• La baraque des prêtres ( DACHAU )

     

     

    La baraque des prêtres

     

     

     

    Préambule

    Spécificité de Dachau, le « Block des Prêtres » :

    En 1940, pour ne pas heurter les chrétiens de front, Hitler décide que tous les prêtres catholiques et pasteurs protestants allemands ou étrangers des tous les KZ soient transférés à Dachau : en 1944, le Block 28 abrite 800 prêtres polonais (ils avaient été plus de 1 800 dans les camps...) ; les prêtres des autres nations (dont 300 allemands) sont enfermés dans les block 28 et 26, ce dernier comportant une chapelle.

    Le sort des prêtres est nettement meilleur que celui des autres déportés : ils ne sont pas affectés dans des kommandos extérieurs, ne font pas partie des déportations vers les centres de mise à mort, reçoivent meilleur nourriture et couchage. Mais les SS font une grande différence entre les prêtres Polonais et les autres.

     

      

      

    A la fin de l'année 1940, il y eut donc à Dachau une arrivée massive de prêtres:

    Plus de 800, originaires de toute l'Europe qui furent immédiatement isolés dans les baraques 26, 28 et 30. Il y avait donc un camp à l'intérieur du camp, avec ses propres clôtures.

     

    Sur le régime en vigueur, il faut être très prudent, car la situation varie d'une année sur l'autre, d'une baraque à l'autre, à l'intérieur d'une baraque, d'une nationalité à l'autre. Le Block 26, avec une dominante de prêtres allemands était plus faorisé que le Block 28 où se retrouvaient les prêtres Polonais.

      

    Au Block 26, les colis des familles ou de la Croix-Rouge étaient remis aux prisonniers, ce qui améliorait leur ordinaire.

      

    Aux Block 28 et 30 des prêtres polonais, la vie était très dure jusqu'en 42, moitié des prisonniers y laissèrent leur vie, mais il y eut ensuite un adoucissement comme pour l'ensemble du camp.

     

    La plupart des plupart des prêtres allemands avaient obtenu des postes de travail allégés (au jardin botannique ou dans l'administration), et beaucoup de prêtres étrangers, notamment français qui étaient logés avaient le même régime.

      

    Mais précisémment parce qu'ils étaient relativement favorisés, les prêtres pouvaient également être des cibles de choix de la part des SS ou des capos, par exemple lorsqu'ils devaient aller au "Revier" (l'infirmerie).

     

    "En février 1942, note Otto Pies, tous les privilèges des prêtres furent suspendus, sauf pour la chapelle et les services religieux. Les prêtres furent à nouveau envoyés à ds trvaux pénibles.

      

    Avec la faim, le froid et les privations de nourriture, ce régime provoqua de nombreuses morts, mais un peu plus tard, en même temps que les colis personnels furent autorisés, le régime s'adoucit.

      

    Les tentatives d'action pastorale dans les reste du camp ne furent plus systématiquement réprimées…"

     

    Les prêtres français sont arrivés surtout à partir de la fin 43. Certains d'entre eux, comme le père Cotte avait pratiqué un apostolat illégal dans le cadre du STO. Mais la majorité avait été déporté à la suite d'une implication plus ou moins grande dans la Résistance.

      

    A partir du moment où la Résistance s'est développée en France, les presbytères et les couvents ont souvent servi de lieux de transit.

      

      

    Certains couvents ont pu abrité des juifs aussi bien que des Résistants, mais il ne semble pas que beaucoup de prêtres français internés à Dachau l'aient été à la suite d'une action de sauvetage de Juifs.

      

      

    Tous les prêtres français déportés n'ont pas été regroupés à Dachau. Par exemple, Lucien Bunel, le père Jacques rendu célèbre par le film de Louis Malle "au revoir les enfants" a été dirigé sur Mathausen

      

    (http://www.carmel.asso.fr/visages/jacques/chronologie.shtml.

      

    En décembre 44, il y eut cependant une arrivée de plusieurs jésuites français en provenance de Mathausen. Certains d'entre eux sont des prédicateurs vedettes, comme Victor Dillard, qui devait mourir en Janvier 45 ou Michel Riquet.

     

    A travers les différents témoignages sur la baraque 26 où étaient les prêtres français, on retrouve à la fois certains traits communs à tous les camps de concentration, qui ne montrent pas forcémment l'homme sous son aspect le plus reluisant.

      

    Comme le résume la formule de Jean Kammerer "homo homini lupus, sacerdos sacerdoti lupissimus" (l'homme est un loup pour l'homme, le prêtre est encore plus redoutable pour le prêtre). Les relations entre les diverses nationalités étaient plus ou moins bonnes.

      

    On comprend bien, par exemple que les Français et les Allemands ne vivient pas de la même façon les bombardements de l'aviation alliée sur Minich.

      

    On comprend aussi que les Français qui avaient été arrêtés pour fait de résistance ne fraternisent pas spontannément avec les Allemands qui étaient dominants à la baraque 26.

      

    Les différences sociales ne s'estompent pas non plus, surtout chez les Polonais où certains prêtres avaient le statut de grands propriétaires terriens et ne se mêlaient pas aux classes pauvres.

     

    D'un autre coté, la concentration de religieux pouvait aussi donner à la baraque des prêtres l'aspect d'un gigantesque monastère où les privations forcées tenaient lieu d'ascèse et favorisaient éventuellement les élans mystiques qui font parfois se rapprocher le miracle de la simple prière

      

    (Voir ci-dessous prières, mysticisme et miracles).

      

    En vertu des accords passés avec le Vatican en 1940, une chapelle avait été aménagée en Janvier 1941 au sein de la baraque 26. Un service avait lieu chaque matin, à 5 heures, avant l'appel. Les laïcs du camp ne pouvaient accéder à la chapelle et assister aux offices qui y étaient célébrés.

      

    Seul le prêtre doyen du camp pouvait célébrer la messe. En Septembre 41, les prêtres Polonais se virent refuser l'accés à la chapelle.  

      

    "C'est de cette chapelle, écrit Otto Pies, que s'élevaient souvent le puissant message de 400 prêtres chantant: Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat (Le Christ est vainqueur, le Christ règne, le Christ commande !"

     

    En 1944, la situation est assez confuse: il semble que la chapelle soit en théorie sous contrôle allemand, mais les prêtres français participent également et ont également pu imposer la participation de laïcs pour la messe du dimanche. En semaine, la messe avait lieu à 5h20, avant le petit-déjeuner et l'appel.

      

    Le dimanche, plusieurs messes étaient célébrées, parmi lesquelles, la grand-messe, avec sermon, chant solennel, encens… les Allemands avaient gardé le privilège de la grand-messe jusqu'à l'arrivée de Mgr Piguet, où ils durent céder la place au seul évêque du camp, mais de toutes façons, les choses commençaient à évoluer, car les Français furent aussi admis à célébrer de temps à autre une messe en semaine.

      

    Mgr Piguet raconte qu'il a introduit les prédications en français, dans la chapelle où "seules les langues allemandes et latines avaient droit de cité."

     

    C'était donc à la fin 44.

      

    A cette époque, les prêtres polonais avaient coutume de célébrer en cachette une messe hebdomadaire dans une salle du block 28.

     

    Le célébrant officiait sans habits spéciaux et des guetteurs signalaient les arrivées suspectes aux abords de la cérémonie.

     

     

     

    Nationalité Nombre total Relâchés pendant leur détention au camp

    Transférés dans d'autres camps ou devant les tribunaux

    Libérés le 29/4/45 Décédés

    Belges

    46

    1

    3

    33

    9

    Allemands

    447

    208

    100

    45

    94

    Français

    156

    5

    4

    137

    10

    Hollandais

    63

    10

    0

    36

    17

    Italiens

    28

    0

    1

    26

    1

    Polonais

    1780

    78

    4

    830

    868

    Yougoslaves

    50

    2

    6

    38

    4

    Tchèques

    109

    1

    10

    74

    24

    Total

    2720

    314

    132

    1240

    1034

    Catholiques 2579, Protestants, 109, Orthodoxes grecs 22

    95 jésuites

    Tableau extrait de Le camp de concentration de Dachau1933-45, Comité international de Dachau.

    Statistiques établies d'après les documents trouvés au camp. Les Autrichiens sont comptés comme Allemands.

     

               

     

      

     

    Karl Leisner

     

    Pour plus de détails sur la vie de Karl Leisner, on peut se reporter, par exemple à

      

    http://www.clairval.com/lettres/lettre_1.cgi?id=5090501

     

    La plupart des informations que je présente dans cette présentation de Karl Leisner sont issues de la biographie écrite par son ami le jésuite Otto Pies.

     

    Karl Leisner était un jeune diacre allemand, c'est-à-dire un séminariste tout prés d'accéder à la prêtrise.

     

    Il était prévu qu'il soit ordonné prêtre en décembre 1939, mais il avait été d'abord interné à Sachshausen en automne 1939, à la suite de paroles malheureuses qu'il avait laissé échapper au cours d'un séjour en Sanatorium. Karl Leisner avait alors 24 ans.

      

    Il était tuberculeux, et il trainera sa maladie tout au long de ses années de camp. Comme il est expliqué plus haut, à Dachau, le régime des prêtres s'adoucit au cours de l'hiver 1940, ils ne furent plus envoyés dans des compagnies disciplinaires, et puis, sur ordre de Himmler, tous les prêtres furent regroupés à Dachau où l'aménagement d'une chapelle fut autorisée.

     

    Quand il arriva à Dachau, Karl fut affecté à une des corvées parmi les plus épuisantes, qui consistait à transporter les énormes marmites en fer blanc qui contenaient la soupe des prisonniers.

      

    Le chemin entre la cuisine et les baraque était peu pratique, et ce transport représentait pour ceux qui y étaient affectés un vrai calvaire.

      

    Il arrivait parfois à échapper à la corvée, mais plus tard, après le déclenchement de sa maladie, quand il revint à la baraque des prêtres, il dut s'affecter de lui-même à un kommando de travail pour ne pas être déclaré invalide, ce qui l'aurait conduit directement à la chambre à gaz.

     

    Ses camarades de travail se débrouillaient alors pour lui trouver un travail un peu moins dur.

     

    Dans cet univers absolument désespérant de Dachau, où des journées pouvaient s'enchaîner sans aucune lueur d'espoir, Karl arrivait à ne rien montrer de ses moments de profonde dépression.

     

    Beaucoup de ses camarades se souviennent de lui comme quelqu'un de lumineux

    "on ne peut pas se souvenir de ce grand gaillard bien bâti sans faire rejaillir de sa mémoire sa figure toujours aimable et souriante d'où émanait la joie du jeune chétien qui illuminait ses traits à chaque instant"

      

    De ses yeux radieux et débordant de joie, se déversait la lumière de l'âme.

     

    On avait l'impression qu'il vivait dans un enthousiasme permanent.

     

    Sa personnalité rayonnante le rendait très populaire dans le camp.

     

    Il avait réussi à transporter sa guitare depuis Sachshausen.

      

    En arrivant à Dachau, il avait d'abord dû la remettre dans ce qu'on appelait le bric-à-brac, là où les prisonniers devaient déposer leurs effets personnels.

     

    Un jour, Karl décida de récupérer sa guitare; il se fit copain avec les prisonniers qui étaient en charge du bric-à-brac, leur offrit quelques cigarettes, et repartit avec sa guitare sous le bras. Sa gentillesse était irrésistible.

      

    Par la suite, le soir, après le travail, il sortait sa guitare de dessous le lit et rassemblait ses camarades autour de lui.

     

    Ensemble, ils chantaient des chants de feux de camp.

     

    Dans le camp, tout le monde était au courant de la maladie de Karl et voulait l'aider par amitié et pas affection.

      

    Et quand parvinrent de l'hôpital de mauvaises nouvelles sur l'état de sa santé, il y eut une grande mobilisation pour venir à son secours:

      

    Collecte de nourriture, prières.

     

    Les prêtres du block 26 montrèrent un zèle exceptionnel pour prendre soin de lui. Ils voulaient que Karl puissent sortir vivant du camp pour réaliser son vœux le plus cher qui était de devenir prêtre.

     

    Noël 1941 marqua les esprits:

    Les prêtres célébrèrent une cérémonie avec autant de faste que possible qu'il était possible dans les conditions du camp:

      

    On avait disposé au dessus de l'autel de la chapelle une grande fresque représentant la Nativité qu'un jeune curé de Desdes avait pu réaliser avec de la peinture à l'eau et des vieux journaux.

      

    On avait trouvé dans le camp une chasuble, ainsi que trois aubles blanches. L'administration du camp avait octroyé une heure supplémentaire pour cette messe. Karl, en aube blanche, était l'un des deux acolytes du prêtre qui célébra la messe.

     

    Au bout d'un an d'internement, Karl avait résisté aux terribles conditions de faim, de froid et de fatigue, il pouvait espérer avoir triomphé de sa maladie.

     

    L'hiver 41 fut particulièrement rigoureux, et le mois de Mars exceptionnellement pluvieux.

     

    Avec les interminables appels du matin, les prisonniers passaient leurs journées trempés jusqu'aux os.

      

    Dans les baraques, les poêles étaient en permanence recouverts de vêtements mouillés qu'on s'efforçait vainement de faire sécher.

     

    Et chaque matin, les prisonniers devaient à nouveau se présenter à l'appel avec des vêtements trempés, les pieds chaussés dans des sabots en bois.

      

    Tout le monde, où presque souffrait de bronchites, angines, grippe plus ou moins larvées. L'hôpital et les infirmeries étaient surpeuplées, et personne n'y était admis pour un simple coup de froid.

      

    D'autre part, à cette époque, les prêtres hospitalisés étaient des victimes de choix pour les docteurs SS et les capos infirmiers, si bien que la majorité considéraient généralement qu'il était plus dangereux d'être hospitalisés que de rester dans leurs baraques insalubres.

     

     Karl avait rechuté, il était secoué chaque nuit par une toux rauque.

     

    Le 15 mars, il semit à cracher du sang. Il n'y avait pas d'autre solution que s'aller à l'appel des malades après avoir subi l'appel normal.

      

    A l'appel des malades, les SS procédaient d'abord à une première sélection en rounat de coups les candidats à l'hospitalisation.

     

     

    La majorité des prisonniers préféraient alors retourner à leurs baraques plutôt que de subir de tels traitements.

     

    Mais Karl était vraiment malade et il fut admis à l'hôpital.

      

    C'est une période se peine qui commençait pour lui, en même temps qu'une nouvelle phase d'élèvation spirituelle.

     

    A l'exception de brefs intervalles, Karl ne devait plus quitter l'hôpital jusqu'à la libération du camp.

     

    A deux reprises, on pensa que Karl était hors de danger et qu'il pouvait retourner parmi les siens à la baraque 26, mais à chaque fois, il ne put rester que quelques heures parmi ses camarades avant de regagner l'hôpital.

      

    A deux autres occasions, Karl fut secrètement rayé de la liste des malades et hébergé clandestinement dans la baraque 26 pour le mettre à l'abri d'une commissions de mèdecins qui passaient en revue tous les malades pour dresser une liste d'incurables dont il valait mieux se débarasser au plus vite.

      

    Des centaines de prisonniers malades ont ainsi disparu sans que personne ne sache exactement où ils furent dirigés et comment ils terminèrent leurs jours. Ils ont peut-être été utilisés comme cobayes pour tester de nouveaux gaz mortels.

     

    De 120 à 150 malades étaient parqués dans le service des tuberculeux. Ils devaient rester en permanence dans des lits en bois avec paillasse, superposés par groupe de trois. N'importe quel patient qui n'était pas déjà tuberculeux était sûr de le devenir.

      

    En fait tous ces malades étaient destinés à terminer leurs jours sans aucun traitement médical dans d'effroyables conditions, car en plus de leur maladie s'ajoutait la promiscuité, l'inactivité, l'obligation de rester dans leurs cases.

     

    Il faut également imaginer un remue-ménage constant.

      

     Karl n'était jamais seul.

      

    Il était sans cesse entouré par cette multitude d'hommes hurlant leur souffrance, geignant de désespoir, vociférant parfois, et il ne pouvait rien faire pour eux parce qu'il était lui-même profondémment atteint..

     

    On donnait des rations supplémentaires aux tuberculeux, mais les docteurs ne s'occupaient pas eux-même des malades, il laissait faire l'infirmier chef, un prisonnier serrurier d'origine qui prenait en charge les opérations chirurgicales.

     

    Dans ces conditions, toute guérison ou convalescence était inenvisageable.

      

    La santé de Karl allait donc en empirant..

     

    Il avait conservé la volonté de vivre, et en débit d'un abattement temporaire, faisait toujours preuve d'un optimisme revigorant.

     

    Il n'était pas pour autant à l'abri du doute, de l'effondrement et de la révolte: Comment Dieu pouvait-il permettre cela ?

      

    D'autres malades qui venaient d'autres pavillons pour lui rendre visite, pomper avidement un peu de son optimisme et se rassasier de la bienveillance qui coulait de ses yeux ont toujours ignoré les doutes et les défaillances de Karl.

     

    Il connaissait un peu tout le monde dans son pavillon.

      

    Avec d'autres camarades prêtres, il avait rassemblé dans un "dictionnaire", des phrases en plusieurs langues, à l'usage des malades en détresse spirituelle..

     

    Après une embellie passagère, après le début 44, l'état de santé de Karl se dégrada encore. Juste après qu'il ait cru qu'il pourrait s'en sortir, il prit à nouveau un coup de froid.

      

    La fièvre ne le quittait pas et il continuait à souffrir d'une terrible toux. Les nuits étaient pasticulièrement pénibles, à cause de la toux et d'une transpiration abondante.

      

    Une radiographie de cette époque mettait en évidence une large lésion sur le poumon droit et une pénétration de la lésion vers le poumon gauche qui avait été épargné jusqu'alors..

     

    A l'approche de la fin de la guerre et des bombardements alliés sur les villes allemandes, les prêtres allemands durent affronter un conflit intérieur entre l'amour de leur patrie et l'aspiration à un effondrement rapide du 3eme Reich qui mettrait fin au règne de la barbarie.

      

    Plus que tous les autres Karl aspirait à la fin du cataclysme, et il voulait en sortir vivant pour devenir prêtre et se mettre au service de la jeunesse.

     

    Ses amis étaient de plus en plus inquiets: la fin de Karl se rapprochait de plus en plus et à moins d'un miracle, il était clair qu'il ne pourrait jamais être ordonné prêtre.

      

    Des lettres étaient envoyés à l'extérieur du camp, en vue d'intervenir auprès des plus hautes autorités SS, jusqu'à Himmler, et Hitler lui même, pour obtenir, sinon la libération définitive du prisonnier malade, du moins, une solution pour qu'il puisse partir en cure.

     

    Tous ces efforts furent vains, toutes les demandes furent rejetées.

     

    A la fin de l'été 44, d'importants contingents de déportés français arrivèrent à Dachau.

     

    C'étaient des résistants, transférés de prisons françaises.

     

    Ils avaient péri par centaines dans le transport, mais plus de 500 arrivèrent à destination.

     

    Parmi eux, le 3 Septembre, l'évêque de Clermont-Ferrand, Mgr Piguet.

     

    Très vite après son arrivée, les prêtres allemands comprirent qu'il y avait une solution pour que Karl fut ordonné prêtre selon les règles de l'Eglise, et un plan fut mis sur pied pour que toutes les autorisations nécessaires furent rassemblées.

     

    C'est une espèce de chasse au trésor qui se met en route pour obtenir la délégation de l'évêque de Munich, le cardinal Faulhaber (Dachau faisait partie du diocèse de Munich) ainsi que l'autorisation de Mgr Von Galen, évêque de Münster, diocèse d'origine de Karl.

      

    Un réseau de complicités incluant le pasteur protestant de la ville de Dachau, une jeune fille, Mädi, qui devint plus tard religieuse et qui avait le contact avec un prêtre allemand prisonnier, qui travaillait au "plantage",

     

    c'est-à-dire au jardin botannique de Dachau.

     

    Mädi prenait régulièrement des risques pour faire passer des hosties pour les prêtres polonais. 

     

    Cela peut surprendre que l'on puisse attacher tant d'importance à des autorisations formelles, mais à cette époque, les choses étaient ainsi.

      

      

    Les prêtres ne pouvaient pas imaginer de consacrer autre chose que des hosties normalisées.

     

    Sans hostie pas de messe.

     

    Sans messe, les prêtres sont malheureux. Sans évêque, pas d'ordination possible, mais l'évêque n'aurait jamais célébré l'ordination sans toutes les autorisations nécessaires.

      

      

    Il lui fallait aussi quelques ingrédients et objets liturgiques indispensables, entre autres, des saintes huiles et un rituel pour lesquels on eut encore recours aux services de Mädi. Il semble que le jésuite Otto Pies, proche camarade de Karl, fut en partie l'initiateur et l'ordonateur de ce vaste projet.

      

    Un très grand nombre de croyants furent mis à contribution pour les préparatifs.

      

    La date du troisième dimanche de l'Avent, c'est-à-dire le 17 Décembre fut choisie pour le jour J.

     

    Parallèlement à ces préparatifs, la santé de Karl s'améliorait. Il prit sa part aux préparatifs en confectionnant depuis son lit d'hôpital un tabernacle en bois sculpté. Il quitta secrètement l'hôpital le 15 décembre.

      

    Le nombre des participants à la cérémonie fut restreint aux prêtres de la paroisse de Münster à la trentaine de séminaristes de la baraque et à un petit échantillon de personalités représentatives du camp.

     

    Karl portait une aube blanche par-dessus ses vêtements de bagnard.

     

    C'est le 26 Décembre qu'eut lieu la première messe de Karl. Cette fois-ci, on avait fait le plein de la chapelle en rameutant des prêtres des 3 baraques.

     

    La messe fut suivie d'une grande fête, un véritable banquet, avec du vrai café et des gateaux.

      

    Tous les réseaux du camp avait été mis à contribution pour ces agapes.

     

    Christian Reger, un pasteur protestant raconte comment il avait pu se procurer, par piston, des choux de Bruxelles qu'il avait préparé et offert pour cette occasion.

     

    Après sa première messe, Karl dut retourner à l'hôpital du camp où il réussit à survivre jusqu'à la libération du camp par les Américains, le dimanche 29 Avril 45.

     

    La maladie cependant eut raison de lui quelques mois après.

     

    Karl s'éteignit définitivement le 12 août 45.

     

    article extrait du superbe blog

    http://siteedc.edechambost.net/barraque_pretres.htm#internements

     

     

     

     

     

     

     

    « Bernard FERRAND, Prêtre catholique, MORT pour la FRANCECHERBOURG 1944 »
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