• JOSEPHINE BAKER, « UN EPISODE MECONNU »

    « UN EPISODE MECONNU »

    « J’étais l’idole sauvage dont Paris avait besoin.

     

    Après quatre années de violence (la guerre 14-18), j’ai symbolisé la liberté retrouvée, la découverte de l’art nègre, du jazz. J’ai représenté la liberté de me couper les cheveux, de me promener nue, d’envoyer tous les carcans au diable, y compris le corset ».

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    Surnommée à l’époque, la « Vénus d’ébène », on ne retient souvent que son apparition fracassante au Théâtre des Champs Elysées, dans la revue nègre, en octobre 1925. Tout le monde connaît sa fameuse ceinture de bananes et sa chanson fétiche « J’ai deux amours », mais Joséphine Baker c’est aussi une légende aussi extraordinaire qu’attachante. Quel destin pour cette petite américaine née le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri, d’une noire pauvre et célibataire et d’un blanc inconnu ! 

     

    Subversive, rebelle, visionnaire, elle croisera Jean Cocteau, Pablo Picasso, Georges Simenon et Colette, condamnera le racisme et l’antisémitisme.

     

    Excessive et généreuse sur scène comme dans la vie, elle fondera sa tribu « arc-en-ciel », composée d’enfants qu’elle adoptera sur les cinq continents, malgré de sérieux revers de fortune.

     

    Mais il y a une époque de sa vie qui reste encore méconnu aujourd’hui : son engagement dans la Résistance Française …

    Maurice Chevalier et Joséphine Baker.

    Dès 1939, elle entre dans le contre-espionnage et devient, plus tard au péril de sa vie, l’agent de propagande du Général de Gaulle. Lors de son recrutement en 1939 elle dira :

     

    « C’est la France qui m’a faite ce que je suis. Je suis prête à lui donner aujourd’hui ma vie ». Naturalisée Française en 1936, Joséphine Baker donne de nombreux concerts pour récolter des fonds au profit de l’Armée Française. Elle parcourt le front et se produit devant les soldats qui souvent la préfèrent à Maurice Chevalier. Ses déplacements n’ont rien de discret : c’est ce qui attire Jacques Abtey, du 2ème bureau. Il prend contact sur « recommandation » et la recrute comme agent d’information.

     

    Cotoyant chaque soir Chefs d’Etat, ministres et diplomates étrangers, elle devient rapidement une source importante de renseignements pour le 2ème bureau.

     

     

    Afin d’obtenir des informations précieuses sur les intentions de Mussolini, la célèbre vedette de music-hall interroge l’attaché militaire italien qui lui voue une admiration sans bornes. Le 2ème bureau veut-il savoir ce que pense le gouvernement japonais de l’Indochine Française ?

     

    Joséphine Baker le demande négligemment à son ami Renzo Sawada, ambassadeur du Japon à Paris.

     

    Elle s’y prend de la même façon, concernant les projets secrets des allemands, détestant l’idéologie raciste des nazis. Ainsi elle recueille les petites confidences des diplomates, qui veulent parader devant elle et qu’elle manipule avec adresse …


    En juin 1940, Abtey et Baker veulent rallier le Général De Gaulle à Londres.

     

    Ce n’est pas une mince entreprise, car le 2ème bureau a encore besoin d’elle …

     

    En dépit de l’interdiction allemande, un service clandestin de contre-espionnage sous la couverture d’une organisation agricole, les « Travaux ruraux » est mis en place.

     

    Le capitaine Paillole ancien chef d’Abtey leur procure de faux passeports et trouve judicieux l’idée de Joséphine Baker : elle servira de couverture à Abtey, qui devient son « secrétaire » et organisera ses tournées au Portugal puis en Amérique du Sud.

     


    Sous l’identité de Jacques-François Hébert, Abtey reçoit des mains de Paillole, des informations secrètes.

     

    A la fin de novembre 1940, Joséphine Baker et Abtey munis de visas franchissent sans encombre la frontière Pyérénéenne avec les fameux documents (notamment la photo des péniches que les Allemands pensent utiliser pour envahir l’Angleterre).

     

    Les douaniers n’ont d’yeux que pour la vedette se fichant de l’homme qui la suit avec déférence.

     

    Arrivés à Lisbonne, ils tranmettent les documents à un agent de l’Intelligence Service.

     

    Mais Joséphine et son « secrétaire », qui voulaient rejoindre les Français Libres de Londres, reçoivent une nouvelle mission. ils doivent s’installer au Maroc et servir d’intermédiaire entre Paillole et l’Intelligence Service. Joséphine part à Marseille chercher un nouveau visa pour traverser l’Espagne.

     

    Elle l’obtient directement de l’ambassadeur d’Espagne au Portugal, qui n’est autre que Nicola Franco, le propre frère du Caudillo …

    Joséphine Baker reçoit la médaille de la résisance.

    En juin 1941, elle tombe gravement malade.

     

    Luttant contre la mort, elle demeure hospitalisée jusqu’à la fin 1942. A peine remise, Joséphine reprend ses activités de music-hall au profit des unités alliées. Tunis, Le Caire, Beyrouth, Tel-Aviv, Jaffa, Damas : partout, elle défend la cause du Général De Gaulle.

     

    La voici agent d’influence de la France Libre.

     

    Sillonnant le Maroc, la France, le Portugal et l’Espagne, Joséphine Baker donne de nombreux spectacles, glane des informations et transporte régulièrement des documents secrets cachés dans ses partitions avec un aplomb, une décontraction et une insouciance extraordinaire.

     

    En 1946, elle reçoit la médaille de la résistance.

     

    De Gaulle la félicite personnellement. La Légion d’honneur sera plus longue à venir récompenser ses services, mais grâce à l’insistance de ses anciens chefs, elle finira par l’obtenir en 1956. Joséphine Baker une espionne ? Elle sera au service de la France et des alliés dès 1939 et signera à Alger, le 23 mai 1943 « un engagement définitif pour la durée de la guerre » au sein de l’armée de l’air. Fermées jusqu’alors, les archives du renseignement français ont été ouvertes pour la première fois à un éditeur qui a travaillé en toute indépendance, il y a peu. 

     


    Cette descendante d’une humble famille d’esclaves noirs, devenue d’abord un phénomène du Tout-Paris, puis une véritable légende : la première star noire de l’Histoire des arts, fut pour un temps un agent de charme pour la France libre, ce que beaucoup de Français ignorent encore aujourd’hui …

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