• RESISTANCE des MILIEUX CATHOLIQUES SOUS L'OCCUPATION

     

     

     D'un autre côté, certaines mouvances de la Résistance sont motivées par un fort ancrage catholique, comme Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l'une des composantes du mouvement Combat, les Cahiers du Témoignage chrétien fondés par le père Pierre Chaillet ou les Jeunes chrétiens combattants, fondés par Gilbert Dru (1920-1944) et Maurice-René Simonnet. Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d'agir aux côtés de la Résistance[22]. Les mouvements chrétiens voient se regrouper des catholiques et des protestants et contribuent à renforcer les tendances à l'œcuménisme.

     

     

     

    Témoignage chrétien

     

    Témoignage chrétien est un hebdomadaire français d'informations générales, d'inspiration chrétienne, fondé en 1941 pendant l’Occupation allemande par le mouvement de Résistance intérieure française (RIF) du même nom dont le principal animateur a été le prêtre jésuite Pierre Chaillet et dont la principale activité a consisté à éditer et à diffuser clandestinement Les Cahiers du Témoignage chrétien. Il est l'un des derniers journaux issus de la Résistance à être encore publiés.

     

    De 1941 à 1944, paraîtront treize numéros de ces brochures contenant des dossiers assez volumineux puisque chaque numéro pouvait faire plusieurs dizaines de pages.

     

    Après la Libération, le journal Témoignage chrétien prend la suite du journal clandestin.

     

    Sous la houlette de Georges Montaron, son directeur de 1948 à 1996, il continue les combats initiés pendant la clandestinité : luttes pour la décolonisation, contre la torture...

      

     

     

    Dans la France de 1940, la majorité de la population est catholique. 

     

    On retrouve donc des catholiques, sans motivation religieuse exprimée, dans presque toutes les catégories citées comme courant de la Résistance même si l'épiscopat, le clergé et la majorité des milieux catholiques représentent par ailleurs un des meilleurs soutiens au maréchal Pétain

    .

    Chronologiquement, c'est toutefois la minorité protestante qui développe une attitude de résistance spirituelle inspirée par l'attitude de l’Église confessante allemande et par deux lettres du théologien Karl Barth qui circulent sous forme dacylographiée. Dès le 23 juin 1940, le pasteur André Trocmé prononce devant ses paroissiens du Chambon-sur-Lignon son sermon dits des « armes de l'Esprit » qui contient le premier appel à la résistance prononcé sur le sol français. 

     

    La population du Chambon-sur-Lignon aura pendant toute la guerre un comportement de résistance non violente qui lui vaudra la médaille des justes de Yad Vashem en raison du nombre important de juifs qui seront cachés et protégés par le village et ses environs. 

     

    Le protestantisme fournira donc son contingent de héros à la Résistance classique (Jean Cavaillès, 

    Berty Albrecht, Lucie Aubrac, ...) mais aussi son expression non-violente et spirituelle (André Trocmé, Roland de Pury, Madeleine Barot,...) 

     

    Premières manifestations publiques de solidarité des chrétiens français envers les Juifs, les lettres du président de la Fédération protestante de France Marc Boegner des 26 mars 1941 et 20 juin 1942 ont un très fort retentissement dans le pays.

     

    Côté catholique, des résistants comme Honoré d'Estienne d'Orves et certaines mouvances de la Résistance sont motivés par leur fort ancrage religieux, comme Liberté, fondée par François de Menthon qui sera l'une des composantes du mouvement Combat, les Cahiers du Témoignage chrétien fondés par 

    le père Pierre Chaillet ou les Jeunes chrétiens combattants, fondés par Gilbert Dru (1920-1944) et Maurice-René Simonnet. 

     

    Ces militants considèrent que leur foi chrétienne leur impose d'agir aux côtés de la Résistance.. 

     

    Cette conscience amène à condamner les abus et vengeances personnelles perpétrés sous couvert de résistance : dans une déclaration du 17 février 1944 les évêques de France condamnent officiellement « les appels à la violence et les actes de terrorisme qui provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures »

    .

    De nombreux prêtres et religieux s'engagèrent dans des actions de résistance (et particulièrement dans l'accueil et le sauvetage des évadés, des juifs, des aviateurs alliés ou des réfractaires). 

     

    Beaucoup le payèrent de la déportation, voire de leur vie (comme le père jésuite Yves de Montcheuil, l'abbé Derry, les pères franciscains Corentin Cloarec ou Robert Desmoutier, ou encore le père capucin Augustin Meyer et les 

    cinq Oblats de La Brosse-Montceaux

     

    Les Jeunes chrétiens combattants

     

    -------------------------------

     

     

    Les Jeunes chrétiens combattants (JCC) sont un mouvement de résistance chrétien fondé en 1943 à l'initiative de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF). 

     

     

    La première manifestation factuelle d'une résistance spécifiquement catholique remonte au 16 novembre 1941 à Lyon avec la parution du premier cahier de Témoignage chrétien sous le titre « France, prends garde de perdre ton âme ».

      

    Entièrement rédigé par le père Gaston Fessard cet opuscule est sans ambigüité un appel à s'opposer au nazisme au nom des valeurs chrétiennes.

      

    Le premier titre envisagé est celui de Témoignage catholique mais à la suite de l'adhésion de protestants à l'équipe initiale des théologiens jésuites de la faculté de Fourvière, c'est l'adjectif chrétien qui est retenu. Ce premier cahier est suivi d'autres publications et autour de cette mouvance une véritable résistance catholique s'organise en région lyonnaise en liaison avec le groupe Combat d'Henri Frenay.

     

    À la suite de l'instauration du Service du travail obligatoire (STO) le 7 mai 1942 de nombreux jocistes, déjà syndiqués à la Confédération générale du travail (CGT), sont incités à rejoindre les Francs-tireurs et partisans (FTP) dans la Résistance.

      

    Les dirigeants de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) en alertent l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF).

      

    À la même époque Georges Bidault qui vient de succéder à Jean Moulin envisage de créer une Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) mais y redoute l'hégémonie communiste des FTP. D'un commun accord il est alors décidé de fédérer tous les jeunes chrétiens engagés dans les réseaux de la Résistance.

      

    C'est donc suite à des contacts avec Georges Bidault et Maurice-René Simonnet, dirigeant de la Jeunesse étudiante chrétienne proche du groupe lyonnais Témoignage chrétien, que René Laurin (Lassalle puis Schubert dans la Résistance) et Pierre Corval regroupent à cette fin les diverses composantes parisiennes de l’ACJF et du scoutisme catholique clandestin alors que Gilbert Dru fait de même à Lyon.

      

    Les JCC ainsi constitués rejoignent les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) en octobre 1943.

      

      

    ------------------------------------------ 

      

    Les JCC en région parisienne

     

    À Paris le réseau se structure autour du patronage Championnet[2] de la paroisse Sainte-Geneviève (18e) dont sont membres Pierre Corval et René Laurin. Le Bureau d'information et de presse (BIP) créé en avril 1942 par Jean Moulin est transféré dès octobre 1943 dans les locaux du patronage qui devient la véritable agence de presse clandestine de la zone occupée.

      

    Les locaux accueillent également les réunions régulières du conseil national de la Résistance (CNR) en zone occupée et celles du comité départemental de libération de Paris (comité parisien de libération) : l’association est à elle seule un véritable réseau avec des ramifications en province.

      

    Un groupe de ses membres mené par l'abbé Raymond Borme et Léo Hamon se distingue le 25 février 1944 en détruisant à main armée des dizaines de milliers de fiches du STO. À la suite d'une trahison 12 d'entre eux font partie des

    fusillés de la cascade du Bois de Boulogne.

      

    En liaison avec la branche jeunes de l'organisation civile et militaire, les JCC participent activement à la libération de Paris.

      

    _____________________  

    Les JCC en province

    Cependant le mouvement semble s'être parfois structuré de façon plus précoce dans certaines villes de province. À Marseille un jeune professeur de lettres

    du Lycée Saint-Charles, Raymond Cayol, en prend la direction dès l'invasion de la zone sud en novembre 1942 et les groupes s’impliquent aussitôt dans la lutte armée.

      

    En 1944 les JCC participent à divers combats des maquis des Alpes, du Massif Central et du Nord.

      

      

      

      

    JEUNESSE OUVRIERE CHRETIENNE

    _____________________________

      

      

    La Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) est une association de jeunes chrétiens du monde ouvrier, fondée en 1925 par l'abbé belge Joseph Cardijn, un prêtre issu d'un milieu modeste. Jusqu'en 1987, la JOC, qui appartient

      

    au mouvement plus général de l'Action catholique, était scindé en deux structures distinctes :

      

    la JOC (masculine) et la JOCF (féminine), créée en 1928 sous l'impulsion de Jeanne Aubert. Elle est reconnue parmi les principales associations d'éducation populaire.

    Le siège de la JOC française est au 246, Boulevard Saint-Denis, à Courbevoie.

    La Coordination internationale de la JOC (CIJOC) est présente dans 60 pays à travers le monde.

     

     

     

    La JOC sous l'Occupation

    Sous l'impulsion de son nouveau vice-président, Henri Bourdais, la JOC refuse de se plier à l’ordonnance du 28 août 1940, qui interdit les associations. Malgré les pressions de l'Église, largement favorable au maréchal Pétain, le mouvement radicalise peu à peu son opposition au régime de Vichy. Le 3 août 1943, la Gestapo ferme le secrétariat général de la JOC et arrête son aumônier général, l’abbé Guérin.

      

    Le mouvement, contraint à la clandestinité, se rapproche alors du

     

    Conseil national de la Résistance.

      

    En Belgique les deux cofondateurs de la JOC, avec l'abbé Cardijn, Paul Garcet et Fernand Tonnet, participent à la résistance. Ils sont arrêtés et déportés dans des camps de travail en Allemagne et ensuite au camp de Dachau, où ils meurent en janvier 1945.

    De nombreux jocistes participent à la Résistance, notamment auprès des groupes du Témoignage Chrétien, mais sans le faire en tant que membres de la JOC, qui refuse d'imposer une ligne politique unitaire à ses membres.

      

    Pour fuir le Service du travail obligatoire, certains rejoignent le maquis.

      

    D'autres jocistes décident de continuer à se comporter en porte-parole de la JOC alors qu'ils se trouvent en Allemagne au titre du STO (Lucien Croci, et Marcel Callo, béatifié pour son action, sont arrêtés par la Gestapo pour leur militantisme en Allemagne).

     

    On trouve des jocistes aux Forces françaises de l'intérieur (Lucien Ganne)

    et aux Francs-tireurs et partisans

      

    Devant un engagement aussi important, les dirigeants de la JOC et de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) se concertent de manière à créer un corps de jeunes chrétiens engagés dans les réseaux de Résistance :

    les « Jeunes chrétiens combattants ». Leur action débute en 1943, et en 1944 ils participent à divers engagements des maquis dans les Alpes et dans le Massif Central, ainsi que dans le Nord

    (Eugène Descamps).

     

     

     

    En 1941, la LOC (Ligue Ouvrière Chrétienne) créée en 1930 par des couples militants de la JOC envisage un élargissement et constitue le Mouvement Populaire des Familles (MPF). Des militants choisiront de s'investir davantage dans l'action politique, des membres du MPF participants ainsi à la naissance du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien) de Georges Bidault après guerre.

     

     

    La Ligue ouvrière chrétienne (LOC), issue de la fusion en 1935 des groupes d'Aînés de la JOC et de la JOCF, choisit, en août 1941, de changer de nom, devenant, pour mieux « pénétrer la masse ouvrière », le Mouvement populaire des familles. Il s’agit de marquer une ouverture, de ne pas « effrayer » par la référence chrétienne.

      

    L’objectif est toujours celui « d’un grand Mouvement populaire des familles qui amènera la classe ouvrière tout entière au christianisme », qui cherche à « humaniser pour christianiser ».

      

    Cet abandon de l’étiquette chrétienne ne se fait pas sans réticences car il semble renier l’héritage jociste de présence chrétienne dans la classe ouvrière, il est cependant la première étape de la déconfessionnalisation du mouvement.

      

    Elle se poursuit en 1946 par la sortie des aumôniers des équipes dirigeantes ce qui amène l'épiscopat à ne plus le « mandater » mais à le « missionner ». Le lien d’Église est encore maintenu mais distendu car l’autonomie du mouvement dans la définition de ses orientations « temporelles » est respecté.

      

    Bien que le MPF maintienne sa mise à distance officielle par rapport au politique, dès la fin de 1949, le processus de déconfessionnalisation s’accentue, le MPF n’est plus un mouvement catholique et la hiérarchie donne en 1950 mandat à une nouvelle création, l’ACO.

     

      

      

    Valeurs et motivations :

     

    "L'engagement reste une affaire individuelle, irréductible a tout schéma unifiant."(Olivier WIEVIORKA, dans Une certaine idée de la résistance, défense de la FRANCE 1940-1949.)

     

    Cette phrase illustre la multitude de motivations possibles qu'ont eprouvées les jeunes pour s'engager dans la Résistance. Cepandant, on peut dégager 2 grandes catégories de facteurs motivants :

     

      • les valeurs morales qui résultent de l'éducation familiale et du comportement "fougueux" des jeunes entrainant le refus de la défaite

     

      • le poids des circonstances, avec l'instauration du Service du Travail Obligatoire qui incite la jeunesse à fuir pour rejoindre le maquis.

     

     

    Diversités d'engagements 3.jpg (53213 octets)

     

    1. Les valeurs morales et l'éducation familiale:

     

    La famille, la culture et l'éducation ont conditionné le choix de l'engagement : une culture familiale militante, religieuse, patriotique et politique a favorisé les premiers actes militants.

    Par exemple, le 11 novembre 1940 a eu lieu une grande manifestation de jeunes lycéens et étudiants devant la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris.

     

    2. Le poids des circonstances:

     

    L'enthousiasme qui caractérise les jeunes les a poussés tout naturellement dans les rangs de la résistance.

    Mais les circonstances ont elles aussi beaucoup aidé à l'engagement des jeunes. Les premières défaites de l'Axe (Allemagne, Italie et Japon), l'invasion de la France libre (1942) et l'instauration du STO (1942-1943) ont entraîné un gonflement des effectifs des maquis.

      

    Par exemple, dans le département du Jura, on estimait l'effectif à environ 500 maquisards et, subitement, 2000 jeunes ont rejoint ce maquis. D'ailleurs, les organisations de la résistance ne savaient que faire de tous ces jeunes inexpérimentés.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Résistance, Maquis et Libération du département de la DordognePourquoi vous êtes-vous engagés dans la RESISTANCE ? »
    Partager via Gmail Delicious Pin It

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :