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    Le Mouvement National de Résistance Les Ardents fut créé, à Clermont-Ferrand , en 1940 par Roger Lazard alias Général François, sous le haut patronage du Général Gabriel Cochet qui lança, le 06 septembre 1940, le premier appel à la Résistance métropolitaine.

      

    Durant l'automne 1940, son fondateur rédigea un aide mémoire qui jetait les bases de l'action clandestine insurrectionnelle du mouvement, dans un style idéaliste sous le titre :

      

    "Délivrance par l'insurrection".

      

    Ce document , dactylographié clandestinement, fût publié l'année suivante à destination des cadres. Il fût également envoyé aux quatre vingt parlementaires qui avaient refusé, le 10 juillet 1940, de voter les pleins pouvoirs à Pétain.

      

    Tout naturellement, Roger Lazard devint le chef national des Ardents.

      

    Pour l'Auvergne, région de naissance du mouvement, le chef régional fût Charles Rauzier dont le cabinet abrita l'Etat-major régional. Dans la clandestinité, il fût connu sous le pseudonyme de commandant Tranchet et fût secondé au plan départemental

    par Jean-Baptiste Michel alias Lamaire.

      

     

      

      

     


    Le choix aurait pu se porter sur le personnage de Vercingétorix.

     

    Le bûcher était l'emblème de la Patrie, symbolisant l'appel à l'éternelle résistance.

      

    Gabriel Cochet
        

     

    Général de brigade aérienne en 1939, il est de ceux qui n'acceptent pas la capitulation. Dés la défaite de 1940, il réagit vigoureusement et forme son propre réseau : le réseau "Cochet" avec entre d'autres militaires tel que Dufrénois, Robert Gaujour et même son frère Léopold et ses soeurs Marianne et Christiane.
    Le 6 septembre 1940, il lance un
    appel invitant à "veiller, résister, pour lutter contre le seul ennemi le Boche et avec lui tous ceux qui l'aident, l'appellent".
    C'est dans ces conditions qu'il rencontre le général Lazard, ensemble ils jettent les bases du mouvement de résistance "Les Ardents". Durant toute la guerre, il ne cessera d'avoir des contacts avec les Ardents.
    Après deux arrestations en France, il rejoint Londres et devient Chef d'Etat Major des Forces Françaises libres à Londres (1943), puis chef des services secrets à Alger.
    Nommé délégué militaire du Gouvernement provisoire pour le théâtre d'opérations Sud et commandant des Forces Françaises de la zone Sud (1944), il assure, en coopération avec le quartier général du général Alexander Patch, le débarquement sur la côte d'Azur.
    Gabriel Cochet est l'un des tous premiers résistants français, l'un des grands chefs de "l'armée de la revanche", l'un des pionniers de l'action post-résistance.
    La ville de Clermont-Ferrand lui a attribué le nom d'une rue.

    Général de Corps d'Armée Aérienne
    Grand Croix de la légion d'Honneur
    Médaille Militaire
    Croix de guerre 1914-1918
    Croix de guerre 1939-1945
    Médaille de la résistance (Rosette)

     

     

     SOURCES

    BLOG - les ARDENTS

      

    http://premiumwanadoo.com/lesardents/creation.htm

      

    CHAPITRES et CHRONOLOGIE

      

      

     

     

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  • Libération

    CLASSE 44 - réfractaire et maquisard


    jeudi 1er mars 2007, par Bernard Morinais

     

     

    Les F.F.I. de Sartrouville étaient organisés en deux groupes, composés de plusieurs unités : les adultes (mon père Morinais Francis y était sergent), et les F.F.I.-jeunes, de 16 à 20 ans environ, dont je faisais partie, sous les ordres de Lucien Perrin.

    Chapitre VI

    Nous sommes donc à la mi-mai 1944, et me voici de retour à Sartrouville. Là aussi, les perspectives d’un débarquement allié sur les côtes du pays hantent les esprits.

    Prétextant la recherche d’un livre, je vais chez « Bébert » récupérer « Adolphe ».

    Reprendre contact avec la Résistance locale sera très simple, le chantier de la charbonnière Angèle Breton est devenu une véritable plate-forme d’activités où s’entrecroisent la plupart des responsables du quartier.

    Le milicien Jacques Eybord, notre voisin, a disparu depuis plusieurs semaines, sur le front de l’Est, dit-on .

    Le chantier fait une centaine de mètres de longueur, au fond, se trouvent les communs, écurie du cheval et divers hangars abritant la sacherie, etc... Par un portillon, donnant sur la rue Jules Verne, on peut rejoindre la rue de Strasbourg par le jardin des Roinsard, difficile donc d’y surprendre quiconque. De plus les activités du chantier, manutentions et livraisons, les allées et venues de la clientèle, permettent de s’y camoufler sans grand danger.
    Angèle Breton va, de ce fait, devenir une figure légendaire dans le quartier.

    La Résistance, on s’en doute, fut très active à Sartrouville pendant ces quatre années d’occupation.
    En septembre 1942 : attaque de la Mairie, par un commando de trois F.T.P. armés, en plein jour, et soustraction de 2 500 feuilles de tickets d’alimentation qui serviront à ravitailler les réfractaires et maquisards.

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    L’un des moyens les plus efficaces pour venir en aide aux clandestins : leur procurer les titres de rationnement, qui leur seront indispensables pour survivre. L’attaque de la mairie de Sartrouville sera présentée comme ayant été l’oeuvre de gangsters. Le journal « Le Courrier de Seine et Oise », édition collaborationniste, paraîtra pendant les quatre années de l’occupation.On peut voir dans l’article, ci-dessus, comment fut rapporté l’événement qui fit sensation en septembre 1942. L’attaque du centre de distribution des cartes d’alimentation de Sartrouville, qui se trouvait dans les locaux de l’ancienne Mairie, rue de Saint- Germain, par un commando de Corps-Francs F.T.P.F., y est présentée comme un « audacieux cambriolage », les Résistants y sont affublés du nom de « malfaiteurs ». À qui fera-t-on croire que de véritables gangsters se soient déplacés en bicyclettes ?...

    En décembre de la même année, une grenade est lancée dans la salle du café « Le Rocher », rue de Seine, où les chleuhs de la Kriegsmarine prennent leurs repas. Bourquart et le jeune Pierson, arrêtés les armes à la main, seront fusillés le 4 décembre.

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    Rue de Seine et sur la gauche, le café du Rocher où se restauraient les chleuhs de la Kriegsmarine

    Toutes les actions étaient canalisées par trois branches aux activités différentes, mais qui s’interpénétraient :

    1) Sabotages industriels, mis au point par les ouvriers de la SNCAN, usine de fabrication d’hydravions, pour le compte des occupants.
    L’un de ces appareils coula sur le plan d’eau, en 1942, face au champs de courses (une bonde de vidange avait été enlevée), et un second, le CAMS 161 quitta la Seine pour les Etangs de Hollande où il y coula également. Les ouvriers et cadres de la SNCAN, ayant infiltré le syndicat pétainiste, formeront d’ailleurs l’ossature des F.F.I. de Sartrouville sous la direction de l’ex-C.G.T. interdite et de ses responsables : Marcel Moret, Lèon Pierson, Adrien Friboulet, etc...

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    ... Sabotages industriels mis au point par les ouvriers de la S.N.C.A.N. L’un de ces hydravions, coula sur ce plan d’eau en 1942, face au champs de courses (une bonde de vidange avait été enlevée)...
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    Les bâtiments de l’usine S.N.C.A.N., où étaient montés et assemblés les hydravions pour le compte des troupes d’occupation. Le syndicat pétainiste « Front Social du Travail » avait été noyauté par les militants clandestins de la C.G.T. et quelques militants chrétiens. Ils constitueront l’ossature des F.F.I. de la ville

    2) Résistance-Fer, affiliée aux F.T.P.F., son réseau de renseignements et sabotages, entre autres, le déraillement du train de marchandises en gare, l’hiver 1941, (lorsque les Allemands en furent avertis, leur chargement de pailles et fourrages avait totalement disparu, distribué aux habitants.)

    3) En liaison avec les éléments de « Défense de la France », des Sartrouvillois : Haranger, Segogne, Roinsard, Barbey et autres, avaient pour tâche d’aiguiller les victimes du STO vers des planques sûres.

    Si des coupes sombres avaient été effectuées par les nazis dans l’encadrement (arrestation du commissaire de police Orsi ainsi que du pharmacien Gibergy et de l’imprimeur René Brulay), il n’en reste pas moins que l’activité ne se relâchait pas.

    Les ponts, franchissant la Seine et l’Oise, sont l’un après l’autre bombardés par les alliés : Conflans, Poissy, Les Mureaux, etc...

    Il ne reste plus qu’une seule voie d’accès vers l’ouest : la ligne Paris-Le-Havre et son pont de Sartrouville-Maisons-Laffitte, représentant une importance stratégique capitale, car venaient s’y aiguiller la ligne de « ceinture » d’Argenteuil, et la voie annexe, issue du dépôt de Carrière sur Seine, où les occupants stockaient à quinze mètres sous terre des V1 et V2, ainsi que des pièces de rampes de lancement.

    Le pont étant en pleine ville, jouxtant les activités (marché, mairie, gare, commerces, etc...), il était aisé de penser que sa destruction, par bombardement aérien, provoquerait de sérieux dégâts et de nombreuses victimes.
    C’est ainsi que Londres fut contacté, et qu’il fut offert au commandement allié de le faire sauter à l’explosif, les F.T.P. étant équipés pour cela et l’ouvrage n’étant gardé que par quelques « requis », aisément neutralisables.

    La réponse fut négative. Londres exprimant la crainte d’éventuelles représailles parmi la population civile. Il n’en fut donc rien et c’est sans autre préavis que le pont fut bombardé ce samedi 27 mai 1944, on va voir dans quelles conditions.

    Un cousin lointain de mon beau-frère, le maraîcher Gougerot, étant en retard sur ses travaux des champs, nous avait demandé de lui sarcler une pièce plantée d’oignons, située en descente douce vers la Seine, derrière sa maison de l’avenue de la concorde, à 100 mètres du pont du chemin de fer.

    Il était quatorze heures.

    En maillot de corps, étant donnée la chaleur de ce beau jour de Pentecôte, nous venions de reprendre l’ouvrage lorsqu’un ronronnement, caractéristique des lourds bombardiers, nous fit lever la tête.

    Venant de la boucle Nord de la Seine, une vague d’appareils, en rangs serrés, amorçait un virage de façon à prendre la ligne de chemin de fer en travers, la Falk se déchaîna.

    - « C’est pour notre gueule ! Hurla mon beau-frère, tirons-nous ! Tirons-nous !

    À larges enjambées je remontais le terrain, traversais la cour du maraîcher, attrapant mon vélo au passage et l’enfourchant.
    C’est à plein effort que je m’enfuyais, en direction opposée au pont, alors que les premiers sifflements des projectiles emplissaient le ciel.

    Un souffle violent et chaud me fit comprendre que les points de chute n’étaient pas éloignés (une bombe de 1 000 kg tombera à l’angle de la rue de Soissons).

    J’enfile l’avenue de Soissons sur ma gauche, puis l’avenue Rude sur ma droite, la rue de Dixmude sur ma gauche, cherchant le plus possible à m’éloigner du pont, alors que les bombes de la seconde vague sont larguées.
    Je débouche sur l’avenue de la République, dans un bruit assourdissant, la vitrine du pharmacien, sur le trottoir de droite, et celle du marchand de couleurs, qui lui fait face à ma gauche, se rejoignent au milieu de l’avenue, soufflées.
    Sans chuter de mon cycle, je me retrouve sur la gauche de l’avenue large de cinq à six mètres, littéralement soulevé, roulant sur un tapis de verres brisés.
    Arrivé en limite de Montesson, au loin, devant moi, d’autres bombardiers arrosent le pont du Pecq, inutile d’aller plus loin. Je m’abrite donc, alors que les dernières vagues lâchent leurs torpilles et s’éloignent. Un immense nuage de fumées et de cendres recouvre la ville.

    Je reprends mon vélo, et mon premier réflexe est d’aller voir si le quartier de mes Parents n’est pas atteint. Heureusement, non, je rassure ces derniers de ma présence et j’entreprends de descendre vers la gare afin de constater les dégâts.

    Le spectacle est horrible.
    Au bas de la rue Rouget de l’Isle, l’immeuble de la coiffeuse est effondré, la quincaillerie Zorio est détruite, le long du talus de la ligne, en contrebas, des corps, des bras, une tête de femme a roulé sur la route, un enchevêtrement de débris de toutes sortes, la nausée me prend, je n’ai pas tout vu.

    Un train était en gare, presque exclusivement emprunté par les turfistes se rendant aux courses de Maisons Laffitte, ce train avait une dizaine de minutes de retard, ce qui sera fatal à beaucoup de ses occupants. En effet, en toute hâte, afin de s’abriter, les voyageurs se sont rués à l’extérieur, descendant le talus, se sont engouffrés dans les caves et abords de l’hôtel Veillet rue Turgot.

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    L’hôtel-restaurant « chez Veillet », face à la gare, avant le bombardement du 27 mai 1944. Un train de courses était en gare, afin de s’abriter les voyageurs se ruèrent dans les caves et abords du bâtiment

    Une torpille de 1 000 kg avait traversé les quatre étages et avait éclaté dans les sous-sols. On dénombrera plus de 200 morts. Nous apprendrons plus tard, que tout le quartier du flanc ouest du pont est en grande partie détruit.

    Pour ma part, je suis sonné, comme commotionné. Je reviens à notre domicile, comme un automate. Tout le quartier est dans la rue, et rapidement, de bouche à oreille, se transmet cette certitude : « Ils ont loupé le pont ». Allait s’installer alors, dans Sartrouville, une véritable panique.

    Les travaux de déblaiement et de recherches des blessés se poursuivaient lorsque, vers 19 heures, la sirène se mit à hurler et à nouveau : bombardement du pont, qui encore une fois n’était pas sérieusement atteint (je suis à ce point choqué que ce second assaut des bombardiers ne laissera aucune trace dans ma mémoire).

    Dès le lendemain matin, une zone de danger délimitée était circonscrite sur 500 mètres de rayon autour de l’ouvrage.

    Des dispositions étaient prises pour éloigner de la gare toutes les activités générales. Les services de mairie et de police sont transférées à l’école Jules Ferry, le marché au quartier Franklin.

    Dix heures sonnaient quand la valse des bombes reprit de plus belle. Nous allions ainsi subir, neuf bombardements en trente heures, et de haute altitude. Affolée, la population déserta la ville, se dirigeant en hâte vers les champignonnières de Montesson, à 10 mètres sous terre.

    L’attitude des forces aériennes alliées sera violemment critiquée par la majorité des Sartrouvillois.

    Après cette Pentecôte meurtrière, le pont avait été sérieusement touché, et ses destructions y interdisaient toute circulation.

    Dès le mardi, les occupants entreprirent les réparations nécessaires au passage des convois.
    Amenant de Saint-Lazare les matériels et d’énormes grues, ils procédèrent aux premiers travaux, en même temps qu’ils en organisaient la protection par l’installation de trois batteries de D.C.A. L’une dans l’Ile de la Commune, l’autre sur rails dans « l’Ilôt », au bout du jardin de mes Parents, la troisième à la carrière Vallot.
    Des ingénieurs S.N.C.F. requis, doublés de leurs homologues allemands supervisaient les assemblages d’énormes poutres de bois, manoeuvrées par des ouvriers requis et des prisonniers, militaires et civils Soviétiques, amenés sur place et ceci jour et nuit.

    Afin de permettre l’acheminement des voyageurs, une halte est créée au passage à niveau du Val-Notre-Dame en limite d’Argenteuil, sur la ligne de grande ceinture.

    Dans notre quartier, en limite de la « zone rouge », nombreux étaient les habitants qui se refusaient à quitter leur domicile.

    C’est ainsi que, sous les directives de mon Père, je fus chargé d’aménager une tranchée-abri dans le chantier même d’Angèle Breton. Un ouvrage d’une vingtaine de mètres de long, en double Z et d’une profondeur de 2 mètres qui devait être recouvert de traverses de chemin de fer alignées l’une près de l’autre et recouvertes de terre et ensuite, d’une livraison de boulets de charbon en vrac. Un véritable ouvrage d’art, qui était même équipé d’une niche, comportant tous nécessaires de soins de première urgence.

    L’ouverture de cet abri augmentera naturellement les allées et venues du voisinage, ce qui n’était pas pour déplaire à beaucoup d’entre nous, et favorisait ainsi la relative sécurité concernant les activités répréhensibles aux yeux de l’ennemi.

    Je me dois de relater ici une anecdote qui fera encore sourire bien des années plus tard.
    Le percement de la tranchée-abri, on s’en doute était un ouvrage pénible et n’avançait pas vite.
    C’est ainsi qu’un matin, Angèle Breton vint me trouver, accompagnée d’un garçon de 17 à 18 ans, blond comme les blés, trapu et solide.

    - « Tiens, Bernard, voilà de l’aide. Ce garçon, Yvick, est un jeune Breton que j’héberge et qui va te seconder. Un petit inconvénient, ne t’étonne pas, il ne parle que le Breton, pas un mot de français, ou si peu !

    Je mis donc le garçon à l’ouvrage, mais fus rapidement surpris de son attitude. On l’a vu, ma jeunesse vacancière s’était déroulée en Bretagne, et les contacts étroits avec les jeunes du pays m’avaient fait faire ample connaissance avec la langue. De plus mon père parlait assez bien, lui aussi, la langue Celte. En un mot, je comprenais bien le Breton et le parlais assez pour me faire comprendre. Quelle aubaine de pouvoir rafraîchir mes connaissances linguistiques !

    - « Breiz atao gars ? (tu es Breton mon garçon ?)
    - Da
    - Tom eo ! dalc’h mad ! (il fait chaud ! tiens bon !)
    - Da

    Première surprise, un Breton qui s’exprime affirmativement par DA et non YA, cela méritait explications.
    J’allais donc trouver la mère Breton, et lui faisais part de mon étonnement.

    - « Votre neveu breton Yvick , il vient d’où ? »
    Angèle parut interloquée et fut dans l’obligation de me mettre dans la confidence.( La logique imprimée par la Résistance sera appliquée jusqu’à la Libération : en dire le moins possible et ne savoir que le strict nécessaire).

    - « Mon jeune « Breton » est un Russe évadé du pont.. Tâche de faire avec, et arrange-toi pour que personne ne le soupçonne.

    Une organisation d’évasions avait été mise sur pied par les F.T.P.. À chaque alerte tout le monde fuyait vers les abris, y compris les gardes allemands de la Volksturm.
    Deux frères Jacquet, André et Louis avaient pris contact avec des « requis », et c’est grâce à leurs actions combinées que cinq jeunes Soviétiques purent échapper à leurs geôliers (j’aurai l’occasion, quelques années plus tard, de constater avec quelle amertume, « la mère Breton » s’insurgeait contre le fait qu’elle n’avait jamais eu de nouvelles de notre jeune soviétique, depuis qu’il était retourné dans son pays. Plusieurs lettres, expédiées à l’adresse qu’il nous avait laissée, restèrent sans réponses. Aucune manifestation d’une quelconque autorité officielle ne nous parviendra jamais, ne serait-ce que de reconnaissance).

    Puis ce fût la nouvelle tant attendue que vint nous claironner Angèle Breton ce matin du 6 juin vers sept heures :

    - « ILS ont débarqué ! »

    Je crois que, de toute ma vie, je n’ai eu un si bel anniversaire.

    Je suis effectivement né le 6 juin 1924, j’avais donc tout juste 20 ans.

    Fêter ses vingt ans, dans n’importe quelle situation, est déjà un événement, mais là, chapeau, quel cadeau !
    Le Père déboucha, pour fêter l’événement, une des rares bouteilles que quatre années d’occupation n’avaient pas réussi à violer, une bouteille de « Bénédictine ».

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    Françis Morinais, mon Père

    Mais revenons à ce fameux pont.
    Quatre semaines avaient été nécessaires aux occupants pour remettre en état l’ouvrage, provisoirement, et espérer y faire traverser à nouveau des convois, à vitesse limitée, qui devenaient nécessaires pour eux, face à l’avance Alliée en Normandie.

    Ce dimanche 25 juin était prévu techniquement pour les premiers essais.
    Une locomotive, tractant un train chargé, devait traverser la Seine à très faible allure afin d’éprouver la réparation.
    Les nazis offrirent aux techniciens une confortable prime, démarche ayant pour objectif de gagner 24 heures. L’opération réussit, et c’est donc le samedi 24, à 19 heures, que devait se dérouler la tentative.

    Résistance-Fer, naturellement informée par Lucien Aubé, communiqua cet important renseignement à Londres.
    L’essai n’aura pas lieu.
    À l’heure prévue, un bombardement en « piqué » ne permit même pas le démarrage du convoi, et le pont fut atteint pour le compte. Il ne permettra plus aux Allemands le ravitaillement de leurs armées.

    Les recherches historiques ne permettent pas, à ce jour, d’affirmer qu’il s’agissait de bombardiers pilotés par des Français Libres, comme il a été dit (la R.A.F. comme l’U.S. Air Force avaient accepté de constituer des groupes de chasse et de bombardement uniquement composés de « français libres » : pilotes, mitrailleurs, bombardiers ayant rejoint Londres).

    D’aucuns se demandèrent longtemps, pourquoi la batterie de canons rapides, basée dans l’îlot, ne réagit pas à l’attaque du premier « piqué » ?
    Le groupe F.T.P.F. Résistance-Fer avait reçu pour mission de la neutraliser avant.
    Un canonnier et un servant nazis se trouvaient en permanence en alerte, jour comme nuit.
    Sous la responsabilité de Didier Diboine, avec deux de ses camarades cheminots, les trois hommes s’engagèrent sur la voie, à l’heure qui leur avait été dictée.
    Qui se serait méfié de ces cheminots, en tenue de travail, pelle sur l’épaule et que, de plus, les Allemands avaient l’habitude de voir circuler dans les voies, munis de papiers en bonne et due forme ?

    C’est à coups de pelles à charbon que les deux artilleurs furent neutralisés.
    Toute attaque à l’arme à feu eut été lourde de conséquences en cas d’échec, quel soit-il.
    Dix bombardiers légers, venant de Houilles, et prenant la ligne S.N.C.F. en enfilade, firent le reste, pulvérisant la batterie et « posant leurs projectiles sur l’objectif », comme on pourra le dire plus tard.
    Les impacts furent très précis, la locomotive descendit les dix mètres de talus, jusqu’au quai de Seine, ainsi que les « pains de sucre », abris en béton individuels protégeant les boches, avec leurs occupants à l’intérieur.
    Le pont fut donc rendu inutilisable jusqu’après la Libération.

    Ce fût le dernier bombardement.

    Les F.F.I. de Sartrouville étaient organisés en deux groupes, composés de plusieurs unités : les adultes (mon père Morinais Francis y était sergent),

    et les F.F.I.-jeunes, de 16 à 20 ans environ, dont je faisais partie, sous les ordres de Lucien Perrin.

    Du fait du manque d’armes, certaines actions n’en nécessitant pas où peu nous étaient confiées.

    Nous-nous réunissions dans une grande maison abandonnée, à l’angle de la rue de l’Union (Gabriel Péri actuelle) et rue Gounod, où nous mettions au point, sous la responsabilité de Lucien, nos diverses opérations.
    Nos jeunes Soviétiques assistaient à nos débats, qui étaient traduits en Russe par l’un d’entre nous, Nicolas G.....f, originaire du Caucase.
    N. G.....f sera, quelques semaines plus tard, confondu par des témoins comme ayant porté l’uniforme nazi.
    Exclu, emprisonné, il sera frappé d’indignité nationale

    C’est lors d’une de ces réunions que j’adhérais aux F.U.J.P. (Forces Unie de la Jeunesse Patriotique), qui devaient, plus tard, devenir l’U.J.R.F. (Union des Jeunesses Républicaines de France) et U.J.F.F. (Union des Jeunes Filles de France), regroupant la jeunesse de divers horizons.

    Nous apercevant que les troupes Allemandes, qui traversaient Sartrouville, n’en connaissaient pas la topographie, et qu’elles empruntaient les rues de la République, Jean Jaurès, de Saint-Germain et la côte de l’église, pour se diriger vers l’est, nous avons changé l’orientation des panneaux d’indication de la route d’Argenteuil, de La Frette et de Cormeilles (en application du plan « Tortue »). De ce fait, ils s’engageaient vers Cormeilles-Herblay, croyant se diriger vers Argenteuil.

    Ces précisions sont importantes pour comprendre les événements du 26 août à Sartrouville.
    Le Q.G. des F.F.I., qui se trouvait à l’école Jules Ferry, nous envoya ce matin là pour récupérer des armes automatiques, découvertes à la S.N.C.A.N. qui était occupée par les F.F.I. de l’usine.

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    L’école Jules Ferry « garçons », quartier général des F.F.I de Sartrouville. Les armes étaient entreposées dans la salle No.11, à côté du bureau du Directeur, siège de l’Etat-Major. Au premier étage les classes où étaient emprisonnés les éléments douteux, collaborateurs

    Sur place nous avons chargé une mitrailleuse et ses munitions, dans un très long camion à gazogène, le seul en état de rouler après réparations et aux ridelles très basses, qui servait au transport des ailes d’hydravions.
    Nous avions pour tâche, d’amener cette arme dans la propriété de Monsieur Rouskoff, avenue de la République, près du charcutier Le Flem,(dont le fils, René, était au volant de l’énorme véhicule).

    L’entrée de la cour était très étroite, et les arbres gênant, obligèrent le conducteur à plusieurs manœuvres.
    Le véhicule tomba en panne en travers de l’avenue. Toute circulation était impossible.

    C’est alors qu’un soldat allemand, seul sur son side-car, se présenta, venant du Pecq.
    Nous étions en train de pousser le camion à la main, et il nous y aida en vociférant.
    Inutile de dire qu’il avait dans son dos Lucien Perrin, dans la poche duquel un pistolet était pointé.
    Ce side-car était l’estafette d’un convoi de canons légers antichars, de matériels, ainsi que de munitions.

    Nous allions savoir, plus tard, ce qu’il en advint.
    En effet, deux de nos jeunes, dont l’un seulement était armé d’un pistolet, guettaient, abrités derrière le large mur de l’église qui surplombe la côte à cet endroit.
    Je précise qu’ils n’avaient aucun ordre de mission.
    Le motard montait doucement, le side lourdement chargé, il fut ajusté et abattu par le jeune F.F.I.

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    La côte de l’église, au haut de laquelle fut abatu le motard, estafette du convoi de canons anti-chars, le 26 août 1944. Les deux jeunes F.F.I. se tenaient derrière le mur, près des arbres

    Les deux garçons traînèrent le corps dans le cimetière, mais quand ils revinrent pour débarrasser le side-car, c’était le convoi qui montait, découvrant la moto renversée et une mare de sang.

    La fureur s’empara des occupants et ils mirent en batterie un canon léger sur la place du « Champs de Mars » et labourèrent la maison de Monsieur et Madame Boiteux, marbriers à l’époque, et dont les gérants ne durent la vie sauve qu’à leur descente à la cave.

    Pendant ce temps, les deux jeunes prirent en enfilade la rue de l’Union, en alertant les riverains qui étaient sortis de chez eux, dont Mademoiselle Yvonne Mallard qui leur répondit :

    - « Je n’ai pas peur, ils ne me feront rien à moi, je ne suis qu’une femme qui va en courses » (ou quelque chose d’approchant)

    C’est le long du mur qu’elle fut abattue d’une rafale de mitraillette.

    Mais, les Allemands n’avaient pas de temps devant eux et s’engagèrent, par erreur, route de La Frette (ce que nous avions prévu).

    C’est ainsi qu’ils crurent avoir devant eux leurs agresseurs, qui n’étaient autres que les F.F.I., en poste de garde « chemin de la Pâture », le long de la S.N.C.A.N.

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    Ci-dessous : Le chemin de la Pâture, en bordure de la S.N.C.A.N., c’est là que seront arrêtés les cinq F.F.I. de garde le 26 août 1944. Ils seront fusillés quelques centaines de mètres plus loin, sur le bord de la route de La Frette

      

      

    Cinq d’entre eux furent arrêtés par les boches, alors que les F.F.I. de Maisons-Laffitte, alertés, les mitraillaient de l’autre côté de la Seine, dans le champ de courses.
    Les cinq prisonniers furent fusillés, en bordure de la route de La Frette.
    Pendant ce temps, la mitrailleuse était fixée et boulonnée sur la galerie renforcée d’une « traction-avant ».
    À son volant, Eugène Jacquet, et en position de tir allongé, à l’arrière, son frère « Toto ».
    Le véhicule, armé de la sorte, remonta sur Cormeilles et les combats de la « Patte d’Oie » d’Herblay, où il fit le coup de feu, contre un groupe allemand comportant trois chars « Tigre ».

    La lutte fut rude, mais immobilisa les fuyards jusqu’à l’arrivée des Américains. Notre jeune camarade F.F.I., Vauzelles, évadé de la prison de Saint-Lo, devait trouver la mort dans ces combats.

    L’après-midi du 26 août 1944, des groupes de F.F.I. sont chargés d’arrêter les personnes suspectées d’avoir collaboré avec l’ennemi, ou vendu des Résistants de Sartrouville.

    C’est ainsi que mon groupe participa à l’arrestation de trois femmes, la mère et les deux filles B.....n, rue Pierre Belloc.
    C’est après avoir reçu par les fenêtres toute la batterie de cuisine et ses accessoires vaisselles et autres, que nous pûmes nous rendre maîtres de la situation.
    À notre retour, encadrant nos prisonnières, la foule était si dense et déchaînée que nous dûmes braquer nos armes sur les habitants qui, sans ce geste, auraient lynché les accusées, sans autre forme de procès.

    D’aucuns entreprirent de procéder, publiquement, à la tonte des femmes arrêtées.
    Une estrade fut installée, dans la cour de l’école Jules Ferry garçons, la foule grondait de vengeance.

    Maurice Perronnet, alors responsable F.F.I. et Président du Comité Local de Libération, s’opposa violemment à une telle pratique, soutenu par ses hommes.
    Il ne fut pas écouté, mais, débordé par la foule. L’une des filles B......n fut tondue, et le crâne orné d’une croix gammée, à la peinture noire.

    Ce fut la seule car d’un seul coup, le bruit se propagea du retour des Allemands bloqués à Herblay.
    La cour et les abords de l’école se vidèrent en un clin d’oeil, les drapeaux disparurent des fenêtres.

    Une rapide enquête nous révéla que le maraîcher D.......r était à l’origine de cette fausse nouvelle, sa fille qui venait d’être arrêtée allait être tondue !

    Seuls restèrent sur place les F.F.I., tous les véhicules disponibles furent préparés, et la troupe armée se dirigea vers Herblay, par Cormeilles en Parisis.

    Nous fûmes surpris de voir arriver au Q.G. un camion allemand, poussé par ses deux occupants, désarmés, qu’encadraient cinq jeunes F.F.I. de 16 à 20 ans, qui les avaient fait prisonniers, par surprise, non armés eux-mêmes.

    C’est à l’angle des rues de Tobrouck, à Montesson à l’époque, et de Montgolfier, que les cinq garçons avaient surpris les deux nazis en panne.
    Utilisant le scénario classique de la menace d’une arme, fictive, plantée dans le dos (comme dans les films). Les gars avaient neutralisé les deux fuyards et, leur subtilisant leurs fusils, les avaient obligés à descendre la rue de Strasbourg, en poussant leur véhicule jusqu’au Q.G...

    Les troupes Américaines se tenaient sur l’autre versant de la Seine, et préparaient le lancement d’un pont du génie pour traverser le fleuve au Pecq.
    Cependant, le premier militaire allié qui entrera à Sartrouville sera un jeune Français de 22 ans, qui avait rejoint Londres en 1942.
    Il franchira seul le pont du chemin de fer, pendu aux traverses des rails par les mains, et viendra embrasser sa famille, rue Rouget de l’Isle, près de chez mes parents (La petite histoire dit qu’il fut sanctionné par sa hiérarchie pour « abandon de poste »).

    Sartrouville était totalement libéré, en même temps que Paris, le 26 août donc.

    Les troupes alliées avaient franchi la Seine, le lendemain, et entreprenaient le nettoyage de la rive droite des derniers nids de résistance allemande, en particulier à Chatou où ces derniers assassinèrent 27 F.F.I. et F.T.P.F..
    Deux d’entre eux purent s’échapper du carnage, et c’est chez Madame Breton qu’ils trouvèrent refuge, ayant fuit à travers la plaine de Montesson.

    Ce n’est que quelques jours plus tard, le premier septembre, que la nouvelle traversa la ville : les Américains arrivent venant du Pecq !
    J’entrepris donc d’aller à leur rencontre.
    Vêtu de ma seule « cotte » de travail, et d’un maillot de corps, je descendis la rue Montgolfier, alors que les premiers blindés entraient dans la ville.

    Une chaude, très chaude journée d’été, un ciel sans nuages, la totale liberté. J’arrivais au carrefour, la foule était dense, mais, cependant, pas assez pour me dissimuler une grande et belle fille blonde...

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    une grande et belle fille blonde...

      

      

    Mais, comme dira plus tard le petit lion : « Ceci est une autre histoire... »

      

      

      

    « Si la bête immonde sort de sa tanière, nous reprendrons le chemin des bois... »

    Jean Ferrat.

      

      

    SOURCES

      

    BLOG  article de  MONSIEUR MORINAIS

    http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article982

      

      

      

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    La vie à Caen pendant la bataille  

    Nous allons voir comment les Caennais ont vécu cette période du 6 juin au 19 juillet 1944.
    Pour ce faire nous allons suivre le plan suivant :

      

     

    I- CE QUI AVAIT ETE PREVU

     

    1-L’Organisation de la Défense Passive (D.P.) à Caen .

     

    C'est le nom d'un organisme crée par un décret de loi du 11 juillet 1938 prenant en charge la protection des civils pendant la guerre. . Chaque canton désigne les membres de la D.P. qui prennent les mesures qui s'imposent en matière de protection et de ravitaillement. Chaque ville est découpée en secteurs eux-mêmes partagés en îlots qui sont à leur tour, divisés en immeubles et abris. A chaque échelon, un responsable est chargé de faire respecter les règles édictées.
    C'est la DP qui organise les centres d'accueil (C.A.) pou les réfugiés, leur trouve des abris et de la nourriture, organise leurs déplacements.
    Elle montre toute son efficacité pendant la bataille de Normandie, plusieurs de ses membres sont victimes de leur dévouement.
    A Caen, une rue rappelle leur souvenir.

     

    Responsable : M. Joseph Poirier , 3ème adjoint au maire, directeur urbain de la Défense Passive.

     

    PC central dans les caves de l’Hôtel de Ville (l’abri du Commissariat Central à l'ange de la rue Auber et de la place de la République)

     

     

    Source: carte postale Delcampe. Avant la guerre

     

     

    Après les bombardements

     

     

    Agrandissement du portail d'entrée. Localisation du PC central de la DP

     


    La ville est divisée en 6 secteurs, divisés en nombreux îlots. Le plan général de Caen:

     

     

    - le secteur n° 1 avec le PC rue Gabriel-Dupont (ou rue René Perrotte) dans le garage de M. Benassar

     

     

    "Archives départementales du Calvados". Carrefour des rues Singer et Gabriel-Dupont après les bombardements.

     

     

     

     

     

     

    De l’Orne au sud, à la place Saint-Sauveur, au nord, de la rue Saint-Jean, à l’est à Venoix à l’ouest. Il se limitait par l’Orne, la rue Saint-Jean, la rue de Geôle, la rue Calibourg, la rue des Croisiers, la rue et la place Saint-Sauveur, la rue Guillaume-le-Conquérant et la rue Caponière.

     

     

     

     

     

     

     


    - le secteur n° 2 avec le PC au Palais de Justice

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Limité au sud par le secteur n°1, à l’est par la rue de Geôle, la rue du Gaillon et la rue du Magasin-à-Poudre, au-delà des carrières Saint-Julien, à l’ouest par La Maladrerie qu’il contrôlait également.

     

    -

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "Archives départementales du Calvados". Le palais de Justice, place des Tribunaux.

     

    Le secteur n° 3 avec le PC 29 rue des Cordes

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Limité à l’ouest par les secteurs 1 et 2 et au sud par la place Saint-Pierre, le boulevard des Alliés et le port. Il s’étendait jusqu’à Saint-Jean-Eudes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    - Le secteur n° 4 avec le PC rue Neuve-du-Port (ou rue du Vaugueux selon ).

     

     

     

     

     

     

     

     

    Etait coincé entre les secteurs 1 et 3. Il allait de l’Orne au boulevard des Alliés et de la rue Saint-Jean au port.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    - Le secteur n° 5 avec le PC rue de Falaise.

     

     

     

     

    Comprenait tout le quartier de Vaucelles entre les boulevards Leroy et Lyautey et l’Orne.

     

     

     

     

     

     

     

    -Le secteur n° 6 avec le PC dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)

     

     

     

     

     

     

    S’étendait au-delà des deux boulevards Le Roy et Lyautey jusqu’aux limites de Caen.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    2-Plan d’organisation sanitaire de la Défense Passive

     

    Il devait entrer automatiquement en action en cas de bombardement. .
    Responsable : docteur Jean-Simon Cayla, Directeur de la Santé et des Services Sanitaires de Protection Civile du Département du Calvados.

     

    3 postes sanitaires (PS) où les blessés devaient être amenés par les agents de la DP étaient prévus et prêts à fonctionner :

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le PS n° 1, rue des Carmes au pensionnat Saint-Jean, pour le quartier central, directeur M. Asseline, adjoints M. Goupil et M. Bazard. Sept médecins (médecin-chef docteur Delobel avec les docteurs; Delpérier, Hissard, Gosselin, James Paul, Porin et Quermonne), 8 infirmiers et 25 à 30 brancardiers et secouristes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    -

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le PS n° 2, au 2 place Blot (Jardin des Plantes) pour la périphérie rive gauche, directeur M. Raymond Rolland, adjoint Lebourgeois et médecin-chef docteur Lemarinier.

     

    Un poste annexe est installé rue Saint Gabriel dans les locaux de la Société Normande d’Alimentation.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le PS n° 3, dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Directrice Mme Chapel directeur adjoint M. Chapel de la DP, trois médecins (docteurs Friley, Guesdon et Fontaine), neuf infirmières ou élèves, infirmière-major Mme Fauveau, une vingtaine de brancardiers et secouristes, infirmier-major M. Mutel et deux ambulancières avec leur ambulance. Au total 25 à 30 personnes.

     

    Un laissez-passer au nom de Lucien Piérard agent de la DP affecté au secteur 6, PS N°3

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tous les PC et PS se reliaient par une ligne spéciale à la direction (PC central à l’Hôtel de Ville).

     

     

     

     

     

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    2-1 Le plan d’organisation chirurgical selon un plan d'organisation du 17 mars 1944, avec deux hôpitaux rive gauche:

     


    - le Bon-Sauveur

     

     

     

     

    rue Caponière, médecin chef docteur Digeon, trois équipes chirurgicales des docteurs Chaperon, Guibé et Maugeais (auxquels viendra se joindre le 6 juin, le docteur Lacroix, arrivé de Paris 48 heures plus tôt).

     

    .

     

     

     

    - la Miséricorde

     

     

     

    L

     

    a communauté de la Miséricorde occupe le terrain compris entre la rue des Carmes, (entrée principale de la communauté et de la première clinique, l'hôpital provisoire), la place Singer (groupant la Chapelle et la Clinique du Sacré-Cœur et la place d'Armes (où se trouve le dispensaire transformé en hôpital depuis 1940

    , les équipes chirurgicales des docteurs Dastugue, Martin et Morice.

     

    .

     

     

     

     

     

     

    La communauté de la Miséricorde

     

    NB : l’hôpital civil de la route de Ouistreham, était au début de la bataille un Kriegslazarett réservé aux allemands, excepté un service de contagieux au Pavillon N°6 une quarantaine de lits, l'Ecole d'Infirmière (directrice Mme Saule) et la Communauté des Sœurs Augustines. Depuis 1940, lors de l'invasion allemande, l'hôpital de Caen, route d’Ouistreham, fut occupé. Les services étaient éclatés au Bon Sauveur, à la Miséricorde, à la clinique Saint Martin et à l’hospice Saint Louis.

     

     

    "Source Collection Résistance et Mémoire " Inhumation des soldats décédés dans le deuxième sabotage d'Airan. Photos prises début mai 1943 à l'entrée de l'hôpital civil Clemenceau transformé en hôpital militaire par les allemands voir la banderole au-dessus du portail d'entrée KRIEGSLAZARETT.

     

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    2-2 Le Plan de secours :

     

     

    -

     

     

     

    - la clinique Saint-Joseph, rue de l’Engannerie.
    - la clinique Saint-Pierre, 53 rue du Vaugueux, en face de l'école Saint-Pierre.
    - la clinique Saint-Martin, avenue de Courseulles.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    -l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, Bd Lyautey (rive droite) avec une salle d'opération de secours.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les Petites Sœurs des Pauvres

     

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    3-Les Centres d’Accueil (les CA)

    Dans le plan municipal d’organisation de la ville en cas de bombardements, cinq CA étaient prévus :

     

     

    • 1-aux Petites Sœurs des Pauvres
    • 2-à la salle Mauger, rue Mélingue avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (O.M.J.) au 28 rue Saint-Jean avec M. André Heurtin.
    • 3-à l’Institut Lemonnier, à Saint-Gilles
    • 4-au Lycée Malherbe
    • 5-au Bon-Sauveur

     

     

     

    Organisation dotée d’un personnel qualifié, mise au point par M. Poirier , directeur urbain de la D.P. avec le concours de M. Pierre Marie, alors secrétaire-adjoint de la Mairie

     

     

     

     

     

     

     

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    1-Le Centre d’accueil n°1 des Petites Sœurs des Pauvres sur la rive droite.

     

    Le domaine des Petites Sœurs des Pauvres, administré par la Sœur Supérieure Saint Marie-Bernard, qui se trouve sur les hauteurs de Vaucelles à la croisée du boulevard Lyautey et de la rue Porte-Millet n’abrite plus dans ses vastes locaux, à la veille du débarquement, qu’une vingtaine de vieillards. La direction de ce Centre avait été confiée à M. Dupont, vétérinaire, assisté de M. Laberthe. Le 6 juin la direction et son équipe: Mr et Mme Laberthe et l'abbé Couesnon, vicaire de Saint-Michel de Vaucelles. sont à leur poste, sauf les Equipiers d’Urgence qui se sont dispersés.

     

    2-Le Centre d’accueil n°2 à la salle Mauger, rue Mélingue, avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (OMJ), 28 rue Saint-Jean.

     

    3- le Centre d’accueil n° 3 à l’Institut Lemonnier, rue de la Pigacière pour Saint-Gilles. Directeur le Père Gouriou, directeur de l’Institut Lemonnier.

     

     

    4-Le Centre d’accueil n°4 au Lycée Malherbe

     

     

    "Archives départementales du Calvados". Le Lycée Malherbe.

     

     

    L’îlot sanitaire regroupe le Bon Sauveur (centre d’accueil et hôpital), le Lycée Malherbe (centre d’accueil et hôpital complémentaire) et Saint Etienne (centre d’accueil) Comment l'îlot sanitaire fut-il protégé ?

     

    5- Le Centre d’accueil n° 5 au Bon-Sauveur

    Il avait été organisé par le colonel Besnier quelques semaines avant le débarquement.

     

    Au total 354 personnes pouvaient être logées, dont 124 au BS dans des dortoirs munis de lits.

     

    10 000 lits se trouvaient prévus pour les CA ou recensés chez les particuliers, des cantines étaient prêtes à fonctionner en différents points de la ville, des « bulletins d’admission » comprenant des coupons détachables pour 60 repas étaient imprimés.

     

    De nombreux exercices et aussi quelques bombardements de peu d’importance avaient sérieusement « rodé » tous les rouages de cette organisation. .Les ordres de réquisition et consignes d’exécution avaient été distribués au personnel et les différents plans et dispositions communiqués aux autorités responsables. Enfin le lundi de Pentecôte, 29 mai 44, un exercice d’ensemble, une sorte de répétition générale mettant en mouvement le personnel de tous les secteurs, prouva aux Caennais que la DP était prête à remplir sa mission.

     

     

     

     

     

     

    L'effectif était de 1000 personnes dont 101 infirmières et 225 secouristes/brancardiers, on peut noter le parc d’ambulances 10 au total soit : 3 à la DP, 4 à la Croix Rouge Française (CRF) et 3 aux hôpitaux publics.

    Hélas ! Les prévisions les plus pessimistes restaient bien en deçà de ce qu’allait être la réalité.

     

     

     

     

     

     

     

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    II- ET CE QUI ARRIVA …

     

     

     

     

     

    1-Pour la Défense Passive

     

     

     

     

    Les journées des 6 et 7 juin furent terribles pour tous, et portèrent de rudes coups à la DP.

     

    Sur 1 000 DP, une petite moitié resta à Caen, il y eut de nombreuses défections les deux premiers jours; tout fut à réorganiser dans la fièvre. M. Poirier s’y employa avec son adjoint M. Tardif, notaire .

     

    Lire ici un bon de convocation pour requis non présent à son poste .
    Les restants firent splendidement leur devoir et 67 d'entre eux tombèrent à leur poste et en cours de mission. Une plaque commémorative est située dans la cour intérieure de l'Hôtel de Ville:

     

     

    Merci à Claude pour la photo

     

    " La Ville de Caen reconnaissante aux volontaires et requis de la Défense passive tombés victimes de leur dévouement dans la Bataille de Caen, Juin-Juillet 1944."Elle comporte 64 noms.

     

     

    Rue Manissier, en direction de la rue Basse, des civils sont évacués vers l’Ilot sanitaire de Saint Etienne . A l’arrière de la colonne un agent de la Défense Passive avec son casque Adrian blanc.

     

     

     

     

     

     

     

    Le PC n°1 fut détruit, ravagé par le feu. Il fut transporté rue Paul-Doumer chez M. Planquette. M. Rouxel sous-chef de secteur prit le commandement, sous ses ordres une centaine d’hommes, ce fut le secteur le plus étendu de la ville.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le secteur n°2 fut commandé par M. Paul Lelièvre , et après son assassinat par un Waffen-SS le 9 juillet, par M. Le Testu.

     


     

    "Photo collections du Mémorial de Caen" présentée page 87 de ce livre. École Saint Pierre, rue du Vaugueux.

     

    Le PC n°3 détruit s’installa dans l’abri de la maison des Sœurs de Saint-Pierre au 50 rue du Vaugueux.

     

    Il fut constamment bombardé, les hommes du poste tombèrent les uns après les autres, sous les ordres à la fois de M. Marcel Jaeger qui sera tué le 7 juillet et de M. Jaoüen grièvement blessé, une bombe touche l’abri où 10 hommes sont tués.

     

     

     

     

     

    Le PC n°4 détruit, chef M. Cliquet, ne fût pas remplacé, tout le secteur étant à peu près rasé depuis le 7 juin.

     



    Au PC n°5 le chef M. Louis Dommanget fut tué le 6 juin , le PC se replia sur les hauteurs dans les locaux des Petites Sœurs des Pauvres, boulevard Lyautey. 10 hommes sous les ordres de M. Joseph Grégoire .

     

     

     

    Le PC du secteur n°6 chef de secteur capitaine Delavigne et son adjoint M. Janot avec une quinzaine d’hommes reste rue de Formigny et leur vie se mêla intimement avec celle de leurs camarades du PS n°3 et du CA qui s’y implanta.

     

    Le PC de l’Hôtel de Ville, encadré par les bombes, perdit le contact et ses locaux s’effondrèrent,

     

     

     

     

     

     

     

    le PC de direction fut transporté au Lycée Malherbe, le 7 juin vers 17h00.

     

     

     

     

     

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    2-Pour les Centres d’Accueil

     

     

     

     

    L’organisation se trouva paralysée dès les premiers bombardements qui anéantirent :

     

    -le Centre 2 (Salle Mauger et l’O.M.J.) qui fut rattaché administrativement à l’organisation Sainte-Thérése

     

    -le Centre 3 (l’Institut Lemonnier) fut rattaché à l’Hospice Saint-Louis

     

    Certains lieux furent envahis, dès le 6 juin après-midi, par les réfugiés et devinrent des Centres d’Accueil, par exemple :

     

    -l’Eglise Saint-Etienne et le Palais de Justice rattachés au Lycée Malherbe

     

    -l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis (ex CA n°3)

     

    -Sainte-Thérése, rue de Formigny

     

    D’autres centres d’accueil naquirent spontanément de la bataille et furent régis par des organisations privées :

     

    -le Préventorium de Fleury-sur-Orne

     

    -le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur

     

    -et enfin les divers abris ou carrières

     

     

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    2-1 Les Petites Sœurs des Pauvres

     

     

     

    Fut à la fois :

     

    -un Centre d’Accueil, 500 réfugiés recensés le 7 juin.

     

    -un relais pour les réfugiés qui fuyaient Caen soit vers les carrières de Fleury-sur-Orne soit pour la région de Trun (Orne) avec Mrs Pouchin et Gérard.

     

    -un hôpital « dissident » avec 30 lits, 38 personnes dont 1 médecin, 11 infirmières religieuses et civiles, 4 conducteurs d’ambulance et 6 brancardiers.

     

    Dès le 6 juin les sauveteurs brancardent aux Petites Sœurs des Pauvres tous les blessés découverts dans le quartier qui reçoivent des soins de M. Dupont, vétérinaire, car il n’y a pas d’infirmière au Centre d’Accueil.

     

    Une nouvelle équipe est formée par Gilbert Detolle et Yves Bourgin avec: Mrs Guignon, Dupont, Queudeville, Ferté, Louis Grégoire, Fontaine et Guérin. Mr Person est délégué permanent et administrateur du centre avec l'aide de M. Joseph Grégoire , chef du secteur N°5 de la DP.

     

    N.B. le PS de la rive droite est à Sainte-Thérése à 1,4 km de distance.

     

     

    Une ambulance, celle de Mlle Ferté fait la navette jusqu’à l’Orne pour transporter les blessés graves jusqu’au Bon-Sauveur ; une équipe de pompiers peint sur les toits des croix rouges ; un dépôt de médicaments trouvé rue de Falaise, est transporté boulevard Lyautey.

     

    Les sœurs font les repas, en moyenne 300 midi et soir ; le docteur Friley du PS n° 3 vient donner, chaque jour, des soins aux blessés légers.

     

    Autour du 25 juin, le docteur Mabille récupère du matériel à la clinique de la rue Guynemer et met en service la salle d’opération aidé par le docteur Guesdon de Cabourg et une infirmière. Les deux ambulancières du PS n° 3 (Mlles de Veye et Heiniger) participent aux transports nécessaires.

     

    Le 7 juillet, les blessés de Mondeville et Colombelles arrivent et l’afflux continue le lendemain avec 32 blessés graves dont 10 moribonds. La maternité du Préventorium de Fleury-sur-Orne est évacuée également à cette date une dizaine de femmes accouchent aux Petites Sœurs des Pauvres en quelques jours.

     

    Le 9 juillet, arrive une autre plaie, des Waffen-SS qui veulent transformer l’établissement en point d’appui fortifié, des vieillards de plus de 80 ans sont obligés de creuser des tranchées ; les menaces d’évacuation sont de plus en plus pressantes.

     

    Le 11, des ambulances venues de Giel (Orne) chargent 85 blessés les plus graves et repartent aussitôt ; le 12 juillet, il ne reste plus que qu’une vingtaine de personnes dont 5 religieuses et quelques blessés. L’équipe chirurgicale improvisée « dépose les armes » le 19 juillet.

     

    Lire un témoignage

     

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    2-2 Le CA de Sainte-Thérése

     

     

    Le plan municipal ne prévoyait pas de CA à Sainte-Thérése ; mais les caves de l’immeuble de l’avenue Charlotte Corday qui abritaient le PS n°3 et qui étaient placées sous le signe de la Croix-Rouge , attirèrent irrésistiblement, le 6 juin, et les jours suivants les gens du quartier.

     

    M Chapel les autorise à s’installer dans l’aile du bâtiment qui s’étend sur la rue Formigny. Il confia la responsabilité du CA à M. Drouin assisté de M. Huet qui peu à peu organisa tous les services. Les caves furent meublées avec les tables et les bancs de l’école de la rue Victor Lépine qui procurèrent un minimum de confort aux réfugiés. Quant au confort moral il était fourni par le prêtre de la paroisse le chanoine Vautier, ainsi que par l’abbé Maurin de Cormelles et le R.P. Duperray curé d’Ouilly-le-Vicomte.

     

    2-3 Le CA n°4 Lycée Malherbe

     

     

    La façade du Lycée Malherbe, à droite l'église Saint Etienne

     

     

     

     

     

     

    Le plus important de tous, à tous points de vue :

     

    2 500 à 3 500 réfugiés jusqu’à début juillet et jusqu’à 8 000 au moment de l’attaque pour la libération de la rive gauche le 9 juillet (y inclus Saint-Etienne et le Palais de Justice, puisqu’il s’agit des chiffres de la cuisine tenue par M. Jehan Le Hir )

     

    Le Parloir-Mairie est envahi après les bombardements du 6 juin à 13h30 ; le dimanche 10 juin, le préfet nomme M Bouysset, inspecteur d'académie, comme responsable qui à son tour forme son équipe: M. Lamy est délégué directeur-adjoint, M. Bardet, censeur du lycée est responsable de l'organisation générale, M. Barriau (ou Bériaud), économe, est responsable du ravitaillement, tandis que le service de santé revient aux Docteurs Lemarinier et Lebroussard (assistés des Docteurs Collete et Brediger - soins enfants-), M. Legué se charge de la police du centre, et M. Rivière, accompagné de jeunes équipiers d'urgence de René Streiff, aide aux tâches diverses. Une équipe de "piquet d'incendie" est créée par le capitaine Kersaint. (Kravtzoff de son vrai nom, Kersaint était son nom dans les FFL. Il débarque le 9 juin à Gold Beach. Il fut ensuite pendant 3 jours maire provisoire d'Arromanches avant de gagner Caen. Courrier de son petit-fils du 29 mai 2012)

     

    Dans ces témoignages sur la cuisine du centre d’accueil, M. Jean Le Hir cite : M. Champion, le sous-économe. Un autre témoignage cite: M. Sicot, le surveillant général chargé du ravitaillement.

     

    Un ingénieur des Chantiers Navals, M. Thirion, a apporté ses outils et aidé d'un contremaître, il exécute des poses de verrous et de vitrex, demandés de toutes parts.

     

    M Louis Trouchu, entrepreneur avec deux membres de sa famille peint de grandes croix rouges sur les murs et les toits du Lycée.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo allemande, photographe Arthur Grimm, date: juin 1944, voir la croix rouge sur le toit et le peinture d'une croix rouge dans un carré blanc sur des tôles ondulées dans la cour du Lycée Malherbe.

     

    Citation de Joseph Poirier (document daté du 8 décembre 1944)

     

    "Le 10 juin, On peint sur le Lycée Malherbe, sur les bâtiments du Bon-Sauveur, sur le Lycée de filles, d'immenses croix rouges. Avec des tôles peintes au minium, avec des chiffons écarlates, avec des cartes de géographie découpées, on en fait d'autres au sol."

     

    Comment l'îlot sanitaire fut-il signalé aux Alliés ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Captures d'écran de ce film, la façade du Lycée Malherbe avec deux "Croix Rouges"

     

     

    Source film British Movietone News. Dans les jardins du Lycée Malherbe.

     

     

     

     

     

     

    Les réfugiés campent dans la salle des fêtes. Les dortoirs du premier étage sont réservés aux malades, ceux du second aux infirmes et vieillards (jusqu’au 30 juin date de leur évacuation, dans des conditions scandaleuses, à la carrière des Coteaux de Fleury-sur-Orne), le reste des locaux est rempli de réfugiés qui finissent par envahir le bâtiment principal jusqu’aux toits.

     

    Ensuite deux cours, une réservée aux cuisines, l’autre abrite le cloître sous lequel campent en plein air des réfugiés.

     

    Sous la plupart des bâtiments il y a de solides caves, abris en cas de bombardement qui accueillent plusieurs milliers de personnes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Promenade du cloître

     

    Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada. Le cloître de l'Abbaye aux Hommes.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo de propagande Une réfugiée dans le cloître

     

     

    Source film British Movietone News. Des réfugiés prennent un repas dans l'îlot sanitaire.

     

     

     

    Source film British Movietone News. Portraits de réfugiés.

     

    M. Subrenat est responsable du « fichier » recensement permanent des hôtes du Lycée.

     

    Le couple de concierge M. et Mme Lefèvre, dans leur jardin bien clos ils soignent leurs poules et celles des réfugiés !

     

    M. Chesnay (ou M. Lucien Chesnais) avec Henri Louvel est responsable de l’approvisionnement en eau des cuisines, au début avec des barriques de 225 litres charriées sur un camion à bras et à longueur de journée, (voir le paragraphe 4-1)

     

    Docteur Lebroussard est responsable du service d’hygiène

     

    Service de blanchisserie : lavage du linge dans l’Odon

     

     

    Plan du Bon Sauveur: la buanderie au delà de la rue des Blachissseries, près de l'Odon. Source du plan.

     

    Service de police et de sécurité : 4 équipes de 2 hommes font des rondes de 22h00 à 06h00

     

    M Marcel Crétin-Vercel, rédacteur en chef du quotidein "La Presse Caennaise", rédige chaque jour un communiqué sur les opérations militaires

     

    Dans ce film tourné par un opérateur de France Actualités le 25 juin 1944, vers la fin des enfants dans le cloître. Vous remarquerez l'outrance des propos: 8 à 9 000 cadavres! (la réalité un peu moins de 2 000)

     

    Après la libération de la rive gauche, le 9 juillet, le CA est réorganisé M. Lecomte, professeur au Lycée Malherbe est nommé directeur avec M. Clauzet, chef-adjoint à la main d'œuvre.

     

    Si le Lycée Malherbe ne reçoit aucune bombe, il est, par contre, copieusement arrosé d’obus, d’abord par les alliés, ensuite par les allemands. Selon M. Joseph Poirier : 57, faisant plus de 50 victimes (21 tués et une trentaine de blessés)

     

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    2-4 Le CA municipal n° 5 du BS

     

     

    Il jouissait à l’intérieur du BS de la même autonomie que l’Hôpital Civil.

     

    Le 6 juin tous les responsables sont à leurs postes : le colonel Besnier, le commandant Fraigneau, M. Munier assisté de M. Arsène.

     

    Les premiers arrivants trouvent aisément à se loger mais les lits sont vite occupés et il faut préparer de la paille pour les autres.

     

    Le 6 juin au soir, 300 personnes sont déjà hébergées, le lendemain 700. Le 16, on en compte 1 250. Le 1 juillet -l’ordre d’évacuation a été suivi malgré tout- il n’en reste plus que 600, mais le 9, lors de la libération de la rive gauche, le CA fera de nouveau le plein avec 1 225 réfugiés qui se réduiront à 120 le 17 juillet après le grand départ pour Bayeux.

     

    Pour loger tout ce monde, la direction réquisitionne les deux salles de classe de l’école de la rue Saint-Ouen, elle renonce à utiliser l’école Desbonnet mal située.

     

    Elle annexe une dépendance du pavillon Saint-Charles, elle utilise également un bâtiment neuf (un pavillon en cours de construction sans plancher et sans fenêtres) voisin de Saint-Joseph. D’autres réfugiés campent en plein air sous le Cloître.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    et même sous les arbres de la Communauté. La cuisine est à la diligence de l’établissement du BS,

     

     

    des corvées organisés par Mrs Leneveu et Lohédo vont chercher les plats à la Communauté qui sont servis, par douze services durant trois heures, au réfectoire de Saint-Vincent.

     

    Le CA possède une infirmerie : docteur Aumont avec l'interne Tartar et des infirmières bénévoles (Mmes Besnier, Martinet et Mlle Catoir) et une pouponnière avec Mmes Ruffin, Dussoir et Mlle Lagoutte.

     

    Le centre fermera définitivement le 15 octobre, plus de 200 obus sont tombés sur le Bon-Sauveur et le Lycée Malherbe en faisant 50 morts et plus de 100 blessés.

     

    Lire un témoignage

     

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    2-5 Le CA de Saint-Etienne

     

     

    Au premier plan le Bon Sauveur en arrière plan Saint-Etienne.

     

     

    "Archives départementales du Calvados". L'église Saint Etienne.

     

     

    La vie matérielle est organisée par M. Lenfant, agent de la DP, qui a établi son PC dans la chapelle Hallebout, son équipe: l'abbé Lenormand et Mrs Paul Adam, Leclerc, Giffard, Quesnot, Perron, Lelièvre et Billy.

     

    1 400 réfugiés trouvent asile chaque nuit dans l’abbatiale mais 850 seulement sont ravitaillés par le PC. Mgr Léon des Hameaux, 78 ans, et le chanoine Pelcerf partagent la vie des hôtes de Saint-Etienne.

     

     

     

    (Photographe: Ken Bell. National Archives of Canada, PA 116290) Civils réfugiés dans Saint-Etienne, le 10 juillet 44

     

     

     

     

    Des cinéastes allemands d'une compagnie de propagande (Propagandakompanie -PK) viennent prendre des vues du CA.

     

    Lire ce témoignage par lequel Jean-Hérold Paquis est venu à Caen.

     

    Les premiers canadiens de la 3è division d’infanterie (certainement les Glens) pénètrent dans Saint-Etienne le 9 juillet à 13h45.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le 9 juillet 44 à 13H30, 43 rue Caponière des caennais fêtent l’arrivée des canadiens. On trinque tandis qu’un soldat surveille aux alentours. Au centre Mme David. Il s’agit très certainement de Glens (The Stormont, Dundas and Glengary Higlanders de la 9th Brigade de la 3rd Canadian Infantry Division). Témoignage de Mme David

    : au moment de la photo, un canadien installait une ligne téléphonique en face de la maison, quelques minutes plus tard un obus le pulvérisa ; ces canadiens étaient francophones.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    p010318 Photo : Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA Agrandissement

     

    De la nourriture est apportée aux civils dont les maisons ont été bombardées et qui sont réfugiés dans l'église Saint Etienne. Les sacs de nourriture sont transportés sur un chariot, tiré par un cheval.
    Photo prise sur le parvis devant l'entrée du Lycée Malherbe, Place du Lycée qui deviendra Place Mgr Léon des Hameaux en hommage à l'attitude du Doyen de St Etienne empreinte d'une grande humanité lors des bombardements de Juin et juillet 1944. Au fond le mur de l'Ecole Normale de filles maintenant bâtiment des Archives municipales où sont conservées de nombreuses photos figurant sur ce site. L'arbre dans la cour existe toujours !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les réfugiés dans l'Eglise Saint-Etienne. Quatre photos tirées du site de la ville de Caen

     

     

    Source. Des réfugiés dans une chapelle latérale de Saint Etienne. Source. Des réfugiéd dans la nef centrale de Saint Etienne

     

    Voir un film tourné par les Alliés (à partir de 01:33) après la libération, le 12 juillet : les réfugiés dans l'Abbaye aux Hommes et l'évacuation:

     

    Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand éclate dans le haut de la nef côté évangiles, deux sœurs meurent écrasées par des pierres tombées de la voûte.(plusieurs blessés dont mon grand oncle qui fut amputé d’une jambe)

     

    L’évacuation est décidée, mais au moins 300 récalcitrants s’y maintiennent. Les Canadiens installent un poste de soin avec deux camions de la Croix-Rouge dans l'abbatiale et un poste de guet relié au PC central de la DP pour situer avec l'aide de M. Lenfant les points de chute des obus allemands.

     

    L’église a reçu 19 obus.

     

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    2-6 Le CA du Palais de Justice.

     

     

    Un abri souterrain avait été sérieusement aménagé par les allemands pour 80 personnes.

     

    Dès le 6 juin, 150 personnes s’y entassaient et l’ensemble du Palais compta vite plus de 250 réfugiés. Rappelons que le Palais de Justice était le siège du PC du secteur n°2 de la DP. La justice continua à fonctionner, dès le 14 juin suite à la création d’une Police de Sécurité, des pillards furent sévèrement jugés et ce jusqu’au 5 juillet, puis de nouveau à partir du 15 juillet.

     

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    2-7 Le CA du Lycée de jeunes filles de la rue Pasteur.

     

     

    Lycée de Jeunes Filles façade rue Pasteur, de nos jours.

     

     

     

    Il avait été réquisitionné en juin 40, les Allemands y installent un hôpital militaire puis un abri anti-aérien dans la partie de l’établissement qui regarde l’allée des Fossés Saint-Julien, qu’ils évacuent fin avril 44. Mme Barrière, la directrice, fait remettre en état les locaux et désinfecter l’abri et les paillasses et châlits qui y étaient demeurés, à la fin mai, le local était prêt à recevoir une centaine de personnes.

     

    Dès le matin du 6 juin, quelques professeurs se réfugient rue Pasteur, dès 10h30 les Equipes Nationales dont la permanence était en face du Lycée sans abri solide, installent une partie de leurs services dans les locaux du Lycée. Après le bombardement de 13h30 l’abri est pris d’assaut et saturé par les habitants du quartier.

     

    A partir du 8 juin, M. Besnier, professeur à la faculté de Droit et officier d'E-M, accepte d’assurer la lourde charge de la direction et ce jusqu’au 27 juin, date à la quelle il fut remplacé par son collègue et adjoint M. Fréjaville.

     

    Quelques jours après l’ancienne cuisine du Lycée située au sous-sol fut remise en service par des bénévoles, ainsi que le ramassage de denrées alimentaires dans les magasins d’alimentation en ruines, des boulangers de la place Saint-Sauveur et de la rue Froide continuèrent à cuire le pain, l’eau était prise dans le puits du couvent des Bénédictines contigu, l’éclairage (pétrole et acétylène), des matelas et des couvertures récupérées dans les ruines de La Miséricorde, ainsi qu’une attribution de denrées par le Lycée Malherbe.

     

    Les caves de la Faculté, toute proche, abritent environ 90 personnes qui sont ravitaillées par les cuisines du Lycée de Jeunes filles.

     

    Le 29 juin, les réfugiés suivent l'ordre d'évacuation et prennent la route de l'exode.

     

     

    A gauche la Place Saint-Sauveur, à droite la rue Froide

     

     

     

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    2-8 Le CA de l’hôpital Civil. Avenue Georges Clemenceau

     

     

    Le poste sanitaire allemand est situé dans les caves de la clinique, leurs premiers blessés affluèrent le 6 juin, mais le 8, les Allemands quittent les lieux, laissant la place à des contagieux.

     

    600 à 700 réfugiés trouvent asile dans les caves aménagées sous plusieurs pavillons.

     

    Restaient à l’hôpital 40 malades contagieux en traitement au pavillon N°6.

     

    Responsables : M.Lucien Trouvay, ancien ingénieur de la Marine et M. Raymond Bauduin, économe. Lire ici le témoignage de son neveu.

     

    Le 12 juin, le docteur Olivier est nommé directeur de l’hôpital Civil-Hôtel Dieu qui regroupe les 2 établissements l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis avec un personnel de 58 personnes dont 2 médecins, 1 pharmacien (M. Feutry), 4 internes et 30 religieuses. Parmi les religieuses Augustines on peut citer la Sœur Louis de Gonzague et la Sœur Marie-Paul Fortineau.

     

     

    Source: photo Philippe Bauduin (le 23 juin 44 était un vendredi)

     

    Après l’arrivée des Canadiens le 9 juillet, presque aussitôt l’hôpital fut sous le feu de l’artillerie allemande jusqu’au 16 août. A tel point que les Anglais qui avaient réquisitionné un pavillon pour leurs blessés, n’insistèrent pas et vidèrent les lieux !

     

    2-9 Le CA de l’hospice Saint-Louis Hôtel Dieu. Avenue Georges Clemenceau.

     

     

    L’hospice hébergeait le 6 juin:

     

     la pouponnière 62 enfants avec 14 adultes dont 3 infirmières (le docteur L’Hirondel passait chaque jour), ils partirent pour le Bon-Sauveur le 30 juin.

     

    Trois services hospitaliers : médecine homme (80 malades), médecine femme et CAC. Ils partirent à l’hôpital des Coteaux à Fleury sur Orne le 29 juin.

     

     

     

     

     

     

    A gauche l'entrée de l'hospice Saint Louis.

     

    Les réfugiés s’entassent dans les caves, dans les couloirs, dans la crypte de l’Abbaye aux Dames et aussi, car la place est insuffisante, dans les tranchées creusées dans l’immense parc de 750 m de longueur qui sépare l’hospice de l’hôpital.

     

     

    1 500 réfugiés environ sous la responsabilité du père Gouriou avec M. Payen; M. et Mme Bouts.

     

    Service médical : Docteurs Hardré et Pinchon assistés des internes Letrou et Lefillâtre. Une biberonnerie avec Mlle Thomine.

     

    témoignage et témoignage

     

     

     

    2-10 L’abri du Sépulcre

     

    Situé place du Sépulcre (quartier Saint-Gilles).

     

     

    Source. Le sépulcre.

     

     

    Source. Sous réserve, l'entrée de l'abri.

     

    Il s’agit d’un abri souterrain très profond, 18 marches à descendre, au milieu de l’escalier une lourde porte en bois (elle sera soufflée par le bombardement du 7 juillet)

     

    Un grand couloir qui tourne à gauche au fond une porte qui donne dans un garage d’une maison de la rue Leroy, le sol en terre battue, éclairage par lampes à carbure.

     

    L’abri se remplit dés les premiers bombardements du 6 juin, la DP recense 180 réfugiés. Comme partout ailleurs en ville, la vie s’organise : 2 chèvres donnent du lait, les hommes arrachent des légumes dans les jardins, les volailles circulent dans les rues. Les 3 prêtres de l’église Saint-Pierre (le curé Ruel, l’abbé Poirier et l’abbé de Panthou) viennent chacun leur tour passer la nuit dans l’abri avec les réfugiés.

     

    Le 9 juillet vers 02h00, des allemands blessés 6 à 8, entrent se reposer dans l’abri et repartent vers 06h00. A 09h00 les premiers "Anglais"(en fait probablement des Irlandais du 2nd Royal Ulster Rifles, 9th Brigade, 3rd Infantry Division) descendent dans l’abri et découvrent à leur grand étonnement des civils. C’est la joie de la libération.

     

    Le 13 juillet, c’est le départ pour Bayeux dans les bennes de ramassage des ordures ménagères.

     

    Souvenirs familiaux du rédacteur qui avait 31 mois à l’époque, habitait rue Sainte-Anne et qui est resté dans cet abri du 6 juin au 13 juillet avec ses parents.

     

    Rapport de Mme Bazile, directrice de l'École du Vaugueux, 18 décembre 1944. (Arch. Calv., T 4149) :

     

    « Le bombardement nous chassa de notre maison. Nous nous rendîmes place du Sépulcre et gagnâmes l'abri. Là étaient réunies 220 personnes des quartiers Saint-Jean, Saint-Gilles, Sainte-Anne, des Cordes et du Vaugueux, sans vivres, sans eau, sans ressources pour la plupart. Nous prîmes la direction de l'abri, d'accord avec le chef de secteur (M. Jaoüen). Mon fils organisa les services à l'extérieur, j'assurais la discipline à l'intérieur. Nous dûmes lutter contre la frayeur des femmes qui se refusaient à quitter leurs maris. je fis apporter à l'abri les provisions de la cantine. Les corvées s'organisèrent et ce n'est que lorsqu'il nous fut possible de quitter un abri où l'ordre régnait que nous nous éloignâmes. Une centaine de personnes y demeurèrent. Nous y revînmes chaque jour jusqu'au 14 juillet et pûmes ainsi maintenir le contact. Au 30 septembre, 40 personnes vivaient encore dans le souterrain dirigées par M. Gaston Renard, peintre 42, rue du Vaugueux.»

     

     

    « Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.

     

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    2-11 Les Carrières

     

    Caen est entouré d’une ceinture de collines calcaires dont la pierre servi de tout temps à construire. Chacune de ces collines abrite une ou plusieurs carrières désaffectées pour la plupart. Creusées à une profondeur de 15 à 20 m en dessous du sol, elles constituent sur l’une et l’autre rive de merveilleux abris naturels où vécurent durant la bataille 8 à 10 000 personnes.

     

    A l’intérieur une impression de sécurité totale, mais il fait froid et humide, plusieurs témoignages parlent de fumier plutôt que de paille !

     

     

    Les plus importantes sont celles de la rive droite à Fleury-sur-Orne à 2 km de Caen de part et d’autre de la route de Thury-Harcourt.

     

     

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    2-11-1 Les carrières Saingt

     

    A la sortie de Caen sur la gauche s’élèvent en bordure de la route d’Harcourt les bâtiments d’exploitation d’une distillerie qui appartient à Mrs André et Lucien Saingt. Ils sont construits sur des carrières désaffectées qui servent de caves de stockage à la brasserie, elles couvrent 9 hectares et ne comportent qu’un seul accès, une tirée en pente douce de 20 m sur 150 m de long.

     

     

    Des réfugiés dans une tirée (entrée en pente douce d’une carrière) à Fleury sur Orne

     

     

    Contrairement aux trois autres carrières elles ne communiquent pas avec les autres.

     

    Dès les premières heures du 6 juin, la porte de la tirée est ouverte, à 8h00, il y a déjà 50 réfugiés en bas, 200 à midi, 500 le soir, la plupart de Caen.

     

     

    "Photo Damien Butaeye, les plafonds noircis par la fumée et la lumière du jour à l'arrière plan témoignent de la proximité de la tirée.

     

    Les frères Saingt mettent au point, seuls, sans l’aide des Pouvoirs Publics, une organisation remarquable, avec l’aide de leur personnel et leur argent. Un PC avec un bureau d’admission, une équipe de récupération (M. Georges Hébert et l'équipe des cheminots), des cuisines (M. Lethimonnier), une boulangerie (Mrs Rossignol et Pellâtre), l'abattage du bétail par M. Emile Lefrançois, une carte d’alimentation avec pointage pour éviter les resquillages, trois vaches pour le lait des bébés, un stock important d’eau potable, une infirmerie avec le docteur Cohier; l’abbé Marie de Vaucelles y célébrant la messe tous les dimanches. Le PC est tenu par un jeune polonais de vingt et un ans Camille Kostrz "le petit Camille", comptable à la distillerie; il sera tué par un obus le 10 juillet en trayant une vache . Chaque dimanche la messe est dite par le vicaire de Saint-Michel de Vaucelles, l'abbé Marie.

     

     

    "Photos Damien Butaeye", à gauche le puits à eau potable de la brasserie, à droite un secteur utilisé par les réfugiés.

     

    Les ordres d’évacuation furent ignorés, mais les allemands se présentent le 25 juin et installent des hommes au repos dans les carrières (aux meilleurs endroits !) Deux lance-grenades (voir photo ci-dessous) sont mis en batterie juste au-dessus des carrières. Ces armes sont servies par le Werfer-Regiment 83 et la SS-Werfer-Abteilung 12 (12.SS-Panzer-Division ). Le 17 juillet, les Waffen-SS expulsent une cinquantaine de réfugiés, autant le lendemain.

     

    Le 19 à 08h30, c’est la libération par les Canadiens francophones du Régiment de Maisonneuve de la 5th Brigade de la 2nd Canadian Infantry Division .

     

     

     

     

    "Photos

    Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada". Montage de deux photos. Remarquer le drapeau improvisé, constitué d'une chemise bleue d'ouvrier, d'une serviette blanche et d'un napperon rouge, épinglés ensembles. Sur la photo de gauche: la femme à droite avec des lunettes est Mme Saingt.

     

     

    "Photos

    Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Remarquer le drapeau confectionné avec un tablier, une couche d'enfant et un foulard.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-129127". Le Private P.P. Beauchamp du Régiment de Maisonneuve et le Dr. Cohier examinent un Nebelwerfer 41 allemand dans une carrière de Fleury-sur-Orne, le 20 Juillet 1944.

     

    Sur une population de 1 000 âmes environ il n’y eu que 3 décès (2 vieillards et 1 enfant). Mais 3 hommes de la distillerie périrent au service des réfugiés.

     

    La carrière fut évacuée complètement le 30 juillet après la visite de M. Pierre Daure , le nouveau préfet.

     

    Lire un témoignage

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    2-11-2 Les carrières Fouquet.

     

    Voir ici en 1947 et de nos jours

     

    Lorsque l’on vient de Caen les carrières Fouquet, les plus importantes, se trouvent sur la gauche également à quelques centaines de mètres au-delà des carrières Saingt. Il y a 2 accès : une tirée et un puits équipé d’une étroite échelle de fer coupée par des paliers.

     

     

     

     

     

    "Photos Damien Butaeye". La tirée et le puits d'entée.

     

    C’est une fabrique de chaux.

     

    L’histoire des carrières Fouquet comporte 2 périodes :

     

    • du 6 au 14 juin
    • du 29 juin à la fin de la bataille

     

    M. Fouquet qui est chez lui et qui se trouve du jour au lendemain à la tête d’une population de 2 000 âmes en assume la direction, les carrières sont divisées en 13 secteurs ayant chacun à leur tête un responsable. Le PC avec M. Lebel est installé à l’entrée au bas de la tirée :

     

    • 400 réfugiés le 8 juin
    • 800 le 9
    • 2 000 le 14, jour de l’évacuation.

     

    La carrière est éclairée par 25 lampes à calcium de l'usine.

     

    Photo

    Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada

     

    Une organisation se met en place avec M. Stévenin, ingénieur à la SNCF, dès le 7 juin par des cuisines, le 9, deux boulangeries elles fonctionneront nuit et jour sans interruption, une partie du ravitaillement est assuré par le Ravitaillement Général (RG) M. Martin, un puits est remis en service et pourvu d’une pompe, une infirmerie est créée dans un coin ainsi qu’un service de police et d’hygiène. M. Charles Aussant, représentant de commerce, est promu "ministre du ravitaillement". La vie s’organise, quand arrive l’ordre de départ ; le 13 juin en fin d’après-midi des bruits avant-coureurs parviennent, l’ordre est impératif. A l’aube du 14 juin, on distribue des vivres : beurre, viande, biscuits et sucre, des carrières Fouquet et des autres 12 000 réfugiés se mettent en route sur le chemin de l’exode par la petite route sinueuse de Bras (hameau d'Ifs).

     

    Peu de temps après les allemands installent dans la carrière un état-major.

     

     

    Photos Damien Butaeye, à gauche le plafond noirci par les feux entretenus en continu, à droite l'emplacement du QG allemand.

     

    Le 14 juillet dans l’après-midi un bombardement, dans la tirée, fait des morts et des blessés parmi des réfugiés en cours d’expulsion par les allemands.

     

    M. Fouquet et sa famille se cachent jusqu’au 19 juillet à 11h00, date de la libération par les canadiens francophones du régiment de Maisonneuve.

     

    Lire ce témoignage

     

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    2-11-3 Les carrières Pochiet

     

    Les carrières Pochiet, ex Géo Roger (fabrique d’engrais) situées au-delà des docks Fouquet en bordure de la route d’Harcourt et à la hauteur du clocher de Fleury furent au moins aussi indépendantes que les carrières Saingt.

     

    La discipline de fer à laquelle était soumis les hôtes de M. Pochiet (70 ans, officier de réserve) en imposa aux allemands eux-mêmes qui laissèrent à peu près tranquilles les troglodytes.

     

    On accède aux carrières Pochiet par 2 puits, le plus grand est surmonté d’une grue utilisée pour l’extraction des pierres, il a 3 m de côté ; l’autre beaucoup plus étroit muni d’une échelle de fer était utilisé par les réfugiés.

     

    Naturellement dès le 6 juin, bien qu’elles soient de toutes les plus éloignées de Caen, elles accueillent une centaine de réfugiés, elles en abriteront plus de 450 par la suite.

     

    Les hôtes des carrières sont recensés, un service de main-d’œuvre est organisé, des responsables sont nommés, un conseil de sécurité et de discipline (avec Mrs Huré, directeur de l'usine à gaz, Chapron, Gauthier et Fabien) assiste M. Pochiet. Un voleur est condamné à l’expulsion. La carrière est divisée en deux îlots avec à leur tête: Mrs Marie et Archambault. Il y a plus, comprenant- et ils sont les seuls à l’avoir compris en temps opportun – que moins on parlera d’eux plus ils seront tranquilles, ils interdisent purement et simplement à leurs ressortissants de sortir de leurs trous. La carrière à deux issues, un planton se tient en permanence à l’entrée de chacune d’elles, pour monter sur le plateau ou gagner par des dédales obscurs les coteaux, il faut exhiber un laisser passer du PC, cette mesure est décidée le 14 juin au reçu de l’ordre d’évacuation qui reste lettre morte.

     

     

    "Photo Damien Butaeye", dans le passage gardé vers les Coteaux est encor visible l'inscription: "ne pas laisser passer personne"

     

    L'abattage du bétail abandonné ou blessé est effectué par M. Genaudeau. Un contrôle médical sévère avec Sœur Saint-Maurice de la Miséricorde complète cette organisation, une naissance est enregistrée, l’infirmerie improvisée ; aucun mort, aucun blessé, bien que souvent bombardée la voûte de 20 m d’épaisseur résista. La messe est dite chaque dimanche par le curé de Fleury-sur-Orne , l'abbé Saussaye.

     

    La libération fut sans histoire, les Canadiens apparurent dans l’après-midi du 19 juillet

     

    A la fin juillet, quand les réfugiés sont expulsés par les Britanniques, ils remettent au RG :450 kg de beurre, 550 kg de farine, 25 caisses de biscuits, 100 kg de haricots, 10 Kg de sel et 25 kg de café !

     

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    2-11-4 Les carrières des Coteaux

     

    Ce fut le 6 juin dans l’après-midi, une ruée vers les grottes des Coteaux (certains témoignages indiquent le nombre de 16), sur la droite de la route d’Harcourt et dominant la vallée de l’Orne, qui servaient pour la plupart de champignonnières.

     

     

    Source. Les coteaux de Fleury

     

     

    Entrée d'une carrière coteau de Fleury.

     

    Les portes de gré ou de force s’ouvrent, chacun s’y installe où il veut et comme il veut, aucune organisation n’y fonctionna jamais, aucun contrôle non plus.

     

     

    "Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Réfugiés à l’entrée d’une carrière de Fleury-sur-Orne

     

    Les seuls chiffres disponibles sont ceux du Centre d’Accueil de Fleury-sur-Orne : environ 12 000 portions à chaque repas avant l’évacuation du 14 juin (ce qui ne signifie pas 12 000 réfugiés dans les carrières, beaucoup de réfugiés ne faisaient que passer) puis 3 500 à 5 500 soit une population moyenne de 2 500 à 4 000 personnes compte tenu des resquillages.

     

    Le 6 juin, les premiers réfugiés sont dirigés vers le centre de ravitaillement général dirigé par Mme Villez qui fonctionne à la Mairie-Ecole du village de Fleury-sur-Orne, responsable M. Marie, chef de bureau à la Préfecture, envoyé par le préfet pour y organiser l’accueil des réfugiés. Les vivres proviennent de réquisitions et des récupérations.

     

    Le 13 juin, les ordres d’évacuation sont transmis aux réfugiés, plusieurs milliers s’en vont, pas tous, les partants sont aussitôt remplacés par les Caennais de la rive gauche qui ont reçu le même ordre et qui ne savent pas où aller ! Le 17 juin, le PC et les cuisines sont déménagés à la ferme Betton, il faut aller chercher l’eau avec un tonneau à la ferme Chaussain chemin long et dangereux souvent sous les bombes. Le pain est cuit à Fleury par les boulangers Laforge et Decroisre.

     

     

    "Photo Archives départementales du Calvados" Un autel ou une tombe provisoire.

     

    Les carrières fermèrent quand les Waffen-SS ordonnent l’évacuation les 15 et 17 juillet.

     

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    2-12 Les carrières de la rive gauche

     

    On peut citer :

     

     

    -les carrières Saint-Julien:

     

    Sur les hauteurs du Gaillon, entre la rue du Magasin-à-Poudre et la rue Bosnières, existe une faille dans le coteau calcaire qui permettait, autrefois, d'extraire latéralement la pierre, en creusant des galeries plus ou moins longues. Après la désaffectation des carrières, le terrain avoisinant, bâti de pavillons, donna naissance à un quartier nouveau connu sous le nom des Carrières Saint-Julien. Un certain nombre de ces pavillons étaient construits contre la falaise même, à l'entrée des galeries creusées dans le coteau et servant de caves. Celles-ci constituèrent des abris naturels excellents où se réfugièrent lés habitants du quartier des jours durant.

     

    -celle du N°18 avec comme responsable, chef d'abri, M. Robert Carabie, le puits est rue Haldot. 116 réfugiés à la date du 10 juin;

     

    -on peut citer également: l'abri Robineau, l'abri Primois, l'abri Laousse, l'abri Bonheur, l'abri Thomas, l'abri Proisy et l'abri Marie.

     

     

    "Carte postale Delassalle" Les carrières Saint-Julien, voir le front de taille en haut à droite.

     

    -les souterrains de Moulin-au-Roy sur les hauteurs de Saint-Gilles, dirigée par M. Roncin.

     

    -les grottes de la ferme de Mr et Mme De Cooman, rue des Jardins non loin du Jardin des Plantes. Les trois abris de la ferme sont réservés aux vieillards et mères et enfants, tous les autres réfugiés dorment au pied des rochers, allongés sur de la paille. Le 29 juin, les réfugiés sont évacués de force par les Allemands qui réquisitionnent les abris. lire ici deux témoignages.

     

    -les carrières de la Maladrerie:

     

    -carrières Kaskoreff aménagées en centre d’accueil par M. Boulvain directeur de la Société des Pépinières de Caen. Accès par deux puits de 22 et 18 mètres avec une échelle verticale, l'un des puits est équipé d'une nacelle avec un treuil manuel. A partir du 16 juin : 250 personnes avec 52 enfants, 500 personnes venaient régulièrement y passer la nuit. Le ravitaillement des enfants est assuré par M. Boyer et l'abbé Leneveu, celui des adultes par M. Pellan. Libération par les canadiens le 9 juillet à 11h30.

     

     

    "Source, photo du Service des carrières de la Ville de Caen", un des puits utilisé par les réfugiés, l'échelle a été construite à l'aide de voies Decauville.

     

    Lire le témoignage de Mr Monzein à la date du 4 juillet et celui de Mr René Morin.

     

    -carrière du Bowling, environ 50 personnes, puits d'accès de 27 m équipé d'une échelle et d'un treuil. Le 23 juin, deux jeunes gens poursuivis par des allemands s'engouffrent dans l'échelle d'accès l'un deux fait une chute et meurt de ses blessures au Bon Sauveur. Lire ici un témoignage.

     

     

    "Source, photo Archives Municipales de Caen", l'échelle métallique utilisée par les réfugiés.

     

    -la glacière de la rue d'Authie, 50 personnes environ, libération par les Canadiens le 9 juillet. Le 15 juillet deux photographes anglais les sergents Jim Mapham et Bert Hardy y effectuent un reportage qui sera publié par le journal Illustrated le 5 août sous le titre: "La cave à bière de Caen vivra dans l'histoire"

     

     

    "Source"

     

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    3-Les Etablissements de Santé

     

     

     

     

    3-1 La Miséricorde

     

     

    Communauté de la Miséricorde. Source

     

     

    Le 6 juin à 16h30 mise hors service de la salle d’opération

     

    A 17h30 les docteurs Morice et Martin qui avaient opéré jusqu’alors informent le docteur Jean Cayla, qu’après le second bombardement de la clinique, celle-ci n’était plus utilisable. Ils furent priés de rejoindre aussitôt le Bon-Sauveur avec leur équipe chirurgicale.

     

    A 23h00 arrivée du PS n° 1 situé de l’autre côté de la rue des Carmes dans le vieux pensionnat Saint-Jean qui évacue à la Miséricorde

     

    Le 7 juin à 02h20 écrasement de la Miséricorde : le dispensaire transformé en hôpital complémentaire, la clinique principale et l’autre clinique rue des Carmes ; 171 victimes dont 72 morts. Lire témoignages

     

    Les cliniques Saint-Joseph et Saint-Pierre sont anéanties.

     

    A la clinique Saint-Martin,

     

     

    dès le 6 juin , les blessés y arrivent par leurs propres moyens. Le personnel sanitaire y est très réduit : quelques infirmières, des bénévoles et un interne en médecine faisant office de médecin, M. Jean-Marie Toutain. La clinique, abîmée dans sa structure, dispose encore de ses instruments, le 11 juin le stock pharmaceutique est épuisé, M. Toutain se rend au BS et dresse sur le toit une croix rouge. 100 bouches sont à nourrit, la Mère Supérieure se rend près de Falaise dans une ferme et le bétail est abattu par exemple à l'imprimerie Ozanne rue des Rosiers. Les Equipiers d'Urgence s'occupent du ravitaillement. Le 21 juin , un médecin SS réquisitionne des matelas pour son hôpital de campagne, malgré les menaces l'ordre d'évacuation du 29 juin n'est pas respecté. Elle accueille jusqu’au 15 juillet date de l'évacuation sur Bayeux des victimes civiles et militaires.

     

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    3-2 Poste Sanitaire n° 1

     

     

     

     

     

     

     

     

    Situé dans l’ancien pensionnat Saint-Jean, rue des Carmes de l’autre côté de la Miséricorde

     

    Le 6 juin à 07h00 le chef M. Louis Asseline, ses 2 adjoints (MM. Brazard et Goupil) et le personnel médical arrivent peu à peu. Dans la matinée les premiers blessés venant de Lébisey, les autres après le bombardement de 13h30. Les bombardements de 16h30 et 17h00 ébranlent l’édifice, dans la soirée arrivent les blessés et les malades de la clinique des Oblates fuyant les incendies. Vers 23h00 le chef de poste décide de transférer tous les malades et les blessés à la Miséricorde devant la menace du feu.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Archives départementales du Calvados » Poste de secours bombardé à Caen par les forces alliées. Photographie de propagande allemande.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Après le bombardement de 02h30, tout le quartier est en ruines et en feu, c’est l’ordre de repli vers le PS n° 2 place Blot, le passage vers le quai Vendeuvre est impraticable vu la hauteur des ruines, le trajet se fera non sans mal par la rue Saint-Jean, la rue Saint-Louis, la rue Sadi-Carnot, la place Gambetta, le boulevard Bertrand, les Tribunaux, la place Saint-Martin, les fossés Saint-Julien, la rue Desmoueux et enfin la place Blot.

     

    lire le témoignage de M. Bernard Goupil

     

     

     

     

     

     

     

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    3-3 Poste Sanitaire n° 2

     

    Le 6 juin tout le monde est à son poste sous les ordres de M. Rolland, 7 à 8 médecins, autant d’infirmières et 40 brancardiers.

     

     

    Document présenté page 24 de ce livre avec l'aimable autorisation de l'auteur, une partie des membres du PS N°2

     

     

    L’immeuble au 2 de la place Blot est encadré par les bombes à 13h30 mais il n’est pas touché, les morts et les blessés affluent, ils sont dirigés vers le Bon-Sauveur ; l’après-midi le jardin reçoit des bombes, le bombardement de 02h30 l’épargne.

     

    Le 7, les allemands installent une ligne de défense, place Blot et donnent l’ordre aux habitants restés aux alentours d’évacuer. Après un premier déménagement prévu à la Société Normande d’Alimentation (SNA) rue Saint-Gabriel, annulé car les allemands y installent une batterie d’artillerie, le repli se fait à 16h00 avec le matériel vers le Bon-Sauveur où étant refoulé vers le Lycée Malherbe au réfectoire, le même jour le docteur Jean Cayla crée l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe avec le personnel des deux PS n°1 et 2.

     

    témoignage d'un équipier de la Défense passive affecté au PS N°2

     

     

     

     

     

     

     

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    3-4 Poste Sanitaire n° 3

     

     

    Le 6 juin à 07h30, la majeure partie de l’équipe se trouve à son poste :

     

    Les premières victimes n’arrivent que dans l’après-midi : 14 morts et 22 blessés.

     

    Du 6 juin au 15 août, 85 morts ont été amenés au PS et 1 455 blessés et malades dont 33 soldats Britanniques et Canadiens y ont reçu des soins. Les morts ont été inhumés pour la plupart au cimetière de Vaucelles. Les blessés graves (il n’y avait pas d’installation chirurgicale) –selon le plan prévu- transportés au Bon-Sauveur par la passerelle puis par le pont du tortillard ; les allemands ayant interdit le passage de l’Orne aux ambulances, le passage se faisait par brancardage manuel entre les deux rives. Après la libération de la rive gauche, l’évacuation se fera à Giel (Orne) via Saint-Sylvain ; en tout 400 blessés furent ainsi transférés.

     

     

     

     

     

    Lire le témoignage de Mr Chapel

     

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    3-5 Hôpitaux de repli organisés par le docteur Cayla

     

    Dès le 8 juin, le docteur Jean Cayla propose comme repli pour la rive droite en prévision d’une rupture totale des ponts entre les rives droite et gauche de Caen : l’envoi d’une équipe chirurgicale mobile pour la rive droite à Boulon (à 17 km de Caen sur la route de Thury-Harcourt)

    Réponse du SIPEG (Service Interministériel de Protection contre les Evénements de Guerre, service créé par décret du 12 février 1943, délégué général: Jean Lacombe préfet hors cadre) : l’orphelinat de Giel (Orne) à l’ouest d’Argentan.

     

     

    Carte Jean Secardin à partir de celle de la page 200 du livre: Ambulancières en Normandie Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac , Editions du Moulin Vieux, 1994.

     

    Distance : Caen-Giel-Courteilles 66 km en passant par Saint-Sylvain (à 22 km de Caen) Les ambulances avaient ordre de ne pas aller plus loin que cette localité afin de ménager le matériel !

     

    Le 7 juillet, deux médecins sur trois du PS n°3 reçoivent l'ordre de se replier sur Giel: les docteurs Guesdon et Fontaine; le docteur Friley reste seul à Sainte-Thérése. A partir du 9 juillet, date de la libération de la rive gauche de Caen, le PS n°3 envoya ses blessés à Giel via Saint-Sylvain. (témoignage de Mlle Heiniger, ambulancière)

     

    Rappelons également que le 11 juillet, des ambulances venues de Giel évacuèrent 85 blessés de « l’hôpital » des Petits Sœurs des Pauvres boulevard Lyautey.

     

    Cet hôpital de campagne de Giel était installé dans l’orphelinat depuis juin avec les docteurs Regnier et Levaux, deux internes, des bénévoles et des sœurs de la clinique d’Argentan. Il fût libéré le 18 août.

     

     

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    3-5-1 à Truttemer-le-Grand (Calvados) au sud-est de Vire
    Distance : Caen-Truttemer 73 km
    Truttemer reçoit également tous les services médicaux de Vire depuis l’anéantissement de la ville le 6 juin au soir. L’hôpital Charles Canu, la clinique Ambroise Paré et le poste de secours de la Miséricorde y sont repliés. Le château,

     

     

    les deux écoles

     

     

    et la salle paroissiale sont réquisitionnés. Le docteur Couppey dirige cet hôpital de campagne avec ses confrères Rousses et Tesnière. Le chirurgien Darnis les rejoint et pratique 450 opérations dans des conditions difficiles. Il faut assurer les soins exigés par plus de 1500 blessés.

     

    Caen envoie des secours : une ambulance et l'équipe médicale des docteurs Lacroix et Lebars. Des médicaments arrivent également de Paris envoyés par une association charitable qui en assure le transport dans une Juvaquatre Renault. Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla, à la mi-juin, pour l'alimentation électrique d'un poste de radiographie.

     

    La maison où les docteurs étaient hébergés:

     

     

    Cette antenne hospitalière va fonctionner jusqu'au 6 août

     


    3-5-2 à Guerquesalles (Orne) au sud de Vimoutiers au château de Vimer
    Distance : Caen-Guerquesalles 63 km

     

     


    Le château de Vimer, propriétaires le Comte et la Comtesse de Touchet, sert déjà depuis le 14 juin après-midi comme hôpital de repli pour celui de Vimoutiers entièrement détruit par un bombardement aérien; le docteur Boullard y opère les blessés du bombardement de Vimoutiers dans des conditions plus que précaires avec comme seul antiseptique du Calvados avant de recevoir des renforts organisés par l’infirmière-major Mme de Liencourt.

     

    L'équipe médicale du château de Vimer.

     

    Le château fut équipé par la Croix-Rouge (Mme de Vieil-Castelle).Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla.

     

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    3-6 Le Bon-Sauveur

     

     

     

    Il représente une superficie de 10 hectares, une ville dans la ville, qui en 1939 comptait 1 800 âmes dont 1 250 malades et 120 religieuses. En juillet 42, les allemands évacuent l’hôpital psychiatrique, ne laissant qu’un centre pour les urgences. En août 42, l’hôpital civil de Saint-Gilles, transformé en Kriegslazarett par l’occupant, vient s’y réfugier.

     

    Le 6 juin 44, quelques bâtiments, près de la rue Saint-Ouen sont réservés en cas de bombardement à recevoir les victimes des « événements de guerre » c’est le Centre d’Accueil municipal du Bon­Sauveur.(voir 2-4)

     

    Organisation :

     

    Direction du service de santé par les docteurs Jean Cayla et Marcel Digeon et pour le secteur administratif M. Célestin Leroyer. Citons également comme collaboratrices de la direction sanitaire: le docteur Lucie Solente, Mlle Denise Noblet et Mme Luc secrétaires.

     

    Intendante, Mme Leroux.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'entrée du Bon Sauveur par une allée donnant sur la rue de l'Abbatiale

    Photos Herbaltablet en 2009.

    AGRANDISSEMENT AGRANDISSEMENT AGRANDISSEMENT

     

    Le centre de triage dans le « grand pavillon » dirigé par les docteurs Villey et Bonnet

     

     

    Le bloc opératoire à 200 m, au pavillon du Sacré-Cœur (avec un étage, un rez-de-chaussée et un sous-sol) avec 3 salles d’opérations (1 à chaque niveau), 2 groupes électrogènes pour l’alimentation électrique

     

    Une salle de radiographie dirigée par le docteur Simon

     

    Pour les plâtres : le docteur Dastugue

     

    Transfusion sanguine : le docteur Henri Le Rasle

     

    Au pavillon Sainte-Camille, les docteurs Morice et Lacroix pour les blessés de première urgence

     

    Le service de biologie médicale : le docteur Lebailly

     

    Docteur Porin responsable de la lutte contre les maladies contagieuses et parasitaires

     

    Service stérilisation : Mlle Hofer et 4 infirmiers

     

    La pharmacie dirigée par les internes Jean Lepoultier et Jean Benoist

     

    La maternité installée au sous-sol du triage avec Mlles Lydia Targowla , Rouat et Marie Perrot (80 naissances)

     

    Le responsable des brancardiers (130 hommes) M. Pigeon, agent de la DP

     

    Une équipe spéciale, dirigée par Pierre Buisson avec le concours de 6 agents de police pour la récupération dans les décombres des pharmacies sinistrées des médicaments ayant pu échapper à la destruction

     

    Le service de contrôle des entrées et des sorties des blessés et des morts et les liaisons avec les familles dirigé par M. Max Maurin, délégué régional à la famille avec son équipe.

     

    Et bien sûr le dévouement de toutes les religieuses. Un fait parmi d’autres :

     

    Le docteur Digeon va avec un chauffeur et deux brancardiers à l’usine Froger-Gosselin de Saint-Rémy-sur-Orne pourtant gardée par les Allemands et grâce à la complicité d’un ouvrier revient avec le camion bâché rempli de coton et de pansements.

     

    Quelques chiffres :

     

    Le premier jour du débarquement le docteur Guibé opéra durant 20 heures consécutives !

     

    Les salles d’opération fonctionnaient selon les horaires suivants :

     

    • -de 01h00 à 07h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
    • -de 07h00 à 13h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice
    • -de 13h00 à 19h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
    • -de 19h00 à 01h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice

     

    Du 6 juin au 15 août : 2 300 opérations

     

    Le maximum fut atteint le 20 juin avec 826 blessés hospitalisés

     

    De mi-juin au 9 juillet : 23 blessés graves par jour en moyenne, 1 390 blessés, 178 morts et 71 naissances

     

    A la mi-juin : 820 lits, 550 blessés et 270 patients en médecine et maternité

     

    Fin juin des évacuations sont organisées vers Mortagne-au-Perche et Giel dans l’Orne ainsi qu’à Bayeux.

     

    L’après-midi du 9 juillet : 618 blessés dont 6 Allemands et 12 Britanniques que les libérateurs canadiens transportent à l’hôpital général militaire de Douvres.

     

    L'évacuation des blessés s'organise avec des transports sanitaires des Alliés, dès le 9 juillet: 35 vers Douvres, le 16:70 enfants de la pouponnière à Sainte-Croix-Grand-Tonne sous l'autorité de Mlle Maunoury, le 17: 48 tuberculeux vers l'hôpital Pasteur à Cherbourg,

     

     

    65 malades mentaux. 80 sourds et muets vers le grand séminaire de Bayeux.

     

     

    Photo présentée page 7 de ce livre. Le grand séminaire de Bayeux transformé fin juillet 1944 en hôpital militaire Robert Lion

     

    Un groupe d'une cinquantaine de sourds, garçons et filles, quitte l'Institution pour un périple vers Bayeux, un camp de toiles à Cussy, le château d'Amblie, le Bon Sauveur de Pont L'Abbé, retour à Caen le 1 septembre 1944 .

     

    Une anecdote parmi tant d’autres, dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand traverse la salle d’opération du pavillon du Sacré-Cœur faisant 1 mort (le blessé en cours d'intervention) et 3 blessés (dont le docteur Maugeais et l'anesthésiste), 42 minutes après la destruction la salle d’opération est réinstallée.

     

    426 personnes y travaillent dont 31 médecins, 22 internes, 114 infirmiers et élèves infirmiers ainsi que 46 personnes de la Croix-Rouge Française (CRF), 130 brancardiers, 83 aides-soignantes et les religieuses.

     

    Il y eut environ 620 décès, 71 naissances, 2 300 opérations chirurgicales.

     

    Lire le témoignage de deux brancardiers du BS

     

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    3-7 L’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe

     

     

    Il est crée le 7 juin avec le personnel des PS n° 1 et 2 repliés au réfectoire du Lycée.

     

    Responsable administratif : M. Rolland

     

    Médecin-chef : docteur Lemarinier assisté es docteurs Delpérier et Warcollier.

     

    Au triage : docteur Golse

     

    A la transfusion sanguine : docteur Rousselot

     

    A l’ophtalmologie : docteur Quermonne

     

    A la dermato-vénérologie : docteur Hissard

     

    A la pharmacie : Docteur Pierre Danjou

     

    Lire ici l'affectation du Dr Paul James

     

    Avec une annexe pour les contagieux, 111 malades reçus du 18 juin au 9 juillet: diphtéries, angines, scarlatines, rougeoles, affections broncho-pulmonaires et gastro-intestinales dont 2 typhoïdes (docteur Vigot) établie de l’autre côté de l’impasse Saint-Benoît dans les locaux de l’Ecole Normale d’Institutrices.

     

    L’hôpital complémentaire remplit deux offices, il reçoit :

     

    -les blessés

     

    -les malades et les vieillards

     

    Les malades s’installent dans les dortoirs du premier étage et les vieillards (une centaine) impotents et grabataires au second.

     

    A la mi-juin : 330 lits avec un effectif de 210 personnes dont : 12 médecins, 2 chirurgiens-dentistes, 2 pharmaciens, 32 infirmières, 26 aides infirmières et secouristes et 57 membres des Equipes d’Urgence de la Croix-Rouge Française.

     

    Les blessés amenés par les ambulancières, les agents de la DP, les garçons des Equipes d’Urgence et Nationales à travers la cour du Lycée, sont examinés, aussitôt, par le docteur Golse. Les cas de première urgence sont immédiatement dirigés sur les salles d’opérations du Bon­Sauveur. Si nécessaire, le docteur Rousselot fait une transfusion de sang. Les blessés de deuxième et troisième urgences restent à l’hôpital complémentaire où ils sont nettoyés, pansés, soignés jusqu’à ce que les chirurgiens puissent s’occuper d’eux.

     

     

    Entrée de la cour du Lycée Malherbe place Guillouard (ou Place du Parc) deux sentinelles allemandes en faction. Remarquez sur les piliers du portail des pancartes

     

     

    HOPITAL

     

     

    COMPLEMENTAIRE

     

     

     

    DU LYCEE

     

     

     

     

    MALHERBE

     

    La photo a donc été prise avant le 9 juillet et quelques jours après le 7 juin (le temps de faire les pancartes !)

     

     

    Cet hôpital servit d’annexe en quelque sorte au Bon­Sauveur, finalement au total 500 lits seront occupés jusqu’à la fermeture, mi-juillet, commandée par les bombardements allemands suivant l’arrivée des alliés rive gauche, entre temps les malades les moins graves furent évacués à l'hôpital des coteaux fin juin sur ordre du docteur Cayla. Une équipe médicale resta au Lycée.

     

     

    "Photo allemande. Archives du Calvados" Dans la salle du réfectoire du Lycée Malherbe

     

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    3-8 Le Préventorium de Fleury-sur-Orne.

     

    A 1500 m de Fleury, sur la route de Saint-André-sur-Orne près de la voie ferrée s’élève le manoir Sainte-Croix que l’on appelle encore « Le Préventorium » parce qu’il y a encore une dizaine d’année une aile servait de préventorium en effet. Il était à la veille de la guerre la propriété de M. René Jacob.

     

    Au début des hostilités, l’aile du manoir qui avait servi de Préventorium fut réquisitionnée par le Service de Santé. Une position de repli pour la pouponnière de l’Hôpital Civil y fut aménagée et confiée au docteur Clot. L’organisation comprenant une grande salle d’accueil au rez-de-chaussée et deux dortoirs de 30 lits aux étages. Il s’y ajoutait quelques salles secondaires.

     

     

    Photos présentées dans Fleury sous l'occupation 50ème anniversaire de l'été de la libération, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994. A gauche la Croix-Rouge sur le toit. A droite devant le préventorium: en blanc le docteur Clot à gauche casqué le RP Prigent.

     

    Il va de soi que ces prévisions ne résistèrent pas aux événements. Dès le 6 juin, les réfugiés affluent et s’installent dans les dépendances. Le docteur Clot réclame en vain une équipe médicale à Caen. Il envoie les grands blessés au Bon­Sauveur et ne garde que les légers. En quelques jours toute une organisation est mise en place et tout le manoir est investi ; 300 paillasses allemandes sont récupérées à la Mairie de Fleury-sur-Orne. Avec le docteur Clot, six religieuses de Saint-Louis et plusieurs infirmières bénévoles, deux d’entre-elles Mme Henriette Campain et Mlle Antoinette Jacob seront tuées par un obus le 20 juillet.

     

    La pharmacie est assurée par Mlle Françoise Clara.

     

    La maternité est dirigée par Mlle Mériel sage-femme : 18 naissances durant la bataille.

     

    Au début 60 bébés, 84 malades et blessés et 10 femmes à la maternité. Le transport des blessés graves vers le Bon­Sauveur est fait par des automobilistes bénévoles et courageux.

     

    Les jours d’affluence 2 000 personnes à nourrir. La boulangerie se fait au four de la ferme Bernard.

     

    Le 10 juin, arrivée de 330 vieillards de Caen répartis dans les fermes Villey et Vivien, ils repartiront ensuite vers Bourguébus et l’hôpital des Coteaux.

     

    Vers le 12 juin, 380 enfants de Saint-Louis arrivent à leur tour, les dépendances sont évacuées par les réfugiés, mais il en restera toujours. Quant aux enfants ils repartiront vers Sées (Orne) début juillet.

     

    Le 15 juin le RP Prigent peint une immense Croix-Rouge sur le toit du grand bâtiment et sur un grand drap fixé sur le toit du manoir et la pelouse.

     

    Des Waffen-SS installent autour du manoir 17 pièces de Flak , 7 lance-grenades et raflent 120 bêtes.

     

    Le 29 juin, arrive de Caen l’ordre d’évacuation, 400 vieillards sont conduits vers Trun dans des véhicules de toute sorte ramassés dans les fermes du voisinage. Les enfants sont conduits aux carrières de Fleury-sur-Orne jusqu’au 5 juillet date de leur évacuation (217 entassés dans 4 autocars) emmenés par Mme Pidoux, assistante sociale.

     

    Le 6 juillet, des obus tombent sur le manoir, il ne reste plus qu’une quinzaine de personnes.

     

    La libération le 20 juillet à 08h00 par deux soldats Canadiens.

     

     

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    3-9 Hôpital des Coteaux à Fleury-sur-Orne

     

     

    Photo PAC prise le 1 août 1944

     

    Avant de parler de ce dramatique lieu, il faut indiquer que le 16 mai 44, il n’y a plus à Caen aucun vieillard dans les hôpitaux, hospices ou maisons de refuge publics ou privés ; ils avaient été évacués dans la semaine précédente sur ordre exprès.

     

    Le 29 juin, les Allemands ordonnent impérativement aux Caennais de la rive gauche d’évacuer les quartiers de la périphérie dont 526 vieillards abandonnés par leur famille depuis le 6 juin. A savoir :

     

    • -12 à l’hôpital civil

    • -118 à l’hospice Saint-Louis

    • -108 à l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe

    • -110 au Centre d’Accueil du Lycée Malherbe

    • -178 au Bon­Sauveur

     

    L’évacuation doit se faire en deux temps aux carrières de Fleury puis dans le département de l’Orne ; mais le transit ne se fera jamais !

     

    Les carrières des Coteaux étaient numérotées : la 3 pour Saint-Louis, la 4 (avec M. Lemarchand chirurgien-dentiste et deux religieuses de La Providence de Sées pour le Lycée Malherbe et le Bon­Sauveur et 3 bis pour une annexe.

     

    Ordre de départ le 29 juin à 16h30 à Saint-Louis, premier départ à 18h30 dans des camions du service de nettoiement, les chargements arrivent jusqu’à 20h00 avec 6 religieuses (la Mère supérieure de Saint-Louis, Sœur Gaillard et les Sœurs: Refuveille, Messageon, Martin, Mayolet et Veloutre) et les R.P. Gouriou et Faudet de l'Institut Lemonnier, en présence des docteurs Jean Cayla et Maquère. Brancardage vers la carrière 3 jusqu’à 23h00 par des Equipiers d’Urgence (une équipe de 12 volontaires dirigés par Jean Cadic) . De la paille souillée sur le sol, d’autres couchent à même le sol gluant et glacé, tous n’ont pas de couvertures.

     

    Le lendemain matin arrive par camion les évacués du Lycée Malherbe sans accompagnement ! Ils sont débarqués sur l’herbe mouillée et y resteront jusqu’à 18h00 (les occupants des grottes -la carrière 4- ne voulant pas laisser leur place)

     

    Le 2 juillet, du matériel est ramené de Saint-Louis (150 lits, sommiers, paillasses, couvertures, draps, une pharmacie et 2 t de conserves et produits alimentaires)

     

    M. Trouvay installe un petit groupe électrogène dans la carrière 3, la cuisine provient de la ferme Betton, du personnel arrive en renfort : des Sœurs de Saint-Louis et 3 infirmières envoyées par Mme Saule: Mlles Horel, Mutel et Dabosville. Le père Faudet, le 8 juillet, prend en main l’organisation, il crée une salle 3bis entre les grottes 3 et 4, les soins sont dispensés sous la direction du docteur Maquère, de Bretteville-sur-Odon, avec le docteur Bories et les internes Morin et Bellamy, de nouvelles infirmières de la Croix-Rouge Française arrivent ainsi que des volontaires hommes et femmes venus des carrières voisines (le nom de Jeanne Coret est cité). Le ravitaillement vient de la ferme Betton pour la viande et le pain, le reste incombe à M. André Bernard, agriculteur.

     

    A partir du 9 juillet, par suite de l’évacuation du Préventorium et de l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, l’hôpital des Coteaux fut le seul Poste de Secours dans cette partie de la banlieue caennaise, de nombreux blessés y furent amenés et transportés ensuite sur Giel (Orne).

     

     

     

    Photos collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. La cuisine, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.

     

    Dans la nuit du 13 au 14 juillet, le père Faudet va récupérer à Louvigny des blessés abandonnés lors de l’évacuation du village ordonné par les allemands.

     

    P

     

    Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. Des vieillards, des réfugiés et des religieuses, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.

     

    A partir du 14 juillet ce sont les Waffen-SS qui exigent l’évacuation, mais comment ? Les allemands quittent les grottes le 19 juillet à 04h00. La libération n’améliora guère les conditions de vie de ces malheureux.

     

     

     

     

    Elevage de poules et de lapins

     

    L’évacuation n’eu lieu que les 26 et 27 juillet vers Amblie et Villiers-le-Sec, il ne restait plus que les religieuses et 2 pères.

     

    Il y eût 47 décès à l’hôpital des Coteaux, inhumés au cimetière de Fleury jusqu’au 8 juillet, puis dans la carrière même à cause des bombardements incessants. En janvier 1945, une polémique fut provoquée par une lettre à la presse un architecte caennais, M. Morice, dénonce avec émotion l'abandon dans lequel sont laissés nos morts dans les carrières de Fleury. Victimes des événements de juin juillet, trente corps, dont certains non identifiés, reposent depuis sept mois à fleur de terre et sans cercueils dans la carrière n° 3. Des mains pieuses ont façonné une petite croix portant au crayon-encre le nom des défunts. Ces tombes voisinent avec les champs de champignons et sont constamment détrempées par les infiltrations d'eau. Navrant spectacle pour les familles dans l'obligation d'explorer cette carrière pour en exhumer un être cher. Et le lecteur qui se fait l'interprète de ces familles pose diverses questions, notamment sur le fait que ces corps n'aient pas été exhumés et transférés dans le cimetière de Fleury. Pourquoi ces victimes n'ont-elles jamais été déclarées à la mairie de Fleury ? Pourquoi leurs noms n'ont-ils jamais été transmis à la presse ? Les corps furent relevés et inhumés le 13 juin 1945.

     

     

     

     

     

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    4-La Croix-Rouge Française (CRF)

     

     

     

     

    Délégué départemental M. de Clermont-Tonnerre, adjointe Mme de Vieil-Castel

     

    PC au 85 rue Caponière (Ecole Jeanne d’Arc)

     

    C’est la CRF qui organise :

     

    - les relais sur la route de l’exode : Caen, Bourguébus, Trun

     

    -les hôpitaux de repli de Truttemer-le-Grand et du château de Vimer

     

    Dépend de la CRF :

     

    -les Equipes d’Urgence (EU), responsable M. Adeline

     

    -les Ambulancières, responsable Mlle Denise Brouzet

     

    -le Service de l’Enfance et des services annexes, Mme Clément-Brédiger, avocate (blessée le 15 juillet au cours d’un bombardement)

     

    -les Infirmières (une vingtaine) détachées dans les PS et les hôpitaux.

     

    Le 24 juin, le PC déménage et s’installe dans les cellules du pavillon Sainte-Marguerite du Bon­Sauveur.

     

    Le 3 juillet, visite du directeur général M. de Rohan-Chabot et du médecin-inspecteur général Boidé, dirigeants de la Croix-Rouge Française . Ils viennent de Paris pour se rendre compte de la situation à Caen. Ils inspectent le Bon-Sauveur, Saint-Etienne et le Lycée Malherbe. Ils félicitent les personnels pour le travail accompli et prodiguent leurs encouragements pour celui qui reste à faire ...

     

     

     

     

     

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    4-1 Les Equipes d’Urgence (E.U.)

     

    Organisées en juin 43 par Mme de Viel-Castel avec le concours du Service de Santé

     

    Le PC était au 85 rue Caponière, responsable M. Adeline, chirurgien-dentiste

     

    Effectif à la veille du 6 juin, 100 à 200 membres volontaires garçons et filles, recrutés principalement dans les milieux universitaires. Les départs furent nombreux les 6 et 7 juin, mais de nouveaux volontaires assurent un effectif moyen de 90 membres, plusieurs sections furent créées :

     

    -l’équipe des étudiants des facultés avec Gilles Rivière

     

    -celle des lycéens Sainte Marie avec J. Renault, étudiant en lettres et professeur de 5e.

     

    -celle des lycéens Malherbe avec René Streiff et Jean Cadic.

     

    Les E.U. sont chargés du ravitaillement du C.A. du Lycée Malherbe avec: l'équipe des Treize, treize gaillards résolus. Elle dispose d'une voiture et d'un cheval, celui-ci adopte l'uniforme et ses flancs s'ornent d'une magnifique croix rouge . L'équipe fait des expéditions, souvent très périlleuses, à Caen et dans les environs, elle va jusqu'à Clinchamps pour y chercher des pommes de terre qu'elle doit déterrer dans un champ, sous une pluie d'obus. Les tubercules arrachés, il faut les mettre en sac, les charger sur la voiture et, quand tout est prêt pour partir, s'en voir prendre la moitié par des S. S. goguenards !

     

    Le 29 juin un camion est criblé de balles pendant la tournée de lait, l'équipier Petit est sérieusement blessé à la jambe. 

     

    Un autre groupe, commandé par Gourvenec, assure également l'approvisionnement. Il se spécialise dans les raids à long rayon d'action. Montés dans un corbillard abandonné par ses propriétaires et réquisitionné par la Croix-Rouge , les « Sept » s'en vont, même sous les tirs d'artillerie, jusqu'à Mondeville, Colombelles, Carpiquet et Verson.

     

     

    Localisation des communes citées

     

    Une troisième équipe assure le service d'intendance. Elle classe les vivres, sitôt leur arrivée, les range et les sort des réserves au fur et à mesure des besoins. Elle est dirigée par Daniel Anne.

     

    Une quatrième équipe, celle de Lucien Chesnais et d'Henri Louvel, se charge du ravitaillement en eau de l'établissement. Et ce n'est pas là un petit problème car les cuisines réclament de 15 000 à 18 000 litres d'eau par jour. Il faut aller chercher cette eau dans les rares maisons où se trouvent des puits ou des pompes. Le 7 de la rue de Bretagne alimentera longtemps le centre. Par la suite, quand le puits sera tari il faudra aller chercher l'eau rue Saint-Martin et même rue de Falaise! Bien souvent cette corvée s'effectue au péril de la vie de ceux qui l'entreprennent!

     

    Une équipe de la Faculté se charge plus particulièrement de la tournée de lait. Un camion, muni de deux drapeaux tricolores et portant la croix rouge très apparente fait, chaque matin le circuit des localités qui entourent Caen, y collecte le lait qu'il apporte au Lycée. Là, il est pasteurisé par un médecin qui l’achemine vers la pouponnière et l’hôpital complémentaire.

     

     

    Photos collection André Heintz présentées page 183 et 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

     

    Equipiers d'Urgence au Lycée Malherbe sur un plateau et rue de l'Académie avec une voiture à bras.

     

     

    "Photo ECPA Coll. Musée Mémorial de Bayeux" Des jeunes des Equipes d'Urgence, rue Saint-Pierre, le matin du 6 juin.

     

     

     

    -du Bon-Sauveur

     

    Parmi eux 5 routiers scouts de France qui sont venus de Paris les aider.

     

     

    Photo collection André Heintz, présentée page 51 du livre: La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955, Presses Universitaires de Caen, 1994. Une des rares photos des Équipiers d'Urgence en poste au Bon­Sauveur. On reconnaît sur ce cliché : Michel Royer, André Leclercq, Michel Huart, Marie Repussard, MM. Eudes, Boisroux, Lefrançois et Micheline Koebel.

     

     

    Photos collection André Heintz présentées page 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

     

    Internes du Bon Sauveur.

     

    -des Petites Sœurs des Pauvres avec Gilbert Detolle (le fils aîné du maire)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le PC fut déménagé dans un petit local du Lycée Malherbe au bout de la cuisine, au rez-de-chaussée, avec entrée côte impasse Saint-Benoît.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    -de l'hôpital des coteaux avec Jean Cadic.

     

    Chaque jour un voyage à Saint-Sylvain (16 km) pour aller chercher du lait avec un gazo des « Courriers Normands » baptisé « Le Furet » peint en blanc. François Cadie et Maurice Cauchard iront jusqu’au Mans le 20 juin pour ramener 1 400 kg de tabac. Le reste du temps il ramassait les blessés et les malades sur la route de l’évacuation.

     

     

    Photo collection André Heintz présentée page 183 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.

     

    Des Equipiers d'Urgence devant le camion de la Croix Rouge: P. TIRARD, Ch. FAVRIEL, J. AULOMBARD, L. SAVARY, FAIGNANT, assis : BEDEL, J. COCHARD

     

    Cette photo est présentée page 366 de ce livre avec la légende suivante:"L'épopée du camion de la Croix-Rouge de Bayeux:Le 17 juin, un ancien de Tilly, malgré sa blessure, traversa les lignes, gagna Bayeux et demanda à la Croix Rouge de venir secourir les blessés de l'école du Sacré-Cœur. Un camion de la Défense passive et sept volontaires (dont Jean Aulombard, futur notaire à Balleroy de 1955 à 1980, 21 ans en 1944 et un autre Bayeusain, M. Jean Guérin) essayèrent à deux reprises d'approcher Tilly, sans succès, les Allemands occupant toujours le terrain. Le 18 juin, enfin, ils parvinrent à pénétrer dans la cour de l'école et à charger les pauvres blessés. Au moment où ils repartaient vers Bayeux, les Allemands qui avaient repris le village leurs interdisent le passage, les repoussant vers l'arrière, le chauffeur essaya bien par Cristot, Le Mesnil-Patry de franchir les lignes, mais hélas rien à faire. C'est finalement à Flers et Caen que ces braves volontaires terminèrent leur voyage en ayant rencontré des difficultés de toutes sortes, mais heureux d'avoir rempli leur mission. Ils laissèrent les blessés à l'hôpital du Bon Sauveur. Ce camion, parti pour deux heures, revint un mois après !"

     

    Les équipes féminines; dirigées par Chantal Nobecourt, s’occupaient plus spécialement de la "biberonnerie" (150 à 200 enfants), du nettoyage et du blanchissage.

     

    8 membres sont morts au champ d’honneur dont:

     

    -Robert Auvray, brûlé vif au 6 de la rue du Pont-Saint-Jacques le 15 juin ,

     

    -André Chambon dans le bombardement de La Miséricorde le 7 juin ,

     

    -Denise Olive par un obus allemand au Lycée Malherbe le 15 juillet , une rue lui rend hommage.

     

    -Pierre Favier tué par un éclat de vitre aux Galeries Lafayette à l'âge de 14 ans, le 12 juin

     

     

    Source page 124 de ce livre

     

     

    "Photo Streiff" Le cercueil de Pierre Favier recouvert du drapeau de la troupe Vikings des Eclaireurs de France.

     

     

     

    « Archives Municipales de Caen ». Sur les ruines de la clinique de la Miséricorde, trois croix blanches ont rappelé longtemps le sacrifice des Equipiers d’Urgence et Nationaux.

     

    Lire les témoignages de plusieurs Equipiers d'Urgence: M. Charles Macary, M. Jean-Marie Girault, M. André Heintz, un anonyme,

     

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    4-2 Les Ambulancières

     

    PC au 85 rue Caponière

     

    Elles sont 9:

     

    Mlles Jacqueline Chollet, Durand, Dammon (ou Dammeau), Hélène Gillet, Jacqueline Heiniger, Hérilier, Pueh, de Rosny (ou Mme la baronne de Basny), et de Veye (ou de Veyre)

     

    avec chacune une voiture dont 5 ambulances, responsable Mlle Denise Brouzet (ou Broussais) disparue en mission le 14 août à La Chapelle-Biche près de Flers dans l’Orne, après avoir été prisonnière des Allemands.

     

    Chaque ambulancière était escortée par deux brancardiers des EU.

     

    Le 7 juin, Mlle Jacqueline Heiniger et Mlle Jacqueline Chollet récupèrent 5 parachutistes Anglais et un soldat Allemand tous blessés (transportés depuis Troarn en voiture particulière) de l'hospice des Petites Sœurs des Pauvres vers le PS n°3 puis vers la Passerelle (l'Allemand décède dans l'ambulance) pour le Bon-Sauveur.

     

    Le 24 juin, Mlle Gillet évacue, sous un feu d’enfer, 20 enfants réfugiés à Cahagnes vers Bois-Halbout.

     

    Le 28 juin, Mme de Basny traverse les lignes entre le tir des chars pour ramener des blessés d'Avenay.

     

    Elles avaient pour mission fondamentale d’aller chercher sur les lieux des bombardements les victimes et de les transporter dans les hôpitaux.

     

     

    Ambulance fourgonnette Amilcar Compound agencée en véhicule de première intervention pour la Croix Rouge Française. Source Cote: 13 Num 5590. © Arch. dép. Manche / CG50

     

    Mlle Marie-Thérèse Hérilier est tuée, à 20 ans, dans la nuit du 7 juin (selon une autre source le 6 juin en début d'après-midi) par une bombe qui pulvérise son ambulance à l’entrée du pont de Vaucelles .

     

    Mlle Jacqueline Heiniger avec sa Matford à trois brancards

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Photo présentée page 182 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994. Remarquez à droite le bâtiment du PS n°3.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    et Mlle Jacqueline Chollet avec sa Renault à cinq brancards affectées au PS n°3 font la navette jusqu’à la passerelle de l’Orne.

     

     

    AGRANDISSEMENT

     

    Carte présentée page 194 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.

     

     

    Après le 9 juillet, les Canadiens participent à l'évacuation des blessés, ici rue de Bretagne avec des hommes de la DP (casque blanc Adrian)

     

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    4-3 Le Service de l’Enfance

     

    Responsable Mme Clément-Brédiger

     

    Dès le 9 juin, elle crée :

     

    -une pouponnière avec stérilisation et distribution de lait (Mlles Hubert et Nobécourt)

     

    -un service de lavage de linges enfantins dans la rivière Orne (Mlle Yvonne Maurin)

     

    -une équipe de récupération et de restauration (Mme Favier)

     

    -un service de laines et tricots (Mme Adeline)

     

    -une annexe de soins d’hygiène pour les femmes (Mlle Besnier)

     

    -une "biberonnerie" au Bon­Sauveur (Mme Martinet)

     

    -un ouvroir au Lycée Malherbe (Mmes Detolle, Grandsard et Corret)

     

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    5-Les Equipes Nationales

     

     

     

     

    Formées à l'été 1943 pour les jeunes entre 13 et 25 ans sur proposition du Commissariat à la Jeunesse, elles furent constituées dans le Calvados dès début octobre 43.

     

    Au 5 juin 1944: 363 permanents et 450 temporaires (dont 118 Caennais). Le plan d’alerte est prêt, mais seul le groupe SOS (45 garçons commandés par le chef Jean Leherpeur) avait fait ses preuves à Rouen du 18 au 22 avril 1944.

     

    Ils sont requis pour des travaux de déblaiement en « cas de coup dur »

     

    Siège 3 rue Pasteur au second étage en face du Lycée de Jeunes Filles. Les responsables sont: Mlles Eloy et Hochard, Mr et Mme Genevois, Mrs Leherpeur, Vercel et Favier.

     

    Le 6 juin :

     

    - dès 05h00 des estafettes sont mises à la disposition des hôpitaux

     

    - à 06h30 mobilisation du groupe sanitaire et des centres d’accueil

     

    - à 10h30 déménagement de la délégation vers les abris du Lycée de Jeunes Filles de la rue Pasteur

     

     

    -11h00 le groupe SOS (déblaiement et feu) part pour Lebisey.

     

    Pendant toute la bataille ils aident les pompiers, déblayent les ruines pour sauver les survivants, souvent avec l’aide des E.U. Ils sont pratiquement seuls pour lutter contre l'incendie. Ils sont parvenus à récupérer deux motopompes, l'une au pont de la Fonderie, l'autre à Saint-Gilles. Mais Ie 10 juin, les Allemands, sous la menace de leurs revolvers, Ieur réquisitionnent l'une des deux pompes. '

     

     

    Photo prise dans le bas de la rue de Bayeux. Voir ici

     

    Les tâches se répartissent ainsi :

     

    • Le poste de secours du Lycée Pasteur (garçons et filles)
    • Pompiers auxiliaires
    • SOS (déblaiement et feu) 45 équipiers avec Jean Leherpeur.
    • Service du matériel et de la récupération
    • Evacuation des sinistrés vers Trun via Bourguébus
    • Exhumation
    • Secouristes volants
    • Agents de transmission dans le département . Courrier
    • Hôpital du Bon Sauveur (garçons et filles)

     

    Effectif moyen durant la bataille : 84 équipiers, dont 14 tués et 13 blessés, pour: 318 blessés dégagés et 675 morts exhumés, ce qui fait que chaque membre a en moyenne sauvé 4 personnes et retiré des décombres 8 cadavres !

     

     

    "Photo allemande. Archives du Calvados"

     

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    6-Le Ravitaillement Général (R.G.)

     

     

     

     

    Son activité était d’approvisionner Caen soit par voie normale d’achat par réquisition, soit par récupération dans les entrepôts abandonnés ou sinistrés (pâtes, conserves, riz, sel, sucre, etc…) et d’organiser les répartitions de ces vivres entre les Caennais.

     

     

     

     

    Le vieil hôtel au 7 rue Saint-Louis qui abritait les services du RG fut anéanti dans la nuit du 6 au 7 juin.

     

    Le PC fut transféré au Lycée Malherbe dans les salles 7, 8, 10, 11 et 12 au 1er étage et vers le 12 juin, le RG réorganisé par son directeur M. Pierre Callé et son adjoint M. Lebret repris son activité ; plusieurs de ses membres furent tués dans leur activité.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Distribution de produits réquisitionnés par un membre de la Défense Passive

     

     

    La population passe de 60 000 à 24 000 (chiffres approximatifs) fin juin, 28 000 selon ce recensement au 15 juin ; la population de la rive gauche libérée tombe à moins de 9 000 après le 9 juillet.

     

    La rive droite qui avait son autonomie à peu près complète était sous les ordres de M. André qui après recensement constitua 12 groupes d’approvisionnement disséminés dans les différents quartiers de Vaucelles.

     

    La rive gauche avec Mrs Michaut, Le Guen, Bellanger et Mlle Gadie fut divisée en 13 secteurs de 250 à 4 000 personnes, puis regroupés en 4 secteurs à partir du 29 juin.

     

    Quelques exemples :

     

    Farine et pain

     

     

    Transport de sacs de nourriture dans une rue encombrée de gravats

     

     

    Le seul apport extérieur qui fut enregistré est de 6 t de blé reçues de Damville (Eure) sur ordre de Vichy. La ration fut de 100g/personne/jour. Quelques boulangeries restèrent ouvertes durant toute la bataille.

     

     

    Aux moulins Lemanissier, rue Victor Hugo, 51 t de farine furent récupérées et stockées au Lycée Malherbe, 23 t furent également récupérées dans les différentes boulangeries bombardées ce qui permit la fabrication de 97 t de pain. 59 t de céréales stockées boulevard Lyautey furent distribuées jusqu’à Bourguébus pour les évacués. 27 t de farine furent fabriquées par un moulin du boulevard Lyautey remis en état à l’aide d’un tracteur agricole.

     

     

    Photo Collection Jean-Pierre Benamou, avec son aimable autorisation

     

     

    Source film British Movietone News. Des réfugiés devant un portail (FERME APRES MIDI), corvée d'eau (EAU NON POTABLE)

     

     

    Source film British Movietone News. Des réfugiés font la queue pour une distributions de vivres.

     

    La viande

     

    Elle ne manquera jamais. Un parc avait été aménagé dans les dépendances du Bon­Sauveur. Dès le 15 juin, 14 boucheries et 4 charcuteries étaient ouvertes dans les quartiers non sinistrés. Des volontaires aidés des E.U. et des E.N. ramassaient le bétail errant dans la campagne.

     

    L’eau

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’eau distribuée à Caen venant des sources de Moulines au-delà de Bretteville-sur-Laize (à 23 km)

     

    La canalisation principale suivait la route de Falaise et traversait l’Orne au pont des Abattoirs. Dès la nuit du 6 au 7 juin la rive gauche n’avait plus d’eau potable. Le système D se mit en place par des corvées organisées et la réouverture de puits particuliers, désaffectés depuis longtemps. La rive droite fut plus ou moins alimentée jusqu’au 11 juillet date à laquelle les Allemands firent sauter les installations de Moulines.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le vin ne manqua jamais, de très grandes quantités furent récupérées dans les entrepôts ( 20 000 litres en un seul endroit) et livrées au R.G.

     

    Le lait, le beurre et les fromages ne manquèrent pas non plus. Certains Caennais affirmaient avoir été saturés de Livarot à en être dégoûtés pour le reste de leurs jours !

     

    Le 21 juin, un camion des E.U. va chercher à Lisieux 3 tonnes de lait condensé.

     

    A la Société Normande d’Alimentation (SNA) 85 t de sucre sont découverts : 45 t pour les Equipiers et 40 t pour les Waffen-SS !

     

    Une seule chose reste difficile à trouver les légumes verts.

     

     

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    7- La police de Sécurité

     

     

     

     

    Créée le 9 juin par le préfet Michel Cacaud , décret cosigné par le Kampfkommandant de la place.

     

    Caen est divisé en 7 secteurs :

     

    • Direction générale M. Louis Lamy (déjà responsable de la police auxiliaire créée en 1940) il meurt le 7 juillet
    • M. Grégoire pour la rive droite
    • M. Hamon pour Saint-Jean
    • Colonel Wacogne pour Saint-Julien et Saint-Gilles
    • M. Bosquin pour Saint-Pierre
    • M. Louvel pour Saint-Etienne centre
    • M. Mathieu pour Saint-Etienne banlieue et La Maladrerie
    • M. Philippon pour Venoix

     

    500 hommes dont 376 anciens combattants, munis d’un brassard portant l’inscription « Police de Sécurité » avec un numéro d’ordre et une carte rédigée en allemand et en français. Ils peuvent circuler à bicyclette après l'heure du couvre-feu, et à porter un gourdin . Le PC s’installe dans la chapelle Halbout à Saint-Etienne, les délinquants sont emmenés au Commissariat de police établi au champ de course, dirigé par M. Bouton.

     

    Elle effectuera 250 arrestations environ, mais les plus grands pilleurs étaient les Waffen-SS et même la Felgendarmerie allemande n’y pouvait rien…

     

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    8- Le Secours National

     

     

     

     

     

     

     

    Les bureaux au 9 place Saint-Sauveur, avec Mr Lecomte (il sera blessé le 8 juillet) et son adjoint M. Lemenorel, l’entrepôt rue Sainte-Anne : 20 à 25 tonnes de vivres (conserves, lait condensé, chocolat, pain d’épice et autres), vêtements et chaussures.

     

    Lors du bombardement du 6 juin à 13h30 l’entrepôt est anéanti et le feu se déclare aussitôt dans les ruines. M Bellamy, délégué à la propagande, avec le concours des EU récupère le jour même et le lendemain 7 à 8 tonnes de marchandises qu’il transporte place Saint-Sauveur pour être aussitôt distribuées aux sinistrés.

     

    Dans la nuit du 8 au 9 juin, un obus de 380 mm détruit l’immeuble de la place Saint-Sauveur. Le PC est déménagé à la Chambre des Notaires, place Guillouard.

     

    Le Secours National se réorganise avec 6 employés, un camion de 6 t est mis à sa disposition ; mission : prospection des ruines et des magasins abandonnés. Il y a de la concurrence et des accrochages avec les Waffen-SS. Des tissus sont récupérés chez Delaunay, 13 000 paires de chaussures récupérées et distribuées. Un entrepôt est établi à l’Université.

     

    Le siège central de Paris envoya 2 camions à Caen !

     

    Des ateliers de réfection et de confection sont créés dans les salles de l’Université, rue aux Namps, mais ils sont incendiés par le bombardement dans la nuit du 7 au 8 juillet.

     

     

     

     

    Source film British Movietone News. Roulante du Secours National  et un agent de la DP à côté d'un panneau d'informations pour le ravitaillement du 12 au 14 juillet.

     

     

     

    Cet organisme vichyste devient après la libération « l’Entraide Française pour la Libération » et avec des hommes nouveaux continuera son action. Sur ordre de François Coulet , Mrs Lecomte, Gruet et de la Hougue sont démis de leurs fonctions le 22 juillet et remplacés par M. Legrand, avoué à la Cour d'appel de Caen promu nouveau délégué régional, M. Pierre Bouts, assureur, délégué adjoint et M. Bellamy, secrétaire général.

     

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    9- L’évacuation de Caen

     

     

     

     

    La fuite après les bombardements dans ce film à partir de 01:41 et au début de celui-ci

     

    Le préfet Michel Cacaud nomme M. Marie assisté de M. Chavatte pour organiser le repli des sinistrés sur les routes de l’Orne et leur hébergement dans les départements du sud.

     

     

    La gare du Tramway Place de l'Ancienne Boucherie

     

     

    Exodes des Caennais Photos présentées page 40 et 41 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.

     

    Première information :

     

    Le 8 juin des affiches sont apposées dans les Centres d’Accueil :

     

    « Habitants de Caen,

     

    En présence des meurtriers bombardements qui endeuillent Caen, quartier par quartier, et qui sont susceptibles de se renouveler, nous conseillons aux habitants de Caen, qui ne sont pas retenus par aucune charge officielle ou administrative, de se disperser.

     

    Nous nous inclinons avec émotion devant les deuils et les souffrances de la population ;

     

    Le préfet : Michel Cacaud ; le maire : André Detolle »

     

     

    « Archives départementales du Calvados ». Devant le 92 de la rue Caponière, des soldats allemands regardent des civiles fuyant la ville

     

     

    Photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre

     

     

    Seconde information

     

    Le 10 juin dans un message destiné aux alliés et signé de M. Detolle, maire de Caen . Pour ne pas bombarder la route d’évacuation des Caennais vers Trun, Bourguébus, Saint-Sylvain et Vendeuvre.

     

     

    Ensuite les évacués sont dispersés selon trois itinéraires possibles:

     

    -Exmes, Le Merlerault, Courtomer, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe.

     

    -Almenèches, Chailloué, Aunou-sur-Orne,

     

    -Fresnay-le-Samson, Le Sap, Monnai, Villers-en-Ouche, La Ferté-Frênel.

     

     

    Les circuits de dispersion des réfugiés à partir de Trun.

     

    Ensuite c'est la Mayenne (Château-Gontier, Sainte-Suzanne, Courberie, Gorron,...), la Sarthe et la Vienne !

     

    Troisième information, sur relance allemande, l’ordre d’évacuation du 13 juin :

     

    « Le Préfet et le maire de Caen avertissent que, par ordre des autorités allemandes, la population de Caen doit quitter la ville, à partir de 5 heures du matin, le mercredi 14 juin, pour gagner Trun dans l’Orne »

     

     

    Il est formel pour les carrières de Fleury, un grand départ a lieu le 14 juin, environ 12 000 personnes par la petite route sinueuse qui va vers Bras au delà de la route de Falaise.

     

    Dans plusieurs quartiers de Caen les allemands contraignent, revolver et mitraillette au poing, la population à s’en aller.

     

    Quatrième information c’est l’ordre d’évacuation du 29 juin, ainsi rédigé :

     

    « Le général commandant la place de Caen nous a transmis un avis d’évacuation totale de la ville de Caen, pour éviter à la population les graves dangers que comportent les opérations militaires.

     

    Les habitants de La Maladrerie et des quartiers situés au nord des rues de Bayeux, de Saint-Martin, des Fossés Saint-Julien, de Geôle… sont invités à quitter Caen aujourd’hui même. Au cours de la journée de demain, tous les habitants de la ville devront évacuer.

     

    Les habitants devront se diriger sur les carrières de Fleury pour de là gagner la zone d’évacuation prévue, par Bourguébus, Saint-Sylvain, Barou-en-Auge et Trun. »

     

     

    « Archives départementales du Calvados » Des Caennais fuient les ruines.

     

     

    D’autre part, les consignes suivantes sont données aux chefs des Centres d’Accueil le 1 juillet :

     

    « Doivent quitter le Centre d’Accueil :

     

    les fonctionnaires ainsi que leurs familles qui ne sont pas déclarés strictement indispensables par leur Chef de service.

    Les personnes sinistrées qui ne sont pas retenues à Caen par une mission de service.

    Les personnes qui ont leur domicile principal ou une résidence secondaire en dehors de la ville.

    Les personnes étrangères à la ville de Caen.

     

    Toutes les personnes ci-dessus désignées doivent évacuer conformément aux avis déjà donnés.

     

    La situation des stocks alimentaires ne permet plus aux centres d’Accueil de les héberger et elles ne doivent plus compter sur l’aide du Ravitaillement Général.

     

    Il est précisé que l’itinéraire d’évacuation

    par Bourguébus, Saint-Sylvain, Vendeuvre, Jort, Barou-en-Auge et Trun, assure aux évacués dans les circonstances actuelles le maximum de sécurité.

     

    Sur cet itinéraire des centres d’accueil ont été organisés et permettent aux évacués de trouver sur place le ravitaillement qui leur est nécessaire. Un service de transport est organisé entre Caen et Saint-Sylvain.

     

    Pour tous renseignements concernant l’évacuation et l’acheminement vers le lieu de refuge, s’adresser au Service des réfugiés (couloir des classes au Lycée Malherbe)

     

    Signatures : M. Cacaud, Préfet du Calvados M. Detolle, Maire de Caen «

     

     

    Note sur Saint-Sylvain, L’exode des Bas-Normands au cours de l’été 1944 de Valérie Laisney-Launey, Doctorante Université de Caen au colloque international, 25-27 mars 2004 Les populations civiles face au débarquement et à la bataille de Normandie :

     

    « Saint-Sylvain où les premiers caennais affluent dès le 8 juin, met rapidement en place les structures de l’accueil. Le ravitaillement est assuré par trois personnes dans l’ancienne colonie de vacances transformée en cuisine centrale. Le poste de secours est assuré à l’école des filles par une infirmière de la Croix-Rouge Française assistée de deux jeunes filles du village. Pour l’hébergement, la salle paroissiale est aménagée sommairement ; des locaux sont réquisitionnés chez les particuliers. L’organisation fonctionne efficacement grâce à la solidarité : les cultivateurs fournissent les bêtes à tour de rôle, des équipes se forment spontanément pour éplucher les légumes ; un bureau distribue les secours en espèces. Mais la ligne de front avance ; le 18 juillet, Saint-Sylvain est bombardée (12 morts dont 6 réfugiés). Le lendemain, l’ordre d’évacuer est donné, l’accueil des réfugiés prend fin alors que la population connaît à son tour l’exode. »

     

    Le docteur Lecharpentier met en place un poste de transfert avec M. Pelluet, pharmacien à Bretteville-sur-Laize, les blessés sont évacués à Giel par le docteur Galmot. 45 000 réfugiés caennais transitent par Saint-Sylvain.

     

    Fin juin, 5 ou 6 camions du Groupe de Transport organisé par les Ponts et Chaussées sont affectés au transport des évacués. Ils les conduisent jusqu’à Saint-Sylvain sur la route de l’exode. Au-delà, si leur état de santé ne leur permet pas de poursuivre à pied, les évacués sont transportés par des relais hippomobiles organisés par les paysans. En outre, un camion part chaque après-midi du Lycée Malherbe et suit la route de l’exil jusqu’à Trun. Il a pour mission de relever les traînards. Il revient à Caen dans la matinée du lendemain.

     

    Une prime de 750 F est distribuée au Lycée par le service départemental des réfugiés qui délivre également des autorisations de départ.

     

    Dans ce livre un avis d'évacuation des Archives Municipales de Caen , reproduit ci-dessous:

     

     

     

     

     

    PREFECTURE DU CALVADOS 

     

     

    - : -

     

    : -; -: -:-:-:-

     

     

    .

     

    Cabinet du Préfet

     

    -:-

     

     AVIS

     

     

     

     

    Nous avons donné le pressant conseil à tous ceux qui ne sont retenus par auoune charge administrative ou officielle de se disperser.

     

     

    Ce Conseil dicté par les épreuves douloureuses subies par la Ville de Caen et qui peuvent se renouveler à tout moment puisque nous sommes dans la zone des oombats, n'a pas été suffisamment écouté.

     

     

    L'autorité d'occupation peut, d'un!moment à l'autre, intimer l'ordre d'évacuer dans un délai ts court, et les opérations militaires peuvent rendre cette' évacuation plus pénible encore qu'aujourd'hui.

     

     

    Par ailleurs, les stocks de denrées et notamment de farine ne permettent pas de faire vivre des milliers de personnes dans les murs de Caen.

      

     

    Nous n'avons pas le droit d'ajouter à vos souffrances, le martyre de la< faim.

      

     

    Nous avons le devoir

     

    de parler sans ambiguité et de vous dire, n'ignorant pas que l'éloignement de votre cité vous est trés pénible :

     

     

    Il faut partir

            

     

    Les Chefs des différents Oentres d'accueil reçoivent ainsi l'ordre de diriger immédiatement les sinistrés et réfugiés sur TRUN~, par BOURGUEBUS et MORTEAUX COULIBOEUF, étant entendu <que partiront les derniers : les servioes d'administration, de police, de sécurité et de santé ; ceux de la  D.P. (notamment les auxiliaires requis pour le déblaiement) ; les organismes de transport et les spécialistes indispensnbles au ravitaillement de la population.

      

     

    Sur cet itinéraire, des centres d'accueil ont été organisés et ont déjà fonctionné.

     

    D'autre pert, la cessation de la èdistribution des vivres$dans chaque ­secteur de ravitaillement étant prévue dans un délai trés court, l'évacuation des différents quartiers de Caen doit commencer immédiatement, et se poursuivre sans interruption. Messieurs les Chefs de secteurs reçoivent l'ordre de faire pour leurs ressortissants ce que les Chefs des Centres d'accueil doivent exécutar pour les leurs.

      

     

     

     

     

    LE

     

    PREFET: LE MAIRE:

    Michel  C A C A U D André D E T O L L E

       

     

     

    Photos « Archives départementales du Calvados ». Exode des Caennais

     

    Après le bombardement du 7 juillet, la Feldkommandantur, alors repliée aux environs de Vimoutiers dans l’Orne envoie un nouvel ordre d’évacuation totale, il sera remis au préfet le 9 à midi, par le gendarme Lemperière, alors que les Anglo-Canadiens entrent dans Caen !

     

    On estime qu’à cette date il reste environ 18 000 personnes à Caen sur une population de 60 000 au début de la guerre.

     

    Du 11 au 18 juillet, l'évacuation d'environ 8 000 à 10 000 Caennais est organisée par les Civil Affairs après l'autorisation de la Field Security vers: Bayeux, Amblie, Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Croix-Grand-Tonne et dans la Manche des camps à Fontenay-sur-Mer et Cavigny.

     

    Au 19 juillet, un rapport de la préfecture indique que 4 300 personnes restent à Caen.

     

     

     

    « Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.

     

    Film départ de réfugiés le 15 juillet (à partir de 02:00) voir également le début de ce film.

     

     

    Source film British Movietone News. Des camions de réfugiés devant le 74 rue de Bayeux. De nos jours. Noter à droite le camion au gazogène.

     

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    10- Les cimetières provisoires 

     

    Dans les carrières de Fleury-sur-Orne les premiers morts de l’hôpital des Coteaux sont enterrés au cimetière communal ; les autres, en raison des bombardements, dans le fond d’une galerie. Il y eût 47 décès. Les corps sont relevés après les combats pour être inhumés dans le cimetière municipal.

     

    A Caen :

     

     

    Rue des Carmes, des cercueils attendent leur triste fardeau.

     

     

    Un cimetière provisoire dans le parc entre l’hospice Saint-Louis et l’hôpital civil, une cinquantaine de tombes

     

    Un dans les jardins du Lycée Malherbe

     

     

     

    Source film British Movietone News. Des tombes dans les jardins du Lycée Malherbe.

     

     

     

    Un dans la Prairie derrière les tribunes du Champ de Course.

     

     

    Cimetière provisoire de la Prairie (Photo Archives Départementales du Calvados)

     

     

    Un dans les jardins du Bon Sauveur (une fosse commune dans la cour du pavillon Notre Dame des Anges avec 245 morts)

     

     

    A gauche: photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre. A droite: "Photo Jean Quellien" source: page 80 de ce livre.

     

     

    Le convoi est sur la place Guillouard derrière la statue la façade du Lycée Malherbe et l’église Saint Etienne

     

     

    Un au Sépulcre, pour les quartiers Saint-Gilles et le Vaugueux. Témoignage de ma mère, après le bombardement du vendredi soir 7 juillet, « les tombes des tués du 6 juin qui étaient au pied du Sépulcre avaient été retournées si bien que des cinq corps des P… nous n’avons retrouvé que quelques habits qui ont permis de savoir que c’était eux »

     

    Au Centre d’Accueil des Petites Sœurs des Pauvres les victimes des bombardements sont inhumés deux par deux au cimetière de Vaucelles juste en face.

     

     

    Tombes provisoires de victimes dans la cour arrière de la Banque de France (Photos Archives Départementales du Calvados). Il s’agit de Mme Bavay, femme du directeur de la Banque de France et de M Haillard, caissier et son épouse. Ces personnes étaient mortes ensevelies par le bombardement du 7 juin vers 03H30.

     

    Ci-dessous extrait de ce site

    Vendredi 23 juin. Les corps de Mme Bavay et de M. et Mme Haillard sont enfin dégagés, mis en bière et déposés dans une fosse dans le jardin. L’équipe de déblaiement a remué tout l’abri mais n’a trouvé aucune trace du corps de la domestique de M. Haillard, seuls son sac et des papiers ont été retirés. Dans le jardin, M. et Mme Haillard ont d’abord été inhumés provisoirement, enveloppés de sacs de billets, faute de cercueil. Plus tard, le corps de M. Haillard étant presque entièrement calciné, les quelques ossements trouvés ont été mis dans le même cercueil que le corps de Mme Haillard.

     

    ------------------------------------------------------

     

    Aujourd'hui, encore, la mémoire de cette période tragique continue à être honorée à Caen par le nom de nombreuses rues, de plaques commémoratives et de monuments, dont:

     

     

    Prière sur les ruines d'Anna Quinquaud, rue de la Délivrande (que les Caennais appellent le Calvaire Saint-Pierre)

     

     

    et le carré des victimes civiles au cimetière Saint-Gabriel.

     

    Voir également le site de Philippe Corvé, liste non exhaustive.

     

    Depuis 1994, le « parloir» des moines de l'hôtel de ville porte le nom de salle Joseph Poirier .

     

    Sur la plaque:

     

    « Salle Joseph Poirier, 1900-1990. Maire-adjoint de Caen, directeur de la Défense passive. Dans cette salle, à compter du 6 juin 1944 et durant la bataille de Caen, il exerce ses responsabilités avec un courage et une efficacité remarquables. Le 9 juillet, jour de la libération de la rive gauche, il accueillit les Alliés sur la place du lycée. »

     

     

    Photo Ouest-France, 9 juillet 2009 devant le cimetière Saint Gabriel

     

     

     

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    Bibliographie:

     

    • - Bataille de Caen 6 juin-15 août 1944 Vue au jour le jour de Joseph Poirier, Caron à Caen, 1945.
    • - Caen pendant la bataille d’André Gosset et Paul Lecomte, Ozanne et Cie à Caen 1946
    • - Bataille de Caen 6 juin au 15 août 1944 de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.
    • - Caen après la bataille, la survie dans les ruines d'Edouard Tribouillard, Editions Ouest-France, 1993.
    • - L'Institution des Sourds-g rçons et fillzq- pendant la bataille de Caende Pierre Adeline, One Book, 2011.
    • - Les dés sont sur le tapis, Caen et les environs été 1944 de Jean Lechevrel, SEBN-Caen
    • - Fleury sous l’occupation, témoignages de la vie quotidienne à Fleury-sur-Orne en 1944, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994
    • - Le service de santé à Caen pendant la bataille de Stanislas Hommet
    • - Caen 1940-1944 La Guerre L’Occupation La Libération de Claude Quétel, Ouest-France Mémorial de Caen 1994
    • - Le Journal de Guerquesalles N°6 juin 2004.
    • - Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.
    • - Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
    • - Les réfugiés dans les carrières pendant la bataille de Caen, Laurent Dujardin et Damien Butaeye, Editions Ouest-France, 2009.
    • - Les Caennais dans la bataille de Caen mai - septembre 1944, Cécile Angot, Université de Caen, Année 1995-1996.
    • - Mon été 44, les ruines de l'adolescence de Jean-Marie Girault, Éditions du Mémorial de Caen, 2004.
    • - Le Calvados 1945-1947, Les Archives départementales, Conseil Général du Calvados, 1996.
    • - Pendant le siège de Caen... ceux des Equipes d'Urgence de René Streiff, Imprimerie Caron, Caen, 1945.

     

    Remerciements :

     

    • -A Jean Secardin pour les cartes
    • -A François Robinard pour ses cartes postales, ses recherches et ses conseils
    • -A Claude Demeester pour ses recherches et la relecture
    • -A M. Cantarutti de la mairie de Fleury-sur-Orne pour le plan remis avec la localisation des carrières.
    • -A Jean-Pierre Benamou pour l’utilisation de photos de sa collection.
    • -A Sœur Le Roy pour le don de photos du Bon Sauveur.
    • -A Marc Zuccolini pour les photos des monuments en l’honneur des victimes civiles
    • -Aux Archives Municipales de Caen pour la reproduction de photos.
    • -Aux Archives Départementales du Calvados pour la reproduction de photos
    • -Aux Editions du Petit Chemin pour l’utilisation des photos de « Caen pendant la bataille » (réédition de 2004)
    • -A Benjamin David arrière petit-fils de Mme David pour la légende de la photo des Glens, rue Caponière
    • -A Jean-Claude Lavolé pour les informations et les cartes postales de Truttemer-le-Grand.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Marie-Agnès de Gaulle

      
     
     
     
        
     

    Marie-Agnès Cailliau-de Gaulle, née Marie Agnès Caroline Julie de Gaulle

    le 27 mai 1889 dans le 6e arrondissement de Paris et décédée le 25 mars 1982 à Boulogne-Billancourt, était une résistante française et

    la sœur aînée de Charles de Gaulle.

     

    BIOGRAPHIE

    Le 18 janvier 1910, Marie-Agnès de Gaulle épouse à Paris Alfred Cailliau, un ingénieur belge né à Tournai le 7 août 1877 et mort en 1967. Lors de la Première Guerre mondiale, elle fut responsable de l'évacuation de son frère, alors lieutenant de Gaulle, blessé à Dinant le 15 août 1914, en montant à l'assaut des tranchées adverses.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, elle répond à l'appel du 18 juin 1940, lancé par son frère en s'engageant rapidement dans la Résistance française. Marie-Agnès de Gaulle fut arrêtée avec son époux en 1943 et emprisonnée quatorze mois à la prison de Fresnes, puis déportée à Bad Godesberg, une annexe du camp de concentration de Buchenwald où est déporté son mari. Quatre membres de la famille de Gaulle sont alors aux mains des Allemands[1] et Heinrich Himmler, voyant se profiler la défaite, proposera même un échange à de Gaulle, ignoré par ce dernier[2]. Vers la fin des hostilités, en avril 1945, elle sera transférée dans le Tyrol au château d'Itter aux conditions de détentions sans commune mesure avec les camps et où sont détenus depuis 1943 plusieurs hautes personnalités françaises : Paul Reynaud, Édouard Daladier, les généraux Weygand et Gamelin, Jean Borotra ou le colonel de La Rocque[3]. Ils sont libérés par les troupes américains le 5 janvier 1945.

    Marie-Agnès de Gaulle a perdu un fils tombé au champ d'honneur en mai 1940, deux autres s'engageront dans les Forces françaises libres et le quatrième Michel Cailliau, qui fut prisonnier de guerre et évadé en 1942, créera un réseau de résistance.

    Elle écrira un livre de souvenir personnel sur sa famille en 1970.

     

      

    Bibliographie

    Références

    1. Geneviève de Gaulle-Anthonioz : l'autre De Gaulle de Frédérique Neau-Dufour, 2004, page 69.
    2. Geneviève de Gaulle-Anthonioz : l'autre De Gaulle, p. 106.
    3. De Gaulle, mon frère, [archive]Le Figaro du 17 octobre 2006

     

     

     

     

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    RESISTANCE

     

     

     

    L'ARMEE DES VOLONTAIRES

     

     

    A l'automne 1940, vraisemblablement en liaison avec l'Intelligence Service, un groupe de Résistance se forme à Caen sous l'impulsion de l'artisan couvreur René Vauclin, de sa femme Olvie, et du masseur-kinésithérapeute Jean Duthil qui en sera le véritable animateur.

     

    Le recrutement se fait par le biais de plusieurs réseaux de sociabilité. Madame Vauclin fait appel à des hommes, comme Robert Thomas , qui lui avaient déjà apporté leur concours lorsqu'elle s'était occupée d'aider des soldats britanniques ou des prisonniers de guerre français à échapper aux Allemands au cours de l'été 1940. Son époux enrôle des collègues, qu'il connaît particulièrement bien pour les côtoyer sur des chantiers de construction, tels le plombier Fernand Amène ou l'artisan peintre

      

    René Duchez . Ce dernier contacte d'anciens officiers ou sous-officiers du 3è régiment du train, l'unité à laquelle il avait appartenu pendant la campagne de 1940, notamment Léon Dumis , le charcutier André Masseron de

      

    Bretteville-sur-Laize, ou encore le capitaine de réserve Léonard Gille . Avocat membre influent du Parti radical dans le Calvados, celui-ci sait attirer certains de ses

      

      

      

      

    amis politiques, tels que Marcel Girard , William Faure et d'autres, dont quelques uns sont des francs-maçons également poussés à agir en raison de la politique répressive de Vichy à leur encontre.

     

     

     

    A la fin de l'année 1940, le groupe se rattache, par l'intermédiaire de

    Jean Château , contrôleur des contributions à Caen, à l'Armée des Volontaires, un mouvement fondé à Paris au cours de l'été par le commandant René Lhopital, ingénieur civil des Mines et ancien aide de camp du maréchal Foch.


     

     

    S'implantant progressivement dans le Calvados, l'Armée des Volontaires se livre à des activités de propagande et distribue le journal Pantagruel, imprimé à Paris par l'éditeur de musique Raymond Deiss. Quelques uns de ses membres appartiendront au groupe de John Hopper , un agent britannique. Cependant, l'activité principale de l'organisation est la collecte de renseignements concernant les troupes allemandes ou les usines travaillant pour le

     

     

    Reich. Mais il semble que les liaisons avec Paris, assurées d'abord par André Donnay puis, après l'arrestation de celui-ci, par le docteur Channel, de Nevers, aient quelque peu laissé à désirer; ce qui en définitive ne pouvait que nuire à l'efficacité du travail fourni.

     

     

    Par ailleurs, des dissensions politiques paraissent s'être fait jour assez tôt. Léonard Gille et ses amis radicaux, anticipant très largement sur les événements, font la part belle aux discussions sur le devenir de la France libérée; ce qui a pour effet d'indisposer ceux qui pensent qu'il faut, avant tout, lutter contre l'occupant comme le sculpteur Robert Douin .

     

     

     

     

     

     

    Fin 1941, le départ précipité du Calvados de Duthil, recherché par la police allemande, ajoute encore aux difficultés que connaît localement l'Armée des Volontaires, sans parler des contacts de plus en plus difficiles avec Paris à la suite de la cascade d'arrestations qui décapite en grande partie le mouvement au début de l'année 1942.

     

     

     

    Il faudra attendre le printemps suivant pour que le groupe trouve un second souffle. Marcel Girard parvenant alors à l'intégrer à une formation plus dynamique, l'Organisation Civile et Militaire.

     

     
     

    Sources:

     

     

    Archives de Jean Quellien 

     

      

     

     

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    CHRONOLOGIE DE L'OCCUPATION A CAEN DE:

    1940-1941-1942-1943- 1944

     

     

     

    ANNÉE 1940

     

    Le maire de Caen est André Detolle , le premiier adjoint est M. Asseline, le secrétaire général de la mairie est M. Maurice-Charles Renard et son adjoint M. Pierre Marie.

     

    Régiments formés à Caen de l'été 39 à l'été 40: 36°RI , 129°RI, 22°RA, 43°RA et 222°RA.

     

    A partir du 12 septembre 1939, les deux quotidiens locaux du soir: "Le Journal de Caen" et "Le moniteur du Calvados" forment une édition commune de guerre qui paraitra jusqu'au 4 juin 1944 sous le titre de : "La Presse Caennaise".

     

     

    "Photos Archives municipales de Caen". Constructions de tranchées-abris place Saint-Gilles et cours Sadi-Carnot.

     

     

    Photo allemande, sous réserve cours Sadi-Carnot les protections des tranchées.

     

    Pendant toute la drôle de guerre, les élèves des Ecoles normales de filles et de garçons de Caen sont contraints de se replier sur la te, à Arromanches, pour y suivre leurs cours. Ces derniers leur sont dispens dans deux hôtels de la station balnéaire, réquisitionnés pour l'occasion.

     

    Avril: Le Journal de Normandie, fondé à Rouen en 1785, installe à Caen une édition locale quotidienne qui sera diffusée jusqu'au débarquement, journal bien entendu favorable à la politique de collaboration.

     

    16 mai : Le conseil municipal de Caen s'inquiète de l'afflux de réfugiés

     

    Au début du mois de juin Caen accueillait dans ses trois hôpitaux plus de 300 blessés, ils étaient 1 300 à la fin de mois.

     

    27 mai : Caen devient zone des armées

     

    fin mai: Prières publiques à l'église Saint-Etienne.

     

    1 juin : L'ordre de ne pas évacuer la ville est donné.

     

    1 juin: Henry Graux prend ses fonctions de préfet du Calvados à Caen.

     

    2 juin: A Saint Etienne, une cérémonie pour la France en présence de Mgr Picaud évêque de Bayeux et Lisieux et de toutes les autorités.

     

    10 juin: Un énorme nuage de fumées noires obscurcit le ciel durant plusieurs heures au milieu de l'après-midi ensoleillé, c'est l'incendie volontaire des installations pétrolières du Havre, rive droite de la Seine.

     

    11 juin: 5 000 réfugiés arrivent par bateaux et sont en partie hébergés dans les cinémas.

     

     

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 18 de ce livre, l'exode Bd Bertrand le 16 juin au soir

     

     

     Source: annexe de ce livre; André Detolle Henry Graux 

     

    17 juin: pillage de la gare de marchandise (la petite vitesse)

     

    18 juin : A 06H00 les Allemands venant de Falaise entrent dans une ville déserte. Une brève fusillade éclate rue des Coutures: un officier français et un soldat allemand sont blessés. Les soldats en uniformes rencontrés en ville sont désarmés et conduits à la caserne Hamelin, seul bâtiment gardé militairement par les Allemands.

     

    Anecdote celui qui reçoit officiellement le premier officier allemand est Joseph Poirier adjoint au maire celui qui recevra le 9 juillet 1944 le premier officier allié à se présenter à la Mairie le major britannique Helmuth.

     

    Les salles de cinéma sont fermées.

     

    Trente pillards (sur le port et à la gare SNCF) sont arrêtés et jugés le 20 juin par le tribunal correctionnel.

     

    19 juin: Quatre jeunes filles de Caen - Mlles Alice Taburel, 21 ans et Thérèse Beaufils, 20 ans, du Vaugueux, Yvonne Angot, 22 ans, et Madeleine Orel, 20 ans, de la rue Saint Pierre, - sont surprises à écrire à la craie, sur les murs, des injures antiallemandes. Elles seront "sévèrement admonestées". C'est sans doute le premier geste spontané de résistance à Caen.

     

    20 juin : Installation de la 216e division allemande dans les magasins de manutention militaire (Rue de Valleuil à Mondeville l’Établissement central de matériels de mobilisation (ECMM) fermé en 2009).

     

    Les centraux téléphoniques sont investis par la Feldnachrichten-Kommandantur 25. La F. NaKdtr. 25 a été créée le 18.04.1940 à Hanovre. Le commandant était du 18/04/1940 au 01/08/1941, l’Hauptmann Heydeck, qui a été remplacé par le Major Blum. La compétence de la NaKdtr F. 25 s’étendait de Caen, aux îles Anglo-normandes. Dépend du Commandant militaire allemand en France occupée (le Militärbefehlshaber in Frankreich, MBF). A la rubrique Mai 1942, le Nachrichtenführer, un Major de la Luftwaffe, il pourrait s'agir du Major Blum.

     

    Le Flughafen-Bereichs-Kommando 8/VII,Luftwaffe installe son E-M au 168 rue Caponière dans l'Ecole Normale d'Instituteurs.

     

    Les 150 agents de la Défense passive (DP) sont versés dans la police auxiliaire de la ville sous les ordres d'un adjoint au maire Julien Lenoir .

     

    22 juin : Une mutinerie éclate à la Maison Centrale de Beaulieu vers midi. L'administration pénitentiaire doit faire appel aux pompiers avec leurs lances à eau (aux Allemands selon une autre source) pour rétablir l'ordre.

     

     

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 18 de ce livre, défilé des troupes d'occupation juin 1940.

     

     

    Source: photo présentée page 7 de ce livre, les Allemands rue des Jacobins devant le porche de la Sainte Famille, institution tenue par des religieuses, pour jeunes filles seules et nécessitantes, repas du midi et du soir avec un dortoir.

     

    23 juin : Installation de l'Orstkommandantur 630 au 9 rue Georges Lebret (1er étage) avec l'Hauptmann Schweikart.

     

     

    Tampon Orstkommandantur von Caen

     

    La Kreisskommandantur 884 au 9 rue Jean Eudes dans les locaux de l'hôtel de Ville avec l'Hauptmann Jamin.

     

    Le préfet du Calvados est convoqué au château de Balleroy par le Generalleutnant Hermann Böttcher commandant des troupes d'occupation pour l'arrondissement de Caen.

     

    juin : La Feldkommandantur 723 (FK 723) s'installe à l'hôtel Malherbe, place Foch .

     

     

    A droite l'hôtel Malherbe réquisitionné, siège de la Feldkommandantur 723.

     

     

    Officiers allemands sur le toit de l'hôtel Malherbe siège de la FK 723; localisation.

     

    24 juin : L'heure allemande remplace l'heure française, communiqué dans la Presse quotidienne caennaise: "Avance de l'heure; Afin d'unifier l'heure, la Kommandantur a prescrit d'adopter cette nuit à Caen l'heure de l'Europe centrale; à minuit, il faudra donc avancer d'une heure les montres et les horloges." (source)

     

    juin: Actes de pillage allemands: des chaises et des tables au Lycée Malherbe. L'Institution Saint-Joseph, rue des Rosiers, est réquisitionnée (elle le sera jusqu'en juillet 44). Un hôpital militaire (Kriegslazarett) est installé dans le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur, jusqu'en avril 44.voir le point 2-7.

     

    Réquisition (pour quelle unité ?) de l’Ecole Primaire Supérieure de Jeunes Filles. Il y avait deux accès, l’un par le 152 rue Saint Jean, et l’autre par le 10 rue Saint Louis.

     

     

    Deux sentinelles devant l’Ecole Primaire Supérieure de Jeunes Filles, 10 rue Saint Louis. Repérage.

     

    Pillage, par ses employés, d'un commerce du boulevard des Alliés - il a fallu une camionnette pour charger le butin, - et du magasin de vêtements du Centre d'Accueil des Réfugiés, à la gare Saint Martin : 3 arrestations dans chaque cas, Et 6 condamnations de 3 à 8 mois de prison ferme pour tentative de vol d'effets militaires dans des wagons en gare de Caen. Arrestations de 14 mineurs de 11 à 16 ans et d'un majeur de 24 ans pour le même motif.

     

    Les commerces abandonnés sont réquisitionnés et gardés par les volontaires de la Défense Passive. Ils seront ouverts quand les stocks du concurrent le plus proche seront épuisés, et leurs marchandises seront vendues à prix coûtant

     

     

     

     

    "Photo collection François Robinard avec son aimable autorisation »

     

    Boulevard Bertrand (entre les 2 marchés est-il indiqué au dos) le 12 juillet 1940. Photo prise par un pigiste du Journal "l'Eveil Normand" (qui cessera sa parution quelques jours plus tard, refusant la collaboration)

     

    juin: réquisition du Grand Hôtel de la place de la République (pour quelle unité ?)

     

     

    Deux sentilles allemandes devant l'entrée du Grand Hôtel, place de la République, repérage. De nos jours.

     

    10 juillet: Création de quatre fourneaux économiques: un au restaurant Richard, 3 rue Buquet; un second à l'Oasis, 3 rue des Jacobins; le troisième au dispensaire de la Miséricorde 20 rue Nationale et enfin le dernier, 48 rue Neuve Saint-Jean.

     

    6 000 prisonniers de guerre français dans les casernes Hamelin et Decaen.

     

    12 juillet : Les relations ferroviaires directes sont reprises entre Caen et Cherbourg (un aller et retour par jour).

     

     

    La presse communique les horaires d'ouverture de la FK-723

     

    14 juillet: Ouest-Eclair publie un bon de 100 francs, il s'agit d'une monnaie départementale pour le Calvados.

     

     

    17 juillet : La National-Sozialistische-Volkshilfe (N. S. V.) ouvre une cuisine populaire gratuite 16, rue de Bernières, pour les réfugiés de passage qui ne doivent pas avoir recours à l'hébergement complet qui aura lieu comme par le passé au quartier Lorge.

     

    19 juillet : Réouverture des salles de cinéma (sauf pour le Trianon qui attendra jusqu'au 15 septembre, le Majestic est réservé à l'occupant.

     

     

     

    Des soldats allemands devant le Majestic, Bd des Alliés, localisation, à gauche l'hôtel de Than.

     

    21 juillet: Le Journal de Normandie publie la liste des camps de prisonniers français à Caen: les casernes Decaen et Hamelin (en entrant dans Caen le 18 juin, les Allemands ont fait prisonniers tous les jeunes qui étaient en instance d'incorporation caserne Hamelin; une partie, les plus avisés, l'avaient quitté)

     

     

    Source: Collection Télitchko, couverture et pages de garde de ce livre, officiers place Saint-Pierre et devant la pharmacie du Progrès à l'angle de la Place Saint-Pierre et de la rue Saint-Jean.

     

    Il y a deux camps de regroupement des prisonniers de guerre français à Caen : le quartier Claude- Decaen et les locaux de la Foire-Exposition, place d'Armes. Des jeunes gens se proposent comme commissionnaires pour acheter en ville des denrées réclamées par les P.G., mais ils empochent les billets et disparaissent. Certains reviennent dans l'espoir de trouver une nouvelle dupe: ils sont reconnus et arrêtés.

     

    Pas de bus urbains: ils ont été réquisitionnés pour transporter du ravitaillement à Paris.

     

    1 août : ouverture de deux nouveaux fourneaux desservant les quartiers de Vaucelles et de la Demi-Lune. Le premier est installé rue du Général-Decaen, près de l'école (son ouverture sera annulée quelques jours plus tard); l'autre au 191, rue d'Auge. Une septième installation fonctionnera à partir du 4 août, au 45, rue des Carmes.

     

    2 août: Le maire informe le public, que, par ordre de la Kommandantur, il est interdit de distribuer des tracts jetés par l'ennemi. Les tracts qui pourraient être ainsi trouvés doivent être remis immédiatement a l’Ortskommandantur, rue Georges-Lebret, N°9, (1er étage). Toute contravention à cet ordre sera sanctionnée et les intéressés seront passibles d'une peine de prison et d'une amende pouvant aller jusqu’à 30.000 marks.

     

    4 août: Communiqué d'Ouest-Eclair: La Ortskommandantur de Caen nous prie de rappeler à nos concitoyens que les lettres qui lui sont adressées DOIVENT être libellées en LANGUE ALLEMANDE. Toutes les communications qui lui seraient faites en français seront considérées comme non ave-nues et il n'en sera tenu aucun compte.

     

    4 août: Communiqué d'Ouest-Eclair: Défense passive, la Ortskommandantur communique : Ces derniers temps, les dispositions de camouflages n'ont pas été appliquées assez attentivement. Par ordre de la Ortskommandantur, toutes les mesures pour assurer la sécurité de tous les édifices militaires et civils seront rigoureusement observées. Toute contravention sera sévèrement punie. Chaque propriétaire, locataire ou gérant répond de la stricte observation de ces ordres dans sa mai-bon. Chaque nuit, on peut compter avec des alertes et des bombarde­ments. Préparez des seaux avec de l'eau et du sable. Gardez le sang-froid (sic !). Que tout le monde soit à sa place !

     

    4 août: La Société « Les Courriers Normands » informe qu'après accord intervenu entre les autorités civiles du département et la Feldkommandantur, les services publics automobiles de voyageurs et de messageries vont reprendre progressivement.

     

    5 août: M. Pujes, secrétaire général de la préfecture du Calvados, récemment démobilisé reprend sa fonction assurée par M. Paul Talandier .

     

    6 août: La Feldkommandantur fait connaitre qu'elle n’exige plus la peinture du signe d'autorisation (V rouge sur fond blanc) sur les ailes des véhicules admis à circuler dans le département. En conséquence, le signe en papier délivré en même temps que l'autorisation et qui doit être collé à l'intérieur, sur le pare-brise et la glace arrière, est suffisant jusqu'à nouvel ordre.

     

    6 août : La Gestapo perquisitionne la Loge Maçonnique Thémis dans un hôtel du XVIème siècle rue Neuve Saint Jean ainsi que les domiciles des trois principaux dignitaires de la loge.

     

     

    août: Epidémie de typhoïde, 30 morts.

     

    La Kommandantur ordonne le départ de tous les réfugiés non domiciliés à Caen, sauf les malades et ceux qui ont trouvé une embauche, avant le lundi 12 à midi.

     

    10 août: Outré par les sifflets qui ont accueilli, dans un cinéma, une parade des troupes du Reich présentée aux actualités, le lieutenant-colonel Elster, chef de la Kommandantur 723, ordonne une couvre-feu de 20h à 5h du matin et interdit la programmation de films.

     

     

    Ouest-Eclair du 10 août 1940

     

    12 août: Par ordre de la Feldkommandantur, les personnes réfugiées à Caen, allocataires ou non, et qui n'ont pas dans cette ville leur résidence habituelle, devront avoir quitté Caen avant aujourd'hui 12 août, à 12 heures.

     

    13 août: Importante réunion à la Feldkommandantur 723 organisée par le docteur Kriele chargé des questions économiques.

     

    16 août: Le conseil municipal de Caen vote la création d'une boucherie municipale pour réguler les prix de la viande (ce sera un échec fermeture un mois après), et un programme de travaux pour lutter contre le chômage et donner du travail à 400 ouvriers : creusement de tranchées place Gambetta, réfection de chaussées et trottoirs et... désherbage de la Prairie.

     

     

     

     

    Des Allemands dans le château. A gauche le clocher de Saint Pierre. A droite photo Bundesarchiv. Deux soldats allemands sur le rempart ouest surplombant la rue de Geôle, les deux clochers dans le lointain sont ceux de Saint Etienne et celui à droite est celui des Bénédictines rue Elie de Beaumont. Voir 4 ans plus tard en juillet 1944. Des graffitis photographiés en 2011.

     

     

    Source. Le portail sud de la salle de l'Echiquier du château, inscription allemande au-dessus du tympan. On peut déchiffrer : Beim Pferd wie bei den Frau muß man auf Rasse schaun. Que l’on peut traduire par : Chez les chevaux comme chez les femmes, on doit regarder la race. C’est une expression assez connue en Allemagne à l’humour de garnison, ce qui est le cas ! Il faut un peu d'explication: 1. La "race" dans ce sens n'a rien à voir avec des théories sur les races ou le racisme. On dit d'une femme qu'elle est "rassig" ou qu'elle a de la race ("sie hat Rasse") quand elle a du chic, est belle et a de classe. 2. "schaun", proprement écrit "schau'n" est une abréviation de "schauen" = regarder, voir. 3. Pour que ça rime, il faut dire "Beim Pferd wie bei den Frau'n muß man auf Rasse schaun'n" ou "Beim Pferd wie bei den Frauen muß man auf Rasse schauen" ou "Bei Pferden wie bei Frauen muß man auf Rasse schauen", parce que "schau'n" ne rime qu'avec le pluriel de "Frau" (merci à Ernst von Heydebrand). Avant. De nos jours.

     

     

    Ouest-Eclair du 21 août 1940.

     

    24 août: Le conseil municipal vote 30.42 millions de francs (plus de 10 millions d'euros) de travaux supplémentaires de construction et d'aménagement pour lutter contre le chômage.

     

     

     

    Ouest-Eclair des 8 et 9 septemnre 1940.

     

    10 septembre: le 36e RI , cantonné dans la caserne Lefebvre dans l'enceinte du château, quitte Caen.

     

    11 septembre: Démonétisation et annulation définitive des bons de la Chambre de Commerce de Caen. Les bons qui, par ordre de la Feldkommandantur, ont cessé d'avoir cours forcé et ne peuvent plus être acceptés comme monnaie d'échange depuis le 11 septembre, seront définitivement « démonétisés » et annulés le 1er octobre (arrêté de M. le Préfet du Calvados du 7 septembre 1940).

     

    21 septembre: Rétablissement de la ligne SNCF Caen-Paris par Lisieux interrompue depuis le 17 juin.

     

    La Compagnie des Tramways Electriques de Caen annonce une modeste reprise des lignes de bus urbains: elle n'a plus que 4 véhicules et manque de carburant.

     

    Les accidents avec des véhicules militaires sont de plus en plus fréquents et souvent graves. Soumise à la censure, la presse ne mentionne pas la nationalité des véhicules, mais personne ne peut s'y tromper : les seuls véhicules militaires qui circulent sont allemands.

     

    Un rapport vétérinaire signale un cas de rage canine: la divagation des chiens et chats est interdite.

     

     

    Des Allemands dont un officier et des civils devant des étals en plein air.

     

    Rappel de la Kommandantur: les lampes de poche et les phares de vélos doivent être de couleur bleue ou orange, le rouge et le vert étant réservés à la Police. En conséquence, les feux rouges arrières doivent être camouflés en orange.

     

    Dès le début octobre: Le premier Foyer Municipal de la Jeunesse est créé par des membres de la JOC dans les locaux du patronage Saint Pierre, 4 bis rue des Cordes.

     

     

    Source. Place du 36e, entre la garage Renault et le garage Peugeot sur la droite de la rue du 11 novembre (derrière les pancartes) , dans le fond le Monument aux morts de 1914-1918.

     

    Pancarte supérieure: Verpfl Amt = Verpflegung Amt = Bureau de l’Intendance

     

    En dessous: Heeres Kraftfahr Park 50? Aussenstelle = Antenne (succursale) d'une unité technique de réparation de véhicules de l'Armée de Terre allemande (Heer) peut être 503 ?

     

    A gauche, en haut: FMV = Funk Militärverwaltung = Transmissions de l'administration militaire (certainement le grand bunker de télécommunications Wn 111 type R618 sur la place Gambetta entre la Préfecture et la Poste)

     

    En dessous: Kriegs Lazarett = Hôpital militaire, l'hôpital civil avenue Georges Clemenceau réquisitionné par les Allemands

     

    En bas: MVSt = Militärverwaltungstab = Etat-major de l'administration militaire

     

     

    Source photo de gauche - Photo de droite coll. franavia. Le Monument aux morts de la guerre de 1870 (Aux enfants du Calvados) à l'entrée du Quai de Juillet (place du 36e RI). La statue de bronze a été fondue durant l'Occupation (après ce cliché) et le reste entièrement détruit dans les bombardements de 1944.

     

     

    Ouest-Eclair du 7 octobre 1940.

     

    14 et 22 octobre: La Gestapo perquisitionne le domicile et interroge le vénérable de la loge Thémis.

     

    15 octobre: M. Lagier, commissaire central partant en retraite est remplacé par M. Charroy, commissaire du 3e arrondissement, le secrétaire principal est M. Lemonnier.

     

    15 octobre: communique dans Ouest-Eclair: IMMATRICULATION DES ISRAELITES

     

    Il est rappelé que toutes les personnes de religion ou de race juive sont tenues de se présenter, avant le 20 octobre, à la préfecture (2é division), pour l'arrondissement de Caen. Falaise, et aux sous-préfectures de Bayeux, Lisieux et Vire pour les autres arrondissements afin d'y souscrire la déclaration prévue par l'ordonnance du 27 septembre 1940 du chef de l'administration militaire en France. En conséquence de cette déclaration, toute entreprise commerciale ou industrielle juive devra être désignée comme telle par une affiche spéciale de 20 sur 40 centimètres, rédigée en langues allemande et française, imprimée en lettres noires sur papier jaune et comportant l'inscription suivante: « Jüdisches Geschäft, Entreprise juive ». Ces affiches sont à la disposition des intéressés à la préfecture et aux sous-préfectures.

     

     

    21 octobre: La Kreiskommandantur communique : Les détenteurs de billets de logement doivent présenter leurs billets au bureau de logement de la Kreiskommandantur avant le 15 novembre 1940. Tous les billets qui n'auront pas été présentés avant le 15 novembre ne seront plus valables après cette date. Aucun militaire ne peut être hébergé sans billet de logement. Aucun billet de logement ne sera à l’avenir délivré pour régulariser une occupation.

     

    21 octobre : Tracts distribués à Caen reproduisant un discours de Churchill .
    octobre : Henri Leveillé , agent de Caen-Central, organise la résistance des P.T.T. qui couvrira une grande partie du département à partir de mai 1941

     

    Réouverture du théâtre de Caen, avec un illusionniste et un chansonnier montmartrois.

     

     

     

    La Feldkommandantur interdit les Chantiers de la Jeunesse , les Compagnons de France (deux organisations de jeunes créées par Vichy) et le scoutisme.

     

     

     

     

     

     

    Ouest-Eclair du 23 octobre 1940.

     

     

     

    24 octobre: Pour la première fois le terme "marché noir" est utilisé dans "La Presse Quotidienne Caennaise".

     

     

     

    25 octobre: "la Presse Quotidienne Caennaise" devient "la Presse Caennaise" tout court, sur deux à quatre pages grand format.

     

     

     

    25 octobre: Le commissaire central de police de Caen invite tous les ressortissants anglais de naissance ou par mariage, à se présenter avant samedi 27 octobre courant, au bureau des étrangers du commissariat, place de la République.

     

    L'Hauptmann Schweikart, commandant l'Orstkommandantur 630 de Caen, annonce que 100 PV ont été dressés en une semaine pour infraction au camouflage des lumières.

     

     

     

     

     

     

    Ouest-Eclair du 27 octobre 1940

     

     

     

    30 octobre: obligation est faite aux restaurateurs d'exiger les tickets d'alimentation correspondant aux repas qu'ils servent.

     

     

     

     

    Tout est contingenté avec des tickets

     

     

     

    La municipalité exige que les ordures ménagères soient incinérées avant d'être mises dans les poubelles, pour gagner du volume et économiser du carburant pour leur enlèvement. Mais avec quel combustible?

     

     

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 15 de ce livre, Allemands dans un camion près de l'église St Pierre

     

    novembre: La ville de Caen acquière 8 000 stères de bois dont les trois quarts pour les boulangeries et les commerces.

     

     

    Ouest-Eclair du 1 novembre 1940.

     

    1 novembre, à 11H00: hommage aux morts au Monument aux morts de la guerre 14-18, place Foch.

     

     

     

     

    Ouest-Eclair du 5 novembre 1940

     

    Légende erronée, il convient d'inverser M. Maurin et M. Asseline.

     

     

     

    A la demande du médecin-chef de la Kommandantur, le maire interdit de déverser les eaux usées dans les caniveaux, pour raison d'hygiène. Beaucoup d'immeubles de Caen ne sont pas encore raccordés au tout-à-l'égout.

     

     

     

     

     

     

    Ouest-Eclair du 10 novembre 1940

     

     

     

    10 novembre: Au Temple protestant, rue de Geôle, le pasteur Arnal célèbre un service à la mémoire des victimes de la guerre.

     

     

     

    LES HEURES DE DISTRIBUTION DU GAZ. A la demande d'un grand nombre d'abonnés, les heures de distribution à pression normale seront modifiées comme suit, à partir du lundi 11 courant : de 7Hà 8H30, de 10 h. à 13H, de 18Hà 20H30.

     

    11 novembre: manifestation publique et spontanée de résistance à l'occupant, avec une cérémonie improvisée au Monument aux morts de 1914-18, place Foch ... devant l'hôtel Malherbe, siège de la Kommandantur. Des participants sont arrêtés et inscrits sur une liste de suspects à emprisonner en priorité comme otages. En 1940, plusieurs seront arrêtés à ce titre, en représailles d'attentats, et envoyés dans les camps de concentration nazis, dont beaucoup ne reviendront pas. (pas une ligne dans la presse locale, qui évoque en revanche la manifestation sur la tombe du Soldat Inconnu, le même jour à Paris)

     

     

     

     

    Source - Le quartier Lorge dans le fond le clocher de la chapelle de la Visitation et à gauche les flèches de Saint Etienne.

     

     

     

    14 novembre: Punition levée. La surveillance des fils téléphoniques installés rue de Falaise est terminée.

     

    A 21H, violente tempête sur Caen

     

     

    Ouest-Eclair du 15 novembre 1940.

     

    A partir du 15 novembre 1940, les heures d’ouverture du bureau de cantonnement de la Kreiskommandantur sont fixées de 9H à midi (samedi excepté). A partir de la même date, le bureau ne sera pas ouvert l'après-midi.

     

    A partir du 18 novembre, faute de chauffage et d'éclairage, la préfecture fixe les heures d'ouverture et de fermeture des' bureaux, usines, ateliers, commerces, établissements d'enseignement et et administrations à 9h30 et 18h. Seuls les magasins d'alimentation sont autorisés à ouvrir à 8h30 et à fermer à 19h.

     

    28 novembre: le conseil municipal de Caen vote des crédits de 600 000 Fr. (près de 200 000 euros) peur constituer des stocks de bois, de pommes de terre et de légumes secs, et de 1,25 million de Fr. (plus de 400 000 euros) pour une réserve de farine.

     Création de l'Office Municipal de la Jeunesse (OMJ), une permanence ouvrira, début décembre, au 28 rue Saint Jean, ex-Alhambra avec comme régisseur André Heurtin.

     

     

    Ouest-Eclair du 30 décembre 1940

     

     

    28 novembre: Coupure de câbles téléphoniques route de Falaise. La Kommandantur interdit la circulation de 19h à 8h du 2 au 10 décembre, mais le maire obtient une "rallonge" de deux heures. Tous les hommes de 18 à 60 ans sont réquisitionnés pour garder le câble sur 2 km. Le maire, ses 5 adjoints, des conseillers municipaux, l'ancien député et ministre Camille Blaisot prennent la première garde.

     

     

     

     

    Source: annexe de ce livre

     

    décembre: La ville essaye de constituer des stocks de bois soit en s'en procurant 4 135 stères dans la forêt de Balleroy et 4 500 autres provenant des coupes des Domaines soit en décidant l'abattage des arbres du Cours Caffarelli pour 2 500 stères.

     

     

    Source: annexe de ce livre

     

    Des "queues" de 300 à 400 personnes embouteillent les trottoirs devant les permanences de quartier qui distribuent les cartes de ravitaillement. Par décision municipale, ceux qui ne se présentent pas au jour fixé passeront leur tour jusqu'à la prochaine distribution.

     

    Déclaration obligatoire des stocks privés de pommes de terre au dessus de 25 kg.

     

     

     

    Police française et Feldgendarmerie provoquent des rafles contre les prostituées, 34 femmes suspectes sont envoyées au service sanitaire.

     

    M. Larocques, procureur général part en retraite.

     

    Le recensement des Juifs effectué par l'administration française est remis à la Feldkommandantur.

     

     

    "Photo Archives Municipales de Caen" Une prise d'arme devant la caserne Lefebvre dans l'enceinte du château

     

    31 décembre : Ouverture à Caen d'un nouveau cinéma «le Normandie» rue Saint Pierre.

     

     

    Ouest-Eclair du 31 décembre 1940.

     

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    ANNÉE 1941

     

     

     

    Janvier 1941, la police caennaise regrette que des soldats allemands vivent en concubinage avec des prostituées et dénonce certaines maisons de la ville qui « sont de véritables officines de débauche échappant à tout contrôle, car occupées exclusivement par des militaires allemands ».

     

    Janvier: Installation d'un délégué du Commissariat général aux Sports.

     

     Au commissariat de police M. Charroy est définitivement nommé commissaire central de Caen et M. Devignes, commissaire de police du ler arrondissement.

     

    3 janvier:  A 13h30, au Palais de Justice, séance solennelle de la Cour d'Appel, au cours de laquelle est installé dans ses nouvelles fonctions M. Demangeot, nomme procureur général près la Cour d'Appel de Caen. M. Bornay, premier président occupe le fauteuil présidentiel, assisté de MM. Riby , président de chambre et Choisy, conseiller honoraire.

     

    5 Janvier: La Prairie est gelée.

     

     

    Le dimanche 5 janvier 1941, photo Ouest-Eclair

     

    10 janvier: Ouest-Eclair consacre un reportage à la garderie installée dans la crèche Notre-Dame par les Sœurs de la Miséricorde, rue des Carmélites.

     

    16 janvier. Câble allemand saboté 29 rue des Jacobins.

     

    16 janvier:  A 14 heures, dans la salle d'audience du tribunal civil de première instance se déroule la cérémonie d'installation de M. Perès. nouveau procureur de la République à Caen. M. Leroy, président du tribtinéi civil, occupe le fauteuil présidentiel, assisté de MM. Evrard. vice-président et Philippe, juge. Au siège du ministère public M. Jones Morgan, substitut du Procureur de la République, et au fauteuil du greffier, M. Séguin, greffier en chef. Parmi les magistrats entourant le tribunal MM. Le Len, juge au siège et Jacobsen. De nombreux avocats, ayant à leur tète Me Besnier, bàtonnier, accompagné des membres du Conseil de l'Ordre, sont présents dans la salle d'audience.

     

     

    Ouest-Eclair du 18 janvier 1941.

     

     

    Ouest-Eclair du 21 janvier 1941. Ils seront repris le 26 janvier à Condé sur Vire

     

    21 janvier: Suite au câble saboté au 29 rue des Jacobins, la Feldkommandantur 723 ordonne qu'il soit gardé par des requis à compter du 22.

     

     

    Article d'Ouest-Eclair du 23 janvier 1941. Noter l'orthographe de colonel.

     

     

    L'Orstkommandant ordonne la garde des câbles téléphoniques du Bd des Alliés à la place du 36é.

     

    22 janvier: Les heures d'ouverture de la Ortskommandantur pour le public sont aujourd'hui de 10 heures à 12 heures. Les bureaux seront fermés pendant l'après-midi.

     

    27 janvier: La police caennaise procède à l'arrestation de 6 militants caennais des Jeunesses communistes : deux autres ont réussi à s'enfuir .

     

     

    Ouest-Eclair du 29 janvier 1941.

     

    29 janvier: La préfecture demande de bons interprètes allemands pour traductions. Se présenter à la préfecture, au chef de cabinet. Une situation interessante serait offerte à des candidats justifiant d'une capacité serieuse.

     

    31 janvier: La police municipale recherche un interprète dactylographe. Les candidats à cet emploi sont priés de se présenter d'urgence au Commissariat central de police, rue Auber.

     

    Les Courriers Normands décident le passage au gazogène, une usine à charbon de bois est installée dans une annexe de la gare Saint Martin.

     

     

     

    Soldats allemands au marché Saint-Pierre. Au même endroit quelques années plus tard d'autre uniformes.

     

     

    Source. Un groupe de 5 soldats allemands rue Basse devant la venelle Maillard à l'Est de la Tour Leroy. Ce sont des Fliegern (soldat de seconde classe) de la Luftwaffe (cf les pattes de col) certainemennt en garnison à l'aérodrome de Carpiquet.

     

    1 février: Un mouvement de personnel dans la police municipale. M. Robert Gautier , secrétaire de police de 6e classe, est promu officier de paix de 3e classe, en remplacement de M. Edouard Regnier , admis à faire valoir ses droits à la retraite. M. Céleste Châté , brigadier-chef de 2e classe et M. Raymond Vaugeois , brigadier de 1ère classe, sont promus officiers de paix adjoints; M. Desrues prenant sa retraite et un nouveau poste étant créé. M. Emile Mabire, sous-brigadier de 1ère classe: MM. René Déméautis et Arsène Lepetit, sous-brigadiers de 2e classe, sont promus brigadiers de police de 2e classe. Enfin MM. Emile Brun, agent de 2e classe; Auguste Raymond, agent de 3e classe, et Henri Julien, agent de 3e classe, sont nommés sous-brigadiers de 3e classe et M. Fernand Le Breton, agent de 4e classe, est promu sous-brigadier de 5e classe. Ces nominations compteront à dater du 1er mars 1941. L'avancement dont ils viennent d'être l'objet souligne leurs qualités professionnelles en même temps que l'estime dans laquelle les tiennent leur chef. M. Charroy, commissaire central, et les représentants de la municipalité.

     

    1 février: Magasins fermés pour hausse illicite; sur la proposition du Comité Départemental de Surveillance des Prix, lors de sa réunion tenue le samedi 25 janvier courant, le Préfet du Calvados a décidé de fermer : Jusqu'à intervention de la décision judiciaire, pour hausse illicite sur les prix de vente en gros, demi-gros et détail de vins de champagne, l’entrepôt sis rue de la Fontaine à Caen et appartenant. à M. René C., demeurant, 13 rue Hamon, à Caen. Pour une durée de un mois, le commerce de Mme A., née Julia N., épicière, 31 passage Bellivet à Caen pour vente de beurre et viande de porc au-dessus de la taxe préfectorale. Le commerce de Mme Emilienne B., 18 rue du Vaugueux à Caen, pour hausse illicite sur les prix de vente au détail des pommes de terre.

     

    2 février : Par suite d'un acte de sabotage commis dans la rue des Chanoines, l'Oberstleutnant Elster ordonne la garde des câbles, et l'interdiction de circuler entre 20 heures et 6 heures

     

     

    Ouest-Eclair du 2 février 1941.

     

    2 février: M. Paul Haag ancien préfet du Var, ancien combattant et grand mutilé de l'autre guerre, est nommé à Caen, directeur régional de la Famille et de la Santé, la région où il exercera ses fonctions comprend les départements du Calvados, de l'Orne, de l'Eure et de la Manche.

     

    6 février : Le Maire de Caen tente, dans un communiqué, de dissuader de toute tentative de sabotage sur les câbles. A la même date un communiqué de la préfecture dans Ouest-Eclair: "Apres les récents actes de sabotage, nous avons reçu du Cabinet de M. Ie Préfet du Calvados la note suivante Les autorités civiles et la population ont appris avec indignation que de nouveaux câbles avaient été coupés dans diverses villes et communes du département. Les auteurs de ces sabotages lâches et imbéciles ne devraient cependant pas ignorer que le but qu’ils poursuivent, et tant est qu’il soit de nuire à l’armée allemande, ne peut être jamais atteint car dès qu’un câble est coupé, les appareils du central téléphonique permettent immédiatement de déceler la coupure et quelques minutes après, le câble est réparé. Le seul résultat est de faire monter la garde et d’exposer à de graves sanctions une population calme et paisible qui réprouve unanimement de tels agissements. Il convient donc que chacun aide au maximum la Gendarmerie et la Police qui recherchent sans désemparer ces éléments perturbateurs du bon ordre et de la tranquillité publique, en signalant aux agents de la force publique tous les éléments permettant de découvrir les coupables."

     

     

    Réquisition pour le 9 février de 14h à 16h pour garder les câbles téléphoniques allemands.

     

    10 février : L'Oberstleutnant Elster, commandant de la Feldkommandantur 723, ordonne la levée de garde des câbles dans les rues des Jacobins et du 11 Novembre, mise en place le 21 janvier. Levée aussi de l'interdiction de circuler entre 20 heures et 6 heures .

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 13 de ce livre, les Allemands occupent la caserne Hamelin.

     

     

    Deux sentinelles allemandes devant la caserne Hamelin, à gauche devant l'entrée place du 36e RI, à droite sur la rive droite de l'Orne devant le pont de Vaucelles en arrière-plan les bâtiments le long du Quai des Casernes.

     

    13 février: Communiqué de la Fk 723 dans Ouest-Eclair sur de nouvelles sanctions envers la population masculine de 18 à 40 ans .

     

    16 février: Au théâtre municipal, La petite chocolatière, pièce de Paul Gavault

     

    février: L'occupant présenté une demande, jugée injustifiée, de 88 000 francs de travaux à la brasserie Chandivert.

     

     

    La brasserie Chandivert, Bd des Alliés.

     

    Le Foyer Municipal de la Jeunesse du patronage Saint Pierre, 4 bis rue des Cordes est transféré à l'OMJ, 28 rue Saint Jean.

     

    L'Orstkommandantur annule les laissez-passer permettant de circuler la nuit: pour empêcher les fraudes, les nouveaux "Ausweis" porteront le numéro d'immatriculation du hicule autorisé.

     

     fin février : Sabotage d'un câble de l'armée allemande sur le boulevard Bertrand à hauteur des Etablissements Binet . Mise en place d'un service de garde pour la surveillance des câbles de jour et de nuit à partir du 2 mars à 18H.

     

    2 mars: Au profit du Secours National grand concert du conservatoire au théâtre municipal avec Madeleine La Candela .

     

    mars : Naissance du mouvement « Ceux de la Résistance» à Caen et Argences

     

    4 mars: Suppression des conseils municipaux, remplacés dans les villes de plus de 10000 habitants par une municipalité nommée par le ministère de l'Intérieur. Élu en 1925, André Détolle est maintenu maire .

     

    4 et 5 mars : A la préfecture de Caen, une conférence inter-départementale chargée d'éudier les conditions d'une harmonisation régionale des prix.

     

     

    Ouest-Eclair du 7 mars 1941.

     

    6 mars: M. Marcel Lécuyer, délégué du Secrétariat Général de la Jeunesse est nommé à Caen, son adresse provisoire est 3 rue Pasteur, avec M. Xavier Le Clerc ils sont sous les ordres du délégué régional chef de la IVe région M. Roger Blondet .

     

    8 mars: M. le chanoine Lecat, curé-doyen d'Isigny-sur-Mer, est nommé curé de Saint-Gilles de Caen, en remplacement de M. le chanoine Bilheux, récemment décédé.

     

    13 mars: Par application de l'article 50 de la loi du 21 octobre 1940, modifiant complètement et codifiant la législation des prix. Le Préfet du Calvados a prononcé, la fermeture pour une durée de dix jours, du commerce de Mme K., coiffeuse, rue de Bernières, pour défaut d'étiquetage des prix.

     

    14 mars: A partir d'aujourd'hui, les bureaux de la Feldgendarmérie de la Kreiskommandantur 884 se trouvent 22 rue Jean Eudes, en face les bureaux, de l'Hôtel de Ville,

     

    14 mars : Le tribunal Correctionnel de Caen juge 8 jeunes communistes qui avaient transporté des tracts et des papillons contre le gouvernement de Vichy.

     

    16 mars: Gala au profit du Secours National  au théâtre municipal "Gringoire", comédie historique et "Le Malade Imaginaire" par la Société Dramatique du Lycée Malherbe.

     

    16 mars: Au cimetière Nord-est, manifestation du souvenir à la mémoire des soldats allemands décédés à Caen.

     

     

    Article d'Ouest-Eclair du 17 et 22 mars 1941..

     

     

    Des soldats allemands en ville

     

    25 mars: Communiqué du maire au sujet du logement des troupes allemandes .

     

    26 mars: Charles Trenet au théâtre municipal

     

    26 mars: Mise en garde du maire sur les inscriptions sur les murs .

     

    27 mars: Le conseil municipal à cette date: M. Detolle maire, MM. Asseline, Lempérière, Diamy (démisionnaire), Lenoir et Poirier, adjoints et de MM. Dyvrande, Perrotte, Colin, Pasquie, Cautru, Yver, Legrix, Lamy, Lhonneur, Sébire, Patry, Lecomte, Girault, Garnier, Antoine, Frappart, Lelièvre,Vallée, Pelletier, Grégoire, Le Roulet, Lacroy, Dupont et Spriet, conseillers municipaux.(Article d'Ouest-Eclair du 28 mars 1941)

     

    30/31 mars : Un câble est coupé à l'entrée de la ville de Caen, route de Falaise sur la comune d'Ifs. Mise en place le 3 avril de 16 postes de garde

     

    2 avril: L'entrée de l'hôpital civil est transféré de l'avenue Georges Clemenceau à la rue de la Masse, cet hôpital était réquisitionné en tant que Kriegslazarett depuis juin 1940 excepté un service de contagieux au Pavillon N°6 une quarantaine de lits, l'Ecole d'Infirmière (directrice Mme Saule) et la Communauté des Sœurs Augustines.

     

    3 avril à 12H00: mise en place d'un tour de garde de 16 postes sur la route de Falaise suite à la coupure d'un câble dans la nui du 30 au 31 mars

     

    4 avril : L'affaire Degrelle devant le tribunal de la Feldkommandantur de Caen, le compte rendu du procès selon Oust-Eclair

     

     

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 121 de ce livre, la cour martiale allemande va se réunir, rassemblement près du Palais de Justice, le 4 avril 1941.

     

    Léon Degrelle, chef du Parti fasciste belge Rex est arrêté sur ordre des autorités de son pays le 10 mai 1940, le jour-même de la grande attaque allemande à l'Ouest. En raison de l'invasion rapide de la Belgique, il est remis à la Gendarmerie française cinq jours plus tard. Degrelle est alors intégré dans un convoi, comprenant principalement des personnes suspectées d'être des espions appartenant à la Cinquième colonne, qui est évacué de prison en prison vers le sud devant la poussée de la Wehrmacht. Libéré après la défaite de la France, Degrelle porte plainte auprès des Allemands pour les corrections qui lui ont été infligées par certains gardiens à Lisieux et Caen.

     

     

     Source: annexe de ce livre

     

    Un surveillant de la maison d'arrêt de Lisieux, Georges Bihoreau, et deux de ses collègues de la maison centrale de Caen, Louis Philippe et Pierre Laignel, sont ainsi traduits devant le tribunal de la Feldkommandantur de Caen le 4 avril 1941.

     

    Louis Philippe est condamné à deux ans de prison, déporté le 22 juillet 1941 à la forteresse de Mannheim, il y décède un an plus tard.

     

    Pierre Laignel est condamné à deux ans et demi de détention. Il est déporté en Allemagne le 23 juin 1941 et interné dans les prisons de Sarrebruck et Francfort. Libéré le 22 août 1943, il regagne la France.

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 19 de ce livre, Allemands Boulevard des Alliés

     

    5 avril: Le maire d'Ifs propose que ses administrés participent à la garde des câbles route de Falaise .

     

    7 avril: ouverture d'un nouveau fourneau économique au 20 de la rue du Général-Decaen, tous les jours de 11 h. 30 à midi.

     

    8 avril: M. Paul Talandier , conseiller de préfecture du Calvados, est nommé à la préfecture de la Seine.

     

    du 11 au 14 avril: au théâtre municipal Les Galas du rire et de la chanson

     

    12 avril : La garde des câbles est levée .

     

    14 avril : Sabotage d'un câble à la périphérie de Caen (rue de Falaise et Bd Dunois), l'Oberstleutnant Elster ordonne de nouvelles gardes .

     

    16 avril : 20 postes de gardes sont établis. Interdiction de circuler pour la population entre 20 heures et 6 heures

     

    19 avril entre: 13 et 16 H. coupure d'un câble route de Falaise, nouvelles gardes .

     

    20 avril: Au théâtre municipal l'opérette Le pays du sourire

     

    21 avril : Bombardement rue du Moulin au Roy, réseaux électriques basse tnsion (BT) coupés.

     

    23 avril: Communiqué dans Ouest-Eclair: DANS LA POLICE. Est admis à faine valoir ses droits a la retraite à compter du 21 mai 1941: M. Hennet, commissaire spécial de poilice hors classe, 1er échelon, à Caen. Sont nommés, inspecteurs de police: MM. Beuchart et Charrie, à la disposition du préfet du Calvados,à Caen

     

    26 avril : Nomination par Vichy du Conseil municipal.

     

      

      

    MM. Asseline Albert , ancien banquier, premier adjoint; Collin Onésime, docteur en médecine; Drouet Jean, négociant ; Dupont André, docteur-vétérinaire ; Dyvrande Charles, avocat ; Garnier Emile, dessinateur aux chemins de fer; Grégoire Joseph, entrepositaire; Lamy Gaston, entrepreneur; Legrix Maurice , boulanger, 5e adjoint; Le Lièvre Paul, entrepreneur; Lempérière Charles , notaire, 2e adjoint; Patry Paul , ancien employé de banque, 6e adjoint ; Perrotte , notaire, 4e adjoint; Poirier Joseph , agent d’assurances, 3e adjoint; Spriet Henri, industriel ; Degardin Marceau, lithographe ; Delaunay Gaston, négociant (prisonnier de guerre) ; Fouque Maurice, contrôleur des P.T.T.; abbé Guillaume Henri, chanoine honoraire de l'Evêché ; Lecomte Raymond, administrateur d'immeubles (prisonnier de guerre) ; Mme Lecomte-Richard née Cabaret des Prés, Paule, infirmière diplômée.

     

    Les nouveaux: MM. Lamy ; Degardin ; Delaunay ; le chanoine Guillaume ; Fouque et Mme Richard-Lecomte .

     

    Des départs: MM. Lenoir , Giraud, Le Moulec, Lacroix, Cautru, Pasquier, Vallée, Pelletier, Antoine, Lhonneur, Yver, Sébire et Frapard.

     

     

    Source: Collection V. et A. Benhaïm, photo présentée page 24 de ce livre, fanfare et défilé allemands Place Saint-Pierre devant quelques curieux.

     

    29 avril : Circulation publique rétablie, garde des câbles boulevard Dunois supprimée, mais maintien route de Falaise .

     

    29 avril: Deux anciens élèves de la Section d’Aviation Populaire de Caen,le caennais Jean Hébert , 21 ans et le flérien, caennais d’adoption, Denys Boudard , 19 ans s’introduisent sur la base aérienne allemande de Caen-Carpiquet et s’emparent d’un avion de liaison et d’entraînement allemand Bücker Jungmann 131 pour rejoindre la France Libre en Grande-Bretagne. Leur tentative sera couronnée de succès, atterrissage à l'aérodrome militaire de Christchurch, Dorset (Angleterre). Pour ensavoir plus.

     

     

    Photo collection Denys Boudard. Le Fliegerhorst E 60/XIII Caen-Carpiquet en 1941, l'avion se trouvait dans le hangar de droite.

     

    mai: Vol de 3 tonnes de sucre dans un entrepôt du quai de Juillet.

     

    8 mai: Le nouveau conseil municipal de Caen a été installé par M. Henri Graux , préfet du Calvados, qui était entouré de M. Detolle , maire, et de MM. Talandier , secrétaire général; Matteï et Maurien. chefs de cabinet et Robiquet, chef de division à la préfecture. La municipalité et le conseil étaient au complet. Seules deux chaises restèrent libres, celles de MM. Lecomte et Delaunay, prisonniers.

     

     

    Ouest-Eclair du 10 mai 1941.

     

    Les attributions respectives des membres de la Municipalité sont fixées comme suit :

     

    M. Asseline Albert , 1er adjoint : Finances, travaux publics, contentieux ; M. Lampérière Charles , 2e adjoint : personnel, enseignement, Office de la Jeunesse; M. Poirier Joseph , 3e adjoint : Beaux-Arts. Sports, Défense passive; M. Perrotte Marcel , 4e adjoint : Hygiène ; M. Legrix Maurice , 5e adjoint : activité économique, ravitaillement, foires et marchés, circulation publique ; M. Patry Paul , 6e adjoint : assistance et bienfaisance, chômage, cantines scolaires, pompiers.

     

    11 mai: Attention aux bombes non explosées ! La Direction Urbaine de la Défense Passive communique :

     

    A la suite, des derniers bombardements aériens, il a été constaté que parmi les bombes et engins lancés récemment, certains n'ont pas explosé.

     

    La population est, en conséquence instamment priée :

     

    a) de signaler immédiatement au Commissariat Centrai de police la présence des dits engins ;

     

    b)  de ne pas approcher ou toucher ces bombes ou engins, sous aucun prétexte. Il y a danger de mort à commettre cette imprudence.

     

    11 mai: Manifestation au marché Saint Pierre. La surprise a été grande parmi la foule des acheteurs, de voir les baladeuses des marchands de légumes, toutes alignées devant l'abside de Saint-Pierre et les Halles, comme à l'accoutumée, mais absolument vides. Les marchands de légumes faisaient grève pour protester contre les agissements de quelques grossistes. M. Legrix et le préfet enquêtent sur ces pratiques.

     

    12 mai: départ du premier train de travailleurs volontaires pour l'Allemagne.

     

     

    15 mai: Suite à la manifestation du 11 mai, réunion à la préfecture: une enquéte a eté ordonnée qui sera confiée au bureau départemental de répartition des légumes, primeurs et fruits. En outre, il a été envisagé une réorganisation matérielle du marché et M. Legrix a été chargé de l'examen de cette question.

     

     

     

    15 mai : L'inhumation de deux aviateurs anglais (Sgt. Dermot Erza Read ELLWOOD, pilote et Flight Sgt. Gerald Thomas HARDWICK, navigateur) tués dans le crash de leur avion à Marcelet près de Carpiquet le 13 mai, provoque une véritable émeute. La chapelle de l'hôpital fermée aux Français est pleine de fleurs envoyées par des Caennais. Très nombreux sont les habitants qui se sont rassemblés, beaucoup tenant à la main un bouquet de fleurs. Défense est faite de suivre le convoi mais la plupart des assistants se dirigent vers le cimetière où doivent être enterrés les aviateurs. Surgissent alors six policiers allemands qui d'autorité font évacuer les Caennais. Les jardiniers du cimetière eux-mêmes doivent sortir. Une femme qui ne s'exécute pas assez vite reçoit un coup de poing asséné par un officier allemand. Cependant la foule poussée sans ménagement hors du cimetière se réfugie sur les voies adjacentes ; pourchassée jusque dans les immeubles, elle essaie encore de se maintenir sur les lieux. Une vingtaine d'arrestations sont effectuées. Comble de brutalité un policier monte en auto et fonce sur les groupes de jeunes gens massés sur les trottoirs. En dépit de ces violences, les fleurs seront portées dans l'après-midi sur les tombes, en présence d'une foule silencieuse et recueillie. Ils reposent aujourd'hui au cimetière de Bayeux, voir ici.

     

     

     

     

    Photo prise par un mécanicien allemand de la base de Carpiquet et aimablement communiquée par François Robinard.

     

     

     

    Photos aimablement communiquées par Philippe Bauduin.

     

    Photos du crash à Marcelet du Bristol Beaufort I du 217 Squadron du Coastal Command immatriculé MW F. L’avion basé à St. Eval, revenait de larguer des mines au large de la base de sous-marins allemands de Saint-Nazaire. Deux autres membres de l’équipage : Sgt. W. BENNET, radio navigateur et Sgt. G.A.D. RITCHIE mitrailleur sont faits prisonniers.

     

     

    16 mai: Coupure d'un câble route de Falaise

     

     

    22 mai: Le R.P. Sanson de l'Oratoire à l'église Saint Michel de Vaucelles .

     

     

     

    25 mai: La DP organise un important exercice dans le quartier Sainte-Thérése. Le maire et son conseil ainsi que la autorités allemandes suivent l'exercice. A cette époque la DP dispose de 900 agents.

     

     

     

     

     

    Ouest-Eclair du 27 mai 1941. Lire l'article et les photos.

     

     

    29 mai : Dans la nuit du 28 au 29, un commando dirigé par l'agent britannique John Hopper , commet un sabotage spectaculaire dans un garage de la rue Robillard, cantonnement allemand de la 323. ID. Après avoir neutralisé et ligoté les hommes de garde, le groupe déroba les roues d'une partie des véhicules, cisailla les pneus des autres, rendit inutilisables les batteries et versa de l'acide dans les réservoirs, tout en emportant la plupart des pompes et 200 litres d'essence dans une camionnette. Cet exploit valut à la ville de Caen d'être frappée, en représailles, d'une amende d'un million de francs. Les roues des motos furent retrouvées au début du mois d'août 1941, lors d'une perquisition de la police, dans un garage (un simple hangar) loué par Hopper, rue du Gaillon, où il entreposait ses prises.

     

     

     

     

     

    Source: Collection particulière, page 20 de ce livre, rencontre autour du Bassin Saint Pierre.

     

     

     

     

     

     

    Source. Un allemand armé et deux pêcheurs Bassin Saint Pierre

     

    13 juin: Le couvre-feu est reculé à 23H

     

    17 juin: Communiqué d'Ouest-Eclair un câble coupé route de Falaise .

     

    18 juin: aprs-midi l'horloge du Palais de justice bloquée depuis 8 mois est remise enétat.

     

    18 juin: Inauguration,16 rue de Bernières  du Centre d'accueil des prisonniers de guerre rapatriés dans l'ancien hôtel Asseline.

     

    19 juin: Au cours d'une récente séance, répondant à un voeu émis par L'Ouest-Eclair le Conseil municipal avait demandé au Chef de l'État que son nom soit donné, au cours Sadi-Carnot. A cette requète, M. le Préfet vient de répondre par la négative, au nom de l'Amiral Darlan . Seules, des voies nouvelles pourront porter le nom du Maréchal Pétain . Fantaisie de l'histoire, de nos jours le Cours Sadi Carnot s'appelle le Cours Général de Gaulle.

     

    20 juin: Vers 20H30, André Girard, 28 ans, professeur à l’école de natation Eugène Maës sauve un soldat allemand qui se noyait dans l’Orne.

     

     

    Le Lido, école de natation Eugène Maës

     

    23 juin: Note préfectorale relative aux nouvelles rations de viandes .

     

    28 juin: Deux cables coupés à l'Ouest de Caen

     

    La fermeture des débits de boissons, cafés et restaurants, etc... est reportée de 21H30 à 22H30.

     

    29 juin: Nouvelle manœuvre de la DP dans les secteurs centre-ouest et sud-ouest, mise en état d'alerte aérienne.

     

    Dans la police: M. Charroy, commissaire central hors classe, premier échelon, est reclassé comme commissaire principal de première classe et inscrit au tableau d'avancement pour le gracie de commissaire divisionnaire.

     

    M. Lenoir, commissaire du 3e arrondissement, actuellement, classé hors-classe N°2, est nommé commissaire principal de 2e classe.

     

    M. Devignes, commissaire de police du 1er arrondissement, actuellement commissaire de classe exceptionnelle, est nommé commissaire de 1ère classe 3e échelon.

     

    M. Prigent est nommé commissaire de 3e classe, 1er échelon.

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 10 de ce livre, le drapeau nazi flotte sur l'Agence Havas. Source: Photo Georges Marie, page 14 de ce livre, des Allemands rue des Jacobins devant le porche de la Sainte Famille.(photo prise clandestinement dans la rue de la Gesatpo !)

     

    30 juin: Coupure d'un câble route de Falaise, nouvelle garde à partir du 1 juillet à 18H00 .

     

    1 juillet : La ville de Caen est condamnée à une amende d'un million de francs pour sabotages répétés.

     

     

    L'amende de 50 000 RM (1 000 000 de francs) infligée à la ville de Caen en juillet 1941 est répartie entre les habitants suivant les modalités d'application de la contribution mobilière.

     

    11 au 15 juillet: Au théâtre municipal la revue "Sa Majesté Paris" .

     

    24 juillet: A 18H15 au 13 rue Saint Anne, inauguration du cercle féminim du Secours National

     

    25 et 26 juillet: Ouverture dans les locaux du Lycée Malherbe d'un centre départemental d'accueil pour les prisonniers libérés.

     

    25 juillet : Visite à Caen de Jean Borotra , ministre des sports dans le gouvernement de Vichy .

     

    25 juillet : Dans la nuit, vers 1 h 15, premier bombardement de Caen, la Royal Air Force lance 15 bombes incendiaires sur le quartier de la gare à Caen. 2 tués, un couple de commerçants, M. et Mme Guilhaire, débitants de tabac rue de la Gare .

     

    29 juillet : Condamnation à mort de Lucien Frémont par un tribunal allemand à Caen où il reste incarcéré jusqu'en mars 1942. (voir 11 avril 1942)

     

     

    Source: photo de gauche, photo de droite. Eglise Saint Pierre, à gauche vue de l'entrée du château; à droite de l'entrée de la rue Saint Jean, remarquer l'extrémité de la pancarte Soldatenheim (foyer du soldat) à l'hôtel d'Angleterre.

     

    30 juillet: Inhumation à Saint Michel de Vaucelles de M. et Mme Guilhaire, débitants-cafetiers, rue de la Gare, victimes du bombardement aérien du 25 juillet.

     

    31 juillet: A 6h00, levée de la garde des câbles route de Falaise.

     

    1 août: Dans un article d'Ouest-Eclair il est indiqué que M. Laforest est le secrétaire général de la préfecture.

     

    1 août: Institution de la carte de tabac et forte augmentation, le paquet de gris passe de 4.50 francs à 6 francs (+33%)

     

     

    Carte de tabac

     

    2 août: Louis Berrier, ouvrier agricole à Ernes est fusillé au 43e RA

     

    3 août: Inauguration du nouveau marché de gros; transfert du marché de gros des légumes, primeurs et fruits du boulevard des Alliés vers le quai de la Londe dans les vastes halls de l'ancien chantier Allainguillaume, vaste terrain de 6.000 mètres carrés dont 1.800 couverts.

     

     

    Photo Ouest-Eclair du 3 août 1941. Les anciens établissements Allainguillaume, quai de La Londe

     

    21 août: Visite incognito à la clinique du Bon Sauveur de Mgr Suhard, archevêque de Paris .

     

    23 août: Article d'Ouest-Eclair: Depuis un mois, le Centre d'accueil des prisonniers de guerre, sis 16 rue de Bernières, dans une dépendance du Centre d'accueil des réfugiés, s'est transporté au Lycée Malherbe, dont les autorités d'occupation ont bien voulu lui laisser la libre disposition d'une partie des bâtiments ouest. Là, il a pris le nom de Centre départemental de libération des prisonniers de guerre, dirigé par le capitaine Robert Le Coutour .

     

    28 août : Création d'une section spéciale à la cour d'appel de Caen, présidée par M. Riby , pour juger les crimes et les délits contre l'occupant

     

    30 août: Les parents de Paul Colette qui habitent quai Vendeuvre sont interrogés et soumis à une surveillance sévère. L'enquête est menée à Caen par le commissaire central Charroy, en collaboration avec la troisième brigade de police mobile de Rouen, c'est-à-dire le commissaire Chaffenet et l'inspecteur Dugonin.

     

    1 septembre: Restriction des heures de circulation qui est interdite de 22 à 5 heures

     

    2 septembre: Prestation de serment de fidélité au maréchal Pétain prononcé par le Premier Président Bornay au nom de tous les juges : "Je jure fidélité à la personne du chef de l'État. Je jure et je promets de bien et honnêtement remplir mes jonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire comme un digne et loyal serviteur." 

     

    Création d'une section spéciale .

     

    3-4 septembre: Une enquête de la Gendarmerie aboutit à 7 arrestations pour marché noir.

     

    Arrestation d'un trafiquant en gare SNCF, l'enquête révèle qu'en un mois et demi, il a expédié plus de trois tonnes de beurre dans des malles étiquetées "linge et pièces mécaniques".

     

     

     

    du 6 au 21 septembre: exposition "La Normandie" au musée de la ville (l'introduction est signée par un certain A. Gessner, conseiller culturel allemand ?) Vernissage le 6 septembre à 11H00

     

     

    Le musée de l'hôtel de ville

     

    9 septembre: De retour de Vichy, M. André Détolle rend compte de son voyage. Caen conservera son Université, sa Cour d'Appel et la IVe Région Économique.

     

    19 septembre: Première audience de la section spéciale , des condamnations à des peines de prison pour propagande communiste. Lire les comptes rendus dans Ouest-Eclair ici et ici.

     

    20 au 23 septembre: Au théâtre municipal, La grande reue de la cigale Restons français

     

    25 septembre: Visite du Secrétaire général aux Anciens Combattants, François Musnier de Pleignes . Article dans Ouest-Eclair du 26 septembre 1941.

     

    26 septembre: Seconde audience de la section spéciale de la Cour d'appel de Caen.

     

    27 septembre: Reprise des courses de trot sur la Prairie: autrefois blanches, les tribunes ont été repeintes en vert pour un meilleur camouflage.

     

     

    Tribune de l'hippodrome de la Prairie

     

    1 octobre: Les heures de circulation dans le Calvados . Par ordre de la Feldkommandantur, la circulation sera interdite aux civils résidant dans le département du Calvados, entre 22 heures et 6 heures, à partir du 1er octobre 1941. L'heure de fermeture des restaurants. cafés, etc.... est fixée une demi-heure avant le couvre-feu : 21H30.

     

    3 octobre: Audience de la section spéciale pour juger cinq inculpés de propagande communiste.

     

    3 et 4 octobre: Au théâtre municipal l'opérette Les cloches de Corneville .

     

    4 octobre: Des milliers de feuilles de tickets de rationnement disparaissaient en gare, ils étaient dérobés par un employé qui vient d'être arrêté ainsi que quatre complices.

     

    10 octobre: Au théâtre municipal Don Juan de Molière.

     

    11 octobre: Suspension de M. Desmoles, secrétaire de la Sureté; la police de Caen va être réorganisée .

     

    La police caennaise est épurée : le commissaire central M. Charroy muté à Brest (départ le 28 octobre , un inspecteur de la sûreté révoqué (voir ci-dessus), deux inspecteurs rétrogradés et remis en tenue et des auxiliaires licenciés.

     

    13 octobre: M. Lecuyer, délégué du Secrétariat général de la Jeunesse pour le département du Calvados, vient de transférer ses bureaux, précédemment 3, rue Pasteur au 10, rue Jean-Romain, son numéro de téléphone demeurant 42-33.

     

    14 octobre: Viennent d'être transférées au numéro 2 de la rue des Cordeliers, entre l'Université et la rue de Geôle : 1° Les bureaux de la délégation pour le Calvados de « La famille du prisonnier de guerre » précédemment installés, 113, rue Sainte‑Anne. 2° Les bureaux de la délégation pour le Calvados du Comité Central d'assistance au prisonnier de guerre, précédemment installé 9, place Saint-Sauveur, immeuble du Secours National.

     

    15 octobre: Commerçants poursuivis pour infractions à la législation sur les prix : M. M. Marcel, 18, rue des Jacobins; M. C., marchand de bestiaux, route d’Ifs, M. D., transporteur 31, rue d'Harcourt; M. V. Marcel, entrepreneur, 59, rue de Falaise.

     

    Des policiers allemands investissent les locaux des Renseignements généraux et exigent du commissaire qu'il leur remette son fichier des communistes. Après avoir refusé, ce dernier fini par s'exécuter. 

     

    17 octobre: Par arrêté du 17 octobre, M. Henri Touchard, inspecteur principal de 3e classe de la Police nationale est nommé aux Renseignement généraux à Caen en remplacement de M. Beuchard.

     

    20 octobre: Restrictions de déplacement dues à la situation géographique du Calvados dont toute la partie Nord, bordée par la Manche, constitue l'un des maillons du Mur de l'Atlantique. En conséquence, est déclaré « zone côtière interdite» tout le territoire limité au Sud par une ligne qui commence, à l'ouest du département, sur la Vire, à hauteur de Saint-Fromond, se poursuit jusqu'à Vaucelles, au nord de Bayeux, longe la RN 15 jusqu'à l'Ouest de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe contourne Caen par le Nord, inclut les communes de Cuverville et d'Hérouville, passe au Nord de Troarn et rejoint la sortie Ouest de Pont-l'Évêque qu'elle évite par le Nord pour se terminer à l'ouest de Beuzeville.

     

     

     

    Deux Ausweis délivrés par la préfecture du Calvados: celui de gauche du 11 décembre 1941 est valable hors zone côtière interdite, celui de droite du 16 novembre 1941 est valable pour tout le département.

     

    21 octobre: Arrestation de Charles Lemay, 45 rue de Geôle, militant communiste, mouleur en fonte à la Société Métallurgique de Normandie, remis aux Allemands, il est déporté à Auschwitz.

     

    23 et 24 octobre: Au théâtre municipale l'opérette Le comte de Luxembourg.

     

    Octobre: arrestation d'otages parmi les communistes, deux Caennais: Ernest Varin, 131 rue Branville et René Beauchamp, 78 rue du Vaugueux. En janvier 1942 ils sont internés au camp de Royallieu. (Selon le centre de documentation du Mémorial de l'internement et de la déportation à Compiègne: René Beauchamp a été déporté le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen (matricule 59187) puis à Buchenwald et rentré en France.)

     

    11 novembre : Manifestation devant le Monument aux Morts de Caen.

     

     

    Place Foch, au centre le Monument aux Morts, à droite l'hôtel Malherbe siège de la Kommandantur 723.

     

    Parmi les manifestants les frères Colin Marcel et Lucien et le professeur Desbiot . Arrestations de 11 étudiants caennais ayant participé à la manifestation du 11 novembre

     

    Au cours de mois de novembre, 153 personnes sont embauchées par la FK723.

     

    novembre : Série d'arrestations qui frappent le réseau de Résistance « Hector ». Jacques Dugardin, André Michel et Gaston Renard , jugés en mai 1942 par la cour martiale de Caen, seront condamnés et exécutés. Les autres seront déportés

     

    Un ancien coureur cycliste crée un vélo-taxi.

     

    Des lycéens caennais créent une association "Les Jeunes du Maréchal": le siège est 10 rue Jean-Romain.

     

    décembre: Visite du préfet Jean-Pierre Ingrand , représentant du ministre de l'Intérieur en zone occupée.

     

    8 décembre : La Gestapo fait irruption dans le café Guérin, une pension de famille rue de Vaucelles et y tend une souricière dans laquelle vont tomber en quelques jours la plupart des responsables de la Résistance communiste du département.

     

    10 décembre: Maurice Hébert , ouvrier aux chantiers navals de Blainville et Albert Catherine , ouvrier à la SMN à Mondeville, tous deux militants communistes sont fusillés à la caserne du 43e RA.

     

    15 décembre : Exécution à Caen de 13 personnes dont le journaliste de "l’Humanité", Lucien Sempaix .

     

    décembre : Le recteur, M. Daure , est relevé de ses fonctions. A son retour de déportation, il deviendra préfet du Calvados à la Libération.

     

     

     

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    ANNÉE 1942

     

     

     

    La police à Caen début 1942: M. Courtin, commissaire central, M.M. Devignes (1er Arr.), Prigent (2e Arr.) et Malpart (3e Arr.), commissaires d’arrondissement, M. Lemonnier, secrétaire principal et M. Robert Gautier , officier de paix et Céleste Châté , chef de la Sûreté municipale.

     

    30 janvier: Selon un article d'Ouest-Eclair:

     

    M. Céleste Châté est nommé inspecteur chef de la Sureté

     

    M. Julien est nommé sous-chef de la Sureté

     

    M. Devignes est nommé commissaire de police à Lille.

     

    Un groupe de sabotage particulièrement actif fonctionne sous la direction d'un ingénieur électromécanicien, Georges Gallet des ateliers électromécaniques Lavalette-Bosch. Le groupe électrogène servant au balisage du terrain de Carpiquet est saboté ce qui occasionne l'arrêt pendant près de deux mois les vols de nuit.(Pas d'indication de date).

     

    18 janvier: M. Jean Mercier, doyen de la Faculté des Sciences de l'Université de Bordeaux, est nommé recteur de l’Académie de Caen.

     

    janvier: 17 maisons de tolérance prospèrent à Caen, 4 maisons clandestines sont fermées et 51 prostituées sont expulsées.

     

    L'hôtel du XVIème siècle de la Loge Maçonnique Thémis, rue Neuve Saint Jean, est utilisé par le Secours National pour la distribution de boissons chaudes aux nécissiteux.

     

    30 janvier: visite de M. René Bouffet préfet régional de la Normandie.

     

    Place Saint-Sauveur: la statue en bronze d'Elie de Beaumont est démontée pour être fondue.

     

    Plus de 2 000 paquets de cigarettes sont volés à la gare.

     

    5 février: La police caennaise est étatisée. Cette police aura pour rayon d'action toute l'agglomération caennaise, avec les communes de : Venoix, Saint-Germain-la‑Blanche-Herbe, Hérouville, Mondeville, Colombelles, Giberville, Fleury-sur-Orne, Cormelles et Ifs.

     

    Les 6 "Fourneaux économiques" de Caen ont servi 70 000 repas en janvier 1942 contre 24 000 en janvier 1941 et 6 500 à leur création en juillet 1940.

     

    4 février: par -24° dans d'atroces conditions, Jean-Louis Cartigny , condamné à mort est fusillé au stand de tir de la caserne du 43ème Régiment d'Artillerie.

     

    14 février : Gérard Fuzellier, condamné à Nancy, et un commerçant de Deauville, Levy dit Sasportas, arrêté pour la détention d'un poste de T.S.F., sont fusillés à Caen à la caserne du 43e Régiment d'Artillerie

     

    Etatisée, la police de l'agglomération caennaise comptera, selon un décret pris le 21 janvier, un important personnel. Il est en effet prévu: 4 commissaires, 3 officiers de paix, 10 secrétaires, 1 inspecteur-chef, 2 inspecteurs sous-chefs, 15 inspecteurs, 125 gardiens de la paix (2 brigadiers chefs, 11 brigadiers et 112 agents) et enfin 3 agents spéciaux et 5 auxiliaires de bureau. La réforme entrera en application le 15 février.

     

    15février: La Mégère apprivoisée au théâtre municipal.

     

    1 mars : Sabotage de 3 câbles de la Luftwaffe , route de Caen à Falaise.

     

    6 mars : Suite aux coupures de câbes du 1 mars, un service de garde de nuit est prescrit à la population de Caen et d'Ifs . Mesure levée le 10 mars

     

     

    Source: photo de gauche, photo de droite - Gare de Caen - Départ pour Bordeaux du Major Almenröder - Mars 1942

     

    7 mars: AVIS TRES IMPORTANT AUX ISRAELITES. Tous les Israélites de Caen (hommes, femmes et enfants âgés d'au moins 15 ans) sont invités à se présenter, sans faute, au Commissariat Central (Service des Etrangers), avant le samedi soir 7 mars, 18 heures, pour une communication à leur faire contre signature. Ceux qui ne se présenteront pas seront répréhensibles.

     

    Ouest-Eclair du 7 mars: OUVERTURE D'UNE RESTAURATION ECONOMIQUE. A compter du 16 mars, fonctionnera au 27 rue des Carmes, tous les jours, sauf le dimanche, une restauration économique où les habitants pourront se procurer des plats chauds à emporter, contre remise des tickets nécessaires. Heures d'ouverture 11 h. 30 à 13 h. 30 et 18 h. à 19 h. 30.

     

    9 mars : Un bombardement de la R.A.F. atteint le quartier de Vaucelles . Trois blessés et l'église Saint-Michel est touchée.

     

    17 mars: deux nouveaux commissaires de police: M. Gauquelin au 1er Arr. et M. Le Cavelier de Macombles.

     

    23 mars: Ouverture d'un restaurant économique, salle Mauger, rue Mélingue.

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 39 de ce livre, Allemands devant l'église St Pierre.

     

    9 avril: Des étudiants caennais à Vichy; compte rendu de Ouest-Eclair du 15 avril: Les « ambassadeurs » caennais de la jeunesse estudiantine de nos Facultés sont revenus de Vichy, d'où Ils rapportent un inoubliable souvenir. La délégation pour notre cité était composée de MM. André Heintz, de la Faculté des Lettres; François Aze, de la Faculté de Droit : Jean-Jacques Bernier, de la Faculté de Médecine : Jean Barnard, de la Faculté de Droit, président de la J.E.C., et Couture, de l'École de Médecine de Rouen, qui firent le voyage sous la conduite de M. Janet, professeur à la Faculté des Sciences.

     

    11 avril: A l'église Saint-Jean, un service religieux célébré avec la discrétion nécessaire à la mémoire de Lucien Frémont , maire de Lasson, fusillé le 31 mars, attire une foule nombreuse et recueillie.(M. Frémont avait recueilli, en juillet 1941, deux agents de la France libre, parachutés au dessus de la région, Henri Labit

     

    et Jean-Louis Cartigny de la mission "Torture".)

     

    du 18 avril au 20 mai: En représailles de l'attentat d'Airan les 4 salles de cinéma de la ville sont fermées jusqu'au 20 mai.

     

     

    Parution dans Ouest-Eclair du 18 avril 1942.

     

    18 avril: deux détenus de la prison de Caen sont fusillés par les Allemands, à titre de représailles, dans une cour de la caserne du 43e régiment d'artillerie. Maurice Levasseur, 22 ans, et Marcel Kerelo, 27 ans, avaient été condamnés quelques mois auparavant par la Section spéciale de la Cour d'Appel de Rouen à six ans de travaux forcés pour " activités communistes ".

     

    19 avril: A l'église Saint Pierre, récital d'orgue avec Marcel Dupré.

     

     

    Parution Ouest-Eclair du 20 avril 1942

     

     

    Parution Ouest-Eclair du 21 avril 1942

     

     

    Source - L'Ecole de dressage - Pendant la parade du 20 avril 1942 pour l'anniversaire du Führer. Repérage.

     

    23 avril: Communiqué dans Ouest-Eclair: L'HEURE DU COUVRE-FEU DANS LE CALVADOS. Par ordre de la Feldkommandantur, l'heure du couvre-feu, pour tout le département, EST REPORTÉE DE 19 H. 30 à 21 HEURES. La circulation reste autorisée le matin à partir de 6 heures. Les réunions et spectacles de toute sorte sont toujours interdits. L'heure de fermeture des restaurants et cafés reste fixée à 18 h.

     

    24 avril; Communiqué dans Ouest-Eclair: La Feldkommandantur communique A PARTIR D'AUJOURD'HUI, JEUDI 23 AVRIL, L'HEURE DU COUVRE-FEU POUR LE DEPARTEMENT DU CALVADOS, EST FIXÉE DE 22 HEURES A 6 HEURES. LES AUTRES SANCTIONS RESTENT EN VIGUEUR.

     

    28 avril: Suite aux démarches de M. Henri Graux , préfet du Calvados et de M. Legrix, adjoint au ravitaillement de la ville de Caen auprès de M. Le Roy‑Ladurie , ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, l'agglomération caennaise est classée "centre urbain prioritaire" ce qui permet d'obtenir des rations supplémentaires.

     

    29 avril: Ouverture devant le tribunal de la Feldkommandantur, du procès de treize membres du réseau Hector, trois résistants caennais sont condamnés à mort (ils seront fusillés le 9 mai au 43eRA), les dix autres à de lourdes peines de travaux forcés.

     

    30 avril: Deux militants communistes: Louis Bouillard , mineur de fond à Potigny et Jean Surmatz , arrêtés dans les mois précédents pour détention de tracts sont fusillés à la caserne du 43e RA en représailles du sabotage d'Airan.

     

    1 au 2 mai dans la nuit: début des arrestations des otages en représailles des sabotages commis contre des trains de permissionnaires allemands à Airan. Tout le personnel des commissariats de Caen a été mobilisé (l’inspecteur Celeste Châté est cité) les Feldgendarmes sont là aussi.

     

    Selon le témoignage de Marcel Cimier , cet inspecteur se conduisit odieusement au commissariat central, en souffletant le docteur Raphël Pecker le bousculant en lui disant: « Sale juif, je vous aurai tous" et s'adressant aux otages communistes «Vous aussi sales communistes, demain la ville de Caen sera bien débarrassée de vos sales g ...".

     

    Quelques noms

     

    Maurice Scharf, 41 impasse Ecuyère, juif, ingénieur en génie civil

     

    Emmanuel Rosenblat, 4 place Saint-Sauveur, juif, ingénieur chimiste.

     

    Roger Pourvendier, 31 venelle aux Champs, communiste, paveur au Gaz de France (neveu de Marcel Cimier )

     

    René L’Helgoual’ch, 73 rue Caponière, communiste, électricien

     

    Henri Jamet

     

    , 6, rue Beau Soleil, communiste, caviste

     

    Mendel Kronenfeld,100, rue St Jean, juif,. chimiste

     

    Armand Bernheim, 60 rue Saint-Jean, juif, fleuriste

     

    Michel Bertaux, 29 rue Louis Savare, communiste, manœuvre

     

    Marcel Latman, rue des Teinturiers, juif, ingénieur chimiste

     

    Jacob Kirzner, 23 place Saint-Sauveur, juif, marchand forain

     

    David Badache , 216 rue Caponière, juif, ingénieur chimiste

     

    Emile Isidor, 15 rue Saint Sauveur, communiste, agent des PTT

     

    Marcel Cimier , 13 rue Gémare, communiste, plombier-zingueur à l'entreprise Marie (oncle de Roger Pourvendier)

     

    Charles Lelandais, 122 rue de Geôle, communiste, artisan plombier

     

    Albert Coispeau , 50 route de Trouville, communiste, chauffeur de route à la SNCF

     

     

     Aron Goldstein, 101 rue Saint-Pierre, juif, communiste, marchand forain

     

    Jules Polosecki, 13 place du Marché au bois, juif, tapissier-litier

     

    André Indictor ou Indiktor Abraham , 3 rue de Verdun, coiffeur aux Galeries Lafayette

     

    Raymond Confais, rue Leroy

     

    Moshe Tarakanoff, 5 rue Saint-Sauveur

     

    Emile Hallais, rue Sainte-Anne

     

    Jean Doktor ,  41 rue Bicoquet, juif, chef du service du contentieux dans une entreprise de travaux publics

     

    Adolphe Vasnier, 42 rue du Vaugeux, communiste, tourneur sur métaux aux Etablissements Allainguillaume. 

     

    Félix Bouillon , 92 rue d’Auge, mécanicien

     

    André Montagne , 13 de la Place de l'Ancienne-Comédie, militant des Jeunesses communistes

     

    Serge Greffet, militant des Jeunesses communistes

     

    Raymond Guillard , militant des Jeunesses communistes

     

    Joseph Besnier , militant des Jeunesses communistes et son frère Eugène Besnier, 20 rue Ernest Manchon (Route de Rouen), communiste, maçon.

     

    Dr Raphaël Pecker , médecin juif, 44 de la rue des Jacobins

     

    Etienne Cardin , 13 rue Montoir Poisonnerie , communiste, ajusteur, ancien responsable du syndicat CGT des métaux

     

    François Stéphan, 110 rue de Geôle, communiste, tourneur, l'organisateur du syndicat des chômeurs dans les années trente

     

    René Blin, 69 rue du Vaugueux, communiste, chauffeur

     

    Georges Auguste , rue Beau Soleil, communiste, mécanicien à la SNCF

     

    André Huet , 39 rue d'Auge, communiste, cheminot (ajusteur à la SNCF)

     

    Georges Millemannn , un ouvrier tourneur

     

    Armand Duvieu, 6 rue de la Motte, communiste, chauffeur de camion à l’entreprise Cauquelin

     

    René Drimer, avenue de Tourville, juif, ingénieur chimiste

     

    Le 3 mai en fin d'après-midi, les détenus de la prison de Caen arrêtés dans la nuit du 1er au 2 sont remis aux autorités allemandes. Immédiatement ils sont transportés en voitures cellulaires ou autocars vers un bâtiment contigu du Lycée Malherbe, connu sous le nom de " Petit Lycée ", sur la place Guillouard.

     

    18H30, deux cars arrivent au Petit Lycée pour conduire les otages vers la gare de marchandises. 22H30, le convoi s'ébranle enfin.

     

    Au matin du 5 mai, il s'arrête en gare de Compiègne. De là, les otages sont conduits au camp de Royallieu, distant de quelques kilomètres seulement.

     

    Le matin du 6 juillet, le convoi quitte la gare de Compiègne pour Auschwitz.

     

     

    2 mai: Ordre de la Feldkommandantur 723, la ligne Paris-Cherbourg devra dorénavant être gardée par des civils français sur toute la longueur de son trajet dans le Calvados. Dans un premier temps, 1.300 hommes sont à désigner d'urgence pour être à pied d'œuvre à 18 heures !

     

     

    Parution Ouest-Eclair du 4 mai 1942

     

    3 mai: Inhumation au cimetière Nord-est des soldats allemands tués lors du second sabotage d'Airan le 1 mai 1942. Lire un communiqué du MSR dans Ouest-Eclair du 5 mai 1942 .

     

     

    La sortie de l'hôpital civil, avenue Georges Clémenceau réquisitionné en Kriegslazarett et l'inhumation au cimetière Nord-est. Agrandissement.

     

    4 mai: Création d'un train direct Caen-Rennes.

     

    6 mai: suite au second sabotage d'Airan un communiqué de presse

     

     

    Parution dans Ouest-Eclair du 6 et 7 mai 1942.

     

    6 mai : Bombardement quartier Victor Lépine, réseaux BT coupés.

     

    7 mai : De nouvelles arrestations ont lieu à Caen : une vingtaine de personnes parmi lesquelles le professeur Musset , doyen de la Faculté des Lettres, les frères Colin Marcel et Lucien et M. Desbiot professeur d'Anglais. Ces derniers sont coupables d'avoir participé à une remise de gerbe au Monument aux Morts le 11 novembre 1941.

     

     

    Réquisition du 11 mai 1942 pour garder les voies ferrées de la ligne Paris-Cherbourg suite aux sabotages à Airan. D'autres réquisitions.

     

    8 mai : Bombardements à 12H20, rupture 2800V avenue Victor Hugo.

     

    Communiqué dans Ouest-Eclair: Par ordre de la Feldkommandantur, le public est informé qu'à partir du 9 mai 1942 la circulation des bicyclettes sera interdite dans le département du Calvados, de 21 h. 30 à 6 heures du matin. Il sera également interdit de pousser les bicyclettes à la main. Aucun vélo ne devra se trouver sur la voie publique entre les heures indiquées. Un contrôle rigoureux sera effectué et les infractions commises seront poursuivies sévèrement.

     

    9 mai, au matin: trois détenus de la maison centrale de Beaulieu, Pierre Faures, Jean Becar ajusteur et militant communiste à Longuyon et Pierre Mangel (Pierre Marcel sur la stèle des fusillés), sont passés par les armes à la caserne du 43e d'artillerie.

     

    9 mai, après-midi: Jacques Dugardin , André Michel et Gaston Renard , résistants du Groupe "Hector", sont fusillés dans la cour du 43e d'artillerie.

     

    Le théâtre municipal affiche "Marché noir" une pièce d'actualité de Steve Passeur.

     

     

    Source - Montage de 3 photos. Mai 1942. Bureau du Nachrichtenführer. Il s'agit d'un major de la Luftwaffe. A Caen, la Feld-Nachrichten-Kommandantur 25, adresse inconnue, elle investit les centraux téléphoniques dès le 20 juin 1940. Sous réserve le Major Blum.

     

    13 mai: Communiqué du commissaire central COURTIN. Les heure de service de garde des voies de communications, qui étaient primitivement fixées de 21 heures à 6 heures, sont reportées de 22 heures à 6 heures, à partir d'hier 12 mai. En conséquence, les requis, convoqués pour 20 heures, sont invités à se présenter à 21 heures dans la cour du Musée.

     

    14 mai: onze nouveaux communistes sont fusillés à Caen

     

    16 mai: Communiqué du commissaire central COURTIN. A partir d’aujourd’hui 16 mai, les requis pour la garde des voies de communication ne seront plus ravitaillés au départ. Ils devront se munir eux-mêmes du ravitaillement nécessaire et recevront des bons leur permettant de se réapprovisionner.

     

    20 mai: la Feldkommandantur lève la plupart des sanctions en vigueur depuis le 16 avril : le couvre-feu est ramené à 23 heures et la circulation pourra reprendre à partir de 5 heures du matin. Les cafés, restaurants, cinémas et stades vont rouvrir leurs portes.

     

     

    Parution Ouest-Eclair du 21 mai 1942.

     

    23 mai: Communiqué de la préfecture: AVIS AUX JUIFS. En vertu de la 7e ordonnance allemande du 24 mars 1942, est considérée comme juive et doit effectuer une déclaration à cet effet, toute personne issue de deux grands-parents de race Juive, et qui : 1° le 25 juin 1940, appartenait à la religion juive ou y appartenait ultérieurement ; ou qui : 2° le 25 juin 1940, était mariée à un conjoint juif ou qui aurait épousé, après cette date, un conjoint juif.

     

    5 juin: Communiqué d'Ouest-Eclair: L’étatisation de la police caennaise devait amener certaines modifications dans le personnel C'est ainsi que nous apprenons aujourd'hui l'arrivée d'un troisième officier de paix. M. Charles Chapelain. D'autre part, nous allons avoir quarante nouveaux agents de police dont vingt-cinq environ sont déjà entrés en service à Caen.

     

    Récital du pianiste Walter Rummel au théâtre municipal.

     

    7 juin: Un nouveau régime pour la fermeture des boulangeries caennaises entre en vigueur à partir du dimanche 7 juin. Désormais, les boulangeries seront fermées depuis 13 heures le dimanche et ne rouvriront que le mardi matin. Le dimanche matin même, les boulangeries ne pourront vendre que du pain rassis.

     

     Port de l'étoile jaune. Il est interdit aux Juifs, dès l'âge de six ans révolus, de paraître en public sans porter l'étoile juive .

     

    12 juin: Visite du secrétaire général à la Jeunesse, Georges Lamirand .

     

    15 juin: Le secrétaire général de la préfecture M. Chévrier est remplacé par M. Fauconnier.

     

    27 juin: Au théâtre une conférence d'un prisonnier libéré vante "la collaboration avec l'Allemagne dans l'honneur et l'indépendance"

     

    29 juin : Départ du préfet Henry Graux révoqué à la demande des Allemands. Ci-dessous un communiqué de presse préparé par la censure !

     

     

    Parution dans Ouest-Eclair du 29 juin 1942.

     

    Après un essai raté en 1941, la municipalité décide de transformer en cultures potagères les 50 hectares de La Prairie.

     

    Création d'un service civique: il faut des jeunes volontaires pour assurer la moisson, en l'absence des agriculteurs prisonniers.

     

     En juin 1942, un centre des Gardes des Communications fut installé à Caen dans des locaux précédemment occupés par une loge maçonnique. Dotés d'un uniforme noir avec une francisque aux pointes du col et d'une casquette ornée d'un G, ces gardes avaient une mission de contrôle du service de la garde, mission alors dévolue à la Gendarmerie. Ce Corps civil était placé sous les ordres sous l'autorité du Secrétariat général de la Police. Quel effectif ?

     

    Les hommes âs de 18 à 60 ans étaient quotidiennement requis au service de la garde surtout des voies ferrées, mais aussi de nombreux points sensibles comme les terrains offrant un site favorable aux parachutages ou les bureaux de placement allemands.

     

     

    Ordres de mission, réquisition pour la surveillance

     

    4 juillet: Une nouvelle autopompe va entrer en service. Parti depuis quelques jours à Paris. le capitaine Bonza, commandant la compagnie de sapeurs ­pompiers de Caen, vient de rentrer, ramenant dans notre ville une autopompe destinée spécialement aux premiers secours. Cette voiture au débit de 100 mètres cubes-heure, servira avec son chargement d'une tonne d'eau, à attaquer les sinistres dès que ceux-ci seront signalés.

     

    4 juillet: Prestation de serment à la Préfecture régionale de Rouen, la cérémonie de prestation de serment des hauts fonctionnaires de Normandie fut marquée par une allocution de M René Bouffet , préfet régional. C'est ainsi que, pour le Calvados, jurèrent fidélité au Chef de l'État M.M. Fauconnier, secrétaire général, Houille, sous-préfet de Lisieux ; Rochat, sous-préfet de Bayeux, Liard, sous-préfet de Vire, ainsi que MM. Coussy, président ; Perret et Chailley, conseillers du Conseil de Préfecture interdépartemental de Caen.

     

    6 juillet : Environ 2/3 des otages caennais internés au camp de Royallieu sont déportés à Auschwitz, avec le premier convoi de déportés politiques français.

     

    Découverte d'une fabrique clandestine de savon.

     

    La Ligue du Coin de Terre annonce qu'elle a créé 1 100 jardins familiaux dans l'agglomération caennaise.

     

    9 juillet: Un article d'une rare complaisance paru dans Ouest-Eclair (la censure est passée !)

     

    Des artistes parisiens, de retour d'Allemagne, passent à Caen.

     

    A peine rentrés d'une magnifique tournée en Allemagne, des artistes français, qui avaient joué devant les ouvriers et les prisonniers français, ont eu à cœur d'apporter aux familles de la zone occupée des nouvelles de leurs êtres chers restés ou partis de l'autre côté du Rhin.

     

    C'est ainsi que Caen a eu hier le privilège d’abriter les Fréhel , Lys Gauty , Irène de Trébert , Raymond Legrand et son orchestre, etc...

     

    Arrivés séparément dans notre ville, à la suite de péripéties de voyage, heureusement plus contrariantes que graves, les membres de la tournée Paris-Vedettes, qui venaient de Cherbourg, avaient eu la bonne pensée de recevoir, hier après-midi, les membres de la Presse.

     

    Auprès de qui, mieux que des artistes, peut-on trouver un écho fidèle, dégagé de toute passion, des impressions ressenties dans un voyage de propagande en Allemagne ? Cet écho ne nous fait pas défaut, et c'est avec un bel air de conviction et une belle chaleur que Raymond Legrand, approuvé par tous ses camarades, peut nous affirmer combien il avait été agréablement surpris de l'accueil qui leur avait été réservé.

     

    "Dites-le bien, parce que c'est la simple vérité : le peuple allemand aime les Français. Nous avons eu de nombreuses occasions de nous en apercevoir..."

     

    Une des choses qui ont le plus frappé nos visiteurs, c'est l’impression de sécurité et de calme qui règne dans tout le Reich.

     

    « Ce calme, nous dira Lise Gauty, ne veut pas dire indifférence ni paresse. Oh! non, bien au contraire, mais l'activité qui y règne est ordonnée et ne laisse rien à l'imprévu. Pas un pouce de terrain est inoccupé, et le voyageur a nettement l’impression de se trouver devant un pays riche et prospère...

     

    Mlle Irène de Trébert, qui assiste à notre Interview, avec un petit sourire malicieux, vient à son tour à notre secours...

     

    « Et quelles belles familles! Je n'ai vu nulle part d'enfants aussi nombreux, aussi beaux ! je vous assure que, pour des gens qui, soi-disant, manquent de tout.., c'est étonnant ce qu'ils se portent bien ! »

     

    Manque de tout - interrompt avec son accent et sa mimique inimitable Fréhel. As-tu, toi, pendant ton séjour, manqué de quelque chose! Tu avais des tickets, c'est vrai, mais Ils étaient honorés, et tu en avais en assez grande quantité...

     

    Non, tout de même, toi tu as « rouspété » un soir...

     

    C'est vrai : je navals pu trouver un cognac dont j'avais diablement envie ! Mais, qu'est-ce que cela ?

     

    Évidemment, nous nous trouvons en face d'une boutade, d'une « rosserie » qui nous prouve — en avions-nous besoin ? — qu'en toutes circonstances l'esprit frondeur des Français entend conserver ses droits et prérogatives.

     

    Mais laissons maintenant nos aimables artistes, qui, dans quel­ques Instants, doivent affronter la critique des spectateurs caennais. Noue sommes assures que celle-ci sera toute en leur faveur.

     

    17 juillet à 14H00: La Banque du Crédit Industriel de Normandie, 20 rue de Geôle est dévalisée par deux bandits armés qui emportent 1 800 000 francs. Hold-up attribué par certains à John Hopper .

     

    24 juillet: Pierre Esnault , serrurier et militant communiste de Mondeville est condamné à mort, il sera fusillé une semaine plus tard à la caserne du 43e RA.La maison du peuple à Mondeville porte son nom.

     

    25 juillet: Dans la salle du Conseil général, à la Préfecture du Calvados, à Caen. Les membres de la police du département prêtent serment de fidélité au maréchal Pétain , chef de l'État français. Tour à tour, prêtèrent serment : MM. Courtin Gastin, commissaire principal à Caen ; Radiguet Paul, commissaire principal des Renseignements Généraux à Caen ; Gauquelin Henri, commissaire à Caen; Prigent Jean, commissaire à Caen, Malpart Joseph, commissaire à Caen; Cavelier de Mocomble Paul, commissaire stagiaire à Caen; Touchard Henri, inspecteur principal à Caen; Collonville, inspecteur à Caen ; Bouthemy Jean, inspecteur stagiaire à Caen ; Chapelain Charles, officier de Paix à Caen; Gauthier Robert, officier de Paix à Caen ; Vaugeois Raymond, officier de Paix adjoint à Caen.

     

    1 août : L'Oberstleutnant Elster est remplacé en tant que Feldkommandant par l'Oberst Bülcke.

     

    12 août: Les 11 premiers prisonniers calvadosiens débarquent en gare dans le cadre de la relève.

     

    16 août: La cérémonie au cours de laquelle a été prélevée, sur le territoire de Caen, la pincée de terre symbolique qui sera remise à la fin du mois au maréchal Pétain , s'est déroulée ce matin dans la plus grande simplicité. Cette pincée de terre a été bénite par Mgr des Hameaux , curé- doyen de Saint-Etienne, à l'issue de la grand'messe.

     

    20 août 1942: L'heure du couvre-feu est fixée à 20 heures.

     

     

    Parution dans Ouest-Eclair le 20 août 1942.

     

    28 août 1942: Prise de fonction du préfet Michel Cacaud ,antérieurement préfet du Gers, nommé le 17 août par le gouvernement de Vichy en remplacement du préfet Henry Graux . Il le restera jusqu'à sa suspension le 10 juillet 1944, sa conduite pendant la bataille de Caen sera honorable.

     

     

    Source: Collection Télitchko, page 18 de ce livre, Allemands Place St Pierre. 

     

    Dans la nuit du 9 septembre, tandis que sa camarade Gisèle Guillemot "Annick" fait le guet, Marius Sire "Kléber" , l'un des responsables de la Résistance communiste du Calvados, réussit à pénétrer dans un hangar de la foire-exposition, place d'Armes, où sont entreposés des stocks de fourrage destinés aux chevaux de l'armée allemande. Il allume un incendie qui fait partir rapidement en fumée près de 400 tonnes de paille, de foin et d'avoine.

     

     

    La seconde tour du château à droite de l'entrée principale est transformée en blockhaus par les Allemnds, voir ici.

     

    septembre: Le déboisement de la ville de Caen se poursuit, c'est au tour des ormes et des frênes de la rue du général Moulin menant de Caen à la Maladrerie.

     

    5 septembre: le préfet régional René Bouffet est remplacé par M. Parmentier .

     

    5 au 20 septembre: Une exposition artisanale attire 50 000 visiteurs en 15 jours.

     

     

     Source: annexe de ce livre

     

    12 septembre: Se pose à Caen/Carpiquet un JU 86 R (f5+PM) transpercé de part en part par un obus.

     

     

    Bombardier à haute altitude Ju 86 R-1

     

    L’avion armé d'une seule bombe de 250 kg pour un bombardement sur Cardiff a été intercepté à 44 000 pieds par un Spitfire IX. Les pilotes sont Horst Götz et Erich Sommer ceux qui voleront sur l’Arado 234.

     

    mi-septembre: l'adjoint au maire M. Joseph Poirier , directeur urbain de la Défense passive, convoque plusieurs entrepreneurs pour organiser des équipes de sauvetage et de déblaiements en cas de bombardements aériens.

     

    25 septembre : Retour de 9 prisonniers calvadosiens à Caen .

     

    17, 18 et 19 octobre: Dans sa candeur naïve de Jacques Deval au théâtre municipal.

     

    22 octobre: Visite de M. Parmentier préfet régional Normandie à Caen.

     

    27 octobre: Visite du Secrétaire général aux Communications, Robert Gibrat .

     

    5 novembre: Un nouveau Fourneau Economique, établi au Bon-Sauveur, avec l'aide du Secours National . L'entrée se fait par la rue de l'Abbatiale, dans la Venelle dite « des Granges », qui longe le Bon-Sauveur.

     

    9 novembre: Concert militaire au théâtre municipal.

     

     

    Parution dans Ouest-Eclair du 6 novembre 1942.

     

    10 novembre : Distribution de tracts du Parti Communiste qui traitent des événements d'Afrique

     

    10 novembre: Au Select, le film La duchesse de Langeais au profit des prisonniers.

     

    11 novembre : Arrestation d'Henri Brunet qui a transmis de nombreux plans de l'armée allemande à un réseau de résistance, il sera fusillé le 20 septembre 1943.

     

    15/22 novembre : « Semaine du Prisonnier » organisée à Caen au profit du « Centre d'entraide des Prisonniers », sous la présidence d'honneur du Préfet du Calvados et du Maire

     

    15 novembre: A l'OMJ, inauguration du Musée du prisonnier.25 novembre : 37 prisonniers sont arrivés au titre de la « Relève » en gare de Caen .

     

    20 novembre: LA POLICE CAENNAISE A PRÊTÉ SERMENT AU CHEF DE L'ÉTAT. Une cérémonie tout intime s'est déroulée cet après-midi dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville. Les membres de la police caennaise, appartenant à la police d'Etat, ont prêté serment au Maréchal Pétain . C'est M. Péret, conseiller de Préfecture, faisant fonction de chef de cabinet, qui présidait cette manifestation. Il était entouré sur l'estrade de MM. Detolle maire de Caen ; Robiquet, chef de division à la Préfecture ; Pères, Procureur de l’État ; le chef de bataillon Hemeret, commandant la compagnie de gendarmerie du Calvados ; le capitaine Gaubert, commandant les brigades de gendarmerie de l’arrondissement de Caen ; Radiguet, commissaire spécial ; Mme Ariot ; MM. Prigent, Gauquelin, Malpart, de Moncomble , commissaires de quartier. M. Courtin , commissaire central, rappela le rôle de la police, dont il dit toute la noblesse. M. Lemonnier, au nom des secrétaires, prêta serment. Il fut suivi par MM. André Gautier, Leroux, etc... .puis M. Céleste Chaté , pour la Sûreté, et les inspecteurs, ainsi que le brigadier-chef Naudin, pour les gardiens de la paix. Tous les policiers ayant juré fidélité au Chef de l'Etat. M. Péret déclara la séance levée.

     

    26, 27 et 28 novembre : une centaine de prisonniers libérés arrivent en gare de Caen. Ils sont démobilisés au lycée Malherbe, centre d'accueil dirigé par le capitaine Robert Le Coutour .

     

    novembre: Le cadavre d'un soldat allemand tué d'une balle dans la tête est découvert.

     

    Une affaire de pillage en gare SNCF: arrestation d'une quarantaine de personnes.

     

    16 décembre: dans la nuit, une violente explosion se produit devant le bureau de placement allemand, détruisant entièrement la devanture où s’étalaient affiches et brochures de propagande en faveur du travail outre-Rhin. L'attentat a été commis par le petit groupe d’Émile Julien "Maurice", FTP de Mondeville. La Feldkommandantur exige désormais que tous les édifices occupés par les Allemands soient surveillés la nuit par la Gendarmerie française

     

    Au cours du second semestre de 1942 plusieurs arrestations de juifs étrangers; certains magasins caennais sont investis par des mouvements collaborationnistes, voir ici.

     

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     ANNÉE 1943 

     

     

     

    3 janvier: Vers 20 heures, le train express Paris-Cherbourg est mitraillé en gare: deux morts et plusieurs blessés dans le même wagon. aucun Allemand n'est touché dans les wagons réservés à la troupe.

     

    11 janvier: Ouverture du " Restaurant d'Entr'aide de l'OMJ" au 28 de la rue Saint-Jean.

     

    22 janvier : Vers 21H15, l'un des membres du groupe de sabotage FTP. Émile Julien, place une bombe de sa fabrication sur l'embranchement de la voie ferrée conduisant de la gare de Caen aux bassins du port et au dépôt allemand installé dans un bâtiment de la foire exposition. L'explosion, qui se produit à hauteur du début de la rue Neuve du Port, détruit un aiguillage et brise de nombreuses vitres dans le quartier.

     

    L'Oberst Bulcke ordonne des tours de garde à La Maladrerie, à la suite d'un sabotage de câbles.

     

     Rafle de militants communistes: Germaine Guérin, responsable des jeunes du Front national, le marchand de primeurs Georges Macé, Marcel Victoire, un agent des PTT et le maçon Joseph Duval.

     

    10 février : A 11H02 du matin, bombardement des rives de l'Orne, de Vaucelles et de la Demi-Lune. 10 morts, 39 blessés et plus de 100 maisons atteintes , réseaux BT quartier de la gare et Demi-Lune, bd Leroy, rue de Formigny, quai Hamelin et avenue Victor Hugo coupés. Des entrepôts sont pillés dans la nuit.

     

    19 au 20 février: Dans la nuit, au cours d'une ronde, deux gardiens de la paix découvrent rue Saint-Jean, un engin explosif déposé dans le caniveau à hauteur du café de Paris, établissement fréquenté par les Allemands. Il s’agit d'un cylindre métallique bourré d'explosifs, dont la mèche, allumée, s’était malencontreusement éteinte. Compte tenu de la nature de l'engin, semblable à ceux que confectionnait Émile Julien de Mondeville, cette tentative semble bien devoir être mise au compte des FTP.

     

    1 mars : Un sabotage est tenté sur la ligne Paris-Cherbourg à Moult. Il échoue par suite de l'arrivée d'un garde-voie. Les cinq résistants s'enfuient, René Verheecke, FTP, est arrêté à un barrage de Gendarmerie place du 36e RI et livre des informations qui vont entraîner le démantèlement de la Résistance communiste dans le Calvados. Il est traduit devant une cour martiale siégeant à Paris, condamné à mort et fusillé au Mont Valérien le 14 août 1943.

     

    2 mars : Joseph Étienne, contremaître dans une usine textile à Lisieux, un des membres du triangle de direction du P.C.F. du Calvados, est grièvement blessé au cours de son arrestation par la police française, place Courtonne. Criblé de balles par l'inspecteur Geffroy il est transporté à l'hôpital Clemenceau d'où il s'échappera miraculeusement le 8 mai, malgré la garde des Allemands. Avec lui est egalement arrêté Michel Legois, membre des FTP remis aux Allemands il est fusillé au Mont Valérien le 14 août 1943

     

    2 mars: grand concert au théâtre municipal au profit des P.G. et de leurs familles

     

    M. Renaudin, Commissaire Général à la Famille, prononce à Caen, au cours de la « Grande Semaine Familiale du Calvados », une conférence sur la « Restauration nécessaire des foyers français »

     

    5 mars: Visite du colonel Bonhomme , officier d'ordonnance du maréchal Pétain venu apporter un message se soutien du chef de l'état aux sinistrés après "les lâches bombardements de la RAF" du 10 février.

     

     

    Source à gauche: Collection Télitchko, page 18 de ce livre, deux Feldgendarmen Place St Pierre. A droite, source, un Feldgengarme dans un side-car.

     

    30 mars: La brigade mobile de Rouen arrête Jules Godfroy et sa famille, victimes de la vague d'arrestations qui frappe la Résistance communiste. Il est livré à la Gestapo.

     

    11 avril: Exercice de Défense passive en présence du Feldkommandant.

     

    13 avril à 16h35: Bombardement de la rive droite de l'Orne, rue d'Auge, rue d'Hérouville ; 5 morts, 2 blessés .Les incendies sont combattus avec l'aide des pompiers allemands. Réseaux BT coupés.

     

    du 15 avril au 30 mai 1943: Un Caennais tient la liste des alertes aériennes .

     

    15 avril:  Marius Sire , membre du triangle de direction du Parti communiste clandestin pour le Calvados, est pris dans sa planque, 14 rue du Gaillon.

     

    17 avril : Bombardement de Caen . Coupure 30kV vers la SMN, coupure 2800V à l'Usine Elecrique (la Centrale), coupure réseaux rue du Marais et rue d'Auge.

     

    18 avril à 18h45: Bombardement avec des bombes: rue d'Hérouville, avenue Georges Clemenceau, cours Montalivet, rue des Maris, rue d'Auge, le pavillon N°4 de l'hôpital est atteint par des bombes incendiaires, en tout 5 morts.

     

     

    Source page 125 de

     

    20 avril : Bombardement de Caen

     

    avril: Les autorités caennaises décident l'évacuation totale des certains quartiers (rue d'Auge et Sainte-Thérése) et partielle du quartier de Vaucelles, 628 familles soit près de 1 700 personnes sont relogées.

     

    6 mai: Visite de M. Bourlet chef de cabinet du ministre de la Production Industrielle Jean Bichelonne qui vient présenter le bilan de la situation économique à deux cents industriels et commerçants du département.

     

    13 mai : Service religieux à la mémoire des victimes de la RAF .

     

     

    Source: photo de droite, photo de gauche. Fête en l'honneur de la promotion du colonel (Oberst) von Lidl - Mars 1943.

     

    L' Oberstleutnant (lt-col.) Valentin von Lidl est le Kommandeur du Flughafen-Bereichs-Kommando 8/VII à Carpiquet du 20 juin 40 au 1 août 41, l'E-M au 168 rue Caponière.

     

    30 mai : Nouveau bombardement de Caen et du quartier de la Demi-Lune et de Mondeville: 7 morts et 7 blessés. Réseaux BT au port et quartier de la Demi-Lune coupés.

     

    18 juin: Un train, venant de Cherbourg passe en gare avec des requis, porte des inscriptions "Vive de Gaulle" sur les voitures, quant aux voyageurs ils chantent La Marseillaise et l'Internationale.

     

    30 juin: Un nouveau convoi du STO en partance pour l’Allemagne, en majorité des jeunes des classes 20, 21 et 22, se prépare à partir en gare de Caen. La gare est remplie de soldats allemands. En quelques minutes, les wagons sont recouverts de graffitis tels que « A mort Hitler ! » ou « Laval au poteau ". Les Allemands obligent alors deux jeunes gens à effacer ces inscriptions. Puis le train part. Au premier arrêt, vers 20h00, en gare de Mézidon nouvelle manisfestation, il y aura 13 otages qui seront déportés le 4 septembre à Buchenwald, seuls 2 reviendront des camps.

     

    juillet: Visite d'Abel Bonnard , ministre de l'Education Nationale.

     

    20 août: Recensement des bicyclettes, ordonné par l'occupant. Nul ne pouvait circuler à bicyclette sans avoir le récépissé délivré par la mairie.

     

     

    Le 29 août 1943, recensement du vélo Thomann de René Marie.

     

    septembre: Des "Cahiers de Libération" , brochure clandestine de 60 pages (contenant le Chant des partisans), sont adressés par La Poste aux habitants.

     

     

    Source - Rond point de la Demi-Lune

     

    9 octobre: Arrestation de Jean Letellier à son bureau Bd des Alliés par Brière, il sera déporté et ne reviendra pas.

     

    15 octobre: Au café Normandie, boulevard des Alliés première réunion préparatoire du CDL du Calvados.

     

    23 octobre: Arrestation de juifs étrangers et Français.

     

    25 octobre: Bombardements à 13H15 et 16H28, dégats aux installations extérieures de la Centrale, coupure 2800V bd Dunois.

     

    4 novembre: Visite de François Hulot, chargé de mission au cabinet de Pierre Laval venu exposer la politique préconisée par le chef du gouvernement.

     

    13 novembre au soir: Pour se procurer le matériel nécessaire à la frappe des tracts, les responsables du Front national ont décidé de dérober des machines à écrire aux Galeries Lafayette, boulevard des Alliés. Le coup demain, prévu, a été confié à un petit commando formé de Michel de Boüard , Bernard Gilles , Marcel Morel et Paulette Vallerie . Leur camarade Joseph Déan , employé des Galeries, a pris contact avec le veilleur de nuit et obtenu sa complicité afin de pouvoir pénétrer sans difficulté dans les locaux. Malheureusement, l'homme a été remplacé au dernier moment par un collègue qui ignore tout du projet. Ayant ouvert la porte, il refuse de laisser entrer le petit groupe et tente de résister en faisant des moulinets avec sa lampe à pétrole, blessant Bernard Gilles à la tête. Dans la mêlée, un coup de pistolet part touchant mortellement l'infortuné veilleur. Le commando prend alors la fuite sans avoir pu mener à bien l'opération prévue. Lire l'article d'Ouest-Eclair du 28 janvier 1944.

     

    novembre: Arrestation de deux juifs selon un rapport de police, ensuite les arrestations furent directement traitées par la Gestapo sans en tenir informé la police française.

     

    10 décembre : Arrestation de responsables du Front National dans une souricière de la rue de Vaucelles à Caen

     

    11 décembre : Arrestation à son domicile de Michel de Boüard , professeur d'Histoire à l'Université de Caen, responsable du Front National et de Maurice et Paulette Vallerie .

     

    15 décembre: Arrestation d'Emmanuel Robineau de l'OCM-CDLR

     

    16 décembre: Arrestation de Pierre Bouchard le chef d'E-M de l'OCM-CDLR

     

    L'eau de la ville ne sera plus javellisée en raison de difficultés passagères pour obtenir l'eau de Javel; il est expressément recommandé aux habitants de faire bouillir l'eau destinée à la consommation.

     

    Trois auxiliaire du centre de tri des PTT sont arrêtés pour avoir détournés des lettres et des colis et s'être servi de sacs postaux pour expédier à Paris des denrées contingentées.

     

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    ANNÉE 1944

     

     

     

    1 janvier: Bombardement et mitraillage à la Centrale électrique.

     

    début janvier : Arrestation à Caen de Valentin Debailly , nouveau responsable des F.T.P.

     

    L'impôt sur les bicyclettes passe de 25 à 40 francs.

     

    7 janvier: Bombardement et mitraillage à la Centrale électrique.

     

    8, 9 et 10 janvier: l'opérette La Folle Nuit au théâtre municipal.

     

    11 janvier: Une rafle à la sortie de trois cinémas effectuée par la Feldgendarmerie, plusieurs jeunes gens sont retenus mais heureusement relâchés après une nouvelle vérification.

     

    14 janvier: Lazare Chesneau, le cafetier place Courtonne qui comparaîtra devant les Assises à une prochaine session pour assassinat de Leblond (le 11 mars 1943 avec "Richard" un Feldgendarme), était poursuivi devant le tribunal correctionnel à la requête des contributions indirectes. Il est condamné à un mois de prison et 98.440 francs d'amende fiscale, un stock très important de spiritueux ayant été découvert dans son garage rue Varignon.

     

    16 et 17 janvier: l'opéra-comique La Mascotte au théâtre municipal.

     

    22 janvier: le Misantrophe de Molière au théâtre municipal.

     

    27 janvier: Une vingtaine de requis pour le STO chantent la Marseillaise dans les rues entre le petit Lycée et la gare, malgré la surveillance de soldats allemands armés et de membres de l'Organisation Todt .

     

    31 janvier: Bombardement et mitraillage à la Centrale électrique.

     

    janvier: Le Tribunal Correctionnel juge 24 personnes accusées de pillage en règle dans les wagons stationnés en gare.

     

    Un contrôleur des contributions indirectes caennais recherché pour de graves détournements prend la fuite.

     

    janvier: La Feldgendarmerie arrête 145 prostituées pour vérifier leur identité et leur état de santé.

     

     

    Facture de gaz: décembre 43-janvier 44

     

    5 et 6 février: La comédie Le Duel d'Henri Lavedan au théâtre municipal

     

    6 février: Bombardement et mitraillage à la Centrale électrique.

     

    11 février: Les responsables des FTP du Calvados ont décidé de mener une opération particulièrement audacieuse. Il s'agit de délivrer leurs camarades arrêtés lors des rafles de décembre 1943, en attaquant le fourgon cellulaire qui doit les conduire de la maison d'arrêt à la gare de Caen. Le commando sera composé de cinq hommes provenant du groupe FTP de Caen et du maquis de Pontécoulant : André Chauffray , les frères Joseph, Louis Margueritte, Pierre Trévin et Yvan Yvanisevic. Comme prévu, ils se retrouvent dans une chambre située au-dessus du café du Bocage, au n° 60 de la rue des Carmes. Bénéficiant d'informations dont on ignore la provenance, un fort détachement de policiers, sous les ordres de l’inspecteur Lioult, surgit à l’improviste et parvient à s'emparer des cinq hommes, bien que certains d'entre eux aient tenté de s'enfuir par les toits, tel Louis Margueritte capturé après être tombé au travers d'une verrière de la clinique de la Miséricorde. Ils seront livrés aux Allemands.

     

    13 février: l'opérette Le Petit Duc au théâtre municipal.

     

    18 février: A partir du 19 février prochain, les garages de la ville seront fermés le samedi et le dimanche. La permanence déjà en vigueur pour le dimanche sera donc de ce fait étendue au samedi.

     

    19 février: Cinna de Corneille au théâtre municipal

     

    février : Arrestation d'un grand nombre de personnalités et de notables du département, tels les maires de Caen, de Mézidon, Falaise, le chef de la Sûreté urbaine, deux architectes caennais, le député de Caen Camille Blaisot . Plusieurs sont déportés au début du mois de mars

     

    février: Annonce que la vente des postes de TSF sera interdite à compter du 1 avril, motif: "la nécessité d'assurer la sauvegarde des troupes d'occupation dans une région menacée d'invasion étrangère"

     

    Des Feldgendarmen accompagnés de gardiens de la paix, réquisitionnent les pneus, les chambres à air et les batteries automobiles.

     

    4,5 et 6 mars: Ta bouche, opérette d'Yves Mirande au théâtre municipal

     

    11 mars: l'Ampytrion de Molière au théâtre municipal

     

    RECENSEMENT DES HOMMES DE 16 A 60 ANS. Conformément aux instructions reçues de l'autorité occupante, les hommes résidant à Caen, nés entre le 1er février 1884 et le 1er mai 1928 doivent être recensés entre le 15 et le 24 mars.

     

    15 mars: Du cinéma les samedis, dimanches et lundis seulement. En raison des nouvelles restrictions dans la consommation de l'électricité les quatre salles de cinéma caennaises n'ouvriront plus que trois jours par semaine, sept séances seulement étant permises.

     

    16 mars; Visite de Louis Dramard , préfet régional de Normandie.

     

    19 et 20 mars: l'opéra La Bohème au théâtre municipal.

     

    22 mars: La Préfecture communique: Il est rappelé que l'arrêt des chauffages centraux pour le Calvados est fixé au 23 mars

     

    23 mars: Les autorités allemandes viennent de décider que, dans toute la région de Normandie, les appareils de T. S. F. détenus par la population devront être déposés dans les mairies pour autant qu’ils ne se trouvent pas entre les mains de ressortissants allemands. Cette mesure, qui est dictée par la nécessité d’assurer la sauvegarde des troupes d'occupation dans une région menacée d'invasion éventuelle, doit être exécutée immédiatement et terminée le 31 mars 1944, délai de rigueur.

     

    26 et 27 mars: L'opéra-comique Les Dragons de Villars au théâtre municipal.

     

     

     

    31 mars: Le commissaire central invite les parents fréquentant le square de la place de la République a empêcher leurs enfants de jouer dans les tranchées pare-éclats récemment creusées et à veiller à ce qu'ils ne les détériorent pas. (Le 7 juin, 50 civils dont 15 policiers du commissariet central y seront tués enfouis sous les cratères de bombes)

     

    31 mars: Interdiction de la possession de postes de TSF, la remise d'environ 10 000 postes s'organise en une semaine du 24 au 31 mars par ordre alphabétique à la salle des fêtes de l'hôtel de ville.

     

     

    M. Laurent Marie dépose, le 31 mars 1944, à l'Hôtel de ville, son poste de TSF Philips

     

    1 avril: Bombardement de la Centrale électrique: il ne reste plus de tranfos 13,5 kV/2,8 kV en état.

     

    1 et 2 avril: l'opéra Rigoletto au théâtre muncipal

     

    3 avril: l'heure légale est avancée d'une heure à deux heures (décret du 29 mars 1944). Ce changement d'heure fera que l'heure alliée et l'heure en France sera la même, contrairement à ce qui est indiqué dans de nombreux livres et revues.Voir ici.

     

     

     

     

    9 et 10 avril: l'opérette Le comte de Luxembourg au théâtre muncipal

     

    11 avril à 03h30 : 11 bombes sur le quartier de la Gare (voies, gazomètre, maisons endommagées): 1 cheminot tué (M. Louis Crestey , sous-chef au dépôt de la SNCF) et 11 blessés.

     

    13 avril : 350 bombes, 300 maisons endommagées. 9 tués et 18 blessés

     

    17 avril : 5 tués

     

     NB pour le 13 et 17 avril, informations publiées par les Archives du Calvados, page 16 de ce livre  source Renseignements généraux du Calvados à partir de relevés de la Défense passive. Très curieusement non relaté par Ouest-Eclair qui publie le 12 et le 13 sur le bombardement du 11, s'agit-il d'une erreur ?

     

    du 18 au 22 avril: 120 équipiers de la DP sont à Rouen pour aider les secours sur place suite aux bombardements de la ville.

     

    avril: Le Calvados est déclaré zone de combat.

     

    20 avril: Les heures de gardes des voies ferrées sont fixées à partir du 20 avril, de 21 heures à 7 heures. Rassemblement cour du Musée à 19 h. 15 ; rassemblement des requis se rendant sur place à 20 h. 45.

     

    Dans un cimetière de Caen, inhumation des victimes allemandes de la 3./1255HKA Abt de la batterie de Tournebride StP Vill.32 (à Houlgate), on compte 7 cercueils), raid allié du 26 avril.

     

     

    Photo Collection Frédéric Nicolet

     

    23 avril: Carmen au théâtre municipal.

     

    27 avril: 6 blessés graves des bombardements aériens alliés de la côte de Nacre sont hospitalisés au Bon Sauveur.

     

    30 avril au 1er mai 1944: Dans la nuit, des résistants du dépôt de la gare SNCF parviennent à faire dérailler une locomotive dans la fosse du pont transbordeur et à en lancer une autre dans la plaque tournante, bloquant ainsi le trafic de la gare pendant plusieurs jours. Provoquant une belle pagaille, l'action d'éclat met les Allemands sur les dents. Ils chargent l'un de leurs agents français, Serge Fortier , de mener son enquête. Il est l'homme idéal pour cette mission ayant vécu toute son enfance dans le milieu des cheminots, vivant comme eux dans le faubourg de Vaucelles. Il les connaît bien et a recruté une équipe de collaborateurs acharnés dans ce quartier, comme Albert Baot ou Gilbert Bertaux. Il va en même temps exploiter cette occasion pour se venger de tous ceux à qui il pouvait en vouloir et dresse une liste de personnes à arrêter.

     

     

    A la sortie du château un Unic P 107 ou Somua, Leichter Zugkraftwagen P107 (f) de la 21. Panzer Division.

     

    3 mai : Brière, ancien repris de justice, et agent français de la Gestapo, est exécuté, à Caen, par le réseau "Arc-en-Ciel" 

     

    5 mai: La Mairie fait savoir : En raison des risques de bombardement et du manque d'eau qui pourrait en résulter il est instamment recommandé aux habitants de la ville de Caen de conserver chez eux une provision d'eau de 24 heures pour leurs besoins ménagers, à renouveler tous les jours.

     

    7 et 8 mai: l'opérette Frasquita au théâtre municipal

     

    11 mai: Le conseil municipal décide l'ouverture de crédits supplémentaires en vue "d'assurer aux sinistrés immédiatement après un bombardement massif tous les secours nécessaires".

     

    15 mai : La Gestapo, aidée de la bande â Hervé, procède aux arrestations de plusieurs cheminots. Tous sont relâchés à l'exception de Colbert Marie , Désiré Renouf et Georges Madoret. Les arrestations se poursuivent toute la journée et même une partie de la nuit. Sont ainsi capturés: Louis Renouf , Achille et Michel Boutrois et Maurice Arrot le propre beau-frère de Serge Fortier.

     

    A partir du 15 mai coupure de courant de 7h à 12 h et de 15h à 20h. (Journal Ouest-Eclair du 13-14 mai 1944)

     

    16 mai: à 20H au théâtre municipal récital d'André Baugé de l'Opéra

     

    17 mai 1944, André Guilbert , gendarme, Edouard Fizel, chauffeur, Gabriel Schuh, pâtissier et Henri Bossu , électricien tous de Vire quittent, en chantant La Marseillaise, la maison d'arrêt de Caen, pour se diriger vers la caserne du 43e régiment d'artillerie, où ils sont fusillés.

     

    19 mai et 27 mai: Opérations de recensement des jeunes gens nés entre le 1er janvier et le 31 décembre 1925, ce recensement de la classe 44 provoque des remous. Les Caennais pensent qu'une bonne partie de ce contingent devra partir en Allemagne.

     

    25 mai: L'Union Électrique de l’Ouest communique : La situation de la production d'énergie électrique devenant de plus en plus précaire, les nouvelles heures de coupure du courant applicables à partir du jeudi 25 mai sont les suivantes : réseau de Caen, 5 à 12 h. et 15 à 21 h.

     

    1 juin: Dès le signal d'alerte et jusqu'à celui de fin d'alerte, la circulation des véhicules est formellement interdite dans le quartier dit de la Gare.

     

    1er juin : La Gestapo s’empare des cheminots Joseph Picquenot et de son fils Bernard .

     

    2 juin: dernière audience de la section spéciale.

     

    5 juin: Le Decauville de la Compagnie des Chemins de fer du Calvados (CFC) effectue son dernier voyage, il rallie la gare Saint Pierre place Courtonne à la gare de Luc-sur-Mer où il s'immobilise.

     

    Al'aube la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg est bombardée, les voies sont coupées sur 500 mètres entre Venoix et Carpiquet

     

     Au théâtre municipal représentation de Véronique, l'opérette d'André Messager dernière représentation avant longtemps !

     

     

    Source page 131 de ce livre. En juin 44 le Feldkommandant est von Heydebrand avec comme adjoint le Major Nerlich (il mourra dans la nuit du 6 au 7 juin), autre membre le Hauptmann Knolle et le Doktor Meyer.

     

    6 juin: A 4 heures des estafettes viennent chercher les Allemands au petit lycée.

     

     

    Le petit Lycée, place Guillouard.

     

    Radio Londres, le porte parole de la France Libre, Jacques Duchesne lit le communiqué n°1 du SHAEF

     

    " 09H17 URGENT. 6 Juin 1944, : Sous le commandement du général Eisenhower , des forces navales alliées, appuyées par de puissantes forces aériennes, ont commencé le débarquement des armées alliées ce matin sur la côte du nord de la France".

     

    Vers midi moins le quart, le préfet Cacaud rédige son dernier télégramme officiel, à destination du gouvernement de Vichy.

     

    Après avoir décrit le dernier bombardement et ses effets, le fonctionnaire de Vichy ajoute:

     

    « La population digne et calme est repliée ans l'îlot Bon-Sauveur-Abbaye aux Hommes dont j'ai instamment demandé le respect par les deux armées en établissant un plan en accord avec M. le maire de la ville de Caen, qui a été remis au Stadtkommandant (Note de MLQ: commandant de la ville ou Kampfkommandant, identité inconnue) . L'aviation a jusqu'ici respecté cet îlot. Quelques obus seulement ont orné des bâtiments. Je dispose d'un ravitaillement suffisant pour 15 jours. L'état sanitaire est satisfaisant.

     

    Évacuation irréalisable maintenant: je n'ai d'ailleurs reçu aucun ordre et l'autorité d'occupation n'a fait aucune liaison avec moi depuis 48 heures.

     

    Présent à mon poste au milieu d'une population qui a souffert et qui n'admettrait pas un départ qui, en ce moment, serait une désertion, j'assumerai quoi qu'il arrive toutes les responsabilités de ma charge, avec la conscience d'avoir toujours servi et défendu les intérêts strictement français. »

     

    80 à 90 résistants détenus à la prison de Caen sont exécutés par les Allemands le matin et l'après-midi.

     

    7 juin : La une de Ouest-Eclair, édition du Caen, le 6 juin Rien !

     

     

    Source. Titre en une d'Ouest-Eclair du 7 juin 1944.

     

    Lire également: Le calendrier de la collaboration

     

     

     

    Source:

     

    L'Ouest-Eclair, édition de Caen.

     

    De la guerre à la liberté, les années 40 en Normandie, Hors-série Liberté Le Bonhomme Libre, Juin 2004.

     

      et et et et et et et et et et et et et et et cet article et ce site.

     

    Remerciements:

     

    - à M. Laurent Marie pour les documents de son grand père.

     

    - à jeepo' pour les photos des graffitis allemands.

     

    - à Fred Bayerlein pour la photo du blindé allemand.

     

    - à Mme Dominique Zuccolini pour le décret du 29 mars 1944.

     

    - à M. Jean-Philippe Mathieu pour sa documentation.

     

    - à M. Alain Hairie pour l’Ecole Primaire Supérieure de Jeunes Filles.

     

    - à Mme Kay Duell et à M. François Robinard pour le crash du 12 mai 1941 à Marcelet.

     

    - à M. Jean-Michel Bégin pour ses photos.

     

    - à M. François Robinard pour les documents de la collection de M. Denys Boudard

     

    - à M. Philippe Bauduin pour les photos du crah du 12 mai 1941 à Marcelet et son article sur l'Arado Ar 234.

     

     

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/chronique-occupation.htm

     

     

     

     


     

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    Charles Lynch:

    un correspondant de guerre à "Juno Beach" en 1944.

     

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    20 heures, 6 Juin 1944: Le "Mur de l'Atlantique" est percé. Engagé six mois plus tôt par l'agence Reuter, Charles Burchill Lynch, 24 ans, débarqué le matin même à Juno Beach, est le plus jeune correspondant de guerre présent. Dans une ferme normande, alors que la nuit tombe, il rédige son premier article. Revenu une dernière fois en Normandie, le 6 juin 1994, il nous narre ses souvenirs d'une << très très longue journée >>. Il décèdera un mois et demi plus tard.

     

    LynchVoyons... La première phrase, c'était quelque chose du genre << Eh bien ça y est! Mon Dieu, j'y suis! >> ou un truc comme << La France! Enfin! >> Je ne m'étais pas cassé la tête pour trouver une phrase d'accroche et chercher à tout prix à être original.

    Le seul fait que cet article soit écrit de France était déjà inouï! C'était cela, la nouvelle! Quelque chose que n'aurait aucun des journalistes londoniens qui n'avaient d'ailleurs pas attendu ma dépêche pour annoncer le débarquement! Ils devaient tout savoir, à cette heure-là, sur le déroulement de la journée côté militaire et diplomatique. Sans même avoit quitté leur bureau! Moi, je ne savais rien, ou presque. Mais voilà, j'étais en France! Et c'était ça le miracle!

    Sur la petite table de ma chambre -oui, parce que j'avais une chambre!- était posée ma Smith-Corona, ma bonne et lourde machine à écrire, qui avait bien supporté le voyage dans sa housse imperméable et son coffret en bois. A côté, une pile de feuilles blanches, elles aussi protégées et intactes. Et près du lit, la cage... une cage aux bruits de volière. La cage aux pigeons voyageurs.

    Je les regardais parfois du coin de l'oeil... Ces bestioles, ça mangeait?, ça buvait? ça buvait quoi? Il y en avait bien une quinzaine, puisque je me souviens que les quarante-huit volatiles prévus par les Canadiens avaient été répartis en trois cages, et qu'on estimait que ce serait suffisant pour pallier, pendant deux jours, l'absence de télégraphe.

    J'étais un peu perplexe, mais enfin, toute cette histoire n'était-elle pas stupéfiante? Le débarquement entier était stupéfiant! Cette foule en mer, cette folie sur le sable, les blockhaus sur les côtes, l'audace d'Eisenhower...

    juno

      

    Il y a soixante-douze heures, j'étais encore à Londres, jeune recrue canadienne pour la vieille agence Reuters, attendant un jour ou l'autre d'être appelé pour le grand départ. Où? Je n'en avais aucune idée. France, Norvège, Hollande... Il y avait déjà eu un faux départ, un mois avant, pour tromper les espions qui pullulaient dans le milieu des correspondants de guerre.

    On nous avait donné rendez-vous à la gare où un train nous avait conduits vers l'Ecosse et un centre d'entraînement des commandos. On y avait passé une semaine agréable, visité une distillerie "Johnnie Walker", et on était revenu à Londres, guère plus avancé, et toujours sur le qui-vive.

    Et puis voilà qu'il y a quarante-huit heures on nous avait rappelés, conduits cette fois à l'Île de Wight où, sur une carte immense, on nous avait présenté l'objectif: la Normandie. Le lendemain soir, on embarquait dans un vieux ferry-boat irlandais qui transportait la 9e brigade et qui comportait un piano sur lequel j'ai tapé toute la nuit. D'autres reporters m'entouraient, essayant de se rappeler des chansons françaises. Et on ne s'est arrêté qu'en entendant le bruit du canon. Et quels canons!

    Alors on est entré dans la guerre. En un rien de temps, nous descendions dans de petites embarcations à fond plat qui nous amenaient vers le rivage. Puis nous avons sauté dans l'eau. Je portais à bouts de bras au-dessus de ma tête la Smith-Corona et ma cage de pigeons complètement effarouchés. Enfin, épuisés nous arrivions en France, sur la plage entre Bernières-sur-Mer et Graye-sur-Mer.

    Des morts jonchaient la plage, avec des débris de toutes sortes, mais il n'y avait déjà plus de combat. Un énorme bunker allemand avait été neutralisé et les unités d'assaut qui nous avaient précédé une heure trente plus tôt, s'étaient déjà enfoncées dans les terres. Des chalands continuaient à débarquer, des hommes s'engouffraient vers la sortie toute proche et moi je ne savais trop que faire. On partait déjà? On quittait la plage?

    Je me retournais vers le rivage. Le débarquement, cette opération déjà mythique, ne méritait-il pas qu'on s'y arrête un peu?... Non. Bon. Les autres, visiblement, filaient. Mieux valait faire pareil. "Juno Beach" ne se portait pas trop mal.

      

    bernières

      

    J'ai donc suivi Placide Labelle, le soldat québécois qu'on nous avait adjoint presque comme ordonnance. Je m'étais dégoté un casque américain, plus seyant, plus léger que les casques canadiens, et pouvant me servir de calebasse pour la toilette; j'avais un duffle-coat de la marine britannique et des bottes russes que j'avais achetées chez "Moss Brothers" à Londres. Tous les journalistes, de toute façon, devaient porter l'uniforme. Aucune arme, une simple machine à écrire et une licence conforme à la convention de Genève pour prouver à l'ennemi notre qualité de journalistes et non d'espion.

    A 200 mètres de la plage, et devant une ferme intacte, un paysan pissait tranquillement en regardant passer les troupes. Les Français m'ont toujours surpris par leur décontraction. << Bonjour les gars! Venez donc à la maison! >> nous a-t-il crié. Sympa. Rien ne pressait. On lui a obéi. Il nous a assis sur un long banc de cuisine tout en nous offrant une soupe chaude dans une lourde assiette.

    Il nous a proposé de revenir dormir chez lui, à la nuit. C'était tentant; je lui ai confié mes pigeons et puis nous sommes partis chercher la guerre. En fait, je ne savais pas quoi chercher. Quest-ce que c'est qu'un champ de bataille? Quand sait-on qu'on est au coeur de l'action. Y a-t-il, d'ailleurs, un centre de l'action ou bien une multitude d'éclats, d'opérations dispersées, d'avancées décisives mais peu spectaculaires? Où est-on le mieux placé? C'est quoi, d'écrire la guerre? Parler de ce ciel rempli d'avions? Des salves puissantes entendues dans le lointain? Des blessés et des morts croisés au bord des chemins?

      

    sword

      

      

    On a marché beaucoup et je prenais des notes sur un carnet. Désespérant de trouver ce qui donnerait un sens à ces corps de Canadiens étendus sur la route, je suis renté à la ferme.

    Resterait, le lendemain, à transmettre mes articles. Prendre d'abord congé de notre papy sympa; retrouver à Courseulles l'ensemble du "pool" de presse et des confrères qui avaient dormi dehors; retaper mon texte sur le papier extra-fin; le plier délicatement pour le glisser dans la capsule attachée à la patte d'un pigeon; et lancer solennellement l'oiseau, d'un geste ample et plein d'espoir, sur la plage ventée.

    Ne vous fiez jamais à un pigeon. Jamais, entendez-vous? Les nôtres étaient des traîtres. Lancés en direction de l'Angleterre, pftt... ils fonçaient directement vers les lignes allemandes. Je les insultais en bondissant sur la plage, le poing brandi dans leur direction. Cela n'y fit rien. Quarante-sept me trahirent. Un seul arriva à bon port... sans message!

    Propos recueillis par Annick Cojean.

    Le Monde2 / Spécial 6 Juin 1944 / 06-2004

      

      

    Petit film muet tourné par un correspondant de guerre, à bord d'une barge au matin du 6 Juin 1944 sur Bernières-sur-Mer. A la fin de la vidéo, on reconnaît la villa témoin présentée dans cet article.

     

      
      
    Pour apprécier les vidéos... cliquer sur le logo central de MIXPOD juste en dessous - le fond musical du BLOG Sera supprimé... pour toutes les vidéos ...
      
      
      
      
    SOURCES
      
     
      
      
      
      
     
     
     
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    A l'approche des Libérateurs - des troupes Alliées - En septembre 1944 pour le Pas-de-Calais / L'ordre d'insurrection est donné à la Résistance - FFI - Forces Françaises de l'Intérieur / Le manque d'arme fait cruellement défaut dans les rangs des Patriotes / L'armement est rare / d'où la nécessité de récupérer les armes de l'adversaire qui bat en retraite / Défilé en tête de cortège dans la ville libérée des hommes ayant participé au soulèvement - FFI armés pour certains du fusil Mauser 98k.

     

     

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    POUPART René

    Son action dans la résistance :

    René POUPART, né à Vierzon le 30 novembre 1909, orphelin de père à 9 ans, est décédé le 12 décembre 2005 à Vierzon (Cher).

    Engagé au camp d'aviation à Avord (Cher), comme mécanicien, le camp, situé en zone occupée, est évacué puis réquisitionné par les Allemands en 1940. René Poupart rejoint alors Vierzon, et décide d'entrer en résistance contre l'occupant.

      

    Il héberge et cache, de juin 1940 à août 1942, dans l'hôtel de sa grand mère, des personnes qui souhaitent passer la ligne de démarcation. Dénoncé à la Gestapo, il doit quitter Vierzon et se dirige vers le sud dans le but de rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre, via l'Espagne. Il séjourne et se cache à Toulouse, de septembre 1942 à mars1943.

      

    Réfractaire au S.T.O., il décide de gagner l'Espagne. Il est arrêté le 19 mars 1943 à Bagnères de Luchon (Haute Garonne) par la Gestapo qui le soumet à des interrogatoires douloureux. D'abord interné à Toulouse (prison de la rue Furgolle) du 20 mars au 28 avril, il est ensuite transféré au camp de Royallieu (Compiègne) du 1er mai au 8 mai.

    Le 10 mai 1943, après un trajet en wagon de marchandises dans des conditions inhumaines, il arrive au camp de concentration d'Oranienburg Sachsenhausen. II est affecté ensuite au Kommando de travail Speer.

      

    Pendant deux ans, il endure cette situation, et vit l'enfer concentrationnaire au rythme des coups, des punitions et de la mort de ses compagnons. Blessé au talon, incapable de marcher, il est sauvé par l'infirmier qui lui a prodigué des soins en cachette, car son nom était souligné en rouge (four crématoire).

    Le 8 mai 1945, l'armée allemande s'enfuit du camp de concentration devant l'avance des chars soviétiques, laissant derrière eux les survivants.

      

    René Poupart quitte le camp en compagnie d'un groupe de Français, et traverse l'Allemagne à pied en se protégeant des combats qui opposaient les Alliés des soldats de l'armée allemande en déroute. Il perdra sur ce chemin plusieurs de ses compagnons.

    Il est pris en charge par les Alliés en Belgique, et peut rejoindre Paris, puis Vierzon en juin 1945. Sa famille le retrouve en très mauvais état de santé : moins de quarante kilos, et souffrant de la diphtérie.

    Légion d'honneur,

    Médaille militaire,

    Croix de guerre avec palme,

    Médaille du Combattant volontaire de la Résistance,

    Médaille du déporté résistant

    Médaille de l'Aéronautique.




    Auteur de la fiche :

    Marc Fineltin

    Commentaire de l'auteur

    Mis sur le site par Marc Fineltin :
    "J'ai pris ce texte avec une série d'autres dans la chronique nécrologique du bulletin "Le Déporté N° 546 (sept oct novembre 2005)

     

    sources

     

    SOURCES

    Devoir de Memoire

    http://www.memoresist.org/

      

      

     

     

     

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  • 7. La Libération De Paris.

    © Copyright 2000 Gaston Eve


      

      

    Note générale:
     

      

    L'objectif de la unité commandé par le capitaine Dronne était de saisir une position centrale dans le cœur de la ville par le moyen de contournant les défenses allemandes.

      

    Cela a été fait pour éviter le risque d'un autre massacre, comme s'était passé que deux semaines avant à Varsovie. Le reste de la Deuxième Division Blindée continuait son chemin vers la ville contre les défenses bien préparé, une lutte qui leurs coûtaient 78 morts et 300 blessés.

      

      

    [Notez bien que: J'ai fait les traductions ci-dessus du récit anglais de mon père. Tous les mots que j'ai traduit pour combler les lacunes dans le compte français sont en italique. Alors vous puissiez voir ce que j'ai écrit dans mon (imparfait) français. Si vous voulez m'envoyez les corrections je serais très reconnaissant.]


      

    Vers Paris. ( 23 août - 8 septembre 1944 )
     

      

    Des soldats américaines remplaçaient nous et nous nous retirions dans un de ces belles vergers de Normandie. Le Lieutenant Michard prenait son tour de garde et prenait grand soin de ces questions de sûreté. Il allait souvent s'assurer, la nuit, que tout allait bien, Jamette et l'équipage du Montereau sont partis un jour pour percevoir le remplaçant du Montereau.

      

    Ils sont revenus avec le dernier modèle de Sherman qui possédait un très long et très puissant canon. Il a été baptisé Montereau II et le Lieutenant Michard a fait peindre le mot «Revanche» sur chaque côté du canon.

    De temps à autre, nous étions en contact avec des unités américaines, et leurs chars étaient restés tels que sortis de l'usine. Ils devaient se demander, ces américains, quels étaient ces chars avec de grands noms, des numéros et des insignes !

    Les nouvelles chenilles du Montmirail sont arrivées un soir à la nuit tombante. L'adjudant Henri Caron s'occupait du matériel de la Section. Nuit ou pas nuit, ça devait être fait immédiatement. Rien n'était remis. Nous n'avions aucune lumière, mais ce fut fait quand même. Dans la nuit, Montmirail avait ses chenilles neuves, avec trois ou quatre patins sur l'avant, comme rechanges.

    Quand nous étions au repos, environ onze heure du soir, nous avons été réveillés par un grand brouhaha et nous nous sommes levés aussitôt car nous dormions tout habillés. Caron et le Lieutenant Michard nous ont annoncé que nous partions dans deux heures et que nous allions vers Paris. Tout le monde riait.

      

    Henri Caron frappait tout le monde dans le dos, avec ses mains qui n'étaient pas légères, nous nous serrions les mains, nous nous jetions dans les bras les uns les autres. Pourtant il ne fallait pas élever la voix ni faire de bruit. Ce fut un moment fantastique.

    Nous étions toujours prêts à partir. Nous mettions nos sacs de couchage sur nos chars et asseyions autour jusqu'à notre tour est venu de quitter, qui était environ trois heures le 23 août. Nous nous mettions en route sans la moindre lumière, les pilotes faisant le moins de bruit possible, moteurs au ralenti et sans changer de vitesses.

    Pendant deux heures nous avons marché au ralenti pour nous éloigner. Ce fut un soulagement d'entendre l'ordre de se déplacer a une vitesse normale. Dans l'obscurité totale, nous avions conduit si proche les uns des autres que nos visages étaient noirs de fumée de diesel. Quand il a commencé à faire jour, au premier arrêt, nous nous sommes aperçus que les chenilles chauffaient car ça sentait le caoutchouc.

      

    [ Les chars Sherman avait fixé à leurs chenilles, des blocs en caoutchouc. Cela a donné une meilleure traction et fait moins de bruit. ] Les chenilles étaient tellement brûlantes qu'on ne pouvait pas mettre la main sur le caoutchouc. Nous avons cependant continué ainsi, mais, de temps à autre, j'arrêtais le Montmirail à un endroit où il y avait des maisons et je demandais aux habitants de jeter des seaux d'eau sur les chenilles, ce qu'ils faisaient de bon cœur. On ne pouvait s'arrêter longtemps pour recheniller car on aurait perdu la Compagnie. Les seaux d'eau ne faisaient pas grand chose mais le Montmirail prenait quand même une douche froide. A un moment nous sommes passés à un endroit où il y avait un ruisseau, et j'ai conduit le Montmirail le long de ce ruisseau avec une chenille dans l'eau et ensuite l'autre.

      

     Ca lui a fait beaucoup de bien. La Compagnie s'est arrêtée tard dans la soirée et l'adjudant Caron a pris la situation en main. Nous avons ajouté un patin ou deux à chaque chenille avec l'aide d'une lumière. Nous étions sauvés pour prendre la route le lendemain matin avec tout le monde, mais l'Arcis Sur Aube et le Montereau II manquaient à l'arrivée.

    Une chose m'avait beaucoup frappé en Normandie : le nombre de fermes et de maisons dans lesquelles il y avait une photo du Maréchal Pétain. J'ai compris qu'il y avait deux points de vue et cela m'a renforcé dans ma fidélité dans la France Libre.

    Le soir, en arrivant au Longjumeau, nous prenions notre snack habituel avec du café et bien sûr du vin, enfin nous prenions nos sacs de couchage. J'ai dormi profondément, en dehors de prenant gard sur le char à tour de rôle. Nous nous réveillions tôt le matin du 24 août. Tout était en place et nos sacs de couchage ont été rangés. Étienne Florkowski, c'était lui qui toujours prenait soin de ses camarades, a fait du café et un petit casse-croute.

      

    Nos chars sont proches les uns des autres, hors de vue dans un petit rue étroit. Je me souviens des maisons de trois étages à chaque côté de la rue.

    Comme nous nous marchions vers le Montmirail j'ai brièvement parlé avec Michel le Saout. Il m'a taquiné, demandant si j'ai bien dormi. Mon char était d'à côté de son et nous partions avec un sourire. Nous étions tout a l'aise parce que il n'y avait pas d'allemands en vue. Nous étions tous en position, avec nos écoutilles ouvert quand, en un éclair, j'ai vue et entendu quatre ou cinq explosions qui se sont révélées être des mortiers.

      

    Ils étaient parfaitement synchronisées et visé. Quand ils ont cessé nous sortions des chars pour aider, parce que nous voyions quelques impacts directement sur l'Austerlitz.

    Je pense que Bernard Guinlat, co-pilote de l'Austerlitz, ne meurent pas immédiatement. Mais quand nous avons regardé à l'intérieur de l'Austerlitz je voyais Le Saout sur le sol. Il était un jeun homme d'un physique athlétique. Lt. Michard organisait son retrait du char et il était allongé à côté de l'Austerlitz.

      

    Il avait été complètement décapité par l'éclat de mortier car sa tête dépassait à l'extérieur du char. Le Lieutenant Michard, qui était cleric minoré avant la guerre, a dit une prière pour notre camarade et nous sommes remontés en char.

    Comme nous quittions Longjumeau je voyais devant de nous, soit un petit bunker [en anglais c'est un "pillbox"] soit un barricade bien construit, à côté du rue (je pense) à un carrefour mineure. Quoi qu'il était dans cette position, il a créé le chaos et quand nous rapprochions je voyais un jeune allemand avec un bandage autour de sa tête, tout seul et tirant encore.

      

    Nous avons riposté. Je présume que le reste de son équipe était déjà mort. Il n'avait aucune chance mais il n'ont jamais abandonné sa position et rapidement était tué aussi. Un courageux jeun homme.

    Progrès à partir de là n'était pas rapide. Nous n'étions pas avec les chars principaux et il ya eu des arrêts fréquents. Parfois, nous avons dépassé l'artillerie, des camions, des jeeps ou des ambulances, parfois ils nous ont doublés. Il y avait évidemment des problèmes pour ceux menant l'attaque et nous avons pu entendre le feu nourri.

      

    Vers le soir, nous étions très près des chars principaux. Nous nous sommes arrêtés à un point où il y avait, devant nous, une déclivité dans la route et à environ 800 mètres plus loin trois chars, dont l'un luttait désespérément pour sa survie contre un 88. Il était touché, mais l'obus doit avoir ricoché parce qu'il a ouvert le feu sur et sur. Romilly et Montmirail étaient sur une petite rue, à droite de la direction que nous étions venus.

      

    Peu de temps après Champaubert joint nous. Nous avions perdu Montereau II et Arcis Sur Aube par des défaillances mécaniques en route.

    Évidemment on s'inquiétait de notre manque de progrès et les officiers supérieurs ont passé dans leurs jeeps vers le front. Vers 7 heures du soir, mais peut-être un peu avant, le Général Leclerc est arrivé dans sa jeep et s'est rendu à pied jusqu'à la tête de l'attaque. Revenant peu de temps après, il s'est dirigé vers le Capitaine Dronne qui se trouvait devant nous.

      

    Le Lieutenant Michard a été appelé et il est revenu avec un grand sourire pour nous dire que nos trois chars allaient entrer dans Paris avec nos camarades du RMT [La "Nueva" compagnie dans 16 half-tracks. Il fut les anciens combattants du guerre civile espagnol].

      

    Ce fut la répétition de la scène que nous avions connue trois jours avant, en Normandie. Nous étions 15 à nous serrer la main, à nous prendre dans les bras les uns les autres, à nous donner de grands coups dans le dos et à rire de bon cœur.

      

     Ça s'est vite passé car nous sommes partis très rapidement, mais après avoir pris une décision importante.

    Au moment de partir, le Lieutenant Michard a dit : «Je pars en tête». Ce n'était pas au tour du Montmirail d'être char de tête, et nous avons entendu tout de suite Henri Caron dire : «Ah non, Louis, c'est mon tour d'être char de tête et je ne cède ma place à personne».

      

    C'était, évidemment une question d'honneur à tous points de vue et Henri Caron aurait dit la même chose si ça avait été pour entrer dans un village. Le Lieutenant Michard lui a donné raison et a dit que le Montmirail serait immédiatement derrière lui.

      

    Il me semble qu'au moment du départ, un FFI servait de guide. Je crois même qu'il se trouvait sur le Romilly. Quelqu'un envoyé par l'Hôtel de ville lui remplacerait lorsque nous avons attient de Paris elle-même.

    Il faisait encore clair quand nous sommes partis. Je crois que le Capitaine Dronne se trouvait en tête sur sa jeep. Nous avons démarré à bonne allure, par des routes de campagne. De temps à autre, nous traversions des hameaux et j'apercevais un visage derrière un rideau et nous faision un geste de la main ou si elle était une femme nous a soufflé un baiser, mais ce fut tout. Les rues étaient vides.

      

    A un moment, au cours d'un bref arrêt, un jeune homme et une jeune fille, de 20 à 22 ans, sont venus parler avec nous. Au moment du départ, le jeune homme s'est tourné vers la jeune fille et lui a dit : «Tu peux l'embrasser celui-là». Ce fut un très beau moment dans ma vie. Parfois, je les revois tous deux dans ma pensée.

    Tout à coup, en arrivant en haut d'une côte, j'ai aperçu la Tour Eiffel, et le Montmirail a marché tout seul car j'ai jeté mes bras au-dessus de ma tête hors du char. Nous allions être les premiers dans Paris! Il y avait de plus en plus d'habitations, mais les routes restaient désertes.

    Il y avait peut-être une heure de jour lorsque nous avons vraiment commencé à voir Paris. C'est à ce point que nous nous sommes arrêtés quand nous avons vu devant de nous une voiture avec un homme dans ses trentaines portant un brassard de la Résistance.

      

    Il dit qu'il était envoyé de l'Hôtel de Ville et connaissait le chemin à l'intérieur de Paris.

      

    Il succédait l'homme qui nous avait guidés sur Romilly jusqu'à présent. De temps à autre il fallait contourner des arbres abattus mais c'était tout.

    Le premier arrêt à Paris elle-même était l'un de ces carrefours superbe pour qui Paris est bien connue, avec des appartements tout autour de lui. Les half-tracks et des chars étaient proches les uns des autres. Nous restions dans nos positions attendions pour continuer le voyage, mais après trois ou quatre minutes les gens ont commencé à sortir de leurs appartements. Dans la chaleur du soir toutes leurs fenêtres étaient ouvertes et je me souviens avoir entendu un commentateur à la radio mais je n'ai aucune idée de ce qu'il disait.

      

    Bientôt toute la zone était pleine de gens avec nos half-tracks et des chars complètement entouré. Les hommes et les femmes montaient sur les chars et nous n'avions pas d'autre choix que d'être debout, parmi eux, sur les chars. Nous pouvions entendre les gens autour de nous dire: «Ce sont les Américains!" et demandant de quelle partie de l'Amérique nous venions. Ce fut à cause de nos uniformes, je suppose. Je pense que les Espagnols de la Nueva l'avaient la difficulté à expliquer comment ils ont été dans une unité française, combattant pour la France.

      

      

    Nous avons parlé français et les gens commençaient à réaliser que nous étions français. Bientôt les nouvelles s'étendre vers l'extérieur. Le Lieutenant Michard riait de bon cœur et parlait a tout le monde. Je me souviens d'un vieil homme qui lui avait poussé tout le chemin à le Montmirail. Il a parlé avec le lieutenant qui a demandé "Comment ca va-grand père?" et le vieil homme répondait "Vous êtes français? C'est impossible!" et ne cessait de répéter aux gens autour de lui "Des français, pas possible!" Ils nous baisaient sur le visage et même sur nos bérets, car ils furent si complètement surmonté par la folie du moment.

      

    Bientôt nos visages noirci furent marquée par le rouge à lèvres

    Les gens nous donnaient des bouteilles de vin et ils ont été mis de côté en toute sécurité dans le char. Nous donnions des paquets de biscuits, petits morceaux de nos rations de chocolat et bien sûr nous les baisions de retour et embrassions les gens pour qui nous nous battions. Nous avons probablement été là pendant 10 minutes en tout.

      

    Louis Michard, qui avait combattu son chemin à travers la foule pour parler avec le capitaine Dronne est revenu et a dit que nous allons passer. Pour ouvrir un chemin à travers la foule, le lieutenant a décidé de donner quelques coups de la sirène en avançant tout doucement. Je commençais prévenant ceux sur et autour du char qu'il fallait descendre du char et ils commencaient à pousser et en criant "Descendez!" Cela s'est avéré efficace et nous commencions à voir clair devant nous.

      

    Nous partions derrière Romilly très lentement, car le chemin était très étroit. Je ne savais pas ce qu'ils disaient, mais tout le monde criait et agitait les mains dans un au revoir. Quel moment pour un soldat d'avoir vécu. Ces moments vivre dans l'âme de plus en plus, croyez-moi!

    Comme nous l'avons quitté le carrefour, les rues étaient désertes encore et la colonne, avec son guide, progressé à bonne vitesse. Maintenant tout le monde était à la recherche à partir de leurs fenêtres! Quand on avait d'abord arrêté une cloche de l'église a commencé à sonner.

      

    Comme nous sommes allés le long de plus en plus les églises derrière nous commençait à sonner leurs cloches. Nous pourrions l'entendre tout, comme nous n'étions pas en position de combat. Ma tête, Marc Casanova et Louis Michard étaient tous hors de nos écoutilles.

      

    Le 25 aoùt 1944, L'Hôtel de Ville. De gauche à droite, Gaston Eve, Marc Casanova (blessé), Étienne Florkowski, Paul Lhopital, Louis Michard (102kb)

    Image : Le 25 août 1944, L'Hôtel de Ville. De gauche à droite, Gaston Eve, Marc Casanova (blessé au main), Étienne Florkowski, Paul Lhopital, Louis Michard. Notez que les deux hommes civils sont également dans la photo ci-dessous (des prêtres avec le lieutenant Michard).

      

      

    Puis nous sommes arrivés sur les bords de la Seine, et, presque aussitôt, à l'Hôtel de Ville. La Place était tenue par la Résistance et il n'y avait aucun civil, mais beaucoup de va-et-vient de FFI avec des brassards tricolores. Henri Caron a dirigé son Romilly pour qu'il s'arrête en face des marches de l'Hôtel de Ville, tandis que le Champaubert stoppait sur la Place, sur le côté où se trouve la "Bonne Marché" et que le Montmirail restait le long de la Seine.

      

    Devant nous il y avait un char allemand qui avait été détruit par la Résistance. D'un côté de nous était un de ces kiosques de publicité parisienne, qui est toujours là. Quand je vais à Paris, je tiens à rester là un moment. [Je pense que mon père parle d'un "Morris"]

    Les membres de la Résistance étaient nombreux et allaient et venaient en colonne. De temps à autre nous ne pouvions résister de briser leurs rangs et de les serrer dans nos bras. Il pouvait être 21 heures 30, [En fait 8:45] et la nuit était complète.

      

    Le Capitaine Dronne et le Lieutenant Michard discutaient avec des membres de la Résistance autour d'une carte étalée sur l'avant de la jeep. Le Lieutenant nous a dit que nous resterions sur place cette nuit.

    A ce moment-là, il s'est passé un événement extraordinaire : toutes les fenêtres d'un immeuble en face de l'Hôtel de Ville se sont ouvertes et, de ces fenêtres, nos camarades de la Résistance ont tiré, ensemble, des coups de revolver, de fusil, de mitraillette, tandis que d'autres tiraient des fusées, rouges, jaunes, vertes, et ce fut une scène invraisemblable pendant une minute ou deux, au plus. Nous avons été accueillis d'une manière unique dans l'histoire militaire !

      

    Ça a été une réception superbe et je pense que peut de soldats aurons eu une telle expérience.

    Il est venu des reporteurs et commentateurs de la radio et ils ont parlé au Lieutenant Michard en temps que chef de section et il a répondu à leurs questions. Une de celle ci a été «Quelle sont les noms des chars qui sont entrée à Paris» ? Il a répondu «Montmirail, Romilly et Champaubert».

    Tard dans la nuit nous avons fait un somme à côté ou sous Montmirail. Il faisait beau, nous étions bien sur les pavés. Il faisait jour quand j'ai entendu quelques personnes qui parlait à côté du Montmirail et je suis sorti du mon sac de couchage dans lequel je dormais toujours tout habillé et j'ai rencontré mes premiers Parisiens.

      

    Évidement ça a été beaucoup de questions. Florkowski, notre tireur, a fait du café et nous avons mangé de nos rations américaines que nous avons partagé avec des civils. Tout était très agréable et nous étions bien gardés par la Résistance dans les alentours !

    Le lendemain, de très bon matin, les journaux sont arrivés, et le Lieutenant Michard riait de bon cœur en nous montrant la première page : «Regardez, Montmirail, Romilly, Champaubert, les premiers chars dans Paris», et il est allé voir Caron journal a la main : «Regarde, Henri, je t'ai eu, ce n'est pas : Romilly, Montmirail, Champaubert, mais, Montmirail en premier».

      

    Les deux hommes ont ri ensemble. Ils étaient très heureux et ce fut, hélas leur dernière conversation. Aussi, ce matin Louis Michard envoyé un message à la rue du Bac, parce que c'est là qu'il avait été un Minore Clerc à la "Mission Étrangère". J'ai une photo de sa première rencontre avec les autres prêtres

      

    Louis Michard réunit avec ses amis de la Mission Étrangère (130kb)

    Image: Tôt le matin du 25 août 1944 Lt Louis Michard réunit avec des amis de la Mission Étrangère.

      

      

    Les trois chars ont été envoyés dans des endroits différents pour nettoyer des poches de résistance. Montmirail est parti le long de la Seine et la rue était bondée de monde sur chaque trottoir.

      

    La population de Paris savait maintenant que nous étions là. Il y avait une joie énorme. Tout le monde faisait bonjour avec la main, ou nous envoyait des baisers, des gens pleuraient. Pendant quelques minutes ça a été avec la porte du pilote et co-pilote ouverte et nous aussi faisions bonjour avec nos mains. Le fait que nous allions vers le combat n'était d'aucune importance.

    A un certain moment, le Lieutenant nous a dit de prendre les dispositions de combat. J'ai baissé mon siège et fermé la porte au-dessus de ma tête. Nos têtes ont disparu dans le char à part celle du Lieutenant Michard bien sûr. Je regardais dans tous les sens par mon périscope. Il y avait toujours beaucoup de monde sur chaque trottoir mais pour les spectateurs ce n'était plus la joie. Presque toute les mains pointait dans la rue qui était devant nous.

      

    Ça voulait dire «Ils sont là»! je devenais «Faites attention»! et je voyais sur les visages beaucoup d'appréhension pour nous. Une centaine de mètres plus loin et il n'y avais personne dans le rue, en dehors de la Montmirail, les RMT et de la Résistance.

      

    Devant nous, la rue était complètement vide, sauf un ou deux camions qui brûlaient, ainsi que des voitures civiles. Il y a eu une brève commotion à laquelle Montmirail n'a pas pris part. Nous nous attendions à être attaqués, mais, en avançant vers un carrefour, des hommes avec un brassard ont parlé au Lieutenant qui, comme toujours avait la tourelle ouverte et il nous a dit que les allemands n'étaient plus là et nous sommes revenus à l'Hôtel de Ville.

    Nous avons fait demi-tour très peu de temps après pour prendre la route par laquelle nous étions venu. C'était la folie. Il y avait encore plus de monde dans les rues, tout le monde criait, nous saluait avec leurs bras et nous répondions comme des gladiateurs au retour du combat. Nous sommes allé directement à la Hôtel de Ville en procession avec nos camarades du RMT et de la Résistance.

      

    Le Montmirail n'avait rien fait mais il était avec les vainqueurs. C'était un accueil complètement fou !

    Arrivé à l'Hôtel de Ville nous avons trouvé le Champaubert et avons attendu le Romilly. Quand il est revenu, Henri Caron n'était pas en tourelle. Peu de temps après, nous avons appris que l'Adjudant Caron avait été blessé et évacué sur un hôpital. Caron, à proximité de la rue des Archives, était sorti du Romilly pour mieux voir le terrain devant lui avant de risquer son char, et son équipage l'a vu tomber en recevant une rafale de mitrailleuse ou de mitraillette, venant d'une entrée de métro. C'était une très mauvaise nouvelle, mais il était vivant et c'était le principal.

      

    C'était un volontaire de 40. [Les fascistes avaient mit feu aux archives de la ville et Romilly avait pour mission de protéger les pompiers des tireurs. Caron avait été prévenue qu'un char allemand attendait prêt à attaquer au coin de la rue. Il y est allé, il s'agissait d'un Panthère. Armé avec un PM, il est parti du Romilly afin de s'occuper du Panthère. Un tireur lâche, caché dans une bouche de Métro, le toucha à la cuisse.]

    Vers la fin de la matinée il est venu une foule considérable à la Place d'Hôtel de Ville mais, tout au tour seulement. Des prisonniers allemands arrivaient à pied avec des soldats autour d'eux mais la foule se bousculait pour attendre les allemandes.

      

    A un moment il est arrivé un groupe d'officiers allemands et ils ont reçu des pierres et des coups de tout côté malgré la protection de leur escorte. A un moment un homme avec un revolver est venu en courant vers les allemands a mis son pistolet contre sa tête et l'a tué. Tout la cruauté de la guerre était là, je devais la revoir bien des fois. Je n'aimais pas ce que je voyais.

    25 Août 1944, Lutzen en combat, Boulevard Saint Michel. Marcel Guénan.

    Image : "25 Août 1944, Lutzen en combat, Boulevard Saint Michel. Pilote Marcel Guénan parle avec un RMT. Libraire endommagé et l'Iéna en arrière."

      

    Au cours de la matinée, les cloches se sont remises à sonner, on en entendait de tous les côtés. Puis, n'ayant plus rien à faire à l'Hôtel de Ville, nous sommes allés rejoindre le reste de la Compagnie qui se battait au Luxembourg.Nous traversions le pont qui avait été immédiatement à notre gauche. Nous avons vu quelques-uns des chars de notre Compagnie à proximité et dirigions vers la Place de la Sorbonne où nous avons attendu.

      

    Je voyais le Lutzen placé sur le boulevard Saint-Michel en face de la Place de la Sorbonne. Il tirait un coup de son canon mais je ne sais pas contre quoi. Mon ami Marcel Guénan était le pilote de ce char et je me rappelle très bien le voir sortir de la char nu-tête lorsque le tir terminait. Nous sommes restés à la place de la Sorbonne cet après-midi et toute la nuit (25/26 août).

    C'était la Saint-Louis, fête du Lieutenant qui était ravi. D'ailleurs, c'était la fête partout. Nous distribuions nos réserves aux enfants.

      

    A un moment, il y a eu une rafale de mitraillette et les balles ricochaient sur les pavés. Par réflexe, j'ai poussé brusquement un petit gars et une jeune fille avec qui je conversais, sur le côté du Montmirail en les protégeant de mon corps. [Suivant l'attaque Lieutenant Michard grimpait sur le dôme de la Sorbonne pour repérer les tireurs ennemis.

      

    Vraiment un acte de bravoure.] Tout s'est arrêté et j'ai repris la conversation. Nous étions assis sur l'avant de Montmirail et un passant nous a pris en photo. Il m'a demandé mon adresse militaire et a eu la gentillesse de m'envoyer la photo. En octobre 45, j'ai épousé cette jeune fille et nous avons toujours ce précieux souvenir de la Sorbonne.

      

    25 Août 1944, Gaston et Odette se rencontre, Place de la Sorbonne

    Image : 25 Août 1944, Gaston et Odette se rencontre, Place de la Sorbonne.

      

    Nous avons appris une autre mauvaise nouvelle: l'Adjudant Corler, lui aussi un volontaire de 40, avait été tué sur un balcon en observant le Luxembourg. À partir d'environ 19 heures les tirs dans les rues augmentaient et la situation devenait sévères, mais pas dans la "Place" lui-même.

      

    J'ai dit, le soir, à la jeune fille de rentrer chez elle et je lui ai donné mon casque pour la protéger.

    Dans la nuit, il a été difficile de dormir car, au coin de la Place de la Sorbonne et du Boulevard St. Michel, il y avait une librairie avec, en vitrine, des titres allemands ou de collaborateurs. Ces vitrines ont été brisées et les livres brûlés.

      

    Le lendemain matin, j'ai voulu aller me faire raser chez un coiffeur, un vieux monsieur m'a offert sa place et un autre m'a payé une coupe de cheveux. C'était la belle vie !

    Nous sommes partis pour les Tuileries et, dans la matinée, la jeune fille est venue avec le petit garçon, pour me rendre mon casque. Et nous nous sommes dit au revoir pour la deuxième fois. Dans l'après-midi du 26 août la Compagnie est allée au Bois de Boulogne et nous nous sommes revus presque chaque jour.

      

    La petite jeune fille était devenue membre de l'équipage. Inévitablement nous avions souvent des visiteurs au Bois de Boulogne et parmi eux étaient M. et Mme Gandon qui sont aussi photographiés avec l'équipage du Montmirail. Ils venaient nous voir tous les jours et nous apportaient des fleurs, des friandises.

      

    Montmirail au Bois de Boulogne. En haut Mme Gandon, Louis Michard. Standing G à D Gaston Eve, Odette Lampin, Paul Lhopital, Marc Casanova, M. Gandon, Étienne Florkowski, Sergent Commeinhes (269kb)

    Image : Montmirail au Bois de Boulogne. En haut Mme Gandon, Louis Michard. Debout, G à D Gaston Eve, Odette Lampin, Paul Lhopital, Marc Casanova, M. Gandon, Étienne Florkowski, Sergent Georges Commeinhes.

      

      

    Au Bois de Boulogne nous avons accueilli des volontaires pour combler nos rangs. Il est venu un jeune homme qui devais avoir 17, 18 ans nommée Jean de Valroger. Il semblait ne pas avoir d'aptitude militaire du tout, mais il avait du courage et, il n'allait pas céder.

      

    Il a fait le reste de la campagne avec nous. Un jour sa mère est venue le trouver et elle n'était pas contente que son fils soit avec nous. Quand elle est partie elle a eu le malheur de dire à son fils «Fait bien attention mon petit minet». Le nom "Minet" est resté.

    Un autre qui est venu nous rejoindre était Sergent Commeinhes qui était un sergent de chars en 1939. Il était parisien et était un homme très gai et très camarade. Il tenait a être avec nous. Au bout de quelques jours il a vu que la jeune fille était souvent en conversation avec moi. De ce moment j'ai été nommé "Milord" et elle "Milorine".

      

    Il avait des amis anglais avant la guerre. En quelques jours il faisait complètement partie de la compagnie et a été sur le char du Capitaine de Witasse. Trois mois plus tard il est mort ayant reçu une balle dans la tête à Fort Kléber, Strasbourg. Nous avions perdu notre "Petit Parisien", ainsi nommé par Milord et Milorine !

    Montereau II et Arcis Sur Aube, nous ont rejoints et la Section s'est trouvée au complet. Le Lieutenant est allé voir Caron à l'hôpital, on avait été obligé de l'amputer et il se trouvait très faible. Après plusieurs visites, il nous a rassemblés et nous a dit, d'une voix très basse, que Henri Caron était mort et nous sommes restés longtemps silencieux.

      

    La mort de Caron était un coup très dur pour la Section.

      

    C'est lui qui avait fait de nous les professionnels que nous étions devenus. Ce fut une grande épreuve pour le Lieutenant Michard car tous deux s'entendaient parfaitement et il existait entre eux une véritable affection. Seul, le Lieutenant a pu assister aux obsèques.

    C'est triste à dire, mais nous acceptions la mort de nos camarades comme inévitable. Notre cœur restait avec eux, mais la souffrance aurait été trop grande si nous avions constamment pensé à eux.

    Il y a eu deux défilés à Paris et ça été deux très belles occasions. Quoiqu'ils n'aient rien fait de plus que les autres chars, Montmirail, Romilly et Champaubert était très fêté.

    Vers la mi-septembre nous avons repris la route et les beaux jours sont passés. Nous avons repris notre vie normale. Quand nous avons quitté Paris, la petite jeune fille était là et je lui ai donné tout mon argent. J'ai dû la réconforter en lui disant que ce n'était pas la peine que l'argent soit brûlé sur moi s'il arrivait quelque chose au Montmirail.

      

    Notre départ vers l'Est a été une véritable randonnée car le front se trouvait maintenant loin de Paris. Le déplacement fut très rapide et avec l'organisation superbe, propre à la DB.

    [Mme Gandon: Je crois que papa a dit, elle avait été un danseur de ballet bien connu. Elle a fait pour l'équipage d'un bouquet de fleurs rouges, blanches et bleues dont elle coincé dans la bouche du canon. Il y est resté pendant plusieurs jours et Montmirail peuvent être reconnus sur les photos pour cette raison. Elle a également nourri Paul L'hopital et André Solleux.

      

    Je pense que papa a dit L'Hôpital a été blessé au main dans les tirs à la Place de la Sorbonne. Cependant, en regardant les photos, certains ont Casanova blessé à la main dès le début le 25 août, d'autres ont Lhopital blessé à la main quelques jours plus tard (dans la photo de tout le peloton). Donc je pense qu'il doit avoir été la blessure de Casanova mon père parlait.]

     

    SOURCES

    http://www.gastoneve.org.uk/paris%20fr.html

      

     

     

     


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    Un bel exemple du Devoir de Mémoire

     

     

     

    Le monument érigé à l'initiative de Rolf Rodel, ancien Sergent chef de la Légion Etrangère sur le site de Diên Biên Phu, devenu terrain de cultures, où près de 3 000 soldats ont été tués.
    Une convention d'entretien a été signée, en juin 1998, entre l'Ambassade de France à Hanoï et la Province de Lai Chau.
    Rolf Rodel est décédé en janvier 1999.

     

     

     

    Le PC du général De Castrie à Dien-Bien-Phu dans sa reconstitution actuelle

     

     

     


     

     


     

     

     

    (extrait de "debout les paras" n° 188 par le Lt-Cel J.Roucaute)
      
    SOURCES /
    http://unpara.pagesperso-orange.fr/gazette/2004_05/gazette052004.htm
      
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  • La Résistance à Vierville sur Mer

      

    La Résistance à Vierville sur Mer

      

     

    Désiré Lemière

    Désiré Lemière habitait le hameau de Fosses Taillis, tout près de la limite de Saint-Laurent-sur-Mer. Agriculteur à l'origine, il ne disposait que de peu de terres, et les Allemands en ayant réquisitionné une partie, il est devenu alors facteur à St-Laurent, ce qui lui permettait de circuler partout sans attirer l'attention.

     

    Depuis janvier 1943, il a fait partie du "Groupe Alliance" qui rassemblait des renseignements militaires et les transmettait aux Alliés. Son groupe local a finit par être découvert par les Allemands et il a été arrêté le 5 mai 1944 par la Gestapo, puis fusillé le 6 juin 1944 à la Prison de Caen. Pour commémorer son souvenir, la rue du lotissement communal dans le quartier de Guerberue porte son nom.

    Désiré Lemière était le grand père maternel de l'actuel maire de Vierville.

     

    Robert Boulard La Résistance à Vierville sur Mer

    Le Conseil Municipal a donné le nom de Robert Boulard à la rue qui dessert le lotissement « Les Embruns de la Liberté » (connu aussi sous le nom de lotissement Dumont, près de l’amorce de la rue du Hamel au Prêtre), 
     

    Robert Boulard était facteur à Trévières et il habitait Vierville, au hameau de Vacqueville.


    Comme Désiré Lemière, il était agent de renseignement du "Groupe Alliance", et il a aussi été arrêté le 5 mai 1944.


    Dans la matinée du 6 juin 1944, il a été fusillé à la prison de Caen, en même temps que tous les autres prisonniers de la Gestapo à Caen.

    Leurs corps ont été transporté en camion dans un lieu inconnu dans l'après midi et n'ont jamais été retrouvés. Ils se trouvent probablement toujours enfouis quelque part non loin de la ville, car le camion qui transportait les corps a fait plusieurs navettes de faibles durées.

     

    Charles Olard

    Charles Olard était receveur des Postes à Saint-Laurent et résidait à Vierville au hameau de Fosses-Taillis, comme Désiré Lemière.

    Il a été, comme les autres, arrété le 5 mai 1944, mais semble avoir été libéré avant le 6 juin 1944.

     

    Le réseau de résistance "Alliance"  

     

    Le Réseau "Alliance" a été fondé dès 1940 par le Commandant Loustanau-Lacau.

    Il couvrait en principe toute la France.

     

    A partir de fin 1942 et l'occupation totale de la France, il a été séparé en plusieurs zones, l'Ouest (secteur "Ferme") étant confié à Jean Roger dit "Sainteny". Sainteny avait des attaches à Vierville (où il était propriétaire d'une villa à la mer) et aussi à Aignerville, il avait nommé un responsable pour le Calvados: Robert Douin (dit "Civette") qui résidait à Caen mais se déplaçait fréquemment dans tout le Bessin.
     

    Le secteur du Bessin était sous la responsabilité de M. Couliboeuf (dit "Bison noir"), instituteur à Formigny, et disposait d'un opérateur radio Rodriguez (dit "Pie") et d'une boite aux lettres à Bayeux formée avec 2 institutrices : Melles Julia Picot et Germaine Limeul. 3 groupes de recherches de renseignements ont alors été recrutés:

     

    1/ A Bayeux,
     

    2/ A Port-en-Bessin, un groupe dirigé par Paul Bernier (dit "Tigris") et

     

      

    Georges Thomine (dit "Cachalot") et qui comprenait les 6 agents: Pierre Cardron, Edouard Cardron, Léon Cardron, Léon Payen, Gaston Chauvin et Auguste Thomine.
     

    3/ A Vierville, St-Laurent et Trévières, un groupe dirigé par Désiré Lemière (dit "Chordeille"), avec

    Robert Boulard, Charles Olard et Albert Anne (forgeron à Asnières), groupe dans lequel les 3 premiers étaient postiers et résidaient dans notre village. Cette équipe observait et transmettait des renseignements précis, profitant des facilités de circulation des postiers qui pouvaient discurter avec les habitants sans attirer l'attention.

     

    Le secteur voisin Villers-Bocage était dirigé par le radio Jean Caby (dit "Emouchet"), avec 8 agents de renseignements.

     

    D'autres agents étaient dans les secteurs de Caen et Ouistreham.

    Le réseau Alliance n'était pas le seul à exercer des activités de résistance dans le Bessin et le Calvados. Tous ces réseaux étaient complètement séparés et ils s'ignoraient pour des raisons de sécurité: réseau OCM, qui faisait surtout du renseignement (Guillaume Mercader), réseau du Front national qui ne faisait pas de renseignement mais de la propagande, réseau Mithridate dépendant des services britanniques (Marcel Aulombard à Bayeux notamment); mouvement Libération Nord qui faisait aussi du renseignement ( Joseph et Arthur Poitevin à Port-en-Bessin).

     

    Au total on compte dans le Bessin 135 personnes recensées comme résistants (179 d'après un autre décompte), dont 15 à 20 pour "Alliance". Ces agents étaient issus de toutes les classes de la société, en proportion voisine de leur répartition réelle. Leurs motivations étaient diverses: rejet de l'ennemi naturel, cadres de l'Armée refusant l'armistice et le régime de Vichy, à partir de 1943 refus du STO en Allemagne, parfois idéologie communiste ou anti fasciste.

     

    Nombreux sont ceux qui se sont engagés sans même connaître l'organisation qui les utilisait, le secret restant essentiel à la sécurité. Tous ces hommes disposaient d'un courant de sympathie parmi la population du Bessin, ce qui a facilité leur travail dans la discrétion nécessaire.

     

    Les renseignements recherchés concernaient l'ensemble de l'organisation allemande, et notamment les grandes batteries côtières: Longues, le Hoc, Maisy, les défenses tout le long du rivage, les dépôts de carburants, etc.
     

    La transmission des renseignements se faisait généralement par radio (cas du réseau Alliance), mais aussi par pigeons voyageurs (cas de l'OCM). Chaque réseau transmettait en Angleterre ce qu'il avait pu rassembler. Les résultats étaient exploités à Londres et soigneusement recoupé avec les reconnaissances aériennes. La lourdeur de ce traitement entraînait parfois des retards et des erreurs. Mais globalement, l'efficacité des réseaux français a été reconnue.
     

    Le réseau Alliance, comme la plupart des réseaux de résistance a été durement touché par la répression. Malgré toutes les précautions, il était difficile d'éviter des infiltrations par des agents français travaillant pour le compte des Allemands. Quant aux radios, ils étaient facilement repérés par radiogoniométrie, ce qui les obligeait à se déplacer constamment et à des cadences très rapides.
     

    Dans le réseau Alliance du Calvados, la période sombre a commencé le 14 mars 1944 avec l'arrestation à Paris d'un agent de liaison de Robert Douin (Jean Truffaut dit Tadorne, qui possédait sur lui des documents importants sur le réseau et qui avait rencontré Robert Douin le 9 mars). A la suite, le 17 mars, Robert Douin a été arrêté à Caen, Georges Thomine a été arrêté à Port-en-Bessin, Jean Caby a été arrêté à Villers-Bocage.

      

      

    Le 4 mai, la quasi totalité du groupe de Villers-Bocage a été arrêtée. Le 5 mai, c'est le tour du groupe de Vierville-Saint-Laurent-Trévières qui, lui aussi, est arrêté en totalité: Désiré Lemière, Albert Anne, Robert Boulard et Charles Olard.

     

    Ces arrestations étaient en général faites par des Français travaillant pour la Gestapo.

    Tous ont été interrogés sous la torture à Caen, 4 ont été libérés, 1 déporté et 16 fusillés le 6 juin 1944 à la prison de Caen, dans la panique qui semble avoir saisi les Allemands le matin du débarquement. Leur dépouilles n'ont jamais été retrouvées.

     

    A cette époque, en l'absence de Débarquement, leur sort aurait été la déportation dans les camps de la mort (Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Struthof...) où les chances de survie étaient faibles.

      

    SOURCES

     http://vierville.free.fr/811-ResistanceVierville.htm

     

     

     

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    US Army - Bref historique 1775-2012

     

     

    L'US Army représente la composante des forces armées américaines la plus importante, tant au niveau des effectifs que des responsabilités et des missions assignées: les opérations terrestres. C'est également une des plus vieilles armées du monde. Héritière de l'Armée Continentale de la Guerre d'indépendance, elle est divisé en deux catégories: les unités d'active ou "Active Components" (AC), et les unités de réserve (ARNG et USAR), de forces et d'effectifs à peu près égaux (46% et 54%). A la fin de l'année 2007, ses effectifs s'élèvent à environ 1.1 million d'hommes: 542000 soldats d'active, 352000 Gardes nationaux et 189000 réservistes. Ainsi que 149000 mobilisables et 218000 civils sous contrat.



    Naissance d'une armée (1775-1815).

    L'US Army tire ses origines de l'Armée continentale, créée en juin 1775 pendant la guerre d'indépendance américaine. Lorsque l'Armée continentale est dissoute, en 1783, après la signature du Traité de Versailles et la fin du conflit avec la Grande-Bretagne, l'United States Army la remplace presque aussitôt, en incorporant les unités de milice des différents Etats.


    Après la révolution américaine, les Etats-Unis doivent faire face aux menaces aussi bien sur mer que sur ses frontières occidentales. En politique internationale, les Etats-Unis ne représentent encore qu'une puissance militaire mineure, avec une armée et une marine modeste.

    La méfiance traditionnelle des Américains envers l'Armée nationale, combinée avec la foi dans les capacités de la milice locale, a exclu le développement des unités bien entraînées. Le président Thomas Jefferson préfère ne garder qu'une petite armée de terre et une petite marine, craignant qu'une grande armée n'entraîne les Etats-Unis dans des guerres étrangères, ou que celle-ci serve à imposer une dictature.

    Après le traité de Versailles et la révolution, les Britanniques cèdent aux Etats-Unis les Appalaches et le bassin du Mississippi, bien qu'aucun colon américain ne vivait sur ces terres.

    Les Etats-Unis prennent prétexte de l'appui de certaines tribus amérindiennes à l'Empire britannique, pour obliger leurs chefs à céder des terres cultivables aux colons et aux nouveaux immigrants. C'est le début de la colonisations des territoires indiens par les Américains.

    Cette expansion provoque un premier conflit, la "Guerre indienne du Nord-Ouest". Le 4 novembre 1791, la "Confédération de l'Ouest", une alliance des tribus amérindiennes Shawnee, Lenape et Miami vivant dans la région des Grands Lacs, inflige sur les rives du fleuve Wabash (Ohio) une sévère correction à une petite armée américaine (1000 hommes) mal préparée, commandée par le général Arthur St. Claire.

    Cette bataille, appelée "Massacre de Columbia", "Défaite de St. Clair" ou encore "Bataille de la Wabash", est une des pires et humiliante défaites de l'US Army face aux Amérindiens. La Confédération de l'Ouest enregistre 21 guerriers tués et 50 blessés, alors que 623 soldats, ainsi que 57 civils américains, sont tués ou capturés, et 258 autres blessés.

    George Washington envoie une seconde armée, mieux entraînée, dirigée par le général Antony Wayne. Cette fois, les Américains sont victorieux, lors de la Bataille de Fallen Timbers, le 20 août 1794. Battue, la Confédération de l'Ouest doit se résigner à signer le "Traité de Greenville" le 2 août 1795, et céder aux Etats-Unis les territoires qui correspondent aujourd'hui à l'Ohio et à une partie de l'Indiana.


    En 1812, pour aider Napoleon et la France du Premier Empire, les Etats-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne. C'est dans l'histoire américaine la première guerre officielle déclarée contre une puissance européenne. Dans l'incapacité de battre la Royal Navy dans l'Atlantique et de débarquer en Europe, les Etats-Unis misent sur l'invasion du Canada britannique, dans l'espoir d'utiliser le territoire conquis comme monnaie d'échange dans de futures négociations. Mais cette offensive américaine au Canada tourne bientôt à la déroute militaire.

    Plus grave encore: les troupes britanniques se ressaisissent, contre-attaquent et envahissent le territoire américain dans la région des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, selon deux axes de progression, à partir de l'Ontario et du Quebec.

    Après la victoire sur Napoleon, en 1814, les Britanniques débarquent sur la côte Est des Etats-Unis. Les troupes du général Robert Ross pénètrent dans Washington DC le 25 octobre 1814 et incendient la ville, bien que la campagne de la baie de Chesapeake se termine par une victoire américaine à la Bataille de Baltimore, le 15 septembre 1814.

    Le 24 décembre 1814, le conflit se termine officiellement par le Traité de Gand, en Belgique, sur un Status Quo. Mais des combats se poursuivront encore pendant plusieurs mois. Avec notament, un second débarquement britannique dans le Sud et, le 8 janvier 1815, la bataille de La Nouvelle-Orléans, où les Américains commandées par le général Andrew Jackson forcent les Britanniques à réembarquer et à se retirer de Louisiane.


    Expansion continentale (1817-1860).

    De 1817 à 1858, une série de trois conflits opposent les Etats-Unis aux Indiens, les "Guerres Séminoles" ou "Guerres de Floride" (8). La première, de 1817 à 1818. La seconde, particulièrement longue, de 1835 à 1842. Et la troisième de 1855 à 1858. Elles se concluent par une victoire américaine, et la Floride espagnole passe sous l'autorité des Etats-Unis.

    Avec le "Manifeste de la Destiné" (Manifest Destiny), les Etats-Unis entreprennent la colonisation et l'annexion du continent Nord-Américain de l'Atlantique au Pacifique. Cela les entraînent dans toutes une longue série de guerres avec les tribus indiennes et le Mexique.

    C'est notamment la "Guerre d'indépendance du Texas", alors province mexicaine, du 2 octobre 1835 au 21 avril 1836. Les colons américains, soutenus par Washington, se révoltent contre l'autorité du Mexique, et l'Armée mexicaine commandée par le général Antonio Lopez de Santa Anna est envoyée pour "mater la révolution".

    Le 21 avril 1836, les troupes texanes conduites par Sam Houston et répondant à son cri de ralliement "Souvenez-vous d'El Alamo", écrasent les Mexicains à San Jacinto et capturent Santa Anna et tout son état-major. Celui-ci est forcé de signer le 14 mai suivant les Traités de Velasco qui proclament et garantissent l'indépendance de la "République du Texas".


    En 1845, après un référundum populaire, le Texas devient le 28ème Etat américain. Mais en 1846, le Mexique dénonce les traités et refuse de reconnaitre sa défaite de 1836.

    Du 25 avril 1846 au 2 février 1848, c'est la "Guerre américano-mexicaine", qui se conclue par la victoire des Américains et le traité de Guadalupe Hidalgo.

    De mai 1857 à juillet 1858, c'est la "Guerre de l'Utah", entre les Mormons et l'autorité fédérale du président James Buchanan.


    Guerre civile américaine (1861-1865).

    Depuis le "Compromis du Missouri" de 1820, les Etats-Unis sont divisés sur la question de l'esclavage. En 1860, après quarante ans d'antagonisme, l'élection du Républicain anti-esclavagiste Abraham Lincoln finit par mettre le feu aux poudres. C'est la guerre civile américaine, ou "Guerre de Sécession" (13) entre l'Union (au nord) et les Etats Confédérés (au sud).

    Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud est le premier Etat sudiste à faire sécession. Les évenements vont s'enchaîner très rapidement. Le 9 janvier 1861, c'est le tour du Mississippi. Le 10 janvier, celui de la Floride. Le 11 janvier, l'Alabama. Le 19 janvier, la Géorgie. Et le 26 janvier, la Louisiane.

    Le 1er février 1861, le Texas décide de soumettre sa sécession à un référundum populaire. Et le 23 février 1861, les Texans font sécession.

    Le 12 avril 1861, à l'entrée du port de Charleston, en Caroline du Sud, l'artillerie confédérée ouvre le feu contre le fort Sumter, tenu par une petite garnison de l'Union, qui capitule le lendemain. C'est le début officiel de la guerre.


    La guerre de Sécession durera quatre longues années, jusqu'à la capitulation totale et inconditionnelle des Etats Confédérés d'Amérique (CSA) à Appomatox Court House, en Virginie, le 9 avril 1865.

    Au début du conflit, aucun des deux camps n'est préparé à un conflit de longue durée. L'Union, pour la première fois de son histoire, doit instaurer la conscription militaire. Si bien qu'en avril 1865, l'armée nordiste compte dans ses rangs plus d'un million d'hommes enrôlés, sur une population totale de 22 millions d'habitants.


    En termes de destruction et de pertes humaines, cette guerre civile fut la plus coûteuse et la plus meurtrière de l'histoire du peuple américain. En avril 1865, 622000 hommes, dans une nation de 31 millions de personnes, avaient été tués. 412000 autres blessés ou mutilés. En quatre années, les Etats-Unis perdirent plus d'hommes que dans toutes les autres guerres réunies auxquels ils prirent part, y compris les deux conflits mondiaux, la Corée et le Vietnam.

    Ce conflit est également qualifié par nombre d'historiens comme la première guerre moderne de l'Histoire. Car elle a vraiment bouleversé et révolutionné, à plus d'un titre, l'art de la guerre et stratégie militaire dans le monde.

    Du point de vue économique, le conflit encourage la mécanisation de la production, et l'accumulation des capitaux dans le Nord.

    L'équipement des armées nécessite la production de masse d'aliments industriels, de prêt-à-porter, de chaussures et, après la guerre, l'industrie reconvertit ce type de production à l'utilisation civile.

    Au niveau scientifique, la guerre de Sécession marque également un formidable bon en avant. Le 17 février 1864, le premier sous-marin du monde, le CSS Hunley, du nom de son inventeur, sous les ordres du lieutenant George Dixon, effectue sa première sortie opérationnelle sous la bannière confédérée, et coule le USS Houssatonic dans la baie de Charleston. Maleureusement, le sous-marin disparait corps et bien après son exploit. De toute façon, c'est trop tard et l'"exploit" demeure sans incidence sur la suite des opérations militaires de l'Union.

    L'Union met en application les avancées révolutionnaires dans le domaine de l'aérostat et créa le premier "Corps aérien d'observation" de l'histoire. Désormais, la guerre entre dans sa troisième dimension.

    L'armement n'est pas en reste: les premiers fusils et obusiers à chargement par culasse et à canon raillé commencèrent à remplacer les mousquets et pièces d'artillerie à canon lisse se chargeant par la gueule. Les billes et boulets cédèrent définitivement leur place à un nouveau projectile profilé, encore pratiquement inconnu de la troupe. Les cartouches et les obus modernes venaient de naître.

    Idem pour la grosse l'artillerie de siège: les premiers obusiers alimentés par la culasse commencent à remplacer les canons se chargeant par la gueule.

    La télégraphie électrique et le code Morse ont fait leur apparition partout sur le territoire américain et ont révolutionné à tout jamais les communications. L'Union crée le "Signal Corps" et les premières unités de transmission de l'histoire militaire.

    En 1865, les Etats-Unis sont devenus la plus grande puissance industrielle du monde.


    Après-Guerre civile (1865-1917).

    Après la guerre de Sécession, les Etats-Unis repartent à la conquête des Grandes Plaines et achèvent la construction du premier "Chemin de fer transcontinental" (First Transcontinental Railroad), qui relient la cote ouest (Californie) et la cote est.


    Les généraux William T. Sherman et Philip Sheridan sont chargés par le président Ulysse S. Grant de mettre au pas les tribus indiennes qui résistent encore. Ils engagent 25000 hommes, répartis entre vingt-cinq régiments d'infanterie, dont deux composés d'Afro-Américains surnommés Buffalo Soldiers, dix de cavalerie et cinq d'artillerie, ainsi que les services annexes. L'armée américaine recrute au moyen d'engagements volontaires, des contracts d'une durée de cinq ans.

    Entre 1865 et 1898, se succéderont toutes une série de guerres contre les Indiens, dans l'Ouest des Etats-Unis:

    - Texas-Indian Wars (1836–1875), including: Great Raid of 1840 (1840), Antelope Hills Expedition (1858), Battle of Pease River (1860), Red River War (1874–1875)
    - Puget Sound War (1855–1856)
    - Dakota War of 1862 (1862)
    - Colorado War (1863–1865)
    - Red Cloud's War (1866–1868)
    - Comanche Campaign (1868–1874)
    - Great Sioux War of 1876-77
    - Nez Perce War (1877)
    - Pine Ridge Campaign (1890)

    Le 29 décembre 1898, le 7ème Régiment de cavalerie massacre environ 200 Indiens Sioux, hommes, femmes et enfants, à Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. C'est la fin officiels des guerres indiennes, mais des incidents et des affrontements se poursuivront encore, dans une moindre intensité, jusqu'en 1918.


    Première Guerre mondiale (1917-1918).

    Au début de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis respectent scrupuleusement leur neutralité, même si leur sympathie penche du côté de la Triple Entente, l'Alliance conclue entre la Grande-Bretagne, la France et la Russie.

    Lorsqu'éclate le conflit, en août 1914, l'US Army est pratiquement inexistante. Juste une petite "armée de paix" avec trois divisions d'infanterie sur le continent et une brigade stationnée dans les îles Hawaii, un effectif total d'environ 75000 hommes.

    Deux ans plus tard, en 1916, le Congrès vote le "National Defense Act" prévoyant une augmentation des effectifs terrestres à 175000 hommes, la formation de sept régiments supplémentaires, la création d'un Corps d'officiers de réserve. Le président donne son autorisation pour mobiliser les unités de la Garde Nationale en cas de guerre ou de période d'urgence nationale.

    Le 6 avril 1917, la menace représentée par les sous-marins allemands contre la marine marchande américaine dans l'Atlantique finit par provoquer l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Franco-Britanniques.

    Cependant, passer d'une "armée de paix" à une "armée sur pied de guerre" paraît presqu'insurmontable. Le budget de l'armée, qui était de 150000 dollars annuels avant 1914, passe à douze millions de dollars au début de 1917. Le matériel lourds (artillerie, transport, aviation) est pratiquement inexistant: en mai 1917, l'US Army ne dispose encore que de 600000 fusils, 2000 mitrailleuses et moins d'un millier de pièces d'artillerie.

    L'engagement américain en France sera d'abord progressif, avec l'envoi d'un Corps expéditionnaire symbolique commandé par le général John Pershing. Les premiers soldats américains débarquent dans le port de Saint-Nazaire le 26 juin 1917.

    Au début, les "Sammies" sont dispersés dans les unités françaises ou britanniques, mais Pershing insiste pour que son Corps expéditionnaire forme une unité indépendante à part entière. Si bien qu'en octobre 1917, est constituée la 1er Division d'infanterie US, avec un effectif de 14500 hommes, à l'arrière du front près de Toul.

    L'envoi de troupes à travers l'Atlantique, symbolique et progressif en 1917, se fera massif l'année suivante. A partir de février 1918, le débarquement de soldats américains dans les ports français s'effectue au rythme de 25000 hommes par semaine. A la fin du conflit, environ deux millions d'entre-eux seront stationnés en France.


    En mai 1918, deux divisions d'infanterie américaines (1er et 2ème), après leur entraînement et leur équipement avec des armes françaises ou britanniques, sont déclarées opérationnelles et "aptes au combat" sur le front de la Marne, trois divisions (26ème, 32ème et 42ème) sont placées dans des secteurs "calmes" dans l'Est, en Alsace. Deux (3ème et 5ème) achèvent leur débarquement et sont en route pour le front. D'autres encore sont en cours de débarquement (4ème, 28ème, 30ème, 35ème et 82ème) ou de regroupement (27ème, 33ème, 78ème et 80ème).

    Le 31 mai 1918, lors de la seconde bataille de la Marne, la 2ème Division d'infanterie et des régiments de Marines renforcent les troupes coloniales françaises dans le secteur de Château-Thierry. Les Américains repoussent les Allemands de l'autre côté de la Marne et les chassent du Bois Belleau, entre les 6 et 25 juin.

    En l'honneur de ce prestigieux fait d'armes américains, le maréchal Ferdinand Foch fait baptiser le Bois Belleau en "Bois de la Brigade des Marines" et cède ad vitam eternam une parcelle de terrain où reposent aujourd'hui 2289 soldats américains tombés "pour la France", le cimetierre et le monument commémoratif de l'Aisne-Marne.

    Ci-dessous: cérémonie pour le 92ème anniversaire de la Bataille du Bois Belleau, dans le cimetierre de l'Aisne-Marne (30 mai 2010).


    Le 15 juillet 1918, le généralissime allemand Erich Ludendorff tente, une dernière fois, d'arracher la victoire, cette fois en Champagne, entre Reims et l'Argonne. 85000 Américains participent à l'offensive générale alliée déclenchée dès le 18 juillet, qui oblige les forces allemandes à se replier jusqu'à la Vesle.

    En août 1918, l'armée américaine en France représente trente-deux divisions, chacune avec un effectif de 27000 hommes en moyenne. Le 10 août 1918, le maréchal Ferdinand Foch autorise la création de la "1ère Armée US" forte de 550000 hommes. Celle-ci est aussitôt employée contre le saillant allemand de Saint-Mihiel, dans le secteur de Verdun.

    Le 12 septembre 1918, cette 1ère Armée US commandée par le général John Pershing, appuyée par des unités françaises, donne l'assaut. En trois jours, elle élimine le saillant allemand, fait plus de 16000 prisonniers ennemis et capture 440 pièces d'artillerie.


    Le 26 septembre 1918, Pershing, qui dispose maintenant de 1.2 million d'hommes, 2417 pièces d'artillerie et 324 chars, lance ses troupes à l'assaut entre la Meuse et l'Argonne, sur un front large de 24km, dans le cadre de la vaste offensive alliée Meuse-Argonne lancée tout le long du front entre Verdun et Ypres. Le plan américain consiste à avancer en direction de Sedan pour couper la ligne de chemin de fer Mézières-Metz.


    La formidable résistance d'un bataillon de la 77ème Division d'infanterie US dans la foret d'Argonne, isolé par une contre-attaque allemande, a inspiré un film réalisé en 2001 par Russel Mulcahy, The Lost Battalion.


    Le front allemand commence à se désintégrer le 1er novembre 1918, quand les Américains, après avoir subi de lourdes pertes, repartent à l'assaut. Le 7 novembre 1918, les Américains libèrent Sedan, franchissent la Meuse et établissent deux têtes de pont sur sa rive droite, coupant par la même occasion la voie ferrée Mézières-Metz, vitale pour le ravitaillement des troupes allemandes.

    Le 9 novembre 1918, en Allemagne, le régime impérial allemand s'écroule, un nouveau gouvernement, la "République de Weimar", voit le jour et demande l'arrêt des hostilités. Lorsque l'Armistice est signée deux jours plus tard à Rethondes, 3.8 millions d'Américains au total ont été mobilisé, et plus de la moitié d'entre-eux sont stationnés en France.

    En 1917-1918, l'armée américaine a enregistré en France la perte totale de 116000 tués et 206000 blessés.



    Entre-deux-guerre et retour à l'isolationisme (1919-1941).

    L'après-Grande-Guerre est caractérisé par la fin de l'"idéal wilsonien". En mars 1920, les Républicains, étant majoritaires au Congrès, refusent de ratifier le Pacte de la Société des Nations (SDN) et le Traité de Versailles.

    Lors des Elections de novembre 1920, le candidat démocrate James Cox, soutenu par Woodrow Wilson, est battu par le Républicain Warren Harding. Ce dernier a fait campagne au nom d'un "désengagement des Etats-Unis" en Europe et d'un "retour à la normale".

    Les Etats-Unis retournent donc à leur isolationisme traditionnel. Ils n'en sortiront que le 7 décembre 1941. En 1939, l'US Army compte six divisions d'active et environ 200000 hommes. En terme d'effectifs, les Etats-Unis se classent 17ème dans le rang mondial, juste derrière l'armée roumaine.

    En 1940, cependant, le Président Franklin Delano Roosevelt, soucieux d'aider les Alliés en guerre contre les puissances de l'Axe (Allemagne et Italie), fait passer la Loi Pret-Bail. On assiste alors à une semi-mobilisation et à l'instauration, pour la troisième fois de son histoire, de la conscription militaire aux Etats-Unis. En deux ans, de septembre 1939 à décembre 1941, les effectifs de l'US Army sont ainsi multipliés par huit et passent à 1.6 million d'hommes.


    Seconde Guerre mondiale (1941-1945).

    Les Etats-Unis entrent officiellement en guerre contre le Japon le 8 décembre 1941, le lendemain de l'attaque contre Pearl Harbor, et contre l'Allemagne et l'Italie, trois jours plus tard. En dépit de la Grande Dépression qui touche encore le pays, Franklin Roosevelt lance l'économie et l'industrie américaine dans un gigantesque plan de réarmement militaire.

    A la fin du conflit, en septembre 1945, les forces armées américaines auront mobilisés 17 millions d'hommes et de femmes, dont 12 millions rien que pour l'armée de terre, sur une population totale de 135 millions d'habitants, soit 13%. Les pertes humaines s'élèveront à 418500 tués/disparus (US Army, 318000) et 642000 blessés/mutilés (US Army, 566000).


    Les premiers engagements de l'US Army dans la Seconde Guerre mondiale sont marqués par la défensive et des défaites dans le Pacifique, face à la déferlante japonaise, en particulier pendant la désastreuse campagne des îles Philippines du premier semestre 1942, au cours de laquelle elle perd la quasi-totalité de son armée mixte américano-philippine (145000 hommes).

    Cette campagne, entamée le 10 décembre 1941, se conclut par la capitulation du général Jonathan Wainwright à Corregidor, le 6 mai 1942.

    La première offensive terrestre américaine ne survient que huit mois après le désastre de Pearl Harbor, le 7 août 1942, lorsque des troupes de Marines et d'infanterie débarquent sur l'île de Guadalcanal. Cette sanglante campagne de Guadalcanal durera six long mois, jusqu'au début février 1943.


    Sur le front Euro-Méditerrannée, la guerre de l'US Army contre l'Allemagne et l'italie débute le 8 novembre 1942, lors de l'opération Torch, le débarquement allié en Afrique du Nord française.

    Le commandement suprême du corps expéditionnaire américain en Afrique du Nord est assuré par le général Dwight Eisenhower. Les troupes commandées par le major-général George Patton entrent dans Casablanca et libèrent le Maroc.


    Au cours des mois suivants, face à l'Armee Afrika allemande lors de la campagne alliée de Tunisie, les Américains subissent cependant une terrible et cruelle défaite à la Passe de Kasserine, en février 1943. Avant de reprendre, définitivement, leur offensive finale contre Tunis.

    Le 13 mai 1943, c'est la fin de l'"aventure" allemande en Afrique: les troupes de l'Axe en Tunisie capitulent. 275000 prisonniers italo-allemands sont capturés par les Alliés.

    L'étape suivante est la conquête de la Sicile. Confiée au général George Patton, la 7ème Armée US déclenche l'opération Huskee le 10 juillet 1943 en débarquant dans le Golfe de Gela, sur la côte sud de l'île. Les GIs de "Sang et Tripes" (Blood and Guts) nettoient la Sicile en cinq semaines, pour le prix de 2237 tués et 6544 blessés.


    Mais les deux plus importantes campagnes de l'US Army sur le théâtre d'opérations européen sont la longue et sanglante bataille d'Italie (septembre 1943 - mai 1945), et l'opération Overlord, le débarquement en Normandie à laquelle prennent part un million et demi de soldats américains, puis la libération de l'Europe (juin 1944 - mai 1945).


    Overlord, combinée avec l'opération Anvil Dragon, le débarquement sur les côtes méditerrannéennes françaises, entraîne finalement la libération de la France, de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. L'opération Market-Garden et la libération des Pays-Bas représente un échec retentissant des Alliés, mais désormais l'armée allemande est acculée à ses frontières et condamnée à la défaite.

    Après la dure bataille des Ardennes et le dernier coup d'éclat d'Hitler en Belgique, en février 1945, c'est la fin: les Alliés occidentaux entament la campagne d'Allemagne, la "dernière bataille" de la guerre en Europe. Il faudra cependant encore trois mois avant que le Troisième Reich se résigne à signer sa capitulation inconditionnelle, le 7 mai 1945.

    Sur le front du Pacifique, de 1943 à 1945, de multiples débarquements et batailles sanglantes (Nouvelle-Guinée, Philippines, îles Marshall et Mariannes, Iwo Jima, Okinawa, ...), menés en association avec l'US Marine Corps et l'US Navy, permettent de reconquérir, une par une, les îles et territoires perdus au début du conflit, de grignoter les défenses de l'Empire du Soleil Levant et de se rapprocher de sa métropole.

    Alors que l'état-major américain prépare une gigantesque opération sur le sol de l'archipel ennemi, nom de code "Opération Downfall", les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, combinés avec l'entrée en lice de l'Union Soviétique dans cette campagne, entraînent finalement la capitulation du gouvernement japonais le 14 août 1945, et deux semaines plus tard, la cérémonie officielle et la signature de l'acte de capitulation à bord du cuirassé USS Missouri, ancré dans la Baie de Tokyo.



    Guerre Froide (1945-1990).

    Lorsque débute la guerre de Corée, en 1950, la politique américaine de désarmement a ramené les effectifs des forces armées à 550000 hommes. Durant la "Guerre Froide" qui l'oppose à l'Union Soviétique et les pays satellites du Pacte de Varsovie, l'US Army se retrouve impliquée directement dans plusieurs conflits: la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et l'intervention au Panama.

    La guerre de Corée débute en juin 1950, lorsque les troupes nord-coréennes franchissent en masse la Zone Démilitarisée établie sur le 38ème Parallèle, et envahissent la Corée du Sud. Il faudra l'intervention des forces multinationales des Nations-Unies, surtout celles des Etats-Unis, trois ans de guerre et une série de flux et de reflux, pour que les deux "frères ennemis" signent enfin un accord de cessez-le-feu, qui dure encore de nos jours.


    L'US Army est ensuite engagée dans les pays du Sud-Est asiatique, en particulier au Vietnam. La "Guerre du Vietnam" a opposé, de 1957 à 1975, le Nord-Vietnam communiste, soutenu et armé par l'Union Soviétique et la Chine, au Sud-Vietnam nationaliste, soutenu par les Etats-Unis. Les deux pays, idéologiquement opposés et qui résultait des Accords de Genève de 1954 et de la division de l'Indochine française, étaient également séparés, le long du 17ème Parallèle, par une "zone tampon", une De-Militarized Zone (DMZ).


    Les Etats-Unis interviennent massivement (550000 hommes en 1969) au Sud-Vietnam pour tenter d'"endiguer", suivant la stratégie des dominos, les infiltrations des troupes nord-vietnamiennes au sud à partir de la Piste Ho Chi Minh, et qui alimentent la guerilla communiste (Vietcong).


    Cette "sale guerre", très impopulaire aux Etats-Unis même, et l'aide américaine se prolongera jusqu'en 1973, avec les Accords de Paris. Pour les Américains, le bilan est lourd: 56000 tués (dont 46000 au combat). Elle a dégradé considérablement l'image des Etats-Unis à travers le monde et la réputation d'invincibilité des forces armées américains. La "défaite" politique de Washington marque encore aujourd'hui les Américains.

    En 1975, deux ans après le retrait des Etats-Unis du Sud-Vietnam, le Nord-Vietnam met soudainement fin à la guerre en envahissant son voisin sudiste, en prenant la capitale ennemie (Saigon) le 30 avril 1975 et en réunifiant les deux frères ennemis, après 21 ans de séparation.

    Le symbole de cette guerre "perdue dans les couloirs du Pentagone" restera à tout jamais, dans l'opinion publique, les images du balai de dizaines d'hélicoptères assurant l'évacuation de ressortissants occidentaux, du personnel diplomatique américain et de milliers de réfugiers sud-vietnamiens, du toit de l'ambassade américaine de Saigon jusqu'aux porte-avions de la 7ème Flotte US au large des côtes (opération Frequent Wind).





    Après-Guerre Froide et guerre contre le terrorisme (1990-Présent).

    La Guerre du Golfe (1990-1991) est le premier conflit de l'Après-Guerre froide. En août 1991, à la suite de l'invasion du Koweit par l'armée irakienne, se met en place une force expéditionnaire internationale, l'opération Desert Storm ("Bouclier du Désert"), une coalition internationale de trente-quatre pays à laquelle participent des membres de la Ligue Arabe comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Syrie et Oman, dirigée par les Etats-Unis et agissant sous mandat des Nations-Unies.


    Les hostilités débutent le 17 janvier 1991 par la plus formidable campagne de bombardements aériens menée depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est l'opération Desert Storm ("Tempête du Désert"). Cette campagne durera approximativement six semaines.

    Le 24 février 1991, c'est le début de l'offensive terrestre alliée, à laquelle participent 960000 hommes, dont 545000 Américains. Après cent heures de combats, l'armée irakienne est écrasée et doit évacuer en désordre le Koweit par l'Autoroute 80, surnommée Highway of Death ("Autoroute de la Mort"). Le président George H. Bush ordonne un cessez-le-feu général.

    Après la libération du Koweit, les Nations-Unies décrètent contre Saddam Hussein un embargo international sur les armes et le pétrole. La coalition alliée créé deux zones d'exclusion aériennes au nord, dans le Kurdistan, et au sud, dans la région contrôlée par les Chiites.

    En 1992, les Etats-Unis sont impliqués dans l'opération Restore Hope ("Rendre l'Espoir"), une mission internationale de maintien de la paix, sous l'égide des Nations Unies en Somalie (UNOSOM I). L'année suivante, l'US Army accroît encore sa présence à Mogadiscio (UNOSOM II).

    Le 3 octobre 1993, débute l'opération Gothic Serpent (1), une opération spéciale combinée des Rangers et de la Delta Force, visant à la capture de deux membres haut-placés de Mohamed Aïdid, le seigneur de guerre reignant en maître à Mogadiscio.

    Cette attaque, commandée par le général William F. Garrison, débouche sur une véritable bataille rangée entre les soldats américains et les miliciens d'Aïdid. La capture des deux subordonnés d'Aïdid, qui est l'objectif de la mission de Garrison, réussit pleinement. Mais en essayant d'exfiltrer le commando, deux hélicoptères MH-60 Black Hawk sont abattus par des RPG. Les tentatives des Rangers et de la Delta Force pour récupérer les survivants du second hélicoptère, Super-64, vont tourner très vite en une véritable bataille de rues dans Mogadishio.


    150 soldats de la Bravo Company/3rd Battalion/75th Ranger Regiment et du 1st Special Forces Operational Detachment de la Delta Force (SFOD-D), avec l'appui-feu des hélicoptères MH-60 du 160th Special Operations Aviation Regiment Night Stalkers, affrontent pendant trente-six heures, deux jours et une nuit, une force estimée à environ 2000 miliciens d'Aïdid et civils.

    Bilan de cette "bataille urbaine": 19 tués et 85 blessés du côté américain. 1000 à 1500 miliciens et civils somaliens tués, entre 3000 et 4000 autres blessés (estimation US). 315 civils et miliciens tués, et 812 blessés (estimations d'Aidid). L'unique survivant de Super-64, le Warrant Officer (Sergent-Major) Michael Durant, sera capturé et détenu par les miliciens d'Aidid. Il sera par la suite échangé avec les deux lieutenants du Seigneur de la Guerre arrêtés le 3 octobre.

    Mais les images qui feront le tour du globe et choqueront l'opinion publique aux Etats-Unis, seront celles des corps de plusieurs membres d'équipage de Super-64 attachés à des véhicules et traînés dans les rues de la capitale somalienne, abandonnés à la vindicte populaire. Images qui choqueront les Etats-Unis et contribueront quelques mois plus tard au retrait des forces américaines de Somalie.

    La "Guerre contre le terrorisme", ordonnée par le président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, débute avec l'opération Enduring Freedom, l'invasion de l'Afghanistan, le mois suivant.

    En décembre 2001, les Etats-Unis chassent le régime des Talibans, qui soutient et protège l'organisation Al-Qaida, de la capitale afgane, Kaboul. Les Nations Unies mettent ensuite en place une coalition internationale, qui passera sous commandement de l'OTAN en 2003, et organisent les premières élections libres démocratiques du pays depuis 1976.

    D'octobre 2001 à août 2009, 1312 militaires ou civils travaillant pour la coalition internationale perdent la vie en Afghanistan, dont 782 Américains et 29 Français. Selon les estimations du gouvernement afghan et de la coalition, environ 20000 combattants talibans ont été tués et environ 1000 autres faits prisonniers.


    L'invasion de l'Irak (Invasion of Irak), également connue sous l'appelation "Seconde Guerre du Golfe", débute le 20 mars 2003, quand la coalition alliée, mise en place sous l'égide des Etats-Unis, déclenche l'opération "Liberté pour l'Irak" (Iraqi Freedom) en franchissant la frontière koweitienne, dans l'intention de renverser le pouvoir baasiste irakien de Saddam Hussein et le remplacer par un gouvernement provisoire représentatif, en attendant la tenue d'élections démocratiques.

    Ce conflit a pour origine le vote de la résolution 1441 (et son interprétation controversée) votée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies le 8 novembre 2002, ainsi que le non-respect par Saddam Hussein de toutes les résolutions antérieures concernant le désarmement de l'Irak, depuis 1991.

    Au terme d'une offensive foudroyante de trois semaines, les forces armées américaines s'emparent de Bagdad et Saddam Hussein est renversé.

     

     
     
     
    SOURCES SUPERBE BLOG - de
      
      
    http://jacqueline-devereaux.blogspot.fr/2011/01/us-army-bref-historique-1775-2011.html
      
      
      
      
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    Extraits du témoignage écrit (peu après les évènements) de Charles Lepelletier, maire en 1944, d'Englesqueville la Percée.

    " (..,) II existait à la Percée, un sémaphore que les Allemands occupaient depuis août 1940. Bientôt ils y installèrent divers appareils de repérage et de radio. Fin 43 et les premiers mois de 44, d'importants travaux y sont effectués pour la protection et garantir le fonctionnement de ces appareils. De puissants blockhaus et plusieurs baraquements abritent les 150 hommes spécialisés, se composant de marins ou de soldats faisant par­tie de l'aviation et de la DCA.

    (...) Une route droite récemment construite en descend sur la route de Grandcamp à Port-en-Bessin. Elle est d'une visibilité parfaite. Elle guidera l'aviation anglaise qui surgit à huit heures du matin le 24 mai. Douze avions, pendant quarante minutes, sans répit, attaquent en tout sens, à la mitrailleuse, au canon et à la bombe. Pour les Allemands c'est sauve-qui-peut général. (...)

    Une compagnie de pionniers, dont le siège est aux environs de l'église, pendant ce temps, fait procéder hâtivement par la population aux plantations de pieux dans les herbages. Ces travaux n'avancent pas. (...) L'insouciance et l'inertie des cultivateurs et ouvriers d'Englesqueville sont nettement visibles. Elles attirent au maire des observations. Le commandement allemand lui par le de sanctions, c'est, lui dit-on, la commune la plus en retard. Cependant cet état de choses continue. Les jours passent.
    Mardi 6 juin arrive, c'est une nuit terrible, nuit d'horreur passée sous le bombardement incessant de l'aviation' et le tremblement ininterrompu de l'explosion des bombes sur les positions ennemies des communes voisines. Au point du jour, des obus tombent sur Vierville. Il est 5 h, nous avons des explosions sur la route et dans les herbages. L'heure est grave. Une maison ouvrière est éventrée. Les communs de la ferme Saint-Hilaire sont touchés. Une soixantaine d'avions laissent tomber leurs bombes au hameau des Foudreaux. On occupe les abris de fortune, on se cache dans les fossés. Les "Boches" sont aux aguets. Deux Allemands arrivent en bicyclette et me demandent des hommes, des chevaux et des voitures pour porter des munitions d'Englesqueville à La Cambe. A ce moment, le bombardement augmente d'intensité. Je les conduis, ils disparaissent.

    Vers 8 h, le calme semble revenir. On se demande ce qui se passe. D'une ferme voisine, je découvre la mer noire de bateaux. Ils sont là, sous Vierville et tout près de la falaise. Le doute n'est plus possible : c'est le débarquement. (...) L'après-midi, je me décide d'aller chercher du pain à Vierville, je suis obligé de descendre plusieurs fois de bicyclette. La route est crevée de trous d'obus à divers endroits dans l'avenue du château de Louvières. Cinq ou six Allemands qui semblent bien prudemment surveiller la direction de Vierville, me laissent passer. 300 m plus loin, j'aperçois des soldats couchés les uns sur les autres sur la berme droite. Arrivé à leur hauteur, depuis le talus, un homme me fait signe de m'approcher de lui. Je suis conduite un abreuvoir et me trouve parmi une centaine de soldats camouflés de feuillages. En mauvais français, il m'est posé quelques questions que je comprends difficilement. Je me demande ce que tout cela veut bien dire. Inquiet, j'examine les pieds de ces soldats et m'aperçois que ce n'est point des bottes qu'ils portent, une bonne surprise (1). J'ai su depuis que c'était un capitaine. S'étant aperçu de mon étonnement, il me dit : "Américains ! Troupes de débarquement". Je n'en crois pas mes yeux. Sur la route que je venais de quitter, je salue les deux premiers soldats américains que j'aperçois, tombés pour notre délivrance. (...)
    Je prends alors la décision de rentrer à Englesqueville par des petits chemins donnant à Louvières ; le plus vite possible pour annoncer la bonne nouvelle. Des Boches sont prisonniers près de l'école. Devant la gare, un Américain m'interdit de poursuivre ma route. Il me somme de me coucher dans le fossé. Je reçois le premier paquet de cigarettes. Après une demi-heure d'attente, la troupe se met en route et j'emboîte le pas et devant la mairie, entre deux soldats, je m'engage dans le petit chemin de l'église de Louvières. Je m'y retrouve au milieu de soldats ayant un remarquable mordant, ne s'occupant pas de moi. Je poursuis mon chemin jonché de branches coupées par les obus fusant de la Marine. Je constate qu'il avait été le théâtre d'un vrai carnage. A droite, dans un herba­ge, toute une vacherie est tuée. Enfin, après avoir dépassé d'une centaine de mètres le second petit carrefour, les Américains explorent sérieusement le terrain. J'approche de trois Américains. Le sang coule encore, c'est tout frais. Je n'ai plus devant moi que cinq ou six soldats. Les deux premiers se parlent puis reviennent vers ceux qui sont près de moi. Je passe devant eux, je fais ainsi,dans le vide, 200 m environ lorsque j'aperçois sur le talus, à gauche, un Allemand qui me pose une question. Je lui fais signe que je ne comprends pas et continue mon chemin. Enfin j'arrive sur la route d'Asnières. Je remonte sur ma bicyclette et me dirige rapidement vers ce village dont l'entrée a été violemment bombardée. J'arrive enfin dans le village d'Englesqueville. (...) De retour chez moi, j'annonce la bonne nouvelle aux miens. Deux jeunes gens de la classe 42 que je cache depuis un an semblent incrédules. Mais je peux rapidement les convaincre en leur offrant les premières cigarettes américaines. (...) Il est dix-sept heures. Pendant mon absence, deux Allemands, à Englesqueville depuis de nombreux mois, viennent inspecter ma ferme à deux reprises. L'après-midi, à 17 h 30, ils font sauter leur poste de radio établi récemment dans le village. Ils partent par le chemin de terre de la voie au Renard. Pour nous, c'en était fini. Nous ne devions plus en voir que prisonniers.

    La nuit du 6 au 7 est à peu près calme mais dès le petit jour, quelques obus tombent à nouveau. Je crois que ce sont les batteries allemandes de La Cambe. A 7 h 30, nous regardons les tanks se dirigeant vers Grandcamp entre deux haies de fantassins qui jettent des bonbons aux enfants. (...)

    (...) Je pars pour Vierville à la recherche d'un médecin américain. Mais, à Vierville, je suis arrêté, conservé à vue, interrogé. Je suis conduit dans un camp à St-Laurent. Cet incident me procure l'occasion d'admirer les grandeurs du Débarquement dans toute sa réalité. Les artificiers, dans un vacarme effrayant, font sauter les mines de la plage par dizaines à la fois. Un puissant matériel sort des navires et apparaît des flots sous une carapace étanche grimpant sur la plage comme des crabes pour s'acheminer sur la route de Vierville (2), et la piste qui vient d'être construite dans la falaise et qui rejoint la route de Port-en-Bessin. (...) Des soldats nous accompagnent jusqu'à l'entrée de ce village où je retrouve ma famille et quelques habitants du Haut Chemin évacués dès le matin à la suite d'un tir ennemi qui avait causé la mort de l'unique soldat américain qui devait tomber dans Englesqueville. Nous rentrons tous le soir dans nos habitations, qui sont indemnes, où nous reprenons notre vie normale, familiarisant vite dans les jours qui suivent avec les troupes de débarquement parmi lesquelles nous en trouvons qui parlent en français, et même en patois normand. Il nous est facile de recon­naître qu'il y a en eux des origines françaises. (...)

    Nous voyons pendant plusieurs semaines du matériel nouveau. Bien que l'on entend encore le bruit du canon qui s'éloigne, nous avons la certitude absolue que le "Boche" est parti pour toujours et qu'apparaît l'aurore de son anéantissement et de la victoire".

    (1)  Le port des bottes était le propre de l'armée allemande.

    (2)  II s'agissait sans doute de camions amphibies, type DUKW.

      

    SOURCES : http://6juin.omaha.free.fr/amer-normand/lepelletier.htm

      

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    Madame POREE Renée : en 1944, mariée et âgée de 30 ans , résidant à St Laurent / mer

     

    "Ils voulaient les fusiller " "J'ai vu le premier américain le 6 juin 1944 vers 9 heures du matin, chez moi, rue du Val.

     

    Les américains pensaient qu'il n'y avait plus de civils et que ceux qui restaient dans la commune étaient des espions ! Ce qui était faux... Alors lorsqu'ils sont entrés par derrière la maison, ils ont pris mon mari et ma belle mère en otage et voulaient les fusiller !

     

    Ma belle mère a eu le réflexe de dire à mon mari de faire voir sa carte d'identité et de dire qu'il n'était pas un espion .

     

    Les américains ont regardé la carte d'identité et ont parlé entre eux . Moi j'avais les enfants avec moi, j'en avais quatre.

     

    Les américains les ont relachés et sont partis.

    "Ou sont les allemands ? " Ils sont revenus l'aprés midi vers 2 heures ; c'était un officier qui parlait trés bien le français et nous demandait s'il restait des allemands. Je lui ai dit qu'il en restait encore. Il m'a demandé où était la Kommandatur et je lui ai expliqué la route pour y aller en lui disant de se méfier car il y avait un dépôt d'armement à un endroit et que si jamais ils approchaient, tout allait sauter dans la commune . La kommandaur était à proximité de la mer, en face des PTT actuels et le dépôt de munitions était sur la route de Vierville.

     

    Ils y sont allés, bien entendu mais ils ont fait attention et pris des précautions et là, les allemands n'ont pu rien faire car ils sont arrivés par surprise. Ils sont revenus par la maison puisque leur camp de prisonniers était au Ruquet.

    "Pour moi, c'est fini la guerre ! " J'ai vu beaucoup de prisonniers allemands passer.

     

    Un allemand, les mains en l'air, a dit " Pour moi la guerre est finie, c'est fini la guerre ! " en français .

    "Rembarquer ? " Un américain m'a demandé pour se rendre à Vierville car il avait rendez vous à 4 heures avec son capitaine : " Si je ne suis pas là-bas à 4 heures, nous sommes obligés de rembarquer ! " Ah , je peux dire que j'ai tremblé mais heureusement il est rentré à temps ! et nous avons vu le débarquement se faire car tout se passait devant chez nous . Les américains venaient de par le Ruquet, de par la plage,plein de chars passaient.

    "Des repris de justice ? " Le lendemain, j'ai vu le capitaine Fazer. Nous étions traumatisés, il était très gentil, quand j'ai voulu lui expliquer qu'ils avaient voulu fusiller mon mari et ma belle mère, il m'a écouté et m'a dit : " Madame, ce n'est pas surprenant car tous les premiers soldats que l'on a mis au débarquement c'était des repris de justice."

    "Un tour en avion " Beaucoup plus tard les américains qui avaient installé une piste d'atterrissage derrière, prenaient les jeunes enfants et leur faisaient faire un tour en avion, même pour faire un tour jusqu'en Angleterre. Les enfants étaient heureux et joyeux ; les américains leur donnaient des bonbons, du chocolat, des poupées et même des petits chats qui venaient d'Angleterre. Les américains étaient très gentils et sûrs d'eux. Je me souviens du pain, trés bon et bien blanc et des pâtisseries. Eux, ils ont fait des abus de calva ! "

     

     

    Interwiew du 17/02/94 à St Laurent/ mer R ecueilli par Maud Cook,Sébastien Picant,Sébastien Zévaco,Nicolas Bégue Transcrit par Maud Cook

      

      

     

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    CPSM. Sainte CATHERINE. Jeune Fille. Coiffure Années 1940.:

     

    HOUYVET Victorine : en 1944 âgée de 31 ans, institutrice célibataire

    résidant à l'école de Vierville 

      

    " le 6 juin, à 7 heures..." "J'ai vu mon premier soldat américain, pour la première fois le 6 Juin 1944 vers 7 heures.

     

    La porte du couloir de la maison avait sauté par les bombardements et je n'avais pas dormi de la nuit.

     

    J'étais en train d'enfiler une jupe quand un américain s'est présenté à la porte ! Je ne savais pas encore que c'était le débarquement parce que je n'avais pas vu les bateaux sur la mer, en effet on ne voyait pas la mer de l'école.

     

    Afficher l'image d'origine

     

     

    On ne se rendait pas compte.

     

    J'étais seule car ma collègue était là haut. Il était juste devant la porte et n'entrait pas car il devait avoir peur de touver des allemands ; c'était la première femme française qu'il voyait. Il venait de monter du carrefour et devait penser que j'étais une femme d'allemand parce qu'il croyait que tous les civils étaient partis à 5 km à l'arrière et nous étions tous restés !

    "Qu'est ce que c'est que ce grand escogriffe ?

     

    " Il était grand, trés grand, kaki, armé comme tous les autres soldats. Il n'a rien dit, moi je levais les bras en l'air parce que j'étais toute étonnée et je me demandais

     

     

    " Qu'est ce que c'est que ce grand escogriffe ", parce que le débarquement on en parlait bien, mais on ne croyait pas que ce serait chez nous.

     

     

    "Il a pris son révolver et a tiré..."

     

    Il a pris son révolver et il a tiré croyant que jétais une femme allemande ; heureusement que j'étais devant ma porte de chambre et que j'ai pu faire un écart sans quoi, il me tuait !

     

     

    La balle est allée se perdre en face dans la fenêtre.

     

    Il n'est pas allé plus loin que le seuil, il avait peur que des allemands soient là dedans...

     

    Ce n'était pas un premier contact agréable !

     

     

    "On va forcément y passer " La dessus, je me suis sauvée, j'ai retrouvé ma collègue là haut et nous sous sommes mises sous l'escalier à l'abri, parce que çà canardait tout autour.

     

    On s'est mis des coussins sur la tête ; on s'est embrassée parce qu'on s'est dit " On va forcément y passer !

     

    " Quand il y a eu un moment de calme, on a quitté notre cachette et on est allé rejoindre les postiers, à côté dans leur cave.

     

    Il n'était pas question qu'on se présente aux américains parce qu'on avait peur, vu le premier contact.

     

    On est resté, nous étions à l'abri car la cave de nos voisins était adossée au jardin qui surplombait la cour de l'école de plus de 3 m :

     

    c'était vraiment un rempart sûr contre les bombardements allemands qui venaient de Formigny.

     

    On était donc resté là, on entrevoyait par une petite fente des prisonniers allemands qui étaient emmenés dans la cour de l'école.

     

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    On a vu tout cela, voilà tout ce que l'on voyait et on osait pas se présenter.

     

    Cela a duré !

    "On risquait un oeil " Nous sommes forcément sortis.

     

    On risquait un oeil dans un moment de calme :

     

    toute la route était pleine de chars, mais des chars énormes comme on ne pouvait pas se douter que cela puisse exister.

     

    Un armement pareil, on avait jamais vu cela, c'était plein, plein, plein les routes .

     

    Nous avons passé la nuit sur le tas de bois dans la cave, nous n'avons pas dormi, bien sûr, çà canardait de temps en temps ; y 'avait des moments de calme et on entendait batailler autour.

     

    On entendait et on ne savait pas ce que c'était, allemand ou américain, parce que on était caché.

     

     

    "Premier contact" Le mardi, donc, à un moment, un américain est venu, il a pénétré dans la cave ; à ce moment là, ils avaient amené leurs prisonniers ailleurs.

     

    On a fait connaissance 

     

    Il nous a demandé de boire, mais il a fallu que nous buvions avant lui parce qu'il avait peur, et il nous a donné une savonnette et du chocolat. Premier contact ; et nous sommes sortis à la route, parce que à ce moment là les américains avaient trouvé encore d'autres civils ; là, bien sûr, on a parlé plus ou moins avec eux.

     

     

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    Les canadiens surtout parlaient,

     

    c'était absolument drôle pour nous parce qu'ils parlaient comme nos grands mères, avec le même accent vraiment très peu de gens parlaient encore ce patois, ma grand mère, de temps en temps disait la "caire" pour la chaise .

     

    C'était tout à fait bizarre pour nous, nous avions dépassé ce stade là, de retrouver ces mots !

     

     

    "Le mercredi, çà canardait... "

     

    Le mercredi, donc on n' a toujours pas dormi ; nous sommes restés évidemment 3 jours sans dormir ; enfin le mercredi on n' osait pas trop rentrer car les américains canardaient à travers les fenêtres parce qu'ils disaient "y'en a".

     

    On avait beau leur dire qu'il n'y avait plus d'allemands, qu'ici c'était l'école, mais cela ne faisait rien, ils canardaient !

     

    On voyait tous les meubles détruits à coups de fusil. On ne pouvait plus rentrer dans les maisons, de toute façon, donc on vivait dehors à la porte. C'était le mercredi, enfin on pensait que nous en avions fini, que le débarquement était réussi !

     

    Les américains n'étaient pas tout à fait de cet avis, ils s'attendaient à une contre attaque allemande.

     

    Ils avaient donc récupéré dans le village les quelques civils qui restaient encore, ils les avaient amenés dans la cour de l' école, sous le préau. Ils devaient nous diriger pour nous amener à l'abri des falaises, à la mer parce qu'ils pensaient que l'on aurait été à l'abri de la contre attaque allemande :

     

    On n'a pas eu le temps de çà !

    "la contre attaque " La contre attaque est arrivée peu de temps après que les civils soient réunis sous le préau où nous sommes restés à l'abri. Alors çà tombait, çà tombait dans le jardin que tous les légumes étaient déterrés : des pommes de terre, des carottes, tout ce qu'il y avait dans le jardin.

     

    Il y avait 5 américains qui étaient dans la cour de l'école, assis pour faire le café, malheureusement pour eux , ils étaient juste devant la petite porte qui donnait dans le jardin.

     

    Eux, ils ont été tués, tous les 5 devant nos yeux.

     

    Le postier et sa femme, qui étaient donc avec nous, ont voulu aller chercher aussi dans la poste des papiers, ils ont été très blessés : lui est mort deux jours après et elle, elle est restée à l'hôpital plusieurs mois.

     

    Les tôles du préau ont été enlevées au dessus de nos têtes et nous,

    on n' avait rien, toujours protégés par le mur du jardin qui nous a sauvé la vie !

     

    Cà allait sur l'école, l'école était tout en miettes, les tables, les livres ; nous, on était toujours sauvé par le mur du jardin, pourtant la cour n'était pas large ! c'est formidable.

     

    Tout brûlait dans le carrefour parce que, je crois,il y avait un camion plein d'explosifs et de munitions qui a sauté par les bombardements de Formigny.

     

    Ils visaient juste le carrefour où on était ! Vraiment on était bien situé !

     

    Ah si on n' avait pas eu ce mur de jardin, on y passait !

     

     

    "Sauvez vous! " La gare a brûlé, l'école a brûlé, la poste a brûlé, et puis il y a eu beaucoup de dégâts bien sûr : partout çà flambait, partout ! et puis un américain qui était au carrefour nous a dit d'ailleurs que c'était le moment le plus terrible du débarquement et ajouta :

     

    " Sauvez vous comme vous pouvez !

    Je ne peux plus rien faire pour vous ! Il faut que vous quittiez absolument ce coin ! il faut vous en aller !

     

    " Alors dans l'affolement , les uns sont partis vers la mer, les autres sont partis vers le haut , du côté de Vierville - St Laurent, dont moi , on a couru , on a enjambé des morts, parce qu'il y avait des morts et puis des débris ; nous sommes allés dans un fossé à la ferme " Laronche ".

     

    On ne savait plus ce qu'on faisait à ce moment là. Il y avait même des familles qui étaient dispersées.

     

    On s'est terré dans ce fossé .

     

    On était pas mal, et on est resté la nuit ; il y en avait qui avait peur...

    "le lendemain matin,on n' a rien retrouvé! "

     

    Le lendemain matin çà paraissait calme, nous sommes sortis voir quels étaient les évènements, ce qu' étaient devenues nos affaires : on n' a évidemment rien retrouvé que des cendres ;

     

    si, j'ai retrouvé ma bouilloire, la seule chose qui était près de la pompe où j'avais arrosé mes fraisiers le quatre, le dimanche matin je l' avais laissée là ; autrement on n' a rien retrouvé , rien vu .

     

    On était parti avec des chaussons, même pas bien habillé, rien, pas même un sac, pas un souvenir, rien pas un bijou, rien ! "

     

     

     

    Interview du 8/12/93 à Bayeux Recueilli et transcrit

    par Thomas Sorin ,Olivier Leyour

     

     

     

     

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    • Biographie de Marie-Madeleine FOURCADE (1909-1989) :

     

     

      

    Née le 8 novembre 1909 à Marseille, Marie-Madeleine BRIDOU est élevée dans des institutions

    religieuses.

     

    En 1937, elle est secrétaire générale des publications anticommunistes "L'ordre

    national" dirigées par le commandant Georges LOUSTAUNAU-LACAU.

    C’est de ce saint-cyrien

    qu’elle recueille la charge du réseau Alliance dont elle fait, au service de l’Intelligence Service

    britannique, l’Arche de Noé, forte de trois mille agents dont quatre cent trente-huit mourront pour la

    France tels Alfred JASSAUD, le Bison de "L’Armée des ombres" qui avait dit : "La victoire, c’est le

    sacrifice". Issue de la grande bourgeoisie, l’ancienne responsable du périodique L’Ordre national

    s’aperçut vite que trop de ses anciennes relations rêvaient de "tâches de rénovation en commun"

    avec les occupants nazis. À Vichy, elle fut envahie par "une douleur pétrie d’humiliation et de rage

    impuissante".

    Chef d’état-major clandestin de LoustaUnau-Lacau qu’elle remplace après son arrestation, elle ne

    remet jamais en cause le principe d’une affiliation directe "aux Anglais qui seuls conduisaient la

    guerre", et ce n’est qu’en avril 1944 que le S. R. Alliance est intégré aux services spéciaux de la F

    rance combattante. Les femmes et les hommes d’Alliance veulent livrer un "combat sans idole",

    complémentaire de l’action nationale du général de Gaulle, mais ils sont plus dans la ligne du

    général Giraud qu’ils aident à quitter la France. Les questions de souveraineté nationale ne sont

    pas du ressort de ces techniciens du renseignement dont le premier chef avait soutenu que plus il y

    aurait de mouvements parallèles, plus la France libre serait forte.

      

    Lorsqu’elle devient gaulliste à part entière, Marie-Madeleine Fourcade est amenée à regretter ces "

    barrières absurdes" et le ournoi entre Français "pour conquérir l’honneur d’être les plus forts face à

    l’adversité".

     MARIE MADELEINE FOURCADE

     

      

      

      

    Le S.R. Alliance organise le quadrillage en secteurs de la zone non occupée pour recueillir des

    informations, faire tourner des courriers, organiser le passage d’hommes et de renseignements tant

    à travers la ligne de démarcation qu’à travers la frontière espagnole. Le cœur du réseau est la

    centrale de renseignements où s’analysent les données recueillies et se préparent les missions en

    fonction des demandes britanniques. Opérationnelle à Pau au début de 1941, elle fonctionne

    ensuite à Marseille puis à Toulouse avec un P.C., un point de chute, des points d’hébergement et

    de filtrage.

      

     

      

    Les six personnes du noyau de base de juin 1940 se retrouvent plus de cinquante dès la Noël de

    1940. "Unis dans l’allégresse d’une confiance inébranlable", ils sont les recruteurs de près de trois

    mille agents.

      

    L’improvisation due à la défaite oblige à "n’utiliser que des volontaires, parfois plus turbulents

    qu’efficaces", mais la conception des noyaux – une source, une boîte aux lettres, un transmetteur,

    un radio pour les urgences - donne des résultats très positifs, même si les insuffisances du

    cloisonnement facilitent la répression. À l’automne de 1941, le réseau de Marie-Madeleine

    Fourcade, ce sont six émetteurs radio qui transmettent à Londres et l’esquisse d’une aérospatiale

    clandestine par avions lysanders.

     

    Ce sont les agents de liaison qui sont chargés des services les plus ingrats : "des milliers de

    kilomètres par voie ferrée, des attentes interminables aux rendez-vous, des transports à vélo i

    ncessants de plis et de matériel compromettants".

      

     MARIE MADELEINE FOURCADE

     

     

    Dévouement et sens de l’organisation donnent des résultats. Les renseignements s’ordonnent par

    secteurs : air, mer, terre, industries, résultats de bombardements, transports en cours d’opération,

    psychologique et politique. Les indications sur les U-Boot présents en Méditerranée, sur ceux des

    bases de Lorient et de Saint-Nazaire servent à la guerre anti-sous-marine conduite par les Alliés

    pour protéger les convois de l’Atlantique.

      

    D’autres renseignements facilitent l’interception des renforts italiens envoyés à Rommel,

    permettent la connaissance précise des travaux de l’organisation Todt pour le mur de l’Atlantique et l

    la mise au point d’une carte renseignée détaillée

    pour la zone du débarquement en Normandie (elle faisait 17 mètres de longueur !). Tous les

    auteurs de cette carte tombent ensuite aux mains de la police allemande, Gibet dans le langage

    codé du réseau. Ils sont massacrés à la prison de Caen, le 7 juin 1944. Le premier des quatre cent

    trente-huit martyrs du réseau est Henri Schaerrer, fusillé le 13 novembre 1941 pour avoir livré de

    précieux renseignements sur les sous-marins allemands. L’Abwehr, la Gestapo et la police

    française provoquent des hécatombes à l’automne 1943 : plus de trois cents arrestations

    paralysant cinq centres émetteurs. Le réseau paye un lourd tribut d’arrestations, de déportations,

    de morts.

     

    Malgré la peur et le chagrin, l’Alliance – Arche de Noé dont tous les membres portaient des noms

    d’animaux – se resserre autour de Marie-Madeleine Fourcade, alias Hérisson.

    Des opérations en lysanders et en sous-marins, des émissions de radio manifestent que le réseau

     continue.

      

    Après trente-deux mois de clandestinité, Hérisson connaît Londres, où elle s’irrite des

    "antagonismes criminellement puérils des services secrets" et perçoit que ses camarades ne sont

    que "la chair à canon du Renseignement". Soixante-quinze agents principaux, huit cents

    secondaires, dix-sept postes travaillent en juin 1944.

     

    C’est une des raisons qui la fait revenir sur le terrain, en Provence, avant le débarquement d’août

    1944 et qui l’incite à poursuivre des missions dans l’Est après la libération de Paris.

    La victoire de 1945 permet de découvrir des charniers d’agents, et Hérisson plonge dans un

    "abîme de douleur" pour établir le sacrifice de quatre cent trente-huit des siens, du benjamin Robert

    Babaz (20 ans) à la doyenne Marguerite Job (70 ans) et au doyen quasi octogénaire, Albert Legris,

    ou à des familles entières, tels le père et les trois fils Chanliau, agriculteurs. Pour Marie-Madeleine

    Fourcade, les survivants sont la priorité absolue. Elle contribue à arracher un statut pour les veuves

    et les orphelins ; en 1948, on en compte dix-huit mille dépendant du comité des œuvres sociales

    de la Résistance.

      

    Elle fait homologuer les trois mille membres de son réseau et les actions de ses héros qui ont lutté

    dans l’ombre, librement disciplinés, "l’imperméable pour uniforme".

     

    Elle continue à travailler pour l’Intelligence Service qu’elle avertit de menées communistes en 1946

    -1947. Elle se lance surtout dans l’aventure gaulliste, animant pour le R.P.F. la campagne du

    timbre. Après le retour du général de Gaulle, elle intègre la convention républicaine dans l’Union

    pour la Nouvelle République et siége au comité central de l’U.N.R. Elle est l’une des

    représentantes R.P.R. à l’Assemblée des Communautés européennes en 1981-1982 et préside la

    Défense des intérêts de la France en Europe.

     

    Présidente du Comité d’Action de la Résistance à partir de 1963, Marie-Madeleine Fourcade fédère

    dans ce comité une cinquantaine d’associations ou d’amicales d’anciens résistants.

      

    Elle contribue à éclairer la réalité du nazisme et du génocide juif. C’est dans cette perspective

    qu’elle est, en 1987, témoin à charge au procès Barbie. Elle y fait preuve de la même vigueur que

    dans ses luttes passées et dans le récit des activités de son réseau paru chez Fayard, en 1968,

    sous le titre "L’Arche de Noé".

    Marie-Madeleine Fourcade a lutté jusqu’au bout, en militante, notamment pour une solution

    pacifique de la crise libanaise.

      

    Elle est morte le 20 juillet 1989.

     

    Première femme dont les obsèques ont eu lieu en l’église Saint- Louis-des-Invalides, à Paris, où son corps, porté par des soldats du contingent, fut salué par les

    tambours de la garde républicaine, Marie-Madeleine Fourcade a ainsi reçu un hommage

    exceptionnel.

      

    Au-delà de l’affliction personnelle exprimée par le Président de la République, la présence aux I

    nvalides de toutes les tendances de la Résistance a marqué qu’elle restait un emblème unificateur

    de l’Armée des ombres, fidèle au message du commandant Faye,

    son compagnon supplicié :

    chassez les bourreaux, servez la France "pour y faire revenir la paix, le bonheur, les chansons, les

    fleurs et les auberges fleuries".

     


    Par Charles-Louis FOULON (Encyclopaedia Universalis)

     

     

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    Le témoignage d'un vétéran québécois
    de la bataille de Normandie

    Jean-Jérôme Doucet
    École Le Sommet
    Charlesbourg, Québec

     


     


    Monsieur Marcel Auger, vétéran de la
    deuxième guerre mondiale.

    Fascinant pour nous, les jeunes de la fin de ce siècle, d'apprendre que nous avons ici, au Québec, des héros encore vivants, qui ont participé à la Deuxième guerre mondiale et qui sont prêts à nous raconter les souvenirs de ce grand événement qui a marqué leur vie.



    La Deuxième guerre mondiale a débuté en 1939 et s'est terminée au printemps de 1945. Des entaines de milliers de personnes, provenant de toutes les parties du monde libre, se sont retrouvées réunies pour former la plus grande armée du monde, l'armée des alliés. La plupart de ces gens ont dû affronter l'horreur des champs de bataille. Un grand nombre y sont morts, souvent dans des ouffrances atroces. D'autres sont revenus chez eux mutinés et meurtris par l'épreuve. Enfin, un certain nombre de témoins, malgré leur âge avancé, sont toujours là pour témoigner de cette aventure meurtrière, déclenchée par la folie d'Adolf Hitler.

     

    Au Québec, pour les « Canadiens français » de l'époque, la grande bataille, ce fût celle de Normandie. Il reste encore des personnes au Québec qui ont été présents lors de cet événement et qui ont participé de plein pied (sans jeu de mots) à cette gigantesque opération. Ils sont toujours là pour témoigner du courage et de la témérité de nos Canadiens. Lors de cette bataille, ils ont dû affronter un ennemi coriace, rompu aux techniques de la guerre et bien retranchés dans des défenses côtières en béton. Après des combats acharnés, ils ont réussi à les faire battre en retraite et à libérer par la suite tout le continent européen de l'emprise de l'Allemagne nazie, au printemps de 1945.

    Après la défaite de la France face à l'Allemagne, au début de la Seconde Guerre mondiale, l'armistice, signé le 22 juin 1940, divisa le territoire en deux zones séparées par une ligne de démarcation : au nord, la zone occupée par l'armée allemande, au sud, la zone libre, où s'installa le gouvernement de Vichy. L'Alsace et la Lorraine furent annexées au Reich allemand.

     

    J'ai rencontré, pour vous, un vétéran de cette époque dramatique, qui se souvient (malgré ses 74 ans) de sa participation à cette grande cause de la libération des démocraties occidentales, réunies sous le vocable des « pays alliés ». Il m'a raconté pour vous ce qu'il a vu et vécu, surtout lors d'une opération spécifique où les forces alliées ont débarqué en Normandie dans une tentative réussie de libérer la France occupée.

    Cliquez sur l'icône pour entendre ma présentation de cette opération critique.(Si vous n'avez pas le logiciel RealPlayer sur votre ordinateur, vous pouvez le télécharger gratuitement, ce qui vous permettra d'écouter cet enregistrement que j'ai préparé pour vous.)

    Écoutez les propos de Marcel Auger sur le débarquement de Normandie, tels que je les ai recuellis de sa propre bouche.

     

    La carte ci-dessus montre le plan du débarquement de Normandie qui a eu lieu le 6 juin 1944. Les différentes couleurs des flèches représentent la position de débarquement occupée par les différents pays qui ont participé à l'opération Overlord, soit les États-Unis en bleu à UTAH et à OMAHA, l'Angleterre en jaune à GOLD et à SWORD et le Canada en blanc à JUNO. Ce qu'il faut aussi souligner, c'est que UTAH, OMAHA, GOLD et JUNO étaient des noms de code qui désignaient les lieux de débarquement des soldats alliés.

    Dans l'extrait suivant de ma conversation avec lui, Monsieur Auger explique le travail qu'il faisait durant la deuxième guerre mondiale et les endroits où il est allé.

    Paybook.jpg (47491 bytes)

     

    Ci-dessus, côté droite, la photo de Marcel Auger prise à l'époque du débarquement de Normandie. Sur la gauche, vous voyez son pay book. C'était une sorte de carnet que devait posséder tout soldat et qui contenait des informations sur les vaccins, les banques de congés et les armes en leur possession. En plus, on y retrouvait aussi à l'intérieur un testament prêt à servir en cas de décès.

    Baillonette.jpg (31293 bytes) La baillonnette que vous voyez ici était fichée au bout de la carabine que les alliés appelaient la « enfield ». C'est un souvenir donné par un copain qui faisait partie du Régiment de la Chaudière.
    Carnet.jpg (47918 bytes) À gauche, un carnet militaire que Monsieur Auger a ramassé sur le cadavre d'un Allemand. Il servait à des fins similaires au pay book des soldats alliés. On peut y lire que l'Allemand s'appelait Volbert et qu'il était membre de « l'unité de défense », le Schutzstaffelet, mieux connu sous le sigle SS. Volbert est né en 1916 à Cologne, une ville située en l'Allemagne, tout proche de la Belgique.
    SS.jpg (35027 bytes) Ce poignard SS appartenait à l'Allemand que l'on a vu sur l'image précédente. Si on l'examine attentivement, on se rend compte que la lame est usée et qu'il a dû servir à toutes sortes d'usage.
    Parade.jpg (37137 bytes) Voici un couteau de parade allemand que Marcel Auger a pris sur le cadavre d'un officier allemand.

     

    Comme vous le réalisez sans doute, la deuxième guerre mondiale a été un événement qui a bouleversé la vie de millions de personnes. Je ne vous ai montré qu'une infime partie de cette tragédie, en me basant sur le témoignage d'un vétéran encore vivant, Monsieur Marcel Auger.


    La photo décrivant la France en 1940 et celle de l'opération « Overlord »
    ont été prises dans Microsoft Encarta 99

      

    sources LIEN - http://www.snn-rdr.ca/rdr/old/avr99/avr99/normandie.html

      

     

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  •  
      Roger Lecheminant avait 20 ans en 1944, ses parents possédaient une ferme à Houesville dans la Manche. La débâcle de 1940, l'occupation, la libération par les parachutistes américains, et après... Il se souvient, comme si c'était hier.

    Tous les droits de l'auteur des textes et des photographies sont réservés. Toute reproduction ou utilisation des oeuvres, autre que privée ou à fin de consultation individuelle sont interdites, sauf autorisation.  
       
               
     
    LE DEPART DES ANGLAIS, L’ARRIVEE DES ALLEMANDS  
    En 1940, je me souviens des Anglais qui partaient pour embarquer à Cherbourg. Ils ont fait sauter les ponts à Carentan, et la marine de Cherbourg, avec ses canons, a bloqué les Allemands pendant 24 heures. Mais un officier allemand est allé trouver le maire de Carentan et lui a dit : « Si vous n’arrêtez pas les tirs on fait sauter la ville ! » ; alors le maire est parti avec un drapeau blanc pour dire à la marine de stopper ; le temps qu'ils
      fassent un détour, cela a permis aux Anglais d’embarquer. De Carentan à Cherbourg je les ai vu brûler tous les camions le long de la route pour que les Allemands ne s’en servent pas. Quand les Allemands sont arrivés on avait peur. Le premier que j’ai vu, c’était un éclaireur en side-car, puis du matériel, des convois sur des kilomètres, des camions et des charrettes avec des chevaux.
     
               
     
    L’OCCUPATION - 1  
    La vie quotidienne
    Avec les Allemands ça se passait pas trop mal, on s’occupait pas d’eux, ils n’étaient pas si terribles que ça. Ils réquisitionnaient les grandes maisons et les châteaux, ils en occupaient la moitié. A Carentan ils avaient monté des magasins.
    « Requis » à Cherbourg
    J’ai été réquisitionné - requis - fin 1942, par la Todt, pour faire des blockhaus. Il fallait envoyer deux jeunes par commune. On était 1200 ouvriers. Le travail était dur, mais les français sont malins. « Français grands filous ! ». Quand j’avais un décoffrage de blockhaus et que je trouvais une planche pas trop lourde je la gardais sur mon dos, je faisais le tour toute la journée avec. Ils s’en apercevaient mais ne nous faisaient pas de représailles. Les soldats allemands de la Todt étaient habillés en uniforme jaune, avec la croix gammée ; ils étaient assez gentils avec nous. Beaucoup parlaient français ; on discutait et on rigolait quelquefois avec eux. Je couchais à Cherbourg, à l’Hôtel Sud Amérique qui était à côté de la montagne du Roule. Il y avait une quarantaine de grands bâtiments, sans étage, réquisitionnés par les Allemands. On était quarante par chambre, avec des lits superposés. Une nuit, un bombardier est tombé dans le jardin, je dormais, je n’ai rien entendu. Le lende-main matin, il n’y avait plus personne dans la chambre. Les gars m’ont dit : « Tu n’as pas vu ce qui s’est passé, tu est resté là ? un bombardier est tombé à moins de vingt mètres du bâtiment ». Alors je me suis dit que je n’allais pas rester là. Je suis parti dormir à Carentan chez un de mes oncles ; je prenais le train pour Cherbourg, on l'appelait le « trouillard ». Mais ça bombardait tous les jours sur Cherbourg. Les Allemands fabriquaient des V1 et les V2 sous la monta-gne du Roule, dans un tunnel qui faisait plus d'un kilomètre de long. Les Américains devaient être renseignés, le 11 novembre 1942 ils ont balancé des milliers de bombes pour détruire les installations. Je me suis sauvé. Mais les Allemands ont été chercher mon père, et l’ont pris en otage. Alors je suis retourné à Cherbourg, je me suis présenté, ils m’ont emmené à la Feldkommandantur. Je leur ai dit que j’avais peur des bombardements. Ils ont relâché mon père. La Feldkommandan-tur m’a fait signer un papier comme « déserteur de l’armée allemande ». J’ai été placé dans un camp de discipline à Rouville-la-Bigot dans la Manche, et là, on coulait des blockhaus jour et nuit. On chargeait du sa-ble dans des wagonnets. On allait à Cherbourg, du côté de la gare maritime, pour couler un block-haus ; pendant trois jours on a travaillé jour et nuit.
     Le marché noir
    On était nourris : j’avais chaque jour 40 gr de beurre, 40 gr de saucisson et une demi boule de pain. Le soir on avait une soupe de farine d’orge. Ils nous payaient ; on achetait des fausses cartes de pain que les Belges nous vendaient, et avec ça on avait droit à trois livres de pain dans les boulangeries ; ça me permettait d’avoir de la nourriture un peu meilleure. J’avais droit à un paquet de cigarettes par semaine. Je les revendais une par une, dix francs la cigarette, pour acheter des tickets de pain. Les
     
     
    Roger Lecheminant en 2004
     
    Mais on était mieux nourris à la maison, car on avait une petite ferme, on cultivait beaucoup de légumes, on faisait de l’élevage et on se débrouillait pour trouver de la farine pour faire des galettes, on avait de tout. Ça n’empêche pas qu’il fallait toujours se débrouiller, on faisait des échanges. Les villes ont plus souffert de la faim que nous ; tout le monde désertait les grandes villes comme à Caen et Cherbourg. tickets de pain étaient beaucoup plus cher que ne valait le pain, c’était trois à quatre fois le prix. C’était le marché noir.
       
     
               
     
    L'OCCUPATION - 2  
    Les femmes russes
    On a souffert mais c’étaient pas nous les plus malheureux, c’étaient ces femmes russes. Parmi elles, une jeune femme de 18 ans parlait très bien le français et m’a raconté ; elle couchait au même hôtel que nous mais on avait pas le droit de leur parler, c’était interdit. Elles ont été capturées en Russie au moment où les Alle-mands ont capturé une ville vers Stalingrad. Ils ont mis des cars dans toutes les rues, et toutes les femmes de 18 à 60 ans ont été ramassées. Puis on les a emme-nées à la gare. Elles ont roulé pendant huit jours, à quarante dans des wagons à bestiaux. Quand elles sont arrivées à Cherbourg, elles ne savaient pas qu’elles étaient en France. On les a emmené à l’hôtel Sud Amérique, elles ne logeaient pas dans les mêmes bâtiments que nous. Elles ont reçu un camion de carottes à moitié pourries pour se nourrir. Des trains de ciment arrivaient chaque jour, il était destiné à faire des blockhaus. Le matin, elles partaient à la gare maritime de Cherbourg avec un gros caillou sur la tête. Deux cent femmes en colonnes avec les Allemands et leurs mitraillettes de chaque côté. Arrivés à l’arsenal, ils les mettaient à vider les wagons de ci-ment. Elles portaient sur leur tête des sacs de 50 kg. Elles étaient vraiment costaudes. Le soir elles rentraient avec leurs cailloux sur la tête et les laissaient à l’entrée de l’hôtel. Le matin elles les repre-naient; comme ça elles avaient les mains en l’air, et ne pouvaient pas fuir. Elles étaient très mal nourries. Je les ai vu ramasser des miettes de pain par terre.
    Rommel inspecte le Mur
    Les Allemands de la Wehrmacht nous disaient qu’ils en avaient marre de la guerre, ils parlaient bien le français ; certains traitaient Hitler de fou, « il voulait faire mieux que Napoléon !». Il y avait des soldats âgés sur le mur de Normandie ; certains avaient soixante ans, ils n’avaient plus envie de faire la guerre contrairement à la jeunesse hitlérienne et aux SS. J’ai vu Rommel en 1943. Il venait visiter les fortifications à Cherbourg. J’étais en train de terrasser, de creuser la montagne du Roule avec le pistolet pour percer les trous pour mettre les mines. Il a passé une inspection, mais il était difficile de le distinguer, ils portaient
      tous des imperméables verts. Quand il est reparti, les Allemands nous ont dit que Rommel était venu.
    Il fallait bien travailler

    Au début de 1943, les Allemands ont coupé tous les arbres de la région, et les personnes âgées ont été réquisitionnées pour les planter dans les champs et dans les marais ; ils faisaient des trous dans la terre pour les planter debout ; les Allemands coupaient les arbres à trois mètres de hauteur à la dynamite. C’était pour empêcher les planeurs d’atterrir, on les appelait les « asperges de Rommel ». Un beau jour ils ont décidé d’inonder le marais ; au cours d’une tempête, tous ces arbres ont été couchés ; avec un bateau à fond plat je les ai récupérés ; on a eu du bois pour se chauffer pendant trois ans ! Pendant l’été, j’ai travaillé pour une entreprise allemande, je devais faire le goudronnage des toits des hangars pour avions. Le responsable allemand avait abattu beaucoup d’avions. Il avait un lapin. Chaque jour, je devais le nourrir, et je ramassais les feuilles de pissenlit une par une. Un matin, quatre avions sont partis en Angleterre. Je soignais les lapins, quand je les ai vu revenir tous les quatre. Le quatrième avion était, en fait, un avion anglais ; il était revenu avec les avions allemands; il a tiré sur les trois autres et les a abattu, il est reparti au ras de la mer.

    La Résistance
    Un jour la laiterie Gloria, à Carentan, a pris feu ; il y avait 450 tonnes de beurre, et j’ai vu les Allemands essayer d’éteindre le feu avec des canons à eau. Ca ne pouvait être qu’un sabotage, c’est ce que beaucoup ont pensé.
    Mais il ne fallait pas faire de sabotage, car les Allemands prenaient les gens du pays comme otages et les fusillaient. A Saint-Clair, un avion s’est écrasé, l’équipage a atterri en parachute au bord d’une forêt ; les fermiers ont accueilli les trois aviateurs anglais ; ils ont tous été fusillés. A Méautis, à 4 km de Carentan, quatre jeunes, dont un de ma famille, ont été fusillés pour avoir accroché
    des bouts de chiffon blanc à des arbres fruitiers. C’était pour éviter que les oiseaux viennent manger des fruits. Les allemands ont cru que c’étaient des signaux pour les avions anglais.
     
               
     
    LE DEBARQUEMENT  
    Le premier Américain
    Au mois de juin j’étais encore réquisitionné, mais je suis rentré chez moi une deuxième fois à cause des bombardements. A Cherbourg, ça chauffait tellement que les Allemands n’avaient plus le temps de s’occuper de nous. Ils s’organisaient pour défendre la côte. Je me doutais un peu que le débarquement allait arriver. J’avais un oncle qui habitait à Trévières, personne ne savait, même pas sa femme, qu’il avait un poste émetteur pour renseigner les Anglais. Un jour il m’a dit : « Tu sais, s’il y a un débarquement dans le coin, tu diras aux Américains et aux Anglais « Be welcome !». Il a été décoré après la guerre. La nuit du 5 juin 1944 j’ai pas très bien dormi. Les avions envoy-aient partout des fusées parachu-te, pour voir s’il y avait des mouvements de troupes alle-mandes ; ils tournaient sans arrêt. A 20 h 30, un américain est arrivé chez mes parents à Houesville. Il nous a dit « American !». Alors, on a compris que c’était un Américain. Il nous a demandé s’il y avait des Allemands, il nous disait : « Boche ? Boche ? ». On lui a répondu non. Il est même pas resté cinq minutes et il est parti se camoufler dans les champs. Vous auriez vu l’équipement. Il en avait lourd : des grenades, une mitraillette, une bouée, un gilet pare-balles... Un grand gaillard, on aurait dit qu’il faisait deux mètres de haut. Dix minutes après, une moto s’est arrêtée dans la cour, c’était un Allemand. Il s’est mis à bricoler sa moto, il devait avoir un problème de bougies. On a eu peur pour nous. Puis il est reparti sur sa moto ; il y avait une grande ligne droite, on l’a entendu sur un bon kilomètre. Le lendemain matin, on a vu deux américains morts sur le bord de la route.
    On est libérés
    Les obus passaient au dessus de notre maison. On entendait les bruits des combats. Puis les planeurs sont arrivés. Ils tombaient un peu partout dans les champs; ils évitaient les marais car ils étaient inondés avec deux mètres d’eau, mais certains se sont tout de même noyés. Pour faire descendre les planeurs dans les champs c’était pas facile à cause des « asperges de Rommel ». Pour les parachutistes ça a été difficile au début, puis quand le gros du débarquement est arrivé et qu’ils ont envahi tout le secteur on s’est dit : « Cette fois on est sauvés ; c’est fini ». Quand les Américains ont débarqué on est pas parti de chez nous ; ils ne nous interdisaient pas les déplacements ; on allait partout, comme on voulait. Ils nous disaient rien, au contraire, ils nous jetaient des cigarettes, du chocolat, des boites de ration Keloggs Ils ont été gentils avec nous ; on a pas à se plaindre des Américains. On trouvait beaucoup d’objets qui leur appartenaient. On a récupéré des parachutes, il y en avait partout, dans les champs, dans les arbres. Les parachutistes américains les laissaient sur place ; on en a fait des chemisettes en soie de toutes les couleurs ; chaque couleur de parachute indiquait la marchandise transportée.
    La Manche était couverte de bateaux
    Le 10 juin je me promenais à vélo sur une route en bord de côte. J’avais mis des bouts de tuyau de compresseur à la place des pneus, avec un boulon pour tenir ça. Quand j’ai vu les bateaux ! Vous auriez vu l’armada de bateaux qu’il y avait. La Manche
    était couverte de bateaux. La mer était très mauvaise. Il y avait des bateaux à fond plat pour pouvoir approcher le
      plus près de la côte. J’ai vu les chars amphibies qui venaient par la mer ; ils étaient entourés d’un gros boyau d’acier, et du liège tout autour. Les Américains avaient monté des « saucisses » : une cinquantaine de gros ballons. Quand ils sont arrivés, ils ont lancé des milliers de tracs par avion. J’ai pédalé vers Sainte-Marie-du-Mont. Le bourg était libéré. Il y avait des Américains partout, les Allemands étaient partis. Sainte-Mère-Eglise a été libéré le 6 juin, la première ville libérée dans la Manche. Carentan a été libérée après nous. J’allais à Sainte-Marie du Mont sur mon vélo ou à pied, j’emmenais aux Américains du calva que me parents faisaient, et je ramenais des boites de ration et des cigarettes. Je connaissais très bien tout le secteur car mon grand père y avait gardé des grands troupeaux moutons pendant des années. Vous auriez vu toutes les munitions qu’il pouvait y avoir dans les champs ; des tentes partout, ils entassaient les sacs de farine, et au bout d’un moment, comme ils ne pouvaient plus rentrer dans les champs, ils roulaient sur deux rangées de sacs avec leurs GMC ; ils mangeaient beaucoup de pain de riz, et de pain blanc ; ils ravitaillaient aussi les boulangeries ; les allemands avaient du pain noir. On mangeait des boites de ration ; on ne savait pas lire l’américain alors des fois on ouvrait une boite en croyant que c’était des pommes de terre alors que c’était de la confiture, faite uniquement avec de la peau d’orange, très amère.
    Arrêtés par la Police militaire

    Vers le 16 juin, un officier américain qui était logé chez le maire de la commune de Houesville, m’a dit : « Voulez-vous venir faire un tour sur la plage ?, je m’en vais porter du courrier ». On est monté avec mon frère dans sa jeep. L’officier avait des documents à apporter ; une vedette rapide l’attendait sur la côte. On est descendu de la jeep et avec un ami on est parti se promener sur la plage. Il y avait des bateaux par milliers, certains étaient énormes, ils n’accostaient pas. Il y avait des camions amphibies. On était à 200 mètres à peine de la jeep, tout d’un coup une autre jeep est arrivée, c’était la Police militaire - Military Police. Ils nous ont obligé à monter dans leur Jeep ; on leur a dit qu’on était avec un officier américain mais ils n’ont rien voulu savoir. Ils nous ont emmené dans les dunes et gardé dans des grandes tentes carrées pendant une demi-heure. Puis ils nous ont ramené sur la plage et nous ont fait monter dans une vedette rapide en direction de Southampton en Angleterre. Pendant ce temps, l’officier américain qui nousavait amenés nous cherchait partout ; le lendemain après-midi on est remonté dans un bateau en direction de Sainte-Marie-du-Mont, l’officier américain nous attendait là-bas avec sa Jeep. Nos parents se demandaient bien où on était partis, mais l’Américain les avait rassuré C’est lors de cette « petite promenade » en Angleterre qu’on a vu tous les bateaux qu’il pouvait y avoir ; c’était incroyable ; il y avait toutes espèces de bateaux. Heureusement que les Allemands n’avaient pas le matériel des Américains ; on ne serait plus là. Les Allemands n’avait plus grand chose. Ils avaient tellement grand à surveiller, jusqu’en Russie. Mais ils ont résisté quand même; il y avait des blockhaus dans tous les coins. Beaucoup d’Américains ont été tués. J’ai vu ceux qui conduisaient les GMC plein de cadavres ; ils les emmenaient au cimetière à Blosville.
     
               
     
    APRES LE DEBARQUEMENT  
    Mort et destruction
    Il faut avoir vécu la guerre pour se rendre compte de tout le matériel qui est venu d’Amérique. Il y avait de tout. Ils faisaient un camp d’aviation en un rien de temps ; les pistes d’envol pour les gros avions quadrimoteurs étaient faites avec des plaques en acier qui s’emboîtaient les unes dans les autres, ou du grillage qu’ils déroulaient. Un bon mois et demi après le Débarquement, au mois d’août, je suis allé à Caen en stop avec les Américains, pour aller chercher un vélo, car je faisais beaucoup de sport. Après j’ai retraversé en vélo toute la ville de Caen ; il y avait un passage très étroit rue Saint Jean, on ne pouvait même pas passer en vélo. Toutes les maisons étaient écroulées, les rues étaient encombrées de cailloux. La seule chose que je déplore, c’est qu’ils ont démoli des villes par les bombardements alors qu’il n’y avait pas un Allemand. A Caen il y a eu plusieurs milliers de civils tués. Les maisons étaient complètement détruites ; ils bombardaient à 4 heures du matin, pendant que les gens dormaient ; ils étaient tués en plein sommeil, j’en ai vu.
    La reconstruction
    Des entreprises ont fait fortune à déblayer tout ça. Après le Débarquement, il y avait énormément de travail , il fallait refaire les routes. J’ai travaillé pour une entreprise qui bouchait les trous de bombes. Je faisais comme tout le monde : lorsque j’avais 150 m3 j’en comptais le double. On avait jamais assez de terre pour combler les trous, alors les américains y mettait les munitions, et même des chars. Mais cinq ou six ans après, il a
     

    fallu creuser pour les ressortir. On touchait pas grand chose, ça nous payait la nourriture. J’ai un peu travaillé à faire des fosses dans un cimetière avec un de mes oncles. Mais ça payait pas beaucoup.
    Ma rencontre avec le général Bradley

    Début juillet 1944, j’ai serré la main d’un général : je discutais avec les gendarmes de Carentan ; le général était dans le coin avec ses troupes ; il est arrivé vers nous, il m’a regardé et m’a serré la main. Il m’a demandé des renseignements ; il parlait très bien le français et voulait savoir où étaient les Allemands, je lui ai répondu qu’ils pouvaient être partis derrière la rivière de la Sienne du côté de Coutances. A ce moment je ne savais pas qu’il s’agissait du Général Bradley. Quand il est reparti, les gendarmes m’ont dit que c’était lui. Le quartier général des Américains était dans un château au
    Petit Liesville ; il est resté là pendant un moment,
    puis ils l’ont changé. Avant le Débarquement les Allemands avaient occupé ce château.
    Des jeux dangereux
    On était jeunes, on a fait des bêtises. On démontait les grenades, on sortait la poudre et on en mettait un peu dans le fond de la cartouche pour faire des cartouches de chasse. On moulinait la poudre de fusil de guerre avec un moulin à café; la poudre de grenade ça fait exploser tandis que la poudre de fusil de guerre est faite pour pousser. C’était dangereux mais on avait peur de rien. Un jour, un collègue a eu une main déchiquetée par une charge de dynamite. On s’est calmé.
      

     
               
     
    EPILOGUE  
    Je ne souhaite pas que les jeunes voient la guerre ; la guerre c’est un massacre, c’est une honte ; j’ai vu des soldats américains déchiquetés. Le Débarquement c’est fini, et je ne demande pas à le revoir et je ne demande pas à ce que les jeunes voient cette chose là.
      C’est une honte de faire massacrer des gens pour rien du tout. Les jeunes ne se rendent pas compte de ce que ça peut être ; je ne souhaite pas que les jeunes voient une guerre ; c’est terrible…
     
               
           
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  • PAROLES de RESISTANTS NORMANDS - JEANNE FERRES 1924-2005

     

    JEANNE FERRES 1924-2005

    Madame Ferres explique aux élèves qu’elle avait leur âge , 15 ans, juste avant la guerre. Elle garde un souvenir très heureux de cette époque-là : une société normale, peu informée de tout ce qui se tramait en Allemagne ( les camps de concentration, les mesures contre les opposants au nazisme, les Instituts d’Euthanasie,…) ; on croyait aux slogans patriotiques : « nous vaincrons parce que nous sommes les meilleurs » ; on avait confiance dans la Ligne Maginot

    Elle habitait Cherbourg. La défaite soudaine fut pour elle, comme pour tous les Français, un coup sur la tête . Et l’arrivée des blindés allemands un spectacle épouvantable, une apocalypse. Honte et tristesse… Son père embarque et gagne l’Angleterre avec la flotte dans l’intention d’y poursuivre le combat.

    Il fallut participer à l’exode, d’autant que la maison familiale avait été bombardée.Jeanne se rend chez ses grands-parents à la campagne, avec sa mère et les deux autres enfants. On camoufle la maison dans l’espoir d’éviter les bombes.

    Les Français de la zone occupée se sentent prisonniers. Ils ont un très fort ressentiment envers les Allemands, des intrus, , qui accaparent la nourrriture, instaurent des cartes de rationnement ( nourriture, textiles ), privent les Français de leurs libertés en muselant la presse, en interdisant les rassemblements, en imposant le couvre-feu à 20 h.. Pour certains Français, l’humiliation et le déshonneur ressentis sont insupportables.

    S’engager est alors un devoir pour certains français au patriotisme développé. L ’Appel du Général De Gaulle leur sert de déclencheur.

    La culture familiale des Ferrès portait à la résistance.

    D’assez nombreuses personnes avaient, comme mon père, décidé de poursuivre le combat en choisissant de passer en Espagne ou en Algérie. Ceux-là ne supportaient pas la défaite ni le discours pétainiste.

    Jeanne revient donc à Cherbourg pour y loger chez un oncle. Ce dernier cachait alors deux employés d’une compagnie d’assurance anglaise, en réalité des agents des services secrets britanniques résidant à Cherbourg avant l’arrivée des troupes allemandes, et qui n’avaient pas voulu regagner leur pays afin de continuer à le servir en territoire occupé.

    Ce fut le premier contact de Jeanne avec la Résistance.

    Après une rapide formation, elle dut accomplir un travail de renseignement pour le compte direct des services spéciaux anglais. Cette phase dura quelques mois. Puis, elle fut recrutée en fin 1940 par le Service inter-allié , section des services secrets polonais.

    Jeanne nous indique qu’il y eut pendant la guerre 228 réseaux homologués, dont 8230 membres sont morts, 2318 internés et 7381 déportés.

    La mère de Jeanne Ferrès ignorait tout des activités de sa fille, qui savait que le meilleur moyen de se préserver était de ne parler à personne. Sa mère finit cependant par se douter de ses agissements.

    Jeanne ignorait elle-même jusqu’où la mènerait son action…

    Elle travaillait avec son oncle, elle devait colporter tous les renseignements susceptibles d’intéresser les Alliés : dépôts de munitions, ouvrages militaires, concentrations de troupes, nature des divisions, aérodromes, dépôts d’essence ou avancement du Mur de l’Atlantique. Ces renseignements étaient collectés par des agents de liaison qui se chargeaient de les communiquer à un intermédiaire, lui-même en contact avec le chef du réseau.

    Son arrestation se produisit le 6 Novembre 1941 à Saint-Lô (Manche), par le service de contre espionnage allemand , l’Abwehr, opérant en France sous les ordres de l’Amiral Wilhelm Canaris (1). Elle avait été trahie par un agent corrompu du réseau. Jeanne Ferrès revient à plusieurs reprises sur l’abomination que furent les dénonciations entre français.

    Elle passa deux jours dans la prison de Saint-Lô, puis fut transférée à la prison de la Santé à Paris et mise au secret pendant vingt deux mois . Elle ne reçut ni visites, ni paquets, ni lectures. Dans sa cellule , pas de fenêtre, et juste une cruche d’eau pour toute une journée sans promenade.

    Les cellules n’étaient pas chauffées, et l’hiver 1941-42 fut très froid : les engelures et autres maux accompagnaient la douleur morale d’être totalement coupée du monde.

    La seule façon de combattre était le rêve, moyen d’auto-défense, la croyance en la victoire des Alliés. 17 ans, c’est l’âge de l’espoir et des rêves… La demi-douzaine d’interrogatoires qu’elle dut subir se déroulèrent à l’Hôtel Georges V à Paris. Les Allemands restaient courtois, mais ils exerçaient une pression morale, « un chantage affectif » en évoquant le sort qui serait réservé à sa famille si elle ne disait rien. Mais cela ne la troublait pas trop dans la mesure où elle savait son père hors de France et donc hors de danger.

    Si Jeanne confrontée à l’Abwehr n’a subi aucune torture, il n’en a pas été de même pour ceux qui eurent affaire à la Gestapo, laquelle infligeait sévices et tortures morales à ses prisonniers. On peut citer ici une anecdote : Jeanne Ferrès avait une voisine de cellule, Renée Lévy, professeur de lettres, qu’elle ne connaissait que par les « dialogues » sommaires établis en tapant aux cloisons. Un soir, celle-ci, se sachant condamnée à mort, lui fit parvenir ses dernières affaires par un gardien complice. Elle fut exécutée à la hache en Allemagne, et ses cendres reposent aujourd’hui au Mont-Valérien près de Paris. Jeanne Ferres découvrit, longtemps après, les traits du visage de son amie d’infortune sur un timbre-poste faisant partie d’une série consacrée aux personnalités de la Résistance.

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée à la prison de Fresnes, en Octobre 1942, et elle y resta jusqu’au printemps 1943. Les conditions étaient meilleures : eau courante et de grandes fenêtres au quatrième étage de la prison, qui lui permettaient de redécouvir les plus simples gestes de la vie : voir enfin le ciel et pouvoir respirer ! Là, elle connut un prêtre allemand francophile qui lui prêtait des livres en cachette ; il était charitable, profondément bon et très apprécié de tous (2). Cet Abbé Stock, était un admirateur de Pierre Brossolette qu’il visitait dans sa cellule. Pierre Brossolette, grand résistant devait se suicider en mars 1944 pour ne pas parler sous les tortures qui lui furent infligées par ses bourreaux. Il se jeta par sa fenêtre du cinquième étage de l’immeuble où la Gestapo l’avait interrogé. Lorsque la mère de notre témoin voulut rendre visite à sa fille à la prison, on le lui refusa. L’abbé Stock s’intéressa alors à cette dame accompagnée de son tout jeune fils. Le prêtre l’écouta, et contre toutes les règles en vigueur, procura à Jeanne l’une de ses plus grandes joies dans ces tristes moments en lui faisant passer un mot de sa mère.( note et photo)

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée au camp de Romainville pendant trois mois avant d’être déportée dans celui de Ravensbrück ( note ) , réservé aux femmes, où il y eut 90.000 mortes sur les 130.000 personnes internées. Ce camp était situé au nord-est de Berlin dans une région assez touristique dotée d’un magnifique et grand lac, appelée cependant Petite Sibérie à cause de l’influence des courants climatiques venus de la Baltique.

    Lors du premier mois passé dans ce camp, les détenues étaient mises à l’épreuve avec des travaux les plus pénibles : décharger des péniches, pousser des wagonnets ou répandre les cendres des déportées incinérées dans les petits jardins SS qui surplombaient le lac proche de Ravensbrück. Les femmes étaient rassemblées dans plusieurs blocks contenant chacun huit-cents personnes, pour lesquelles il n’y avait que seize points d’eau et cinq toilettes. La journée commençait tôt (à 3 heures 30 en été et à 4 heures en hiver). Après avoir bu un breuvage chaud, c’était pour toutes l’appel qui durait souvent plus d’une heure, quel que soit le temps. Elle a connu des appels dans un froid de -32°, juste vêtue d’une robe. Les femmes étaient rangées par ordre numérique car nous n’avions plus d’identité, souligne-t-elle, nous n’étions plus qu’un numéro, toutes au garde à vous, quels que soient l’état et l’âge… Les journées de travail étaient de douze heures, coupées par une demi-heure pour prendre une pause déjeuner. Les déportées étaient louées à des groupes industriels : pour Jeanne Ferrès, ce fut à l’usine Siemens. Cela rapportait de l’argent aux nazis qui tiraient vraiment partie de tout ! La journée s’achevait comme elle avait débuté, par un appel interminable, avant que les détenues ne puissent enfin prendre une soupe accompagnée d’un peu de pain.

    Le samedi après-midi et le dimanche, les détenues se retrouvaient entre elles un peu plus librement. L’été 1943 amena une chaleur torride, aggravant encore la situation. Ces conditions entraînaient une grande mortalité. Tous les matins, les cadavres étaient déposés à l’entrée du bloc et ramassés par une brigade spécialisée. Aucune disposition n’était prise pour les femmes enceintes. Ainsi les médecins du camp noyaient, étranglaient ou tuaient d’une balle dans la nuque les nouveaux-nés. A partir de 1944, les bébés furent laissés vivants, mais ils mouraient de faim : sur huit cents bébés , une douzaine seulement sont sortis du camp, dont trois petits français.

    Les détenues trop faibles ou malades étaient emmenées dans des camions, et leurs vêtements revenaient au camp : on savait bien qu’on les avait supprimées, mais on ne savait pas alors comment. C’est après la guerre, seulement, qu’on a appris qu’on les avait conduites dans des camps équipés où elles furent exterminées soit dans des chambres à gaz, soit dans des cliniques où l’on pratiquait l’euthanasie… En fait, on utilisait à Ravensbriick les femmes aussi longtemps qu’elles pouvaient avoir un certain rendement et travailler. Le travail était si rude que certaines femmes, surtout les plus âgées, mouraient sur place sur le chantier.

    Chaque matin, aux abords de chaque block, des monceaux de cadavres étaient formés, un commando de déportées se chargeait de ramasser les morts de la nuit.

    Certaines avaient aussi subi des expériences chirurgicales atroces.

    Pour Jeanne Ferrés, la situation était moins dure que pour certaines femmes. En effet, quelques-unes avaient laissé de jeunes enfants derrière elles, et l’inquiétude les conduisait parfois jusqu’à la folie. Mais Jeanne savait très bien qu’étant classée Nacht und Nebel , Nuit et Brouillard (3) elle pourrait disparaître à tout moment. Elle a confié avec une émotion difficilement contenue sa fierté d’avoir côtoyé des femmes admirables, courageuses, ayant de de l’humour et de la dignité. Très jeune encore, elle ressentait pleinement l’affection de toutes ces femmes et elle avoue ne pas avoir souffert de la promiscuité : car ces femmes étaient formidables, affirme-t-elle, la plupart savaient pourquoi elles étaient là. En effet, elle avaient été arrêtées pour acte de résistance. La vie au camp était beaucoup plus mal ressentie pour toutes les déportées arrêtées pour des raisons raciales ou celles qui, ayant été otages, avaient du être incarcérées à la place de quelqu’un d’autre… Les femmes de mon block partageaient le même idéal, notre sort était le même ; toutes étaient entre les mains de l’autorité supérieure du camp qui pouvait à n’importe quel moment venir nous chercher et nous faire subir le sort de Renée Lévy…

    Dans le camp, il n’y avait plus de barrières sociales, les vingt-trois nationalités représentées étaient toutes solidaires, on pouvait ainsi ne pas désespérer de la noblesse des êtres humains. Jeanne Ferrès a évoqué de nombreux actes de solidarité et d’amour. Ainsi celui de Mère Marie, religieuse orthodoxe qui avait été déportée pour avoir organisé un réseau d’accueil pour les évadés (4) . Lorsqu’une jeune femme juive, qui était mère, fut appelée pour être exécutée, la religieuse alla mourir à sa place…

    Autre souvenir, celui d’un bébé, Jean-Claude, qui fut sauvé par plusieurs détenues. Pour le nourrir, elles avaient transformé des gants de chirurgien volés et troués pour former des tétines.

    Jeanne Ferrès n’était plus à Ravensbrück lorsque le camp fut libéré. En effet la Croix-Rouge, dirigée alors par le comte Bernadotte de Suède (5), avait engagé des tractations avec les Allemands. Ces derniers avaient réuni toutes les NN ressortissantes des pays occupés par l’Allemagne et les avaient acheminées sur le camp de Mauthausen. Il revint ensuite chercher les françaises. Au total, Bernadotte aurait sauvé jusqu’à 25000 détenus. Jeanne Ferrés, elle, s’était cachée avec une douzaine de ses camarades. Elles réussirent à se dissimuler pendant quelques jours dans les plafonds du block, mais finirent pas se faire prendre et elles furent échangées contre des vivres et des médicaments. Ravensbrück fut libéré une semaine après son départ.

    Le moment du départ du Camp ne fut pas marqué par la joie ; les cadavres entassés devaient être brûlés sans délai, les armées alliées approchant, la fumée et l’odeur étaient partout, et Jeanne a pu dire : J’en garde un souvenir tel que je n’ai jamais pu remettre les pieds, en visite, dans un camp de concentration, ni aller à aucun pèlerinage. en pensant à toutes ces femmes que je laissais là-dedans…donc, je n’étais pas contente : ce n’était pas la Délivrance d’un Camp…L’odeur de toutes ces femmes porteuses de plaies infectées, de maladies de toutes sortes, l’odeur de l’Humanité souffrante en plus de cette fumée issue des fours crématoires…C’est un événement que j’aurais été incapable de raconter avant car cela m’aurait fait trop mal mais désormais, je peux plus facilement témoigner.

     

    La douzaine de déportées avait alors rejoint la Suède, après avoir traversé le Danemark, qui leur avait réservé un accueil triomphal, bien que ce pays fût encore occupé par les Allemands. Dans un premier temps, elles furent placées en quarantaine dans un gymnase de Trellebeurg puis dans un petit village, Ryd, au nord de Stockholm (où théâtres et cinémas avaient été équipés pour leur hébergement).Le 8 mai 1945, elle put saluer la capitulation de l’Allemagne en présence d’ un représentant français.

    Les dangers de contamination passés, après un suivi médical très poussé, une réalimentation progressive dûment dosée (Jeanne Ferrés pesait trente-deux kgs à son arrivée !) choyées comme des nourrissons, nous sommes parties à douze dans un château situé à trois kilomètres de Stockholm, Hässelby Slott .

    Lorsque notre témoin rentra enfin chez elle, son père était revenu d’Angleterre. Elle ne put ni retrouver son existence antérieure, ni raconter son expérience à ses parents. Elle pesait soixante kilos à son retour ; comment expliquer ce qu’elle avait subi ? C’était incommunicable. Elle apprit de sa mère l’existence difficile que celle-ci avait dû mener avec ses deux plus jeunes enfants. Jeanne Ferrès choisit de partir de chez elle peu après son retour…

    Laissons la parole aux élèves :

    Nous fermons nos blocs-notes, une impression étrange flotte. Notre esprit fait un bond dans le temps avant de retrouver nos camarades flânant déjà dans le Musée.

    Pas de paroles échangées, mais nous nous rappelons la rage que nous a avoué ressentir Jeanne Ferrès lorsque des personnes nient l’existence des camps de concentration. Il nous revient aussi à l’esprit la solidarité présente à chaque horreur, à chaque injustice. Nous semblons accorder à présent peu d’importance à certaines valeurs pourtant fondamentales.

    Nous n’oublierons pas avant longtemps ce témoignage et s’il peut nous préserver de vivre les mêmes situations, ce sera une bonne chose.

    Voici le message final que Jeanne Ferrès a voulu délivrer aux jeunes gens venus l’écouter :

    « Je n’ai pas la moindre animosité à rencontre du peuple allemand qui a été le premier à souffrir d’un régime basé sur la terreur et la délation. Il fallait être courageux pour oser se rebeller et pourtant, il y eut la Résistance Allemande. Elle a payé très cher et fait preuve d’un courage admirable très tôt : c’est pour les opposants allemands que les premiers camps de concentration ont été construits ! La Résistance allemande était formée de catholiques, de protestants, de socio-démocrates, des communistes de l’Orchestre rouge

    (6 ) et d’étudiants comme ceux de la Rose blanche (7 ).

    Cependant, aujourd’hui, malgré les cinquante années qui se sont écoulées, je ne peux pardonner aux nazis les souffrances qu’il ont infligées à mes compagnes de déportation, aux enfants martyrisés à Ravensbrûck, pauvres victimes innocentes d’une idéologie abjecte. Témoin visuel de ces atrocités, non, je ne peux vraiment pas pardonner !

    Pas de pardon non plus pour les Français qui ont offert leurs services à ces bourreaux, les égalant même parfois. Pas de pardon aux français qui n’ont pas hésité à livrer leurs compatriotes souvent de façon anonyme, parfois pour de l’argent, sachant qu’ils les vouaient à une mort certaine. Derrière chaque déporté, il y a peut-être un français qui l’a dénoncé. Par leur attitude, les français ont participé au génocide et à l’arrestation d’autres Français qui se faisaient un devoir d’agir dans le but de réhabiliter l’honneur de la France.

    Je garde de la haine pour les nazis adeptes d’une abjecte idéologie, comme pour les négationnistes de France et d’ailleurs. Ils sont nuisibles : la seule chose à faire est de ne pas voter pour eux : le vote est , en effet, la seule arme du citoyen.

    J’ai essayé de vous apporter les précisions qui me paraissaient utiles pour un exposé très complet. Je me rends compte qu’il est très difficile de parler de soi. Je l’ai fait pour que vous serviez de relais auprès des plus jeunes qui ne pourront pas nous entendre puisque nous ne serons plus là. N’oubliez pas notre message. IL tient en un seul mot : Vigilance

     

    Après la Guerre, Jeanne Ferrès . a entrepris des études d’infirmière et d’assistante sociale. Et elle a trouvé un emploi dans un service de Prévention de l’Enfance en Danger , choix professionnel qui découle directement de ce qu’elle a pu observer à Ravensbrück

    Propos recueillis et mis en forme par Marie-Céline Bard, 15 ans

     

    sources : https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/7-jeanne-ferres

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    Eté 1944.
    François est un secouriste insouciant de dix-neuf ans, son désir secret est de pouvoir coucher avec son amoureuse.

    Un soir ils sont sur le point de franchir le pas, mais un résistant vient demander de l'aide.

    François monte au maquis pour impressionner la jeune fille et rejoint un groupe de quinze garçons immatures.
    Mais là-haut rien ne se passe comme prévu.

    La guerre les rattrape, marquant brutalement la fin d'une innocence et François se retrouve pris entre deux feux...

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  • Les résistants aident à la libération 
     
     
      
      
    En septembre 1943, les résistants corses ont déclenché une rébellion qui a libéré leur île avec l'aide de commandos qui sont venus d'Afrique du Nord.
     

    Début 1944, les groupements armés issus des différents mouvements de résistance se sont regroupé au sein des Forces fran?aises de l'intérieur (FFI)
     
     
     
    A partir de juin 1944, FFI (Forces Française Intérieur) et FTP (Francs-tireurs Partisans groupe résistants) ont aidé à la libération des autres départements français.
    Pour freiner l'arrivée des renforts allemands au lendemain du débarquement de Normandie, les résistants ont mis en place des plans de sabotage et des moyens de communication :
      
    Plan vert pour les voies ferrées, Plan violet pour les lignes téléphoniques et Plan bleu pour les installations électriques.
      

    Ils on été aussi mobilisé dans l'application du Plan Paul, qui visait à détruire les dépôts allemands de munitions et de carburants, à malmener les renforts allemands et pour préparer l'arrivée des alliées.
      

    Les FFI et FTP ont subi l'assaut de la Wehrmacht aidé par la Milice française au cours des combats meurtrie livrées dans les Alpes sur le Vercors et le plateau des Glières
     
     
    Elles ont déclenché la révolte parisienne qui a libéré Paris le 25 août 1944 avec l'appui de la 2ème Division blindée du général Leclerc
      

    Elles ont libéré la plus grande partie du sud-ouest et du centre de la France, et favorisé dans le sud-est l'avancement de la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny débarquée en Provence en août 1944.
     
     

    Bilan de l'action de la résistance  

      

    Lorsque se termine la libération de la France au printemps 1945,le bilan est dur : 20 000 FFI ou FTP tués au combat, 30 000 fusillés, plus de 60 000 déportés, dont près de la moitié sont morts dans les camps.

      


    Mais le sacrifice de tout résistants n'a pas été moindre et l'action de la résistance qui a été une force d'appoint mais a bien servi la France.

      


    Cette action a été reconnue par le commandant en chef des armées alliées en Europe, le général Eisenhower, et a contribué ainsi à dispensé à la France d'être soumise à l'AMGOT ( Allied Military Government for Occupied Territories - Administration militaire alliée des territoires occupés ).
      

      

      

    sources : http://appeldu18juin1940.perso.sfr.fr/pages/5.html

      

      

     

     
     

    http://ekladata.com/les-sanglots-longs-des-violons.eklablog.com/mod_article43187200_4f53ba236d884.jpg

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