Juin 1944 : Mouleydier,
un autre VILLAGE MARTYR
L’incendie du village d’Oradour-sur-Glane par une colonne de la division Das Reich, le 10 juin 1944, n’est pas sans rappeler le martyr d’un autre village, situé plus au Sud, en bordure de la rivière Dordogne, en Périgord :
le village paisible de Mouleydier.
Le 21 juin 1944, au terme d’une lutte acharnée, le village est pillé puis incendié par les hommes de la 11e Panzer Division.

Toutes les photos de cet article proviennent des archives du résistant Émile Guet, © Photos Bondier, Bergerac.
Elles ont été publiées dans une monographie réalisée par Yves Fressignac :
« Mouleydier 1944 – De la Résistance à l’an 2000 »,
Éditions La Lauze, Périgueux, avril 2004.
Il n’est pas question ici d’associer dans un même martyrologe les deux tragédies, celle d’Oradour-sur-Glane, d’une part, celle de mouleydier, d’autre part.

Elles ne sont ni comparables, ni opposables.
Les auteurs ne sont pas les mêmes (division SS d’un côté, division blindée de la Wehrmacht de l’autre), le nombre de victimes est beaucoup plus important en Haute-Vienne
(123 maisons détruites et 642 victimes, fusillées et brûlées) qu’il n’est en Dordogne (175 maisons détruites et 65 morts probables)
selon l’estimation de l’historien Jean-Jacques Gillot, en totalisant les morts des combats des 11, 18 et 21 juin, tant à Mouleydier qu’à Saint-Germain et Mons).
À Oradour, les victimes sont civiles, tandis qu’à Mouleydier, ce sont des hommes qui meurent au combat ou qui, fait prisonniers, sont exécutés sauvagement.
Si les circonstances qui conduisent au drame sont différentes, le ressenti est le même pour les populations endeuillées, spoliées, à qui l’on a tout volé, ravi, brûlé…

L’événement qui est à la genèse de la tragédie de Mouleydier, aussi curieux que cela puisse paraître,
c’est le débarquement allié du 6 juin 1944…
En Bergeracois, l’annonce du débarquement en Normandie fait naître un incroyable enthousiasme et suscite des vocations parmi la population locale.
Par centaines des Périgourdins vont venir grossir les rangs clairsemés des maquis.
Les mouvements de Résistance, se sentant pousser des ailes, entreprennent alors des actions spectaculaires, à l’exemple de la libération des prisonniers politiques de la prison militaire de Mauzac, dès le lendemain, le 7 juin.
Dans la région de Mouleydier, sur le territoire de la commune voisine de Saint-Sauveur, on attend le parachutage d’hommes, d’armes et de matériel.
Le message de la BBC devant alerter les résistants et les inviter à se tenir prêts en vue des parachutages, tombe le 31 mai 1944 :
« La fée a un joli sourire »…
L’homme de contact avec Londres se nomme Philippe de Gunzbourg, alias « Philibert », puis « Edgard ». C’est l’un des responsables du réseau « Hilaire ».
Dans le même temps, le commandement allemand ordonne aux Panzers Divisions stationnées dans le Sud-Ouest de remonter vers la Normandie, avec pour mission de stopper la progression des Alliés.
La Résistance en Bergeracois, impatiente d’en découdre et sentant la Victoire à portée de fusils, entreprend par tous les moyens de freiner la remontée des troupes allemandes vers le Nord-Ouest de la France : actions de harcèlement de type guérilla, sabotages des voies ferrées, mise en place de barrages sur les routes…
Ces trois facteurs conjugués : 1. l’accroissement de l’activité de la Résistance après le 6 juin, avec notamment « l’attaque » de la prison de Mauzac, .
le projet d’aménagement puis de surveillance d’une zone voisine de Mouleydier en vue de parachutages .
la remontée vers la Normandie des divisions de la SS stationnées dans le Sud-Ouest, conjuguée à la volonté des Allemands d’écraser la résistance en Sarladais… expliquent pourquoi Mouleydier, foyer de Résistance situé sur l’axe Bergerac-Sarlat, fait l’objet d’une attaque violente suivie d’un pillage en règle puis d’un incendie meurtrier…
Quelques photos et documents, issus du fonds d’archives de l’ancien résistant Émile Guet (groupe Ponton-Martin), témoignent de la tragédie vécue par les habitants du village martyr de Mouleydier.





Prisonniers de guerre allemands réquisitionnés pour les travaux de déblaiement. © Photo Bondier, coll. J. Tronel.
Mouleydier a fait l’objet de plusieurs attaques,
les 11, 18 et 21 juin 1944.
Les différents groupes de résistants présents lors de la bataille de Mouleydier sont les suivants :
Groupe Soleil, Alexis (Lot), Cerisier (Lalinde),Marsouin (Belvès), Loiseau (Prigonrieux), Bertrand (Eymet), Leduc (Beaumont), Pistolet (Bergerac), ainsi que celui de St-Germin-et-Mons.
Le village a finalement été incendié le 21 juin. Le même jour, le village voisin de Pressignac subissait un sort identique.

Dès le lendemain, la propagande allemande diffuse le tract ci-dessus dans les rues de Bergerac, coll. J. Tronel.

SOURCES
http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/varia/juin-1944%C2%A0-mouleydier-un-oradour-sur-glane-en-perigord-2214