• PAYSANS et RESISTANTS... en NORMANDIE

     

     

     

    La résistance locale

    La résistance dans le Calvados est représentée par divers groupes actifs bien implantés en particulier:
    - l'OCM (Organisation Civile Militaire) efficace et très structurée avec un responsable par canton (Jouin à Trévières), dirigée localement par R Delente et G Mercader de Bayeux, qui ont constitué un réseau de renseignements "Centurie" qui fournira de précieuses indications sur la pointe du Hoc grâce au groupe de Grandcamp de Jean Marion et A Farine. C'est également ce réseau qui a permis d'aider le rescapé du commando anglais "Aquatint" par l'intermédiaire de Madame de Brunville d'Asnières.
    - le réseau Mithridate travaillant pour le renseignement anglais,
    - le mouvement de Libération-Nord dirigé par M Fouque, dont les seuls représentant du Bessin furent les cousins Poitevin (dont Arthur, professeur de musique aveugle ! qui se promène sur le littoral accompagné d'un jeune garçon qui lui décrit ce qu'il voit.. Arthur mémorise tout...)
    - enfin par le réseau Alliance qui était le seul implanté sur le secteur d'Omaha.

    Le groupe Alliance

    Le réseau "Alliance" a été créé en 1940 par Georges Loustaunau Lacau dit "Navarre", arrêté en 1941, puis repris par Marie Madeleine Fourcade dit "Hérisson" et par Léon Faye.

    Ce réseau s'étend à toute la France, aussi est-il diviséen 1942 en zones :Sud Ouest, Sud Est, et Ouest, commandé par Jean Roger Sainteny dit "Dragon". Ce secteur Ouest était lui même divisé, et, la Normandie était appelée "Ferme".

    La partie ouest du Calvados, dirigée par Robert Douin dit "Civette", était elle même divisée en 4 autres secteurs dont le "Bessin" créé par Jean Sainteny,qui réside parfois à Aignerville (près de Trévières). Sainteny fédère son équipe avec d'autres résistants locaux : Bernier de Port, et surtout avec l'instituteur de Formigny, M Couliboeuf dit "Bison noir" qui devint le chef et la boîte aux lettres du groupe "Bessin" aidé par Rodriguez dit "Pie",le radio.

    Cette zone "Bessin" est elle même divisée en 3 secteurs : Bayeux, Port en Besssin (Paul Bernier,avec des pêcheurs: Payen, les Cardron, et surtout G Thomine dit "Cachalot"...)et, enfin, Saint Laurent-Trévières qui est représenté par : Désiré Lemière dit "Chordeille" facteur à St Laurent; Albert Anne, forgeron-charron, d'Asnières ; Robert Boulard facteur à Trévières; Charles Olard, le receveur du bureau de poste de St Laurent.
    Ces équipes observent et transmettent des renseignements d'une grande précision, en effet quoi de plus naturel qu'un facteur en tournée qui n'hésite pas à discuter [se renseigner discrètement]avec les habitants ? De même qui se méfierait de ces braves pêcheurs qui jettent leurs filets face aux bunkers en construction? Enfin, qui se méfierait d'un aveugle qui se promène sur le littoral avec sa canne blanche ?

    L'équipe de Villers Bocage dirigée par J Caby dit "Emouchet" est également fort active car elle dresse des cartes d'etat major très précises localisant toutes les activités et constructions allemandes de la région.

    Le groupe Alliance dont l'activité est le "renseignement" fonctionne par un système organisé de "boites aux lettres" dont celle de Bayeux est centrale ; de là, des contacts émis par un poste emetteur radio vers Londres. L'épicentre de ce réseau est donc la "maison des gouverneurs" à Bayeux, résidence de deux institutrices Julia Picot et Germaine Limeul, qui centralisent toutes les informations.

    A partir de l'été 1943 les alliés sollicitent davantage de renseignements : la décision de débarquer en Normandie a été prise... Robert Douin s'active et peaufine ses cartes qu'il agrandit au 1/10.000 puis les fait parvenir à Paris par l'intermédiaire d'un agent de liaison, Jean Truffaut, dit "Tadorne". En mars 1944,toutes ses cartes sont finies.

     

     

    Désiré Lemière, paysan, facteur et résistant, membre du réseau "alliance"
    fusillé le 6 juin 1944 à la prison de Caen

     

    Désiré Lemière dit "Chordeille"

    D Lemière, né le 9 novembre 1887 à Louvières, est marié et a trois enfants. Il est agriculteur dans la commune de St Laurent/Mer mais son travail est réduit en raison de l'impossibilité d'exploiter une partie de ses terres en raison de la présence mines, aussi devient-il le "facteur" que l'on voyait chaque jour sur son vélo de Saint Laurent à Colleville.Le responsable du renseignement du secteur, Georges Thomine, pêcheur de Port en Bessin âgé de 38 ans, le contacte et Désiré Lemière rentre dans les rangs de la résistance le 1° janvier 1943. Ainsi pouvait-il observer à son aise les réalisations allemandes de dispositifs de défense du fameux "mur de l'atlantique" : construction de casemates et canons, emplacement des champs de mines, position des troupes.... Il transmettait ses observations à G Thomines qui lui même les rapportaient à Londres.

     


     

    Le groupe Alliance
    A Port en Bessin, le "groupe Alliance" de Georges Thomine (photo) et Paul Bernier centralise les renseignements des communes voisines. Le réseau "Alliance" a été créé en 1940 par Georges Loustaunau Lacau "Navarre" (arrêté en 1941) aidé de Marie Madeleine Fourcade "hérisson". En 1942 "Alliance" fut scindé en 3 zones : Sud Ouest, Sud Est, et Ouest, commandé par Jean Roger "Sainteny". Ce secteur Ouest était lui même divisé, et, la Basse Normandie était appelée "ferme". La partie ouest du Calvados, dirigée par Robert Douin "civette", était elle même divisée en 4 autres secteurs dont le "Bessin" créé par Sainteny, Berbier de Port, et par l'instituteur de Formigny, M Coliboeuf "Bison noir" qui était la boîte aux lettres du groupe. Cette zone "Bessin" est elle même divisée en 3 secteurs : Bayeux, Port en Besssin et Saint Laurent-Trévières qui est représenté par : Désiré Lemière "Chordeille" ; Albert Anne, charron, d'Asnières ; Robert Boulard ; Charles Olard.

    Le groupe Alliance dont l'activité est le "renseignement" fonctionne par un système organisé de "boites aux lettres" dont celle de Bayeux est centrale et par des contacts radios émis depuis Bayeux.
    Georges Thomine

     

    Les arrestations de 1944
    L'ensemble du groupe Alliance a connu en automne 1973 une vague d'arrestations au niveau national , la Normandie ne fut pas touchée. Mais le 14 mars 1944 la Gestapo organise un coup de filet important probablement suite à l'arrestation à Paris d'un agent de liaison "tadorne" (Jean Truffaut de Rennes)qui était en possession de documents importants. Ainsi le 17 mars, R Douin , le chef départemental (chez qui était passé tadorne) est arrêté ainsi que G Thomine de Port et trois autres résistants. A chaque fois ce sont des français, membres de la gestapo qui font le travail des nazis en arrêtant les résistants.
    Puis, progressivement, trois résistants sont arrêtés les 20 et 28 avril avril, ensuite neuf résistants le 4 mai essentiellement à Villers Bocage. Enfin le 5 mai, c'est Désiré Lemière qui est arrêté ainsi que plusieurs autres camarades : Albert Anne, 36 ans, charpentier à Asnières ;Robert Boulard, facteur à Trévières et le receveur de la poste de St Laurent.
    Le réseau alliance du calvados est décapité, sur les 21 arrestations, 4 seront libérés, un sera envoyé en camp de travail et 16 seront fusillés le 6 juin à la prison de Caen, dont Désiré Lemière de Saint Laurent, Robert Boulard facteur à Trévières, Albert Anne d'Asnières et G Thomine de Port en Bessin.

     


    Simone Lemière témoigne de l'arrestation de son père.

     

    le 5 mai 1994, Simone Lemière, agée de 17 ans, trayait le vaches avec sa mère lorsque :

     

    "De ma fenêtre, j'ai vu la traction s'arrêter devant notre ferme. Papa en est descendu, accompagné par les deux types de la "Gestapo". Il a appelé maman. Ils sont entrés dans la maison. On tremblait de peur. Le poste de TSF était simplement caché dans une armoire, recouvert d'une couverture. Papa était toujours à l'écoute de la BBC. Souvent, il revenait chez nous, aux environs de minuit. Sans cesse, il nous répétait la même excuse: j'ai bu un coup chez un tel. Bien plus tard, nous avons compris que Papa ne voulait pas nous mêler à ses activités, pour nous protéger en cas de coup dur.
    Papa s'est débarbouillé sous le regard indifférent d'un des types de la " Gestapo ". L'autre surveillait les alentours, debout devant l'entrée. Maman était figée, ne comprenant rien à cette arrestation. Papa était très calme. Il l'a rassurée, lui disant qu'il serait très vite de retour. La gestapo ne lui a pas permis de dire au revoir à ma sœur et mon frère, ils avaient 14 ans et 3 ans, et ils étaient à la fenêtre quand Papa est reparti, ils pleuraient. Puis, ils sont tous remontés dans la traction et sont partis en direction de Caen.
    On ne savait rien des activités de notre père. Il s'en allait souvent à vélo, le soir, c'est tout. Dans la journée, il était facteur, en plus de son travail à la ferme, un complément indispensable, on ne pouvait plus mettre les vaches dans les champs à cause des mines.

     

    Les semaines qui suivirent furent affreuses. Aucune visite n'était autorisée, mais, Monsieur Etasse, de Saint-Laurent, chaque semaine, allait en vélo à la prison y déposer du linge propre et maman y glissait des galettes.Je ne sais pas très bien comment, mais maman a reçu des lettres de mon père, griffonnées sur des bouts de papier. Il conseillait à ma mère de les brûler après les avoir lus. Sur l'une, il expliquait que des plans de champs minés étaient encore dans notre maison (plans que l'on a jamais retrouvés)

     

    Périodiquement, on le transférait rue des Jacobins( siège de la gestapo). Là, il était torturé. On raconte qu'à chaque sortie de cette odieuse maison, "le sang lui pissait au bout des doigts ! ". Le 7 juin, les américains sont arrivés. Nous attendions toujours le retour de papa, mais n'avions plus aucune nouvelle.Puis Caen fut libéré, mais papa ne revenait toujours pas... On y croyait tous les jours, avec la Libération, il pouvait revenir d'un moment à l'autre.

    Ce n'est qu'au mois de septembre que maman, mon petit frère, ma soeur et moi, avons reçu la visite d"un officiel" nous annonçant son exécution, survenue le matin du 6 juin 1944. Il mourut dignement pour la France, ainsi que Georges Thomine, Albert Anne et Robert Boulard. Même après l'annonce officielle de sa disparition, par écrit, nous avons continué à y croire, il pouvait être parti à l'étranger...
    Un service religieux a été célébré en la mémoire de papa le 24 septembre 1946 à Louvières, sa commune de naissance. Son nom sera gravé sur le monument aux morts de St-Laurent et de Vierville, une rue de St-Laurent lui sera dédiée. Mais jamais son corps ne sera retrouvé, ni ceux des autres fusillés de la prison, pourtant des prisonniers de Caen ayant témoigné au procès des responsables de la fusillade ont indiqué que la rotation des camions emmenant les corps avait été courte, ils ont peut-être été enterré pas très loin de la prison…"

     

     

    sources : http://6juin.omaha.free.fr/resistance/lemiere.htm

     

     

     

     

     

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