L'US Army représente la composante des forces armées américaines la plus importante, tant au niveau des effectifs que des responsabilités et des missions assignées: les opérations terrestres. C'est également une des plus vieilles armées du monde. Héritière de l'Armée Continentale de la Guerre d'indépendance, elle est divisé en deux catégories: les unités d'active ou "Active Components" (AC), et les unités de réserve (ARNG et USAR), de forces et d'effectifs à peu près égaux (46% et 54%). A la fin de l'année 2007, ses effectifs s'élèvent à environ 1.1 million d'hommes: 542000 soldats d'active, 352000 Gardes nationaux et 189000 réservistes. Ainsi que 149000 mobilisables et 218000 civils sous contrat.
Naissance d'une armée (1775-1815).
L'US Army tire ses origines de l'Armée continentale, créée en juin 1775 pendant la guerre d'indépendance américaine. Lorsque l'Armée continentale est dissoute, en 1783, après la signature du Traité de Versailles et la fin du conflit avec la Grande-Bretagne, l'United States Army la remplace presque aussitôt, en incorporant les unités de milice des différents Etats.
Après la révolution américaine, les Etats-Unis doivent faire face aux menaces aussi bien sur mer que sur ses frontières occidentales. En politique internationale, les Etats-Unis ne représentent encore qu'une puissance militaire mineure, avec une armée et une marine modeste.
La méfiance traditionnelle des Américains envers l'Armée nationale, combinée avec la foi dans les capacités de la milice locale, a exclu le développement des unités bien entraînées. Le président Thomas Jefferson préfère ne garder qu'une petite armée de terre et une petite marine, craignant qu'une grande armée n'entraîne les Etats-Unis dans des guerres étrangères, ou que celle-ci serve à imposer une dictature.
Après le traité de Versailles et la révolution, les Britanniques cèdent aux Etats-Unis les Appalaches et le bassin du Mississippi, bien qu'aucun colon américain ne vivait sur ces terres.
Les Etats-Unis prennent prétexte de l'appui de certaines tribus amérindiennes à l'Empire britannique, pour obliger leurs chefs à céder des terres cultivables aux colons et aux nouveaux immigrants. C'est le début de la colonisations des territoires indiens par les Américains.
Cette expansion provoque un premier conflit, la "Guerre indienne du Nord-Ouest". Le 4 novembre 1791, la "Confédération de l'Ouest", une alliance des tribus amérindiennes Shawnee, Lenape et Miami vivant dans la région des Grands Lacs, inflige sur les rives du fleuve Wabash (Ohio) une sévère correction à une petite armée américaine (1000 hommes) mal préparée, commandée par le général Arthur St. Claire.
Cette bataille, appelée "Massacre de Columbia", "Défaite de St. Clair" ou encore "Bataille de la Wabash", est une des pires et humiliante défaites de l'US Army face aux Amérindiens. La Confédération de l'Ouest enregistre 21 guerriers tués et 50 blessés, alors que 623 soldats, ainsi que 57 civils américains, sont tués ou capturés, et 258 autres blessés.
George Washington envoie une seconde armée, mieux entraînée, dirigée par le général Antony Wayne. Cette fois, les Américains sont victorieux, lors de la Bataille de Fallen Timbers, le 20 août 1794. Battue, la Confédération de l'Ouest doit se résigner à signer le "Traité de Greenville" le 2 août 1795, et céder aux Etats-Unis les territoires qui correspondent aujourd'hui à l'Ohio et à une partie de l'Indiana.
En 1812, pour aider Napoleon et la France du Premier Empire, les Etats-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne. C'est dans l'histoire américaine la première guerre officielle déclarée contre une puissance européenne. Dans l'incapacité de battre la Royal Navy dans l'Atlantique et de débarquer en Europe, les Etats-Unis misent sur l'invasion du Canada britannique, dans l'espoir d'utiliser le territoire conquis comme monnaie d'échange dans de futures négociations. Mais cette offensive américaine au Canada tourne bientôt à la déroute militaire.
Plus grave encore: les troupes britanniques se ressaisissent, contre-attaquent et envahissent le territoire américain dans la région des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, selon deux axes de progression, à partir de l'Ontario et du Quebec.
Après la victoire sur Napoleon, en 1814, les Britanniques débarquent sur la côte Est des Etats-Unis. Les troupes du général Robert Ross pénètrent dans Washington DC le 25 octobre 1814 et incendient la ville, bien que la campagne de la baie de Chesapeake se termine par une victoire américaine à la Bataille de Baltimore, le 15 septembre 1814.
Le 24 décembre 1814, le conflit se termine officiellement par le Traité de Gand, en Belgique, sur un Status Quo. Mais des combats se poursuivront encore pendant plusieurs mois. Avec notament, un second débarquement britannique dans le Sud et, le 8 janvier 1815, la bataille de La Nouvelle-Orléans, où les Américains commandées par le général Andrew Jackson forcent les Britanniques à réembarquer et à se retirer de Louisiane.
Expansion continentale (1817-1860).
De 1817 à 1858, une série de trois conflits opposent les Etats-Unis aux Indiens, les "Guerres Séminoles" ou "Guerres de Floride" (8). La première, de 1817 à 1818. La seconde, particulièrement longue, de 1835 à 1842. Et la troisième de 1855 à 1858. Elles se concluent par une victoire américaine, et la Floride espagnole passe sous l'autorité des Etats-Unis.
Avec le "Manifeste de la Destiné" (Manifest Destiny), les Etats-Unis entreprennent la colonisation et l'annexion du continent Nord-Américain de l'Atlantique au Pacifique. Cela les entraînent dans toutes une longue série de guerres avec les tribus indiennes et le Mexique.
C'est notamment la "Guerre d'indépendance du Texas", alors province mexicaine, du 2 octobre 1835 au 21 avril 1836. Les colons américains, soutenus par Washington, se révoltent contre l'autorité du Mexique, et l'Armée mexicaine commandée par le général Antonio Lopez de Santa Anna est envoyée pour "mater la révolution".
Le 21 avril 1836, les troupes texanes conduites par Sam Houston et répondant à son cri de ralliement "Souvenez-vous d'El Alamo", écrasent les Mexicains à San Jacinto et capturent Santa Anna et tout son état-major. Celui-ci est forcé de signer le 14 mai suivant les Traités de Velasco qui proclament et garantissent l'indépendance de la "République du Texas".
En 1845, après un référundum populaire, le Texas devient le 28ème Etat américain. Mais en 1846, le Mexique dénonce les traités et refuse de reconnaitre sa défaite de 1836.
Du 25 avril 1846 au 2 février 1848, c'est la "Guerre américano-mexicaine", qui se conclue par la victoire des Américains et le traité de Guadalupe Hidalgo.
De mai 1857 à juillet 1858, c'est la "Guerre de l'Utah", entre les Mormons et l'autorité fédérale du président James Buchanan.
Guerre civile américaine (1861-1865).
Depuis le "Compromis du Missouri" de 1820, les Etats-Unis sont divisés sur la question de l'esclavage. En 1860, après quarante ans d'antagonisme, l'élection du Républicain anti-esclavagiste Abraham Lincoln finit par mettre le feu aux poudres. C'est la guerre civile américaine, ou "Guerre de Sécession" (13) entre l'Union (au nord) et les Etats Confédérés (au sud).
Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud est le premier Etat sudiste à faire sécession. Les évenements vont s'enchaîner très rapidement. Le 9 janvier 1861, c'est le tour du Mississippi. Le 10 janvier, celui de la Floride. Le 11 janvier, l'Alabama. Le 19 janvier, la Géorgie. Et le 26 janvier, la Louisiane.
Le 1er février 1861, le Texas décide de soumettre sa sécession à un référundum populaire. Et le 23 février 1861, les Texans font sécession.
Le 12 avril 1861, à l'entrée du port de Charleston, en Caroline du Sud, l'artillerie confédérée ouvre le feu contre le fort Sumter, tenu par une petite garnison de l'Union, qui capitule le lendemain. C'est le début officiel de la guerre.
La guerre de Sécession durera quatre longues années, jusqu'à la capitulation totale et inconditionnelle des Etats Confédérés d'Amérique (CSA) à Appomatox Court House, en Virginie, le 9 avril 1865.
Au début du conflit, aucun des deux camps n'est préparé à un conflit de longue durée. L'Union, pour la première fois de son histoire, doit instaurer la conscription militaire. Si bien qu'en avril 1865, l'armée nordiste compte dans ses rangs plus d'un million d'hommes enrôlés, sur une population totale de 22 millions d'habitants.
En termes de destruction et de pertes humaines, cette guerre civile fut la plus coûteuse et la plus meurtrière de l'histoire du peuple américain. En avril 1865, 622000 hommes, dans une nation de 31 millions de personnes, avaient été tués. 412000 autres blessés ou mutilés. En quatre années, les Etats-Unis perdirent plus d'hommes que dans toutes les autres guerres réunies auxquels ils prirent part, y compris les deux conflits mondiaux, la Corée et le Vietnam.
Ce conflit est également qualifié par nombre d'historiens comme la première guerre moderne de l'Histoire. Car elle a vraiment bouleversé et révolutionné, à plus d'un titre, l'art de la guerre et stratégie militaire dans le monde.
Du point de vue économique, le conflit encourage la mécanisation de la production, et l'accumulation des capitaux dans le Nord.
L'équipement des armées nécessite la production de masse d'aliments industriels, de prêt-à-porter, de chaussures et, après la guerre, l'industrie reconvertit ce type de production à l'utilisation civile.
Au niveau scientifique, la guerre de Sécession marque également un formidable bon en avant. Le 17 février 1864, le premier sous-marin du monde, le CSS Hunley, du nom de son inventeur, sous les ordres du lieutenant George Dixon, effectue sa première sortie opérationnelle sous la bannière confédérée, et coule le USS Houssatonic dans la baie de Charleston. Maleureusement, le sous-marin disparait corps et bien après son exploit. De toute façon, c'est trop tard et l'"exploit" demeure sans incidence sur la suite des opérations militaires de l'Union.
L'Union met en application les avancées révolutionnaires dans le domaine de l'aérostat et créa le premier "Corps aérien d'observation" de l'histoire. Désormais, la guerre entre dans sa troisième dimension.
L'armement n'est pas en reste: les premiers fusils et obusiers à chargement par culasse et à canon raillé commencèrent à remplacer les mousquets et pièces d'artillerie à canon lisse se chargeant par la gueule. Les billes et boulets cédèrent définitivement leur place à un nouveau projectile profilé, encore pratiquement inconnu de la troupe. Les cartouches et les obus modernes venaient de naître.
Idem pour la grosse l'artillerie de siège: les premiers obusiers alimentés par la culasse commencent à remplacer les canons se chargeant par la gueule.
La télégraphie électrique et le code Morse ont fait leur apparition partout sur le territoire américain et ont révolutionné à tout jamais les communications. L'Union crée le "Signal Corps" et les premières unités de transmission de l'histoire militaire.
En 1865, les Etats-Unis sont devenus la plus grande puissance industrielle du monde.
Après-Guerre civile (1865-1917).
Après la guerre de Sécession, les Etats-Unis repartent à la conquête des Grandes Plaines et achèvent la construction du premier "Chemin de fer transcontinental" (First Transcontinental Railroad), qui relient la cote ouest (Californie) et la cote est.
Les généraux William T. Sherman et Philip Sheridan sont chargés par le président Ulysse S. Grant de mettre au pas les tribus indiennes qui résistent encore. Ils engagent 25000 hommes, répartis entre vingt-cinq régiments d'infanterie, dont deux composés d'Afro-Américains surnommés Buffalo Soldiers, dix de cavalerie et cinq d'artillerie, ainsi que les services annexes. L'armée américaine recrute au moyen d'engagements volontaires, des contracts d'une durée de cinq ans.
Entre 1865 et 1898, se succéderont toutes une série de guerres contre les Indiens, dans l'Ouest des Etats-Unis:
- Texas-Indian Wars (1836–1875), including: Great Raid of 1840 (1840), Antelope Hills Expedition (1858), Battle of Pease River (1860), Red River War (1874–1875)
- Puget Sound War (1855–1856)
- Dakota War of 1862 (1862)
- Colorado War (1863–1865)
- Red Cloud's War (1866–1868)
- Comanche Campaign (1868–1874)
- Great Sioux War of 1876-77
- Nez Perce War (1877)
- Pine Ridge Campaign (1890)
Le 29 décembre 1898, le 7ème Régiment de cavalerie massacre environ 200 Indiens Sioux, hommes, femmes et enfants, à Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. C'est la fin officiels des guerres indiennes, mais des incidents et des affrontements se poursuivront encore, dans une moindre intensité, jusqu'en 1918.
Première Guerre mondiale (1917-1918).
Au début de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis respectent scrupuleusement leur neutralité, même si leur sympathie penche du côté de la Triple Entente, l'Alliance conclue entre la Grande-Bretagne, la France et la Russie.
Lorsqu'éclate le conflit, en août 1914, l'US Army est pratiquement inexistante. Juste une petite "armée de paix" avec trois divisions d'infanterie sur le continent et une brigade stationnée dans les îles Hawaii, un effectif total d'environ 75000 hommes.
Deux ans plus tard, en 1916, le Congrès vote le "National Defense Act" prévoyant une augmentation des effectifs terrestres à 175000 hommes, la formation de sept régiments supplémentaires, la création d'un Corps d'officiers de réserve. Le président donne son autorisation pour mobiliser les unités de la Garde Nationale en cas de guerre ou de période d'urgence nationale.
Le 6 avril 1917, la menace représentée par les sous-marins allemands contre la marine marchande américaine dans l'Atlantique finit par provoquer l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Franco-Britanniques.
Cependant, passer d'une "armée de paix" à une "armée sur pied de guerre" paraît presqu'insurmontable. Le budget de l'armée, qui était de 150000 dollars annuels avant 1914, passe à douze millions de dollars au début de 1917. Le matériel lourds (artillerie, transport, aviation) est pratiquement inexistant: en mai 1917, l'US Army ne dispose encore que de 600000 fusils, 2000 mitrailleuses et moins d'un millier de pièces d'artillerie.
L'engagement américain en France sera d'abord progressif, avec l'envoi d'un Corps expéditionnaire symbolique commandé par le général John Pershing. Les premiers soldats américains débarquent dans le port de Saint-Nazaire le 26 juin 1917.
Au début, les "Sammies" sont dispersés dans les unités françaises ou britanniques, mais Pershing insiste pour que son Corps expéditionnaire forme une unité indépendante à part entière. Si bien qu'en octobre 1917, est constituée la 1er Division d'infanterie US, avec un effectif de 14500 hommes, à l'arrière du front près de Toul.
L'envoi de troupes à travers l'Atlantique, symbolique et progressif en 1917, se fera massif l'année suivante. A partir de février 1918, le débarquement de soldats américains dans les ports français s'effectue au rythme de 25000 hommes par semaine. A la fin du conflit, environ deux millions d'entre-eux seront stationnés en France.
En mai 1918, deux divisions d'infanterie américaines (1er et 2ème), après leur entraînement et leur équipement avec des armes françaises ou britanniques, sont déclarées opérationnelles et "aptes au combat" sur le front de la Marne, trois divisions (26ème, 32ème et 42ème) sont placées dans des secteurs "calmes" dans l'Est, en Alsace. Deux (3ème et 5ème) achèvent leur débarquement et sont en route pour le front. D'autres encore sont en cours de débarquement (4ème, 28ème, 30ème, 35ème et 82ème) ou de regroupement (27ème, 33ème, 78ème et 80ème).
Le 31 mai 1918, lors de la seconde bataille de la Marne, la 2ème Division d'infanterie et des régiments de Marines renforcent les troupes coloniales françaises dans le secteur de Château-Thierry. Les Américains repoussent les Allemands de l'autre côté de la Marne et les chassent du Bois Belleau, entre les 6 et 25 juin.
En l'honneur de ce prestigieux fait d'armes américains, le maréchal Ferdinand Foch fait baptiser le Bois Belleau en "Bois de la Brigade des Marines" et cède ad vitam eternam une parcelle de terrain où reposent aujourd'hui 2289 soldats américains tombés "pour la France", le cimetierre et le monument commémoratif de l'Aisne-Marne.
Ci-dessous: cérémonie pour le 92ème anniversaire de la Bataille du Bois Belleau, dans le cimetierre de l'Aisne-Marne (30 mai 2010).
Le 15 juillet 1918, le généralissime allemand Erich Ludendorff tente, une dernière fois, d'arracher la victoire, cette fois en Champagne, entre Reims et l'Argonne. 85000 Américains participent à l'offensive générale alliée déclenchée dès le 18 juillet, qui oblige les forces allemandes à se replier jusqu'à la Vesle.
En août 1918, l'armée américaine en France représente trente-deux divisions, chacune avec un effectif de 27000 hommes en moyenne. Le 10 août 1918, le maréchal Ferdinand Foch autorise la création de la "1ère Armée US" forte de 550000 hommes. Celle-ci est aussitôt employée contre le saillant allemand de Saint-Mihiel, dans le secteur de Verdun.
Le 12 septembre 1918, cette 1ère Armée US commandée par le général John Pershing, appuyée par des unités françaises, donne l'assaut. En trois jours, elle élimine le saillant allemand, fait plus de 16000 prisonniers ennemis et capture 440 pièces d'artillerie.
Le 26 septembre 1918, Pershing, qui dispose maintenant de 1.2 million d'hommes, 2417 pièces d'artillerie et 324 chars, lance ses troupes à l'assaut entre la Meuse et l'Argonne, sur un front large de 24km, dans le cadre de la vaste offensive alliée Meuse-Argonne lancée tout le long du front entre Verdun et Ypres. Le plan américain consiste à avancer en direction de Sedan pour couper la ligne de chemin de fer Mézières-Metz.
La formidable résistance d'un bataillon de la 77ème Division d'infanterie US dans la foret d'Argonne, isolé par une contre-attaque allemande, a inspiré un film réalisé en 2001 par Russel Mulcahy, The Lost Battalion.
Le front allemand commence à se désintégrer le 1er novembre 1918, quand les Américains, après avoir subi de lourdes pertes, repartent à l'assaut. Le 7 novembre 1918, les Américains libèrent Sedan, franchissent la Meuse et établissent deux têtes de pont sur sa rive droite, coupant par la même occasion la voie ferrée Mézières-Metz, vitale pour le ravitaillement des troupes allemandes.
Le 9 novembre 1918, en Allemagne, le régime impérial allemand s'écroule, un nouveau gouvernement, la "République de Weimar", voit le jour et demande l'arrêt des hostilités. Lorsque l'Armistice est signée deux jours plus tard à Rethondes, 3.8 millions d'Américains au total ont été mobilisé, et plus de la moitié d'entre-eux sont stationnés en France.
En 1917-1918, l'armée américaine a enregistré en France la perte totale de 116000 tués et 206000 blessés.
Entre-deux-guerre et retour à l'isolationisme (1919-1941).
L'après-Grande-Guerre est caractérisé par la fin de l'"idéal wilsonien". En mars 1920, les Républicains, étant majoritaires au Congrès, refusent de ratifier le Pacte de la Société des Nations (SDN) et le Traité de Versailles.
Lors des Elections de novembre 1920, le candidat démocrate James Cox, soutenu par Woodrow Wilson, est battu par le Républicain Warren Harding. Ce dernier a fait campagne au nom d'un "désengagement des Etats-Unis" en Europe et d'un "retour à la normale".
Les Etats-Unis retournent donc à leur isolationisme traditionnel. Ils n'en sortiront que le 7 décembre 1941. En 1939, l'US Army compte six divisions d'active et environ 200000 hommes. En terme d'effectifs, les Etats-Unis se classent 17ème dans le rang mondial, juste derrière l'armée roumaine.
En 1940, cependant, le Président Franklin Delano Roosevelt, soucieux d'aider les Alliés en guerre contre les puissances de l'Axe (Allemagne et Italie), fait passer la Loi Pret-Bail. On assiste alors à une semi-mobilisation et à l'instauration, pour la troisième fois de son histoire, de la conscription militaire aux Etats-Unis. En deux ans, de septembre 1939 à décembre 1941, les effectifs de l'US Army sont ainsi multipliés par huit et passent à 1.6 million d'hommes.
Seconde Guerre mondiale (1941-1945).
Les Etats-Unis entrent officiellement en guerre contre le Japon le 8 décembre 1941, le lendemain de l'attaque contre Pearl Harbor, et contre l'Allemagne et l'Italie, trois jours plus tard. En dépit de la Grande Dépression qui touche encore le pays, Franklin Roosevelt lance l'économie et l'industrie américaine dans un gigantesque plan de réarmement militaire.
A la fin du conflit, en septembre 1945, les forces armées américaines auront mobilisés 17 millions d'hommes et de femmes, dont 12 millions rien que pour l'armée de terre, sur une population totale de 135 millions d'habitants, soit 13%. Les pertes humaines s'élèveront à 418500 tués/disparus (US Army, 318000) et 642000 blessés/mutilés (US Army, 566000).
Les premiers engagements de l'US Army dans la Seconde Guerre mondiale sont marqués par la défensive et des défaites dans le Pacifique, face à la déferlante japonaise, en particulier pendant la désastreuse campagne des îles Philippines du premier semestre 1942, au cours de laquelle elle perd la quasi-totalité de son armée mixte américano-philippine (145000 hommes).
Cette campagne, entamée le 10 décembre 1941, se conclut par la capitulation du général Jonathan Wainwright à Corregidor, le 6 mai 1942.
La première offensive terrestre américaine ne survient que huit mois après le désastre de Pearl Harbor, le 7 août 1942, lorsque des troupes de Marines et d'infanterie débarquent sur l'île de Guadalcanal. Cette sanglante campagne de Guadalcanal durera six long mois, jusqu'au début février 1943.
Sur le front Euro-Méditerrannée, la guerre de l'US Army contre l'Allemagne et l'italie débute le 8 novembre 1942, lors de l'opération Torch, le débarquement allié en Afrique du Nord française.
Le commandement suprême du corps expéditionnaire américain en Afrique du Nord est assuré par le général Dwight Eisenhower. Les troupes commandées par le major-général George Patton entrent dans Casablanca et libèrent le Maroc.
Au cours des mois suivants, face à l'Armee Afrika allemande lors de la campagne alliée de Tunisie, les Américains subissent cependant une terrible et cruelle défaite à la Passe de Kasserine, en février 1943. Avant de reprendre, définitivement, leur offensive finale contre Tunis.
Le 13 mai 1943, c'est la fin de l'"aventure" allemande en Afrique: les troupes de l'Axe en Tunisie capitulent. 275000 prisonniers italo-allemands sont capturés par les Alliés.
L'étape suivante est la conquête de la Sicile. Confiée au général George Patton, la 7ème Armée US déclenche l'opération Huskee le 10 juillet 1943 en débarquant dans le Golfe de Gela, sur la côte sud de l'île. Les GIs de "Sang et Tripes" (Blood and Guts) nettoient la Sicile en cinq semaines, pour le prix de 2237 tués et 6544 blessés.
Mais les deux plus importantes campagnes de l'US Army sur le théâtre d'opérations européen sont la longue et sanglante bataille d'Italie (septembre 1943 - mai 1945), et l'opération Overlord, le débarquement en Normandie à laquelle prennent part un million et demi de soldats américains, puis la libération de l'Europe (juin 1944 - mai 1945).
Overlord, combinée avec l'opération Anvil Dragon, le débarquement sur les côtes méditerrannéennes françaises, entraîne finalement la libération de la France, de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. L'opération Market-Garden et la libération des Pays-Bas représente un échec retentissant des Alliés, mais désormais l'armée allemande est acculée à ses frontières et condamnée à la défaite.
Après la dure bataille des Ardennes et le dernier coup d'éclat d'Hitler en Belgique, en février 1945, c'est la fin: les Alliés occidentaux entament la campagne d'Allemagne, la "dernière bataille" de la guerre en Europe. Il faudra cependant encore trois mois avant que le Troisième Reich se résigne à signer sa capitulation inconditionnelle, le 7 mai 1945.
Sur le front du Pacifique, de 1943 à 1945, de multiples débarquements et batailles sanglantes (Nouvelle-Guinée, Philippines, îles Marshall et Mariannes, Iwo Jima, Okinawa, ...), menés en association avec l'US Marine Corps et l'US Navy, permettent de reconquérir, une par une, les îles et territoires perdus au début du conflit, de grignoter les défenses de l'Empire du Soleil Levant et de se rapprocher de sa métropole.
Alors que l'état-major américain prépare une gigantesque opération sur le sol de l'archipel ennemi, nom de code "Opération Downfall", les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, combinés avec l'entrée en lice de l'Union Soviétique dans cette campagne, entraînent finalement la capitulation du gouvernement japonais le 14 août 1945, et deux semaines plus tard, la cérémonie officielle et la signature de l'acte de capitulation à bord du cuirassé USS Missouri, ancré dans la Baie de Tokyo.
Guerre Froide (1945-1990).
Lorsque débute la guerre de Corée, en 1950, la politique américaine de désarmement a ramené les effectifs des forces armées à 550000 hommes. Durant la "Guerre Froide" qui l'oppose à l'Union Soviétique et les pays satellites du Pacte de Varsovie, l'US Army se retrouve impliquée directement dans plusieurs conflits: la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et l'intervention au Panama.
La guerre de Corée débute en juin 1950, lorsque les troupes nord-coréennes franchissent en masse la Zone Démilitarisée établie sur le 38ème Parallèle, et envahissent la Corée du Sud. Il faudra l'intervention des forces multinationales des Nations-Unies, surtout celles des Etats-Unis, trois ans de guerre et une série de flux et de reflux, pour que les deux "frères ennemis" signent enfin un accord de cessez-le-feu, qui dure encore de nos jours.
L'US Army est ensuite engagée dans les pays du Sud-Est asiatique, en particulier au Vietnam. La "Guerre du Vietnam" a opposé, de 1957 à 1975, le Nord-Vietnam communiste, soutenu et armé par l'Union Soviétique et la Chine, au Sud-Vietnam nationaliste, soutenu par les Etats-Unis. Les deux pays, idéologiquement opposés et qui résultait des Accords de Genève de 1954 et de la division de l'Indochine française, étaient également séparés, le long du 17ème Parallèle, par une "zone tampon", une De-Militarized Zone (DMZ).
Les Etats-Unis interviennent massivement (550000 hommes en 1969) au Sud-Vietnam pour tenter d'"endiguer", suivant la stratégie des dominos, les infiltrations des troupes nord-vietnamiennes au sud à partir de la Piste Ho Chi Minh, et qui alimentent la guerilla communiste (Vietcong).
Cette "sale guerre", très impopulaire aux Etats-Unis même, et l'aide américaine se prolongera jusqu'en 1973, avec les Accords de Paris. Pour les Américains, le bilan est lourd: 56000 tués (dont 46000 au combat). Elle a dégradé considérablement l'image des Etats-Unis à travers le monde et la réputation d'invincibilité des forces armées américains. La "défaite" politique de Washington marque encore aujourd'hui les Américains.
En 1975, deux ans après le retrait des Etats-Unis du Sud-Vietnam, le Nord-Vietnam met soudainement fin à la guerre en envahissant son voisin sudiste, en prenant la capitale ennemie (Saigon) le 30 avril 1975 et en réunifiant les deux frères ennemis, après 21 ans de séparation.
Le symbole de cette guerre "perdue dans les couloirs du Pentagone" restera à tout jamais, dans l'opinion publique, les images du balai de dizaines d'hélicoptères assurant l'évacuation de ressortissants occidentaux, du personnel diplomatique américain et de milliers de réfugiers sud-vietnamiens, du toit de l'ambassade américaine de Saigon jusqu'aux porte-avions de la 7ème Flotte US au large des côtes (opération Frequent Wind).
Après-Guerre Froide et guerre contre le terrorisme (1990-Présent).
La Guerre du Golfe (1990-1991) est le premier conflit de l'Après-Guerre froide. En août 1991, à la suite de l'invasion du Koweit par l'armée irakienne, se met en place une force expéditionnaire internationale, l'opération Desert Storm ("Bouclier du Désert"), une coalition internationale de trente-quatre pays à laquelle participent des membres de la Ligue Arabe comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Syrie et Oman, dirigée par les Etats-Unis et agissant sous mandat des Nations-Unies.
Les hostilités débutent le 17 janvier 1991 par la plus formidable campagne de bombardements aériens menée depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est l'opération Desert Storm ("Tempête du Désert"). Cette campagne durera approximativement six semaines.
Le 24 février 1991, c'est le début de l'offensive terrestre alliée, à laquelle participent 960000 hommes, dont 545000 Américains. Après cent heures de combats, l'armée irakienne est écrasée et doit évacuer en désordre le Koweit par l'Autoroute 80, surnommée Highway of Death ("Autoroute de la Mort"). Le président George H. Bush ordonne un cessez-le-feu général.
Après la libération du Koweit, les Nations-Unies décrètent contre Saddam Hussein un embargo international sur les armes et le pétrole. La coalition alliée créé deux zones d'exclusion aériennes au nord, dans le Kurdistan, et au sud, dans la région contrôlée par les Chiites.
En 1992, les Etats-Unis sont impliqués dans l'opération Restore Hope ("Rendre l'Espoir"), une mission internationale de maintien de la paix, sous l'égide des Nations Unies en Somalie (UNOSOM I). L'année suivante, l'US Army accroît encore sa présence à Mogadiscio (UNOSOM II).
Le 3 octobre 1993, débute l'opération Gothic Serpent (1), une opération spéciale combinée des Rangers et de la Delta Force, visant à la capture de deux membres haut-placés de Mohamed Aïdid, le seigneur de guerre reignant en maître à Mogadiscio.
Cette attaque, commandée par le général William F. Garrison, débouche sur une véritable bataille rangée entre les soldats américains et les miliciens d'Aïdid. La capture des deux subordonnés d'Aïdid, qui est l'objectif de la mission de Garrison, réussit pleinement. Mais en essayant d'exfiltrer le commando, deux hélicoptères MH-60 Black Hawk sont abattus par des RPG. Les tentatives des Rangers et de la Delta Force pour récupérer les survivants du second hélicoptère, Super-64, vont tourner très vite en une véritable bataille de rues dans Mogadishio.
150 soldats de la Bravo Company/3rd Battalion/75th Ranger Regiment et du 1st Special Forces Operational Detachment de la Delta Force (SFOD-D), avec l'appui-feu des hélicoptères MH-60 du 160th Special Operations Aviation Regiment Night Stalkers, affrontent pendant trente-six heures, deux jours et une nuit, une force estimée à environ 2000 miliciens d'Aïdid et civils.
Bilan de cette "bataille urbaine": 19 tués et 85 blessés du côté américain. 1000 à 1500 miliciens et civils somaliens tués, entre 3000 et 4000 autres blessés (estimation US). 315 civils et miliciens tués, et 812 blessés (estimations d'Aidid). L'unique survivant de Super-64, le Warrant Officer (Sergent-Major) Michael Durant, sera capturé et détenu par les miliciens d'Aidid. Il sera par la suite échangé avec les deux lieutenants du Seigneur de la Guerre arrêtés le 3 octobre.
Mais les images qui feront le tour du globe et choqueront l'opinion publique aux Etats-Unis, seront celles des corps de plusieurs membres d'équipage de Super-64 attachés à des véhicules et traînés dans les rues de la capitale somalienne, abandonnés à la vindicte populaire. Images qui choqueront les Etats-Unis et contribueront quelques mois plus tard au retrait des forces américaines de Somalie.
La "Guerre contre le terrorisme", ordonnée par le président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, débute avec l'opération Enduring Freedom, l'invasion de l'Afghanistan, le mois suivant.
En décembre 2001, les Etats-Unis chassent le régime des Talibans, qui soutient et protège l'organisation Al-Qaida, de la capitale afgane, Kaboul. Les Nations Unies mettent ensuite en place une coalition internationale, qui passera sous commandement de l'OTAN en 2003, et organisent les premières élections libres démocratiques du pays depuis 1976.
D'octobre 2001 à août 2009, 1312 militaires ou civils travaillant pour la coalition internationale perdent la vie en Afghanistan, dont 782 Américains et 29 Français. Selon les estimations du gouvernement afghan et de la coalition, environ 20000 combattants talibans ont été tués et environ 1000 autres faits prisonniers.
L'invasion de l'Irak (Invasion of Irak), également connue sous l'appelation "Seconde Guerre du Golfe", débute le 20 mars 2003, quand la coalition alliée, mise en place sous l'égide des Etats-Unis, déclenche l'opération "Liberté pour l'Irak" (Iraqi Freedom) en franchissant la frontière koweitienne, dans l'intention de renverser le pouvoir baasiste irakien de Saddam Hussein et le remplacer par un gouvernement provisoire représentatif, en attendant la tenue d'élections démocratiques.
Ce conflit a pour origine le vote de la résolution 1441 (et son interprétation controversée) votée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies le 8 novembre 2002, ainsi que le non-respect par Saddam Hussein de toutes les résolutions antérieures concernant le désarmement de l'Irak, depuis 1991.
Au terme d'une offensive foudroyante de trois semaines, les forces armées américaines s'emparent de Bagdad et Saddam Hussein est renversé.
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US Army - Bref historique 1775-2012
SOURCES SUPERBE BLOG - de Jacqueline A. "Jade" Devereaux
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La vie à Caen pendant la bataille
Nous allons voir comment les Caennais ont vécu cette période du 6 juin au 19 juillet 1944.
Pour ce faire nous allons suivre le plan suivant :
Vous pouvez accéder directement à la rubrique choisie en cliquant sur la ligne dans le sommaireI- CE QUI AVAIT ETE PREVU
1-L’Organisation de la Défense Passive (D.P.) à Caen .
C'est le nom d'un organisme crée par un décret de loi du 11 juillet 1938 prenant en charge la protection des civils pendant la guerre. . Chaque canton désigne les membres de la D.P. qui prennent les mesures qui s'imposent en matière de protection et de ravitaillement. Chaque ville est découpée en secteurs eux-mêmes partagés en îlots qui sont à leur tour, divisés en immeubles et abris. A chaque échelon, un responsable est chargé de faire respecter les règles édictées.
C'est la DP qui organise les centres d'accueil (C.A.) pou les réfugiés, leur trouve des abris et de la nourriture, organise leurs déplacements.
Elle montre toute son efficacité pendant la bataille de Normandie, plusieurs de ses membres sont victimes de leur dévouement.
A Caen, une rue rappelle leur souvenir.Responsable : M. Joseph Poirier, 3ème adjoint au maire, directeur urbain de la Défense Passive.
PC central dans les caves de l’Hôtel de Ville (l’abri du Commissariat Central à l'ange de la rue Auber et de la place de la République)
Source: carte postale Delcampe. Avant la guerre
Après les bombardements
Agrandissement du portail d'entrée.
Localisation du PC central de la DP
La ville est divisée en 6 secteurs, divisés en nombreux îlots. Le plan général de Caen:- le secteur n° 1 avec le PC rue Gabriel-Dupont (dans le garage de M. Benassar)
"Archives départementales du Calvados". Carrefour des rues Singer et Gabriel-Dupont après les bombardements.
De l’Orne au sud, à la place Saint-Sauveur, au nord, de la rue Saint-Jean, à l’est à Venoix à l’ouest. Il se limitait par l’Orne, la rue Saint-Jean, la rue de Geôle, la rue Calibourg, la rue des Croisiers, la rue et la place Saint-Sauveur, la rue Guillaume-le-Conquérant et la rue Caponière.
- le secteur n° 2 avec le PC au Palais de JusticeLimité au sud par le secteur n°1, à l’est par la rue de Geôle, la rue du Gaillon et la rue du Magasin-à-Poudre, au-delà des carrières Saint-Julien, à l’ouest par La Maladrerie qu’il contrôlait également.
"Archives départementales du Calvados". Le palais de Justice, place des Tribunaux.
Le secteur n° 3 avec le PC 29 rue des Cordes
Limité à l’ouest par les secteurs 1 et 2 et au sud par la place Saint-Pierre,
le boulevard des Alliés et le port. Il s’étendait jusqu’à Saint-Jean-Eudes.
- Le secteur n° 4 avec le PC rue Neuve-du-Port.
Etait coincé entre les secteurs 1 et 3. Il allait de l’Orne au boulevard des Alliés et de la rue Saint-Jean au port.
- Le secteur n° 5 avec le PC rue de Falaise.
Comprenait tout le quartier de Vaucelles entre les boulevards Leroy et Lyautey et l’Orne.
-Le secteur n° 6 avec le PC dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)
S’étendait au-delà des deux boulevards Le Roy et Lyautey jusqu’aux limites de Caen.
2-Plan d’organisation sanitaire de la Défense Passive
Il devait entrer automatiquement en action en cas de bombardement. .
Responsable : docteur Jean-Simon Cayla, Directeur de la Santé et des Services Sanitaires de Protection Civile du Département du Calvados.3 postes sanitaires (PS) où les blessés devaient être amenés par les agents de la DP étaient prévus et prêts à fonctionner :
Le PS n° 1, rue des Carmes au pensionnat Saint-Jean, pour le quartier central, directeur M. Asseline, adjoints M. Goupil et M. Bazard. Sept médecins (médecin-chef docteur Delobel avec les docteurs; Delpérier, Hissard, Gosselin, James Paul, Porin et Quermonne), 8 infirmiers et 25 à 30 brancardiers et secouristes.
-
Le PS n° 2, au 2 place Blot (Jardin des Plantes) pour la périphérie rive gauche, directeur M. Raymond Rolland, adjoint Lebourgeois et médecin-chef docteur Lemarinier.
Un poste annexe est installé rue Saint Gabriel dans les locaux de la Société Normande d’Alimentation.
Le PS n° 3, dans les caves d'un immeuble en construction à l'angle de la rue de Formigny et de l'avenue Charlotte Corday (Sainte-Thérése)
Directrice Mme Chapel directeur adjoint M. Chapel de la DP, trois médecins (docteurs Friley, Guesdon et Fontaine), neuf infirmières ou élèves, infirmière-major Mme Fauveau, une vingtaine de brancardiers et secouristes, infirmier-major M. Mutel et deux ambulancières avec leur ambulance. Au total 25 à 30 personnes.
Un laissez-passer au nom de Lucien Piérard agent de la DP affecté au secteur 6, PS N°3
Tous les PC et PS se reliaient par une ligne spéciale à la direction (PC central à l’Hôtel de Ville).
RETOUR SOMMAIRE
2-1 Le plan d’organisation chirurgical selon un plan d'organisation du 17 mars 1944, avec deux hôpitaux rive gauche:
- le Bon-Sauveurrue Caponière, médecin chef docteur Digeon, trois équipes chirurgicales des docteurs Chaperon, Guibé et Maugeais (auxquels viendra se joindre le 6 juin, le docteur Lacroix, arrivé de Paris 48 heures plus tôt).
- la Miséricorde
La communauté de la Miséricorde occupe le terrain compris entre la rue des Carmes, (entrée principale de la communauté et de la première clinique, l'hôpital provisoire), la place Singer (groupant la Chapelle et la Clinique du Sacré-Cœur et la place d'Armes (où se trouve le dispensaire transformé en hôpital depuis 194O
Les équipes chirurgicales des docteurs Dastugue, Martin et Morice.
La communauté de la Miséricorde
NB : l’hôpital civil de la route de Ouistreham, était au début de la bataille un Kriegslazarett réservé aux allemands, excepté un service de contagieux au Pavillon N°6 une quarantaine de lits, l'Ecole d'Infirmière (directrice Mme Saule) et la Communauté des Sœurs Augustines. Depuis 1940, lors de l'invasion allemande, l'hôpital de Caen, route d’Ouistreham, fut occupé. Les services étaient éclatés au Bon Sauveur, à la Miséricorde, à la clinique Saint Martin et à l’hospice Saint Louis.
"Source Collection Résistance et Mémoire " Inhumation des soldats décédés dans le deuxième sabotage d'Airan. Photos prises début mai 1943 à l'entrée de l'hôpital civil Clemenceau transformé en hôpital militaire par les allemands voir la banderole au-dessus du portail d'entrée KRIEGSLAZARETT.
-
- la clinique Saint-Joseph, rue de l’Engannerie.
- la clinique Saint-Pierre, 53 rue du Vaugueux, en face de l'école Saint-Pierre.
- la clinique Saint-Martin, avenue de Courseulles.-l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, Bd Lyautey (rive droite) avec une salle d'opération de secours.
Les Petites Sœurs des Pauvres
3-Les Centres d’Accueil (les CA)
Dans le plan municipal d’organisation de la ville en cas de bombardements, cinq CA étaient prévus :
- 1-aux Petites Sœurs des Pauvres
- 2-à la salle Mauger, rue Mélingue avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (O.M.J.) au 28 rue Saint-Jean avec M. André Heurtin.
- 3-à l’Institut Lemonnier, à Saint-Gilles
- 4-au Lycée Malherbe
- 5-au Bon-Sauveur
Organisation dotée d’un personnel qualifié, mise au point par M. Poirier, directeur urbain de la D.P. avec le concours de M. Pierre Marie, alors secrétaire-adjoint de la Mairie
1-Le Centre d’accueil n°1 des Petites Sœurs des Pauvres sur la rive droite.
Le domaine des Petites Sœurs des Pauvres, administré par la Sœur Supérieure Saint Marie-Bernard, qui se trouve sur les hauteurs de Vaucelles à la croisée du boulevard Lyautey et de la rue Porte-Millet n’abrite plus dans ses vastes locaux, à la veille du débarquement, qu’une vingtaine de vieillards. La direction de ce Centre avait été confiée à M. Dupont, vétérinaire, assisté de M. Laberthe. Le 6 juin la direction et son équipe: Mr et Mme Laberthe et l'abbé Couesnon, vicaire de Saint-Michel de Vaucelles. sont à leur poste, sauf les Equipiers d’Urgence qui se sont dispersés.
2-Le Centre d’accueil n°2 à la salle Mauger, rue Mélingue, avec annexe à l’Office Municipal de la Jeunesse (OMJ), 28 rue Saint-Jean.
3- le Centre d’accueil n° 3 à l’Institut Lemonnier, rue de la Pigacière pour Saint-Gilles. Directeur le Père Gouriou, directeur de l’Institut Lemonnier.
4-Le Centre d’accueil n°4 au Lycée Malherbe
"Archives départementales du Calvados". Le Lycée Malherbe.
L’îlot sanitaire regroupe le Bon Sauveur (centre d’accueil et hôpital), le Lycée Malherbe (centre d’accueil et hôpital complémentaire) et Saint Etienne (centre d’accueil) Comment l'îlot sanitaire fut-il protégé ?
5- Le Centre d’accueil n° 5 au Bon-Sauveur
Il avait été organisé par le colonel Besnier quelques semaines avant le débarquement.
Au total 354 personnes pouvaient être logées, dont 124 au BS dans des dortoirs munis de lits.
10 000 lits se trouvaient prévus pour les CA ou recensés chez les particuliers, des cantines étaient prêtes à fonctionner en différents points de la ville, des « bulletins d’admission » comprenant des coupons détachables pour 60 repas étaient imprimés.
De nombreux exercices et aussi quelques bombardements de peu d’importance avaient sérieusement « rodé » tous les rouages de cette organisation. .Les ordres de réquisition et consignes d’exécution avaient été distribués au personnel et les différents plans et dispositions communiqués aux autorités responsables. Enfin le lundi de Pentecôte, 29 mai 44, un exercice d’ensemble, une sorte de répétition générale mettant en mouvement le personnel de tous les secteurs, prouva aux Caennais que la DP était prête à remplir sa mission.
L'effectif était de 1000 personnes dont 101 infirmières et 225 secouristes/brancardiers, on peut noter le parc d’ambulances 10 au total soit : 3 à la DP, 4 à la Croix Rouge Française (CRF) et 3 aux hôpitaux publics.
Hélas ! Les prévisions les plus pessimistes restaient bien en deçà de ce qu’allait être la réalité.Les journées des 6 et 7 juin furent terribles pour tous, et portèrent de rudes coups à la DP.
Sur 1 000 DP, une petite moitié resta à Caen, il y eut de nombreuses défections les deux premiers jours; tout fut à réorganiser dans la fièvre. M. Poirier s’y employa avec son adjoint M. Tardif .
Lire ici un bon de convocation pour requis non présent à son poste .
Les restants firent splendidement leur devoir et 67 d'entre eux tombèrent à leur poste et en cours de mission. Une plaque commémorative est située dans la cour intérieure de l'Hôtel de Ville:Merci à Claude pour la photo
" La Ville de Caen reconnaissante aux volontaires et requis de la Défense passive tombés victimes de leur dévouement dans la Bataille de Caen, Juin-Juillet 1944."Elle comporte 64 noms.
Rue Manissier, en direction de la rue Basse, des civils sont évacués vers l’Ilot sanitaire de Saint Etienne . A l’arrière de la colonne un agent de la Défense Passive avec son casque Adrian blanc.
Le PC n°1 fut détruit, ravagé par le feu. Il fut transporté rue Paul-Doumer chez M. Planquette. M. Rouxel sous-chef de secteur prit le commandement, sous ses ordres une centaine d’hommes, ce fut le secteur le plus étendu de la ville.
Le secteur n°2 fut commandé par M. Paul Lelièvre , et après son assassinat par un Waffen-SS le 9 juillet, par M. Le Testu.
"Photo collections du Mémorial de Caen" présentée page 87 de ce livre. École Saint Pierre, rue du Vaugueux.
Le PC n°3 détruit s’installa dans l’abri de la maison des Sœurs de Saint-Pierre au 50 rue du Vaugueux.
Il fut constamment bombardé, les hommes du poste tombèrent les uns après les autres, sous les ordres à la fois de M. Marcel Jaeger qui sera tué le 7 juillet et de M. Jaoüen grièvement blessé, une bombe touche l’abri où 10 hommes sont tués.
Le PC n°4 détruit, chef M. Cliquet, ne fût pas remplacé, tout le secteur étant à peu près rasé depuis le 7 juin.
Au PC n°5 le chef M. Louis Dommanget fut tué le 6 juin , le PC se replia sur les hauteurs dans les locaux des Petites Sœurs des Pauvres, boulevard Lyautey. 10 hommes sous les ordres de M. Joseph Grégoire .Le PC du secteur n°6 chef de secteur capitaine Delavigne et son adjoint M. Janot avec une quinzaine d’hommes reste rue de Formigny et leur vie se mêla intimement avec celle de leurs camarades du PS n°3 et du CA qui s’y implanta.
Le PC de l’Hôtel de Ville, encadré par les bombes, perdit le contact et ses locaux s’effondrèrent,
le PC de direction fut transporté au Lycée Malherbe, le 7 juin vers 17h
L’organisation se trouva paralysée dès les premiers bombardements qui anéantirent :
-le Centre 2 (Salle Mauger et l’O.M.J.) qui fut rattaché administrativement à l’organisation Sainte-Thérése
-le Centre 3 (l’Institut Lemonnier) fut rattaché à l’Hospice Saint-Louis
Certains lieux furent envahis, dès le 6 juin après-midi, par les réfugiés et devinrent des Centres d’Accueil, par exemple :
-l’Eglise Saint-Etienne et le Palais de Justice rattachés au Lycée Malherbe
-l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis (ex CA n°3)
-Sainte-Thérése, rue de Formigny
D’autres centres d’accueil naquirent spontanément de la bataille et furent régis par des organisations privées :
-le Préventorium de Fleury-sur-Orne
-le Lycée de Jeunes Filles, rue Pasteur
-et enfin les divers abris ou carrières
2-1 Les Petites Sœurs des Pauvres
Fut à la fois :
-un Centre d’Accueil, 500 réfugiés recensés le 7 juin.
-un relais pour les réfugiés qui fuyaient Caen soit vers les carrières de Fleury-sur-Orne soit pour la région de Trun (Orne) avec Mrs Pouchin et Gérard.
-un hôpital « dissident » avec 30 lits, 38 personnes dont 1 médecin, 11 infirmières religieuses et civiles, 4 conducteurs d’ambulance et 6 brancardiers.
Dès le 6 juin les sauveteurs brancardent aux Petites Sœurs des Pauvres tous les blessés découverts dans le quartier qui reçoivent des soins de M. Dupont, vétérinaire, car il n’y a pas d’infirmière au Centre d’Accueil.
Une nouvelle équipe est formée par Gilbert Detolle et Yves Bourgin avec: Mrs Guignon, Dupont, Queudeville, Ferté, Louis Grégoire, Fontaine et Guérin. Mr Person est délégué permanent et administrateur du centre avec l'aide de M. Joseph Grégoire , chef du secteur N°5 de la DP.
N.B. le PS de la rive droite est à Sainte-Thérése à 1,4 km de distance.
Une ambulance, celle de Mlle Ferté fait la navette jusqu’à l’Orne pour transporter les blessés graves jusqu’au Bon-Sauveur ; une équipe de pompiers peint sur les toits des croix rouges ; un dépôt de médicaments trouvé rue de Falaise, est transporté boulevard Lyautey.
Les sœurs font les repas, en moyenne 300 midi et soir ; le docteur Friley du PS n° 3 vient donner, chaque jour, des soins aux blessés légers.
Autour du 25 juin, le docteur Mabille récupère du matériel à la clinique de la rue Guynemer et met en service la salle d’opération aidé par le docteur Guesdon de Cabourg et une infirmière. Les deux ambulancières du PS n° 3 (Mlles de Veye et Heiniger) participent aux transports nécessaires.
Le 7 juillet, les blessés de Mondeville et Colombelles arrivent et l’afflux continue le lendemain avec 32 blessés graves dont 10 moribonds. La maternité du Préventorium de Fleury-sur-Orne est évacuée également à cette date une dizaine de femmes accouchent aux Petites Sœurs des Pauvres en quelques jours.
Le 9 juillet, arrive une autre plaie, des Waffen-SS qui veulent transformer l’établissement en point d’appui fortifié, des vieillards de plus de 80 ans sont obligés de creuser des tranchées ; les menaces d’évacuation sont de plus en plus pressantes.
Le 11, des ambulances venues de Giel (Orne) chargent 85 blessés les plus graves et repartent aussitôt ; le 12 juillet, il ne reste plus que qu’une vingtaine de personnes dont 5 religieuses et quelques blessés. L’équipe chirurgicale improvisée « dépose les armes » le 19 juillet.
Le plan municipal ne prévoyait pas de CA à Sainte-Thérése ; mais les caves de l’immeuble de l’avenue Charlotte Corday qui abritaient le PS n°3 et qui étaient placées sous le signe de la Croix-Rouge , attirèrent irrésistiblement, le 6 juin, et les jours suivants les gens du quartier.
M Chapel les autorise à s’installer dans l’aile du bâtiment qui s’étend sur la rue Formigny. Il confia la responsabilité du CA à M. Drouin assisté de M. Huet qui peu à peu organisa tous les services. Les caves furent meublées avec les tables et les bancs de l’école de la rue Victor Lépine qui procurèrent un minimum de confort aux réfugiés. Quant au confort moral il était fourni par le prêtre de la paroisse le chanoine Vautier, ainsi que par l’abbé Maurin de Cormelles et le R.P. Duperray curé d’Ouilly-le-Vicomte.
La façade du Lycée Malherbe, à droite l'église Saint Etienne
.
Le plus important de tous, à tous points de vue :
2 500 à 3 500 réfugiés jusqu’à début juillet et jusqu’à 8 000 au moment de l’attaque pour la libération de la rive gauche le 9 juillet (y inclus Saint-Etienne et le Palais de Justice, puisqu’il s’agit des chiffres de la cuisine tenue par M. Jehan Le Hir )
Le Parloir-Mairie est envahi après les bombardements du 6 juin à 13h30 ; le dimanche 10 juin, le préfet nomme M Bouysset, inspecteur d'académie, comme responsable qui à son tour forme son équipe: M. Lamy est délégué directeur-adjoint, M. Bardet, censeur du lycée est responsable de l'organisation générale, M. Barriau (ou Bériaud), économe, est responsable du ravitaillement, tandis que le service de santé revient aux Docteurs Lemarinier et Lebroussard (assistés des Docteurs Collete et Brediger - soins enfants-), M. Legué se charge de la police du centre, et M. Rivière, accompagné de jeunes équipiers d'urgence, aide aux tâches diverses. Une équipe de "piquet d'incendie" est créée par le capitaine Kersaint. (Kravtzoff de son vrai nom, Kersaint était son nom dans les FFL. Il débarque le 9 juin à Gold Beach. Il fut ensuite pendant 3 jours maire provisoire d'Arromanches avant de gagner Caen. Courrier de son petit-fils du 29 mai 2012)
Dans ces témoignages sur la cuisine du centre d’accueil, M. Jean Le Hir cite : M. Champion, le sous-économe. Un autre témoignage cite: M. Sicot, le surveillant général chargé du ravitaillement.
M Louis Trouchu, entrepreneur avec deux membres de sa famille peint de grandes croix rouges sur les murs et les toits du Lycée.
Photo allemande, photographe Arthur Grimm, date: juin 1944, voir la croix rouge sur le toit et le peinture d'une croix rouge dans un carré blanc sur des tôles ondulées dans la cour du Lycée Malherbe.
Citation de Joseph Poirier (document daté du 8 décembre 1944)
"Le 10 juin, On peint sur le Lycée Malherbe, sur les bâtiments du Bon-Sauveur, sur le Lycée de filles, d'immenses croix rouges. Avec des tôles peintes au minium, avec des chiffons écarlates, avec des cartes de géographie découpées, on en fait d'autres au sol."
Comment l'îlot sanitaire fut-il signalé aux Alliés ?
Captures d'écran de ce film, la façade du Lycée Malherbe avec deux "Croix Rouges"
Source film British Movietone News. Dans les jardins du Lycée Malherbe.
Les réfugiés campent dans la salle des fêtes. Les dortoirs du premier étage sont réservés aux malades, ceux du second aux infirmes et vieillards (jusqu’au 30 juin date de leur évacuation, dans des conditions scandaleuses, à la carrière des Coteaux de Fleury-sur-Orne), le reste des locaux est rempli de réfugiés qui finissent par envahir le bâtiment principal jusqu’aux toits.
Ensuite deux cours, une réservée aux cuisines, l’autre abrite le cloître sous lequel campent en plein air des réfugiés.
Sous la plupart des bâtiments il y a de solides caves, abris en cas de bombardement qui accueillent plusieurs milliers de personnes.
Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada. Le cloître de l'Abbaye aux Hommes.
Photo de propagande Une réfugiée dans le cloître
Source film British Movietone News. Des réfugiés prennent un repas dans l'îlot sanitaire.
Source film British Movietone News. Portraits de réfugiés.
M. Subrenat est responsable du « fichier » recensement permanent des hôtes du Lycée
M Chesnay est responsable de l’approvisionnement en eau des cuisines, au début avec des barriques de 225 litres charriées sur un camion à bras et à longueur de journée
Docteur Lebroussard est responsable du service d’hygiène
Service de blanchisserie : lavage du linge dans l’Odon
Plan du Bon Sauveur: la buanderie au delà de la rue des Blachissseries, près de l'Odon. Source du plan.
Service de police et de sécurité : 4 équipes de 2 hommes font des rondes de 22h00 à 06h00
M Marcel Crétin-Vercel rédige chaque jour un communiqué sur les opérations militaires
Dans ce film tourné par un opérateur de France Actualités le 25 juin 1944, vers la fin des enfants dans le cloître. Vous remarquerez l'outrance des propos: 8 à 9 000 cadavres! (la réalité un peu moins de 2 000)
Après la libération de la rive gauche, le 9 juillet, le CA est réorganisé M. Lecomte, professeur au Lycée Malherbe est nommé directeur avec M. Clauzet, chef-adjoint à la main d'œuvre.
Si le Lycée Malherbe ne reçoit aucune bombe, il est, par contre, copieusement arrosé d’obus, d’abord par les alliés, ensuite par les allemands. Selon M. Joseph Poirier: 57, faisant plus de 50 victimes (21 tués et une trentaine de blessés)
2-4 Le CA municipal n° 5 du BS
Il jouissait à l’intérieur du BS de la même autonomie que l’Hôpital Civil.
Le 6 juin tous les responsables sont à leurs postes : le colonel Besnier, le commandant Fraigneau, M. Munier assisté de M. Arsène.
Les premiers arrivants trouvent aisément à se loger mais les lits sont vite occupés et il faut préparer de la paille pour les autres.
Le 6 juin au soir, 300 personnes sont déjà hébergées, le lendemain 700. Le 16, on en compte 1 250. Le 1 juillet -l’ordre d’évacuation a été suivi malgré tout- il n’en reste plus que 600, mais le 9, lors de la libération de la rive gauche, le CA fera de nouveau le plein avec 1 225 réfugiés qui se réduiront à 120 le 17 juillet après le grand départ pour Bayeux.
Pour loger tout ce monde, la direction réquisitionne les deux salles de classe de l’école de la rue Saint-Ouen, elle renonce à utiliser l’école Desbonnet mal située.
Elle annexe une dépendance du pavillon Saint-Charles, elle utilise également un bâtiment neuf (un pavillon en cours de construction sans plancher et sans fenêtres) voisin de Saint-Joseph. D’autres réfugiés campent en plein air sous le Cloître.
et même sous les arbres de la Communauté. La cuisine est à la diligence de l’établissement du BS,
des corvées organisés par Mrs Leneveu et Lohédo vont chercher les plats à la Communauté qui sont servis, par douze services durant trois heures, au réfectoire de Saint-Vincent.
Le CA possède une infirmerie : docteur Aumont avec l'interne Tartar et des infirmières bénévoles (Mmes Besnier, Martinet et Mlle Catoir) et une pouponnière avec Mmes Ruffin, Dussoir et Mlle Lagoutte.
Le centre fermera définitivement le 15 octobre, plus de 200 obus sont tombés sur le Bon-Sauveur et le Lycée Malherbe en faisant 50 morts et plus de 100 blessés.
Au premier plan le Bon Sauveur en arrière plan Saint-Etienne.
"Archives départementales du Calvados". L'église Saint Etienne.
La vie matérielle est organisée par M. Lenfant, agent de la DP, qui a établi son PC dans la chapelle Hallebout, son équipe: l'abbé Lenormand et Mrs Paul Adam, Leclerc, Giffard, Quesnot, Perron, Lelièvre et Billy.
1 400 réfugiés trouvent asile chaque nuit dans l’abbatiale mais 850 seulement sont ravitaillés par le PC. Mgr Léon des Hameaux, 78 ans, et le chanoine Pelcerf partagent la vie des hôtes de Saint-Etienne.
(Photographe: Ken Bell. National Archives of Canada, PA 116290) Civils réfugiés dans Saint-Etienne, le 10 juillet 44
Des cinéastes allemands d'une compagnie de propagande (Propagandakompanie -PK) viennent prendre des vues du CA.
Lire ce témoignage par lequel Jean-Hérold Paquis est venu à Caen.
Les premiers canadiens de la 3è division d’infanterie (certainement les Glens) pénètrent dans Saint-Etienne le 9 juillet à 13h45.
Le 9 juillet 44 à 13H30, 43 rue Caponière des caennais fêtent l’arrivée des canadiens. On trinque tandis qu’un soldat surveille aux alentours. Au centre Mme David. Il s’agit très certainement de Glens (The Stormont, Dundas and Glengary Higlanders de la 9th Brigade de la 3rd Canadian Infantry Division). Témoignage de Mme David
: au moment de la photo, un canadien installait une ligne téléphonique en face de la maison, quelques minutes plus tard un obus le pulvérisa ; ces canadiens étaient francophones.
p010318 Photo : Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA Agrandissement
De la nourriture est apportée aux civils dont les maisons ont été bombardées et qui sont réfugiés dans l'église Saint Etienne. Les sacs de nourriture sont transportés sur un chariot, tiré par un cheval.
Photo prise sur le parvis devant l'entrée du Lycée Malherbe, Place du Lycée qui deviendra Place Mgr Léon des Hameaux en hommage à l'attitude du Doyen de St Etienne empreinte d'une grande humanité lors des bombardements de Juin et juillet 1944. Au fond le mur de l'Ecole Normale de filles maintenant bâtiment des Archives municipales où sont conservées de nombreuses photos figurant sur ce site. L'arbre dans la cour existe toujours !Les réfugiés dans l'Eglise Saint-Etienne. Quatre photos tirées du site de la ville de Caen
Source. Des réfugiés dans une chapelle latérale de Saint Etienne. Source. Des réfugiéd dans la nef centrale de Saint Etienne
Voir un film tourné par les Alliés (à partir de 01:33) après la libération, le 12 juillet : les réfugiés dans l'Abbaye aux Hommes et l'évacuation:
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand éclate dans le haut de la nef côté évangiles, deux sœurs meurent écrasées par des pierres tombées de la voûte.(plusieurs blessés dont mon grand oncle qui fut amputé d’une jambe)
L’évacuation est décidée, mais au moins 300 récalcitrants s’y maintiennent. Les Canadiens installent un poste de soin avec deux camions de la Croix-Rouge dans l'abbatiale et un poste de guet relié au PC central de la DP pour situer avec l'aide de M. Lenfant les points de chute des obus allemands.
L’église a reçu 19 obus.
2-6 Le CA du Palais de Justice.
Un abri souterrain avait été sérieusement aménagé par les allemands pour 80 personnes.
Dès le 6 juin, 150 personnes s’y entassaient et l’ensemble du Palais compta vite plus de 250 réfugiés. Rappelons que le Palais de Justice était le siège du PC du secteur n°2 de la DP. La justice continua à fonctionner, dès le 14 juin suite à la création d’une Police de Sécurité, des pillards furent sévèrement jugés et ce jusqu’au 5 juillet, puis de nouveau à partir du 15 juillet.
2-7 Le CA du Lycée de jeunes filles de la rue Pasteur.
Lycée de Jeunes Filles façade rue Pasteur
Source. Vue de la cour
Il avait été réquisitionné en juin 40, les Allemands y installent un hôpital militaire puis un abri anti-aérien dans la partie de l’établissement qui regarde l’allée des Fossés Saint-Julien, qu’ils évacuent fin avril 44. Mme Barrière, la directrice, fait remettre en état les locaux et désinfecter l’abri et les paillasses et châlits qui y étaient demeurés, à la fin mai, le local était prêt à recevoir une centaine de personnes.
Dès le matin du 6 juin, quelques professeurs se réfugient rue Pasteur, dès 10h30 les Equipes Nationales dont la permanence était en face du Lycée sans abri solide, installent une partie de leurs services dans les locaux du Lycée. Après le bombardement de 13h30 l’abri est pris d’assaut et saturé par les habitants du quartier.
A partir du 8 juin, M. Besnier, professeur à la faculté de Droit, accepte d’assurer la lourde charge de la direction et ce jusqu’au 27 juin, date à la quelle il fut remplacé par son collègue et adjoint M. Fréjaville.
Quelques jours après l’ancienne cuisine du Lycée située au sous-sol fut remise en service par des bénévoles, ainsi que le ramassage de denrées alimentaires dans les magasins d’alimentation en ruines, des boulangers de la place Saint-Sauveur et de la rue Froide continuèrent à cuire le pain, l’eau était prise dans le puits du couvent des Bénédictines contigu, l’éclairage (pétrole et acétylène), des matelas et des couvertures récupérées dans les ruines de La Miséricorde, ainsi qu’une attribution de denrées par le Lycée Malherbe.
A gauche la Place Saint-Sauveur, à droite la rue Froide
2-8 Le CA de l’hôpital Civil. Avenue Georges Clemenceau
Le poste sanitaire allemand est situé dans les caves de la clinique, leurs premiers blessés affluèrent le 6 juin, mais le 8, les allemands quittent les lieux, laissant la place à des contagieux.
600 à 700 réfugiés trouvent asile dans les caves aménagées sous plusieurs pavillons.
Restaient à l’hôpital 40 malades contagieux en traitement au pavillon N°6.
Responsables : M.Lucien Trouvay, ancien ingénieur de la Marine et M. Bauduin, économe. Lire ici le témoignage de son neveu.
Le 12 juin, le docteur Olivier est nommé directeur de l’hôpital Civil-Hôtel Dieu qui regroupe les 2 établissements l’Hôpital Civil et l’Hospice Saint-Louis avec un personnel de 58 personnes dont 2 médecins, 1 pharmacien (M. Feutry), 4 internes et 30 religieuses.
Source: photo Philippe Bauduin (le 23 juin 44 était un vendredi)
Après l’arrivée des Canadiens le 9 juillet, presque aussitôt l’hôpital fut sous le feu de l’artillerie allemande jusqu’au 16 août. A tel point que les Anglais qui avaient réquisitionné un pavillon pour leurs blessés, n’insistèrent pas et vidèrent les lieux !
2-9 Le CA de l’hospice Saint-Louis Hôtel Dieu. Avenue Georges Clemenceau.
L’hospice hébergeait le 6 juin:
la pouponnière 62 enfants avec 14 adultes dont 3 infirmières (le docteur L’Hirondel passait chaque jour), ils partirent pour le Bon-Sauveur le 30 juin.
Trois services hospitaliers : médecine homme (80 malades), médecine femme et CAC. Ils partirent à l’hôpital des Coteaux à Fleury sur Orne le 29 juin.
A gauche l'entrée de l'hospice Saint Louis.
Les réfugiés s’entassent dans les caves, dans les couloirs, dans la crypte de l’Abbaye aux Dames et aussi, car la place est insuffisante, dans les tranchées creusées dans l’immense parc de 750 m de longueur qui sépare l’hospice de l’hôpital.
1 500 réfugiés environ sous la responsabilité du père Gouriou avec M. Payen; M. et Mme Bouts.
Service médical : Docteurs Hardré et Pinchon assistés des internes Letrou et Lefillâtre. Une biberonnerie avec Mlle Thomine.
Situé place du Sépulcre (quartier Saint-Gilles).
Source. Le sépulcre.
Source. Sous réserve, l'entrée de l'abri.
Il s’agit d’un abri souterrain très profond, 18 marches à descendre, au milieu de l’escalier une lourde porte en bois (elle sera soufflée par le bombardement du 7 juillet)
Un grand couloir qui tourne à gauche au fond une porte qui donne dans un garage d’une maison de la rue Leroy, le sol en terre battue, éclairage par lampes à carbure.
L’abri se remplit dés les premiers bombardements du 6 juin, la DP recense 180 réfugiés. Comme partout ailleurs en ville, la vie s’organise : 2 chèvres donnent du lait, les hommes arrachent des légumes dans les jardins, les volailles circulent dans les rues. Les 3 prêtres de l’église Saint-Pierre (le curé Ruel, l’abbé Poirier et l’abbé de Panthou) viennent chacun leur tour passer la nuit dans l’abri avec les réfugiés.
Le 9 juillet vers 02h00, des allemands blessés 6 à 8, entrent se reposer dans l’abri et repartent vers 06h00. A 09h00 les premiers "Anglais"(en fait probablement des Irlandais du 2nd Royal Ulster Rifles, 9th Brigade, 3rd Infantry Division) descendent dans l’abri et découvrent à leur grand étonnement des civils. C’est la joie de la libération.
Le 13 juillet, c’est le départ pour Bayeux dans les bennes de ramassage des ordures ménagères.
Souvenirs familiaux du rédacteur qui avait 31 mois à l’époque, habitait rue Sainte-Anne et qui est resté dans cet abri du 6 juin au 13 juillet avec ses parents.
Rapport de Mme Bazile, directrice de l'École du Vaugueux, 18 décembre 1944. (Arch. Calv., T 4149) :
« Le bombardement nous chassa de notre maison. Nous nous rendîmes place du Sépulcre et gagnâmes l'abri. Là étaient réunies 220 personnes des quartiers Saint-Jean, Saint-Gilles, Sainte-Anne, des Cordes et du Vaugueux, sans vivres, sans eau, sans ressources pour la plupart. Nous prîmes la direction de l'abri, d'accord avec le chef de secteur (M. Jaoüen). Mon fils organisa les services à l'extérieur, j'assurais la discipline à l'intérieur. Nous dûmes lutter contre la frayeur des femmes qui se refusaient à quitter leurs maris. je fis apporter à l'abri les provisions de la cantine. Les corvées s'organisèrent et ce n'est que lorsqu'il nous fut possible de quitter un abri où l'ordre régnait que nous nous éloignâmes. Une centaine de personnes y demeurèrent. Nous y revînmes chaque jour jusqu'au 14 juillet et pûmes ainsi maintenir le contact. Au 30 septembre, 40 personnes vivaient encore dans le souterrain dirigées par M. Gaston Renard, peintre 42, rue du Vaugueux.»
« Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.
Caen est entouré d’une ceinture de collines calcaires dont la pierre servi de tout temps à construire. Chacune de ces collines abrite une ou plusieurs carrières désaffectées pour la plupart. Creusées à une profondeur de 15 à 20 m en dessous du sol, elles constituent sur l’une et l’autre rive de merveilleux abris naturels où vécurent durant la bataille 8 à 10 000 personnes.
A l’intérieur une impression de sécurité totale, mais il fait froid et humide, plusieurs témoignages parlent de fumier plutôt que de paille !
Les plus importantes sont celles de la rive droite à Fleury-sur-Orne à 2 km de Caen de part et d’autre de la route de Thury-Harcourt.
A la sortie de Caen sur la gauche s’élèvent en bordure de la route d’Harcourt les bâtiments d’exploitation d’une distillerie qui appartient à Mrs André et Lucien Saingt. Ils sont construits sur des carrières désaffectées qui servent de caves de stockage à la brasserie, elles couvrent 9 hectares et ne comportent qu’un seul accès, une tirée en pente douce de 20 m sur 150 m de long.
Des réfugiés dans une tirée (entrée en pente douce d’une carrière) à Fleury sur Orne
Contrairement aux trois autres carrières elles ne communiquent pas avec les autres.
Dès les premières heures du 6 juin, la porte de la tirée est ouverte, à 8h00, il y a déjà 50 réfugiés en bas, 200 à midi, 500 le soir, la plupart de Caen.
"Photo Damien Butaeye, les plafonds noircis par la fumée et la lumière du jour à l'arrière plan témoignent de la proximité de la tirée.
Les frères Saingt mettent au point, seuls, sans l’aide des Pouvoirs Publics, une organisation remarquable, avec l’aide de leur personnel et leur argent. Un PC avec un bureau d’admission, une équipe de récupération (M. Georges Hébert et l'équipe des cheminots), des cuisines (M. Lethimonnier), une boulangerie (Mrs Rossignol et Pellâtre), l'abattage du bétail par M. Emile Lefrançois, une carte d’alimentation avec pointage pour éviter les resquillages, trois vaches pour le lait des bébés, un stock important d’eau potable, une infirmerie avec le docteur Cohier; l’abbé Marie de Vaucelles y célébrant la messe tous les dimanches. Le PC est tenu par un jeune polonais de vingt et un ans Camille Kostrz "le petit Camille", comptable à la distillerie; il sera tué par un obus le 10 juillet en trayant une vache . Chaque dimanche la messe est dite par le vicaire de Saint-Michel de Vaucelles, l'abbé Marie.
"Photos Damien Butaeye", à gauche le puits à eau potable de la brasserie, à droite un secteur utilisé par les réfugiés.
Les ordres d’évacuation furent ignorés, mais les allemands se présentent le 25 juin et installent des hommes au repos dans les carrières (aux meilleurs endroits !) Deux lance-grenades (voir photo ci-dessous) sont mis en batterie juste au-dessus des carrières. Ces armes sont servies par le Werfer-Regiment 83 et la SS-Werfer-Abteilung 12 (12.SS-Panzer-Division ). Le 17 juillet, les Waffen-SS expulsent une cinquantaine de réfugiés, autant le lendemain.
Le 19 à 08h30, c’est la libération par les Canadiens francophones du Régiment de Maisonneuve de la 5th Brigade de la 2nd Canadian Infantry Division .
"Photos
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada". Montage de deux photos. Remarquer le drapeau improvisé, constitué d'une chemise bleue d'ouvrier, d'une serviette blanche et d'un napperon rouge, épinglés ensembles. Sur la photo de gauche: la femme à droite avec des lunettes est Mme Saingt.
"Photos
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Remarquer le drapeau confectionné avec un tablier, une couche d'enfant et un foulard.
"Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-129127". Le Private P.P. Beauchamp du Régiment de Maisonneuve et le Dr. Cohier examinent un Nebelwerfer 41 allemand dans une carrière de Fleury-sur-Orne, le 20 Juillet 1944.
Sur une population de 1 000 âmes environ il n’y eu que 3 décès (2 vieillards et 1 enfant). Mais 3 hommes de la distillerie périrent au service des réfugiés.
La carrière fut évacuée complètement le 30 juillet après la visite de M. Pierre Daure , le nouveau préfet.
Lorsque l’on vient de Caen les carrières Fouquet, les plus importantes, se trouvent sur la gauche également à quelques centaines de mètres au-delà des carrières Saingt. Il y a 2 accès : une tirée et un puits équipé d’une étroite échelle de fer coupée par des paliers.
"Photos Damien Butaeye". La tirée et le puits d'entée.
C’est une fabrique de chaux.
L’histoire des carrières Fouquet comporte 2 périodes :
- du 6 au 14 juin
- du 29 juin à la fin de la bataille
M. Fouquet qui est chez lui et qui se trouve du jour au lendemain à la tête d’une population de 2 000 âmes en assume la direction, les carrières sont divisées en 13 secteurs ayant chacun à leur tête un responsable. Le PC est installé à l’entrée au bas de la tirée :
- 400 réfugiés le 8 juin
- 800 le 9
- 2 000 le 14, jour de l’évacuation.
La carrière est éclairée par 25 lampes à calcium de l'usine.
Photo
Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada
Une organisation se met en place avec M. Stévenin, ingénieur à la SNCF, dès le 7 juin par des cuisines, le 9, deux boulangeries elles fonctionneront nuit et jour sans interruption, une partie du ravitaillement est assuré par le Ravitaillement Général (RG) M. Martin, un puits est remis en service et pourvu d’une pompe, une infirmerie est créée dans un coin ainsi qu’un service de police et d’hygiène. M. Charles Aussant, représentant de commerce, est promu "ministre du ravitaillement". La vie s’organise, quand arrive l’ordre de départ ; le 13 juin en fin d’après-midi des bruits avant-coureurs parviennent, l’ordre est impératif. A l’aube du 14 juin, on distribue des vivres : beurre, viande, biscuits et sucre, des carrières Fouquet et des autres 12 000 réfugiés se mettent en route sur le chemin de l’exode par la petite route sinueuse de Bras (hameau d'Ifs).
Peu de temps après les allemands installent dans la carrière un état-major.
Photos Damien Butaeye, à gauche le plafond noirci par les feux entretenus en continu, à droite l'emplacement du QG allemand.
Le 14 juillet dans l’après-midi un bombardement, dans la tirée, fait des morts et des blessés parmi des réfugiés en cours d’expulsion par les allemands.
M. Fouquet et sa famille se cachent jusqu’au 19 juillet à 11h00, date de la libération par les canadiens francophones du régiment de Maisonneuve.
Les carrières Pochiet, ex Géo Roger (fabrique d’engrais) situées au-delà des docks Fouquet en bordure de la route d’Harcourt et à la hauteur du clocher de Fleury furent au moins aussi indépendantes que les carrières Saingt.
La discipline de fer à laquelle était soumis les hôtes de M. Pochiet (70 ans, officier de réserve) en imposa aux allemands eux-mêmes qui laissèrent à peu près tranquilles les troglodytes.
On accède aux carrières Pochiet par 2 puits, le plus grand est surmonté d’une grue utilisée pour l’extraction des pierres, il a 3 m de côté ; l’autre beaucoup plus étroit muni d’une échelle de fer était utilisé par les réfugiés.
Naturellement dès le 6 juin, bien qu’elles soient de toutes les plus éloignées de Caen, elles accueillent une centaine de réfugiés, elles en abriteront plus de 450 par la suite.
Les hôtes des carrières sont recensés, un service de main-d’œuvre est organisé, des responsables sont nommés, un conseil de sécurité et de discipline (avec Mrs Huré, directeur de l'usine à gaz, Chapron, Gauthier et Fabien) assiste M. Pochiet. Un voleur est condamné à l’expulsion. La carrière est divisée en deux îlots avec à leur tête: Mrs Marie et Archambault. Il y a plus, comprenant- et ils sont les seuls à l’avoir compris en temps opportun – que moins on parlera d’eux plus ils seront tranquilles, ils interdisent purement et simplement à leurs ressortissants de sortir de leurs trous. La carrière à deux issues, un planton se tient en permanence à l’entrée de chacune d’elles, pour monter sur le plateau ou gagner par des dédales obscurs les coteaux, il faut exhiber un laisser passer du PC, cette mesure est décidée le 14 juin au reçu de l’ordre d’évacuation qui reste lettre morte.
"Photo Damien Butaeye", dans le passage gardé vers les Coteaux est encor visible l'inscription: "ne pas laisser passer personne"
L'abattage du bétail abandonné ou blessé est effectué par M. Genaudeau. Un contrôle médical sévère avec Sœur Saint-Maurice de la Miséricorde complète cette organisation, une naissance est enregistrée, l’infirmerie improvisée ; aucun mort, aucun blessé, bien que souvent bombardée la voûte de 20 m d’épaisseur résista. La messe est dite chaque dimanche par le curé de Fleury-sur-Orne , l'abbé Saussaye.
La libération fut sans histoire, les Canadiens apparurent dans l’après-midi du 19 juillet
A la fin juillet, quand les réfugiés sont expulsés par les Britanniques, ils remettent au RG :450 kg de beurre, 550 kg de farine, 25 caisses de biscuits, 100 kg de haricots, 10 Kg de sel et 25 kg de café !
2-11-4 Les carrières des Coteaux
Ce fut le 6 juin dans l’après-midi, une ruée vers les grottes des Coteaux (certains témoignages indiquent le nombre de 16), sur la droite de la route d’Harcourt et dominant la vallée de l’Orne, qui servaient pour la plupart de champignonnières.
Source. Les coteaux de Fleury
Entrée d'une carrière coteau de Fleury.
Les portes de gré ou de force s’ouvrent, chacun s’y installe où il veut et comme il veut, aucune organisation n’y fonctionna jamais, aucun contrôle non plus.
"Photo Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada" Réfugiés à l’entrée d’une carrière de Fleury-sur-Orne
Les seuls chiffres disponibles sont ceux du Centre d’Accueil de Fleury-sur-Orne : environ 12 000 portions à chaque repas avant l’évacuation du 14 juin (ce qui ne signifie pas 12 000 réfugiés dans les carrières, beaucoup de réfugiés ne faisaient que passer) puis 3 500 à 5 500 soit une population moyenne de 2 500 à 4 000 personnes compte tenu des resquillages.
Le 6 juin, les premiers réfugiés sont dirigés vers le centre de ravitaillement général dirigé par Mme Villez qui fonctionne à la Mairie-Ecole du village de Fleury-sur-Orne, responsable M. Marie, chef de bureau à la Préfecture, envoyé par le préfet pour y organiser l’accueil des réfugiés. Les vivres proviennent de réquisitions et des récupérations.
Le 13 juin, les ordres d’évacuation sont transmis aux réfugiés, plusieurs milliers s’en vont, pas tous, les partants sont aussitôt remplacés par les Caennais de la rive gauche qui ont reçu le même ordre et qui ne savent pas où aller ! Le 17 juin, le PC et les cuisines sont déménagés à la ferme Betton, il faut aller chercher l’eau avec un tonneau à la ferme Chaussain chemin long et dangereux souvent sous les bombes. Le pain est cuit à Fleury par les boulangers Laforge et Decroisre.
"Photo Archives départementales du Calvados" Un autel ou une tombe provisoire.
Les carrières fermèrent quand les Waffen-SS ordonnent l’évacuation les 15 et 17 juillet.
2-12 Les carrières de la rive gauche
On peut citer :
-les carrières Saint-Julien:
Sur les hauteurs du Gaillon, entre la rue du Magasin-à-Poudre et la rue Bosnières, existe une faille dans le coteau calcaire qui permettait, autrefois, d'extraire latéralement la pierre, en creusant des galeries plus ou moins longues. Après la désaffectation des carrières, le terrain avoisinant, bâti de pavillons, donna naissance à un quartier nouveau connu sous le nom des Carrières Saint-Julien. Un certain nombre de ces pavillons étaient construits contre la falaise même, à l'entrée des galeries creusées dans le coteau et servant de caves. Celles-ci constituèrent des abris naturels excellents où se réfugièrent lés habitants du quartier des jours durant.
-celle du N°18 avec comme responsable, chef d'abri, M. Robert Carabie, le puits est rue Haldot. 116 réfugiés à la date du 10 juin;
-on peut citer également: l'abri Robineau, l'abri Primois, l'abri Laousse, l'abri Bonheur, l'abri Thomas, l'abri Proisy et l'abri Marie.
"Carte postale Delassalle" Les carrières Saint-Julien, voir le front de taille en haut à droite.
-les souterrains de Moulin-au-Roy sur les hauteurs de Saint-Gilles, dirigée par M. Roncin.
-les grottes de la ferme de Mr et Mme De Cooman, rue des Jardins non loin du Jardin des Plantes. Les trois abris de la ferme sont réservés aux vieillards et mères et enfants, tous les autres réfugiés dorment au pied des rochers, allongés sur de la paille. Le 29 juin, les réfugiés sont évacués de force par les Allemands qui réquisitionnent les abris. lire ici deux témoignages.
-les carrières de la Maladrerie:
-carrières Kaskoreff aménagées en centre d’accueil par M. Boulvain directeur de la Société des Pépinières de Caen. Accès par deux puits de 22 et 18 mètres avec une échelle verticale, l'un des puits est équipé d'une nacelle avec un treuil manuel. A partir du 16 juin : 250 personnes avec 52 enfants, 500 personnes venaient régulièrement y passer la nuit. Le ravitaillement des enfants est assuré par M. Boyer et l'abbé Leneveu, celui des adultes par M. Pellan. Libération par les canadiens le 9 juillet à 11h30.
"Source, photo du Service des carrières de la Ville de Caen", un des puits utilisé par les réfugiés, l'échelle a été construite à l'aide de voies Decauville.
Lire le témoignage de Mr Monzein à la date du 4 juillet et celui de Mr René Morin.
-carrière du Bowling, environ 50 personnes, puits d'accès de 27 m équipé d'une échelle et d'un treuil. Le 23 juin, deux jeunes gens poursuivis par des allemands s'engouffrent dans l'échelle d'accès l'un deux fait une chute et meurt de ses blessures au Bon Sauveur. Lire ici un témoignage.
"Source, photo Archives Municipales de Caen", l'échelle métallique utilisée par les réfugiés.
-la glacière de la rue d'Authie, 50 personnes environ, libération par les Canadiens le 9 juillet. Le 15 juillet deux photographes anglais les sergents Jim Mapham et Bert Hardy y effectuent un reportage qui sera publié par le journal Illustrated le 5 août sous le titre: "La cave à bière de Caen vivra dans l'histoire"
"Source"
Communauté de la Miséricorde. Source
Le 6 juin à 16h30 mise hors service de la salle d’opération
A 17h30 les docteurs Morice et Martin qui avaient opéré jusqu’alors informent le docteur Jean Cayla, qu’après le second bombardement de la clinique, celle-ci n’était plus utilisable. Ils furent priés de rejoindre aussitôt le Bon-Sauveur avec leur équipe chirurgicale.
A 23h00 arrivée du PS n° 1 situé de l’autre côté de la rue des Carmes dans le vieux pensionnat Saint-Jean qui évacue à la Miséricorde
Le 7 juin à 02h20 écrasement de la Miséricorde : le dispensaire transformé en hôpital complémentaire, la clinique principale et l’autre clinique rue des Carmes ; 171 victimes dont 72 morts. Lire témoignages
Les cliniques Saint-Joseph et Saint-Pierre sont anéanties.
A la clinique Saint-Martin,
dès le 6 juin , les blessés y arrivent par leurs propres moyens. Le personnel sanitaire y est très réduit : quelques infirmières, des bénévoles et un interne en médecine faisant office de médecin, M. Jean-Marie Toutain. La clinique, abîmée dans sa structure, dispose encore de ses instruments, le 11 juin le stock pharmaceutique est épuisé, M. Toutain se rend au BS et dresse sur le toit une croix rouge. 100 bouches sont à nourrit, la Mère Supérieure se rend près de Falaise dans une ferme et le bétail est abattu par exemple à l'imprimerie Ozanne rue des Rosiers. Les Equipiers d'Urgence s'occupent du ravitaillement. Le 21 juin , un médecin SS réquisitionne des matelas pour son hôpital de campagne, malgré les menaces l'ordre d'évacuation du 29 juin n'est pas respecté. Elle accueille jusqu’au 15 juillet date de l'évacuation sur Bayeux des victimes civiles et militaires.
Situé dans l’ancien pensionnat Saint-Jean, rue des Carmes de l’autre côté de la Miséricorde
Le 6 juin à 07h00 le chef M. Louis Asseline, ses 2 adjoints (MM. Brazard et Goupil) et le personnel médical arrivent peu à peu. Dans la matinée les premiers blessés venant de Lébisey, les autres après le bombardement de 13h30. Les bombardements de 16h30 et 17h00 ébranlent l’édifice, dans la soirée arrivent les blessés et les malades de la clinique des Oblates fuyant les incendies. Vers 23h00 le chef de poste décide de transférer tous les malades et les blessés à la Miséricorde devant la menace du feu.
« Archives départementales du Calvados » Poste de secours bombardé à Caen par les forces alliées. Photographie de propagande allemande.
Après le bombardement de 02h30, tout le quartier est en ruines et en feu, c’est l’ordre de repli vers le PS n° 2 place Blot, le passage vers le quai Vendeuvre est impraticable vu la hauteur des ruines, le trajet se fera non sans mal par la rue Saint-Jean, la rue Saint-Louis, la rue Sadi-Carnot, la place Gambetta, le boulevard Bertrand, les Tribunaux, la place Saint-Martin, les fossés Saint-Julien, la rue Desmoueux et enfin la place Blot.
lire le témoignage de M. Bernard Goupil
Le 6 juin tout le monde est à son poste sous les ordres de M. Rolland, 7 à 8 médecins, autant d’infirmières et 40 brancardiers.
Document présenté page 24 de ce livre avec l'aimable autorisation de l'auteur, une partie des membres du PS N°2
L’immeuble au 2 de la place Blot est encadré par les bombes à 13h30 mais il n’est pas touché, les morts et les blessés affluent, ils sont dirigés vers le Bon-Sauveur ; l’après-midi le jardin reçoit des bombes, le bombardement de 02h30 l’épargne.
Le 7, les allemands installent une ligne de défense, place Blot et donnent l’ordre aux habitants restés aux alentours d’évacuer. Après un premier déménagement prévu à la Société Normande d’Alimentation (SNA) rue Saint-Gabriel, annulé car les allemands y installent une batterie d’artillerie, le repli se fait à 16h00 avec le matériel vers le Bon-Sauveur où étant refoulé vers le Lycée Malherbe au réfectoire, le même jour le docteur Jean Cayla crée l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe avec le personnel des deux PS n°1 et 2.
témoignage d'un équipier de la Défense passive affecté au PS N°2
Le 6 juin à 07h30, la majeure partie de l’équipe se trouve à son poste :
Les premières victimes n’arrivent que dans l’après-midi : 14 morts et 22 blessés.
Du 6 juin au 15 août, 85 morts ont été amenés au PS et 1 455 blessés et malades dont 33 soldats Britanniques et Canadiens y ont reçu des soins. Les morts ont été inhumés pour la plupart au cimetière de Vaucelles. Les blessés graves (il n’y avait pas d’installation chirurgicale) –selon le plan prévu- transportés au Bon-Sauveur par la passerelle puis par le pont du tortillard ; les allemands ayant interdit le passage de l’Orne aux ambulances, le passage se faisait par brancardage manuel entre les deux rives. Après la libération de la rive gauche, l’évacuation se fera à Giel (Orne) via Saint-Sylvain ; en tout 400 blessés furent ainsi transférés.
Lire le témoignage de Mr Chapel
3-5 Hôpitaux de repli organisés par le docteur Cayla
Dès le 8 juin, le docteur Jean Cayla propose comme repli pour la rive droite en prévision d’une rupture totale des ponts entre les rives droite et gauche de Caen : l’envoi d’une équipe chirurgicale mobile pour la rive droite à Boulon (à 17 km de Caen sur la route de Thury-Harcourt)
Réponse du SIPEG (Service Interministériel de Protection contre les Evénements de Guerre, service créé par décret du 12 février 1943, délégué général: Jean Lacombe préfet hors cadre) : l’orphelinat de Giel (Orne) à l’ouest d’Argentan.Carte Jean Secardin à partir de celle de la page 200 du livre: Ambulancières en Normandie Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac , Editions du Moulin Vieux, 1994.
Distance : Caen-Giel-Courteilles 66 km en passant par Saint-Sylvain (à 22 km de Caen) Les ambulances avaient ordre de ne pas aller plus loin que cette localité afin de ménager le matériel !
Le 7 juillet, deux médecins sur trois du PS n°3 reçoivent l'ordre de se replier sur Giel: les docteurs Guesdon et Fontaine; le docteur Friley reste seul à Sainte-Thérése. A partir du 9 juillet, date de la libération de la rive gauche de Caen, le PS n°3 envoya ses blessés à Giel via Saint-Sylvain. (témoignage de Mlle Heiniger, ambulancière)
Rappelons également que le 11 juillet, des ambulances venues de Giel évacuèrent 85 blessés de « l’hôpital » des Petits Sœurs des Pauvres boulevard Lyautey.
Cet hôpital de campagne de Giel était installé dans l’orphelinat depuis juin avec les docteurs Regnier et Levaux, deux internes, des bénévoles et des sœurs de la clinique d’Argentan. Il fût libéré le 18 août.
3-5-1 à Truttemer-le-Grand (Calvados) au sud-est de Vire
Distance : Caen-Truttemer 73 km
Truttemer reçoit également tous les services médicaux de Vire depuis l’anéantissement de la ville le 6 juin au soir. L’hôpital Charles Canu, la clinique Ambroise Paré et le poste de secours de la Miséricorde y sont repliés. Le château,les deux écoles
et la salle paroissiale sont réquisitionnés. Le docteur Couppey dirige cet hôpital de campagne avec ses confrères Rousses et Tesnière. Le chirurgien Darnis les rejoint et pratique 450 opérations dans des conditions difficiles. Il faut assurer les soins exigés par plus de 1500 blessés.
Caen envoie des secours : une ambulance et l'équipe médicale des docteurs Lacroix et Lebars. Des médicaments arrivent également de Paris envoyés par une association charitable qui en assure le transport dans une Juvaquatre Renault. Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla, à la mi-juin, pour l'alimentation électrique d'un poste de radiographie.
La maison où les docteurs étaient hébergés:
Cette antenne hospitalière va fonctionner jusqu'au 6 août
3-5-2 à Guerquesalles (Orne) au sud de Vimoutiers au château de Vimer
Distance : Caen-Guerquesalles 63 km
Le château de Vimer, propriétaires le Comte et la Comtesse de Touchet, sert déjà depuis le 14 juin après-midi comme hôpital de repli pour celui de Vimoutiers entièrement détruit par un bombardement aérien; le docteur Boullard y opère les blessés du bombardement de Vimoutiers dans des conditions plus que précaires avec comme seul antiseptique du Calvados avant de recevoir des renforts organisés par l’infirmière-major Mme de Liencourt.L'équipe médicale du château de Vimer.
Le château fut équipé par la Croix-Rouge (Mme de Vieil-Castelle).Un groupe électrogène y fut installé par M. Trouvay, ingénieur à l'hôpital de Caen, à la demande du docteur Jean Cayla.
Il représente une superficie de 10 hectares, une ville dans la ville, qui en 1939 comptait 1 800 âmes dont 1 250 malades et 120 religieuses. En juillet 42, les allemands évacuent l’hôpital psychiatrique, ne laissant qu’un centre pour les urgences. En août 42, l’hôpital civil de Saint-Gilles, transformé en Kriegslazarett par l’occupant, vient s’y réfugier.
Le 6 juin 44, quelques bâtiments, près de la rue Saint-Ouen sont réservés en cas de bombardement à recevoir les victimes des « événements de guerre » c’est le Centre d’Accueil municipal du BonSauveur.(voir 2-4)
Organisation :
Direction du service de santé par les docteurs Jean Cayla et Marcel Digeon et pour le secteur administratif M. Célestin Leroyer. Citons également comme collaboratrices de la direction sanitaire: le docteur Lucie Solente, Mlle Denise Noblet et Mme Luc secrétaires.
Intendante, Mme Leroux.
L'entrée du Bon Sauveur par une allée donnant sur la rue de l'Abbatiale
Photos Herbaltablet en 2009.
Le centre de triage dans le « grand pavillon » dirigé par les docteurs Villey et Bonnet
Le bloc opératoire à 200 m, au pavillon du Sacré-Cœur (avec un étage, un rez-de-chaussée et un sous-sol) avec 3 salles d’opérations (1 à chaque niveau), 2 groupes électrogènes pour l’alimentation électrique
Une salle de radiographie dirigée par le docteur Simon
Pour les plâtres : le docteur Dastugue
Transfusion sanguine : le docteur Henri Le Rasle
Au pavillon Sainte-Camille, les docteurs Morice et Lacroix pour les blessés de première urgence
Le service de biologie médicale : le docteur Lebailly
Docteur Porin responsable de la lutte contre les maladies contagieuses et parasitaires
Service stérilisation : Mlle Hofer et 4 infirmiers
La pharmacie dirigée par les internes Jean Lepoultier et Jean Benoist
La maternité installée au sous-sol du triage avec Mlles Lydia Targowla , Rouat et Marie Perrot (80 naissances)
Le responsable des brancardiers (130 hommes) M. Pigeon, agent de la DP
Une équipe spéciale, dirigée par Pierre Buisson avec le concours de 6 agents de police pour la récupération dans les décombres des pharmacies sinistrées des médicaments ayant pu échapper à la destruction
Le service de contrôle des entrées et des sorties des blessés et des morts et les liaisons avec les familles dirigé par M. Max Maurin, délégué régional à la famille avec son équipe.
Et bien sûr le dévouement de toutes les religieuses. Un fait parmi d’autres :
Le docteur Digeon va avec un chauffeur et deux brancardiers à l’usine Froger-Gosselin de Saint-Rémy-sur-Orne pourtant gardée par les Allemands et grâce à la complicité d’un ouvrier revient avec le camion bâché rempli de coton et de pansements.
Quelques chiffres :
Le premier jour du débarquement le docteur Guibé opéra durant 20 heures consécutives !
Les salles d’opération fonctionnaient selon les horaires suivants :
- -de 01h00 à 07h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
- -de 07h00 à 13h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice
- -de 13h00 à 19h00 les docteurs Guibé, Lacroix et Maugeais
- -de 19h00 à 01h00 les docteurs Chaperon, Martin et Morice
Du 6 juin au 15 août : 2 300 opérations
Le maximum fut atteint le 20 juin avec 826 blessés hospitalisés
De mi-juin au 9 juillet : 23 blessés graves par jour en moyenne, 1 390 blessés, 178 morts et 71 naissances
A la mi-juin : 820 lits, 550 blessés et 270 patients en médecine et maternité
Fin juin des évacuations sont organisées vers Mortagne-au-Perche et Giel dans l’Orne ainsi qu’à Bayeux.
L’après-midi du 9 juillet : 618 blessés dont 6 Allemands et 12 Britanniques que les libérateurs canadiens transportent à l’hôpital général militaire de Douvres.
L'évacuation des blessés s'organise avec des transports sanitaires des Alliés, dès le 9 juillet: 35 vers Douvres, le 16:70 enfants de la pouponnière à Sainte-Croix-Grand-Tonne sous l'autorité de Mlle Maunoury, le 17: 48 tuberculeux vers l'hôpital Pasteur à Cherbourg,
65 malades mentaux. 80 sourds et muets vers le grand séminaire de Bayeux.
Photo présentée page 7 de ce livre. Le grand séminaire de Bayeux transformé fin juillet 1944 en hôpital militaire Robert Lion
Un groupe d'une cinquantaine de sourds, garçons et filles, quitte l'Institution pour un périple vers Bayeux, un camp de toiles à Cussy, le château d'Amblie, le Bon Sauveur de Pont L'Abbé, retour à Caen le 1 septembre 1944 .
Une anecdote parmi tant d’autres, dans la nuit du 13 au 14 juillet, un obus allemand traverse la salle d’opération du pavillon du Sacré-Cœur faisant 1 mort (le blessé en cours d'intervention) et 3 blessés (dont le docteur Maugeais et l'anesthésiste), 42 minutes après la destruction la salle d’opération est réinstallée.
426 personnes y travaillent dont 31 médecins, 22 internes, 114 infirmiers et élèves infirmiers ainsi que 46 personnes de la Croix-Rouge Française (CRF), 130 brancardiers, 83 aides-soignantes et les religieuses.
Il y eut environ 620 décès, 71 naissances, 2 300 opérations chirurgicales.
Lire le témoignage de deux brancardiers du BS
3-7 L’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe
Il est crée le 7 juin avec le personnel des PS n° 1 et 2 repliés au réfectoire du Lycée.
Responsable administratif : M. Rolland
Médecin-chef : docteur Lemarinier
Au triage : docteur Golse
A la transfusion sanguine : docteur Rousselot
A l’ophtalmologie : docteur Quermonne
A la dermato-vénérologie : docteur Hissard
A la pharmacie : Docteur Pierre Danjou
Lire ici l'affectation du Dr Paul James
Avec une annexe pour les contagieux, 111 malades reçus du 18 juin au 9 juillet: diphtéries, angines, scarlatines, rougeoles, affections broncho-pulmonaires et gastro-intestinales dont 2 typhoïdes (docteur Vigot) établie de l’autre côté de l’impasse Saint-Benoît dans les locaux de l’Ecole Normale d’Institutrices.
L’hôpital complémentaire remplit deux offices, il reçoit :
-les blessés
-les malades et les vieillards
Les malades s’installent dans les dortoirs du premier étage et les vieillards (une centaine) impotents et grabataires au second.
A la mi-juin : 330 lits avec un effectif de 210 personnes dont : 12 médecins, 2 chirurgiens-dentistes, 2 pharmaciens, 32 infirmières, 26 aides infirmières et secouristes et 57 membres des Equipes d’Urgence de la Croix-Rouge Française.
Les blessés amenés par les ambulancières, les agents de la DP, les garçons des Equipes d’Urgence et Nationales à travers la cour du Lycée, sont examinés, aussitôt, par le docteur Golse. Les cas de première urgence sont immédiatement dirigés sur les salles d’opérations du BonSauveur. Si nécessaire, le docteur Rousselot fait une transfusion de sang. Les blessés de deuxième et troisième urgences restent à l’hôpital complémentaire où ils sont nettoyés, pansés, soignés jusqu’à ce que les chirurgiens puissent s’occuper d’eux.
Entrée de la cour du Lycée Malherbe place Guillouard (ou Place du Parc) deux sentinelles allemandes en faction. Remarquez sur les piliers du portail des pancartes
HOPITAL
COMPLEMENTAIRE DU LYCEE MALHERBE
La photo a donc été prise avant le 9 juillet et quelques jours après le 7 juin (le temps de faire les pancartes !)
Cet hôpital servit d’annexe en quelque sorte au BonSauveur, finalement au total 500 lits seront occupés jusqu’à la fermeture, mi-juillet, commandée par les bombardements allemands suivant l’arrivée des alliés rive gauche, entre temps les malades les moins graves furent évacués à l'hôpital des coteaux fin juin sur ordre du docteur Cayla. Une équipe médicale resta au Lycée.
"Photo allemande. Archives du Calvados" Dans la salle du réfectoire du Lycée Malherbe
3-8 Le Préventorium de Fleury-sur-Orne
.
A 1500 m de Fleury, sur la route de Saint-André-sur-Orne près de la voie ferrée s’élève le manoir Sainte-Croix que l’on appelle encore « Le Préventorium » parce qu’il y a encore une dizaine d’année une aile servait de préventorium en effet. Il était à la veille de la guerre la propriété de M. René Jacob.
Au début des hostilités, l’aile du manoir qui avait servi de Préventorium fut réquisitionnée par le Service de Santé. Une position de repli pour la pouponnière de l’Hôpital Civil y fut aménagée et confiée au docteur Clot. L’organisation comprenant une grande salle d’accueil au rez-de-chaussée et deux dortoirs de 30 lits aux étages. Il s’y ajoutait quelques salles secondaires.
Photos présentées dans Fleury sous l'occupation 50ème anniversaire de l'été de la libération, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994. A gauche la Croix-Rouge sur le toit. A droite devant le préventorium: en blanc le docteur Clot à gauche casqué le RP Prigent.
Il va de soi que ces prévisions ne résistèrent pas aux événements. Dès le 6 juin, les réfugiés affluent et s’installent dans les dépendances. Le docteur Clot réclame en vain une équipe médicale à Caen. Il envoie les grands blessés au BonSauveur et ne garde que les légers. En quelques jours toute une organisation est mise en place et tout le manoir est investi ; 300 paillasses allemandes sont récupérées à la Mairie de Fleury-sur-Orne. Avec le docteur Clot, six religieuses de Saint-Louis et plusieurs infirmières bénévoles, deux d’entre-elles Mme Henriette Campain et Mlle Antoinette Jacob seront tuées par un obus le 20 juillet.
La pharmacie est assurée par Mlle Françoise Clara.
La maternité est dirigée par Mlle Mériel sage-femme : 18 naissances durant la bataille.
Au début 60 bébés, 84 malades et blessés et 10 femmes à la maternité. Le transport des blessés graves vers le BonSauveur est fait par des automobilistes bénévoles et courageux.
Les jours d’affluence 2 000 personnes à nourrir. La boulangerie se fait au four de la ferme Bernard.
Le 10 juin, arrivée de 330 vieillards de Caen répartis dans les fermes Villey et Vivien, ils repartiront ensuite vers Bourguébus et l’hôpital des Coteaux.
Vers le 12 juin, 380 enfants de Saint-Louis arrivent à leur tour, les dépendances sont évacuées par les réfugiés, mais il en restera toujours. Quant aux enfants ils repartiront vers Sées (Orne) début juillet.
Le 15 juin le RP Prigent peint une immense Croix-Rouge sur le toit du grand bâtiment et sur un grand drap fixé sur le toit du manoir et la pelouse.
Des Waffen-SS installent autour du manoir 17 pièces de Flak , 7 lance-grenades et raflent 120 bêtes.
Le 29 juin, arrive de Caen l’ordre d’évacuation, 400 vieillards sont conduits vers Trun dans des véhicules de toute sorte ramassés dans les fermes du voisinage. Les enfants sont conduits aux carrières de Fleury-sur-Orne jusqu’au 5 juillet date de leur évacuation (217 entassés dans 4 autocars) emmenés par Mme Pidoux, assistante sociale.
Le 6 juillet, des obus tombent sur le manoir, il ne reste plus qu’une quinzaine de personnes.
La libération le 20 juillet à 08h00 par deux soldats Canadiens.
3-9 Hôpital des Coteaux à Fleury-sur-Orne
Photo PAC prise le 1 août 1944
Avant de parler de ce dramatique lieu, il faut indiquer que le 16 mai 44, il n’y a plus à Caen aucun vieillard dans les hôpitaux, hospices ou maisons de refuge publics ou privés ; ils avaient été évacués dans la semaine précédente sur ordre exprès.
Le 29 juin, les Allemands ordonnent impérativement aux Caennais de la rive gauche d’évacuer les quartiers de la périphérie dont 526 vieillards abandonnés par leur famille depuis le 6 juin. A savoir :
-
-12 à l’hôpital civil
-
-118 à l’hospice Saint-Louis
-
-108 à l’hôpital complémentaire du Lycée Malherbe
-
-110 au Centre d’Accueil du Lycée Malherbe
-
-178 au BonSauveur
L’évacuation doit se faire en deux temps aux carrières de Fleury puis dans le département de l’Orne ; mais le transit ne se fera jamais !
Les carrières des Coteaux étaient numérotées : la 3 pour Saint-Louis, la 4 (avec M. Lemarchand chirurgien-dentiste et deux religieuses de La Providence de Sées pour le Lycée Malherbe et le BonSauveur et 3 bis pour une annexe.
Ordre de départ le 29 juin à 16h30 à Saint-Louis, premier départ à 18h30 dans des camions du service de nettoiement, les chargements arrivent jusqu’à 20h00 avec 6 religieuses (la Mère supérieure de Saint-Louis, Sœur Gaillard et les Sœurs: Refuveille, Messageon, Martin, Mayolet et Veloutre) et les R.P. Gouriou et Faudet de l'Institut Lemonnier, en présence des docteurs Jean Cayla et Maquère. Brancardage vers la carrière 3 jusqu’à 23h00 par des Equipiers d’Urgence (une équipe de 12 volontaires dirigés par Jean Cadic) . De la paille souillée sur le sol, d’autres couchent à même le sol gluant et glacé, tous n’ont pas de couvertures.
Le lendemain matin arrive par camion les évacués du Lycée Malherbe sans accompagnement ! Ils sont débarqués sur l’herbe mouillée et y resteront jusqu’à 18h00 (les occupants des grottes -la carrière 4- ne voulant pas laisser leur place)
Le 2 juillet, du matériel est ramené de Saint-Louis (150 lits, sommiers, paillasses, couvertures, draps, une pharmacie et 2 t de conserves et produits alimentaires)
M. Trouvay installe un petit groupe électrogène dans la carrière 3, la cuisine provient de la ferme Betton, du personnel arrive en renfort : des Sœurs de Saint-Louis et 3 infirmières envoyées par Mme Saule: Mlles Horel, Mutel et Dabosville. Le père Faudet, le 8 juillet, prend en main l’organisation ,il crée une salle 3bis entre les grottes 3 et 4, les soins sont dispensés sous la direction du docteur Maquère, de Bretteville-sur-Odon, avec le docteur Bories et les internes Morin et Bellamy, de nouvelles infirmières de la Croix-Rouge Française arrivent ainsi que des volontaires hommes et femmes venus des carrières voisines. Le ravitaillement vient de la ferme Betton pour la viande et le pain, le reste incombe à M. André Bernard, agriculteur.
A partir du 9 juillet, par suite de l’évacuation du Préventorium et de l’hospice des Petites Sœurs des Pauvres, l’hôpital des Coteaux fut le seul Poste de Secours dans cette partie de la banlieue caennaise, de nombreux blessés y furent amenés et transportés ensuite sur Giel (Orne).
Photos collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. La cuisine, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, le père Faudet va récupérer à Louvigny des blessés abandonnés lors de l’évacuation du village ordonné par les allemands.
P
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation; photos prises après la libération du 19 juillet. Des vieillards, des réfugiés et des religieuses, remarquer l'éclairage avec une ampoule alimentée par le groupe électrogène installé par M. Trouvay.
A partir du 14 juillet ce sont les Waffen-SS qui exigent l’évacuation, mais comment ? Les allemands quittent les grottes le 19 juillet à 04h00. La libération n’améliora guère les conditions de vie de ces malheureux.
Elevage de poules et de lapins
Il y eût 47 décès à l’hôpital des Coteaux, inhumés au cimetière de Fleury jusqu’au 8 juillet, puis dans la carrière même à cause des bombardements incessants. En janvier 1945, une polémique fut provoquée par une lettre à la presse un architecte caennais, M. Morice, dénonce avec émotion l'abandon dans lequel sont laissés nos morts dans les carrières de Fleury. Victimes des événements de juin juillet, trente corps, dont certains non identifiés, reposent depuis sept mois à fleur de terre et sans cercueils dans la carrière n° 3. Des mains pieuses ont façonné une petite croix portant au crayon-encre le nom des défunts. Ces tombes voisinent avec les champs de champignons et sont constamment détrempées par les infiltrations d'eau. Navrant spectacle pour les familles dans l'obligation d'explorer cette carrière pour en exhumer un être cher. Et le lecteur qui se fait l'interprète de ces familles pose diverses questions, notamment sur le fait que ces corps n'aient pas été exhumés et transférés dans le cimetière de Fleury. Pourquoi ces victimes n'ont-elles jamais été déclarées à la mairie de Fleury ? Pourquoi leurs noms n'ont-ils jamais été transmis à la presse ?
L’évacuation n’eu lieu que les 26 et 27 juillet vers Amblie et Villiers-le-Sec, il ne restait plus que les religieuses et 2 pères.
4-La Croix-Rouge Française (CRF)
Délégué départemental M. de Clermont-Tonnerre, adjointe Mme de Vieil-Castel
PC au 85 rue Caponière (Ecole Jeanne d’Arc)
C’est la CRF qui organise :
- les relais sur la route de l’exode : Caen, Bourguébus, Trun
-les hôpitaux de repli de Truttemer-le-Grand et du château de Vimer
Dépend de la CRF :
-les Equipes d’Urgence (EU), responsable M. Adeline
-les Ambulancières, responsable Mlle Denise Brouzet
-le Service de l’Enfance et des services annexes, Mme Clément-Brédiger, avocate (blessée le 15 juillet au cours d’un bombardement)
-les Infirmières (une vingtaine) détachées dans les PS et les hôpitaux.
Le 24 juin, le PC déménage et s’installe dans les cellules du pavillon Sainte-Marguerite du BonSauveur
4-1 Les Equipes d’Urgence (E.U.)
Organisées en juin 43 par Mme de Viel-Castel avec le concours du Service de Santé
Le PC était au 85 rue Caponière, responsable M. Adeline, chirurgien-dentiste
Effectif à la veille du 6 juin, 100 à 200 membres volontaires garçons et filles, recrutés principalement dans les milieux universitaires. Les départs furent nombreux les 6 et 7 juin, mais de nouveaux volontaires assurent un effectif moyen de 90 membres, plusieurs sections furent créées :
-l’équipe des étudiants des facultés avec Gilles Rivière
-celle des lycéens Malherbe avec René Streiff
-celle des lycéens Sainte Marie avec J. Renault, étudiant en lettres et professeur de 5e.
Photos collection André Heintz présentées page 183 et 184 du livre:
Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Equipiers d'Urgence au Lycée Malherbe sur un plateau et rue de l'Académie avec une voiture à bras.
"Photo ECPA Coll. Musée Mémorial de Bayeux" Des jeunes des Equipes d'Urgence, rue Saint-Pierre, le matin du 6 juin.
-du Bon-Sauveur
Photo collection André Heintz, présentée page 51 du livre: La vie quotidienne des étudiants à Caen de 1939 à 1955, Presses Universitaires de Caen, 1994. Une des rares photos des Équipiers d'Urgence en poste au BonSauveur. On reconnaît sur ce cliché : Michel Royer, André Leclercq, Michel Huart, Marie Repussard, MM. Eudes, Boisroux, Lefrançois et Micheline Koebel.
Photos collection André Heintz présentées page 184 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Internes du Bon Sauveur.
-des Petites Sœurs des Pauvres avec Gilbert Detolle (le fils aîné du maire)
Le PC fut déménagé dans un petit local du Lycée Malherbe au bout de la cuisine, au rez-de-chaussée, avec entrée côte impasse Saint-Benoît
-de l'hôpital des coteaux avec Jean Cadic.
Chaque jour un voyage à Saint-Sylvain (16 km) pour aller chercher du lait avec un gazo des « Courriers Normands » baptisé « Le Furet » peint en blanc. François Cadie et Maurice Cauchard iront jusqu’au Mans le 20 juin pour ramener 1 400 kg de tabac. Le reste du temps il ramassait les blessés et les malades sur la route de l’évacuation.
Photo collection André Heintz présentée page 183 du livre: Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
Des Equipiers d'Urgence devant le camion de la Croix Rouge: P. TIRARD, Ch. FAVRIEL, J. AULOMBARD, L. SAVARY, FAIGNANT, assis : BEDEL, J. COCHARD
Cette photo est présentée page 366 de ce livre avec la légende suivante:"L'épopée du camion de la Croix-Rouge de Bayeux:Le 17 juin, un ancien de Tilly, malgré sa blessure, traversa les lignes, gagna Bayeux et demanda à la Croix Rouge de venir secourir les blessés de l'école du Sacré-Cœur. Un camion de la Défense passive et sept volontaires (dont Jean Aulombard, futur notaire à Balleroy de 1955 à 1980, 21 ans en 1944 et un autre Bayeusain, M. Jean Guérin) essayèrent à deux reprises d'approcher Tilly, sans succès, les Allemands occupant toujours le terrain. Le 18 juin, enfin, ils parvinrent à pénétrer dans la cour de l'école et à charger les pauvres blessés. Au moment où ils repartaient vers Bayeux, les Allemands qui avaient repris le village leurs interdisent le passage, les repoussant vers l'arrière, le chauffeur essaya bien par Cristot, Le Mesnil-Patry de franchir les lignes, mais hélas rien à faire. C'est finalement à Flers et Caen que ces braves volontaires terminèrent leur voyage en ayant rencontré des difficultés de toutes sortes, mais heureux d'avoir rempli leur mission. Ils laissèrent les blessés à l'hôpital du Bon Sauveur. Ce camion, parti pour deux heures, revint un mois après !"
Les équipes féminines; dirigées par Chantal Nobecourt, s’occupaient plus spécialement de la "biberonnerie" (150 à 200 enfants), du nettoyage et du blanchissage.
8 membres sont morts au champ d’honneur dont:
-Robert Auvray, brûlé vif au 6 de la rue du Pont-Saint-Jacques le 15 juin ,
-André Chambon dans le bombardement de La Miséricorde le 7 juin ,
-Denise Olive par un obus allemand au Lycée Malherbe le 15 juillet , une rue lui rend hommage.
-Pierre Favier tué par un éclat de vitre aux Galeries Lafayette à l'âge de 14 ans, le 12 juin
Source page 124 de ce livre
"Photo Streiff" Le cercueil de Pierre Favier
« Archives Municipales de Caen ». Sur les ruines de la clinique de la Miséricorde, trois croix blanches ont rappelé longtemps le sacrifice des Equipiers d’Urgence et Nationaux.
Lire les témoignages de plusieurs Equipiers d'Urgence: M. Charles Macary, M. Jean-Marie Girault, M. André Heintz, un anonyme,
PC au 85 rue Caponière
Elles sont 9 (Mlle Chollet, Durand, Dammon, Gillet, Heiniger, Hérilier, Pueh, de Rosny, et de Veye) avec chacune une voiture dont 5 ambulances, responsable Mlle Denise Brouzet (disparue en mission le 14 août à La Chapelle-Biche près de Flers dans l’Orne, après avoir été prisonnière des Allemands)
Chaque ambulancière était escortée par deux brancardiers des EU.
Le 7 juin, Mlle Jacqueline Heiniger et Mlle Jacqueline Chollet récupèrent 5 parachutistes Anglais et un soldat Allemand tous blessés (transportés depuis Troarn en voiture particulière) de l'hospice des Petites Sœurs des Pauvres vers le PS n°3 puis vers la Passerelle (l'Allemand décède dans l'ambulance) pour le Bon-Sauveur.
Le 24 juin, Mlle Gillet évacue, sous un feu d’enfer, 20 enfants réfugiés à Cahagnes vers Bois-Halbout.
Elles avaient pour mission fondamentale d’aller chercher sur les lieux des bombardements les victimes et de les transporter dans les hôpitaux.
Ambulance fourgonnette Amilcar Compound agencée en véhicule de première intervention pour la Croix Rouge Française. Source Cote: 13 Num 5590. © Arch. dép. Manche / CG50
Mlle Marie-Thérèse Hérilier est tuée, à 20 ans, dans la nuit du 7 juin (selon une autre source le 6 juin en début d'après-midi) par une bombe qui pulvérise son ambulance à l’entrée du pont de Vaucelles .
Mlle Jacqueline Heiniger avec sa Matford à trois brancards
Photo présentée page 182 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994. Remarquez à droite le bâtiment du PS n°3.
et Mlle Jacqueline Chollet avec sa Renault à cinq brancards affectées au PS n°3 font la navette jusqu’à la passerelle de l’Orne.
Carte présentée page 194 du livre: Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.
Après le 9 juillet, les Canadiens participent à l'évacuation des blessés, ici rue de Bretagne avec des hommes de la DP (casque blanc Adrian)
Responsable Mme Clément-Brédiger
Dès le 9 juin, elle crée :
-une pouponnière avec stérilisation et distribution de lait (Mlles Hubert et Nobécourt)
-un service de lavage de linges enfantins dans la rivière Orne (Mlle Yvonne Maurin)
-une équipe de récupération et de restauration (Mme Favier)
-un service de laines et tricots (Mme Adeline)
-une annexe de soins d’hygiène pour les femmes (Mlle Besnier)
-une "biberonnerie" au BonSauveur (Mme Martinet)
-un ouvroir au Lycée Malherbe (Mmes Detolle, Grandsard et Corret)
Formées à l'été 1943 pour les jeunes entre 13 et 25 ans sur proposition du Commissariat à la Jeunesse, elles furent constituées dans le Calvados dès début octobre 43.
Au 5 juin 1944: 363 permanents et 450 temporaires (dont 118 Caennais). Le plan d’alerte est prêt, mais seul le groupe SOS (45 garçons commandés par le chef Jean Leherpeur) avait fait ses preuves à Rouen du 18 au 22 avril 1944.
Ils sont requis pour des travaux de déblaiement en « cas de coup dur »
Siège 3 rue Pasteur au second étage en face du Lycée de Jeunes Filles. Les responsables sont: Mlles Eloy et Hochard, Mr et Mme Genevois, Mrs Leherpeur, Vercel et Favier.
Le 6 juin :
- dès 05h00 des estafettes sont mises à la disposition des hôpitaux
- à 06h30 mobilisation du groupe sanitaire et des centres d’accueil
- à 10h30 déménagement de la délégation vers les abris du Lycée de Jeunes Filles de la rue Pasteur
-11h00 le groupe SOS (déblaiement et feu) part pour Lebisey.
Pendant toute la bataille ils aideront les pompiers, déblayeront les ruines pour sauver les survivants, souvent avec l’aide des E.U.
Photo prise dans le bas de la rue de Bayeux. Voir ici
Les tâches se répartissent ainsi :
- Le poste de secours du Lycée Pasteur (garçons et filles)
- Pompiers auxiliaires
- SOS (déblaiement et feu) 45 équipiers avec Jean Leherpeur.
- Service du matériel et de la récupération
- Evacuation des sinistrés vers Trun via Bourguébus
- Exhumation
- Secouristes volants
- Agents de transmission dans le département . Courrier
- Hôpital du Bon Sauveur (garçons et filles)
Effectif moyen durant la bataille : 84 équipiers, dont 14 tués et 13 blessés, pour: 318 blessés dégagés et 675 morts exhumés, ce qui fait que chaque membre a en moyenne sauvé 4 personnes et retiré des décombres 8 cadavres !
"Photo allemande. Archives du Calvados"
6-Le Ravitaillement Général (R.G.)
Son activité était d’approvisionner Caen soit par voie normale d’achat par réquisition, soit par récupération dans les entrepôts abandonnés ou sinistrés (pâtes, conserves, riz, sel, sucre, etc…) et d’organiser les répartitions de ces vivres entre les Caennais.
Le vieil hôtel au 7 rue Saint-Louis qui abritait les services du RG fut anéanti dans la nuit du 6 au 7 juin.
Le PC fut transféré au Lycée Malherbe dans les salles 7, 8, 10, 11 et 12 au 1er étage et vers le 12 juin, le RG réorganisé par son directeur M. Pierre Callé et son adjoint M. Lebret repris son activité ; plusieurs de ses membres furent tués dans leur activité.
Distribution de produits réquisitionnés par un membre de la Défense Passive
La population passe de 60 000 à 24 000 (chiffres approximatifs) fin juin, 28 000 selon ce recensement au 15 juin ; la population de la rive gauche libérée tombe à moins de 9 000 après le 9 juillet.
La rive droite qui avait son autonomie à peu près complète était sous les ordres de M. André qui après recensement constitua 12 groupes d’approvisionnement disséminés dans les différents quartiers de Vaucelles.
La rive gauche avec Mrs Michaut, Le Guen, Bellanger et Mlle Gadie fut divisée en 13 secteurs de 250 à 4 000 personnes, puis regroupés en 4 secteurs à partir du 29 juin.
Quelques exemples :
Farine et pain
Transport de sacs de nourriture dans une rue encombrée de gravats
Le seul apport extérieur qui fut enregistré est de 6 t de blé reçues de Damville (Eure) sur ordre de Vichy. La ration fut de 100g/personne/jour. Quelques boulangeries restèrent ouvertes durant toute la bataille.
Aux moulins Lemanissier, rue Victor Hugo, 51 t de farine furent récupérées et stockées au Lycée Malherbe, 23 t furent également récupérées dans les différentes boulangeries bombardées ce qui permit la fabrication de 97 t de pain. 59 t de céréales stockées boulevard Lyautey furent distribuées jusqu’à Bourguébus pour les évacués. 27 t de farine furent fabriquées par un moulin du boulevard Lyautey remis en état à l’aide d’un tracteur agricole.
Photo Collection Jean-Pierre Benamou, avec son aimable autorisation
Source film British Movietone News. Des réfugiés devant un portail (FERME APRES MIDI), corvée d'eau (EAU NON POTABLE)
Source film British Movietone News. Des réfugiés font la queue pour une distributions de vivres.
La viande
Elle ne manquera jamais. Un parc avait été aménagé dans les dépendances du BonSauveur. Dès le 15 juin, 14 boucheries et 4 charcuteries étaient ouvertes dans les quartiers non sinistrés. Des volontaires aidés des E.U. et des E.N. ramassaient le bétail errant dans la campagne.
L’eau
L’eau distribuée à Caen venant des sources de Moulines au-delà de Bretteville-sur-Laize (à 23 km)
La canalisation principale suivait la route de Falaise et traversait l’Orne au pont des Abattoirs. Dès la nuit du 6 au 7 juin la rive gauche n’avait plus d’eau potable. Le système D se mit en place par des corvées organisées et la réouverture de puits particuliers, désaffectés depuis longtemps. La rive droite fut plus ou moins alimentée jusqu’au 11 juillet date à laquelle les allemands firent sauter les installations de Moulines.
Le vin ne manqua jamais, de très grandes quantités furent récupérées dans les entrepôts ( 20 000 litres en un seul endroit) et livrées au R.G.
Le lait, le beurre et les fromages ne manquèrent pas non plus. Certains Caennais affirmaient avoir été saturés de Livarot à en être dégoûtés pour le reste de leurs jours !
A la Société Normande d’Alimentation (SNA) 85 t de sucre sont découverts : 45 t pour les Equipiers et 40 t pour les Waffen-SS !
Créée le 9 juin par le préfet Michel Cacaud , décret cosigné par le Kampfkommandant de la place.
Caen est divisé en 7 secteurs :
- Direction générale M. Louis Lamy (déjà responsable de la police auxiliaire créée en 1940) il meurt le 7 juillet
- M. Grégoire pour la rive droite
- M. Hamon pour Saint-Jean
- Colonel Wacogne pour Saint-Julien et Saint-Gilles
- M. Bosquin pour Saint-Pierre
- M. Louvel pour Saint-Etienne centre
- M. Mathieu pour Saint-Etienne banlieue et La Maladrerie
- M. Philippon pour Venoix
500 hommes dont 376 anciens combattants, munis d’un brassard portant l’inscription « Police de Sécurité » avec un numéro d’ordre et une carte rédigée en allemand et en français. Ils peuvent circuler à bicyclette après l'heure du couvre-feu, et à porter un gourdin . Le PC s’installe dans la chapelle Halbout à Saint-Etienne, les délinquants sont emmenés au Commissariat de police établi au champ de course, dirigé par M. Bouton.
Elle effectuera 250 arrestations environ, mais les plus grands pilleurs étaient les Waffen-SS et même la Felgendarmerie allemande n’y pouvait rien…
Les bureaux au 9 place Saint-Sauveur, avec Mr Lecomte (il sera blessé le 8 juillet) et son adjoint M. Lemenorel, l’entrepôt rue Sainte-Anne : 20 à 25 tonnes de vivres (conserves, lait condensé, chocolat, pain d’épice et autres), vêtements et chaussures.
Lors du bombardement du 6 juin à 13h30 l’entrepôt est anéanti et le feu se déclare aussitôt dans les ruines. M Bellamy, délégué à la propagande, avec le concours des EU récupère le jour même et le lendemain 7 à 8 tonnes de marchandises qu’il transporte place Saint-Sauveur pour être aussitôt distribuées aux sinistrés.
Dans la nuit du 8 au 9 juin, un obus de 380 mm détruit l’immeuble de la place Saint-Sauveur. Le PC est déménagé à la Chambre des Notaires, place Guillouard.
Le Secours National se réorganise avec 6 employés, un camion de 6 t est mis à sa disposition ; mission : prospection des ruines et des magasins abandonnés. Il y a de la concurrence et des accrochages avec les Waffen-SS. Des tissus sont récupérés chez Delaunay, 13 000 paires de chaussures récupérées et distribuées. Un entrepôt est établi à l’Université.
Le siège central de Paris envoya 2 camions à Caen !
Des ateliers de réfection et de confection sont créés dans les salles de l’Université, rue aux Namps, mais ils sont incendiés par le bombardement dans la nuit du 7 au 8 juillet.
Source film British Movietone News. Roulante du Secours National et un agent de la DP à côté d'un panneau d'informations pour le ravitaillement du 12 au 14 juillet.
Cet organisme vichyste devient après la libération « l’Entraide Française pour la Libération » et avec des hommes nouveaux continuera son action. Sur ordre de François Coulet , Mrs Lecomte, Gruet et de la Hougue sont démis de leurs fonctions le 22 juillet et remplacés par M. Legrand, avoué à la Cour d'appel de Caen promu nouveau délégué régional, M. Pierre Bouts, assureur, délégué adjoint et M. Bellamy, secrétaire général.
La fuite après les bombardements dans ce film à partir de 01:41 et au début de celui-ci
Le préfet Michel Cacaud nomme M. Marie assisté de M. Chavatte pour organiser le repli des sinistrés sur les routes de l’Orne et leur hébergement dans les départements du sud.
La gare du Tramway Place de l'Ancienne Boucherie
Exodes des Caennais Photos présentées page 40 et 41 du livre: La bataille de Caen de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.
Première information
:
Le 8 juin des affiches sont apposées dans les Centres d’Accueil :
« Habitants de Caen,
En présence des meurtriers bombardements qui endeuillent Caen, quartier par quartier, et qui sont susceptibles de se renouveler, nous conseillons aux habitants de Caen, qui ne sont pas retenus par aucune charge officielle ou administrative, de se disperser.
Nous nous inclinons avec émotion devant les deuils et les souffrances de la population ;
Le préfet : Michel Cacaud ; le maire : André Detolle »
« Archives départementales du Calvados ». Devant le 92 de la rue Caponière, des soldats allemands regardent des civiles fuyant la ville
Photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre
Seconde information
Le 10 juin dans un message destiné aux alliés et signé de M. Detolle, maire de Caen . Pour ne pas bombarder la route d’évacuation des Caennais vers Trun, Bourguébus, Saint-Sylvain et Vendeuvre.
Ensuite les évacués sont dispersés selon trois itinéraires possibles:
-Exmes, Le Merlerault, Courtomer, Sainte-Scolasse-sur-Sarthe.
-Almenèches, Chailloué, Aunou-sur-Orne,
-Fresnay-le-Samson, Le Sap, Monnai, Villers-en-Ouche, La Ferté-Frênel.
Les circuits de dispersion des réfugiés à partir de Trun.
Ensuite c'est la Mayenne (Château-Gontier, Sainte-Suzanne, Courberie, Gorron,...), la Sarthe et la Vienne !
Troisième information
, sur relance allemande, l’ordre d’évacuation du 13 juin :
« Le Préfet et le maire de Caen avertissent que, par ordre des autorités allemandes, la population de Caen doit quitter la ville, à partir de 5 heures du matin, le mercredi 14 juin, pour gagner Trun dans l’Orne »
Il est formel pour les carrières de Fleury, un grand départ a lieu le 14 juin, environ 12 000 personnes par la petite route sinueuse qui va vers Bras au delà de la route de Falaise.
Dans plusieurs quartiers de Caen les allemands contraignent, revolver et mitraillette au poing, la population à s’en aller.
Quatrième information
c’est l’ordre d’évacuation du 29 juin, ainsi rédigé :
« Le général commandant la place de Caen nous a transmis un avis d’évacuation totale de la ville de Caen, pour éviter à la population les graves dangers que comportent les opérations militaires.
Les habitants de La Maladrerie et des quartiers situés au nord des rues de Bayeux, de Saint-Martin, des Fossés Saint-Julien, de Geôle… sont invités à quitter Caen aujourd’hui même. Au cours de la journée de demain, tous les habitants de la ville devront évacuer.
Les habitants devront se diriger sur les carrières de Fleury pour de là gagner la zone d’évacuation prévue, par Bourguébus, Saint-Sylvain, Barou-en-Auge et Trun. »
« Archives départementales du Calvados » Des Caennais fuient les ruines.
D’autre part, les consignes suivantes sont données aux chefs des Centres d’Accueil le 1 juillet :
« Doivent quitter le Centre d’Accueil :
les fonctionnaires ainsi que leurs familles qui ne sont pas déclarés strictement indispensables par leur Chef de service.
Les personnes sinistrées qui ne sont pas retenues à Caen par une mission de service.
Les personnes qui ont leur domicile principal ou une résidence secondaire en dehors de la ville.
Les personnes étrangères à la ville de Caen.
Toutes les personnes ci-dessus désignées doivent évacuer conformément aux avis déjà donnés.
La situation des stocks alimentaires ne permet plus aux centres d’Accueil de les héberger et elles ne doivent plus compter sur l’aide du Ravitaillement Général.
Il est précisé que l’itinéraire d’évacuation
par Bourguébus, Saint-Sylvain, Vendeuvre, Jort, Barou-en-Auge et Trun, assure aux évacués dans les circonstances actuelles le maximum de sécurité.
Sur cet itinéraire des centres d’accueil ont été organisés et permettent aux évacués de trouver sur place le ravitaillement qui leur est nécessaire. Un service de transport est organisé entre Caen et Saint-Sylvain.
Pour tous renseignements concernant l’évacuation et l’acheminement vers le lieu de refuge, s’adresser au Service des réfugiés (couloir des classes au Lycée Malherbe)
Signatures : M. Cacaud, Préfet du Calvados M. Detolle, Maire de Caen «
Note sur Saint-Sylvain, L’exode des Bas-Normands au cours de l’été 1944 de Valérie Laisney-Launey, Doctorante Université de Caen au colloque international, 25-27 mars 2004 Les populations civiles face au débarquement et à la bataille de Normandie :
« Saint-Sylvain où les premiers caennais affluent dès le 8 juin, met rapidement en place les structures de l’accueil. Le ravitaillement est assuré par trois personnes dans l’ancienne colonie de vacances transformée en cuisine centrale. Le poste de secours est assuré à l’école des filles par une infirmière de la Croix-Rouge Française assistée de deux jeunes filles du village. Pour l’hébergement, la salle paroissiale est aménagée sommairement ; des locaux sont réquisitionnés chez les particuliers. L’organisation fonctionne efficacement grâce à la solidarité : les cultivateurs fournissent les bêtes à tour de rôle, des équipes se forment spontanément pour éplucher les légumes ; un bureau distribue les secours en espèces. Mais la ligne de front avance ; le 18 juillet, Saint-Sylvain est bombardée (12 morts dont 6 réfugiés). Le lendemain, l’ordre d’évacuer est donné, l’accueil des réfugiés prend fin alors que la population connaît à son tour l’exode. »
Le docteur Lecharpentier met en place un poste de transfert avec M. Pelluet, pharmacien à Bretteville-sur-Laize, les blessés sont évacués à Giel par le docteur Galmot. 45 000 réfugiés caennais transitent par Saint-Sylvain.
Fin juin, 5 ou 6 camions du Groupe de Transport organisé par les Ponts et Chaussées sont affectés au transport des évacués. Ils les conduisent jusqu’à Saint-Sylvain sur la route de l’exode. Au-delà, si leur état de santé ne leur permet pas de poursuivre à pied, les évacués sont transportés par des relais hippomobiles organisés par les paysans. En outre, un camion part chaque après-midi du Lycée Malherbe et suit la route de l’exil jusqu’à Trun. Il a pour mission de relever les traînards. Il revient à Caen dans la matinée du lendemain.
Une prime de 750 F est distribuée au Lycée par le service départemental des réfugiés qui délivre également des autorisations de départ.
Dans ce livre un avis d'évacuation des Archives Municipales de Caen , reproduit ci-dessous:
PREFECTURE DU CALVADOS
- : -
: -; -: -:-:-:-
.
Cabinet du Préfet
-:-
AVIS
Nous avons donné le pressant conseil à tous ceux qui ne sont retenus par auoune charge administrative ou officielle de se disperser.
Ce conseil dicté par les épreuves douloureuses subies par la Ville de Caen et qui peuvent se renouveler à tout moment puisque nous sommes dans la zone des oombats, n'a pas été suffisamment écouté.
L'autorité d'occupation peut, d'un moment à l'autre, intimer l'ordre d'évacuer dans un délai trés court, et les opérations militaires peuvent rendre cette évacuation plus pénible encore qu'aujourd'hui.
P
ar ailleurs, les stocks de denrées et notamment de farine ne permettent pas de faire vivre des milliers de personnes dans les murs de Caen.
Nous n'avons pas le droit d'
ajouter à vos souffrances, le martyre de la< faim.
Nous a
vons la devoir
de parler sans ambiguité et de vous dire, n'ignorant pas que l'éloignement de votre cité vous est trés pénible :
Il f
aut partir
Les Chefs des différents Oentres d'accueil reçoivent ainsi l'ordre de diriger immédiatement les sinistrés et réfugiés sur TRUN~, par BOURGUEBUS et MORTEAUX COULIBOEUF, étant entendu <que partiront les derniers : les servioes d'administration, de police, de sécurité et de santé ; ceux de la D.P. (notamment les auxiliaires requis pour le déblaiement) ; les organismes de transport et les spécialistes indispensnbles au ravitaillement de la population.
sur cet itinéraire, des centres d'accueil ont été organisés et ont déjà fonctionné.
D'autre pert, la cessation de la èdistribution des vivres$dans chaque secteur de ravitaillement étant prévue dans un délai trés court, l'évacuation des différents quartiers de Caen doit commencer immédiatement, et se poursuivre sans interruption. Messieurs les Chefs de secteurs reçoivent l'ordre de faire pour leurs ressortissants ce que les Chefs des Centres d'accueil doivent exécutar pour les leurs.
LE
PREFET: LE MAIRE:
Michel C A C A U D André D E T O L L E
Photos « Archives départementales du Calvados ». Exode des Caennais
Après le bombardement du 7 juillet, la Feldkommandantur, alors repliée aux environs de Vimoutiers dans l’Orne envoie un nouvel ordre d’évacuation totale, il sera remis au préfet le 9 à midi, par le gendarme Lemperière, alors que les Anglo-Canadiens entrent dans Caen !
On estime qu’à cette date il reste environ 18 000 personnes à Caen sur une population de 60 000 au début de la guerre.
Du 11 au 18 juillet, l'évacuation d'environ 8 000 à 10 000 Caennais est organisée par les Civil Affairs après l'autorisation de la Field Security vers: Bayeux, Amblie, Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Croix-Grand-Tonne et dans la Manche des camps à Fontenay-sur-Mer et Cavigny.
Au 19 juillet, un rapport de la préfecture indique que 4 300 personnes restent à Caen.
« Archives départementales du Calvados ». Evacuation des réfugiés sur le parvis de Saint-Etienne.
Film départ de réfugiés le 15 juillet (à partir de 02:00) voir également le début de ce film.
Source film British Movietone News. Des camions de réfugiés devant le 74 rue de Bayeux. De nos jours. Noter à droite le camion au gazogène.
10- Les cimetières provisoires
Dans les carrières de Fleury-sur-Orne les premiers morts de l’hôpital des Coteaux sont enterrés au cimetière communal ; les autres, en raison des bombardements, dans le fond d’une galerie. Il y eût 47 décès. Les corps sont relevés après les combats pour être inhumés dans le cimetière municipal.
A Caen :
Rue des Carmes, des cercueils attendent leur triste fardeau.
Un cimetière provisoire dans le parc entre l’hospice Saint-Louis et l’hôpital civil, une cinquantaine de tombes
Un dans les jardins du Lycée Malherbe
Source film British Movietone News. Des tombes dans les jardins du Lycée Malherbe.
Un dans la Prairie derrière les tribunes du Champ de Course.
Cimetière provisoire de la Prairie (Photo Archives Départementales du Calvados)
Un dans les jardins du Bon Sauveur (une fosse commune dans la cour du pavillon Notre Dame des Anges avec 245 morts)
A gauche: photo "collections du Mémorial de Caen", source: page 49 de ce livre. A droite: "Photo Jean Quellien" source: page 80 de ce livre.
Le convoi est sur la place Guillouard derrière la statue la façade du Lycée Malherbe et l’église Saint Etienne
Un au Sépulcre, pour les quartiers Saint-Gilles et le Vaugueux. Témoignage de ma mère, après le bombardement du vendredi soir 7 juillet, « les tombes des tués du 6 juin qui étaient au pied du Sépulcre avaient été retournées si bien que des cinq corps des P… nous n’avons retrouvé que quelques habits qui ont permis de savoir que c’était eux »
Au Centre d’Accueil des Petites Sœurs des Pauvres les victimes des bombardements sont inhumés deux par deux au cimetière de Vaucelles juste en face.
Tombes provisoires de victimes dans la cour arrière de la Banque de France (Photos Archives Départementales du Calvados). Il s’agit de Mme Bavay, femme du directeur de la Banque de France et de M Haillard, caissier et son épouse. Ces personnes étaient mortes ensevelies par le bombardement du 7 juin vers 03H30.
Ci-dessous extrait de ce site
Vendredi 23 juin. Les corps de Mme Bavay et de M. et Mme Haillard sont enfin dégagés, mis en bière et déposés dans une fosse dans le jardin. L’équipe de déblaiement a remué tout l’abri mais n’a trouvé aucune trace du corps de la domestique de M. Haillard, seuls son sac et des papiers ont été retirés. Dans le jardin, M. et Mme Haillard ont d’abord été inhumés provisoirement, enveloppés de sacs de billets, faute de cercueil. Plus tard, le corps de M. Haillard étant presque entièrement calciné, les quelques ossements trouvés ont été mis dans le même cercueil que le corps de Mme Haillard.
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Aujourd'hui, encore, la mémoire de cette période tragique continue à être honorée à Caen par le nom de nombreuses rues, de plaques commémoratives et de monuments, dont:
Prière sur les ruines d'Anna Quinquaud, rue de la Délivrande (que les Caennais appellent le Calvaire Saint-Pierre)
et le carré des victimes civiles au cimetière Saint-Gabriel.
Voir également le site de Philippe Corvé, liste non exhaustive.
Depuis 1994, le « parloir» des moines de l'hôtel de ville porte le nom de salle Joseph Poirier.
Sur la plaque:
« Salle Joseph Poirier, 1900-1990. Maire-adjoint de Caen, directeur de la Défense passive. Dans cette salle, à compter du 6 juin 1944 et durant la bataille de Caen, il exerce ses responsabilités avec un courage et une efficacité remarquables. Le 9 juillet, jour de la libération de la rive gauche, il accueillit les Alliés sur la place du lycée. »
Photo Ouest-France, 9 juillet 2009 devant le cimetière Saint Gabriel
- - Bataille de Caen 6 juin-15 août 1944 Vue au jour le jour de Joseph Poirier, Caron à Caen, 1945.
- - Caen pendant la bataille d’André Gosset et Paul Lecomte, Ozanne et Cie à Caen 1946
- - Bataille de Caen 6 juin au 15 août 1944 de Jean-Pierre Benamou, Editions Heimdal, 1988.
- - Caen après la bataille, la survie dans les ruines d'Edouard Tribouillard, Editions Ouest-France, 1993.
- - L'Institution des Sourds-g rçons et fillzq- pendant la bataille de Caende Pierre Adeline, One Book, 2011.
- - Les dés sont sur le tapis, Caen et les environs été 1944 de Jean Lechevrel, SEBN-Caen
- - Fleury sous l’occupation, témoignages de la vie quotidienne à Fleury-sur-Orne en 1944, mairie de Fleury-sur-Orne, 1994
- - Le service de santé à Caen pendant la bataille de Stanislas Hommet
- - Caen 1940-1944 La Guerre L’Occupation La Libération de Claude Quétel, Ouest-France Mémorial de Caen 1994
- - Le Journal de Guerquesalles N°6 juin 2004.
- - Ambulancières en Normandie, Cherbourg-Caen:1944 de Cécile Armagnac, Editions du Moulin Vieux, 1994.
- - Juno Beach Les Canadiens dans la bataille de Guy Chrétien.
- - Les réfugiés dans les carrières pendant la bataille de Caen, Laurent Dujardin et Damien Butaeye, Editions Ouest-France, 2009.
- - Les Caennais dans la bataille de Caen mai - septembre 1944, Cécile Angot, Université de Caen, Année 1995-1996.
- - Mon été 44, les ruines de l'adolescence de Jean-Marie Girault, Éditions du Mémorial de Caen, 2004.
Remerciements :
- -A Jean Secardin pour les cartes
- -A François Robinard pour ses cartes postales, ses recherches et ses conseils
- -A Claude Demeester pour ses recherches et la relecture
- -A M. Cantarutti de la mairie de Fleury-sur-Orne pour le plan remis avec la localisation des carrières.
- -A Jean-Pierre Benamou pour l’utilisation de photos de sa collection.
- -A Sœur Le Roy pour le don de photos du Bon Sauveur.
- -A Marc Zuccolini pour les photos des monuments en l’honneur des victimes civiles
- -Aux Archives Municipales de Caen pour la reproduction de photos.
- -Aux Archives Départementales du Calvados pour la reproduction de photos
- -Aux Editions du Petit Chemin pour l’utilisation des photos de « Caen pendant la bataille » (réédition de 2004)
- -A Benjamin David arrière petit-fils de Mme David pour la légende de la photo des Glens, rue Caponière
- -A Jean-Claude Lavolé pour les informations et les cartes postales de Truttemer-le-Grand.
sources
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2 commentaires -
JE VOIS HISSER POUR LA PREMIERE FOIS DE MA VIE LE DRAPEAU FRANÇAIS
Madame Joseph TOUTAIN, née Françoise ETIENNE, avait neuf ans en juin 1944. Elle a vécu le drame avec des yeux d'enfants. Aujourd'hui, c'est une scientifique, professeur comme son mari, à l'Université de Rouen. Tous deux font de la recherche.
5 Juin 1944...
Le couvre feu est arrivé. Nous devons rentrer. Il est 22 h-22 h 30. II fait encore jour. Avec mon père, nous nous amusons à regarder, par la fenêtre, une partie de ballon qui s'organise entre des soldats allemands et deux ou trois «ouvriers boulangers» qui depuis quelques semaines habitent dans la maison en face de chez nous. Cette partie est interminable et une fois couchée, j'entends encore les voix, les cris... A deux heures du matin, retentissent les premiers grondements du D. Day... Nous avons appris plus tard que les «ouvriers boulangers» à ce signal allèrent trouver leur logeuse, lui dirent: «Nous allons retrouver nos amis». Fin juillet 44, nous avons eu la surprise de voir arriver dans une voiture militaire un officier Anglais qui venait saluer ses anciens propriétaires.
Matin du 6 juin à 9 heures
Surprise !... L'électricité, qui chaque matin était coupée, fonctionne toujours... Les roulements sourds de la nuit continuent plus ou moins fortement, mais malgré la perception de quelque chose de très important, la vie est la même à la maison et je ne vais pas en classe.
Avec Madeleine, notre petite bonne, dont le frère, résistant dans la forêt de Grimbosq (Note de MLQ: à 21 km au Sud de Caen), a été arrêté par la Gestapo en avril 1944 et incarcéré à la Maison d'Arrêt de Caen, nous allons cueillir quelques légumes dans le jardin. Tout à coup nous entendons distinctement une fusillade. Nous écoutons...
«Elle vient de la prison» me dit Madeleine. Silence... Nous écoutons toujours. Brusquement, Madeleine se met à pleurer et à crier: «On fusille mon frère, on fusille mon frère». Elle rentre en courant près de ma mère... Elle ira, dans la matinée, à la porte de la prison, mais n'apprendra rien. Beaucoup plus tard, la Croix-Rouge lui fera connaître la mort de son frère, non parmi les fusillés du 6 juin, mais à Odessa.
SOURCES: Collection Résistance et Mémoire
L'arrière de la Maison d'arrêt de Caen
En fin de matinée, arrivent à la maison plusieurs pensionnaires de l'Institut St Joseph (Note de MLQ: rue des Rosiers), car celui-ci, par prudence, renvoie ses élèves dans leurs familles ou chez leurs correspondants. La maison commence à se remplir.
6 juin 13h-13h30
La sirène mugit, une alerte. Après un court séjour dans la cave, nous sortons dans la rue et, dans un faible rayon de soleil, nous voyons briller les «vagues» de bombardiers et tomber les chapelets de bombes sur la ville… La désolation s'installe. Dans l'après-midi, arrive dans notre quartier un cortège de Caennais hébétés, poussiéreux. La maison continue à se remplir. C'est mon oncle, ma tante, des amis. Le soir, nous sommes une vingtaine. Un dortoir de fortune s'installe dans notre cave. Les matelas sont alignés les uns près des autres et commence ainsi la longue période où nous dormirons habillés, enroulés dans une couverture.
Fin juin 1944
La journée a été difficile, le pilonnage des obus presque constant. (Je savais très bien distinguer le «départ» et «l'arrivée» des obus). Tout à coup, un groupe de soldats allemands descendant du front entrent dans la maison, font de grands gestes et se dirigent vers le poulailler et emportent poules et œufs fraîchement pondus.
J'avais reçu l'ordre de mes parents de ne pas me montrer si des soldats se présentaient chez nous... J'ai désobéi. Regardant ces hommes au visage noirci, avec des colliers de balles autour du cou, j'ai demandé : «Anglais... Boum... Boum... Loin ?»... La réponse fut «Ya... Ya... deux mille mètres». C'était exact. Le front, sur le village d'Authie, était bien à cette distance de chez nous.
Le lendemain, l'Abbé LENORMAND, alors vicaire de la paroisse St-Etienne, célèbre, sur les conseils de Monseigneur des Hameaux , dans la cave de l'épicerie café Marguerie, une messe où tous les habitants du quartier sont conviés. Une table de cuisine recouverte d'un drap sert d'autel. La flamme vacillante d'une bougie éclaire la pièce. Les fidèles sont debout, les enfants au premier rang. Après avoir donné une absolution collective, le prêtre distribue la communion et à ce moment précis des tirs d'obus se font entendre. Malgré cela, la cérémonie s'achève sans précipitation et c'est dans un silence seulement troublé par les sifflements des obus que tous nous avons récité le «Notre Père».
Notre premier séjour dans l'Eglise St-Etienne.
Quelques jours plus tard, des SS, revolver au poing, pénètrent bruyamment dans la maison, regardent notre groupe rassemblé dans la cave, nous font sortir dans le jardin et après une visite de toutes les pièces avec mon père, nous chassent rapidement. Alors, notre petit groupe descend la rue de Bayeux et gagne l'Eglise St-Etienne. Je me souviens encore de cette entrée tardive dans l'abbatiale où se dégage une atmosphère sombre et tiède à la fois. Dans les bas-côtés, dans les chapelles, je revois des groupes alignés, disparates, formant de petites cellules où des matelas ou de la paille déposés sur la dalle, constituent le mobilier essentiel. Tout est sombre, tout est gris... Et ce qui m'étonne le plus c'est que l'on puisse parler à voix haute. Nous trouvons des amis qui nous accordent une place. On se tasse et nous voilà allongés pour la nuit... Le lendemain matin, la vie s'anime dans l'église. On fait une toilette rapide sans eau et çà et là des femmes préparent les repas. On se salue, on se rend une petite visite. Sur le parvis, on entend: «Bien dormi ?... Nuit tranquille...» C'est bien la vie d'un village.
Dans la matinée, la messe est célébrée dans le plus grand recueillement. Mon père, ensuite, se rend rue de Bayeux. La maison est vide de tout soldat. Alors nous regagnons notre domicile et en entrant dans le salon, nous voyons les restes d'un repas sur le plancher et même le phonographe portant une valse de Strauss inachevée.
7-8-9 juillet Soirée du 7 juillet
Les grondements sont de plus en plus forts, les accalmies de plus en plus rares. Nous allons nous allonger sur nos matelas, quand un nouveau bombardement commence. D'énormes roulements nous assourdissent, tous les carreaux tombent. Un souffle a pénétré dans la maison. Nous sommes tous précipités les uns contre les autres... Une bombe est tombée pas loin... Elle devait couper la rue de Bayeux. Les meubles sont déplacés, mais nous sommes en vie et aucun blessé.
A cet instant une troupe de soldats SS arrive hirsute dans la cave, nous chasse une deuxième fois et lourdement, péniblement avec un petit sac à main, nous redescendons vers l'Eglise St-Etienne. Mais horreur ! Le bas de la rue de Bayeux est devenu un immense cratère fumant où les équipes de secours d'urgence travaillent. Je n'oublierai pas ce spectacle.
Avec difficulté, nous arrivons à l'Eglise St-Etienne et, là, commence une longue nuit d'attente, d'angoisse, Monseigneur des Hameaux apportant à chacun une parole de réconfort.
Le samedi 8 juillet, au matin, l'abbatiale est surpeuplée. Alors nous allons nous installer dans la Chapelle de l'Ecole Normale de Jeunes Filles (Impasse St Benoît), bâtiment de l'époque de Guillaume-le-Conquérant.
Repère:1= chapelle du Palais Ducal ou de l'Ecole Normale de Filles
2= Clocher du Monastère couvent de la Visitation
3= Chapelle du Bon Sauveur
4= Ecole Normale de Filles, Hôpital complémentaire dirigé par le Dr Vigot
5= Impasse St BenoîtLà, pendant une journée, nous attendons... On sent très bien que la fin du siège est proche.
De temps en temps, nous allons à l'Eglise St-Etienne pour essayer de recueillir quelques nouvelles qui sont souvent contradictoires. La nuit est longue, les grondements violents et permanents. Le dimanche matin, on apprend que La Maladrerie est prise par les Canadiens. Nous attendons... Ce n'est que dans l'après-midi que l'on voit apparaître les premiers soldats alliés en file indienne, aux aguets, le casque recouvert de feuillage. Mon père se dirige vers l'un d'entre eux et lui dit :«Pas trop dur ?... Vous devez être fatigué ?»...
La réponse nous surprend
«Oui... un p'tit brin !».
Il parle français. C'est un Canadien.
Monseigneur des Hameaux sort sur le parvis et se prépare à accueillir les Libérateurs avec joie mais gravité. Alors, au milieu d'une foule silencieuse et très émue, je vois hisser pour la première fois de ma vie le drapeau français.
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation
Préparation de la cérémonie du 9 juillet vers 18H00 sur la place du Lycée, à gauche le portail d'entrée de Saint-Etienne
Photos prises du balcon du Parloir du Lycée Malherbe (voir photo ci-dessous) A droite photo Roger Tesnière.
Photo collection Jean-Pierre Benamou avec son aimable autorisation
Localisation de la photo:
Dans le fond le Parloir, à gauche le porche d'entrée de Saint-Etienne.
Voir à la fin de ce film la cérémonie
Un peu plus tard
Les prêtres de St-Etienne organisent une cérémonie religieuse en Action de Grâce. La plupart des occupants de l'Abbaye aux Hommes ont quitté les lieux. Dans le chœur, Monseigneur des Hameaux entonne le «Tantum Ergo» quand un fracas épouvantable retentit sous les voûtes. Un obus vient de toucher l'église. Malgré les cris, les bruits de pierre et vitraux brisés, les fidèles restent sur place et le prêtre donne à tous le Salut du Saint Sacrement.
C'est là, la dernière image souvenir d'un enfant pendant le siège de Caen.
Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure
TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentéspar Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-EtienneReproduit avec leur aimable autorisation
SOURCES : SUPERBE BLOG
http://sgmcaen.free.fr/temoignage-francoiseetienne.htm
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Témoignages paru dans ce livre
Les Petits Séminaristes sont chassés du petit séminaire, rue du Général Moulin à La Maladrerie, par les Allemands le matin du 6 juin 1944,
Petit séminaire (Institution Saint Paul) , rue du Général Moulin
ils se réfugient à l'Institution Sainte Marie située rue de l'Oratoire
près de Monoprix.
L'un d'eux, D. L. après avoir décrit leur exode matinal, poursuit :
« Hélas ! quelques heures après notre arrivée, des avions américains arrivent et lancent leurs bombes.
Pendant peut-être vingt secondes je n'ai pas eu connaissance de ce qui arrivait. Je pensais seulement que j'allais mourir, et je me préparais. Le Bon Dieu ne voulut pas de moi !
Après un peu d'accalmie et quand la poussière fut retombée, je me sentis coincé... Regardant autour de moi, je ne voyais que des ruines. Des camarades, des abbés, étaient ensevelis. Moi, je ne l'étais que jusqu'à la poitrine.
Alors ce fut l'affaire de 5 à 10 minutes... Comment ? Sous un établissement de trois étages, n'ai-je pas entièrement disparu ? Un camarade m'a dit après, que je courais dans tous les sens, ce qui m'a sûrement sauvé (moi... et quelques autres).
Hélas ! Six de mes camarades (dont deux de Mézidon) étaient tués ; ce que j'appris par la suite...
Une fois dégagé, je fus conduit chez un médecin qui me donna les premiers soins ».
Une bombe vient de tomber rue de l’Oratoire éventrant les toits, arrachant portes et volets. Encore sous le choc, les habitants commencent seulement à sortir dans la rue. Non loin dans la même rue, deux autres bombes ont touché le collège Sainte-Marie, tuant une religieuse et six élèves du Petit Séminaire arrivés le matin même de La Maladrerie. Peu de temps après, l’incendie des établissements proches de Monoprix et des Nouvelles Galeries gagne le collège Sainte-Marie et le ravage entièrement.
Le jeune garçon fut ensuite « récupéré » par un professeur du Petit Séminaire et après avoir passé la nuit infernale du 6 au 7 juin dans une tranchée, fut avec d'autres petits séminaristes et professeurs rescapés dirigés sur Eterville et Evrecy.
Un autre Petit Séminariste le jeune R. L.B.... se rendit rue Saint-Laurent où il retrouva ses parents dans la matinée.
Après avoir aidé ceux-ci à réunir le plus possible de vivre - il fallait « faire la queue » durant une heure et demie pour obtenir 500 grammes de pain ! - le jeune homme raconte :
« A la maison, je n'ai plus qu'à attendre et à regarder les passants (dont beaucoup sont des gens venant de la gare qui vient d'être bombardée).
« Vers 10 h, le Père Corbet ( directeur par intérim du Petit Séminaire) passe rue Saint-Laurent, devant notre porte. Il marche à grands pas, ne regardant personne et portant en même temps qu'une sorte de mallette, son inséparable parapluie. Je le salue et tente de lui parler ; mais rien à faire: je pense qu'il file en vitesse pour prendre le train ».
Après avoir passé le reste de la matinée à « tuer le temps » en compagnie de l'un de ses amis, le jeune homme assistera épouvanté au premier bombardement au cours duquel disparurent plusieurs de ses condisciples du Petit-Séminaire.
Puis il partit se réfugier avec ses parents dans le jardin qu'ils possédaient à La Maladrerie où la cabane à outils les accueillit. Il écrit notamment :
« Au jardin, nous avions le spectacle de la ville que l'on bombardait et des réfugiés qui se rendaient à l'Abbaye d'Ardenne.
« En passant, une femme me dit :« Je viens d'être entièrement sinistrée », et elle me montra un cadre (de 60 sur 50 cm environ) :« C'est tout ce que j'ai pu sauver », me précisa-t-elle, « l'objet le plus cher !» J'avais devant les yeux la photo d'un jeune homme de 18 ans. La femme me dit : « C'est Paul Colette , mon fils, celui qui a tiré sur Laval... ».
Paul Collette, né le 12 août 1920 à Mondeville (Calvados) et mort le 5 janvier 1995, est un résistant français. Il est connu avoir tiré contre des dirigeants de Vichy en août 1941 à Versailles lors d'une manifestation de la Légion des volontaires français.
Pendant la soirée et une partie de la nuit, comme beaucoup de Caennais résidant à la périphérie, le jeune garçon assista aux autres bombardements et regarda flamber la ville.
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Jean Lange, devenu Sarthois, 60 ans après.
En 1944, Jean Lange vivait à Caen avec sa mère, veuve de guerre. I1 avait seize ans, il était lycéen. Ils habitaient une maison individuelle, typiquement normande, au « Clos Herbert », un pâté de maisons qui allait bientôt être rasé.
« Le soir du 5 juin, ma mère est rentrée tard.
Elle faisait la comptabilité du théâtre de Caen. Nous avons entendu des détonations provenant de la mer et vu quelques éclairs. Nous ne nous sommes pas posés de question. On était ignorant de tout. Nous sommes allés nous coucher. »
Dernière nuit d'un calme relatif, avant la tempête
Au petit matin, Jean et sa mère, réveillés par des - bruits impressionnants », se précipitent à l'extérieur.
"Les voisins étaient déjà dehors. Des vagues d'avions successives passaient sans arrêt au-dessus de nous. Les B-26
arrivaient par centaines. Alors on a vu les premières bombes tomber, par grappes. Là, on a compris que c'était le débarquement! "
Couché au sol par le souffle d'une explosion, l'adolescent s'en sort indemne. Sa mère l'agrippe par le bras. Ils se réfugient dans des tranchées creusées au fond du « Clos » dans un champ.
« Nous avons pris le plus d'affaires possible. Effets personnels et papiers. Je portais plusieurs pull-overs et manteaux. Beaucoup de gens étaient restés chez eux, cachés dans des tranchées de fortune. Beaucoup étaient morts. Les gens criaient - Les Anglais ont débarqué !»
Pendant six jours, Jean et sa mère assisteront, impuissants, aux bombardements de la ville et de sa banlieue. Au fond de sa tranchée, Jean Lange manque être enseveli par l'explosion d'une bombe. Recouvert de poussière et de terre, il s'en sort encore.
"Un voisin s'est relevé tout estourbi à tel point qu'il nous a marché dessus. Alors ma mère a voulu partir, nous n'étions plus à l'abri ici."
Après une nouvelle nuit, ils retraver
sent le "Clos Herbert ". Constat d'horreur :
"Les trous béants de bombes se chevauchaient. Notre maison avait été rasée. Des voisins étaient morts dans leurs caves, dans les tranchées. Nous sommes partis avec un couple en direction de la communauté des Sœurs de Saint-Louis auprès de l'abbaye aux Dames. Des tranchées couvertes abritaient des centaines de personnes."
Alors que les tirs des cuirassés et des canons s'abattent toujours sur Caen, ils parviennent à une galerie du monastère.
"On a trouvé une place près des piliers. Ma mère m'a mis un matelas qui se trouvait là sur la tête. Les bombardements étaient incessants. Nous voyions les piliers s'affaisser sur eux-mêmes. Les gens étaient écrasés. A croire que nous avons eux de la chance."
Jean et sa mère finiront par se réfugier en campagne.
"
Nous avons traversé Caen. C'était terrifiant. Je voyais la ville qui brûlait, et j'ai pensé à Rome qui brûlait devant Néron"
Avec un ami garagiste, Jean et sa mère ont pris la route de Feuguerolles-sur-Orne (
Note de MLQ: 11 km au Sud de Caen), dans la campagne environnante, où une tante est directrice d'école.
"On a mis du temps, on marchait mal à cause des gravats ».
Choqué et fasciné à la fois, l'adolescent regarde brûler l'église Saint-Gilles. Spectacle dantesque d'une ville rasée par les bombes.
Ruines de l'église Saint-Gilles, en arrière plan l'église de la Trinité de l'Abbaye aux Dames.
« Traumatisé, notre ami garagiste en avait oublié son bébé et sa grand-mère. Tous les deux, nous avons fait demi-tour pour aller les chercher ».
Abasourdie, sa mère le regarde partir. Sauvée au milieu des décombres, la vieille femme est transportée dans une poussette, le bébé dans les bras.
"Photo ECPA Coll. Musée mémorial de Bayeux"
Photo prise par un correspondant de guerre allemand, le 7 ou 8 juin, Bd des Alliés
"A Feuguerolles, grande surprise : rien ne s'y était passé. C'était calme, mon oncle avait creusé une tranchée."
Un calme éphémère, car le 8 juin, le village est bombardé.
"Alors nous nous sommes dirigés vers Fleury où il y a des champignonnières."(
Note de MLQ: entre Feuguerolles et Caen)
Dans cette cache qui surplombe l'Orne, de nombreux habitants sont déjà entassés.
"Mais là, nous étions à l'abri. Nous y sommes restés pendant près d'un mois. Nous sortions pour aller au ravitaillement, glaner des pommes de terre et autres légumes. Ma mère, qui par ailleurs était employée à La Poste, continuait à travailler. Tous les jours, elle traversait les lignes allemandes."
Le 7 juillet enfin, Caen vit les alliés arriver.
(Note de MLQ: non le 9, quant aux carrières de Fleury ce fut le 19)
Les premiers soldats que je vis furent des Canadiens".
Epilogue d'un mois de cauchemar. Jean Lange affirme pourtant n'avoir pas eu peur.
"Mais ce n'était pas du courage, plutôt de l'ignorance, ou de l'innocence."
Source: Article de presse paru en 2004.
SOURCES ... lien..
http://sgmcaen.free.fr/temoignage-jean-lange.htm
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LES DEUX PREMIERES JOURNEES
Renée LEPROUST, petite fille de 12 ans, a tenu son journal, heure par heure, d'une belle écriture d'écolière.
(Témoignage déposé au Mémorial de la Paix à Caen).
5 juin, 22 heures
Les sirènes mugissent. Je m'éveille comme chaque fois. J'entends des avions puis je me rendors.
6 juin, 1 heure du matin
Nous sommes réveillés par le roulement du canon, je voudrais que maman se lève, elle refuse en disant : "C'est peut-être un combat naval au large des côtes". Ma sœur Liliane a très peur. Les heures passent et le canon gronde toujours. Tous nos voisins sont sortis dans la rue, on entend leurs conversations à travers les volets entrouverts.6 heures du matin Maman se lève, sort sur le trottoir ; elle voit au loin des points blancs, mais elle ne sait pas dire ce que c'est. Plus tard un voisin dira :«Ce sont des ballons d'observations».
7 heures
Mes sœurs, mon frère et moi, nous nous levons.
La curiosité nous fait rejoindre maman qui bavarde ; un voisin et ma sœur Liliane aperçoivent des parachutistes, les ballons sont toujours à la même place. Maman pense vraiment au débarquement.
Nous aidons maman à faire la provision d'eau ; Liliane va bien vite à la boulangerie, on fait déjà la queue.
Maman est inquiète, mon papa assure malheureusement le service d'incendie au dépôt allemand de Cormelles (Note de MLQ: Cormelles-le-Royal à 4 km au Sud-Est de Caen). Que va-t-il se passer ?
13 h 30
Dans l'après-midi de lourds bombardiers passent, la D.C.A. fait rage. Nous entendons les bombes tomber ; le centre de la ville est touché. Nous distinguons au loin une épaisse fumée, les portes et les carreaux tremblent si fortement que nous nous inquiétons et nous nous réfugions au fond de notre cave.
Enfin, rien de grave pour nous. Mon grand-père étaye le plafond de la cave à un endroit qu'il croit supérieur, fort. Il nous recommande, si nous entendons des avions, de venir nous mettre à l'abri.
15 h 30
Mes sœurs et mon frère se réfugient au fond de la cave, seule avec ma mère je regarde les avions. Soudain nous apercevons, se détachant des appareils, des chapelets de bombes. J'ai très peur, on ne sait où cela va tomber.
Les bombes tombent près de chez moi; on ne sait exactement où, tout tremble, des nuages de terre et de pierre surgissent derrière les maisons. Les bombardiers repassent sur notre maison, leur mission est terminée.
16 h 30
Grand-père rentre à l'instant; il nous apprend que le passage à niveau de la rue de Bayeux est sauté; 1'Usine Bimoïd (Note de MLQ: usine de bitume) n'existe plus; les maisons environnantes sont très sinistrées ; trois entonnoirs entravent la circulation. La charmante petite rue du Dr Tillaux (Note de MLQ: au sud de la prison donne sur la rue de Bayeux) n'est plus que ruines.
18 heures
Nous sommes toujours sans nouvelles de papa. Qu'est-il devenu ?
20 heures
Nous montons prendre notre repas. Maman est désolée personne n'a d'appétit.
22 heures
Nous nous couchons, une petite veilleuse nous éclaire et par précaution tout le monde est habillé. Maman et notre voisine vont veiller et donneront l'alarme en cas de danger. Tout est calme pour l'instant.
7 juin 1h du matin
Maman donne l'alarme, des avions survolent la ville, ce sont d'après grand-père des avions de reconnaissance.
3 heures du matin
A nouveau maman donne l'alarme, la ville est illuminée par des fusées. Bien vite nous allons à notre tranchée. Nous sommes très serrés ; grand-père avait creusé pour six personnes et avec nos voisines nous sommes dix.
Qu'importe, on se case tant bien que mal.
Les bombardiers se font entendre puis nous entendons les bombes tomber. Où ! Nous n'en savons rien ; tout tremble, les éclats de D.C.A. tombent tout autour de nous ; nous ne parlons pas ; seule Suzanne notre petite voisine récite des prières ; pauvre Suzanne elle a très peur ; enfin les bombardiers s'éloignent et nous sortons.
Le ciel est flamboyant, l'incendie doit faire rage dans le centre de la ville. Je pense beaucoup à papa. Où est-il ? Le reste de la nuit est calme. Nous nous reposons un peu.
7 juin, 7heures du matin
Nous entendons des pas dans le jardin, c'est papa. Il a pu s'enfuir de Cormelles avec un de ses camarades, il a rejoint son poste à la caserne des pompiers (Note de MLQ: située rue Daniel Huet à proximité de La Prairie, voir plan ci-dessus) ; il dit que la ville n'est plus qu'un brasier et pas d'eau pour lutter contre le feu. Maintenant il pleure. La caserne des pompiers a sauté cette nuit au bombardement de trois heures. Quatorze de ses camarades sont sous les décombres (Note de MLQ: en fait selon les sources 17 à 18 sapeurs pompiers dont leur commandant le Capitaine Jules Foucher); il doit la vie sauve d'avoir vu les fusées à temps et d'être parti dans la Prairie ; ses camarades ne croyant pas au danger étaient restés dans la caserne.
"Collection particulière, avec l'aimable autorisation de François Robinard" La caserne des pompiers, rue Daniel Huet.
Il est venu pour nous rassurer ; il décrit les scènes d'horreur qu'il a vues dans la prairie, les blessés qui appellent au secours, une femme qui appelle un docteur : Malheureusement il n'y en a pas. Des morts partout, des petits enfants sans papa, sans maman : C'est effrayant.
Il repart immédiatement pour essayer de dégager ses camarades. Il est très déprimé.
La matinée est relativement calme.
Témoignage paru en juin 1994 dans la brochure
TEMOIGNAGES INEDITS SUR LA BATAILLE DE CAEN
recueillis et présentéspar Bernard GOULEY et Estelle de COURCY
par la Paroisse Saint-Etienne-de-Caen
et l’Association des Amis de l'Abbatiale Saint-EtienneReproduit avec leur aimable autorisation
SOURCES. http://sgmcaen.free.fr/temoignage-leproust.htm
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Juin 1944 à Caen
Un lieu très photographié
Au fil de mes lectures, plusieurs photos prises à Caen, voici:
"8 juillet. Place de l'Ancienne Boucherie, une maison vient de subir un bombardement et vient de s'effondrer. Un char Panther, en arrière garde du SS-Panzer-Regiment 12. passe devant les ruines" (Photos: coll. JP. Benamou)
Source pages 206 et 207 de ce livre la photo de gauche est présentée également dans ce livre page 201 sans légende.
Source site de la ville de Caen également page 110 de ce livre avec cette légende:
"des sauveteurs, membres des équipes d'urgence et de la défense passive, s'activent dans les ruines. Le second personnage à gauche est
Monsieur Jean-Marie Girault le futur maire de Caen."
Source le site de la ville de Caen
Source ce site avec cette légende: p010274
"Photo: Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA" Des Français se rassemblent autour d'un véhicule chenillé pour recevoir des cigarettes et des sucreries des soldats canadiens. En arrière-plan, les immeubles sont fortement détruits. 11 juillet 1944. Caen (Calvados)
Source ce site avec cette légende:
Canadians capture Caen. Caporal J.R. Pelletier in Bren carrier handling out cigarettes to civilians. 10 July 1944, Caen, France. (Le caporal J.R. Pelletier, dans un Bren Carrier, distribue des cigarettes à des civils) Remarquez le traçage pour le développement.
Sur ce site avec cette légende p011896
"Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA" Deux soldats britanniques s'affairent autour d'un trou dans une rue de Caen. D'autres soldats les regardent travailler.
Sur ce site avec cette légende: p000006
"Conseil Régional de Basse-Normandie / Archives Nationales du CANADA" Un couple d'habitants regarde un bulldozer canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux, à Caen. En arrière-plan, les deux clochers de l'abbaye aux Hommes sont restés intacts malgré les bombardements alliés. 10 juillet 1944.
Ces 8 photos ont été visitées sur plusieurs années, stockées dans plusieurs fichiers concernant Caen. Certaines associations sont évidentes, par exemple les deux photos avec le Panther:
8 juillet. Place de l'Ancienne Boucherie, une maison vient de subir un bombardement et vient de s'effondrer. Un char Panther, en arrière garde du SS-Panzer-Regiment 12. passe devant les ruines" (Photos: coll. JP. Benamou)
Un simple examen visuel et la lecture de la légende indique que les deux photos sont prises au même endroit. Un agrandissement de la photo gauche donne les informations suivantes:
-
- le Panther est devant un garage "GARAGE RAVITAILLEMENT AUTO" et verticalement ENERGIC à gauche et
ENERGOL à droite; marques d'essence et d'huile de BP. -
- une date: le 8 juillet
-
- un lieu: place de l'Ancienne Boucherie
-
- une indication: des ruines fumantes dues à un bombardement récent
-
- photographe inconnu mais de toute évidence allemand, jamais un civil n'aurait pu se placer devant un Waffen-SS pour le prendre en photo.
-
sur le flanc de la tourelle 438 soit la 4.Kompanie.(selon page 94 de cette revue)
-
regarder sur la photo de gauche, le garage semble être à un angle de rues, nous en reparlerons
Deuxième association, les deux photos du site de Caen:
Là aussi un simple examen visuel indique la même scène, le repérage est aisé, deux indications:
-
- une date: le 8 juillet
-
- une localisation: quartier Saint Sauveur
Troisième association: les deux photos d'un Bren
Un examen visuel montre le même soldat dans un Bren avec les indications suivantes:
- deux dates différentes le 10 et le 11 juillet
- l'Arm of Service 41 à l'avant du Bren, à Caen à cette date ce ne peut être que le 7th Reconnaissance Rgt (17th Duke of York's Royal Canadian Hussars)
- deux lieux différents voir l'arrière plan et deux clochers différents. Nous reviendrons dessus.
Quatrième association:
Malgré les légendes d'origine suivantes:
Deux soldats britanniques s'affairent autour d'un trou dans une rue de Caen. D'autres soldats les regardent travailler.
Un couple d'habitants regarde un bulldozer canadien déblayant les ruines de maisons détruites, rue de Bayeux, à Caen. En arrière-plan, les deux clochers de l'abbaye aux Hommes sont restés intacts malgré les bombardements alliés.
Il est aisé de reconnaître le même lieu: le bas de la rue de Bayeux en regardant Saint Etienne; un zoom indique que les soldats ne sont pas Britanniques mais Canadiens appartenant au 16th Canadian Field Company RCE et un bulldozer du 3rd Field Park Coy, RCE de la 3rd Canadian ID .
de nos jours
Ainsi nous sommes passés de 8 à 4 photos !
Ensuite des rapprochements dus au sens de l'observation de Claude:
Nous déterminons que le Bren est garé dans le bas de la rue de Bayeux, le clocher visible sur la photo est le clocher Nord de Saint Etienne. AGRANDISSEMENT
La seconde photo du Bren correspond à l'emplacement du garage et des ruines fumantes du 8 juillet. AGRANDISSEMENT.
Nous cherchons un garage, près d'un immeuble en ruines suite à un bombardement du 8 juillet. La construction au sommet avec un toit à quatre pentes nous a emmené sur une fausse piste à savoir l'église Saint Sauveur.
A l'examen de la tourelle, sous le toit c'est une simple fenêtre ! Ce type de construction est visible par exemple rue Saint Manvieu
"Source Google Maps" Le 10 rue Saint Manvieu.
Mais dans cette rue pas de garage et pas de destructions en 1944
Si nous regroupons ces 4 photos, nous obtenons:
Les deux photos du site de la ville de Caen (dont une localisée au quartier Saint-Sauveur), le Panther le 8 juillet, Place de l'Ancienne Boucherie ainsi que le Bren canadien le 11 juillet sont toutes prises au même endroit ! Nous mettons en évidence des légendes erronées. AGRANDISSEMENT.
Le repérage qui a tout résolu !
Le bas de la rue de Bayeux à droite les numéros pairs AGRANDISSEMENT
Nous arrivons ainsi à la conclusion suivante: les 8 photos ont été prises au même endroit dans le bas de la rue de Bayeux, voici le montage final:
Le Panther est devant la venelle Saint Nicolas, le garage est à l'angle de cette venelle et de la rue de Bayeux. Il appartenait à M. Leloup aujourd'hui
Le Bren est arrêté devant la venelle Crespellière (de nos jours), les deux photos ont été prises au même endroit c'est le photographe qui est passé de droite à gauche de l'engin, photographiant les deux côtés de la rue ayant subis un bombardement.
Sur le plan ci-dessous la position du Bren
Ce plan est en annexe de ce livre il est colorisé en fonction des destructions, 18 est la venelle Crespellière et 19 la venelle Saint Nicolas les destructions visibles sur les photos des deux côtés de la rue de Bayeux sont bien indiquées.
Extrait du témoignage de M.Jean-Marie Girault paru dans l’Express du 28 avril 1994:
8 juillet, dès 8 heures du matin, des avions continuent, vague par vague, de lâcher des chapelets de bombes. Je me rends au PC des Equipes d'Urgence. Soudain, une violente déflagration. Les vitres des maisons volent en éclats. Une torpille anglaise vient de tomber hauteur du n° rue de Bayeux, à la 14. On tente de déblayer les gens ensevelis. J'aide à transporter des blessés ensanglantés. Je vois peu à peu mes chaussettes et mon pantalon se teindre en rouge...
Extrait de ce livre de Joseph Poirier :
8 juillet, à 8 heures, nouveau raid. Quelques bombardiers (3 groupes de 4 B-26 américains ) qui visent certainement la Place de l'Ancienne-Boucherie lancent d'énormes bombes rue de Bayeux et rue de Bretagne. Cela n'a duré que quelques minutes et il y a plus de 50 victimes. Une famille entière de 6 personnes est tuée. Huit grands immeubles sont complètement anéantis et l'incendie se déclare dans les immeubles voisins. Les secouristes s'affairent et pendant toute la journée les équipiers de la D.P. et des formations de jeunesse retirent des blessés et surtout des morts des décombres fumants.
A midi, trois Panther descendent la rue de Bayeux, venant de la Maladrerie, en faisant vibrer la chaussée de leurs 45 tonnes d'acier.
Arrivés sur la place où l'on recherche toujours des blessés et des emmurés, deux mastodontes manœuvrent pendant que le troisième oblique rue Caponière. Ils reculent, l’un contre l'immeuble affaissé, canon braqué sur la rue de Bayeux, l'autre se plante rue St-Martin d'où son long tube pivote dans un sifflement de moteur électrique, sur la rue Caponière.
J'ajoute cette photo "retrouvée" depuis:
Source page 293 de ce livre deux hommes de la DP avec un soldat canadien devant les ruines de l'immeuble.
Cet endroit a été également filmé. Un autre film tourné le 13 juillet, des réfugiés cherchent leurs biens dans les ruines et même peint !
J'ajoute cette photo acquise en mai 2012 (Collection Philippe Bauduin). Un convoi allié contourne le cratère d'une bombe pour remonter la rue de Bayeux. A rapprocher de la p011896 et p000006, voir le montage ci-dessous .
Remarquer le bulldozer blindé sur les 3 photos
Remerciements:
à Philippe Bauduin, à Claude Demeester et à François Robinard.
SOURCES : SUPER BLOG...
http://sgmcaen.free.fr/lieu-tres-photographie.htm
Caen 19 juillet. Les Canadiens tiennent la ville.
Tout au long de la journée du 19 juillet, les troupes canadiennes nettoient la zone de Cormelles, les derniers snipers allemands sont éliminés dans le stade près du château, la plupart ignoraient alors que le front avait cédé. L'usine métallurgique de Colombelles passablement bombardée pour empêcher les Allemands de s'y retrancher est sous contrôle. Dans le faubourg de Vaucelles, la jonction est établie entre le Highland Light Infantry of Canada et le 1st Canadian Scottish, mais dans ce secteur de nombreux snipers allemands, laissés en arrière sans espoir de repli par le 1./SS-Pz-Gren-Rgt 1, vont ralentir la progression.
Au Nord-Est , les Glengarrians s'emparent de la gare de triage et des bâtiments de la gare de voyageurs de Caen. Cette action sera aidé par un matraquage intensif des mortiers des Camerons, restés sur l'autre rive du canal de Caen 90 prisonniers allemands de diverses unités allemandes seront ramenés vers l'arrière. A midi le général Keller de la 3rd Division ordonne à ses troupes de continuer la progression vers Bras et Hubert-Folie, des compagnies du 1st Canadian Scottish, viennent épauler les troupes de la 159th Brigade britannique. La 2nd Canadian Infantry Division se met en mouvement et franchi l'Orne-sur-Fleury et attaque Louvigny. Son objectif est de s'emparer du contrôle de la vallée de l'Orne jusqu'à Bretteville-sur-Laize,constituant le flanc droit de Goodwood elle doit faire tout ce qu'elle peut pour encercler le 1. SS-Pz-Korps. la ligne Bras/ Saint André, ne sera atteinte que dix jours plus tard par le 2nd Corps candien du général Simmonds qui tirera les enseignements appris le 18 juillet par les Britanniques : ne jamais laisser des concentrations de chars en plein jour. Les Anglo-canadiens contrôlent à présent la ville de Caen et ses faubourgs.
Dans une maison du faubourg de Vaucelles, un soldat canadien vient de mettre en batterie son fusil mitrailleur Bren .
Des prisonniers allemands gardés par des soldats canadiens, passent devant l'usine métallurgique de Colombelles.
Dans les faubourgs de Vaucelles, un blessé est évacué par une jeep qui porte le marquage de la 2nd Infantry Division canadienne.
Deux prisonniers allemands gardés, par deux soldats canadiens. Photo prise dans le secteur de la 3rd Division. L'Allemand en tenue camouflée est un grenadier de la Leibenstandarte Adolf Hitler (1ere SS-panzerdivision), l'autre fait partie de la 16e Feld-Division de la Luftwaffe. En revanche on ne sait pas ce que fait la jeune femme (Germaine Coulon selon la légende de la photo anglaise) parmi eux. est-elle aussi captive ou une auxilliaire des Canadiens ?
Superbe photographie montrant le sergent Harold Marshall du peleton de sniper du Calgary Highlander de la 2nd Canadian Infantry Division.
Les chars du 1st Hussars entrent dans Caen par la Place de petites boucheries.
Un sherman de la 2nd Armoured Division canadienne avec sa tourelle retournée longe les ruine de la fabrique de ciment SMN, (Société métallurgique de Normandie) implantée dans le secteur de Colombelles. Le blindée se trouve sur la RN 813, Caen-Deauville.
Soldats canadiens se restaurant sur un quai de la gare.
Toujours à la gare un soldat surveille un prisonnier allemand.
Des éléments de la 3rd Division rue du général Moulin à Caen.
Suites à ses nombreuses opérations désastreuses, et sa lenteur pour la possession de Caen, les Américains ont vivement critiqués Montgomery. Le 25 juillet après Goodwood, le premier ministre britannique Winston Churchill lui rend visite en Normandie pour lui affirmer son soutien.
Peu avant le débarquement, le général Simmonds commandant le IIe Corps canadien passe ses troupes en revue.
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