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    Collaboration policière sous le régime de Vichy

     

     

    Le régime de Vichy choisit la voie de la « collaboration » avec l'Allemagne nazie, sous le prétexte qu'il s'agirait là du seul moyen d'alléger le poids de l'occupation. Cette collaboration prend plusieurs formes : économique, policière et culturelle.

    À la suite de l'armistice du 22 juin 1940, la France est, en gros, divisée en deux zones, la zone occupée, et la zone dite « libre ». L'ensemble du territoire est sous l'autorité du gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain.

     

    Prestation de serment

    Le 14 août 1941, un décret signé par Pétain enjoint à tous les fonctionnaires de lui prêter serment de fidélité. Une cérémonie officielle a lieu pour la police le 20 janvier 1942, au cours de laquelle 3000 délégués de la Garde de Paris, de la police nationale et de la Préfecture de police se réunissent dans la grande salle du Palais de Chaillot, sous la présidence de Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur.

     

     

    Après que la musique des gardiens de la paix a joué la Marseillaise, le serment est prêté en ces termes : « Je jure fidélité à la personne du chef de l'État en tout ce qu'il commande dans l'intérêt du service, de l'ordre public et pour le bien de la patrie. ».

    Ce à quoi répondent tous les policiers présents en levant le bras et en disant « Je le jure ".

    Collaboration à la solution finale

    La collaboration de la police française, dans la zone occupée, a été décisive pour la mise en œuvre de la « Solution finale » nazie.

     

     

     

    En effet, l'Allemagne hitlérienne ayant besoin d'hommes sur le front de l'Est, en particulier après l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, elle s'est servie de la police française pour faire régner l'ordre et réprimer les « terroristes » : communistes, gaullistes, francs-maçons, « anarchistes » et autres Résistants.

     

    En outre, elle s'est elle-même chargée du recensement des juifs, de leur arrestation et de leur rassemblement dans les camps de concentration (Drancy, etc.), réquisitionnant pour cela, à Paris les bus, et sur l'ensemble du territoire français des trains de la SNCF. Soucieuse d'éviter une rébellion massive de la population française, la Gestapo pensait, avec raison, que de tels risques seraient minimisés si, au lieu de se charger elle-même des rafles, la police française le faisait.

     

     

      

     

    Le rôle de René Bousquet

    La collaboration policière est d'abord marquée par la période Bousquet, secrétaire général de la police française de mai 1942 au 31 décembre 1943. Nommé deux jours après le retour de Pierre Laval au pouvoir, Bousquet réorganise les forces de l'ordre françaises qu'il unifie sous son commandement, créant la Police nationale puis les GMR (Groupes mobiles de réserve), ancêtres des CRS. Il passe notamment un accord, en juillet 1942, avec le général SS Karl Oberg, Polizeiführer dont les bureaux sont situés avenue Foch à Paris.

     

    Aux yeux de Bousquet, celui-ci vise à maintenir l'« indépendance » de la police française : il argumente ainsi en faveur de la « répression à la française », ce qui ne laisse pas Oberg insensible.

     

    En effet, la population civile, et d'abord les Juifs étrangers, premières victimes de la répression, se méfient moins des autorités françaises que de la Gestapo. Mais cette indépendance reste un leurre, puisqu'elle ne fonctionne que par une collaboration accrue entre les deux polices. Bousquet est finalement évincé, et remplacé par Joseph Darnand, à la tête de la Milice, qui complète le dispositif policier mis en place par Vichy.

     

    La Collaboration sous Vichy

    Article détaillé : Régime de Vichy.

    L'entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler, dont le but est de manifester la bonne volonté française dans le but d'obtenir des concessions ne débouche sur aucun résultat concret : juste après l'entrevue, sur ordre du Gauleiter Joseph Bürckel, près de 100 000 Mosellans sont expulsés de Lorraine vers la France.

     

    De plus, 6 500 Juifs allemands, que les nazis n'osent pas interner dans leur propre pays, sont raflés au Palatinat et en Bade-Wurtemberg, pour être confiés au gouvernement de Vichy. Celui-ci les interne au camp de Gurs, en zone sud, en attendant de les relivrer à l'ennemi, lorsque celui-ci aura pu mettre en route ses camps d'extermination de Pologne.

     

    La chasse aux communistes et autres dissidents

    La chasse aux communistes était une priorité du régime de Vichy et de la mise en œuvre de la dite « Révolution nationale ». Aussi, dès l'automne 1940, la police française se charge de la répression des militants communistes, considérés depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939 comme des « traîtres » à la patrie.

     

     

    Ainsi, le Parti communiste français (PCF) avait été interdit par le gouvernement Daladier en septembre 1939, et donc contraint à la clandestinité (ce qui explique en partie que la Résistance ait commencé à la fin 1940 - début 1941) : du 26 mai au 9 juin a lieu la grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais - principaux animateurs Charles Debarge, M. Brulé, E. Ferrari fusillés ou assassinés, Émilienne Mopty (décapitée à la hache).

     

    Intervention des Allemands : 327 arrestations.

      

     

    Coup de de feu de Fabien août 1941 principalement formée de communistes : ces derniers étaient déjà organisés et habitués à l'illégalité).

     

    Ce n'est qu'après l'opération Barbarossa de juin 1941 que les nazis demanderont explicitement au régime de Vichy de se charger d'une telle répression, ordres dont il n'avait nullement besoin.

     

     

    Photo : Arrestation des Juifs français par des policiers français - rafle du billet vert du 20 août 1941.

     

    En octobre 1941, le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu crée le Service de Police anti-communiste (SPAC) qui devient en juin 1942 après son départ, le SRMAN (Service de répression des menées antinationales) dirigé par Charles Detmar.

     

    Ultérieurement, lorsque les communistes commencent à perpétrer des attentats contre les Allemands, puis à mettre sur pied diverses formes de résistances, les militants arrêtés par la police française seront livrés aux forces d'occupation.

     

     

     

    En outre, dès l'armistice de juin 1940, les Allemands viennent chercher dans les camps de prisonniers de guerre les républicains espagnols, sans que l'État français ne proteste. Ces derniers sont la seule catégorie recherchée par les nazis dans les camps de prisonniers, et la plupart sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen. Par ailleurs, Vichy met aussi sur pied une police antimaçonnique.

      

    La persécution des Juifs

    Le gouvernement de Vichy mène une politique de restriction des droits des Juifs dès son installation, sans que les Allemands n’expriment la moindre demande. Dès juillet 1940, le ministre de la justice Raphaël Alibert crée une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927.

     

    Le retrait de la nationalité concerne 15 000 personnes dont 40 % de Juifs. En outre, l'abrogation du décret Crémieux prive 100 000 Juifs d'Algérie de la citoyenneté française.

     

    En zone nord, sous contrôle allemand, l'Ordonnance du 18 octobre 1940 place sous séquestre les entreprises et biens appartenant aux Juifs absents ou arrêtés. L'ordonnance du 18 octobre 1940 impose aussi aux personnes souhaitant fonder un journal de fournir des preuves de leur « aryanité » depuis au moins trois générations[3].

    Jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone « libre » à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, la situation des Juifs n'est pas exactement la même en zone nord et en zone sud. Les lois anti-juives s'appliquent sur l'ensemble du territoire, mais en zone occupée s'ajoutent des décrets allemands.

     

     

     

    L'étoile jaune, qui permet d’arrêter, de brimer et d’interner tout Juif qui n'obéit pas à cette obligation, n'est portée qu'en zone nord. En revanche, Vichy interne dès 1940 nombre de Juifs étrangers dans les camps du sud, sans demande expresse des autorités allemandes. La racialisation du régime de Vichy s’accélérera tout au long de la guerre.

     

    Par ailleurs, à la suite de l'interdiction par les Allemands des postes radios, la police française se charge dès le 26 juin 1940 d'appliquer cette mesure. De même, elle fait appliquer l'interdiction de la photographie en plein air, et à partir du 16 septembre 1940, celle des élevages de pigeons voyageurs.

     

     

    De plus, ils remettent les tracts anti-allemands à la Kommandantur à partir du 14 septembre, et, à la suite d'une ordonnance du 10 octobre 1940, doivent prévenir les nazis des actes de sabotage. Ils transmettent aussi, à partir du 15 octobre 1940, aux forces d'occupation tout ce qui a trait aux ressortissants allemands inculpés de quelque délit que ce soit.

     

     

    En outre, ils surveillent la frontière entre les deux zones, nord et sud, et veillent à la suppression quasi complète du droit d'association

    (à la suite d'une ordonnance du 28 août 1940) ainsi que de l'interdiction de toute réunion publique ou cortège ou manifestation.

     

    Les Juifs français

    En octobre 1940, le Conseil des ministres promulgue le premier Statut des Juifs : les citoyens Juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma.

     

     

    Les Juifs, « en surnombre », sont exclus des professions libérales.

     

     

    Le deuxième Statut des Juifs, de juin 1941, est encore un peu plus restrictif : il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs et établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à 3 % dans l'Université et 2 % dans les professions libérales. Enfin, en juillet 1941, les Juifs doivent céder leurs droits sur les entreprises à des « Aryens ».

     

    Les Allemands avaient appliqué cette mesure en zone occupée depuis octobre 1940. Un Commissariat général aux questions juives, sous la direction de Xavier Vallat, est créé en mars 1941. Sa mission est de veiller à l'application de la législation antijuive, élément essentiel de la répression étatique. Selon les mots d'Asher Cohen :

     

     

    « Sans cette législation sanctionnée par un gouvernement français respecté parce que légitime, les déportations ultérieures étaient presque impensables, en tous cas, bien plus compliquées à exécuter… l'aryanisation semble être le domaine où une certaine efficacité fut obtenue et où les résultats furent impressionnants. Les Juifs furent effectivement écartés de la vie économique de la nation, apparemment sans grande difficulté. »

     

    Les Juifs étrangers

    Quant aux Juifs étrangers, ils sont considérés comme des déchets qui n'ont pas vraiment leur place en France. À partir du 4 octobre 1940, les préfets peuvent interner les étrangers de « race juive » dans des « camps spéciaux » ou les assigner à résidence. En février 1941, 40 000 Juifs étrangers croupissent dans une série de camps : Les Milles, Gurs, Rivesaltes… Ils sont 50 000, en zone sud, au printemps 1942.

     

     

    En juillet 1940, alors que la « Solution finale » n'était pas encore à l'ordre du jour, les Allemands avaient expulsé 20 000 Juifs d'Alsace et de Lorraine vers la zone non occupée.

     

     

    Plus tard, à partir de 1942, lorsque des pressions commencent à s'exercer pour pouvoir mettre en œuvre la « Solution finale », le gouvernement français saura toujours se montrer conciliant pour livrer aux Allemands des Juifs étrangers. En citant une note du commissaire Savart, commandant du camp de Drancy, adressée à André Tulard, le directeur du service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police, l’historien Maurice Rajsfus remarque que si…

     

     

    …« Laval a fait savoir qu'il n'est pas question de rafler des Juifs français de souche, et encore moins de les déporter, (…) nous apprenons (…) que parmi les 900 internés partis pour Auschwitz [dans le convoi Drancy-Auschwitz du 26 juin 1942], il y a 150 anciens combattants dont 14 ont participé à la Première Guerre mondiale et 114 à la campagne de France en 1939-1940. En segmentant ce groupe, on a trouvé 65 Français d'origine et 47 naturalisés après 1936.

      

    L'auteur de la note souligne que le docteur Bloch, chevalier de la Légion d'honneur, a été spécialement ajouté au convoi par le SS Theodor Dannecker. Ce qui représente une façon comme une autre, observe Rajsfus, d'indiquer à Laval et à Bousquet que leurs gesticulations en faveur des Juifs français n'émeuvent pas les nazis. »

     

     

    À partir de l'automne 1940, Laval commence à faire des concessions unilatérales aux Allemands, dans l'espoir d'être payé en retour d'une façon ou d'une autre.

    L’amiral Darlan pousse la politique de collaboration un peu plus loin que ne l'a fait Laval en essayant de pratiquer avec Hitler la politique du donnant-donnant. En fait, Hitler ne sera jamais vraiment favorable à une collaboration avec les Français, et les concessions militaires et policières faites par Darlan n'obtiendront pas les contreparties politiques souhaitées.

     

     

    En avril 1942, Laval revient au pouvoir et essaye de promouvoir la politique de la « Relève », c'est-à-dire, le départ en Allemagne de jeunes travailleurs français dans le cadre du STO (Service du travail obligatoire), en échange du rapatriement de prisonniers dans la proportion d'un prisonnier pour trois ouvriers.

     

    À la suite de l'instauration du STO, nombre de jeunes Français s'engagent dans la Résistance; d'autres, voulant échapper de même à l'exil en Allemagne, entrent en masse dans la police française.

     

    Quelques mois plus tard, en novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, baptisé opération Torch, la zone « libre » est envahie, et la France devient complètement vassalisée par l'Allemagne.

     

     

    Dès 1940, des lois sur le statut des Juifs excluent ceux-ci de la société française, en créant une citoyenneté au rabais, tandis que nombre de Juifs étrangers sont internés, en zone sud, par le gouvernement de Vichy.

     

     

     

    La « Solution finale » au « problème juif », consistant à exterminer la totalité des juifs, est décidée lors de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, et mise en œuvre dès mars 1942, avec l’envoi d’un premier convoi de juif en Allemagne à partir de Compiègne, puis la rafle du Vel d’hiv du 16-17 juillet 1942.

     

     

    Les convois de Juif sont constitués de 1 000 à 1 500 juifs chacun, et un système de vase communicants se met en place entre les camps de concentration situés en France et les convois ferroviaires :

     

    Vichy interne en zone sud des juifs étrangers, qui servent pendant une partie de la guerre comme sorte de monnaie d’échange contre les juifs dotés de la nationalité française (bien que les nazis ne respectent pas ce « marché », et déportent tout aussi bien juifs français qu’étrangers, ne comprenant pas l’insistance politique de Pétain à vouloir protéger les ressortissants français, entêtement qui vise à prévenir un retournement de l’opinion publique).

     

     

    Lorsqu’Adolf Eichmann, chargé de l’organisation de la déportation en Europe, demande aux autorités nazies en France l’envoi d’un convoi, celles-ci le font savoir aux autorités de Vichy qui organisent une rafle et/ou envoient de la zone sud un convoi affrêté par les trains réquisitionnés de la SNCF. Berlin décide de la logistique du rail, Vichy de remplir les wagons.

     

    Statistiques

    Il y avait en 1940 environ 330 000 juifs en France métropolitaine, parmi lesquels 150 000 citoyens français et 150 000 étrangers. Sur les 150 000 Juifs français, 90 000 sont de vieille souche et parmi les 60 000 Juifs étrangers, souvent immigrés de l'Europe de l'Est, la moitié a été naturalisée dans les années trente.

     

    Entre le printemps 1942 et la Libération de 1944, 76 000 Juifs sont déportés vers les camps d'extermination, en 79 convois. 2 500 seulement reviendront.

     

     

    Un tiers sont des Juifs français, et deux tiers des Juifs étrangers. 14 % avaient moins de dix-huit ans et 12 % plus de soixante ans. De mars à décembre 1944, 43 000 Juifs ont été déportés en 43 convois, à destination d'Auschwitz. Les trois quarts venaient de la zone Nord et le quart restant de la zone Sud. En 1943, 17 000 Juifs sont déportés en 17 convois dont 14 pour Auschwitz et 3 pour Sobibor.

     

     

    La grande majorité des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort l’ont été avec la participation active de la police française, le sort des Juifs étrangers, en particulier, désintéressant complètement le régime de Vichy. Ce sera en tout plus de 600'000 personnes, communistes, Juifs, étrangers, qui seront internées dans les camps français entre 1939 et 1945.

    La collaboration sous Bousquet

     
     
     
    (à droite) durant une entrevue avec de hauts responsables de la SS, Marseille 1943

    Nommé deux jours après le retour de Pierre Laval au gouvernement, le 16 juillet 1942, le chef de la police nationale, René Bousquet et son adjoint Jean Leguay travaillent en étroite coopération avec le général SS Karl Oberg, chargé de la police allemande et des SS en France, et avec Helmut Knochen, officier supérieur de la Sicherheitspolizei à Paris. Mais Bousquet s’assure d’abord du commandement unifié de la police française.

     

       

    La réorganisation de la police

    Il s’occupe d’abord de la réorganisation de la police française, chose faite par une loi du 23 avril 1941 qui créé la police nationale. Celle-ci est divisée en trois sections: la Sécurité publique pour les corps de police urbains, la police judiciaire (PJ) et les Renseignements généraux (RG), unifiés sous une nouvelle direction générale chapeautée par Bousquet lui-même.

     

    Il obtient ainsi que tous les services de police soient réunis sous ses ordres, contrairement aux vœux du Commissaire général aux Questions juives Darquier de Pellepoix dont il supprime la police antijuive. Ce nouveau régime de la police est étendu à toutes les villes de plus de 10 000 habitants, tandis que le recrutement des policiers devient régional (échappant ainsi aux maires, pourtant nommés par Vichy: la police municipale de la Troisième République devient ainsi nationale, nommée par les préfets).

     

    Enfin, Bousquet obtient la création des Groupes mobiles de réserve (GMR, ancêtres des CRS), composés de 20 000 hommes. En outre, une école de la police nationale est ouverte à Lyon.

     

    Des brigades spéciales, constituées de volontaires, sont aussi chargées des « affaires juives » et sont présentes dans chaque commissariat. « Préparée en collaboration avec la Gestapo » selon Maurice Rajsfus, cet appareil répressif, unifié sous la direction de Bousquet, sera complété plus tard par la Milice dirigée par Darnand. Deux lois additionnelles, le 13 et le 20 mai 1941, étendent les pouvoirs de la police, jusqu’à l’intéresser au domaine économique.

     

    Sans compter la gendarmerie et les GRM, la police nationale compte alors plus de 120 000 hommes, et arrête en quelques mois plus de 11 000 personnes pour des motifs politiques.

    Les Brigades Spéciales (BS) des Renseignements Généraux, qui constituent 10 % des effectifs de chaque commissariat, sont spécialisées dans la traque aux « ennemis intérieurs », aux dissidents, prisonniers évadés, Juifs et plus tard réfractaires au STO. Ils forment des barrages filtrant dans le métro et établissent des contrôle au faciès. Pour autant, selon un policier résistant, responsable syndical après la guerre :

     

    « Ce serait une explication simpliste que de vouloir faire porter à ces policiers plus « actifs » que les autres la responsabilité de l’intégralité des méfaits des forces de l’ordre, de 1940 à 1944 (…) Il ne faut pas oublier que, de temps en temps, c’est au service général que la préfecture de police faisait appel pour arrêter des Juifs, particulièrement aux sorties des stations de métro. »

     

    S'engageant à maintenir l'«ordre public», René Bousquet obtient par une lettre du 18 juin 1942, adressée au général SS Karl Oberg, la fin de la subordination directe de la police française à l'occupant allemand et un peu d'autonomie, en acceptant de les satisfaire de son mieux. Bousquet continua par la suite inlassablement à préconiser la « répression à la française ».

     

     

     

    Oberg a loué par la suite l'efficacité technique de René Bousquet, approuvé par Reinhard Heydrich, chef de l'Office central de sécurité du Reich, qui avait conclu au regard de son expérience «qu'une large autonomie de la police et de l'administration réaliserait les meilleurs résultats». Cette « autonomie », néanmoins, est un leurre, en ce que si la police française se charge du recensement des Juifs (« fichier Tulard »), de la mise en place de l'étoile jaune et des rafles, elle n'en obéit pas moins aux ordres des nazis.

     

    La Police aux questions juives et l'état d'exception

    Par ailleurs, Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, créé une Police aux questions juives (PQJ) par un arrêté du 19 octobre 1941 (non publié au Journal officiel : seul le Commissariat général aux questions juives (CGQJ), la police nationale de Bousquet et la Gestapo est au courant). Cette police spéciale dépend du cabinet du ministre de l'Intérieur.

     

     

     

     

    Elle est divisée en deux sections correspondant aux deux zones nord et sud.

     

     

     

    Elle a notamment comme attribut de faire respecter les dispositions du deuxième Statut des Juifs, instauré par la loi du 2 juin 1941, ainsi que de renseigner les autres polices sur les activités des Juifs.

     

     

    Pierre Dupont est nommé chef de la PQJ pour la zone non occupée le 17 octobre 1941, Joseph Antignac est nommé à la tête de la PQJ de Limoges, Serge Kiriloff sur Toulouse et André Boyer sur Clermont-Ferrand. Enfin, le colonel Durieux est désigné comme chef de la PQG pour l'ensemble du territoire national.

     

     

    En outre, elle dispose d'un service juridique dirigé par François Luciani, qui tente de légaliser la situation conflictuelle entre le droit nazi et le droit de l'« État français ». Il innove ainsi dans la sphère du droit, en écrivant le 17 janvier 1942:

     

     

    « Il peut arriver qu'il y ait conflit entre un texte français et un texte allemand, en zone occupée. Lequel des deux doit-on appliquer ? En droit, c'est la loi française malgré l'existence d'une ordonnance allemande en sens contraire. (…) Les tribunaux continuent à rendre la justice au nom de l'autorité investie de la Souveraineté, les lois nouvelles sont promulguées par la même autorité et exécutées de la même manière que les anciennes. »

     

     

     

    Se référant à l'ordonnance allemande du 10 mai 1940 pour les territoires sur le point d'être occupés (Belgique, Pays-Bas et France), il ajoute:

     

     

    « Les ordonnances et règlements, arrêtés pendant l'Occupation par les chefs militaires, ont force de loi : ils priment tous ceux propres aux pays. La désobéissance contre les ordonnances et les règlements arrêtés par les chefs militaires allemands ne peut être excusée par le renvoi aux lois du pays. "

     

     

    Chargé des questions juridiques à la PQG, François Luciani légitime ainsi d'une part la soumission du droit français au droit nazi ; d'autre part, en affirmant que les ordonnances militaires nazies (qui relèvent donc du pouvoir exécutif) ont force de loi, il justifie l'état d'exception. Comme l'ont analysé les philosophes Jacques Derrida et Giorgio Agamben, cette théorisation qui donne « force de loi » à ce qui n'est pas la loi est au centre de l'état d'exception, que le juriste nazi Carl Schmitt tente par ailleurs de théoriser en s'appuyant sur le Führerprinzip .

     

     

     

    Ce « juridisme nazi » est, selon Hannah Arendt, un aspect central du génocide juif. Cette dernière soutient en effet, dans Les Origines du totalitarisme (1951), que le préalable à l'extermination des Juifs est la dépossession de leur statut de citoyen, les réduisant ainsi à la « vie nue » d'un être humain dénué de tout droit.

     

     

     

    Arendt renverse ainsi la conception habituelle des droits de l'homme : tandis que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 subordonne les droits du citoyen aux droits de l'homme, Arendt montre au contraire que l'homme n'est protégé qu'en tant que citoyen. Ainsi, les apatrides et les réfugiés, dénués de toute protection étatique, sont les premières victimes de la violence de l'État terroriste. Cette thèse, reprise par Agamben, reste cependant controversée.

     

     

    L'historien Maurice Rajsfus montre comment la Gestapo, sur proposition du général SS Helmut Rötkhe, craignant les réactions de la population civile en 1943 (qui marque le tournant de la guerre, Pétain voyant un « vent mauvais » se lever) notamment parce qu'elle veut que soient raflés non seulement les Juifs français, mais les Juifs de tout âge, y compris les enfants, essaie de convaincre Vichy de passer une loi de dénaturalisation qui révoquerait la citoyenneté des Juifs naturalisés après 1927 (année durant laquelle la Troisième République a passé une loi instaurant définitivement le droit du sol).

     

     

    Les Juifs naturalisés après 1936 avaient déjà été déchus de la nationalité française. Les nazis comptent ainsi vaincre les réticences de la population française et du gouvernement de Vichy — la police de Bousquet, elle, leur est déjà acquise.

     

     

     

    En juillet 1943, les nazis veulent en effet déporter 10 000 Juifs, et, après les nombreuses rafles de 1942 (dont la rafle du Vel d'hiv), il leur faut innover. Le préfet de police Amédée Bussières renseigne donc Röthkhe en juin 1943 sur le nombre de naturalisations entre le 10 août 1927 et juin 1940 (37 000 dans le département de la Seine, dont, selon ses estimations, « 25 % de Juifs ).

     

     

    Mais le plan de la Gestapo échoue. Pétain, en effet, refuse de contre-signer le texte de loi concocté par Laval, Bousquet, Darquier de Pellepoix et Gabolde, le garde des Sceaux, sans doute en raison de l'évolution de l'opinion publique française, émue par le sort fait aux Juifs français ainsi qu'aux enfants juifs. La rafle de juillet 1943, devant trouver 10 000 Juifs, est ainsi reportée. L'historien Rajsfus note ainsi :

     

     

     

    « Finalement, la loi sur la dénaturalisation des Juifs devenus Français après 1927 ne sera jamais promulguée.

     

    Ce qui n'empêchera pas la police et la gendarmerie française d'arrêter des Juifs, quelle que soit leur nationalité, jusqu'au mois d'août 1944.

     

    Six convois quitteront Drancy pour Auschwitz d'août à décembre 1943 et 14 convois de janvier à août 1944.

     

    Soit environ 20 000 Juifs arrêtés et déportés durant cette période, dont approximativement 10 000 Juifs français de souche. Jusqu'à la dernière minute, la police française poursuivra sa coopération avec la Gestapo. Avec ou sans loi ! "

     

     

     

    Quoi qu'il en soit, la Police aux questions juives, constituées de truands qui n'hésitent pas à voler les Juifs arrivant à Drancy, est mal vue de la police nationale dirigée par Bousquet.

     

     

    Ce dernier, qui espère aussi contrôler tous les organes répressifs de Vichy, obtient finalement sa transmutation en Section d'enquête et de contrôle (SEC) par l'arrêté du 5 juillet 1942 (quelques jours à peine avant la rafle du Vel d'hiv), qui reste rattachée au CGQJ de Darquier de Pellepoix. La PQJ, qui avait débordé ses attributions pour faire la chasse aux communistes et aux gaullistes, est ainsi privée de ses pouvoirs d'arrestation ou de perquisition.

     

     

    Comme chez les nazis, on constate ainsi une lutte de pouvoir entre les différents responsables de Vichy et des forces de sécurité.

     

     

    Constituée de collaborationnistes acharnés, la SEC réprime en allant bien au-delà de la législation de Vichy (notamment des lois sur le Statut des Juifs), arrêtant au hasard dans la rue toute personne portant l'étoile jaune et se rendant coupable de multiples provocations policières. Jusqu'aux derniers instants de la guerre, ces miliciens resteront virulents contre les Juifs et le « spectre de la révolution » [13].

    Les « accords Bousquet-Oberg » (août 1942)

    René Bousquet négocie en juillet 1942 avec les responsables de la police allemande un accord (connu sous le nom d'accords Bousquet-Oberg), officialisé par une déclaration d'Oberg, le 8 août 1942, devant tous les préfets régionaux.

     

     

    Le chef des SS reconnaissait, alors théoriquement, l'«indépendance» de la police et de la gendarmerie nationales, qui, ne devaient plus être obligées de fournir des otages, ni des personnes arrêtées par les Français.

     

     

     

    Or, trois jours plus tard, à la suite de l'assassinat de huit Allemands, la police française dut livrer soixante-dix otages français, que les occupants exécutèrent (dont cinquante-sept arrêtés par les Français pour des délits d'opinion : distribution de tracts, aide aux évadés, suspicion de communisme…).

    Les accords Bousquet-Oberg aboutissent à ce qu'en 1942, ce soit la police française, toute seule, qui prenne en charge les rafles de juifs parqués avant la déportation vers les camps de la mort. Ce sont également les gendarmes français ainsi que les douanes qui prennent en charge, avec zèle, la garde du camp de Drancy. Les volontaires qui gardent les camps bénéficient d'ailleurs de toute sortes de dédommagements et de privilèges.

     

     

     

    Selon le rapport Theodor Dannecker (du nom du chef de la Gestapo à Paris, représentant d'Adolf Eichmann en France), le « fichier Tulard », qui recense les Juifs, est obligeamment fourni par la préfecture de police de Paris au service IV J de la Gestapo, chargée de la question juive.

     

     

     

    Ce fichier a permis par la suite nombre de rafles et d'arrestations, dont celles d'août 1941 dans le XIe arrondissement de Paris. Outre le « fichier Tulard », les nazis ont bénéficié, grâce à la préfecture de police, « d'archives, voire de fichiers datant de 1938, quand après les décrets-lois Daladier, les commerçants et artisans étrangers avaient été recensés par types d'activité.

     

     

    Quelques années plus tard, écrit ainsi l'historien Maurice Rajsfus, il était facile de déceler d'éventuels Israélites dans certaines professions comme l'ameublement ou la confection, pour ne prendre que ces deux exemples. L'emploi des archives de la République au service des nazis ne fait là aucun doute. » [16]

    La rafle du Vel'd'hiv et la mise en œuvre de la « Solution finale »

     
     
     
     
     
     
     
    Article détaillé : Rafle du Vélodrome d'Hiver.

    Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d'extermination massive des Juifs d'Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d'extermination. Officiellement, il s'agit de les regrouper dans une région mal définie (on parle de la Pologne) que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs.

     

    Parmi eux se trouvent des Juifs français, et le gouvernement de Vichy n'exprime pas de protestation. En zone occupée, les Juifs sont obligés de porter l'étoile jaune à partir de mai 1942 (mesure qui ne sera pas imposée en zone sud, même après son occupation militaire).

    Le 2 juillet 1942, René Bousquet et Karl Oberg organisent la préparation de rafle du Vel’d’hiv. En échange de l'ajournement des déportations de juifs français (que les Allemands n'ont pourtant garanti par aucune promesse écrite ni même verbale), René Bousquet propose de « faire arrêter les juifs étrangers dans toute la France ».

     

     

    Cet engagement de René Bousquet à assurer l'exécution des rafles de juifs étrangers sera approuvé, le 3 juillet, par Pierre Laval. 12 884 juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1942 par la police française, rassemblés au Vélodrome d'hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d'où ils sont acheminés vers les camps d'exterminations.

     

     

    De plus, dix mille Juifs sont arrêtés par la police nationale dans la zone sud le 26 août.

    Afin d'augmenter le rendement de la grande rafle prévue le 26 août 1942, Bousquet de sa propre initiative communiqua aux préfets de nouvelles instructions annulant les précédentes dispositions réglementaires, qui mettaient à l'abri des arrestations certaines catégories d'enfants.

     

     

    Désormais, ceux de moins de 18 ans et les pères et les mères ayant un enfant de moins de 5 ans ne sont plus épargnés. Le 22 août, il recommande aux préfets de sévir contre les fonctionnaires manquant de zèle.

    Déçu par le résultat de la grande rafle, il communique aux préfets le 30 août afin d'attirer leur attention sur cet écart sensible entre le nombre d'israélites étrangers recensés et le nombre d'arrêtés. Il ordonne la poursuite et l'intensification des opérations de police en cours. Certains enfants, réfugiés dans des foyers après l'arrestation de leurs parents, le 26 août, furent ainsi récupérés par les policiers français et déportés en Allemagne.

      

    Autres rafles, attitude de la population civile et révocation de Bousquet

    Si Laval et Pétain prétendent défendre les Juifs français, l'historien Maurice Rajsfus peut constater qu'« en ce printemps 1942, la répression contre les étrangers en général et les Juifs en particulier est bien plus vive en deçà de la ligne de démarcation.

     

     

    Près de 50 000 Juifs immigrés sont déjà parqués dans les camps de Vichy, sous la vigilante surveillance des gendarmes. Il y a des milliers d'enfants internés dans les camps de Gurs, Noé, Récébédou, Rivesaltes, Rieucros, etc. »

    Le 25 août 1942, René Bousquet fournit des cartes d'identité françaises à plus de deux cents policiers allemands, dont quelques membres de l'Abwehr, des policiers de la section IV J de la Gestapo, et des techniciens de la police d'ordre, et les autorisent à pénétrer en zone sud, afin qu'ils puissent y faire la chasse aux radios-clandestines, interdites depuis le début de la guerre.

     

     

    Sous le commandement de Boemelburg, assisté de Rolf Mühler, le futur KdS de Marseille, ce groupe d'Allemands reçoit de la police française « un certain nombre de cartes d'identité françaises en blanc, ainsi que des permis de circuler pour leurs véhicules dispensant les occupants de justifier leur identité, de toute fouille, et priant les autorités françaises de leur prêter assistance en cas de besoin.

     

     

    Un officier français, le capitaine Deloges, spécialiste radio, fut adjoint à ce groupe ainsi que quatorze inspecteurs des brigades de surveillance du territoire. »

    Malgré ces diverses opérations répressives, certains affirment que les actions de la police en zone sud (dite « libre ») seraient restées relativement discrètes jusqu'en novembre 1942.

     

     

    En effet, pendant cette période, la chasse aux dissidents n’aurait été que l'affaire des services de renseignements de la Marine et de l'Armée d'armistice (ce qui n’aurait pas empêché quelques éléments des services secrets de l'Armée de terre de tremper secrètement dans la Résistance).

    L'organisation du transport des juifs étant décidée depuis Berlin (avec notamment Adolf Eichmann, le « spécialiste », qui s'occupe de cette logistique), il faut garder constamment plein les camps de concentration français afin de pouvoir remplir à tout moment les trains réquisitionnés.

     

    Ainsi, le SS Rötkhe veut accélérer les rafles fin août 1942, car si le ministère des Transports du Reich lui a mis à disposition treize trains, aucun convoi ne pourra être mis en route de novembre 1942 à janvier 1943 à cause du manque de moyens de transport.

     

     

    Fin août 1942, ce sont donc 7 000 juifs étrangers qui ont été raflés et livrés aux Allemands en zone « libre », chiffre qui n'inclut pas les milliers de juifs internés. Ainsi, la France fut le seul pays d'Europe dans lequel des juifs séjournant dans un territoire non occupé par les Allemands ont été déportés. Sous l'autorité de la Gestapo, la police française, des pompiers et la troupe ont participé aux rafles de la fin août.

    Sous prétexte de ne pas séparer les familles, Laval fait inclure dans les convois de déportation les enfants juifs de moins de 16 ans, ce qui n'avait pas été demandé par les nazis. Bousquet exécute la mesure, et renonce lui-même à ne pas inclure les enfants de moins de deux ans.

     

     

    Or les enfants sont déportés séparément de leurs parents par ses services, le plus souvent après avoir été arrachés à leurs mères dans les camps d'internement français. Aucun signe d'identité n'indique le nom et la famille des bébés et des jeunes enfants installés dans les convois séparés.

     

     

    L'opinion publique

    À la suite des rafles de l'été 1942, quelques évêques et cardinaux protestèrent mais René Bousquet les fit taire en menaçant de supprimer leurs subventions et les privilèges fiscaux des écoles catholiques. Cette argumentation sera reprise directement par Laval.

    Les deux séries de mesures antijuives, celles d'octobre 1940 et de juin 1941, n'avaient pas plus soulevé de protestations de la part des autorités religieuses qui restaient le plus fidèle soutien du régime.

     

     

     

    Tout juste, le cardinal Gerlier primat des Gaules avait-il remis au chef de l'État, en septembre 1941 une note exprimant des réserves sur la politique antisémite. Son homologue protestant, le pasteur Boegner, avait adressé une lettre personnelle à l'amiral Darlan un peu plus tôt, en mars 1941.

     

     

     

    De même, les conditions très dures d'internement des Juifs étrangers n'avaient guère ému l'opinion publique, Seules, quelques organisations charitables, soit catholiques soit juives, soit protestantes (la CIMADE), s'étaient préoccupées de porter secours aux internés des camps de Gurs, Noé, du Récébédou, etc.

     

     

     

    Néanmoins, à partir de la mi-1942, on assiste à un revirement de l'opinion publique. Le port de l'étoile jaune avait suscité la réprobation de beaucoup de Français ainsi qu'une nouvelle protestation du pasteur Boegner. Ce sont enfin les rafles de l'été 1942 qui provoquent un tournant décisif. Non seulement parmi les chrétiens de base, mais également parmi la hiérarchie catholique.

     

     

     

    En plus des démarches confidentielles, cinq prélats catholiques de la zone sud font connaître publiquement, en chaire, leur désapprobation. La protestation la plus célèbre est celle de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont la lettre est lue en chaire le 23 août. Certains membres des institutions religieuses, catholiques, protestantes ou juives ont joué un rôle de premier plan pour l'accueil, la production de faux papiers et l'organisation de filières d'évasion.

     

     

    Une partie des 225 000 Juifs qui ont réussi à échapper à la déportation a bénéficié du silence, de la complicité ou de l'aide active d'un très grand nombre de Français qui sont restés, pour la plupart anonymes. Beaucoup de couvent et d'abbayes ont accueillis des Juifs.

     

     

    Les protestants aussi, très minoritaires en France se sont souvent montrés d'une grande détermination dans ce sauvetage. Sous la conduite du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda, Le Chambon-sur-Lignon, village de Haute-Loire, accueille, de 1941 à 1944, pour des périodes plus ou moins longues, un total de 2 500 Juifs.

     

     

    Dorénavant, Laval et Bousquet mettent en avant l'opposition de l'Église dans les pourparlers avec Oberg pour réduire l'implication de la police française dans le processus de déportations des Juifs français (le sort des Juifs étrangers ne les émeut guère). Selon les mots du célèbre « chasseur de nazis » Serge Klarsfeld, « la fin de cette coopération massive ne se situe pas en 1943… mais en septembre 1942 ».

     

     

    Ce tournant, cependant, ne veut pas dire arrêt : la police française, toujours sous les ordres de Bousquet, arrête dans la région parisienne 700 personnes en octobre, 600 en novembre et 835 en décembre, dont la plupart étaient françaises.

    En septembre 1942, René Bousquet reçoit un message du Consistoire central « expliquant qu’il a été établi par des informations précises et concordantes que plusieurs centaines de milliers d’Israélites ont été massacrés en Europe Orientale ou y sont morts à la suite de mauvais traitements ». Il ne semble pas y avoir réagi d'aucune manière.

     

     

    De l’occupation de la zone sud à la Libération

     

    À la suite du débarquement en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la zone sud en novembre 1942. Aussitôt, le Höherer SS und Polizeiführer s'installe dans toutes les préfectures pour développer ses activités antijuives. Formellement décidée lors de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, la mise en œuvre de la « Solution finale » s'accélère; Vichy ne parvient plus guère à défendre sa souveraineté au sujet des Juifs français.

     

     

    Lors de la rafle de Marseille, en janvier 1943, 1 600 immeubles du Vieux Port sont dynamités et 2 000 Juifs, français et étrangers, arrêtés par la police française.

    De novembre 1942 à septembre 1943, la zone d'occupation italienne, à savoir les deux départements de la Savoie et surtout les Alpes-Maritimes, devient le dernier refuge pour les Juifs.

     

    On en trouve près de 30 000, en septembre 1943 dans ce qui s'avèrera être une souricière, lorsque les Allemands envahissent la zone après la capitulation de l'Italie. Sous la conduite d'Alois Brunner, la police allemande et une unité de Waffen-SS ratissent alors les trois départements, mais faute d'un appui suffisant des autorités françaises, l'opération n'aboutit qu'à l'arrestation de 2 000 Juifs, déportés à Drancy puis à Auschwitz.

    À partir de 1943, la lutte de la police contre les résistants (arrestation de Médéric) est complétée et surpassée par l'action de la Milice de Darnand, notamment contre les maquis.

    Le SS Lischka, proche collaborateur du chef de la Gestapo Knochen, informe le 24 février 1943 l'Office central de sécurité du Reich à Berlin de « l'avancement de la Solution finale de la question juive en France ».

     

    Tandis que la police française vient d'arrêter 2 000 juifs, il s'énerve du refus des forces d'occupation italiennes de relayer la répression raciale dans le Sud-Est. Ainsi, il écrit:

     

     

    « Dans la circonscription de Grenoble, cent de ces Juifs ont été arrêtés par la police française afin de nous être livrés. Mais les Italiens ont protesté et refusé la livraison de ces Juifs en arguant que les Juifs capturés étaient considérés comme bloqués.

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    Le chef de cabinet du délégué de la police française dans la zone anciennement non occupée m'a dit que la position des Italiens était incompréhensible à la police française puisque aucun Juif de nationalité italienne n'avait été pris. »

     

    Afficher l'image d'origine 

    Bousquet louvoie ainsi entre les instructions de Pétain, qui ne comprend pourquoi des juifs français sont raflés alors qu'il reste des juifs étrangers en France, et celles de la Gestapo qui ne comprend pas pourquoi Pétain tente de défendre ses nationaux. La Gestapo se rend bien compte que Laval est plus propice à ses vues.

     

     

    Quoi qu'il en soit, la police de Bousquet est bien aux ordres de la Gestapo, malgré les velléités d'indépendance de Bousquet, qui le poussent à un comportement courtisan servile.

    En avril 1943, Bousquet rencontre Heinrich Himmler durant plus de cinq heures lequel se déclare «impressionné par la personnalité de Bousquet» et le qualifie de « collaborateur précieux dans le cadre de la collaboration policière ». Parallèlement, René Bousquet joue un rôle essentiel de conseiller auprès de Pierre Laval au côté de Jean Jardin et Charles Rochat, le secrétaire général du Quai d'Orsay. Le chef du gouvernement lui faisait souvent lire ses discours.

     

     

     

    Le 2 décembre 1943, l'artisan du rapprochement entre certains radicaux et Laval, Maurice Sarraut, est assassiné par des miliciens. René Bousquet fait alors de leur arrestation une affaire personnelle, mais la Milice de Darnand et les collaborationnistes demandent à Berlin sa révocation. Après avoir ordonné quelques libérations et détruit ses archives, Bousquet démissionne le 31 décembre 1943. Il est remplacé par Joseph Darnand, le chef de la Milice, avant de s'enfuir pour l'Allemagne.

     

     

     

     

    Si Bousquet était un technocrate opportuniste, méprisant certes les juifs, Darnand partage profondément l'idéologie nazie. Une lettre de Max Knipping, adjoint de Darnand et chef de la Milice en zone nord, adressée au SS Knochen, le 7 mars 1944, propose ainsi de ne pas seulement recenser tous les juifs du département de la Seine, mais tous ceux de la zone nord, témoignant de sa fébrilité à devancer les ordres des nazis.

     

    Ainsi, si la fin de la collaboration massive se situe en septembre 1942, selon Serge Klarsfeld, elle n'en continue pas moins jusqu'à la fin de la guerre. Les juifs, néanmoins, se font plus rares, et davantage méfiants, beaucoup s'enfuyant ainsi pour la zone d'occupation italienne, ou se réfugiant dans les zones frontalières montagneuses. Mais désormais, tous les juifs sont des cibles légales pour les nazis, quel que soit leur âge, leur nationalité ou leur état physique.

     

    Le SS Knochen écrit ainsi, au printemps 1944:

    « Toutes les personnes qui, d'après la loi, sont considérées comme juives, doivent être arrêtées, sans tenir compte de la nationalité ou autres circonstances (…)

     

    Les parents, les enfants, les enfants mariés, les frères et sœurs maris, les enfants en bâs âge qui se trouvent dans les foyers sont également à inclure dans les actions. ». L'historien Maurice Rajsfus constate ainsi:

     

     

    « Et la police française exécute ces consignes ultimes car la Gestapo ne dispose pas du personnel nécessaire pour conduire ces « actions ». Les grandes manœuvres vont bientôt se terminer.

     

    Policiers et gendarmes, jusque dans les derniers jours de juillet 1944 et même parfois dans les premiers jours d'août, continuent à arrêter des Juifs — étrangers ou français — par petits groupes, souvent dans l'est de la France.

     

    Ils procèdent seuls ou parfois en compagnie d'éléments de la Feldgendarmerie.

     

    Les Alliés ont débarqué le 6 juin 1944 sur les plages de Normandie mais la consigne doit être respectée. Jusqu'au bout, il n'y aura pas de refus d'exécution des ordres reçus. "

     

     

    Les principaux policiers collaborateurs

     

     

    • Fournet et Piednoir seront révoqués pour avoir alerté Joinovici de l'enquête à son sujet. Ni Piednoir ni Fournet ne furent jamais des collaborateurs. Sont révoqués aussi Yves Bayet, l'un des dirigeants du NAP-police, qui aurait été lié avec le SPAC (Service de police anticommuniste), alors qu'il était sous-préfet à Nantes; le directeur de la police générale, Redon, celui de la PJ, Desvaux, et le commissaire Poulzelgues, qui a fait disparaître des documents comptables compromettants pour Joseph Joinovici). Ni Redon ni Desveaux ni Poulzelgues ne sont non apparus à ce jour comme ayant été collaborateurs (cf les Archives de la Préfecture de Police), tout au contraire.
    • commissaire Permilleux, jugé et blanchi après le témoignage de plusieurs Juifs[réf. souhaitée].
    • Inspecteur principal adjoint Sadowski (dirige la section juive de la DCRG)
    • "commissaire" Schweblin, directeur de la police antijuive
    • commissaire Tissot (succède à Lang à la 3e section de la DCRG)
    • André Tulard, responsable du « fichier juif » à la préfecture de police de Paris

     

      

     propagande

    Longtemps, cet homme en pleurs, on la souvent confondu avec Jacques BONSERGENT regardant les troupes allemandes

    défiler aux Champs Elysées en 1940 !! NON §

    mais il s'agit de :

    M. Jérôme Barzotti et son épouse (en chapeau) en juin 1940 sur la Canebière à Marseille. M. Barzotti pleure en voyant les drapeaux des régiments dissous défiler une dernière fois avant de quitter la métropole pour rejoindre l'Afrique du Nord.

    (Photo extraite du film de propagande américain de 1943 de Franck Capra,

    "Why we fight")

     

     

    Civils français regardant et saluant les troupes françaises, repoussées au sud par l'offensive allemande, quitter la métropole pour rejoindre les colonies françaises où seront organisées les Forces Françaises Libres. Capture d'écran du film de propagande de l'Armée Américaine de 1943 Divide and Conquer (Why We Fight #3, @54:50) réalisé par Frank Capra et basé en partie sur des archives des actualités de l'époque, des animations, des reconstitutions de scènes, et du matériel de propagande capturé provenant des deux bords. En tant que film de propagande de source "inconnue", l'authenticité de la scène est incertaine et pourrait avoir été reconstituée avec acteurs et figurants en studio.

     

    Chronologie

    Article détaillé :
     
    • 22 juillet 1940 : Création par Raphaël Alibert, ministre de la justice, d'une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927. Retrait de la nationalité pour 15 000 personnes dont 40 % de Juifs.
    • Dès juillet 1940 : Les Allemands expulsent plus de 20 000 Juifs alsaciens-lorrains vers la zone sud.
    • 27 septembre 1940 : Zone occupée : recensement des Juifs (« fichier Tulard »), écriteau "Juif" sur les magasins tenus par des Juifs.
    • 27 septembre 1940 : Une loi de Vichy permet d'interner tout étranger « en surnombre dans l'économie française » dans les groupements de travailleurs étrangers
    • 3 octobre 1940: Premier statut des Juifs. Les citoyens juifs sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales.
    • 4 octobre 1940 : Les préfets peuvent interner les étrangers « de race juive » dans des « camps spéciaux » ou les assigner à résidence.
    • 7 octobre 1940: Abrogation du décret Crémieux de 1871. La citoyenneté française est donc retirée aux Juifs d'Algérie.
    • 18 octobre 1940: Zone occupée : « aryanisation » des entreprises.
    • 29 mars 1941: Création du Commissariat général aux questions juives (CGQJ). Xavier Vallat premier commissaire.
    • 13 mai 1941: Zone occupée : premières rafles de Juifs étrangers, organisées par la préfecture de police de Paris avec l'accord de la délégation générale du gouvernement de Vichy dans la zone occupée et sur demande des autorités d'occupation : 3 747 (sur 6 494 convoqués par la préfecture de police) sont parqués dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, sous administration française[25].
    • 2 juin 1941: Deuxième statut des Juifs : par rapport au premier statut, durcissement de la définition du Juif, allongement des interdictions professionnelles, numerus clausus à l'Université (3 %), et les professions libérales (2 %). Les Juifs sont obligés de se faire recenser en zone libre.
    • 21 juillet 1941: « Aryanisation » des entreprises en « zone libre ».
    • 20 août 1941: Zone occupée : « rafle du XIe arrondissement de Paris »: internement de 3 200 Juifs étrangers et 1 000 Juifs français dans divers camps dont celui de Drancy.
    • Décembre 1941: Zone occupée : 740 Juifs français membres des professions libérales et intellectuelles sont internés à Compiègne.
    • janvier 1942: Conférence de Wannsee : les officiels Nazis définissent les modalités pratiques de la « Solution finale », c'est-à-dire l'extermination complète des Juifs d'Europe, enfants compris.
    • 27 mars 1942: Le premier convoi de Juifs déportés quitte Compiègne (Frontstalag 122), en direction d'un camp d'extermination.
    • 29 mai 1942: Zone occupée : port de l'étoile jaune obligatoire. (application le 7 juin)
    • 6 mai 1942 : Reinhard Heydrich, chef de la SIPO-SD, adjoint d'Heinrich Himmler, venu installer Oberg à Paris, rencontre Bousquet. L'entrevue jette les bases d'un accord de principe engageant la collaboration de la police française en échange de son autonomie[26].
    • 18-juin au 8 août 1942: négociation des accords Bousquet-Oberg pour la collaboration des polices françaises et allemandes, officialisés le 8 août par une déclaration d'Oberg aux préfets régionaux de la zone occupée[26]
    • 16-17 juillet 1942: Paris Rafle du Vel' d'hiv, arrestation de 12 884 Juifs « apatrides » (en fait, de nationalité indéterminée; 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants).
    • 26-28 août 1942: « Zone libre » : série de rafles aboutissant à la déportation de 7 000 personnes.
    • Janvier 1943: Rafle de Marseille : destruction du Vieux-Port et rafles par les forces de l'ordre françaises. Près de 2 000 Marseillais arrêtés et déportés.
    • Le Petit Marseillais du 30 janvier 1943 écrit: « Précisons que les opérations d'évacuation du quartier Nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu'elles n'ont donné lieu à aucun incident. »
    • Février 1943: Rafle de Lyon dans les locaux de l'UGIF (Union générale des Israélites de France)
    • 3 juillet 1943: les SS prennent en charge le camp de Drancy, jusque-là administrés par les forces de l'ordre françaises. Selon Maurice Rajsfus, « les conditions d'hygiène y seront sensiblement améliorées… »
    • 8 septembre 1943: Capitulation de l'Italie conduisant à l'occupation de la zone italienne (Nice) jusqu'alors épargnée par les rafles.
    • Avril 1943: Rafles de Nîmes et d'Avignon
    • Septembre 1943: Rafles de Nice et de l'arrière-pays niçois
    • Août 1944: Dernier convoi de déportation depuis Clermont-Ferrand.

     

    Bibliographie

      

      • Serge Klarsfeld :
        • Vichy-Auschwitz, t. 1 : 1942 : le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard,‎ 1983 (ISBN 978-2-213-01297-1) .
        • Vichy-Auschwitz, t. 2 : 1943-1944 le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard,‎ 1983 (ISBN 978-2-213-01573-6) 

      

    • Limore Yagil :
        • Limore Yagil (préf. Yehuda Bauer), Chrétiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944 : sauvetage et désobéissance civile, Paris, Cerf, coll. « Histoire »,‎ 2005, 765 p.
         
      • La France terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 : Implication des fonctionnaires le sauvetage aux frontières et dans les villages-refuges, Paris, Éditions du Cerf, 2010.
      • Limore Yagil (préf. François-Georges Dreyfus), La France terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 : exemple du sauvetage des juifs., t. 1 : Histoire de la désobéissance civile : implication des corps de métiers, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. « Histoire »,‎ 2010 (ISBN 978-2-204-08863-3) .
      • L'« homme nouveau » et la révolution nationale de Vichy, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1997, 382 pages.
    • Maurice Rajsfus, La police de Vichy : les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo, 1940-1944, Paris, Le Cherche midi, coll. « Documents »,‎ 1995, 286 p.
    • (ISBN 978-2-862-74358-5, OCLC 33362188) .
    • Michel Slitinsky :
    • Jean-Marie Muller, Désobéir à Vichy. La résistance civile de fonctionnaires de police, Presses Universitaires de Nancy, 1994, 144 p.
    • Sylvain Le Bail, Le GMR du Périgord. Les forces de l'ordre sous Vichy, 1941-1944, Éditions le Chêne Vert, 2003.
    • Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.
    • Jean-Marc Berlière :
      • « L'épuration de la police parisienne en 1944-1945 », in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 49, Presses de Science Po, janvier-mars 1996, p. 63-81, [lire en ligne]
      • entrée Brigades spéciales in Michel Auboin, Arnaud Teyssier, Jean Tulard (dir.), Histoire et dictionnaire de la police, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2005, p. 587-589.
      • « Archives de police / historiens policés ? », in Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, no 48-4bis, 2001, p. 57-68, [lire en ligne]
      • « L'impossible pérennité de la police républicaine sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 94, 2007, p. 183-198, [lire en ligne]
      • « Archives « interdites », archives « spéciales » ? Quelques réflexions à propos des archives policières... », in Histoire@Politique. Politique, culture, société, no 8, mai-août 2009, [lire en ligne]
      • « Les Polices de l'État français : genèse et construction d'un appareil répressif », in Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Jean Quellien (dir.), La répression en France 1940-1945, Caen, Publications du CRHQ, 2007, p. 107-127.
    • Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski, « La police parisienne face à la lutte armée » in Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski (dir.), Pouvoirs et polices au XXe siècle, Bruxelles, Complexes, 1997, p. 137-176.
    • Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les policiers français sous l'Occupation, Perrin, 2001, ISBN 2-262-01626-7. Réédition : Perrin, coll. « Tempus », 2009.
    • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre :
      • Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée. Automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », 2004.
      • Liquider les traîtres, la face cachée du PCF 1941-1943, Paris, Robert Laffont, 2007.
    • Frédéric Couderc, Les R.G. sous l'Occupation. Quand la police française traquait les résistants, Olivier Orban, 1992.
    • Denis Peschanski, « La confrontation radicale. Résistants communistes parisiens vs Brigades spéciales », texte préparatoire septembre 2003 à la publication in Les Résistances, miroir des régimes d'oppression. Allemagne, France, Italie, François Marcot et Didier Musiedlak (dir.), Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, série Historiques, 2006, p. 335-349,
    • [lire en ligne]
    • Richard Montbeyre, L'épuration administrative dirigée contre les services de lutte anticommuniste de la Préfecture de Police de Paris à la Libération, Mémoire de Master 2 Recherche d'Histoire du Droit, 2005-2006, [lire en ligne]
    • Louis Sadosky, édition critique établie et présentée par Laurent Joly, Berlin, 1942. Chronique d'une détention par la Gestapo, CNRS Éditions, 2009, [compte-rendu en ligne]
    • Laurent Joly, L'Antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la préfecture de police de Paris et du commissariat général aux questions juives (1940-1944), Paris, Grasset, 2011, 448 p.
    • Luc Rudolph (dir.), Au cœur de la préfecture de police : de la résistance à la Libération,
    • 1re partie : Les Proto-résistants, 2e partie : Une résistance oubliée, 1940-1944, 3e partie : La libération de Paris, Paris, imprimerie de la préfecture de police, 2009-2011.
    • Luc Rudolph, Policiers rebelles. La Résistance au cœur de la Préfecture de Police, 1940-44, Éditions LBM, 2012.

     

     

      

    René BOUSQUET, grand ami de François MITTERAnd

    EN 1974, à LATCHE.

     

     

     

     

     

     

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    Durant la Seconde Guerre mondiale, un camp d’internement de Tsiganes fut ouvert en Anjou dans la ville de Montreuil-Bellay.
      
    Jacques Sigot, historien local, évoque le passé de ce camp et raconte sa lutte pour la reconnaissance de cette histoire oubliée.
     

    C’était au tout début des années 1980, j’étais alors instituteur dans un village proche de ma ville d’adoption, Montreuil-Bellay, en Anjou, ou plus exactement en Maine-et-Loire. J’y avais déposé ma valise en 1973, après sept années passées au Maroc. J’avais eu la chance, au prix de sacrifices qui devaient bouleverser ma vie professionnelle, de contourner les horreurs du conflit en Algérie que je ne voulais pas assumer comme tueur ou victime.

      

    Les guerres m’ont toujours habité, ne pouvant comprendre pourquoi, en l’occurrence celle d’Algérie, on envoyait là-bas des jeunes gens massacrer ou se faire massacrer dans un pays qui voulait recouvrer sa liberté alors que l’on avait honoré leurs pères qui avaient sacrifié leur vie pour que la France reprît la sienne après quatre années d’occupation. Pour l’élève instituteur normalien que j’étais, il y avait là quelque chose d’inacceptable.

      

    Et l’adulte que j’étais devenu au tournant des années 1980 se posait toujours les mêmes questions. D’où mon premier ouvrage sur les Guerres de Vendée en Anjou, et spécialement dans ma nouvelle commune, sur le combat du 8 juin 1793.

      

    J’y retrouvais les mêmes mensonges entre les comptes-rendus officiels et ce que je découvrais, les morts allant de 20 à 4000 chez les Blancs (les Vendéens), et de 102 à 4000 chez les Bleus (les Républicains), avec toutes sortes de nombres intermédiaires chez les divers auteurs étudiés.

      

    Seul Dieu, qui sait traditionnellement tout, aurait pu trancher, mais je n’ai, pour l’instant, encore rien entendu de Lui...

    C’est dans le temps de la sortie de cet ouvrage que je découvris le site de l’ancien camp de Montreuil-Bellay.

      

    Je connaissais bien ces ruines d’escaliers en mauvais béton ne conduisant nulle part, ces plateformes grises de quelques centimètres au-dessus du sol qui longeaient la route nationale Angers/Poitiers sur près d’un kilomètre, mais des ruines ne parlent pas toujours et je n’y avais pas plus prêté attention. Jusqu’à ce matin où j’accompagnais un camarade.

      

    À mon interrogation non préméditée pour savoir ce qu’étaient ces vestiges, il me répondit simplement : « C’était un camp de concentration pendant la guerre. » Imaginez ma surprise et mon incrédulité. J’étais à Montreuil depuis une dizaine d’années, j’en étudiais l’histoire, interrogeant les personnes âgées qui avaient toujours vécu là, et jamais je n’avais entendu la moindre allusion à ce camp.

      

    Ce fut aussitôt la quête fébrile de cette histoire occultée ; la guerre, une autre guerre, me prenait une nouvelle fois dans ses lacs inextricables.

      

    Presque trois décennies plus tard, il me semble cerner une vérité difficile à dire et que certains refusent d’accepter, celle d’un camp de la misère et de la honte, le camp de concentration de Montreuil-Bellay qui a sévi de juin 1940 — même si l’on y souffrit avant cette date — à novembre 1945. La voici résumée pour mieux comprendre ce qu’il advient du sauvetage de sa mémoire, le combat n’étant pas gagné à ce jour.

     

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    Vue du camp en 1944, depuis le haut d’un mirador. Archives JeanClaude Leblé & J. Sigot. — À l’intérieur du camp, des religieuses, internées volontaires (cf. pages suivantes) distribuent des biscuits vitaminés aux enfants. Archives de la Congrégation des Franciscaines Missionnaires de Marie & J. Sigot.

     

    Ce qui allait devenir un camp de concentration [1] pour des Tsiganes… et d’autres, devait être à l’origine une poudrerie que le ministère de l’Armement avait décidé, fin 1939, de construire à proximité de cette petite ville d’Anjou proche de la Touraine et du Poitou. Fut alors embrigadée une compagnie d’environ 350 Républicains espagnols astreints à ces travaux forcés.

      

    Pour eux c’était accepter ou être refoulés vers l’Espagne franquiste et une mort certaine. Le 19 juin 1940, les entreprises et les Espagnols s’enfuirent juste avant que les Allemands n’eussent franchi la Loire à Saumur.

    Jusqu’en mars 1941, le site fut un stalag que l’occupant avait fait entourer de barbelés, pour les soldats français interceptés sur les routes et pour les civils d’une quinzaine de nationalités différentes, dont les ressortissants du Commonwealth qui vivaient dans l’ouest de la France.

      

    Hitler s’enlisait alors dans l’incertaine Bataille d’Angleterre. Ce fut la seule période au cours de laquelle le camp fut administré par l’ennemi. Après la libération de la plupart des civils, les militaires furent transférés en Allemagne comme prisonniers. *

      

    Et les célibataires anglais furent envoyés dans un camp à Saint-Denis, près de Paris, où ils restèrent jusqu’en août 1944, pendant que les couples étaient en résidence surveillée dans des hô-
    tels de Vittel.

    Le camp de concentration pour Tsiganes fut ouvert le 8 novembre 1941, destiné à tous individus sans domicile fixe, nomades et forains, « ayant le type romani », pour reprendre l’expression non ambiguë du préfet du Finistère, c’est-à-dire Manouches, Gitans, Roms, Sintés et Yénishes.

      

    Par familles entières, ils venaient d’une multitude de petits camps ouverts suite au décret de loi du 6 avril 1940 signé par Albert Lebrun, dernier président de la IIIe République, décret qui stipulait que ces nomades devaient être rassemblés dans des communes désignées sous la garde de la police. Vichy et l’Occupant ne firent ensuite qu’appliquer ce décret. Ce 8 novembre 1941, ils étaient 250, précédemment parqués dans le camp de la Morellerie (commune d’Avrillé-les-Ponceaux, en Indre-et-Loire).

      

    Le 2 décembre, en arrivaient 213 nouveaux raflés dans les départements bretons. Pour ne citer que les entrées les plus importantes : 756 du camp de Mulsanne (Sarthe) le 3 août 1942, dont quelque 80 clochards raflés à Nantes au cours du printemps et qui disparurent quasiment tous à Montreuil avant la fin de l’hiver ; 56 du camp de Rennes, le 5 août ; 304 du camp de Poitiers (Vienne), le 27 décembre 1943.

      

    L’effectif maximum fut atteint en août 1942 avec 1096 internés. Le camp comportait deux parties distinctes : des baraques en planches sur pilotis pour le logement des internés ; des bâtiments en maçonnerie pour les cuisines, le réfectoire, les écoles, la chapelle, etc. Il y faisait très chaud l’été et très froid l’hiver, l’ensemble étant construit sur une plaine exposée dénuée de toute végétation. Seules les écoles et la chapelle étaient régulièrement chauffées. La prison était un abri souterrain, cave d’une ferme qui avait brûlé au début du XXe siècle.

    Jusqu’en janvier 1943, les nomades furent gardés exclusivement par des gendarmes français ; ensuite par des gendarmes et des jeunes gens de la région qui échappaient ainsi au départ pour l’Allemagne pour la « Relève forcée » puis pour le STO (Service du Travail Obligatoire). De nombreux internés furent victimes des difficiles conditions de vie à l’intérieur du camp qu’aggravaient une nourriture toujours insuffisante et de peu de valeur énergétique, et une hygiène déplorable.

      

    Avec les clochards moururent dans le camp des personnes âgées et des nouveaux-nés que ne pouvaient suffisamment nourrir des mères ellesmêmes sous-alimentées. En juin et juillet 1944, le camp fut sévèrement bombardé par les Alliés qui savaient qu’un atelier de confection de filets de camouflage pour l’ennemi avait fonctionné dans des baraquements. Les nomades furent alors transférés dans un autre lotissement de l’éphémère poudrerie.

     

    Durant la première quinzaine de septembre 1944 furent parqués derrière les barbelés désertés 30 Italiens et 145 soldats vaincus du Reich, dont 107 Géorgiens, Russes « blancs » fidèles à l’ancien régime qui avaient espéré que Hitler vainqueur leur redonnerait un tsar. Puis ce fut le tour des collaborateurs locaux, eux-mêmes bientôt envoyés dans le camp de Châteaubriant pour échapper au triste sort que leur réservaient des compatriotes avides de vengeance et de défoulement.

      

    Les Tsiganes réintégrèrent les baraquements du camp principal début octobre. Si, pour les Angevins, la Libération était intervenue fin août 1944, il n’en avait pas été de même pour eux qui ne quittèrent Montreuil que le 16 janvier 1945... expédiés pour la plupart dans d’autres camps sans autre forme de procès : celui de Jargeau (Loiret) et d’Angoulême (Charente) où certains restèrent jusqu’en juin... 1946 !

    C’est qu’en janvier 1945, l’on avait besoin du site pour de nouvelles victimes de cette guerre qui n’en finissait pas.

      

    Le 20, arrivèrent 796 civils allemands, dont 620 femmes et 71 enfants, arrêtés dans l’Alsace reconquise par l’armée du général Leclerc, internés d’abord dans l’ancien camp nazi du Struthof qui avait repris du service. Beaucoup périrent au cours des mois de l’hiver, suite au voyage en wagons à bestiaux pendant trois jours de l’Alsace à l’Anjou et vu les conditions matérielles lamentables de leur hébergement dans des baraquements en partie ruinés. Beaucoup d’entre eux étaient très âgés.

      

    Les rejoignirent au cours du printemps des soldats vaincus de la Poche de Saint-Nazaire puis, en août, des Hollandaises qui avaient épousé des nazis.

      

    En novembre 1945, un nouvel hiver s’annonçant, on précipita leur transfert dans le camp moins dur de Pithiviers (Loiret). Au printemps 1946, un escadron d’un régiment de Chasseurs d’Afrique de l’armée française les remplaça pendant quelques mois. Mais les barbelés électrifiés et les miradors avaient disparu.

      

    Enfin, le 22 octobre 1946, toutes les installations furent vendues aux enchères par les Domaines et démontées. Restaient sur place les ruines impressionnantes des marches et des fondations des bâtiments en maçonnerie, les colonnes du poste de garde devant l’ancienne entrée, et un bâtiment complet.

    Mon ouvrage, Un camp pour les Tsiganes... et les autres [2], sortit en 1983. Aucun historien n’avait étudié ce sujet. J’avais bien trouvé quelques pages sur ces camps pour Tsiganes français dans l’un des nombreux titres de Christian Bernadac, L’Holocauste oublié, le massacre des Tsiganes (éditions France-Empire, 1979), mais le journaliste en avait fait des antichambres des camps de la mort nazis, ce qu’ils n’ont jamais été, et les clochards nantais décédés pendant l’automne 1942 et l’hiver 1943 étaient devenus sous sa plume des Tsiganes.

      

    Je me suis fait nomade pour rechercher d’anciens internés et des témoins. J’en rencontrai beaucoup car ils étaient encore nombreux au début des années 1980 : en particulier des gendarmes et des gardiens, des instituteurs, des docteurs et une infirmière, la sage-femme, des religieuses qui avaient partagé volontairement leur quotidien afin de les aider, le curé qui avait officié dans le camp. J’étais allé rencontrer des « voyageurs » dans leur verdine [ndlr : terme exact désignant la roulotte] ou sédentarisés ; je m’étais rendu jusqu’en Espagne pour retrouver un Républicain espagnol, jusqu’à Chicago où vivait l’une des internées allemandes de 1945...

      

    Les Montreuillais m’ont dit peu de choses : que le camp était le but de la promenade dominicale de certains de leurs compatriotes ; que je n’avais pas à plaindre ces Manouches qui étaient logés et nourris quand eux... Mon travail gênait, les Tsiganes n’étant pas des gens bien intéressants, et l’on ne voulait pas parler des autres internés, qu’ils fussent Républicains espagnols, clochards, collaborateurs et Russes blancs, que l’on avait oubliés, civils allemands, dont surtout des femmes, qui ne méritaient vraiment aucune pitié après ce qu’ils avaient fait. Il me faudrait me battre, quasiment seul au début, pour dire cette forfaiture ordinaire, sauver cette mémoire.

      

    Aidé par Jean-Louis Bauer, dit Poulouche, interné enfant dans quatre camps dont Montreuil, je réussis à faire ériger une stèle dans l’enceinte de l’ancien camp, le 16 janvier 1988. Encore une fois, les autorités sollicitées avaient refusé de nous aider, et quatre amis m’aidèrent à payer les frais de cette première érection sur un tel site.

      

    Ce qui n’empêcha pas le Conseil général du Maine-et-Loire de payer quelques années plus tard une somme plus de dix fois supérieure pour un monument en hommage aux victimes vendéennes de 1793. Ce qui me fit écrire dans la presse locale qu’en Anjou, un rebelle à la République était mieux coté qu’un Manouche...

      

    Le texte imposé de la plaque commémorative ne manque pas de panache :

      

    « En ces lieux se trouvait le camp d’internement [avait été refusé le terme exact de « concentration »] de Montreuil-Bellay. De novembre 1941 à janvier 1945, plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants tsiganes [avaient été refusée l’inscription de toutes les autres victimes de ce camp] y souffrirent, victimes d’une détention arbitraire ». Vous avez dit « arbitraire » ? Manière élégante de ne pas citer nommément la IIIe République qui signa le décret d’avril 1940, l’État Français qui l’appliqua, et le Gouvernement Provisoire de la République
    qui l’oublia.

      

    François Mitterrand désigna en 1990 Montreuil-Bellay comme lieu de mémoire national pour les Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.

      

    Une cérémonie officielle a lieu depuis, chaque année le dernier samedi d’avril. Une décennie de nouvelles recherches et de rencontres provoquées par la première édition en permit une seconde plus complète et surtout plus illustrée. Le petit-fils du directeur du camp m’avait offert des photos prises par sa mère en 1944, documents rares sur un tel sujet.

     

     

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    Pendant la guerre, une habitante de Montreuil-Bellay, son fils et leur chien, en promenade du dimanche devant le camp. Archives J.Champigny & J.Sigot — Une preuve par l’absurde du non-respect de la mémoire du camp : sur le terrain même de l’ancien camp, une pancarte publicitaire pour un camping... trois étoiles ! Photo J.Sigot. — Un article de journal sur le camp, paru en 1944 dans la revue Toute la vie. Archives J.Sigot.

     

    Pourtant l’ancien camp gêne encore la sérénité de mes compatriotes. Les vestiges un à un disparaissent.


    Le seul bâtiment complet encore existant vient d’être rasé parce que l’on a construit cent mètres plus loin un rond-point routier ; les colonnes du poste de garde, qui ne gênaient pas, ont été escamotées à l’occasion de l’élargissement de quelques centimètres du virage proche. Un nouveau rond-point menaçait la prison et la stèle, mais un abondant courrier a réussi à évacuer le projet. Le terrain appartenait et appartient toujours à un pharmacien du bourg.

      

    Depuis plus d’un demi-siècle, il sert de pacage pour des animaux qui piétinent les ruines. C’étaient de pacifiques moutons, ce sont maintenant de lourdes vaches dévastatrices... Une association, créée en 2004, s’est donné comme objectif de sauver le terrain aujourd’hui dans un état déplorable, et de le nettoyer pour qu’il devienne un lieu de mémoire.

      

    La mairie a proposé de l’acquérir en faisant valoir son droit de préemption et d’en confier l’animation à l’association. Vieille promesse qui dort et qui n’aboutit pas. Serait-ce toujours parce qu’en Anjou, comme ailleurs, les Manouches, les Tsiganes, n’ont pas la cote ?

      

    Pitié pour quelques ares de terre abandonnés aux herbes folles et aux chardons ! Là y souffrirent de janvier 1940 à novembre 1945 des Républicains espagnols, nos soldats vaincus, nos hôtes britanniques, nos Tsiganes, nos clochards, nos collaborateurs, mais aussi des soldats russes alliés à l’ennemi, des civils et des soldats allemands, et quelques autres que les archives et les mémoires ont oubliés, victimes de la haine ou de l’indifférence.

      
      
    NOTES

     1. « Les camps de concentration sont des camps de prisonniers pour les personnes issues de groupes minoritaires, pour les dissidents politiques ou autres individus décrits comme “asociaux”, détenus pour une durée indéterminée, le plus souvent sans avoir eu droit à un procès équitable. Ils se différencient des prisons, qui se veulent des lieux de détention légitimes pour ceux qui sont coupables de violer les lois ; des camps de prisonniers, où sont détenus les ennemis capturés ; et des camps de détention, d’internement ou de réfugiés, où sont rassemblées des populations civiles après une guerre.

      

    Il existe aussi des camps de concentration où les détenus sont retenus contre leur gré et sans contrôle judiciaire, mais sans y être maltraités. » (Steven L. Jacobs, Le Livre noir de l’humanité, éd. Privat, 2001.)

      

    Les camps d’extermination étaient une partie d’autres camps, là où se trouvaient les chambres à gaz où l’on tuait les déportés, souvent dès leur arrivée, après sélection, avant de faire disparaître les corps dans les fours crématoires.

    [2] Jacques Sigot, Un camp pour les Tsiganes...et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1945, éditions Wallâda, 1983. Ouvrage réédité et complété en 1994 sous le titre Ces barbelés oubliés par l’Histoire

    [3] L’AMCT, Les Amis de la Mémoire du camp tsigane de Montreuil-Bellay. http://memoire.du.camp.free.fr.

     

     

     

     http://www.le-tigre.net/Un-camp-oublie-par-l-histoire.html

     Jacques Sigot, Des barbelés que découvre l'Histoire : Un camp pour les Tsiganes… et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1946, Wallada, coll. « Cages (L'enfermement social) »,‎ 2010, 4e éd., 416 p. (ISBN 978-2-904201-58-5) 

     

     

     

     

     

     

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    Il y a 60 ans fermait le camp de Jargeau.

      

    De 1941 à décembre 1945, les autorités françaises y avaient interné, sur ordre des nazis, des familles entières de Tsiganes, de nomades mais aussi des prostituées et plus simplement des marginaux.

     

    Retour sur une persécution oubliée

     

    Le camp de Jargeau 1941-1945

      

    Situé à 20 kms d’Orléans, la construction du camp de Jargeau commence vers la fin de l’année 1939. Dix-sept baraques sont édifiées pour abriter des réfugiés de la région parisienne. Mais la débâcle et l’arrivée de la Wehrmacht vident le camp de ses habitants. Les Allemands le transforment en "Frontstalag 153" où s’entassent pendant plusieurs mois 900 prisonniers de guerre français.

     

    Le 26 octobre 1940, la Feldkommandantur 549 basée à Orléans ordonne aux autorités françaises de procéder à l’arrestation de tous les nomades du département du Loiret et d ’organiser leur internement. Jacques Morane, le préfet régional, décide d’utiliser l’ancien Frontstalag 153, et le 5 mars 1941, le camp des nomades de Jargeau est officiellement "ouvert".

      

    La plupart des Tsiganes du Loiret et des départements limitrophes sont raflés par la gendarmerie nationale.

      

    D’autres sont victimes de dénonciations.

      

    Au début du mois d’août 1941, le commandant du camp recense 606 internés.

     

    A partir d’octobre 1941, "d’autres catégories d’individus" arrivent à Jargeau : prostituées, étrangers, internés politiques ou administratifs. Ce camp fonctionnera de mars 1941 à décembre 1945 et recensera 1 720 personnes (dont 1 190 Tsiganes).

     

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    Internés avec leurs familles, certains enfants passeront jusqu’à quatre ans et demi

      

    Jargeau, le camp des parias

    par Sylvain Brient

      

      

    Un petit monument discrètement planté en 1991 sur une pelouse du collège de Jargeau. C’est aujourd’hui la seule trace visible des souffrances endurées par plus de 1700 personnes, détenues ici par les autorités françaises durant plus de quatre ans. Sans les recherches de Patrick Vion dans le cadre de son mémoire de maîtrise à l’université d’Orléans, l’existence même de ce camp serait presque passée aux oubliettes de l’histoire.

      

    « Ce qui nous manque le plus pour connaître ce camp de Jargeau, c’est la mémoire », explique Benoît Verny, historien au Centre d’études et de recherches sur les camps d’internement du Loiret (Cercil). On connaît bien le génocide des Juifs mais pour les Tsiganes, les persécutions dont ils ont été victimes en France ont été presque oubliées, faute de témoignages directs. »

      

    C’est principalement dans les documents conservés aux archives départementales du Loiret que l’on en retrouvera la trace.

      

    Construit en 1939 pour accueillir des réfugiés de « la drôle de guerre », Jargeau ouvre ses portes en mars 1941 sur ordre des Allemands qui demandent aux autorités préfectorales d’interner ici tous les nomades.

      

    Alors que le génocide des Tsiganes a déjà débuté outre-Rhin, les nazis n’ont pas, en France, de plan de balayage bien établi comme pour les Juifs. Pourtant en quelques mois, les gendarmes français vont rafler des familles entières de nomades dans le Loiret, le Loir-et-Cher, l’Eure-et-Loir et le Cher.

      

    Dépouillés de tous leurs biens, hommes, femmes et enfants vont se retrouver internés à Jargeau, durant quatre ans et demi pour certains.

      

    « Si, ces persécutions ont été réalisées de façon aussi efficace, c’est que les autorités françaises ont activement collaboré, précise Benoît Verny. Il y a bien eu quelques protestations liées à l’arrestation de “forains”, mais globalement ce dispositif ne faisait que s’inscrire dans la vieille méfiance de l’administration française vis-à-vis des Tsiganes et du mode de vie nomade en général. »

     

     

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    Le camp : 17 baraques construites initialement pour accueillir les réfugiés de « la drôle de guerre ».

      

      

    Le nomade, un suspect désigné

      

    Ainsi depuis 1912, une loi impose aux nomades de tous âges, de porter en permanence sur eux un carnet anthropométrique d’identité qu’ils doivent présenter aux autorités à chacun de leur déplacement. Il est conçu sur le modèle des casiers judiciaires et fait donc d’eux des« suspects a priori ».

      

    Accusés de tous temps par les populations de la moindre rapine, de propager le typhus, la gale, d’être même des espions au service de l’ennemi, les Tsiganes seront dès 1940 astreints à résidence par les autorités.

     

    « En les privant de leur mode de vie nomade, on les prive de toutes ressources et on les contraint presque à voler les poules pour subsister », souligne l’historien du Cercil.

      

    Finalement dans ce contexte, la demande des Allemands ne suscite que peu de protestations et pour ainsi dire arrange tout le monde, élus et administration en tête. Seules s’élèveront quelques voix du côté de l’Assistance sociale et des religieux.

     

    Placé sous la direction d’un fonctionnaire de la préfecture et surveillé par des gendarmes et des douaniers français, le camp de Jargeau offre pourtant des conditions de détention déplorables.

      

    Discipline de fer, nourriture de mauvaise qualité, maladies, manque d’hygiène, malgré quelques visites de la Croix-Rouge et l’installation d’une école pour les enfants,

    la vie au camp est effroyable.

      

    Aux nomades et autres marginaux déjà internés vont, en 1942, s’ajouter des prostituées, celles dites « clandestines ».

     

    « A l’époque, les prostituées étaient classées en trois catégories, explique Benoît Verny, il y avait des officielles qui travaillaient en maison close, des “encartées”dont la profession était reconnue par la police et enfin des clandestines qui, à la différence des autres, n’avaient pas de contrôle sanitaire obligatoire. C’est la peur des maladies vénériennes qui contraint les Allemands à adopter cette mesure d’enfermement. »

      

    Pour tenter de racheter ces quelque 300 femmes et leur donner l’envie de retrouver une profession “honorable” aux yeux de la société, celles-ci seront confiées aux soeurs d’un couvent orléanais.

     

    Le reste du temps, elles seront employées pour quelques sous dans un atelier de réfection de sacs en toile, implanté directement dans le camp par une société des environs.

      

    Les hommes internés au camp fourniront, eux-aussi, une main d’oeuvre bon marché et corvéable aux entrepreneurs de la région.

     

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    Dans la cour de l’école.

      

    L’un des faits marquants de l’histoire du camp de Jargeau est que l’internement des Tsiganes y est poursuivi bien après le départ des troupes allemandes.

    Dans une lettre datée du mois d’octobre 1944, le ministère de l’Intérieur précise ainsi aux préfectures que la situation du pays, encore en guerre, ne permet pas encore de libérer les populations tsiganes internées.

      

    Une mesure qui en dit long sur l’indéfectible méfiance des autorités vis-à-vis des nomades. De même, nombre de maires écriront aux ministères pour protester contre le retour éventuel des Tsiganes sur le territoire de leurs communes.

     

    Libérés malgré tout, certains seront parfois ré-internés jusqu’en décembre 1945.

     

    Il fallut attendre une décision nationale de liquidation de tous les camps d’internement pour que celui de Jargeau libère ses prisonniers.

      

    L’un des rares témoignages recueillis par Benoît Verny auprès d’un Tsigane interné à Jargeau alors qu’il était enfant retrace cette libération.

      

    « On nous a ouvert les portes et on nous a dit va-t’en ! Après ces années passées dans le camp avec ma famille, nous n’avions plus rien et nulle part où aller. » Livrés à eux-mêmes, sans moyens de subsistance, les Tsiganes reprendront leur existence nomade, les prostituées cesseront leur activité ou l’exerceront officiellement. Il s’en est fallu de peu que les persécutions dont ils ont été victimes ne sombrent dans l’oubli.

    Sylvain Brient

     

      

      

    Le camp d'internement de Jargeau était un camp de concentration situé à Jargeau dans le département français du Loiret.

    Avec les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande,

      

    le camp de Jargeau était l'un des trois camps implantés dans le département du Loiret.

     

    Le camp était situé à 19 km à l'est d'Orléans, dans la commune de Jargeau, à l'emplacement de l'actuel collège Le Clos Ferbois.

    D'une superficie de 2,5 hectares et doté de 17 baraquements, le camp de Jargeau était censé pouvoir interner 600 personnes environ, il comptera pourtant jusqu'à 1 720 prisonniers.

     

    La construction du camp débute pendant l'hiver 1939.

      

      

    À l'origine, il accueille des réfugiés de la région parisienne qui subissent l'avancée des troupes nazies durant la drôle de guerre.

     

    En juin 1940, le camp est récupéré par les Allemands et est utilisé pour enfermer les prisonniers de guerre. Il s'agit alors du Frontstalag 153 qui comptera jusqu'à 900 prisonniers de guerre français.

     

    Le 5 mars 1941, le camp d'internement ouvre officiellement, sur l'ordre du préfet du Loiret Jacques Morane nommé à ce poste, le 21 juin 1940.

      

    Des familles Tziganes et des forains y sont enfermés.

      

    Au mois d'août 1941, le camp compte 606 internés.

    Le camp de Jargeau

    devient le « camp des nomades ».

     

    À partir d'octobre 1941, des prostituées et des

    prisonniers politiques sont internés à Jargeau.

    En 1943, le camp sert d'annexe à la prison d'Orléans.

     

     

    L’internement des Tsiganes au camp de Jargeau va se poursuivre après le départ des troupes allemandes.

    Le camp fut réutilisé entre la Libération et le mois de décembre 1945 :

      

    il était spécialisé dans l’internement de femmes soupçonnées de collaboration.

      

    La fermeture définitive intervient en décembre 1945.

    Le 7 décembre 1991, une plaque commémorative fut posée au collège Clos Ferbois.

    Elle porte l'inscription suivante :

      

    « ici, 1 700 personnes ont été privées de liberté entre 1939 et 1945 dont Tsiganes, résistants, réfractaires et personnes marginalisées ».

     

     

     

    http://ldh-toulon.net/Jargeau-camp-d-internement-de.html

     

    Camp de JARGEAU

    1909
    : du 18 mars au 31 juillet

    - 7790 Tsiganes furent mesurés et photographiés en France,

    1912 : en France
    - Le 16 juillet est voté la Loi qui institue le carnet anthropométrique. Immatriculation spéciale des véhicules,

    1913 :
    - Au carnet anthropométrique, on ajoute la partie sanitaire (vaccination, …),

    1915 – 1916- Massacre des Rrom en Arménie Occidentale sur les ordres de Talaat Pacha,

    1925 : en Allemagne
    - Des dispositions sont prises pour créer des colonies Tziganes

    1926 – 1927
    - Publication à Moscou de « l’appel de l’Union » visant à sédentariser les Tziganes,

    1928 : en Allemagne
    - On place les Tziganes sous surveillance constante,

    1936 : en Allemagne
    - Premiers Tziganes à DACHAU,
    - En Espagne le 2 août mort de « EL PELE », gitan espagnol, fusillé considéré comme Saint,

    1937 : en Allemagne
    - Lettre d’Himmler autorisant la police à s’emparer des Tziganes,

    1938 : en Allemagne
    - Mai : première vague d’internement dans les camps. Les enfants Tziganes sont chassés des écoles,

    1939 : en Serbie
    - Pour un (1) allemand on tuait cent (100) Tziganes,
    - 28 000 Tziganes victimes des « OUSTACHIS » (facistes serbes),
    - En France : Camps de concentration, arrestation de nombreux Tziganes,
    - En Allemagne : 22 septembre une réunion organisée par HEYDRICH décide de l’extermination des Tziganes.

    Le lieu est choisi, ce sera la Pologne à AUSCHWITZ,

     

    1940 : en France
    - Le camp de Montreuil-Bellay accueille les Tziganes jusqu’en 1945,

    1941 : en Belgique
    - Carte d’apatride donnée aux Tziganes,

    1942 : en France
    - Création du camp de Saliers (commune d’Arles) intitulé « vitrine de Vichy »
    - 680 internés …. Jusqu’en juillet 1944,

    1943 :
    - Des Tziganes des camps de concentration Français sont envoyés à AUSCHWITZ,
    - En Espagne : 14 mai Règlement à l'attention de la Giardia Civil, Surveillance scrupuleuse des faits et gestes des Tziganes,

    1946 : en France
    - Libération des derniers Tziganes



    Toutes ces dates devraient être enseignées à l'école

     

    http://vlabbe.blogspot.fr/2010/12/souffrance-des-rrom-au-xxeme-siecle.html

     

     

     

     

     

     

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    Bundesarchiv Bild 101I-250-0939-10A, Beaune-la-Rolande, Gefangene im Lager, Lagerstraße

      

      

    Le camp de transit de Beaune-la-Rolande était un camp d'internement situé dans la commune de Beaune-la-Rolande dans le département du Loiret (France).

    Avec les camps de Pithiviers et de Jargeau, le camp de Beaune-la-Rolande était l'un des trois camps implantés dans le département du Loiret.

     

    Localisation

    Le camp de Beaune-la-Rolande se situe à environ 98 km au sud de Paris, 51 km au nord-est d'Orléans, 26 km au nord-ouest de Montargis et 19 km au sud-est de Pithiviers.

     

      

      

      

      

    Historique

    Construit en 1939 pour y enfermer les futurs prisonniers de guerre allemands de la Seconde Guerre mondiale, ce camp servit par la suite aux Allemands qui y ont regroupé des prisonniers de guerre français avant leur envoi en Allemagne.

      

      

    Dès le 14 mai 1941 et la rafle du billet vert, le camp accueillit des Juifs étrangers arrêtés en France.

    2 773 Juifs ont quitté Beaune-la-Rolande les 28 juin, 5 et 7 août, 23 septembre 1942, soit directement pour le camp d'Auschwitz en Pologne, soit pour celui de Drancy situé au nord-est de Paris.

      

      

    Le 17 août 1942 a eu lieu la déportation en masse des enfants, en très grande majorité français, dont les parents avaient déjà été déportés (voir la rafle du vélodrome d'hiver). Environ 1 500 enfants du camp de transit de Beaune-la-Rolande font partie du convoi no 20 qui les achemina à Drancy dans des conditions épouvantables.

      

      

    Le camp a été fermé le 4 août 1943 par Alois Brunner, envoyé en France

    par Adolf Eichmann pour assister le SS-Obersturmführer Heinz Röthke, successeur de Dannecker depuis le 27 juillet 1942.

     

     

    Situé près du centre ville, le camp était placé sous la double responsabilité de la préfecture du Loiret et de l'autorité allemande.

      

    Des gendarmes français en assuraient la surveillance.

      

    Il était composé de 14 baraques, isolées par des barbelés renforcés par des miradors.

    Il était possible, au départ, que les détenus reçoivent des visites et du courrier.

    Les détenus étaient soit déportés directement vers les camps d'extermination dans le Gouvernement général de Pologne, soit dirigés vers le camp de Drancy en vu de leur déportation future.

     

     

     

    • En 1965, une stèle fut construite à la mémoire des Juifs internés. En 1989, elle fut remplacée par un monument de plus grande dimension, abattu par la tempête, il fut redressé en 1990. Sur la stèle sont gravés les noms de Juifs internés dans le camp.
    • Sur la façade de l'ancienne gare, a été apposée une plaque commémorative, en 1994 par
    • l'association Fils et filles de déportés juifs de France.

     

     

     

     

     

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  • Carte des camps en France

      

    Environ 200 personnes pour commémorer l'Holocauste rom à Lety

    13-05-2012 - Anna Kubista

     

    Environ 200 personnes se sont rassemblées ce dimanche pour commémorer les victimes de l'Hololocauste rom, sur le site de Lety, où se trouvait autrefois un camp de concentration.
      
      
    Štefan Tišer, membre du conseil pour les minorités du gouverment, a déclaré que les partis politiques ne devraient pas utiliser des propos xénophobes afin de gagner des voix de soutien. Les participants ont critiqué le gouvernement pour ne pas avoir réussi à faire supprimer l'immense porcherie située sur ce lieu de mémoire.
     
    Environ 5 000 Roms tchèques ont été envoyés dans des camps pendant la Deuxième guerre mondiale. 90% d'entre eux y ont péri.
     
     
     
     
     

    Le camp de concentration pour Tsiganes de Montreuil-Bellay

    .

     

    La barbarie nazie n’épargna pas les Tsiganes. Ils vécurent les mêmes épreuves que les Juifs, en pire. D’abord, parce que dans l’oubli total. Ensuite, dès 1936 ceux d’Allemagne, considérés comme des "non-personnes", furent envoyés dans des camps de concentration en Autriche ou dans leur pays.

     

     

    Les femmes étaient stérilisées de force, car on considérait qu’elles ne méritaient pas de se reproduire. Puis commença ce qu’on appela alors " la destruction des vies inutiles ". Dans toute l’Europe occupée, on entreprit la traque du "gibier" tsigane, d’abord en 1939, ensuite en 1941 et 1943. L’extermination des 5 à 600 000 nomades eut essentiellement lieu dans les camps polonais.



    En réalité, la persécution des Fils du Vent commença avant l’arrivée des nazis au pouvoir, avec les lois de contrôle de la "plaie tsigane" dès 1926. Deux ans plus tard, la surveillance devint spécifique, et permanente.

      

    Puis vint, dès 1933, la "stérilisation eugénique", l’interdiction des mariages mixtes en 1934-35, et enfin les premiers enfermements au camp de Dachau, en 1936.

    C’est à l’automne 1939 que les déportations deviennent massives ; et c’est sur deux cent cinquante enfants tsiganes que les nazis testèrent le zyklon B, au camp de Buchenwald, en février 1940. Par ailleurs, à Ravensbrück ont été pratiquées des opérations pseudo-scientifiques sur des cobayes humains, entre autres tsiganes.

    Cette politique-là, les nazis l’étendirent à l’ensemble de l’Europe occupée.

    Ensuite commença l’extermination à grande échelle. Si l’on en croit les nazis, la moitié de la population tsigane d’Europe fut supprimée . Tragédie supplémentaire, le nom des victimes Tsiganes ne fut même pas mentionné durant le Procès de Nuremberg ! L’oubli total.... alors qu’on ne cesse de commémorer le martyr juif. Deux poids, deux mesures - ni plus, ni moins.

    C’est pourquoi moi, l’amie des Tsiganes, j’ai décidé de prendre ma plume pour rappeler au monde cette énorme injustice. Il est temps de rendre hommage aux victimes tsiganes, qui d’ailleurs furent parmi les résistants les plus acharnés.

    En effet, très tôt ce peuple libre et fier comprit le sort qui lui était réservé. Il accepta immédiatement de rejoindre la lutte clandestine, pour mener ce que l’historien hollandais Jan Yoors appellera la "guerre secrète des Tsiganes". Aguerri, malin, il usera de mille stratagèmes pour déjouer la vigilance des nazis, porter des messages ou transporter armes et explosifs. De nombreux fugitifs furent sauvés grâce aux Tsiganes. On leur doit aussi de nombreuses actions terroristes de résistance à l’ennemi hitlérien.

    En 1945, les nazis aux abois se livrèrent encore à de multiples massacres sur les derniers Tsiganes internés dans les camps allemands. Et plusieurs pays européens gardèrent internés pendant plusieurs mois leurs populations ! Quant aux résistants qui avaient survécu, ils ne bénéficièrent même pas, à la fin de la guerre, des promesses d’intégration sociale qui leur avaient été faites. Et ils ne trouvèrent personne pour les défendre, ni même évoquer la mémoire des disparus. Bien sûr, aucun d’entre eux ne réclama réparation pour tous les préjudices subis.

    Le peuple tsigane ne revendique jamais ; il subit en silence - et en musique, car chez eux l’instinct de survie et le goût pour les arts ont toujours raison des événements les plus dramatiques. Je l’ai expérimenté personnellement, en partageant leur existence misérable dans un bidonville situé sur une décharge publique madrilène. L’horreur absolue, et une joie inscrite dans les gènes pour transcender les moments les plus difficiles. Admirable peuple ! Ce séjour marqua de manière indélébile mon esprit, et scella ma carrière de journaliste.

    Quelle a été la politique à l’égard des Tsiganes en France ?

    Traditionnellement, les sédentaires se méfient des nomades. Dès 1912, les populations errantes se voient attribuer un carnet anthropométrique, visé dans chaque commune, à l’arrivée comme au départ. A cette époque, déjà, les Tsiganes, tout comme les juifs, sont victimes de persécutions et de discriminations.

    Le gouvernement de Vichy durcit cette politique.

      

    Et, dès l’automne 1940, des Tsiganes sont internés dans des camps de concentration, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès, dans les Pyrénées Orientales, camps créés à l’origine afin d’accueillir les réfugiés espagnols et les Juifs. Même logique d’exclusion, pour des populations pourtant différentes. Et ce sont près de trois mille Tsiganes qui auraient été internés dans l’ensemble de la France entre 1940 et 1946.

    C’est en 1942 qu’est créé le seul camp d’internement réservé aux Nomades, celui de Saliers.

    Le camp est situé en zone libre, sur la commune d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône. ll s’est d’abord inscrit dans une logique de sédentarisation, puis d’enfermement. Pour commencer, trois cents nomades doivent s’entasser dans des petites cabanes inachevées, sans électricité. Les conditions d’hébergement et de ravitaillement sont lamentables.

    Le sort des enfants est particulièrement difficile ; ils ne sont évidemment pas scolarisés. Sans vêtements de rechange, les hébergés finissent par porter des loques. Ils sont squelettiques, mais ils résistent. Aguerris et indomptables. Finalement, le sous-Préfet d’Arles demande la fermeture du camp dès juillet 44.

    Ceux qui ont survécu à l’enfer, ont gardé vivante la mémoire du camp. Mais le site n’a conservé aucune trace du lieu.

    Dans les camps de concentration allemands, les Tsiganes ont été littéralement massacrés. On cite par exemple le chiffre de 20.000 pour la seule nuit du 31 juillet 1944, à Auschwitz. Le 1er août, un officier SS d’Auschwitz put écrire, après l’envoi des Tsiganes à la chambre à gaz : "

    Mission terminée, traitement spécial exécuté ".

    Traitement spécial ! Pire encore que celui que subirent les Juifs, les handicapés, les malades mentaux, les homosexuels, les communistes, les résistants !

    Et au total, pour la seule Allemagne, cinq à six cent mille Gitans, Roms, Kalderas, Manouches, auraient péri. A Dachau, les Tsiganes étaient tués le jour même de leur arrivée, ou le lendemain. Simplement parce qu’ils étaient nés Tsiganes.

    Comme les Juifs, les Tsiganes ont été victimes de l’idéologie nazie, politique de la race afin de régénérer le sang allemand, et politique de l’espace pour la création d’une Grande Allemagne débarrassée des éléments impurs, étrangers, inférieurs.

    L’élimination des Tsiganes aura d’autant mieux été acceptée, que la mise à l’index était ancienne.

    Aucune voix ne s’élève pour défendre la cause des Tsiganes discriminés, stérilisés, persécutés, spoliés, exterminés .

    Nulle mémoire, nulle indemnité, nulle commémoration.

    Rien. Le vide absolu. Ostracisme complet.

    Définitif ?

    SOURCES lien :

    http://r-sistons.over-blog.com/categorie-10463116.html

     

     

     

     

     

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  • l’internement des Tsiganes en France 1939–1946

     

     

    Parce qu’ils étaient considérés comme des « asociaux », entre 250 000 et 500 000 Tsiganes, sur les 700 000 qui vivaient en Europe, ont été exterminés par les nazis et leurs alliés – à l’exception de la Bulgarie – au cours de la seconde guerre mondiale.

    En France, selon l’historien Denis Peschanski, d’octobre 1940 à juin 1946, environ 3 000 Tsiganes furent regroupés dans une trentaine de camps, placement facilité par la loi de 1912 ordonnant leur fichage comme « nomades » [1].

    Plus de 60 ans après les événements, cette histoire douloureuse reste encore trop peu connue. N’oublions pas que les mesures d’exclusion prises à l’encontre de la communauté tsigane visaient avant tout l’éradication, en France, du nomadisme. Un mode de vie, aujourd’hui encore, difficilement compris et accepté.

     

    Ces Tsiganes que la France interna

    par Jacques Sigot [2]
    auteur du livre « Un camp pour les Tsiganes et les autres : Montreuil-Bellay, 1940-1945 »

    Le président de la République française,
    Vu la loi du 16 juillet 1912
    [...]
    Le conseil des ministres entendu,
    Décrète :

    Article 1 – La circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre.

    Article 2 – Les nomades, c’est-à-dire toutes personnes réputées telles dans les conditions prévues à l’article 3 de la loi du 16 juillet 1912, sont astreints à se présenter tous les quinze jours qui suivront la publication du présent décret, à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus voisin du lieu où ils se trouvent. Il leur sera enjoint de se rendre dans une localité où ils seront tenus à résider sous la surveillance de la police. Cette localité sera fixée pour chaque département par arrêté du préfet.

    [...]

    Tels sont les termes du décret signé le 6 avril 1940 par Albert Lebrun, président de la République française. Ce décret publié au Journal Officiel des 8 et 9 avril 1940, page 2 600, devait justifier l’internement en France des nomades dans des camps pendant la Seconde Guerre mondiale et leur maintien pendant de nombreux mois après la fin de celle-ci. La dernière phrase de l’article 2 explique par ailleurs la multiplication de ces camps sur tout le territoire national.

    Mais qui étaient ces nomades que l’on décidait officiellement de neutraliser ? Pour les définir, reportons-nous à l’article 3 de la loi du 16 juillet 1912, comme le recommande le décret d’avril 1940. L’ouvrage de Félix Challier, La nouvelle loi sur la circulation des nomades, Loi du 16 juillet 1912, édité en 1913, est très précis sur la question :

    Article 3 – Sont réputés nomades f...], quelle que soit leur nationalité, tous individus circulant en France.sans domicile ni résidence fixe, et ne rentrant dans aucune des catégories ci-dessus spécifiées, même s’ils ont des ressources ou prétendent exercer [ces deux derniers mots sont soulignés dans le texte] une profession. Ces nomades doivent être munis d’un carnet anthropométrique.

    Les catégories concernées étaient les ambulants (ceux qui vont de village en village en exerçant une profession déterminée, ayant, par conséquent, des moyens d’existence connus ; ils ont souvent un domicile fixe), et les forains (commerçants et industriels qui n’ont ni domicile, ni résidence fixes, dont la profession consiste à mener une existence commerciale errante [...] à travers toute la France, se transportant dans les villes et les villages les jours de foires, de marchés, de fêtes locales, pour offrir à une clientèle de passage leurs marchandises ou leurs « attractions »).

    Un texte présenté au Sénat le 30 mars 1911, également publié par Félix Challier, qualifiait les nomades de roulottiers, n’ayant ni domicile, ni patrie, la plupart vagabonds à caractère ethnique, romanichels, bohémiens, tsiganes.

    Voici donc ces Tsiganes victimes du décret du 6 avril 1940. Vraisemblablement originaires de l’Inde qu’ils auraient quittée vers le IXe siècle, ils se sont divisés en plusieurs groupes et ont nomadisé, parfois sédentarisés de force ou condamnés à l’esclavage. Cette dispersion, qui favorisa certaines localisations, divisa ce même peuple en plusieurs groupes : les Roms, en Europe orientale et en Scandinavie ; les Manouches, en France et en Allemagne, les Sintis, au Piémont ; les Gitans, en Espagne, au Portugal, dans le sud de la France et en Afrique du Nord. Les Gypsies forment un groupe à part en Angleterre.

    Les Tsiganes sont évoqués en France pour la première fois dans les archives à la date du 23 août 1419, rencontrés aux portes de Mâcon. Dans son Journal, couvrant les années 1405 à 1449, le Bourgeois de Paris dit les avoir vus le 17 août 1427 plaine Saint-Denis : Les hommes estoient tres noirs, les cheveulx crespez, les plus laides femmes que on peust veoir et les plus noires ; [...] Brief, ce estoient les plus povres creatures que on vit oncques venir en France de aage de homme.

    Aujourd’hui appelés volontiers Tsiganes, Voyageurs, Fils du Vent, ils étaient autrefois les Romanichels, Baladins et Bohémiens...

    Tels étaient ces « nomades » que la France avait décidé d’interner. Les sédentaires ne les avaient jamais aimés, et la loi du 16 juillet 1912 leur avait déjà imposé le carnet anthropométrique, carnet normalement destiné aux criminels et qui ne sera supprimé... qu’en 1969 !

    Les camps en France

    Dès novembre 1939, des avis publiés dans les journaux limitaient les libertés des nomades et des forains. Le 18 novembre 1940, un décret précisait des mesures qui devaient être prises à l’égard des individus dits dangereux pour la défense nationale (Journal Officiel du 30 novembre 1939, page 13516). Leur internement ou assignation à résidence pouvait être décidé par les préfets. Pour justifier une telle mesure, quand il s’agissait des nomades, était invoquée la facilité qu’ils pouvaient avoir d’espionner au bénéfice de l’ennemi. Argument spécieux puisque les forains, comme les ambulants, également sans cesse sur les routes, étaient libérés dès qu’ils avaient été distingués des « nomades ». Le caractère racial de la mesure ne fit plus aucun doute après que le préfet du Finistère eut précisé, dans une lettre conservée aux Archives départementales du Maine-et-Loire, de ne retenir que les individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani [C’est moi qui souligne.].

    Il y eut des internements antérieurement au décret du 6 avril 1940. Ainsi, une soixantaine de Tsiganes lorrains, évacués de l’Est le 8 septembre 1939, avaient été rassemblés dans le camp des Alliés, au sud d’Angoulême (Charente). Les Archives départementales du Maine-et-Loire signalent celui de Louis L., né le 3 novembre 1895, interné depuis le 28 janvier 1940. Motif de l’internement : habitait dans une maison en planches à Vannes. Autorité ayant prononcé l’internement : Gendarmerie française.

    Les assignations à résidence se multiplièrent dès le mois de mai. Ainsi, Louis Winterstein, né le 7 mars 1899, fut arrêté avec sa compagne et ses dix enfants le 14 mai à Galgon (Gironde), et interné dans le camp de Mérignac où un onzième enfant naquit. La famille connut ensuite les camps de Poitiers et de Montreuil-Bellay.

    Dès son installation, le gouvernement de Vichy se contenta le plus souvent de reconduire les lois de la IIIe République, comme le confirme cet extrait d’un document des Archives départementales de la Sarthe : Direction Générale de la Sûreté-Nationale, Vichy, le 29 décembre : Chaque centre de séjour surveillé, créé en application du décret-loi du 18 novembre 1939, est placé sous l’autorité d’un chef de camp. Le décret du 6 avril 1940 était systématiquement rappelé pour justifier les internements. L’Occupant publia bien des ordonnances, mais dans le but d’expulser les nomades de certaines zones dites stratégiques, comme le long des côtes, ou de leur interdire de circuler ; il n’y était pas question d’internement dans des camps, seulement d’amende ou d’emprisonnement en cas de refus d’obtempérer. L’ordonnance (VOBIF) n° 19 du 7 décembre 1940 prévoit : L’exercice des professions ambulantes est interdit dans les départements suivants [suit une liste de 23 départements]. Les professions visées par la présente ordonnance comprennent l’activité des marchands ambulants, commerçants et industriels forains, nomades.

    En 1941, un Tourangeau, ne comprenant pas pourquoi il était interné, s’est adressé à la Feldkommandantur de sa ville. Celle-ci a aussitôt adressé le courrier à la préfecture de l’Indre-et-Loire. Une note a été griffonnée sur la lettre : Étant donné que l’intéressé est Français et qu’il a été arrêté par les autorités françaises, cette affaire ne concerne pas les autorités allemandes.

    De son côté, début 1942, la préfecture d’Angers n’entendant plus payer la charge trop lourde que représentait pour elle le camp de Montreuil-Bellay, demanda à la même Feldkommandantur de Tours d’en assumer financièrement le fonctionnement. Elle reçut cette réponse le 5 mars 1942 : La surveillance de nomades est une mesure policière qui incombe à l’administration française en tant que mesure de police prise par l’État français, et ceci, également quand l’internement a lieu par ordre des services allemands.

    Lorsque le territoire français fut libéré, à partir de l’été 1944, les camps enfermant des Tsiganes ne furent pas pour autant supprimés. Celui de Poitiers ne fut liquidé que fin décembre 1945 et celui d’Angoulême sévissait encore en mars 1946 ! Le décret du 6 avril 1940 avait toujours cours, bien que la guerre fût terminée depuis dix mois.

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    Adultes et enfants dans le camp de Montreuil-Bellay (1944). Photo Jacques Sigot.

    Le camp de Montreuil-Bellay

    Considéré comme le plus grand camp d’internement de Tsiganes implanté sur le territoire national pendant la Seconde Guerre mondiale, celui de Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire, eut une histoire très compliquée.

    Il faut commencer par résoudre un problème de vocabulaire, expliquer pourquoi, dans les papiers officiels et autres, ce camp est presque toujours qualifié de « camp de concentration de nomades ». Il était de « concentration » dans le sens premier du terme. Existaient parallèlement à cette catégorie des camps de transit (comme Drancy, dans la région parisienne), de représailles (en forteresse), de travail (Gusen, en Autriche) et d’extermination (le château d’Hartheim, lui aussi en Autriche).

    Auschwitz (Pologne) était un camp mixte, puisque si des internés travaillaient dans des Kommandos, certains étaient exterminés dès leur arrivée, après sélection. Pour celui de Montreuil-Bellay, on parle aujourd’hui de « camp d’internement ».

    Le camp de Montreuil fut à l’origine une poudrerie construite au cours du premier semestre 1940 pour le ministère de l’Armement. Avaient été embrigadés des soldats républicains espagnols vaincus. Le 19 juin 1940, les entreprises et les Espagnols abandonnèrent le chantier presque achevé, menacés par l’avancée des Allemands qui entrèrent dans Montreuil-Bellay deux jours plus tard. Le site devint jusqu’en mars 1941 un stalag pour les militaires français et alliés défaits, et les civils britanniques vivant en France qu’Hitler voulait neutraliser ou punir pendant la Bataille d’Angleterre. Puis les soldats français furent envoyés en Allemagne comme prisonniers, et les Britanniques regroupés à Saint-Denis, près de Paris. À partir du 8 novembre 1941, Montreuil-Bellay reçut plusieurs contingents de Tsiganes qui avaient précédemment séjourné dans une multitude de petits camps que les préfectures avaient ouverts sur le territoire français, camps que l’on supprimait parce que d’un coût trop élevé, et qui étaient remplacés par le grand camp régional de Montreuil. Furent également internés plus de soixante clochards arrêtés dans les rues de Nantes au printemps 1942.

    Le camp ayant été bombardé par les alliés en juin et juillet 1944, les Tsiganes furent transférés dans un second lotissement de l’ancienne poudrerie, à quelque trois kilomètres du premier.

    Début septembre 1944, Montreuil-Bellay ayant été libéré le premier, les barbelés éventrés accueillirent 145 soldats du Reich, arrêtés dans la région, dont 107 Géorgiens, ou « Russes blancs », enrôlés par les nazis pour combattre contre leurs compatriotes communistes, et 30 Italiens ; puis ce fut le tour de collaborateurs locaux pour qui le vent avait tourné, vite expédiés à Châteaubriant (Loire-Atlantique, alors Loire-Inférieure). Les Tsiganes regagnèrent leurs baraquements en partie en ruine début octobre, et ne quittèrent Montreuil que le 16 janvier 1945, pour être transférés dans les camps de Jargeau et d’Angoulême, parce que la préfecture avait besoin du site. Le 20 janvier, arrivaient en effet 796 civils allemands, dont 620 femmes, la plupart très âgées, et 71 enfants, qui vivaient ou travaillaient dans l’Alsace annexée, reconquise par les hommes de Leclerc, et que l’on avait un temps rassemblés dans le camp du Struthof (Bas-Rhin). Des femmes hollandaises mariées à des nazis les rejoignirent au cours de l’été. Le grand nombre de morts pendant l’hiver ayant alarmé les autorités et les conditions sanitaires devenant épouvantables, les survivants furent transférés dans le camp de Pithiviers (Loiret) fin novembre.

    Au printemps 1946, un escadron d’un régiment de Chasseurs d’Afrique occupa une dernière fois le site débarrassé de ses barbelés et de ses miradors. Les installations furent enfin vendues aux enchères par les Domaines le 22 octobre 1946.

    Restent aujourd’hui le long de la grand route Angers-Poitiers, les marches qui conduisaient aux baraquements et la cave-prison dont un soupirail a conservé ses barreaux.

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    Le camp de Montreuil-Bellay vu du mirador côté Loudun (1944). Photo Jacques Sigot.

    Le camp était entouré de deux rangées de fil de fer barbelé électrifié, avec chevaux de frise, bordées de guérites espacées. Deux miradors dominaient l’enceinte aux extrémités.

    Il connut sa plus forte population en août 1942, avec 1 086 internés, en raison de l’arrivée de 717 nomades et clochards du camp de Mulsanne (Sarthe). Ils étaient encore 498 au 12 janvier 1945. En dehors de quelques menus travaux de nettoyage, de corvées de bois ou d’aide à la cuisine pour des femmes, ils restaient quasiment toujours oisifs. La scolarité des enfants étant obligatoire en France, même pendant les guerres et même pour les nomades, des écoles fonctionnaient dans un bâtiment aménagé, et l’Inspection académique du Maine-et-Loire avait détaché quatre maîtres. Un prêtre de Montreuil officiait dans une chapelle également installée dans un bâtiment du camp.

    Jusqu’en janvier 1943, les Tsiganes furent surveillés uniquement par des gendarmes. Puis furent engagés par la préfecture de jeunes gardes civils originaires de la région qui échappaient ainsi au départ pour l’Allemagne dans le cadre de Relève forcée (loi du 4 septembre 1942) et du Service du Travail Obligatoire (le STO, loi du 16 février 1943). Les archives et les témoignages rappellent très peu de sévices corporels, les internés souffrant surtout de conditions d’hygiène épouvantables dans des locaux non chauffés l’hiver, de l’extrême insuffisance et pauvreté de la nourriture, et surtout de la privation de la liberté de se déplacer que rien ne justifiait à leurs yeux.

    Des libérations eurent lieu pendant les premiers mois, lorsqu’était justifié l’achat d’une maison ou d’un simple habitat troglodyte, nombreux dans le Saumurois. Le prêtre mariait alors le couple qui avait jusqu’alors vécu en concubinage pour que le père et la mère pussent sortir ensemble. Les libérations furent supprimées après le remplacement du directeur et du sous-directeur arrêtés par la Gestapo en septembre 1943... pour fait de Résistance !

    Les évasions furent rares, et les fugitifs, privés de papiers, étaient presque toujours dénoncés par la population puis reconduits dans le camp.

    Les décès furent particulièrement nombreux fin 1942 et début 1943. Ils frappèrent surtout les clochards de Nantes, plus vulnérables que les tsiganes habitués aux privations et aux conditions de vie précaires : 60 morts pendant l’automne et l’hiver dont une cinquantaine de clochardS, 25 au cours des 29 autres mois de l’internement, dont plusieurs au cours de bombardements alliés. Par tranches d’âge 15 de moins de 5 ans, dont plusieurs bébés dans la dernière période du camp, mis au monde par des mères sous-alimentées ; 2 de 5 à 15 ans ; de 15 à 45 ans, et 46 de plus de 45 ans. Si les deux médecins de la ville se relayaient pour donner des consultations aux malades, les hôpitaux voisins refusèrent souvent de recevoir ces patients jugés indésirables.

    Quand les survivants quittèrent enfin les camps, ils ne possédaient plus rien, leur matériel abandonné dans des champs lors des arrestations ayant le plus souvent disparu. Beaucoup se sont sédentarisés pour cette raison, mais aussi par peur d’être de nouveau interceptés et internés s’ils continuaient de nomadiser.

    Une stèle rappelant ces tristes événements fut inaugurée le 16 janvier 1988 sur le site du camp, à proximité de la prison ; la première en France pour un ancien camp de nomades. Les autorités sollicitées pour participer à son financement ont alors toutes refusé. Chaque année, le dernier samedi d’avril, s’y déroule la cérémonie nationale des victimes tsiganes de la Seconde Guerre mondiale.

    La déportation en Allemagne et dans les pays conquis

    L’Allemagne nazie n’a pas cherché dès les premières années à exterminer ses nomades. Elle a d’abord décidé leur sédentarisation forcée, jusqu’à ce que Himmler publiât, le 8 décembre 1938, un décret destiné à lutter contre « l’infestation tsigane ». Ce même Himmler, le 27 avril 1940, donna l’ordre de déporter 2 500 Tsiganes allemands en Pologne, par familles entières. Enfin, le 29 janvier 1943, un décret stipula que tous les Tsiganes devaient être envoyés à Auschwitz. Les historiens pensent que les nazis ont décidé pour eux la solution finale le 16 décembre 1942.

    Le 13 octobre 1943, le ministre de la Justice avertit le Reichsleiter qu’il se proposait d’organiser des poursuites pénales contre les Polonais, Russes, Juifs et Tsiganes afin d’en débarrasser le corps national allemand, et afin de nettoyer les régions de l’Est annexées par le Reich pour les faire coloniser par le peuple allemand.

    Pour l’État policier qu’était alors l’Allemagne, les nomades étaient classés parmi les asociaux qu’il fallait supprimer ; le paradoxe est qu’au point de vue racial, ils se trouvaient être définis de pure race indo-germanique. Certains arrivèrent à Auschwitz arborant sur leur poitrine des décorations gagnées pendant la campagne de Pologne. On pense qu’ils furent près de 20 000 à séjourner dans la partie tsigane du camp de Birkenau. La plupart furent gazés au cours de l’été 1944 sur l’ordre d’Himmler.

    En France

    Les nombreuses recherches effectuées dans les archives et auprès de survivants confirment qu’il n’y a pas eu de déportation de nomades français dans les camps de la mort nazis. Les Allemands, considérant que les autorités françaises s’étaient chargées d’eux, se désintéressèrent du sujet. Ce qui n’eût certainement pas été le cas si la guerre avait continué. Il faut évoquer pourtant deux situations représentatives.

    Le 15 janvier 1944, un convoi Z (Z pour Zigeuner, Tsigane en allemand) quittait Malines, en Belgique, déportant 351 Tsiganes à Auschwitz. Seuls douze d’entre eux survécurent. Ils avaient été raflés pour la plupart à Arras, Roubaix et Hénin-Liétard entre octobre et décembre 1943, dans le ressort du commandement militaire de Bruxelles dont faisaient alors partie les départements français du Nord et du Pas-de-Calais. Sur les 351 déportés, 145 s’étaient déclarés Français et 121 Belges.

    L’extermination eut lieu à Birkenau dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Le destin d’un dénommé Talloche fut particulièrement tragique. Interné à Montreuil-Bellay, il réussit à se faire libérer après avoir acheté, par l’intermédiaire d’un notaire, une petite maison à quelques kilomètres de la ville. Incapable de vivre entre quatre murs, il reprit la route pour retourner dans son pays d’origine, la Belgique. Il fut arrêté dans le Nord et disparut en Pologne avec ses compagnons d’infortune.

    Se pose également la question de Tsiganes originaires du camp de Poitiers (Vienne) : 70 partirent pour l’Allemagne le 13 janvier 1943, et 38 le 21 juin. Les dates sont importantes parce que, rappelons-le, venaient d’être institués, pour la première, la « Relève forcée », par la loi du 4 septembre 1942, et pour la seconde, le « S.T.O. », par celle du 16 février 1943. Ces hommes ne furent pas déportés outre-Rhin par les nazis pour y être exterminés : ils avaient été désignés par la municipalité poitevine qui préférait envoyer ces parias disponibles plutôt que ses « bons » citoyens pour composer, ou compléter, les contingents de travailleurs que réclamait en vain l’Occupant pour ses usines. Étaient concernés les hommes de 18 à 50 ans. J’ai rencontré l’un d’eux, refusé à son passage dans le camp de transit de Compiègne parce que trop jeune ou trop faible. Quand ils déportaient pour l’extermination, les nazis n’avaient pas autant d’attentions, et à cette date, femmes et enfants auraient fait partie des tragiques convois. Toujours est-il que certains se retrouvèrent dans des camps d’où ils ne revinrent pas ; les autres retrouvèrent leur famille après mai 1945.

    L’internement des Tsiganes français dans des camps pendant la Seconde Guerre mondiale est peu connu, occulté ou oublié. Aucun historien ne l’avait étudié jusqu’à ce que je découvre tardivement, au début des années 80, l’existence de l’un de ces camps dans la ville où j’enseignais, Montreuil-Bellay. Et pourtant, ils sont restés derrière des barbelés jus-qu’en 1946, victimes d’une mesure arbitraire, comme le précise laconiquement l’intitulé de la stèle commémorative de cette forfaiture. Cette mesure ne dérangeait pas outre mesure la conscience des Français. Il semble que cet internement était programmé depuis longtemps, et que l’on avait profité de la guerre pour agir. Celle-ci terminée, on a parfois fait comme si elle continuait.

    Si certains ont pu bénéficier d’une carte d’ancien interné « politique », reconnaissance officielle de leurs souffrances, tous ont voulu pendant de longues années cacher cette honte d’avoir été enfermés, et n’en ont parlé à personne, pas même à leurs enfants.

    Demeure l’immense tristesse que cela ait été.

    Jacques Sigot

    P.-S.

    Il a existé d’autres camps, en France : par exemple dans la région de Pithiviers et à Rivesaltes.

    Notes

    [1] Voir :http://www.cheminsdememoire.gouv.fr....

    Selon Marie-Christine Hubert, les chiffres cités par Denis Peschanski sont erronés : il s’agit bien de 6000 à 6500 personnes internées comme nomades et non 3000 – voir cette page. [Note ajoutée le 9 mars 2010].

    [2] Ce texte a été publié dans le numéro 108 / juin 2001, de la revue Les Chemins de la Mémoire, éditée par la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives.

    L’ouvrage de Jacques Sigot, « Un camp pour les Tsiganes et les autres : Montreuil-Bellay, 1940-1945 », a été édité chez Wallâda (5, rue Defabritis 13110 Port-de-Bouc) - Prix : 22, 56 euros.

    La société Candela Productions a réalisé un documentaire de 26’ : Les oubliés de Montreuil-Bellay de Abdelali Boutibi - 1999.
    http://www.candela-productions.fr/F...
    Candela Productions, 3 rue d’Estrées, 35000 Rennes - Tél : 02 99 78 26 67 Fax : 02 99 78 26 80.

     

     

     SOURCES

    http://ldh-toulon.net/l-internement-des-Tsiganes-en,1717.html

     

     

     

     

     

     

     

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    Adultes et enfants dans le camp de Montreuil-Bellay (1944). Photo Jacques Sigot.

     

      

      

    Le nomadisme des Tsiganes a toujours été combattu par les autorités françaises qui l’ont identifié comme le principal obstacle à leur intégration dans la société française. La loi du 16 juillet 1912 sur l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades a permis d’identifier et de surveiller les Tsiganes non sédentaires en les dotant d’une pièce d’identité spéciale, le carnet anthropométrique.

    Toutes les mesures anti-tsiganes qui ont été prises en France tant par les autorités françaises que par les autorités allemandes définissaient les Tsiganes comme les porteurs du carnet anthropométrique. Les Tsiganes sédentarisés et par conséquent non identifiés comme tels n’ont pas été inquiétés.


    En France, entre 1940 et 1946, de nombreuses familles tsiganes – 6000 à 6500 hommes, femmes, vieillards, enfants – furent internées dans des camps gérés par l’administration française. Les livres d’histoire sont souvent silencieux sur ce versant sombre de l’histoire de notre pays, que Tony Gatlif rappelle dans son dernier film, Liberté.

    Afin de faire connaître et reconnaître une histoire oubliée et de rendre hommage aux victimes et à leurs familles, un collectif d’associations a décidé de programmer en 2010 un événement intitulé Une mémoire française : Les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946 [1].

    Nous remercions Marie-Christine Hubert, co-auteure, avec Emmanuel Filhol, de Les Tsiganes en France : un sort à part 1939-1946 [2], de l’aide qu’elle a apportée à la mise au point de cette page.

     

     

    Différents par leur mode de vie et par leur culture, les tsiganes ont de tous temps été discriminés, sinon persécutés, en Europe.

    En Allemagne, la politique anti-tsigane a été intégrée à la politique raciale des nazis avec le second volet des décrets de Nuremberg qui visait les Juifs. Pour être considéré comme tsigane, il suffisait d’avoir un grand-parent dit « tsigane ». Des familles mixtes ont ainsi été visées par les stérilisations forcées, la détention en camps de concentration et, à partir de 1942, par l’ordre de Himmler de déportation vers Auschwitz-Birkenau, où fut créé un Zigeunerlager, lieu des expérimentations médicales criminelles menées par Mengele. Les derniers survivants furent gazés dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Quelque 95% des 80 000 tsiganes vivant sur les territoires du Grand Reich ont été ainsi anéantis [3].

    En France, une loi a imposé en 1912 une règlementation spécifique d’exception, instituant notamment un carnet anthropométrique d’identité, qui permettra une surveillance quotidienne de ceux que l’on appellera désormais les “nomades”. Ils ont été les premiers à subir un fichage administratif. Les pouvoirs de l’administration préfectorale furent encore renforcés par la loi du 3 août 1926, suivie du décret du 5 novembre 1926.

    Le 6 avril 1940, un décret-loi interdit la circulation des nomades sur l’ensemble du territoire métropolitain et leur imposa « une résidence forcée sous la surveillance de la police et de la gendarmerie ». Mais sans attendre la mise en application de cette mesure sur tout le territoire, l’occupant allemand ordonnait le 4 octobre 1940 l’internement systématique des tsiganes. En fait, nombre d’entre eux y échappèrent... et tous les internés n’étaient pas des tsiganes. Il semble que les Allemands aient décidé de remettre à plus tard leur projet de déportation qui, dans une première étape, ne concernait pas la France, mais la victoire des Alliés ne leur en laissa pas le temps.

    Les dernières familles internées n’ont pu quitter les camps qu’en mai 1946, après l’abrogation du décret d’avril 1940. Les familles libérées restèrent néanmoins soumises au “régime des nomades” qui n’a été abrogé qu’en 1969, remplacé par le régime du “carnet de circulation”, imposé aux Français désormais enregistrés comme “gens du voyage” et créant d’autres formes de discrimination légale, dont l’absence de carte d’identité et des restrictions au droit de vote [4].

     

     

    Les Tsiganes en France, de 1939 à 1946

    par Marie-Christine Hubert [5].

    Dès les mois de septembre et octobre 1939, la circulation des nomades [6] est interdite dans plusieurs départements. En Indre-et-Loire, les nomades sont même expulsés. Le 6 avril 1940, un décret-loi interdit la circulation des nomades sur l’ensemble du territoire métropolitain pendant toute la durée de la guerre. Comme pendant la première guerre mondiale, ils sont soupçonnés d’espionnage.

    Le ministère de l’Intérieur charge les préfets de les assigner à résidence en dehors des agglomérations mais à proximité d’une brigade de gendarmerie. L’invasion allemande ne permet pas l’application du décret dans tous les départements.

    Les Tsiganes d’Alsace-Lorraine sont les premières victimes de l’Occupant qui les expulsent, dès juillet 1940, vers la zone libre où ils sont progressivement internés dans les camps d’Argelès-sur-Mer, Barcarès et Rivesaltes avant d’être transférés en novembre 1942 dans le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) spécialement créé par le gouvernement de Vichy pour l’internement des Tsiganes. En zone occupée, une ordonnance allemande du 4 octobre 1940 exige leur internement dans des camps administrés et surveillés par les autorités françaises. Dans chaque département, les préfets demandent à la gendarmerie de recenser puis de regrouper les nomades et de les surveiller.

    La plupart des familles qui sont alors internées ont été assignées à résidence en avril 1940. Dans un premier temps, les Tsiganes sont regroupés dans des lieux très hétéroclites : un château désaffecté, une carrière ou un ancien cinéma. L’ordonnance allemande du 22 novembre 1940 interdisant l’exercice des professions ambulantes dans 21 départements de l’Ouest de la France permet l’arrestation de nouveaux nomades et forains que les Allemands assimilent aux Tsiganes contrairement aux autorités françaises.

    Les Tsiganes circulant en Charente et Charente-Inférieure sont internés dans le camp des Alliers à Angoulême. Le 27 novembre, 201 nomades refoulés de la Seine-Inférieure se trouvent détenus à Linas-Montlhéry dans la Seine-et-Oise. Devant l’afflux des internés, les petits camps installés dans l’urgence et la précarité en octobre sont remplacés par des camps plus structurés. A la fin du mois de décembre 1940, environ 1700 nomades et forains étaient internés dans 10 camps. Dans l’Est de la France, les Tsiganes subissent l’internement à partir du mois d’avril 1941.

    A l’automne 1941, environ 3 200 personnes étaient internées dans 15 camps. Les plus importants se situent à Jargeau (Loiret), Poitiers (Vienne), Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique) et Coudrecieux (Sarthe). En novembre 1941, les Allemands décident de réorganiser l’ensemble des camps d’internement pour nomades - appellation officielle -, afin de réduire les frais de fonctionnement et pallier le manque de personnel de surveillance. Les internés sont transférés dans des camps à vocation régionale. De nombreux forains obtiennent à cette occasion leur libération. Des familles sont libérées tout en étant assignées à résidence tandis que d’autres connaissent à nouveau la détention dans de nouveaux camps. Des Tsiganes ont ainsi connu 4 ou 5 camps d’internement. L’internement comme la libération dépendaient du bon vouloir des autorités françaises et allemandes. Il n’y avait pas de politique globale mais des décisions discrétionnaires.

    Le plus grand camp d’internement pour nomades, le camp de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) entre en service le 8 novembre 1941. Ses internés proviennent de quatre camps. L’effectif le plus élevé est atteint le 18 août 1942 avec 1 018 internés.

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    Le camp de Montreil-Bellay en 1944 (source : Gavroche n° 150)

    Les derniers Tsiganes ne furent libérés du camp des Alliers qu’à la fin du mois de mai 1946 lorsque le décret de cessation des hostilités abrogea le décret d’assignation à résidence auquel les autorités issues de la Libération se sont référées pour cautionner l’internement des nomades.

    Environ 6 500 hommes, femmes et enfants ont été internés entre 1940 et 1946 dans 30 camps d’internement français en raison de leur appartenance réelle ou supposée au peuple tsigane. Les familles ont vécu ces 6 années dans la plus grande précarité matérielle et morale. Leur sort ne suscita que de l’indifférence tant de la part de la population française que des œuvres caritatives pourtant très présentes dans les camps d’internement. On ne reconnut aux Tsiganes que le droit d’être internés en famille, les hommes étant rarement séparés de leurs femmes et leurs enfants.

    Cette sédentarisation forcée servit aux autorités françaises qui tentèrent de socialiser les Tsiganes. Les adultes furent obligés de travailler pour des entreprises françaises mais aussi allemandes dans le cadre de l’organisation Todt ou le Service du Travail Obligatoire. On scolarisa les enfants, souvent dans l’enceinte même du camp. L’accent fut également mis sur leur éducation religieuse. Dans les cas les plus extrêmes, les enfants furent séparés de leurs parents et placés à l’Assistance Publique ou dans des institutions religieuses pour les extraire définitivement d’un milieu jugé pernicieux.

    Lorsqu’ils étaient libérés, les Tsiganes se trouvaient en but au mieux à l’indifférence au pire à l’hostilité des populations. Ils regagnaient seuls et à pied le lieu où ils avaient été arrêtés en espérant retrouver leur roulotte et le peu de biens qu’ils possédaient. La plupart n’ont rien récupéré et durent recommencer leur vie à zéro. Nombre d’entre eux n’ont eu d’autre choix que de se sédentariser.

    Bien que les Tsiganes de France aient échappé à l’Auschwitz Erlass du 16 décembre 1942 qui ordonnait la déportation à Auschwitz des Tsiganes du Grand Reich, un certain nombre connut les camps de concentration et d’extermination nazis. Des hommes furent déportés en Allemagne comme en 1943 depuis le camp de Poitiers après avoir été livrés aux Allemands par les autorités françaises qui pensaient ainsi remplir les quotas de travailleurs qu’exigeaient les autorités d’occupation dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. Des familles furent raflées par les Allemands comme celles qui vivaient dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais.

    Après la guerre, rares furent les Tsiganes qui ont obtenu une carte d’interné ou de déporté politique, les démarches administratives étant insurmontables pour des gens illettrés et plus méfiants que jamais envers l’Administration française. Ils n’ont ainsi reçu aucune indemnisation pour les années passées dans les camps français, ni même de compensation morale puisque cette réalité n’a laissé aucune trace dans la mémoire collective. Ce n’est que depuis quelques années que des historiens et des militants associatifs ont exhumé ces événements tragiques, et que des plaques commémoratives rappellent que des camps d’internement pour nomades ont existé en France.

     

    Pour faire connaître et reconnaître une histoire oubliée ...

     

    Une mémoire française : Les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946

    Un collectif d’associations a décidé de programmer en 2010 un événement intitulé « Une mémoire française : Les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946 » visant à faire connaître et à faire reconnaître une histoire oubliée et à rendre hommage aux victimes et à leurs familles.

    Il s’agit finalement de contribuer à un nécessaire et légitime devoir de mémoire. La participation des Gens du voyage est posée comme principe de ce projet. Un comité scientifique a été constitué, composé de Henriette Asséo, Emmanuel Filhol, Marie Christine Hubert, Alain Reyniers, Jacques Sigot). Le projet est parrainé par le cinéaste Tony Gatlif, et il est porté par un comité d’organisations .

     

     

     

     

    sources

    http://ldh-toulon.net/l-internement-des-tsiganes-en.html

     

     

     

     

     

     

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  • Le terme « Porajmos » (ou Porrajmos, littéralement « dévorer », ou Samudaripen) désigne les persécutions envers les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, dont les proportions furent telles que la majorité des historiens les considèrent comme constitutives d'un génocide.

     

    Certains roms de Russie et des Balkans protestent contre l'utilisation du terme « porajmos ». Dans plusieurs dialectes, ce mot est un synonyme de Poravipe qui signifie « viol ». Ils proposent l'utilisation du terme samudaripen en remplacement, et les activistes roms de Russie, celui de Kali Traš.

    Le terme porajmos fut introduit dans la littérature par l'universitaire et militant rom Ian Hancock, au début des années 1990[4]. Un autre terme, samudaripen est revendiqué par Marcel Courthiade, un linguiste qui a créé la forme standard de romani utilisée en Roumanie. Hancock objecte que ce terme n'est pas conforme à la langue rom.

      

     

    De 1933 à 1936 les Tsiganes sont internés dans les camps de concentration de Dachau et de Buchenwald pour « insociabilité ». Dès leur arrivée au pouvoir (1933) les Nazis s'intéressent de près aux Tsiganes. Pour eux, il s'agit d'établir qui a du sang tsigane dans les veines[5] afin de l'éliminer de la société allemande au nom de la pureté raciale. En 1936, ils chargent un tsiganologue éminent (converti au nazisme en 1933), le Dr Robert Ritter, de recenser tous les Tsiganes d'Allemagne.

      

    Robert Ritter s'établit à Munich où il a déjà 19 000 dossiers}, pour les compléter il a besoin des dossiers du plus éminent tsiganologue généalogiste d'Allemagne,

    le Dr Sigmund Wolff de Magdebourg, mais ce dernier n'est pas nazi et refuse de transférer ses dossiers, jusqu'au jour où tout est confisqué par le ministère du Reich à l'Intérieur sur injonction du Dr Gercke, qui transfère au Dr Ritter toute la saisie. En 1937, le Dr Ritter est rattaché au ministère de l'hygiène raciale de Berlin.

      

    En février 1941, le Dr Ritter compte 20 000 Tsiganes ou métis, au printemps 1942 il arrive à 30 000

     

    À partir de 1936, les Tsiganes sont persécutés pour des raisons raciales par le régime nazi. En décembre 1939 la loi raciste « contre le danger tsigane » est promulguée : il s'agit d'isoler les Tsiganes du peuple allemand afin d'éviter tout mélange (métissage), voir dans le dossier Hubert les tortures des jeunes filles dans le camp de Ravensbrück et les méthodes pour stériliser les femmes tsiganes. Cette stérilisation est détaillée dans l'article de Michel Collon :

      

    le génocide des tsiganes par les nazis

      

      

    Les Tsiganes non métissées (les Sinti et les Lalleri) ont un passeport brun, les métis ont un passeport bleu ciel, les nomades un passeport gris. Selon la théorie officielle nazie les Tsiganes sont des Nordiques, car ils viennent d'Inde et ont donc un point commun avec les Aryens et les Germains.

      

    En théorie, il ne faudrait éliminer que les Tsiganes qui au cours de leur migration se seraient mêlés avec les peuples non-germains. En théorie, donc, il faudrait épargner certains Tsiganes, qu'il est impossible d'établir en 1939 quelle famille a été métissée ou pas avec des peuples non-germains, c'est pourquoi en fin de compte il faudra les éliminer tous (discussion « Himmler contre Rosenberg-Goebbels-Bormann ).

      

    Selon une idée commune (et fausse) à l'époque en Allemagne, deux groupes de Tsiganes étaient réputés « racialement purs » (non mélangés et donc aryens) : les Sinti (~13 000 en 1939) et les Lalleri (1 017 en 1942), c'est pourquoi ils devaient avoir des passeports de couleur différente des autres Tsiganes « impurs » ; mais, en fait, on retrouve beaucoup de Sinti et Lalleri dans les chambres à gaz des camps de concentration, il est évident que durant la guerre savoir si tel ou tel Tsigane était « racialement pur » ou non était le cadet des soucis des fonctionnaires allemands, en tant que Tsiganes ou assimilés ils étaient condamnés d'avance.

      

      

    De plus, même si ces Tsiganes « purs » officiellement ne devaient pas être assassinés, on les destinait à la stérilisation forcée quand même ; ce qui fait que la politique de génocide s'appliquait à eux aussi finalement. Abattus, gazés ou stérilisés, les Tsiganes d'Allemagne étaient condamnés à disparaitre. Une grande enquête fut menée par le tsiganologue Robert Ritter de 1938 à 1942, qui dénombra 30 000 Tsiganes.

    Dans l'Europe occupée (1939-1945)

    Dans les zones de l'Europe occupées par les Allemands, le destin des Tsiganes varie d’un pays à l’autre, selon les circonstances locales. Les Nazis internaient généralement les Tsiganes et les déportaient ensuite en Allemagne ou en Pologne pour les soumettre au travail forcé et pour les assassiner (chambres à gaz). Beaucoup de Tsiganes de Pologne, de Belgique, des Pays-Bas, de Hongrie, d'Italie, de Yougoslavie et d'Albanie sont abattus ou déportés dans les camps d'extermination et exterminés.

    En France, les autorités avaient pris des mesures restrictives à l’encontre des Tsiganes avant même l'occupation allemande du pays. Le gouvernement de Vichy organisa leur internement dans des camps familiaux comme Jargeau, Montreuil-Bellay ou Saliers. Les Tsiganes français ne sont cependant pas déportés (sauf ceux des départements du Nord et du Pas-de-Calais rattachés au gouvernement militaire allemand de Bruxelles).

     

    Les premières estimations allaient de 100 000 à 1 500 000 morts; les estimations gouvernementales officielles établies après guerre dans les livres blancs parlent de 500 000 morts; les historiens Kenrick et Puxon  parlent de 219 700 morts ; Bernardac ajoute les Tsiganes tués alors qu'on les prenait pour des Juifs, ou ceux qui arrivaient à cacher leur identité tsigane, il arrive au total de 240 150 morts au moins.

      

    Ce qui fait que sur un million de Tsiganes avant guerre, les Allemands et leurs Alliés auraient exterminé de 25 à 50 % de tous les Tsiganes européens.

    Estimation chiffrée

    Ian Hancock propose l'évaluation suivante, citée dans History of the Holocaust: a handbook and dictionary[12] :

     

    PaysEstimation de la population
    rom avant la guerre
    Estimation de la population
    rom massacrée
    Autriche 11 200 6 500
    Belgique 600 352
    Bohême-Moravie 13 000 5 500
    Croatie 28 500 28 000
    Estonie 1 000 1 000
    France 42 000 14 000
    Allemagne 20 000 15 000
    Pays-Bas 300 200
    Hongrie 100 000 28 000
    Italie 25 000 2 000
    Lettonie 1 000 1 000
    Lituanie 1 000 1 000
    Luxembourg 200 200
    Pologne 50 000 13 000
    Roumanie 300 000 36 000
    Serbie 60 000 12 000
    Slovaquie 80 000 2 000
    URSS 100 000 30 000
    Total833 800195 800

     

      

    Kenrick et Puxon 1972 citent les mêmes chiffres, excepté pour la Belgique où il donnait 500 morts (100 de plus), la Slovaquie 1 000 morts (moitié moins), la Pologne 35 000 (22 000 de plus), la Lettonie 2 500 morts sur 5 000 (cf. rapport de Kochanowski, 1946), l'Italie 1 000 morts (moitié moins), les Pays-Bas 500 morts sur 500, la France 15 000 sur 40 000, la Bohême-Moravie 6 500 morts.

      

    Bernadac, par rapport à Hancock, compte

    300 morts de plus en Autriche,

    50 de plus en Belgique,

    500 de plus en Bohême-Moravie,

    1 000 de moins en Croatie,

    4 000 de plus en Hongrie,

    500 de moins en Italie,

    3 000 de moins en Roumanie,

    4 000 de plus en Serbie,

    1 000 de plus en Slovaquie,

    5 000 de plus en URSS, et ajoutait aussi

    150 Espagnols et

    50 Grecs (non représentés dans le tableau).

    Après la Seconde Guerre mondiale

    En France, les Tsiganes ne sont pas déportés puis tués au camp d'Auschwitz comme dans les autres pays occupés par l'Allemagne, mais retenus dans des camps d'internement français (et de façon partielle, faute de recensement de cette population).

     

    Une partie d'entre eux ne voit sa libération qu'au-delà de la capitulation allemande du 8 mai 1945 (jusqu’en 1946) car les autorités françaises du Gouvernement provisoire à la Libération, comme celles de Vichy, souhaitent les sédentariser et les « socialiser ».

      

    C'est d'ailleurs pourquoi les camps de nomades étaient des camps familiaux où les familles étaient rassemblées et les enfants scolarisés.

     

     

    En Allemagne, comme le dit l'Encyclopédie de la Shoah :

     

    « Après la guerre, la discrimination contre les Tsiganes ne cessa pas, la République fédérale d'Allemagne décida que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 étaient une politique légitime de l’État et ne nécessitaient pas de réparations.

      

    L'incarcération, la stérilisation et même la déportation étaient considérées comme une politique légitime… Le chancelier allemand Helmut Kohl reconnut formellement la réalité du génocide des Tsiganes en 1982.

     

    Mais à cette date, la plupart des victimes susceptibles de toucher des réparations conformément à la loi allemande étaient déjà mortes. »

    Reconnaissance

    Le Porajmos n’a pas encore été reconnu comme génocide malgré la commémoration par le Parlement européen du « génocide des Roms » lors d'une session plénière le mercredi 2 février 2011 à Bruxelles ; son président, Jerzy Buzek a notamment fait remarquer dans son discours que « le soixante-sixième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau nous rappelle que les Roms furent la troisième minorité parmi les victimes. Malheureusement,

      

    cette réalité n'est pas connue de tous les Européens

     

     

    En France, le député Frédéric Dutoit a présenté pour la première fois en 2007 une proposition de loi visant à la reconnaissance du génocide tzigane par l'Allemagne nazie et à l'instauration d'un jour commémorant les victimes de ce génocide.

      

    En mars 2008, le sénateur Robert Bret a déposé la même proposition au Sénat. Ensuite le député Jean-Jacques Candelier et plusieurs de ses collègues ont déposé le 10 octobre 2012 une proposition de loi.

      

    Le sujet du génocide tsigane reste très peu enseigné en France.

     

     

     

     

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    L'Église protestante, obéissant traditionnellement à l'autorité de l'État, était majoritairement pour Hitler, et souhaitait devenir l'Église du peuple, en osmose avec la Nation. Hitler voulait créer un "christianisme positif" qui aurait été l'une des bases du nouveau régime, ce qui enthousiasmait beaucoup de protestants. Mais dès 1933, des voix s'élevèrent au sein de l'Église protestante pour critiquer la politique menée par Hitler.

     

    Ainsi, Georg Schulz, Heinrich Vogel, Dietrich Bonhoeffer, ainsi que onze pasteurs de Westphalie rédigèrent des appels à la tolérance. Deux jours après l'arrivée au pouvoir de Hitler, Bonhoeffer prononça une allocution radiodiffusée condamnant le nazisme ; l'émission fut interrompue par les nazis. Dietrich Bonhoeffer, pasteur et maître de conférences à l'Université de Berlin, s'opposa aux "Chrétiens allemands" avec un groupe d'étudiants révoltés comme lui par les mesures nazies prises à l'encontre des juifs, et parvint à convaincre une minorité de protestants de la légitimité d'une opposition à la politique antisémite menée par Hitler et soutenue par la nouvelle Église du Reich.

      

    En 1933, il rédigea un article, "L'Église face à la question juive", dans lequel il rappela aux fidèles le devoir chrétien de résistance à l'État lorsque celui-ci commet des crimes. Bonhoeffer, lors d'une tournée de conférences aux États-Unis en 1939, refusa d'y trouver refuge, alors qu'on lui proposait une carte de séjour et un poste de professeur ; il préféra rentrer en Allemagne, pour tenter d'agir sur place contre le régime nazi.

      

    Il devint directeur du séminaire clandestin de Finkenwalde, qui se réclamait de l'Église confessante, et qui fut fermé par les nazis en 1940. Dietrich Bonhoeffer était conscient du fait qu'une Résistance ecclésiastique ne pourrait à elle seule renverser le régime, c'est pourquoi il collabora activement à la conspiration du 20 juillet 1944.

      

    Il prit de plus contact par l'intermédiaire de son beau-frère Hans von Dohnanyi avec le groupe de résistance formé au sein du contre-espionnage et dirigé par Hans Oster. Bonhoeffer, afin que ses activités ne soient pas découvertes par la Gestapo, obtint grâce à ses amis résistants du contre-espionnage un poste d'agent secret, ce qui lui permit d'entreprendre des voyages à l'étranger sous cette couverture.

      

    C'est ainsi qu'il put prendre contact avec des résistants, notamment des ecclésiastiques, à l'étranger. Mais lorsque la Gestapo démantela ce réseau de résistance en 1943, Bonhoeffer fut arrêté et déporté en camp de concentration. Il fut pendu le 9 avril 1945.

     

    En 1932 se forma un groupe protestant national-socialiste, les "Chrétiens allemands", qui réclamèrent après l'arrivée au pouvoir de Hitler la formation d'une Église du Reich, structurée selon le "Führerprinzip" et rejetant les juifs, ce qui se réalisa quelques mois plus tard. L'Église protestante, désormais dirigée par les "Chrétiens allemands", était devenue un instrument entre les mains de Hitler.

      

    En septembre 1933 fut organisé le "synode brun" ; la majorité des responsables ecclésiastiques s'y rendirent en uniforme nazi. Il fut décidé, malgré l'opposition des adversaires des "Chrétiens allemands", que les pasteurs qui n'étaient pas aryens seraient exclus de l'Église du Reich ; 70 responsables ecclésiastiques suivirent l'exemple du pasteur Koch et quittèrent alors la salle en signe de protestation.

     

    Quelques semaines plus tard, le pasteur Martin Niemöller appela les pasteurs hostiles à ces mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le "Pfarrernotbund", la "Ligue d'urgence des pasteurs", qui respecterait les principes de tolérance énoncés par la Bible et la profession de foi réformatrice.

      

    Cet appel eut un grand écho : à la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d'un tiers des ecclésiastiques protestants, s'étaient joints à ce groupe dissident. La "Ligue d'urgence des pasteurs", soutenue par des protestants à l'étranger, adressa au synode une lettre de protestation contre les mesures d'exclusion et de persécution prises envers les juifs et envers les pasteurs refusant d'obéir aux nazis.

      

    Malgré les protestations, Martin Niemöller fut déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément à la retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décida de lui rester fidèle, et il put ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions de pasteur.

     

    Le 13 novembre 1933, lors d'une manifestation des "Chrétiens allemands" au Palais des Sports de Berlin, un pasteur nazi déclara que l'Ancien Testament et des passages du Nouveau Testament n'étaient que des superstitions, et se réclama d'une nouvelle profession de foi qui mettrait l'accent sur les valeurs héroïques de l'idéologie nazie, soi-disant défendues par Jésus.

      

    Il s'agissait de transformer l'Église du Reich en un instrument de propagande diffusant l'idéologie nazie, et n'ayant plus rien à voir avec les véritables principes chrétiens. Ce scandale déclencha une nouvelle vague de protestations ; Martin Niemöller s'éleva contre ce reniement de la foi chrétienne. En 1934, il fut convoqué par Hitler et Göring et sa maison fut perquisitionnée ; les nazis espéraient trouver des pièces à conviction leur permettant de se débarrasser de lui, mais durent le relâcher en raison de sa grande popularité.

     

    Parallèlement à la "Ligue d'urgence des pasteurs" se formèrent dans plusieurs régions de l'Allemagne des "synodes libres". Ainsi, en Westphalie, des fidèles réunis sous la direction du pasteur Koch refusèrent d'obéir aux ordres donnés par le régime nazi. La Gestapo empêcha les membres de ces groupes de se réunir.

      

    Une manifestation de protestation, à laquelle prirent part 30 000 personnes, fut organisée à Dortmund, et d'autres "synodes libres" virent le jour dans d'autres régions de l'Allemagne. Des pendants régionaux de la "Ligue d'urgence des pasteurs", les "Bruderräte", les "conseils de frères", virent le jour et se rassemblèrent en un "Reichsbruderrat", un "conseil de frères du Reich", qui s'unit aux "synodes libres".

     

    Un "synode libre" national se réunit en mai 1934 à Barmen, en Rhénanie du Nord - Westphalie. Les ecclésiastiques présents, qui étaient les véritables héritiers de l'Église protestante, déclarèrent qu'ils refusaient d'obéir à l'Église du Reich manipulée par les nazis, appelèrent les fidèles à suivre les principes de la Bible et de la profession de foi réformatrice, délimitèrent les domaines de compétence de l'État et de l'Église, et refusèrent ouvertement la création d'un État totalitaire auquel serait soumise l'Église.

      

    A la suite de cette déclaration, des mesures furent prises contre les opposants, qui furent poursuivis, démis de leurs fonctions, arrêtés et contraints au silence. Mais la résistance ecclésiastique se poursuivit ; des manifestations d'ecclésiastiques et de fidèles eurent lieu pour protester contre les révocations de pasteurs, et lors du deuxième "synode libre" national, à la fin de l'année 1934, les opposants rompirent définitivement avec l'Église du Reich, appelèrent les pasteurs et les fidèles à désobéir à cette Église, et à se rassembler au sein d'une "Bekennende Kirche", l'"Église confessante" respectant les principes chrétiens.

     

    Le régime hitlérien réagit en interdisant la publication de tout écrit théologique n'allant pas dans le sens de l'idéologie de l'Église du Reich, en infligeant de lourdes amendes aux membres des "conseils de frères", et en suspendant de leurs fonctions ou en arrêtant des pasteurs ; le travail des résistants se poursuivit alors de façon clandestine.

      

    Le "synode libre" de Prusse décida de publier tout de même une déclaration contestant l'autorité du régime nazi, en objectant qu'il n'avait aucune justification divine, et appelant au rejet de l'idéologie raciste nazie et du régime totalitaire hitlérien. 500 pasteurs furent arrêtés, puis certains d'entre eux furent libérés, en raison de la protestation massive contre ces mesures. Mais la Gestapo ne renonça pas aux persécutions. Pendant l'été 1935, 27 pasteurs furent déportés en camp de concentration. En 1935, les synodes de Berlin-Steglitz et de Dresde eurent malgré tout le courage de se prononcer contre les lois raciales de Nuremberg.

     

    Le combat entre la dictature et l'Église confessante se durcit encore en 1936, lorsque les opposants publièrent un mémorandum condamnant l'idéologie et les pratiques du régime hitlérien, et réclamant la dissolution de la Gestapo ainsi que la fermeture des camps de concentration. Des dirigeants de l'Église confessante, dont le pasteur Niemöller, furent arrêtés. Le juriste Friedrich Weißler, qui avait participé à la rédaction du mémorandum, fut arrêté et déporté ; il mourut en 1937 au camp de concentration de Sachsenhausen.

      

    Le pasteur Paul Schneider, un antinazi déclaré, fut déporté en novembre 1937, torturé, et finalement assassiné le 18 juillet 1939 au camp de concentration de Buchenwald par une injection de poison.

     

    La popularité de Martin Niemöller était telle que le soutien de l'étranger ne se fit pas attendre : deux jours après son arrestation, l'évêque de Londres, Bell, qui dirigeait le mouvement œcuménique, publia un article de protestation dans le Times et déposa une plainte officielle à Berlin. Des manifestations eurent lieu en Allemagne pour réclamer la libération de Niemöller ; la police essaya sans succès de disperser les fidèles, qui continuèrent à manifester ; à Berlin, 250 personnes furent arrêtées. Himmler décida de fermer tous les séminaires se réclamant de l'Église confessante.

      

    Le procès de Martin Niemöller commença en 1937, et le jugement fut prononcé en 1938. Le Reichsgericht le condamna à une amende ainsi qu'à sept mois de détention. Comme il avait déjà purgé cette peine en détention préventive, il fut relâché, mais la Gestapo l'arrêta immédiatement après le procès et le déporta au camp de concentration de Sachsenhausen puis à celui de Dachau, où il eut le statut de prisonnier personnel du Führer. Malgré les protestations internationales, il dut rester en camp de concentration jusqu'à la fin de la guerre.

     

    En 1938, après l'annexion de l'Autriche, et alors que les intentions belliqueuses de Hitler devenaient de plus en plus évidentes, les pasteurs Albertz et Böhm, de l'Église confessante, célébrèrent une messe en faveur de la paix. Cette même année fut fondé le "bureau Grüber" qui apportait son soutien aux protestants d'origine juive en leur proposant une aide juridique et en les aidant à trouver un pays d'accueil. Le pasteur Heinrich Grüber, qui dirigeait cette organisation d'aide aux persécutés, fut arrêté en 1940 et déporté au camp de concentration de Sachsenhausen puis à Dachau.

      

    L'un de ses collaborateurs, Werner Sylten, un membre de l'Église confessante d'origine juive, fut arrêté en 1941, déporté au camp de concentration de Dachau et assassiné. Gertrud Staewen, une pédagogue membre de l'Église confessante, dont les livres furent interdits par les nazis, créa elle aussi avec Franz Kaufmann, un ancien haut-fonctionnaire d'origine juive, une organisation clandestine qui fournissait de faux-papiers et des cartes de rationnement aux juifs ; elle fut arrêtée par la Gestapo mais put survivre à la guerre, contrairement à Franz Kaufmann, qui fut arrêté en 1943, torturé, déporté en camp de concentration et assassiné le 17 février 1944 au camp de concentration de Sachsenhausen.

     

     

    Mais ces actions courageuses se firent de plus en plus rares, et la politique ecclésiastique du Troisième Reich se durcit davantage à partir de 1938. Les nazis publièrent en 1939 la Déclaration de Godesberg, qui fixa les grandes lignes de l'idéologie de l'Église du Reich. Celle-ci fut désignée comme l'héritière des idées de Luther ; la persécution des juifs fut une fois de plus présentée comme nécessaire, et toute collaboration ecclésiastique entre les protestants allemands et des organisations internationales fut qualifiée de "dégénérescence politique du christianisme, en contradiction avec l'ordre de la Création".

      

    Cette déclaration suscita l'indignation de nombreux pasteurs, qui refusèrent d'y apposer leur signature. Le régime nazi réagit en persécutant encore plus les membres de l'Église confessante.

     

    Pendant la guerre, la Gestapo bénéficiait de pleins pouvoirs exceptionnels, et put faire régner la terreur sans se préoccuper de conserver les apparences d'un État de Droit. Les persécutions à l'encontre des résistants ecclésiastiques s'accentuèrent. Des mesures disciplinaires furent prises à l'encontre des pasteurs ayant soutenu l'Église confessante, certains d'entre eux furent arrêtés, d'autres parvinrent à échapper aux persécutions en devenant aumôniers militaires.

     

    Les protestations concernant les crimes commis au front, le génocide des juifs et l'euthanasie d'invalides et de malades mentaux furent étouffées par des vagues d'arrestations. Dans le régime de terreur nazi, quiconque objectait une critique à l'égard de l'État était immédiatement arrêté et déporté. Mais le travail de l'Église confessante se poursuivit de façon clandestine ; l'aide aux persécutés fut l'un des axes principaux de cette résistance.

      

    Certains pasteurs, comme Helmut Gollwitzer à Berlin, continuèrent à condamner les exactions commises par les nazis et à prêcher ouvertement pour la paix et la tolérance au sein de leur paroisse.

     

    Des adolescents militant au sein de mouvements de jeunesse protestants - qui étaient tolérés par les nazis à condition qu'il n'y soit question que de religion - s'engagèrent eux aussi contre le nazisme. Après l'interdiction de tous les mouvements de jeunesse non-nazis, en 1936, des organisations continuèrent à exister dans la clandestinité. La revue protestante "Jungenwacht" put être diffusée jusqu'en 1938, et des adolescents protestants distribuèrent des tracts antinazis ainsi que des sermons du pasteur Niemöller.

     

    Après l'arrestation de Martin Niemöller, Theophil Wurm, évêque du Wurtemberg, prit sa succession à la tête de l'Église confessante. Il protesta à plusieurs reprises contre les crimes nazis, notamment en 1940 contre l'assassinat d'invalides et de malades mentaux, et en 1941 contre la déportation des juifs. Il entra en contact avec Friedrich Bonhoeffer, avec le groupe de Carl Goerdeler et avec le Cercle de Kreisau et s'engagea ainsi dans la résistance politique.

     

    La résistance de protestants, réunis pour la plupart au sein de l'Église confessante, consistait au début en des oppositions internes portant sur des principes théologiques, sans qu'il soit pour autant question de s'opposer à l'autorité de l'État. Mais peu à peu, les limites du devoir d'obéissance à l'État sont devenues plus claires pour certains pasteurs, qui ont refusé de servir la dictature, et se sont engagés au nom des principes chrétiens dans la voie de la résistance politique et morale.

     

    sources

    http://resistanceallemande.online.fr/

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L'Église protestante, obéissant traditionnellement à l'autorité de l'État, était majoritairement pour Hitler, et souhaitait devenir l'Église du peuple, en osmose avec la Nation. Hitler voulait créer un "christianisme positif" qui aurait été l'une des bases du nouveau régime, ce qui enthousiasmait beaucoup de protestants. Mais dès 1933, des voix s'élevèrent au sein de l'Église protestante pour critiquer la politique menée par Hitler.

     

    Ainsi, Georg Schulz, Heinrich Vogel, Dietrich Bonhoeffer, ainsi que onze pasteurs de Westphalie rédigèrent des appels à la tolérance. Deux jours après l'arrivée au pouvoir de Hitler, Bonhoeffer prononça une allocution radiodiffusée condamnant le nazisme ; l'émission fut interrompue par les nazis. Dietrich Bonhoeffer, pasteur et maître de conférences à l'Université de Berlin, s'opposa aux "Chrétiens allemands" avec un groupe d'étudiants révoltés comme lui par les mesures nazies prises à l'encontre des juifs, et parvint à convaincre une minorité de protestants de la légitimité d'une opposition à la politique antisémite menée par Hitler et soutenue par la nouvelle Église du Reich. En 1933, il rédigea un article, "L'Église face à la question juive", dans lequel il rappela aux fidèles le devoir chrétien de résistance à l'État lorsque celui-ci commet des crimes. Bonhoeffer, lors d'une tournée de conférences aux États-Unis en 1939, refusa d'y trouver refuge, alors qu'on lui proposait une carte de séjour et un poste de professeur ; il préféra rentrer en Allemagne, pour tenter d'agir sur place contre le régime nazi. Il devint directeur du séminaire clandestin de Finkenwalde, qui se réclamait de l'Église confessante, et qui fut fermé par les nazis en 1940. Dietrich Bonhoeffer était conscient du fait qu'une Résistance ecclésiastique ne pourrait à elle seule renverser le régime, c'est pourquoi il collabora activement à la conspiration du 20 juillet 1944. Il prit de plus contact par l'intermédiaire de son beau-frère Hans von Dohnanyi avec le groupe de résistance formé au sein du contre-espionnage et dirigé par Hans Oster. Bonhoeffer, afin que ses activités ne soient pas découvertes par la Gestapo, obtint grâce à ses amis résistants du contre-espionnage un poste d'agent secret, ce qui lui permit d'entreprendre des voyages à l'étranger sous cette couverture. C'est ainsi qu'il put prendre contact avec des résistants, notamment des ecclésiastiques, à l'étranger. Mais lorsque la Gestapo démantela ce réseau de résistance en 1943, Bonhoeffer fut arrêté et déporté en camp de concentration. Il fut pendu le 9 avril 1945.

     

    En 1932 se forma un groupe protestant national-socialiste, les "Chrétiens allemands", qui réclamèrent après l'arrivée au pouvoir de Hitler la formation d'une Église du Reich, structurée selon le "Führerprinzip" et rejetant les juifs, ce qui se réalisa quelques mois plus tard. L'Église protestante, désormais dirigée par les "Chrétiens allemands", était devenue un instrument entre les mains de Hitler. En septembre 1933 fut organisé le "synode brun" ; la majorité des responsables ecclésiastiques s'y rendirent en uniforme nazi. Il fut décidé, malgré l'opposition des adversaires des "Chrétiens allemands", que les pasteurs qui n'étaient pas aryens seraient exclus de l'Église du Reich ; 70 responsables ecclésiastiques suivirent l'exemple du pasteur Koch et quittèrent alors la salle en signe de protestation.

     

    Quelques semaines plus tard, le pasteur Martin Niemöller appela les pasteurs hostiles à ces mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le "Pfarrernotbund", la "Ligue d'urgence des pasteurs", qui respecterait les principes de tolérance énoncés par la Bible et la profession de foi réformatrice. Cet appel eut un grand écho : à la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d'un tiers des ecclésiastiques protestants, s'étaient joints à ce groupe dissident. La "Ligue d'urgence des pasteurs", soutenue par des protestants à l'étranger, adressa au synode une lettre de protestation contre les mesures d'exclusion et de persécution prises envers les juifs et envers les pasteurs refusant d'obéir aux nazis. Malgré les protestations, Martin Niemöller fut déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément à la retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décida de lui rester fidèle, et il put ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions de pasteur.

     

    Le 13 novembre 1933, lors d'une manifestation des "Chrétiens allemands" au Palais des Sports de Berlin, un pasteur nazi déclara que l'Ancien Testament et des passages du Nouveau Testament n'étaient que des superstitions, et se réclama d'une nouvelle profession de foi qui mettrait l'accent sur les valeurs héroïques de l'idéologie nazie, soi-disant défendues par Jésus. Il s'agissait de transformer l'Église du Reich en un instrument de propagande diffusant l'idéologie nazie, et n'ayant plus rien à voir avec les véritables principes chrétiens. Ce scandale déclencha une nouvelle vague de protestations ; Martin Niemöller s'éleva contre ce reniement de la foi chrétienne. En 1934, il fut convoqué par Hitler et Göring et sa maison fut perquisitionnée ; les nazis espéraient trouver des pièces à conviction leur permettant de se débarrasser de lui, mais durent le relâcher en raison de sa grande popularité.

     

    Parallèlement à la "Ligue d'urgence des pasteurs" se formèrent dans plusieurs régions de l'Allemagne des "synodes libres". Ainsi, en Westphalie, des fidèles réunis sous la direction du pasteur Koch refusèrent d'obéir aux ordres donnés par le régime nazi. La Gestapo empêcha les membres de ces groupes de se réunir. Une manifestation de protestation, à laquelle prirent part 30 000 personnes, fut organisée à Dortmund, et d'autres "synodes libres" virent le jour dans d'autres régions de l'Allemagne. Des pendants régionaux de la "Ligue d'urgence des pasteurs", les "Bruderräte", les "conseils de frères", virent le jour et se rassemblèrent en un "Reichsbruderrat", un "conseil de frères du Reich", qui s'unit aux "synodes libres".

     

    Un "synode libre" national se réunit en mai 1934 à Barmen, en Rhénanie du Nord - Westphalie. Les ecclésiastiques présents, qui étaient les véritables héritiers de l'Église protestante, déclarèrent qu'ils refusaient d'obéir à l'Église du Reich manipulée par les nazis, appelèrent les fidèles à suivre les principes de la Bible et de la profession de foi réformatrice, délimitèrent les domaines de compétence de l'État et de l'Église, et refusèrent ouvertement la création d'un État totalitaire auquel serait soumise l'Église. A la suite de cette déclaration, des mesures furent prises contre les opposants, qui furent poursuivis, démis de leurs fonctions, arrêtés et contraints au silence. Mais la résistance ecclésiastique se poursuivit ; des manifestations d'ecclésiastiques et de fidèles eurent lieu pour protester contre les révocations de pasteurs, et lors du deuxième "synode libre" national, à la fin de l'année 1934, les opposants rompirent définitivement avec l'Église du Reich, appelèrent les pasteurs et les fidèles à désobéir à cette Église, et à se rassembler au sein d'une "Bekennende Kirche", l'"Église confessante" respectant les principes chrétiens.

     

    Le régime hitlérien réagit en interdisant la publication de tout écrit théologique n'allant pas dans le sens de l'idéologie de l'Église du Reich, en infligeant de lourdes amendes aux membres des "conseils de frères", et en suspendant de leurs fonctions ou en arrêtant des pasteurs ; le travail des résistants se poursuivit alors de façon clandestine. Le "synode libre" de Prusse décida de publier tout de même une déclaration contestant l'autorité du régime nazi, en objectant qu'il n'avait aucune justification divine, et appelant au rejet de l'idéologie raciste nazie et du régime totalitaire hitlérien. 500 pasteurs furent arrêtés, puis certains d'entre eux furent libérés, en raison de la protestation massive contre ces mesures. Mais la Gestapo ne renonça pas aux persécutions. Pendant l'été 1935, 27 pasteurs furent déportés en camp de concentration. En 1935, les synodes de Berlin-Steglitz et de Dresde eurent malgré tout le courage de se prononcer contre les lois raciales de Nuremberg.

     

    Le combat entre la dictature et l'Église confessante se durcit encore en 1936, lorsque les opposants publièrent un mémorandum condamnant l'idéologie et les pratiques du régime hitlérien, et réclamant la dissolution de la Gestapo ainsi que la fermeture des camps de concentration. Des dirigeants de l'Église confessante, dont le pasteur Niemöller, furent arrêtés.

     

    Le juriste Friedrich Weißler, qui avait participé à la rédaction du mémorandum, fut arrêté et déporté ; il mourut en 1937 au camp de concentration de Sachsenhausen.

     

    Le pasteur Paul Schneider, un antinazi déclaré, fut déporté en novembre 1937, torturé, et finalement assassiné le 18 juillet 1939 au camp de concentration de Buchenwald par une injection de poison.

     

    La popularité de Martin Niemöller était telle que le soutien de l'étranger ne se fit pas attendre : deux jours après son arrestation, l'évêque de Londres, Bell, qui dirigeait le mouvement œcuménique, publia un article de protestation dans le Times et déposa une plainte officielle à Berlin. Des manifestations eurent lieu en Allemagne pour réclamer la libération de Niemöller ; la police essaya sans succès de disperser les fidèles, qui continuèrent à manifester ; à Berlin, 250 personnes furent arrêtées. Himmler décida de fermer tous les séminaires se réclamant de l'Église confessante.

     

    Le procès de Martin Niemöller commença en 1937, et le jugement fut prononcé en 1938. Le Reichsgericht le condamna à une amende ainsi qu'à sept mois de détention.

     

    Comme il avait déjà purgé cette peine en détention préventive, il fut relâché, mais la Gestapo l'arrêta immédiatement après le procès et le déporta au camp de concentration de Sachsenhausen puis à celui de Dachau, où il eut le statut de prisonnier personnel du Führer. Malgré les protestations internationales, il dut rester en camp de concentration jusqu'à la fin de la guerre.

     

    En 1938, après l'annexion de l'Autriche, et alors que les intentions belliqueuses de Hitler devenaient de plus en plus évidentes, les pasteurs Albertz et Böhm, de l'Église confessante, célébrèrent une messe en faveur de la paix.

     

    Cette même année fut fondé le "bureau Grüber" qui apportait son soutien aux protestants d'origine juive en leur proposant une aide juridique et en les aidant à trouver un pays d'accueil. Le pasteur Heinrich Grüber, qui dirigeait cette organisation d'aide aux persécutés, fut arrêté en 1940 et déporté au camp de concentration de Sachsenhausen puis à Dachau.

     

    L'un de ses collaborateurs, Werner Sylten, un membre de l'Église confessante d'origine juive, fut arrêté en 1941, déporté au camp de concentration de Dachau et assassiné.

     

     

    Gertrud Staewen, une pédagogue membre de l'Église confessante, dont les livres furent interdits par les nazis, créa elle aussi avec Franz Kaufmann, un ancien haut-fonctionnaire d'origine juive, une organisation clandestine qui fournissait de faux-papiers et des cartes de rationnement aux juifs ; elle fut arrêtée par la Gestapo mais put survivre à la guerre, contrairement à Franz Kaufmann, qui fut arrêté en 1943, torturé, déporté en camp de concentration et assassiné le 17 février 1944 au camp de concentration de Sachsenhausen.

     

     

     

     

     

     

    Mais ces actions courageuses se firent de plus en plus rares, et la politique ecclésiastique du Troisième Reich se durcit davantage à partir de 1938. Les nazis publièrent en 1939 la Déclaration de Godesberg, qui fixa les grandes lignes de l'idéologie de l'Église du Reich.

     

    Celle-ci fut désignée comme l'héritière des idées de Luther ; la persécution des juifs fut une fois de plus présentée comme nécessaire, et toute collaboration ecclésiastique entre les protestants allemands et des organisations internationales fut qualifiée de "dégénérescence politique du christianisme, en contradiction avec l'ordre de la Création".

     

    Cette déclaration suscita l'indignation de nombreux pasteurs, qui refusèrent d'y apposer leur signature. Le régime nazi réagit en persécutant encore plus les membres de l'Église confessante.

     

    Pendant la guerre, la Gestapo bénéficiait de pleins pouvoirs exceptionnels, et put faire régner la terreur sans se préoccuper de conserver les apparences d'un État de Droit.

     

    Les persécutions à l'encontre des résistants ecclésiastiques s'accentuèrent.

     

    Des mesures disciplinaires furent prises à l'encontre des pasteurs ayant soutenu l'Église confessante, certains d'entre eux furent arrêtés, d'autres parvinrent à échapper aux persécutions en devenant aumôniers militaires.

     

    Les protestations concernant les crimes commis au front, le génocide des juifs et l'euthanasie d'invalides et de malades mentaux furent étouffées par des vagues d'arrestations. Dans le régime de terreur nazi, quiconque objectait une critique à l'égard de l'État était immédiatement arrêté et déporté. Mais le travail de l'Église confessante se poursuivit de façon clandestine ; l'aide aux persécutés fut l'un des axes principaux de cette résistance.

     

    Certains pasteurs, comme Helmut Gollwitzer à Berlin, continuèrent à condamner les exactions commises par les nazis et à prêcher ouvertement pour la paix et la tolérance au sein de leur paroisse.

     

    Des adolescents militant au sein de mouvements de jeunesse protestants - qui étaient tolérés par les nazis à condition qu'il n'y soit question que de religion - s'engagèrent eux aussi contre le nazisme.

     

    Après l'interdiction de tous les mouvements de jeunesse non-nazis, en 1936, des organisations continuèrent à exister dans la clandestinité. La revue protestante "Jungenwacht" put être diffusée jusqu'en 1938, et des adolescents protestants distribuèrent des tracts antinazis ainsi que des sermons du pasteur Niemöller.

     

    Après l'arrestation de Martin Niemöller, Theophil Wurm, évêque du Wurtemberg, prit sa succession à la tête de l'Église confessante. Il protesta à plusieurs reprises contre les crimes nazis, notamment en 1940 contre l'assassinat d'invalides et de malades mentaux, et en 1941 contre la déportation des juifs. Il entra en contact avec Friedrich Bonhoeffer, avec le groupe de Carl Goerdeler et avec le Cercle de Kreisau et s'engagea ainsi dans la résistance politique.

     

    La résistance de protestants, réunis pour la plupart au sein de l'Église confessante, consistait au début en des oppositions internes portant sur des principes théologiques, sans qu'il soit pour autant question de s'opposer à l'autorité de l'État.

     

    Mais peu à peu, les limites du devoir d'obéissance à l'État sont devenues plus claires pour certains pasteurs, qui ont refusé de servir la dictature, et se sont engagés au nom des principes chrétiens dans la voie de la résistance politique et morale.

     

     

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    MERCI ANAÎS..

    ton album est sensationnel !

     

     

     

    CAVALIERES ALLEMANDES pendant la seconde guerre mondiale

     

     

     

     

     

    CAVALIERES ALLEMANDES pendant la seconde guerre mondiale

     

     

     

     

     

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    Le cercle de Kreisau était un cercle de discussion et de réflexion constitué d'amis unis par le rejet du régime hitlérien et soudé par la volonté de préparer le renouveau de l'Allemagne post-hitlérienne. Il comptait, de 1938 (depuis la crise des Sudètes) jusqu'à l'attentat du 20 juillet 1944, vingt membres actifs et environ vingt sympathisants.

      

    Son nom de "cercle de Kreisau", qui lui a d'ailleurs été assigné par la Gestapo, se réfère au lieu de rencontre du cercle de discussion, le domaine de la famille von Moltke, situé à Kreisau, en Silésie, où se sont réunis de 1940 à 1943, pour réfléchir aux mesures à prendre contre le régime nazi et à une nouvelle Allemagne après la dictature, des fonctionnaires, des ecclésiastiques des deux confessions chrétiennes, des officiers ainsi que des politiciens sociaux-démocrates et conservateurs.

      

    Une grande partie des membres du cercle avait appartenu à des mouvements de jeunesse qui mettaient l'accent sur le dialogue entre les générations et les différentes couches sociales, en organisant des camps et des activités en plein air qui permettaient aux enfants de fréquenter des gens de tous les milieux et de tous les âges. Cette expérience a donné à ce cercle son profil caractéristique, qui consistait en la consultation mutuelle de personnes issues d'horizons divers, en un échange alliant expérience et idées progressistes.

     

    Helmuth James Graf von Moltke Le cercle a été créé par Helmuth James Graf von Moltke, petit-neveu du Feldmarschall du XIXe siècle. Sa mère étant originaire d'Afrique du Sud, il a reçu une éducation de tradition britannique. Il s'est intéressé très tôt, pendant sa jeunesse passée à Berlin, à des problèmes sociaux, ce qui lui a valu le surnom de "comte rouge".

      

    Il s'est engagé entre autres dans les camps de travail volontaires en Silésie, sensés ouvrir le dialogue entre les différentes couches sociales et les générations. Von Moltke fit des études de droit, mais refusa après la prise du pouvoir de Hitler en 1933 un poste de juge, préférant être actif en tant qu'avocat et essayer d'agir contre l'injustice et les jugements arbitraires, en offrant son aide juridique à ses amis et connaissances juifs.

      

    Sa mère l'incita à aller en Angleterre pour entrer en contact avec des amis de sa famille, et il y passa des examens qui lui permirent d'ouvrir un cabinet d'avocat en Angleterre et de conserver ainsi des contacts dans le monde libre.

     

    Von Moltke, qui n'hésitait pas à énoncer ses critiques ouvertement, condamna dès le début l'ascension et la prise du pouvoir de Hitler.

      

    Le régime nazi allait à l'encontre de sa vision du monde humaniste fondée sur l'éthique chrétienne, et déjà avant la prise de pouvoir de Hitler en 1933, il mit son entourage en garde contre le NSDAP et Hitler, étant persuadé que celui-ci, s'il était au pouvoir, représenterait un danger de guerre immédiat. Très tôt, il fut au courant des crimes commis par le régime nazi en Pologne, envers les prisonniers de guerre et les juifs en Europe.

      

    En octobre 1942, il apprit l'existence des "fourneaux SS" où étaient "traités" 6 000 personnes par jour. Von Moltke fut arrêté au début de l'année 1944, condamné à mort le 11 janvier 1945 et exécuté le 23 janvier 1945.

     

    Peter Graf Yorck von Wartenburg

    Au début de l'année 1940, une autre personnalité, qui elle aussi allait énormément déterminer le travail et les objectifs que le cercle se fixait, se joignit au cercle de Kreisau : Peter Graf Yorck von Wartenburg, un cousin lointain de von Moltke, qui avait également fondé en 1938 un groupe de résistance. Haut fonctionnaire de l'État depuis 1938, il portait lui aussi un grand nom de l'histoire allemande, lié à la fin de l'occupation napoléonienne et au rapprochement germano-russe.

      

    Au début, le jeune juriste vit dans le national-socialisme une chance pour surmonter l'humiliation du peuple allemand après la défaite de 1918. Mais avec le temps, il s'en détourna de plus en plus, la violence, l'injustice et le traitement de la population juive lui ayant ouvert les yeux sur le véritable visage de l'idéologie nazie.

     

    En 1938, il se mit alors à la recherche de gens partageant ses idées. C'est au printemps 1940 que Yorck et von Moltke se revirent lors d'une rencontre familiale, et qu'ils échangèrent leurs avis et préoccupations. Par la suite, ils firent connaissance de leurs cercles d'amis respectifs, ce qui fit s'agrandir entre 1940 et l'automne 1941 le cercle de Kreisau. C'est dans la maison de Peter Graf Yorck von Wartenburg à Berlin-Lichterfelde qu'eurent lieu la plus grande partie des rencontres de discussion.

      

    En 1942, il fut incorporé dans la Wehrmacht, ce qui lui permit de fortifier et d'élargir ses contacts avec des opposants du régime au sein de l'appareil militaire. A la suite de l'arrestation de von Moltke en janvier 1944, il proposa ses services à Claus Schenk Graf von Stauffenberg pour la préparation et l'exécution du putsch du 20 juillet 1944. Il fut arrêté pendant la nuit du 20 au 21 juillet, quelques heures après l'attentat, et fut exécuté le 8 août 1944.

     

    En 1938, les résistants comprirent qu'il serait illusoire de tenter un putsch contre Hitler, étant donné qu'une grande partie de la population soutenait le dictateur après l'Anschluß et l'annexion des Sudètes. Ils se rassemblèrent alors pour essayer de concrétiser un renouveau de l'Allemagne, et prirent contact avec des spécialistes divers pour discuter les fondements d'une nouvelle Allemagne post-hitlérienne.

     

    Le lien qui unissait les membres du cercle était le refus du régime national-socialiste et la protestation - motivée pour la plupart des résistants par l'éthique chrétienne - contre les crimes de ce régime et la guerre, beaucoup d'entre eux ayant fait l'expérience douloureuse de la Première Guerre Mondiale. Mais l'on ne peut pas dire qu'il s'agissait d'un cercle religieux.

      

    Certes, les valeurs chrétiennes étaient pour la plupart des membres du cercle une base fondamentale de discussion, mais ce sont surtout des thèmes étatiques, économiques et culturels qui prévalaient dans les débats. Ce groupe n'était pas pour autant un cercle d'intellectuels sans relation avec la pratique, car tous les membres étaient confrontés dans leur vie professionnelle et dans leurs engagements personnels aux réalités de l'existence et faisaient preuve de réalisme.

     

    Les membres du cercle de Kreisau se représentaient l'Allemagne post-hitlérienne comme un État démocratique et civil, un État de droit assurant le respect des droits de l'homme. Le droit au travail et la socialisation du secteur économique étaient deux autres principes fondamentaux pour le nouvel État, dans lequel la propriété privée serait protégée, mais où les unités de production les plus importantes seraient pour le bien commun entre les mains de l'État. Les citoyens, et c'est là que réside l'aspect le plus moderne du "programme" du cercle de Kreisau, devaient pouvoir bénéficier de libertés et d'une large responsabilité dans la nouvelle Allemagne.

      

    Celle-ci, débarrassée du modèle du Deuxième Reich d'un État autoritaire, devait être reconstituée à partir de la base, c'est à dire que l'État devait reposer sur des petites communautés bénéficiant d'une autonomie administrative. Cet aspect dénote la méfiance conservatrice à l'égard des sociétés de masse modernes. Mais ceci ne représentait en aucun cas un repli sur soi.

      

    Le cercle de Kreisau, qui défendait des valeurs humaines, s'opposait à ce que l'Etat soit dominé par l'économie, et souhaitait que la nouvelle Allemagne soit ouverte au monde occidental, dans la perspective d'une union européenne.

     

    Mais avant tout, l'État allemand devait être renouvelé de manière démocratique en commençant par la base. Von Moltke et Yorck savaient que les Allemands auraient besoin d'une éducation pour apprendre à faire bon usage de leur nouvelle liberté, dont ils avaient été démunis pendant plus d'une décennie. Ceci ne pouvait selon eux se réaliser sans les principes éthiques chrétiens.

      

    C'est pour cette raison que le cercle n'était pas en faveur d'une séparation stricte de l'Église et de l'État, parce que les Églises catholique comme protestante devraient être ancrées dans une société oecuménique et y agir en tant qu'instances politiques et morales. Le citoyen serait alors en mesure de s'épanouir et de découvrir ainsi par lui-même l'ordre naturel, puis d'œuvrer vers sa réalisation dans la société.

      

    Pour réaliser ce renouveau de la société et de l'État à partir du bas, les membres du cercle voulaient transformer l'appareil administratif anonyme et oppressant en une administration plus immédiate et concrète, permettant le maximum d'autarcie aux plus petites unités locales ainsi reliées dans un système démocratique et extrêmement décentralisé.

     

    Une autre revendication essentielle du cercle de Kreisau était la sécurité juridique, donc le rétablissement d'un État de Droit, qui garantirait la liberté de conscience, la tolérance et le respect envers les peuples d'Europe. Sans la constitution d'un État de Droit, aucune politique extérieure ne serait possible. Les crimes commis par les nazis au nom du peuple allemand seraient à punir sans laisser valoir l'excuse d'avoir eu à obéir à un ordre. Ceux qui avaient donné des ordres blessant le Droit naturel et le Droit International Public seraient à inculper en premier lieu.

      

    L'Allemagne devrait porter la responsabilité des crimes commis contre les peuples européens, mais les poursuites judiciaires devraient être du ressort d'une nouvelle justice allemande. Le cercle concevait un Droit International Public des Peuples du Monde comme fondement d'une nouvelle communauté internationale des peuples, qui serait alors empreinte d'une nouvelle autorité morale et juridique.

      

    Le projet prévoyait la constitution d'un tribunal international de guerre constitué des vainqueurs, de deux représentants de pays neutres et d'un juge du pays vaincu. L'idée était de créer ainsi le "règne du Droit parmi les peuples" du monde entier.

     

    Le cercle de Kreisau à tenté d'établir, par l'intermédiaire de ses différents membres, un contact avec d'autres groupes de résistance, comme le groupe qui s'était constitué autour de Franz Sperr au sud de l'Allemagne et qui était en contact avec de hauts officiers, ou encore avec un groupe de leaders travaillistes catholiques de Cologne, et avec le cercle de Fribourg.

      

    Malgré tous les efforts pour établir le contact avec la "Rose Blanche" à Munich, ceci n'a pas pu se réaliser avant l'arrestation de ce groupe.

      

    Le cercle avait également des contacts avec des communistes modérés non staliniens. A partir de 1943, divers membres du cercle de Kreisau décidèrent de participer activement à des conspirations et prirent contact avec Ludwig Beck, Carl Friedrich Goerdeler, Ulrich von Hassel et Claus Schenk von Stauffenberg. La plupart des membres du cercle furent inculpés de haute trahison après le putsch échoué du 20 juillet 1944, et furent condamnés à mort.

     

    Les membres principaux du cercle de Kreisau :

     

    Adam von Trott zu Solz
    Ce juriste fit des séjours d'études à Oxford et en Chine. Ces séjours à l'étranger, pendant lesquels il fut en contact avec des opposants au régime nazi, l'ont beaucoup marqué. En 1937, il fit la connaissance de von Moltke à Oxford, et en 1940, de Yorck von Wartenburg. La même année, il reçut un poste au ministère des Affaires étrangères, où il commença à prendre contact avec les groupes constitués autour de Hans von Dohnanyi et Dietrich Bonhoeffer. Adam von Trott zu Solz était dans le cercle le spécialiste des Affaires étrangères. Il fut arrêté cinq jours après l'attentat du 20 juillet 1944 et exécuté le 26 août 1944.

     

    Hans-Bernd von Haeften
    Juriste, issu d'un milieu empreint du protestantisme libéral, il passa un an d'étude en Angleterre, à Cambridge. Il était lié d'amitié avec Dietrich Bonhoeffer et fut en contact étroit avec Martin Niemöller. Il travailla à partir de 1933 au ministère des Affaires étrangères, dont il devint l'un des plus hauts fonctionnaires, et où il était protégé par le secrétaire d'État von Weizäcker, personnage-clé de la conspiration menée par von Stauffenberg. Malgré sa fonction de diplomate, il refusa d'adhérer au NSDAP. Proche du cercle de Kreisau, il aurait obtenu le poste du secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères après le putsch du 20 juillet 1944. Il fut condamné à mort et exécuté le 15 août 1944.

     

    Julius Leber
    Cet ancien parlementaire social-démocrate de la République de Weimar était spécialiste en matière de défense. Le 31 janvier 1933, il fut arrêté pour la première fois, puis libéré grâce aux manifestations de masse organisées pour sa libération. Arrêté de nouveau, il fut interné dans des camps de concentration jusqu'en 1937. A partir de l'automne 1943, il entra en contact avec le cercle de Kreisau par l'intermédiaire de Carlo Mierendorff. Julius Leber, qui fut une figure marquante de la Résistance allemande, faisait également partie du groupe de Goerdeler, et serait devenu après le putsch du 20 juillet ministre de l'Intérieur, ou même chancelier du Reich. Dénoncé, il fut arrêté début juillet 1944, avant l'attentat, fut condamné à mort le 20 octobre 1944, puis exécuté le 5 janvier 1945.

     

    Theodor Haubach
    Theodor Haubach était l'ami étroit de Carlo Mierendorff, avec lequel il publiait les "Neue Blätter für den Sozialismus", auxquelles ont collaboré entre autres le pasteur Harald Poelchau, Adolf Reichwein et Otto Heinrich von der Gablentz. En 1923, Theodor Haubach soutint sa thèse sous la direction du philosophe Karl Jaspers. En 1929, il devint le porte-parole du ministère de l'Intérieur. En 1934, il fut arrêté et interné dans le camp de concentration d'Esterwegen. A partir de l'automne 1942, il fut membre du cercle de Kreisau, qui prévoyait pour lui le poste du porte-parole du gouvernement. Il fut arrêté quelques semaines après l'attentat du 20 juillet 1944 et exécuté le 23 janvier 1945.

     

    Carlo Mierendorff
    Membre du SPD et membre du Reichstag à partir de 1930, il fut l'un des derniers à encore oser s'opposer ouvertement au NSDAP et à son chef de propagande Josef Goebbels au Parlement. Après la prise de pouvoir de Hitler, il fut arrêté, maltraité et emprisonné dans les camps de concentration d'Osthofen, de Lichtenburg, de Papenburg, de Börgermoor, de Torgau et de Buchenwald jusqu'en 1938. Après sa libération, il entra en contact avec le cercle de Kreisau, où il influença largement la discussion sur la politique sociale. Il fut un médiateur entre les catholiques et les socialistes du cercle, et parvint à leur faire surmonter leurs divergences. Mierendorff mourut en décembre 1943 lors d'un bombardement allié à Leipzig.

     

    Adolf Reichwein
    Ce social-démocrate et pédagogue réformateur, qui avait perdu en 1933 son poste de professeur d'Histoire et d'Instruction civique à l'Académie pédagogique de Halle, rejoignit le cercle de Kreisau en 1940. Il était prévu par le cercle qu'Adolf Reichwein devienne ministre de l'Éducation et de la Culture après l'attentat du 20 juillet 1944. Il était non seulement en contact avec le cercle de Kreisau, avec le cercle constitué autour de Wilhelm Leuschner et de Julius Leber, depuis l'été 1944 avec l'opposition militaire, mais aussi avec des représentants de groupes de résistance communistes qui s'étaient formés autour de Anton Saefkow, Franz Jakob et Bernhard Bästlein. En raison de ces contacts, il fut arrêté début juillet 1944 et exécuté le 20 octobre 1944.

     

    Otto Heinrich von der Gablentz
    Très influencé par les idées des mouvements de jeunesse, il s'engagea au début de la République de Weimar pour le dialogue entre les mouvements sociaux et nationalistes, afin d'éviter la confrontation entre ces groupes. Il était proche du "socialisme religieux" de Paul Tillich, et collabora aux "Neue Blätter für den Sozialismus" avec Carlo Mierendorff et Theodor Haubach. Par l'intermédiaire de Horst von Einsiedel, il intégra en 1940 le cercle de Kreisau, sur lequel il exerça une énorme influence programmatique. Expert en transport militaire, il a pu établir en tant qu'officier d'occupation en Norvège le contact avec la résistance norvégienne. La Gestapo ne sut pas qu'il avait participé au putsch du 20 juillet 1944, et il put ainsi survivre à la guerre.

     

    Carl Dietrich von Trotha
    Haut fonctionnaire au ministère de l'Économie, où il fut en contact avec Arvid Harnack et Harro Schulze-Boysen, il fut avec Horst von Einsiedel l'expert en économie du cercle de Kreisau. Dans sa jeunesse, le cousin de von Moltke fut influencé par les idées des scouts, et ses séjours à l'étranger l'incitèrent à s'engager pour une unification de l'Europe. L'élève du socialiste religieux Adolf Löwe et du philosophe Max Horkheimer à l'Institut de Recherche en Sociologie ("Institut für Sozialforschung") de Francfort échappa à la Gestapo et survécut au régime nazi.

     

    Horst von Einsiedel
    Membre du SPD à partir de 1930 et proche de von Moltke, dont il avait fait la connaissance dans sa jeunesse dans des camps de travail en Silésie, il entra dès 1939 dans le cercle de Kreisau. Au début, il s'occupa de questions de politique économique, puis se concentra sur la politique agricole. Il échappa à la Gestapo après le 20 juillet 1944, mais fut arrêté après la guerre, en 1945, par la police secrète soviétique. Il mourut en 1948, interné dans le camp de concentration de Sachsenhausen, qui fut utilisé après la guerre par les Soviétiques.

     

    Theodor Steltzer

    Ce haut-fonctionnaire de la République de Weimar, qui avait fait des études de Sciences politiques et de Sciences économiques, s'est opposé très tôt aux nazis, c'est pourquoi il perdit son poste dès la prise de pouvoir de Hitler en 1933. Au début de la guerre, il fut incorporé dans la Wehrmacht et reçut en 1940 un haut poste militaire dans la Norvège occupée, où il entra en contact avec la résistance norvégienne. Il fit la connaissance de von Moltke par l'intermédiaire d'Otto von der Gablentz et rejoignit le cercle de Kreisau, qui voyait en lui le futur administrateur du Schleswig-Holstein. Steltzer survécut à la guerre.

     

    Harald Poelchau

    Élève de Paul Tillich, représentant du socialisme religieux, Harald Poelchau était aumônier pénitentiaire à Berlin. Dans les prisons, il apporta son soutien moral à des centaines de prisonniers politiques, en particulier à ceux qui attendaient leur exécution. Il fut membre du cercle de Kreisau, mais ne fut pas démasqué par la Gestapo. Après le 20 juillet 1944, c'est lui qui transmit beaucoup de messages et de lettres aux proches des incarcérés.

     

    Hans Peters

    Professeur de Droit et de Sciences politiques à Berlin à partir de 1928, Peters resta en contact après 1933 avec ses amis du parti centriste, et entra en contact en 1940 avec le cercle de Kreisau, ainsi qu'avec Ernst von Harnack et Ruth Friedrich, qui apportaient leur aide aux juifs persécutés. Son appartenance au cercle de Kreisau ne fut pas découverte par la Gestapo et il survécut au régime nazi.

     

    Alfred Delp

    Jésuite empreint des principes des mouvements de jeunesse, il était prêtre à Munich et fut rédacteur de la revue catholique "Stimmen der Zeit" jusqu'à son interdiction en 1941. Alfred Delp a apporté sa contribution au programme élaboré par le cercle de Kreisau dans le domaine de la politique sociale, en l'imprégnant des grands principes sociaux du catholicisme. Il a également mis le cercle de Kreisau en contact avec divers groupes de résistance munichois. Alfred Delp fut arrêté le 28 juillet 1944 à Munich, condamné à mort le 11 janvier 1945 et exécuté le 2 février 1945.

     

    Lothar König

    Jésuite ayant de hautes fonctions dans le collège de jésuites Berchman à Pullach, il est considéré comme l'un des plus importants messagers de la Résistance allemande. Il participa activement au cercle de réflexion de Kreisau, et informa les évêques de Fribourg et de Berlin des objectifs de ce groupe. Son engagement dans le cercle de Kreisau fut découvert par la Gestapo en septembre 1944. Il se cacha alors dans la cave à charbon du collège de jésuites Berchman jusqu'à la fin de la guerre.

     

    Augustin Rösch

    Ce jésuite avait une charge de provincial dans la province jésuite du Sud de l'Allemagne. Il eut affaire à plusieurs reprises au régime nazi, qui persécutait les jésuites. Rösch a toujours pris la défense de ses frères jésuites et les a protégés par son silence. Il rejoignit le cercle de Kreisau en 1941 et y introduisit quelques temps après Alfred Delp. Le rôle de ces deux ecclésiastiques était d'aider le cercle à surmonter les divergences confessionnelles, afin de poser les bases d'une nouvelle société œcuménique. Par l'entremise d'Augustin Rösch, le cercle de Kreisau put entrer en contact avec la Résistance catholique. Recherché par la Gestapo après l'attentat du 20 juillet 1944, il fut arrêté le 11 janvier 1945, fut torturé, et resta emprisonné jusqu'à la fin de la guerre.

     

    Paulus van Husen

    Juriste et important politicien du parti centriste en Silésie, il rejoignit le cercle de Kreisau dès 1940. Sa mission consistait à consolider les contacts avec le clergé catholique. Il était prévu qu'il devienne secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur après la chute du régime hitlérien. Il fut arrêté en août 1944 et condamné le 19 avril 1945 avec son ami Hans Lukaschek à trois ans de prison ferme, mais fut libéré une semaine plus tard par les troupes soviétiques.

     

    Hans Lukaschek

    Hans Lukaschek, important politicien centriste de Silésie, était le membre le plus âgé du cercle de Kreisau. Il avait de hautes fonctions dans la République de Weimar, et dénonça dès 1930 le danger que représentait le national-socialisme. Il fréquenta à partir de 1938 von Moltke, et, bien qu'il n'ait pu prendre part régulièrement aux séances de discussion du cercle de Kreisau, il était informé de leurs réflexions et de leurs projets. Il prit part activement à la conspiration du groupe de von Stauffenberg et fut arrêté le soir du 20 juillet 1944. Il fut libéré peu de temps avant la fin de la guerre.

     

    Eugen Gerstenmaier

    Eugen Gerstenmaier travaillait à Berlin au bureau des relations ecclésiastiques internationales, ce qui lui permit d'entreprendre des voyages à l'étranger, même pendant la guerre, et de jouer ainsi un important rôle dans le milieu résistant du ministère des Affaires étrangères. Il fut introduit par Hans-Bernd von Haeften et Adam von Trott zu Solz dans le cercle de Kreisau. Le 20 juillet 1944, Eugen Gerstenmaier était avec Peter Graf Yorck von Wartenburg au Bendlerblock, bâtiment du haut-commandement de l'armée de terre, pour accomplir les mesures prévues après l'attentat contre Hitler. Il fut arrêté le soir même et accusé de haute trahison, mais ne fut pas condamné à mort. Il fut condamné le 11 janvier 1945 à une peine de sept ans de prison ferme et fut libéré par les Américains à la fin de la guerre.

     

    SOURCES

    http://resistanceallemande.online.fr/

     

     

     

     

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    Jusqu'en 1939, les exilés résistants eurent encore quelques contacts avec les mouvements de résistance en Allemagne, mais cela fut de plus en plus problématique pendant la guerre, alors que la dictature nazie s'étendait en Europe.

      

    Parmi les résistants, on comptait beaucoup d'écrivains, de journalistes, d'hommes politiques, qui dénoncèrent le nazisme et tentèrent de présenter un autre visage de l'Allemagne à l'opinion mondiale, mais également beaucoup d'inconnus, dont de nombreux résistants qui ont lutté pour la liberté aux côtés des antifascistes espagnols et au sein de la Résistance française.

     

     

    A partir de 1933, plus d'un demi-million d'Allemands menacés pour des raisons religieuses, culturelles, racistes ou politiques par le régime de terreur mis en place par la dictature nazie choisirent la voie de l'exil. Si l'exil représentait pour eux le seul espoir de rester en vie, c'était aussi un déchirement : il leur fallait tout quitter pour tenter de survivre.

      

    Ce choix douloureux était parfois compensé par l'espoir de retourner en Allemagne après la chute hypothétique du régime nazi. L'exil, loin d'être une solution de facilité, était un pari risqué, car le destin qui attendait les réfugiés dans leur pays d'accueil restait incertain.

     

    La première difficulté consistait à trouver un pays d'accueil.

      

    Les principales destinations des réfugiés allemands furent la France, l'Angleterre, les États-Unis, l'URSS, la Tchécoslovaquie, la Suède, l'Espagne et l'Amérique latine, mais l'obtention d'un visa était souvent problématique ; ainsi, pour être acceptés aux États-Unis, les émigrants devaient prouver qu'ils étaient en mesure de subvenir à leurs besoins.

      

    Il leur était de plus nécessaire de connaître un Américain acceptant de les « parrainer » ; c'est pourquoi la plupart des Allemands qui trouvèrent refuge aux États-Unis furent des universitaires, des écrivains ou des scientifiques de renom. Souvent, c'étaient de riches émigrants déjà installés aux États-Unis qui se portaient caution pour leurs compatriotes.

      

    L'organisation "Presidential Emergency Advisory Commitee" aida ainsi de nombreux Allemands, notamment Lion Feuchtwanger, Franz Werfel, Heinrich Mann, Max Ernst et Anna Seghers à trouver refuge aux États-Unis. La Société des Nations (SDN) créa en octobre 1933 une organisation autonome d'aide aux réfugiés, dont le siège était à Lausanne.

      

      

    Le 14 octobre 1933, trois jours après la création de cette organisation, Hitler annonça le retrait allemand de la SDN ainsi que de la Conférence sur le désarmement. McDonald, le haut-commissaire aux réfugiés, démissionna de son poste deux ans après la création du comité d'aide aux réfugiés, en raison du manque de coopération de la part des États membres de la SDN, ainsi que de l'Allemagne, qui refusait de faire des compromis.

      

    Après la promulgation des lois de Nuremberg, le problème des réfugiés allemands devint crucial. Après l'annexion de l'Autriche ("Anschluß") en mars 1938 et la "Nuit de Cristal" en novembre 1938, les pays voisins de l'Allemagne fermèrent leurs frontières aux réfugiés allemands en raison de l'exode massif de juifs allemands, et livrèrent les émigrés clandestins à la Gestapo, qui les interna en camp de concentration.

      

    En juillet 1938 se réunit sur l'initiative de Roosevelt la conférence internationale d'Evian, dont l'objectif était de trouver des pays d'accueil - hormis les États-Unis, qui n'étaient pas membres de cette conférence - pour 650 000 juifs que l'Allemagne voulait expulser.

      

    Cette tentative se solda par un échec ; certes, un comité intergouvernemental pour les réfugiés ("Intergovernmental Comittee for Refugees", ICR), présidé par l'Américain George Rublee, et dont le siège était à Londres, fut créé, mais son champ d'action restait limité.

      

    A Berlin eurent lieu des négociations avec le gouvernement allemand, qui permirent d'obtenir du régime nazi un permis d'émigration pour 150 000 juifs allemands, qui durent toutefois laisser en échange une partie de leurs biens aux nazis. Lorsque la guerre éclata, 180 000 juifs, qui n'avaient pu ou voulu s'enfuir ou qui étaient revenus d'émigration, vivaient encore en Allemagne.


    Le nombre considérable de réfugiés allemands posait à leurs pays d'accueil, encore profondément touchés par les conséquences de la crise économique des années 30, d'importants problèmes économiques et sociaux, ainsi que des frictions diplomatiques avec l'Allemagne, qui voyait d'un mauvais oeil certains opposants exilés continuer leur combat contre le nazisme à partir de l'étranger.

      

    Le régime hitlérien exerça une pression économique, diplomatique et de propagande sur ces pays d'accueil, afin qu'ils lui livrent ces "éléments subversifs", et la Société des Nations dut reconnaître son impuissance à régler ce problème.

     

    Isolés à l'étranger, souvent considérés avec mépris ou rejetés, les exilés avaient le statut juridique précaire de réfugiés ; la plupart d'entre eux furent de surcroît confrontés à des difficultés matérielles. Lorsque la guerre éclata, ceux qui n'avaient pu fuir l'Europe furent internés dans des camps de prisonniers, en tant que ressortissants d'un pays ennemi ; dans les pays vaincus et occupés par les nazis, ils furent livrés à la Gestapo.

      

      

    Ainsi, en France, les réfugiés allemands bénéficièrent de 1933 à 1939 du statut de réfugiés politiques ; mais à partir de septembre 1939, après la déclaration de guerre, la psychose de l'espionnage poussa les autorités à interner dans des camps tous les Allemands résidant en France, en tant que ressortissants d'un pays ennemi. Les camps les plus connus étaient celui de Rieucros, dans l'Ariège, le camp des Milles, dans le Var, et le camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques, où étaient également internés des réfugiés espagnols ayant fui la dictature fasciste de Franco.

      

    A partir de juin 1940, leur situation devint désespérée :

      

    les réfugiés allemands furent persécutés lors de l'occupation nazie, et furent victimes des rafles de juifs ou des déportations d'opposants politiques. La plupart d'entre eux moururent dans des camps de concentration. Certains parvinrent à s'échapper et fuirent l'Europe, d'autres se cachèrent, furent acculés au suicide ou s'engagèrent dans la lutte antifasciste aux côtés des résistants français.

     

    Tous les exilés allemands ne furent pas des résistants ; certains se retirèrent dans leur sphère d'émigration intérieure ("innere Emigration"), mais d'autres décidèrent de résister activement et entreprirent de combattre le national-socialisme à partir de l'étranger, en dépit de l'obligation de neutralité imposée dans la plupart des pays aux réfugiés bénéficiant de l'asile politique, notamment en Angleterre et en Suisse. Les résistants allemands durent souvent pour cette raison déjouer la surveillance policière de leur pays d'accueil, afin de ne pas être expulsés.

      

    Seules la France et la Tchécoslovaquie garantissaient aux réfugiés le droit de continuer à mener des activités politiques ; cette politique d'accueil libérale attira jusqu'aux accords de Munich et l'occupation de la France par les troupes allemandes de nombreux résistants allemands dans ces pays, et tout particulièrement les directions exilées des partis politiques interdits en Allemagne.

      

    Lorsque la guerre éclata, les exilés trouvèrent pour la plupart refuge en Angleterre, en Scandinavie et aux États-Unis. Jusqu'en 1939, les exilés résistants eurent encore quelques contacts avec les mouvements de résistance en Allemagne, mais cela fut de plus en plus problématique pendant la guerre, alors que la dictature nazie s'étendait en Europe.

      

      

    Parmi les résistants, on comptait beaucoup d'écrivains, de journalistes, d'hommes politiques, qui dénoncèrent le nazisme et tentèrent de présenter un autre visage de l'Allemagne à l'opinion mondiale, mais également beaucoup d'inconnus, dont de nombreux résistants qui ont lutté pour la liberté aux côtés des antifascistes espagnols et au sein de la Résistance française.

     

     

    SOURCES

     

    http://resistanceallemande.online.fr/

     

     

     

     

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    Depuis les Lumières allemandes, les relations entre Allemands chrétiens et Allemands juifs s'étaient consolidées, et les juifs allemands étaient intégrés dans la société allemande.

    La montée de l'antisémitisme, la prise du pouvoir par le parti nazi en 1933, l'action de boycott des magasins juifs le 1er avril 1933, ainsi que l'exclusion croissante des juifs de la société et les diffamations dont ils étaient victimes furent un choc pour les 500 000 juifs allemands.

      

    Beaucoup de juifs allemands réalisèrent alors pour la première fois de leur vie qu'ils étaient juifs, et les actions des nazis engendrèrent chez eux une nouvelle conscience de soi.

    Le pogrom dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, appelé également la "Nuit de Cristal", mit définitivement fin à l'espoir que la persécution des juifs en Allemagne se terminerait un jour, et fit prendre conscience à beaucoup de juifs allemands du danger auquel étaient exposées leurs vies.

      

    Dans toute l'Allemagne, des synagogues furent brûlées et détruites, environ 7 500 magasins juifs furent saccagés, 90 juifs perdirent leur vie cette nuit-là, et au moins 26 000 juifs furent arrêtés et internés dans les camps de concentration de Dachau, de Sachsenhausen et de Buchenwald, où des centaines de personnes furent assassinées les jours suivants. Beaucoup de juifs, et surtout ceux appartenant au mouvement sioniste, se préparèrent alors à l'émigration en apprenant un nouveau métier et en prenant des cours de langue.

      

    Des centaines de juifs allemands rejoignirent les Brigades internationales, et plusieurs milliers d'exilés juifs allemands combattirent le régime hitlérien au sein des armées alliées et des mouvements de résistance des pays dans lesquels ils résidaient. Mais 150 000 des 500 000 juifs allemands ne purent fuir à l'étranger.  

      

    La Grande-Bretagne ne laissa immigrer dans son protectorat, la Palestine, que 50 000 juifs allemands. Ceux qui restèrent en Allemagne essayèrent de sauver leur dignité en prenant activement part au travail des institutions juives restantes, et s'entraidèrent afin de limiter la détresse des personnes persécutées et menacées de déportation.

      


    Certains se dressèrent contre l'injustice quotidienne et contre les crimes nazis, d'autres essayèrent de survivre à la persécution en se cachant. Les organisations culturelles et caritatives juives qui se mirent en place essayèrent de limiter l'exclusion des juifs de la vie sociale et de remédier au dénuement financier croissant de la population juive exclue de l'économie.

     

      

    La Fédération des juifs d'Allemagne œuvrait sous la direction de Leo Baeck pour la sécurisation sociale des juifs allemands, et organisa la coopération entre les différentes institutions juives pour permettre l'assistance économique et morale des persécutés.

      

    Le refus de la communauté juive de se résigner se manifesta surtout dans le domaine des activités culturelles, dont furent exclus les "non-aryens" dans la société allemande. Des associations de musique, de théâtre, d'Art et de sport renforcèrent leurs activités, et lors de l'exclusion progressive des juifs de l'éducation, un système d'éducation juif fut mis en place.

     

    Le chef d'orchestre et réalisateur Kurt Singer créa en 1933 la "Fédération culturelle des juifs allemands" ("Kulturbund deutscher Juden") pour permettre aux artistes juifs de continuer à exercer leur métier, et pour œuvrer contre l'exclusion des juifs de la vie culturelle en Allemagne.

      

    Mais en 1935, les autorités nazies contraignirent la scène culturelle juive à fonder la "Fédération du Reich des associations culturelles juives" ("Reichsverband der jüdischen Kulturbünde") et placèrent son travail sous le contrôle direct de la Gestapo. Au moyen de cette mesure et de l'interdiction qui fut faite aux "aryens" d'assister aux représentations culturelles juives, la Gestapo transforma la fédération en un instrument de mise à l'écart de la population juive, isolée ainsi dans un ghetto culturel et intellectuel.

      

    Kurt Singer fut arrêté en Hollande en 1940 et déporté à Theresienstadt, où il mourut en février 1944.

     

     

     

    "Chug Chaluzi"

     

    Le groupe sioniste clandestin "Chug Chaluzi" ("Cercle de pionniers") se forma au printemps 1943 autour de Jizchak Schwersenz et d'Edith Wolff. Ses 40 membres, provenant pour la plupart des mouvements de jeunesse sionistes, refusèrent de se résigner.

      

    Ils apportèrent leur aide aux déportés dans les camps de concentration à l'Est et essayèrent de fuir à l'étranger. Edith Wolff, considérée par les nazis comme "métisse de 1er degré", reçut une éducation protestante, mais elle se déclara juive par protestation contre la politique raciale nazie et devint pacifiste et sioniste.

      

    Elle permit à plusieurs persécutés de fuir, avait beaucoup de contacts avec des juifs qui se cachaient, et leur procura des cartes de rationnement.

      

    Lorsqu'en 1941 commença la déportation massive de juifs à Berlin, le groupe parvint à trouver des cachettes à quelques personnes menacées, et fabriqua également des faux-papiers, ce qui sauva la vie à Jizchak Schwersenz lors d'une razzia de la Gestapo.

      

    Celui-ci put fuir en 1944 en Suisse, puis à Haïfa. Edith Wolff fut arrêtée en 1944 par la Gestapo pour avoir procuré des cartes de rationnement à des juifs ; elle put couvrir ses contacts avec des juifs cachés et fut condamnée à une lourde peine de prison. Elle put survivre au régime nazi.

     

     

     

    "Communauté pour la paix et le renouveau"

      


    Werner Scharff fut l'initiateur de la "Communauté pour la paix et le renouveau" ("Gemeinschaft für Frieden und Aufbau"), une association d'aide aux persécutés, à laquelle adhéraient une vingtaine de personnes juives et chrétiennes. Werner Scharff était juif et fut déporté en août 1943 au ghetto de Theresienstadt ; il parvint à fuir un mois plus tard et retourna à Berlin, où il vécut dans la clandestinité.

      

    Il procura à des juifs, grâce à son grand réseau de relations, des faux-papiers et de l'argent, et leur trouva des cachettes. Il écrivit également des tracts pour la "Communauté pour la paix et le renouveau", qui voulait informer la population allemande du véritable caractère du régime nazi, inciter les soldats à déposer les armes, et qui appelait à la résistance contre le nazisme. Ces tracts furent déposés dans des boîtes aux lettres à Berlin et expédiés à des centaines de personnes ; certains purent même être acheminés

      

    clandestinement aux Pays-Bas et en France. En octobre 1944, la Gestapo démantela ce réseau et arrêta Werner Scharff, qui fut assassiné le 16 mars 1945 dans le camp de concentration de Sachsenhausen, quelques semaines avant la libération du camp. Eugen Herman-Friede, un adolescent juif qui avait été caché et protégé par Hans Winkler et qui avait pris part aux activités de la "Communauté pour la paix et le renouveau", fut arrêté le 11 décembre 1944 mais parvint à survivre à sa détention.

      

    La plupart des membres de ce groupe de résistance purent survivre grâce à la confusion qui régnait en Allemagne lors des derniers mois de la guerre.

     

     

     

      

     

    Le groupe de Herbert et Marianne Baum

      


    Herbert Baum et sa femme Marianne, qui luttaient depuis 1933 au sein des jeunesses communistes, fondèrent en 1938-39 un groupe de résistance, dont les membres, des adolescents juifs proches du communisme, diffusèrent des tracts antifascistes et mirent le feu à une exposition anticommuniste organisée à Berlin dans le cadre de la propagande nazie, Le Paradis soviétique ("Das Sowjetparadies").

      

    Les jeunes gens furent arrêtés en 1942 ; une vingtaine d'entre eux furent exécutés, certains, comme Herbert Baum, se suicidèrent dans leur cellule, et les autres résistants moururent en camp de concentration. Les représailles de la Gestapo ne s'arrêtèrent pas là : 500 juifs berlinois furent déportés en camp de concentration à la suite de cette action.

     

     

     

     

     

     

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    RESISTANCE

     

     

     

    Ceux de la Résistance (CDLR)

     

    CDLR est la nouvelle appellation donnée en janvier 1943 à l'Organisation nationale de la Résistance (ONR), créée à Paris par Jacques Lecompte-Boinet en 1942. Cette première formation regroupait principalement les rescapés des antennes en zone Nord du mouvement Combat d'Henri Frenay , mises sur pied par son ami Robert Guédon dès 1940-1941, mais disloquées par une série d'arrestations en février 1942.

     

    Dans le Calvados, l'ONR - puis CDLR - se constituent autour des anciens du réseau Hector, dirigé localement par Guédon et démantelé à l'automne 1941.

    L'initiative en revient à Pierre Bouchard qui a reçu la mission d'organiser localement le mouvement lors d'une rencontre avec Jacques Lecompte-Boinet à Paris, en août 1942.

     

     

     

    Autour de lui, Bouchard rassemble des membres du réseau Hector, tels

    Claude Thomas , Roland Spitzer, Jacques Springinsfeld (20 ans en 1940, ancien pilote de l'Armée de l'Air, secrétaire, professeur particulier - Organisation : Hector ; CDLR ; OCM ; BOA ; ORA - Domicile : Saint-Pierre-sur-Dives),

    Paul Derrien (47 ans en 1940, médecin - Organisation : Hector ; CDLR ; Manipule ; OCM ; ORA - Domicile : Argences), Étienne Lemoigne et de nouveaux compagnons comme le colonel Corbasson ,

    Raymond Triboulet , Emmanuel Robineau ou

    Pierre Comby .

    Ce dernier a installé, place Saint-Sauveur à Caen, une agence de la Société des Tourbières de Normandie, qui dissimule en fait le quartier général de CDLR et sert également de boîte aux lettres.

     

     

     SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.

    André MICHEL  (1910-1942)

    Le groupe se livre à des activités de renseignement, en liaison avec

    le réseau Manipule (rattaché à CDLR) et diffuse également des journaux clandestins.

     

     

     

     

    En février 1943, à la suite de contacts entre Pierre Bouchard et

    Marcel Girard , responsable régional de l'OCM, une fusion entre les deux mouvements est décidée en vue de regrouper les forces de la Résistance.

     

     

     

     

    Dès lors, l'histoire des deux organisations se confond.

     

     

     

     

    Sources

     

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

     

     

     

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    OFFICIERS RUSSES devant des PRISONNIERS ALLEMANDS

    à STALINGRAD

     

     

     

     

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    1944 - FRANCE NORMANDIE

    CAMP de POWd ALLEMANDS CAPTURES LORS

    DU DEBARQUEMENT

     

     

     

     

    1944, France, Sword Beach, Ces POWs allemands ont été regroupés près d'un char M4 "Sherman" sur la plage, à marée montante

     

     

     

     

     

     

     

     

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    1944 - PAYS BAS

    POWs - ALLEMANDS en ligne pour le repas

     

     

     

     

    1944 - PAYS BAS - un GROUPE de POWs ALLEMANDS

    DANS LES BOIS

     

     

     

     

     

     

     

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    Tamari’i volontaires, les Tahitiens dans la

    Seconde Guerre mondiale (exposition)

     

     

     

    Tamari’i volontaires, les Tahitiens dans la

    Seconde Guerre mondiale (exposition)

     

     

    L’association de mémoire, «Les Polynésiens dans la guerre», et la Délégation de la Polynésie française à Paris, organisent du 5 au 26 juin une exposition retraçant l’engagement des Tahitiens lors de la seconde Guerre mondiale.

     

     

     

      

    En cette année de commémoration de la première guerre mondiale et des soixante-dix ans des combats de la libération, l’exposition « Tamari’i volontaires », rendra hommage aux combattants polynésiens qui ont porté secours à la « Mère patrie ».

    Cet événement est le fruit du travail minutieux et exhaustif entrepris par Jean-Christophe Teva Shigetomi, président de l’association, pour retracer les destins individuels de tous ces combattants dont les sacrifices étaient selon lui voués à l’oubli, et dont l’épopée devait être racontée au-delà des seuls faits historiques.

    De par leur chaleureuse humanité et leurs qualités au combat, les « Tamari’i volontaires » ont en effet profondément marqué ceux qui les ont croisés.

    L’exposition proposera des photos, parfois inédites issues des fonds familiaux, et des illustrations de Jean-Louis Saquet tirées du livre Tamari’i volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale, à paraître en juillet.

    « Tamari’i volontaires » : du 5 au 26 juin, du lundi au samedi de 9h à 17h30

    (fermeture le lundi 9 juin).

      

    Adresse : Délégation de la Polynésie française,

    28 boulevard Saint-Germain

     

    – 75005 Paris

    Métro Maubert-Mutualité ou Saint-Michel

      

      

    Tél. : 01 55 42 66 00

    - See more at: http://tahitinews.co/exposition-a-paris-pour-que-les-tamarii-volontaires-ne-soient-jamais-oublies/#sthash.erVvEKFf.dpuf

     

    tamarii-volontaires

     

     

    Initiative mémorielle de l'association « Les Polynésiens dans la guerre », l'exposition est le prélude à la sortie, en août 2014, du livre de Jean-Christophe Teva Shigetomi, le président de l'association, Tamari'i volontaires, les Tahitiens dans la Seconde Guerre mondiale.

     


    Une trentaine de panneaux seront exposés.
     
    Ceux-ci seront illustrés d'extraits du livre suivant sa thématique chronologique. Ils seront constitués de courts textes, de photographies quasi inédites trouvées dans les fonds familiaux et d'aquarelles réalisées pour l'occasion par Jean-Louis Saquet lorsque la photo n'existe pas.
     

    • Exposition en France, à Paris à la Délégation de la Polynésie française, 28 boulevard Saint-Germain, 75005 Paris, en avant-première du 5 au 20 juin 2014 ;

    • Exposition à Tahiti, au Musée de Tahiti et des îles, à Punaauia, du 5 au 19 juillet 2014.
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Immigré. Ferrailleur. Milliardaire. Collabo. Résistant.

    Criminel pour certains, héros pour d’autres…

    Joseph Joanovici fut tout cela, et bien plus encore.

    Voici son histoire.
    Joinovici

              

    “IL ÉTAIT UNE FOIS EN FRANCE” conte l’histoire de JOSEPH JOANOVICI, juif roumain devenu l’homme le plus riche de France pendant l’Occupation.
     

        Ferrailleur, collabo, résistant, il fut pour certains un criminel, pour d’autres un héros. C’est le cheminement de ce personnage ambigu baptisé le “roi de Paris” par ceux qui ont croisé sa route, que relate avec justesse cette saga au thème
    délicat. “Monsieur JOSEPH” se confie sur son lit de mort aux côtés de LUCIE-FER, celle qui fut sa plus fidèle compagne.  
    Intelligence avec l’ennemi, corruption de fonctionnaires, contrebande, enrichissement personnel et même meurtre seront
    reprochés à la Libération à celui qui possédait pendant l’Occupation un appartement en plein coeur de la préfecture de police. 
    Portant fièrement la rosette de la résistance, JOSEPH reçoit les plus huppés du Tout-Paris, alors que de sombres nuages annoncent la fin de son règne.   

    couverture_def

          TOME I – L’empire de Monsieur Joseph

    1905, Roumanie. Deux enfants juifs se cachent pour échapper à l’un de ces terribles pogroms qui ravagent l’Europe de l’Est. Il se nomme JOSEPH, elle s’appelle EVA. Ils s’aiment, et se marient quelques années plus tard…

       

    1965, Clichy. JOSEPH JOANOVICI se meurt, dans un appartement miteux, sous le regard de sa plus fidèle compagne, Lucie Schmidt, surnommée « LUCIE-FER ».

      Sous leur fenêtre, un homme mystérieux attend depuis des jours…       Cet homme est le JUGE LEGENTIL, ennemi juré de Joseph Joanovici.    Tandis qu’il guette la mort de Joseph, Legentil revit les événements du printemps 1947, alors qu’il tentait de mettre sous les verrous Joanovici, devenu le plus puissant « caïd » de Paris, avec à ses ordres une armée de policiers corrompus…  

    D’époque en époque, c’est toute la montée en puissance de Joseph Joanovici que nous allons revivre, mais aussi les heures les plus sombres de son règne : arrivé à Clichy en 1925 avec sa femme Eva, embauché par son oncle ferrailleur, Joseph fait preuve de talent et d’intelligence… Et il ne s’embarrasse pas de scrupules.

        De la Ligne Maginot à l’Allemagne hitlérienne, nombreux sont les endroits où il peut vendre son métal…  

    Comment cet homme, orphelin et illettré, a-t-il pu, en quelques années, devenir un redoutable milliardaire ?

     Comment un même personnage peut-il être à la fois décoré comme résistant, et suspecté de haute trahison ?

       

    Ascension et chute vertigineuses d’un personnage charismatique et ambigu, dont la vie fut en elle-même une des plus grandes épopées criminelles du 20ème siècle…

          

    Fabien Nury et Sylvain Vallée décrivent sans fard ni parti pris ces heures sombres de notre Histoire et tracent avec cet album le premier chapitre d’une extraordinaire saga, prévue en six épisodes

        

    TOME 1:

      "L'EMPIRE DE MONSIEUR JOSEPH" en librairie le 4 OCTOBRE.

    4 PLANCHES EXTRAITES DU TOME1:
     
    http://sylvainvallee.canalblog.com/archives/2007/08/07/5829548

      

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    Juin 1944 ... le bac malgré tout !

      

      

    A l'occasion des Journées du patrimoine (les 20 et 21 septembre), une exposition consacrée au baccalauréat 1944 en Normandie est organisée par le rectorat de l'Académie de Caen en partenariat avec les Archives départementales du Calvados.

    Avec le Débarquement des Alliés en Normandie, la session du baccalauréat 1944 a été fortement perturbée. Non pas tant les épreuves – la plupart d'entre elles s'étant tenues avant le 6 juin – que la période qui s'ensuivie.

      

    Difficultés à se déplacer pour les correcteurs et les candidats, copies détruites ou égarées, résultats lacunaires. Par souci d'équité et malgré les difficultés matérielles en cette période de pénurie – notamment de papier !–, une nouvelle session est organisée par les administrations rectorale et ministérielle.

      

    Des autorités qui malgré toutes ces contraintes cherche à ne pas "brader" le diplôme.

      

      

    Les documents retrouvés dans le carton T1696 des ADC attestent donc à la fois du maintien des exigences du baccalauréat et de la continuité du service public d'éducation et ce dans les circonstances exceptionnelles de l'été et

    de l'automne 44 en Normandie .

    -------

    Le 20 septembre de 10 heures à 17 heures et le 21 septembre de 14 heures à 17 heures au Rectorat de l'académie de Caen, 168, rue Caponière, 14000 Caen.

     

     

     

     

     

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     Les enfants perdus © 2009 Prod du Lagon

     

    Les souvenirs les plus lointains de Bernard Storch sont flous :

      

    il voit une femme en larmes sur un quai de gare, un mouchoir blanc agité dans le vacarme. Il avait juste 3 ans et le train quittait Berlin pour l'emmener en France. Là, à peine débarqué de son wagon-pouponnière, il avait été placé dans une famille nourricière, où il fut longtemps roué de coups et traité comme un chien. Il apprendra plus tard que cette marâtre enragée qui semblait le haïr avait perdu son mari à la guerre.

      

    Lui était né, en Allemagne, de la rencontre de sa mère biologique avec un prisonnier français - tout comme naîtront, en France, bien des bébés de père allemand ! Combien sont-ils, ceux qu'on a appelés les « enfants de la honte », fruits de ces liaisons coupables - et sévèrement réprimées ?

      

    Arrachés à leur foyer par les batailles et les aléas de la guerre, ils sont des enfants de l'amour conçus dans le chaos. Tant d'années après, les blessures restent parfois béantes et certains recherchent désespérément, aujourd'hui encore, un père, un frère ou une soeur.

    Vidée de ses 20 millions d'hommes mobilisés dans la Wehrmacht et envoyés sur tous les fronts, l'Allemagne, exsangue, va faire appel à la main-d'oeuvre étrangère pour soutenir son effort de guerre.

      

    Toujours prompt à collaborer, Pétain crée, en septembre 1942, le Service du Travail obligatoire : 650 000 jeunes Français seront ainsi réquisitionnés outre-Rhin,

    et 250 000 prisonniers transformés en travailleurs civils. «

      

    C'est la première fois qu'une nation livrait ses populations à l'ennemi », note un de ces exilés forcés. « On sentait que l'Histoire ne comprendrait pas comment des anciens combattants de 14/18, couverts de gloire, avaient pu vendre ainsi leurs enfants. »

     

    Avec pudeur et justesse, le film de Jean-Pierre Carlon montre comment, dans un pays qui n'est plus peuplé que d'enfants et de vieillards, au coeur de ce conflit meurtrier, des jeunes gens officiellement « ennemis » ont pu s'aimer, défiant les interdits et bravant les périls.

      

    « Il avait toutes les qualités et elle l'a aimé toute sa vie », dit cette Berlinoise née d'un père français qui, rapatrié trois mois avant sa naissance, n'est jamais revenu. Une autre :

      

    « Aussi loin que je me souvienne, ma mère m'a toujours parlé de cet homme qu'elle aimait, et qui était mon père. Et jusqu'à sa mort, elle n'a pas cessé d'en parler. » Sur une photo de ces temps incertains, un jeune couple, assis dans l'herbe, se tient par la main en fixant l'horizon, là où leur aventure, fatalement, se perdra un jour...

    Ces femmes ont vécu des liaisons cachées, douloureuses, elles ont aimé et il n'en reste que des traces, quelques images jaunies, des mots à l'encre passée, et la morsure des souvenirs.

      

    Quant à leurs enfants, ils auront traversé la vie en compagnie des fantômes de ces histoires cent fois racontées. « Il devait retourner en France provisoirement.

    C'est ce qu'il a dit. Et ça a été pour toujours... »

    Pour ces enfants perdus, il existe quelque part, loin dans le temps et dans l'espace, une sorte d'éternel prince charmant, sublimé, inaccessible. « Je suis née en décembre 1945. La guerre était fi nie. Les Français sont rentrés chez eux. » Sur les films de l'époque, des trains s'ébranlent en grinçant, aux fenêtres des hommes envoient des baisers.

      

    Ils laissent derrière eux le souvenir d'étreintes furtives, des serments murmurés, et des torrents de larmes. Et, bien souvent, des enfants qui ne comprennent pas, qui ne comprendront jamais, comme le montre ce beau film baigné d'une sorte de mélancolie douce portée par quelques notes de piano.

     La plupart des enfants nés de ces relations clandestines ont connu la honte

    d'avoir un père appartenant au camp ennemi, ils ont subi les moqueries ou les insultes : l'innocence balayée dans une cour de récréation...

      

    Ils ont surtout souffert d'avoir longtemps ignoré l'existence de cet homme, et de ne l'avoir jamais connu. Persuadés d'être le fruit d'un grand amour, des années après ils se lancent sur les pas de ces inconnus souvent morts depuis longtemps, ils refont le chemin à l'envers pour retrouver la trace de ce père fantasmé sans lequel ils n'imaginent pas pouvoir se construire, et dont il ne reste que quelques lettres froissées, quelques mauvais clichés, ou les registres poussiéreux de la Wehrmacht.

      

    Allemand, cet homme a découvert qu'il avait un père français lorsque, à la mort de sa mère, il a vendu un secrétaire où se trouvait un tiroir secret renfermant des lettres et des photos.

      

    « Ma mère ne m'en avait jamais parlé. Sans ce secrétaire, je n'aurais rien su de mon histoire. »

      

    S'ils se lancent dans de longues et difficiles recherches, c'est juste pour obtenir des informations sur ce père inconnu, découvrir son visage, savoir où se trouve sa sépulture afin d'y déposer une gerbe, se recueillir quelques instants, et clore cette histoire dans le silence des tombeaux.

    Rien d'autre.

    Aucune arrière-pensée, pas de quête de reconnaissance ou d'un quelconque héritage.

    Ils ont fait leur vie, même amputés d'une part de leur identité, et ont appris à apprivoiser ces manques qui, simplement, les submergent encore par instants.

     

     

     

    http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20130418.OBS6290/les

    -enfants-de-la-honte-nes-en-allemagne-de-pere-francais.html 

     

     

     

     

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    « Née de la honte »

    Enfant d'un Lebensborn et de la guerre froide, Katrine reflète une identité aussi complexe que les années d'après-guerre.

     

    Katrine a grandi en Allemagne de l'Est. En ce début des années 1970, elle vit en Norvège.

    Née d'une liaison entre un soldat allemand SS et une Norvégienne,

    " elle est ce qu'on nomma une « enfant de la honte ».

      

    Quand un avocat, après la chute du mur de Berlin, lui demande de témoigner dans un procès au nom de ces enfants maltraités, Katrine refuse.

    Mais les différentes strates de son passé refont peu à peu surface en elle, révélant une identité complexe, tel un feuilleté temporel : plus le personnage est creusé, que ce soit par sa fille, sa mère, l'avocat, elle-même, plus les secrets remontent et la figure se brouille, se fissure, se perd.

      

    Katrine devient un être palimpseste dont les récits des vies successives nous troublent. Elle est, pleinement, un personnage historique, du moins peuplé d'histoires multiples et contradictoires.

     

    La strate la plus ancienne de son identité prend racine en 1935, avant sa naissance, quand le Reichsführer SS Heinrich Himmler, obsédé par l'idée de pureté raciale, fonde les Lebensborn, ces centres où l'on fait naître et où l'on élève des enfants correspondant à l'idéal type nazi.

     

    A la fin de la guerre, dix ans plus tard,12 000 enfants de Lebensborn ont été procréés, pour la plupart par des SS, avec des femmes qui, y compris dans les pays occupés, correspondaient au type aryen. En Norvège, pays occupé de 1940 à 1945, la politique raciale, eugéniste et nataliste a été particulièrement active.

      

    Himmler considérait en effet le peuple norvégien, « issu des Vikings », comme bien adapté au plan de reproduction aryen. 250 enfants, triés sur le volet, furent directement placés par les nazis dans les Lebensborn allemands entre 1943 et 1945, en particulier à Sonnenwiese, un orphelinat du régime en Saxe, près d'Altenbourg.

      

    Katrine fait partie de ces centaines de bébés « d'élite » devenus, en quelques mois, de la « graine de SS », dont personne, en 1945, ne veut plus. Ayant perdu leur état civil, germanisés, la plupart s'égarent dans les tourments de l'après-guerre.

    Une deuxième strate affleure alors dans la vie de Katrine : celle de sa jeunesse est-allemande, entre guerre froide et éducation « progressiste ». Très tôt, elle a attiré l'attention du ministère de la Sécurité d'État, la Stasi. Comme elle bénéficie de la double nationalité on lui permet de retourner dans son pays d'origine pour retrouver sa mère, à condition de servir le régime en le renseignant.

    Le film de Georg Maas s'appuie sur des faits réels et une politique mise au point par la Stasi. Surveillés de près, ils infiltrent de nombreux pays d'Europe, notamment la Norvège, au cours des années 1970. Actifs quelque temps, ils cessent peu à peu leur mission de renseignement, puis s'évanouissent au moment de la chute du Mur, quand la Stasi détruit leurs dossiers d'archives.

    C'est à ce moment-là que commence D'une vie à l'autre, alors qu'il est impossible pour le spectateur de déterminer la véritable identité de Katrine. Est-elle une « bonne fille » et une « bonne mère » voulant à tout prix oublier un trauma lointain ? Une enfant de l'histoire manipulée contre son gré par une police politique cynique qui s'insinue partout ? Une espionne que rien n'arrête, formée à l'école de l'idéologie de la RDA ?

    La grande intelligence historique et dramatique du film consiste à ne pas choisir, oscillant entre les registres de l'espionnage, du drame familial, de l'enquête sur les secrets du passé et s'imposant in fine comme le dernier rejeton cinématographique - d'autant plus impressionnant - de la guerre froide.

    G. Maas, D'une vie à l'autre ,

    Par Antoine de Baecque
     
     
     
     http://www.histoire.presse.fr/agenda/cinema/vie-a-autre-allemagne-entre-deux-mondes-16-12-2013-80279
     
     
     
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    Avec peine, elle descendit de la voiture en s’accrochant à la portière noire et luisante.

     

    Le soldat qui l’avait conduite de la gare jusqu’ici lui tendit la main pour l’aider, puis une fois debout, il lui attrapa sa valise.

     

    C’était fou comme chaque mouvement lui faisait sentir qu’elle était une baleine inapte au moindre mouvement de la vie quotidienne.

     

    » Merci, Oberschütze.

     

    - De rien, madame. Veuillez me suivre. »

     

    Avec de grands yeux eberlués, elle regardait alentour. Ils avaient passé un premier avant poste un peu plus tôt, à l’entrée du parc. Ils étaient maintenant arrivés dans la cour gravillonnée

     

    du manoir.

     

    Deux grandes tentures noires avec les insignes de la SS étaient suspendues sur la facade, encadrant une grande porte de bois teinté. Il y avait au moins 4 étages, dont les rangées de fenêtres bien exposées devaient inonder l’intérieur de cette superbe lumière de

     

     

    début d’après midi.

     

     

    Une terrasse était aménagée devant, avec quelques bancs sur lesquels 3 femmes étaient assises, discutant calmement en pouponnant des bébés dont les magnifiques berceaux blancs immaculés ressemblaient à de petits nuages. Le manoir dominait le parc arboré, donnant une vue incroyable sur les forêts alentours.

     

    Ca ressemblait à un rêve.

     

    En haut des marches, une femme plutôt replète les attendait en souriant. Anke essaya de ne pas paraître trop essoufflée en grimpant.

     

    « Willkommen, Anke Hauptmann. Je suis Anna, l’intendante du Lebensborn.

     

    J’espère que le voyage n’a pas été trop éprouvant depuis Munich…

     

    Souhaitez vous un rafrachissement?

     

    Je vous amènerai ensuite au Dr Otto Offenbach.

     

    - Je veux bien un peu d’eau oui, et me changer après mon voyage si c’est possible.

     

    - Bien sûr. Veuillez me suivre. Merci soldat. » fit-elle en prenant la valise.

     

    Anke suivit la femme dans le manoir, ne cessant d’observer les magnifiques lambris, les appliques travaillées, et le parfum de bois chaud qui régnait dans les couloirs.

     

    Elle prit un verre d’eau au réfectoire, puis se changea et brossa ses cheveux blonds pour qu’ils brillent de nouveau.

     

     

    Afficher l'image d'origine  

    Elle se pinça les joues pour qu’elles rosissent, puis se sentit prête pour l’examen médical.

     

    Elle souffla un grand coup.

      

    Tout allait se décider maintenant.

     

    Anna l’emmena dans l’aile médicale et l’introduit dans le bureau du médecin. Il était assis à son bureau, à contre-jour, et était en train de lire un dossier.

     

    A son entrée, il releva la tête, et sourit.

     

    « Aaah… Madame Hauptmann ! Nous vous attendions!

     

    - Enchantée, docteur, fit-elle avec un petit salut gêné.

     

    - Venez donc vous asseoir ici. »

     

    Elle traversa lentement la pièce, impressionnante, avec ses vitrines regorgeant de crânes , ses gravures de corps nus aux murs et ses immenses bibliothèques pleines de livre et de dossiers.

     

    Dans un coin, un paravent était installé avec une table d’examen.

     

     

    Adolf Wissel : La famille paysanne Kalenberger.  

    Le médecin sortit une liasse de papier, sans doute son dossier, alors qu’elle s’asseyait.

     

    « Bien Mme Hauptmann.

     

    Avant de commencer, j’aimerai résumer votre situation, afin de corriger éventuellement les erreurs d’interprétation qui auraient pu avoir lieu dans les échanges courriers que nous avons entretenu.

     

    - Bien.

     

    - Vous êtes Anke Hauptmann, née le 7 octobre 1914 à Munich, vous avez 26 ans. Vous êtes issue d’une famille allemande dont nous avons retrouvé un lien de parenté de noblesse au niveau de votre arrière grand mère.

      

    Vous êtes de confession catholique, comme le reste de votre famille. Vous n’avez pas de maladie, pas d’allergies, vous pratiquiez activement les activité sportives avant d’avoir votre état. Vous avez participé à la Bund Deutscher Mäde sur votre propre demande afin d’apprendre à servir le Fûhrer. C’est bien cela?

     

    - Tout à fait, Herr Doktor.

     

    - Pouvez vous me dire dans quelle mesure vous souhaitez participer au programme Lebensborn? »

     

    Elle avala difficilement sa salive.

     

    De tout l’examen, c’était cette partie qu’elle redoutait le plus, notamment de se mettre à pleurer idiotement.

     

     

     

     

     

    » J’ai été mariée l’année dernière à Heinrich Haagen, Rottenführer de la Waffen SS.

     

    Je suis tombée enceinte rapidement, mais mon mari… il… il a eu un accident de voiture pendant son service… il est décédé.

      

    J’aurai élevé mon enfant avec lui pour qu’il serve le Führer quoi qu’il se passe, mais la pension de veuvage ne me permet plus de lui enseigner le meilleur.

     

    On nous avait parlé des Lebensborn au Bund Deutscher Mäde et… j’ai pensé que c’était le seul moyen de permettre à mon enfant de s’en sortir. »

     

     

     

     

     

    Ce faisant, elle ne cessait de caresser son ventre maintenant bien rond du 9eme mois.

     

    Son enfant donnait des coups, et elle y voyait le signe que ce qu’elle faisait était le bon choix. Le médecin n’avait cessé de hocher la tête, souriant maintenant largement.

     

    » Vous semblez être une personne exemplaire, meine Liebe. A mon tour de vous expliquer à quoi vous vous engagez en rentrant ici. Les Lebensborn sont des maternités du service public,

     

    dont les soins sont proposés aux femmes les plus pures et les plus respectables afin d’enfanter dans un cadre sécuritaire.

      

    En effet, nous proposons par la suite aux enfants une éducation dans l’amour du Führer et nous les élevons pour qu’ils soient plus tard l’élite de notre peuple.

     

     

    Afficher l'image d'origine  

    Nous prenons en charge vos soins, nous vous logeons, nous vous permettrons de finir votre grossesse dans un cadre serein et idyllique. Votre enfant et vous même toucherez une allocation pour le don que vous faites au Führer.

      

      

    L’argent pour votre enfant sera placé sur un compte en banque, dont il aura le bénéfice à sa majorité.

     

    En revanche, vous comprenez qu’un enfant ne peut être élevé jusqu’à sa majorité que dans une famille SS, afin de bénéficier chaque jour des préceptes nazis.

     

    Après la naissance, vous effectuerez vous même le don de votre enfant à la famille de votre choix parmis celles que nous vous proposerons.

    Vous serez ensuite libre de partir, ou de rester parmi nous. »

     

    Anke caressa de plus belle son ventre.

     

    Elle savait qu’elle devrait se séparer de son enfant.

     

    C’était la plus grosse épreuve qu’elle subirait de sa vie, mais elle ne vivait et ne respirait que pour le Führer, et elle se devait de faire ce don.

    C’était aussi ce qu’aurait souhaité Heinrich.

     

     

     

    » Soit. Tout cela me convient au plus haut point.

     

    - Bien, fit le médecin en souriant. Je ne vous cache pas que vous bénéficierez d’un traitement de faveur si vous participez à notre programme.

     

    Vous n’êtes pas sans savoir que vous êtes née le même jour que Himmler, le fondateur de tout cela »

    fit-il en embrassant la pièce d’un large mouvement de bras.

     

    Bien sûr qu’elle le savait. C’était une de ses plus grandes fiertés.

     

    » Passons à l’examen. »

     

    Par la suite, un long temps fut consacré tout d’abord

    à son examen racial.

     

    Elle eut une radio de la face, dont le médecin passa de longues minutes à mesurer les différents segments afin de calculer l’indice de pureté de son sang. Il mesura son tour de crane et la caractérisa dolichocéphale, ce qui était parfait.

     

     

      

     

     

    Il lui coupa une mèche de cheveux, qu’il compara avec d’autres teintes, analysa sa carnation.

     

    Il la mesura, regarda ses yeux et lui fit passer un test de vision.

     

    Elle se tenait droite, n’avait pas de scoliose.

     

     

      

    Elle approchait de la perfection, et le médecin se frottait les mains à l’idée d’avoir un exemplaire parfait de la race Aryenne dans ses rangs.

     

    Le père était mort, peu importait de toute manière, il était de la SS et possédait donc des caractéristiques morales parfaites.

     

    Il avait lui aussi une généalogie allemande pure.

     

    Quand bien même l’enfant actuel aurait des défauts physiques, il suffirait de le faire mourir vite, et de motiver la femme à rester parmi eux pour l’associer à des exemplaires masculins aryens parfaits également.

     

     

     

    Il allait envoyer un rapport à l’öberführer Gregor Ebner sitôt l’examen terminé, car cette Anke possédait un indice de pureté rarement atteint.

     

    Une fois l’examen racial terminé vint l’examen gynécologique, rapidement fait, car cela intéressait beaucoup moins le doktor.

     

    L’enfant bougeait, il avait écouté son rythme cardiaque avec un stéthoscope de Pinard, la hauteur utérine était bonne, la prise de poids aussi.

     

    La tension parfaite.

      

    Le Toucher Vaginal trouvait un bassin d’une bonne taille, l’enfant passera sans problème.

     

    Bref, tout allait bien.

     

    Il compléta le dossier avec les différents indices raciaux et les données de la grossesse.

     

    » Bien, nous vous accueillons avec plaisir dans notre établissement. Vous aurez l’occasion de croiser d’autres femmes ; certaines ne sont pas enceintes mais acceptent de procréer avec de parfaits soldats de la waffen SS.

     

      

    D’autres sont comme vous, enceintes, de différents stades.

     

    D’autres encore ont accouché.

    Si certaines choses vous posent question, n’hésitez pas à vous diriger vers Anna.

     

    Elle va vous mener aux sages femmes, pour vous les présenter.

     

    Puis elle vous montrera vos quartiers.

    Bienvenue chez nous. »

     

    Anke soupira de soulagement.

     

    Elle avait tellement eu peur de ne pas être prise !

      

    L’horizon s’éclairait, elle avait un avenir.

     

    Elle était fière d’elle, fière de son sang.

     

     

    Une quinzaine de jours plus tard, Anke accoucha parfaitement d’un petit garçon, qu’elle ne pu prénommer car il portera un autre nom et une autre identité lorsqu’il sera donné.

     

    Tout cela sera consigné dans un dossier secret.

     

    Mais elle était heureuse, car elle avait le droit d’avoir son enfant avec elle pendant 2 mois, pendant lequel elle pouvait le pouponner la journée et lui donner le biberon; la nuit les enfants dormaient avec les sages-femmes dans la nurserie.

     

      

    Ce soir, elle essayait de réconforter sa voisine de lit, Angela, en lui lisant le dernier exemplaire de NS-Frauen-Warte.

     

    L’enfant d’Angela était décédé dans son sommeil l’avant-veille.

     

    En son for intérieur, Anke trouvait que le hasard avait bien fait les choses, car l’enfant avait un méchant pied bot.

      

    Certaines mauvaises filles disaient que c’étaient les sages-femmes qui tuaient les enfants qui n’étaient pas beaux et malades, mais Anke ne les croyait pas, car elles étaient toutes très gentilles et attentionnées avec les bébés.

      

    Tout ça parce que le bébé de Jütta était mort à la naissance,

    avec son bec de lièvre affreux.

      

    Mais Anke savait que beaucoup de bébés avaient des malformations, et que souvent ils en mourraient. Jütta disait qu’elle avait vu la sage-femme l’étouffer avec du coton mais honnêtement, c’est sans doute parce qu’elle avait du mal à faire son deuil…

     

    Les enfants avaient des examens médicaux très réguliers, où le doktor mesurait le développement du crâne et de la stature.

     

    Anke était très fière que son fils soit si fort, il tenait déjà presque sa tête !

     

    Elle avait déjà eu un premier entretien avec le doktor pour réfléchir à la famille qui adopterait son fils.

      

    Elle avait déjà une préférence pour l’une d’entre elle.

     

    L’équipe n’arrêtait pas de dire que Anke était la plus remarquable de toutes les femmes, et

     

     

    cela suscitait même quelques jalousies.

      

    Le Doktor lui avait même confirmé que si elle voulait rester pour continuer à participer au programme et donner ses enfants au Führer, elle pourrait avoir une médaille, la croix des mères allemandes, remise par Himmler lui même.

     

     

      

    Déjà qu’elle avait reçu un cadeau de ce dernier pour la naissance de son enfant… une plaquette du plus bon chocolat qu’elle avait jamais goûté !

      

    Ainsi qu’un exemplaire de « Mères, parlez-lui d’Adolf Hitler » de Johanna H., qui expliquait comme inculquer les valeurs morales nazies dès le plus jeune âge.

      

    Elle se sentait privilégiée.

     

    Le surlendemain, toujours la nuit, ce fut la fille d’Elga qui décéda.

      

    Elle s’était étouffée dans son lait et la sage-femme n’avait rien pu faire.

      

    Enfin, il se disait que Elga avait dû mentir et avoir son enfant avec un juif, parce que sa petite avait un nez crochu.

      

     

     

    Dieu décidait donc un peu en faveur des Aryens, c’en était la preuve tangible. Anke avait du mal à comprendre pourquoi Elga était si triste, qu’elle pleure un peu, bon, cela passait, mais qu’elle s’enferme ainsi dans les toilettes pendant toute la journée… elle le savait que sa fille avait des mauvais scores raciaux non?

     

     

     

    La semaine suivante, une vingtaine d’enfants arriva au Lebensborn. Ils étaient tous blonds, aux yeux bleus, tout crottés du voyage.

      

    Certains étaient plus beaux que d’autres, et aucun ne savait parler allemand. Il semblerait qu’ils soient suédois. Ils avaient été trouvés dans les campagnes, abandonnés par leurs parents, expliquaient un des soldats SS qui les avait amenés.

      

    Les soldats du front avaient décidé de se rationner pour leur donner à manger et avaient décidé de les rapatrier chez nous, en allemagne, pour qu’ils soient soignés et nourris.

      

    Anke en avait eu les larmes aux yeux d’émotion devant tant de bonté de la part des soldats, qui ne devaient pourtant rien à ces méchants qui refusaient obstinément de rejoindre le Reich – chose qu’elle ne comprenait décidément pas.

     

    Beaucoup des enfants pleuraient, et les femmes aidèrent les sages-femmes complètement dépassées par le nombre à les laver, les habiller et les réconforter en attendant leur passage avec le doktor.

      

    Ils furent ensuite triés en deux groupes :

     

    certains furent amenés dans un dortoir dépendant de la nurserie, les autres furent emmenés dans un camion – les voitures étaient trop petite pour tous les emmener! – et Anna leur expliqua qu’ils rejoignaient un autre orphelinat car ici on ne pouvait accueillir que les enfants les plus purs.

     

     

    Anke ne savait pas à l’époque que c’était bien vers les camps que ces enfants étaient emmenés pour être gazés, et c’est les yeux embués d’amour pour sa patrie qu’elle secoua la main en réponse aux cris émanant du camion.

     

    NB: N’oublions pas que la france participa également au programme, établissant une Lebensborn de ce type à Lamorlaye, en Picardie…

     

    Sources:

     

     

     

    http://ellislynen.free.fr/?p=214#sthash.g7fbPPJf.dpbs 

     

     

     

     
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    L'organisation de la résistance dans la Double.

     Origine et évolution du groupe PAUL-HENRI

     

    le groupe .gif (62537 octets)Cette description s'inspire trés largement et trés librement de celle donnée dans : 1944-1945. La résistance en Dordogne. Du groupe Paul-Henri à la 7ème compagnie par M.D et l'Amicale des Anciens du Groupe Paul-Henri.

     

    En juin 43, Goldmann dit "Mireille" fonde le maquis Sanglier dans la forêt de Liorac en Dordogne. Ce maquis accueille les réfractaires au STO. En août, il s'installe à St Alvère et deviendra le Poste de Commandement départemental. La 2ème section de la compagnie est commandée par le lieutenant "Roland" Clée.

     

    Le 17 août 43, le camp ayant été encerclé, ils déménagent près de Neuvic, au Thoriac. Mais après une dénonciation d'un dénommé Bodin, le groupe se disperse. 45 hommes s'installent à St Vincent de Connezac, au lieu-dit le Maine du Puy.

     

    A cause de Bodin, le camp est encerclé : les Allemands font 2 morts, 2 blessés et 36 prisonniers qui seront déportés. Bodin est lui décoré par Vichy.

     

    En novembre 43, Roland devient le chef du camp.

     

    Un groupe franc se forme, il est composé de 8 hommes et d'un officier (Roland) déterminés et entrainés aux actions de commando ; il accompagne tous les camps qui se déplacent.

     

    Le bataillon (Jean Bart) s'installe à Mensignac en juin 44. Ils sont rejoints par la section de gendarmerie de Ribérac, menée par le chef Labadie, avec son matériel et par la police urbaine de Périgueux.

     

    Le camp comprend 40 hommes, plus le corps franc et les services. Il est trés bien organisé et la discipline y règne.

     

    Mais aprés le combat de La Feuillade ( 22 juin 1944) qui fait 4 tués et de gros dégâts matériels, il faut renoncer aux grandes concentrations de FFI et revenir au système des maquis. Le camp Jean Bart se divise en plusieurs groupes. Le lieutenant Henri Merle et le chef Paul Labadie, assistés de l'adjudant-chef Denis, gagnent la Double et forment le groupe Paul-Henri qui prend naissance à la Servantie, sur la commune de Saint-Germain du Salembre.

     

    La petite compagnie composée de 3 sections commandées par Labadie et Merle, stationne à la Servantie une quinzaine de jours. Mais elle est repérée et doit opérer une série de déplacements dans la Double. Elle participe à des cérémonies patriotiques à l'occasion du 14 juillet et à un parachutage important près de Douzillac le 18 juillet.

     

    Vers le 20 juillet, les effectifs ont grossi et le commandement décide de disperser les troupes: la 1ère section, commandée par Denis, se rend à la Martinière. La 2ème section dont le chef est Plumard, s'installe à la Servantie. Le PC s'installe à la Siboutie, sur la commune de Saint-Jean d'Ataux. Les 3 centres sont à quelques kilomètres les uns des autres et restent constamment en liaison.

     

    roland.jpg (38164 octets)

     

     

     

    http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/CHBretinNeuvic/resist03/resist/legroupe.htm

     

     

    ESPINASSE: un désastre dans la Double

     

     

      

      

     Carte-maquis.jpg (136561 octets) 

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Le groupe Paul-Henri est cantonné à la Servantie. Les hommes se doutent que l'occupant bouge beaucoup dans la Double et que partout où il passe, il laisse des traces indélébiles. En juin 1944, les nazis avaient brûlé Oradour et exterminé les habitants. Le groupe est sur ses gardes, fébrile et anxieux.

     

     

    Les hommes chargés du ravitaillement ne sortent plus et depuis trois jours, ils ne mangent que de la confiture.

     

    Le matin du 27 juillet, quelques camarades d'un autre groupe viennent les voir à leur campement pour les informer de l'attaque de la Martinière où se trouvent leurs copains. La veille, ils ont capturé un dénommé Duriez et l'adjudant-chef, persuadé qu'il est leur ami, a fait l'erreur de le libérer. La vengeance ne va pas tarder.

     

    Leurs chefs les font mettre en embuscade. Plusieurs barrages sont mis en place sur tous les axes routiers principaux, chemins de repli possible de l'ennemi. Quant au groupe Paul-Henri que peut-il faire d'autre? Une trentaine d'hommes se retrouve face à une colonne allemande armée jusqu'aux dents. Enfin, avec un fusil mitrailleur sur le capot du camion, le groupe est dirigé vers la cabane de Cranillière, située au carrefour de la route allant du Moulin de Landry à St Astier.

      

    C'est le chemin de repli possible et même probable des Allemands venant de la Martinière. En bons patriotes, ils sont persuadés qu'avec leurs faibles moyens, leur action fera partie d'un ensemble qui permettra de chasser hors de France ces hordes de sauvages nazis.

     

    En descendant de la Servantie, en passant par le bourg de Saint-Germain du Salembre, un maquisard du groupe voit son frère et lui crie: "Surtout ne dis pas à la maman que tu nous a vus..."

     

    Le groupe en embuscade surplombe la route; les bois à côté permettant un repli éventuel, il attend le passage des Allemands.

     

    Pendant ce temps, une trentaine de patriotes du camp de Virolles -le groupe François- arrive au secours du groupe de la Martinière.

     

    La suite des évènements est connue par le récit qu'en a fait Bordage, du groupe François, seul rescapé de la bagarre d'Espinasse.

     

    Le groupe est transporté par un camion conduit par Jeannot Magne. Le curé de Chantérac qui se trouve à St Germain (et qui les rejoindra plus tard) les arrête et leur dit : "N'y allez pas les gars, ils sont trop nombreux vous serez tous tués.

      

      

    Ils brûlent les villages et massacrent tout sur leur passage".

      

    Mais ils ne croient pas les paroles du curé et partent quand même.

     

    Arrêtés à la fontaine de Maillepot, ils rencontrent le dénommé Bénard. Cet homme était arrivé à St Germain en 1940. Par ses flatteries et sa "gentillesse" il avait, durant des années, mis la jeunesse en confiance et les moins jeunes aussi. Il passait dans les villages avec son vélo pour vendre des journaux: on le surnommait "Paris Soir". Jeannot Magne le connaissait bien.

      

    Il leur dit: "Ecoutez les gars, n'allez pas à la Martinière! cachez vous plutôt dans le lit du Salembre. Les Allemands vont passer sur cette route: vous pourrez arroser et ensuite vous cachez dans les champs de maïs." L'idée paraissant logique, les hommes du groupe François, se mettent en position.

     

    Le groupe Paul-Henri attend toujours à la cabane de Cranillière. Les ventres sont creux et l'après-midi avance. Tout à coup, le groupe voit les Allemands au village de Parantie où ils prennent position. Ils sont abasourdis, car les Allemands ne passent pas sur la route où ils les attendent.

     

    Que se passe-t-il? Le groupe regarde, de plus en plus inquiet. Bientôt des rafales de mitrailleuse leur percent les tympans.

     

    Parentie est un village sur la colline de la rive droite du Salembre: cette position domine l'autre versant et la vallée du Salembre où se trouvent les 30 gars du groupe François. Ils se replient en se camouflant dans les maïs vers le village d'Espinasse mais les Allemands les poursuivent par un mouvement tournant. C'est le massacre.

     

     

    rolandstgermain.jpg (20852 octets)

     

    Le groupe sait que l'ennemi a été informé de la présence des maquisards dans le lit du Salembre.

     

    La colonne ennemie arrive au village, avec à sa tête le fameux Duriez ( libéré la veille ). Les nazis capturent les habitants, les alignent contre le mur. Certains essaient de fuir ... en vain.

      

    Il n'y a qu'un seul survivant.

      

    Puis les Allemands mettent le feu aux maisons.

     

    Un officier se charge de donner le coup de grâce aux jeunes maquisards étendus dans les champs de maïs ou de pommes de terre.

     

    C'est là que Bordage a la vie sauve.

     

    Blessé aux jambes il ne peut guère bouger.

     

    Voyant que l'officier allemand s'approche de lui,

    les bottes lui touchant la tête, il fait le mort.

      

    Au moment où le revolver va lui éclater la tête,

     

    un ordre impératif de quitter les lieux est donné et il est sauvé.

     

    Il peut donc raconter ce pénible évènement.

     

    Les Allemands redescendent vers St-Germain, ramassant leurs morts et leurs blessés car les vaillants camarades du groupe François vendent chèrement leur peau.

     

    Les chefs prudents ne peuvent faire intervenir ceux de la Cranillière car ils ignorent totalement ce qui se passe dans la vallée et leur mission est celle

    d'une embuscade.

     

    Marie-France, l'agent de liaison du groupe, vient les informer des évènements d'Espinasse.

     

    De la cabane de Cranillère, ils sont dirigés aussitôt vers la

    Croix de Fer mais la fusillade a cessé.

     

    Ils descendent au village et là, c'est l'horreur!

     

    Leurs copains sont étendus, massacrés ainsi que les habitants du hameau.

     

    Sur les lieux, le trop fameux Bénard est occupé à détrousser et fouiller les morts!...Il n'y a pas de pitié pour lui.

     

    Les corps des maquisards sont enterrés et

    Bénard est hissé sans ménagement dans un camion.

     

    Il est promené dans St-Germain pour montrer à la population le traître qu'il est. Le soir-même, il est jugé et fusillé à la Mondille.

     

    Jeannot Magne est trouvé dans le bas du village, massacré parmi les genévriers et son camion incendié.

     

    Quant à Duriez, qui est à l'origine de ce massacre, il sera pris, emprisonné, puis jugé à Périgueux.

     

    Condamné à mort, il sera fusillé.

     

    C'était le 27 Juillet 1944.

     

    Un monument est érigé au village d'Espinasse, où chaque année les anciens du groupe Paul-Henri rendent un émouvant hommage à leurs camarades de combat.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    LES TEMOIGNAGES

     

    Ces témoignages ont été recueillis auprès de messieurs Darouzès, Audemard et Lestang, nés en 1926.

     

    >Pourquoi vous êtes-vous engagés dans la Résistance ?

     

    Nous avions peur des Allemands, nous avions des amis juifs persécutés, nous subissions le rationnement, toutes les meilleures denrées étaient réservées aux occupants... Nous nous engagions le plus souvent dans la Résistance sur un coup de tête, car nous étions pour la plupart très jeunes et nous ne mesurions pas le danger.

      

    De plus, nous avions le choix entre le maquis et le STO (Service du Travail Obligatoire). Nous avons vite appris à nous en méfier car nous savions que cela nous aurait amenés à nous éloigner de chez nous et que les promesses allemandes de libérer à chaque fois un prisonnier français n'étaient jamais respectées.

      

    Tout cela, ainsi que nos opinions politiques (nous avions des opinions différentes, mais aucun de nous n'acceptait la défaite), nous a amenés à nous révolter contre le nazisme. Les brutalités, les vexations de l'armée d'occupation ont également contribué à notre engagement. Enfin, nous avions honte de la collaboration du gouvernement de Vichy et de l'attitude de certains de nos compatriotes.

     

     

     

    >Comment s'est organisée la Résistance ?

    Comment y êtes-vous entrés ?

     

    Tous les jeunes devaient entrer dans les "camps de jeunesse".

     

    C'est à partir de là que les jeunes ont commencé à constituer des groupes de résistance pour ne pas partir en Allemagne. Nous avions pour la plupart une vingtaine d'années lors de notre entrée dans la Résistance.

      

    Des Républicains espagnols, fuyant le régime franquiste, nous ont rejoints et nous ont beaucoup aidés car ils étaient habitués aux combats, au maniement des armes, aux conditions de vie difficiles et à la clandestinité.

      

    Nous étions organisés en groupes et sous-groupes cachés dans les bois (d'où le nom de "maquis, maquisards"). Les sous-groupes étaient constitués de

    15 à 30 personnes en général.

     

    Les groupes ont grossi par le système du "bouche-à-oreille", toujours le plus discrètement possible, après une enquête sur les "candidats".

     

     

     

    >Quelles étaient vos conditions de vie dans le maquis ?

     

    Nous étions sans cesse pourchassés par la GMR (Garde Mobile Républicaine), police sous les ordres de Vichy. Nous utilisions des pseudonymes qui nous permettaient de conserver notre anonymat, pour préserver la sécurité de nos familles, qui auraient sans cela subi de graves représailles.

      

    Nous nous cachions dans les bois, par tous les temps, et nous n'aurions pas pu survivre sans l'aide de la population civile qui nous fournissait de quoi manger, nous couvrir, nous déplacer, cacher nos armes et nos munitions ...

      

    Nous les appelions les "Légaux" et nous devons les remercier et leur rendre hommage. Ils nous permettaient également de garder des contacts avec nos familles et les autres groupes de Résistance en nous donnant de leurs nouvelles.

     

     

     

    viemaquis.jpg (22128 octets)

     

      

      

    Certains nous considéraient à tort comme des voyous ou des va-nu-pieds, mais nous n'avons jamais pris quoi que ce soit sans l'avoir demandé au propriétaire. En effet, nous n'avions pas fière allure, pas d'uniforme, pas d'armement récent (du moins au début) ...

      

    La vie quotidienne au maquis était monotone : nous passions notre temps à attendre le moment d'agir. Nos combats prenaient la forme d'embuscades : attaques de trains, de colonnes allemandes, sabotages de voies ferrées ...

      

    Nous guettions aussi le moment des parachutages qui nous apportaient des armes, de la nourriture, de l'argent..., annoncés, par des messages codés, par la radio.

      

    Notre travail consistait alors à baliser le terrain pour que les avions larguent leur cargaison au bon endroit : cela se passait la nuit. Nous allumions, sur un terrain plat, dans un endroit reculé (à cause du bruit des moteurs), des feux dessinant au sol un Y .

      

    L'un d'entre nous communiquait avec l'appareil en morse à l'aide d'une lampe-torche. Il est déjà arrivé qu'un avion ne voit pas les signaux : vous pouvez imaginer tous les problèmes que cela a pu engendrer !...

     

    Nous recevions les ordres par le biais des "boîtes-aux-lettres" : c'était des membres de la Résistance, souvent des femmes, qui nous amenaient les messages cachés généralement dans leur bicyclette (selle, guidon, etc...)

     

     

     

    >Avec quel genre d'armes vous battiez-vous ?

     

    Nos armes étaient assez hétéroclites : en effet, nous possédions des Lebel, des mousquetons ... qui nous étaient le plus souvent fournis par des gendarmes ou des habitants du village, qui ne faisaient pas directement partie d'un réseau de Résistance mais qui résistaient à leur manière au nazisme.

      

    On oublie bien trop souvent le rôle qu'ont tenu les habitants, qui fut pourtant très important pour notre vie de tous les jours.

     

    Lors des parachutages, des gens des alentours venaient nous aider avec leurs charettes (c'était des containers d'environ 250 kg).

     

     

     

    >Comment se déroulaient vos opérations contre les Allemands ?

     

    C'était en fait ce qu'on pourrait appeler des petites opérations de "guérilla", des embuscades. Nous attaquions les Allemands par surprise, les mitraillons pendant environ quinze minutes puis nous détalions.

      

    C'était juste quelques coups de mitraillette, nous abandonnions tout de suite. Mais malheureusement, après, la population trinquait... Néanmoins, les Allemands ne rentraient plus dans les forêts, ils avaient trop peur de nous car nos attaques étaient imprévisibles et faisaient pas mal de dégâts...

      

    Souvent nous ne savions même pas si nous avions tué ou non des Allemands :

    nous tirions dans le tas !

     

     

     

    >Comment vous fournissiez-vous de la nourriture ?

     

    Pour cela, comme nous l'avons déjà dit, les habitants jouèrent un très grand rôle. Nous leur fournissions des tickets de rationnement, car nous n'avions, la plupart du temps, aucun argent. Nous attendions le prochain ravitaillement pour leur rembourser l'argent que nous leur devions.

      

    Nous avions à leur faire confiance et le plus souvent nous n'avions pas trop à nous plaindre de leur discrétion, mais il est déjà arrivé que l'un de nous se fasse dénoncer par un paysan trop bavard...

     

     

    organisation de la résistance 1.jpg (40995 octets)

     

     

    SOURCES 

    http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/CHBretinNeuvic/resist03/resist/temoignages.htm 

     

     

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     D'un autre côté, certaines mouvances de la Résistance sont motivées par un fort ancrage catholique, comme Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l'une des composantes du mouvement Combat, les Cahiers du Témoignage chrétien fondés par le père Pierre Chaillet ou les Jeunes chrétiens combattants, fondés par Gilbert Dru (1920-1944) et Maurice-René Simonnet. Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d'agir aux côtés de la Résistance[22]. Les mouvements chrétiens voient se regrouper des catholiques et des protestants et contribuent à renforcer les tendances à l'œcuménisme.

     

     

     

    Témoignage chrétien

     

    Témoignage chrétien est un hebdomadaire français d'informations générales, d'inspiration chrétienne, fondé en 1941 pendant l’Occupation allemande par le mouvement de Résistance intérieure française (RIF) du même nom dont le principal animateur a été le prêtre jésuite Pierre Chaillet et dont la principale activité a consisté à éditer et à diffuser clandestinement Les Cahiers du Témoignage chrétien. Il est l'un des derniers journaux issus de la Résistance à être encore publiés.

     

    De 1941 à 1944, paraîtront treize numéros de ces brochures contenant des dossiers assez volumineux puisque chaque numéro pouvait faire plusieurs dizaines de pages.

     

    Après la Libération, le journal Témoignage chrétien prend la suite du journal clandestin.

     

    Sous la houlette de Georges Montaron, son directeur de 1948 à 1996, il continue les combats initiés pendant la clandestinité : luttes pour la décolonisation, contre la torture...

      

     

     

    Dans la France de 1940, la majorité de la population est catholique. 

     

    On retrouve donc des catholiques, sans motivation religieuse exprimée, dans presque toutes les catégories citées comme courant de la Résistance même si l'épiscopat, le clergé et la majorité des milieux catholiques représentent par ailleurs un des meilleurs soutiens au maréchal Pétain

    .

    Chronologiquement, c'est toutefois la minorité protestante qui développe une attitude de résistance spirituelle inspirée par l'attitude de l’Église confessante allemande et par deux lettres du théologien Karl Barth qui circulent sous forme dacylographiée. Dès le 23 juin 1940, le pasteur André Trocmé prononce devant ses paroissiens du Chambon-sur-Lignon son sermon dits des « armes de l'Esprit » qui contient le premier appel à la résistance prononcé sur le sol français. 

     

    La population du Chambon-sur-Lignon aura pendant toute la guerre un comportement de résistance non violente qui lui vaudra la médaille des justes de Yad Vashem en raison du nombre important de juifs qui seront cachés et protégés par le village et ses environs. 

     

    Le protestantisme fournira donc son contingent de héros à la Résistance classique (Jean Cavaillès, 

    Berty Albrecht, Lucie Aubrac, ...) mais aussi son expression non-violente et spirituelle (André Trocmé, Roland de Pury, Madeleine Barot,...) 

     

    Premières manifestations publiques de solidarité des chrétiens français envers les Juifs, les lettres du président de la Fédération protestante de France Marc Boegner des 26 mars 1941 et 20 juin 1942 ont un très fort retentissement dans le pays.

     

    Côté catholique, des résistants comme Honoré d'Estienne d'Orves et certaines mouvances de la Résistance sont motivés par leur fort ancrage religieux, comme Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l'une des composantes du mouvement Combat, les Cahiers du Témoignage chrétien fondés par 

    le père Pierre Chaillet ou les Jeunes chrétiens combattants, fondés par Gilbert Dru (1920-1944) et Maurice-René Simonnet. 

     

    Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d'agir aux côtés de la Résistance.. 

     

    Cette conscience amène à condamner les abus et vengeances personnelles perpétrés sous couvert de résistance : dans une déclaration du 17 février 1944 les évêques de France condamnent officiellement « les appels à la violence et les actes de terrorisme qui provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures »

    .

    De nombreux prêtres et religieux s'engagèrent dans des actions de résistance (et particulièrement dans l'accueil et le sauvetage des évadés, des juifs, des aviateurs alliés ou des réfractaires). 

     

    Beaucoup le payèrent de la déportation, voire de leur vie (comme le père jésuite Yves de Montcheuil, l'abbé Derry, les pères franciscains Corentin Cloarec ou Robert Desmoutier, ou encore le père capucin Augustin Meyer et les 

    cinq Oblats de La Brosse-Montceaux

     

    Les Jeunes chrétiens combattants

     

    -------------------------------

     

     

    Les Jeunes chrétiens combattants (JCC) sont un mouvement de résistance chrétien fondé en 1943 à l'initiative de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF). 

     

     

    La première manifestation factuelle d'une résistance spécifiquement catholique remonte au 16 novembre 1941 à Lyon avec la parution du premier cahier de Témoignage chrétien sous le titre « France, prends garde de perdre ton âme ».

      

    Entièrement rédigé par le père Gaston Fessard cet opuscule est sans ambigüité un appel à s'opposer au nazisme au nom des valeurs chrétiennes.

      

    Le premier titre envisagé est celui de Témoignage catholique mais à la suite de l'adhésion de protestants à l'équipe initiale des théologiens jésuites de la faculté de Fourvière, c'est l'adjectif chrétien qui est retenu. Ce premier cahier est suivi d'autres publications et autour de cette mouvance une véritable résistance catholique s'organise en région lyonnaise en liaison avec le groupe Combat d'Henri Frenay.

     

    À la suite de l'instauration du Service du travail obligatoire (STO) le 7 mai 1942 de nombreux jocistes, déjà syndiqués à la Confédération générale du travail (CGT), sont incités à rejoindre les Francs-tireurs et partisans (FTP) dans la Résistance.

      

    Les dirigeants de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) en alertent l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF).

      

    À la même époque Georges Bidault qui vient de succéder à Jean Moulin envisage de créer une Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) mais y redoute l'hégémonie communiste des FTP. D'un commun accord il est alors décidé de fédérer tous les jeunes chrétiens engagés dans les réseaux de la Résistance.

      

    C'est donc suite à des contacts avec Georges Bidault et Maurice-René Simonnet, dirigeant de la Jeunesse étudiante chrétienne proche du groupe lyonnais Témoignage chrétien, que René Laurin (Lassalle puis Schubert dans la Résistance) et Pierre Corval regroupent à cette fin les diverses composantes parisiennes de l’ACJF et du scoutisme catholique clandestin alors que Gilbert Dru fait de même à Lyon.

      

    Les JCC ainsi constitués rejoignent les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) en octobre 1943.

      

      

    ------------------------------------------ 

      

    Les JCC en région parisienne

     

    À Paris le réseau se structure autour du patronage Championnet[2] de la paroisse Sainte-Geneviève (18e) dont sont membres Pierre Corval et René Laurin. Le Bureau d'information et de presse (BIP) créé en avril 1942 par Jean Moulin est transféré dès octobre 1943 dans les locaux du patronage qui devient la véritable agence de presse clandestine de la zone occupée.

      

    Les locaux accueillent également les réunions régulières du conseil national de la Résistance (CNR) en zone occupée et celles du comité départemental de libération de Paris (comité parisien de libération) : l’association est à elle seule un véritable réseau avec des ramifications en province.

      

    Un groupe de ses membres mené par l'abbé Raymond Borme et Léo Hamon se distingue le 25 février 1944 en détruisant à main armée des dizaines de milliers de fiches du STO. À la suite d'une trahison 12 d'entre eux font partie des

    fusillés de la cascade du Bois de Boulogne.

      

    En liaison avec la branche jeunes de l'organisation civile et militaire, les JCC participent activement à la libération de Paris.

      

    _____________________  

    Les JCC en province

    Cependant le mouvement semble s'être parfois structuré de façon plus précoce dans certaines villes de province. À Marseille un jeune professeur de lettres

    du Lycée Saint-Charles, Raymond Cayol, en prend la direction dès l'invasion de la zone sud en novembre 1942 et les groupes s’impliquent aussitôt dans la lutte armée.

      

    En 1944 les JCC participent à divers combats des maquis des Alpes, du Massif Central et du Nord.

      

      

      

      

    JEUNESSE OUVRIERE CHRETIENNE

    _____________________________

      

      

    La Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) est une association de jeunes chrétiens du monde ouvrier, fondée en 1925 par l'abbé belge Joseph Cardijn, un prêtre issu d'un milieu modeste. Jusqu'en 1987, la JOC, qui appartient

      

    au mouvement plus général de l'Action catholique, était scindé en deux structures distinctes :

      

    la JOC (masculine) et la JOCF (féminine), créée en 1928 sous l'impulsion de Jeanne Aubert. Elle est reconnue parmi les principales associations d'éducation populaire.

    Le siège de la JOC française est au 246, Boulevard Saint-Denis, à Courbevoie.

    La Coordination internationale de la JOC (CIJOC) est présente dans 60 pays à travers le monde.

     

     

     

    La JOC sous l'Occupation

    Sous l'impulsion de son nouveau vice-président, Henri Bourdais, la JOC refuse de se plier à l’ordonnance du 28 août 1940, qui interdit les associations. Malgré les pressions de l'Église, largement favorable au maréchal Pétain, le mouvement radicalise peu à peu son opposition au régime de Vichy. Le 3 août 1943, la Gestapo ferme le secrétariat général de la JOC et arrête son aumônier général, l’abbé Guérin.

      

    Le mouvement, contraint à la clandestinité, se rapproche alors du

     

    Conseil national de la Résistance.

      

    En Belgique les deux cofondateurs de la JOC, avec l'abbé Cardijn, Paul Garcet et Fernand Tonnet, participent à la résistance. Ils sont arrêtés et déportés dans des camps de travail en Allemagne et ensuite au camp de Dachau, où ils meurent en janvier 1945.

    De nombreux jocistes participent à la Résistance, notamment auprès des groupes du Témoignage Chrétien, mais sans le faire en tant que membres de la JOC, qui refuse d'imposer une ligne politique unitaire à ses membres.

      

    Pour fuir le Service du travail obligatoire, certains rejoignent le maquis.

      

    D'autres jocistes décident de continuer à se comporter en porte-parole de la JOC alors qu'ils se trouvent en Allemagne au titre du STO (Lucien Croci, et Marcel Callo, béatifié pour son action, sont arrêtés par la Gestapo pour leur militantisme en Allemagne).

     

    On trouve des jocistes aux Forces françaises de l'intérieur (Lucien Ganne)

    et aux Francs-tireurs et partisans

      

    Devant un engagement aussi important, les dirigeants de la JOC et de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) se concertent de manière à créer un corps de jeunes chrétiens engagés dans les réseaux de Résistance :

    les « Jeunes chrétiens combattants ». Leur action débute en 1943, et en 1944 ils participent à divers engagements des maquis dans les Alpes et dans le Massif Central, ainsi que dans le Nord

    (Eugène Descamps).

     

     

     

    En 1941, la LOC (Ligue Ouvrière Chrétienne) créée en 1930 par des couples militants de la JOC envisage un élargissement et constitue le Mouvement Populaire des Familles (MPF). Des militants choisiront de s'investir davantage dans l'action politique, des membres du MPF participants ainsi à la naissance du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien) de Georges Bidault après guerre.

     

     

    La Ligue ouvrière chrétienne (LOC), issue de la fusion en 1935 des groupes d'Aînés de la JOC et de la JOCF, choisit, en août 1941, de changer de nom, devenant, pour mieux « pénétrer la masse ouvrière », le Mouvement populaire des familles. Il s’agit de marquer une ouverture, de ne pas « effrayer » par la référence chrétienne.

      

    L’objectif est toujours celui « d’un grand Mouvement populaire des familles qui amènera la classe ouvrière tout entière au christianisme », qui cherche à « humaniser pour christianiser ».

      

    Cet abandon de l’étiquette chrétienne ne se fait pas sans réticences car il semble renier l’héritage jociste de présence chrétienne dans la classe ouvrière, il est cependant la première étape de la déconfessionnalisation du mouvement.

      

    Elle se poursuit en 1946 par la sortie des aumôniers des équipes dirigeantes ce qui amène l'épiscopat à ne plus le « mandater » mais à le « missionner ». Le lien d’Église est encore maintenu mais distendu car l’autonomie du mouvement dans la définition de ses orientations « temporelles » est respecté.

      

    Bien que le MPF maintienne sa mise à distance officielle par rapport au politique, dès la fin de 1949, le processus de déconfessionnalisation s’accentue, le MPF n’est plus un mouvement catholique et la hiérarchie donne en 1950 mandat à une nouvelle création, l’ACO.

     

      

      

    Valeurs et motivations :

     

    "L'engagement reste une affaire individuelle, irréductible a tout schéma unifiant."(Olivier WIEVIORKA, dans Une certaine idée de la résistance, défense de la FRANCE 1940-1949.)

     

    Cette phrase illustre la multitude de motivations possibles qu'ont eprouvées les jeunes pour s'engager dans la Résistance. Cepandant, on peut dégager 2 grandes catégories de facteurs motivants :

     

      • les valeurs morales qui résultent de l'éducation familiale et du comportement "fougueux" des jeunes entrainant le refus de la défaite

     

      • le poids des circonstances, avec l'instauration du Service du Travail Obligatoire qui incite la jeunesse à fuir pour rejoindre le maquis.

     

     

    Diversités d'engagements 3.jpg (53213 octets)

     

    1. Les valeurs morales et l'éducation familiale:

     

    La famille, la culture et l'éducation ont conditionné le choix de l'engagement : une culture familiale militante, religieuse, patriotique et politique a favorisé les premiers actes militants.

    Par exemple, le 11 novembre 1940 a eu lieu une grande manifestation de jeunes lycéens et étudiants devant la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris.

     

    2. Le poids des circonstances:

     

    L'enthousiasme qui caractérise les jeunes les a poussés tout naturellement dans les rangs de la résistance.

    Mais les circonstances ont elles aussi beaucoup aidé à l'engagement des jeunes. Les premières défaites de l'Axe (Allemagne, Italie et Japon), l'invasion de la France libre (1942) et l'instauration du STO (1942-1943) ont entraîné un gonflement des effectifs des maquis.

      

    Par exemple, dans le département du Jura, on estimait l'effectif à environ 500 maquisards et, subitement, 2000 jeunes ont rejoint ce maquis. D'ailleurs, les organisations de la résistance ne savaient que faire de tous ces jeunes inexpérimentés.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    DORDOGNE - seconde guerre mondiale
    FORMATION de la RESISTANCE et IMPLANTATION
    des MAQUIS 

      

    Depuis la guerre de cent ans, aucune armée ennemie étrangère n'avait plusfoulé le sol périgourdin.

    Le 11 novembre 1942, les Allemands ont franchi la ligne de démarcation et se sont installés en zone libre.

      

     

    AQUITAINE. PERIGORD.

    Région culturelle et historique du sud-ouest de la France, en bordure du Massif Central, correspondant au département actuel de la Dordogne.

    La région est divisée en trois micro-régions : le Périgord Blanc, le Périgord Vert et le Périgord Noir. Cap. Périgueux.

     

    Histoire du Périgord :

    Le Périgord doit son nom et le nom de sa capitale à la tribu celtique des Petrocores qui occupèrent la région. Erigé en comté, il sera lié à l'Angoumois et à la Marche, pour finalement être rattaché définitivement à l'Aquitaine. Pays frontière, le Périgord est ravagé pendant toutes les guerres jusqu'en 1453. Les derniers comtes de la dynastie locale sont dépossédés par Charles VI. Il passera successivement aux maison d'Orléans, de Penthièvre, d'Albret et c'est Henri IV qui réunira le comté au domaine royal.

     

      

     

    Le département de la Dordogne, qui appartenait à la région 5, fait partie des départements métropolitains qui se sont libérés eux-mêmes de la botte nazie.

     

    Il reste encore fortement marqué par les actes de Résistance et les combats pour la libération.

    Il subsiste encore de nombreuses plaies dans les familles résidant dans ce pays généreux а vocation rurale, qui n'ont pas oublié.

     



    Il existe une abondante documentation sur ce sujet qui reste aussi complexe qu'attachant et délicat. Il a fallu procéder à un tri dans une abondante documentation tant dans les livres que sur le net.

     

      

      

    Mais ces pages consacrées aux combats de la Dordogne pour sa libération, et l’esprit dans lequel ces combats se sont déroulés n’aurait pu être synthétisés de façon aussi percutante sans le secours du "Dictionnaire de la résistance en Dordogne" de Jacques Lagrange éclairé par son ouvrage (tirage épuisé) intitulé "1944 en Dordogne". M. Jacques Lagrange a autorisé l'utilisation de ces deux ouvrages pour mettre en ligne ces pages. Qu'il en soit remercié.



    D'une façon générale, et sauf indication contraire, les informations contenues dans ces pages se réfèreront comme source principale au "dictionnaire de la Résistance".

      

      

    Ces pages, comme toute reconstitution a posteriori sur un domaine aussi complexe et exigeant que la volonté de résistance, comporteront certainement des erreurs.

     

    Mais sur ce site, les erreurs sont rectifiées dès lors qu'elles sont communiquées officiellement par un document dont l'auteur est identifié et identifiable par les internautes qui consultent ce site.

      

    Et le département d'Etat aux Armées US (en l'occurrence "le Pentagone"), n'a rien trouvé à redire à l'analyse qui a été fournie sur les sanglantes batailles livrées par l'Armée américaine dans le département de la Manche).

     



    Dans un autre domaine, le Maire de Bergerac et son équipe sont remerciés pour avoir fourni l'accès à des cartes détaillées du département de la Dordogne datant de 1946 exposées dans le musée de la Résistance de Bergerac. Elles seront interprétées sous différentes formes dans les présentes pages consacrées à la résistance en Dordogne, quand bien même les indications de base qu'elle comporte privilégient principalement la résistance en Dordogne sud et l'Armée secrète.

     



      

    Genèse et organisation de la Résistance en Dordogne

    Le ferment de la Résistance réside d'abord dans le fait que le département était traversé dans ses marches de l'Ouest par la ligne de démarcation fixée par le vénéneux accord d'armistice du 20 juin 1940. Cette ligne de démarcation traverse trois des quatre Périgords: le vert, le blanc et le rouge.

      

    En outre, quelque 80.000 personnes déplacées de l’Alsace Lorraine (y compris le 26ème R.I.) s’y sont réfugiées, et tout particulièrement de Strasbourg, au nombre desquels de nombreux français de confession juive, auxquelles s’ajoutaient des réfugiés de la zone de guerre du Nord.

    Ainsi, les familles des résidents en Dordogne avaient parfaite connaissance des contraintes que l'occupant allemand exerçait sur la vie des familles du secteur occupé et les résidents de la "zone frontalière" durent rapidement recourir à des passeurs pour pouvoir se réunir ou communiquer.

    Les quatre Périgords de la Dordogne

      

      

    On peut ainsi comprendre sans peine que l'occupation par les allemands de la totalité du département, le 11 novembre 1942, ait déclenché un véritable séisme dans les esprits rebels, qui ont ainsi pris conscience de l’étroite dépendance de l’Allemagne dans laquelle le Maréchal et son gouvernement avait plongé la France.

    Et ce d'autant plus que les maquisards et partisans se sont rapidement aperçus qu'ils étaient supérieurs en nombre à leurs ennemis et que les troupes d'occupation allemandes n'obtiendraient pas de renforts, surtout après le débarquement en Normandie.

    Il faut signaler que, d'une manière générale, les maquis et leurs groupements se sont naturellement structurés sur le pays qui se divisent en quatre secteur naturels: le Périgord vert, le Périgord noire, le Périgord blanc et le Périgord Pourpre.

      

      

    Les militaires du 35ème régiment d’artillerie divisionnaire, cantonné au quartier Daumesnil à Périgueux, et tout particulièrement, ceux du 26ème Régiment d’Infanterie casernés à Bergerac, un régiment replié depuis la Lorraine, n'ont pu qu'être sensibilisés douloureusement et scandalisés par le comportement de la police nazie après l'opération Attila.

     

    Après l'envahissement de la zone sud et la dissolution de leur unité, ils vont très vite basculer de la Résistance à l’action et se structurer autour de l’O.R.A. et de l'armée secrète en quatre groupements Dordogne-nord, Périgueux-Nord, Périgueux-ville et Bergerac-Dordogne-sud, ce dernier groupement qui forme le 3ème bataillon et réunissait à lui seul, après la dissolution du 26ème RI, le 12 novembre 1942, 16 officiers, 75 sous-officiers et 200 hommes de troupe (1, p.332).

    Or, l’O.R.A est armée. A l’initiative du Lt-Colonel Mollard, avaient été dissimulées à Sarlat, Saint-Cyprien, Périgueux Saint-Joseph par l’officier de marine, l’abbé de Magondeaux, 65.000 armes individuelles (fusils, révolvers, …), 100.000 armes collectives (fusils mitrailleurs, mitrailleuses, …) et 1.000 tonnes de munitions, dont une partie seulement sera retrouvée par les Allemand après le 12 novembre 1942.

    Et les premiers parachutages d’armes vont lui bénéficier.



    Enfin, l’O.R.A. plutôt « giraudiste » et fortement structurée, a établi un état-major de commandement départemental (avec une compagnie de commandement), qui, le 24 mai 1944, sous la houlette de Gaucher (« Martial »), chef des maquis des M.U.R. (Mouvement unifié pour la Résistance), Boylet pour les Corps Francs de la Libération (C.F.L.), Leydier François pour l’O.R.A. et Ranoux (« Hercule ») pour les F.T.P. (1, p. 334). Cette structuration jouera un rôle essentiel non seulement en vue de la libération du département, notamment de la région de Bergerac, mais également pour le réemploi de nombreux maquisards dans l’Armée française.

     

    Enfin, dans la technique de lutte armée, l’O.R.A. et l’A.S. joueront un rôle technique important en veillant à la formation des combattants au bon usage des armes et munitions qui sont parachutées et à leur répartition entre les maquis.

      

    Il en ira ainsi pour les armes parachutées à Savignac-les-Eglises à deux reprises au mois de mars 1944, incluant outre des mitraillettes STEN très appréciées (non seulement par les maquisards mais également par les SS), des fusils antichars Boys, des lance-roquettes de 2,36 pouces, et des fusils mitrailleurs Bren, des grenades Miller ou Gammon, qui feront l’objet de séances d’instruction par l’instructeur anglais Peter Lake, ou lieutenant «Jean-Pierre». Ces armes seront réparties entre l’A.S.(camps «Roger», « Ancel» et «Marcel» et des camps FTP (1, p.335).



    Très tôt également, une poignée de résistants s’est regroupée sous la bannière du général de Gaulle. Dès le 18 juin 1940, Louis de la Bardonnerie entre en résistance après avoir entendu l'appel du 18 juin du Général de Gaulle. Il montera le premier relais du réseau de la Confrérie Notre-Dame (réseau Castille) fondé par Rémy (le colonel Gilbert Renaud engagé dans les Forces française libres). Il a hébergé, jusqu'en mai 1941, le premier poste émetteur et lutte contre la Gestapo avec toute sa famille nombreuse.

     

     

    Ce réseau se prolongera un mois plus tard grâce au réfugié alsacien Armbuster qui devient membre du réseau Castille, en créant une antenne centré à St-Antoine-de-Breuilh.

      



    D'autres considérations vont jouer en faveur des résistants rebels au Gouvernement de Vichy pour lesquels: mieux vaut affronter le froid, la faim, les privations et les GMR (Groupes mobiles de réserve), la milice, la gestapo, les bicots et les SS que de pourrir sous la botte allemande au service d'Hitler. Leur nombre, d'abord, et leur parfaite connaissance du pays vont faire la différence. Ils sont nettement plus nombreux que les forces allemandes et au départ se limitent à des combats de harcèlement.

     

     

    Les réquisitions des jeunes pour le service du travail obligatoires, qui vont provoquer une forte de vague de rébellion, la constitution le 10 mai 1944 d'une vague d'arrestations destinée à constituer une réserve d'otages à livrer aux allemands, les colonnes infernales allemandes, qui pour tenter de reprendre la main sur le pays de Jacquou le croquant, vont en réalité répandre la terreur et engendrer une juste indignation des populations en entraînant mécaniquement à chaque fois une vague d'enrôlement dans les rangs des maquisards dans un but de vengeance et enfin, le débarquement en Normandie va déclencher une guerre toujours plus impitoyable contre l'ennemi et les collaborateurs.

     

    Dès lors les maquisards vont passer des combats de harcèlement aux batailles rangées.

     

     Dans cette évolution, les parachutages d'armes alliés ont joué un rôle essentiel. Mais, on verra que, les dégâts et martyrs provoqués par les colonnes infernales allemandes sont au moins aussi graves et nombreux en Dordogne qu'ils l'ont été par ailleurs dans les départements voisins.

     

     

       

    Les forces en présence (2)

      

      

    Du côté allemand, les troupes qui ont envahi la Dordogne le 11 novembre 1942 ne dépassent pas 2.OO0 hommes. Mais ces troupes seront renforcées momentanément par les colonnes chargées d'exécuter des opérations punitives pour tenter de reprendre en main les populations.

     

     

    Il faut y ajouter, bien sûr, la Gestapo (Sicherheitsdienst) dirigée depuis Périgeux par le capitaine SS Michel Hambrecht,1, place du Théâtre, qui commande à une quinzaine d'agents allemnds, roumains ou autrichiens et recourent volontiers à la torture. Ils sont aidés dans leur tâche par des supplétifs français revêtus parfois de l'uniforme allemand.

      

    Jacques Lagrange cite notamment les noms de Henri Astié, Boeging, Paul Clavié, Charles Fast, Loiseau, Louis Mare, Pagnon, Raymond Rolland et d'Hubert G, qui avec trois de ses fils, se fait policier gestapiste.



    On notera que l'Abwehr, le service secret mis en place par l'Amiral Canari dont les services d'écoute et de radio-détection était à juste titre redoutés, ne semble pas être particulièrement intervenu en Dordogne, excepté peut-être pour ce qui concerne les "bicots". Mais ce n'est pas le cas dans d'autres départements.

     

    Mais les Allemands sont hélàs assez efficacement aidés par le Gouvernement de Vichy qui met quasiment à leur disposition:

     

    • Le services d'ordre de la légion (S.O.L), bientôt transformé en milice par Joseph Darnand, âme damnée du général SS Oberg qui est appointé par les SS et a prêté serment à Hitler. En Dordogne, plus d'un millier de volontaires se sont inscrits à la milice qui compte 442 franc-gardes armés porteurs du sinistre uniforme noir, sous le commandement de Victor Denoix. Leur cantonnement est la caserne de la rue des Carrières-des-Cébrades et leur P.C. l'Hôtel de la division à Périgueux. La milice sera considérée comme dépendante des chefs régionaux SS et pourvue d'armements et de munitions sur les réserves de la Wehrmacht.

     

    • Les G.M.R. (ou groupe mobile des réserve), une police d'Etat constituée de 220 gardiens concentrés à Périgueux. Ils sont souvent engagés contre les maquis.

     

     

    • Les phalangistes, recrutés pour ne pas dire cooptés dans la lie de la société sur lesquels le pouvoir et la justice ferment les yeux, qui regroupe 36 nervis nord-africains, corses, droits communs parisiens, installés au théâtre municipal de Périgueux,qui sévissent de mars à août 1944.sous la houlette d'Alex Villeplane, recruté par Bony et Lafon, chef de la Hilfspolizei, et a le grade de sous-lieutenant de la Wehrmacht.

     

     

    • La gendarmerie qui compte 480 hommes répartis dans 51 brigades qui est partagée entre l'obéissance à Pétain et une certaine solidarité avec les résistants en courant des risques considérables.

     

     

     

    En face, des maquisards volontaires, recherchés, traqués au début, mal armés, on dénombre:

    • au 1er juillet 1942: 28 officiers, 46 sous-officiers, 790 soldats.
    • au 1er juillet 1943:115 officiers, 306 sous-officiers, 2399 soldats.
    • au 1er janvier 1944: 200 officiers, 396 sous-officiers, 5118 soldats et 3800 divers.
    • au 1er juillet 1944: 582 officiers, 1340 sous-officiers, 23.955 soldats et 5.850 divers

    Au total à la libération, les effectifs de résistants engagés se répartissent ainsi:

    • 20.960 résistants engagés par l'Armée secrète de tendance socialiste;
    • 8.034 FTP de tendance communiste;
    • 2.457 résistants servant à l'ORA (organisation de résistance de l'armée);
    • et 1.355 servant à la fois l'O.R.A. et l'A.S.

      

      

    On pourra s'étonner de l'importance de la rubrique divers dans les effectifs de maquisards ou de résistants. Mais il ne faut pas oublier qu'il est indispensable de nourrir, soigner, habiller et entraîner les hommes, ce qui coûte très cher, qu'il faut de plus les transporter, et réparer les armes. Il est donc normal que des effectifs non négligeables soient affectés aux liaisons et à la coordination des actions de combat.

     

     

     

    Les terrains de parachutages

    Voici les terrains de parachutages essentiels à l'approvisionnement des combats des maquisards qui sont cités par Jacques Lagrange (2):

     

     

     

    Un "container" parachuté dans le secteur de Bergerac.

     

    1. Terrain de parachutage à Lagudal, sur la commune d’Eglise-Neuve-d’Issac. Le 1er parachutage venu d’Angleterre est intervenu le 11-10-1941. Il était organisé par Pierre Bloch, le Dr Dupuy et Albert Rigoulet.
    2. Terrain de parachutage à Pringorieux (le 12-8-1943).
    3. Terrain de parachutage des frères Arnaud à Bourgnac.
    4. Terrain de parachutage du Clos La fosse à Sarlande (Laroche).
    5. Terrain de parachutage et de camouflage d'armes de Paunat tenu par Marc Nicaud.
    6. Terrain de parachutage de la plaine de Lanmary (André Danède)
    7. Terrain de parachutage d'armes à Beleymas du Groupe AS Marcel (centre) géré par les frères Thurmel qui cachent les armes chez eux.
    8. Terrain de parachutages massifs de St-Sauveur (il peut s’agir d’un terrain de diversion mis en place par le chef de gare Lafon).
    9. Terrain de parachutage à Domme organisé par les groupe AS "Alberte" et "Victor"
    10. 6-6-1944: à Bourniquel est mis en place dans le Bergeracois un terrain de parachutages massifs sous la direction de Philipe de Gunsbourd, alias « Philibert » (il s’agit d’un aristocrate anglais, financier international, proche du S.O.E. anglais du Sud-Ouest, dont la tête est mise à prix et dont le principal passe-temps semble être de se jouer de la police allemande), qui a 36 parachutages réussis à son palmarès.
    11. Enfin, la zone de parachutages de Moustalat, à la limite de la Corrèze, où, le 14 juillet 1944, 349 forteresses volantes escortées par 524 Spitfires larguent 3791 containers totalisant quelque 417 tonnes d’armes et de munitions.

     

     

     

    Or, les largages d’armes, munitions et explosifs sont estimés pour les années 1943 et 1944, jusqu’au 14 juillet à quelques 250 tonnes. Certains maquis, et notamment le maquis "soleil", s’est spécialisé dans la récupération des armes parachutés en dévalisant les caches d’armes des maquis concurrents.

      

    C’est ainsi que Soleil, qui affirme n’avoir reçu qu’un seul largage en aurait récupéré quelque 87 tonnes destinés à d’autres maquis dans sa zone de combat. Grâce à quoi, Soleil a engagé la bataille pour la libération de Saint-Foy-la-Grande en récupérant un parachutage du 11 août 1944 qui ne lui était pas destiné.

    Leur armement, bien que léger, est suffisamment efficace et pourvu en munitions pour tenir tête aux colonnes allemands dans des batailles rangées.

       

    L'inventaire des maquis

    Afin de mieux cerner le phénomène de la résistance en Dordogne, les maquis ont été recensés principalement à partir du dictionnaire de la Résistance.

     

    S'agissant de structures éminemment évolutives et fluctuantes, il est vraisemblable que cet inventaire n'est pas parfait. Mais il a au moins le mérite d'éxister et de permettre de fixer les idées.

    Le département de la Dordogne en 1946
    reproduction de la Carte du Musée de la Résistance de Bergerac

      

      

      

    Voici ce que donne cet inventaire dont nous demandons aux internautes de pardonner les erreurs et de communiquer les corrections ou ajouts qui s'imposeraient:

    1. Groupe Alberte (capitaine Bardaroux Lucien) sur la période 1943-1944 : mouvement AS du Salardais en Dordogne sud. Opérationnel du 1er avril 1944 au 25 août 1945 (1035 hommes à cette date). Le Groupe AS Alberte (affecté à Sarlat): prend part aux récupérations d'armes de Domme, à des sabotages au Pas-du-Raysse avec le groupe Victor...
    2. Groupe ANIC (capitaine Charles Maigre ) depuis août 1942 au 31 décembre 1943 : mouvement FTPF du secteur de Sigoulès. Opérationnel du 1er janvier 1943 au 28 août 1944. 326 hommes à la Libération ; 7 tués au combat, 4 fusillés et 2 déportés. En fait partie le sous-groupe de Pringorieux La Force fort d'une centaine de FTP commandé par Demorny, qui a participé à la libération de Bergerac.
    3. Groupe Cerisier (capitaine Léon Cerisier) mouvement AS du secteur de Lalinde créé dès 1942, avec l’aide de Goldman « Mireille » mejezyslaw Mojzesj Marc, juif de nationalité polonaise . Opérationnel du 1er septembre 1943 au 25 août 1944. Revendique 850 hommes au 25 août 1944. Pertes aux combats : 7morts, 10 fusillés et 4 déportés.
    4. Groupe Bayard (commandant Charles Martin) Mouvement AS créé en décembre 1943 à Blanquefort (47) et installé à Fontenille en mai 1944. Opérationnel du 20 mai 1944 au 25 août : 207 hommes à la libération deux tués au combat.
    5. Groupe Bertrand , commandant : Pierre Alessandri et Commando « Austin Conte » AS, constitué dès 1942., opérationnel dans le secteur d’Eymet du 1-1-1944 au 25-8-1944. 505 hommes à la libération, 8 tués au Combat et 1 accidenté
    6. Groupe Bugeaud Georges « Georges » FTPF du secteur de Ribérac dès 1942. Opérationnel du 23 mai au 24-8-1944. 378 hommes à la libération 7 déportés et 1 accidenté.
    7. Unité AS Héric de Ribérac créée dès 1942 par le capitaine Pierre Pirabeau. Elle formera le groupe AS Dordogne Ouest comptant 251 maquisards au 6-6-1944.
    8. Maquis Carnot AS sous le commandement de Jean Dejot, commandant, et Fernand Lasserre, Capitaine. Maquis dit à la ferme dans le secteur de Tourliac-Villeréal et Bourniquel. Opérationnel de 6-1944 à 8_1944. Comptait 1048 hommes à la libération. 8 hommes perdus au combat.(Le 20-12-1943 : le groupe AS Carnot, formé dans le secteur de MontPazier Villeréal, a été attaqué. Il a perdu 4 prisonniers dcd en déportation).
    9. Groupe Castelréal AS constitué en mars 1944 dans le secteur Limeuil-Urval-Siorac en Périgord. Opérationnel du 1er mars 1944 eu 25 août 1944. 130 hommes à la Libération et un seul accidenté.
    10. Groupe Collic : Louis Lieutenant du mouvement AS constitué fin 1943. Opérationnel du 25-8-1943 au 25-8-1944. 62 hommes à la Libération, 3 morts au combat et 3 fusillés.
    11. Groupe du capitaine Paul Darnige : Mouvement A.S. du secteur du Bugue créé en 1942. Opérationnel de décembre 1943 à Août 1944. 74 hommes à la Libération, 7 fusillés 2 déportés 1 accidenté.
    12. Groupe DD du capitaine Alphonse Delmon mouvement AS du secteur de Bourniquel, C.F.L.N. créé dès novembre 1942. 62 hommes à la libération, 2 déportés.
    13. Groupe François 1er du capitaine Feyret Marceau, mouvement AS du secteur de Bergerac- St Jean-d’Eyraud – 33ème bataillon CFL dès 1941. 699 maquisards au 6-6-1944.Revendique 870 hommesà la libération. 8 morts au combat, 5 fusillés, 5 déportés en 1943 et un accidenté.
    14. Mais il existe également un groupe FTP François 1er au camp de Virolles placé sous les ordres de Barnabé, à proximité de Saint-Etienne du Puycorbier.
    15. Groupe AS Darnige implanté au Bugue (74 maquisards au 6-6-1944).
    16. Groupe Maurice LASSERRE, lieutenant, affilié au mouvement AS dans le secteur de Journiac-Le Bugue Sud. Opérationnel de juin à Août 1944. Effectif de 70 hommes au 6-6-1944 et à la Libération. 5 morts au combat.
    17. Groupe AS Maurice Dujarric (nom d’un jeune STO de la région de Beynac déporté ) constitué par Pierre Daunois, médecin au Lardin. Daunois participe aux combats du 31-3-1944 contre la GMR et la division Brehmer.
    18. Groupe LECAMP du Capitaine Jean Dupuy affilié à l’A.S. créé dès octobre dans le secteur du Buisson dès octobre 1942. Opérationnel de février à Août 1944. Effectif de 82 hommes à la Libération. 2 morts au combat, 1 fusillé et 4 déportés.
    19. Groupe Leduc du Capitaine Arnaud, mouvement AS du secteur de Beaumont (adjudant Lacroix) et du capitaine Dagréou, créé dès octobre 1942. Opérationnel de janvier 1944 à Août 1944. Effectif de 510 hommes à la Libération (au moins 4 déportés cf Lacroix). L’unité AS DD fait partie du mouvement.
    20. Groupe AS de Gardonne Ponton-Martin compte 129 maquisards au 6 juin 1944
    21. Groupe Bataillon Joseph du Commandant Joseph Santraille, affilié à l’ORA-AS de Dordogne sud. Sous-secteur de Regain (Marcou) créé à St Julien de Crempse dès décembre 1943. Opérationnel de Juin à Août 1944. Effectif de 995 hommes à la Libération, 24 morts au combat. Ce maquis a été attaqué par 1.800 nazis et miliciens.(9 résistants dcd).
    22. Groupe Heric du Commandant Pierre Piradeau affilié à l’A.S. du secteur de Dordogne Ouest créé dès Janvier 1942. Opérationnel de Juillet 1943 à Août 1944. Effectif de 1032 hommes à la libération. 3 hommes perdus au combat.
    23. Groupe AS Marcel du capitaine Alfred FOUQUET dans le secteur de Fouleix et dans le canton de Vergt, Cendrieux et Ste-Alvère de janvier au 25 août 1944. Effectif de 485 hommes à la Libération . 2 morts au combat et 2 fusillés (Thurmel Gabriel). Chargé de l’intendance de la Préfecture du maquis installée dans les bois de Cendrieux. Il existe également un camp ORA, dirigé par le lieutenant Fouquet.
    24. Groupe "Loiseau" affilié à l’AS sous le commandement du lieutenant Pierre Pinson, ou régiment MORESSE implanté sur le secteur de St Pierre d’Eyraud, La Force-Sainte-Foy-la-Grande dès janvier 1943. Opérationnel de janvier 1943 à Juillet 1944. Effectif au 6 juin 1944 : 2178 maquisards Effectif à la libération : 3234 hommes revendiqué. 36 hommes morts au combat et 2 fusillés.
    25. Groupe "Jean" affilié à l’AS sous le commandement du lieutenant Aimé Fabre, implanté sur le seul secteur de Ste-Foy-la-Grande dès octobre 1942. Opérationnel d’Avril à août 1944. 202 maquisards au 6-6-1944. Effectif à la libération : 326 hommes. 14 morts au combat. Renaud Genest est responsable du secteur de la résistanc e de Vélines.
    26. Groupe AS du secteur de Thenon, dirigé par le capitaine FFI Hemmerlé qui s’emparera de l’imprimerie Joucla à Périgueux et fondera la Dordogne Libre à la libération de Périgueux.
    27. Groupe FTP Jean-Marie du 3ème Régiment FTP dans le secteur de Ste-Foy-la-Grande.
    28. Groupe "Jean-Marie" affilié à l’AS en Dordogne Nord sous le commandement du lieutenant Jacques Brachet. Implanté dès juillet 1942 sur le secteur de Champagnac du Bel-air , (Serre structure les maquis en groupe de 30 hommes) Brantôme, Saint-Saud, Miallet, Saint-Jory de Chaleix. Opérationnel d’avril à août 1944. 197 maquisards au 6-6-1944. Effectif de 308 hommes à la libération. 3 tués au combat.
    29. Groupe Marianne affilié à l’A.S. sous le commandement du capitaine Abel BENNEY, implanté dans la forêt de Vertg dès janvier 1942, opérationnel de janvier 1944 au 25 août 1944. 126 maquisards au 6-6-1944. Effectif de 151 hommes à la Libération. Un mort au combat et 3 fusillés.
    30. Groupe Marsouin affilié à l’AS sous le commandement du Colonel Henri Pourteaux implanté dès novembre 1942 dans le secteur de Belves. Opérationnel de mai à Août 1944. Effectif à la libération de 433 hommes. 2 morts au combat, 5 fusillés et 1 accidenté.
    31. Groupe Max affilié à l’AS sous le commandement du lieutenant Max Fournier implanté dans le secteur de St-Cyprien dès 1942. Opérationnel de juin à Août 1944. Effectif à la libération de 153 hommes. 8 Morts au combat et 5 déportés.
    32. Groupe AS Daniel installé à Prats-de-Carlux diiirigé par Daniel Soulhié et supervisé par Alberte.
    33. Camp de maquisards FTP de Virolles à Saint-Etienne-de Puycorbier attaqué le 27 juillet 1944 sur dénonciation où les Allemands font 28 tués parmi les FTP (4ème bataillon FTP) et 4 parmi les habitants du village proche de Mussidan incendié le 5 août 1944. A la Farcerie, lieu-dit du hameau de St-Etienne de Puycorbier, le maquis Roland avait creusé un vestee abri dans le sol.
    34. Groupe Victor AS Groslejac qui compte 1219 maquisards au 6/6/1944 (chef Lucien Dubois)
    35. Groupe AS de St-Pardoux la rivière. (Touraine)
    36. 223ème (Teyssou) Cie /Groupe FTP de Lanouaille (Dordogne Nord).
    37. Thibaud Paul directeur du collège de Nontron, commandant la Cie AS de Cussac.
    38. Groupes AS de Lanouaille, Sarlande, Sarrazac, Payzac, fédère l’AS Dordogne Nord en bataillon « Violette » 3ème bataillon de la brigade RAC (Tallet René), 3800 maquisards au 6-6-1944.
    39. Groupe de 14 FTP à St-Georges de Blancaneix dirigé par le gendarme Vignal, et par KLéber.
    40. Le tauriac: lieu de campement du groupe de maquisards AS « Sangliers » créé en juin 1943 à Liorac (le PC est établi par Goldman (Mireille) dans la ferme Jouault au Maine de Lalinde à la fin de 1942).
    41. Groupe « Waldeck » de 32 FTP en Dordogne Nord constitué en mars 1944.
    42. Turnac : lieu d’implantation du groupe MOI Martinez (attaqué le 12/11/43).
    43. Au Fleix, groupe FTP du gendarme Vignal.
    44. Maquis l’ancêtre Karl
    45. Maquis Arthur (Saumande).
    46. Groupe AS Sam (Sanz Pardos) secteur de Couze (André lambert).
    47. Maquis de Ste-Marie de Chignac maquis à la ferme Clavieras.
    48. Saint-Vincent de Connezac : constitution d’un maquis juif en octobre 1943 avec Achille (Ralph Fickler).
    49. Saint-Michel de Double : stationne nt les maquis Achille, Roland, Arthur et Alfred.
    50. Saint-Martin de Fressengeas un groupe d’une 20 vingtaine de FFI est entièrement détruit.
    51. Saint-Martin d’Astier : maquis franco-espagnol des frères Arnaud à Fraicherode.
    52. Saint-Joly-de-Chaleix, aux lieux-dit Nicot-Lacroix et Pouyouleix, s’est installé le groupe de résistants Marcel-Pénard.
    53. St-Germain de Salembre : est installé le groupe AS Rolland.
    54. Saint-Etienne-Puycorbier : camp de Virolles des FTP François 1er.
    55. A la Farcerie, lieu-dit du hameau de St-Etienne de Puycorbier, le maquis Roland s’installe dans un abri creusé dans le sol.
    56. Maquis de St-Paul-La-Roche dirigé par Marcel Goineau, appelé à diriger la 227ème Cie FTP.
    57. Groupe FTP Nancel-Pénard (en mémoire d'un médecin boprdelais fusillé en octobre 1941) installé à St-Paul-de-Roche.
    58. Groupe FTP Totor au 01/12/1943 devient 227ème cie FTP, qui se joint en janvier 1944 au groupe Nancel-Pénard en Janvier 1944 (Moulin de la Tour à Saint-Jory de Chaleix)
    59. Groupe AS de Beaumont Bourniquel (82 maquisards au 6/6/1944)
    60. Maquis de St Alvère, (Pierre Bourland, adjoint de Mireille)
    61. Groupe de FTP implanté à Brantôme
    62. Groupe FTP Georges Naboulet
    63. Groupe Bir-Hakeim.
    64. Groupe carlos, Maquis M.O.I. De 30 combattants de secteur de Bergerac
    65. Camp de maquisards dans la basse vallée de la Beune aux Eysies
    66. Résistants du secteur du Buisson (André) ancien banquier belge
    67. Groupe AS de Saint-Pardou-la-Rivière (André percepteur)
    68. Groupe AS de Javerlhac et La chapelle-St-Robert (Andorre).
    69. Maquis AS Ancel formé en février 1944 dans la Double attaqué par les miliciens et les GMR à multiple reprises incorporé dans la brigade Alsace-Lorraine (Ancel + Diener). VALENTIN Legoutteux , tué au camp de Martel (Marsaneix) sur dénonciation.
    70. Maquis de Fraicherode à St-Martin-d'Astier comprenant des républicains espagnols (Arnaud) les épouses des frères Arnaud sont déportées le 16 janvier 1944.
    71. Alvarez-Canosa ou Pinochio, chef du 1er régiment FTP de Dordogne (MOI) adjoint du colonel Alberto, officier de l'Armée républicaine espagnole.
    72. Groupe A.S. De St-Astier « Alsace »
    73. Secteur de résistants de Vergt-Lalinde-Bergeracois.
    74. Maquis au Maine du Puits à St-Vincent de Connezac.
    75. Maquis à Montron
    76. Ecole des cadres du maquis de Fanlac (Alcibiade)(Alexeenko instructeur officier de l'armée rouge)
    77. Maquis Jacquou le Croquant (Alexandria) installé à La Chapelle (région de Montignac) devient la 222ème Cie FTP. Il s’installe également au camp de Mouret , proche de Peyzac.
    78. Alsace-Lorraine (brigade formée en Dordogne par Antoine Diener qui constitue le bataillon de Strasbourg. André Malraux) en prendra la tête.
    79. En mars 1944, création du maquis n°1 dans les bois de Payzac sous la houlette d'Audrerie Raoul ou «le Crapaud». rejoindra le bataillon Violette.
    80. Groupe AS du Salignacois.
    81. Maquis de la Bachellerie
    82. Maquis à St Amant de Coly
    83. Groupe AS à St Pardoux la Rivière.
    84. Groupe ftp du gendarme Vignal au Fleix.(Boutillier, Bronès, ) 3ème régiment FTP participe aux combats de Ste-Foy la Grande, de Bergerac et de Bordeaux.
    85. Groupe AS à Marteuil.
    86. Blanchou Dolet: Implantation d'un réseau Combat à Thiviers dès 1942 et un maquis FTP en forêt de Vieillecourt dès juin 1943 avec Paul Doucet et Louis Maury. Dolet est arrêté le 24-9-43, mort en déportation. Son épouse en réchappe. C’est Roger Faure qui prendra la tête des réfractaires dans la forêt de Vieillecourt en juin 1943.
    87. Beusse-Mougnier, responsable du maquis FTP à Augignac. Descombes, chef de la 13ème Cie FTP.
    88. Bessard chef de la 3ème Cie Nontron du 1er bataillon AS Dordogne Nord le 28-6-1944. Nontron est libérée dès le 10 juin 1944 sous la conduite de Raymond Boucharel, après la mise en place d’un Comité de libération dès le 7 juin. Le 28-6-1944, le commandement de l’unité est confié à Dupuy, capitaine de la garde évadé de Nexon.
    89. Groupe AS Eymet 86 maquisards au 6 juin 1944.
    90. En mai 1943: Belloeil jo rassemble 7 camarades pour constituer un maquis à St-Jory-du-Chalais, qui va former le groupe Gabriel-Péri (11 membres).
    91. Maquis le Frisé à St-Jean d'Eyraud
    92. Groupe AS Rac (Baritaud Gaston, fonctionnaire des Impôts et maquisard).
    93. Groupe AS Regain commandé par Lucien Marcou, capitaine AS évadé de la caserne Chanzy le 21-12-1943. Commande le groupe ORA à la Ribeyrie le 14-6-1944
    94. Groupe AS à St Felix de Villadeix (chef Barjou Eloi).
    95. Groupe AS «Bayard» comporte au 31/12/1943 4 officiers, 9 sous-off et 150 hommes centré sur la région de Bergerac.
    96. CASTERéAL : maquis AS ayant accueilli des officiers alliés parachuté en mars 1944 à Siorac. Compte 18 maquisards à la date du 6 juin 1944.
    97. Groupe FTP Soleil constitué le 23-10-1943 à partir du Groupe Franc n°1 par René Coustellier arrivé en Dordogne le 19 mai 1943. Installe le maquis FTPF de Salles-de-Belvès. Soleil devient chef de groupe des FTPF le 16-1-1944 et est à la tête du 4ème Régiment FTP regroupant près de 500 hommes rompus au combat. Il dirigera jusqu’à 2.600 hommes.
    98. Groupe AS Pistolet de Bergerac compte 30 membres au 6-6-1944. C’est ce Maquis qui va servir de noyau à la constitution de la brigade Alsace-Lorraine en septembre 1944.
    99. Groupe FTP « Lucien-Sampaix » qui opère d’abord en Hte-Corrèze puis en Dordogne à partir du 12-8-1944, commandé par René Ranoux où il devient chef départemental FFI. Adjoint Michaud dit Mimile, plastiqueur de la Centrale hydroélectrique de Mauzac.
    100. Maquis FTP à Montignac.
    101. Maquis FTP de Champ-romain appelé Danielle-Casanova et dirigé par Ricco.
    102. Compagnie « René » ORA-AS assurant la sécurité de la préfecture du maquis dans les bois de Cendrieux.
    103. Maquis FTP Gardette à Ste-Marie de Chignac fondé en novembre 1943 par Jean Givord.
    104. Maquis A.S. Jean-Bart en forêt de Léguillac-de-L’Auche. (Un camp est au lieu-dit Les Grangiers à Mensignac, un autre à Gotte à Razac-sur-L’Isle et un troisième à La Feuillade à Coursac qui sera lourdement attaqué le 22 juin 1944).
    105. Groupe AS Pichardie, groupe AS de Ribérac reformé après la bataille de La Feuillade, le 22-6-1944 à partir des groupes Jean-Bart et Rolland.
    106. Groupe AS Centre Lelong reformé après la bataille de La Feuillade à partir des groupes AS Jean-Bart et Rolland.
    107. Pistolet, groupe ORA à Mouleydier.
    108. Héric, groupe FFI Bergerac Ouest, commandé par Pierre PIRABEAU.
    109. Camp de maquisards de Blis-et-Born, probablement FTPF.
    110. Groupe AS "Paul-Henri", sur Ribérac, compte 761 maquisards au 6/6/1944. Ce groupe est reformé après la bataille de la Feuillade le 22-6-1944 à partir des groupes Jean-Bart et Rolland. Participe à la bataille de la Martinière du 27-7-1944.
    111. Paul-Henri, unité AS à Saint-Astier.
    112. Groupe FTP Gabrielli, dirigé par Houdot, alias le Chinois. Le groupe est spécialisé dans le sabotage des voies ferrées.
    113. Groupe AS Lavaud à Thiviers (Grenié de Pierrefiche).
    114. Groupe FTP Henri-Naboulet , campant dans la région de Thiviers, participe à la destruction des usines électriques de Mauzac et des Tuilières.
    115. Groupe ORA Verdun (Lieutenant Grandon)
    116. Groupe Valmy de Gandoin.
    117. Maquis AS Mimi commandé par Dominique Vives installé dans le canton de Mereuil-sur-Belle.
    118. Groupe AS Mercédès formé dès le 1er-5-1943 dans les bois de Niversac (compte 143 maquisards au 6-6-1844) sous le commandement de Couturoux René.
    119. Groupe FTP du secteur de Terrrasson (Lacombe)
    120. Groupe FTP du secteur de Saint-Martial de Valette (agent de liaison le gendarme Lelong ou « radis »).
    121. Groupe AS de Saint-Front La rivière (Lieutenant Léon).
    122. Groupe AS de Montbron –Marthon.
    123. Groupe Jacques de 28 volontaires constitué à Dussac en février 1944, engagé à Firbeix, St Saud, Miallet, la Coquille, Bussière-Galant.
    124. Jim, maquis de la Forêt de Vieillecourt dirigé par de Hauteclair.
    125. Groupe FTP à Firbeix-Sarlande dirigé par Gonzalvo Uson, ancien officier républicain espagnol.
    126. 2ème groupe M.O.I. à Mazeyrolles commandé par Paul Gimenez, républicain espagnol.
    127. Groupe FTP « Tarzan » en forêt de Vieillecourt.
    128. Un maquis est implanté dans le secteur d’Excideuil sous la responsabilité de Faure « La mère ».
    129. Ralph Finkler, (MOI) prend la tête d’une compagnie juive de lutte armée.
    130. Au hameau de La Meynie, à Firebeix, est implanté le groupe Petit-Pierre.
    131. Henri Fourtaux, commandant de la coloniale, conduit un maquis en forêt de Belvès, en conflit avec les FTP de Soleil.
    132. Un maquis franco-espagnol des frères Arnaud est implanté à Fraicherode.
    133. Maquis Alfred.
    134. Groupe Cherbourg du 2ème bataillon FTP (Delage Albert).
    135. Compagnie AS DEPE opérant dans la région de Villamblard.
    136. 13ème Cie FTP d’Augignac (chef Descombes ).
    137. Groupe FFI «Sam Jaurès» commandé par Dumas (Probablement dans la région de Bergerac).
    138. Maquis le Frisé à St-Jean-d’Eyraud. (Albert Dumas, mort au combat le 5-8-1944)

    La collation de ces renseignements montre que la constitution des maquis de toute obédience s'est continument accélérée, à partir du 11 novembre 1962, des expéditions punitives des colonnes infernales allemandes et du 6 juin 1944, date à partir de laquelle les combats sans quertier ont atteint le maximum d'horreur et de sauvagerie. C'est ce que nous analysons ci-après. Graduellement, on est passé de la guerre de harcèlement à la guerre de positions, ce qui contraignait l'Armée allemande à abandonner le terrain à partir du débarquement allié en Provence.

    La chronologie de la répression et des combats

    Voici la chronologie des combats menés par la Résistance et les maquis telle qu'elle peut être restaurée à partir du dictionnaire de la Résistance en Dordogne et des renseignements que l'on peut collecter sur la toile du net.

    • 18-6-1940: Louis de la Bardonnerie entre en résistance après avoir entendu l'appel du 18 juin du Gl de Gaulle et monte le premier relais de la Confrérie Notre-Dame (réseau Castille). Héberge jusqu'en mai 1941 le premier poste émetteur et lutte contre la Gestapo avec toute sa famille nombreuse.
    • 14-7-1940: le réfugié alsacien Armbuster prend contact avec Rémy et devient membre de la confrérie Nortre-Dame Castille, centré à St-Antoine-de-Breuilh. Remise du premier courrier à l'Ambassade de Grande Bretagne en Suisse.
    • 12-8-1941: Mais la campagne de communication surréaliste de la révolution nationale, déversée surabondamment sur des populations en peine et en proie à la faim et au rationnement, sème un doute sérieux et légitime. Ce jour-là, le maréchal Pétain prononce à la radio le plus long discours de sa carrière politique. «J’entends se lever un vent mauvais», dont il attribue la cause «aux temps difficiles que traversent les Français.»... «L’autorité de mon Gouvernement est discutée, les ordres sont mal exécutés...», reconnait-il en en imputant la cause à «la radio de Londres et à certains journaux français qui ajoutent à ce désarroi des esprits.» (2)
    • 10-10-1941: 1er parachutage à Lagudal organisé avec Bégué, Bloch et Jumeau Marc (Pierre Bloch, sera arrêté 10 jours plus tard à Marseille, s'évadera du camp de Mauzac le 16/7/1942 pour rejoindre de Gaulle qui le nommera Commissaire à l'intérieur du GPRA). Ce parachutage d’armes bénéficie au groupement «Loiseau–Bergeret» installé dans le secteur de St-Pierre d’Eyraud-Le Fleix-Pringorieux.
    • 6-11-1941: des parachutistes britanniques largués sur Ste-Capraise d’Eymet sont arrêtés par la gendarmerie.
    • 15-7-1942: Evasion massive organisée des détenus du camp de Mauzac. Parmi les évadés, 5 officiers anglais, 5 français et leur gardien complice dont Pierre Bloch.
    • 11-11-1942: le 26ème se met en position pour défendre Périgueux. Il est dissous le lendemain sur l’ordre des occupants.
    • 12-11-1942 : combat célèbre du maquis Jacquou le Croquant qui résiste en Périgord noir à l’Ost Bataillone 799.

      1943

    • 3-3-1943: Arrestation du passeur Edouard Etourneau à Salles (Castillon) qui mourra en déportation.
    • 28-3-1943: Boiseuil Paul Emile, curé de Champcevinel arrêté pour ses propos patriotiques et déporté au camp de Dora.
    • 11-5-1943 : Dénoncé comme résistant, Félicien Delmont est déporté et mourra à Mathausen.
    • 18-5-1943: Boissière André (Berthou), instituteur responsable de Combat en Dordogne du centre, créateur des MUR de Dordogne en avril 1943 est arrêté. Fusillé le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien.
    • 23-5-1943: arrestation de BERGGREN Raymond alias Bordeaux 48, chef du groupe « France au combat » (ORA), chef du réseau AS Brutus pour le département et du groupe Vény.
    • En mai 1943: Belloeil jo rassemble 7 camarades pour constituer un maquis à St-Jory-du-Chalais.
    • En août 1943:
      • parachutage du commandant Bonnamy André «Ponton Martin » en tant que technicien du sabotage morts au combat.
      • A St-Priest-les-Fougères, intervient la première grève des battages sous l’action du Comité d’action de défense paysanne CDAP.
    • 8-9-1943: Arrestation et torture par la gestapo d’Elia Gauville, propriétaire avec son mari, qui a réussi à rejoindre le maquis, de l’Hôtel du Périgord, qui sert de boîte aux lettres aux groupes « Cerisier » et « Mireille » et de point de ralliement des réfractaires au STO. Elle mourra à Ravensbrück.
    • 17-9-1943: Au lieudit Durestal, sur la commune de Sainte-Alvère, le premier PC de « Mireille » est attaqué par le force de Vichy (GMR et milice).
    • 2-10-1943: Jean Faure, chef du service départemental de renseignement de la Dordogne est fusillé.
    • 3-10-1943: Le terrain de parachutage et de camouflage d'armes de Paunat est trouvé pr kles Allemands. Nicaud Jean-Elie, et ses deux fils Marc et Paul sont arrêtés et déportés à Flossenburg. Le père maire de Paunat Jean-Eli sera libéré le 1er-12-1943 comme ancien de V erdun. Il ne reverra jamais ses fils.
    • 10-10-1943: Arrestation de Garaud Charles, directeur de la Poudrerie de Bergerac qui mourra en déportation.
    • 22-10-1943: Arrestation par les GMR de Jean Dupy dit « Lecamp » chef de l’AS Dordogne Sud, fonctionnaire alors qu’il intervenait pour faire relâcher des STO.
    • 24-10-1943: Répression policière allemande à Cadouin-le-Buisson (Besse tué).
    • 30-10-1943: Jésekiel, adjoint de « Mireille » et Goldman Mejezyslaw Mojzesj Marc juif polonais, qui a implanté le maquis « sanglier » en Dordogne sont arrêtés sur dénonciation par la gestapo place Francheville à Périgueux. Torturés à Limoges, ils sont déportés en Allemagne. Mireille sera rescapé après avoir fait plusieurs camps Auschwitz, Birkenau, Monowiz et Buchenwald.
    • En octobre 1943, une quinzaine de réfractaires au STO parmi lesquels le médecin FILIPI et Dujarrit, en attente d’un maquis dans la région de Beynac sont faits prisonniers et déportés. De leur Côté les maquisards M.O.I., qui intègrent également des républicains espagnols ou italiens et des juifs réalisent quelques feux d'artifice explosifs aux sièges de la Gestapo et de la Feldgendarmerie.

      Jusqu'au mois de novembre 1943

    • 3-11-1943: à Maine-du-Puits, au lieu-dit St-Vincent-de-Connezac, le maquis Mireille est attaqué par des GMR, dirigés par le GMR Hourtier : un blessé, trois morts et 32 prisonniers livrés aux Allemands.
    • 8-11-1943: arrestation, jugement et exécution d'Arlet (étudiant en droit) du groupe Bir-Hakeim.
    • 10-11-1943 : A la Chapelle-Aubareil , Joseph Juille est dénoncé par un espion . Arrêté par la Gestatpo, il est déporté à Mathausen.
    • 20-11-1943: Arrestation de Mireille Chef AS du maquis de Ste-Alvère.
    • 28-11-43: arrestation de Léon Blanc et de Eloi Buisson (Bonneville) à la suite d'un parachutage (tous deux morts en déportation).
    • En novembre 1943, arrestation de Barnalier (Combat) avec 7 de ses camarades à Capdrot tous déportés et morts à Johanngeorgenstadt.

      Décembre 1943

    • 7-12-1943: gendarmes Barraud René et METAIS Maurice de Ste-Foy-la Grande abattus au cours d'une opération du Groupe F.F.I. Martin.
    • 12-12-1943: sabotage réussi de la grande grue de 50 tonnes au dépôt SNCF de Périgueux sous la houlette de Bonnetot (alias Vincent) recruteur régional FTP basé à Limoges.
    • 15-12-1943 : Sabotage par Jolivet Eugène (Groupe AS Ponton-Martin), de la station de pompage de Bergerac.
    • 16-12-1943 : Arrestation de Maurice Daniel, responsable des transports du groupe AS Veny Déporté à Flossenburg.
    • 19-12-1943 : Jean-Julien Fagetou instituteur à Sigoulès est arrêté.
    • 20-12-1943:
      • Combat à Montpazier du groupe AS Carnot (Gardet Elie, capturé mourra en déportation).
      • Fort Chabrol à la gendarmerie de Beaumont-du-Périgord, qui soutient le maquis AS Leduc, La gestapo arrête Jean Lacroix et 5 gendarmes après trois heures de combat et 3 policiers nazis tués.
      • Le groupe AS Carnot, formé dans le secteur de MontPazier Villeréal, est attaqué et perd 4 prisonniers capturés au combat et morts en déportation (Elie Gardet,).
    • 23-12-1943: Deguilhem Leopold, chef cantonnier du Buisson, membre du groupe AS Bergeret, est arrêté à Cadouin . Il mourra en déportation.
    • 29-12-1943: Jean Lacroix, chef de la brigade de gendarmerie de Beaumont-du-Périgord, membre de l’AS Leduc, et sa brigade sont arrêtés et déportés à Buchenwald.
    • 30-12-1943: Arrestation à Neuvic et torture à Périgueux de Marcel Germain et Louis Dupont , garagiste, membre du Groupe Combat de l’abbé Sigala. Morts en déportation.
    • 31-12-1943:
      • Sabotage ferroviaire à Eymet (Alessandri).
      • 31-12-1943: Pinson (A.S.) avec le concours de Gardet organise le plasticage des locomotives au dépôt de Bergerac.








    Notes sur les Sources:

    1. «1944 en Dordogne», de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux.
    2. "Dictionnaire de la Résistance en Dordogne" de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux
    3. "Les résistants,l'histoire de ceux qui se refusèrent" de Robert Ballot aux Editions Larousse (p. 79)

     

     

    Suite de la chronologie des combats (du 14 janvier 1944 au 23 août 1944)

    Janvier 1944

     

    • 4-1-1944: Jeannot du groupe Soleil est arrêté à Mussidan et fusillé quelques jours plus tard.
    • 5-1-1944:
      • Maurice Faure, de Liorac-sur-Louyre, est arrêté par la Gestapo et déporté.
      • Combat à Mussidan du groupe FTP Soleil (Delfaud est fait prisonnier et s’évadera du train le conduisant en déportation).
    • 8-1-1944: plasticage de locomotives au dépôt de Bergerac (avec l’aide du cheminot Eloi).
    • 16-1-1944:
      • Vague d’arrestations à Mussidan : une cinquantaine de personnes soupçonnées d’être hostiles à Vichy sont emprisonnées puis déportées dont Jean Laurière, maquisard du groupe AS Mireille, fusillé près de limoges.
      • Les FTP de Gardette tentent de saboter les ateliers de la SNCF de Périgueux et se heurtent aux Allemands.
    • 29-1-1944: sabotage coordonné et réussi du groupe FTP Gardette au dépôt des locomotives de Périgueux, avec 14 lots d’explosifs plastic réglés en série détruisant 14 locomotives.

      Février 1944

    • 6-2-1944: engagement à Auriac du Périgord entre les FTP de Jacquou le croquant et la gendarmerie départementale.
    • 12-2-1944: plasticage de l’Usine de Mauzac (Rebeyrotte a fourni les plans) . Le barrage hydro-électrique est saboté par les FTP avec la participation du groupe MOI.
    • 14-2-1944: une colonne allemande traverse Rouffignac pour se rendre au « Moustier ». Les Allemands savent exactement où stationne un groupe de maquisards. Ils pillent les maisons habitées par des personnes signalées comme aidant la Résistance et arrêtent les époux Roye qui seront déportés et MM. Salviat et M. Lesvigne. Au retour, cette colonne s'empare de M. Delpech. Cette colonne est attaquée par des maquisards aux "Rivières basses" entre Les Versannes et Niversac. Auparavant une nuit de la fin janvier, les maquisards avaient frappé à toutes les portes pour mettre en garde les habitants: « Attention !... les chleuhs doivent arrêter tous les hommes valides. Soyez prudents, ne venez plus coucher chez vous ! »
    • 15-2-1944: Parachutage d’armes à Bourgnac (frères Arnaud).

     

    La plaque commémorative du massacre
    du pont de Lasveyras.
    Pour voir le site du massacre, cliquez sur ce lien

     

        • 16-2-1944: tuerie d'un groupe de l'armée secrète (AS) au pont de Lasveyras (Payzac-le-Moustier) placé sous le commandement de Jeantou maquisard AS déporté avec 12 de ses camarades à Auschwitz (6 rescapés). 34 hommes sont massacrés sur place selon la plaque commémorative: Paul Bitard, Albert Borderie, Albert Brun, Pierre Charazin, Yves Crouzy, Maurice Damis, René Daubisse, Robert Delage, Jacques Duboué, André Dupuy, André Duredon, André Enault, Jean Eveine, Andrien Farout, Jean Gardes, Raymond Gatinel, Hermann Gelberger, Roger Girardeau, Raymond Granger, Edmond Lagorce, Albert Lavaud, Joseph Le jallu, Jean Loseille, Fraçois Machefer, Pierre madronnet, ,Pierre Missegué, Henri Peyramaure, Joseph Pompognat, Noël Pouyadou, Paul Schneider, Raymond Simon, Robert Soudeix. Parmi les déportés, André Bartou, Jean-Pierre Delage ou jeantou, chef de groupe, René Laguione, Max Madronnet, Léon Marsaleix.sont morts en déportation).

     

      • Le groupe FTP Ricco a été engagé au combat du pont de Lasveyras. Roger Delon sera l’un des rares rescapés. Le lieu du massacre est situé sur le territoire de la commune de Beyssenac en Corrèze à la limite du département de la Dordogne. De nombreux suppliciés de ce massacre étaient originaires de la Dordogne.

     

      • 18-2-1944: Arrestation du capitaine Galley (26ème R.I.) chef ORA pour Périgueux ville et le sud-est qui est déporté. De Grancay, colonel du 26ème RI, chef de l’ORA pour la Dordogne, a été arrêté le même jour et déporté.Un lieutenant de l'ORA est également arrêté et déporté.
      • 19-2-1944: arrestation de Graffin, officier de carrière au 35ème RA. Chef ORA de la Dordogne Nord.
      • 20-2-1944: Lenain Henri, militaire entré à la LVF affecté à la surveillance des voies ferrées, est exécuté à la station de Marsac-Lacave par des hommes du corps franc Rolland.
      • 21-2-1944: Paul Marion, responsable des FTPF de Dordogne, compagnon de la Libération est arrêté à Périgueux et déporté. Il est remplacé par Roger Lescure. (4) .
      • 26-02-1944: Plusieurs géorgiens incorporés dans l’Ost bataillon 799 désertent la Wehrmacht et rejoignent le maquis Jacquou le Croquant.
      • 28-2-1944: Elie d’Elia caporal chef FFI est exécuté à Savignac-les-Eglises.
      • En février 1944, le Groupe FTP Gabrielli a du combattre aux Brandes (Ligueux) contre les forces vichystes (Berthe Robert, mort au combat).

        Mars 1944

      • 1-3-1944: Combat contre les GMR à St-Germain-des-Près des stagiaires FTP de l’école des cadres de Fanlac (René Geoffroy, mortellement blessé, André Dumas, blessé, fusillé à Limoges le 25-4-1944).
      • 2-3 -1944: Combats violents d’Eymouchères opposant les Allemands aux maquis AS Achille, Roland, Arthur et Alfred.
      • 4-3-1944:
        • au lieu-dit Bousquet de la commune de Bars, accrochage du maquis Jacquou le Croquant avec une expédition des GMR.Les FTP parviennent à décrocher. Mais au four de Marty, près de Bars, le détachement FTP affronte les GMR de Périgueux et de Limoges pendant 3 heures d’horloge. Des déserteurs géorgiens de la Wehrmacht participent à ce combat aux côtés des maquisards.
        • Legendre, chef FTP du groupe FTP Valmy est capturé par les GMR à Pont-Saint-Mamet. Il est fusillé à Limoges le 18 mars 1944. Est également tué Marceau Goudou.
        • Au Canadier à Veyrines-de-Domme, Juan Jimenez, du maquis MOI est capturé et fusillé à Vaurez.
        • A Capelot, six maquisards du groupe Gardette conduits par Julot Barataud, dotés d’un fusil mitrailleur s’attaque à un convoi allemand. Un seul rescapé et 3 maquisards mortellement touchés dont "Lulot", un autre blessé et un cinquième capturé et déporté.
      • 5-3-1944:
        • bombardement de la poudrerie de Bergerac par la RAF.
        • Combat du maquis FTP Valmy à Pont-St-Mamet contre les GMR (3 morts dont Descaudemaison Albéric, mort au Combat ). Neuf autres maquisards sont arrêtés à Pont-Saint-Mamet (3 tués, 9 arrêtés dont Marcel Legendre), dans cette opération impliquant le ss-préfet de Bergerac, Jean CALLARD, successeur de Jean POPINEAU, comme préfet du département, le 7-6-1944.
      • 6-3-1944: Roger Deschamps, gendarme à Thenon rejoint l’AS Thenon, dirigée par Roger Deschamps, capitaine FFI.
      • 8-3-1944: Sabotage de 20 wagons près de Thiviers par la SSS section spéciale de sabotage).
      • 14-3-1944:
        • A Veyrine-de-Domme le 4ème escadron de GMR commandé par le capitaine Jean tue 4 "terroristes".
        • Après un accrochage entre le maquis et une patrouille allemande, une dizaine de civils Terrassonais ont été arrêtés et déportés, beaucoup ne reviendront pas.(6)
      • 16-3-1944: Combat des FTP MOI (maquisards issus de la Main d'oeuvre immigrée) à Veyrines.
      • 19-3-1944: Gibaud René est , abattu à St-Barthélémy-de-Bellegarde.
      • 20-3-1944: A Sarrazac, les Allemands arrêtent un juif, lui font creuser sa tombe , le mutilent avant de l’achever.
      • 22-3-1944: Combat du Groupe Jacques à Bussières-Galant (Ruffino, mort au combat)
      • 23-3-1944: Lavaud, un chef cantonal de la milice du secteur de Terrasson est attaqué par le Maquis Gardette lors d’une réunion de miliciens à son domicile. 4 jeunes résistants sont tués.
      • 24-3-1944:
        • Accrochage des FTP à Terrasson avec la milice (Baspeyras, Raoul Guignet, morts au combat.)
        • Une voiture d’Officiers allemands est mitraillée dans la ville par le groupe FTP Daniel Léger commandé par Marius (Marius Puybarreau). En représaille, 31 otages sont exécutés le lendemain.
        • La division Brehmer, forte de quelque 6.000 hommes à l'école de la politique de terre brûlée sur le front russe et venant de la région Parisienne arrive à Périgueux. Jusqu'au 3 avril 1944, où elle retourne dans ses quartiers, on peut la suivre à la trace de ses crimes dans le département.
      • 25-3-1944:
        • Combat à Luzier (Beaumont-du-Périgord) Raymond Maréchal, chef du groupe Author, est tué au combat. C’était un compagnon d'André Malraux pendant la guerre d’Espagne et un agent du SOE.
        • A Couze, André Fertin est fusillé.

        du 26-3 au 4-4-1944: la division Brehmer sème la terreur et l'épouvante en Périgord.
      • 26-3-1944:
        • Dosile Georges, garagistes à Ribérac, est abattu par les SS pour aide à la résistance. Il en va de même de Jean-Léon Dupeyrat, luthier également fusillé et brûlé dans sa maison incendiée. Dosile Gilbert, Robert Dubois, Nestor Duchez et Dupy Charles, tous deux garagistes, sont également abattus à St-Martin-de-Ribérac pour aide à la résistance.
        • Lafaye, métayer chez Dupeyrat de Ribérac, est brûlé dans sa ferme par les SS.
        • Henri Gilaude, fusillé à St-Sulpice-de-Roumagnac pour complicité avec les résistants.
        • Girard et Maurice Dumonteil sont fusillés à la Jemaye pour aide au maquis et leurs corps brûlés par les nazis.
        • 25 otages sont exécutés par la phalange (ou les bicots, ou encore la "Hilfspolizei") à Brantôme.
          Parmi eux figuraient Roiffé, dit "Tebourba" chef du réseau "sabotage-fer", Pradet chef du service de renseignement tous les deux du du maquis Limousin, et Georges DUMAS, Chef régional du service de noyautage des administrations (NAP)fondé par Claude Bourdet, et membre de la Direction de COMBAT.(Quatre ans de lutte sur le sol limousin par Lucien SOUNY, p. 118 de l'édition Lucien Souny 1991-1998)
        • 25 otages sont arrêtés à Ste-Marie-de-Chignac par une unité de la division Brehmer.<
        • Combat du maquis Ali à la Celle (Audemard Guy mort au combat).
        • Après Ribérac, les SS de la division Brehmer investissent la ville de Mussidan et conduisent des otages à la prison. Ils expédient des colonnes infernales qui rayonnent dans tout le secteur pour exercer leurs talents de tortionnaire en liaison avec la phalange.
        • Exécution à St-Sulpice-de-Roumagnac (Barrat Marcel et Roger, Henri Duranthon) pour complicité avec les résistants.
        • Boursat René du groupe FTP Totor est tué par des miliciens au pont de Lachenau à Vaunac. Il semble que les mêmes miliciens attaquent le maquis de Saint-Paul-La-Roche et tuent Passerieux Marcel.
        • Pris comme otage à Allemans, Bardisson René et Lafaye Antoine sont fusillés par les nazis.
        • Arrestation d’Eclancher Abel, fermier aidant les maquis fusillé à Périgueux. Eclancher Marcel est également arrêté pour la même raison et fusillé à Font-Chose (La Jemaye).
        • Etienne Cardona, républicain espagnol est fusillé comme résistant à St-André-de-Double.
        • 26-3-1944: Combat du maquis Ali (René Dubois, mort au combat).
      • 27-3 -1944:
        • André Lamaud, spécialisé dans les faux papiers est pendu à Champagnac de Belair.
        • Les 25 otages arrêtés la veille sont exécutés par la phalange (ou les bicots) à Ste-Marie-de-Chignac, aux rivières Basses et Capelot.
        • combat FTP à Capelot (Ste-Marie-de-Chignac) contre un détachement de la division Brehmer. (Pierre Bonnefond, Paul Grenier, morts au combat).
        • Tentative de coup de main de la résistance sur la poudrerie de Bergerac.
        • Henri Lapeyronnie massacré à Quinsac.
        • Neuf otages sont fusillés à St-Pancrace et un à Villars.
        • Les nazis massacrent la famille Roby.
        • Entre les 27-3 et 01-4-1944, plusieurs boulangers sont massacrés au prétexte d'aide au maquis.
      • 28-3-1944:
        • Combat du groupe FTP Gabrielli à St-Front d’Alemps.(Michel Roulland, mort au combat)
        • Incursion d’un groupe de SS à Lempzours où Thomasson est est tué à son domicile.
      • 29-3-1944:
        • Marcel Lambert est arrêté par la milice, torturé à Thiviers et fusillé chez lui à Mazerolas.
        • arrêté à Sorges, Paul Carreau, sergent FFI est fusillé à St Clément. Nicolas Feyte est arrêté à Sorges. Il mourra en déportation.
        • A Sarrazac, accrochage du groupe AS Violette avec une patrouille mixte SS milice (Quignot Serge, Letheuil, Pierre Jacob, morts au combat).
        • Boyer Louis et Jean Desveaux,, assassinés par la milice à Preyssac d’Excideuil.
        • A Nantheuil, quatre réfugiés alsaciens probablement juifs sont abattus par les SS.
        • Paul Garreau, boucher résistant est arrêté à Sorges par les Allemands et abattu dans les bois de St-Romain St-Clément.
      • 30-3-1944:
        • A l'aube du jeudi 30 mars, la division Brehmer entre dans Terrasson d'où elle rayonne et se livre pendant 4 jours interminables à des actions de répression. La Gestapo et l'Etat Major Allemand s'y installent. La ville est sous le coup d'un blocus. Plusieurs personnalités importantes de la commune seront fusillées le 31 mars 1944.(6)
        • Combat des FFI à Villac (Leymarie Jean, mort au combat). Delord Louis, tué par la gestapo à Villac. Sa maison est incendiée. Au château de Villac, la gestapo tue tous les habitants et incendie le Château.
        • Marc Buisson, garagiste à Sarlat, dénoncé est fusillé à La Chapelle Aubareil.
        • Henri Bonhomme, 44 ans, torturé et achevé dans sa maison par les Allemands en tant que soutien de la Résistance.
        • Alois Delbert, adolescent, est fusillé à Beauregard-de-Terrasson.
        • Bonnefons, facteur à Azerat, tué pour aide au maquis.
        • Bouyssonie Gabriel abattu à la Salvinie (Jayac).
        • A Azerat, les SS de la division Brehmer torturent, incendient et fusillent ce qui ne les empêchent pas de prendre des otages, quitte à les fusiller le lendemain.
        • A La bachellerie, les 30 et 31 mars 1944, les SS fusillent 12 personnes
        • Des otages sont fusillés à Condat-sur-Vézère (Mouney, Georges Haupinot )
        • Les nazis de Brehmer arrêtent à Auriac du Périgord Henri Bonhomme torturé à mort devant son épouse. La famille Longuet et leurs métayers sont tous abattus.
      • 31-3-1944:
          • Les SS de la Division Brehmer étaient très bien renseignés. Le château de Rastignac, sur le territoire de la commune de la Bachellerie est incendié après que les SS aient fait main basse sur 33 peintures (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Sisley, Cézanne, Manet, Renoir, Matisse…) qui y avaient été cachées. On ne les retrouvera jamais ces chefs d'oeuvre. Les 16 femmes et 17 enfants de confession juive qui y séjournent sont expédiés à Drancy. Seules 4 femmes survivront, les 17 enfants ayant été exterminés dès leur arrivée à Auschwitz.
          • A Rouffignac, les SS de Brehmer fusillent 64 hommes, et emprisonnent tous les autres hommes du village promis à la déportation, y compris les gendarmes. Tout le village est incendié à l'exception de l'Eglise.
          • Elie Deniysiack à St-Amand Coly cache des véhicules du maquis dans sa ferme. Il est abattu et sa ferme incendiée.
          • André et Yvon Delbos, fusillés à Condat-sur-Vézère./li>
          • Georges Gaucher, maquisard est arrêté par la milice à proximité de Terrasson et exécuté par la Gestapo.
          • La division Brehmer massacre et incendie le hameau de Nadaillac (Yvon Delbos, fusillé) .
          • Combat de Thenon (Nadal jean, morts au combat). Blessé chez lui, à la Banargerie, M. Dubreuil est fusillé et jeté dans sa maison incendiée.
          • Aubarbier et son épouse, tenancier de l'auberge de Fanlac et propriétaires du Château de Lespicerie hébergeant l'Ecole des cadres FTP sont repérés, torturés et brûlés dans leur maison. Pilipenko, ancien militaire soviétique, lieutenant instructeur à l’école des cadres FTP meurt en combattant à Fanlac la division Brehmer.
          • Sabotage des locomotives au dépôt de Périgueux avec l’aide des légaux et des FTP hercule, Pinochio et Ricco.
          • Paul Cérou et Leopold Laval , fusillés à Condat-sur-Vézère.
          • et le 1-4-1944,: A Montignac, 24 personnes sont fusillées ou déportées (toutes mortes en en déportation) méfaits provoqués par la colonne Brehmer.
          • Lajoinie Gaston, cultivateur de Thonac est torturé et fusillé à Valojoulx.
          • Georges Lanoix, boulanger à St-Amand de Coly est torturé et fusillé pour avoir ravitaillé le maquis.
          • A Terrasson, René Lascaud, secrétaire général de la mairie, soupçonné d’être en relation avec des résistants est torturé et abattu. 52 personnes civiles résistantes et juives sont arrêtées et fusillées au plus tard le lendemmain.
         
          • Le Hameau de la Tranche est incendié parfois avec leurs habitants à l’intérieur des maisons (Bouzonie louis, Faurie Henri, Ferret Paul, Michaudel Etienne). 51 autres personnes, civils, résistants ou juifs sont fusillés
         
          • Après La Tranche, la colonne Brehmer s'attaque au hameau de Nadaillac. Otage fusillé par les Allemands à Nadaillac (Adrien Jardel).
         
          • Hector Frison est capturé, torturé et fusillé à St-Amand-de-Coly pour aide aux maquisards.
          • Au hameau de Saint-Rabier, deux juifs sont fusillés et la femme abattue dans le dos, jetée au feu (5).
          • Combat des FTPF à Thenon . Jean-Baptiste Delord, membre de l’état-major FTPF de Brive , est tué au combat.
         
      • En Mars 1944, a lieu un Combat à Niversac où le chef de maquis (Barataud Paul)est tué . Le PC de l’état-major de Combat est installé à Grun-Bordas.
      • Avril 1944

      • 1-4-1944:
        • Clément Debet, fusillé et brûlé dans sa maison pour ravitaillement du maquis.
        • Guillaume Gerson, tué comme otage à St-Pierre-de-Chignac et Alexandre de Boisredon est fusillé pour avoir caché une famille juive.
      •  
          • A 8 heures du matin, une unité de 200 SS de la colonne Brehmer investit le village de Sainte-Orse. Un simple d'esprit Abraham Kahn est abattu dans le dos, tandis que trente juifs sont capturés, conduits à la mairie, fouillés et battus. Alors que les prisonniers sont conduits à 200 mètre du bourg au lieu-dit Les Châtenets, sept d'entre eux (LEHMANN Camille et Léopold, MOCH Léon, Raymond, André, MEYER Oscar et WEIL Emmanuel, ) sont abattus froidement. Toutes les maisons les hébergeant sont incendiés, 19 rescapés sont chargés dans des camions pour former un convoi 71 pour Auschwitz. Entretemps, Jean Bousquet, qui avait donné l'alerte dans le hameau voisin de Rosas est arrêté, torturé puis fusillé devant sa femme et son fils sans avoir parlé, sauvant ainsi dix vies (BLOCH Armand, Simone, Henriette, âgée de 11 mois, CAHN Fernand, Blanche, Maurice et Raymond, leurs fils, GRUMBACH Lucien,LEHMANN André,LOEB Marcel.
         
          • Le détachement de SS est reparti vers Thenon.
         
          • Faut-il vraiment s'étonner si trois des rescapés ont rejoint le maquis après ces horreurs(5)
          • A Hautefort, les SS de la division Brehmer fusillent les réfugiés Jacob, Caïn, Hauffman, Maurice Hulmer, Henri Samud.
         
      • 2-4-1944:
        • Avant de retourner les 3 et 4 avril 1944 en Corrèze les SS de Brehmer fusillent trois otages à Génis et y incendient des maisons.
      •  
        • René Faurel, de St-Raphaël d’Excideuil, est également fusillé par les nazis.
      • 8-4-1944: Beauclerck Ralph «Casimir» et Lake Peter, agents britanniques sont parachutés à Limeuil pour assurer les liaisons avec l’ORA.

     

      • 9-4-1944 : Laurent Dobos, pompier à Périgueux, assassiné par un « bicot ». Même sort pour Laurent Dubois, qui ne présentait pas ses papiers assez vite.

     

      • 12-4-1944 : A Mussidan, les nazis raflent 45 ouvriers qu’ils expédient en Allemagne.
      • Du 14-4-1944 au 20-8-1944 : Mussidan est sous la botte de 1.500 soldats allemands. 22 personnes sont martyrisées, retenues comme otages ou abattues ou déportées.
      • A Mussidan 21 otages sont abattus le 20-8-1944.

     

      • 18-4-1944: Jean Grumbach, maquisard surpris par les Allemands à Bas-Rivaux (Marquay) est fusillé sur le champ.

     

      • 20-4-1944:
        • A Boulazac Arlot-de-Cumond Henri châtelain de Lieu-Dieu tué au combat.
        • Arrestation à Périgueux de Lerouge André, ancien des brigades internationales et responsable des parachutages des FTPF, chargé également de la propagande. Fusillé au 35ème le 5 juin 1944.
      • 26-4-1944: Combat des FTP Marius contre des Gendarmes (GMR) à la gare de Mavaleix (Charles Bodeville morts au combat)

     

      • 28-4-1944: Pierre Boulanger et Pierre Magnesse, abattu par une colonne allemande à St-Martin de Fressengeas. 300 hommes du 95ème Régiment de la Wehrmacht renforcés de miliciens détruisent un groupe d’une vingtaine de FFI dont la moitié meurt au combat et dont une dizaine d’autres sont abattus après avoir été fait prisonniers.
      • 29-4-1944 : Nouvelle tentative de la Résistance contre la poudrerie de Bergerac.

     

        • Mai 1944

        • 8–5-1944:
          • Surpris par un groupe d’Allemands alors qu’ils réparaient un véhicule à St-Aubain de Cadalech, des FTP du groupe Anic engagent le combat à la ferme Vigier (Jean Lecorvaisier tué). Six d’entre eux se sauvent avec les époux Vigier.
          • Sabotage de la voie ferrée sous le tunnel au passage du Pas-du-Raysse dans le cadre du plan vert.
          • Léon Emery, boulanger de l’AS Violette est capturé et tué par les miliciens.
        • 10-5-1944:
          • sur ordre de la préfecture, les forces de Vichy procèdent à l’arrestation de 200 périgourdins parqués rue Bodin au cinéma Palace. 95 de ces otages sont transférés au camp de St-Paul d’Eyjeaux proche de Limoges. Un tiers de ces otages sont livrés aux Allemands et déportés. D’autres seront fusillés. Parmi eux, est arrêté Jean Daroux (ORA), secrétaire au Commissariat de police Jean Daroux, mort en déportation.
          • François Leydier, capitaine ORA issu du 35ème RI est- arrêté par la milice. Il s’évade le même jour et reprend tranquillement son poste de chef des FFI du département.
        • 11-5-1944: le groupe Soleil accroche la milice à Villeneuve-sur-Lot (Jacques BAUER, blessé).
        • 13-5-1944:
          • Massacre de Négrondes (Chaminade J et J.P. , Jarry L. Cidoux C. ChateauraynaudP.E. Guionnaud C. Desgroppes Roger.)
          • Nouveau coup de main de la Résistance contre la poudrerie de Bergerac.
        • 15-5-1944:
          • Le cadavre d’André Laurens, stratège des maquis de Thiviers, arrêté par la milice à Coulounieix sur dénonciation et torturé à mort est retrouvé sur une route.
          • Raymond Doumeyrou, du groupe AS de Domme, spécialisé dans la récupération des armes, est tué en opération.
        • 17-5-1944 :
          • Combat de la 227ème Cie FTP à Bost-Laporte (à St Jory-Lasbloux) contre la milice et les GMR. (Fernand Desjean, mort au combat, Delmotte Louis, blessé au combat mourra à Clairvivre).
          • A Thiviers, une dizaine de miliciens s'installent à l'Hôtel terminus. Ils y torturent de nombreux civils parmi lesquels: Albert Bappel (15ans), Mme Brikson, Courbe, Faure, Galvagnon, Lagorce, Laurens, Parrot, Pauthier, Sloweski...
        • 18-5-1944: Combat à la Bélaudie (St-Amand de Vergt) (Jean Goutard, mort au combat).
        • 19-5-1944: décret d’épuration publié à Alger.
        • 21-5-1944: maquis Sampaix en opération à Saint-Lazare (Jean Bayle et Pomarel morts au combat). Amédé Delpit, Favaretto Emilio et Pietro, Durand Félix sont fait prisonniers à Vergt-de-Biron. Ils mourront en déportation.
        • 23-5-1944 : Les FFI établissent un commandement unique confié à Marcel Gaucher, lieutenant-colonel de carrière. Y sont représentés les Corps Francs de la Libération (troupes de choc des FFI) , les MUR (Mouvements unifiés de la Résistance), les FTP et l’ORA.
        • 24-5-1944: A la suite d'un important parachutage d'armes à Beleymas cachées par les frères Thurmel, sont arrêtés à Villamblard par les GMR. Ils seront fusillés le 19 juin 1944 au 35ème.
        • 26-5-1944: Bataille rangée de Jumilhac-le-Grand du 1er Régiment FTP, conduite par Henri Meyze combat 300 miliciens.
        • 27-5-1944 : Fache Jean, 20 ans, arrêté par la gestapo à Saint-Avit-Rivière, meurt déporté à Mathausen.
        • En mai, une dizaine de garçons de 15 à 24 ans attendant leur départ pour le Groupe Ancel cachés dans une ferme à Marsaneix sont mitraillés dans une ferme. Un seul rescapé.

          Juin 1944

        • 1er-6-1944 : Joseph Laurens, officier instructeur au château de Laurens est assassiné par la milice.
        • 4-6-1944: les miliciens abattent Gilbert Bourdin, FTP de la 222ème Cie de Dordogne Nord à Lempzours.
        • 6-6-1944:
          • Le gendarme Roger Deschamps rejoint l’AS du secteur de Thenon.
          • André Gaucher, ou « Martial », lieutenant colonel de carrière, commandant AS, est confirmé chef départemental FFI regroupant l’A.S., l’O.R.A. et le lendemain, les FTP . Organisateur du hold-up de Neuvic, Martial sera nommé chef-d’Etat-major le 12-8-1944 à Chabans.
          • Feydit, le chef de la gendarmerie de la Force gagne le maquis avec ses hommes.
          • Combat de Laurière à Antonne du bataillon AS violette (Payramaure, René Leyssenot Denis Louis, morts au combat).
          • Nouveau sabotage dans le tunnel ferroviaire du Pays-du-Raysse par le groupe AS de Sarlat de qui compte 1515 maquisards. Badaroux Lucien, chef du groupe AS en Salardais (Bergeret) participe au sabotage du tunnel Pas-du-Raysse.(Plan vert)
          • A Bourniquel est mis en place dans le Bergeracois un terrain de parachutages massifs sous la direction de Philibert.
          • Le groupe AS Bayard détruit les matériels ferroviaires en gares de Bergerac, Eymet, Le Buisson(Plan vert).
          • La commune de Beaumont-du-Périgord proclame sa libération et met sur pied un groupe de combat de 512 hommes.
          • A Carlux des troupes de reconnaissance de Das Reich raflent 16 otages de 7 à 62 ans et les fusillent à Prats-de-Carlux après les avoir torturés (parmi lesquels René Geoffroy, André Dumas,...).
          • A Saint-Germain-et-Mons, toute la population se mobilise devant la division nazie.
          • Combat à Carsac (Puydebois Jean-Paul mort au combat).
        • 7-6-1944:
          • Le groupe AS Cerisier (600 maquisards) attaque le camp de Mauzac qu’ils libèrent (28 morts au combat) et établit une première liste de suspects à arrêter.
          • Une dissension entre l'AS de Bergeret et le FTP de Julien fait échouer une tentative de libération de Bergerac. La Feldgendarmerie se maintiendra à l'Hôtel de la Dordogne.
          • INSTALLATION d'un poste de commandement à Bigaroque (lieu-dit en Salardais).
          • Combat de Pombonne (Arnaudet, Beunardeau Charles, Roger Macary, morts au combat).
          • Un détachement de l’A.S. de St Martial de Valette commandé par raymond Boucharel libère la sous-préfecture de Nontron, deuxième commune libérée du département.
        • Du 8 au 14-6-1944: la division das Reich traverse le département.
        • 8-6-1944:
          • Combat de Groléjac contre les SS avec le groupe AS Corrèze. Ils ne sont que 19 hommes commandés par Roger Gerrand et Joffe Camille(Marcel Malatray, Louios Coquil et JB Thières sont tués au combat) et rejoints par le maquis AS Alberte (9 hommes) auxquels se joignent des villageois. 7 patriotes sont passé par les armes.
          • Combat à Cazoulès (Hubert Yves, lieutenant FFI mort au combat)
          • Constitution d’un premier Comité départemental de Libération CDL à Breuilh.
          • Installation du Comité de libération de Belvès.
          • Combat du groupe AS Alberte commandé par H. Beylot à Rouffillac face à la division Das Reich.
          • Combats (probablement avec le groupe AS Alberte) avec la Division das Reich à Carsac-Aillac. 13 otages de 17 à 80 ans sont massacrés.
          • Pour mémoire c'est ce jour là qu'ont lieu les pendaisons de Tulle (Corrèze) par la division das Reich.
        • 9-6-1944:
          • Combat de St-Pierre d’Eyraud (Jean Lamolie, 14 ans, tué au combat).
          • Combat à Thenon de la 223ème Cie FTP (Ranoux Paul y participe). La famille Ranoux est entièrement engagée dans la Résistance et compte notamment parmi les siens Roger Ranoux ("Hercule", chef du groupe FTP Lucien Samlpaix qui deviendra chef départemental FFI le 12-8-1944).
          • A Bac de Sors, auberge près de Trémolat, le directoire du M.L.N. Entérine la nomination du préfet du maquis Roux.
          • Combat du Fleix (Camille Georges , instituteur, morts au combat).
          • Début des combats de Mouleydier. Les Allemands engagent 88 blindés et des canons contre les maquis Soleil et la population.
          • Combat au Landin de la 223ème Cie FTP (Présence de Géraudy François).
          • Combat du pont de Coutou (Camille Georges, mort au combat).
          • Combat du maquis Bertrand à Miramont de Guyenne (Louis Frétillères, mort au combat).
        • 10-6-1944:
          • Dupont jean, membre du groupe Vény, arrêté et déporté . Meurt à Flossenburg.
          • Une attaque des GMR du maquis en forêt de Vieillecourt conduira à l’arrestation de 10 maquisards du groupe FTP Tarzan.
          • Une équipe de Jetburgh est parachutée à Ste-Nathalène.
          • Un état-major dit inter-allié est installé d’abord à La Vitrolle de Limeuil, puis à Lapoujade d’Urva. Il est dirigé par Jacques Poirier, responsable du SOE en Dordogne et a pour objet de coordonner l’aide des alliés aux résistants.
          • (Pour mémoire) massacre d’Oradour-sur-Glane (Hte-Vienne).
          • Libération de Nontron par l’AS de Saint-Martial-de-Valette commandée Raymond Boucharel.
          • Terrasson, occupée par la division Das Reich. Si le Maire, Georges Labarthe évite un bain de sang à la population, la ville paye un nouveau tribut aux SS de das Reich: la rue Margontier, l'hôtel de ville et les archives disparaissent dans les flammes.(7) Fernand Limouzy, capturé les armes à la main (1er bataillon FTP) par un élément de la division Das Reich est pendu à un balcon. La 221ème Cie FTP sous les ordres Pierre Goumet combat les SS.
          • Combat de Monbazillac (René Kempf, mort au combat)
        • 11-6-1944:
            • A Fossemagne, Jean Deltreuil est assassiné par les SS de das Reich.
            • Vers 10 h, suite des combats de Mouleydier (Jacques BAUER, Diaz Navarro, morts au combat) alors que les maquis Soleil convergent vers Bergerac, ils sont arrêtés par une concentration massive de troupes nazies, juste au moment où les maquis de l’A.S. abandonnent le secteur sous le commandement de Guérin, chef de groupe AS. Le 12ème bataillon FTP commandé par Dessalien, ou «rasemotte» , capitaine à 17 ans engae le combat. Les combats sur Mouleydier, malgré le soutien des bombardiers alliés dureront jusqu’au 21 et 23 juin 1944 dans la ville martyre qui sera totalement incendiée.
            • combat de Lesparat à Boulazac ( Schwartz, Georges Joyeux, Faure André, morts au combat) engagé par le maquis l’Ancêtre Karl.
           
            • A Mussidan (déjà ville martyre), des maquisards engagent un violent combat contre un train de soldats allemands. (Blanchard, Fabric, Le Roy, Rode, Saussac, Vorion et William trouvent la mort dans cette action. En représailles, Hambrecht, soutenu par les bicots (Ben Keddi Haddou est qualifié de bourreau de Mussidan) fait passer par les armes le lendemain 52 personnes plus 2 maquisards (dont Bienfait André, Blaes Léon, Bondieu Gabriel, Raoul Grassin, fusillés le 12-6-1944. Le maire Grassin est fusillé en tête des 54 otages. 52 otages sont exécutés par la phalange (ou les bicots, ou Hilfspolizei) plus 2 maquisards faits prisonniers. Plusieurs d’entre les phalangistes, repérés après la libération seront traduits en cour martiale et la sentence sera exécutée sur le champ.
           
          • 11-6-1944 : Jean Faucher de La Bachellerie est abattu par les nazis.
        • 12-6-1944:
            • Arrestation à Eglise-Neuve-de-Vergt de Marie Dupuy, agent de liaison du maquis. Elle est fusillée le lendemain à Limoges.
            • Eclancher M. est fusillé à St-Astier.
            • Au hameau des Piles (hameau d’Antonne), des éléments de Das Reich combattent contre des FTP du groupe l'Ancêtre Karl auquel se joint le groupe Ricco (Marcel Gibertie blessé). Les allemands abattent 12 otages (toute la famille Frydman, Antonne et Trigonant, Damis, ). Les maisons du bourg sont incendiées sur l’ordre du SD Hambrecht avec l’aide des bicots 14 victimes et le hameau incendié. Valentine Bussière 23 ans ; agent de liaison de l’état-major FTP est massacrée aux Piles par la division das Reich.
           
            • La population de Belvès se rassemble pour rendre hommage aux résistants de Soleil tués dans les combats de Mouleydier.
           
            • Parmi les otages de Mussidan sont fusillés dans la rue avec une extrême sauvagerie: Bourson Paul, Camille Bousquet (Sourzac) Cavazutti , Clovis Longuaud, Joseph Hermann, Lucien Herskowitz, André Gros, Marcel Giraudon,Giraud, Maxime Gardillou, Jean Flayac, Eugène et Félicien Folny, Roger Eyraud, Roger Delebret, Raymond Diebolt, Georges Duluc et René (17 ans), René et Ray Dumonteil, Jean Dupuy, Georges Duteuil, otages.
           
            • Surpris par une patrouille allemande, Marcel Delord est fusillé à Rossignal (Chalagnac).
           
        • 13-6-1944:
            • Combat de la Ribeyrie (Lembras) du maquis ORA Joseph (Baillardi, Leblave, Constant Fardil, morts au combat)
           
            • Sur la place Montaigne à Périgueux, la Gestapo torture et achève avec une sauvagerie rafinée 5 jeunes raflés dans le secteur de Mareuil qui agonisent lentement à la vue de la population maintenue à distance (Marcelin Besse, Marcel Descout, Maurice Dufour, Roger Pignon et Albert Viaud).
           
        • 14-6-1944:
            • combat de la Ribeyrie mené par le groupe Bir Hakeim sous la houlette du cdt Paquette et par Lucien Marcou pour l’ORA.
           
            • Du 14 au 19 juin 1944: une formation blindée, relevant probablement de la 11ème division blindée venant de Bordeaux occupe Bergerac. Combat à La Ferrière et exécute des patriotes à Gageac-Rouillac parmi lesquels Roger Lolivet.
           
        • 15-6-1944 : Lagorce Marcel est massacré par les miliciens au Moulinier à Peyzac-le-Moustier.

     

      • 16-6-1944:
          • Le commandement de l’ORA s’installe à Breuilh, au château de Mondignéras, chez Jammet en forêt de Vergt.
          • A Gardonne, au pont de Moiron, une colonne allemande est accrochée par le groupe AS Ponton-Martin. Plusieurs maisons de la localité sont incendiées.
          • A Ligueux, Daniel Elie est tué.
          • A St-Laurent des Vignes, Maurice Degrave, 16 ans est fusillé.
         
      • 17-6-1944:
          • A la barrière de Pringonrieux, 200 soldats allemands attaquent un poste au pont de Pessiaud (3 résistants morts dont Lucien Nadal, Marian Kozlowski, Jean Denoux et un blessé qui sera fusillé à Bordeaux). En affrontant le groupe Loiseau.
          • Poursuite des combats de Mouleydier.
         
          • A Marsaneix, les Allemands attaquent le camp de Martel du maquis Ancel sur dénonciation de deux Français (René Krig mort au combat).
          ,
      • 18-6-1944:
        • Arrivée dans le département de la colonne infernale Bode de la 11ème Panzer en Dordogne par St Cyprien et Journiac.
        • Combat au Fleix du Groupe AS Jean (Georges Boudou, mort au combat).
      • 21-6-1944:
        • A Lalinde, 300 réfractaires au S.T.O. sont dénoncés à la Gestapo par des collaborateurs. 20 patriotes sont fusillés et 7 autres déportés.
        • Combat de Tuilières (Jean Grenier, mort au combat Noël Georges et Louis,
        • Henri Langlade, Robert Lavari, Ponterie Gonthier, Henri Gaumard sont pris et fusillés à St-Germain et Mons).
      •  
        • Combat de Mouleydier avec le groupe AS Sam (Bonnat, Borderie, Bouysset Jean, Robert Lamarque, René Julien, Gabriel Guimbaud, Jean-Robert Grillety, morts au combat). Le FFI blessé Eugène Grollier est jeté encore vivant dans une maison incendiée.
        • Combats à Pressignac-Vicq (Baron H., Bernazeau, Burgin Karl, Maurice Rousseau, Gustave Mondou,Labasque, Fernand Lucas, André Houbre, Guy Hugon, Benjamin Goldenberg, Didier Gauville, André Farges, Albert Ehretsmann, Emile et Georges Dalibon, Robert Dreyfus, André Dumas, Georges Dupuy, morts au combat). En tout, on dénombre 42 victimes dont des civils du village. Le village est incendié et 7 des habitants déportés mourront dans les camps.
        • Combat à St-Germain et Mons (Bronsard Robert , Emile Fourcroy, François Diot, tués au combat). Pierre Frances, Gustave Dondard et Antoine Engler, sont capturés et fusillés.
      • 22-6-1944:
        • Gervais Gonthier, Delvert Marcel, Dupuy René sont abattus à Sarlat.
        • Combat de la Feuillade (à Coursac camp du maquis Jean-Bart) de l’AS Rolland (Aubry, Alfred Priss, morts au combat). A la suite de ce combat, le groupe AS Pichardie doit être reformé.
        • Combat du groupe Marianne à Vergt (De Kessling, mort au combat).
        • Combat de Breuilh du groupe « Mercédès » (André Pluvieux, Gilbert Nozière, Gaston Guinaberts, André Dussolier, Marcel Duval, tués au combat).
        • Gaston Bloch, otage fusillé à Vergt.
      • 23-6-1944: Combat des FFI de St-Georges de Blancaneix (Maurice Bonnet, morts au combat).
      • 24-6-1944:
        • A SIORAC, au carrefour de routes de St Cyprien et Le Coux, les FTP de Soleil tendent une embuscade aux 35 blindés et aux 1.500 soldats de la colonne Bode. Desbert ouvrier agricole et Marcel Desplat, combattant de l’AS du Coux, est exécuté au barrage du Coux par les Allemands.
        • Combat de la Ménuse à St Félix-de Reilhac mené par un groupe de soutien de Combat créé en septembre 1943 (Marc Gay, Roger Dumonteil, morts au combat). 5 hommes ou femmes de ce groupe sont capturés et fusillés (dont Bost Gérard, Maurice Lasserre à Journiac)
        • Combat AS de Journiac (Louis Brun, mort au combat)
        • A St-Cyprien, 500 SS de Bode incendie deux maisons et libèrent les collabos détenus dans l’ancienne abbaye de St Cyprien. Pierre Jeannins et Eugène Drapick sont fusillés en représailles.
        • Bode et son unité tuent, pillent et incendient ensuite Sainte-Alvère.
        • Les maquis occupent le camp de Mauzac où une centaine de miliciens sont retenus puis transférés dans l’ancienne abbaye de St-Cyprien.
        • Fabre Georges, du groupe Max, arrêté à St-Cyprien et fusillé à Monplaisant.
      • 25-6-1944: Bode et son unité tue, pille et tue au Bugue et à Montignac.
      • 26-6-1944:
        • Louis Desplat, en mission FFI est capturé à Cénac, torturé, et achevé au pont de Vitrac.
        • A la Roque-Gageac, Jacques Deltreil (16 ans), Marie Delteil (80 ans) sont tués par les SS.
        • les SS de Bode sont maintenant à St-Cybranet où ils exécutent trois personnes.
        • Burg Fernand, agent de l’Etat-Major interallié , capturé par les SS à Vitrac est fusillé à Vézac.
        • Combats à La Garrigue (Saint-André d’Allas) (Jean Deutch, 18 ans se sacrifie pour couvrir ses camarades. Pereira, maquisard AS du groupe Lecamp du Buisson, également mort au combat). Firmin CANTELAUBE , fusillé par les nazis à La Garrigue (Saint André d’Allas).
        • Combat de Domme (Boutet Maurice morts au combat). En représailles, les nazis fusillent à Domme 14 otages.
        • Combat avec des unités blindées de Wilde. Un groupe MOI (Résistance immigrée) s’oppose à la traversée de la Dordogne , détruit un blindé ennemi et fait sauter le pont.
        • Combat à Meyrals du maquis Loiseau (Ruffin, Mounier, Girodeau ) contre la colonne Wilde ; Victor Dulac, capturé est abattu à l’issue du combat.
        • Lors d’une attaque du groupe Alberte, Guy Deluc est tué au combat.
        • Carves Adhémar est abattu au Pont de Rhodes de Sarlat. Antoine Delpech, chauffeur est abattu à Sarlat.
        • A Vézac, les SS de Wilde assassinent Raymond Lespinasse (93ans).
        • André Deviers, maquisard AS, est fait prisonnier à Salignac et est fusillé à La Planque.
      • 27-6-1944:
        • Combat du groupe AS de Badaroux à Carsac, avec le concours des FTP du secteur sous la conduite de Bugeaud Georges chef des FTP du secteur.
        • Combat des FFI à Lespinasse (Fernand Flieg, Robert Dubois, morts au combat).
        • Le 27, une partie de la Pz.A.A.11 de Bode est engagée à St-Cyprien et Castelnaud
      • Tandis que du 28 au 30 juin un sous-groupement de la Pz.A.A.11 (colonne "Bode") patrouille le long de la route Marmande - Bergerac et est engagé dans le secteur d’Issigeac (20 morts),

     

    • le 28-6-1944:
      • Combat de Mayac d’un groupe FTP contre la colonne Wilde.
      • combat de Molières (Albero-Val,) avec un détachement SS qui pille le village. Bouix, le curé de Molières et l’institutrice Ferrandon s’interposent au massacre des habitants.
      • Bode et son unité tue, pille et tue à Issigeac et Beaumont.
      • Massacre et déportation par une unité de la colonne allemande Wilde à Sarliac-sur-l’Isle.
      • Combat de la Rebière mené par les FTP (Jacques Hermant , mort au combat).
      • Les 28 & 29-6-1944: Combat des FTP à Anlhiac (Pierre Mugler, Pierre Foucher). A Puy-de-Bord (village d'Anlhiac), la phalange et des SS fusillent sept personnes (Anlhiac).
      • A Excideuil (Mayac, Anlhiac, Saint-Germain-des-Près où ils ont dix tués au combat, les 2ème et 3ème bataillon FTP affrontent la colonne Wilde renforcée par les bicots et le SD).
      • Combat des FTP à La Verdenie (St-Germain-des-Près) (René Donadille, mort au combat)
    • 29-6-1944:
      • Le maquis du groupe Prosper attaque la colonne "Wilde" allemande à Rochemorel (Peyzac-le-Moustier) (Beillon H., Bovat Georges, Camis Michel, Olechnowicz, Jacques Monamy, Georges Ligerot, René Kern, Maurice Grandet, Jean Grandet, Pierre Lauxade, membre de l’Etat-major des FFI, morts au combat) (Planckaert Alphonse, Sanchez Marcello, Marcel Delvert faits prisonniers et fusillés)
      • A Lanouialle, Louis Debout est abattu.
      • Edouard Grégoire et Gabriel Froidefond sont fusillés à Anlhiac.

      jusqu'au 14 Juillet 1944

    • 01-7-1944: l'état-major interallié s'installe, d'abord à Vitrolle, puis très vite à La Poujade. Dirigé par l'officier du S.O.E. Jean Poirier, il a pour rôle de coordonner l'aide des alliés (Parachutages, assistance et soutien aériens, bombardements des troupes ennemies...).
    • 7-7-1944:
      • Jean Blondel, maire de St-André-d'Appelles, fusillé à Bergerac pour avoir déposé un drapeau tricolore sur la dépouille d'un résistant.
      • Exécution aux Eyzies de Jean Grandet , lors du passage d’une colonne allemande.
      • Combat de Pineuilh du groupe A.S. Martin (Bottgen J., Léo Grandet, morts au combat).
    • 9-7-1944:
      • Combat de Beaumont-du-Périgord du groupe AS Pinson qui perd son chef Pierre Loiseau, chef de l’AS Dordogne sud.
      • Combat de l’AS Marcel à La Cropte contre le groupement Ottenbacher (11ème panzer).
      • Combat de l’AS Lavaud de Thiviers à Nanthiat contre le groupement Ottenbacher.
      • Combat à Sarrazac du groupement FTP Ricco contre le groupement Ottenbacher. (Henri Dubreuil, fusillé).
      • Poursuite du Combat du maquis FTP Rico de La Sarlandie (à Payzac et Lanouaille ) contre une colonne allemande , probablement contre le même groupement de la 11ème Panzer Division. Baumgarten, Brenière Maurice, Pierre Dupuis, morts au combat.
      • L’aérodrome de Roumanières, tenu par les allemands est plastiqué par une équipe de 9 maquisards du groupe Loiseau. Menés par Dagnon. Les Allemands en seront délogés le 21 août 1944.
      • 9-7-1944 : Lavergne est brûlé vif dans sa ferme à St-Avit–Senieur.
      • Georges Laroubine, abattu par les Allemands à Eyzerac.
      • Raymond Goinaud , Esthève René sont fusillés par les Allemands au moulin de Betoule (Sarrazac).
      • Henri Buisson et Jean Lolivet, capturés par le groupement Ottenbacher au pont des Mauroux (Nanthiat) sont fusillés. Est également fusillé à Nanthiat, André Gibert du maquis FTP Ricco.
      • Roger Célérier, officier FFI est exécuté près du pont de Cognac-sur-Lisle après avoir été torturé par des miliciens.
      • Georges Expert, 25 ans est abattu au lieu-dit Sarlandie.
    • 10-7-1944 : Charles Faerber (68ans) fusillé par les Allemands à Eyzerac.

     

     

    • 14-7-1944:
      • Massacre de 10 maquisards du Groupe Veni dans une ferme proche de Ste-Sabine (Angély, Caminade Raoul, Théodore Langenus, Louis Galvaing, Georges Dubé).
      • deux avions RAF bombardent les ateliers du Toulon en gare de Périgueux. L’un des appareils s’écrase à Champcevinel.

     

     

    Suite et fin de la chronologie des combats (du 15 juillet au 23 août 1944)

    Du 15 au 31 juillet 1944

     

     

        • 27-7-1944:
          • Le groupe AS Rolland est assiégé à Saint-Germain-du-Salembre par les Allemands renforcés par les Bicots. Malgré le renfort des FTP de François 1er, les résistants ont 33 tués (Perna) (ou 27 ? Saint-Etienne du Puycorbier).
          • Combats de La Martinière du bataillon AS François 1er contre les Allemands et les Bicots (Audemard G. Baron H., Beau Emile, Berthou R., Bonnet Elie, Boyer A., L. Lepape,Gay G., Félix P., Florisoone G ., J. Flouret, Fontaine R., de Froberville, Martin Elisondo, Dubois M., Dubois R., Duprat R., morts au combat). Pierre Grégoire, et Augustin, fermiers, sont également massacrés.
          • Au camp de Virolles, les FTP deFrançois 1er, sont tombés dans un traquenard tendu par les Allemands. Les résistants qui ne parviennent pas à se dégager ont 28 victimes à Saint-Etienne du Puycorbier.
        •  
          • A St-Germain du Salembre, c'est le groupe AS Rolland qui est assiégé par les Allemands. Alors que les FTP de François viennent en renfort, au moment ou surgissent les bicots qui font 33 morts parmi les résistants.
          • Combats de La Martinière du bataillon AS François 1er contre les Allemands et les Bicots (Audemard G. Baron H., Beau Emile, Berthou R., Bonnet Elie, Boyer A., L. Lepape,Gay G., Félix P., Florisoone G ., J. Flouret, Fontaine R., de Froberville, Martin Elisondo, Dubois M., Dubois R., Duprat R., morts au combat). Pierre Grégoire, et Augustin, fermiers, sont également massacrés.
        • 30-7-1944: A la veille de leur transfert en Allemagne, 89 détenus de la prison de Bergerac sont libérés par un commando conduit par le commandant Lecoeur.

          Août 1944

        • 1-8-1944: Cérou Paul, résistant de St-Vincent de Cosse, est fusillé au camp de Souges (Bordeaux)
        • 2-8-1944:
          • Attaque de la Poudrerie de Bergerac (André Lévêque morts au combat).
          • Colonne nazie à St-Pierre d’Eyraud (Peral Henri massacré).
        • 5-8-1944:
          • Combat de St-Laurent du Manoire de la 222ème Cie FTP « Hercule » (Ligerot Marcel, Dupont Raymond, morts au combat).
          • Combat de Lagudal (André Dumas, mort au combat).
          • René Dumas, pompier à Bergerac, en mission à Lespinasse pour le groupe François 1er est abattu.
        • 6-8-1944 : Combat de Meyriol du groupe Bugeaud (Clément Nadal, mort au combat)
        • 7-8-1944 : vers 18h, Charles Louis Mangold, alias « Brossard », alias le « commandant Vernois », responsable de l’A.S. en Dordogne est arrêté entre Razac-sur-l’Isle et Lacave sur la route de Bordeaux venant de Périgueux à un barrage routier allemand. Conduit à la caserne du 35ème Périgueux par la gestapo, il est torturé pendant plusieurs jours et tente de s’ouvrir les veines le 12 août. Il est alors traîné au poteau d’exécution et exécuté.(8)
        • 8-8-1944:
          • Fernandez Thomas (17ans) est fusillé par les nazis au Bout-de-Vergt.
          • Combat à Monbazillac du groupe Sam-Jaurès (René Gaulin, Gérard David, morts au combat).
          • Gabriel Lacueille, maquisard du groupe Rolland rate l’enlèvement du chef de la gestapo Hambrecht, et est arrêté. Il sera fusillé le 12 août 1944 au 35ème de Périgueux.
          • Combat de Laurière Allen «Barnabé» combattant FTP tué au combat sur son fusil mitrailleur.
          • Allary Marcel, facteur de St-André-de-Double, membre de la résistance PTT martyrisé et tué.
          • Bazillou, organisateur de la Résistance à Mussidan est arrêté et fusillé le 8-8-1944 à St André de Double.
          • Le groupe AS Regain est attaqué le 9 à Roumazère par 1.800 allemands et miliciens (9 morts au combat) tandis que le bataillon ORA Joseph combat l’ennemi et encerclé perd à Saint-Julien de Crempse 27 tués dans ses rangs. (dont Bazet L. Lipmann H., Lunot N, morts au combat).
        • 9-8-1944:
          • 17 otages sont fusillés à St-Julien-de Crempse en représailles du combat de Roumazère (Louis Delivron, mort au combat).
          • Combat des Tuilières mené par le groupe AS Marsouin et le groupe AS Pistolet (Griffault, instituteur et lieutenant FFI, Gaston Gay, Jean-Paul Garrigue, morts au combat).
          • Attaque du poste allemand de l’usine de Ste-Capraise de La Linde par le groupe AS Marsouin (Jean-Henri Guirmandie, Richard Garrigues, Paul Delbrel, Henri Devier 15 ans, morts au combat).
          • Combat de l’AS à Azerat (Edgard Favard, mort au combat).
        • 10-8-1944 :
          • René Guérin, sergent au 26ème RI est fusillé à Villamblard.
          • A Terrasson, les Allemands doivent affronter une attaque coordonnée des maquis AS et FTP. (Gabriel Dupuy, mort au combat).
        • 11-8-1944:
          • Constitution du Comité local de libération de Bergerac, sous la présidence de Bergeret, de Combat, capitaine de réserve et futur sous-Préfet de Bergerac, dans la nuit du 20 au 21 août 1944.
          • 13 instructeurs américains sont parachutés près de Cadouin.
          • A Ajat, Olivier Dufraisse est tué par les nazis.
        • 12-8-1944:
          • Boillet René nommé chef départemental des FFI à Chabans.
          • Combats à Niversac 222ème Cie FTP (chef BANCON « Ramon »).
          • Exécutions de plusieurs détenus au 35ème à Périgueux (Camil Emile,René Michel, Charles Mangold…)
          • Albert Delage en mission pour le 2ème bataillon FTP à Savignac les Eglises est abattu.
        • 13-8-1944:
          • Combat de FFI à Mussidan (Blanchard Gabriel, Guérin, chef du détachement, morts au combat).
          • Combat à Niversac, Delprat Marcel de l’école de Fanlac est mort au_ combat. Lambert René, 19 ans, de la 222ème cie FTP Hercule du groupe Ramon, est capturé et fusillé à Niversac.
        • 14-8-1944:
          • Près d'Atur, Les hommes de Bir-Hakeim (65 hommes) sont cernés par les Allemands (6 morts tous achevés) mais le groupe parvient à décrocher.
          • Attaque de la Bleynie par le groupe Mercédès (Bassillac) (André Debet, mort au combat).
          • Combat d’Atur du maquis Alsace-Lorraine (Emile Hacquard et Mary, blessé achevé par les allemands , mort au combat)
          • Combat des Bardoulets (Auriac, Bertholetto Emegildo de Ste-Foy-la Grande morts au combat.
        • 15-8-1944:
          • Combat d’Atur par le maquis Alsace-Lorraine (Debon Attilo, mort au combat).
          • Combat du Groupe AS Jean à St-André Appelles (P. Lievens, mort au combat).
          • Combat de F.F.I. À Thiviers (Baury Maurice, mort au combat).
          • Combat du maquis Violette de Sancenac-Puy-de-Fourches (Roger Baury, Puypalat Paul, Roger Maroteau, Forgeron Georges, morts au combat).
          • Accrochage sérieux à Riocaud avec le Groupe FTP Jean-Marie (4 morts au combat).
          • Accrochage à Emma (Coursac) (Jean Deix, mort au combat).

     

          • 16-8-1944:
            • Combat du maquis Mercédès à la Roquette (Eyliac) (Baylon A., Becker R. Bidou J. Millet R, Migot R.Moïse Dougnac, morts au combat).
            • Libération de Sainte-Foy-la-Grande par les 5ème (Baron) et 12ème Compagnies (Rasemotte) FTP, qui ont récupéré un parachutage du 11 août comprenant 4 mitrailleuses. Ils sont rejoints par l'AS Martin (Lavaud, mort au combat). La garnison de la ville, sur la route du repli vers Bordeaux, a été attaquée dès le 15 août. Elle est prise avec le renfort des groupes FFI de Z (Moressee), Bertrand et du groupe A.S. Martin (Augé, Aymerie A., morts au combat, Ponton-Martin. Y. Delage, et Jean Desmarthon, capturés, torturés et fusillés).
            • Combat de La Roquette (Eyliac) livré par le maquis Mercédès (Augustin,Le Faure, Le Goff, R. Gaurain, Edmond R., P. Dumas, morts au combat).
            • Arrêté à St-Laurent-sur-Manoire, Francis Gautier, FFI, est fusillé.
             

           

          • 17-8-1944:
            • Henri Bordeaux est fusillé au 35ème à Périgueux. Sur le cénotaphe, figurent les 45 noms suivants (les initiales répétées derrière un nom concernent en général des suppliciés appartenant à la même famille)(9):
              • 19 juin :REY J.G.Y - THURMEL G.O - THURMEL G. - TREMOULET R.
              • 12 août: BAPTISTE - BELLE - CAMIL E. - CHEVALIER L.G - DAGBERT A. - ESKENAZI M. - FLIEG A.F - KORNBLIT M. - LEBOVIC J. - LECOINTE G. - LESPINE M. - MANGOLD C.L. - MASSIP R. - MAZE
              • 14 août: PONCEAU J.L.
              • 16 août: CHATELIER R.
              • 17 août: AROD R.R.J - BORDEAUX H.P. - FRUCTUS P. - GRANDOU R. - GUICHARD R. – GUYONNET M.Y - JAVANAUD P. - KAHN R. - LACUEILLE P.J.G - LEMATHIEU P.A - MARTIN J.A – POMIER J. - PIRODEAU A.A. - SCHIFFMANN L.
              • 24 août: est découvert un inconnu. supposé ouvrier de la SNCF selon acte de décès.

      

     

      • 19-8-1944:
            • Début du combat pour la libération de Saint-Astier (Bertrand André morts au combat): Les groupes Bugeaud, Rolland, Labadie, Gossot et Guitton entreprennent d'investir la ville le 19-8-1944. 15 FFI sont tués dans l’affrontement.
         
          • Des éléments du groupe AS Violette entrent dans Périgueux que les Allemands commencent à évacuer.
          
        • A Périgueux, la garnison allemande a reçu l'ordre d'abandonner la ville et de se replier vers l'ouest. Elle n’a pas d'autre choix. La garnison de Brive s'est rendue le 15 août aux F.F.I., celle de Tulle le 17. Le repli vers l'ouest est dicté par la volonté de rejoindre les points fortifiés de la côte atlantique. Le 19 août à 20 h 30, les troupes allemandes ont définitivement quitté Périgueux et les maquisards y entreront la nuit même, sans rencontrer la moindre Résistance alors qu'un violent orage s'abat sur la ville. (10)

     

      • 20-8-1944:
        • les 120 hommes de la Garde mobile rejoignent les maquisards. A Bergerac, l’escadron 4/5 rejoint le maquis François 1er.
      •  
        • Combat des FFI de Thiviers (Henri Pailloux, mort au combat).
        • Combat de Théorat près de Neuvic du 4ème régiment FTP (Louis Payot, Marcel Garat, morts au combat).
      •  
            • Poursuite du combat engagé à Saint-Astier. Un poste de tir de mitrailleuse est installé dans le clocher de l’église. Son Servant Paul Machner est tué à son poste avec le mitrailleur Pierre Koziewski (réseau Monica). (Félix Robert, également mort au combat). Les ateliers souterrains de Saint-Astier sont abandonnés par les allemands après un combat où les allemands ont 77 prisonniers et 11 morts (Entre autres Bertrand Henri, Biras, Bredzinski Zénin, sont morts au combat).
         
          • Pour couvrir leur repli, les Allemands emmènent avec eux 21 otages qui sont exécutés aux 4 routes de St-Astier. Parmi eux: Baivies R., Baylet André, Berthault Albert, Bouscary Jean, Brunet André, Charles Lamy, Fernand Lévy, Henri Huguet, Edmond Eugène, Dourcenot Christian, André Dupont, avec à leur tête, Lafaye Léonce, curé de St-Astier.
          • La Compagnie AS Cyrano se bat contre les troupes allemandes à Montanceix.
         
        • Jouhaud Jean-Simon est abattu par les Allemands en retraite.
        • A St-Léon-sur-L’Isle, Guichard Marcel est abattu par les Allemands en retraite.
      •  
        • A Mussidan 21 otages sont abattus avant le départ des Allemands.

     

          • 21-8-1944:
            • Guillaume Chapdeville , qui revient de l’Etat-major FTPF de Corrèze, est nommé Président du Comité départemental de Libération de la Dordogne.
            • Combat des FTP à Neuvic-Théorat. Pierre Godefroy, commandant la 12ème Cie du 5ème bataillon au 4ème Régiment FTP est tué au combat ainsi que Lucien Gavof et Daniel Bessard.

     

          • A 18 h.: La Wehrmacht évacue Bergerac après l'incendie de la caserne Chanzy. Les fuyards cherchent à gagner Mussidan. Vers le 15-08-1944, au château du Salardais à Betou, s'était tenu un conseil de guerre des F.F.I décidant de la libération de Bergerac. Les groupes FFI du maquis François 1er et Pistolet (Dauta) et Carnot (Dejos), ainsi que le groupe FTP Detez Julien, le groupe Sam Jaurès , investissent Bergerac abandonnés par les Allemands.

     

          • Un corps franc FFI fait sauter 35.000 litres d’essence entreposés sur l’aérodrome de Roumanières ce qui évite aux Allemands de faire sauter leurs stocks. Ils sont déloger le jour même de l'aérodrome. Du 19 au 22-8-1944, combat au Pizou du bataillon Violette (Acker, Blancher André, Selvez Paul, Raymond Lair, Roland Guérin, morts au combat).
          

     

      • 22-8-1944:
        • A 21h., le général Koenig fait diffuser à la BBC un communiqué constatant la libération de la Dordogne par les FFI.
        • Les FFI de Dordogne font mouvement vers Bordeaux: ils sont constitués par des éléments des maquis à savoir FTP Demorny, AS de Martin, Lacamp, Z, Pierrot, Driant, Bayard, Roche, Pistolet et Bertrand, et peuvent être déjà estimés entre 2500 et 3000 hommes.

     

      • 27-8-1944: Le colonel Druilhe, officier de carrière qui dirigeait le maquis Cerisier à partir de janvier 1944, et apparaissait dans les combats de Mouleydier, regroupe les maquisards AS et FTP en une colonne sud de quelque 12.000 hommes qui entrent dans Bordeaux libérée. Leur seule présence ramène l'ordre dans Bordeaux.
      • 3-9-1944: Noël Dujardin, Commandant du 2ème régiment FTP de Dordogne est nommé Président de la Cour martiale de Dordogne.

     

    • La rédemption du Périgord: bain de sang, cendres, larmes et épouvante

      Vers la fin de l'année 1943, l'Etat-major allemand s'aperçoit que l'Armée allemande a perdu le contrôle de vastes étendues de territoires généralement ruraux ou en zones montagneuses, qui sont occupés par des maquis et constituent autant de menaces sur les communications des unités allemandes et l'envoi des renforts sur les lieux de débarquement possibles des armées alliées. Dans certains cas, le commandement allemand devait mettre en œuvre des escortes lourdes pour approvisionner les unités allemandes stationnnant dans les zones sensibles.

      A cette effet, l'Etat-major d'OB-West avait décidé de mettre en œuvre de février à avril 1944, des opérations menées par des troupes spécialisées dans la lutte contre les maquis:
      • En février, l'Opération "Korporal" dans le département de l'Ain.
      • Fin mars, l'Opération "Hoch-Savoyen" contre le plateau des Glières.
      • En mars/avril, c'est la division "Brehmer" qui est lancée contre les maquis de Dordogne, de Corrèze et de Haute-Vienne.
      • Et en avril, l'Opération "Frühling" est lancée contre les maquis de l'Ain et du Jura.

    Toutes ces opérations ont un dénominateur commun: elles sont exécutées sur ordre et sous le contrôle des SS par des hommes venant de Russie, qui ont expérimenté la politique de "la Terre brûlée" et qui sont parfois des prisonniers russes reconvertis et engagés d'office dans la Wehrmacht. Rien n'est laissé au hasard et tout est préparé à l'avance en liaison avec la police allemande ou les phalangistes, voir la milice, qui jouent alors le rôle de supplétifs. Le pillage suit généralement les exécutions ou l'arrestation des Juifs, promis au camp de la mort et l'incendie des maisons qui les hébergent. En outre, ceux qui sont assimilés à des résistants sont exécutés chez eux, volontiers devant leurs familiers, avant d'être bien souvent jetés dans leur maison incendiée. Ainsi, les traces des crimes, des pillages et surout les témoins disparaissent.

    Les colonnes infernales allemandes avaient à appliquer la feuille de route de leur chef en France, le général SS Oberg qui avait fait placarder dans les communes de France un avis étonnamment passé inaperçu des historiens dont voici à nouveau le texte déjà publié par ce site.

     

    Voici le texte de l'avis signé du général SS Oberg proclamant la politique de prises d'otages en cas de troubles, qui fut placardé dans toutes les mairies de la France occupée:

      

      

    Avis

     

    Une étude attentive de l'attitude de la population française dans la zone occupée m'a conduit à constater que dans une grande majorité, elle poursuit ses occupations dans le calme. Elle répudie les attentats, les actes de sabotages, etc. effectués contre les troupes d'occupation sur des instigations anglaises et soviétiques, parce qu'elle sait très bien qu'ils n'ont d'autre effet que de troubler son existence politique.

    J'ai la volonté de continuer à assurer le calme et la sécurité à la population française dans son travail en pleine guerre. Mais, comme je suis convaincu que les auteurs d'attentats, les saboteurs, les fomentateurs de troubles, sont aidés, avant ou après leurs crimes, par des membres de leur famille, j'ai décidé d'arrêter non seulement les auteurs d'attentats, saboteurs et fomentateurs de troubles, mais aussi les familles de ceux d'entre eux qu'on connaîtra , mais qui prendront la fuite, si dans un délai de dix jours après leur acte, ils ne se sont pas présentés à un poste de police allemand ou français., et d'exercer des représailles contre ces familles.
      


    Voici quelles seront ces représailles:
    1. Fusillade de tous les membres masculins de la famille en ligne ascendante et descendante, y compris les beaux-frères et cousins, qui auront plus de 18 ans.
    2. Condamnation aux travaux forcés de toutes les femmes de semblable parenté. Transfert dans un établissement d'éducation de tous les enfants des personnes, masculines et féminines ainsi touchées jusqu'à l'âge de 17 ans.

    Je fais donc appel à tous pour qu'ils empêchent dans toute la mesure de leurs possibilités, les attentats, les sabotages, les troubles qu'ils apportent au poste de police allemand ou français le plus proche même le plus petit indice pouvant conduire à l'arrestation des coupables.

     

     

     

     

    Paris le 10 juillet 1942
    Le Haut SS et Polizeifürher
    dans la zone du Gouverneur militaire de Paris

    Les colonnes SS en repésailles en Dordogne vont simplifier cet ordre de leur chef à leur manière: ils fusilleront indifféremment les femmes et les enfants ou adolescents de moins de 17 ans, qu'ils estimeront être en relation avec les maquis ou les juifs. Quelles sont ces unités SS?

    1. la divison Brehmer qui a opéré en Dordogne du 26 mars au 3 avril 1944.
    2. La divison SS "das Reich" (2ème SS Panzer Division) qui a traversé le département du 8 au 15 juin 1944 et le kampfgruppe "Wilde" (11ème SS Panzer Division) qui l'a traversé du 11 au 16 juin 1944 pour venir désenclaver certaines troupes de Das Reich menacées d'encerclement.
    3. Le kampfgruppe Wilde de retour en Dordogne depuis la Corrèze du 25 au 1er juillet 1944
    4. Le kampfgruppe "Brehmer (11ème SS P. div.) renforcée par la colonne du général Ottenbacher (11ème SS P. div) du 18 juin au 18 juillet 1944.

    Telles sont les raisons qui poussent à analyser finement les colonnes infernales allemandes qui ont été observées.

      

    Les crimes de la division Brehmer

    Destinée à se déplacer rapidement, cette division commandée par le général Brehmer était une unité SS motorisée légère (sans char mais avec des half-tracks) d'environ 6.000 hommes, dont une bonne partie, à commencer par les unités SS venait du front de l'Est. Elle disposait toutefois d'autos-mitrailleuses et d'artillerie, et d'armes collectives (mitrailleuses, mortiers,...) généralement montées sur engins semi-chenillés.

    l'une des particularités des hommes de cette division, c'est qu'ils avaient opérées des démonstrations de cruauté particulièrement monstrueuses sur le front de l'Est, dont la pendaison de masse devant les populations locales n'était que la plus bénigne. La démonstration la plus fréquente était celle de la torture, suivie de l'assassinat de leur victime dans sa propre maison, soigneusement mise à sac et dévalisée avant d'être incendiée de telle sorte qu'il ne reste que peu ou pas de traces des forfaits des bourreaux.

      

    Pour se couvrir, les hommes de Brehmer ont besogné en parfaite liaison avec la Police allemande, les phalangistes, voire avec la milice, qui était considérés comme des auxiliaires précieux des unités SS, et à ce titre approvisionnées en armes et en munitions par la Wehrmacht.

     


    Parmi les objectifs donnés à la Division Brehmer, il y avait, outre de tenter de casser toute résistance par l'effroi et la terreur, la chasse aux résistants et aux maquis, communistes ou gaullistes et également la chasse aux juifs et leur déportation en masse en vue de réaliser la solution finale. Pour les puristes qui contesteraient l'amalgame entre les atrocités de la division Brehmer et la milice et les phalangistes d'autre part, il y a lieu d'observer que la milice ne dépendait pas seulement du Gouvernement de Vichy, mais également du Commandement militaire régional de la Wehrmacht.

      

    Quant à la Hilfpolizei, elle dépendait de l'organisation de la police allemande-c'est à dire du commandement de la Gestapo, et à ce titre exécutait les ordres de l'état-major bSS. Ces deux organisations collaborationnistes exécutaient donc les instructions allemandes qui leur étaient données en utilisant les moyens de l'Administration française et les dénonciations, que ceux qui s'estimaient "de bons Français" leur délivraient à profusion, parfois contre argent comptant.

    Voici ci-après une localisation par ordre chronologique des crimes commis par la Division Brehmer en liaison avec la Police allemande entièrement contrôlée, faut-il le rappeler, par les SS:

    La localisation marquée d'une croix gammée des crimes commis par la division Brehmer
    Résistance, Maquis et Libération du département de la Dordogne
    Le numéro d'ordre est autant qu'il est possible celui du classement chronologique au moins du premier crime commis. Il correspond à l'ordre de la liste ci-après.
    Il est possible de télécharger une carte du département plus grande pouvant être éditée sans marge sur une page 21x29,7.

     

    1. Le 26-3-44: Dosile Georges, garagiste à Ribérac, est abattu par les SS pour aide à la résistance. De même de Jean-Léon Dupeyrat, luthier également fusillé puis brûlé dans sa maison incendiée. Lafaye, métayer de Dupeyrat de Ribérac, brûlé dans sa ferme par les SS. Après Ribérac, les SS de la division Brehmer investissent la ville de Mussidan et conduisent des otages à la prison. Ils expédient des colonnes infernales qui rayonnent dans tout le secteur pour exercer leurs talents de tortionnaire en liaison avec la phalange.
    2. Le 26-3-44: Dosile Gilbert, Robert Dubois, Nestor Duchez et Dupy Charles, tous deux garagistes, sont également abattus à St-Martin-de-Ribérac pour aide à la résistance.
    3. Le 26-3-44: Exécutions à St-Sulpice-de-Roumagnac de Barrat Marcel et Roger, Henri Duranthon Henri et Gilaude pour complicité avec les résistants.
    4. Le 26-3-44: Girard et Maurice Dumonteil sont fusillés à la Jemaye pour aide au maquis et leurs corps brûlés par les nazis. Eclancher Marcel est également arrêté pour la même raison et fusillé à Font-Chose (La Jemaye). Arrestation également d’Eclancher Abel, fermier aidant les maquis, fusillé à Périgueux.
    5. Le 26-3-44: 25 otages sont exécutés par la phalange (ou les bicots, ou Hilfspolizei) à Brantome.
    6. Le 26-3-44: Les SS investissent la ville de Mussidan et conduisent des otages à la prison.
    7. Le 26-3-44: Pris comme otage à Allemans, Bardisson René et Lafaye Antoine sont fusillés par les SS.
    8. Le 27-3-44: André Lamaud, spécialisé dans les faux papiers est pendu à Champagnac de Belair.
    9. Le 27-3-44: 25 otages sont arrêtés à Ste-Marie-de-Chignac. En fait, les otages ont été arrêtés par une escouade de la division Brehmer qui les a amenés au PC de la Gestapo selon le témoignage de Rachel Goldefer qui a été informée par l’officier, qui a arrêté son père de la rafle du lendemain. Les 25 otages arrêtés par une unité de la division Brehmer sont le lendemain fusillés par la phalange (ou les bicots) aux Rivières Basses et Capelo.
    10. Le 27-3-44: Lapeyronnie massacré à Quinsac.
    11. Le 27-3-44: 9 otages sont fusillés à St-Pancrace et un à Villars.
    12. Le 27-3-44: Massacre de plusieurs boulangers alimentant les maquis. parmi eux à St-Amand de Coly, Georges Lanoix, fusillé pour avoir aidé les maquisards. le 31-3-1944, Hector Frison est capturé, torturé et fusillé à St-Amand-de-Coly pour aide aux maquisards. Et encore, le 01-04-1944, Elie Deniysiack à St-Amand Coly cachait des véhicules du maquis dans sa ferme. Il est abattu et sa ferme incendiée.
    13. Le 27-3-44: A Condat-sur-Vézère (Firmin Coulier, tué dans sa maison ensuite incendiée). Le 31-3-1944, deux otages (Mouney, Georges Haupinot) sont fusillés à Condat-sur-Vézère. Et le 01-04-1944, André et Yvon Delbos, Paul Cérou et Léopold Laval sont fusillés.
    14. Le 27-3-44: Les nazis massacrent la famille Roby à St-Crépin de Richemont. Les parents et leurs enfants et le beau-père sont abattus.
    15. Le 28-3-44: Incursion d’un groupe de SS à Lempzours où Thomasson est tué à son domicile.
    16. 29-3-1944: A Sorges, est arrêté Paul Carreau , sergent FFI, qui est fusillé à St Clément. Nicolas Feyte, arrêté, mourra en déportation. Paul Garreau, boucher résistant, est arrêté par les Allemands et abattu dans les bois de St-Romain St-Clément.
    17. 29-3-1944: à Nantheuil, 4 réfugiés alsaciens sont abattus par les SS.
    18. 30-3-1944: Delord Louis est tué par la gestapo à Villac. Sa maison est incendiée. Au château de Villac, les SS tuent tous les habitants probablement en majorité réfugiés de confession juive et incendient le Château.
    19. 30-3-1944: Les SS de Brehmer s'acharnent sur la commune de La Bachellerie, en y exécutant 13 personnes. Les SS étaient très bien renseignés. Le lendemain, le château de Rastignac, sur le territoire de la commune de la Bachellerie est incendié après que les SS aient fait main basse sur 33 peintures (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Sisley, Cézanne, Manet, Renoir, Matisse…) qui y avaient été cachées. On ne les retrouvera jamais. Les 16 femmes et 17 enfants de confession juive qui y séjournent ont été expédiés à Drancy. Seules 4 femmes survivront, les 17 enfants ayant été exterminés dès leur arrivée à Auschwitz.
    20. 30-3-1944: A Auriac du Périgord, Henri Bonhomme, 44 ans, est torturé et achevé dans sa maison devant son épouse par les Allemands en tant que soutien de la Résistance. Ses métayers sont également abattus.
    21. 30-3-1944: Bonnefons, facteur à Azerat, tué pour aide au maquis. Massacre par la division B avec prise d'otages.
    22. 31-3-1944: La division Brehmer massacre et incendie le hameau de Nadaillac (Yvon Delbos, fusillé). Parmi les Otages fusillés Adrien Jardel.
    23. 31-3-1944: Accrochage à Thenon (Nadal jean, mort au combat). Blessé chez lui, à la Banargerie, M. Dubreuil est fusillé et jeté dans sa maison incendiée.
    24. 31-3-1944: Aubarbier et son épouse, tenancier l'auberge de Fanlac et propriétaires du Château de Lespicerie hébergeant l'Ecole des cadres FTP sont repérés, torturés et brûlés dans leur maison. Pilipenko, ancien militaire soviétique, lieutenant instructeur à l’école des cadres FTP mort à Fanlac contre la division Brehmer.
    25. Les 31-3-et 1-4-1944: A Montignac, 24 personnes sont fusillées ou déportées (tous les déportés sont morts dans les camps).
    26. 31-3-1944: Lajoinie Gaston, cultivateur de Thonac est torturé et fusillé à Valojoulx.
    27. 1-04-1944: A Terrasson, René Lascaud, secrétaire général de la mairie, soupçonné d’être en relation avec des résistants est torturé et abattu. 52 personnes civiles résistantes et juives sont arrêtées. Le Hameau de la Tranche est incendié parfois avec leurs habitants à l’intérieur des maisons (Bouzonie louis, Faurie Henri, Ferret Paul, Michaudel Etienne). Tous les otages arrêtées à Terrasson ont été fusillés.
    28. 1-04-1944: Clément Debet, fusillé et brûlé dans sa maison de Lacassagne pour ravitaillement du maquis.
    29. 1-04-1944: Guillaume Gerson, tué comme otage à St-Pierre-de-Chignac et Alexandre de Boisredon est fusillé pour avoir caché une famille juive.
    30. 1-04-1944: A Sainte-Orse, Jean Bousquet (Ste-Orse) est arrêté, torturé et fusillé par les nazis en sauvant 10 juifs. Les SS de Brehmer, qui ont investi le village à huit heures du matin ont tué un juif simple d’esprit dans le dos, et capturé 30 autres juifs dont ils ont tué 7 d’entre eux dans le dos. Toutes les maisons ayant hébergé des juifs ont été incendiées.

     

     

     

     

     

    1. 1-04-1944: A Hautefort, les SS fusillent 5 réfugiés juifs.
    2. 2-04-1944: A Génis, trois otages sont fusillés et leur maison incendiées.
    3. 2-04-1944: A Saint Rapahaël d’Excideuil, René Faurel est fusillé par les nazis
    4. A Rouffignac du 31 mars au 2 avril 1944, les SS de Brehmer fusillent 64 hommes, et il emmènent, sur l'ordre de Brehmer en personne, 66 hommes du village y compris les gendarmes en fusillant à Azerat M. Khantine, jeune professeur à l’Ecole Navale, reconnu d’origine juive. 16 jeunes et 4 gendarmes seront déportés en Allemagne. A partir de 17 heures, le village est soumis au pillage et au viol d'au moins une femme avant d'être incendié dans la nuit du 1er au 2 avril 1944. Tout le village est incendié à l'exception de l'Eglise, sans doute pour dissimuler une partie des atrocités auxquelles ils se sont livrés. Le martyre du village, très bien décrit et analysé par le cdrp de Bordeaux dans une page web intitulée "Rouffignac, les journées dramatiques du 31 mars au 2 avril 1944" sera porté à la connaissance du Monde entier et aura autant de retentissement que le massacre de 86 hommes à Villeneuve d'Ascq dans le Nord, qui s'est produit au même moment.

    Quel bilan tirer des opérations des colonnes infernales de la division Brehmer en Dordogne?

      

      

    Brehmer ou l'épouvante nazie: combien de suppliciés?

     

     

     

    Extrait du rapport des RG au Préfet Popineau
    Document enregistré dans les archives départementales de la Dordogne
    sous la référence (1 W 1815-2)

    A interpréter strictement les indications ci-dessus, on pourrait croire que le nombre des personnes suppliciées par les nazis s'élèveraient à 220 tués (non compris ceux des massacres de villages et de châteaux ou de maison incendiés) et quelques 88 personnes déportées, dont une proportion indéterminée de juifs expédiés notamment à Auschwitz.

      

    Mais il faut ajouter à ces exactions, les effectifs des hommes jeunes qui ont été déportés d'office en Allemagne au titre du Service du Travail obligatoire (leur nombre précis est inconnu) et ceux des résidents, notamment des alsaciens et réfugiés depuis l'Alsace – Lorraine, de confession juive qui ont été tués et déportés, dont le nombre exact est également inconnu.

      

    En effet, le mode d’exécution des juifs jetés ensuite dans les maisons et demeures incendiées les hébergeant (quand les incendies n’étaient pas sciemment provoqués directement) interdisait leur identification certaine.

      

    Et ce, d’autant plus qu’après les rafles intervenues depuis 1942, et leurs recensements dans les communes, les familles juives avaient souvent pris l’habitude de changer de commune.

      

    L'autorisation d'intégrer les éléments relevés par le blog d'Aschkel dans l'inventaire des faits de résistance en Dordogne a été demandé des responsables du site Aschkel, qui y ont donné leur accord.

      

      

    Ces évènements font en effet partie intégrante de l'histoire de la France.

     


    A ce propos, le Site Aschkel a déterré un rapport des Renseignements généraux au Préfet de la Dordogne, classé aux archives départementales sous la référence (1 W 1815-2) (12) (voir ci-dessus à droite), qui:

    1. qualifie les atrocités conduites dans le département de la Dordogne par la division Brehmer d'opérations de police....
    2. fait état de convois d'hommes arrêtés et expédiés en Allemagne, qui constitue,
    3. "pense le public, de véritables déportations".
    4. avance que, pour la population, "trop d'innocentes victimes sont tombées sous des balles aveugles, dit-on, et l'on s'étonne que le Gouvernement français n'ait rien fait pour mettre fin à ces représailles."

     

    1. A propos de nos concitoyens de confession juive, voici extrait de ce rapport officiel, ce qui y est écrit: "Les dernières opérations de police allemande ont durement éprouvé la communauté juive: 70 d'entre eux ont été fusillés, (ce chiffre n'est pas exact, car nombreux sont les cadavres qui n'ont pu être identifiés).
    2. On compte que 300 juifs, environ, ont été arrêtés dont la plupart ont été conduits à Paris, puis sur une destination inconnue. Les Juifs, qui se sentent traqués, essayent de quitter le département pour une région plus calme."

      

      

    L'overblog d'Aschkel estime à 116 le nombre des Juifs fusillés sur place et à 270 autres, essentiellement des femmes et des enfants, celui des juifs qui ont été déportés, en trois convois (n°71 à 73) après un court séjour au 35e Régiment d'artillerie de Périgueux, pendant la période allant du 24 mars au 3 avril 1944.

      

    Voici leurs noms: (13)

    • Convoi n° 71 du 13 avril 1944 pour Auschwitz: Dora Abelsonas, Rosa Kijokia et Kopel Ackermann, Salomon René et Suzanne Hesel Acsel, Berthe Marthe Allombert, Elisabeth, Hinda et Sonia Apelgot, Juliette Claire Azoulay ( ?), Ellen et Paulette Baer, Henriette Belkatowsky, Léo Beran, Lucien Bernard, Anna Bloch, Caroline Bloch, Elvira Jeanne Bloch, Georgette Bloch (?), Jeannine Bloch, Jules Bloch, Micheline Bloch, Paulette Bloch, autre Paulette Bloch, René Bloch, Simone Bloch (?), Jacques Blum, Golda, Laja et Jochwet Jeannette Borensztein, Berthe Cahen, Rose-Aline Cahen, Adrienne et Ernest André Coblentz, Sura Eisenberg, Berthe Elefant, Florette Feissel, Fanny, Gilbert et Isaac-Léon Frank, Claude, Françoise, Jean, Jeanne et Raoul Frohlich, Macha Gelcman, Liliane et Régine Gerst, Fanny Gintzburger, Mina Mirla Gold, Deborah Granat, Derzo et Edith Greif, Alice Grumbach, Isidore et Marie Grun, Cerf Grunbaum, Marguerite Grunfeld, Hélène Haas, Isaac, Léon et Rosa Hochmann, Sarah Isaac, Berthe et Salomon Israël, Théodore Izbichi, Bella, Claire et Léonie Kahn, Léonce et Lucie Kahn, Suzanne Kahn (Cohen/Cahen) ( ?), Daniel et Jenny Kirchenbaum, Jules Abraham Kirsch, Claire, Hélène et Pierre Kleinberg, Baïla Kohn, Colette, Rosette et Sarah Suzanne Krieger, Rose Lebendiger, Carmen Levy, Claude, Simone et Sylvain Levy, autre Simone Levy, Madeleine Levy, Mathilde Levy, Régine Reine Levy, Chana Eve et Maurice Lichtensztejn, Abraham Lipszyc dit Lipschutz, Annette et Hirsch Georges Lobschitz, Albertine Loeb, Fanny Loewenstein, Hélène Mandel, Eva Markusfeld, Alice Meyer, Arlette Meyer, Denise, Jenny, Lilly et Philippe Moch, Berthe Rebe et Régina Moses, Justine Jeanne et Sarah Mühlstein, Adrienne, Charles, Monique et Yves Netter, Abraham et Itta Neumark, Georges Pereyre, Antoinette et Rachel Poznanski, Herz Leyser Radzanowski, Aline Raphaël, Jeannette Reifler, Sala Scheer, Alfred, Cécile, Esther, Isaac, Jacques et Maurice Schenkel, Sarah Schneider, Amélie Andrée et Siegfried Schoemann, Ida et Paul Schupak, Joseph Schwartz, Ernestine et Jacques Schwarz, Danielle Seches, Jacques Singer, Jeanne Specht, Esther Spielmann, Chaïm Paul et Hana Stein, Chaja, Gilbert Georges et Simon Stessin, Edouard Sulzer, Dina et Wolf Turner, Bella et Sabina Vogelhut, Hélène Wachsman, Hélène Weber, Emile Weil, Fanny Weil, Florine Weil, Henri et Sarah Weil, autre Henri Weil, Marguerite et Lucie Weil, René Weil, Yvette Weill, Fanny Wolff, Rosa Wolff, Rywka Rose Wulkan.

     

     

     

    • Convoi n° 72 du 29 avril 1944 pour Auschwitz: Lina et Rosa Chrapaty, Abraham et Sarah Finkel, Jean et Léo Geismar, Hortense Israël, Joseph et Rosina Koch, Rosina Kornblitt, Alfred, Liliane et Lilly Levensohn, Isidore et Jean Levy, Struc et Rosa Marcovici, Fernand Mayer Dubus, Marcel Meyer, Simone Meyer, Alfred, Ignace et Jenny Jeanne Prinz, Cécile Reutenhauer, Riwka Rébecca Maria Rossinsky, Moïse Roth, Hermance et Jeanne Roueff, Albert, Léon et Sarah Scheuer, Marguerite, Otto et Thomas Schiff, Rachel Schutzmann, Lucie Schwob, Monique, Marie-France, Monique et Olga Tabet, Rachel Tannenbaum, Marie, Paulette et Saja Wachtel, Chana Zimberg.

     

     

     

     

     

     

    • Convoi n° 73 du 15 mai 1944 pour Kovno (aujourd'hui Kaunas, en Lituanie) ou Reval (aujourd'hui Tallinn, capitale de l'Estonie): Armand Ackermann, Chaïm Blum, Valerian Brenner, Léon Chouman, Paul Chrapaty, Max Mosek Ciup, Elie Cyperucha, Gustave Armand Dreyfuss, Sylvain Durlacher, Israël Felsen, Max, René et Simon Goldenberg, Miksa Max Greif, Roland Grellinger, Henri Grinberg, Sandor Gutreich, Richard Hammel, Henri Herzelikowicz, Jean-François Kahn, Bereck Kleidmann, Max Levy, Baruch Léon Netter, René Netter, Imré Yehouda Piontek, Isaac Reinesmann, Gaston Roueff, Georges Soffer, Adalbert Stessin, André, Jean et Pierre Sulzer, Mordka Sznejdermann, Jacob et Mozes Waldmann, Alexandre et Oscar Weich, Samuel Max Wulkan.

      

      

      

      

    Il suffit de retrancher de l'évaluation initiale des juifs suppliciés puis de rajouter ceux évoqués par le site Aschkel, chiffres apparemment confirmés par les Renseignements généraux de la Dordogne, pour avancer de façon raisonnable un chiffre approchant les 700 victimes en une semaine des "opérations dites de Police" de la division Brehmer, le chiffre des tués (juifs ou non) dépassant très largement le chiffre de 300.

      

    Ce qui s'est passé cette semaine là en Dordogne relevait bien de l'expédition punitive sciemment pensée et organisée et non pas d'une opération de police.

      

      

    Au demeurant, on ne peut que relever, en lisant la carte de ces opérations punitives qu'elles ont toutes eu lieu au Nord, à l'Est et à L'Ouest de Périgueux, les opérations punitives sur Rouffignac et Ste-Marie-de-Chignac se situant seules au sud-est et à proximité de Périgueux, et non pas au Sud du département de la Dordogne, où les colonnes de l'épouvante de Brehmer auraient du affronter en bataille rangée les maquis très structurés de l'Armée Secrète avec des pertes très probablement sérieuses.(L'ORA informée de cette opération les attendait de pied ferme.)

    Cette fois, le bilan est un peu plus précis: il n'y a certes que deux maquisards tués au combat, mais on déplore avec les juifs fusillés quelques 324 fusillés, 358 déportés en Allemagne, dont au moins 270 juifs déportés dans les camps d'extermination, un nombre indéterminé de jeunes déportés en camp de travail ou en camp de concentration (comme Dora par exemple qui confondait les deux activités) et outre au moins de 6 maisons incendiées, deux châteaux, un hameau et un village sauf son église.

      

      

      

    Cette semaine de l'épouvante en Dordogne servira aux Résistants et invitera à la réflexion la chaîne de commandement militaire des maquis. Elle constituera un levier puissant pour réformer la structure de commandement des maquis. D'avril à mai 1944, les maquis vont se restructurer et s'organiser en Dordogne pour se porter secours mutuellement en accroissant leur mobilité.

      

    La division "Das Reich" et le Kampfgruppe "Wilde"

    L'organisation de groupes de SS ou de soldats chargés de massacrer les populations des territoires occupés (ou Einsatzgruppen d'environ 3000 homme chacun) par le Reich a une longue histoire qui a débuté avec l'Anschluss. Une histoire qui a pris un essor terrifiant d'abord sous l'autorité d' Heydrich lors l'occupation de la Pologne, puis sous celle d'Himmler lors de l'envahissement de l'U.R.S.S..

      

    Deux de ces groupes, ont fonctionné en Pologne en ne tuant pas que des juifs mais également tous les intellectuels, officiers et cadres du pays qui tombaient entre leurs mains y compris des membres du clergé. Par la suite, et pendant même le pacte de non agression germano-soviétique, quatre de ces groupes ont été mis sur pied pour opérer derrière les lignes d'attaque nazies envahissant l'U.R.S.S.

      

    C'est dans ce contexte très bien décrit par les pages de Wapedia consacrées aux Einsatzgruppen que la division das Reich a participé aux opérations d'extermination ethnique menées dans le secteur de Minsk.

    Durement malmenée lors de la bataille de Koursk (du 5 juillet au 23 août 1943) par l'Armée rouge, qui a mis en échec l'opération "citadelle", la division "das Reich" va s'installer dans la région de Montauban afin de reconstituer les hommes et les moyens qui lui manquent. 9.000 conscrits âgés de 17 et 18 ans, dont une forte proportion de "malgré nous" alsaciens-lorrains y sont incorporés par amalgame entre conscrits et anciens expérimentés et son équipement et entraînement n'étaient pas achevé à la date du 6 juin 1944.

    Bien avant le débarquement en Normandie, l'entraînement des troupes SS de la division das Reich avaient donné lieu à des représailles souvent sanglantes dans les départements du Tarn et Garonne et du Lot, dans lesquelles le Sturmbahnführer Adolf Dickmann, commandant le 1er bataillon du régiment "Der Führer" s'était ilustré.

      

      

    Structure de "Das Reich"

    Cette division SS a eu un lourd passé répressif. Partioculièrement, le général Heinz Lammerding s'était illustré dans la répression des populations civiles. En février 1944, Lammerding avait donné l'ordre à la brigade SS "Laugermacht" de brûler les maisons de Waskowzy, Mitkowzy et Klumbwka (en URSS) pour incendier leur maison. En 1941, "Das Reich", dans le raffinement de l'horreur, avait détruit la capitale de la Yougoslavie et massacré 17.000 de ses habitants. "Das Reich" s'était installée près de Montauban après avoir transité par le camp de Sauge (près de Bordeaux) pour se rééquiper particulièrement en chars lourds et pour assurer le formation et l'entrainement des jeunes recrues allemandes et alsaciennes levées au debut de l'année 1944.

     

     

    Elle comprenait:

      • Un régiment blindé, le SS panzer régiment "das Reich" comportant 5 bataillons de chars de quatre compagnioes chacun. C'est cette unité, avec ses ateliers mobiles de maintenance, qui montera en Normandie à partir du 12 juin en empruntant d'abord la RN10 de nuit.
      • deux régiments de panzergrenadiere (grenadiers portés sur engins blindés généralementr semi chenilés) comportant chacun trois bataillons de 4 compagnies chacun et de trois compagnies autonomes (reconnaissance et services.

      • Il s'y ajoute le 3ème SS Panzergrenadierregiment "Deutschland" et la 4ème SS Panzergrenadierregiment tristement célèbre "der Fürher" dont les 4 compagnies du 1er bataillon

     

    Affiche du préfet de Dordogne, Maxime Roux, appelant la population à manifester sa joie et à pavoiser les habitations à l'occasion de la capitulation sans conditions de l'Allemagne.
    Inspecteur d'académie à Périgueux, chef des maquis de Dordogne, Maxime Roux devient "Préfet de la Résistance" le 8 juin 1944 et officiellement préfet de la Dordogne le 20 août 1944. Il conservera ce poste jusqu'à son départ pour le Cher en avril 1946.

    Résistance, Maquis et Libération du département de la Dordogne

     

     

     

     

    • dirigé par le commandant Dickmann, étaient respectivement commandées par les lieutenant Scholz (1ère) et Schwartz (2ème);, par le capitaine Otto Kahn (3ème), qui ordonnera la massacre d'Oradour-sur-Glane, et pour la quatrième compagnie, le lieutenant Rosenstock.
    • Enfin la Panzerartillerierégiment, dotée de nombreux canons d'assaut automouvant destinées à soutenir les panzergrenadiere et les unités de service.

     

    Les ordres de von Runsted

    Le 8 juin 1944, après avoir obtenu le feu vert d'Adolph Hitler, le maréchal von Runstedt, commandant d'OB-West, ordonne à la 2ème SS Panzer Division de rejoindre le front de la Normandie mais en apportant préalablement son concours à la lutte contre le terrorisme, ce qui doit la conduire à traverser le Lot et la Corrèze, voir si elle rejoint l'axe routier de la RN 21, à traverser en partie la Dordogne.

     

     

     

     



    Dans son journal de guerre (KTB/Ob. West, XIII-f Anl. 159 et XIV-f), le maréchal von Rundstedt livre les explications suivantes: "Le développement des bandes dans le Massif central pendant ces derniers jours exige l’emploi immédiat et impitoyable de forces plus importantes. [J'ordonne] de mener des actions de grande envergure contre les bandes dans le sud de la France avec la plus extrême vigueur et sans ménagement. Le foyer d’agitation qui persiste dans cette région doit être définitivement éteint.

     

     

     


    "Le résultat de l’entreprise est de la plus haute importance pour l’évolution ultérieure de la situation à l’Ouest. Dans ce genre d’opération, un demi-succès ne sert à rien. Il faut écraser les forces de résistance au moyen d’attaques rapides et enveloppantes. Pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d’effrayer les habitants de cette région infestée, à qui il faudra faire passer le goût d’accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux. Cela servira en outre d’avertissement à toute la population".

    L'essentiel des exactions nazies mises en œuvre à la suite de ces ordres, se sont déroulées dans les départements voisins à l'Est de la Dordogne, à savoir, le Lot et la Corrèze. Néanmoins, une partie de la bataille engagée pour entraver et affaiblir par harcèlement la progression de la 2ème SS Panzer Division se déroulera effectivement dans la partie sud du département de la Dordogne, très structuré militairement comme on l'a déjà souligné.



    Notes sur les Sources:

    1. «1944 en Dordogne», de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux.
    2. "Dictionnaire de la Résistance en Dordogne" de Jacques Lagrange, éditée par Pilote 24 Edition à Périgueux
    3. "Les résistants, l'histoire de ceux qui se refusèrent" de Robert Ballot aux Editions Larousse (p. 79)

     

    1. Terrasson et vous.
    2. Le massacre de Saint-Orse.
    3. Terrasson, dans le Périgord noir.
    4. Histoire de la ville de Terrasson.
    5. CHARLES LOUIS MANGOLD, alias "BROSSARD", alias "COMMANDANT VERNOIS"
    6. le cénotaphe du mur des fusillés à la caserne du 35ème.
    7. France d'abord, Dordogne (A.N.A.C.R.)
    8. Rachel Goldefer raconte et témoigne des crimes de Sainte-Marie-de-Chignac, répertoriés"7 AV 59" aux archives départementales.

     

    1. Le blog du site aschkel consacré à la Dordogne.(cliquer d'abord sur Documents, puis ensuite sur Caisse 7)
    2. L'autorisation d'intégrer les éléments relevés par le blog d'Aschkel dans l'inventaire des faits de résistance en Dordogne a été obtenue des responsables du site Aschkel. Ces évènements font en effet à l'évidence partie intégrante de l'Histoire de la France.
    3. "La guerre secrète, ou le rempart des mensonges, le jour J et la fin du IIIème Reich", par Anthony Cave Brown, (Editio Pygmalion, p. 300).
    4. Pour plus de détails, on peut consulter un ouvrage de Bernard Reviriego intitulé "Les Juifs en Dordogne. 1939-1944. De l'accueil à la persécution", édité en 2003 par les Editions Fanlac. les noms de plus de 1700 juifs résidents ou réfugiés de Dordogne qui ont été déportés y sont évoqués.
    5. Rappelons pour mémoire que le massacre d’Oradour-sur-Glane (en Hte-Vienne)a eu lieu le 10-6-1944.

     

    SOURCES

    http://www.ww2-derniersecret.com/Aquitaine/24-3.html

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Les filles des ruines ou les oubliées de l'histoire

     

     

      

      

      

      

    Au printemps 1945, trois Berlinoises racontent dans leurs journaux intimes la bataille de Berlin du point de vue de la population civile. Au cœur de la guerre, elles écrivent en toutes circonstances. Même quand elles sont exposées aux viols en série perpétrés par les forces conquérantes.

      

      

    L’assaut sur le corps des femmes. Plus petit dénominateur commun de tous les conflits qu’un tabou persistant maintient dans le silence. Les Filles des ruines confronte ces récits rédigés sur le vif aux souvenirs d’autres femmes qui ont vécu la bataille de Berlin et donne à voir cette guerre invisible telle qu’elle se devine dans les décombres de la ville.

     

     

     

    C’est en découvrant les images en couleur tournées par l’armée américaine dans les jours qui ont suivi la chute de Berlin, en 1945, que le réalisateur, Xavier Villetard a eu l’idée de ce film. « Partout où le regard se porte, il n’y a que des femmes, des enfants, quelques vieillards. Partout “les filles des ruines” sortent des entrailles des maisons et elles sont si nombreuses que les hommes paraissent avoir disparu de la circulation.

      

    En plan fixe, elles dévisagent la caméra».

      

    Une souffrance qui se tient debout.

     

     

      

    À Berlin, le pillage du corps des femmes par les soldats de l’Armée rouge s’est effacé derrière la barbarie nazie. Les violences sexuelles subies ont été banalisées, écrasées. « Les femmes allemandes ont bel et bien été projetées au cœur de la déroute de l’homme nazi. »Elles ont payé pour lui. Corps sonnant trébuchant.

      

      

    Les chiffres ne sont guère précis.

      

      

    Entre 100 000 et 300 000 viols ont été commis dans la seule ville de Berlin.

      

    Peu de documents ont traité cette tragédie.

      

     

     

    Xavier Villetard a a eu recours aux journaux intimes pour reconstituer les faits confrontés aux images d’archives, recoller les morceaux d’une histoire interdite. T

      

      

    rois Berlinoises témoignent, avec plus ou moins de spontanéité, comme s’il était temps, enfin, de parler, livrant ainsi la bataille de Berlin du point de vue de la population civile.

      

    Où le détail cru et l’âpre anecdote, sans pathos, révèlent un autre volet de la Libération, un volet invisible et tragique…

     

    Les filles des ruines

    http://www.politis.fr/article6821.html

     

    Documentaire diffusé sur France 2 à 22h 55 le jeudi 30 avril 2009

     

     

     

    Documentaires de création et Essais

    France

    Réalisation : Xavier Villetard

    Auteur : Xavier Villetard

    Image : Simon Ross

    Son : Yolande Decarsin

    Montage : Marie-Pomme Carteret

     

    Format : HD • 16/9. Couleur

    Durée : 1 h 2 mn

    Année de production

      

      

      

      

    sources

      

    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-30617620.html

      

      

      

      

      

      

      

     

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    berlin 1945

      

    Ils sont là. Cette fois c'est sûr.

    En cette fin avril 1945, cela fait des jours que, dans Berlin encerclée, on ne parle que de "ça".

      

    La soudaine amplification des tirs d'artillerie et des canons antiaériens ne laisse plus guère de place au doute.

      

    Les Russes sont là. !

    Afficher l'image d'origine  

    Terrées, en compagnie des enfants et des vieillards, dans l'obscurité des caves ou des bunkers, pour la plupart sans nouvelles de leur homme parti sur le front, les femmes de la capitale du Reich savent à quoi s'en tenir.

    La propagande nazie contre les "russische Bestien"

    (ces "bestiaux de Russes") a bien fait son travail.

     

    reconstruction de berlin en 1945 

     

     

    Les soldats russes, souvent des paysans venus de Sibérie, du Caucase ou de Mongolie, veulent des femmes, symboles de leur victoire sur l'Allemagne hitlérienne. Mères de famille, adolescentes, sexagénaires... toutes satisfont à l'idée valorisante que les "Ivan" - ainsi les surnomme-t-on

     

     

    berlinoise dans berlin en 1945  

    - se font de la "Deutsche Fräulein".

      

    Livrées en pâture, maintes Berlinoises seront extirpées de leur souricière et traînées dans les couloirs, les annexes des caves, les cages d'escalier,

     

     

    ruines de dresde

    pour y être violées.

     

    Les historiens évoquent 100 000 viols commis à Berlin entre avril et septembre 1945, et en tout

    2 millions d'Allemandes violées sur le front soviétique.

     

     chute de Berlin en 1945

      

      

    Presque soixante-cinq ans se sont écoulés. Chaque famille d'Allemagne porte de près ou de loin ce drame en mémoire. Mais personne n'a jamais osé en parler (surtout à l'Est, où critiquer le "grand frère" russe était défendu).

      

    L'humiliation, la honte, la douleur, étaient trop fortes. Le tabou paraissait insurmontable.

      

    D'autant qu'au regard des crimes commis par les nazis, un interdit tacite empêchait les Allemands d'évoquer les souffrances endurées pendant la guerre :

    ils auraient aussitôt été accusés de révisionnisme.

     

    berlinoises en 1945 

     

     

    La parole semble pourtant se libérer.

    Tout en veillant toujours à rappeler la responsabilité initiale du régime nazi, de plus en plus de documentaires et de téléfilms se mettent à évoquer le tribut payé par les Allemands à leur Führer et aux Alliés :

      

    martyre de Dresde bombardée, torpillage du Gustloff et de ses 10 000 passagers, exode de 12 millions d'Allemands expulsés des territoires de l'est du Reich...

     

     

     refugies dan berlin en 1945

      

      

    Avec le film Anonyma, eine Frau in Berlin, réalisé par Max Färberböck et sorti sur les écrans allemands fin octobre, la question des viols massifs commis par les Russes en 1945 est pour la première fois abordée au cinéma.

      

    Avec la star allemande Nina Hoss dans le rôle principal, le film adapte

      

    Une femme à Berlin (Gallimard, 2006), le journal intime tenu entre le 20 avril et le 22 juin 1945 par Marta Hillers (1911-2001), journaliste berlinoise âgée de 34 ans au moment des faits.

     

     

    Dans cet ouvrage, Marta Hillers (son identité, retrouvée par la presse en 2003, a finalement été révélée, mais elle-même avait tenu à rester anonyme de son vivant) relate le quotidien des habitants de la capitale nazie livrée aux Russes :

      

    absence d'eau courante et d'électricité, quête de nourriture, rationnements et pillages.

      

    Rien d'exceptionnel : de nombreux autres carnets de bord attestent d'un besoin généralisé de mettre en mots le chaos.

     

     

     

    Mais le témoignage de la journaliste reste sans pareil. Mêlant lucidité et cynisme à une précision rigoureuse, Marta Hillers y rend compte, jour après jour, des viols qu'elle subit comme si elle-même n'en était pas l'objet.

      

    Comme si la glace qui envahit son corps au moment où il est violenté habitait le récit en entier. S'il fait événement en Allemagne par le thème auquel il s'attaque, le film de Max Färberböck, lui, tente de raconter l'irracontable au grand public, c'est-à-dire en version quelque peu édulcorée. Il transforme en romance amoureuse une relation foncièrement pragmatique :

      

    celle que la journaliste berlinoise a recherchée et entretenue, après avoir été violée à plusieurs reprises par différents "Ivan", avec un major de l'Armée rouge.

     

     

     

     

     

    donner son nom -, on sait simplement qu'elle avait 32 ans à l'époque, et qu'elle travaillait pendant la guerre dans une maison d'édition de Berlin. Elle décrit, dans son journal, les immeubles éventrés par les bombardements, la vie précaire des Berlinois reclus dans les caves, les pillages et les agressions...

     

    Surtout, elle dit, sans détour ni pathos, avec un détachement souvent sidérant, les violences faites aux femmes, les humiliations et les viols à répétition, et l'instinct de survie que, face à cette sauvagerie, elles apprennent à développer - acquiesçant à l'insupportable, s'en remettant à l'avenir pour panser cette blessure morale inouïe.

     

     

    atrocités dans Berlin en 1945 

     

    "Comme Marta Hillers, de nombreuses Allemandes ont usé de cette stratégie : quitte à être violée, autant l'être par le même à chaque fois, par quelqu'un dont l'autorité tient les autres à distance et qui assure protection et subsistance

    - les mères de famille en particulier y ont vu un moyen de nourrir leurs enfants",

      

    explique la journaliste Ingeborg Jacobs, qui vient de publier Freiwild ("Proies") (éd. Propyläen), une enquête pour laquelle elle a rencontré près de 200 femmes violées par des Russes en 1945.

     

     

    De fait, "l'histoire d'Anonyma est un peu celle de Maman", raconte Ingrid Holzhüter. Elle avait 9 ans lorsque les Russes arrivèrent dans le village de Vogelsdorf, non loin de Berlin, où sa mère a décidé de se réfugier, après le bombardement de l'appartement berlinois de la famille.

     

     

     réfugiés allemands en 1945 

    Le père est mort au combat, en France, à 29 ans.

      

    "Maman était particulièrement jolie, les Russes l'ont tout de suite repérée", se rappelle avec lassitude cette femme aujourd'hui âgée de 72 ans, qui, après toute une vie de lutte politique pour les droits de la femme, s'en remet aujourd'hui au bonheur simple de tricoter pour ses petits-enfants.

     

    dsetruction de dresde en 1945 

    Dès leur arrivée à Vogelsdorf, ils sont venus trouver ma mère. Et puis ils sont revenus chaque nuit, pendant des semaines, arrivant chez nous braguette ouverte. J'entendais ma mère supplier, appeler au secours..."

      

    - la fillette sera même, une fois, témoin de l'un de ces viols commis sous ses yeux.

      

    "Jusqu'à ce qu'elle devienne la maîtresse d'un commandant,

    et qu'il nous prenne sous son aile."

     

     

    Très répandue, cette stratégie de survie sera mal perçue dans l'Allemagne d'après-guerre.

     

    Les hommes, lorsqu'ils rentrent du front ou des prisons de guerre

      

    "se détournent de leurs femmes ou fiancées, parce qu'ils les jugent sales et indignes", raconte Ingeborg Jacobs.

      

    "Vous êtes devenues aussi impudiques que des chiennes, toutes autant que vous êtes dans cette maison !",

      

    s'écrie Gerd, le petit ami de Marta Hillers,

    lorsqu'elle lui donne son journal à lire.

     

     

    Le journal de Marta Hillers a d'abord été publié en anglais aux Etats-Unis, en 1954. Il faudra ensuite attendre cinq ans avant qu'une maison d'édition suisse germanophone en propose une version en allemand (aucun éditeur allemand n'a voulu du manuscrit).

     

    La publication fait scandale.

      

    La journaliste est accusée de s'être "prostituée".

      

    Une réaction universelle dès qu'il s'agit de viol :

      

    "Les femmes violées sont toujours doublement frappées :

    une première fois par le viol, puis par le rejet de la société.

      

    Cette inversion de la culpabilité est typique de nos sociétés patriarcales",

    dénonce Monika Hauser, fondatrice et présidente de l'ONG Medica Mondiale, qui vient de recevoir le prix Nobel alternatif de la paix pour son aide apportée, ces quinze dernières années, aux femmes violées dans le cadre de conflits internationaux :

     

    Bosnie, Afghanistan, Congo...

     

     

    Cela fait longtemps que cette gynécologue de formation, qui a commencé sa carrière médicale dans une clinique de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, voulait aborder la question des viols commis en Allemagne par l'Armée rouge en 1945.

      

    "Tant de patientes m'en faisaient le récit, lorsque j'étais jeune médecin... Je comprenais alors pourquoi certaines n'avaient pas voulu d'enfants, ne s'étaient pas mariées, avaient des pulsions suicidaires ou abusaient de médicaments."

      

    La sortie au cinéma d'Anonyma prouve toutefois que

    "la société allemande pourrait être enfin prête

    à entendre la souffrance de ces femmes

    murées dans le silence", estime-t-elle.

     

    Question, aussi, de génération.

     

    En effet, "mères et filles ont toujours eu trop honte pour pouvoir aborder

    ce thème ensemble",

    rappelle Ingeborg Jacobs.

     

    Dans son enquête historique, la journaliste décrit à quel point les mères ont tout fait pour protéger leurs filles du viol - quitte à se proposer à leur place lorsque ces dernières en étaient menacées -, et combien les filles, même enfants, se sentaient investies d'un sentiment de responsabilité en tentant de cacher leur mère,

    lorsque les Russes arrivaient.

     

     

    victimes du bombardement de dresde  

     

    "Mais les petits-enfants, et notamment les petites-filles, posent aujourd'hui des questions à leurs grands-mères."

    Des grands-mères qui, justement, se retrouvent seules face à leurs souvenirs :

      

    "Ces femmes ne travaillent plus depuis longtemps, leurs enfants ont quitté la maison et leurs conjoints sont parfois décédés. Des images remontent, qui les obsèdent."

     

    Aujourd'hui, il y a urgence à recueillir cette parole :

     

    "Bientôt, toutes les victimes auront disparu",

    souligne Monika Hauser, qui ne voit pourtant "toujours aucune volonté politique de la faire émerger". Si, pour la première fois en Allemagne, un appel à témoignages vient d'être lancé par le Centre de recherches psychiatriques de l'université de Greifswald, cette initiative n'a reçu aucun financement de l'Etat.

      

    "L'idée est de savoir comment ces femmes, qui n'ont jamais bénéficié du moindre soutien psychologique, sont parvenues à vivre jusqu'à aujourd'hui",

    explique le docteur Philipp Kuwert, qui dirige ce programme.

    Le projet doit déboucher à la fois sur une étude scientifique

    et sur la mise en place d'une thérapie ciblée, la première également,

    à destination des personnes âgées.

     

     

    Mais est-il encore temps ?

    Après s'être tues si longtemps, ces grands-mères meurtries qui, dans leurs maisons de retraite, sont prises de panique lorsqu'elles entendent des aides-soignantes parler russe ou lorsqu'on veut leur poser une sonde urinaire,

    sont-elles prêtes, au terme de leur vie, à raconter leur grand secret ?

    Peuvent-elles seulement encore être soignées ?

    "Il n'est jamais trop tard", assure le docteur Kuwert.

    Pour lui, avoir la parole est déjà, en soi, un acte de guérison.

     

    Lorraine Rossignol

     

     

     

     

    SOURCES

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/20/les-viols-de-

    1945-un-tabou-brise_1133490_3214.html

     

     

     

     

     

     

     

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