• L'armée polonaise après la campagne de Pologne

     
     
    L'armée polonaise en France.

     
     
    L'armée polonaise , est anéantie, mais pas tout ta fait !
     
    Cinquante mille hommes ont réussie à s'échapper pour rejoindre la France et l'Angleterre pour poursuivre la lutte . Un gouvernement provisoire diriger par le général Władysław Sikorski les commandent. Que restent-ils à ces polonais exiler sinon le désire de mourir en combattant pour leur terre ?

    Armée polonaise reconstituer en France.

    L'armée polonaise après la campagne de Pologne

    L'armée polonaise reconstituée en URSS.


    Le gouvernement en exil, basé d'abord à Paris et ensuite à Londres, est reconnu par tous les gouvernements alliés et, après l'attaque de l'URSS par l'Allemagne, en juin 1941, il établit des relations diplomatiques avec l'URSS qui avait pourtant participé à la destruction de la Pologne aux côtés de l'Allemagne.
     
    Des centaines de milliers de prisonniers de guerre polonais et également d'autres prisonniers et déportés sont libérés et autorisés à quitter le pays par l'Iran.
     
    Ils forment la base de l'armée polonaise du général Władysław Anders que l'on verra combattre dans les rangs alliés à la Monte Cassino en mai 1944, à Arnhem en septembre 1944 et sur d'autres champs de bataille.
     
     
    En avril 1943, les Allemands annoncent qu'ils ont découvert des charniers contenant les corps de
    4 300 officiers polonais à Katyń,
    près de Smolensk.
     
    Les Allemands font appel à la Croix-Rouge internationale pour prouver que ce sont des prisonniers de guerre massacrés par les soviétiques.
     
    À l'inverse, des gouvernements alliés qui ont des raisons diplomatiques que l'on comprend bien, acceptent la version soviétique, ce que réfute le gouvernement polonais en exil.
     
    Cela va entrainer un durcissement dans ses relations avec Staline.
     

    Staline s'empresse alors de mettre sur pied le noyau d'un gouvernement polonais d'obédience communiste et de constituer une Armée polonaise communiste dirigée par le général Zygmunt Berling.
     
    En juillet 1943, cette armée compte 40 000 hommes. C'est à cette date que Sikorski meurt dans un accident d'avion11 près de Gibraltar alors qu'il revenait d'une inspection de ses troupes stationnées au Moyen-Orient. Stanisław Mikołajczyk succède à Sikorski à la tête du gouvernement en exil.
     

    Au cours des années 1943-1944, les dirigeants alliés et en particulier Churchill s'efforcent de réchauffer les relations entre Staline et les Polonais de Londres, mais ils échouent pour plusieurs raisons : le massacre de Katyn et la disparition, depuis l'invasion soviétique de 1939, d'un certain nombre de polonais dans les prisons soviétiques et dans les camps de travail, restent une source de défiance vis-à-vis des intentions soviétiques.
     
    La définition des frontières de l'après-guerre est également une autre divergence. Staline entend bien que les territoires annexés en 1939 restent soviétiques, les Polonais devant se contenter de compenser cette perte en gagnant vers l'ouest aux dépens de l'Allemagne. Malgré les pressions de Churchill, les Polonais de Londres refusent cette proposition. La constitution du futur gouvernement d'après-guerre est le troisième sujet de discorde : Mikołajczyk veut obtenir de Staline qu'il s'engage à ne pas mettre en place un gouvernement communiste.
     
    Or Staline est déterminé à contrôler la Pologne.
     
    En fin de compte, les Polonais restent convaincus que, sur chacun des trois points, les Britanniques et les Américains ont plutôt soutenu Staline.
     

    De 1939 à 1944, les armées polonaises s'illustrent sur différents théâtres d'opérations
     
    Bataille d'Angleterre, Bataille de l'Atlantique, Afrique du nord, Monte Cassino, bataille de Normandie, Falaise, Arnhem, apportant ainsi à l'effort de guerre allié une contribution essentielle dont le gouvernement en exil tente de tirer quelque bénéfice politique, mais l'Armée rouge marche sur la Pologne, ce qui permet à Staline de durcir sa position, en demandant, en plus de la reconnaissance de la Ligne Curzon le renvoi de tous les éléments du gouvernement de Londres hostiles à l'Union Soviétique, ce qui, dans la pratique, aurait inclus le président Raczkiewicz et la plupart des ministres.
     


    Armée polonaise reconstituer en URSS.

    L'armée polonaise après la campagne de Pologne

    Conclusion.

    La résistance polonaise lors de la seconde guerre mondiale a donc un double aspect. D'un part, nous avons une présence militaire au sein des armées alliées, sur plusieurs fronts, à l'Ouest et à l'Est. D'autre part, nous avons une résistance à l'interieur même de la Pologne qui a pris de l'ampleur au fil de la guerre. 

    Général Władysław Eugeniusz Sikorski (20 mai 1881 à Tuszów Narodowy - 4 juillet 1943 à Gibraltar), militaire et homme politique polonais, général et chef des forces armées polonaises, et premier ministre du Gouvernement polonais en exil de 1939 à 1943.
    Władysław Anders (11 août 1892 à Błonie, Pologne - 12 mai 1970 à Londres), général de l'armée polonaise, Chef suprême de l'armée polonaise 1942-1945.
    Tadeusz Bór-Komorowski est un officier général polonais né le 1er juin 1895 à Chorobrow. Le général Komorowski est surtout connu comme commandant en chef de l'armée de l'intérieur polonaise. Il dirigea l'insurrection de Varsovie à l'été 1944. Fait prisonnier le 5 octobre 1944 après la capitulation des insurgés (le 2 octobre). Il est interné dans un camp de prisonniers de guerre, l'oflag 73. Libéré par les alliés en 1945, il part s'installer à Londres ou il termina sa vie le 24 août 1966.

    Texte de : Laguerre-1939-1945
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    rennes sous l'occupation

     

    VIE des Rennais durant les quatre années que furent l'Occupation. Il est un regard vivant sur la guerre vue d'une ville de province et sert de témoignage à tous ceux qui n'ont pas connu les souffrances d'une ville sous l'Occupation.

     

    Le 17 juin 1940, des éléments avancés de la Wehrmacht sont à Vitré où ils se heurtent à la foule compacte qui encombre la route nationale.

     

    plaine de baud 1940

     

    Une épidémie de dysentrie accumule les cadavres dans les fossés, et la proximité des premiers chars allemands déclenche des paniques indescriptibles.

     

     

    l

    Survolant ces colonnes lamentables qui fuient sans but, trois chasseurs bombardiers, frappés de la croix noire, passent en hurlant au-dessus de Rennes.


    Après un rapide survol de la ville, ils se jettent sur la gare de triage de la plaine de Baud.

     

    Par une négligence absurde, des trains de réfugiés du Nord voisinent avec des transports de troupes, eux-mêmes entourés par des convois de munitions.

     

    C'est l'un d'eux, chargé de plusieurs tonnes de mélinite, qu'une bombe larguée par l'un des bombardiers viendra frapper de plein fouet.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-obseques-mars-1943.html

    En faisant explosion, le train pulvérise les convois placés sur les voies parallèles.


    C'est un spectacle atroce qui s'offre aux yeux des premiers sauveteurs, accourus en toute hâte des ateliers ferroviaires voisins.

     

    Des trois trains littéralement désintégrés par l'explosion, il ne reste plus que des carcasses embrasées et des centaines de corps jonchent le sol constamment secoué par les explosions.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mars-1943.html

     

     

    Malgré les avis, et même les interdictions, des sauveteurs s'emploient à extraire des carcasses déformées, les corps mutilés ou carbonisés de soldats et de civils.

    Bien que le nombre des victimes ne pût jamais être chiffré exactement, le bombardement du 17 juin aura fait plus de 2 000 victimes, pour la plupart non identifiables. Elles seront rapidement enterrées le long du ballast.

    Ces victimes sont des soldats anglais qui venaient de quitter leurs cantonnements de la route de Lorient et leurs dépôts de l'École Saint-Vincent, pour se replier vers l'ouest, dans l'éventualité d'un second Dunkerque, des soldats français du 212e régiment d'artillerie rapatrié de Narvick et des civils de Lisieux qui croyaient avoir trouvé à Rennes la sécurité.

     

    occupation de rennes en 1940

     

    C'est au milieu des explosions qui continuent d'embraser la Plaine de Baud que les Rennais entendent sur « Radio Paris » le maréchal Pétain demander l'Armistice à l'Allemagne.

     

    Les choses vont en se précipitant. Poussant devant eux la masse des réfugiés, les premiers détachements allemands entrent à Rennes dans la matinée du 18.

     

    Ayant pour objectif les bases navales de Lorient et surtout Brest, ils traversent, sans s'arrêter, une ville morte qu'un soleil printanier ne parvient pas à égayer. Quelques heures plus tard, succédant aux « forces d'Invasion », ce sont les troupes d'occupation proprement dites qui font leur entrée dans la ville.


    L'administration allemande, conduite par le major Kruger, installe sa « Platzkommandantur » dans l'aile sud de l'Hôtel de Ville après y avoir fait flotter le drapeau à croix gammée.

    La «Luftwaffe», outre l'aérodrome de Saint-Jacques, jette son dévolu sur le Lycée Chateaubriand, avenue Janvier, où elle y installe un important central de communications et d'écoute.

     affiche allemande en 1940

    La « Wehrmacht », après avoir reçu les armes des troupes françaises encore à Rennes, occupe les diverses casernes et places militaires de la ville, caserne du Colombier, de Guines, camp de la Marne, les arsenaux, Marguerite... etc. 

     


    Aux forces militaires vont s'ajouter la « Gestapo » et le « S.D.», chargés plus principalement du maintien de l'ordre et de la répression.

     

    La Gestapo transfère donc ses bureaux rue de Fougères, d'où elle sévira sur la Bretagne pendant quatre longues années. Les premiers « Feldgendarmes » font leur apparition aux carrefours, les premiers « Ausweiss » aussi. Les premières exécutions ont lieu à la caserne du Colombier pour répondre aux premiers actes d'une résistance sauvage et pas encore organisée.

     

    Des lignes téléphoniques sont détruites, des affiches déchirées, des soldats allemands injuriés et même attaqués ; autant de faits qui prouvent que des hommes refusent déjà l'Occupation comme un fait acquis. 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-mai-1943.html

     


    Dès le début de l'Occupation, se crée « l'Armée de l'Ombre » regroupant ceux qui ont entendu l'appel du général De Gaulle.

     

    Des jeunes Rennais gagnent l'Angleterre pour s'engager dans les Forces Françaises Libres.

     

    De Londres, arrivent des émissaires et des agents de renseignement.

     

    rennes 1941-1942
     

    En janvier 1941, le capitaine de Corvette d'Estienne d'Orves organise un réseau de renseignements à Nantes et à Rennes.

    Sa dernière visite à Rennes sera celle du 20 janvier.

    Le lendemain, il sera arrêté à Chantenay puis fusillé au Mont Valérien.

     


    Plusieurs réseaux de résistance s'organisent alors ; renseignements par messages radio, récupération des aviateurs alliés tombés sur notre sol et leur retour en Angleterre, réalisation de sabotages.


    18 fusillés, 29 morts en déportation, tel est le lourd tribut que paieront les cheminots rennais de « Résistance Fer »

     

    mais c'est plus de 100 fusillés et 600 internés pour l'agglomération rennaise.

     


    La radio française de Londres est écoutée attentivement, malgré les brouillages continuels ; et de nombreux tracts et journaux clandestins sont diffusés pour contribuer à entretenir l'espoir et à fortifier la résolution de ceux qui ne veulent pas céder au découragement.

     

     

    Le couvre-feu, les restrictions, les files d'attente, les contrôles, les réquisitions, images d'une guerre que les Rennais vont supporter pendant quatre ans. Le Gouvernement français, replié en zone libre, installe ses ministères dans les hôtels pour curistes de Vichy. Début novembre 1940, il nommera Rippert, au poste de préfet régional succédant de la sorte à Jouanny.

    C'est dans cette atmosphère grise et froide que l'année 1940 s'achève. Les années qui vont suivre, ne semblent pas y devoir changer grand chose.

     

     

    Les années 1941 et 1942 vont surtout voir la prolifération des cartes et des tickets de rationnement. Il en faut, bien sûr, pour l'alimentation, mais aussi pour les textiles, les chaussures, le charbon, le caoutchouc, le fer, etc...

     

    Vichy met en place un service de « Répartition générale » qui doit apporter une meilleure distribution des denrées devenues rares.

     

    Accompagnant régulièrement les périodes de restrictions et de privations, le marché noir a fait son apparition (et sera responsable de l'enrichissement, pour le moins rapide, de certaines catégories de trafiquants). Pour 500 g d'huile, d'interminables files d'attentes s'allongent sur les trottoirs, les bicyclettes sont de nouveau les petites reines, et les amateurs de l'automobile se déplacent en masse au champ de Mars où la Foire-Exposition leur offrent les tout derniers modèles de gazogènes. 
     

     

    On apprend à se discipliner pour faire la queue aux portes des magasins ou pour s'inscrire dans l'espoir de 100 g de viande ou d'un litre de vin ; on parle coupons, rations, travailleur de force, on calcule, on troque, on revend. C'est l'ère des succédanés et des ersatz, le triomphe des B.O.F. et de la « débrouille ».
    Mais Rennes n'oublie pas.

     

    On n'oublie pas ceux qui croupissent dans les stalags et les offlags d'Allemagne, on n'oublie pas les patrouilles nocturnes et les affiches noires et jaunes qui annoncent les exécutions au Colombier ou à la butte de la Maltière, derrière la poudrière.

     

    On n'oublie pas les bombardements, et chaque fenêtre est soigneusement peinte en bleu ou occulté avec du papier spécial. On creuse des abris sur les principales places de la ville : place Sainte-Anne, Croix de la Mission, dans les jardins de la Préfecture et même dans les pelouses du Thabor.

     

    Recouverts de sacs de sable, de terre, de tôles, de madriers, ils rappellent constamment aux Rennais que, même dans la tranquillité relative dont jouit la ville durant ces deux années, la guerre n'est pas terminée. 


    Quelques alertes ont bien émaillé ces deux années, mais aucun bombardement n'est venu frapper la ville ; seule la base de Saint-Jacques a essuyé plusieurs attaques des bombardiers allié

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-1944-espoir.html

     

     rennes bombardee en 1943

     

     

    Il fait un temps printanier magnifique, et les rues de la ville présentent un aspect joyeux et inhabituel.

     

    C'est le Lundi Gras, beaucoup de magasins ont baissé leurs volets de fer, et tout le monde se retrouve sur le Champ-de-Mars où la fête foraine a planté ses stands et manèges.

     

     

    bombardement rennes en 1943 

    C'est au milieu des cris de joie et des flonflons, qu'à 14 h 30, les premières explosions creusent des fossés sanglants dans la foule massée sur l'esplanade.

     

    En moins d'une demi-heure, et sans que les sirènes aient eu le temps de lancer leurs sinistres cris, le Champ-de-Mars n'est plus qu'un champ de Morts. 


    C'est au milieu d'un chaos indescriptible que les premiers sauveteurs, accourus en hâte de tous les coins de la ville, s'acharnent sur les manèges déchiquetés, soulèvent les stands effondrés, dégageant avec beaucoup de précaution les rares survivants.

     

     

     rennes 1943

    Ce sont surtout des enfants en vacances, pour ce Lundi Gras, que les sauveteurs aligneront dans la chapelle ardente dressée dans une baraque en bordure du Champ-de-Mars. Le reste de la ville n'a malheureusement pas été épargné. 

     


    Le noeud ferroviaire de la gare de triage étant, semble-t-il, l'objectif attribué aux forteresses volantes de l'U.S. Bomber Command (commandement américain de l'aviation de bombardement), le quartier de la Gare et la rue Saint-Hélier ont été particulièrement éprouvés. Au bout de la rue Saint-Hélier encombrée de débris, la Société Économique dresse la silhouette carrée de ses entrepôts, rue Monseigneur-Duchesne.

     

    C'est dans les caves de ces entrepôts, qui jouxtent la voie ferrée, que les 71 employés périront, prisonniers dans leur abri incendié. Des centaines de corps meurtris, brûlés, déchiquetés, s'entassent à présent dans les principaux hôpitaux de la ville.

     

    L'Hôtel-Dieu est vite débordé par cet afflut continuel de blessés et bien que ce drame ait dépassé en horreur et soudaineté tout ce que les sauveteurs pouvaient imaginer, les secours s'organisent très rapidement.

     

     

    Les quartiers épargnés envoient leurs équipes de D.P. ; des bénévoles fouillent méthodiquement (au moyen de tiges de fer) les décombres des maisons effondrées, le personnel des hôpitaux, les sapeurs-pompiers, sous les ordres du commandant Dubois, la Croix-Rouge, organisent une évacuation rapide. La ville entière participe au sauvetage et à l'hébergement de ses victimes. 

     


    Outre le quartier de la gare, les quartiers du Cimetière de l'Est, rue de Châteaugiron, et boulevard Villebois-Mareuil d'une part et les rues Ange-Blaise, Ginguené, lb quartier de la T.S.F. établi rue de l'Alma d'autre part, sont le théâtre des mêmes scènes de désolation.

     

    Seuls dégâts aux installations militaires allemandes, le parc d'artillerie de la caserne de Guines et la caserne du Colombier ont été touchés. La propagande allemande et vichyste sauront exploiter au mieux ces fatales erreurs de l'aviation alliée.

     

     

    Obsèques le 11 mars 1943 à Rennes

    C'est dans une ville silencieuse et recueillie que le 11 mars se déroulent les obsèques des victimes de la tragédie du 8 mars.

     

    Le préfet de région M. Jean Quenette, le maire, F. Château, entourés d'une foule de personnalités, président à la cérémonie.

    Le maréchal Pétain et Pierre Laval sont représentés par le ministre d'État Cathala.

     

     

    La foule se réunit tout d'abord place de la Mairie, où les camions transportant les cercueils ont été rangés face au théâtre.

     

     rennes 1943

    Puis le cortège rejoint la place Saint-Pierre où Monseigneur Roques, successeur de Monseigneur Mignen décédé au début de la guerre, doit célébrer l'Office funèbre avant de gagner les cimetières du Nord et de l'Est.

     

     obseques rennes 1943

    C'est entre deux haies de Rennais recueillis et silencieux que le convoi, après avoir suivi les berges de la Vilaine, dépose en terre ses 173 cercueils.

     

    Durant tout le mois de mars les recherches vont se poursuivre dans les décombres, et il ne se passe pas de jour sans que de nouveaux corps soient découverts.

     

    1943 rennes 

     

    Ce sont les volontaires de la D.P. et les scouts qui sont chargés de la difficile tâche d'identification. Le nombre total des corps se monte à plus de 300 dont beaucoup ne seront jamais identifiés. Finalement, Rennes vient de subir son premier mais très dur bombardement.

     

     rennes 1943

    La soudaineté de l'attaque, la destruction d'objectifs sans intérêt stratégique, le massacre de centaines d'innocents laissent au coeur des Rennais un sentiment de colère indignée mélé à de l'inquiétude.

     

    Durant les deux mois qui vont suivre, les alertes vont être pratiquement quotidiennes et la descente à l'abri devient chose courante pour une population maintenant réaliste et disciplinée.

     

    Le 29 mai 1943 à Rennes

     

    Le 29 mai, en fin d'après-midi, les bombardiers de l'U.S. Air Force sillonnent de nouveau le ciel et écrasent le nord de la ville sous un tapis de bombes Le cimetière du Nord est dévasté, tout le quartier alentour bouleversé.

     

    La rue de Brest et les jardins du grand séminaire, le boulevard Marboeuf comptent de très nombreux cratères. Le centre de la ville : les rues Nantaise, le Mail, les rues entourant la place de Bretagne ont été aussi touchés par les bombes soufflantes.

    Comme les mêmes scènes tragiques se déroulent et il est clair que les bonnes volontés ne suppléent pas à un matériel défaillant, il devient urgent de créer une véritable protection de la population.

     

    Le bombardement du 29 mai comptera plus de 220 morts et 300 blessés qui rejoindront les victimes déjà trop nombreuses.
     

     

    La Municipalité va donc décider le déplacement des enfants de la ville vers des régions moins dangereuses.

     

    Le lycée de filles est reconstitué à la Guerche-de-Bretagne, celui de garçons trouva refuge dans le petit bourg de Louvigné-de-Bais. Le 10 juillet, Jean Quénette est remplacé par Philibert Dupart au poste de préfet régional.

     

    rennes mai 1943

     

    Dans le pays qui s'achemine vers sa quatrième année d'occupation, les attentats et les sabotages s'amplifient et touchent à présent tout le pays auxquels les Allemands répondent par des assassinats d'otages de plus en plus nombreux. 
     

     

    1944... Espoir et bombardements

    La fin de l'année 1943 confirme le redressement du bloc allié face à une Allemagne exsangue.

     

    En juillet, les Russes entament la reconquête de leurs sols, les Italiens capitulent le 3 septembre et la Corse est libérée au début du mois d'octobre.

     

    La nouvelle année débute par un remaniement régional. Philippe Dupart quitte son poste, remplacé par Robert Martin.

     

    Les quatre premiers mois de cette année 1944 sont relativement calmes pour la ville qui ne reçoit plus la visite des bombardiers depuis le 29 mai 1943, et la peur des deux précédents bombardements commencent à s'estomper.


    Seule la base aérienne de Saint-Jacques de la Lande, d'où partent les Messerschmidts qui bombardent l'Angleterre, subit les raids d'une aviation alliée, de plus en plus puissante et audacieuse.


    A plusieurs reprises, la population des environs est réquisitionnée afin de remblayer les pistes rendues impraticables par les bombes. Les habitants des communes environnantes : Saint-Jacques-de-la-Lande, Bruz, Chartres-de-Bretagne, Chavagne ont fini par s'habituer tant bien que mal à ces attaques répétées sur les terrains de la « Luftwaffe ».

     


    A Bruz, ce 7 mai est un grand jour. Le petit bourg de 800 habitants fête ses enfants. A la cérémonie religieuse et à la procession de la Communion, succède le traditionnel repas et c'est tard dans la soirée, que Bruz fatigué, s'endort.

     

     

    bruz 1944 

    A 23 h 45, succédant aux hurlements des sirènes, les premières bombes écrasent en moins de 25 minutes la petite localité endormie.

     

    Les explosions ayant cessé, les survivants qui ont tenté de fuir au milieu des gravats et des incendies reviennent sur les lieux. La deuxième vague des bombardiers lourds achèvera les destructions de la première vague.

     

    bruz
    Aussitôt, des communes avoisinantes, on se précipite sur les lieux de la tragédie, et c'est à la lumière des incendies et des projecteurs de pompiers de Rennes accourus en toute hâte, que les premiers blessés sont extraits des décombres.

     

    C'est avec le jour que les sauveteurs bénévoles comprennent l'étendue de la tragédie du petit bourg, il ne reste plus que quelques bâtisses éventrées, serrées contre l'église dont le squelette noirci se dresse dans un ciel merveilleusement bleu.

     

    Le député-maire, le docteur Joly et le docteur Belliard travailleront sans relâche à soulager les victimes dont le bilan s'alourdit d'heure en heure.

     

    Ces deux médecins, dont le courage et l'abnégation forceront l'admiration des témoins du 8 mai, ont perdu toute leur famille dans la tragédie. Des familles entières ont été anéanties.

     

    Au cours des heures qui suivent, près de 200 cercueils sont ainsi alignés dans le choeur de l'église de Chartres-de-Bretagne, où les obsèques seront célébrées par Monseigneur Roques quelques jours plus tard.

     


    La petite ville de Bruz vient de subir son unique bombardement. Unique bombardement, qui la raye de la carte. Les jours qui ont suivi l'anéantissement de Bruz, les alertes sur Rennes vont devenir pratiquement quotidiennes.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-juillet-1944.html

    Même les petites villes et les bourgs de la région ne sont plus à l'abri des raids aériens alliés : Janzé, Bain, Châteaugiron comptent de très nombreuses victimes. Rennes est constamment parcouru par des convois de matériels et d'hommes harassés qui fuient le gigantesque piège qu'est devenue la Normandie.

     


    Afin d'enrayer cette fuite, les chasseurs bombardiers attaquent régulièrement les colonnes qui s'étirent le long des routes.

     


    Le 17 juillet, en plein midi, les cinq coups longs de la sirène précipitent les Rennais dans les caves. Pendant près d'une demi-heure, les vagues se succèdent au-dessus de la ville. L'hôpital psychiatrique de Saint-Méen est sévèrement frappé, plus de 100 corps jonchent la cité, principalement les quartiers Nord-Est de la ville.

     

    Les deux cimetières ont leurs tombes de nouveau bouleversées.

     

     

    Dans la nuit du 5 au 6 juin, prévenus par un message spécial de la B.B.C., des groupes de résistants appartenant au F.T.P. et dirigés par L. Pétri, font sauter les voies ferrées autour de Rennes.

     

    Juin-Juillet 1944 à Rennes

    La nouvelle du Débarquement traverse Rennes comme une traînée de poudre. Dans les files d'attente, on la commente avec vigueur mais prudence et les « bobards » vont bon train.

     

     rennes juin 1944


    Le 7 juin, dès 7 heures du matin, vingt Rennais sont arrêtés à leur domicile et internés comme otages à la prison Jacques-Cartier.

     

    Le 12, ils seront transférés au camp Marguerite, baraque 14, où ils rejoignent d'autres otages.

     

    Le 14 juin, à la suite d'une intervention de Monseigneur Roques auprès du Major Kruger, 7 otages sont libérés.

     

    Les autres seront libérés le 1er août grâce au Professeur Morice.

     

     juin 1944 rennes

    Le 9 juin, entamant la destruction systématique des points stratégiques de Rennes, l'aviation alliée approche en vague serrée.

     

    Trois fois durant la nuit les « Lancaster » et les « Wellington » anglais largueront leurs bombes à la lueur des incendies allumés par la première vague.

     


    Le quartier de la gare et la rue Saint-Hélier ont été de nouveau touchés.

     

    L'église Saint-Germain n'a pas été épargnée et les petites maisons de bois qui garnissaient la place sont incendiées.

     

    Les quais, eux-mêmes, ont subi les déflagrations des bombes de 1 000 livres. Il faudra plusieurs jours aux sauveteurs et à la Défense passive pour retirer plus de 100 cadavres des ruines fumantes.
     

     

    Alors que les opérations de déblaiement se poursuivent, trois jours plus tard, le 12 juin, les B.17 américains reviennent pilonner la voie ferrée et les routes d'accès à la ville, de très nombreux convois allemands transitant par Rennes pour rejoindre la Normandie.

     

    juin 1944 rennes


    Ces jours de bombardements totaliseront près de 180 morts, les blessés engorgeant les hôpitaux qui, eux non plus, ne sont pas à l'abri des bombes.

     

    Le Centre de Pontchaillou a été particulièrement touché à plusieurs reprises.
     

     

    Pendant tout le mois de juin, les alertes succèdent aux alertes, la Plaine de Baud subit toujours aussi régulièrement les bombes américaines le jour, et anglaises la nuit.

     

    Les troupes d'occupation quittent peu à peu la ville, les alliés affermissant leur progression en Normandie.


    Le dimanche 18 juin, quatre ans jour pour jour après l'entrée des Allemands à Rennes, la ville subit un nouveau bombardement.

     

    Très destructeur, s'étalant en larges vagues espacées sur toute l'après-midi, il n'y aura heureusement que peu de victimes à déplorer ; l'alerte ayant été donnée avec suffisamment d'avance pour permettre aux Rennais de descendre aux abris. 

     


    Le mois de juillet qui voit le rapprochement inexorable des troupes anglo-américaines en Normandie, débute à Rennes dans le sang.

     

    En effet, pour assurer un maintien de l'ordre de plus en plus sévère, les 50 miliciens alors stationnés à Rennes sont rejoints par 250 francs-gardes sous les ordres du déjà fameux De Costanzo.


    Ceux-ci intervinrent brutalement à la suite de l'assassinat à Paris,

    de Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à la Propagande.

     

    Dans toute la France, 150 personnalités furent désignées par Vichy et ordre fut donné aux miliciens de les faire disparaître dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à titre de représailles.

     

    La population rennaise fût indignée et consternée par ces attentats commis contre des personnes honorables de la ville.


    Pour les habitants, les difficultés augmentent de jour en jour ; aux alertes continuelles, s'ajoutent le manque d'eau, les coupures d'électricité, les communications interrompues et même la pénurie de blé qui oblige les autorités à lancer un appel à la solidarité des agriculteurs.

     

     

    La marche vers la liberté

     

     

    Le 31 juillet, à Pontaubault, se succédant sur le seul pont laissé intact par les Allemands, les chars et les soldats américains se ruent sur la Bretagne.
     

     vers rennes en 1944

     

     

    C'est le 8e corps U.S. sous les ordres du général Troy H. Middleton qui a été investi par Bradley de la libération de la province bretonne.

     

    Ce 8e corp fonce sur Brest.

     

    La 4e Armoured division est chargée de la Libération de Rennes,

     

    Les Allemands quittent Rennes en emportant tout ce qu'ils peuvent.

     

    Ne vont rester que quelques compagnies de la Luftwaffe chargées de ralentir l'avance américaine en se servant de leurs canons de 88 comme antichars, et des soldats du génie dont la tâche est de faire sauter tous les ponts qui pourraient faciliter la passage des chars américains.

     

    Le 1 er août, la 4e Armoured division, qu'ont rejoint les fantassins de la 8e division, stationne à Melesse. Le chef du 8e corps, Middleton, est alors confronté à deux conceptions différentes de la libération de la Bretagne.

     

    D'un côté, son supérieur direct, le chef de la Ille Armée, le général Patton. dont la fougue et la rapidité sont redoutées des Allemands et d'un autre, le chef du Xlle groupe d'Armée dont dépend Patton, le général Omar Bradley dont les conceptions sont plus tournées vers la sécurité de ses têtes de ponts et la protection de ses troupes.


    Les tergiversations des deux hommes vont malheureusement retarder la libération de la ville de plusieurs jours.

     

    sherman detruit rennes 1944


    Le 2 août, arrivant par la route d'Antrain les chars de Wood cantonnent autour de Betton ; une simple prairie derrière la petite gare sert de terrain d'atterrissage aux avions d'observation.


    Au matin du 2 août, les blindés de Wood se mettent en ligne sur la R.N. 176 pour entrer dans la ville.

     

    Du haut de leurs tourelles, les chefs de chars américains peuvent apercevoir, dans leurs jumelles, le clocher de la petite église de Saint-Laurent qui domine les champs environnants à gauche de la route.

     

    Quittant Maison-Blanche, les « Sherman » passent sans méfiance devant la ferme des Fontennelles.

     

    En avant de celle-ci se trouve une batterie de Flak (D.C.A. allemande) apparemment abandonnée.

     

    Brusquement, les redoutables canons de 88 qui l'arment, ouvrent le feu.

     

    Touchés à bout portant, 18 chars en flammes, encombrent la route d'Antrain.

     

    Aussitôt, les fantassins de la 8e D.I.U.S. qui accompagnaient les blindés, se ruent à l'assaut de la batterie qui fait feu de toutes ses pièces.

     

    Le combat acharné qui s'en suit, oblige les Allemands à abandonner leurs positions et à se replier sur le quartier Saint-Laurent où ils se terrent dans les jardins et les champs entourant l'église.


    Les Américains avaient cependant été prévenus de l'existence de cette batterie par la Résistance et la population libérée mais il semble qu'ils apportaient peu de crédit à ces informations bénévoles et qu'ils entendaient mener la guerre à leur façon.


    Les deux jours suivants vont être le théâtre de coups de mains et de combats au corps-à-corps sous le pilonnage de l'artillerie.


    Les Américains tirent en effet sur les batteries de D.C.A. allemande du sud de la ville, qui répondent coup pour coup aux obusiers de 180.

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-juin-1944.html

     americains rennes 1944


    Du 31 juillet au 4 août, plus de 6 000 obus américains tombent sur la ville, causant quelques incendies et la mort de 30 personnes.

     

     

    http://www.les-annees-noires.fr/reportages/rennes-occupation/rennes-liberation.html

     

     

    La libération de Rennes en 1944

    Mais Rennes a eu la chance inouïe d'échapper à un bombardement massif comme ceux qui avaient, les jours précédents, écrasés les villes normandes.


    Pendant ces deux jours, le peu d'Allemands qui restaient, s'enfuient précipitamment abandonnant à l'E.P.S., rue Jean-Macé, plus de 600 soldats alliés blessés.


    Le 3 août, les Allemands retranchés désespérément aux Gastelles, subissent plusieurs assauts de détachements de la 8e division, mais sans succès pour les « Sammies ».


    A cette époque, la guerre secrète a pris une autre forme. Il s'agit de remplacer aux commandes, avant l'arrivée des Américains, les hommes de Vichy par ceux de la France Libre.

     

     liberation de rennes

    Les Rennais attendront jusqu'au milieu de la matinée l'arrivée des premiers éléments américains.


    C'est à 10 heures, place de la Mairie, que la foule enthousiaste pourra embrasser ses libérateurs.

     

    Une cérémonie réunit à l'Hôtel de Ville Y. Milon, maire, Legorgeu, commissaire régional, et les officiers américains ainsi que le lieutenant Jean Marin

    — « la voix de la France » — auquel la foule fera une vibrante ovation.

     

    On brûle les kiosques de propagande allemande de la place du Théâtre.


    Les troupes américaines descendent alors la rue Le Bastard, passent sous l'Hôtel du Commerce avant de s'engouffrer sur la route de Nantes sous les acclamations de la foule.

     

    resistant à rennes
    Les trois couleurs sont hissées sur l'Hôtel de Ville après plus de 1 500 jours d'absence. Rennes est libre.

     

    FFI à rennes 

    La marche vers la liberté FFI et collabos à Rennes


    Le Comité régional de Libération est, dans la clandestinité, dirigé

    par M. Le Gorgeu, ancien député-maire de Brest.

     

    F.F.I. et collabos à Rennes

    Il était arrivé à Rennes le 13 mai pour organiser avec le Mouvement de Libération Nationale (M.L.N.) la mise en place des nouvelles structures et le choix des hommes qui doivent remplacer l'Administration Vichyssoise.

     

     

    1944 liberation de rennes


    Dans la soirée du 3 août, les commandes du M.L.N. prennent possession de la Préfecture, de la Mairie, de la police, de la Banque de France, de la poste et de la prison.

     

    collabos à rennes en 1944
    A 5 heures du matin, toute la ville tremble sous les explosions ; tous les ponts sauf le pont Legraverend et Saint-Martin sont détruits, et c'est dans un paysage lunaire que les Rennais sortent des abris.

     

    Les quais ont beaucoup soufferts.

     

    Certains ponts ont même résisté aux puissantes charges déposées par les Allemands.

     

     

    liberation de rennes 

     

    http://www.les-annees-noires.fr/…/…/rennes-FFI-collabos.html

     

     

     

     

     

     

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  • Photo prise en mai 1945 à l'hôtel Lutetia de prisonniers libérés consultant la liste des personnes déportées recherchées après la libération des camps.

    Photo prise en mai 1945 à l'hôtel Lutetia de prisonniers libérés consultant la liste des personnes déportées recherchées après la libération des camps. AFP 

     

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    [Cet article a été publié dans Libération en janvier 2005, à l’occasion du 60e anniversaire de la liberation du camp d’Auschwitz]

    «Je n'osais leur dire ce qu'était réellement Auschwitz.»

     

    En 1945, Charles Palant, comme tous ceux qui reviennent des camps, préfère se taire plutôt que tuer l'espoir des familles qui attendent, nuit et jour, le retour d'un proche au centre d'accueil de l'hôtel Lutetia.

     

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    Les marronniers sont en fleurs sur le boulevard Raspail et une douceur printanière baigne la capitale française, qui profite de ses premiers mois de liberté.

    Mais devant l'hôtel Lutetia, une petite foule reste là jour et nuit, bloquée derrière des barrières, visages tendus, photos brandies à bout de bras, écriteaux portant les noms des leurs. Ils attendent le retour des déportés.

     

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    Photographie de déportés transportés en bus vers l'hôtel Lutetia, printemps 1945

     

    Même si la spécificité de l'extermination de cinq millions à six millions de juifs n'apparaît pas encore dans toute son évidence, l'horreur des camps commence à émerger avec les premiers témoignages et les images de corps squelettiques.

     

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    Ils viennent le matin avant le travail et reviennent le soir.

    Quand un convoi de bus arrive, déchargeant sa cargaison fantomatique, les conversations

     

     

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    Principal centre d'accueil des déportés rapatriés, l'hôtel Lutetia devient le lieu de rassemblement des familles dans l'attente de nouvelles. Un service de renseignement est installé pour tenter de coordonner la diffusion des informations. A.F.P.

     

     

    ARRIVEE à l'HOTEL LUTETIA

     

    Les uns et les autres arrivaient tout aussi maigres avec en main un paquet dans lequel ils avaient mis des bouts de sucre, un coupon de tissu, un gobelet, un morceau de couverture...

    Beaucoup trouvent l'appartement occupé ou pillé.

    Parfois, la concierge les accueille comme s'il ne s'était rien passé.

     

    «Elle m'a donné les clefs et même du courrier, l'appartement était vide avec la table encore mise, comme au moment de l'arrestation, et je n'ai pas supporté»

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    Ils pénètrent sous les dorures du grand hall de l'hôtel, puis direction la désinfection.

    Ensuite commencent les formalités d'enregistrement qui leur donneront des papiers provisoires après interrogatoire. «C'était une grande pagaille.

    On voyait de vrais déportés dénonçant du doigt des faux déportés qui s'étaient infiltrés dans leurs rangs afin de se refaire une virginité»,

    a raconté au Magazine littéraire Bertrand Poirot-Delpech, alors lycéen de philo à Louis-le-Grand et boy-scout qui, comme tant d'autres dont Michel Rocard, se porta volontaire pour aider les rescapés.

    Les interrogatoires de la police militaire sont méticuleux.

    «Un pyjama rayé, c'était facile à trouver.

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    On craignait l'infiltration d'ex-collabos ou même de SS dans cette masse de rapatriés sans papiers, raconte André Lafargue, rapidement identifié grâce à son réseau de résistance.

    Ebensee était un petit camp que personne ne connaissait, mais j'étais heureusement passé par Buchenwald et Mathausen.

    J'ai décrit l'entrée, les camarades avec qui j'étais.»

    Pour les juifs, surtout les étrangers livrés à la machine de mort par la police de Vichy, le moment est plus dur.

    «C'était des questions de flic, et on se méfiait»,

    reconnaît Charles Palant.

     

    Chaque histoire est une tragédie.

     

     

    Chaque survie un hasard ou un miracle.

    Chaque libération une épopée différente.

    Au Lutetia, ils ont reçu une carte de rapatriement. Ils ont mangé, parfois pris une veste ou un pantalon.

    Des chambres sont à leur disposition, mais la plupart préfèrent ressortir aussitôt.

    «Téléphoner, l'idée était impensable»
    C'est maintenant le moment le plus difficile, celui de la recherche des proches, le vrai retour tant attendu et tellement craint, en premier lieu pour les juifs.

    «Un prisonnier libéré téléphone tout naturellement chez lui, mais pour nous l'idée était impensable, probablement parce que, nous, tout le monde était mort», écrit la psychanalyste Anne-Lise Stern, arrivée à Lyon en juin 1945.

    C'est une amie qui téléphona pour elle. Ses parents avaient survécu. Joseph Bialot avait envoyé un télégramme dès son débarquement à Marseille, annonçant qu'il arriverait gare de Lyon : 
    «Mon père était venu, mais il ne m'a pas vu ou pas reconnu.» 
    Le ventre noué, il a quand même décidé de rentrer chez lui. Léopold Rabinovitch, lui, s'est précipité au centre d'accueil du XXe arrondissement pour retrouver des camarades :

    ------- là, il a vu son nom et celui de son frère sur la liste des probables fusillés.

     

     

    Beaucoup trouvent l'appartement occupé ou pillé.

     

    Parfois, la concierge les accueille comme s'il ne s'était rien passé.

    «Elle m'a donné les clefs et même du courrier, l'appartement était vide avec la table encore mise, comme au moment de l'arrestation, et je n'ai pas supporté», a raconté dans un documentaire Marcel Bercau, ancien d'Auschwitz et seul rescapé de sa famille.

    Pendant des mois, il a attendu en vain le retour des siens, laissant toujours la lumière allumée ou les fenêtres ouvertes s'il sortait, afin de leur montrer que quelqu'un était là.

    Dans l'appartement, Charles Palant a trouvé son frère Jean et sa belle-soeur.

    A la joie des retrouvailles se mêlait l'angoisse de l'insoutenable vérité qu'il portait en lui.

    Lors de la première «sélection» à son arrivée à Auschwitz-Birkenau, il a vu sa mère partir avec les autres femmes, les enfants, les vieux et tous ceux destinés à la chambre à gaz.

    «Sur le coup, je n'ai pas compris que cela signifiait une mort immédiate, et quand, au camp, j'ai appris le sort de ceux qui n'étaient pas là, je n'avais d'autre choix que de tenir et de renvoyer à plus tard le deuil.»

    A Auschwitz, il avait aussi vu mourir le frère de sa belle-soeur. «Comment lui expliquer que moi, freluquet, je suis vivant et que ce solide gaillard, lui, est mort ?

    Comment sauter au cou de mon frère en lui disant qu'ils ont été tous assassinés ?»,

    explique le survivant, convaincu encore aujourd'hui qu'il valait mieux que son frère et sa belle-soeur «se fassent peu à peu d'eux-mêmes à cette idée en voyant que les retours étaient de moins en moins nombreux».

    Pendant des semaines, Charles Palant a ainsi continué à se rendre au Lutetia pour pouvoir dire à sa belle-soeur qu'il allait «voir s'il y avait des nouvelles».

    «Ceux qui ont vu la Gorgone...»

    A chaque fois, il y retrouvait les mêmes scènes, les visages anxieux à la recherche désespérée d'un indice :

    «Je n'osais leur dire ce qu'était réellement Auschwitz.»

    Les rescapés ont commencé à reprendre du poids et leurs cheveux à repousser mais sont restés reconnaissables entre tous.

    Parfois s'exprime à leur égard un petit geste de solidarité, un poinçonneur qui refuse le ticket de transport, un fleuriste qui fait cadeau du bouquet.

    Souvent fusent les questions qui déclenchent l'angoisse de l'impossible réponse.

    La peur de ne pas être cru par ceux qui n'ont pas vécu l'horreur des camps comme la crainte de faire plonger dans l'horreur ceux qui sont impliqués au travers de leurs proches.

    «Ma femme s'est ainsi toujours refusée à savoir exactement quand et comment mourut sa mère, à devoir l'imaginer se déshabillant puis courant nue sous les coups jusqu'à la chambre à gaz», dit Léopold Rabinovitch.

    La différence est grande, souligne-t-il, entre les «politiques» et les «raciaux», entre ceux déportés pour avoir résisté et couru des risques assumés et ceux uniquement coupables d'être nés.

    «Pour moi, abonde André Lafargue, la déportation a signifié la fin des interrogatoires et la possibilité, en retrouvant des camarades, de continuer la lutte au camp.»

    Son matricule ­ 53 858 ­ lui vient encore aux lèvres en allemand, automatiquement.

    Pour les survivants d'Auschwitz, le principal des camps d'extermination, ce numéro est tatoué indélébilement dans leur chair et dans leur âme.

    «Il m'a fallu plus de vingt-cinq ans et une psychanalyse pour réussir à sortir du camp», souligne Joseph Bialot. Beaucoup y restent enfermés à jamais.

    «Nous, les survivants, nous sommes une minorité exiguë mais anormale : nous sommes ceux qui, grâce à la prévarication, à l'habileté ou à la chance, n'ont pas touché le fond.

     

     

    Ceux qui l'ont fait, ceux qui ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter», écrivait Primo Levi dans les Naufragés et les rescapés, quarante ans après Auschwitz.

    En 1987, il se jetait dans la cage d'escalier de son domicile turinois.

     

    Marc Semo

     

     

    http://www.liberation.fr/societe/2005/01/24/au-lutetia-le-silence-des-survivants_507114

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    RESISTANCE

    Réseau  ARC-EN-CIEL

     

    Le réseau Arc-en-Ciel est fondé en novembre 1942 à l'initiative de plusieurs agents du BCRA: docteur Raymond Baud alias "Claude Béziers", Paul Emile Fromont, étudiant en médecine à Paris, Jean Héron  (31 ans en 1940,Domicile :Sarrebruck)

    et Jean-Albert Vouillard  dit "Karl", coupé du mouvement Libération et recruté en 1943.

     

    Ce réseau de renseignement militaire travaille pour le BCRA en rapport avec le réseau Turma-Vengeance.

     

    Le réseau Arc-en-Ciel travaille exclusivement dans la zone Nord et se développe rapidement dans la Région parisienne, dans le Nord et en Normandie.

    NB Arc-en-Ciel est un des six sous-réseaux de Turma, comme indiqué dans  ce livre  (page 69) écrit en 1946 parFrançois Wetterwald. (liste officielle des mouvements FFC, JO du 16 novembre 1946 )
     

    La tâche essentielle du réseau est la collecte de renseignements.

     

    Des informations sont ainsi rassemblées sur les mouvements de troupes ou les installations militaires comme les bases de V2.

     

    En parallèle, le réseau fait du contre-espionnage en tenant à jour les effectifs de la Gestapo

     

    Les renseignements collectés sont transmis à Londres par pigeons-voyageurs ou par l'intermédiaire du réseau Turma-Vengeance.

     

    Pour la Normandie, dite "Zone de feu", c'est Jean Héron ,

    alias "Jean-Claude Devaux" qui implante et anime l'organisation.

    Il a pour contact un roumain, nommé Grachenko, ancien des Brigades rouges.

    Secondé par Arthur Collard , Jean Héron  recrute une vingtaine d'agents dans tout le département. Les liaisons avec les autres secteurs sont assurées par Paulette Leconte , qui centralise les renseignements et les transmet à la direction parisienne, qui les achemine à Londres.

     

    Le réseau fabrique aussi de nombreux faux papiers pour ses agents et les réfractaires au STO.

     

    En septembre 1943, un agent de la Gestapo réussit à s'infiltrer dans le réseau à Paris provoquant de nombreuses arrestations.

     

    Raymond Baud est ainsi capturé et déporté à Sachsenhausen.

     

    Paul Fromont prend sa succession sans savoir qu'un traître renseigne les services de l'Abwehrle service de contre-espionnage de l'armée allemande.

     

    En Normandie, le réseau a perdu un soutien précieux après

     

    l'arrestation du docteur Pecker  en mai 1942.

     

    A partir de 1943 et surtout de 1944, les arrestations dans les rangs de la Résistance se multiplient. 

     

    Lucien Brière, agent français de la Gestapo, est un des principaux responsables de ces arrestations.

    Jean Héron  demande alors l'élimination de Brière à Londres.

    Le 3 mai 1944, un commando du réseau mené par Jean Héron assassine Brière.

    Les Allemands. fous de rage, sont bien décidés à retrouver les auteurs de l'attentat et à prendre leur revanche.

     

    Celle-ci s'exercera trois semaines après.

     

    L'Abwehren coopération avec la Gestapoobtient de précieux renseignements sur le réseau, grâce à la complicité d'un traître parisien, Philippe Pierret.

     

    Le 17 mai 1944, Jean-Albert Vouillardse rendant à un rendez-vous donné par Pierret à Paris, tombe dans un traquenard.

     

    En tentant de s'échapper, il est abattu par les Allemands.

    A Caen, les services de répression allemands frappent quelques jours plus tard. par l'intermédiaire de deux agents français de l'Abwehrenvoyés en mission à Caen pour détruire le réseau.  Dont Pierre Beudet  de l'Abwehr de Lille.

    L’Abwehr, mot allemand signifiant « défense », est une ancienne organisation de l'armée allemande qui opéra de 1921 à 1944. Elle constituait le service de renseignements de l'état-major allemand. 

    Les deux hommes ont pris contact avec la Gestapo de Caen, dès leur arrivée, et ont carte blanche pour remplir leur mission.

     

    Très vite, ilsréussissent à prendre contact avec Raymond Pauly, un résistant peu méfiant, qui les met en relation avec certains de ses camarades. L'enquête menée sur les deux hommes est satisfaisante et Jean Héron  est prêt à travailler avec eux.

    Le 22 mai 1944, Raymond PaulyArthur Collard  et son fils Jacques sont arrêtés par les hommes de la Gestapo, renseignée par les agents infiltrés de l'AbwehrDans les jours qui suivent. les Allemands capturent Anatole Lelièvre ,Maurice Dutacq Marcel Barjaud Roger Veillat Yves Le Goff Roland Postel , Edouard Poisson, Madeleine Héron, Paulette Leconte  femme de Jean Héron, Paul et Jeanne Leconte, la Gestapo n'ayant pu arrêter leur fille Paulette René Huart, André Lebrun (19 ans en 1940, employé de commerce - Organisation : Arc-en-Ciel - Domicile : Caen). Jean Héron  parvient à échapper aux griffes de la Gestapo.

    Le 6 juin 1944. les Allemands exécutent à la prison de Caen

    Roger Veillat, Yves Legoff, Roland Postel, Paul Leconte,

    Anatole Lelièvre, Raymond Pauly 

    et Maurice Dutacq.

     

    Madeleine Héron et Jeanne Leconte sont libérées le 7 juin au matin.

     

    Les rescapés de la tuerie sont conduits à pied vers Fresnes.

     

    Arthur Collard et René Huart s'ajouteront aux martyrs du réseau.

    Sources :

    Archives de Jean Quellien.

     

    Cédric Neveu

     

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/reseau-arc-en-ciel.htm

     

     

     

     

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