• LA LIBERATION de PARIS en direct...dimanche 20 août....

    La libération de Paris en direct ...

    Moyen de communication indispensable pour l'occupant, le téléphone n'a pas été coupé dans Paris. Dès le début de l'insurrection il est devenu une arme redoutable et une aide précieuse pour les insurgés. Renseignements, ordres, demandes de renfort, appels au secours ... ont pu ainsi circuler au nez et à la barbe de l'ennemi.

    Le nouveau préfet de police, Charles Luizet, demande au maire d'Antony de lui passer le général Leclerc. Madame Eurière signale la présence de plusieurs caisses de munitions dans son hôtel, 30 boulevard Magenta. Les chars allemands qui tenaient le carrefour Belle-Epine ont décroché. Une centaine de soldats sont entrés dans la station de métro Kléber-Boissière. Les occupants de la traction-avant noire immatriculée 7320 RK 4 tirent sur la population dans le 10ème arrondissement. La foule a investi la caserne Fontenoy et se livre au pillage. Trois soldats allemands se sont réfugiés dans un immeuble, 6 rue des Mariniers à Saint-Mandé, et refusent de se rendre. Le sous-lieutenant Bureau apprend à ses parents qu'il vient d'entrer dans Paris à la tête de son peloton de chars (il sera tué quelques heures plus tard sur le Quai d'Orsay) ...

    Voici l'enregistrement des communications téléphoniques reçues à la Préfecture de Police du 20 au 26 août 1944.

    Le style est parfois télégraphique. Le standardiste, qui doit entendre les coups de canon allemands tirés sur la Préfecture, ne fait pas de littérature. Je n'ai remplacé que certaines abréviations qui paraîtraient obscures. Le déroulement chronologique n'est pas toujours suivi; certaines communications ont-elles été d'abord transcrites sur des feuilles volantes puis recopiées ?

    J'ai trouvé ce document dans La libération de Paris 19-26 août 1944, récits de combattants et de témoins réunis par S. Campaux (Payot 12-1944), il s'arrête le 26 août à 22h50; pourtant les coups de téléphone ont certainement continué de pleuvoir au standard de la Préfecture de police. Chaque fois que cela a été possible j'ai illustré ce document par le résultat de mes recherches sur le terrain et dans les archives.

    Bonne lecture.

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    Dimanche 20 août :

    16h30 : Directeur du laboratoire municipal nous informe des escarmouches face 12, avenue de l'Observatoire avec 4 Tigres, 3 gros tanks, 6 moyens et 3 petits chars qui se dirigent maintenant boulevard Saint-Michel.

    16h30 : Mairie du 17ème attaquée par des chars mais les gardiens tiennent les lieux.

    16h45 : Mairie du 20ème attaquée par des chars.

    17h10 : Du 13ème : 4 ou 5 gros chars descendent l'avenue des Gobelins.

    Vers 17h30 un officier et quatre soldats allemands ouvrent le feu sur un attroupement de civils dans l'avenue des Gobelins. Ils lisaient les affiches de la Résistance fraîchement collées. Le capitaine Tréville, le lieutenant Chauvelot et les policiers Suire et Gaillet, qui protégeaient les colleurs d'affiches, ripostent. Joseph Suire est atteint d'une balle dans la poitrine. Il décèdera à l'hôpital Necker.

    17h10 : Le commissaire d'Aubervilliers signale que les Allemands viennent de lui voler sa voiturette avec emblème de la Croix-Rouge immatriculée 9742 RK 4. Ils ont emmené un jeune homme qui était volontaire pour ramasser les blessés.

    17h10 : De la Défense Passive : entre 15h40 et 15h50, 3 camions camouflés dont un armé d'un canon anti-char ont tiré sur la foule dans le 20ème arrondissement. 15 blessés et 2 tués.

    17h25 : Rue du Cherche Midi, face prison, 4 Allemands armés de mitraillettes continuent à tirer; voiturette haut-parleur de la Feldgendarmerie avec gardien ont parlementé; mais après leur départ les Allemands continuent à tirer.

    17h35 : De Choisy le Roi : les forces de police reprennent possession du poste; de source officieuse, des chars américains se trouveraient à la Belle-Epine; attendre confirmation de Choisy le Roi.

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    Carrefour Belle-Epine à Thiais. J'ai retrouvé cette information dans plusieurs ouvrages. Il s'agissait peut-être d'une patrouille de reconnaissance.

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    21h00 : De Choisy : pas confirmé

    18h10 : De Saint-Vincent de Paul, 5 rue Coulepied : décès du brigadier Emile Vauton.

    En fait il s'agit du brigadier Emile Vancon, 49 ans, du commissariat du 4ème arrondissement, mortellement blessé à 17h00 par une rafale de mitraillette tirée d'un camion alors qu'il est posté en surveillance à l'angle de la rue de Rivoli et de la place Baudoyer. Ce convoi allemand fera deux autres victimes : les gardiens de la paix Pezin et Gagnepain.

    18h30 : Du central Littré : 3 Allemands tirent sur passants rue Saint-Thomas d'Aquin, rue du Bac, statue Chappe, dans bâtiment de l'Artillerie, place Saint-Thomas d'Aquin; des jeunes gens de la résistance seraient enfermés; il serait urgent de les libérer.

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    Sur les combats dans ce quartier lire le témoignage de Jacques Couzi, médecin de la Défense passive...]

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    18h30 : De la 1ère division : Colombes, mairie et commissariat attaqués par les Allemands.

    18h30 : On signale qu'une maison serait mise au pillage par la foule, rue des Pyramides.

    18h55 : De la 1ère division : la mairie de Colombes et le poste sont occupés par les Allemands; le poste de Colombes s'est replié et le poste de Courbevoie également.

    19h00 : Commissaire d'Aubervilliers : les voitures allemandes de passage continuent à tirer sur la foule; tirent en continuant leur route.

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    Roger Colas est tué 23 rue Achille Domart; Emile Segard à l'angle de la rue du Goulet et de la rue du Moutier; Louise Poisson à sa fenêtre 6 rue du Goulet; Marcel Munoz rue du Moutier; André et Renée Chamois devant leur magasin 55 avenue de la République; Désiré Lagein 74 avenue Saint Denis et Antoinette Bouthors 33 rue du Vivier.

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    19h00 : Commissariat de Sceaux occupé par les Allemands.

    19h15 : 12 rue de Valenciennes, un FFI a été grièvement blessé.

    19h45 : Du commissariat de Gentilly : avise qu'un groupe s'intitulant M.M.S fait apposer des affiches sur lesquelles il est dit que tout détenteur de stocks d'armes ou de munitions qui refuserait de les mettre spontanément à la disposition des FFI ou des Milices Patriotiques serait jugé comme traître et traité comme tel.

    19h45 : Du Directeur des PTT : des membres de la résistance attaquent le central Gutenberg, rue Jean-Jacques Rousseau. Les Allemands se retranchent dans les bureaux ne voulant pas se rendre et s'ils sont attaqués mettront le feu au central.

    19h45 : Du 1er arrondissement : les Allemands attaquent la recette de la Banque de France.

    20h10 : On avise qu'une permanence est assurée dans les postes de Sceaux et d'Antony.

    20h40 : Le directeur des Chantiers franco-belges avise qu'un remorqueur à moteur diesel de 500cv est amarré face Palais d'Orsay rive-gauche. Depuis deux jours les Allemands ont accosté 2 vedettes chasseurs de sous-marins; d'après renseignements ces 3 bateaux devraient sauter cette nuit.

    21h55 : Du commissariat d'Ivry : la centrale électrique de Vitry est attaquée par une trentaine d'Allemands; les FFI leur opposent résistance. Il y aurait 5 ou 6 victimes. Les Allemands auraient l'intention de faire sauter la Centrale.

    21h35 : Un groupe franc parti en voiture rue des Morillons a été arrêté par des Allemands. Après les avoir fouillés, ils les ont collés au mur pour les fusiller. Un de ceux-ci a pu se dégager pour prévenir

     

     

    il y aura plusieurs coups de fils ... lire l'épisode ...]

     

    21h45 : Du gardien Regnier du Service Technique, domicilié à Neuilly : les FFI occupent l'intérieur de la Mairie et du commissariat; ils sont cernés par les Allemands avec des chars d'assaut; plusieurs patriotes auraient réussi à s'enfuir par les égouts mais une grande partie se trouverait encore à l'intérieur. Le tir continue.

    Le sculpteur Auguste Maillard a été tué par une balle perdue devant la porte de son immeuble, 1, rue des Huissiers, d'où il suivait, comme de nombreux badauds, le déroulement des combats.

    Lire l'épisode ...]

    21h50 : De Mr Dubois, FFI : les dépôts d'essence dans l'ordre d'importance : Lille-Bonnières de Colombes, 5 avenue Jules-Coutant à Ivry; Jupiter 2 rue Ampère à Saint-Denis; Standard 1 rue Francis de Pressensé à Saint-Ouen; Hydro carbure, de Saint-Denis, rue Francis de Pressensé à Saint-Denis; Société générale des huiles de pétroles rue des Caboeufs à Gennevilliers; CIP 87 boulevard Félix Faure à Aubervilliers; Toneline 46 quai de Choisy à Choisy. Il y aurait intérêt à ce que ces dépôts soient gardés. Les Allemands auraient l'intention de les faire sauter. Mr Dubois téléphonera demain matin au cabinet pour donner de nouvelles précisions.

    20h10 : De la Défense Passive : les Allemands font sauter leurs dépôts de munitions à Nanterre (camp de la Folie). Un de leurs observateurs leur signale qu'à la Porte d'Orléans un officier et quelques soldats allemands font faire demi-tour aux véhicules se dirigeant vers le sud.

    22h15 : Du commissariat de Puteaux : la Croix-Rouge française installée au poste de police de Nanterre signale que les Allemands ont attaqué le poste de pompiers de Nanterre. Il y aurait quinze morts parmi les pompiers.

    22h35 : De Puteaux : il n'y aurait qu'un civil tué et non 15 pompiers.

    Le civil en question est Louis Meunier, lieutenant FTP, âgé de 24 ans. Lire le témoignage de son fils...]

    22h55 : Du 15ème arrondissement : suite à affaire 21h35 rue des Morillons. Quelques jeunes gens qui avaient été pris comme otages par les Allemands ont été relâchés par ceux-ci.

    23h20 : De l'état-major des pompiers : on signale que des Allemands auraient attaqué et subtilisé du matériel et des équipements de pompier à la caserne de Poissy. Ils seraient susceptibles d'utiliser ce matériel et ces équipements pour tenter un assaut à l'intérieur de la Préfecture de police. L'état-major des pompiers diffuse l'ordre de ne laisser pénétrer aucune voiture de pompiers à la Préfecture.

    23h30 : Du télégraphe PM (police municipale) : appel général Paris et banlieue : vous avise que des Allemands habillés en pompiers circulent dans Paris et sont susceptibles de se présenter et d'attaquer des postes. Prenez mesures en conséquence.

    23h55 : Renseignements pris par téléphone auprès du conducteur de la centrale électrique de Vitry. Vers 20h00 une échauffourée entre des membres FFI et des Allemands s'est produite aux abords de la centrale. A aucun moment les Allemands n'ont entrepris un coup de main contre celle-ci. A 23h50 le secteur est calme. Les abords de la centrale sont toujours gardés par des forces de gendarmerie française.

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    Lundi 21 août :

    0h35 : De bureau 18ème : Mr Brûlée, chef de groupe Défense passive des Grandes Carrières prévient qu'à dater du 21 courant les rassemblements de plus de trois personnes seraient interdits. Les fenêtres seront fermées et les portes ouvertes.

    0h50 : D'une source officieuse (coup de téléphone à l'état-major) mêmes renseignements que ci-dessus. Ces instructions auraient été données par radio dans le courant de la soirée.

    7h30 : D'Asnières : un camion allemand accidenté contenant 2 petits canons se trouve devant le poste de secours Grande Rue à Asnières. Dix Allemands se trouvent à l'intérieur du poste de secours.

    7h30 : D'un IPA (inspecteur principal adjoint) de Vincennes : le poste de Vincennes a été attaqué hier par les Allemands. Les gardiens se sont repliés. Ce matin l'IPA a hésité à reprendre le poste. Il a été mis en communication avec le cabinet.

    7h53 : Du 1er arrondissement : le responsable du 1er est avisé par le 8ème arrondissement que rue de Castiglione, à l'hôtel Continental, quatre gardiens détenus par les Allemands seraient conduits à Vincennes pour être fusillés.

    Les Allemands vont fusiller de nombreux prisonniers faits dans ces premiers jours de l'insurrection ...]

     

    7h40 : De Pantin : un train de mitrailleuses quadruplées (une vingtaine) se trouve en gare de Pantin. Le pont qui se trouve à proximité de la gare est gardé à chaque extrémité par des soldats en armes, cinq sur le pont, deux devant la mairie, tous bien armés.

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    Les choses évolueront dans la journée ... les soldats allemands prendront des otages dans la population civile pour se protéger. Paul Codde âgé de 53 ans, cafetier aux Quatre-Chemins et soldat des FFI, tente de s'interposer quand les otages sont menacés d'exécution; il est abattu. Demain matin, les soldats en faction sur le pont arrêteront le jeune Emilio Garnieri envoyé en mission de ravitaillement. Ils trouvent sur lui un pistolet et le fusillent sur place.

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    7h45 : De la 1ère division : Levallois signale qu'un poste de radio émettant sur longueur d'onde de Radio-Paris a donné hier soir vers 21h00 une émission indiquant que le couvre feu était fixé de 21h00 à 6h00. Tous les cafés seront fermés à l'exclusion des restaurants. Tout rassemblement de personnes est interdit sur voie publique. Les Allemands tireraient sans prévenir.

    7h50 : De Charenton : à Vincennes des coups de feu ont été tirés; des blessés civils se trouveraient au poste de secours rue du Moulin.

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    Ce jour-là, à Vincennes, on relève le décès de Guy Liebmann et de deux inconnus.

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    8h15 : Communication téléphonique d'un pompier : un conducteur de voiture de pompiers passant boulevard Péreire, angle Ternes, aurait été requis par des FFI pour effectuer le transport de caisses de grenades placées dans une voiture allemande en panne au dit endroit. Le chauffeur d'après les consignes récentes de son état major, dit qu'il lui est interdit d'effectuer ce transport.

    8h00 : Par téléphone public (actuellement Elysées 17-38) Mr Baury, responsable d'un groupe de résistance vient de faire savoir qu'il allait tenter d'entamer des pourparlers avec l'officier allemand de l'hôtel Continental pour échanger six gardiens de la paix, susceptibles d'être fusillés, contre des prisonniers allemands. Il a été mis en rapport direct avec le cabinet.

    8h50 : De Colombes : les gardiens de Colombes viennent de réoccuper le poste. Télégraphe avisé.

    8h55 : Communication téléphonique anonyme : une trentaine d'Allemands viennent de monter dans le réservoir de la Compagnie des eaux de Villejust, angle Lauriston, avec fusils, pelles et sacs.

    8h55 : De l'hôpital de Vaugirard : un ancien inspecteur de police se trouve à cet hôpital grièvement blessé. Il déclare que quatre de ses amis ont été fusillés hier rue des Morillons, angle Olivier de Serres et ont été laissés sur place. Cabinet avisé (voir plus haut).

    9h00 : Communication téléphonique anonyme : un passant annonce qu'à l'angle de la rue Traversière et de Lyon les Allemands tirent encore sur les passants.

     

    Le tueur de la gare de Lyon va sévir plusieurs jours... ]

    9h45 : De Charenton : il est signalé qu'une sirène a émis le signal de fin d'alerte.

    10h00 : Du 12ème arrondissement : cinq ou six gardiens du 12ème ont été arrêtés hier matin entre 8h30 et 9h00 par des cheminots allemands. Emmenés en voiture rue Traversière à la Kommandantur des chemins de fer allemands. Responsable 12ème, Mr Armangau demande si l'on peut envisager échange ou libération sous forme quelconque.

    10h05 : Du commandant Curie, état-major des pompiers : Mairie du 10ème attaquée par des miliciens; un groupe de résistants se défend.

    10h10 : Du 11ème arrondissement : Mr Medevielle, Elysées 27-11, responsable 28ème groupe signale qu'une voiturette passe dans le 8ème arrondissement distribuant tracts signés "Colonel Lizé" qui donne l'ordre de ne pas cesser le feu.

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    Le colonel de Marguerittes alias colonel Lizé est le chef des Forces françaises de l'Intérieur pour le département de la Seine... ] Pour cette fameuse trêve lire ... ]

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    10h15 : De la 5ème division : six Allemands à descendre au dépôt du central 13ème. Attendre.

    10h30 : Du commissariat de Saint-Maur : samedi 19 courant, après 18h00, 4 rue de Lyon siège de la 4ème division, inspecteur et cinq gardiens ont été emmenés dans voiture par Allemands. Destination ignorée.

    10h40 : Renseignements complémentaires demandés au 12ème. En plus du personnel résistance 4ème division, quatre ou cinq gardiens ont été emmenés également. Le responsable a pu s'échapper par les toits avec un gardien.

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    Les deux hommes qui parviennent à s'échapper sont l'inspecteur principal adjoint Houzelle et le gardien de la paix Vinet du commissariat du 12ème arrondissement. Lire l'épisode ...]

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    10h50 : Du commissariat de Sceaux : la circonscription est calme; environ 110 S.S occupent le lycée Lakanal; ils ont pris 4 otages juifs qu'ils exécuteront s'il y a des incidents de rues.

    10h55 : Le 15ème confirme qu'il n'y a eu aucun tué hier rue des Morillons, angle rue Olivier de Serres. (voir plus haut)

    11h10 : Du commissariat de Choisy : on entend le canon en direction de Juvisy.

    11h30 : De la 1ère division : le bureau du 17ème avise que le poste central du 17ème vient d'être attaqué.

    11h53 : Du bureau du commandant Curie, état-major des pompiers : avisé par le capitaine Blanc que les Allemands fusillent des prisonniers au polygone de Vincennes.

    11h40 : Du 12ème : des Allemands par petits groupes rôdent aux abords de la Gare de Lyon, mitraillettes en main et se montrent menaçants. Un canon allemand carrefour Daumesnil/Traversière est braqué sur le poste des Quinze-Vingt.

    11h45 : De la 1ère division : le central 17 est attaqué avec des chars; les rues avoisinantes sont bloquées; les chars font feu sur le bâtiment.

     

    André Calmel équipier de premiers secours du 17ème secteur de la Défense passive est tué devant le 53 rue des Dames. Voir les combats dans le 17ème arrondissement...]

     

    11h45 : La 5ème division : 65 avenue d'Italie, cinq chars allemands se sont arrêtés et sans aucune provocation ont tiré un obus de 80 sur la foule se dirigeant sur Fontainebleau.

    11h45 : Du 5ème : Pont au Double : sept gardiens viennent d'être blessés dont un inspecteur principal adjoint.

     

    Lire l'épisode ...]

     

    11h50 : Du 20ème : Mr Lacour informe que Gilbert Rochas, 34 quai des Orfèvres, saurait où se trouve un dépôt de 500 mitraillettes dans les sous-sols de la police judiciaire.

    12h20 : Du bureau 11ème : le poste de Charonne est attaqué.

     

    Des miliciens accompagnés de soldats allemands se sont présentés au poste de police Charonne, rue des Orteaux pour obtenir la libération de collaborateurs incarcérés. Devant le refus des gardiens de la paix, ils ouvrent le feu et pénètrent en force dans le commissariat. Marcel Imbert et Armand Jeudy sont tués. On note le décès de Marcel Bellanger au 94, rue Maraîchers, à trois cents mètres de là.

     

    12h25 : Du 1er arrondissement (commissariat Palais Royal 503) : l'échange de quatre prisonniers allemands contre cinq gardiens prisonniers a été accepté. Hôtel Continental. L'officier allemand Konig propose que l'ensemble des prisonniers allemands faits sur la 1er arrondissement soit échangé contre d'autres gardiens prisonniers à l'hôtel Continental. Nombre pour nombre et d'autre part proposerait que l'ensemble des prisonniers allemands de Paris soit échangé contre les prisonniers français.

    12h40 : Du 12ème arrondissement : les Allemands attaquent le poste de Charonne, rue des Haies et massacrent tous les gardiens.

    12h45 : Communiqué téléphonique Docteur Delaphi : des camions allemands montés de soldats et des tanks se trouvent rue Censier-Daubenton et Monge.

    13h00 : Du 12ème arrondissement : le poste de Charonne est aux mains des Allemands.

    13h05 : Sur demande de la 1ère division : la Mairie du 17ème et le poste des Batignolles n'ont été attaqués que quelques instants. Actuellement calme.

    13h10 : Sur demande du 12ème : le canon qui se trouvait rue Traversière braqué sur poste des Quinze-Vingt a disparu.

    13h15 : Communication téléphonique anonyme : les FFI sont dans un appartement place Saint-Michel au 5ème étage. Ils ont cerné un Allemand qui s'est retranché au 6ème. Ils demandent renfort et grenades.

     

    Lire les aventures du Combattant du petit bonheur ...]

     

    13h20 : Du central 20ème : poste de Charonne est occupé par les Allemands; deux ou trois gardiens auraient été tués.

    13h25 : Du 12ème arrondissement : suite affaire poste Charonne : deux gardiens tués, un certain nombre de gardiens prisonniers par forces allemandes. Celles-ci ont une automitrailleuse, un camion et une vingtaine d'hommes; le responsable du 12ème demande instructions pour attaque du poste Charonne. Mr Pommier fait répondre d'attendre.

    13h37 : Des FFI du métro : 10 tanks Panther se dirigent de la Bastille vers le Châtelet.

    14h00 : Du 4ème arrondissement : cinq tanks passent rue de Rivoli vers Châtelet.

    14h05 : De Vanves : vers 12h50, 53 rue de Paris, le gardien de la paix Gaston Guittet, demeurant 32 ou 52 route de Montrouge à Malakoff, a été tué. Le gardien Raymond Mergault, 32 route de Montrouge à Malakoff a été blessé et hospitalisé aux Petits Ménages. Les gardiens se trouvaient dans voiture résistance.

    Clos Montholon deux voitures des FFI croisent un convoi de camions allemands. C'est la fusillade. Elle fait cinq morts du côté des Allemands, quatre du côté des FFI. De nombreux civils sont blessés. Les soldats ont tiré sur les gens qui regardaient à leurs fenêtres, racontera un témoin. Les premières ambulances arrivent; une infirmière donne quelques soins sur place. Les gardiens de la paix Guittet et Mergault, accompagnés du FFI Gabriel Crié, qui patrouillaient dans les rues de Vanves, stoppent leur véhicule et prennent en charge un blessé, Emile Beauchamp, pour le conduire chez un médecin. Ils n'y arriveront pas. Un groupe de SS qui, dans leur automitrailleuse, couvrent la retraite des soldats du convoi, ouvrent le feu. La camionnette vient s'écraser contre un arbre. Guittet et Crié sont achevés à coups de mitraillettes.

    14h23 : De la 5ème division : le poste de Cachan rue Camille Desmoulin à Cachan a été attaqué. On demande renfort et ambulance.

    14h23 : De la 1ère division : le 17ème informe que Mr Lacambre, commissaire de voie publique, l'inspecteur Psothei, le brigadier Imperats et le gardien de la paix Denis ont été arrêtés par la résistance et sont au poste des Epinettes.

    14h25 : De la circulation : le gardien Lahuec de la 4ème compagnie a été tué place Saint-André des Arts. Transporté poste sanitaire Ecole de Médecine. (voir le combattant du petit bonheur)

    14h15 : Communication téléphonique anonyme : entre Pont de Charenton et route déviation de Maisons-Alfort 500 Allemands en déroute saisissent vélos.

    14h45 : Suite affaire Cachan : quatre personnes montées dans traction-avant ont tiré sur Allemands; rattrapées par ces derniers, elles ont été tuées toutes les quatre.

    A la hauteur de la rue de Strasbourg à Cachan, une voiture cellulaire allemande venant de la prison de Fresnes ouvre le feu sur une petite Simca arrêtée dans les champs et tue son occupant. Surgissent deux voitures montées par des FFI arrivant du centre ville. Elles s'arrêtent près de la ferme Nissou. Huit ou neuf jeunes gens en sortent et se trouvent face aux soldats allemands qui tirent au fusil mitrailleur. Quelques uns parviennent à se réfugier dans un champ de betteraves, les blessés sont achevés d'une balle dans la tête.

    Parmi les victimes de la fusillade on relève : André Grenier de Monner, 22 ou 28 ans; Amar Malki; René Lenoir, 22 ans; Louis Mienne, 23 ou 37 ans; Henri Troalen, 32 ou 35 ans; Pierre Debled, 37 ans, conducteur tué dans la Simca; Gaston Audat, 45 ans, qui est sorti de sa maison, rue Dumontel, pour voir ce qu'il se passe et qui est tué d'une balle perdue. Pourraient figurer aussi parmi ces victimes : Georges Vigor, R. Perrotet et René François qui seraient arrivés dans la traction-avant des FFI.

    15h10 : Des FFI du métro : dans le 13ème arrondissement brassards tricolores vendus 100 francs.

    15h37 : Communication anonyme : les Allemands ont reçu de Berlin, il y a une heure environ, l'ordre de faire une descente massive contre les FFI à Paris.

    15h50 : De la 1ère division : la foule amassée aux alentours de la mairie de Courbevoie est attaquée par les Allemands qui tirent sur elle.

    16h25 : Du cabinet du Préfet : on nous signale de décès du gardien de la paix Poisson de la 9ème compagnie tué hier et du gardien de la paix Ternard de la 9ème compagnie tué ce jour. Les familles sont à prévenir.

    Raymond Boisson, 29 ans, attaque à la tête de son groupe un camion allemand qui se présente sur la place Saint André des Arts. Le chauffeur blessé perd le contrôle de son véhicule qui vient d'écraser sur la vitrine de la Brasserie Alsacienne. Les soldats allemands ouvrent le feu, la fusillade dure plus de cinq minutes au bout desquelles Boisson, croyant à une reddition, s'avance à découvert ... il est abattu d'une rafale de mitraillette.

     

    Marcel Ternard, 24 ans, est envoyé à 15h00 en mission de ravitaillement d'armes et de munitions. Sa voiture est accueillie par une pluie de balles à la sortie sud de la Préfecture. Mortellement atteint il est transporté à l'Hôtel Dieu.

     

    16h30 : Du 12ème : Mr de Villiers Terrace, attaché de cabinet de Mr Laval, vient d'être amené au poste central sur dénonciation d'un de ses voisins.

    16h45 : Du télégraphe de la police municipale : le siège de la 4ème division s'est replié au central 12.

    16h50 : Du 16ème : sur ordre du commandant des FFI d'Auteuil, occupant le lycée Jean-Baptiste Say, le drapeau a été hissé à 11h00; le lycée Claude-Bernard est toujours occupé par les Allemands. Défense : une mitraillette et deux fusils braqués boulevard Murat. Garnison peu importante. Le lycée La Fontaine n'est plus occupé. Quelques soldats s'y présentent de temps en temps. Porte de la Muette : infanterie de marine, une mitrailleuse en position, une également sur Porte Muette et Porte Saint-Cloud. Un fusil mitrailleur entre les deux lacs. Quelques blindés sous bois ainsi que camions, motos, véhicules divers. Les forces qui occupent ce secteur paraissent fortes. Physionomie calme.

    17h15 : Des FFI : boulevard Saint-Michel, la barrière Saint-Michel est attaquée par dix chars. Demande renforts.

    17h15 : Le commandant FFI du 5ème et de la barrière Saint-Michel demande que le canon anti-chars qui est à la Cité soit envoyé immédiatement à la barrière Saint-Germain/Saint-Michel.

    Ce canon a été capturé par les FFI de la barricade Saint Michel puis récupéré par les policiers pour assurer la défense de la Préfecture. On peut déchiffrer les noms de Boisson et Ternard (voir plus haut). Et pour connaître l'histoire de ce FFI unijambiste ... ]

     

    17h30 : Des RG (Renseignements Généraux) Bertin : on nous informe que trois Allemands se trouvent actuellement 8 place Saint-Michel et qu'ils ont demandé un tank pour venir les délivrer.

    17h30 : Du bureau 8ème : le 8ème a un officier allemand prisonnier; d'autre part le gardien Vergnez-Cat Jean est actuellement prisonnier au Mont-Valérien avec 26 de ses collègues; le 8ème demande s'il y aurait possibilité de faire échange avec prisonniers allemands; l'officier allemand prisonnier au bureau 8ème est le capitaine Beinchls von Ziegrsar, ex-officier d'ordonnance du général Sticchus.

    17h30 : Des RG Girardot : on nous informe qu'un tracteur qui remorquait un car et une remorque à plateau et qui passait quai de la Mégisserie à la hauteur des Magasins Esders s'est arrêté. Huit à dix Allemands sont descendus et se sont aplatis derrière le parapet du quai de la Mégisserie, 4 rue du Pont-Neuf.

    18h10 : De la compagnie école : 300 cents écoliers se trouvant au centre Beaujon ont tué quelques Allemands, fait un prisonnier, détruit une voiture, mais sont menacés d'être attaqués à leur tour. Demande renfort.

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    Ces "écoliers" sont des gardiens de la paix stagiaires de l'école pratique de police de Beaujon.

    __________

    18h10 : Du commissariat de Pantin : signale la présence entre gare de Pantin et Grands Moulins de Pantin de deux trains allemands. Le premier 15 à 18 voitures D.C.A, armement, mitrailleuses lourdes et légères, canons; le deuxième 15 à 18 voitures voyageurs et marchandises, 1000 SS environ circulent entre Pont de la Folie, Bobigny (pont de la route de Meaux enjambant le chemin de fer) et Porte de la Villette et mitraillent au passage. Demande pilonnage par aviation alliée si possible.

    18h05 : Communication de Girardot, inspecteur du dépôt : ne plus envoyer de détenus au dépôt, les locaux sont complets.

    18h45 : Nouvelle demande de renforts du centre Beaujon, cinquante hommes avec mitraillettes.

    18h50 : Du 13ème arrondissement : au Sénat trente prisonniers civils et gardiens de la paix (dont Bodin) du Service Technique seraient susceptibles d'être emmenés ce soir.

    Capturés le 19 août, Henri Bessot, Jean Dugarreau, Louis Gallon, Léon Hutin, André Monnier, Arthur Pothier et Jean Robaux ont été fusillés. Leurs corps seront découverts dans une fosse du Jardin du Luxembourg le 27 août... ]

     

    19h10 : Du 8ème : les Allemands patrouillent à Saint-Augustin et tirent.

    19h20 : Du centre Beaujon : attaque terminée; tout est calme actuellement.

    19h20 : D'un FFI : deux de ses camarades viennent d'être faits prisonniers par les Allemands rue Saint-Germain l'Auxerrois.

    19h30 : De la 6ème division : le responsable de la 6ème division signale qu'il vient d'être averti par le responsable de Montrouge que les Américains sont signalés à Monthléry. D'autre part il y a un fort repli au Petit-Clamart. Un camion allemand se trouve Porte d'Orléans et tire sur la foule; il se dirige vers Paris.

    19h40 : Du 8ème arrondissement : ont été tués à 18h00 boulevard Haussmann, place Laborde : le gardien Fischer René matricule 10254, 38 ans, de la Circulation, demeurant 47 rue Marius Auphand à Levallois-Perret et le gardien en civil Loiseau Alexis, 21 ans, 97 avenue du Chemin de Fer à Vitry. Les corps sont au poste de secours au Grand Palais.

    De retour de mission, sa voiture est interceptée rue Laborde ... René Fischer se réfugie dans un immeuble mais , rattrapé par les soldats allemands, il est immédiatement fusillé. Curieusement le gardien en civil Alexis Loiseau est déclaré tué rue Laborde dans ce document. Le registre du cimetière de Vitry sur Seine où il est enterré indique pour sa part qu'il a été fusillé à la caserne Balard , les Archives de la Seine l'enregistrent décédé à l'hôpital Necker, et aucun Loiseau ne figure parmi les policiers tués pendant l'insurrection.

    20h25 : De Choisy : signale que la canonnade venant de la direction d'Arpajon, Croix de Berny, s'approche de Choisy.

    20h30 : Du 8ème : le gardien Faisy Marcel, de Puteaux, demeurant 16 passage des Petits-Clos à Suresnes a été tué. Corps au Grand Palais.

    De retour d'une mission de ravitaillement à la Préfecture de police, les gardiens Sclavon, Salaun et Faisy tombent sur une patrouille allemande, boulevard Malesherbes. Ils présentent leurs cartes de policiers quand surgit un camion monté de soldats SS; l'un d'entre eux abat Faisy d'un coup de fusil. La veille, avenue de la République à Nanterre, Sclavon, Faisy et Pons transportaient un blessé à l'hôpital quand ils sont tombés sur un barrage allemand. Le gardien de la paix Noël Pons a été tué au cours de la fusillade.

    20h45 : Du 8ème : tout le groupe Maury de la 6ème compagnie de circulation a été pris rue d'Astorg; de ce groupe il y a deux ou trois blessés légers; Maury serait sérieusement atteint.

    mortellement blessé à la tête il décèdera le lendemain à l'hôpital Necker.

     

    .

    20h45 : Communication anonyme : un char Tigre venant du Sénat se dirige par la rue de Seine vers le boulevard Saint-Germain.

    20h50 : Du 12ème : Cinq chars Panther venant de la Nation se dirigent vers la Bastille à hauteur de Charonne.

    21h10 : Du 7ème : (communiqué par responsable du central télégraphique Grenelle) Cinq chars Tigre remontent cours de Vincennes direction centre de Paris sans accompagnement.

    21h40 : De Mr Souyri : ordre du Préfet en ce qui concerne les chars Tigre venant de la Bastille et se dirigeant vers l'Hôtel de Ville : Ne pas tirer avant d'être attaqué, alerter toute la défense.

    21h45 : De Mr Souyri : le Ministre de l'Intérieur fait part de bruits suivants entendus : Les Allemands auraient l'intention d'attaquer ce soir la Préfecture de police et de faire sauter les ponts.

    21h45 : De Mr Levet (police judiciaire) : Six chars Tigre venant de la Bastille se dirigeraient vers l'Hôtel de Ville et Cité. Après avoir demandé leur route à une femme, ils l'ont abattue.

    22h00 : De Mr Souyri : la 5ème division a informé le bureau des chefs que des Allemands descendraient à la station du métro Châtelet.

    22h05 : Du 205 : les Allemands qui descendraient au métro Châtelet seraient des Allemands pourchassés.

    22h50 : Du 4ème arrondissement : lieutenant Giraud, de la caserne Célestins, aurait fait savoir que la trêve serait rompue.

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone.htm

      

      

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