Les deux formes de groupement les plus répandues de la résistance intérieure française sont les mouvements et les réseaux.
Le mouvement est un groupement «autonome» de résistance intérieure, mais qui, faute de moyens financiers, et pour ne pas être coupé des alliés, doit utiliser des réseaux en liaison avec Londres et les alliés.
Le radio du réseau émet vers Londres tandis que son camarade observe la rue, guettant le passage d'une patrouille ou d'un camion allemand équipé de son repérage radiogoniométrique. Photothèque du secrétariat aux Anciens combattants.
Le réseau est un groupement de résistance en liaison avec Londres, soit avec les services secrets anglais, soit avec le Bureau central de renseignements et d'action (B.C.R.A créé par J. Soustelle à Londres). On distingue: réseaux de renseignements, d'évasion, d'action. etc
La naissance d'une résistance organisée est plus aisée en zone libre; Lyon, jusqu'en novembre 1942, joue le role de capitale de la Résistance bien que la police de Vichy y traque les résistants.
Un exemple de mouvement: Combat
Crée en novembre 1941 par un officier, Henri Frenay, le mouvement Combat sera l'un des plus importants de la Résistance. Il se consacrera à la propagande et au renseignement, l'action étant assurée, à partir de novembre 1942, par l'Armée secrète ( A.S. dont le chef est le général Delestraint (Vidal), qui sera assassiné à Dachau en 1944. A l'A.S. s'ajoutent les «groupes francs», créés par l'avocat Jacques Renouvin, qui mourra à Mauthausen.
Théoriquement, le cloisonnement entre les différents groupes, sauf au niveau des responsables, existe. Théoriquement aussi, on ne doit pas mélanger le renseignement et l'action, on ne doit connaître que les pseudonymes des membres du mouvement. Il faut trouver des habitations (des «caches») pour des clandestins, des «boîtes aux lettres», il faut recruter avec prudence, pour éviter l'infiltration d'espions de l'ennemi ou d'agents doubles. Tout doit se passer en secret: la diffusion des journaux, les rendez-vous. Bien que très bien organisé, Combat subira de nombreuses pertes à partir de 1943.
Les trois principaux mouvements de zone sud, Combat, Libération, Franc-Tireur, se fédèrent en 1943 dans les Mouvements Unis de Résistance (M.U.R.)
Avec beaucoup plus de difficultées qu'en zone sud--en raison de la présence de toutes les polices de l'ennemi (il y a dans toutes les localités un peu importantes une antenne de la Gestapo, la police secrète allemande), en raison de la répression féroce qui frappe les résistants (exécutions, prises d'otages)-, la résistance s'organise en zone occupée.
Comme en zone sud, les résistants se groupent par affinités. Des jeunes lycéens et étudiants, avec l'aide d'un industriel, Rémy Lebon, créent «Défense de la France» avec un journal, un important service de faux papiers, des liaisons dans les facultés et les classes supérieures des lycées.
Autres mouvements importants «Ceux de la Resistance», «Organisation civile et militaire» (O C.M.), «Liberation-Nord».
Mais il ne faudrait pas imaginer la France tout entière répartie entre réseaux et mouvements. Les résistants actifs sont restés une minorité.
«Peu à peu, les groupes de l'Organisation Speciale (O.S.), vont servir d'armature à la constitution des FrancsTireurs et Partisans FranÁais, pendant que le Front national se constitue, en mai 1941, à l'appel des communistes lancé à tous ceux qui pensent français et veulent agir en Français pour l'indépendance de la France.»
Charles TILLON (op cit. Cet appel constitue l'acte de naissance du Front national (F.N.)
La vie clandestine a nécessité une mutation profonde des conditions de vie pour ceux qui sont totalement engagés dans la Résistance. Le plus longtemps possible, le résistant essaie de continuer sa vie, ses activités normales qui lui servent d'alibi. Pour la vie clandestine, il adopte un autre nom -- le pseudo --, une autre adresse, un autre personnage, il faut préserver la sécurité des siens, des autres membres du groupe, établir un cloisonnernent rigoureux entre les différentes activités de chacun des membres, dans leurs relations entre eux afin que la capture d'un résistant ne fasse pas tomber toute la chaîne, pour que les «boîtes aux lettres», les caches, ne soient pas toutes brulées.
«La Résistance»(Martinsart, 1971).
Il est difficile, pour qui ne l'a pas vécue, d'imaginer l'existence des résistants. Ils devaient travailler dans l'ombre, dans la clandestinité. Il fallait se méfier de tous, parfois même de ses propres amis: une imprudence, une indiscrétion étaient si vite commises. La vie se compliquait du fait de la rareté des choses: manque de vélos. de pneus. Il fallait des bons, des cartes de toutes sortes: cartes de pain, d'alimentation, de travail, jusqu'à la fausse carte d'identité indispensable aux ouvriers de la nuit.
«Visages lexoniens» (inédit)
sources :
http://resistance39-45.e-monsite.com/rubrique,la-resistance-interieure,331251.html