dans l'affaire Khaït ) les lettres étaient authentiques mais qu'elles avaient été rédigées sous la contrainte.

    Persécutions à Paris

    CINQ DES VICTIMES DE PETIOT
    Joachim GUSCHINOW,
    fourreur juif
    Marthe KHAÏT,
    mère d'une patiente
    Joseph REOCREUX,
    proxénète et braqueur
    Margaret et René KNELLER,
    riches juifs français.


    En juillet 1942, les persécutions infligées aux Juifs de Paris par les Allemands s'aggrav-
    èrent ; les biens des Juifs furent saisis, des familles entières déportées vers les camps de concentration du Reich. La famille Kneller, composée de Kurt, de sa femme Margaret et de leur jeune fils René, ressentait avec une acuité toute particulière le danger qui menaçait : en effet, les Kneller étaient d'origine allemande et n'avaient acquis la nationalité française que peu avant la guerre. Le 16 juillet, après avoir échappé de justesse à la Gestapo, ils allèrent se cacher chez des amis. Deux jours plus tard, leur médecin, Marcel Petiot, les aidait à quitter le pays : on n'entendit plus jamais parler des Kneller, sinon par le truchement de deux cartes postales d'origine fort douteuse, dans lesquelles Margaret Kneller indiquait à des amis qu'ils avaient franchi " la ligne ".
    Au moment de la disparition des Kneller, la proposition de service quelque peu grossière que Petiot avait faite chez le coiffeur de la rue des Mathurins commença à payer. Pintard, l'acteur, mentionna l'existence de la filière d'évasion à un certain Joseph Réocreux - connu de ses amis de la pègre parisienne sous le surnom de " Jo le Boxeur ". Proxénète et braqueur au casier judiciaire chargé, recherché par la police française comme par la Gestapo, Réocreux en était venu à la conclusion qu'il était temps pour lui de quitter le pays. Aussi demanda-t-il à Pintard de lui fournir plus de détails.
    Fourrier organisa une rencontre avec un certain docteur Eugène ( alias Marcel Petiot ) ; il fut décidé que Réocreux s'enfuirait avec trois de ses amis - François " le Corse " Albertini, Claudia " Lulu " Chamoux et Annette " la Poute " Basset. Petiot laissa éclater sa fureur en apprenant que Pintard et Fourrier avaient tenté de faire payer aux malfrats le double des 25 000 francs convenus, mais en septembre le plan fut mis en œuvre. Albertini et Claudia Chamoux partirent les premiers, suivis quelques semaines plus tard par Annette Basset et Réocreux, dont les soupçons au sujet de toute l'entreprise furent apaisés par un télégramme annonçant que les autres avaient quitté le territoire dangereux. Selon un processus désormais familier, aucun des quatres fugitifs ne devait reparaître. En novembre, la puissance de recrutement du réseau dirigé par le " docteur Eugène " s'accrût dans des proportions considérables, grâce aux services d'Eryane Kahan. Juive d'origine roumaine, cette aventurière de cinquante ans avait fait la connaissance de Pintard. Le mois suivant, elle servit d'intermédiaire dans l' "évasion" de Maurice et Lina Wolff, et de la mère de Maurice, Rachel - uniques survivants d'une riche famille juive pourchassée à travers l'Europe depuis le début de la guerre.

     

    Le Nouvel An n'occasionna aucun ralentissement des sinistres activités de Petiot : à la fin de janvier 1943, trois autres couples de réfugiés juifs avaient été expédiés dans le néant avec l'aide d'Eryane Kahan : les Baston, vieux amis parisiens des Wolff, ainsi que deux autres couples venus de Nice, les Stevens et les Anspach. Ces six personnes avaient en commun le fait d'être riches et d'être aux abois. Elles disparurent sans laisser de traces. En mars 1943, un ancien " collègue " en gangstérisme de Jo le Boxeur, Adrien " le Basque " Estébétéguy, entra en contact avec le réseau : il avait lui aussi le sentiment que Paris était devenu trop dangereux pour lui, et après avoir vu avec quelle efficacité le docteur Eugène s'était occupé des évasions précédentes, il organisa par l'entremise de Fourrier et Pintard sa propre fuite, en compagnie de quatres amis. Estébétéguy et un proxénète du nom de Joseph Pereschi connurent le sort des autres victimes de Petiot, tout comme leurs maîtresses, Gisèle Rossmy et Paulette " la Chinoise " Grippay.
    Leur disparition marqua toutefois un tournant pour le "réseau d'évasion",

    qui  à ce stade faisait jaser dans tout Paris.

    Parmi les personnes qui s'intéressait de près aux rumeurs figurait Robert Jodkum, du sous-secteur IV-B4 de la Gestapo : il résolut de dépister et de détruire le réseau.

    LES ORIGINES

    Par sa séduction naturelle,
    Marcel Petiot sut conquérir prestige
    professionnel et position sociale.
    Mais ce charme cachait une nature
    sadique et sans scrupule.
     

    Marcel Petiot naquit le 17 janvier 1897 à trois heures du matin, dans la ville d'Auxerre, à environ cent cinquante kilomètres de Paris. On sait peu de choses de ses parents, sinon que son père Félix était employé des Postes et que la famille vivait dans une relative aisance.

     

    Marcel Petiot ( ci-contre ) était originaire d'Auxerre, chef-lieu du département de l'Yonne, sur la rivière du même nom ( ci - dessous ).

     

    Cependant, Félix mourut alors que Marcel n'avait que cinq ans ; trois ans plus tard, sa mère disparut à son tour. Dès lors, le garçon fut confié à la garde de divers oncles et tantes.

    Dans son enfance, Petiot fit montre d'une vive intelligence - il savait lire à la perfection dès l'âge de cinq ans - mais très tôt il manifesta des tendances sadiques.

    On le trouva un jour en train de plonger l'arrière-train de son chat dans une casserole d'eau bouillante ; quelques semaines plus tard, le malheureux animal fut retrouvé étouffé dans son lit. Un autre jour, un parent le surprit alors qu'il crevait avec une aiguille les yeux d'oiseaux captifs puis les regardait avec amusement se jeter contre les barreaux de leur cage.


    Le parcours scolaire de Petiot fut ponctué d'incartades ; il fut renvoyé de deux établissements avant d'obtenir son baccalauréat. L'hiver suivant, alors que la Grande Guerre faisait rage depuis deux ans, il s'engagea dans l'armée et fut envoyé au front.

    En 1917, il fut blessé par des éclats de grenade : malgré un rétablissement rapide, il commença à manifester des signes de troubles mentaux, qui ne firent qu'empirer lorsqu'il rejoignit son unité.

     

    Le jeune médecin

    Petiot passa le reste de la guerre à l'hôpital. Il fut réformé pour raisons médicales en 1919, et se vit accorder une pension d'invalidité. L'année suivante, il parvint à obtenir un poste d'interne dans un établissement psychiatrique d'Evreux ; douze mois plus tard, il obtenait un diplôme de médecin délivré par la Faculté de Médecine de Paris ( diplôme sans doute acquis par des moyens frauduleux ).

      

    Dans le même temps, il s'efforçait de faire augmenter sa pension d'invalidité en se soumettant à des examens psychiatriques auprès de médecins militaires.

      


    Armé des qualifications dont il avait besoin, Petiot regagna son Yonne natale où il s'établit en tant que généraliste dans la paisible bourgade de Villeneuve. De l'avis général il fut excellent médecin, séduisant et compétent ; les rumeurs concernant sa vie privée ne tardèrent pas à aller bon train, mais cela ne l'empêcha pas de se bâtir rapidement une belle clientèle.

      


    En 1926, Petiot annonça son intention de se présenter à la mairie de Villeneuve, sous l'étiquette des " Républicains de gauche " : à l'issue d'une campagne énergique, il fut élu avec une confortable majorité. L'année suivante, il consolida toutes les apparences extérieures de respectabilité en épousant une riche et jolie jeune femme de la région, Georgette Lablais.

     

     

    En 1927, Petiot épousa la jolie Georgette Lablais (ci-contre) ; il avait trente ans, elle en avait vingt-trois. Leur unique enfant naquit l'année suivante. Le père de Georgette était propriétaire du restaurant parisien Chez Marius, rue de Bourgogne, fréquenté par de nombreux hommes politiques.
    Dans l'exercice de ses respons-
    abilités municipales, Petiot eut tôt fait de se faire une réputation de maire peu orthodoxe, certes, mais capable de prendre seul des décisions et de les faire appliquer.
      
    Cela le rendit fort populaire auprès de la majorité des habitants, mais lui valut aussi des inimitiés. Ses ennemis eurent l'occasion de se réjouir en 1930, quand Petiot fut condamné à une peine avec sursis pour détournement de fonds municipaux.
      
    L'année suivante, il fut acculé à la démission, sous le poids croissant des accusations de prévarication. Malgré les graves irrégularités qui furent découvertes par la suite dans les comptes de la ville, il n'y eut pas de plus amples suites judiciaires.

    Sans se laisser démonter, Petiot s'employa à se faire élire au conseil
     

      

    général, toujours sous les couleurs de la gauche ; à la fin de l'année, il ne manqua que de peu sa réélection au poste de maire de Villeneuve.


    En 1933, le médecin de l'Yonne décida de s'installer à Paris avec sa famille - il était grand temps. Après son brusque départ, on découvrit qu'il s'était arrangé ( par un branchement illégal sur le réseau local de distribution d'électricité ) pour disposer gratuitement de l'électricité, aux dépens des contribuables.

    Rumeurs inquiétantes

    Outre ces écarts publics, la vie privée de Petiot fit l'objet de nombreuses rumeurs déplaisantes. Peu après son installation à Villeneuve, il fut accusé d'avoir dérobé des biens dans la maison qu'il louait. Exhibant son livret militaire, il se défendit en assurant qu'il était " un fou certifié " ( mode de défense qu'il serait d'ailleurs amené à employer en d'autres occasions ).


    En 1926, sa femme de ménage et maîtresse, Louisette Delaveau, disparut dans des circonstances mystérieuses. D'aucuns prétendirent qu'elle était enceinte : toujours est-il qu'on ne la revit plus jamais.
    Quatre ans plus tard, Petiot fut interrogé par la police dans le cadre d'une affaire particulièrement sanglante, où s'additionnaient un incendie criminel

    et l'assassinat d'une certaine madame Debauve.

     

    Des témoins jurèrent avoir vu Petiot quitter les lieux du crime, mais l'enquête n'aboutit pas. En 1935, après son départ pour Paris, la mère d'une patiente décédée porta plainte en affirmant que sa fille avait été victime d'une surdose de drogue.

    Selon la rumeur publique, Petiot procédait à des avortements et fournissait des drogues à des toxicomanes.


    Une fois à Paris, Petiot aborda sa nouvelle installation en tant que médecin généraliste avec toute l'énergie, l'efficacité et l'absence de scrupules qui le caractérisaient.

    Après avoir loué un appartement rue Caumartin, dans le quartier fort animé de la gare Saint-Lazare, il apposa une plaque faisant état de références fallacieuses et de thérapeutiques douteuses.

      

    Ce stratagème fonctionna à la perfection : bientôt la salle d'attente fut de nouveau bien remplie. Nombre de patients que Petiot traita alors attesteraient plus tard qu'il était un médecin compétent et consciencieux.


    Toutefois, Petiot était incapable de rester longtemps à l'abri des ennuis. En 1935, soupçonné de prescrire illégalement de l'héroïne à des toxicomanes, il fut arrêté, puis finalement relâché faute de preuves. L'année suivante, il fut arrêté pour avoir commis un vol à l'étalage et frappé l'employé de la librairie qui tentait de l'appréhender.

      

    Lors du procès qui s'ensuivit, il plaida la démence, en arguant de son invalidité reconnue par l'armée et des expertises psychiatriques régulières auxquelles il s'était soumis. Il fut relaxé, mais parut ébranlé par cet incident ; il se fit volontairement interner dans une maison de santé pendant les sept mois qui suivirent.

     

    Fraude fiscale

    En 1938, une nouvelle tache vint souiller la réputation déjà fort ternie de Petiot : son inspecteur des impôts lui chercha noise pour n'avoir déclaré qu'un dixième à peine de ses revenus annuels estimés.

    Ses affaires firent alors l'objet d'une enquête qui montra que Petiot possédait plusieurs propriétés à Paris ; dans son rapport, l'inspecteur indiqua qu'il comprenait mal comment un médecin généraliste ordinaire pouvait avoir amassé une telle fortune. A la fin de la guerre, la réponse lui serait donnée...


    III LE CAPTIF

    Petiot fut pris à son propre jeu lorsque la
    Gestapo mit la main sur lui, mais faisant preuve
    d'un grand courage sous la torture et d'un sang-froid
    remarquable lors des interrogatoires, il parvint à
    ne rien révéler.

    Le bureau de Robert Jodkum, dans l'immeuble de la rue des Saussaies, était intégré à la section de la Gestapo chargée des Affaires juives.

    Au printemps de 1943, toutefois, Jodkum en était venu à la conclusion que les réfugiés juifs n'avaient pas été les seuls à bénéficier des services de la filière d'évasion du " Dr Eugène ".


    Dans un dossier complet daté d'avril de cette année-là, la Gestapo identifiait Fourrier et Pintard comme principaux intermédiaires, précisait que le prix de l'évasion était de cinquante mille francs ( chiffre fourni par Pintard ) et supposait que les fuyards étaient conduits hors de France via Irun, petit port espagnol situé de l'autre côté de la frontière.

    L'unique information manquante était l'identité du Dr Eugène lui-même.

     

    Dans le cadre d'un stratagème mis au point par la Gestapo pour démanteler le réseau d'évasion, Yvan Dreyfus ( ci-contre ), résistant notoire, fut utilisé comme leurre.

    Jodkum avait donc besoin d'un informateur infiltré dans le réseau, d'un homme sur lequel il pût exercer un contrôle total, mais dont le statut d'ennemi du Reich fût au-dessus de tout soupçon.

    Il trouva cet homme en la personne d'Yvan Dreyfus, riche importateur de matériel radio-électrique lyonnais, de confession juive, qui avait utilisé sa société pour fournir des émetteurs radio à la Résistance. Il avait été arrêté par la Gestapo à Montpellier, et attendait d'être déporté vers un camp de concentration.


    A la fin d'avril, par le truchement de toute une série d'intermédiaires, la Gestapo fit savoir à la femme de Dreyfus, Paulette, qu'il était possible d'acheter la liberté de son mari.

    En dépit de sa légitime suspiscion, Paulette accepta le plan qu'on lui proposait : après que l'on se fut mis d'accord sur la somme importante de trois millions et demi de francs, un collaborateur du nom de Pierre Péhu fut envoyé à la prison de Compiègne pour conclure l'affaire.

     

     

    Après de nouveaux marchandages au sujet du prix de sa libération, Dreyfus rejoignit finalement sa femme dans un hôtel proche de la place de la République, à la mi-mai. Se posait toutefois un problème : ni l'un ni l'autre des Dreyfus n'était pourvu de papiers d'identité, de sorte qu'ils risquaient à tout moment d'être arrêtés par une autre section de la Gestapo.

      

    C'est alors qu'un ancien avocat, Guélin, qui avait joué un rôle de premier plan

     

    " Je l'ai questionné ; j'ai parlé avec lui,
    et au bout d'une heure, j'ai été
    convaincu de son innocence.
    Deux jours plus tard, j'ai reçu la
    preuve irréfutable de sa
    culpabilité "
    UN MAGISTRAT, faisant référence à la condamnation de Petiot pour vol, en 1933.

    dans les négociations, proposa à Dreyfus d'aider le service de Robert Jodkum à infiltrer le réseau d'évasion du Dr Eugène. Dreyfus fut sans aucun doute épouvanté par cette incitation à trahir ses compatriotes, mais peut-être eut-il le sentiment que sa seule chance d'en sortir était d'établir un contact avec la Résistance, puis d'échapper d'une manière ou d'une autre aux Allemands.

      

    Dans le même temps, Guélin lui assura que le réseau était sur le point d'être démantelé, et qu'une fois encore sa participation à l'affaire ne serait que pure " formalité ".

      

    Le 15 mai, une réunion fut mise sur pied avec le " docteur Eugène ", au cours de laquelle les détails de la fuite de Dreyfus furent arrêtés. Quatre jours plus tard, Dreyfus prit congé de sa femme et, accompagné de Guélin, se rendit chez le coiffeur de la rue des Mathurins.

    Un homme de la Gestapo les filait.


    L'évolution de la situation fut alors défavorable aux Allemands. Guélin dut attendre dans la boutique tandis que Fourrier emmenait Dreyfus vers la place de la Concorde. Quelques minutes plus tard, les deux hommes furent rejoints par un troisième, et dans la confusion qui s'ensuivit, Dreyfus échappa au limier de la Gestapo

    ( on découvrit ultérieurement que la description de l'homme ne rappelait en rien Petiot ).

    Jodkum était furieux de cet échec ; il ignorait qu'un plan presque identique visant à prendre au piège " le docteur Eugène " avait été mis au point par Friedrich Berger, de la sous-section IV-E3 de la Gestapo, rue de la Pompe : ce plan parallèle allait connaître un succès bien supérieur au premier.

    Berger disposait lui aussi d'un informateur, un Français du nom de Beretta, qui après avoir été déporté par les Nazis en juin 1940 avait regagné son pays pour collaborer avec un enthousiasme spectaculaire. Beretta rencontra " le docteur Eugène " chez le coiffeur Fourrier le 16 mai - soit le lendemain du rendez-vous avec Dreyfus - ce qui lui permit de fournir à la Gestapo un rapport circonstancié sur ce qui s'y passait.

      

    Le prix de l'évasion avait été fixé à soixante mille francs ; Beretta reçut pour instruction de se présenter de nouveau chez Fourrier le 21 mai, où il entrerait en possession des documents nécessaires au voyage.


    Le jour dit, à peine Beretta était-il arrivé rue des Mathurins que la Gestapo fit irruption dans le salon de coiffure pour l' appréhender " en compagnie de Fourrier et de Pintard.

    Quelques menaces suffirent à établir que le docteur Eugène était en réalité le Dr Marcel Petiot, résidant au 66 de la rue Caumartin. Peu après, le médecin fut tiré de son appart-ement ; alors qu'on l'emmenait, il s'écria à l'adresse de sa femme : " Ne t'inquiète pas ! "


    Quelques heures plus tard, la nouvelle du coup de maître de Berger, qui était enfin parvenu à arrêter le mystérieux " docteur Eugène ", parvint aux oreilles de Jodkum.

    Il informa en termes glacials son collègue qu'il venait, ce faisant, de détruire toutes les chances qu'avait eu la Gestapo de retrouver le reste du réseau d'évasion.

    Berger ayant présenté ses excuses les plus plates, les détenus furent transférés rue des Saussaies pour y être interrogés.
    Au cours des semaines suivantes, Petiot fut soumis à des tortures systématiques par la Gestapo, qui voulait à toute force obtenir de plus amples renseignements sur le réseau d'évasion.

      

    S'il admit son appartenance au réseau, Petiot refusa d'ajouter quoi que ce fût, sinon qu'il avait confié les fugitifs à un certain Martinetti, qu'il était dans l'incapacité de contacter.

      

    Après quelque temps, Petiot fut transféré à la tristement célèbre prison de la Gestapo, à Fresnes.


    Au cours de ses huit mois de détention à Fresnes, selon ses compagnons de cellule interrogés après la guerre, Petiot fit preuve d'un courage remarquable et d'un profond mépris pour ceux qui l'avaient capturé. Mal nourri, ne bénéficiant d'aucun privilège et périodiquement soumis à des interrogatoires très durs, il n'en résista pas moins stoïquement à tous les efforts effectués pour tirer de lui un quelconque renseignement supplémentaire, et ne prit nullement la peine de masquer sa haine des Allemands.

    Durant sa détention, le docteur se vanta de ses liens avec un groupe de Résistance baptisé " Fly-Tox " et annonca à des codétenus que s'ils parvenaient à s'évader, il pourrait par ses contacts leur permettre de quitter le pays.

    Tout bien pesé, il se montra en tous points un résistant modèle, source d'inspiration pour les autres détenus.

     

    Le commissaire Massu fit arrêter deux des associés de Petiot : l'intermédiaire Fourrier (ci-contre) et Nézondet (ci-dessous), vieil ami de Petiot.

    La Gestapo demeurait persuadée que Petiot pouvait la conduire directement au cœur de ce qu'elle continuait à considérer comme un réseau d'évasion très élaboré et solidement organisé :

    à la fin de 1943, la police secrète allemande fit donc savoir à Maurice Petiot que la libération de son frère pourrait être obtenue moyennant le versement d'une somme de cent mille francs. Lorsque Petiot lui-même eut vent de cette proposition, de la bouche d'un officier de la Gestapo, il l'accueillit avec un dédain carac-

    téristique ; il prétendit que son frère était en train de mourir d'un cancer et que sa libération lui importait peu. Mais Maurice en jugea autrement ; après que Robert Jodkum eut reçu l'argent, Marcel Petiot fut relâché de Fresnes, le 13 janvier 1944.


    Le 15 mars 1944, soit quatre jours après la disparition de Petiot de la rue Le Sueur et deux jours avant l'inculpation de son frère Maurice, le commissaire Massu prit officieusement possession du dossier de la Gestapo concernant Petiot, établi par le bureau de Jodkum. Le jour même, le commissaire reçut la visite de Jean Guedo, l'associé du fourreur de la rue

      

    Caumartin, Joachim Guschinow. Guedo lui annonça qu'au vu du battage qui entourait l'affaire, il se sentait forcé de raconter l'histoire de la disparition de Guschinow, survenue vingt-six mois auparavant.
    Massu prit également connaissance des fiches concernant les affaires Jeannette Gaul et Raymonde Baudet, ce qui ne lui laissa guère de doute quant à l'implication de Petiot dans la disparition de Marc Van Bever et de Marthe Khaït.

    Le problème qui se posait désormais ( outre la capture de Petiot ) était celui de l'identification des restes des victimes. La seule autre victime dont le nom apparaissait dans les fichiers était Yvan Dreyfus.


    Le rapport d'autopsie concernant les cadavres rue Le Sueur ne fut d'aucune aide ou presque ; la plupart des restes humains étaient soit carbonisés, soit dans un état de putréfaction interdisant toute identification.

      

    On découvrit bien un amas d'effets personnels dans le sous-sol, mais il n'apporta aucun indice.

      

    Les médecins légistes ne purent pas même définir avec certitude le nombre des cadavres - ils parvinrent cependant à confirmer que ceux-ci étaient des deux sexes et que leurs âges variaient dans d'importantes proportions.

    Un fait intéressant fut dégagé par l'enquête médico-légale : celui qui avait découpé les corps l'avait fait avec une précision chirurgicale.

     

    L'arrestation de Nézondet

    Massu procéda ensuite à l'arres-
    tation de René Nézondet, qui avait été capturé en compagnie de Petiot par la Gestapo, mais avait été rapidement relâché, après avoir affirmé tout ignorer du réseau d'évasion.

    Au cours de l'interrogatoire, Nézondet confirma qu'il était un vieil ami de Petiot, et qu'il avait occupé les fonctions de greffier de la justice de paix de Villeneuve durant le mandat de maire de Marcel Petiot ; puis il répéta ce qu'il avait dit à la Gestapo : il ne savait rien des activités criminelles de Petiot.

    A ce moment, Roland Porchon - autre vieille connaissance de Petiot et de Nézondet - s'était déjà présenté à la police pour raconter son histoire. Dans l'après-midi du 17 mars 1944, Porchon annonça à des enquêteurs médusés que dès 1942, Nézondet lui avait appris que Petiot était " le roi des criminels ", qu'il amassait une fortune en attirant vers son faux réseau d'évasion des réfugiés et des bandits qu'il assassinait pour s'emparer de leurs biens.
    Nézondet nia tout d'abord avoir

      

    dit quoi que ce fût à Porchon, mais cinq jours plus tard il s'effondra et, dans une déposition signée, affirma qu'au moment où Marcel Petiot était en prison, son frère Maurice lui avait tout révélé de ce qui se passait au 21 de la rue Le Sueur. Nézondet ajouta que Maurice lui avait rapporté avoir découvert d'importantes quantités de vêtements dans la maison, qu'il avait aussitôt fait enlever par camion, et que lorsque la femme de Petiot avait appris la nouvelle, elle avait refusé d'y ajouter foi.

      

    Pour sa part, Maurice Petiot réfuta catégoriquement les déclarations de Nézondet, dont il laissa entendre qu'il était " dérangé ". Perplexe, Massu envoya ce témoin peu fiable derrière les barreaux.

      

    A ce moment, monsieur Marçais ( qui avait signalé la fumée émanant du 21, rue Le Sueur ) déclara à la police qu'il avait assisté au chargement de valises dans un camion à l'époque où Petiot était en prison. Le camion en question ayant été retrouvé, il fut établi que six cent trente-six kilogrammes de bagages avaient été expédiés à Auxerre par le rail, le 26 mai 1943.

    Quelques jours plus tard, après avoir de nouveau interrogé Maurice Petiot, les policiers se rendirent chez un autre ami del a famille, Albert Neuhausen, résidant dans le village de Courson-les-Carrières. Dans le grenier de la maison, ils découvrirent quarante-cinq valises de vêtements ( ci-contre ) appartenant à des personnes inconnues.
     

    En juin 1944, cette nouvelle découverte, s'ajoutant aux indices recueillis rue Le Sueur et aux témoignages de diverses personnes attirées par la publicité que la presse avait donné à l'affaire, permit à Massu de reconstituer l'identité de plusieurs victimes. Il ignorait encore totalement où pouvait bien se trouver Petiot... mais

      

    bientôt son attention fut, comme celle de tous les Français, retenue par des événements d'une toute autre ampleur :

    le 6 juin, les Alliés débarquèrent en Normandie.


    IV LA TRAQUE


    En août 1944, les troupes alliées défilent sur les Champs-Elysées ; la chasse aux collaborateurs commence.

    Lorsque Paris fut libéré de l'occupation allemande,
    Petiot parvint à tirer parti de la confusion générale pour masquer
    sa trace ; mais le commissaire Massu se fia à son instinct
    et sut débusquer sa proie.
     

    Le 25 août 1944, Paris fut libéré par les forces alliées, dans la liesse et la violence. Alors que les Allemands quittaient la ville, les habitants de la capitale française se soulevèrent pour exercer leur vengeance contre tous ceux qui avaient collaboré avec le régime nazi ; pendant ce temps, une situation dangereusement proche de l'anarchie sembla prévaloir.


    La Résistance, officiellement représentée par les Forces Françaises de l'Intérieur, se mit en devoir de harceler les Allemands et de tirer les traîtres de leurs caches ; mais de nombreux innocents firent les frais de son organisation quelque peu cahotique.

      

    Cette confusion ambiante rendit plus difficile encore la traque de Petiot.


    Néanmoins, Massu était persuadé que Petiot était encore à Paris, grimé et probablement sous une fausse identité ; il avait appris à évaluer cet homme qui par son audace et un mépris total de toute autorité était parvenu à berner non seulement la police de son pays, mais aussi la redoutable Gestapo.

    Le 19 septembre, mû par une inspiration géniale, Massu servit à un journaliste avec qui il était en contact une histoire qui présentait Petiot comme un traître ( cette histoire lui aurait été communiquée par un petit malfaiteur du nom de Charles Rolland, mais il est possible que l'anecdote tout comme Rolland soient nés de l'imagination de Massu ).

    Le journaliste publia un compte rendu dans le journal patriotique " Résistance ", sous le titre suivant :

    " Petiot soldat du Reich ". Cet article dépeignait Petiot comme un meurtrier et un traître de l'espèce la plus méprisable. Si quelque chose devait faire sortir le docteur de sa tanière, cet article ferait sans doute l'affaire.


    Effectivement, quelques jours plus tard, le commissaire se vit remettre par l'avocat de Petiot, maître René Floriot, une missive dans laquelle le docteur réfutait violemment les accusations portées contre lui. Le cachet de la poste, ainsi que la rapidité avec laquelle la lettre avait été expédiée, parurent confirmer l'impression de Massu : Petiot vivait sans doute encore à Paris.

     

     

    Il y avait aussi dans le ton averti et plutôt hautain de la lettre quelque chose qui inspira à Massu sa deuxième intuition de génie : l'homme recherché avait rejoint les rangs des FFI s'activait à la chasse aux collaborateurs.

      

    A ce moment toutefois, Massu lui-même se trouva en mauvaise posture : soupçonné de collaboration, il fut suspendu de ses fonctions

     

    ( cette accusation fut ultérieurement abandonnée, mais ce fut un rude coup porté à l'homme qui avait jusqu'alors pourchassé Petiot, et qui allait ainsi se trouver privé de l'hallali ).

      
      
    Faux papiers
     

    Le 31 octobre, Petiot fut arrêté à l'entrée d'une station de métro par un groupe de membres des FFI.

    Comme Massu l'avait pressenti, ses traits se dissimulaient sous une épaisse barbe noire. Vêtu d'un uniforme d'officier des FFI, il se faisait appeler " Capitaine Henri Valeri " ( ou Valery ).


    Il fut remis entre les mains des policiers, qui découvrirent sur lui plusieurs jeux de faux papiers d'identité, dont un carnet de rationnement grossièrement falsifié dont on découvrit par la suite qu'il avait appartenu à Kurt Kneller, l'une des victimes juives du criminel.

    Il avait également en sa possession le brouillon d'une lettre accusant le commissaire de collaboration avec l'ennemi - renseignement qu'il affirma avoir glané par le truchement de ses prétendus contacts au sein de la Résistance.


    La version des faits que Petiot présenta à la police, et qui hormis quelques détails mineurs allait être celle qu'il soutiendrait à son procès, était surtout remarquable par son audace.

    Faisant preuve de l'inébranlable mépris pour l'autorité qu'il avait déjà manifesté au cours des huit mois passés à la prison de Fresnes, il ne se départit pas, tout au long des interrogatoires, de l'attitude d'un homme à qui l'on causait injustement beaucoup de tort.



    Le commissaire Massu parvint à amener Petiot à révéler sa présence à Paris. Reperé à l'entrée d'une station de métro, Petiot fut appréhendé et aussitôt interrogé (ci-dessus).

    Selon Petiot, après son départ hâtif de la rue Le Sueur, le 11 mars, il avait passé plusieurs nuits chez des amis dans différents quartiers de Paris avant de rencontrer un ancien patient, peintre en bâtiment de cinquante-six ans, du nom de Redouté.

    Ce dernier était un esprit simple, aussi ne mit-il pas un instant en doute le récit de Petiot, qui affirmait être poursuivi par la police collaborationniste pour ses activités de résistant.

     

    Le 20 août, alors que les armées alliées n'étaient qu'à quelques kilomètres de Paris et que les combats de rue étaient déjà engagés entre les Allemands et la Résistance, Petiot rentra chez lui et alla jusqu'à prétendre au cours d'un interrog-
    atoire qu'il avait tué plusieurs nazis lors d'une bataille rangée place de la République.

    Peu après, selon Redouté, il disparut.
    Petiot avait alors décidé qu'il aurait de meilleures chances de n'être pas pris en s'engageant dans les FFI sous une fausse identité.

    Avec sa perfidie habituelle, il amena par traîtrise un médecin crédule à lui fournir de faux papiers et alla s'engager à la caserne des FFI de Reuilly sous le nom d' " Henri Valeri ".


    Il raconta ensuite à ses supérieurs une longue histoire au sujet de son passé de résistant, ce qui lui valut d'être promu au rang de capitaine.


    Petiot servit un récit fort semblable aux policiers, à qui il affirma être " un héros de la Résistance " ; lorsque les tenants et les aboutissants de l'affaire seraient connus, il faudrait bien le libérer.

    Le médecin prétendit que son œuvre clandestine avait commencé peu après la défaite française de 1940. Il avait alors entrepris de falsifier des dossiers médicaux afin d'éviter à des travailleurs la déportation vers les camps de travail d'Allemagne.

    Dans le cadre de ses activités de généraliste, il avait aussi été amené à soigner des ouvriers malades renvoyés du Reich, ce qui lui avait permis de puiser des renseignements et de les transmettre à la Résistance.

     

    Petiot poursiuvit en affirmant qu'en 1941, il avait fourni au consulat des États-Unis à Paris (à cette date, les États-Unis n'étaient pas encore entrés en guerre) les plans d'une "arme secrète", mais il n'avait reçu aucune réponse.

    La même année, il avait suivi un entraînement au maniement des armes auprès d'un agent parachuté d'Angleterre, avant d'être affecté à un réseau de la Résistance désigné par le nom de code "Fly-Tox" (du nom d'une marque d'insecticide), dont la mission consistait à débusquer et exécuter les traîtres.


    Lorsqu'on lui demanda s'il avait dirigé une filière d'évasion, Petiot répondit par la négative, tout en indiquant que par ses activités de résistant il avait évidemment été en contact occasionnel avec de tels réseaux. Il admit cependant sa responsabilité personnelle dans la mort de Joseph Réocreux, Adrien Estébétéguy et leurs six acolytes, qui selon lui étaient tous des "collabos" travaillant pour la Gestapo.

    Le récit de Petiot contenait au moins une parcelle de vérité, mais les raisons qu'il donnait pour l'assassinat de "divers réfugiés juifs" dirigés vers lui par Eryane Kahan était plus difficiles à avaler. Petiot prétendit qu'ils avaient tous (y compris Eryane Kahan) été à la solde de la Gestapo, et qu'il avait dû agir en conséquence.


    " Je ne répondrai à aucune
    question car j'ai hâte de
    m'expliquer en public aux
    Assises "
    PETIOT au juge d'instruction

    Des événements qui avaient conduit à son arrestation et à son emprisonnement par la Gestapo, Petiot déclara seulement qu'il savait qu'Yvan Dreyfus était un traître, mais qu'il n'avait pas encore décidé de ce qu'il allait faire de lui quand "Fly-Tox" fut infiltré et trahi par des indicateurs.

    Il affirma avoir héroïquement refusé de fournir aux Allemands le moindre détail concernant la Résistance, malgré les effroyables tortures auxquelles il avait été soumis ; à sa sortie de prison en janvier 1944, il avait découvert que son réseau avait été dissous.

    Une explication ingénieuse
     

    La tension se lit sur le visage de madame Petiot tandis qu'elle parle avec le défenseur de son mari, Maître René Floriot.

    L'explication fournie par Petiot pour la présence des innombrables corps découverts rue Le Sueur était fort ingénieuse.

    Selon lui, les Allemands savaient tout de la maison du 21. A la suite de son arrestation, ils avaient procédé à une fouille complète des lieux.

    Les cadavres avaient été placés là soit par des camarades animés par un excès de zèle, soit par les Allemands eux-mêmes.

    Il ajouta qu'un mois environ après sa sortie de Fresnes, il s'était rendu dans la maison et avait été horrifié de ce qu'il y avait trouvé.

      

    Plutôt que de s'adresser à la police, qui naturellement était infestée de collaborateurs, il avait écrit à son frère Maurice en lui demandant de faire livrer de la chaux vive afin de se débarrasser le plus discrètement possible des corps.

    S'étant rendu compte que cette méthode était trop lente, il avait dû se résoudre à procéder à la dissection et à l'incinération des cadavres - ce qui bien sûr avait abouti à la découverte du pot aux roses.

    De prime abord, une bonne part des propos tenus par Petiot aux policiers paraissait tout à fait plausible, et ce d'autant plus que l'on touchait là à un sujet particulièrement "sensible" (chacun se demandait alors qui avait et qui n'avait pas collaboré avec les Nazis).

     

    " Les journaux oublient de parler des
    corps que mes collègues de la
    Résistance et moi avons jetés
    dans le canal de l'Ourcq... "
    PETIOT à Redouté

     Cependant, lorsque les policiers entreprirent de réunir des éléments permettant d'étayer les affirmations du médecin, ils se heurtèrent à un mur.

    De manière fort opportune, aucun des contacts au sein de la Résistance qu'avait mentionnés Petiot n'était encore en vie. Dans la mesure où ils étaient tous des personnages connus, Petiot avait parfaitement pu recueillir des bribes d'informations à leur sujet durant son séjour à Fresnes. En outre, nul membre encore vivant d'un réseau de Résistance ou d'un service de Renseignements allié ne se rappelait l'existence d'une organisation baptisée "Fly-Tox", et les archives consulaires américaines ne contenaient la moindre mention d'une proposition d' "arme secrète".

    Plus l'enquête progressait et plus les policiers étaient convaincus que l'homme qu'ils détenaient était véritablement "le fou dangereux" évoqué par le télégramme allemand adressé au commissaire Massu.

    La date du procès fut finalement fixée au mois de janvier 1946. L'affaire était alors presque oubliée du public... mais Marcel Petiot n'allait pas tarder à retrouver sa place à la une des journaux.

     

    DÉMENT OU DÉMON ?

    " Sans scrupules et dépourvu de sens moral " :
    c'est ainsi que deux psychiatres décrivirent Petiot...
    et pourtant, ils le déclarèrent sain d'esprit.

    Dans les mois qui précédèrent son procès, Marcel Petiot fut examiné par trois psychiatres, qui tous attestèrent qu'il était sain d'esprit.

    *Dans ces conditions, comment en était-il arrivé à tuer vingt-sept personnes ?
    A première vue, Petiot était doué d'une grande intelligence, il avait réussi aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa carrière de politicien local.

    En tant que médecin comme dans ses fonctions de maire, il avait fait montre d'un grand pouvoir de séduction, et en diverses occasions, il avait mis en pratique ses principes socialistes.

    Lors du procès, un ancien patient désargenté vint témoigner que Petiot l'avait soigné gratuitement et avait même, un dimanche, effectué une visite à domicile pour sa famille - ce qui était presque inouï de la part d'un riche praticien de la ville.

    Il apparut aussi que Petiot était un mari prévenant et un père dévoué. Jusqu'à la fin, sa femme assura que, s'il se mettait en colère lorsqu'elle essayait de se "mêler" de ses affaires privées, il l'avait toujours traitée avec la plus grande gentillesse, et qu'il avait toujours pourvu à tous les besoins de sa famille.

    Signes avant-coureurs

    Sous ces dehors irréprochables, pourtant, Marcel Petiot avait dès le plus jeune âge manifesté des signes évidents de déséquilibre.

    Dans son enfance, il était atteint de somnanbulisme et d'énurésie, qui sont parfois les premières manifestations de troubles mentaux.

    La cruauté dont il fit preuve envers les animaux et ses tendances à la pyromanie sont par ailleurs considérées chez les enfants comme des symptômes classiques de tendances psychopathiques.

    Au cours de l'adolescence, les signes avant-coureurs laissèrent place à des troubles mentaux évidents ; au moment où il fut rendu à la vie civile à la fin de la Grande Guerre, il souffrait d'accès de dépression, d'amnésie, de paranoïa et de mélancolie.


    Durant sa carrière de médecin à Villeneuve, sa kleptomanie se révéla, et ses démêlés avec les élus municipaux, le fisc et la police parisienne montrèrent qu'il était un menteur invétéré. Plus tard, la découverte, dans son cabinet de consultation, d'une collection d'organes génitaux conservés dans des bocaux, ainsi que d'une sculpture de bois arborant un phallus surdimensionné, parurent indiquer qu'il était aussi animé d'étranges obsessions sexuelles.

    Un menteur de premier ordre

    L'aperçu le plus révélateur du fonctionnement de l'esprit de Petiot apparut au travers de ses rapports avec la Gestapo, avec les policiers qui l'arrêtèrent et avec ceux qui étaient présents à son procès.

      

    En ces trois occasions, il traita ces hommes qui auraient dû disposer d'un pouvoir sur lui avec le plus profond mépris et la plus totale dérision, comme s'il lui était impossible de reconnaître qu'aucune autorité pût lui être supérieure. Si tél était le cas, il y a fort à parier qu'il ait considéré ses psychiatres commes des figures d'autorité bonnes à duper.


    Étant donné son intelligence, ses facultés avérées de menteur et de trompeur hors pair, et son année de formation dans une institution psychiatrique, il n'est pas absurde de supposer que Petiot ait feint sa "folie" précoce pour le plaisir de se prouver à lui-même combien il était malin - et avec l'idée d'en tirer parti un jour.

    Une croissance bloquée

    La conclusion inévitable est que pour des raisons qui demeureront peut-être à jamais inconnues, le développement émotionnel de Petiot fut très tôt bloqué dans des domaines essentiels, de sorte qu'il grandit en dehors de toute notion de moralité. Un psychiatre qui l'avait examiné en 1937 après l'incident de la librairie, puis de nouveau avant son procès, déclara qu'il était "chroniquement déséquilibré" et totalement amoral ; il vit en Petiot un homme vivant en fonction de ses propres règles, et doué de l'intelligence nécessaire pour (presque) toujours tirer son épingle du jeu.

      
    V LE PROCÈS

    Le long procès de Petiot fut l'un des plus
    extraordinaires dans l'histoire judiciaire française.
    Bien qu'il concernât de sordides assassinats,
    et que la vie de l'accusé fût en jeu,
    il se déroula par moment dans une ambiance de farce.

    Lors de son procès, Petiot demeura imperturbable, au point de parfois s'assoupir.

    Peu avant l'audience préliminaire de janvier 1946, Marcel Petiot informa ses gardiens de la prison de la Santé que son procès serait "merveilleux" et "ferait rire tout le monde".

      

    Ces paroles étaient prophétiques. L'imposante salle du Palais de justice de Paris était bondée pour l'ouverture de ce qui allait être l'un des procès les plus confus, comiques et même grotesques de l'histoire judiciaire française.


    Vingt-sept assassinats avaient été retenus contre Petiot ; à l'issue des débats, les jurés allaient devoir répondre à cent-trente-cinq questions. Outre l'avocat général Pierre Dupin, les douze représentants des parties civiles pouvaient intervenir chaque fois que leur affaire particulière venait à être évoquée, ce qui ajouta à la confusion déjà créée du fait de l'importance des pièces à conviction : plusieurs tonnes au total furent acheminés jusqu'aux Assises par un convoi de camions.

     

    < L'habile et dynamique avocat des familles de Marthe Khaït et Yvan Dreyfus, Me Pierre Véron, eut plusieurs algarades spectaculaires avec Petiot.

    Le premier jour du procès, l'accusation fit référence aux écarts de Petiot avant la guerre, que ce dernier rejeta d'un air si sûr de lui que tout le monde en resta pantois. Maître Pierre Véron, qui représentait les familles de Marthe Khaït et Yvan Dreyfus, parvint à prendre Petiot en défaut au sujet de ses débuts dans la Résistance

    (l'avocat avait lui-même été résistant),

    mais l'attention de la cour fut bientôt détournée et maître Véron n'eut pas l'occasion de pousser plus loin son avantage.

    Tout au long du procès de Petiot, la salle de tribunal connut des moment de tension?
    Le deuxième jour, Véron renouvela ses attaques, pour s'entendre qualifier par Petiot de "défenseur des traîtres et des Juifs". Furieux, Véron menaça de lui "casser la figure".
      
    Plus tard, Petiot se mit à sangloter en évoquant la façon dont ses anciens camarades avaient donné leur vie pour leur pays, et la façon dont lui-même avait fait de son mieux pour accomplir son devoir patriotique. Pendant ce temps, son propre défenseur, le charismatique René

      

    Floriot, était tranquillement assoupi parmi son armée d'assistants et de secrétaires.

    A la fin du troisième jour, le procès sombra dans la farce, après la déclaration que fit le président Michel Leser à un journaliste américain, en présence de deux jurés, qualifiant Petiot de "monstre". Floriot exigea un nouveau procès, rendu nécessaire par un tel manquement aux procédures, mais il dut se contenter d'un remplacement des jurés.

      

    Le lendemain, Petiot fut interrogé au sujet des Kneller. Cet épisode aurait dû permettre à l'accusation de faire voler en éclat le système de défense de Petiot (comment un garçonnet de sept ans - le jeune Kneller - pouvait-il être un traître à la solde des Allemands ?).

    Mais Dupin et Leser commirent tant d'erreurs dans la présentation des faits que la séance dégénéra dans la confusion.

     


    Le cinquième jour, la cour d'assises se transporta au 21 rue Le Sueur ; l'émotion fut portée à son comble lorsque Petiot parut défaillir devant la fosse qui avait contenu les cadavres jetés dans la chaux vive.

    En réalité, l'accusé n'avait presque rien mangé depuis trois jours, ce qui expliquait sa faiblesse passagère.

      

    De retour au Palais, le commissaire Massu vint à la barre, mais ne put guère ajouter à ce que l'on savait déjà. Floriot tenta ensuite (en vain) de provoquer l'assistant de Massu, l'inspecteur Batut, puis le témoignage de Jean Hottin, mari de Denise, provoqua l'hilarité générale par sa niaiserie. Le huitième jour vit une série d' "experts" se succéder à la barre.

    A un psychiatre qui avait déclaré que Petiot était déséquilibré, Floriot demanda si l'on pouvait appliquer ce jugement à la sœur de Petiot.

    Le psychiatre jugea que non, sur la base de son bref examen : sur ce, Floriot, fit remarquer que Petiot n'avait pas de sœur.


    Les rires redoublèrent au moment du témoignage d'Edouard de Rougemont, un pompeux expert grapholoque appelé à la barre pour commenter les lettres prétendument falsifiées par Petiot, et qui déclara qu'un graphologue pouvait discerner si un homme mentait ou disait la vérité.

     

    Floriot griffonna quelques mots sur une feuille de papier et lui demanda de la lire à haute voix.

    La note disait :

    "L'honorable expert ne s'est jamais trompé dans aucune analyse"."


    Le neuvième jour, Nézondet et Maurice Petiot vinrent à la barre, mais si la cour attendait un feu d'artifice elle fut déçue. Nézondet se contenta de répéter sa dernière version des faits, cependant que Maurice, qui se mourait d'un cancer, les nia tranquillement en bloc.

     

    < Eryane Kahan vint à la barre des témoins au dixième jour du procès de Petiot. Très maquillée, portant des lunettes aux verres fumés et parlant d'une voix rauque et profonde, elle répondait à l'image de femme mystérieuse que la presse avait donnée d'elle. Elle était accusée d'être une indicatrice, une collaboratrice ou même un agent de la Gestapo, mais elle protesta de son patriotisme et prétendit que Petiot avait lâchement profité d'elle.

    Le dixième jour, Eryane Kahan protesta avec véhémence contre les accusations de trahison proférées par Petiot, en affirmant qu'elle lui avait adressé les régugiés en toute bonne foi. L'avocat de Petiot demanda alors pourquoi elle avait vécu avec un Allemand.

    "Il était autrichien !" s'écria Eryane Kahan.

    "C'était l'excuse d'Hitler", répliqua sèchement Floriot. Plus tard, Floriot et Dupin se querellèrent avec une

      

    telle fureur que l'audience dut être suspendue jusqu'à ce qu'ils se fussent calmés.
    Le treizième jour, la défense prodiusit divers témoins de moralité favorables à Petiot.

    La vedette revint au lieutenant parachutiste L'Héritier, qui avait partagé une cellule avec Petiot à Fresnes en 1943, et se montrait totalement convaincu de l'innocence de l'accusé.


    Les deux derniers jours du procès furent consacrés à une interminable récapitulation des faits par les représentants du ministère public et des parties civiles ; seuls les propos de Pierre Véron éveillèrent un vague intérêt dans la salle.

    Petiot, qui avait passé une bonne partie des deux semaines précédentes à flatter les témoins et à adresser aux magistrats des commentaires pleins de sarcasme, manifestait des signes évidents de lassitude et d'ennui.

    Lorsqu'il ne somnolait pas, il s'amusait à dessiner des caricatures de Dupin et des juges.

    Lorsque l'avocat général réclama sa tête, c'est à peine s'il sourcilla.

      
    Habileté et sang-froid

     

    Lorsque Dupin en eut fini, ce fut au tour de maître Floriot de s'exprimer.

      

    Avec toute l'habileté et le sang-froid dont il avait fait montre lors d'innombrables autres procès, une coupe de champagne posée à côté de lui, il souligna d'abord que l'affaire avait commencé avec la découverte des corps dans la maison de la rue Le Sueur, et que la police avait simplement attribué aux cadavres des noms piochés parmi les milliers que contenaient leurs listes de personnes disparues.

    Il rappela ensuite à la cour que Petiot ne niait pas avoir tué dix-neuf des vingt-sept prétendues victimes, mais que selon tous les éléments dont on disposait il y avait de fortes chances pour que ces "victimes" aient toutes été coupables - à des degrés divers - de collaboration avec l'ennemi.

     

     

    Pour ce qui concernait les huit personnes que Petiot niait avoir tuées (Denise Hotin, Jean-Marc Van Bever, Marthe Khaït, les Kneller, Joachim Guschinow et Paul-Léon Braunberger), Floriot fit remarquer que les indices permettant d'incriminer son client étaient dépourvus de toute solidité, ou qu'ils reposaient largement sur l'identification des vêtements trouvés dans la maison d'Albert Neuhausen.

    Il poursuivit en attirant l'attention des jurés sur le fait que des individus inconnus auraient aisément pu rassembler ces effets avant leur départ de la rue Le Sueur, et qu'en tout état de cause il était presque impossible d'affirmer que tel ou tel vêtement appartenait à telle ou telle personne, en raison de l'existence d'innombrables articles identiques.

     

    " Pour la première fois de ma vie,
    j'ai vu un homme quitter le quartier
    des condamnés à mort sinon en
    dansant, tout au moins
    parfaitement calme "
    DR ALBERT PAUL, médecin légiste

    Lorsque Floriot en eut terminé, la salle se leva pour l'acclamer. Les jurés ne se laissèrent toutefois pas impressionner par l'éloquence du ténor du barreau de Paris, puisqu'il ne leur fallut que trois heures pour considérer les cent trente-cinq chefs d'inculpation et rendre leur verdict.

      

    Le président Michel Leser regagna son fauteuil et annonça solennellement que l'accusé n'avait été déclaré non coupable que dans les affaires Denise Hotin et Marthe Khaït ; Petiot était jugé coupable de la mort des vingt-cinq autres victimes, et en conséquence condamné à la peine capitale.

    Pendant que la sentence était prononcée, l'accusé se contenta de regarder nonchalam-
    ment dans le vague. Il ne trahit d'émotion qu'au moment où on l'emmenait hors de la salle du tribunal. Il lança alors à la cantonnade (à sa femme peut-etre ?) : "Il faudra me venger".

     


    La guillotine (d'un modèle portatif) est nettoyée et démontée (ci-dessus) après avoir rempli son rôle dans le châtiment du Dr Marcel Petiot.

     

    Le 13 mai, l'avocat de Petiot forma un pourvoi en cassation, qui fut rejeté. Le 24 mai, le recours en grâce fut refusé.
    La fin survint le 25 mai à la prison de la Santé.

    Comme le voulait la coutume française, le condamné ne fut informé de son exécution qu'une demi-heure à l'avance (trente-six heures auparavant, Floriot était cependant parvenu à lui transmettre un message avertissant son client de l'imminence du châtiment).

    Selon des témoins, au moment où on conduisait Petiot hors de sa cellule, le juge parut sur le point de s'évanouir : sur le ton de la plaisanterie, le condamné lui rappela qu'il était médecin et qu'il pouvait lui faire une piqûre pour le ranimer.

    Continuant de protester de son innocence et de la blancheur de sa conscience, il autorisa le prêtre à dire une prière, par égard pour son épouse.

     

    " Messieurs, ne regardez
    pas, cela ne va pas être
    beau "
    PETIOT aux témoins de son exécution

    Cinq heures venaient de sonner quand un Petiot calme et détendu fut mené à la guillotine. A 5h05, le couperet s'abattit. Les personnes présentes rapportèrent que Petiot souriait.

     

    DÉNOUEMENT

    ♦ Lorsque le verdict de ♦ En 1963, Ronald Seth,
    culpabilité eut été rendu, ancien agent secret brit-
    les magistrats se mirent annique à Paris en 1943-
    à déterminer le montant 44, publia un ouvrage
    des dommages et intérêts intitulé "Petiot : victim of
    accordés aux familles des Chance " (Petiot, victime
    victimes de Petiot.

    Diverses du hasard), dans lequel il
    sommes d'un montant total soutenait que Petiot aurait
    de 1 970 000 francs furent été un authentique résis-
    atribuées, mais certains tant appartenant à un
    plaignants ne reçurent rien. groupe communiste. R.

    ♦ Georgette Petiot s'efforça Seth estimait que Petiot
    de refaire sa vie avec son avait toujours refusé de
    fils auprès d'elle, et d'oublier désigner les membres de
    les horribles événements de son groupe parce que les
    ses années de mariage.

    On communistes avaient
    aurait pour la dernière fois menacé de s'en prendre à
    entendu parler d'elle dans sa femme et à son fils...
    les années cinquante, alors " et il aimait sa femme et qu'elle travaillait dans une son fils".
    boulangerie. Son fils Gérard
    finit par changer de nom.

    Michel Serraut jouait le rôle du
    diabolique docteur dans un film
    consacré à la vie de Petiot.
     
     
     
     
     
     
     http://tueursenserie.wifeo.com/marcel-petiot.php
     
     
     
     
     
     
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    La FACE HONTEUSE de la POLICE FRANCAISE sous l'OCCUPATION.

     

    De 1940 à 1945, la PJ a arrêté plus de 5 000 résistants,
    maquisards, femmes, jeunes et juifs, catholiques, communistes,

    marché noir...

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    elle est belle la république des droits de l'Homme..!!


     

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    Dans l'entre-deux-guerres, il était le «flic le plus célèbre de France».

      

    Avec son prédécesseur Marcel Guillaume, il avait servi de modèle à Georges Simenon pour confectionner son personnage de Maigret.

     

     

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    A la Libération, le commissaire Massu, l'homme

    «aux trois mille deux cent cinquante-sept arrestations»,

      

    est arrêté, accusé de collaboration.

    En prison, il fait une tentative de suicide.

     

    Blanchi, il sort de Fresnes, après huit mois d'internement.

     

    C'est un homme brisé, qui part en retraite quelques mois plus tard.

      

      •  

      

    Inavouables. «L'as de la brigade criminelle» de Paris a payé les fautes d'une institution.

     

    Ses épreuves illustrent l'«ambiguïté du rôle des policiers pendant l'Occupation», écrit l'historien Jean-Marc Berlière, dans son ouvrage de référence, les Policiers français sous l'Occupation (1).

      

    La guerre, c'est la période noire de la PJ, sa face honteuse.

     

    A propos de ses brigades, Clemenceau disait qu'elles formaient la «seule police qu'une démocratie puisse avouer, celle des crimes et des délits».

     

    Sous le gouvernement de Vichy, ses missions deviennent inavouables.

     

     

    Dès les premières attaques antiallemandes, Vichy veut montrer à l'occupant l'efficacité de sa police. La PJ, comme les Renseignements généraux ou la police municipale, se dote de sa «brigade spéciale criminelle» chargée de la lutte contre les «terroristes».

      

    Ce sont ses hommes qui démantèlent le groupe de Gilbert Brustlein qui a tiré contre un Feldkommandant à Nantes en 1941. Sept jeunes communistes sont fusillés après un simulacre de procès.

     

    Rebaptisée, en novembre 1942, police de sûreté, la PJ participe activement à la traque des résistants, des Juifs, des francs-maçons...

      

    Au sein des brigades mobiles régionales de la PJ (BR), des sections des affaires politiques (SAP) voient le jour.

     

    «On attribue aux sections des affaires politiques des BR plus de 5 000 arrestations», rapporte Jean-Marc Berlière.

     

    Son directeur, Jean-Félix Buffet, sera fusillé en 1944.

     

    Décrit comme un «mobilard à la carrière médiocre», il a profité des événements pour prendre du galon.

      

    Comme beaucoup de ses collègues épurés à la Libération, c'est un fonctionnaire appliqué et discipliné, un «bon républicain» qui a réprimé la Cagoule, groupe armé d'extrême droite, à la fin des années 30.

     

    Il agit par opportunisme et discipline, non par idéologie. Rien à voir avec le commissaire Schweblin, antisémite enragé qui dirige la police aux questions juives.

    Repris de justice. Cela n'empêche pas Buffet de collaborer sans état d'âme avec la Gestapo et son officine de la rue Lauriston, formée de truands qui pratiquent le meurtre et la rapine.

      

    Ces repris de justice sont encadrés par des policiers, révoqués ou détachés, tel Pierre Bonny, un ancien de la PJ destitué en 1935 pour fautes graves. La PJ compte aussi quelques résistants illustres, comme Michel Hacq, de la 12e brigade de Reims, déporté au camp de Mauthausen.

     

     

    (1) Jean-Marc Berlière (avec Laurent Chabrun), les Policiers français sous l'Occupation, Perrin, Paris, 2001.

    Christophe BOLTANSKI 

     

     

     

    http://www.liberation.fr/evenement/2007/02/03/la-face-honteuse-de-l-occupation_83919

     

     

     

     

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    La Nueve en bref…

    Qui étaient ces combattants à l’idéal de liberté chevillé au corps, ces antimilitaristes qui ont choisi « la lutte pour la liberté » en rejoignant l’armée de Leclerc ?


    Nous reprenons ici quelques points importants de l’histoire de la Nueve, qui sera célébrée cet été, pour les 70 ans de la libération de Paris.

    D’où viennent ces combattants à l’idéal de liberté chevillé au corps ?

     

      

    Février 1936 : le peuple d’Espagne porte « el Frente popular » (Front populaire) au pouvoir. Juillet 1936 : une guerre civile et révolutionnaire éclate ; elle va durer 32 mois et se soldera, faute d’armement et d’aide internationale, par la défaite du camp républicain face à l’armée putschiste de Franco, soutenue par Hitler, Mussolini et Salazar.

      

    En février 1939, un demi-million d’Espagnols, sous les intempéries et les bombardements, franchit la frontière française. Des quelques 200 000 Espagnols de la « Retirada » demeurés en France à l’issue de la victoire franquiste, nombreux sont ceux qui reprendront les armes contre le nazisme, après de terribles séjours dans les camps de concentration du sud de la France ou d’Afrique du Nord.

     


    Admiratifs des soldats de la France libre de la première heure dirigés par De Gaulle et commandés sur le terrain par le général Leclerc, beaucoup d’Espagnols vont tenter de rejoindre les rangs de cette armée « illégale » constituée en Afrique avec les forces coloniales du Tchad, du Cameroun…

     
    Ce n’est qu’en 1943 que cette troupe hétéroclite prendra

    le nom de 2e division blindée (2e DB).


    Des anarchistes antimilitaristes dans la 2e DB

     

    La Nueve (neuvième compagnie) était une composante de la 2è DB, commandée par le général Leclerc, composée de 160 soldats dont 146 républicains espagnols majoritairement anarchistes.


    À l’instar de tous les républicains espagnols vaincus, ils concevaient le combat pour la France libre comme la continuité de celui commencé en Espagne par la guerre civile, en juillet 1936, et espéraient – comme on le leur avait promis – qu’il se poursuivrait, avec l’aide des alliés, contre la dictature de Franco. Ces anarchistes voulaient agir ;

      

    ils refusaient d’être spectateurs, sachant combien le nazisme –partenaire du franquisme – est l’ennemi de la liberté, valeur fondamentale pour tout libertaire.

      

    C’est pourquoi beaucoup d’entre eux ont rejoint les maquis ou endossé l’uniforme. Antimilitaristes, ils considéraient que l’enjeu valait ce compromis avec leurs principes.


    Leclerc « el patrón »

     

      

    Militant de l’Action française, royaliste très catholique, Leclerc avait d’emblée choisi le camp de Franco lors de la guerre d’Espagne, mais il apprit à mieux connaître et apprécier les combattants du camp républicain au cours de la Seconde Guerre mondiale.

      

    Leclerc rejoint le général de Gaulle en Juillet 1940. À la tête de la 2e division française libre, qui deviendra la célèbre 2e division blindée (2e DB), il entame la campagne d’Afrique en promettant de combattre jusqu’à ce que les couleurs du drapeau français « flottent sur la cathédrale de Strasbourg »


    « El patrón », comme l’appelaient les hommes de la Nueve, gagna la confiance et l’estime de tous les Espagnols par sa notion originale et efficace du commandement :

      

    ne pas rester passif, prendre toujours l’initiative, réagir immédiatement devant un obstacle imprévu –sans attendre la note ou l’ordre–, s’adapter aux circonstances les plus inattendues, atteindre l’objectif dans le cadre de la mission donnée, ne pas obéir à des ordres stupides... préserver autant que possible la vie de ses hommes et les respecter.


    Pour les soldats de la Nueve, « Leclerc n’était pas un général français. C’était un véritable général républicain espagnol, comme ceux qui nous commandaient pendant la guerre contre les franquistes ». (Luis Royo Ibañez, soldat de la Nueve.)

     

    En 1945, la guerre en Europe terminée, il partira en Indochine pour y défendre le protectorat français.


    Raymond Dronne « el capitán »

     

      

    Il fut l’un des premiers hommes à se mettre à la disposition de Leclerc et intégra le régiment de marche du Tchad. En lui remettant le commandement, Leclerc lui expliqua qu’il s’agissait d’une compagnie de volontaires espagnols qui étaient indisciplinés mais qui avaient une expérience inestimable et une grandeur d’âme hors du commun :

      

    « Ce sont de beaux soldats, vous vous en arrangerez... »


    Leclerc avait compris que ces hommes accepteraient d’être commandés seulement par un officier rallié dès les premières heures à la France libre ; surtout s’ils savaient que c’était un soldat qui avait été gravement blessé au combat.

      

    Les Espagnols le mirent à l’épreuve, mais ne tardèrent pas à l’accepter.



    « On n’acceptait pas les ordres. Mais, pourtant, Leclerc, le capitaine Dronne ensuite et, surtout, le colonel Putz ont gagné notre sympathie. C’étaient des gens qui nous comprenaient et qui assuraient qu’ils nous aideraient à lutter contre Franco. »

    (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)


    Des half-tracks aux noms de batailles de la guerre civile

     

      

    Chaque véhicule avait le nom des plus célèbres batailles de la guerre civile ou de symboles importants. Quant au capitaine Dronne, sa jeep portait :

      

    Mort Aux Cons.



    « Et ces tanks ? Mes yeux voient-ils clair ? Ce sont eux ? Oui, ce sont eux.

      

    Ce sont les Espagnols. Je vois le drapeau tricolore. Ce sont eux qui, après avoir traversé l’Afrique, arrivent sur les Champs-Élysées. Les tanks portent des noms évocateurs : Guadalajara, Teruel, et ce sont les premiers qui défilent sur la grande avenue. On dirait un rêve... On dirait un rêve. » (Victoria Kent, ancienne haute-fonctionnaire espagnole.)


    Les 24, 25 et 26 Août 1944

     

      

    24 Août 1944. Le premier officier de la fameuse 2e DB à pénétrer dans l’Hôtel de Ville de Paris, déjà occupé par le Comité national de la résistance, était un Espagnol, Amado Granell, lieutenant de la Nueve.

      

    Et les premiers véhicules à entrer sur la place de l’Hôtel de Ville n’étaient pas – contrairement à ce que retiendra l’histoire officielle – les chars Romilly, Champaubert et Montmirail, mais des half-tracks, des véhicules blindés plus légers et munis de mitrailleuses, pilotés par des Espagnols de la Nueve et nommés Guadalajara, Teruel ou encore Guernica.



    « À la porte d’Italie, quand nous sommes arrivés et qu’une femme a crié : ’’Vive les Américains !’’, un de mes camarades a répondu :

     

    ’’No, señora Madame, yo soy un Français. »

    (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)



    25 Août.

    Le lendemain, le journal Libération publia en première page la seule photographie connue de cet instant. Elle montre le premier soldat « français » arrivé à Paris, posant avec Marcel Flouret, préfet de la Seine, près d’une fenêtre, à l’intérieur de la mairie.

      

    Ce soldat « français » était le lieutenant Amado Granell, Républicain espagnol. Il apparaissait à la une du journal, sous le titre « Ils sont arrivés ! ».



    26 Août. Après avoir procédé au « nettoyage » de Paris, la Nueve du capitaine Dronne alignait, ce jour-là, ses chars devant l’Arc-de-Triomphe. Elle formait la garde d’honneur du Soldat inconnu pour l’arrivée du général de Gaulle.

      

    Une immense banderole aux couleurs de la République espagnole barrait les Champs-Élysées. Entre-temps, plus de quatre mille réfugiés espagnols participaient au soulèvement de la Capitale



    « On nous avait mis là parce que je crois qu’ils avaient plus confiance en nous, comme troupe de choc, qu’en d’autres... Il fallait voir comme les gens criaient et applaudissaient ! » (Germán Arrúe, soldat de la Nueve.)


    Paris, Strasbourg, le nid d’aigle de Hitler

     

      

    Après Paris, les hommes de la Nueve se remettent en route, en direction de l’Est. Avec Leclerc, ils libèrent les Vosges, l’Alsace, participent aux durs combats de la poche de Colmar, puis poursuivent leur offensive jusqu’au nid d’aigle de Hitler, à Berchtesgaden.


    2014, un seul survivant de la Nueve

     

    Sur les 146 Espagnols de la Nueve, seulement 16 sont arrivés à Berchtesgaden. 70 ans après, il n’en reste qu’un : Rafael Gómez.


    Les héros oubliés de la victoire

     

      


    L’histoire n’a retenu que ce qui pouvait servir à la construction d’une geste nationale et nationaliste : des étrangers n’y avaient pas leur place.

    Cette « francisation » de la Libération fut « une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps,

    des dirigeants du Parti communiste français ».

      


    L’épopée gaulliste et l’épopée communiste de la Libération ne pouvaient être que nationales. « La participation armée des Espagnols a été récupérée par les gaullistes.
    » (Jorge Semprún, préface La Nueve, 24 août 1944, ces Espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, le Cherche Midi, 2011.)



    Dans la Nueve, mais aussi dans la Résistance

     

      

    Des Républicains espagnols ont été sur tous les fronts. Très tôt engagés dans les rangs des Forces françaises libres ou des maquis, leurs faits d’armes sont légendaires. Hommes ou femmes, leur participation au sein de « l’armée de l’ombre » sera, elle aussi, unanimement reconnue. Des maquis se constituent, composés intégralement ou à forte majorité d’Espagnols, un peu partout en France occupée et non occupée :

     

    • La 3e brigade de guérilleros espagnols libère Foix.
    • Au plateau des Glières, ils seront en résistance dès la fin de 1942, et ils représentent plus de la moitié des maquisards montés au plateau en janvier 1944.
    • Le commandant Raymond, qui n’est autre que Ramón Vila Capdevila, avec son bataillon « Libertad » libère Limoges.
    •  
    • Des réseaux clandestins sont organisés dès novembre 1939. Francisco Ponzán se met à la disposition des services secrets britanniques. Ce sera le début d’un des réseaux des plus efficaces de passeurs, lié au réseau anglais Pat-O’Leary.

    • Les premiers à être déportés dans les camps de la mort, à Mauthausen, dès le 6 août 1940, sont des Espagnols. Dans l’ignominie de la déportation, ils songent à s’organiser, afin de collecter les preuves, pour témoigner de leurs conditions de détention et résister à leur mort programmée.
    •  
    • Ce sont eux qui accueilleront, en 1942, les premiers résistants français, déportés au camp de Mauthausen.

     

     

    SOURCES

    http://www.24-aout-1944.org/?La-Nueve-en-bref

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Longtemps, les manuels d’histoire ont prétendu que la libération de Paris a commencé le 25 août 1944. Après avoir lu le livre de la journaliste Evelyn Mesquida paru au Cherche-Midi, ils vont devoir corriger leur « erreur ».

      

    C’est en effet le 24 août 1944 que la 9e compagnie de la 2e division blindée du général Leclerc est entrée dans Paris par la porte d’Italie.

      

    Le capitaine Raymond Dronne était à la tête de la Nueve, un régiment composé de républicains espagnols, dont pas mal d’anarchistes, qui espéraient finir leur lutte antifasciste à Madrid. Un espoir déçu, pour ne pas dire trahi.

     

     

      

    Impossible de parler de la Nueve sans remonter à la guerre d’Espagne, guerre civile et révolutionnaire où tout un peuple osa rêver d’un autre futur.

     

      

      

    A partir du 17 juillet 1936, date du soulèvement franquiste au Maroc, les Espagnols durent lutter pendant trente-trois mois contre le fascisme international (Hitler, Mussolini et Salazar prêtaient main-forte au général Franco) et contre quelques faux amis avant d’affronter l’insoutenable « Retirada », une retraite infernale qui les conduisait vers la mort (ce fut le cas notamment pour le poète Antonio Machado à Collioure) ou dans des camps de concentration français.


    Après la victoire des troupes franquistes, fin janvier 1939, une effroyable fourmilière se rua vers la France. Une marée humaine qui échoua, sous la pluie ou la neige, sur des plages aujourd’hui recherchées par les estivants.

      

    Peu de vacanciers savent que les sites où ils lézardent furent d’ignobles lieux de souffrances et même les cimetières de milliers d’Espagnols victimes du froid, de la faim, de la gangrène, de la dysenterie, du désespoir.

      

    Désarmés, humiliés, parqués comme des bêtes, couverts de poux et de gale, maltraités par les tirailleurs sénégalais, les « rouges » échappaient aux balles fascistes pour connaître une nouvelle barbarie à la française dans une vingtaine de camps situés dans le Sud-Ouest (Argelès, Saint-Cyprien, Le Vernet, Gurs, Agde, Bram, Septfonds…). Dans son livre La Lie de la terre, Arthur Koestler écrit que le camp du Vernet où il a été emprisonné se situe « au plus haut degré de l’infamie ».


    Parmi les vaincus, on comptait des nuées d’« extrémistes dangereux », c’est-à-dire des militants très politisés, des combattants aguerris et des dynamiteurs redoutables. Le camp du Vernet regroupait à lui seul 10 200 internés dont la quasi-totalité des anarchistes de la 26e division qui a succédé à la célèbre colonne Durruti.

      

    Que faire de ce gibier de potence ? Les autorités françaises en envoyèrent bon nombre, plus de 30 000, dans une cinquantaine de camps de travail disciplinaires situés en Afrique du Nord (Relizane, Bou-Arfa, Camp Morand, Setat, Oued-Akrouch, Kenadsa, Tandara, Meridja, Djelfa…).

      

    Véritables esclaves, victimes de tortures et d’assassinats, les Espagnols construisirent des pistes d’aviation, participèrent à la construction de la voie ferrée transsaharienne qui devait relier l’Algérie au Niger. Les anarchistes espagnols avaient été convertis en « pionniers de cette grande œuvre humaine » comme l’annonça le journal Aujourd’hui.


    L’engagement dans la Légion fut une curieuse alternative offerte aux combattants espagnols. Entre la Légion et la menace d’un retour en Espagne (où une mort certaine les attendait), le choix n’était pas simple, mais néanmoins rapide. Ceux qui furent incorporés dans le 11e régiment se retrouvèrent ainsi sur la ligne Maginot…

      

    D’autres iront dans le 11e bataillon de marche d’outre-mer qui participa à la formation de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère qui combattit contre les Allemands dans les neiges norvégiennes avant de batailler en Libye, en Syrie, en Egypte, en Tunisie…

      

    Engagés parfois juste pour survivre ou recevoir des soins vitaux, ballottés entre les revers militaires de la France et les rivalités au sein des forces alliées, les Espagnols étaient comme des bouchons dans une mer déchaînée.


    Si de nombreux Espagnols évadés des camps avaient rejoignirent la Résistance en France, c’est en Afrique que d’autres allaient contribuer à écrire un chapitre de l’histoire de la 2e DB.

      

    Début 1943, après le débarquement allié en Afrique du Nord, des Espagnols libérés des camps de concentration du Sahara (majoritairement des anarcho-syndicalistes de la CNT) composèrent un bataillon de corps francs. Une autre compagnie commandée par Joseph Putz, officier français héros de 14-18 et de la guerre d’Espagne, intégra aussi d’anciens prisonniers espagnols. Ce genre d’unités de combat déplaisaient fortement à certains officiers français formatés par Vichy et fraîchement gaullistes.

      

    Après la reprise de Bizerte,

    où les Espagnols pénétrèrent les premiers, la presse d’Alger et les généraux américains saluaient cependant « l’habileté de ces guerriers primitifs »

     

    La 2e DB vit le jour au Maroc, dans la région de Skira-Temara, au sud de Rabat, le 24 août 1943. Un an après, jour pour jour, l’une de ses compagnies, la Nueve, allait libérer Paris. Si Leclerc était el patron pour les Espagnols, Raymond Dronne en était el capitàn.

      

    La Nueve fut l’une des unités blindées du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad appelé aussi le « bataillon espagnol ». Cent quarante-six hommes de la Nueve, sur cent soixante étaient espagnols ou d’origine hispanique. On y parlait le castillan. Les ordres étaient donnés en espagnol et même le clairon sonnait à la mode espagnole. Les anarchistes y étaient nombreux.

      

    Des hommes « difficiles et faciles » selon le capitaine Dronne. Difficiles parce qu’ils ne respectaient que les officiers respectables. Faciles parce leur engagement était total quand ils respectaient leurs officiers. Antimilitaristes, les anars étaient des guerriers expérimentés et courageux. Plus guérilleros que soldats, ils menaient une guerre très personnelle. « On avait tous l’expérience de notre guerre et on savait ce qu’il fallait faire, se souvient German Arrue, ancien des Jeunesses libertaires.

      

    On se commandait nous-mêmes. On était une compagnie de choc et on avait tous l’expérience d’une guerre dure. Les Allemands le savaient… »

    Autre originalité, les Espagnols ont baptisé leurs half-tracks avec les noms de batailles de la guerre d’Espagne :

      

    Guadalajara, Brunete, Teruel, Ebro, Santander, Guernica. Pour éviter les querelles, les noms de personnalités avaient été interdits. Par dépit et dérision, des anarchistes qui souhaitaient honorer Buenaventura Durruti, grande figure de la CNT et de la FAI, avaient alors baptisé leur blindé

      

    « Les Pingouins ». D’autres encore s’appelaient « Don Quichotte » ou

    « España cañi » (Espagne gitane). Raymond Dronne ne fut pas en reste

      

    quand il fit peindre sur sa jeep un joli « Mort aux cons ».


    « A la playa ! A la playa ! » Avec un humour noir datant des camps de concentration de 1939, les Espagnols plaisantaient en mer avant de débarquer dans la nuit du 31 juillet au 1er août près de Sainte-Mère-Eglise.

      

    La division Leclerc était la première troupe française a mettre les pieds en France depuis quatre ans. Zigzaguant entre les positions nazies, la 2e DB avala les kilomètres d’Avranches au Mans.

      

    Avançant cachée dans des chemins discrets et des sentiers touffus, la Nueve roulait vers Alençon en combattant et capturant de nombreux Allemands (qu’ils donnaient aux Américains contre de l’essence, des bottes, des mitrailleuses ou des motos, selon le nombre et le grade des ennemis).

      

    La bataille de Normandie passa par Ecouché.

      

    Les Espagnols fonçaient « comme des diables » sur les soldats des 2e et 9e Panzerdivisions.

      

    Plus drôle, le capitaine Dronne mentionne une anecdote amusante dans ses Mémoires.

    Les anarchistes et autres anticléricaux se cotisèrent pour que le prêtre du coin puisse se racheter une statue du Sacré-Cœur.

      

    La sienne n’avait pas survécu aux combats. La statue achetée avec l’argent des bouffeurs de curés est restée en place jusqu’en 1985.


    Contrariant les plans américains, Leclerc décida, le 21 août, de lancer ses troupes sur Paris.

      

    De Gaulle approuva immédiatement.

      

    Le 23 à l’aube, la division se mettait en route avec le régiment du Tchad en tête et la Nueve en première ligne.

      

    Le 24 au matin, sous la pluie, les défenses extérieures de Paris étaient atteintes. Les combats contre les canons allemands furent apocalyptiques.

      

    Parallèlement, Dronne mettait le cap sur le cœur de la capitale par la porte d’Italie. La Nueve arrivera place de l’Hôtel-de-Ville vers 20 heures. Le lieutenant Amado Granell, ex-capitaine de la Colonne de Fer, fut le premier officier « français » reçu par le Conseil national de la résistance.

      

    Georges Bidault, président du Conseil, posa avec lui pour la seule photo que l’on connaisse de ce moment historique.

      

    Le journal Libération la publia le 25 août.
    « C’est les Français ! » criaient les Parisiens.

      

    Quand la rumeur annonça qu’il s’agissait en fait d’Espagnols, de nombreux compatriotes accoururent.

     

    Plus de 4 000 Espagnols engagés dans la résistance intérieure participèrent à l’insurrection parisienne.

     

    La nuit fut gaie.

     

    Dronne s’endormit bercé par les hymnes républicains.

     

    « Quelle joie pour ces Espagnols combattants de la liberté ! »,

     

    écrivit-il plus tard.


    Plus de 20 000 Allemands bien armés occupaient encore Paris. Leclerc et son état-major entrèrent par la porte d’Orléans où l’accueillit une délégation des Forces françaises de l’intérieur.

     

    Le général de Gaulle l’attendait gare Montparnasse.

      

    Le nettoyage n’était pas terminé.

      

    Une colonne de la Nueve fut chargée de déloger les Allemands d’un central téléphonique.

     

    Appuyée par la Résistance, la 2e DB partit combattre autour de l’Opéra, de l’hôtel Meurice, des jardins du Luxembourg, de l’Ecole militaire…

      

    Le 25 août au matin, un résistant espagnol, Julio Hernandez, déployait le drapeau républicain, rouge, jaune et violet, sur le consulat d’Espagne. Il fut moins facile d’abattre les forces d’élite allemandes qui défendaient l’hôtel Meurice. Ce sont encore des Espagnols, Antonio Gutiérrez, Antonio Navarro et Francisco Sanchez, qui partirent à l’assaut des lieux avec grenades et mitraillettes.

      

    Il désarmèrent le général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, et son état-major.

     

    Le 26 août, la Nueve fut salué par de Gaulle et reçut les honneurs militaires. Au risque de déplaire à de nombreux soldats français, de Gaulle chargea la Nueve de le couvrir jusqu’à Notre-Dame.

      

    Précaution utile pour éliminer les miliciens qui tiraient lâchement sur la foule en liesse. De Gaulle et Leclerc furent également protégés par la Nueve dans la cathédrale même. Des tireurs isolés y sévissaient.

      

    Amado Granell ouvrait la marche dans une grosse cylindrée prise à un général allemand.

      

    Curieuse escorte que ces half-tracks nommés Guernica, Teruel, Résistance et Guadalajara qui arboraient côte à côte drapeaux français et drapeaux républicains espagnols… Un autre drapeau républicain, de plus de vingt mètres de long celui-là, fut déployé à leur passage par des Espagnols, hommes, femmes et enfants, survoltés.


    Après un temps de repos dans le bois de Boulogne où les combattants reçurent la visite de Federica Montseny (militante CNT et ancienne ministre de la Santé du gouvernement républicain), de camarades anarcho-syndicalistes, mais aussi d’admiratrices… le moment de repartir vint le 8 septembre.

      

    De nouveaux volontaires, dont des Espagnols de la Résistance, s’étaient engagés dans les troupes de Leclerc pour continuer le combat, mais une page se tournait.

      

    Les Espagnols reçurent l’ordre d’enlever leurs drapeaux des half-tracks désormais légendaires.


    Avant d’arriver au QG de Hitler, à Berchtesgaden, la Nueve traversa des batailles épiques dans des conditions souvent extrêmes à Andelot, Dompaire, Châtel, Xaffévillers, Vacqueville, Strasbourg, Châteauroux…

      

    Les Allemands subirent de gros revers, mais les pertes humaines étaient aussi importantes chez les Espagnols. « On a toujours été de la chair à canon, un bataillon de choc, soutient Rafael Gomez. On était toujours en première ligne de feu, tâchant de ne pas reculer, de nous cramponner au maximum. C’était une question d’honneur. »

      

    Question de revanche aussi contre les nazis qui ont martyrisé le peuple espagnol et déporté des milliers de républicains à Buchenwald et à Mauthausen.


    Vainqueurs d’une course contre les Américains, les Français, dont des combattants de la Nueve, investirent les premiers le « nid d’aigle » de Hitler le 5 mai. Après avoir mis hors d’état de nuire les derniers très jeunes nazis qui défendaient la place jusqu’à la mort, officiers et soldats burent du champagne dans des coupes gravées « A H ». Les soldats glanèrent quelques souvenirs (jeu d’échecs, livres anciens, cristallerie, argenterie…) qui améliorèrent ensuite un ordinaire parfois difficile.

      

    Les médailles pleuvaient pour les Espagnols rescapés, mais la victoire était amère. Les projets de ces révolutionnaires internationalistes ne se limitaient pas à la libération de la France. « La guerre s’est arrêtée malheureusement, regrettait encore, en 1998, Manuel Lozano, ancien des Jeunesses libertaires. Nous, on attendait de l’aide pour continuer le combat et libérer l’Espagne. »

     

    Le livre d’Evelyn Mesquida, enfin traduit en français par le chanteur libertaire Serge Utge-Royo, est étayé par de nombreuses références historiques, mais aussi par les témoignages des derniers héros de la Nueve recueillis entre 1998 et 2006. Ce qui donne un relief et un souffle extraordinaires. Evadés des camps de concentration, déserteurs de la Légion, anciens des corps francs…

      

    chacun avait un parcours singulier. Antifascistes viscéraux, tous étaient pressés d’aller régler son compte à Franco. « Il y a eu des Espagnols si désespérés de voir que l’aide ne venait pas qu’ils en ont perdu la tête et sont partis vers la frontière, sans vouloir en écouter davantage… Ils sont tous morts », explique Fermin Pujol, ancien de la colonne Durruti et de la 26e division.

      

    Amado Granell, le premier soldat français reçu à Paris, retourna clandestinement en Espagne en 1952. Il mourut à 71 ans dans un accident de la route près de Valence. Dans son journal, le capitaine Dronne écrit qu’on aurait trouvé des traces de balles sur la voiture…

     

    Les manuels scolaires ont gommé la présence des Espagnols dans la Résistance ou dans les forces alliées et de nombreuses personnes s’étonnent d’apprendre que des républicains espagnols, dont nombre d’anarchistes, ont joué un rôle important dans la lutte contre les nazis et la libération de Paris.

      

    Comment s’est opérée cette amnésie générale sur fond de patriotisme véreux ?

      

    Dans la préface de l’ouvrage, Jorge Semprun, ancien résistant communiste déporté et ancien ministre de la Culture espagnol, l’explique.

      

    « Dans les discours de la Libération, entre 1944 et 1945, des centaines de références furent publiées sur l’importance de la participation espagnole. Mais peu après, à la suite de la défaite allemande et la libération de la France, apparut tout de suite la volonté de franciser – ou nationaliser – le combat de ces hommes, de ceux qui luttèrent au sein des armées alliées comme au sein de la Résistance. Ce fut une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps, des dirigeants du Parti communiste français. Quand arriva le moment de réécrire l’histoire française de la guerre, l’alliance communistes-gaullistes fonctionna de façon impeccable. »

     

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, Luis Royo est le seul membre de la Nueve a avoir reçu un hommage officiel de la mairie de Paris et du gouvernement espagnol en 2004 à l’occasion de la pause d’une plaque sur le quai Henri-IV près de l’Hôtel-de-Ville. En 2011, surveillés de près par la police, une poignée d’ami-e-s de la République espagnole, dont Evelyn Mesquida, s’est regroupée dans l’indifférence quasi générale lors de la commémoration de la libération de Paris.


    « Avec l’histoire de la Nueve, on possède un thème de grand film », affirme Jorge Semprun. Assurément. Le plus bel hommage que l’on pourrait rendre aux milliers d’Espagnols combattants de la liberté serait surtout de poursuivre leur lutte pour un autre futur.

     

    http://florealanar.wordpress.com/2012/08/25/la-veritable-histoire-de-la-liberation-de-paris/

     

     

     

     

     

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    Crowds thronged the Place de la Concorde in central Paris on 26 August 

     

     

     

    Une foule immense est rassemblée pour acclamer le Général de Gaulle place de la Concorde,  au lendemain de la Libération de Paris.

    AFP/Archives

     

     

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    La folle semaine de la Libération de Paris, il y a 72 ans, marquée par le soulèvement de la capitale contre l'occupant allemand et par l'arrivée de la 2ème DB, fut aussi celle de petites histoires qui racontent ce moment fort de la grande histoire de France.

     

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    - Fusillé le 19 août 1944 !!!

     

    décédé en 2005

     

     

    Samedi 19 août au matin.

    L'insurrection commence.

     

    La préfecture de police est prise par des policiers

    en grève depuis quatre jours.

     

     

     

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    Georges Loiseleur was shot dead less than a week before Paris was liberated

    il avait 19 ans !

     

     

    Le gardien de la paix Armand Bacquer

     

    24 ans, est arrêté par les Allemands dans le VIIe arrondissement.

     

    Vers 23h00, il est fusillé !!

    avec un autre policier,

     

    Maurice Guinoizeaux, 37 ans, au bord de la Seine, près de la Concorde.

     

     

     

    Guinoizeaux est tué sur le coup.

     

    Touché de plusieurs balles,

    Bacquer, laissé pour mort, est secouru le lendemain.

     

     

    Opéré à Necker, il survivra et reprendra son métier de policier.

     

    Il mourra dans son lit en 2005.

    Une plaque commémore cet épisode à l'endroit-même où il s'est déroulé.

    - "Tenez bon, nous arrivons"

    Jeudi 24 août.

     

    Les barricades se multiplient.

     

    Les combats s'intensifient entre résistants, à l'armement disparate, et les soldats allemands munis d'armes lourdes.

     

    Les premiers chars de la 2ème DB sont à une dizaine de km des portes sud de la capitale.

     

    Des émissaires de la Résistance font savoir au général Leclerc qu'ils ont besoin d'aide.

    Vers 17h00, un avion Piper Club de l'escadrille d'observation de la 2ème DB survole Notre Dame et la préfecture de police.

     

    Aux commandes, le capitaine Jean Callet, qui pique sur les bâtiments.

     

    Le lieutenant Etienne Mantoux largue un petit objet lesté de plomb et muni d'une traîne qui tombe tout près de la préfecture.

    2è D.B. libération de PARIS 1944

     

    Général LECLERC au BOURGET

     

     

    "Le général Leclerc vous fait dire :

     

    +Tenez bon, nous arrivons+",

    porte simplement le message manuscrit.

     

     

    - Les Espagnols de la 2ème DB les premiers à Paris !!

     

    Jeudi 24 août vers 20h00.

     

    Le général Leclerc donne l'ordre au capitaine Raymond Dronne de pénétrer dans Paris. Les premiers véhicules blindés de la 2ème DB gagnent une heure et demie plus tard l'Hôtel de ville.

     

     

    Des noms de villes espagnoles sont inscrits sur des blindés qui emportent des Républicains espagnols de la 9ème compagnie du Régiment de marche du Tchad, commandée par Dronne.

     

    Un livre écrit par Evelyn Mesquida, "La Nueve 24 août 1944",

     

    vient de paraître aux éditions du Cherche-Midi.

     

    Il raconte, à travers des témoignages, l'histoire de ces Espagnols antifranquistes qui s'engagèrent dans la 2ème DB.

     

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    - La dernière partie de billard de Dietrich von Choltitz

      

    Vendredi 25 août au matin.

     

    Le général Leclerc arrive à Paris par la porte d'Orléans et la 2ème DB se déploie dans l'ouest de la capitale.

     

    Les Allemands se rendent massivement.

     

    Dans l'après-midi, la 4ème division américaine occupe l'est parisien

    à partir de la porte d'Italie.

      

    Le colonel Pierre Billotte installe le PC de son groupement dans la salle de billard des appartements du préfet de police Charles Luizet.

     

    Cet homme de confiance du général de Gaulle, qui fut l'un des tout premiers à se rallier au chef de la France Libre dans la soirée de l'appel du 18 juin 1940, tient la préfecture de police depuis une semaine.

      

    A l'hôtel Meurice, où il a installé son état-major, le général Dietrich von Choltitz, commandant du "Gross-Paris" depuis le 4 août, est fait prisonnier en début d'après-midi.

      

    A la préfecture de police, le général Leclerc attend impatiemment la capitulation allemande.

    "Allez me le chercher!",

    demande Leclerc !!

     

    Billotte amène von Choltitz à la préfecture.

    A 17h00, le général allemand signe l'acte de reddition sur une petite table.

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    On célèbre cette semaine le soixante-neuvième anniversaire de la libération de Paris. La capitale, occupée durant quatre années, fut débarrassée de l’envahisseur allemand durant la semaine du 19 au 25 août 1944.

      

    Cette date est également l’occasion de mettre un coup de projecteur sur un grand monsieur de l’armée française, le général Leclerc, symbole de cette libération. La directrice du Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la libération de Paris-Musée Jean Moulin, Christine Levisse-Touzé, revient sur le rôle qu’il a tenu dans cette lutte.

     

     

     

     

    JOL Press : La libération de paris, une victoire du général Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : C’est une victoire militaire et politique, mais pas que du général bien sûr. D’abord, c’est le rétablissement d’une souveraineté nationale. La reconnaissance à Paris du chef du gouvernement provisoire, le général de Gaulle. Pour le général Leclerc, sous le commandement américain pour la mission, c’est une réussite puisque de Gaulle l’avait mis au fait de cette libération de Paris depuis décembre 1943.

    Et puis il y a aussi les forces intérieures, la résistance, sous la houlette du colonel Rol-Tanguy. La libération de Paris c’est tout cela. Une insurrection plus organisée et contrôlée qu’on a pu le dire, et une libération réussie, le général Leclerc remplissant sa mission, à l’impact politique et militaire. A 17h, à la gare Montparnasse, il peut remettre au général de Gaulle la capitale après que le général von Choltitz se soit rendu. De Gaulle, intact, peut prendre le pouvoir du gouvernement provisoire.

     

     

    JOL Press : Pourquoi avoir choisi le général Leclerc pour mener cette reconquête de la capitale ?

    Christine Levisse-Touzé : C’est un Français libre de la première heure. Il devient Leclerc en juillet 1940, après être monté à la rencontre de De Gaulle à Londres. Il avait déjà mené avec succès des opérations d’importance, notamment en ralliant le Cameroun, le Tchad ou encore le Congo à la France libre. Il y a aussi la campagne militaire dans le Fezzan, puis celle en Tunisie. Et puis la mise en place de la division Leclerc, réunissant des hommes et des femmes d’horizons multiples. Il y avait vingt-deux nationalités différentes dans la 2e division blindée qu’il commandait, dont 3603 soldats d’Afrique du Nord.

     

     

     

    Donc une diversité extraordinaire, dont il a su faire un outil de première importance, sa division trouvant une unité au combat en Normandie. Dès décembre 1943, de Gaulle avait donné cette mission au général Leclerc, car il savait que c’était un fin technicien, avec un sens de l’audace hors-norme, l’homme des missions dangereuses. C’était quelqu’un de sûr et de Gaulle savait que Leclerc avait ses qualités lui permettant d’improviser au cas où. Ce que les faits montrent, puisque les Américains s’étaient engagés en décembre 1943 à ce que ce soit une division française qui libère la capitale.

    Or, en août 1944, les choses sont différentes, les Américains veulent contourner la capitale car cela poserait des problèmes de ravitaillement (trois mille tonnes de vivres par jour en plus pour la population parisienne) et ils craignent de perdre du temps, l’objectif politique leur important peu. Leclerc force alors un peu le cours des choses, car après la bataille de Normandie, il demande à faire des reconnaissances des troupes allemandes aux portes de Paris, en dépit des ordres militaires américains. Le 20 août, le général de Gaulle intervient auprès d’Eisenhower pour que la division Leclerc fonce sur Paris. Dans le même temps, les forces françaises de l’intérieur étaient à court de munitions et une intervention des Alliés devait se faire rapidement.

     

    JOL Press : Comment se passe la capitulation des Allemands ?

    Christine Levisse-Touzé : Les combats dans paris ne sont pas des parties de plaisir. Cette bataille se joue surtout dans la grande banlieue, avec des attaques sur plusieurs axes. Il y a eu des accrochages forts à l’Ouest de paris. La division arrive aux aurores sur la capitale, le général installe son poste de commandement à Montparnasse, dans la gare, parce que les communications y sont possibles, il n’y a pas d’Allemands et de ce point-là il peut diriger les opérations. Les différents groupements tactiques doivent prendre Paris en tenaille, depuis le Sud, l’Ouest, avec un point de jonction en face de la Concorde pour la reddition des troupes allemandes.

    Les points de combats et d’accrochages durs dans Paris sont là où les Allemands se sont retranchés : le Majestic, avenue Kléber, l’Hôtel de la Marine, le Meurice, la Caserne de la république, le Sénat, l’Ecole Militaire, etc. Tous ces points ont vu de durs affrontements. Il ne faut pas sous-estimer l’aide de la 4e division d’infanterie américaine, qui aide aux opérations de nettoyage de Paris. Nous disposons de documents qui montrent des chars de cette 4e division Boulevard Ménilmontant, des soldats devant la mairie du XXe arrondissement à Gambetta.

     

     

    JOL Press : Dès lors, Leclerc ne s’arrête pas là et s’en va poursuivre le combat…

    Christine Levisse-Touzé : Il ne faut pas se tromper d’objectif : le général Leclerc est sous les ordres de de Gaulle, il avait une mission politique, la libération de la capitale, ce qui n’est pas rien, la libération de Paris c’est l’enjeu du pouvoir, la reconnaissance de facto du gouvernement provisoire d’Alger que préside de Gaulle. Il obéit, il réussit, mais la libération de Paris ne signifie pas la fin de la guerre. Et ça il ne faut pas l’oublier, il faut poursuivre le combat.

    Le 30 août, au Nord de paris, Leclerc doit repousser la contre-attaque allemande, et je vous rappelle que le soir du défilé du 26 août 1944, il y a un bombardement sévère des Allemand à l’Est de Paris. La guerre continue. Il doit compléter ses effectifs, car il y a tout de même eu 156 morts dans ses rangs, puis poursuit sa mission de libération, en Lorraine, en Alsace. Je vous rappelle que la prise de Strasbourg est également un temps-fort et doit honorer le serment de Koufra. Et puis après les combats se continuent, notamment en janvier 1945 dans la poche de Colmar, avant la ruée finale vers l’Allemagne.

     

    JOL Press : Quels étaient les rapports entre de Gaulle et Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : Des rapports de subordonnés, Leclerc, aux supérieurs, de Gaulle. En même temps le général Leclerc a un fort tempérament, il y a pu avoir des accrochages,

    mais Leclerc est un fidèle de De Gaulle !!

     

    et il ne déroge jamais de sa mission et de son sens patriotique, et donc du général de Gaulle, car c’est la personnalité qui incarne le combat pour la libération.

     

    JOL Press : L’histoire accorde-t-elle assez d’importance au général Leclerc ?

    Christine Levisse-Touzé : Non pas les livres d’histoire à l’heure actuelle. Pas plus qu’un Moulin également. Les livres d’histoire sont squelettiques, je crois qu’ils ne sont pas là pour former les citoyens et je trouve ça regrettable.

     

     

    JOL Press : Quel aurait été le rôle du général Leclerc s’il n’était pas mort aussi rapidement ?

    Christine Levisse-Touzé : Je suis historienne, directeur de recherche à Paris IV, je ne fais pas de simulation historique, seulement mon métier. Je suis fondamentalement historienne, je n’aime pas l’histoire-fiction. Il meurt d’un accident d’avion en 1947. Leclerc avait montré toute sa dimension militaire et politique durant la Seconde Guerre Mondiale. Il avait pris conscience aussi d’un phénomène nouveau et qui n’allait plus quitter la scène internationale : le fait colonial. Cette guerre fut un tournant et il savait que rien ne serait comme avant. Il était conscient de l’évolution de son temps et de l’évolution des territoires de l’empire, des bouleversements engendrés par cette Seconde Guerre Mondiale.

    Le seul souhait qu’il n’a pas plus accomplir, c’est cette demande au général de Gaulle d’être nommé résident général au Maroc, mais de Gaulle a préféré le nommer dans le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Donc quand il est inspecteur des forces armées en Afrique du Nord un an plus tard, c’est sans doute là un de ses vœux qui se réalise, mais en même temps, à la lecture de ses écrits, on voit aussi quelqu’un de profondément meurtri des divisions d’après-guerre, de cette évolution et peut-être d’être en avance sur son temps.

     

    JOL Press : Pour conclure, parlez-nous de l’action de votre musée.

    Christine Levisse-Touzé : Notre musée s’appelle Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la libération de Paris-Musée Jean Moulin de la ville de Pairs. On a une donation du fond historique de la fondation maréchal Leclerc et un legs d’une amie de Jean Moulin, renforcé depuis par un legs de la famille de Jean Moulin. Il est situé au-dessus de la gare Montparnasse, face au Jardin Atlantique.

    Nous avons des collections très riches et un centre de documentation et de recherche ouvert du lundi au vendredi, tandis que le musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h. Il y a actuellement une très belle exposition sur « Redécouvrir Jean Moulin », jusqu’à la fin de l’année. Et pour 2014, une grande exposition à l’Hôtel de Ville sur la libération de Paris est prévue, pour donner tout le charme nécessaire au 70e anniversaire.

    >> Propos recueillis par Nicolas Conter pour JOL Press

     

     

    SOURCES

    http://www.jolpress.com/christine-levisse-touze-

    general-leclerc-liberation-paris-1944-article-821354.html

      

      

      

      

     

     

     

     

     

     

     

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    l'epuration à la liberation 
     
     
    A Paris, il y a plusieurs prisons clandestines mais la geôle la plus sinistre est installée à l'Institut dentaire de l'avenue de Clichy, où sévissent d'authentiques truands, tel José Redrossa, et des spécialistes de la torture . L'un des anciens pensionnaires de l'établissement en a conté les scènes hallucinantes…

    Les F.T.P. ont amené Godard. Godard, c'était le jeune homme qui s'était jeté du second étage, la veille, parce qu'on le torturait trop. Il n'avait que vingt ans. Mais il avait appartenu à la L.V.F., le petit imbécile. Et les F.T.P. n'aimaient pas ça. Ils l'ont battu et torturé plusieurs fois, là-haut, au second étage, avec je ne sais quelle science chinoise.
     
    « C'était trop pour ce petit Godard de vingt ans.
     
    A un moment, sans doute, il n'a pu en endurer plus, de tout son corps d'enfant qui souffrait, qui saignait.

    Il a voulu s'échapper, n'importe comment. Il s'est jeté à travers la fenêtre, emportant au passage du bois, des vitres. Et ils l'ont ramassé en bas, les jambes brisées. Un d'eux l'a rapporté dans la salle, sur son épaule. Et les jambes de Godard lui pendaient dans le dos, comme des choses mortes.
     
    epuration en france en 1944 et 1945
     
     
     
     
    Ils l'ont jeté sur une paillasse, dans un coin. Il est resté là toute la nuit. Et ce fut une drôle de nuit.
    Personne n'a pu dormir. Les prisonniers jusqu'au matin ont entendu le petit Godard qui avait voulu fuir la torture et qui n'avait pas réussi. Il a souffert toute la nuit par ses jambes brisées.
     
    Il criait de douleur.

    Il appelait sa mère.
      
    Ou bien il râlait, longuement, comme s'il allait mourir.
      
    Nul ne l'a soigné, puisqu'il devait être fusillé au matin.
      
    C'eût été du temps perdu. Les F.T.P., parfois, en passant, le traitaient de salaud, et lui ordonnaient de se taire.

    Au matin, donc, ils l'ont amené jusqu'au mur, sur un brancard.
      
    Ils ont essayé de le mettre debout, de le faire tenir, tant bien que mal, en l'appuyant au mur, pour le fusiller, selon les règles. Mais le petit Godard s'est aussitôt effondré, sur ses jambes brisées.
     
    Alors ils l'ont remis sur le brancard et ils l'ont tué dessus.
      

    C'est ainsi qu'a fini de souffrir le petit Godard.
     
     
     
     
    http://www.histoire-en-questions.fr/deuxieme%20guerre%
    20mondiale/epuration%20petitgodard.html
      
      
      
      
      
      
      
      
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    L'attaque sur Pearl Harbor est une attaque surprise de l'aéronavale japonaise le 7 décembre 1941 sur la base navale américaine de Pearl Harbor située sur l'île d'Oahu, dans l'archipel du territoire américain d'Hawaï, au cœur de l'océan Pacifique.

      

    Cette attaque visait à détruire la flotte de l'United States Navy qu'elle abritait et entraîna l'entrée dans la Seconde Guerre mondiale des États-Unis.


    L'attaque fut ordonnée par le général Hideki Tojo en réaction à l'embargo sur le pétrole imposé par les États-Unis, et lancée par surprise le matin du dimanche 7 décembre par le service aérien de la marine impériale japonaise contre la flotte américaine du Pacifique dans le port et d'autres forces qui stationnaient aux alentours.

      

    Cette attaque s'inscrit dans la politique d'expansion impériale. L'anéantissement de la principale flotte de l'US Navy devait permettre à l'empire du Soleil levant d'établir sa « sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ».

      

    Le quartier-général impérial souhaitait également répondre aux sanctions économiques prises par Washington en juillet 1941 après l'invasion de la Chine et celle de l'Indochine française par l'armée impériale japonaise.

    À l'issue de l'attaque, conduite en deux vagues aériennes parties de 6 porte-avions japonais et impliquant plus de 400 avions, les pertes américaines furent importantes :

      

    2 403 morts et 1 178 blessés.

      

    Quatre navires de ligne, trois croiseurs, trois destroyers et 188 avions furent détruits. Cependant, beaucoup de navires purent être remis en état dans les mois qui suivirent, et les trois porte-avions américains du Pacifique, alors absents de Pearl Harbor, échappèrent à l'attaque.


    Les Japonais perdirent 64 hommes, 29 avions et cinq sous-marins de poche ; un marin fut capturé.

     

      

    En moins de vingt-quatre heures, l'Empire du Japon attaqua également les États-Unis aux Philippines et ouvrit les hostilités avec le Royaume-Uni, en envahissant Hong-Kong et en débarquant en Malaisie.



    L'attaque sur Pearl Harbor provoqua l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés.

      

    Aux États-Unis, cette attaque reste un des évènements les plus marquants de l'histoire du pays

     

    — chaque année le drapeau est mis en berne à la date anniversaire de l'attaque

      

    — synonyme de désastre national.

    Les historiens ont mis en évidence l'audace du plan de l'amiral Isoroku Yamamoto, le manque de préparation et les négligences américaines.

      

     

      

    Le rôle du président Roosevelt reste un sujet de polémique.

     

     

     

     

     

     

     

     

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