• 25 AOUT 1944 LIBERATION de PARIS

    7. La Libération De Paris.

    © Copyright 2000 Gaston Eve


      

      

    Note générale:
     

      

    L'objectif de la unité commandé par le capitaine Dronne était de saisir une position centrale dans le cœur de la ville par le moyen de contournant les défenses allemandes.

      

    Cela a été fait pour éviter le risque d'un autre massacre, comme s'était passé que deux semaines avant à Varsovie. Le reste de la Deuxième Division Blindée continuait son chemin vers la ville contre les défenses bien préparé, une lutte qui leurs coûtaient 78 morts et 300 blessés.

      

      

    [Notez bien que: J'ai fait les traductions ci-dessus du récit anglais de mon père. Tous les mots que j'ai traduit pour combler les lacunes dans le compte français sont en italique. Alors vous puissiez voir ce que j'ai écrit dans mon (imparfait) français. Si vous voulez m'envoyez les corrections je serais très reconnaissant.]


      

    Vers Paris. ( 23 août - 8 septembre 1944 )
     

      

    Des soldats américaines remplaçaient nous et nous nous retirions dans un de ces belles vergers de Normandie. Le Lieutenant Michard prenait son tour de garde et prenait grand soin de ces questions de sûreté. Il allait souvent s'assurer, la nuit, que tout allait bien, Jamette et l'équipage du Montereau sont partis un jour pour percevoir le remplaçant du Montereau.

      

    Ils sont revenus avec le dernier modèle de Sherman qui possédait un très long et très puissant canon. Il a été baptisé Montereau II et le Lieutenant Michard a fait peindre le mot «Revanche» sur chaque côté du canon.

    De temps à autre, nous étions en contact avec des unités américaines, et leurs chars étaient restés tels que sortis de l'usine. Ils devaient se demander, ces américains, quels étaient ces chars avec de grands noms, des numéros et des insignes !

    Les nouvelles chenilles du Montmirail sont arrivées un soir à la nuit tombante. L'adjudant Henri Caron s'occupait du matériel de la Section. Nuit ou pas nuit, ça devait être fait immédiatement. Rien n'était remis. Nous n'avions aucune lumière, mais ce fut fait quand même. Dans la nuit, Montmirail avait ses chenilles neuves, avec trois ou quatre patins sur l'avant, comme rechanges.

    Quand nous étions au repos, environ onze heure du soir, nous avons été réveillés par un grand brouhaha et nous nous sommes levés aussitôt car nous dormions tout habillés. Caron et le Lieutenant Michard nous ont annoncé que nous partions dans deux heures et que nous allions vers Paris. Tout le monde riait.

      

    Henri Caron frappait tout le monde dans le dos, avec ses mains qui n'étaient pas légères, nous nous serrions les mains, nous nous jetions dans les bras les uns les autres. Pourtant il ne fallait pas élever la voix ni faire de bruit. Ce fut un moment fantastique.

    Nous étions toujours prêts à partir. Nous mettions nos sacs de couchage sur nos chars et asseyions autour jusqu'à notre tour est venu de quitter, qui était environ trois heures le 23 août. Nous nous mettions en route sans la moindre lumière, les pilotes faisant le moins de bruit possible, moteurs au ralenti et sans changer de vitesses.

    Pendant deux heures nous avons marché au ralenti pour nous éloigner. Ce fut un soulagement d'entendre l'ordre de se déplacer a une vitesse normale. Dans l'obscurité totale, nous avions conduit si proche les uns des autres que nos visages étaient noirs de fumée de diesel. Quand il a commencé à faire jour, au premier arrêt, nous nous sommes aperçus que les chenilles chauffaient car ça sentait le caoutchouc.

      

    [ Les chars Sherman avait fixé à leurs chenilles, des blocs en caoutchouc. Cela a donné une meilleure traction et fait moins de bruit. ] Les chenilles étaient tellement brûlantes qu'on ne pouvait pas mettre la main sur le caoutchouc. Nous avons cependant continué ainsi, mais, de temps à autre, j'arrêtais le Montmirail à un endroit où il y avait des maisons et je demandais aux habitants de jeter des seaux d'eau sur les chenilles, ce qu'ils faisaient de bon cœur. On ne pouvait s'arrêter longtemps pour recheniller car on aurait perdu la Compagnie. Les seaux d'eau ne faisaient pas grand chose mais le Montmirail prenait quand même une douche froide. A un moment nous sommes passés à un endroit où il y avait un ruisseau, et j'ai conduit le Montmirail le long de ce ruisseau avec une chenille dans l'eau et ensuite l'autre.

      

     Ca lui a fait beaucoup de bien. La Compagnie s'est arrêtée tard dans la soirée et l'adjudant Caron a pris la situation en main. Nous avons ajouté un patin ou deux à chaque chenille avec l'aide d'une lumière. Nous étions sauvés pour prendre la route le lendemain matin avec tout le monde, mais l'Arcis Sur Aube et le Montereau II manquaient à l'arrivée.

    Une chose m'avait beaucoup frappé en Normandie : le nombre de fermes et de maisons dans lesquelles il y avait une photo du Maréchal Pétain. J'ai compris qu'il y avait deux points de vue et cela m'a renforcé dans ma fidélité dans la France Libre.

    Le soir, en arrivant au Longjumeau, nous prenions notre snack habituel avec du café et bien sûr du vin, enfin nous prenions nos sacs de couchage. J'ai dormi profondément, en dehors de prenant gard sur le char à tour de rôle. Nous nous réveillions tôt le matin du 24 août. Tout était en place et nos sacs de couchage ont été rangés. Étienne Florkowski, c'était lui qui toujours prenait soin de ses camarades, a fait du café et un petit casse-croute.

      

    Nos chars sont proches les uns des autres, hors de vue dans un petit rue étroit. Je me souviens des maisons de trois étages à chaque côté de la rue.

    Comme nous nous marchions vers le Montmirail j'ai brièvement parlé avec Michel le Saout. Il m'a taquiné, demandant si j'ai bien dormi. Mon char était d'à côté de son et nous partions avec un sourire. Nous étions tout a l'aise parce que il n'y avait pas d'allemands en vue. Nous étions tous en position, avec nos écoutilles ouvert quand, en un éclair, j'ai vue et entendu quatre ou cinq explosions qui se sont révélées être des mortiers.

      

    Ils étaient parfaitement synchronisées et visé. Quand ils ont cessé nous sortions des chars pour aider, parce que nous voyions quelques impacts directement sur l'Austerlitz.

    Je pense que Bernard Guinlat, co-pilote de l'Austerlitz, ne meurent pas immédiatement. Mais quand nous avons regardé à l'intérieur de l'Austerlitz je voyais Le Saout sur le sol. Il était un jeun homme d'un physique athlétique. Lt. Michard organisait son retrait du char et il était allongé à côté de l'Austerlitz.

      

    Il avait été complètement décapité par l'éclat de mortier car sa tête dépassait à l'extérieur du char. Le Lieutenant Michard, qui était cleric minoré avant la guerre, a dit une prière pour notre camarade et nous sommes remontés en char.

    Comme nous quittions Longjumeau je voyais devant de nous, soit un petit bunker [en anglais c'est un "pillbox"] soit un barricade bien construit, à côté du rue (je pense) à un carrefour mineure. Quoi qu'il était dans cette position, il a créé le chaos et quand nous rapprochions je voyais un jeune allemand avec un bandage autour de sa tête, tout seul et tirant encore.

      

    Nous avons riposté. Je présume que le reste de son équipe était déjà mort. Il n'avait aucune chance mais il n'ont jamais abandonné sa position et rapidement était tué aussi. Un courageux jeun homme.

    Progrès à partir de là n'était pas rapide. Nous n'étions pas avec les chars principaux et il ya eu des arrêts fréquents. Parfois, nous avons dépassé l'artillerie, des camions, des jeeps ou des ambulances, parfois ils nous ont doublés. Il y avait évidemment des problèmes pour ceux menant l'attaque et nous avons pu entendre le feu nourri.

      

    Vers le soir, nous étions très près des chars principaux. Nous nous sommes arrêtés à un point où il y avait, devant nous, une déclivité dans la route et à environ 800 mètres plus loin trois chars, dont l'un luttait désespérément pour sa survie contre un 88. Il était touché, mais l'obus doit avoir ricoché parce qu'il a ouvert le feu sur et sur. Romilly et Montmirail étaient sur une petite rue, à droite de la direction que nous étions venus.

      

    Peu de temps après Champaubert joint nous. Nous avions perdu Montereau II et Arcis Sur Aube par des défaillances mécaniques en route.

    Évidemment on s'inquiétait de notre manque de progrès et les officiers supérieurs ont passé dans leurs jeeps vers le front. Vers 7 heures du soir, mais peut-être un peu avant, le Général Leclerc est arrivé dans sa jeep et s'est rendu à pied jusqu'à la tête de l'attaque. Revenant peu de temps après, il s'est dirigé vers le Capitaine Dronne qui se trouvait devant nous.

      

    Le Lieutenant Michard a été appelé et il est revenu avec un grand sourire pour nous dire que nos trois chars allaient entrer dans Paris avec nos camarades du RMT [La "Nueva" compagnie dans 16 half-tracks. Il fut les anciens combattants du guerre civile espagnol].

      

    Ce fut la répétition de la scène que nous avions connue trois jours avant, en Normandie. Nous étions 15 à nous serrer la main, à nous prendre dans les bras les uns les autres, à nous donner de grands coups dans le dos et à rire de bon cœur.

      

     Ça s'est vite passé car nous sommes partis très rapidement, mais après avoir pris une décision importante.

    Au moment de partir, le Lieutenant Michard a dit : «Je pars en tête». Ce n'était pas au tour du Montmirail d'être char de tête, et nous avons entendu tout de suite Henri Caron dire : «Ah non, Louis, c'est mon tour d'être char de tête et je ne cède ma place à personne».

      

    C'était, évidemment une question d'honneur à tous points de vue et Henri Caron aurait dit la même chose si ça avait été pour entrer dans un village. Le Lieutenant Michard lui a donné raison et a dit que le Montmirail serait immédiatement derrière lui.

      

    Il me semble qu'au moment du départ, un FFI servait de guide. Je crois même qu'il se trouvait sur le Romilly. Quelqu'un envoyé par l'Hôtel de ville lui remplacerait lorsque nous avons attient de Paris elle-même.

    Il faisait encore clair quand nous sommes partis. Je crois que le Capitaine Dronne se trouvait en tête sur sa jeep. Nous avons démarré à bonne allure, par des routes de campagne. De temps à autre, nous traversions des hameaux et j'apercevais un visage derrière un rideau et nous faision un geste de la main ou si elle était une femme nous a soufflé un baiser, mais ce fut tout. Les rues étaient vides.

      

    A un moment, au cours d'un bref arrêt, un jeune homme et une jeune fille, de 20 à 22 ans, sont venus parler avec nous. Au moment du départ, le jeune homme s'est tourné vers la jeune fille et lui a dit : «Tu peux l'embrasser celui-là». Ce fut un très beau moment dans ma vie. Parfois, je les revois tous deux dans ma pensée.

    Tout à coup, en arrivant en haut d'une côte, j'ai aperçu la Tour Eiffel, et le Montmirail a marché tout seul car j'ai jeté mes bras au-dessus de ma tête hors du char. Nous allions être les premiers dans Paris! Il y avait de plus en plus d'habitations, mais les routes restaient désertes.

    Il y avait peut-être une heure de jour lorsque nous avons vraiment commencé à voir Paris. C'est à ce point que nous nous sommes arrêtés quand nous avons vu devant de nous une voiture avec un homme dans ses trentaines portant un brassard de la Résistance.

      

    Il dit qu'il était envoyé de l'Hôtel de Ville et connaissait le chemin à l'intérieur de Paris.

      

    Il succédait l'homme qui nous avait guidés sur Romilly jusqu'à présent. De temps à autre il fallait contourner des arbres abattus mais c'était tout.

    Le premier arrêt à Paris elle-même était l'un de ces carrefours superbe pour qui Paris est bien connue, avec des appartements tout autour de lui. Les half-tracks et des chars étaient proches les uns des autres. Nous restions dans nos positions attendions pour continuer le voyage, mais après trois ou quatre minutes les gens ont commencé à sortir de leurs appartements. Dans la chaleur du soir toutes leurs fenêtres étaient ouvertes et je me souviens avoir entendu un commentateur à la radio mais je n'ai aucune idée de ce qu'il disait.

      

    Bientôt toute la zone était pleine de gens avec nos half-tracks et des chars complètement entouré. Les hommes et les femmes montaient sur les chars et nous n'avions pas d'autre choix que d'être debout, parmi eux, sur les chars. Nous pouvions entendre les gens autour de nous dire: «Ce sont les Américains!" et demandant de quelle partie de l'Amérique nous venions. Ce fut à cause de nos uniformes, je suppose. Je pense que les Espagnols de la Nueva l'avaient la difficulté à expliquer comment ils ont été dans une unité française, combattant pour la France.

      

      

    Nous avons parlé français et les gens commençaient à réaliser que nous étions français. Bientôt les nouvelles s'étendre vers l'extérieur. Le Lieutenant Michard riait de bon cœur et parlait a tout le monde. Je me souviens d'un vieil homme qui lui avait poussé tout le chemin à le Montmirail. Il a parlé avec le lieutenant qui a demandé "Comment ca va-grand père?" et le vieil homme répondait "Vous êtes français? C'est impossible!" et ne cessait de répéter aux gens autour de lui "Des français, pas possible!" Ils nous baisaient sur le visage et même sur nos bérets, car ils furent si complètement surmonté par la folie du moment.

      

    Bientôt nos visages noirci furent marquée par le rouge à lèvres

    Les gens nous donnaient des bouteilles de vin et ils ont été mis de côté en toute sécurité dans le char. Nous donnions des paquets de biscuits, petits morceaux de nos rations de chocolat et bien sûr nous les baisions de retour et embrassions les gens pour qui nous nous battions. Nous avons probablement été là pendant 10 minutes en tout.

      

    Louis Michard, qui avait combattu son chemin à travers la foule pour parler avec le capitaine Dronne est revenu et a dit que nous allons passer. Pour ouvrir un chemin à travers la foule, le lieutenant a décidé de donner quelques coups de la sirène en avançant tout doucement. Je commençais prévenant ceux sur et autour du char qu'il fallait descendre du char et ils commencaient à pousser et en criant "Descendez!" Cela s'est avéré efficace et nous commencions à voir clair devant nous.

      

    Nous partions derrière Romilly très lentement, car le chemin était très étroit. Je ne savais pas ce qu'ils disaient, mais tout le monde criait et agitait les mains dans un au revoir. Quel moment pour un soldat d'avoir vécu. Ces moments vivre dans l'âme de plus en plus, croyez-moi!

    Comme nous l'avons quitté le carrefour, les rues étaient désertes encore et la colonne, avec son guide, progressé à bonne vitesse. Maintenant tout le monde était à la recherche à partir de leurs fenêtres! Quand on avait d'abord arrêté une cloche de l'église a commencé à sonner.

      

    Comme nous sommes allés le long de plus en plus les églises derrière nous commençait à sonner leurs cloches. Nous pourrions l'entendre tout, comme nous n'étions pas en position de combat. Ma tête, Marc Casanova et Louis Michard étaient tous hors de nos écoutilles.

      

    Le 25 aoùt 1944, L'Hôtel de Ville. De gauche à droite, Gaston Eve, Marc Casanova (blessé), Étienne Florkowski, Paul Lhopital, Louis Michard (102kb)

    Image : Le 25 août 1944, L'Hôtel de Ville. De gauche à droite, Gaston Eve, Marc Casanova (blessé au main), Étienne Florkowski, Paul Lhopital, Louis Michard. Notez que les deux hommes civils sont également dans la photo ci-dessous (des prêtres avec le lieutenant Michard).

      

      

    Puis nous sommes arrivés sur les bords de la Seine, et, presque aussitôt, à l'Hôtel de Ville. La Place était tenue par la Résistance et il n'y avait aucun civil, mais beaucoup de va-et-vient de FFI avec des brassards tricolores. Henri Caron a dirigé son Romilly pour qu'il s'arrête en face des marches de l'Hôtel de Ville, tandis que le Champaubert stoppait sur la Place, sur le côté où se trouve la "Bonne Marché" et que le Montmirail restait le long de la Seine.

      

    Devant nous il y avait un char allemand qui avait été détruit par la Résistance. D'un côté de nous était un de ces kiosques de publicité parisienne, qui est toujours là. Quand je vais à Paris, je tiens à rester là un moment. [Je pense que mon père parle d'un "Morris"]

    Les membres de la Résistance étaient nombreux et allaient et venaient en colonne. De temps à autre nous ne pouvions résister de briser leurs rangs et de les serrer dans nos bras. Il pouvait être 21 heures 30, [En fait 8:45] et la nuit était complète.

      

    Le Capitaine Dronne et le Lieutenant Michard discutaient avec des membres de la Résistance autour d'une carte étalée sur l'avant de la jeep. Le Lieutenant nous a dit que nous resterions sur place cette nuit.

    A ce moment-là, il s'est passé un événement extraordinaire : toutes les fenêtres d'un immeuble en face de l'Hôtel de Ville se sont ouvertes et, de ces fenêtres, nos camarades de la Résistance ont tiré, ensemble, des coups de revolver, de fusil, de mitraillette, tandis que d'autres tiraient des fusées, rouges, jaunes, vertes, et ce fut une scène invraisemblable pendant une minute ou deux, au plus. Nous avons été accueillis d'une manière unique dans l'histoire militaire !

      

    Ça a été une réception superbe et je pense que peut de soldats aurons eu une telle expérience.

    Il est venu des reporteurs et commentateurs de la radio et ils ont parlé au Lieutenant Michard en temps que chef de section et il a répondu à leurs questions. Une de celle ci a été «Quelle sont les noms des chars qui sont entrée à Paris» ? Il a répondu «Montmirail, Romilly et Champaubert».

    Tard dans la nuit nous avons fait un somme à côté ou sous Montmirail. Il faisait beau, nous étions bien sur les pavés. Il faisait jour quand j'ai entendu quelques personnes qui parlait à côté du Montmirail et je suis sorti du mon sac de couchage dans lequel je dormais toujours tout habillé et j'ai rencontré mes premiers Parisiens.

      

    Évidement ça a été beaucoup de questions. Florkowski, notre tireur, a fait du café et nous avons mangé de nos rations américaines que nous avons partagé avec des civils. Tout était très agréable et nous étions bien gardés par la Résistance dans les alentours !

    Le lendemain, de très bon matin, les journaux sont arrivés, et le Lieutenant Michard riait de bon cœur en nous montrant la première page : «Regardez, Montmirail, Romilly, Champaubert, les premiers chars dans Paris», et il est allé voir Caron journal a la main : «Regarde, Henri, je t'ai eu, ce n'est pas : Romilly, Montmirail, Champaubert, mais, Montmirail en premier».

      

    Les deux hommes ont ri ensemble. Ils étaient très heureux et ce fut, hélas leur dernière conversation. Aussi, ce matin Louis Michard envoyé un message à la rue du Bac, parce que c'est là qu'il avait été un Minore Clerc à la "Mission Étrangère". J'ai une photo de sa première rencontre avec les autres prêtres

      

    Louis Michard réunit avec ses amis de la Mission Étrangère (130kb)

    Image: Tôt le matin du 25 août 1944 Lt Louis Michard réunit avec des amis de la Mission Étrangère.

      

      

    Les trois chars ont été envoyés dans des endroits différents pour nettoyer des poches de résistance. Montmirail est parti le long de la Seine et la rue était bondée de monde sur chaque trottoir.

      

    La population de Paris savait maintenant que nous étions là. Il y avait une joie énorme. Tout le monde faisait bonjour avec la main, ou nous envoyait des baisers, des gens pleuraient. Pendant quelques minutes ça a été avec la porte du pilote et co-pilote ouverte et nous aussi faisions bonjour avec nos mains. Le fait que nous allions vers le combat n'était d'aucune importance.

    A un certain moment, le Lieutenant nous a dit de prendre les dispositions de combat. J'ai baissé mon siège et fermé la porte au-dessus de ma tête. Nos têtes ont disparu dans le char à part celle du Lieutenant Michard bien sûr. Je regardais dans tous les sens par mon périscope. Il y avait toujours beaucoup de monde sur chaque trottoir mais pour les spectateurs ce n'était plus la joie. Presque toute les mains pointait dans la rue qui était devant nous.

      

    Ça voulait dire «Ils sont là»! je devenais «Faites attention»! et je voyais sur les visages beaucoup d'appréhension pour nous. Une centaine de mètres plus loin et il n'y avais personne dans le rue, en dehors de la Montmirail, les RMT et de la Résistance.

      

    Devant nous, la rue était complètement vide, sauf un ou deux camions qui brûlaient, ainsi que des voitures civiles. Il y a eu une brève commotion à laquelle Montmirail n'a pas pris part. Nous nous attendions à être attaqués, mais, en avançant vers un carrefour, des hommes avec un brassard ont parlé au Lieutenant qui, comme toujours avait la tourelle ouverte et il nous a dit que les allemands n'étaient plus là et nous sommes revenus à l'Hôtel de Ville.

    Nous avons fait demi-tour très peu de temps après pour prendre la route par laquelle nous étions venu. C'était la folie. Il y avait encore plus de monde dans les rues, tout le monde criait, nous saluait avec leurs bras et nous répondions comme des gladiateurs au retour du combat. Nous sommes allé directement à la Hôtel de Ville en procession avec nos camarades du RMT et de la Résistance.

      

    Le Montmirail n'avait rien fait mais il était avec les vainqueurs. C'était un accueil complètement fou !

    Arrivé à l'Hôtel de Ville nous avons trouvé le Champaubert et avons attendu le Romilly. Quand il est revenu, Henri Caron n'était pas en tourelle. Peu de temps après, nous avons appris que l'Adjudant Caron avait été blessé et évacué sur un hôpital. Caron, à proximité de la rue des Archives, était sorti du Romilly pour mieux voir le terrain devant lui avant de risquer son char, et son équipage l'a vu tomber en recevant une rafale de mitrailleuse ou de mitraillette, venant d'une entrée de métro. C'était une très mauvaise nouvelle, mais il était vivant et c'était le principal.

      

    C'était un volontaire de 40. [Les fascistes avaient mit feu aux archives de la ville et Romilly avait pour mission de protéger les pompiers des tireurs. Caron avait été prévenue qu'un char allemand attendait prêt à attaquer au coin de la rue. Il y est allé, il s'agissait d'un Panthère. Armé avec un PM, il est parti du Romilly afin de s'occuper du Panthère. Un tireur lâche, caché dans une bouche de Métro, le toucha à la cuisse.]

    Vers la fin de la matinée il est venu une foule considérable à la Place d'Hôtel de Ville mais, tout au tour seulement. Des prisonniers allemands arrivaient à pied avec des soldats autour d'eux mais la foule se bousculait pour attendre les allemandes.

      

    A un moment il est arrivé un groupe d'officiers allemands et ils ont reçu des pierres et des coups de tout côté malgré la protection de leur escorte. A un moment un homme avec un revolver est venu en courant vers les allemands a mis son pistolet contre sa tête et l'a tué. Tout la cruauté de la guerre était là, je devais la revoir bien des fois. Je n'aimais pas ce que je voyais.

    25 Août 1944, Lutzen en combat, Boulevard Saint Michel. Marcel Guénan.

    Image : "25 Août 1944, Lutzen en combat, Boulevard Saint Michel. Pilote Marcel Guénan parle avec un RMT. Libraire endommagé et l'Iéna en arrière."

      

    Au cours de la matinée, les cloches se sont remises à sonner, on en entendait de tous les côtés. Puis, n'ayant plus rien à faire à l'Hôtel de Ville, nous sommes allés rejoindre le reste de la Compagnie qui se battait au Luxembourg.Nous traversions le pont qui avait été immédiatement à notre gauche. Nous avons vu quelques-uns des chars de notre Compagnie à proximité et dirigions vers la Place de la Sorbonne où nous avons attendu.

      

    Je voyais le Lutzen placé sur le boulevard Saint-Michel en face de la Place de la Sorbonne. Il tirait un coup de son canon mais je ne sais pas contre quoi. Mon ami Marcel Guénan était le pilote de ce char et je me rappelle très bien le voir sortir de la char nu-tête lorsque le tir terminait. Nous sommes restés à la place de la Sorbonne cet après-midi et toute la nuit (25/26 août).

    C'était la Saint-Louis, fête du Lieutenant qui était ravi. D'ailleurs, c'était la fête partout. Nous distribuions nos réserves aux enfants.

      

    A un moment, il y a eu une rafale de mitraillette et les balles ricochaient sur les pavés. Par réflexe, j'ai poussé brusquement un petit gars et une jeune fille avec qui je conversais, sur le côté du Montmirail en les protégeant de mon corps. [Suivant l'attaque Lieutenant Michard grimpait sur le dôme de la Sorbonne pour repérer les tireurs ennemis.

      

    Vraiment un acte de bravoure.] Tout s'est arrêté et j'ai repris la conversation. Nous étions assis sur l'avant de Montmirail et un passant nous a pris en photo. Il m'a demandé mon adresse militaire et a eu la gentillesse de m'envoyer la photo. En octobre 45, j'ai épousé cette jeune fille et nous avons toujours ce précieux souvenir de la Sorbonne.

      

    25 Août 1944, Gaston et Odette se rencontre, Place de la Sorbonne

    Image : 25 Août 1944, Gaston et Odette se rencontre, Place de la Sorbonne.

      

    Nous avons appris une autre mauvaise nouvelle: l'Adjudant Corler, lui aussi un volontaire de 40, avait été tué sur un balcon en observant le Luxembourg. À partir d'environ 19 heures les tirs dans les rues augmentaient et la situation devenait sévères, mais pas dans la "Place" lui-même.

      

    J'ai dit, le soir, à la jeune fille de rentrer chez elle et je lui ai donné mon casque pour la protéger.

    Dans la nuit, il a été difficile de dormir car, au coin de la Place de la Sorbonne et du Boulevard St. Michel, il y avait une librairie avec, en vitrine, des titres allemands ou de collaborateurs. Ces vitrines ont été brisées et les livres brûlés.

      

    Le lendemain matin, j'ai voulu aller me faire raser chez un coiffeur, un vieux monsieur m'a offert sa place et un autre m'a payé une coupe de cheveux. C'était la belle vie !

    Nous sommes partis pour les Tuileries et, dans la matinée, la jeune fille est venue avec le petit garçon, pour me rendre mon casque. Et nous nous sommes dit au revoir pour la deuxième fois. Dans l'après-midi du 26 août la Compagnie est allée au Bois de Boulogne et nous nous sommes revus presque chaque jour.

      

    La petite jeune fille était devenue membre de l'équipage. Inévitablement nous avions souvent des visiteurs au Bois de Boulogne et parmi eux étaient M. et Mme Gandon qui sont aussi photographiés avec l'équipage du Montmirail. Ils venaient nous voir tous les jours et nous apportaient des fleurs, des friandises.

      

    Montmirail au Bois de Boulogne. En haut Mme Gandon, Louis Michard. Standing G à D Gaston Eve, Odette Lampin, Paul Lhopital, Marc Casanova, M. Gandon, Étienne Florkowski, Sergent Commeinhes (269kb)

    Image : Montmirail au Bois de Boulogne. En haut Mme Gandon, Louis Michard. Debout, G à D Gaston Eve, Odette Lampin, Paul Lhopital, Marc Casanova, M. Gandon, Étienne Florkowski, Sergent Georges Commeinhes.

      

      

    Au Bois de Boulogne nous avons accueilli des volontaires pour combler nos rangs. Il est venu un jeune homme qui devais avoir 17, 18 ans nommée Jean de Valroger. Il semblait ne pas avoir d'aptitude militaire du tout, mais il avait du courage et, il n'allait pas céder.

      

    Il a fait le reste de la campagne avec nous. Un jour sa mère est venue le trouver et elle n'était pas contente que son fils soit avec nous. Quand elle est partie elle a eu le malheur de dire à son fils «Fait bien attention mon petit minet». Le nom "Minet" est resté.

    Un autre qui est venu nous rejoindre était Sergent Commeinhes qui était un sergent de chars en 1939. Il était parisien et était un homme très gai et très camarade. Il tenait a être avec nous. Au bout de quelques jours il a vu que la jeune fille était souvent en conversation avec moi. De ce moment j'ai été nommé "Milord" et elle "Milorine".

      

    Il avait des amis anglais avant la guerre. En quelques jours il faisait complètement partie de la compagnie et a été sur le char du Capitaine de Witasse. Trois mois plus tard il est mort ayant reçu une balle dans la tête à Fort Kléber, Strasbourg. Nous avions perdu notre "Petit Parisien", ainsi nommé par Milord et Milorine !

    Montereau II et Arcis Sur Aube, nous ont rejoints et la Section s'est trouvée au complet. Le Lieutenant est allé voir Caron à l'hôpital, on avait été obligé de l'amputer et il se trouvait très faible. Après plusieurs visites, il nous a rassemblés et nous a dit, d'une voix très basse, que Henri Caron était mort et nous sommes restés longtemps silencieux.

      

    La mort de Caron était un coup très dur pour la Section.

      

    C'est lui qui avait fait de nous les professionnels que nous étions devenus. Ce fut une grande épreuve pour le Lieutenant Michard car tous deux s'entendaient parfaitement et il existait entre eux une véritable affection. Seul, le Lieutenant a pu assister aux obsèques.

    C'est triste à dire, mais nous acceptions la mort de nos camarades comme inévitable. Notre cœur restait avec eux, mais la souffrance aurait été trop grande si nous avions constamment pensé à eux.

    Il y a eu deux défilés à Paris et ça été deux très belles occasions. Quoiqu'ils n'aient rien fait de plus que les autres chars, Montmirail, Romilly et Champaubert était très fêté.

    Vers la mi-septembre nous avons repris la route et les beaux jours sont passés. Nous avons repris notre vie normale. Quand nous avons quitté Paris, la petite jeune fille était là et je lui ai donné tout mon argent. J'ai dû la réconforter en lui disant que ce n'était pas la peine que l'argent soit brûlé sur moi s'il arrivait quelque chose au Montmirail.

      

    Notre départ vers l'Est a été une véritable randonnée car le front se trouvait maintenant loin de Paris. Le déplacement fut très rapide et avec l'organisation superbe, propre à la DB.

    [Mme Gandon: Je crois que papa a dit, elle avait été un danseur de ballet bien connu. Elle a fait pour l'équipage d'un bouquet de fleurs rouges, blanches et bleues dont elle coincé dans la bouche du canon. Il y est resté pendant plusieurs jours et Montmirail peuvent être reconnus sur les photos pour cette raison. Elle a également nourri Paul L'hopital et André Solleux.

      

    Je pense que papa a dit L'Hôpital a été blessé au main dans les tirs à la Place de la Sorbonne. Cependant, en regardant les photos, certains ont Casanova blessé à la main dès le début le 25 août, d'autres ont Lhopital blessé à la main quelques jours plus tard (dans la photo de tout le peloton). Donc je pense qu'il doit avoir été la blessure de Casanova mon père parlait.]

     

    SOURCES

    http://www.gastoneve.org.uk/paris%20fr.html

      

     

     

     


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