• Années 20-30, des rues de Paris à la piste du Vel d’Hiv

     
    Toute sa vie, un Homme reste marqué par son enfance et il est souvent utile d’aller chercher dans les premières années pour expliquer le parcours d’un Personnage. Le meilleur moyen de faire connaissance avec un sportif de haut niveau, impresario, patron de boîte de nuit, organisateur de spectacles, acteur, animateur radio et restaurateur est donc de commencer par le début.
     
    André Pousse est né le 20 Octobre 1919 à Paris, d’un père commissaire de police d’origine catalane et d’une mère auvergnate, il conservera toujours la marque de ses doubles origines. Le Paris des années 20-30, c’est le Paris populaire, au sens noble du terme : la vie de quartier, les bougnats, l’argot, les copains, le sport. André en tirera la gouaille, la pugnacité, le sens de l’amitié, la malice du Titi parisien et l’habitude de naviguer dans tous les milieux, y compris Le Milieu. Des vacances familiales en Auvergne et en Normandie, il tire sa solidité : la simplicité, le bon sens, les pieds sur terre, la tête sur les épaules, le sens du travail et de la famille, le goût des bonnes choses et des bons moments partagés entre amis, en un mot son authenticité.
    Bref, une enfance formidable qui forge un gaillard solide, une personnalité conviviale et exigeante, aussi équilibrée que forte et énergique.
    De l’énergie, André en a à revendre, il fait beaucoup de vélo mais c’est surtout en boxant qu’il dépense celle de ses 20 ans, il envisage d’ailleurs de faire carrière dans le Noble Art, jusqu’au jour où des amis cyclistes lui proposent de les accompagner pour une virée, une sorte d’entraînement qui n’engage à rien, une balade. On sort de Paris par la route qui va d’Anthony au Petit Clamard et comme toujours entre sportifs, on se teste, on attaque, on pousse un peu pour voir si les autres suivent et André se prend au jeu, il trouve le bon rythme, appui et s’aperçoit en haut d’une cote mémorable qu’il a « déposé » tous ses copains professionnels.
    La décision est prise, ce sera le vélo plutôt que la boxe, autant faire des efforts dans le sport pour lequel on a des facilités et quitte à bosser dur, autant se faire plaisir en ayant des résultats. Il raccroche ses gants et enfile son maillot cycliste.
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    Les films réalisés avant guerre tels ceux de Jean Renoir, ou « La belle Equipe » (1936) de Julien Duvivier avec Jean Gabin et Charles Vanel (photo) correspondent à l’air du temps et offrent une large galerie d’images de cette époque.

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  • Années 50… : Les plumes du Moulin Rouge

     
    A 30 ans, après 10 ans de pistes, de primes et de chutes, André raccroche. Son carnet d'adresse bien rempli lui permet de continuer à évoluer dans les milieux parisiens du sport et du spectacle mais il sait que dans ce domaine, quand on n'est plus sur le devant de la scène, on voit les « amis » s'éloigner et que, comme sur la piste, on ne peut vraiment compter que sur soi même.

    Oh, il a bien pensé à gagner sa vie de différentes manières! Il touche sa bille aux cartes et est capable de gagner pas mal d’argent en une nuit à une bonne table mais ne se voit vraiment pas passer ses nuits à fumer clope sur clope au dessus d’un tapis vert… en tous cas, pas en tant qu’activité principale. André à une belle gueule et une forte personnalité, il sait qu’il pourrait offrir ses services à des femmes mûres et solitaires ou faire travailler pour lui de jeunes pouliches…mais on ne fait pas de longue carrière de gigolo et l’âge d’or des macs est passé. Fini l’époque où les meilleurs vivaient bourgeoisement et menaient grand train dans leurs luxueuses villas de Nogent sur Marne…

    Loulou Barrier, un admirateur de l’époque du Vel d’Hiv qui est aussi l’impresario d’Edith Piaf, lui propose de s’associer à son affaire. André accepte, lui qui a toujours été son meilleur agent dans les milieux du sport, le devient naturellement pour les autres dans le milieu du Spectacle: Joséphine Baker, Henri Salvador, Petula Clark, Eddie Constantine, Johnny Hallyday, Mouloudji et Philippe Clay bénéficieront de ses services.

    André, à droite, avec Elvis Presley et Nancy Holloway

    C’est finalement Jo France, un copain qui dirige le Moulin Rouge, fatigué d’entendre André lui faire des remarques sur la qualité du show, qui lui propose d’en devenir le directeur artistique.   André y restera 12 ans pendant lesquels il assurera également et occasionnellement le programmation de nombreux établissements : l’Olympia, le cirque Médrano, Bobino, le Liban, le Gaumont, le New Frontier à Las Vegas, le Parque Florida de Madrid.

    Son activité l’amène à revoir Edith Piaf, ils se souviennent de leur première rencontre à New York, bavardent, Edith tombe sous le charme et propose de dîner….puis de finir la soirée chez elle. Ils resteront 8 mois ensemble, une aventure qu’André raconte mieux que personne, précisant qu’au classement des « Piaf Boys », il se positionne entre Eddie Constantine et Jack Pills.

    C’est à cette époque qu’il sympathise avec Charles Aznavour qui fait partie de la « bande » d’Edith, auteur de chansons à succès pour elle, il assure la première partie des concerts en chantant des textes plus personnels, pour le plus grand étonnement du public de l’époque, plutôt conservateur...

    Cette vie de spectacle et de voyages conduira André dans tous les cabarets du monde, perpétuellement à la recherche de nouveaux numéros plus époustouflants que les précédents. Des montreurs d’ours, des dresseurs de chats savants, des acrobates, des danseurs : les Boliana Ivanka Four, the Froggy’s Sister, les Napoléon’s Brothers…les noms des artistes annoncent d’eux même la couleur et le spectacle.

    Devenu un pilier de la vie nocturne parisienne, André est un personnage connu et respecté. Il anime une émission de radio sur Europe 1, « La musique à Papa » qui lui permet de diffuser le meilleur des années 30 / 40. Dés le début des années 60, il saisit au passage la vague Yéyé et ouvre une boîte à Pigalle : la Locomotive, une belle affaire qu’il anime avec brio, dans laquelle se produiront toutes les vedettes de l’époque : Michel Polnareff, Eddy Mitchel, Claude Nougaro, Tom Jones, les Who….et où défileront également tous ses amis du cinéma franç

      

    ANDRE POUSSE, cycliste puis acteur...(1)ais.

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  • ANDRE POUSSE, cycliste puis acteur...(1)

     

    Années 40: poursuites sur les Falaises de la rue Nélaton
                   
    C’est ainsi que débute une belle carrière, André commence par s’entraîner sur route bien sûr, mais c’est sur la piste qu’il fera parler de lui, puisqu’ après quelques années dans un club amateur, il passe professionnel et accède au saint des saints.

    Qui se souvient aujourd’hui du Vélodrome d’Hiver de Paris, le fameux Vel d’hiv et de ses courses de 6 jours ? Pour rafraîchir la mémoire des plus anciens et pour éduquer les autres, rien ne remplace la description qu’en fait André lui-même:

    « Le Vel d’Hiv avait été construit dans le quartier Grenelle (…) dans un vieux bâtiment de l’Exposition universelle de 1889(..), c’est là que se déroulaient les « 6 jours » de Paris, qui sont des courses à l’américaine (…) inventées par les Américains, d’où leur nom, vers la fin du 19è siècle. C’était très populaire là bas. Le coureur était seul, sans équipier, et il devait pédaler six jours et six nuits de suite. Cela finissait souvent à l’hôpital. Pour stopper l’hécatombe, on a créé les équipes de 2 coureurs se relayant à volonté. C’est devenu plus humain.

    L’ambiance des 6 jours au Vel d’Hiv, c’était quelque chose. Du folklore populaire à l’état pur, surtout le samedi soir. Sous la lumière des lampes à arc, les sprints, les chasses se succédaient au son de l’accordéon qui sortait des hauts parleurs, tandis que la foule hurlait dans les tribunes pleines à craquer. Près de 20 000 personnes venaient avec des saucissons, des camemberts et du gros rouge…Des couples emmenaient même les mômes et leurs pots de chambre.(…)

    En plus des coureurs qui tournaient sans relâche sur la piste aux virage tellement relevés qu’on les avait surnommés « les Falaises », il y avait un second spectacle qui changeait tous les jours, ça se passait dans les loges de pelouse, au milieu de la piste, où était installé un restaurant de luxe. Le Tout-Paris venait y souper en smoking et en robe du soir. On pouvait aussi y voir les artistes à la mode,(…) et c’est là qu’avait lieu l’élection de Miss 6 jours.

    A tout ce monde parisien, on peut ajouter le gratin de la voyoutocratie locale : les macs, leurs gagneuses et les malfrats de tout poil, ce qui faisait dire à certains qu’il y avait de quoi remplir quelques voitures cellulaires et que si on avait collé à chacun 6 mois de cabane et 5 ans d’interdiction de séjour, personne n’aurait eu l’idée de faire appel. »
    C’est là qu’André passe ses 20 ans, même si la guerre constituera une parenthèse de taille dans sa carrière. Il est mobilisé comme tout la monde pour aller faire la « drôle de guerre », avant de subir l’exode puis de revenir à Paris en 1941. Il reprend le vélo et retourne s’entraîner au Vel d’hiv qui est resté ouvert.

    André Pousse au départ d’une course au Vel d’Hiv

    Il connaîtra ses meilleurs moments sur la piste entre 1942 et 1949 avec ses différents équipiers : Victor Delvoye / Amédée Fournier / Daniel Dousset / Alvaro Giorgietti. Il affronte les coureurs Flamands, assure le spectacle, régale le public, gagne le respect du Milieu et fait rêver les gamins qui se bousculent pour tenir les vélos des champions avant le départ. Un de ses jeunes admirateurs de l’époque aura son heure de gloire quelques années plus tard, un certain Alain Delon.

    L’année 1948 est marquée par un voyage aux USA comme on peut difficilement les imaginer aujourd’hui. Après l’arrivée grandiose dans le port de New York sur le De-Grass, un 4 étoiles flottant, André est immergé dans le sport/spectacle américain, il multiplie les « 6 jours » et les rencontres. C’est lors de ce séjour qu’il sympathise avec Marcel Cerdan et qu’il fait connaissance avec sa célèbre partenaire à la ville : Edith Piaf.

    La chance ou la malchance frappent parfois là où on les attend le moins : quelques mois plus tard, il avait prévu de faire un dernier trajet en avion avec son ami Marcel Cerdan, avant de changer d’avis et si ce voyage a scellé le destin tragique du boxeur, il a été pour le pistard un tournant vers une nouvelle carrière

    Marcel Cerdan devient champion du monde en battant Tony Zale aux USA en 1949

    André reste en effet un an aux USA, croisant entre 2 courses quelques mafieux notoires, avant de revenir courir en 1949 ses derniers 6 jours de Paris et de mettre un terme à une brillante carrière. Excellent sprinteur, il affiche un beau palmarès et est toujours détenteur du record du tour du Vel d’Hiv, ce qui inspira à Jean Gabin une réplique inimitable : « T’as bien fait de faire détruire le Vel d’Hiv Dédé, comme ça t’es sûr qu’on te piquera pas ton record du Tour »....André Pousse reste avant tout un Pistard de grand talent.

    Vel d’Hiv (1948), André propulse son équipier

    Vel d’Hiv (1949), André Pousse, à gauche

    Vel d’Hiv: les viragesANDRE POUSSE, cycliste puis acteur...(1)

     

    Vel d’Hiv: les tribunes populaires

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