• charles de gaulle refusait de commémorer le débarquement des anglo-saxons

    Depuis plusieurs jours, tous les médias de grande diffusion de notre pays consacrent une place considérable à la commémoration du 70ème anniversaire du débarquement anglo-américain en Normandie le 6 juin 2014. Cet événement n’est pas seulement l’occasion d’une intense activité diplomatique ; il est également utilisé comme une commémoration omniprésente et sans nuance à la gloire des Alliés, et plus spécialement des Américains.

    Bien entendu, nul n’ignore que des milliers de soldats sont morts lors du débarquement de Normandie, essentiellement américains, anglais et canadiens, mais aussi, en plus petit nombre, quelques autres nationalités dont quelques dizaines de soldats français. Ils ont joué un rôle décisif dans la fin de l’Occupation allemande en France et ils méritent à ce titre toute notre gratitude et tout notre respect.

    Mais il n’échappe à personne que cet éloge permanent des États-Unis revêt une dimension politique et géopolitique marquée. Affirmer à longueur d’antenne que les États-Unis ont « libéré la France » en 1944 ne peut avoir pour effet que d’assourdir, et même de faire taire, les critiques contre la politique actuelle de Washington. La commémoration avec un tel faste du débarquement du 6 juin 1944 ne peut inciter au contraire qu’à soutenir l’actuelle politique américaine tous azimuts, qu’il s’agisse par exemple des événements en Ukraine ou des négociations sur le Grand Marché Transatlantique.

    C’est pourquoi cette opération à grand spectacle – dont les enjeux implicites en terme de propagande sont énormes – doit être examinée sans complaisance. Et nous avons d’autant plus de raisons d’être vigilants que, lorsque Charles de Gaulle était à l’Élysée, il ne fut jamais question de célébrer en grandes pompes cette date du 6 juin.

    Le Chef de la France Libre avait même obstinément refusé de commémorer le 20e anniversaire du débarquement, le 6 juin 1964, ce qui avait contraint le président américain Johnson et le Premier ministre britannique Harold Wilson à renoncer à leur venue en France.

    En fait, l’Homme du 18 juin refusa toujours de commémorer cette date, que ce fût son 5e, son 10e, son 15e ou son 20e anniversaire. Et s’il avait une position aussi intransigeante – ce qui est a priori incompréhensible pour les jeunes générations – c’est qu’il avait de bien solides raisons pour cela.

    Puisque personne, ni sur la scène politique ni dans les médias, n’explique cette attitude, c’est une raison supplémentaire pour que l’UPR le fasse.

    Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

    En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

    Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte C’était de Gaulle, tome 2, paru en 1997.

     

    —— EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE ——

    ———– – Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

    • 30 octobre 1963

    En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

    À la fin du Conseil du 30 octobre 1963 au Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

    Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

     

    « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m'a convoqué comme un châtelain sonne son maître d'hôtel. » Salon doré

    « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

    Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

    Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

    Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volontéeuropéenne (il appuie).

    Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

    Winston Churchill choisir entre francaise et americain de gaulle

     « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! »
    (Winston Churchill)

    « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

    Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

    Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

    NOTE : AMGOT = « Allied  military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés

    billets americains france

    billets americains france 2

    Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

     Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

    Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.   

    Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).

    Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

    Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

    « Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

    • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

    Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

    charles de gaulle débarquement de Provence

    Charles de Gaulle commémore le débarquement de Provence le 15 août 1964 : cf. extrait d’actualités disponible sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAF94058797


    Charles-de-Gaulle : – Et je commémorerai la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l’intérieur et de l’extérieur s’y sont unis, autour de leur drapeau, de leurs hymnes, de leur patrie ! Mais m’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non !

    « Les Français sont déjà trop portés à croire qu’ils peuvent dormir tranquille, qu’ils n’ont qu’à s’en remettre à d’autres du soin de défendre leur indépendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naïve, qu’ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager à compter sur eux-mêmes !

    Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n’ai aucune raison de célébrer ça avec éclat. Dites-le à vos journalistes. »

    Il reprend : « Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement. »

    NOTE : Sainteny et Triboulet étaient respectivement Ministre des anciens combattants et Ministre de la coopération en 1964.

    • 13 mai 1964

    Espérant que le général aura oublié sa vive réplique, ou en tout cas aura oublié que c’est à moi qu’il l’a adressée, je remets la question sur le tapis, 10 mois et demi plus tard, le 13 mai 1964.

    • « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

    Alain Peyrefitte : « Ne craignez-vous pas, si nous ne devons pas du moins quelques explications, que votre absence du 6 juin en Normandie soit mal interprétée ?

    Charles-de-Gaulle : – Mais je vous l’ai déjà dit ! Il n’a jamais été question que j’y aille ! Je ne suis pas allé pour le cinquième anniversaire ; ni pour le dixième ; ni pour le quinzième. Pourquoi voulez-vous que j’y aille pour le vingtième ? Et j’ai demandé au Premier ministre de ne pas y aller non plus. D’ailleurs, le Premier ministre anglais n’y va pas. Johnson ira pas non plus. Pourquoi irions-nous ?

    (Évidemment, Wilson et Johnson n’y vont pas, parce que De Gaulle n’y va pas.)

    Alain Peyrefitte : – Eisenhower et Montgomery doivent y aller.

    Charles-de-Gaulle : – Ce sont des acteurs, qui se font payer cher à la télévision. »

    Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.

    • 10 juin 1964

    Après le Conseil du 10 juin 1964, le Général laisse percer encore son agacement : « Ces messieurs de la presse qui me reprochent de ne pas aller en Normandie 20 ans après, que faisaient-il alors ? S’étaient-ils battus pour que la France recouvre sa liberté, pour qu’elle contribue à sa délivrance ? Que faisaient-ils pendant la guerre ? Il ne se battaient ni en Normandie, ni ailleurs. La Libération s’est passée sans eux. Elle s’est passée d’eux. »

    Et lui, il a dû se battre pour que le débarquement ne se passe pas complètement de la France libre. S’il a prononcé son discours de Bayeux le 16 juin 1946, ce ne fut pas pour commémorer le débarquement du 6 juin, mais son débarquement sur les talons des Américains, le 16 juin 1944 à Bayeux.

    Il recule son fauteuil, cale son dos. Il a envie de parler.

    Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir

    « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? »

    Charles-de-Gaulle : « Vous croyez que les Américains et les Anglais ont débarqué en Normandie pour nous faire plaisir ? Ce qu’ils voulaient, c’était glisser vers le nord le long de la mer, pour détruire les bases des V1 et des V2, prendre Anvers et, de là, donner l’assaut à l’Allemagne. Paris et la France ne les intéressaient pas. Leur stratégie, c’était d’atteindre la Ruhr, qui était l’arsenal, et de ne pas perdre un jour en chemin.

    Churchill avait demandé à Eisenhower d’essayer de libérer Paris pour Noël. Il lui avait dit : « Personne ne pourra vous en demander davantage. »

    Eh bien si, nous étions décidés à demander davantage ! Le peuple de Paris s’est soulevé spontanément et il aurait été probablement écrasé sous les décombres, comme le peuple de Varsovie, s’il n’avait pas été soutenu. Mais il y avait des hommes qui, trois ans plus tôt, à Koufra, s’étaient juré de libérer Paris, puis Strasbourg. Ce sont eux qui ont libéré Paris avec son peuple.

    NOTE  : Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l’oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d’avoir libéré Paris et Strasbourg.

    • « Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. »

    Charles-de-Gaulle : « Mais nous n’avions pas l’accord des Américains. Quand j’ai vu que l’insurrection parisienne allait être écrasée par une division allemande intacte qui arrivait de Boulogne-sur-Mer, j’ai donné l’ordre à Leclerc de foncer. C’est ainsi que nous avons évité à Paris le sort de Varsovie. Nous avons obligé les Anglo-Saxons à changer de stratégie. Les Américains ne se souciaient pas plus de libérer la France que les Russes de libérer la Pologne. Ce qu’ils voulaient, c’était en finir avec Hitler, en essuyant le moins de pertes possibles. Ce qu’ils voulaient épargner, c’était le sang des boys, ce n’était pas le sang, les souffrances et l’honneur des Français.

    « Effectivement, si les Anglo-Saxons avaient pu mener leur stratégie jusqu’au bout, ils auraient peut-être réussi à frapper l’Allemagne au cœur plus vite. De toute façon, Hitler aurait fini par être battu, et la France aurait fini par être libérée. Mais si les Français étaient restés passifs, et si nous n’avions pas eu de part à la défaite d’Hitler, c’est au bout du compte lui qui aurait vaincu la France. »

    — FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 —————-

     

    Ce que Roosevelt et les américains voulaient vraiment faire de la France en 1944

    de gaulle-ROOSEVELT

    « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »
    (Franklin Roosevelt, Président des États-Unis, le 23 novembre 1942, devant les émissaires de Charles de Gaulle à la Maison Blanche)

    Pour comprendre quels étaient les objectifs de Franklin Roosevelt, et des cercles dirigeants américains, quant à l’avenir de la France après le débarquement, il est utile de relire un passage essentiel des Mémoires de Guerre.

    Nous sommes en novembre 1942. Les Anglo-Américains viennent de réaliser le débarquement en Afrique du nord française (Opération Torch), d’ailleurs sans en avoir prévenu le chef de la France Libre. L’affaire a été un succès militaire éclatant puisque les troupes françaises (pétainistes) d’Afrique du nord se sont rendues au bout de 48 heures, après avoir fait seulement semblant de se battre.

    En revanche, une décision fait scandale, aussi bien au sein des Français Libres réfugiés à Londres que parmi l’opinion publique britannique : le général américain Eisenhower, bien entendu avec le plein accord du président Roosevelt, a décidé de maintenir l’Amiral Darlan, l’un des dauphins de Pétain, au pouvoir à Alger. En somme, Darlan a retourné sa veste et les Américains l’en récompensent en le maintenant dans ses fonctions à la tête de l’Afrique du nord française !

    Sitôt la nouvelle connue, Charles de Gaulle décide d’envoyer deux émissaires à Washington pour protester avec la dernière énergie auprès du président Roosevelt. Lequel les reçoit et leur livre une vision de la France d’après-guerre proprement scandaleuse.

     

    C’est ce célèbre passage des Mémoires de Guerre :

    Il n’en faut pas davantage pour que le Président Roosevelt surmonte, à l’égard de Darlan, les scrupules démocratiques et juridiques que, depuis plus de deux années, il opposait au général de Gaulle. Par son ordre, Clark reconnaît le haut-commissaire et entame avec lui des négociations qui aboutissent, le 22 novembre, à un accord en vertu duquel Darlan gouverne et commande, pourvu qu’il donne satisfaction à ses vainqueurs anglo-saxons.

    Sans doute, le Président fait-il publier une déclaration affirmant que les arrangements politiques conclus entre Eisenhower et Darlan ne sont « qu’un expédient temporaire. » Mais recevant, le 23, André Philip et Tixier et s’irritant de leurs protestations, il leur crie : « Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris ! »

    Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Tome 2, l’Unité, 1942-1944, chapitre « Tragédie »

    Page 48 (édition Plon)

    On voit donc bien la collusion qu’il y avait entre les autorités américaines et les autorités du régime de Vichy. Le président Roosevelt et les cercles dirigeants américains voulaient disposer, au sortir de la guerre, d’une France aussi domestiquée que celle qu’avait souhaitée Hitler. C’était finalement un conflit d’impérialisme entre les Américains et les Allemands, rien d’autre.

    Et Roosevelt souhaitait promouvoir les pétainistes contre de Gaulle parce qu’il savait parfaitement qu’ils seraient infiniment plus dociles, pour obéir à Washington comme ils obéissaient à Berlin, plutôt que le Fondateur de la France Libre, dont l’intransigeance sur l’indépendance de la France était déjà légendaire.

    Cette vision stratégique de ce que devait devenir la France d’après-guerre selon Washington a été confirmée et précisée par Charles de Gaulle, vingt ans après les événements. Toujours à Alain Peyrefitte, dans un autre passage capital de l’ouvrage C’était de Gaulle. Passage que voici  :

    —- EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE —-

    ———————— Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    de gaulle roosevelt était un type qui voulait dominer univers

    « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. »

    Charles-de-Gaulle : « Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. Il pensait que le jour où les Américains auraient débarqué en France, si le Maréchal était encore là, il n’aurait rien à leur refuser ; ce qui était bien vrai.

    Ensuite, Vichy étant devenu vraiment impossible, il a laissé tomber Vichy. Il a essayé de se rattraper sur Giraud.

    Puis, voyant que ça ne donnait rien, il a essayé de se rabattre sur Herriot. Il a même tenté de fabriquer un gouvernement à Paris au moment où j’allais y entrer, avec Laval, Herriot. Tout ça été manigancé avec Otto Abetz [Représentant de Hitler à Paris sous l’Occupation] et avec Allen Dulles, qui était à Genève pour le compte de la CIA. »

    Alain Peyrefitte : – Allen Dulles

    Charles de Gaulle : – Oui, c’est ça. D’abord moi, en arrivant à Paris, j’aurais foutu ce gouvernement au [trou][…]. Vous pensez, à l’époque, Herriot, Laval et Abetz ça ne pesait pas lourd. Mais Roosevelt se figurait qu’Herriot assurerait la continuité avec la IIIe et Laval avec Vichy, et que tout ça allait apparaître comme la République.

    Seulement, Hitler, ça l’a exaspéré quand il a su ça. Il a dit : « De quoi, de quoi ? Laval, Herriot, et tout ceux-là ? » Alors, il a fait savoir à Laval de s’en aller à Sigmaringen, il l’a fait dire aussi au Maréchal, il a désavoué Abetz, il a fait remettre Herriot dans sa prison. Il a tout nettoyé.

    Roosevelt voulait imposer aux Français Pierre Laval et Édouard Herriot

    Le gouvernement que Roosevelt (ci-dessus) voulait imposer aux Français en 1944 : Pierre Laval et Édouard Herriot (ci-dessous)  !

    CIA Allen Dulles et l'ambassadeur d'Hitler à Paris Otto Abetz

    L’opération avait été préparée en concertation avec le chef de la CIA Allen Dulles et l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz…  

    Le Président Roosevelt refusa toujours de reconnaître la légitimité de la France Libre, préférant maintenir une ambassade auprès de Pétain et du régime de Vichy jusqu’en novembre 1942, puis usant des manœuvres les plus tortueuses pour tenter d’écarter Charles de Gaulle du pouvoir et installer, à sa place, des dirigeants plus malléables.

    Ainsi, en août 1944, soit plus de deux mois après le débarquement de Normandie, le Président Roosevelt espérait encore installer au pouvoir à Paris Édouard Herriot – homme politique radical de la IIIe République – et Pierre Laval – la figure la plus honnie de la Collaboration, avec lequel il avait d’ailleurs des liens de parenté par alliance. Ce projet scandaleux, minutieusement décrit par de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, avait été ourdi par une étroite concertation entre le chef de la CIA Allen Dulles, l’ambassadeur d’Hitler à Paris Otto Abetz et le dauphin de Pétain.

    Allen Dulles (1893 – 1969) fut le premier directeur civil de la Central Intelligence Agency (CIA), du 26 février 1953 au 29 novembre 1961, et l’un des sept membres de la commission Warren chargée d’enquêter sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

    Il était également le frère cadet de John Foster Dulles, Secrétaire d’État des États-Unis du gouvernement Dwight Eisenhower, de 1953 à 1959, et actionnaire principal de la United Fruit Company, société bananière influente dans les républiques bananières d’Amérique latine.

    Allen Dulles est un personnage des plus controversés : sa carrière au sein de l’État américain ne cessant d’être émaillée de conflits d’intérêts personnels et familiaux plus ou moins importants, dus à sa participation à la vie de grands groupes industriels internationaux ainsi qu’à la carrière de son frère John Foster Dulles qui travailla lui aussi pour ces grands groupes.

    Otto Abetz (1903 – 1958), francophone et francophile, représenta l’Allemagne en France en 1938 et en 1939, d’où il fut expulsé le 30 juin 1939 comme présumé espion. Le 8 juillet 1940, à la suite de l’armistice entre la France et l’Allemagne, il fut de nouveau envoyé en France. Nommé ambassadeur de l’Allemagne le 3 août 1940, il conserva ce poste jusqu’en 1944 et travailla à mettre en place une politique de collaboration. En juillet 1949, le tribunal militaire de Paris le condamna à 20 ans de travaux forcés pour crimes de guerre, en particulier pour son rôle dans l’organisation de la déportation des juifs de France vers les camps de la mort. Il fut libéré en avril 1954.

    Charles de Gaulle : « Bohlen [L’ambassadeur des États-Unis en France] se comporte envers moi comme Roosevelt il y a vingt ans. Il reçoit en permanence des députés, des sénateurs, des journalistes, et il les monte contre nous. Je n’en ignore rien. Ils font tous ça, les Américains.

    Bohlen ambassadeur des États-Unis en France

    Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968.

    NOTE :Charles E. Bohlen (1904 – 1974) fut ambassadeur des États-Unis en France de 1962 à 1968. Très hostile à de Gaulle, Charles E. Bohlen avait des liens de parenté proches avec Alfried Krupp von Bohlen und Halbach, héritier des aciéries Krupp, l’un des principaux fabricants d’armes de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, criminel nazi reconnu coupable de pillage et de crime contre l’humanité le 31 juillet 1948, et condamné à douze ans d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens.

    Charles de Gaulle : « Roosevelt, c’était pareil, il ne traitait qu’avec des gens qui étaient mes ennemis. Il avait autour de lui, à Washington, des types comme Chautemps.

    Alain Peyrefitte : – Et Saint John Perse.

    Charles-de-Gaulle : – Oui, Léger qui avait été limogé par Paul Reynaud. Et d’autres du même tonneau, avec qui Roosevelt prenait le thé. Ils le montaient contre moi, en remâchant leurs échecs. Seulement, ça continue. Alors, Bohlen ne voit que nos adversaires, les Mitterrand et les Maurice Faure.

    Camille Chautemps, ministre d'État du Front populaire, successeur de Léon Blum

    Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire

     NOTE : Camille Chautemps, ministre d’État du Front populaire, successeur de Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement, fut vice-président du Conseil des gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud. Ardent partisan de l’Armistice et très hostile à de Gaulle, il fit partie du gouvernement de Philippe Pétain jusqu’au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d’une mission officieuse, il partit pour Washington, et choisit d’y demeurer jusqu’en 1944.

     

    Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940

    Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940

    NOTE : Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay 1933 à 1940, artisan de la rencontre de Munich (et grand poète sous le pseudonyme de Saint-John-Perse) avait été mis en disponibilité par Paul Reynaud, Président du Conseil, le 20 mai 1940. Il s’était ensuite réfugié aux États-Unis.

    Charles de Gaulle : « Churchill, lui non plus, n’admettait pas qu’on ne plie pas. Au lieu de trouver des gens de caractère qui lui auraient tenu tête, il s’entourait de gens qui étaient couchés par terre.

    « Je me rappelle un soir, quand j’ai rencontré Roosevelt pour la première fois, au Maroc. Roosevelt voulait m’obliger à me soumettre à Giraud. J’ai envoyé Roosevelt faire foutre, poliment mais fermement. Alors, Churchill m’a fait une scène invraisemblable. Je l’ai mal pris, et je lui ai dit : « Qu’est-ce que ça veut dire : On ne vous comprend pas ? Vous n’êtes pas digne de votre charge ! » Je l’ai très mal traité.

    Alors, le dernier jour, on s’est réuni autour de Roosevelt pour se dire adieu. Churchill, devant tout le monde, a commencé à me refaire une scène en me disant : « Vous n’avez pas suivi le Président. » Il piquait une lèche éhontée à Roosevelt, et c’est Roosevelt qui, à la fin, a trouvé que ça suffisait et lui a imposé silence. Il a dit : « Maintenant, il faut que ces deux généraux se serrent la main devant les photographes. »

    « La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autre. Des marionnettes, c’est ça qu’ils veulent en face d’eux. »

     

    — FIN DE L’EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE

    ————————–Palais de l’Élysée, 17 juin 1964 —————————

    ————– Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – page 52 —————-

    Général Giraud promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle

    La marionnette nommée Général Giraud, promue par Roosevelt pour tenter de contrer Charles de Gaulle.

    Cette célèbre et hypocrite poignée de mains entre de Gaulle et le général Giraud, pétainiste passé au service des Américains, fut exigée par Roosevelt lors de l’entrevue des quatre hommes au Maroc en 1942. On distingue Roosevelt (à gauche) et Churchill (à droite) assis à l’arrière-plan, en train de contempler avec satisfaction cette scène de théâtre organisée devant les appareils photos des journalistes de la presse anglo-saxonne.

    Le président américain voulait absolument promouvoir Giraud, personnage falot, peu intelligent et sans tempérament, pour empêcher Charles de Gaulle d’accéder au pouvoir. Car le patron de la Maison Blanche, qui était intelligent et sournois, avait parfaitement compris que de Gaulle était le seul homme d’État français, le seul capable de faire échec au projet des États-Unis de vassaliser la France après la fin de la guerre.

    Conclusion

    La commémoration du 6 juin 1944 en très grandes pompes, avec les plus hautes autorités de l’État, semble parfaitement légitime et nécessaire à nos compatriotes, tellement des pans entiers de l’Histoire réelle ont été occultés depuis 70 ans.

    Il est donc plus que temps que les Français fassent pour de bon le « travail de mémoire » qu’on leur demande, à condition de le faire dans son intégralité, sans biais ni a priori, et sans passer sous silence les actions précises des Alliés, et tout spécialement des Américains à l’encontre de la souveraineté et de l’indépendance de la France.

    S’il y a certes toutes les raisons pour s’incliner devant la mémoire des soldats anglais, canadiens et américains morts sur le sol de France, qui ont contribué de façon décisive à la fin de l’Occupation nazie, il n’y a en revanche aucune raison de permettre aux États-Unis d’Amérique de camoufler les objectifs politiques peu reluisants qui étaient ceux de leur gouvernement à l’époque des faits.

    Il est important que les Français, et notamment les jeunes générations, sachent que Roosevelt avait décidé :

    • de placer la France « libérée » sous son occupation militaire américaine,
    • de lui imposer une « fausse monnaie » imprimée aux États-Unis,
    • et de maintenir Pierre Laval au pouvoir, figure hideuse et honnie de la Collaboration et de l’intelligence avec l’ennemi, et tout cela avec la complicité de l’ambassadeur d’Hitler en France.

    Par la même occasion, il serait utile de rappeler le soutien financier considérable qu’apporta l’oligarchie industrielle et financière américaine à Adolf Hitler et à son régime pendant toute les années 30 ,et pendant encore une grande partie de la guerre. Les travaux d’Anthony Sutton, désormais de plus en plus connus, permettent notamment de jeter une lumière crue sur cette coopération secrète entre les États-Unis et l’Allemagne hitlérienne.

    Tous ces rappels historiques permettraient à Washington de faire à son tour, et utilement, son « travail de mémoire » et sa « repentance ». Cela permettrait aussi d’inviter Washington à abandonner ses prétentions à l’hégémonie mondiale.

    Au lieu de se plier servilement à l’opération de communication voulue par Washington afin de légitimer son hégémonie actuelle sur l’Europe et la France – par Union européenne et Otan interposées –, le président Hollande devrait ainsi garder à l’esprit que son rôle est d’enseigner la vérité historique aux jeunes générations et d’être « le garant de l’indépendance nationale », comme le lui en fait obligation l’article 5 de notre Constitution.

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •   

      

    Femmes dans la Résistance intérieure française

     

    Afficher l'image d'origine 

     Madeleine RIFFAUD 

     

    Les femmes dans la Résistance intérieure française ont joué un rôle important dans le contexte de l'occupation du pays pendant la

    Seconde Guerre mondiale.

      

      http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/?aIndex=12

    Effectifs et positions hiérarchiques

    Moins nombreuses que les hommes, les femmes représentent 15 à 20 % des résistants et environ 15 % des déportés politiques

     

    Danielle Casanova,

     

      

    Lise London,

     

      

    Marie-Claude Vaillant-Couturier,

     

      

      

    Laure DIEBOLD

     

    Charlotte Delbo,

    Germaine Tillion,

    Touty Hiltermann,

    Geneviève de Gaulle-Anthonioz,

    Yvonne Pagniez,

     

    Denise Vernay,

    Anise Postel-Vinay,

    Jacqueline Pery d'Alincourt,

    Gilberte Brossolette,

    Jeanne Goupille (Indre-et-Loire), Ginette Lion-Clément, etc.).

      

    Elles sont le plus souvent cantonnées à des rôles subalternes.

      

    Lucie Aubrac, résistante emblématique, cofondatrice de Libération-Sud, n'a en fait jamais eu de rôle défini dans la hiérarchie du mouvement. Hélène Viannay, davantage diplômée que son mari Philippe Viannay, le fondateur de Défense de la France, n'écrit jamais un seul article pour le journal clandestin du même nom, pas plus que les autres compagnes des chefs de DF, alors qu'elles assistent à toutes les réunions de rédaction.

      

    Quoique officiers, les agentes du Special Operations Executive sont formées et employées comme sans-filistes et secrétaires de circuits dirigés par des hommes.

     

      

      • Lors de la réorganisation de ce mouvement, plusieurs d'entre elles sont au comité directeur:

     

     

     

     

      

      

    • ancienne de l'école des surintendantes.
    • Les employées du commissariat au chômage de Lyon dont Berty est directrice jouent un rôle-clef dans le développement de Combat (résistance) en zone Sud.

     

     

     

     

     

      • ville annexée au Troisième Reich, monte son « réseau d'évasions ».

      

      • Des milliers de prisonniers, de réfractaires
      • lui doivent leur « liberté ».

      

    • Elle organise l'évasion de François Mitterrand, de Boris Holban fondateur du réseau des FTP-MOI en mars 1942 et aide à celle du général Giraud, le 17 avril 1942.

     Afficher l'image d'origine

     

      • fait la liaison entre les différents chefs des nombreux réseaux d'Alliance dont elle est l'égérie.

      

      • Après la guerre, elle préside l'association des anciens.

     

      • Elle est la seule femme à avoir été chef d’un grand réseau de résistance.
      • L'Organisation civile et militaire (OCM) a une section féminine, présidée par

      

    • Marie-Hélène Lefaucheux, qui est également membre du comité parisien de Libération et sera à la libération député puis sénateur.

     

     

    • joue un rôle décisif dans la fondation et le fonctionnement
    • du mouvement Dutch-Paris.

     

     

      • devient l'un des chefs de la filière d'évasion de Paul Hauet dont elle prendra la suite.
      • Après la guerre, elle est chargée de la liquidation administrative de la nébuleuse Hauet-Vildé qu'elle baptise alors

     

    Rôle

    Seule une minorité très restreinte prend part à la lutte armée. Alors que les résistantes sont des figures emblématiques et nombreuses dans les mouvements de partisans en Italie, en Grèce, en Yougoslavie et en URSS occupées, elles sont peu nombreuses dans les maquis de France - peut-être parce qu'elles ne sont pas soumises au STO et n'ont pas besoin de le fuir (elles n'ont pas non plus de formation ni de vocation militaire). Elles ne sont pas désignées comme otages par les occupants.

     

    Des femmes organisent des manifestations de ménagères dès 1940, sont actives dans les comités populaires du PCF clandestin, omniprésentes dans les encouragements et l'aide matérielle aux grévistes (ainsi dans le Nord-Pas-de-Calais en mai 1941) ainsi qu'aux réfractaires des maquis (H.R. Kedward, A la recherche du maquis, 1999).

     

    Elles sont indispensables comme dactylos, comme boites aux lettres, comme hébergeuses, et surtout comme agents de liaison - en partie parce que les Allemands se méfiaient moins des femmes, et que les innombrables contrôles d'identité dirigés contre les réfractaires au STO ne les concernent pas. Olivier Wieviorka souligne que la stratégie des mouvements était souvent, en fait, de mettre en avant les femmes parce qu'elles sont moins exposées à la répression : Vichy et les Allemands ne peuvent quand même pas tirer sur des ménagères réclamant à manger pour leurs enfants. Certaines prennent les armes, telle Germaine Lemaire qui abat un sous-officier allemand  le 17 juin 1940, jour où Philippe Pétain appelle à cesser le combat et annonce son intention de demander l'armistice.

    Résistance et vie privée

    Il faut aussi mentionner que d'innombrables combattants de l'ombre vivent toute la guerre en couple, et que leur résistance serait impossible et invivable sans la présence de leur compagne à leur côté : Cécile et Henri Rol-Tanguy, Raymond et Lucie Aubrac, Gilberte et Pierre Brossolette, Paulette et Maurice Kriegel-Valrimont, Henri Frenay et Berty Albrecht, Reine Joly et Robert Guédon, Hélène et Philippe Viannay, Marie-Hélène Lefaucheux et Pierre Lefaucheux, Clara et Daniel Mayer, Antoinette Feuerwerker et David Feuerwerker etc. forment des couples indissociables.

     

    D'autres idylles sont brisées par la guerre: Pierre Le Rolland et Georgette Dion. D'autres couples sont formés après la Libération : Henri Frenay et Chilina Ciosi, Henri Ingrand et Elizabeth Dussauze, etc.

    Nombreuses sont les résistantes qui se marient et qui ont des enfants en pleine clandestinité, sans interrompre pour autant leur combat. Certaines sauvent la vie de leur mari (Lucie Aubrac, Marie-Hélène Lefaucheux). D'autres feront de la politique après la guerre, comme Gilberte Brossolette qui sera élue sénateur socialiste et la première femme vice-président du Sénat.

     

    D'autres partagent leur sort jusqu'à la torture, à la déportation et à la mort. Le convoi du 24 janvier 1943 emporte à Auschwitz des politiques et des otages (non-juives et en majorité communistes fichées avant-guerre) parmi lesquelles de nombreuses veuves de fusillés, ainsi Maï Politzer, épouse de Georges Politzer, ou encore Hélène Solomon, fille de Paul Langevin et femme de l'écrivain Jacques Solomon.

    Répression

    Les résistantes et les politiques font l'objet de mesures d'internement (en France) et de déportation (en Allemagne ou en Pologne), dans des prisons, des bagnes ou des camps de concentration. Les prisons françaises et allemandes

     

    (Cologne, Sarrebruck, Deux-Ponts, Neuenkirchen, Saint-Wendel, etc.) reçoivent nombre de résistantes et de politiques en détention préventive (Schutzhaft).

     

    En Allemagne, les déportées sous statut Nacht und Nebel sont gardées au secret, sans courrier ni colis, les demandes des familles et les investigations de la Croix-Rouge sont vaines.

     

    Les prévenues contre qui ont été réunies des preuves suffisantes sont jugées par des tribunaux d'exception, Sondergerichte ou Volksgerichtshof.

     

    Les condamnées à mort sont guillotinées.

     

    Les condamnées à mort dont l'exécution a été suspendue et les condamnées aux travaux forcés sont détenues dans des bagnes pour femmes (Frauenzuchthaus), tels Lubeck, Jauer, Anrath, Aichach ou Cottbus, en compagnie de prisonnières allemandes de droit commun.

     

    Quand le régime NN tombe en désuétude, les condamnées et les prévenues sont mises au camp où elles rejoignent les camarades qui avaient purgé leur peine de prison.

     

    En particulier, Ravensbrück compte un effectif entretenu d'environ 5000 Françaises, dont, d'après G. Tillion, un tiers de résistantes. D'autres sont transportées dans des satellites, des kommandos d'usines, des camps de travail où les conditions sont les mêmes.

     

    Mais trois trains de déportées ont été envoyés directement de Compiègne à Ravensbrück.

     

    De plus, quand le Sipo-SD vide les prisons françaises, à la mi-1944, les internées (politiques, résistantes, otages, droit-commun) sont déportées dans les camps de concentration.

     

    Mémoire

    Dès la libération de Ravensbrück, Germaine Tillion entreprend, « à chaud », un travail d'historienne méthodiquement poursuivi pendant plusieurs années, avec l'aide de plusieurs compagnes de résistance et de déportation[3].

    Les survivantes des camps témoignent aux procès de criminels de guerre, comme Marie-Claude Vaillant-Couturier aux procès de Nuremberg.

    La légende dorée de la Résistance est illustrée par les récits épiques de Lucie Aubrac et de Marie-Madeleine Fourcade qui sont de grands succès de librairie, comme les mémoires de Brigitte Friang. Lucie Aubrac fait la tournée des écoles afin d'expliquer l'Occupation aux enfants.

    Danielle Darrieux et Nathalie Baye ont prêté leur talent à Marie-Octobre. Carole Bouquet interprète le rôle de Lucie dans le film de Claude Berri. Simone Signoret tient le rôle d'une résistante dans L'Armée des ombres, que Melville tire du roman de Kessel. Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain ont illustré Les femmes de l'ombre. Miou-Miou a interprété le personnage d'une militante communiste dans Blanche et Marie, Irina Demick joue de la Sten dans Le jour le plus long, etc.

    Hommage

    Le CNR néglige de mentionner le vote des femmes dans son programme de renouveau en mars 1944. Néanmoins, par le choix du général de Gaulle ainsi que leur implication dans la Résistance, elles ouvrent à la voix au droit de vote et l'éligibilité des femmes en France, dès 1944 (par l'ordonnance du 21 avril 1944).

    Des timbres ont été créés à l'effigie de Mère Elizabeth, Simone Michel-Levy, Yvonne Le Roux, Danielle Casanova, Renée Lévy, Berty Albrecht et Geneviève de Gaulle-Anthonioz.

    Lucienne Guézennec (Marie-Antoinette Morat) est l'un des six personnages des Volontaires de la Nuit d'Henri Frenay.

    Après la guerre, de nombreuses militantes ont reçu la croix du combattant volontaire de la Résistance ou la médaille de la résistance[4] , mais aussi des distinctions (médaille militaire, croix de guerre, légion d'honneur) en général attribuées à des hommes. Cependant, six femmes seulement (sur 1038 titulaires) ont été faites Compagnons de la Libération: Berty Albrecht, Laure Diebold, Marie Hackin, Simone Michel-Levy, Émilienne Moreau-Évrard et Marcelle Henry.

    Des personnalités comme Marie-Madeleine Fourcade, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Lucie Aubrac et quelques autres ont été célébrées de leur vivant.

    Monuments

    À l'occasion d'une émission de France Culture consacrée aux femmes dans la résistance[Quand ?], l'historienne Annette Wieviorka remarque que peu de monuments honorent l'action de ces femmes.

    La ville de Riom (63) honore deux de ses citoyennes, Marinette Menut, lieutenant-pharmacien des MURs d'Auverne et Claude Rodier-Virlogeux, sergent-chef des MURs d'Auvergne, d'une stèle spécifique.

    Le Mémorial de Valençay (Indre) porte le nom de 13 agentes du SOE (Section F) mortes au pouvoir de l'ennemi[5].

    Le Mémorial de Ramatuelle (Var) porte le nom de 26 agentes des services spéciaux français mortes aux mains de l'ennemi[6].

    De nombreuses plaques commémoratives ont été posées. De nombreuses rues, places, écoles, dispensaires portent le nom de résistantes, telle Anne Noury. Les pierres tombales de résistantes mentionnent souvent la qualité ou les états de service, les distinctions.

    Tirées au sort, Renée Lévy (réseau Hector) et Berty Albrecht (Combat) sont enterrées au Mémorial de la France combattante du Mont-Valérien.

    Le 3 décembre 2013, le prince Charles de Galles inaugure à Tempsford, près de Cambridge, sur le lieu du terrain d'aviation d’où elles décollaient pour la France ou l'Afrique du Nord, un monument aux espionnes envoyées d'Angleterre (travaillant alors pour le SOE). Au total, 75 femmes en sont parties (notamment Violette Szabo, Noor Inayat Khan et Eileen Nearne), dont 22 sont mortes en mission. Si la convention de Genève interdisait à l'époque aux femmes de combattre, celles-ci ont souvent joué un rôle décisif dans la Résistance, notamment comme courriers ou opératrices radio. Charles de Gaule, qui pour sa part voulait montrer que la Résistance n'était pas organisée de l'étranger, désapprouvait le SOE, ce qui explique encore sa faible notoriété en France. Lors de l'inauguration du monument, la France n'était représentée que par un employé de l'ambassade de France au Royaume-Uni[7].

    L'ADIR

    L'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) tente après la guerre de fédérer les résistantes et les politiques qui ont survécu aux prisons et aux camps.

    Bibliographie

    Histoire

    • Margaret Collin Weitz, Sisters in the Resistance : How Women Fought to Free France, 1940-1945 (en français : Les combattantes de l'ombre. Histoire des femmes dans la Résistance, préface de Lucie Aubrac ([1] ).
    • Mechtild Gilzmer, Christine Levisse-Touze et Stefan Martens [dir.], Les femmes dans la Résistance en France, Paris, Tallandier, 2003 ([2]).
    • Christiane Goldenstedt, Les femmes dans la Résistance, in : Annette Kuhn, Valentine Rothe (Hrsg.), Frauen in Geschichte und Gesellschaft, Band 43, Herbolzheim 2006, (ISBN 3-8255-0649-5)
    • Antoine Porcu. « Héroïques », Femmes résistantes Tome I et II. Préface Pierre. Outteryck. Éditions Geai Bleu, Lille, 2007. Environ 250 portraits monographiques et des analyses par régions.
    • Catherine Varlin, Une ville engloutie : la résistance des femmes juives, in RHICOJ, Les Juifs dans la Résistance et la Libération, Paris, éd. du Scribe, 1985.
    • Marie-Louise Coudert, Elles la résistance, Paris, Messidor, 1983.
    • Hélène Eck, Les Françaises sous Vichy, in Georges Duby et Michelle Perrot, Histoire des femmes, t. 5, Le XXe siècle (sous la direction de Françoise Thébaud), Plon, 1992, p. 185-211.
    • Sylvie Lalario, Retour en France et réadaptation des femmes juives déportées, Mémoire de maîtrise d'histoire, Université Paris 7-Denis Diderot, 1993.
    • Ania Francos, Il était des femmes dans la Résistance, Paris, Stock, 1978.
    • Paula Schwartz, Résistance et différence des sexes, in Clio, Histoire, Femmes et Sociétés, sous direction de Fr. Thébaud 1, 1995.
    • Claire Andrieu, Les résistantes, perspectives de recherche, dans Antoine Prost (dir.), La Résistance, une histoire sociale, Paris, Les Éditions de l'atelier, coll. Mouvement social, 1997, 250 pages.

    Témoignages et monographies

     

     

     

    Sources

    WIKIPEDIA

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_dans_la_R%C3%A9sistance

    _int%C3%A9rieure_fran%C3%A7aise

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • La VIE QUOTIDIENNE la VIE A PARIS, sous l'OCCUPTION, particulièrement BRILLANTE pour les parisiens,, acteurs, écrivains, ..

     

     

     

     

     

    BREST  

    Synagogue transformée en maison close pour les ALLEMANDS

     

    La vie parisienne sous l'occupation allemande fut particulièrement brillante malgré les contraintes, les angoisses et les périls du moment. Il ne s'agissait pas nécessairement de frivolités mais du besoin de s'évader de la dure réalité quotidienne et de maintenir le prestige de l'ex-Ville Lumière.

     

     

     

    Des soldats allemands devant le MoulinRouge juin 1940

     

     

    Il ne faut pas oublier, en effet, qu'entre 1940 et 1944, le cinéma, le théâtre, les lettres, la musique, les ballets et la chanson brillèrent de feux d'autant plus étincelants qu'ils avaient l'éclat de la fierté, de l'insolence et parfois de la révolte.

     

     

     

     

    Est-il nécessaire de rappeler que ce fut durant cette période que le cinéma français poursuit les Visiteurs du soir, le Corbeau, L'Eternel Retour, Les Enfants du Paradis et que le théâtre révéla Eurydice et Antigone de Jean Anouilh, La Reine Morte de Montherlant, Huis Clos de Sartre, Le Soulier de satin de Claudel et le premier drame de Camus ? 

     

     

     

     

     

    En même temps les ballets de Serge Lifar triomphaient à l'Opéra, Braque et Matisse exposaient au Salon d'Automne et le Requiem de Berlioz était interprété, sous la direction de Charles Münch, pour la première fois, par six cents musiciens selon le voeu exprimé par son auteur.

     

    Certains autres aspects du Paris occupé sont aussi évoqués.

     

     

     

    Ceux qui ont trait aux salons mondains, aux cabarets, à la prostitution et à la grande bouffe des profiteurs du marché noir.

     

     

    D'autres, enfin, restituent le panorama artistique constitué par le cirque, la peinture, les lettres, la radio et même la télévision, alors au berceau.

     

     

     

     

     

    Il est surprenant de constater, par exemple, que l'appétit de lecture ait doublé de 1938 à 1941 et qu'en 1943 la France ait figuré en tête des pays producteurs de livres par le nombre des titres publiés. 

     

     Sortie de la messe, église de la Madeleine.

     

     

    La peur, la faim, le désir de briller, de vivre et surtout de survivre, éprouvés par les uns, n'excluaient pourtant pas chez les autres le sens de la dignité, de la retraite et d'une opposition plus ou moins apparente. 

     

     

     

     

    C'est cet univers pittoresque et parfois ahurissant que reflète La Vie parisienne sous l'Occupation, conçu par Hervé Le Boterf comme un reportage vécu dans le passé de sa jeunesse.

     

     

     

     

    Agrémenté de mille anecdotes cocasses ou dramatiques, mais aussi de jugements critiques, ce livre constitue un document objectif du plus grand intérêt sur un aspect insolite et pratiquement méconnu de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

     

     Café Le Pam-Pam, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince.

     Angle Boulevard Saint Michel Paris

    Café “Le Pam-Pam”, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

     

     

     

     

     

    http://embruns.net/carnet/autres-sujets/paris-sous-loccupation.html

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • Image n° 96288

    Louise de Landsheere

    - De la Résistance à la Marche de la Mort -

     

     

    Louise de Landsheere grandit dans un milieu d'intellectuels catholiques.

     


    Son père, Paul de Landsheere, est un journaliste connu qui deviendra président de l'Association générale de la Presse belge et finira sa carrière comme directeur du Compte rendu analytique du Sénat.

     

     

    Il fréquente les milieux politiques et les hautes sphères de l'administration. Pendant la Première Guerre mondiale, il fait de la résistance et publie peu après une chronique de l'occupation, Cinquante mois d'occupation allemande.

    Après des humanités classiques, la jeune Louise suit les cours de l'Ecole supérieure de Jeunes Filles à Bruxelles, école créée sous les auspices de l'Université catholique de Louvain (UCL).

     Image n° 96292

    En 1939, elle s'inscrit également au cours de l'Ecole supérieure de Commerce de l'UCL.

    Survient la deuxième occupation allemande.

     

    Très rapidement, un désir fou de faire quelque chose contre «eux» la poursuit.


    Déjà des tracts et journaux clandestins sont passés d'une étudiante à l'autre, mais Louise - Loulou pour les amis - ne parvient pas à remonter la filière.

     

     


    Jusqu'à ce jour de septembre où un ancien camarade de l'Académie des Beaux-Arts la contacte et lui demande son aide pour héberger des soldats britanniques cachés.

     

    Le père de Louise qui jusqu'ici s'était contenté de dire :

     

    «ce n'est pas l'affaire des femmes, elles ne peuvent pas se taire», finit par lui passer une adresse d'hébergement.


    La jeune femme veut davantage et force son père à lui donner le nom de quelqu'un qui, déjà, organise un «réseau» :

     

    William Ugeux, avocat, directeur au XXe Siècle avant-guerre (journal auquel Paul de Landsheere collaborait comme informateur politique).

    Louise de Landsheere entre en Résistance où elle devient «Martine», indicatif 015 du Service Zéro.

     

    À partir de ce moment, son activité augmente de jour en jour.

     

    Elle prend contact avec d'autres membres du réseau de «Walter» (Ugeux), se met à distribuer La Libre Belgique clandestine, travaille dans le renseignement proprement dit, mais surtout s'occupe du passage de Belges ou d'Anglais vers la Grande-Bretagne.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Elle est accaparée par «Walter», commence à le remplacer quand il ne peut effectuer lui-même une mission.

     

    Elle fait ainsi connaissance de Marcel Kerkhofs, François Kinder, Charles Claser, Thérèse de Radiguès, Jean Fosty.


    Début 1941, Louise de Landsheere est l'adjointe en titre de «Walter».

    Mais en juillet 1941, après une dénonciation, la Geheime Feldpolizei fait irruption chez les de Landsheere.

     

    Par miracle - 500 Libre Belgique et d'autres papiers compromettants sont cachés dans la maison -, rien n'est découvert. !

     Image n° 96294


    Malgré plusieurs autres alertes, les activités se développent encore : Louise réceptionne des agents parachutés de Londres, transporte des armes, aide à la rédaction de la Libre Belgique,

    C'est le 5 mai 1942, en portant chez l'imprimeur Lielens la copie d'un numéro du clandestin qu'elle est arrêtée par la Gestapo ...

     

    Après des interrogatoires avenue Louise, elle est emprisonnée à Saint-Gilles.

     

    Suivent d'autres interrogatoires au cours desquels elle ne lâche rien !!!

     

    Elle restera à Saint-Gilles jusqu'à la fin l'année.

     

    Le 25 novembre 1942 débute devant un conseil de guerre allemand le procès de l'affaire de la Libre Belgique.

     

    Les séances se tiennent dans la salle de la Cour d'assises du Palais Justice de Bruxelles.

     

    Les imprimeurs sont condamnés à quinze ans de travaux forcés,

    Louise de Landsheere à sept ans.

    Dans la nuit du 7 janvier 1943 elle est transférée avec d'autres prisonnières vers le Zuchthaus (bagne, forteresse) d'Anrath, tout près de Krefeld. Anrath, surnommé le « château de la mort lente » est utilisé par l'industrie allemande.

     


    Parce que de Landsheere «a travaillé pour l'ennemi», on la met au régime des condamnés à mort.

     

    Avec d'autres condamnées, y compris des prisonnières de droit commun allemandes, elle devra travailler à découdre de vieux uniformes pour en récupérer ce qui peut encore servir.


    La nourriture est débilitante, l'atmosphère mauvaise.

     

    Il y a des délateurs. Louise de Landsheere est mise aux arrêts.


    Elle travaillera ensuite en kommando.

     

    Au début de l'hiver 1943, elle est envoyée dans d'autres prisons pour revenir à Anrath vers Pâques 1944.


    Quelques jours après, c'est le départ définitif pour la forteresse de Jauer en Silésie où le petit groupe de Französinnen (prisonnières autres que Allemandes) arrive début mai 1944.

    Sous le couvert d'une petite fabrique de réchauds à gaz, il s'agit de faire travailler des prisonnières à la fabrication de glissières d'obus.

     

    Dans la prison, la résistance s'organise.

     

    Les femmes refusent de s'installer aux machines.

     


    Après quelques semaines de «grève», c'est au tour de de Landsheere d'être mise aux arrêts, Elle refuse de fabriquer des munitions. Après un mois de sévices, elle peut retourner à l'atelier de couture. Mais pas pour longtemps.

    L'Armée rouge approche. Le 28 janvier 1945, par 25 degrés sous zéro, l'évacuation des prisonnières de Jauer commence.


    Ainsi, comme des milliers d'autres, Louise de Landsheere va connaître sa marche de la mort. Après des semaines d'horreur le convoi arrive en Bavière, à la forteresse d'Aichach, tout près de Dachau.



    Le typhus se déclare. Mais l'espoir grandit et le 29 avril, enfin, la prison est libérée par les Américains.


    Quelques heures plus tard, Paul Lévy, correspondant de guerre ayant assisté à la libération de Dachau et dont, en 1942, de Landsheere avait organisé l'évasion vers l'Angleterre, la ramène au pays après trente-six mois de captivité.


     

    Louise de Landsheere lors de sa libération avec à sa droite
    Ginette Pevtchin (Résistante également),
    Paul Lévy en Battle Dress et un officier américain

     

     








    Triste retour : à Bruxelles, elle apprend que son frère Henry, en mission pour l'Armée Secrète, a été écrasé accidentellement par un char anglais le jour de la Libération.

    Le rôle essentiel de Louise de Landsheere dans des organismes importants de la lutte clandestine à un moment où étaient rares les véritables résistants la fait reconnaître capitaine ARA (Agents de Renseignement et d'Action), résistante par la presse clandestine, prisonnière politique et invalide de guerre.

    Source bibliographique:
    "Les mémoires de Louise de Landsheere" paru aux Editions J.M. Collet 1990
    Source Internet:
    http://louisedelandsheere.blogspot.com/
    Crédit photographique:
    Ouvrage cité ci-dessus.

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    Louis Roussel est né le 22 décembre 1897 à Abscon (Nord). Il exerce à Paris la profession de fabricant de produits pharmaceutiques.

     

    Engagé volontaire en 1939 dans l'Armée de l'air, il est affecté à la base aérienne de Saint-Cyr-l'Ecole avec le grade de sergent. Révolté par le discours défaitiste de Pétain en juin 1940, il commence à sonder son entourage ainsi qu'une multitude d'officiers, sous-officiers et soldats avec une sorte de "programme de résistance" qu'il a lui-même rédigé.

     

    En juin 1940, il franchit la frontière et passe en Espagne avec l'espoir de soumettre son programme au général de Gaulle.

    Arrêté le 27 juin, il est interné mais parvient à s'évader le 24 ou 26 août. Il part alors en Afrique occidentale française (AOF) et contracte un engagement dans les Forces françaises Libres le 12 octobre 1940 à Ado au Nigeria.

     

    Le 12 novembre 1940, au cours d'une mission, il est arrêté, par la police française

    à Porto-Novo (Dahomey) et transféré à la prison de Cotonou puis à celle de Dakar

    le 23 décembre 1940.

    Ramené à la prison militaire de Clermont-Ferrand le 24 avril 1941, il est condamné à 4 ans de prison et à la confiscation de ses biens le 30 mai 1941 par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.

     

    Louis Roussel est interné au camp de Mauzac (Dordogne) le 30 mai 1941 puis transféré à la prison militaire de Bergerac, d'où il s'évade le 18 octobre 1942.

     

    Le 1er novembre, il est de retour à Paris.

    Il entre alors en contact avec Médéric par l'intermédiaire de cheminots et entreprend pour lui un travail de renseignements et de repérage de terrains de parachutage. Au sein de CDLL, il est connu sous le pseudonyme de "L'Ours du Sahara".

     

    Maurice Vannier et Roger Coquoin lui confient la responsabilité d'un gros secteur au Nord de Paris. Il perd ce contact en avril 1943 à la suite d'une vague d'arrestations qui touche CDLL.

     

    En mai 1943, il établit le contact avec Gérard Kaisin, chef du sous-réseau Paris de Zéro-France, et est enrôlé par celui-ci. Son travail consiste en premier lieu à recruter des agents et à centraliser les informations.

     

    Parallèlement, il affilie ses groupes paramilitaires à Libération-Nord. Lorsque Joly, successeur de Kaisin à la tête du sous-réseau Paris, est arrêté en juillet 1943, la direction du sous-réseau Paris est confiée à Louis Roussel.

     

    Ce dernier confie alors le service action qu'il avait créé à Robert Fouré, alias "Le Targui".

     

    Tout en dirigeant le sous-réseau Paris, Louis Roussel devient chef des corps-francs de Libération-Nord pour l'Ile-de-France.

    Arrêté par la Gestapo le 9 février 1944 au café du Delta, boulevard de Rochechouart à Paris, il s'évade le jour même grâce à la complicité d'un inspecteur de la Brigade spéciale.

     

    Appréhendé de nouveau le 8 mars 1944 par la Gestapo, il s'évade de nouveau. Il demande alors à se faire remplacer à la tête du sous-réseau Paris de Zéro-France afin de se consacrer uniquement à l'action paramilitaire.

    Lors de la libération de Paris, il participe aux combats du carrefour de Châteaudun

    le 23 août et à la prise de la Kommandantur, place de l'opéra, le 25 août.

     

    Louis Roussel est décédé le 2 décembre 1976 à Paris (5ème).

     



    Décorations :

     

    Officier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1939-45 avec palme (7 citations), Médaille de la Résistance, Croix du Combattant volontaire de la Résistance, Médaille des services volontaires dans la France Libre, Médaille des internés résistants.

     

     

    SOURCES

    http://www.museedelaresistanceenligne.org/media.php?expo=49&theme=111&stheme=233asstheme=505&media=2200&ordre=17

     

     

    Le service de renseignement Zéro est un réseau de la résistance belge pendant la Seconde Guerre mondiale. Actif de 1940 à la libération du pays, il est notamment en contact avec le Special Operations Executive britannique.

     

     

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  • LA RESISTANCE

    Afficher l'image d'origine 

    Réseau ZÉRO-FRANCE

     

     

    Zéro-France est une antenne en France d'un réseau d'origine belge,

    le réseau Zéro, fondé en juillet 1940 par Fernand Kerkhofs, directeur du service information du holding financier belge Brufina,  

    avec William Ugeux, Louise de Landsheere et quelques amis.

     

     

    Le réseau Zéro-France est cofondé en juin 1942 dans le Nord de la France par un capitaine de la Première Armée belge membre du SIS, Gérard Kaisin, et par un industriel français Paul Joly .

     

    Le service de renseignement Zéro est un réseau de la résistance belge pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Actif de 1940 à la libération du pays, il est notamment en contact avec le Special Operations Executive britannique.

     

     

    Zéro-France se développe logiquement sur le Nord de la France puis s'émancipe sur la Normandie, la Région parisienne et les Pays de Loire.

     

    Le réseau est divisé en sous-réseaux et en secteurs :

     

    Joly  prend la direction du sous-réseau Nord et Kaisin celle du sous-réseau Paris qui comprend douze secteurs dont le secteur Calvados.

     

    Après l'arrestation de Joly en juillet 1943; Kaisin prend le commandement de l'ensemble du réseau et confie celui du sous-réseau Paris

    à Louis Roussel dit "Sahara".

     

    LOUIS ROUSSEL

    Légende :

    Louis Roussel, chef du sous-réseau Paris de Zéro-France et chef des corps-francs de Libération-Nord pour l'Ile-de-France

     

    Source : © Bureau Résistance Droits réservés

    Détails techniques :

    Photographie analogique en noir et blanc.

     

    Date document : Vers 1946

    Lieu : France - Ile-de-France

     

    Le secteur du Calvados est créé à partir d'octobre 1943 par Aimable Lepeu (41 ans en 1940), pharmacien à Dives-sur-Mer, qui en devient le chef; suite à sa rencontre avec Roussel .

     

    Il se développe considérablement dans la région Dives-Cabourg et devient le principal réseau de Résistance implanté dans cette région durant la Seconde Guerre mondiale.

     

    Aimable Lepeu a sous ses ordres directs quatre lieutenants. chacun responsable d'un petit nombre de résistants :

    le garagiste Pierre Dupont ((35 ans en 1940, mécanicien garagiste - Domicile : Cabourg);

    Marius Tréfouel (26 ans en 1940, cheminot - Domicile : Deauville);

    Fernand Fanneau (37 ans en 1940, menuisier -Domicile : Villers-sur-Mer) et Pierre Thieulle (59 ans en 1940), ancien receveur des postes de Cabourg.

     

    L'activité essentielle des résistants du réseau est l'observation et la collecte de renseignements sur le Mur de l'Atlantique et les mouvements de troupes allemandes, renseignements précieux transmis à l'IS. Le réseau est en parallèle un réseau d'évasion au service des aviateurs alliés abattus et de jeunes réfractaires au STO.

     

     

    Le réseau est contraint de cesser ses activités quelques semaines avant le Jour J car il est démantelé au printemps 1944 par la Gestapo, efficacement secondée par des collaborateurs locaux.

     

    Le démantèlement du réseau Zéro-France (Mars et avril 1944)

     

    Le réseau Zéro-France connut une fin tragique dans le Calvados, la plupart de ses membres furent arrêtés. puis torturés et déportés en Allemagne ou en Autriche, principalement dans les camps de Sachsenhausen, Mauthausen et Neuengamme.

    Dans la région de Dives-Cabourg. le réseau fut démantelé par les Allemands peu avant le Débarquement. dans des conditions qui restent obscures encore aujourd'hui. Ce démantèlement eut lieu à la suite d'arrestations opérées surtout aux mois de mars et avril 1944.

    La capture de Raymond Romy, mécanicien automobile, vers le 22 mars 1944. semble être à l'origine du démantèlement. Il est arrêté pour vol de cartes d'alimentation et emprisonné sans que les Allemands ne soupçonnent son appartenance au réseau. Cependant. ces derniers font le rapprochement entre ce vol et l'existence probable d'un réseau de Résistance dans la région. Suite à une enquête. les Allemands apprennent l'existence d'Aimable Lepeu , chef du réseau. et se rendent à son domicile le 25 mars 1944. Après une fouille minutieuse de son appartement. les policiers trouvent la cachette où Lepeu dissimule ses documents.

     

    Or. parmi ces papiers se trouve la liste des noms des membres du réseau. Aimable Lepeu l'avait constituée afin de pouvoir témoigner de l'engagement de ses hommes dans la Résistance Tombée entre les mains des Allemands. cette liste provoque une véritable hécatombe De nombreuses arrestations sont opérées en quelques jours.

     

    Seize membres de Zéro-France sont arrêtés lors de la première vague dont Marius Tréfouel , Pierre Dupont et Léon Tardy (40 ans en 1940, cultivateur - Domicile : Grangues), bras droits d'Aimable Lepeu.

    Une seconde vague d'arrestations est menée à partir du 12 avril 1944 et concerne treize autres résistants du réseau. Quelques arrestations plus tardives ont lieu, notamment au mois de juillet 1944.

     

    Le réseau Zéro-France est implanté essentiellement au Nord-Ouest du département, le long de la côte fleurie

     

    Les deux groupes importants sont implantés à Dives-sur-Mer et Cabourg. Des groupes de moindre importance existent à Deauville et Villers-sur-Mer ainsi que vers l'intérieur du Pays d'Auge.

    Le nombre de résistants caennais est aussi important car Caen.

    chef-lieu du département, est un relais incontournable pour la transmission de renseignements

     

    :

    Sources :

    SÉNÉGAL Christophe. Zéro-France. Vie et mort d'un réseau de Résistance à Dives-Cabourg, Cabourg, Collège de la Divette, 1995; 96 pages.

    Archives de Jean Quellien.

    Mathieu Gourdain et Cédric Neveu

     

     

     

     

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  LA RESISTANCE

     

    SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.

    Jean-Pierre VOIDIES  (1926-1996)

     

        Cette frêle silhouette à l'allure de vieillard appuyé sur sa canne est un jeune homme de 19 ans, rentré depuis peu de temps du camp de Neuengamme.

     

    Alors qu'il est élève au lycée Malherbe, à Caen, Jean-Pierre Voidies qui habite rue Laumonnier fonde avec quelques jeunes de son âge:

     

     

    Roger Câtel

    (27 ans en 1940, ouvrier dans une cartoucherie

    - Organisation : Isolé

     

    - Domicile :

    Cormelles-le-Royal), Bernard Duval ,

    Bernard Boulot ,

    Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze, un petit groupe de Résistance rattaché au Front national.

     

     

    RESISTANCE

    Le sabotage du RNP par les jeunes du Front national

     

        Dans le courant de l'année 1943 se constitue à Caen, autour de Roger Câtel (16 ans en 1940, étudiant en EPS - Organisation : Front national - Domicile : Caen) et Jean-Pierre Voidies ,, un petit groupe de Résistance, en grande partie composé de jeunes.

     

    Parmi eux, des camarades de leur quartier comme Bernard Boulot et Bernard Duval , des lycéens tels que Claude Lunois et Jean-Paul Mérouze.

     

    Agissant d'abord de façon autonome, le groupe sera plus tard rattaché au Front national. Sa première activité consistera à faire des relevés des défenses allemandes sur la côte, entre Ouistreham et Arromanches, et à distribuer des tracts.

        Au début de l'année 1944, Jean-Pierre Voidies , qui brûle de faire un coup d'éclat, décide de saboter l'action du RNP , parti de collaboration bien implanté sur la place de Caen.

     

    Pour ce faire, il adhère à la section jeunes du RNP , les  Jeunesses Nationales Populaires (JNP) ; ce qui lui permet de fréquenter le local de cette organisation et notamment le bureau du chef départemental,

     

    Marceau Degardin .

     

    Il y repère une volumineuse serviette qu'il décide de subtiliser; ce qu'il fera un dimanche de janvier après avoir dérobé la clé du local au 14 bis rue Ecuyère (à la place d'un magasin de bonneterie précédemment tenu par un israélite).

        La fameuse serviette contient la liste des adhérents du RNP, des bulletins d'engagement dans la milice du RNP , des notes confidentielles sur des personnes suspectées de gaullisme, divers papiers et enfin le tampon de Degardin . Dès lors, Voidies et ses amis passent à l'action.

     

    Des lettres, pompeusement signées"Mouvements Unis de la Résistance", sont adressées aux personnes suspectées pour les mettre en garde. D'autres sont envoyées aux membres du RNP avec des menaces de châtiment pour trahison.

        Jean-Pierre Voidies se débarrasse de la serviette dans un égout et disperse les dossiers chez deux lycéens de sa classe: le fils de la surveillante générale du lycée de filles et le fils d'un professeur de lettres du lycée Malherbe.

        Le 25 janvier 1944, une séance de cinéma devant être organisée au cinéma Eden, au cours de laquelle était prévue la projection

    du film anti-anglais: "Le président Krüger"  ; Jean-Pierre Voidies fait parvenir la veille au directeur de l'établissement,

     

    M. Le Boyteux, une lettre lui demandant d'annuler la séance, signéeDegardin et revêtue de son tampon.

     

    Sans méfiance, l'homme renverra les bobines à Paris, au grand dam des responsables du RNP.

     

        Là ne s'arrêtent pas les canulars.

     

    Toujours avec la signature et le cachet de Degardin, des avis sont envoyés à la presse, invitant à venir assister à la messe en mémoire de miliciens du RNP décédés... et en fait toujours bien vivants.

     

        Mais ces facéties n'auront qu'un temps.

     

    Alertée, la Gestapo porte ses soupçons sur un membre des Jeunesses nationales populaires , totalement étranger à l'affaire, mais qui malheureusement fréquentait certains des membres du groupe dont il connaissait les idées.

     

    Le 23 février 1944, Mérouze, Lunois et Voidies sont arrêtés, conduits au siège de la Gestapo où ils sont sauvagement battus et tortures plusieurs jours durant par la bande à Hervé.

     

     

    Bien qu'étrangers à l'affaire du vol des documents de Degardin , Boulot et Duval sont à leur tour appréhendés dans les jours suivants.

     

    Tous seront déportés.

     

     Sources:

     Archives de Jean Quellien

     

     

    -------------------------------------------

     

     

        Avec beaucoup de culot, il feint d'adhérer aux Jeunesses nationales populaires en se présentant comme un partisan de la collaboration. Il en profite pour dérober d'importants dossiers et semer une totale perturbation dans les rangs de cette organisation en propageant une série de fausses nouvelles.

     

     

    Ce coup d'éclat lui vaut d'être arrêté par la Gestapo,

    (dont Xavier Vetter dit " Walter") le 23 février 1944 avec plusieurs de ses camarades. Il est longuement torturé au 44 rue  des Jacobins avant d'être déporté en Allemagne.

     

     

    Après son retour de déportation, Jean-Pierre Voidies deviendra la poétesse transsexuelle Ovida Delect.

    Dans ce livre   Jean-Marie Girault, rend hommage au courage de son camarade aujourd'hui disparu.

    "En 1942-1943, l'un des camarades de 3e et de seconde de Jean-Marie Girault, Jean-Pierre Voidies, « résistant d'instinct » avait décidé de réunir quelques camarades de classe pour envisager comment ces très jeunes gens pourraient contrarier la machine de guerre allemande et la gêner.

     

    À six ou sept reprises le groupe se réunit au Jardin des Plantes. Dans ce groupe, Jean-Marie Girault se servait d'une canne-épée de la guerre de 1914-1918, pour crever les pneus de quelques véhicules ennemis garés devant les services de l'Intendance allemande  (Heeresunterkunftsverwaltung), située rue Élie-de-Beaumont, près de son domicile.

     

    Le groupe se disloque et les rencontres clandestines cessent après l'arrestation de Jean-Pierre Voidies, qui, revenu de déportation, put s'engager dans une carrière d'enseignant, notamment à la Guérinière."

     Sources:

    Archives de Jean Quellien

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire
  •  

     

    À l'ouest de Caen, juin 1944

    La bataille de Tilly-sur-Seulles, 8-18 juin

     

    En dix journées de combats acharnés, le bourg de Tilly-sur-Seulles, totalement ruiné, tomba finalement aux mains des Anglais.

    À partir de Gold, la progression de la 50e DI britannique avait été presque conforme au plan initial.

    Le 7 juin, ses éléments avancés avaient atteint Sainte-Croix-Grand-Tonne, sur la route nationale 13, entre Caen et Bayeux.

     

    Dans la matinée du 8 juin, la 8e brigade blindée et le 1er bataillon du Dorset Regiment avaient atteint la cote 103 au nord de Tilly-sur-Seulles, mais l'offensive fut ralentie devant Saint-Pierre,

    enlevée seulement le 9 au soir.

     

    C'en était fini de la conquête rapide.

     

    Armored infantry of the German Wehrmacht are pictured during the Battle for Caen near Tilly-sur-Seulles in France in June 1944.

    Photo: Berliner Verlag/Archiv



    Devant les forces anglaises, pourtant complétées par la 7e DB, se dressait désormais une des plus redoutables formations de la Wehrmacht : la Panzer Lehr, ancienne unité d'instruction, devenue combattante et équipée de matériels performants.

     

    Elle était commandée par le général Fritz Bayerlein.

     

    Avec ses 184 chars et ses 600 véhicules blindés, la division utilisa tous les accidents de terrain, mena une guerre dans laquelle l'effet de surprise, le camouflage, le raid limité mais dévastateur allaient être le lot quotidien.

    Arrêt, donc, de l'offensive anglaise, devant le mur d'acier et de feu déployé entre Fontenay-le-Pesnel et Hottot-les-Bagues.

     

    Mais, de son côté, la Wehrmacht n'est plus en état, temporairement, de mener une offensive : l'état-major du général Geyr von Schweppenburg s'était installé imprudemment en terrain découvert à La Caine, près de Thury-Harcourt.

     

    Commandant le Panzergruppe West, il préparait une offensive pour la nuit du 10 au 11 juin. Repéré, identifié par la Résistance, il fut bombardé par l'aviation alliée. On releva 17 morts, dont 12 officiers.

     

    Le général Ritter, chef d'état-major, faisait partie des victimes ; von Schweppenburg fut blessé.

     

    L'offensive fut annulée.

     

    À l'ouest de Caen, on s'enfonça donc dans une guerre d'infanterie, les chars jouant le rôle d'appuis défensifs ou accompagnant des coups de main limités.

    Le château de Boislonde fut pris et repris plusieurs fois. L'artillerie de marine intervenait depuis la côte.

     

    Les obus de 380 retournaient les chars Panther ou Tiger

    comme des fétus ; pour leur part, les Sherman ou Cromwell étaient détruits à plus de 1 500 m de distance par les chars allemands ou les canons de 88 embusqués.

    Tilly-sur-Seulles était sans doute un des premiers villages totalement détruits lorsque, le 18 juin, les fantassins de la 56e brigade emportèrent définitivement la position.

     

    Le combat allait continuer, dans des conditions aussi terribles, sur la ligne Lingèvres/Hottot/les-Bagues/Fontenay-le-Pesnel.

    Villers-Bocage - L'échec du mouvement tournant - 13 juin

    Après avoir perdu 3 000 hommes à Omaha, le Ve corps américain avait brillamment rétabli la situation. Les défenses allemandes s'étaient pratiquement effondrées dans le Calvados ; elles cherchaient surtout à protéger Carentan.

     

    Le général Bucknall, commandant le XXXe corps britannique, décida d'exploiter la situation.

    Puisque, le 11 juin, les Américains étaient aux portes de Caumont, il organisa un vaste mouvement tournant qui avait pour objectif de contourner les forces allemandes et, surtout, de passer au sud de Caen qui serait ainsi enfin encerclée.

     

    C'est à la 7e DB du général Erskine que fut confiée la mission. Les chars Cromwell des “Rats du désert”, qui s'étaient illustrés à El-Alamein déboîtèrent de Tilly, franchirent l'Aure et pénétrèrent dans Villers-Bocage, le 13 juin. En tête, la 22e brigade remontait la route à la sortie de Villers-Bocage, en direction de Caen.

     

    Soudain, le char de tête explosa.

     

    Un énorme char Tiger, 45 tonnes, 10 cm de blindage à l'avant, venait de surgir d'un petit bois, le long de la route.

     

    Aux commandes, le lieutenant Michaël Wittmann, l'as des blindés allemands, qui totalisait déjà 120 victoires sur le front est.

    Il remonta toute la colonne, tirant à bout portant au canon ou à la mitrailleuse.

     

    Touché à la chenille, son char finit par s'arrêter, mais d'autres Panzer étaient venus en renfort.

    La 22e brigade a perdu 200 hommes ;

     

    25 chars, 14 automitrailleuses, 14 half-tracks sont autant de ferrailles calcinées le long de la route.

    Quelques heures plus tard, des éléments de la 2e Panzer, qui venait d'arriver sur le front, occupèrent Villers-Bocage, après un violent combat de rue.

     

    Les “Rats du désert” se retirèrent à l'ouest du bourg, résistèrent aux attaques allemandes puis reçurent l'ordre de se replier dans le secteur de Livry.

     

     

    Afficher l'image d'origine

    Dans la nuit du 14 au 15, ils firent mouvement.

     

    Afin de protéger cette retraite, le général Dempsey donna l'ordre aux forces aériennes de détruire, outre Villers, deux carrefours routiers : Évrecy et Aunay-sur-Odon.

     

    Dans ce secteur, le front allait également se stabiliser. Il n'y aurait pas, dans un proche avenir, d'encerclement de Caen par l'ouest.

    L'opération Epsom et la bataille de l'Odon - 25 juin-1er juillet

    La bataille de Caen s'enlisait en ces premières semaines de juin.

     

    À l'est de l'Orne, les parachutistes menaient une guerre qu'ils n'avaient pas imaginée.

     

    De l'autre côté, autour de Carpiquet, Rots, Buron, Saint-Contest, les Canadiens et la 12e SS menaient une lutte sans merci.

    C'est ainsi que des prisonniers du North Nova Scotia furent abattus dans l'abbaye d'Ardenne, alors QG de Kurt Meyer, dit Panzer Meyer.

    La 21e Panzer et la 12e SS verrouillaient Caen. Sous le soleil ou dans la boue, on creusait des tranchées, des abris individuels : Dig or die.

     

     

    Il fallait donc rompre le front, en montant la première grande offensive depuis le 6 juin.

     

     

     

    L'opération Epsom avait pour objectif la plaine de Caen.

     

    À partir d'une ligne Cristot-Norrey-en-Bessin, on franchirait l'Odon, puis l'Orne, pour encercler Caen par le sud. L'attaque se ferait à la jonction de la Panzer Lehr et de la Hitlerjugend.

    Les Britanniques réunirent 90 000 hommes, 600 chars et 700 canons. Comme dans la bataille de Tilly, l'artillerie de marine soutenait l'offensive. L'attaque avait été fixée primitivement au 18 juin.

     



    Mais les conditions météorologiques se dégradaient et la tempête sur la Manche (19-22 juin) risquait de compromettre les approvisionnements.

     

    Il fallut attendre le 25 juin : une première offensive fut lancée sur Fontenay-le-Pesnel et Rauray.

    C'est le 26 au matin, après une nuit pluvieuse, que l'opération Epsom proprement dite fut lancée, dans la brume et sous les nuages.

     

    Seuls, les appareils basés en Normandie pouvaient assurer une médiocre protection aérienne.

     

     

    Saint-Manvieu et Cheux furent enlevées, au prix de terribles corps à corps avec les grenadiers de la 12e SS.

     



    Image
    Colonne de Panzer Grenadiers SS montant en ligne dans un village près de Caen. 25-30 juin 1944.

    Image
    Char Panzer recouvert de branchages à l'arrêt dans un village en ruines. Il s'agit du char n°200 de la 2e compagnie, 6e régiment, division Panzer Lehr. Juillet 1944.

    Le 27, les Écossais de la 15e division atteignirent la vallée de l'Odon. Déjà difficile dans les blés hauts, le combat devint âpre dans les bosquets, les haies, les minuscules prairies. Dans l'après-midi, un détachement avancé des Argyll and Sutherland Highlanders réussit à enlever, intact, le pont de Tourmauville. Ils le défendirent jusqu'à l'arrivée des blindés de la 11e DB britannique qui se ruaient sur l'autre rive pour créer une tête de pont. La division avança jusqu'à la cote 112, point culminant dans la plaine de Caen, à proximité d'Esquay-Notre-Dame.

    Le 28, un autre pont a été capturé par la même unité qui a progressé au fond de la vallée de l'Odon jusqu'à Gavrus. Le terrain conquis au-delà de l'Odon forme un petit saillant appelé “couloir (ou corridor) des Écossais”. II allait être l'objet de contre-attaques meurtrières, le 29 juin et le 1er juillet. Profitant du mauvais temps, les Allemands avaient pu regrouper des unités prélevées sur tout le front.

    Mais ce 29 juin, le temps s'est éclairci. À peine la formation d'attaque s'est-elle constituée que les Jabos (“chasseurs bombardiers”, en allemand) interviennent. La contre-offensive allemande reprit à 14 h 30. L'artillerie de marine, les canons de campagne britanniques, puis les canons antichars la brisèrent.

    L'opération Epsom avait tourné court. Ni l'Orne, ni la plaine de Caen, ni même la cote 112 n'étaient atteintes. Mais ce demi-succès britannique fut peut-être la bataille décisive dans la campagne de Normandie. Les pertes en chars des Allemands allaient désormais les contraindre à une guerre défensive. À défaut d'une belle manœuvre d'encerclement, dont rêve tout général en chef, Montgomery avait atteint un des buts de sa stratégie : fixer le plus grand nombre de forces allemandes autour de Caen, épuiser les ressources adverses en hommes et en matériel. Début juillet, 7 des 9 divisions blindées allemandes engagées en Normandie faisaient face à l'armée du général Dempsey.

    Mais la ville de Caen n'était toujours pas libérée.


    Image
    Soldats britanniques blessés au cours de l'opération Epsom sur le point d'être évacués. Juillet 1944.

    Le 28 juin 1944, la chasse canadienne partie d'un des 20 aérodrome de campagne britannique remporte un beau succès sur l'une des rares sorties de la chasse allemande

    A l'ouest de Caen, les soldats de la 8e brigade canadienne lance l'attaque, le 4 juillet, contre Carpiquet et son aérodrome.

    Partager via Gmail Delicious Pin It

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires