• Réseau HECTOR

     

     

      

    SOURCES: Collection Résistance et Mémoire.

     

    André MICHEL  (1910-1942)

     

    RESISTANCE

     

    Réseau HECTOR

      

     

    Le réseau Hector est la première organisation de Résistance apparue dans le Calvados et en Basse-Normandie.

     

    Le réseau Hector fut un réseau de résistance français implanté en zone occupée par Alfred Heurteaux et subventionné par le service de renseignement de l’armée de l’air française, ou S.R. Air. 

     

    Il a pour origine le groupe Robert fondé dès juin 1940 à Granville (Manche)

    par Robert Guédon en liaison avec des officiers britanniques de l'Intelligence Service (IS).

     

    Officier de tirailleurs sorti de Saint-Cyr, promotion "Du Chevalier Bayard", combattant du Rif, le capitaine Guédon fait la connaissance d'Henri Frenaypendant un stage à l'école de guerre où il devient spécialiste du 4e Bureau (Transports). Commandant une compagnie du 13e régiment d'infanteriemotorisée, il est blessé par l'éclatement d'une

    bombe au début de l'offensive allemande.

    En liaison avec le capitaine Henri Frenay et le lieutenant de Froment, Guédon organise en zone Nord le mouvement Libération Nationale qui effectue du renseignement et de la propagande.

    Quand le groupe Combat Zone Nord est annihilé par les arrestations, Guédon passe en zone Sud où il est remis à la disposition de son arme.

    Guédon commande au Maroc une compagnie du 7e régiment de tirailleurs marocains. Le 17 août 1942, il épouse Reine Joly, responsable du groupe deCaen, qui s'était évadée avec lui de la zone occupée. Au moment des débarquements alliés, il refuse de se battre contre les Américains.

    Pendant la campagne de Tunisie, Guédon est chef du 4e Bureau (Transports) de la division marocaine de montagne. Affecté comme instructeur dans une école d'état-major, il entre ensuite au commissariat des prisonniers, déportés et réfugiés où le commandant Frenay le charge d'organiser le futur rapatriement des Français détenus en Allemagne.

    A l'automne, un agent de l'IS, Bradley Dawies, met Guédon en contact

    avec André Michel qui vient de constituer un petit groupe de Résistance à Caen, avec Claude Thomas, Jacques Dugardin, Gaston Renard et

    son neveu Pierre Prunier.

     

     

     

    En décembre 1940, Guédon se rend à Vichy pour rencontrer son camarade Henri Frenay (fondateur en zone libre du mouvement Libération nationale, futur Combat) qui le dirige vers le colonel Heurteaux , ancien as de l'aviation de la Grande Guerre, fondateur du réseau Hector, qu'il s’efforce alors de développer à partir de Paris avec l'aide de certains membres des services de renseignement de l'armée de Vichy (Deuxième Bureau).

     

    Les petits groupes de Guédon et Michel vont s’y rattacher et de cette façon, travailler à la fois pour les Britanniques et pour les éléments antiallemands du Deuxième Bureau de Vichy.

     

     

     

    A Caen, devenu le centre nerveux de l'organisation en Basse-Normandie, le réseau accueille de nouveaux membres, tels Pierre Bouchard , Raymond Simon, Hélène Prunier (femme de Pierre), des étudiants comme Maurice Deprun,

    Raymond Dintzner ou Louis Laisney, plusieurs enseignantes de l'Institution Saint-Pierre, dont Reine Joly.

     

    Mais il ne tarde pas à s’étendre dans le reste du Calvados:

     

     

     

    • Dozulé (Louis Bedel),

    • Pont-l'Evêque (Étienne Grandrie),

    • Bayeux (Jeanne Escolan et son père Albert),

    • Mézidon (André Langlois),

    • Argences(Paul Derrien),

    • Honfleur (Rlbert Manuel)...

     

     

     

    Outre la Manche et le Calvados, le réseau couvre bientôt l'Eure et l'Orne où d'autres groupes, en liaison plus ou moins étroite avec Caen, ont vu le jour.

     

     

     

    L'activité essentielle du réseau Hector sera tournée vers le renseignement, car au cours de l'automne-hiver 1940-1941, et en dépit des échecs de la Luftwaffe dans la Bataille d'Angleterre, les Allemands ne semblent pas avoir renoncé à l'invasion des îles britanniques. Il importe donc de tenir Londres au courant de ce qui se trame de l'autre côté de la Manche.

     

    Les mouvements de troupes sont soigneusement repérés, les positions des batteries de DCA relevées, les camps de munitions et les dépôts d'essence identifiés et parfois même photographiés.

     

    Des informations sont glanées sur les exercices de débarquement menés sur les côtes. Une attention toute particulière est accordée à l'activité des terrains d'aviation, tels celui de Carpiquet.

     

    Les informations sont transmises soit par un poste émetteur caché

    à Fontaine-Henry, soit à l'aide des pigeons voyageurs envoyés en Angleterre par

    Roger Falcoz-Vigne.

     

     

     

    Une autre part de l'activité du réseau Hector est consacrée à la propagande.

     

    Pierre Prunier dessine sur des rouleaux de papier collant des caricatures

    d'Hitler ou Mussolini que lui-même et ses camarades apposent discrètement dans les lieux fréquentés. Le photographe René Decker tire des centaines de portraits du général de Gaulle , répandus ensuite dans la population. D'autres distribuent les journaux clandestins "Les Petites Ailes de la France"

    et Résistance acheminés vers Caen depuis Paris.

     

     

     

    En octobre 1941, l'Abwehr porte un coup sévère au réseau Hector dans le cadre de l'opération Porto. Quelques Calvadosiens liés aux groupes de l'Eure, dont le capitaine de gendarmerie Le Flem, Eugène Bugetti de Lisieux ou René Decker de Caen, sont arrêtés.

     

    A ces quelques exceptions près, la Basse-Normandie est épargnée par cette rafle. Mais le mois suivant, en novembre, l'imprudence d'une jeune étudiante chargée de la distribution des journaux clandestins.

     

    Marie Tirel, déclenche une cascade d'arrestations qui permet à la Geheimefeldpolizei. de capturer une quinzaine de membres du réseau dans le Calvados et la Manche.

     

    Robert Guédon et d'autres responsables ne doivent leur salut qu’à la fuite.

     

    Les résistants arrêtés seront jugés au début du mois de mai 1942

     

     

     

    Les membres du réseau Hector traduits devant le tribunal de la Feldkommandantur de Caen 29 avril - 1er mai 1942

     

     

     

    Le 29 avril 1942 s'ouvre à Caen, devant le tribunal de la Feldkommandantur, le procès de treize membres du réseau Hector arrêtés en novembre et décembre 1941 dans le Calvados et la Manche.

     

    Au cours des deux premières journées, les juges allemands se montrent plutôt modérés.

     

    Tout laisse à supposer que la sentence ne sera pas trop sévère. Mais dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un sabotage commis sur la voie ferrée à Airan, entre Mézidon et Caen, a coûté la vie à une dizaine de soldats de la Wehrmacht

     

    La réaction est terrible. Lorsque l'audience reprend le 1er mai, le procureur, amalgamant les deux affaires, se lance dans un réquisitoire d'une extrême violence et vitupère contre

     

    "les Français qui assassinent les Allemands alors que ceux-ci leur tendent 1a main".

     

    Le verdict tombe quelques heures plus tard :

    trois résistants sont condamnés à mort, les dix autres à de lourdes

    peines de travaux forcés.

     

     

    Les condamnations :

     

     

     

    • André Michel , Caen, condamné à mort, fusillé le 9 mai 1942.
    • Gaston Renard , Caen, condamné à mort, fusillé le 9 mai 1942.
    •  
    • Jacques Dugardin, Caen, condamné à mort, fusillé le 9 mai 1942.
    • Hélène Prunier , Caen-Lisieux, travaux forcés à perpétuité.
    • Marie Tirel , Caen, travaux forcés à perpétuité.
    • Raymond Dintzner , Caen-Mézidon,10 ans de travaux forcés.
    • Paul Fougy, Bernay (Eure), 10 ans de travaux forcés.
    • Roger Falcoz-Vigne, Aunay-sur-Odon, 8 ans de travaux forcés.
    • Étienne Grandrie, Pont-l'Evêque, 5 ans de travaux forcés.
    • Paul Guilbert, Cherbourg (Manche), 5 ans de travaux forcés.
    • Marie Bindault, Granville (Manche), 5 ans de travaux forcés.
    • Louis Bedel, Dozulé, 3 ans de travaux forcés.
    • Albert Escolan, Bayeux, 3 ans de travaux forcés.

     

     

     

    Le réseau Hector a cessé d'exister localement. Mais il a joué le rôle d'une véritable pépinière pour la Résistance calvadosienne car nombre de rescapés vont poursuivre la lutte au sein d'autres organisations, principalement : CDLR, mais aussi l'OCM ou encore les réseaux Zéro-France, Jean–Marie, Alliance...

     

     

     

    Sources

     

     

    Archives de Jean Quellien

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Marcel MICHELINJacques VICO »
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