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    761st Tank Battalion
     

    Activé le 1er Avril 1942 comme bataillon léger , ce bataillon a la particularité d'être composé d'Afro Americains et il reçu ses premiers officiers noirs en Juillet 1942 .

     

    À partir de Novembre 1944, ils ont engagé l'ennemi pendant 183 jours consécutifs, le fer de lance de nombreuses offensives de Patton lors de la bataille des Ardennes et dans six autres pays européens.

     



    Le 761e a mis hors de combats plus de 6.000 soldats de l'axe , capturé trente villes, libéré des juifs de camps de concentration et est connu comme le premier bataillon de char afro americain de l'Histoire .

     





    www.761st.com

    en.wikipedia.org/wiki/U.S._761st_Tank_Battalion

    afroamhistory.about.com/od/761stbattalion/

    www.treefrogtreasures.com/forum/showthread.php?t=10237

     

     

     

     

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    555th Parachute Infantry Battalion

     





     

    Le 555Th Parachute Infantry Battalion a été une unité aéroportée Afro Américaine durant la Seconde guerre mondiale .

    L'unité n'a pas été engagée sur un théâtre d'opérations .

    Cependant, en Mai 1945, elle a été envoyée à la côte ouest des États-Unis pour lutter contre les incendies de forêt allumés par des Japonais , ces incendies étaient causés par des ballons transportant des bombes incendiaires.



    Bien que cette menace potentiellement grave ne s'est pas matérialisée, le 555e a combattu de nombreux autres incendies de fôret .


    Stationné à Pendleton Field, dans l'Oregon, avec un détachement de Chico, en Californie, les membres de l'unité ont participé avec courage dans des conditions dangereuses à lutter contre les incendies à travers le Pacifique Nord-Ouest au cours de l'été et l'automne de 1945, ce qui lui a valu le surnom de "Smoke Jumpers" en plus de "Triple Nickles ».

    Le seul incident mortel dans l'unité a eu lieu le 6 août 1945 lorsqu'un :

    " Smoke Jumper" s'est tué en sautant .



    Peu de temps après son retour au Camp Mackall en Octobre 1945, le 555e bataillon de parachutistes d'infanterie a été transféré à Fort Bragg, en Caroline du Nord, son domicile pour les deux prochaines années.

    Au cours de cette période, l'unité a été joint à la 82d Airborne Division.

    . Lorsque le bataillon a été désactivé le 15 décembre 1947 , la plupart de son personnel a été réafecté à la division organique de la 3d Bataillon du 505ème Régiment de parachutistes d'infanterie.

     



     







    Plus d'informations ici :

    http://www.usairborne.be/Autres%20Unites/555pib_txt.htm

    http://www.triplenickle.com/smjprs.html

    http://www.celebratefreedomfoundation.org/555.htm

     

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  • Soldats américains, en décembre 1944.

    Les Noirs, jusque-là écartés des unités combattantes, ont été utilisés

    comme troupes de choc à la fin de la guerre,

    notamment dans les Ardennes, lors

    de la dernière offensive de l'armée allemande

     

     

    Histoire

    Souvenir des soldats invisibles de la Bataille des Ardennes.

     

    Les 11 de Wereth

    ADAMS Curtis

     

     

    On ne réalise pas toujours que, pendant la Bataille des Ardennes, le facteur décisif dans la défense de Bastogne fut le support de l’artillerie à la ville encerclée.

      

    Une des unités d’artillerie lourde (155 mm) était le 969th FAB

    (unité composée d’Afro-Américains) auquel s’étaient joints les quelques howitzers et rescapés du 333rd FAB (unité noire également).

     

      

    Pour ces actions, le 969th FAB reçut la Presidential Unit Citation, la plus haute distinction miliaire qu’une unité puisse recevoir.

      

    Mais en dépit de leurs services, ô combien méritoires, la participation des GI’s noirs dans la Bataille des Ardennes ou dans d’autres actions de la WWII n’est pas connue ni surtout reconnue.

      

    Certains connaissent les Tuskegee Airmen, le 761st TB et le Red Ball Express.

    Mais la majorité des soldats noirs de la seconde guerre mondiale

    (ils étaient 260.000 en Europe) n’ont pas été oubliés par l’histoire :

    ils n’ont simplement jamais été reconnus.

    C’étaient des « soldats invisibles ».

      

    Soldats invisibles dont faisaient partie les 11 jeunes artilleurs du 333rd FAB qui furent assassinés par des SS après s’être rendus le lendemain du déclenchement de la Bataille des Ardennes.

    Le 333rd FAB était une unité de 155mm howitzers engagée continuellement dans des actions depuis son débarquement à Utah Beach le 29 juin 1944.

    Typique pour de nombreuses unités ségrégées de l’époque, elle était composée de soldats noirs et commandée par des officiers blancs.

      

      

      

    En décembre 1944, l’unité était située à proximité de St Vith (B), plus précisément dans le petit village de Schönberg où ils étaient arrivés en octobre 1944.

      

    La batterie Service était à l’ouest de la rivière Our tandis que les batteries A-B et C étaient de l’autre côté, à l’est de la rivière, en support du VII Army Corps et plus spécialement de la 106th Infantry Division.

      

    Dès les premières heures du 16 décembre 1944, l’artillerie allemande commença son tir sur la région de Schönberg.

      

    Dans l’après midi, après avoir pris connaissance de la rapide progression des troupes ennemies, tant de l’infanterie que des blindés, le 333rd reçut l’ordre de se déplacer plus à l’ouest mais, à la demande du commandant de la 106th, de laisser la batterie C et la batterie Service en position pour supporter le 14th Cavalry group et la 106th ID.

     



     

    Au matin du 17, les Allemands arrivèrent à Schönberg et prirent le contrôle du pont sur l’Our menant à St Vith. La batterie Service tenta de se déplacer vers St Vith à travers le village mais fut prise sous un feu nourri.

      

    Ceux qui ne furent pas tués furent forcés de se rendre. Quelques uns parvinrent à s’échapper et partirent vers le nord dans l’espoir de rejoindre les lignes américaines. Onze hommes se retrouvèrent aux environs de 15.00 h à proximité de la première maison du petit hameau de Wereth (B), une ferme tenue par Mathias et Maria Langer.

      

    Une amie des Langer était également présente dans la maison.

    Les hommes, après avoir erré une grande partie de la journée à travers bois dans la neige, étaient gelés, affamés et épuisés.

      

    La famille Langer les accueilli et leur donna à manger.

    Dans cette partie de la Belgique, tous les Américains n’étaient pas partout reçus comme « libérateurs ».

      

    En effet, cette région avait fait partie de la Prusse avant la Première Guerre mondiale et après un rattachement de 20 ans à peine à la Belgique, avait été annexée par les Nazis en 1940.

      

    Dans cette région frontalière, certains habitants se sentaient encore plus Allemands que Belges. Les gens parlaient allemand et ils avaient été en quelque sorte forcés de devenir citoyens belges lorsque le territoire fut donné à la Belgique au titre de réparations de guerre en 1920.

      

    Contrairement au reste de la Belgique, de nombreuses personnes avaient acclamé l’arrivée des Nazis en 1940 et quelques uns encore en décembre 1944 à cause surtout de leurs liens assez étroits avec l’Allemagne.

      

    Mathias Langer n’était pas de ceux-là. Au moment où ils recevaient les Américains, il cachait dans son fenil, deux déserteurs de l’armée allemande et il venait d’envoyer son fils aîné à l’intérieur du pays pour échapper à l’enrôlement de force par les Nazis.

     

    Aux alentours de 16.00 h, une patrouille allemande de 4 hommes de la 1. SS Pz Division appartenant au Kampgruppe Knittel (de récentes informations montrent que ces hommes étaient de la 3./SS-Pz AA 1 LSSAH) arriva à Wereth dans une voiture amphibie. Il est certain que les Allemands avaient été informés de la présence des noirs chez les Langer.

      

    Lorsque les SS arrivèrent à la ferme, les 11 GI’s se rendirent sur le champ, sans résistance. Ils furent obligés de s’asseoir dehors sur le sol détrempé et glacial jusqu’à la tombée de la nuit. Les Allemands les firent alors marcher devant leur véhicule et descendre le chemin. En début de nuit, des coups de fusil retentirent. Le lendemain matin les villageois découvrirent les corps des hommes dans un chemin creux en bordure de prairie.

      

    Dans la crainte du retour de l’ennemi, l’endroit étant encore en zone de combat, ils ne touchèrent pas aux corps. La neige alors les recouvrit et ils reposèrent sous ce blanc linceul jusque fin janvier/début février 1945 lorsque les membres du 99th Inf. Div., I&R Platoon arrivèrent sur place.

      

    Les corps étaient gelés et n’avaient pas été touchés depuis le massacre.

      

    Le rapport officiel nota que les hommes avaient été brutalisés :

    ils avaient les jambes brisées, des coups de baïonnettes sur la tête et certains avaient même les doigts coupés. Il apparaissait même clairement qu’un des hommes avait essayé de faire un bandage à l’un de ses infortunés camarades. Le photographe officiel de l’armée compléta le dossier par des photos qui mettent bien en évidence la brutalité du massacre.



                                           

                                           

    Une enquête commença immédiatement avec la classification « S.E.C.R.E.T. ». Les témoignages furent recueillis par le 99th Inf. Div. auprès des Langer et de la femme présente chez eux.

      

    Le cas fut transféré à la Commission des Crimes de Guerre.

      

    Cependant les enquêtes montreront qu’il était impossible d’identifier clairement les meurtriers (pas de badge d’unité, ni n° de véhicule etc.) à l’exception du fait qu’il s’agissait de la 1. SS Pz Div. En 1948, la classification « S.E.C.R.E.T. » fut effacée et le cas fut classé sans suite et tomba aux oubliettes.

    Le meurtre de ces 11 hommes à Wereth sembla définitivement oublié et impuni. Sept de ces hommes sont enterrés au Cimetière Militaire Américain de Henri Chapelle et les quatre autres furent rendus à leur famille après la guerre et enterrés dans des cimetières locaux.

    Les 11 de Wereth semblèrent demeurer inconnus de tous sauf de leur famille jusqu’en 1994.

      

    A ce moment, Herman Langer, le fils de Mathias qui avait abrité et nourri les hommes, planta une simple croix de cimetière dans le coin de prairie où ils subirent leur martyre. Il grava les noms des disparus afin que, 50 ans après les faits, ils ne soient plus oubliés.



                                           

    Mais ce petit mémorial ainsi que le tout petit hameau de Wereth demeuraient inconnus de tous. Dans ce petit coin de Belgique sans école ni magasin, il n’y avait rien pour indiquer le monument qui n’était repris dans aucun guide ni sur aucune carte de la Bataille des Ardennes. Il était quasi introuvable aux confins de la Belgique.

    En 2001, 3 citoyens belges s’embarquèrent dans une folle aventure afin de mettre en valeur ce monument et rendre hommage non seulement aux 11 de Wereth mais également à tous les Afro Américains ayant combattu en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Avec l’aide d’un chirurgien de Mobile, AL, dont le père avait combattu et fait prisonnier pendant le Bulge, publicité fut faite aux Etats-Unis ainsi qu’en Belgique et la recherche de fonds commença.

    Les trois idéalistes belges achetèrent le terrain et commencèrent la mise en valeur du site.



                                           

     

    Wereth figure à présent, sur les cartes de la Bataille des Ardennes et dans les brochures consacrées au 60e Anniversaire de la Bataille.

    L’inauguration eut lieu en 2004 lors d’une émouvante cérémonie militaire.



                                           

    Cependant les recherches continuent au sujet des hommes et de leurs unités. Deux familles ont déjà été retrouvées et localisées ainsi que 3 des 4 tombes aux Etats-Unis.

    C’est le seul mémorial dédié aux soldats noirs et à leurs unités pour le second conflit mondial en Europe.

    Les efforts consistent à présent à entretenir le site, le faire connaître au public et à encourager les unités noires à y rendre hommage.

      

    Notre profond souhait est de focaliser en ce lieu le souvenir du sacrifice de tant d’Américains pendant ce conflit.

    Toute contribution est chaleureusement reçue et est entièrement dédiée à la préservation du site. Notre but est que les 11 de Wereth ainsi que tous les autres combattants noirs soient enfin rendus « visibles » pour les Américains et pour l’Histoire. Ils ont payé le prix suprême pour notre liberté, ne l’oublions jamais.

     



                                           


     

     

     

     

     

    Les 11 de Wereth

    ADAMS Curtis

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    Les maquis dans le Morbihan en 1944

      

      

    Si l'on se réfère à "l'Histoire de la Libération de la France" de Robert Aron(tome II juin 1944-mai 1945, chapitre III consacré à la "Libération de la Bretagne"), en juin 1944, notamment au moment dudébarquement, les effectifs des maquis combattant dans le Morbihan était estimé à 7.000 hommes en principe dotés d'armes, sur un total de 19.500 hommes pour l'ensemble de la Bretagne dont à peine la moitié au maximum était dotée d'armes.

    L'organisation F.F.I. de Londres inclut le département en tête de la région M3, ce qui le fait bénéficier de parachutages d'armes prioritaires. Mais dans la réalité, la région M3 dépend elle-même de la région M, la Loire-Atlantique, dépendant théoriquement de la région M2 avec la Vendée et le Maine et Loire se trouvant le plus souvent impliquées par les actions de combat en Bretagne.

    Carte du Morbihan

     

    Mobilisation et encadrement

    On dénombrait 10 bataillons F.T.P.(francs-tireurs et partisans d'obédience communiste) pour 9 bataillons F.F.I.(Force française de l'Intérieur, engendrées par la réunion des moyens humains de notamment l'Armée secrète (A.S.), de l'O.R.A. (Organistaion de résistance de l'Armée), du mouvement Libération, de l'O.C.M. (Organisation civile et militraire). Les F.F.I. étaient souvent plus âgés et encadrés par des militaires expérimentés. En revanche, les F.T.P. sont souvent âgés de 18 à 25 ans et manquaient d'encadrement militaire entraînés.

    En juillet 1944, l'effectif des maquis du Morbihan passeront à 9.000 hommes dont 2.000 hommes sans armes.

    En Morbihan, comme dans le reste de la Bretagne qui formait la région M3 pour le B.C.R.A., les F.F.I., plutôt gaullistes et les F.T.P. sous obédience communiste, collaborent sans arrière-pensée. Mais ces chiffres doivent être interprétés prudemment car l'effectif d'un bataillon pouvait varier de 400 à 1.200 hommes.

    Le commandant départemental de la gendarmerie, Guillaudot est passé dans l'action clandestine dès 1941, suivi par la totalité de ses brigades, de telle sorte que le maquis était dans la capacité d'assurer l'intégralité des parachutages d'armes, la formation à leur usage et la récupération des aviateurs alliés abattus. Chargé entre autres du réseau "Action du Morbihan", il était placé sous les ordres du général Audibert, chef de l'armée secrète pour la Bretagne. Arrêté le 10 décembre 1940, il sera remplacé par un officier de marine en retraite, Chenailler, plus connu sous le nom de colonel Morice.

    Autre collaborateur d'Audibert, le commandant Yacco, entré en résistance dès le mois d'octobre 1940, qui deviendra le chef du maquis de Loire-Atlantique, recevra le double des Instructions pour le jour J données au général Audibert, lui-même devenu adjoint pour l'Ouest du commandant de l'armée secrète à Paris, le colonel Alma, à Paris.

     

    Un test du Plan Vert

     

     

     

     

    Les actions des maquis du Morbihan ont été précédées, le 10 décembre 1943, par l'arrestation du Commandant Guillaudot, et le 1er janvier 1944, par celle du chef du 2ème bureau du général Audibert, Audren, qui a parlé sous la torture. C'est dans ce contexte que l'état-major du S.H.A.E.F. a exigé un test en grandeur nature du plan vert, en demandant, peu après le rétablissement des communications avec Londres et via le Comité d'Action immédiate de Paris, un ordre de destruction immédiate des moyens de communications ferrées à entretenir durant une semaine.

    Cet ordre sera exécuté à la lettre à partir de la nuit du 6 au 7 mai 1944. Plusieurs groupes FTP et corps francs vont couper, la ligne Paris-Quimper, celle de Ploërmel-Cuer, interrompue au niveau du camp de Coëtquidan, la ligne passant en gare d'Augan, et celle passant à Dol, sont coupées. Ces sabotages seront entretenus pendant huit jours au prix d'engagements meurtriers contre les troupes allemandes chargées de la sécurité des voies qui perdont une trentaine d'hommes, contre 22 maquisards tués. Mais ainsi, la preuve est gravée dans le sang de l'efficacité du maquis breton qui va se voir confier la destruction des voies ferrées de sa région et bénéficiera, en retour et autant que faire se peut, du soutien de l'aviation alliée.

    Le réduit du maquis de Saint-Marcel
    Le document ci-dessus, qui a une très haute valeur historique, figure
    sur la page "forum du 2ème R.C.P." (page bloquée)

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    Opérations Grog

    Mais l'entrée dans la guerre des maquis du Morbihan intervient véritablement juste après l'intervention dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 de l'opération GROG, par les parachutistes S.A.S français, c'est à dire après la réalisation de la mission Cooney qui a consisté à saboter les lignes de chemin de fer suivantes en Morbihan:

    1. Pierre 410 : Maire Louis (Lt) , Bourrec Pierre , Tauzin Félix: voies ferrées entre Redon et Questembert.
    2. Pierre 411 : De Kerillis Alain (Slt) , Morizur Ambroise , Terisse René: voies ferrées entre Questembert et Vannes.
    3. Pierre 412 : Bres Michel ( Slt) , Briand Georges , Plat Jean-Jacques: voies ferrées entre Ploermel et Messac.
    4. Pierre 414 : Larralde Gualberto (Cne) , Hartmanshenn Jean , Navailles Gaston: voies ferrées entre Auray et Pontivy.
    5. Pierre 415 : Corta Henry (Asp) , Caporal André Bernard , Folin Françis: voies ferrées près de Loyat, (Région de Ploermel).

    A l'écoute le 4 juin 1944 au soir, et après l'audition du message "La Flèche ne percera pas", les maquis de Bretagne et les F.F.I. passent simultanément à l'exécution des plans Vert (destruction des voies ferrées) et Violet (lignes téléphoniques aériennes et souterraines mises hors d'usage pour la Wehrmacht). Il faut compter 18 jours pour qu'un train militaire fasse le parcours Brest-Redon avec des risques d'interception par l'aviation alliée.

     

    Le maquis Saint-Marcel

     

     

     

     

    Un centre mobilisateur est créé tout près du village de Saint-Marcel, dans une ferme couvrant 70 hectares où est créée une drop zone et où affluent (au su de l'armée allemande qui n'attaquera que le 18 juin 1944) dans une atmosphère de kermesse, quelques 8.000 réservistes, répartis en 12 bataillons dont huit vont bientôt rejoindre leur zone.

    En effet, le maquis qui déborde littéralement d'hommes est renforcé chaque jour par les hommes encadrés du 4ème régiment de parachutistes (environ 4000 hommes encadrés) qui rejoignent le maquis Saint-Marcel après avoir réalisé leur mission de sabotage et de harcèlement des troupes allemandes. Le 10 juin 1944, le colonel Bourgoin, qui est manchot, est largué sur la drop zone du maquis de Saint-Marcel. Très vite, la tête du commandant des parachutistes français est mise à prix pour un million de Francs et tous les manchots du département sont arrêtés...

    La situation du camp de Saint-Marcel devient de plus en plus dangereuse: les Allemands ont en effet mis en place de fausses "drop-zones" afin de recueillir les containers d'armes et de munitions destinées au maquis. Du 8 au 17 juin, veille de la bataille, l'activité du camp peut se résumer ainsi:

    • préparation d'une action commune S.A.S - Résistance. Encadrement et instruction des volontaires avant l'envoi en mission.
    • forts largages quotidiens (de nuit) de logistique, armement et munitions afin d'équiper les bataillons présents sur le Camp (plus de 2500 hommes) , qui seront effectivement équipés avant le 18 juin.
    • parachutage des renforts S.A.S par groupes, dont le Commandant Bourgoin et son E.M dans la nuit du 9 au 10 juin.
    • récupération des sticks "Cooney-Parties" sur la Base établie à Saint-Marcel et des éléments de "Samwest" qui peuvent rejoindre après leur dispersion.
    • largage pour la première fois sur le théâtre européen de 4 jeeps armées (ndr: les jeeps armées généralement d'un bofor de 40 en déporté au lieu de deux mitrailleuses lourdes jumelées ont été utilisées pour la première fois à "El Alamein") dans la nuit du 17 juin.
    • réalisation d'opérations de guérilla depuis la Base.

    Le 18 juin, se trouvent sur le camp : 200 parachutistes de l'Etat Major et de la 2ème Compagnie (2è Squadron) du 4è B.I.A et un peu plus de 2500 F.F.I. formant principalement les 2ème, 8ème et 9ème Bataillons F.F.I. A 4h30 du matin, une patrouille motorisée de 8 feld gendarmes allemands est prise à partie. Le seul Allemand qui parvint à s'échapper et à donne l'alerte.

    Le lieutenent-colonel Bourgoin

    Deux heures plus tard, un bataillon de 200 Allemands tentent de s'infilter pour occuper le château "Les Hardys" à l'Est du camp et sont pratiquement anéantis. A neuf heures, c'est un régiment qui débarque des camions le long de la RN 774 et ne parvient pas à s'emparer du même objectif. Or des renforts estimés à une division, comprenant de l'artillerie, des unités de Géorgiens, des troupes anti-parachutistes et même des blindés venant de Coëtquidan et de La Baule commencent à affluer sur le secteur malgré le harcèlement de la RAF.

    La décision sage est prise par "le Manchot" d'abandonner le camp à partir de 22 h 30 et de disperser les troupes dans le Finistère et la Loire-Atlantique. A 23h 30, une demi-heure après le dernier décrochage des compagnies engagées, les munitions et les stocks sautent. Au bilan, l'opération a coûté 560 tués aux Allemands et de nombreux blessés, et la mort de 50 parachutistes et de 200 maquisards tués ou disparus. De faibles pertes par rapport aux 10.000 maquisards équipés et encadrés du département qui restent sur pied de guerre et la rage de la vengeance vissée aux tripes. Et ce, d'autant plus qu'une répression féroce s'abat sur la région: Le village de Saint-Marcel a été incendié et est pratiquement anéanti, les villages environnant sont soumis à un couvre-feu total et à l'interdiction absolue de circuler, mesures associées à des représailles féroces contre la population civile, dont le bilan ne semble jamais avoir été dressé.

    Mais, dans l'opération du maquis Saint-Marcel, il y avait finalement beaucoup plus que le sacrifice de 250 hommes soutenus par les alliés. Alors qu'une cinquantaine milliers de soldats d'élite allemands attendaient un débarquement hypothétique sur le littoral de la Côte d'Opale, elle crédibilisait la stratégie alliée d'un deuxième possible débarquement en Bretagne, dans la zone de la presu'ïle de Crozon, au lieu du du littoral de la Côte d'Opale... On se trouve alors en présence d'une opération prolongeant l'opération "Fortitude South". De quoi donner de fortes migraines à Adolph Hitler, en entretenant les hésitations du Führer, qui, depuis son nid d'aigle, ne tolérait plus la moindre contradiction de ses généraux opérant sur le terrain!

    Le plan Patton approuvé par le S.H.A.E.F.

    Un des maillons essentiels de la libération de la Bretagne s'est donc mis en place à la faveur de cette bataille, avec l'idée que les batailles rangées contre les formations allemandes devaient être évitées au profit d'un vraie Guerre de Chouans. Cette expérience, et son efficacité qui ont fortement influencé les alliés, va servir quelques semaines plus tard, et avec près d'un mois d'avance à la préparation de l'exploitation de la percée d'Avranches par la troisième Armée U.S. commandée officiellement par Patton à compter du 1er aoüt 1944.

    Parmi les ordres reçus par le capitaine Mercier dès le 10 juillet 1944, celui d'armer le maquis de Rosporden, dans les Côtes du Nord. Il s'y ajoutrera un programme d'équipement de 30.000 maquisards bretons, le parachutage de neuf équipes de Jetburghs chargées des liaisons avec les forces aériennes (PC d'Uxbridge), et celui d'un staff d'une vingtaine d'officiers à parachuter formant l'état-major du colonel Eon. Tel était la teneur de l'ordre de mission frappé du sceau "Bigot" (le sigle "Bigot" signifiait que la mission était approuvée par le S.H.A.E.F. et relevait du secret absolu), qui fut remis au colonel Eon, le 4 juillet 1944 à 10 heures par le chef d'Etat-major du général Koenig,chargé de réaliser cette mission, ainsi que le révèle Robert Aron dans son Histoire de la Libération de la France (juin 1944-mai 1945) qui constitue le meilleur document historique sur la collaboration entre les maquis bretons et le Commandement allié un mois avant la percée d'Avranches.

    Le général Patton avait-il à ce point confiance dans les qualités guerrières des maquisards bretons qu'il préparait dès le 21 juillet 1944 la savante manoeuvre n'engageant en Bretagne que le 8ème Corps de la 3ème Armée qu'il commandait au lieu des trois Corps d'Armées comme l'avait prévu OVERLORD? C'est la solution qui lui permettait de lancer respectivement les 15ème et 20ème Corps (encore incomplètement constitués) de son Armée sur Laval et Angers! C'est bien ce que laisse entendre Robert Aron dans son "Histoire de la Libération de la France" (juin 1944-mai 1945) et qui paraît parfaitement vraisemblable. D'autant plus que, quelques semaines plus tard, un autre général américain va étroitement collaborer avec les maquis alpins en appliquant le plan "Faisceau".

    Dès le 3 août 1944, en se conformant aux ordres reçus de la 3ème armée américaine, 6.000 maquisards occupent les hauteurs au Nord de Vannes et contiennent les attaques allemandes jusqu'à leur relève par l'Armée américaine.Mais les maquisards en ont fait plus puisqu'ils ont également occupé la zone de JOSSELIN. Dès le lendemain au soir, la quatrième division blindée qui avait traversé et libéré REDON, commence sa progression vers VANNES (flux en bleu marine sur la carte).

     

    L'intervention de la 4ème D.B. US

     

     

     

     

    Alors que Le 4 août 1944 des éléments de reconnaissance de la 6ème division blindée, théoriquement en route pour Brest atteignaient GOURIN, dans la partie Nord-Ouest du Morbihan, le major général Hugh J. Gaffey, Chef de l'État Major de la 3èmearmée, envoyait dans l'après-midi, au général Middleton un mémorandum indiquant que le Général Patton «supposait qu'en plus de bloquer les routes…, vous poussez la partie [de la 4ème division blindée] à l'ouest et au sud-ouest à la région de Quiberon, y compris les villes de Vannes et de Lorient, selon le plan d'armée.» A ce moment, les groupes de combat de blindés disposés autour de Rennes manquaient dramatiquement d'essence! mais les camions du train seront disponibles pour réapprovisioner l'ensenble des groupes de combat au cours de la nuit du 4 au 5 août 1944

    Les instructions du Commandement de la 3ème armée vont donc mettre fin, au moins provisoirement aux états d'âme du général Wood qui a donné l'ordre au matin du 5 août au Groupe de combat "A" (C.C.A.) de la 4ème DBUS de se dirigier vers Vannes, à 70 miles vers l'Ouest. Les unités de tête sont parties vers 14h00 pour entrer dans Vannes vers 21 heures. Elles ont trouvé sur leur chemin un bataillon de FFI, qui avait déjà capturé le terrain d'aviation de Vannes et ont guidé leur colonne par les approches les plus sûres. Il est vrai que quelque 6.000 maquisards avaient bloqué les allemands dans la ville en partie infiltrée. L'avance du CCA fut si rapide que les Allemands occupant la ville n’avaient pas eu le temps de mettre en oeuvre des démolitions. Le groupe de combat a capturé intacts tous les ponts et autres installations importantes.

    Après la capture de Vannes qui coupait la péninsule bretonne à la hauteur de la frontière Est du Morbihan, de sa base, les allemands ont contre- attaqué au matin du 6 août depuis Auray en s'infiltrant en arrière des avant-postes du C.C.A.. Le colonel Clarke a dû constituer une Task Force pour rétablir les positions et poursuivre l'ennemi jusque dans sa base de départ en prenant Auray le lendemain matin. Là-dessus, le colonel Clarke, a envoyé un groupe de la Task Force à quinze miles à l'ouest d'Auray pour capturer saisir un pont à Hennebont, près de Lorient. Menée Conduite par des chars légers, fonçant à travers des tirs d'artillerie, la colonne n'a pu que constater que les Allemands venaient juste de détruire le pont de Hennebont. Après un détour à deux miles au nord, le CCA a traversé le Blavet à Lochrist, et a établi sa jonction avec le Groupe de combat "B" (CCB) du Général Dager qui avait progressé directement sur Lorient.

    La poche de Lorient.
    Illustration de la page chemin de mémoire
    intitulée Libération de la poche de Lorient.

    En fait, les bataillons FFI du Morbihan avaient précédé les Américains d'abord à Vannes, puis à Lorient. il s'agit notamment des 1er ORA « Hervé », 2° ORA Le Garrec, 3° ORA Robo, 4° FTP Rucard, 5° FTP « Jacques », 6° FTP « Charles », 7° ORA Muller, 8° ORA Caro, 9° AS Le Gouvello, 10° Libé-Nord Le Coutaller, 11° FTP Icard, 12° OCM La Morlais, qui investissent les poches de Lorient et Saint-Nazaire aux côtés des Américains. Ils seront renforcés au fur et à mesure de la libération des villes bretonnes par les 1er, 2°, 3°, 4° et 17° bataillons du Finistère, et les 2°, 13°, 14°, 15°, 16° bataillons des Côtes du Nord et le corps franc de l'air Valin de la Vaissière (Loir et Cher).(11)

    Atteignant la périphérie de Lorient fortement défendue au matin du 7 août, le CCB a contourné la ville par le nord pour attaquer par le village de Pont-Scorff au Nord-Ouest semblant moins bien défendu. Mais quand l'avant-garde est entrée dans le village, elle a été accueillie par des tirs d'artillerie allemands très denses tuant 20 hommes, en blessant 85 autres, en détruisant également 5 half-tracks, 6 jeeps, 2 camions, et 2 véhicules blindés, et en endommageant une vingtaine d'autres véhicules. C'est également à partir de ce jour que les Forces françaises de l'Intérieur seront appelées officiellement par la troisième Armée US à entreprendre la fermeture et le siège des poches allemandes en Bretagne, en particulier celles de Saint-Nazaire, Lorient, Brest et Saint-Malo.

    De peur que la 4ème Division blindée ne soit entraînée dans une guerre statique à Lorient, le général Wood a reçu l’ordre de son supérieur Middleton de tenir les blindés hors de portée des armes de la forteresse. Un message écrit maunellement probablement par Middleton, daté du 8 août 1944 à 11h45 de tenir les blindés hors de portée des armes de la forteresse: « Ne pas être impliqué dans un combat pour Lorient sans attaques ennemies, et prendre une position de sécurité et observer simplement les développements.»

    A ce propos, Martin Blumenson écrit dans "Breakout and Pursuit" (Chapitre XIX, p.364, dernier alinéa):"En réalité, la forteresse de Lorient n'était pas aussi imprenable qu'il apparaissait aux Américains. Le commandant chevronné allemand de Lorient, Fahrmbacher, se sentait sérieusement menacé par une attaque puissante des blindés américains contre ses positions. Si Wood avait attaqué entre les 6 et 9 août, a indiqué plus tard Fahrmbacher, la forteresse serait probablement tombée. Les défenses de Lorient n'avaient pas été encore organisées; des secteurs entiers étaient encore inoccupés; plusieurs des troupes n’étaient pas encore formées. Même la chaîne de commandements n'avait pas encore été fermement établie. Des préparations avaient été faites pour une garnison de 12.000 hommes dans Lorient, mais à la place, il y avait environ 25.000 Allemands, plus 10.000 civils français qui constituaient un cheval de Troie potentiel et un certain doute sur les approvisionnements. Au lieu des 500 canons estimés par les Américains, Fahrmbacher n’avait que 197 canons dans la forteresse et 80 canons anti-chars. A partir du 10 août, quand Fahrmbacher a estimé qu'il avait mis en place une défense appropriée, au moins provisoire, la pression américaine a diminué au point qu'il ne s’attendait plus à une attaque." (*)

    Lors d'une conférence à une heure avancée du 8 août, Patton avait informé Middleton que le VIIIème corps avait toujours la mission de dégager la Bretagne. Le contrôle des ports de Saint-Malo et de Brest avait la priorité sur la capture de Lorient. Ainsi, Wood devrait continuer de contenir Lorient jusqu'à ce que Saint-Malo et Brest aient été prises. C’est seulement quand des forces suffisantes du VIII ème Corps en Bretagne pourraient être assemblées pour aider Wood «à prendre Lorient actuellement hors de l'épure.» Il était clair que le général Middleton ne disposait pas assez de troupes pour tout faire en même temps et qu'il devait exécuter un objectif après l'autre. Wood devrait donc attendre.

    Mais Patton avait été sensible aux états d'âme du général Wood, qui, à la tête de la 4ème Division blindée, avait parfaitement su tirer parti de l'opération Cobra. Patton avait donc souhaité que Middleton envoye quelques troupes vers Nantes pour soulager une Task Force américaine contenant les Allemands tenant cette ville portuaire. Bien sûr, Middleton a préféré garder la 8ème D.I. sous son coude à Rennes pour pouvoir l'employer afin de renforcer l'attaque contre Saint- Malo. Non seulement il a invité le général Wood à contenir Lorient, mais il lui a également suggéré d'envoyer un groupe de combat à l'est de Lorient vers à Nantes. Une unité américaine gardait Nantes, mais Middleton ne savait pas exactement laquelle et où elle étaitexactement.Il fallait donc envoyer de la cavalerie le long de la Loire pour soutenir l'unité de combat américaine à l'est de Saint-Nazaire et Nantes et établir le contact avec les troupes US à Angers. Des instructions qui ne pouvaient qu'apporter du baume aux états d'âme du Général Wood

    Le 11 août 1944, les Allemands ont évacué, (partiellement semble-t-il), BELLE-ISLE-EN-MER par la presqu'île de Quiberon. Alors que le groupe de Combat "B" de la 4ème Division blindée US entamait le siège de la poche de LORIENT avec l'aide des maquisards bretons, le groupe de Combat "A" est déployé au Nord de NANTES (flux en bleu ciel sur la carte). Le 12 août 1944, la groupe de Combat "B" de la 6ème Division blindée quittait le front de la poche de Brest pour la zone de LORIENT et VANNES (zone de réserve sur le front de la poche de Saint-Nazaire) afin de remplacer la quatrième division blindée U.S.(flux en rouge sur la carte), qui va être rattachée à la 9ème Armée U.S.

    La poche de Lorient

    Là, comme dans le reste des ports de la Bretagne, les Allemands se sont retranchés à Lorient, au détail près qu'en raison de l'importance de la base allemande de sous-marins, ils y étaient retranchés en force (26.000 militaires et 20.000 ouvriers civils) sous les ordres du général Fahrmbacher, promu commandant supérieur en Bretagne par Hitler et replié dans l’un des bunkers de la base de Keroman. Il semble que Fahrmbacher ait réussi à quitter (sur ordre du grand quartier général?) la garnison de Brest juste avant l'encerclement complet de la place fortifié par la 6ème Division US et les maquisards du colonel Eon, ce qui expliquerait le peu de temps dont il aurait disposé pour organiser la résistance de la poche de Lorient.

    Les Allemands, retranchés sur un front de près de 90 km menaient une guerre de tranchée et pouvaient dominer le terrain grâce à une artillerie de marine de gros calibre, en particulier des canons de 340 sur rails sous abris en béton armé dans la presqu'île de Crozon. De plus, ils pouvaient être assez facilement approvisionnés par sous-marins, voir par avions, malgré la poursuite du minage par la R.A.F. faute d'un blocus mobilisant suffisamment de bateaux. Le général Fahmrmbacher avait pour mission de tenir la base pendant au moins huit semaines. Contre les Américains et les F.F.I., il tiendra en fait jusqu'à l'Armistice et ne se rendra que, sur ordre, le 8 mai 1945.

    Sur la poche de Lorient, on peut consulter sur le web, les excellentes archives de la ville de Lorient (11), les archives "des chemins de mémoire"(12), la page web du service ministère de la Défense intitulée "Lorient et la Seconde Guerre Mondiale" (13),


    NDR: Le texte en Anglais de Martin Blumenson est exactement celui-ci:
    "Actually, the fortress of Lorient was not as impregnable as it appeared to the Americans. The senior German commander in Lorient, Fahrmbacher, was seriously concerned lest a strong attack by the U.S. armor carry his position. Had Wood attacked between 6 and 9 August, Fahrmbacher later stated, the fortress would probably have fallen. The defenses of Lorient had not yet been organized; entire sectors were still unoccupied; many of the troops were untrained. Even the chain of command had not yet been firmly established. Preparations had been made for a garrison of 12,000 men in Lorient, but instead, there were about 25,000 Germans, plus 10,000 French civilians who constituted a potential Trojan horse and a certain drain on supplies. Rather than the 500 guns estimated by the Americans, Fahrmbacher had 197 guns in the fortress and 80 antitank pieces. By 10 August, when Fahrmbacher felt that he had erected an adequate, if provisional, defense, the American pressure decreased to the point that he no longer expected an attack."


    L'opération "Jéricho" ou "Renovate" proprement dite

    Pour en revenir à l'opération Jéricho proprement dite, c'est le prermier lundi du mois de janvier 1944 (il y avait encore des aiguilles du sapin de Noël sur le vieux tapis usé de la salle à manger), que ce bombardement a été proposé au MI6 par Dominique Ponchardier (via Elizabeth S...) à l'issue d'une réunion qui s'est tenue au 105, chaussée Saint-Pierre à AMIENS. D. Ponchardier avait quelque raison de se préoccuper de la prison d'Amiens: onze membres du réseau Nord des Sosies (région de Mers-les-Bains) y compris l'Enseigne de vaisseau Le SEC qui les commandait, avaient été emprisonnés à la prison d'Amiens et fusillés dans les fossés de la citadelle au mois de décembre 1943. Et l'un des adjoints de Le Sec, Jean Beaurin, responsable de plusieurs déraillements mortels de trains transportant des SS notamment à Miraumont (sur la ligne Paris-Lille) et à Frireulles (près d'Abbeville sur la ligne Le Tréport-Abbeville) y était emprisonné et devait être passé par les armes le 20 février 1944.

    A la fin de cette réunion du 3 janvier 1944, M. Maurice FECAN, qui assurait également la liaison entre le réseau des cheminots de Longueaux et Amiens et Elizabeth S., a remis à Dominique Ponchardier les plans de la prison d'AMIENS qu'il avait retrouvés dans les archives de la Mairie d'AMIENS. (Avant 1940, la construction des prisons départementales était en effet ordonnancée par les chefs lieux de département).

    Il y avait un témoin muet, auquel D. Ponchardier avait remis une petite maquette de forteresse américaine, sous la table, sur laquelle les plans de la prison d'AMIENS avaient été étalés: l'auteur de ce témoignage. Pour sa part, Elizabeth S..., qui allait représenter le MI 6 dans la région Nord-Picardie après la réorganisation des réseaux anglais, avait reçu de Dominique PONCHARDIER un nouveau poste radio miniaturisé et peu gourmand en électricité, sans nul doute un de ceux à base de circuits imprimés (une arme secrète toute nouvelle), que les services du MI6 avaient commencé à distribuer à partir du mois de janvier 1944 en priorité à leurs agents les plus exposés et notamment aux réseaux en cours de reconstitution de l'Organisation MARCO POLO, devenue l'Organisation PROMONTOIRE, après l'arrestation de l'essentiel de la Centrale de LYON.

    Les services de renseignements allemands avaient quelques soucis à se faire malgré les succès accumulés depuis 1942 et jusqu'au début de 1944, à un moment où les sites de lancement de V1 étaient bombardés systématiquement. A tel point que le colonel Watchel (dirigeant du régiment FLAK 155 W) avait noté dans son journal à la date du 7 janvier 1944, c'est à dire après la destruction le 25 décembre 1943, des sites de lancement de Bois Carré et des Loges mais avant celle du centre de formation à la mise en ouvre des V1 dans la Somme, installé près du château de RIBEAUCOURT, près d'Abbeville):
    " Si les bombardements alliés continuent pendant quinze jours au même rythme, il sera impossible d'utiliser opérationnellement l'ensemble des plates-formes de lancement tel que cet ensemble était prévu initialement."La concrétisation du bombardement de la prison d'Amiens est donc intervenue à un moment où les services de renseignement allemands affrontaient une crise profonde qu'Hitler avait une certaine propension à dénouer en expédiant les officiers qu'il jugeait responsables de ses échecs sur le front russe. Cette opération, fort complexe, puisque les britanniques ont imaginé et construit en un temps record des bombes qu'ils devaient larguer sur les murs d'enceinte particulièrement épais de la prison pour les traverser avant d'éventrer ceux de l'aile de la prison elle-même occupée par les résistants capturés et en particulier le quartier des interrogatoires des agents nazis, a ouvert un doute dans l'esprit des chefs militaires allemands entourant Hitler, dans celui de Rommel. Des pressions ont donc finalement été exercées sur le colonel Oscar Reile, grand admirateur de l'Amiral CANARIS, pour capturer les poste radio d'Amiens et son manipulateur.

     

    La prison d'Amiens
    après son bombardement
    en 1944
    L'Amiral W. CANARIS,
    Chef de l'Abwehr

    compromis quelques mois
    plus tard et exécuté suite
    à l'attentat du 20 juillet 44
    Contre A. Hiltler

    A la suite de la dissolution de l'Abwehr par le décret d'Adolf Hitler du 14 février 1944, qui a ordonné le rattachement des services de l'Abwehr au RSHA dirigé par Himmler, CANARIS a très vite démissionné de son poste de chef de l'Abwehr tout en persistant à soutenir le Maréchal Rommel dans sa tentative infructueuse de prendre le contrôle de toutes les armées de réserve inactives (donc de la quinzième Armée allemande chargée de défendre notamment, outre le littoral belge jusqu'aux confins des Pays-Bas, les départements de la Seine-Maritime et de l'Eure, la Somme, le Pas-de-Calais, le Nord et l'Aisne et donc de la 2ème division blindée de la Wehrmacht)) en cas de débarquement allié en Normandie(*).

    Quant au service de l'Abwehr, hélas très efficace, de détection radio-goniométrique des émetteurs radio dirigé par le Capitaine Frey, seul officier dirigeant ce service et grand spécialiste du "funkspiel", il a été immédiatement incorporé dans les armées allemandes sous la forme d'unités spéciales de reconnaissance uniquement reconnaissables par l'ancien sigle de l'Abwehr discrètement peint en jaune sur les véhicules utilisés et encadrés par des soldats d'élite (les Brandebourgeois avant qu'ils ne passent sous le contrôle de Skorzeny). Quand ils escomptaient se saisir d'un transmetteur radio, le service de détection radio de l'Abwehr utilisait des engins de transport blindés semi chenillés équipés d'une station radio prête à émettre sur les bandes de fréquence de l'ennemi (en général trois bandes de fréquences présélectionnées) en forçant l'émetteur à terminer son émission sous leur contrôle.

    Mais, dès lors qu'ils ignoraient que les membres des réseaux anglais et notamment les manipulateurs radios qu'ils recherchaient étaient concentrés dans l'aile civile de la prison qui était intacte après le bombardement, l'opération JERICHO (à l'origine opération "Renovate"), pouvait être rationnellement interprétée comme un geste désespéré des Alliés pour sauver les plans de débarquement dans le Pas-de-Calais. Il est intervenu à une époque où les services secrets alliés avaient subi quelques sérieux revers et en particulier, l'arrestation des membres de la Centrale lyonnaise du Réseau MARCO POLO à la fin de l'année 1943 (à l'exception d'Octave ou René Pellet, chef de MARCO POLO en mission en Angleterre au moment de la neutralisation de cette Centrale), celle, le 4 février 1944, de Michel Hollard, le chef du réseau Agir.

    Un peu plus tard au tout début d'avril 1944, c’est le lieutenant de vaisseau Rivière, employé par le service hydrographique de la Marine, qui avait transmis aux Alliés les cartes hydrographiques des plages du débarquement avec toutes les données indispensables qui sera arrêté, sur dénonciation par la police française et remis à la Gestapo. Détenu à la prison de Rouen, il sera libéré à la suite d'un sévère bombardement de la prison... et de la destruction de son dossier dans la succursale de la police SS en plein centre du vieux Rouen.

    Pendant plusieurs mois, il ne restera plus aux alliés pour les renseigner sur les armes V et notamment les V1 et sur les mouvements de la 15 ème Armée, outre le poste de radio d'Elizabeth S... (qui transmettra notamment les renseignements émanant de divers réseaux de résistance autour d'Amiens et du réseau France zéro ZW) que le réseau des sosies, les ex-réseaux de MARCO POLO reconditionnés en réseau PROMONTOIRE, les réseaux du SOE France dépendant de Rémy et l’impressionnant réseau polonais «Monica» avec des ramifications s'étendant depuis la Belgique jusqu'à la Pologne, rassemblant plus de 5.000 membres dans les seuls départements de la Somme, du Pas-de-Calais de l'Aisne et du Nord. C'est l'organisation "Monica" qui livrera aux Anglais, dans la nuit du 25 au 26 juillet 1944 sur un terrain d'aviation polonais, un V1 égaré et récupéré en parfait état de marche qui sera enlevé par un Dakota de la RAF... On le constate, l'opération Jericho est intervenue donc à un moment sensible où les services de renseignement alliés avaient un urgent besoin de transmetteurs radios aguerris pour rendre plausible un débarquement dans le Pas-de-Calais. Dès le débarquement en Normandie, Eisenhower se préoccupera d'envoyer à partir de la Somme (et dès le 28 juin 1944) des agents polonais (plus d'une centaine de ces précurseurs des commandos delta forces) parlant parfaitement le Français et l'Allemand et spécialement entraïnés. Une opération dont il ne dira mot en particulier dans son livre "Crusade in Europe" et qui a transformé l’avancée en France du 21 ème Groupe d’Armées de Montgomery en une simple promenade militaire seulement freinée... par le manque de carburant...

    La guerre du renseignement en Picardie

     

    Il existe plusieurs versions du Tiger Panzer, que les américains se sont efforcés de capturer intactes pour en étudier les caractéristiques et l'armement.
    Ci-dessus, c'est un K(önig)-Tiger lourd qui a été capturé par l'infanterie US. Un grand nombre des chars nouveaux du type Panzer 5 (chars Panthers) plus mobiles, plus rapides et utilisés en Normandie étaient baptisés de "Guêpes" par les allemands

     

     

    Mais pourquoi cette Guerre du renseignement? L'ouverture d'un nouveau front réclamé par Staline pour soulager le front EST aurait des conséquences lourdes pour l'Allemagne, qui va perdre la maîtrise de l'Air au printemps 1944, était bombardée sans relâche, et ne pouvait se venger qu'en expédiant aveuglément des avions robots V1 sur la région londonienne notamment depuis la région littorale d'Abbeville à Calais quelques jours après le débarquement en Normandie.

    C'est dans ce contexte, et afin d'éviter le bombardement par les V1 des sites où se préparaient les concentrations militaires indispensables pour un débarquement massif en Normandie que les alliés sous l'impulsion de Churchil et de la London controlling section (L.C.S.) ont inventé l'opération FORTITUDE SOUTH créant de toute pièce une concentration de troupes en carton pâte dans les campagnes du KENT environnant DOUVRES..., un moment sous le commandement du bouillant général PATTON, ce qui a eu pour effet d'immobiliser dans le Pas de Calais la redoutée quinzième Armée allemande.

    Pour crédibiliser cette opération, il fallait montrer aux Allemands des activités de renseignements et de résistance centrées sur la zone NORD c'est à dire au Nord de la Somme et sur Abbeville. Or, le MI 6 ne contrôlait plus qu'un seul moyen de communications dans le Nord, celui d'AMIENS, dont la manipulatrice, Elysabeth S..., ex-infirmière de l'Armée anglaise parlant parfaitement le Français, résidait ...au 105, chaussée Saint-Pierre, dans la maison du Dr Robert FECAN.Or, le MI 6 avait besoin de tous ses transmetteurs radios à rééquiper pour mener à bien les opérations CROSBOW et OVERLORD-DIVER.

    En créant une fausse destination du débarquement, l'Etat-major allié allait gagner un second avantage allant bien au-delà de la dissémination des chars tigres le long du littoral de la Manche et de l'Atlantique.

    La zone d'Abbeville était enclavée et dépourvue de communications par voies ferrées directes entre la zone Nord d'Abbeville et la Normandie. Or, le char Tigre n'était pas seulement lourd, (blindage épais de 10, à 15 cm d'épaisseur), il était gourmand en carburant, et en munitions et lent, très lent (35 km/h au maximum sur route) Et ses chenilles modifiées au début de l'année 1944 étaient particulièrement fragiles sur route. Pour transporter par voies ferrées les chars tigres et Panther et vers CAEN et la Normandie, il leur faudrait passer par la gare de Longueau, ce qui a entraîné un redoublement des bombardements, de jour comme de nuit, la plupart des bombardements lourds de nuit étant exécutés par le "Bomber command", en rasant une bonne partie du NORD EST de l'agglomération amiénoise dont notamment le quartier de la Gare.

    La triangulation
    radio-goniométrique
    implantée en secret
    à Amiens par l'Abwehr
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    Si le commandement allemand local l'ignorait, le poste émetteur miniaturisé, qui ne cessait de provoquer la police SS allemande, avait été conçu pour être déplacé, tant et si bien que la GESTAPO croyait à l'existence de plusieurs stations d'émission là où il n'y en avait en réalité qu'une seule. En revanche, les services de l'ABWEHR paraissent avoir vite reconnu que le manipulateur était unique (les services radiogoniométriques de l'Abwehr connaissaient le système de signature et de contresignature du MI6). Leur chef, le capitaine Frey en avait déduit que ce manipulateur connaissait vraisemblablement les intentions réelles des alliés.

    Capturer et retourner ce manipulateur devenait alors une affaire d'Etat essentielle. C'estpourquoi les ervices de l'Abwehr installèrent dans le plus grand secret un dispositif sophistiqué et autonome de détection radio goniométrique à partir de trois poles: l'aérodrome de GLISY, la citadelle et ... la prison d'AMIENS, déjà bombardée. Ce dispositif était complété par des stations de détection radio-goniométrique mobiles sous forme de transports blindés chenillés ou aptes à pénétrer les marais (on notera qu'un partie de la zone balisée par la goniométrie de l'Abwher comportait une partie des hortillonnages adossés au quartier Saint-Pierre.

    Pourquoi leur était-il indispensable de connaître le lieu du débarquement allié?

    Les sorties de bombardiers alliés
    dans le cadre des opérations "Pointblank" et "Crossbow"
    entre juin 1943 et mars 1944
     
    Ces données ne comportent pas les sorties de la Deuxième tactical Air force britannique
    qui n'ont pas été publiées en détail, mais elles incluent les sorties du "Bomber Command"
    Ces données inédites sont publiées sous copyright
    et sont librement reproductibles
    sous la seule condition d'en livrer l'origine

      

      

    Dès le mois de mars 1944, les généraux allemands ne pouvaient l'ignorer - que l'Allemagne perdait la maîtrise de l'Air au profit des Alliés. Malgré un effort de guerre sans précédent, le régime hitlérien ne pouvait plus parvenir à endiguer le flot des bombardiers alliés qui, de jour comme de nuit, bombardaient les cités urbaines et les zones d'industrie aussi bien en Allemagne (et en Autriche à partir de l'Italie) qu'en France dans le cadre de l'opération "Pointblank". Et la diversion que constituait la destruction par bombardement dans le cadre de Crossbow des sites d'armes V, ne constituait qu'une faible part de l'effort allié pour s'assurer la maîtrise totale de l'air comme le montre le diagramme livré ci-contre.

    Faute d'avoir la maîtrise de l'air, Hitler disposait d'une arme apte à repousser toute invasion si elle était concentrée là où il fallait et au moment où il le fallait: le char tigre armé d'un canon de 88mm tirant des obus à charge creuse et qui se payait le luxe de résister aux bombes alliées. Mais Hitler avait là encore commis une faute. Doutant déjà de la fidélité de l'armée allemande, il n'avait pleinement doté de cet engin que les Panzer divisions SS.

    Ouvrons une parenthèse pour dire que les obus à charge creuse, capables de transpercer la totalité des blindages de l'époque sont une invention en 1935 d'un polytechnicien français, redécouverte par les Allemands lors de l'occupation... (...Au su du réseau Marco Polo qui a adressé le détail des études techniques allemandes très poussées sur le sujet... aux alliés ...qui n'y ont cru que quand ils ont constaté les hécatombes de chars alliés provoqués par les divisions blindés SS, notamment à Caen et à St Lô).

    Si, au lieu de construire la ligne MAGINOT, on en avait équipé l'Armée française, l'Histoire eût été tout autre que celle de la débâcle de 1940 et ce, pour un prix certainement inférieur à celui d'une ligne fortifiée pas vraiment finie...

    Mais la construction de la ligne Maginot, cela valait beaucoup d'argent... dispensé en pure perte! A cet égard, on lit dans l'ouvrage du Major General Sir Kenneth Strong, (collaborateur en charge du renseignement à l'Etat-major de Dwight Eisenhower) « men of intelligence » (Les hommes du renseignement, p. 82, 2ème alinéa): «...A French 250mm anti-tank gun was captured and examined; to the Germans' surprise it was capable of piercing the armour of the majority of the tanks with which the German armoured divisions were equipped, although it appears to have had little effect against German armour when the offensive finally started...» (trad: ...Un canon antichar français de 250 mm a été capturé et examiné; à la surprise des Allemands, il était capable de percer le blindage de la majorité des chars équipant les divisions blindées allemandes, bien qu'il semble avoir eu peu d'effet contre les blindages allemands quand l'offensive a finalement commencé ...).

    On comprend mieux pourquoi la marine anglaise a lancé l'attaque surprise de Mers-el-Kébir et on constate que les spécialistes français de l'artillerie savaient, bien avant même l'achèvement de la construction de la ligne Maginot, que cette dernière ne pouvait pas résister à la nouvelle arme à charge creuse dont ils dotaient la marine de guerre française!. Force est de conclure que cette invention n'a servi en rien la France puisque la marine française, bien après Mers-el-Kébir, a dû se saborder à Toulon! Ce qui permet de conclure qu'en matière d'armements, il ne suffit pas de faire des découvertes mais d'en concrétiser l'efficacité dans l'esprit des stratèges militaires.

    Le site de lancement de V1 de Vignacourt (Somme)
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    Toujours est-il que le ministère de l'Intérieur NAZI avait délégué à AMIENS (*)(ville frontière de la zone spéciale Nord classée zone de guerre et rattachée au Groupe d'Armées géré depuis Bruxelles, et siège du QG de la deuxième Panzer division - relevant de la quinzième armée allemande - et du centre de mise en ouvre des armes V par le 155ème régiment W de la Flack), ses meilleurs limiers. Parmi eux, le capitaine Frey nanti de tous les moyens radio-goniométriques indispensables pour capturer ce poste intact et son manipulateur. Cette capture, le commandement allemand en était sûr, devait permettre de retourner la situation et d'opposer avec succès un Comité d'accueil aux troupes du débarquement. Cela ressortissait clairement d'un article d'un proche collaborateur de l'Amiral CANARIS, le colonel Oscar Reile que l'auteur de ce témoignage a adressé en mai 1956 au Général de Gaulle, alors à Colombey les deux Eglises, avec les explications y afférentes.

    Après vérification par "l'Alsacien" (sous ce nom de Guerre se cachait un des as du contre-espionnage français, spécialiste des trafics d'armes, qui fut, entre autres, le responsable du 2ème bureau français de la zone Nord de Haï-Phong pendant la Guerre d'Indochine) , ces documents ont été intégrés dans un dossier classé "secret défense", le 21 août 1961 par le Général de Gaulle, secret figurant dans les archives du PC Jupiter sous l'Elysée avant que d'en disparaître... dans des conditions ahurissantes.

    En effet, dans l'environnement d'Elyzabeth S... gravitait un enfant assez chétif et couvant une tuberculose larvée qui n'avait pas quatre ans. C'est lui seul, et personne d'autre, qui, le 2 avril 1944, va faire échouer le plan mijoté par HIMMLER et ses services pour capturer la manipulatrice radio hébergée à Amiens. Comme le dossier était suivi par le Général Dwight D. Eisenhower, on comprendra aisément pourquoi, la preuve du témoignage qui est écrit ci-après, a obligatoirement été délivrée au chef de l'Etat-Major allié en vertu des protocoles régissant les communications codées interrompues en cours de transmission et pourquoi elle fait partie des archives secrètes américaines à diffusion suspendue, suspension qui a été prorogée (pour 60 ans!) par le Président Ronald REAGAN au mois de septembre 1986.

    Un tout petit détail, on a seulement oublié d'informer le petit garçon; quand il a atteint sa majorité qu'il avait également le droit à la protection et à la citoyenneté américaine!

    La tuerie de Villeneuve d'Asq

    Pour en revenir à 1944, dans la nuit du Dimanche des Rameaux, la panne d'un train à la suite d'un sabotage raté transportant une unité de reconnaissance formée de SS venant d'Aarschot et probablement destinée à la zone Nord d'Abbeville, avait provoqué l'exécution sauvage, par les SS qui y étaient immobilisés, de 86 hommes valides du village de Villeneuve d'Ascq, proche de Lille. Rétrospectivement, ces exécutions constituaient en réalité des actes de vengeance et de représailles au télescopage d'un train de permissionnaires de la Wehrmacht avec un train de troupes SS et de chars à destination du front de l'Est provoqué sur la ligne Longueau-Lille à hauteur de Miraumont, tout près de la limite du département du Pas-de-Calais) sept mois plus tôt par le jeune Beaurin, alors âgé de 20 ans, sur l'ordre d'Elizabeth (alias Dominique Ponchardier).

    Ce télescopage avait provoqué la mort d'une centaine de sous-officiers et soldats SS, et celle de 90 officiers SS dont celle d'un général de division. La tragédie de Villeneuve d'Ascq représentait bien les dangers encourus par tous ceux qui, à AMIENS envahie par les pires tortionnaires nazis, ont poursuivi inlassablement ce travail de renseignement, à commencer par la reprise des émissions en direction de l'Angleterre, mais cette fois depuis des points différents en dehors d'AMIENS.

    Les risques étaient tellement sérieux que, dès le tout début d’avril 1944, Chobière avait été déplacé par le MI 5 … dans une maison close de Marseille (un comble pour une officier de Police judiciaire) d’où il s’est occupé de vérifier les innombrables renseignements indispensables au débarquement de Provence.

    Quant aux chefs du réseau des sosies, "Elisabeth" et "Geneviève"(les frères PONCHARDIER), le MI 6, qui a continué à les rémunérer pour les travaux de mise à jour du "Mur de l'Atlantique", leur a interdit de se rendre en zone Nord et les a mis à la disposition du bureau du BCRA de Genève…. Le MI6 avait été informé grâce au Dr Robert Fécan que les services de la Gestapo de la zone Nord avaient reçu l'ordre de tirer à vue sur Dominique Ponchardier dont ils avaient la description et dont le cabinet immobilier rue de Rennes à Paris sera perquisitionné le 4 juin 1944, c'est à dire deux jours avant le débarquement en Normandie.

    L'organisation des réseaux de l'O.R.A. décrite par Pierre Nord
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    Autres réseaux au nord de la France

    On aura garde d'oublier de citer comme réseau ayant joué un rôle important dans le Nord de la France les réseaux de l'O.R.A. (organisation de résistance de l'Armée) qui disposait d'une centrale de renseignement Eleuthère à Lille et qui collationnait également les renseignements collectés par Libération-Nord, comme il ressort d'un schéma publié par Pierre Nord dans le tome II de "Mes camarades sont morts", schéma qui est reproduit ci-après. Ces réseaux, auxquels il faut ajouter le réseau Zéro-France, composé de cadres des Directions nationales et régionales de la SNCF, ont joué un rôle important dans la précision des bombardements aériens du réseau ferré et dans la coordination des plans "verts" et "Tortue". Mon contact direct avec ce réseau, qui est resté fort discret après la guerre, est intervenu à la FIN du mois de juin 1961

    Pour s’occuper de la gestion et des liaisons des réseaux du MI6 dans la zone Nord, il ne restait plus sur place à AMIENS, qu’Elizabeth S… et le Dr Robert FECAN, auquel il a été enjoint, comme couverture, de continuer à cultiver la collaboration avec les Allemands.

    Tous ces agents qui renseignaient les alliés jouaient leur vie. Car, sous la houlette de Darnand, secrétaire au Maintien de l'Ordre, de nombreux services de police et notamment les renseignements généraux collaboraient activement à la répression sanglante mise en ouvre par le général des SS OBERG comme en témoignent les textes répressifs mis en ouvre par le Gouvernement de Vichy sous la houlette du général nazi que l'on peut consulter en cliquant sur ce lien. Il résulte historiquement de ces textes que les résistants et membres des réseaux alliés qui ont joué un grand rôle dans la libération de la France, n'avaient pas d'autre alternative, s'ils poursuivaient leur lutte contre les allemands et les collaborateurs, que de risquer leur vie. Et beaucoup de ces résistants, Français ou non, sont morts, soit fusillés, soit déportés. Tel fut bien le cas de Gastion Bleuet, qui a dirigé le réseau ZERO-FRANCE

    Témoignage:

    Ce dimanche des Rameaux 1944 était un jour de beau temps, mais assez frais et sec. Dans la cour de la maison du 105, chaussée Saint-Pierre, qui était en retrait en impasse, on avait mis dehors les enfants, qui, entre 10 heures et 10 heures trente s'esquivèrent les uns après les autres et disparurent à l'exception d'un seul, l'auteur de ces lignes. Cette matinée vibrait en effet au rythme de l'horloge de l'église Saint-Pierre, qui n'avait pas encore reçu le chapelet de bombes destinées à la gare de triage de Longueau qui l'a transformée pour plus de 15 ans en décombres.

    11 heures: dans le jardin, de cette maison isolée, le petit garçon blond et chétif est resté seul. Il a froid et il constate qu'il ne peut rentrer dans la maison: les portes sont fermées et il est trop petit, pour les atteindre facilement. Dans la maison, une seule personne, qu'il appelle "tatie zabeth", une femme blonde d'une trentaine d'années, Elizabeth S, ex-infirmière de l'armée anglaise qui était à peu près la seule à s'occuper de lui. Alors, le petit garçon doit bouger pour se réchauffer et bien qu'on lui ait enjoint de ne pas sortir de la propriété, il décide de descendre l'impasse pour voir revenir les familiers qu'il pense être à la messe.

    Il descend donc l'impasse par la gauche, et s'arrête sur le trottoir fort mal pavé au demeurant. Là, il commence par regarder à gauche du côté de l'Eglise, c'est à dire vers l'EST. Rien de spécial mis à part quelques personnes qui rentrent précipitamment chez elles après avoir regardé vers le bas de la chaussée St Pierre, c'est à dire vers l'Ouest. Il regarde lui aussi de l'autre côté vers l'Ouest et voit très loin tout au bas de la chaussée Saint-Pierre, juste au niveau du pont St-Leu un curieux cortège: un véhicule camouflé allemand, encadré par deux files d'hommes en armes lesquelles sont prolongées par des traits étincelants (des baïonnettes). Sur le véhicule allemand, assez impressionnant même de loin, un cercle tourne par saccade.

    Le petit garçon est lui aussi pris d'un irrépressible besoin de rentrer et de prévenir celle qui, pour lui, est "Tatie Zabeth". Il remonte l'impasse passe la grille et butte sur la porte de la cuisine dont il ne peut atteindre la poignée. Pas moyen d'ouvrir! alors il va voir s'il peut emprunter l'entrée du perron. C'est fermé également mais, traîne, sur la dernière marche, un morceau de planche dont il s'empare.

    Il revient encore vers l'entrée de la cuisine met la planche se hisse dessus mais, là encore, c'est trop juste. En se retournant, il voit le bûcher qui servait à alimenter la cuisinière: il trouve deux morceaux de bûche qu'il cale sous la planche. Cette fois-ci cela marche. La porte de la cuisine s'ouvre. Il crie mais ne reçoit aucune réponse.

    Le petit garçon se précipite pour affronter maintenant l'escalier, qui lui apparaissait aussi difficile qu'une montagne à gravir. La veille, il était tombé depuis la cinquième marche. Avec un peu d'appréhension, il commence à gravir l'escalier. Mais à la septième marche, patatras, il glisse sur le vieux tapis usé de l'escalier et tombe durement sur le sol carrelé. Cela fait mal! En tombant le dos de sa main droite s'est écorchée sur le décor en fer forgé de l'escalier. Rageur et entêté, il regarde sa main droite et se dit que s'il s'était accroché au fer forgé décorant la rampe de l'escalier, il ne serait pas tombé et il recommence en s'agrippant de la main droite au fer forgé. Cela marche!

    Enfin, il arrive en haut de l'escalier barré par une barrière en bois. Il lui faut bien encore vingt secondes pour ouvrir cette barrière. Et là, il s'affale sur le sol de l'étage: impossible de se relever tant il est fatigué. Qu'à cela ne tienne. Il marchera à quatre pattes et c'est à quatre pattes qu'il tembourine la porte de "tatie zabeth" parce qu'elle tardait à répondre. Enfin, elle ouvre la porte, fort courroucée d'être dérangée, et là elle entend ces mots: "des Allemands remontent la chaussée avec un gros camion et un rond qui tourne dessus".

    L'enfant commencait à tousser sérieusement. Cela faisait bien sept à huit minutes qu'il avait repéré le dispositif de détection allemand sans savoir ce que cela signifiait au juste . La signification de ces manouvres allemandes, il ne l'apprendra que douze ans plus tard.

    En un bond, Elizabeth ouvre la fenêtre remonte prestement un fil pendant à l'extérieur qu'elle enroule rapidement après l'avoir décroché d'un engin miniaturisé sur le bureau et cache le tout dans une cache quasiment invisible sous le plancher, puis elle empoigne l'enfant et redescend prestement l'escalier.

    Lorsqu'elle sort de la maison, les Allemands sont en armes, baïonnette au canon au bas de l'impasse et une sorte de véhicule vert camouflé imposant surmonté d'une antenne circulaire barre en partie la chaussée Saint-Pierre et surtout tout le bas de l'impasse. Elle hésite, d'abord, elle pense se réfugier dans le jardin quand l'enfant est pris d'une quinte de toux encore plus forte que les autres qui attire l'attention des militaires allemands dont celle de l'officier commandant l'opération qui est sorti de l'engin, révolver au poing. Il s'agit en réalité du brillant capitaine Frey, responsable du service de détection radiogoniométrique pour le front ouest qui va subir son premier échec de la guerre.

    Elle se rend bien compte que cela ne servirait à rien de chercher à se camoufler. Alors elle va changer de rôle et jouer celui d'une mère éplorée qui vient en urgence consulter le médecin pour son enfant en grave difficulté et ne sait que faire car il n'est pas là et il ne semble n'y avoir personne dans la maison.

    Les soldats en arme s'agitent de plus en plus et commencent à progresser vers la maison, alors, elle va au-devant d'eux et comble de chance, le petit garçon se met à cracher du sang. A l'époque, cracher du sang c'était le signe certain d'une atteinte grave de la tuberculose. Mais cela aurait pu être aussi bien une réaction d'allergie puissante. Du coup, Le capitaine Frey, accompagné de deux soldats en armes, visitent toute la maison de la cave au grenier à la recherche d'une installation radio puissante, qu'ils ne trouvent pas, et vérifient qu'il n'y a personne d'autre dans la maison, ce qui était vrai.Pedant toute la visite qui a duré près d'une demi-heure, le capitaine Frey a tenu son pistolet automatique en direction du petit bonhomme qui n'en pouvait plus, cela probablement afin d'intimider Elizabeth S.

    Aorès quoi, le capitaine Frey a conseillé à la "manipulatrice" de chercher ailleurs un médecin en urgence ou de se rendre à l'hôpital. Visiblement, les soldats prenaient bien soin de ne pas s'approcher de l'enfant et ne cherchaient pas vraiment à s'incruster. Le BK était certainement plus craint dans l'Armée allemande que le MI VI. Et c'est ainsi que le capitaine Frey et ses soldats d'élite ont laissé filer la manipulatrice radio qu'ils recherchaient.

    Elizabeth a pris l'enfant qui l'a sauvé dans ses bras et s'est éloignée éloigne, et l'a reposé au sol dèsqu'elle a tourné le coin de la rue. Pour l'heure, il n'était pas question de retourner sur place mais bien de trouver un refuge.

    Elle ne sait que faire et commence par emprunter le chemin de hallage en compagnie de l'enfant qui a de plus en plus de mal à la suivre. Puis, à la hauteur du Pavillon bleu, elle fait subitement demi-tour et se dirige vers le pont Saint-Leu. De là, elle peut voir tout ce qui se passe sur la Chaussée St Pierre. Le petit garçon est de plus en fiévreux. Un quart d'heure plus tard, elle constate que les Allemands sont partis, toujours vers l'Est, sans doute pour rejoindre leur PC sur l'aérodrome de GLISY. et décide de revenir au domicile du Dr Robert Fécan avant de déciser de faire le tour du quartier par l'Eglise Saint-Pierre

    C'était la sortie de la grande messe. A cette époque, les pratiquants étaient fort nombreux et c'était une bonne occasion de se mêler à eux. Pourtant, ils ne sauront rien de ce qui vient de se passer.

    Elle remonte la chaussée Saint-Pierre et là, à l'entrée de l'impasse, le petit garçon perd connaissance et entre probablement dans le coma, victime d'un choc anaphylactique, puisqu'il n'a plus aucun souvenir de ce qui s'est passé après, pendant plusieurs jours. Il lui restera de cette journée, outre la vision de deux paroissiennes chapeautées descendant la chaussée Saint-Pierre un bouquet de buis à la main, dont l'une lui évoquera huit ans plus tard ce qu'il s'était passé ce jour là.

    En définitive, le petit garçon se réveillera dans une ferme à Poulainville où on ne lui dira rien. Pas la moindre explication ne lui sera livrée! Il lui faudra trouver tout seul. Et jusqu'à la libération de la Ville d'AMIENS, on ne le reverra plus en compagnie de cette femme, qu'il a sauvée. Après la Libération non plus d'ailleurs!

    C'est ainsi que le secret le plus jalousement gardé, celui de l'opération Neptune du débarquement en Normandie échappera aux serres de l'Abwehr et de Himmler. Dès le 7 avril 1944 ,à l'école Saint-Paul de Londres, en présence exceptionnellem de CHURCHILL, qui n'était certes pas là par hasard, les alliés se répartissaient les grandes éléments du plan OVERLORD. Dwight EISENHOWER et son Etat-major avaient désormais la conviction que les services secrets allemands n'avaient rien percé des plans de l'opération OVERLORD et qu'ils seraient désormais informés à coup sûr des mouvements de la quinzième armée allemande. Il ne restait plus qu'à fixer la date du débarquement.

    Que serait-il passé si le petit garçon était resté passif et avait laissé les services de l'Abwehr s'emparer d'Elizabeth S.? Il est évident que toute la famille du Dr Robert FECAN aurait été prise en otage et probablement déportée et que le Dr Robert Fécan lui même aurait subi les pires sévices que les SS réservaient aux traîtres. Bien au-delà, les manipulations entreprises pour crédibiliser un débarquement dans le Pas-de-Calais auraient été éventées et les troupes nazies chargées de contrer le débarquement allié auraient renforcées en Normandie, comme cela avait été le cas le 19 août 1942 à Dieppe.

    Quant au petit garçon, il ne devait pas attendre la moindre reconnaissance de la famille Fécan, mais il connut en revanche les coups les plus tordus qui se puissent concevoir, dont certains auraient pu être mortels. Seul, un certain général de Gaulle, qui avait découvert l'affaire au cours du mois de mai 1956 parce que l'enfant devenu adolescent la lui avait racontée dans une lettre expédiée à Colombey-les-deux-Eglises, devait se souvenir de l'étrange rôle qu'avait joué ce petit garçon.

    Il reste à écrire l'épilogue de ce qui s'est passée après cette journée.

      

      

    Et la très étonnante histoire de ce petit garçon, qui fut secrètement hissé, dès le mois de mai 1945, au rang de citoyen d'honneur de l'Union soviétique, honneur dont il a été informé officiellement à l'Ambassade d'URRSS à Paris au cours d'un déplacement du chef de l'Etat soviétique, selon un protocole arrêté par G. Pompidou et en présence d'un mentor désigné par ce dernier.

      

      

    Plus tard encore, il apprendra également qu'il était censé avoir droit à la citoyenneté américaine par deux décisions secrètes, dont la première prise le 23 septembre 1944 dans le salon oval de la Maison Blanche, qui seront portées à sa connaissance beaucoup plus tard! Mais tout cela n'intéresse apparemment aucun éditeur dans le pays de France! Soixante neuf ans plus tard, le 1er avril 2004 Jean-Robert FECAN




    Jean-Robert FECAN

    (*) Ironie du sort, l'Amiral Canaris va déterminer, à partir d'une transmission radio du 4 juin 1944, que le débarquement aura lieu en Normandie. Voici à ce propos le commentaire du Major Général Kenneth Strong dans son livre « Men of intelligence » (p. 68 fin du premier alinéa):"In one respect at least the confusion caused by his falling from power unwittingly helped the Allied cause. Early in 1944 Canaris had discovered the text of the radio message that was to be transmitted from Britain shortly before the start of the invasion instructing the French resistance to stand by. The actual message was intercepted by a German Army station when it was transmitted on 4 June 1944, but no action was taken by the Germans. With Canaris in disfavour, apparently no one realized its true significance." (trad: "À ce propos au moins, la confusion provoquée par la chute de sa puissance a inconsciemment aidé la cause des Alliés. Au début de 1944, Canaris avait découvert le sens du texte d'un message radio qui avait êté transmis depuis la Grande-Bretagne, peu avant le début de l'invasion demandant à la résistance française de se tenir prête.
    Il s'agissait, on le sait, de la première strophe de la Chanson d'automne de Verlaine: "les sanglots longs des violons de l'automne..." qui devait mettre en alerte du débarquement sous 48 heures les réseaux du Nord de la France. Le message réel a été intercepté par une station d'écoute de l'armée allemande quand il a été transmis, le 4 juin 1944, mais seule, la 15ème armée allemande avait été mise en alerte en vue du débarquement allié. Aucune mesure particulière n'avait été prise par la septième armée allemande directement concernée... A part Canaris en disgrâce, personne à la tête de l'O.K.W. n'avait apparemment réalisésa vraie signification.")

     

    (**) A noter qu'AMIENS est également devenu un moment le siège du QG du Groupe ouest des armées de Panzer allemande juste après la bataille de Normandie puisque le général Eberbach, la commandant, et tout son état-major y ont été faits prisonniers le 31 août 1944, alors qu'ils prenaient leur petit déjeuner. En fait, le général des armées de Panzer était nu puisque sans aucun char ( Les opérations en Europe du corps expéditionnaire allié Editions Berger-Levrault, p. 94 fin du 1er alinéa sous la plume du Général Dwight D. Eisenhower)



    Les difficultés rencontrées par l'auteur de ces pages dans l'établissement des faits qu'il rapporte furent multiples et cumulatives. Ses chances de s'en tirer étaient quasiment inexistantes. Et pourtant... Ce sont d'abord les difficultés inhérentes à l'organisation des réseaux conçus pour résister aux investigations et aux tortures exercées par la police allemande et la collaboration comme l'a très bien décrit Marie-Madeleine Fourcade dans sa préface de l’Ouvrage "R5-Les SS en limousine, Périgord et Quercy" De Georges Beau et Léopold Gaubusseau (presses de la cité) telles qu'elles sont extraites ci-après:

    «De son côté, l'ennemi, qui avait successivement revêtu les apparences de commissions d'armistice, d'agents de la Gestapo camouflés, d'agents de l'Abwehr en uniforme, apparaissait maintenant en unités compactes vêtues de noir, assistées pour notre honte de « miliciens, ces soldats perdus du gouvernement de Pierre Laval».

     


    «Comment le commandement allié parvint à démêler l'écheveau des courants de la Résistance, qui s'entrechoquaient et parfois se gênaient, mais dont les troupes étaient cependant animées par l'unique désir de repousser l' envahisseur et, lorsque le moment fut venu, de lui barrer la route du front de Normandie, car c'était leur ultime mission; comment et avec quelle âpreté l'ennemi se défendit des pièges qu'il trouvait sur son chemin, tel est le puzzle reconstitué par Beau et Gaubusseau, avec une constance de bénédictins.
    «Tout clairvoyant et indépendant d'esprit que l'on soit, ce qui est incontestablement la marque des auteurs, il est difficile de cerner l'histoire qui entoure ces événements tragiques. Il faut suivre les écrivains dans le dédale de leurs recherches pour comprendre les motifs qui empêchent de découvrir la vérité et qui les ont amenés à bouleverser les hypothèses émises jusqu’à présent.
    «Fidèles aux principes cartésiens, ils « n'acceptent pour vrai que ce qui est évidemment tel », d' où leur refus systématique de se livrer au jeu hasardeux des déductions fondées sur des suppositions, pour reconstituer l' enchaînement des faits.(*) «Ils n'ont tenu compte, outre les rares documents officiels, que d'épisodes irrécusables, de récits soigneusement recoupés et de témoignages, que seules l'amitié ou la confiance leur ont permis d'obtenir, et que n'eût point recueillis une commission d'enquête...»

    A quoi s'est ajouté, faut-il le rappeler, le fait que les britanniques et les américains, ont cherché par tous les moyens à dissimuler aux Français à quel point ils avaient du bombarder le réseau ferré et ses gares de triage pour empêcher les renforts allemands de parvenir sur le champ de bataille normand au moment même où se révélait la guerre froide avec l'URSS dès l'occupation de la Pologne par l'Armée rouge?

    Dans le cas de l’auteur, qui avait assisté à la réunion du 3 janvier 1944 et avait fait échouer le 2 avril 1944 le plan de l’Abwehr pour capturer Elizabeth S… et son émetteur, c'est justement l'inverse qui s'est produit. Ce sont des résistants indignés par le comportement de la famille FECAN et notamment du Dr Robert FECAN, qui ont pris contact avec l’auteur, et l'ont puissamment aidé à se tirer d'un vrai traquenard. Mais la question se pose de savoir qui a coordonné les deux plus mystérieux réseaux de la Résistance. Bien peu de résistants avaient la capacité de coordonner le mystérieux réseau zero-France et celui des prêtres résistants amiénois afin d'assurer ma sauvegarde. L'auteur a tout lieu de penser que cette coordination des prêtres catholiques avec Zéro-France n'a pu qu'être réalisée par Marie-Madeleine Fourcade, sollicitée par Robert BOULIN, membre du réseau «Navarre», lui même sous réseau d'«Alliance », qui disposait du potentiel nécessaire, des comptes-rendus d'écoutes téléphoniques et de l'appui total du Président Charles de Gaulle, comme on le comprendra dans les développements qui suivent. Mais seul, le dossier secret disparu, ne peut qu'établir juridiquement cette implication formelle.


    (*) Note de l'auteur: Pour sa part, l'auteur a retenu pour vraies les seules déductions engendrées par la logique des implications (déductions qui ne sont au demeurant pas recevables en droit "dit positif" - voir par exemple l'instruction de l'assassinat de Robert BOULIN. Toutefois, un premier revirement vient de se réaliser avec les décisions prises en urgence depuis le 9 janvier 2014 par le juge des référés du Conseil d'Etat concernant les activités de M. Dieudoné. Ce revirement sur le droit positif mérite un jugement sur le fond pour être totalement valide). La pluralité des hypothèses révélées par la logique d'implications a donné lieu à des contrôles minutieux qui ont abouti au dossier Sherrington (M. Sherrington est un ancien fonctionnaire anglais spécialiste des chemins de fer qui fut chargé de la coordination avec le réseau nord de la SNCF des transports ferrés de l'armée anglaise en France en 1939 et 1940. De ce fait, il connaissait de nombreux cadres du réseau Nord, qui sont entrés en contact avec lui en lui adressant un courrier que la Poste réussit à acheminer!...). L'enquête que l'auteur a reprise à partir de l'année 2000 et le fait même qu'il soit resté en vie bien qu'il ait fait au même moment l'objet d'une nouvelle entreprise d'internement montre qu'il a eu raison.


     

    Une enfance piétinée

    Ma naissance a été déclarée le 7 juillet 1940 par Maurice FÉCAN à la mairie de Niort, ce qui supposait que ma mère ait accouché à Niort. Je passe sur le fait d’avoir entendu que Suzanne Giraudeau se serait trouvée à AMIENS le 3 juillet 1940 et à POULAINVILLE le 5, alors que l’armée allemande interdisait la traversée de la Somme. En revanche, et je prend ici un raccourci, je retiens que, selon deux membres éminents du clergé amiénois, ma situation à ma naissance était telle que le curé de Niort, qui a procédé à mon baptême, ce même 7 juillet 1940, m’avait consacré à la vierge Marie sur le maître autel de Notre Dame de Niort. Et pour ces ecclésiastiques amiénois, les événements du 2 avril 1944, dont ils avaient connaissance, n’en étaient que la conséquence.

    Une fois la famille réunie à Amiens avec Elizabeth S… et le Docteur R. Fécan, libéré, puisque ma naissance comme quatrième enfant lui conférait la qualité de soutien de famille, une cuisinière réfugiée espagnole, au demeurant atteinte de tuberculose, a été engagée par les époux Fécan, respectivement docteur en médecine et infirmière. Comme seule, la cuisinière réfugiée espagnole semblait s’occuper de moi, je ne manquais pas d’être atteint de cette maladie avant l’âge de six mois, ce dont je ne serai vraiment guéri qu’au mois d’août 1956 après un traitement à la streptomycine de deux mois consécutifs. Cela peut effectivement relever du miracle et ce ne sera pas le seul.

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    En gros, de janvier 1941, après le départ de la cuisinière espagnole, jusqu’à son départ, le 19 septembre 1944, (le lendemain de l'arrestation du Dr Robert Fécan condamné à mort cinq jours plus tard pour faits de collaboration voir extrait du journal Picardie Nouvelle) c'est Elizabeth S… qui s’occupera de moi en prenant d’ailleurs le risque d’une contamination par la tuberculose. Mais après son départ, et quand je toussais souvent la nuit, j'étais battu dans mon lit par mon père que j'empêchais de dormir. Je serais confié, soit à la garde grand-mère paternelle, soit à celle de sa sœur, épouse Dufour, qui était ma grand tante paternelle, à la moindre alerte qu’elle soit ou pas d’ordre médicale ou pas. ce sera en particulier le cas après la perte par Claudine FECAN d'une chevalière en or.

    Le «vol» de la chevalière en or de Claudine FECAN …
    Conséquences d'une haine tenace dans une famille d'enfer

    A l’occasion de sa première communion, ma sœur aînée, Claudine Fécan, reçut en cadeau une chevalière en or qu’elle perdit d’ailleurs le jour même de sa communion. Je devais alors être proche de mes 7 ans. Mon père, qui avait fait l’acquisition d’un nerf de bœuf, en principe pour se défendre quand il faisait ses tournée de visites, va l’inaugurer sur moi lorsque, quelques jours plus tard, Claudine m’accusa de lui avoir volé cette bague.

    Je reçus donc six coups de nerf de bœuf sur le dos et les fesses et six autres sur la poitrine et l’abdomen avant d’être enfermé dans la cave à charbon sans boire ni manger pendant huit heures d’horloge. Ces coups semblaient particulièrement amuser Christine et Claudine Fécan. Ces punitions devaient me forcer à avouer un vol que je n’avais pas commis. En fait, la fratrie ne faisait qu'amplifier le comportement de leurs parents. Et comme je persistais à refuser d’avouer ce vol, je fus expédié chez la grand-tante paternelle dès le lendemain, jusqu’à ce que ma grand-mère maternelle Giraudeau revienne à AMIENS et exige ma présence au domicile de mon père afin de m'emmener en vacance avec elle.

    Elle s’aperçut que j’avais des difficultés pour lever les bras et me déshabilla et fut scandalisée par l’étendue des hématomes qu’elle découvrit... Personne, à commencer par moi-même, craignant des représailles encore plus pénibles, n’osa lui avouer la vérité. Elle se rendit pourtant au Commissariat de police d’Amiens où elle porta plainte contre X, plainte qui, on s’en doute, fut classée sans suite. Puis elle m’emmena avec elle à Niort pendant le reste des mois de juillet et août. Mention et copie de sa plainte et des brutalités que j’avais subies, figuraient pourtant dans le premier dossier secret conservé dans le PC «Jupiter» depuis le 21 août 1961 avant que d'en disparaître en 1966. A défaut d'excuses, Claudine FECAN me voua une haine infinie à partir de cette époque. Et cette haine s'étend et se poursuit indéfiniment.

    Dès le mois de septembre 1947, je revenais chez ma grand-tante Dufour et rentrais à l’école communale. Le vendredi suivant la rentrée scolaire, je me rendis au 105 chaussée Saint-Pierre pour déposer la demande d’assurance à la MAE et la cotisation annuelle à la coopérative de l’école. A peine étais-je parvenu dans la salle à manger, que mon père y pénétra pour annoncer que la voyante qui venait de le consulter (elle habitait dans le quartier Saint-Leu tout près du pont traversant le canal) allait revenir avec sa baguette pour localiser dans le jardin la chevalière en or déclarée volée par Claudine.

    Il ne fallut pas plus de 10 minutes à cette personne, fort réputée à l’époque à Amiens, pour localiser avec sa baguette de coudrier la fameuse chevalière qui était enfilée sur la branchette d’un buisson. Une fois la bague découverte, elle a ajouté en me regardant et en répondant à une question de ma mère que je risquais de ne pas survivre à mes vingt et un ans, un avis que tout le monde relia à mon état de santé… Toujours est-il que sans le moindre regret ni même d'excuses de la part de mon père ou de Claudine, je compris que j’étais placé au ban de la famille Fécan, qui me tiendra à l’écart jusqu’à ma majorité et même après. Je ne reviendrai au 105 chaussée Saint-Pierre qu’après l’âge de 16 ans, quand toute la fratrie et ma mère seront parties soit à Neuilly, soit ailleurs, pour y poursuivre leurs études supérieures.

    Si je raconte ces faits c’est tout simplement que, vers la mi-avril 1961, cette voyante me croisa sur le pont de Saint-Leu et elle me rappela sa prévision de 1947. Elle ajouta qu’il me fallait absolument quitter le 105 chaussée St-Pierre avant ma majorité si je voulais rester libre et en vie… Or, cette femme connaissait beaucoup de monde et elle ne devait donc pas avancer une telle affirmation par hasard. Elle ne fut d’ailleurs pas la seule à me mettre en garde comme on le verra ci-après.

    C’est pourtant à partir de 1956 et de ma lettre au général de Gaulle que ma vie va être influencée par une multitude d'informations, dont voici l’essentiel. Lors d’un retour depuis Neuilly-sur-Seine, où j’avais séjourné pendant les vacances de Pâques 1956, et alors que j’avais retenu ma place dans le train, je trouvais bien en évidence, à la place que j'avais retenue, un journal qui relatait des déclarations à la presse du lieutenant-colonel Oscar Reile, chef de l’Abwehr sur le front Ouest et du capitaine Frey, chef des services de radiodétection de l’Abwher, quant à leur séjour à Amiens en 1944 et à l'importance qu'ils attribuaient au bombardement de la prison d'Amiens. Il en ressortissait que si l’Abwehr capturait le poste émettant à Amiens et son manipulateur, alors ils pourraient clairement déterminer le ou les points de débarquement des alliés. Et effectivement, il faut bien admettre que s’ils avaient capturé Elizabeth S… en train d’émettre, ils n’auraient pas manqué de découvrir l’objet principal du plan « Railways » d’Eisenhower, un plan qui avait été mis au point par le Allen Dulles, le futur Directeur de la CIA et simulé au Pentagone.

    Cet événement ne faisait que confirmer que le réseau (auquel j'attribuais le qualificatif de "gare du Nord" (alors qu'il était désigné par l’indicatif radio "zéro-France") en contact avec Elizabeth S… connaissait parfaitement mon existence. En clair, il devait être présent ou représenté à la réunion du 3 janvier 1944 au domicile paternel, qui le concernait au premier chef, soit en la personne de Gaston Bleuet, chef de gare à Amiens, soit également en celle de son successeur et adjoint. Mais surtout, cela me confirmait que bien peu de résistants, et certainement pas de Gaulle, dont je lisais justement les mémoires de Guerre, n’avait eu connaissance de l’importance stratégique du plan "Allen Dulles- Eisenhower" de destruction du réseau ferré français à la disposition de la Wehrmacht. Un plan qui avait fait plusieurs millions de victimes.

    Je me pénétrais des déclarations respectives et publiques de MM Reile et Frey (ce dernier détaillait les mesures de radio localisation prises par l’Abwehr pour capturer Elizabeth S.. et son poste radio, voir en page 1 ci-avant), et je concoctais une lettre à l’intention du général de Gaulle, alors retiré à Colombey-les-deux-Eglises à laquelle je joignis les déclarations des deux militaires allemands que j’avais découpées. J’expédiais à Colombey-les-Deux-Eglises, le 20 mai 1956, cette lettre qui contenait des indications fort précises sur la façon de solutionner la stratégie de dissuasion nucléaire de la France, qui pouvait très vite fabriquer des armes nucléaires et lui annonçait comme très probable son retour au pouvoir, étant donné le marécage politique lassant les Français que présentait la quatrième République. C'est très logiquement ce qui s'est passé.

    C’est encore à la fin du mois de juin 1956 que mon père fit une radio de mes poumons pour découvrir que mon arbre bronchique était équipé de multiples nodules infectés (15 en tout), sans autres complications ce qui signifiait que je résistais à cette infection depuis ma plus tendre enfance (c’est-à-dire depuis plus de 15 ans). Je fus traité avec succès pendant deux mois à la streptomycine tout en conservant une extrême sensibilité des bronches.

    Une adolescence solitaire de pauvre

    Une fois guéri de cette infecte maladie qui dévorait toutes mes forces et ma jeunesse, je repris ma croissance très retardée, et ma propre reconstruction en dehors du cercle familial, puisque je n’intéressais personne, surtout pas mon père qui affirmait à qui voulait l’entendre que je n’étais pas son fils. Un jour, il ajouta même qu'il avait le droit de vie ou de mort sur ma personne. Au XXème siècle, je vivais en quelque sorte à l'époque mérovingienne ou à celle du bas empire romain!...

    N’ayant d’autre argent de poche que celui qui m’était accordé à condition de laver les voitures paternelles, ni d’autre vêtement que ceux que je pouvais rapiner parfois jusque dans les poubelles du quartier cossu d’Henriville en montant à pied à la cité scolaire, (mon père m'avait supprimé tout abonnement aux transports communaux), je réussis dans mon entreprise de reconstruction. Anecdote : je me souviens que c’est en fouillant les poubelles sur le chemin de la cité scolaire que j’ai échangé mes chaussures sans semelle contre une magnifique paire de chaussures à semelle de crèpe de fabrication américaine quasiment neuve et à ma taille. Une semaine auparavant, j’avais montré au censeur du lycée qui m’avait convoqué pour me faire part des récriminations de mon père, mes vieilles chaussures, dans lesquelles j’étais contraint de glisser chaque matin depuis plusieurs mois un morceau de carton pour me rendre à pied au lycée distant de 8 km. Or, le censeur résidait à deux blocs de là et il savait donc que je faisais les poubelles...

    L’un des éléments de ma reconstruction fut constitué par l’achat à bas coût de quelques livres parmi lesquels la psychologie de la forme, un livre de combat à main nue (close combat) dont j’avais appris à exécuter les gestes devant une glace (exercice de katas en japonais) et un autre consacré à la logique des implications (découvert dans une poubelle en haut de la rue Lemercier (quartier d'Henriville), qui me passionna. Très vite, les mécanismes de la logique des implications (**) me servirent à vérifier la réalité des informations que je pouvais recueillir, les déductions logiques qu'il était possible d'en tirer et à coder mes archives (y compris le dossier que j’avais expédié au général de Gaulle) que je serrais, avec mes maigres économies, dans la cache utilisée jusqu'en septembre 1944 par Elizabeth, sous le plancher de la chambre au Nord Ouest de la maison du 105 chaussée Saint-Pierre à Amiens. Il est certain que, dès que le commissaire Chobières et mon père ont découvert cette codification, ils ont du me considérer comme fou dans la mesure où ils se sont trouvés incapables de les déchiffrer tout en retrouvant la découpe du journal concernant les déclarations publiques des lieutenant colonel Reile et capitaine Frey.


    (**) A ce propos, le rédacteur de ce site pense que les principes fondamentaux de la logique des implications (théorie de ensembles, calcul booléen et relations d'implications) devraient être enseignés dans les classes terminales du second degré, et qu'ils devraient être suffisamment développés dans tous les domaines de l'enseignement supérieur, aussi bien dans le renseignement ainsi qu'à l'E.N.A., tant cette technique scientifique d'investigation contraint celui qui l'emploie à réfléchir à la définition des limites dans laquelle s'appliquent les opérateurs logiques et leurs interactions. Cet algèbre logique correspond en fait à la démarche de la logique scientifique dans laquelle on remet en cause les principes qui sont déveeloppés à partir des connaissances existantes. Pour l'heure, elle ne semble s'imposer en France que dans l'électronique et vaguement dans l'informatique. Pour prendre un exemple, de deux observateurs regardant le même cliché, le premier le verra en deux D tandis que le logicien le verra en 3D. Sachant que, dans la réalité, il existe autant de dimensions que d'éléments appartenant à un ensemble déterminé par une relation logique stable ou cohérente. La connaissance de la logique des implications constitue un moyen d'approndissement et d'enrichissement extraordinaire des connaissances et des moyens de concevoir les relations logiques. Mais cette logique est très exigeante. Et il faut beaucoup de courage avant de parvenir à un résultat...


    Je parvins après mon bac à me faire inscrire au DEUG de Maths Physique, que j’obtins assez facilement avec mention malgré les évènements les plus éprouvants que je devais vivre. J'avais au demeurant une offre pour entrer à l'Ecole supérieure de chime de Lille. Entretemps est survenu, le 2 novembre 1960 vers 20 heures, un grave incident entre mes parents. Suzanne Giraudeau était venue quémander de l’argent à son époux pour ses enfants inscrits dans l'enseignement supérieur à Paris. Son visage avait été marbré de coups dans l'après-midi. Mon père, outre diverses menaces, intima l’ordre à son épouse de quitter le domicile conjugal et de n’y plus revenir. Il allait sortir quand sous l'influence d'une pulsion meurtrière, il se précipita vers son épouse un couteau de cuisine à saigner à la main. J’eus juste le temps de le désarmer sans ménagement avant qu’il n’éventre son épouse. Cette dernière a refusé de porter plainte et me demanda de taire cette scène, ce qui allait susciter à mes seuls dépens les plus sombres tracas. Dans la réalité, je savais, depuis le 1er janvier 1945, que c'était elle qui avait maintenu le contact avec le major traitant d'Elizabeth et que mon père lui devait en grande partie l'heureuse issue de sa libération, ce qu'il ne supportait pas.

    A partir du mois de novembre 1960, je ne revis quasiment plus mon père avant le mois de Juillet 1961. Il ne revenait à son domicile que pour assurer ses consultations dans l’après-midi (alors que j’étais absent) et la nuit pour consulter les demandes de visites de clients collectées par moi-même dans la soirée. En quelques mois, il congédia tout le personnel de service, d’abord les femmes de ménages, puis les bonnes à tout faire. Laissant la maison à l'abandon dans un état répugnant (il n'y avait même plus d'aspirateur ni de lave linge, ni de cumulus électrique... et seul fonctionnait encore le four à gaz avec un seul feu sur trois pour cuire ou faire réchauffer les repas, au risque de se faire sauter... ).

    Au début du mois de juin, et sans me prévenir, il est passé chez tous les marchands du quartier pour leur interdire de servir sans paiement toute personne résidant à son domicile (dont bien sûr moi-même et son épouse à laquelle il avait intimé l’ordre le 2 novembre 1960 de ne pas revenir à son domicile). Une seule personne refusa de se plier à ses exigences: Madame Fairwather mère, qui avait assisté et avait été témoin, le 2 avril 1944, de la visite du capitaine Frei et de son escorte dans la maison du 105, chaussée saint-Pierre. Elle me demanda de passer chaque jour après 18 heures pour me donner du pain invendu. A plusieurs reprises, je vis des larmes dans ses yeux quand elle ajoutait un croissant ou un petit pain au chocolat à la baguette invendu qu’elle me donnait.

    ...Plus surveillé par la Police qu’un dangereux malfrat

    … J’ai tout de même réussi à survivre chichement et à passer mes examens avec succès jusqu’à la fin du mois de juin 1961. Mais pour finaliser les concours auxquels je me présentais, il me fallait me rendre à Lille. Je passais donc le vendredi 30 juin 1961 à la gare du nord pour louer une place à destination de Lille lorsque le guichetier me demanda de me rendre au bureau du chef de gare qui m’attendait.

    Ce dernier me reçut avec un respect auquel je n’étais pas habitué et m’a indiqué sans ambage qu’il était indigné par le comportement de mon père, ce dernier entendant me faire enfermer à Dury à partir des 3 ou 4 juillet 1961, c’est-à-dire avant mes 21 ans. C’est à cette fin que mon père avait obtenu du Commissaire de police principal d’Amiens, agent du MI5, de me faire surveiller comme le plus dangereux des malfrats. Le successeur de Gaston Bleuet, m’a précisé que, depuis une semaine, une voiture de police stationnait tous les jours en permanence devant la gare du Nord spécialement pour me surveiller et m’arrêter au besoin et que le Commissaire de Police (dont il ne pouvait pas ignorer qu’il avait été le chef du réseau ALIBI et donc le supérieur d’Elizabeth S… en contact avec le réseau Zéro-France) lui avait enjoint de l’informer de tous mes déplacements par la SNCF. En foi de quoi, il ajouta qu’il s’interdisait de l’informer de la réservation de mon billet pour Lille. Il a précisé que je ne devais pas prendre le train à la gare d’Amiens mais à la gare Longueau qui n’était pas surveillée.

    Puis, il a ajouté, avant de prendre congé, que je devais bien me douter pourquoi il intervenait pour me prévenir. Ce sous-entendu me suggérait qu’il était probable que je sois au beau milieu d’un nid de frelons à vocation d’espionnage, si le Général de Gaulle avait pris ma lettre de 1956 en considération. J’aurai l’occasion de vérifier assez vite l’exactitude de cette déduction de la logique d'implication. Toutes les précisions qui m'étaient délivrées ne pouvaient résulter que d'une surveillance très étroite du Dr Robert FECAN et du commissaire de police Chobières.

    Bien sûr, j’avais préparé ma valise le jour même, sans trop m'en faire car, en raison du beau temps exceptionnel qui régnait sur la France, j'étais certain que mon père qui n'était pas de garde, tant pour lui même que pour son frère jumeau qu'il remplaçait jusqu'au 18 juillet inclu, était probablement sur la Cote d'Opale. En revanche, j’ai revu au 105 chaussée St Pierre, le dimanche 2 juillet 1961 vers onze heures, le même chef de gare, accompagné d’un autre homme plus âgé. Il me gronda d’être encore présent et seul au domicile de mon père.

    A la question que je lui posais de savoir qui pouvait m’accueillir hors la vue de la police, le chef de gare me répondit "voyez le bedeau de Notre-Dame, il est prévenu". Il m’apparut qu’il était de bonne guerre de quitter la maison dans ces conditions, très précisément à 18 heures de telle sorte que toutes les demandes de rendez-vous des clients figurent en bonne place sur le livre de visite et qu’il apparaisse ainsi que mon père était bien absent de son domicile au moment où je lui annonçais mon départ sur ce livre pour causes d’examens complémentaires à Lille. Ce raisonnement se révèlera exact et le livre des visites et demandes de rendez-vous ne sera pas fourni à l’appui de la plainte du Dr Robert FECAN accompagnant la demande de mon internement en service fermé puisque la demande d'internement ne pouvait qu'être fondée sur ma présence alors que j'énonçais mon absence. Cette simple mesure se révèlera efficace en plaçant le Dr Robert FECAN et son père en porte à faux.

    Toutefois, je ne trouvais pas le bedeau de la cathédrale dont les portes étaient fermées le dimanche après 18 heures et je dus prendre une chambre dans un hôtel borgne du quartier de la gare, où je n’eus pas trop de peine à dissimuler mon identité en payant en liquide, puisque je n'avais pas de compte en banque. A dix heures précises, le lendemain 3 juillet, après avoir accompli un grand détour m'évitant de passer devant l'esplanade de la gare du Nord, je me présentais au bedeau de la cathédrale qui, sans mot dire, me fit descendre dans une pièce voisine de la crypte. Il me montra un banc en pierre nanti de couvertures où il me pria de m’installer. Il m’annonça que le curé de la paroisse dînerait avec moi le soir même et que personne ne viendrait m’inquiéter là où j’étais, sous la protection de l’évêché. J'avais pris la précaution de me munir d'un sandwich. Je profitais de ce répit pour me plonger dans les révisions de mon programme de physique et de chimie.

    J’allais rester deux jours dans cet abri et je pris notamment un repas frugal avec le curé de Notre-Dame, qui me livra beaucoup d’informations. A savoir que le clergé amiénois était parfaitement au courant de ce qui s’était passé le 2 avril 1944 et qu’il en attribuait le miracle au fait que j’avais été consacré par le curé de Niort à la vierge Marie lors de mon baptême, le 7 juillet 1940, à Niort tant celui-ci était inquiet de ma situation (il y avait quelque 600 enfants abandonnés en très bas âge qui avaient été recueillis dans la ville). Je me demandais alors pourquoi le chef de gare d’Amiens, qui devait faire partie du réseau œuvrant au plan de destruction du réseau ferré décidé par Eisenhower, était en liaison avec le réseau amiénois des prêtres catholiques résistants (dont faisaient partie le chanoine Duhamel, l’abbé Dentin et... le curé de Saint-Pierre) la paroisse Saint-Pierre ayant été honorée d'un lancé de tracts britanniques à la sortie de la grand messe. Quelqu’un avait donc établi une liaison et je me demandais si ce n’était pas la lettre que j’avais adressée au mois de mai à Colombey les deux Eglises qui déclenchait cette aide aussi mystérieuse.

    Quelques semaines plus tard, je vérifierai que c’était bien le cas. En raison des complots qui régnaient dans l’armée au sujet de la dissuasion nucléaire de la France, il m’a paru plausible que, d’ores et déjà, le Dr Robert FECAN, voir sa famille, puisse se trouver sur écoutes téléphoniques. En tout état de cause je devais agir pour faire croire que je n’étais au courant de rien.

    Sur le fond, l’ecclésiastique insista sur le fait que mon internement (il avait manifestement une parfaite connaissance du dossier de demande de mon internement en service fermé) était demandé en tant que mineur. Selon lui, j’avais donc tout intérêt à réussir mes examens alors que, dans quatre jours, j’étais majeur et que ce dossier d’internement n’aurait plus le moindre fondement. Il avait parfaitement raison sur ce point…

    La véracité de ces renseignements me fit ultérieurement (en novembre 1966, lors du plasticage de la villa d'El Biar) comprendre qu’en réalité de Gaulle avait chargé Robert BOULIN, l’homme de ses secrets, d’assurer le contrôle de la véracité de mon courrier de mai 1956 et de veiller à ce que j’en garde le secret. Robert Boulin, comme ancien membre du réseau "Navarre", était en effet un spécialiste de la Résistance et de « l’action » et, comme le réseau Navarre était quasiment un sous-réseau du réseau « Alliance », il avait dû se faire assister par Marie-Madeleine FOURCADE, elle-même au contact avec de multiples réseaux et, en particulier, très bien introduite dans les milieux très fermés des résistants ecclésiastiques catholiques. Après exploitation des renseignements sur écoutes téléphoniques, Robert BOULIN, alors secrétaire d'Etat à la Santé, sera d'ailleurs chargé de poursuivre pénalement le Docteur FECAN pour de toute autre raison, lequel sera défendu par le futur Garde des Sceaux et avocat, Robert BADINTER.Pour un internement au seul bénéfice des comploteurs…A mon retour de Lille, le 8 juillet 1961 en fin d’après-midi, et précédé de mes succès aux concours et examens rapportés par le "Courrier picard", je me rendis au domicile de mon père en espérant négocier la suite de mes études. Je trouvais mon père et mon grand-père, qui faisaient le ménage, et me demandèrent de quitter sur le champ la maison du 105, chaussée Saint-Pierre. Alors que je reprenais ma valise pour partir, mon père m’asséna un violent coup de poing sur le nez, et je tombais à la renverse sur le sol. Encore une pulsion qui ressemblait étrangement à celle du 2 novembre 1960. Je dus procéder à l’immobilisation au sol de mon assaillant de père pour me relever. Quelques secondes plus tard, il se précipita sur moi un couteau de cuisine à la main tandis que mon grand-père me tenait les bras par derrière dont je me dégageais prestement. Cela, c’était une très mauvaise idée que de m'attaquer au couteau! Alors que mon grand-père m’avait relâché pour empoigner une chaise de cuisine qu’il levait au-dessus de ma tête pour m’assommer, il ne me fallut qu’une fraction de seconde pour désarmer mon père dont le pouce qui ne voulait pas desserrer le couteau, sera froissé. En même temps, j'effectuais un mouvement rotation de telle sorte que mon père prit ma place , cependant que son propre père abattait la chaise de cuisine, qui volait en éclat au contact de son propre fils. Sous traitement anti coagulant, mon père allait de ce fait être porteur de notables contusions et vastes ecchymoses dont il prit force photographies afin de m’accuser de l’avoir frappé sauvagement. Tels sont les faits.Je profitais de l’effet de surprise pour m’enfuir avec ma valise, me réfugiait chez le libraire Léveillard encore ouvert, et que mon père craignait parce que, incarcéré comme lui à la citadelle d’Amiens comme collaborateur notoire, il avait assisté, le 26 septembre 1944 à la scène de sa libération, sur un ordre de mission de Général Eisenhower (Depuis le 1er septembre 1944, le général Eisenhower avait seul le pouvoir d'ordonner une telle mission) par un détachement des Royal tanks conduit par un major anglais, dont la description qu'il m'avait faite, ressemblait trait pour trait à l'officier traitant d’Elizabeth S... Le libraire appela un médecin, un constat de coups et blessures fut établi et je fus admis en observation au nouvel hôpital.Le lendemain, mon père vint à l’hôpital avec ma sœur Christine, me fit des excuses et me demanda d’aller vivre à Neuilly-sur-Seine, dont l’appartement 3 pièces surpeuplé était en réalité impropre à m’héberger. Il me restait pourtant trois choses à accomplir à Amiens: récupérer le dossier, qui était caché sous le plancher de la chambre Nord-Ouest du domicile de mon père, les quelques vêtements et sous-vêtements indispensables me permettant de me vêtir avant de trouver du travail et enfin demander le plus vite possible la réexpédition de mon courrier. Je pris également la précaution de m’adresser en poste restante à Amiens un double de mon dossier. Mais les traumatismes crâniens dont j’étais affligé me faisaient, par moment et surtout la nuit, souffrir de maux de tête.Un procès-verbal de police truqué et sans date…s’appuyant sur un faux certificat médicalCe fut donc le dimanche 17 juillet que ma sœur Christine me conduisit à Amiens aux fins de reprendre mes hardes et, bien sûr, de vérifier l’état de ma cache dans la chambre nord-ouest de la maison du 105 chaussée Saint-Pierre. La cache était vide ce qui signifiait que son contenu était connu de mon père et du commissaire principal de police d’Amiens qui travaillait pour le MI5. Vers 18 heures, je demandais à ma sœur à repartir, cette dernière refusa au prétexte qu’elle devait voir son père pour lui demander de l’argent. Elle tenait à toucher le salaire de sa trahison. En fait, ce fut une escouade de quatre policiers qui arrivèrent en tube vers 21 heures pour m’emmener au poste central de police où l’on me fit attendre deux bonnes heures (mon père n'était pas là, ce qui permet d'affirmer que mon arrestation était préparée bien à l'avance. C'est à 23 heures que je vis arriver de concert le Commissaire de police Chobières et mon père, sans son frère jumeau et surtout sans son père, qui était mon principal accusateur.Robert FÉCAN se déshabilla dans le Commissariat de police pour montrer théâtralement ses ecchymoses qui, pour l’essentiel, avaient été provoquées par le choc de la chaise de cuisine qui avait éclaté sur lui le 8 juillet 1961 et non auparavant, alors que mon grand-père le destinait à mon crâne. Puis, le Commissaire de police me demanda de signer un procès-verbal de police ou, en alternative, d’être hospitalisé sur le champ en service fermé à Dury. Il m'a présenté un PV en liasse agraphée d’une dizaine de feuillets qui n’étaient pas datés et me demandait purement et simplement de signer la dernière page d'un PV daté en blanc, sans lire celles qui précédaient, en reconnaissant ainsi in fine que j’aurais attaqué mon père au couteau sous l’emprise de l’héroïne, alors que j’étais encore effectivement mineur avant le 7 juillet 1961. Or, de notoriété publique, je passais mes examens à Lille au moment des faits incriminés, et sous la garde de l'évêché les 3 et 4 juillet 1961, et au surplus, je suis mortellement allergique aux dérivés du pavot, comme je l'apprendrai plus tard. Il est certain que si j'avais lu ce PV censé être contradictoire, mes accusateurs auraient été tellement embarrassés qu'ils risquaient des poursuites pénales, Commissaire compris.Le dilemme fut rapidement solutionné. Je ne doutais pas que si je signais, et compte tenu du fait que le commissaire devait avoir connaissance du contenu de ma cache, je tomberai de De Charybde en Scylla et je gagnerai un lavage de cerveau aux fins de décrypter mes archives. Et il était très clair que le Commissaire de Police espion cherchait à valider frauduleusement le certificat d'internement en service fermé du Dr André FÉCAN en lui donnant un effet rétroactif.Parfaitement renseigné sur mes droits par le curé de Notre-Dame, je refusais de signer et fus conduit sur le champ en Tube Citroën de police, toute sirène hurlante, à l’hôpital Pinel de Dury où j’arrivais vers minuit et, comme je le prévoyais en service fermé. Je fus fouillé de telle sorte qu'on me retira mes papiers et mon portefeuille. Sur ce point, la présence des Dr FÉCAN Robert et André ivres lors de ma livraison à l'hôpital Pinel est une pure invention, qui est d'ailleurs contredite par les investigations conduites dans la procédure de divorce de mes parents devant la Cour d'Appel d'Amiens. Je refusais tout médicament à l’exception d’un cachet d’aspirine et finis ma nuit sans problème. Je notais le lendemain matin que j’avais bien été conduit en service fermé puisque toutes les portes et coursives du service où je me trouvais étaient bien fermées à clés. Je n'étais pas hospitalisé en service ouvert et rien de correspondait au bulletin de séjour qui m'a été délivré.Je ne rencontrais le Dr Margat que le lundi après-midi pour lui expliquer que j’étais quelque peu étonné du comportement de mon père lui expliquant que celui-ci avait donné son accord pour que je poursuive des études scientifiques à Paris après avoir passé avec succès mes examens oraux à Lille comme le « Courrier picard » l’avait signalé dans sa première édition du samedi 8 juillet 1961, jour où je suis revenu dans l’après midi à AMIENS avec la qualité civile de majeur. Au demeurant, j’avais pu lire dans le « Courrier picard » les résultats de mes examens, qui relevaient donc de la notorité publique.Le médecin chef eut le souffle coupé, ce qui me confirmait que le Docteur Robert FECAN utilisait bien le faux certificat médical de son frère demandant mon internement en service fermé alors qu’il était absent d’Amiens et remplacé par son frère jumeau Robert depuis trois semaines (après annonces publiées dans le Courrier Picard) et que, par conséquent, il n’avait pu à aucun moment me rencontrer, avant la délivrance de sa demande d'internement en service fermé, ce qui ne pouvait avoir aucune autre qualification pénale que celle d’un faux certificat pénalement répréhensible dans une affaire d'internement arbitraire (161 du C.P.). Avec obligation pour le Conseil de l'Ordre des médecins de radier le Dr André FECAN.A la question des médications qu'il voulait me prescrire, je lui répondis que je souffrais seulement de temps à autres de maux de tête consécutifs aux coups que j’avais reçus de mon père lesquels avaient entraîné ma mise en observation au Nouvel hôpital une semaine plus tôt et que je pensais que ces maux disparaîtraient dès que les conséquences des traumatismes seraient effacées.Pour justement les faire disparaître rapidement, je lui demandais, d’une part, de pouvoir m’entraîner à la course de fond tous les matins autour de la pelouse centrale, et d’autre part, de me rendre à Lille afin de mettre de l’ordre dans mon dossier universitaire qui requerrait la mise à jour de mon adresse, qui ne pouvait plus être celle du 105 chaussée Saint-Pierre. Pas banal de voir un fou cultiver son corps tous les matins... en faisant au moins dix fois le tour de la pelouse centrale de l'hôpital de Dury...Cela me fut accordé et le vendredi 21 juillet 1961, après restitution à 8 heures du matin de mon portefeuille, je me rendis à Lille pour effectuer mon changement de domiciliation, puis je revins vers 14 heures sur Amiens où je me rendis à la Poste centrale. J'y levais mon courrier en poste restante et récupérait, outre le dossier que je m’étais expédié en poste restante, un courrier de ma mère qui, en villégiature dans l’appartement de Sainte-Maxime, m’annonçait que mon oncle André Fécan était passé la voir le lundi 18 juillet pour lui dire que j’avais fait des bêtises…. J'appris par la même occasion du contrôleur principal chargé de la distribution du courrier, que, depuis le mois d'octobre 1944, mon père avait ordonné au service de distribution qu'on lui remette directement tout courrier à mon nom quel qu'il soit, et que de nombreuses lettres venant d'Angleterre, qui m'étaient destinées, avaient été capturées par mon père et ne m'avaient jamais été communiquées!...Je fis donc parvenir un télégramme à ma mère qui séjournait à Sainte-Maxime pour lui expliquer que, sur faux témoignage de Maurice Fécan, et sur un faux certificat d'internement d’André FÉCAN, j’avais été mis en service fermé à DURY et après copie du tout j’expédiais une lettre recommandée au Préfet de la Somme lui communiquant copie de mon télégramme et copie de la lettre de ma mère, qui démontrait qu’André Fécan se trouvait sur la côte d’Azur alors qu’il demandait mon internement en service fermé à Dury sur un faux certificat médical. Puis, je pris un rendez-vous pour suivre un stage rémunéré en entreprise à Paris, et je rentrais paisiblement à pied à l’hôpital Pinel de Dury, juste à 18 heures. Je passais encore paisiblement mon samedi et mon dimanche à l'hôpital Philippe Pinel, attendant la suite de mes initiatives épistolaires.... aux fins d'un internement arbitraire en service ferméLe lundi suivant, ma mère était dans le cabinet du Dr Margat. Puis, M. Larrieu, préfet de la Somme ès qualité appela le Dr Margat personnellement à 11 heures. M. Larrieu était très irrité. Il criait si fort dans l'appareil téléphonique que je pu entendre distinctement ses propos à quatre métres de distanxe. Il a précisé au Dr Margat que si j’étais encore à midi dans son service, il viendrait lui-même me chercher dès 14 heures avec un arrêté préfectoral le destituant sur le champ de son poste de chef du service fermé des aliénés de l’hôpital Pinel. Le Dr Margat avait un air complètement ahuri et penaud, cependant que je pris l'air de me trouver ailleurs.À midi, j'avais quitté l'hôpital dans la voiture de ma mère et, ne pouvant habiter Neuilly-sur-Seine déjà "surbooké", je me retrouvais à titre provisoire dans une chambre de la Cité universitaire, avec un pécule de 200 Francs. Heureusement, je rentrai la semaine suivante dans une entreprise, qui s'est révélée travailler pour la Défense nationale. Je me rendis compte très vite, qu'effectivement tous les méandres et tribulations que j'avais suivis ne devaient rien au hasard...! Comme par hasard, je travaillais tout le week-end du 15 août 1961, jour de l’Assomption, sur un dossier secret, dont je refis tous les calculs, qui s’avérait être le projet de stratégie de dissuasion nucléaire de la France et qui devait être soumis au prochain conseil de défense. Une ligne directe avait même été tirée avec Colombey. Comme le document était conforme à mon courrier du 19 mai 1956 au Général de Gaulle, je m’abstins de m'en servir d’autant plus que je me doutais, qu’après avoir fait main basse sur mes archives dans la cache d’Elizabeth S…, je devais être très surveillé. Effectivement, ma sœur Christine était apparue le vendredi de ce week-end. Mais je m’arrangeais pour que le Général connaisse oralement mon avis, un principe au demeurant édicté par la résistance gaulliste. J’appris finalement, le lundi 21 août 1961, que j’avais été classé « secret défense niveau 5 », c’est-à-dire le même niveau que celui du général de Gaulle sur l'ordre de ce dernier. En effet, seul le chef de l’Etat peut désigner une personne "secret défense" à son niveau.Quant à l'exploitation des concours que j'avais passés qui auraient dû me conduire à Lille, je dus y renoncer. En effet, le général Cogny, avait été nommé commandant de la deuxième région militaire. Or, il comptait parmi ses correspondants, le Docteur Robert Fécan dont l'entregent auprès d’Allen Dulles, Directeur de la CIA, et le passage à la Maison Blanche d’Eisenhower, avaient grandement facilité l'équipement de l'Armée française en Indochine, aussi bien pour équiper le contingent dirigé par le général Leclerc que le point d'appui de Diên Biên Phu. Cela me sera confirmé par la suite lors de l'envoi de ma feuille d'appel sous les drapeaux. Ce que je comprend moins bien, c'est pourquoi l'Alsacien, chef du 2ème bureau à Haïphong et spécialiste des traffics d'armes, faisait à Amiens en 1956 au fait d'enquêter sur sur le Docteur Fécan. Comme l'Alsacien était gaulliste, j'ai demandé à de Gaulle d'arrêter son bras vengeur... ce qui fut fait.François Mitterrand était-il informé de l’opposition de l’armée à la stratégie de dissuasion nucléaire mise en place par de Gaulle? Cela est tout à fait logique et vraisemblable puisque son frère cadet, Jacques Mitterrand, commanda la force de frappe aérienne, puis l’état-major de l’armée de l’Air, sans jamais connaître la méthodologie déterminant les cibles à atteindre. C’est sans doute la raison qui conduisit F. Mitterrand à abandonner le dispositif mis en place par de Gaulle comme il en avait parfaitement le pouvoir mais tout en faisant croire le contraire. En revanche, l’abandon de la stratégie de Gaulle, empreinte de l’expérience à l’issue tragique des erreurs de l’État-major général français commises en 1939 et 1940, qui ont abouti à la débandade militaire de mai-juin 1940, constituait un risque majeur qui ne manqua pas de me préoccuper. De Gaulle voulait avant tout que l'Elysée ne soit pas placé sous l'influence des Etats-majors.Dès la fin du mois d'août, mon père changea son fusil d'épaule et déclara qu'il me verserait chaque mois 500F pour ce faire. Cette promesse a duré exactement deux mois! Dès le mois de novembre, je lui renvoyais le chèque de 400 F au lieu de 500F qu'il m'avait adressé tardivement vers le 13 novembre au motif qu'il n'avait plus d'argent. Pourtant, il dépensera 15.000 F au début de l'année 1962, soit 30 fois plus, pour me faire attaquer dans la rue par un ancien jockey alcoolique qui faisait fonction de concierge de mon immeuble, ainsi que ce dernier s'en vantera dans un des troquets de la rue Blanche où il cultivait son éthylisme...! Je ne doutais pas que ma sœur Christine avait communiqué mon adresse à son père. Bien que deux témoins aient assisté à son attaque dans la rue et aient livré leur témoignage à la police, il osera porter plainte en se fondant sur le fait que son menton avait été ouvert et qu'il avait du supporter deux points de suture... Je devins donc étudiant salarié. Je travaillais en soirée ou de nuit, et j'allais en fac le jour. Je m'intéressais particulièrement aux algèbres logiques dont j'appris le maniement pratique notamment dans le cadre d'un DEST de calcul automatique qui, hélas pour moi, sera supprimé l'année suivante. Or, j'ai été victime juste au moment des examens de ce diplôme, d'une septicémie... au colibacille, qui sanctionnait un état de fatigue profonde et dont je mis plusieurs mois à me remettre. Je n'avais même pas de quoi acheter les antibiotiques qui m'avaient été prescrits et ne pus me soigner que quatre jours après les prescriptions médicales, non sans avoir négocié avec un pharmacien un paiement échelonné des prescriptions. Au total, mes études supérieures se terminèrent en fiasco, et ayant déménagé, j'adressais au centre de recrutement de Valenciennes un courrier recommandé lui demandant de m'adresser ma feuille d'appel sous les drapeaux à l'adresse où je résidais. Ce n'est nullement un hasard si ladite feuille d'appel fut délivrée à la fin de l'année 1963 à Amiens au domicile de mon père où je n'habitais plus depuis le mois de juillet 1961 au su dudit service. Je fus donc déclaré déserteur. Les gendarmes n'eurent pas de peine à me retrouver à l'adresse que j'avais indiquée dans mon courrier recommandé expédié au bureau de recrutement de Valenciennes dont ils me délestèrent en même temps qu'ils me délivrèrent la feuille d'appel, infructueusement réclamée au service de recrutement, au 405ème Régiment d'artillerie anti aérienne d'Hyères. J'y fis l'objet de mesures disciplinaires multiples jusqu'à ce que la Conseiller militaire du général de Gaulle débarque, le 15 août 1964 à 15 heures, pour prendre de mes nouvelles, juste au moment où je participais à un safari aux rats (deux morts) dans les geôles du régiment. La seule chose dont je suis sûr, c'est qu'il a révélé au colonel commandant le Régiment que j'étais classé "secret défense" au plus haut niveau, ce qu'il aurait mieux valu qu'il taise.

     

    La feuille d'appel délivrée le 14 janvier 1964 par la gendarmerie.
    En cliquant dessus, apparaitra le dossier de mon livret militaire,subtilisé dans
    un coffre-fort loué à mon nom dans l'Agence de la Société générale de Bergerac.
    Un détail plutôt surprenant? Non?
    En fait, ce livret prouve qu'entre 1956 et 1958, j'ai été en contact avec "l'Alsacien"!

    Après quoi, mon service militaire se déroula plus normalement et je fus libéré au mois d'août 1965 tout en constatant que tous mes dossiers personnels avaient disparu. Je ne m'inquiétais pas outre mesure puisque j'avais confié le dossier complet de mon internement à ma mère qui s'en servit et aurait du me le rendre après usage, alors qu'il ne me fut jamais restitué. C'est donc ma soeur Claudine qui le détient alors qu'elle prétend que je suis schyzophrène... Je trouvais du travail assez facilement et, au tout début de l'année 1966, je fus convoqué pour deux embauches sérieuses possibles. La première concernait un poste de rédacteur au "Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment" et la seconde concernait le recrutement d'un spécialiste capable de détecter les pannes sur les systèmes électroniques embarquées sur la fusée "Diamant".

    Je me rendais aux deux premières convocations où je fus sélectionné lors de chacune. S'agissant de la détection des pannes sur le matériel électronique embarqué de la fusée Diamant, je devais me rendre à 8 heures du matin dans les locaux de la Télémécanique électrique en Seine-Saint-Denis le premier lundi de janvier 1966, un jour de grève des autobus de la RATP, qui entraina un retard de deux heures sur l'heure de ma convocation. Je fus reçu par le chef de projet qui me déclara qu'il y avait peu de chances que je trouve les erreurs des circuits électroniques qu'il me soumettait en moins de deux heures. Il me soumit les problèmes que je devais solutionner à 10 h 10. A 10 h 20, j'avais solutionné les deux problèmes grâce à mes connaissances en algèbres logiques. Très surpris, le chef de projet constata que mon diagnostic sur les deux modèles qui m'étaient proposés était exact. Il me demanda, entre autres, de développer mon analyse ce qui me prit plus de 90 minutes plusieurs tableaux dont il prit une copie complète.

    Il me demanda d'illustrer les critères et règles permettant de concevoir et mettre en place un système continu de contrôle des équipements électroniques embarqués en concevant la logique d'un mécanisme capable de substituer un circuit de remplacement à un circuit défaillant. Ce que je fis sur le champ et dans la foulée en moins d'un quart d'heure. Ainsi, le chaf de projet de "diamant" possédait tous les éléments indispensables à la détection du fonctionnement ou non des circuits électroniques par les algèbres logiques. En effet, comme je pratiquais les 7 algèbres logiques et les règles applicables pour passer d'un algèbre à l'autre, j'avais une propension certaine à simplifier les calculs en utilisant le mode de calcul le plus approprié...Nous nous quittâmes vers 13h 15 et je mis plusieurs heures pour rentrer chez moi... à pied. Trois jours plus tard, je recevais une nouvelle convocation.

    Je fus donc sélectionné et pris d'ailleurs connaissance huit jours plus tard du dossier de renseignements secrets me concernant, qui relevait chez moi une tendance certaine et apparente à la distraction. Et pour cause! Finalement, je déclinais l'offre d'embauche en raison de contraintes de secret défense, qui se cumuleraient avec celles qui m'affligeaient déjà depuis 5 ans, en tombant, entre autres, sous les fourches caudines de l’État-major général. Avec à la clé, le pénible souvenir de mon internement à DURY.

    Un second dossier secret, instruit sur ordre de de Gaulle
    par le premier juge d’instruction du TGI de Paris
    Jean BONNEFOUS, dérobé lui aussi

    Au demeurant, j'eus rapidement la preuve que mes craintes étaient fondées. A la mi-septembre 1966, j'appris que le dossier secret, censé me protéger, dans les archives du PC Jupiter, avait disparu. Cette information était complétée par une prescription formelle de ne pas me rendre au domicile de mon père et de me méfier de ma famille. On ne fait pas disparaître, par hasard ou par inadvertance, pour la seconde fois, un pareil dossier expliquant pourquoi le général de Gaulle m’avait classé secret défense à son niveau. Et celui qui avait le plus intérêt à la disparition de ce dossier, n'était ni plus, ni moins que le Dr Robert Fécan et les généraux comploteurs qui souhaitaient garder la haute main sur la stratégie de dissuasion nucléaire de la France afin d’assujettir celle-ci, entre autres, à l’OTAN.

    On me déclara que tous les suspects, parmi lesquels figurait Jacques Chaban-Delmas, étaient surveillés et placés sur écoute. Au même moment, les services "action" de l'Armée, qui avaient attendu que l'instruction des dossiers des généraux rebelles, confiée au Premier Juge d'Instruction du TGI de Paris, Jean BONNEFOUS, soit achevée, exercèrent leurs talents en les détruisant par le feu, au sein des combles du Palais de Justice de Paris, Or, je fréquentais à cette époque sa fille ainée, Joëlle. Coïncidence ou pas, le général de Gaulle fit délivrer vers le 20 septembre 1966 à Jean Bonnefous, magistrat habilité au secret défense, une lettre de mission le chargeant de rétablir mon dossier disparu, toute affaire cessante, pendant que l'on floquait à l'amiante son bureau et les combles du Palais de Justice de Paris.

    Le juge Jean Bonnefous s'acquitta de cette tâche dès la dernière semaine de septembre et la première semaine d'octobre 1966, au su de sa fille Joëlle et de son épouse. Il se rendit à Amiens ainsi qu'à Rouen. (où son passage a laissé des traces). Je sais, puisqu'il m'a interrogé à ce sujet, qu'il avait eu connaissance de mes préconisations techniques démontrées, au début du mois de janvier 1966, au polytechnicien chef de projet de la fusée Diamant quant au contrôle au moyen des algèbres logiques du matériel électronique embarqué.

    Je me souviens au demeurant que je lui avais exprimé les plus grandes craintes et mises en garde quant au risque d’exposition aérienne aux fibres d’amiante pendant les travaux de reconstitution des dossiers d'instruction des généraux détruits. Jean Bonnefous est décédé en 1986 après de multiples opérations aux poumons, non sans m'avoir rappelé au mois de septembre 1986, quelques semaines avant sa mort, alors que je lui avais rendu visite dans la clinique où il avait subi sa dernière opération: "Hélas si j'avais eu raison quant aux conséquences de son exposition à l’amiante", de son côté, "il avait également raison de m’avoir mis en garde contre l'inconstance de sa fille, qui, a-t-il ajouté, "n'attend que ma mort pour demander le divorce".

    Ce second dossier secret contrôlé par le juge Jean Bonnefous fut kidnappé lui aussi après le départ du Général de Gaulle de l'Elysée comme on le verra ultérieurement. Mais le résultat le plus clair des investigations de Jean Bonnefous fut qu'il ne s'opposa plus au mariage de sa fille.

    C’est par le biais des écoutes téléphoniques que fut interceptée et enregistrée une communication téléphonique entre la mairie de Bordeaux et les organisateurs d’une manifestation prévue le 6 mai 1967 en vue de l’inauguration du Grand pont de Bordeaux. Elle avait pour objet de m’attirer dans un piège, disons féminin, permettant de m’assassiner par une overdose d’héroïne, ce dont il était déjà question dans le PV en blanc que j’avais refusé de signer le 17 juillet 1961. Il y avait donc bien un lien constant entre cette manoeuvre et le Dr Robert Fécan.

    Effectivement, je fus bizarrement invité personnellement à la manifestation de l’inauguration du Grand pont de Bordeaux mais en étant particulièrement encadré sur l’ordre de l’Elysée. C’est ainsi que la veille, il me fut donné rendez-vous à la gare Austerlitz, dix minutes avant le départ du train. Un wagon de première non signalé avait été accroché à la queue du train, qui était réservé à ma seule personne. Quatre hommes étaient chargés de ma sécurité : deux fonctionnaires de la DST, armés de pistolets automatiques de gros calibre chargés de ma protection rapprochée et deux autres hommes encore plus lourdement armés puisque équipés, entre autres, de pistolets mitrailleurs UZI, qui prirent place devant chaque portière aux extrémités du wagon réservé. L’un d’entre eux était ni plus ni moins que Dominique Ponchardier, l’homme en charge du service d’ordre du mouvement gaulliste et celui là même qui m’avait donné la maquette d’un bombardier B17 au début du mois de janvier 1944!... Le Dr Robert Fécan se chargea lui-même de faire disparaitre cette maquette avec tous les cadeaux qu’Elizabeth avait pu me faire parvenir.(meccano, train Hornby...). Une forme d'aveu! En définitive, l'invitation à Bordeaux se révéla conforme à celle révélée par l'écoute téléphonique. Elle me fut bien délivrée et fut, bien sûr, refusée... Le PV d'écout e téléphonique était ainsi formellement validé.

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    C’est peu après l'équipée de Bordeaux que le cabinet du Général de Gaulle m’a offert la possibilité de me faire élire député du 12 ème arrondissement de Paris, offre que j’ai déclinée. Et pour cause, j’avais pris langue avec plusieurs socialistes mendésistes dont Pierre Bérégovoy. Alors que l’enseignement des logiques des systèmes avait été supprimé dans l’enseignement supérieur par G Pompidou, en 1963, j'avais demandé à participer à une commission du parti socialiste, fonctionnant auprès du Sénat, chargée d’étudier divers projets de loi dans le domaine économique et social. Avec le soutien de Pierre Bérégovoy, j’inventais le congé de formation des salariés qui, à mes yeux, devait permettre aux techniciens de tout grade et autres salariés de s’adapter aux chocs technologiques que ne manqueraient pas de déclencher l’intrusion de la logique des systèmes dans les processus de production, de leur conduite, de leur maintenance et de leur contrôle. Et le premier homme politique qui me faisait surveiller, non sans une certaine appréhension, fut justement le Général de Gaulle…, puis son successeur G. Pompidou, qui furent conquis d’office à l’idée de cette réforme et de celle de la formation professionnelle qui la complétait.

    Quatre années plus tard,j'eus, au demeurant, la preuve que la création du congé de formation était judicieuse et indispensable. Lors d'un déjeuner débat organisé à Marseille par le CNPF (maintenant le MEDEF), j'avais été placé, sur sa demande auprès d'un diplomate japonais. Entre la poire et le fromage, le diplomate japonais se présenta comme étant le deuxième attaché d'Ambassade du Japon à Paris. Et il se mit à affirmer que c'était moi et nul autre qui avait créé le congé de formation. Je lui ai demandé sur quoi il fondait son assertion. Et il me répondit que l'ensemble des dispositions de cette réforme avait été analysé très précisément dans mon journal en 15 lignes trois semaines semaines avant son examen en Conseil ds ministres. Et que ce résumé était nettement plus juste et concret que le communiqué officel du Conseil des ministres. Il en avait déduit que l'auteur de ce résumé ne pouvait être que l'inventeur du congé de formation. En foi de quoi, il l'avait traduit en japonais et adressé au ministre des affaires étrangères de l'Empire du Soleil Levant. Puis il conclut en précisant que toutes les informations économiques publiées en Europe, et an particulier celles diffusées par mon journal (Le Moniteur de Travaux publics et du Bâtiment) étaient expédiées et centralisées dans un ordinateur à OSAKA et mis à la disposition des entreprises exportatrices japonaises. Ce qui nécessitait des facultés d'adaptation des concepteurs et salariés japonais essentielles à la bonne fin de l'économie japonaise. (Voici donc l'explication de ce que l'on a appelé les entreprises "tournevis" japonaises, entreprises dont les lignes de production sont modélisées de façon à être facilement adpatables, démontables et transportables là où le marché le requiert). "Vous avez inventé le congé de formation en vue d'adapter le savoir et l'expérience des salariés à l'évolution du marché, Monsieur FECAN. Nous, on l'a fait",a-t-il conclu!"(voir encadré intitulé le fol dilemme à propos de l'économie française).

    La surveillance étroite dont je faisais l'objet à la fin du règne de Charles de Gaulle se poursuivit en effet sous celui de son successeur G. Pompidou, que j'ai tiré d'affaire quant à l'issue des accords de Grenelle (***). Finalement, bien qu'ayant refusé de me faire enbrigader dans les rangs du parti gaulliste, je fus encouragé par son cabinet à faire connaître ce projet, qui avait le soutien de l’Elysée avant même d’être porté à la connaissance du Premier ministre dont la feuille d’impôts devait être publiée dans « le Canard enchaîné ». Je communiquais le projet aux Présidents des assemblées parlementaires et de leurs Commissions compétentes. Un projet qui ne doit strictement rien à J. Delors qui m’avait, au demeurant, invité à son domicile pour le lui faire connaître. En définitive, ce projet de loi qui fut adopté en Conseil des ministres, et que j’estimais urgent, fut adopté à l’unanimité par les deux assemblées ainsi que la Réforme de la formation professionnelle qui en formait la suite logique. Hélas, analysé comme un simple instrument fiscal, il n'eut pas l'influence sur l'emploi que je lui prétais.


    (***) Note de l'auteur: Pour la petite histoire, l'auteur a appris d'un officier de transmission qui évacuait sa famille de Paris, que l'armée préparait l'entrée des chars dans Paris... sans doute pour reprendre la Sorbonne...
    Afin de contrarier une si folle entreprise, je veillais à ce que G. Pompidou garde le contact avec les syndicats présents à la négociation des accords de Grenelle. Le motif de mon entreprise reposait sur une alternative simple. Il fallait choisir soit les accords non signés de Grenelle et pas de char à Paris, soit les chars et plus d'accords de Grenelle. Et pour concrétiser, je délivrais le numéro de téléphone du fil directe de Pompidou (avec son accord...) aux secrétaires généraux des centrales syndicales, sauf celui de la CGT. En revanche, les fédérations CGT du BTP et de l'influent syndicat du livre en bénéficièrent afin d'être convaincues des intentions de G. Pompidou.
    Je me souviens que, au terme de ma discussion avec le glorieux représentant du Syndicat du Livre, ce dernier me posa la question suivante: "J'ai un ami cadre de la SNCF à la gare du Nord. Il m'a dit un jour qu'un fils de la famille FECAN avait sauvé son réseau de renseignement. Est ce que ce ne serait pas vous par hasard?" "Je lui répondis: A votre avis? Il me semble que vous avez la réponse!"
    Résultat: mon journal fut le seul à publier les accords de Grenelle en pleine grève perlée de la fabrication et de la distribution des journaux sur Paris surface. La rédaction se chargea de distribuer quelques 25.000 exemplaires à ses abonnés de Paris et de la région parisienne. L'approche des vacances, la perspective d'une augmentation des salaires et des élections firent que, bientôt, le quotidien "Libération" put titrer "augmentation du SMIC: les pauvres sont riches".


    De son côté, G. Pompidou devint un fervent partisan de la concertation. Souhaitant que la France suive les pas de la Suède, "avec le soleil en plus."

    Jacques Chirac en novembre 1967:
    "Plus de deux millions de chômeurs à l’horizon 2000?
    C’est impossible!"

    En novembre 1967, je fus sollicité par le cabinet de G. POMPIDOU pour interviewer «un jeune loup» sorti tout fringuant de la Cour des comptes qu’il fallait lancer dans les sphères supérieures de la politique. Je réussis à collecter toutes les statistiques existantes de chômage depuis 1958 et à les organiser logiquement sur critères afin de déterminer pourquoi le nombre des chômeurs indemnisés avait été multiplié par 10 en neuf ans. Je les traitais par projections sur chaque critère en fonction de suites non convergentes, pour parvenir à l’horizon 2000 à l’hypothèse de plus de 2 millions de chômeurs (hypothèse basse, près de 3 millions en hypothèse haute). Telle fut la question que je posais début novembre 1967 au jeune secrétaire d’État à l’Emploi Jacques Chirac: "Que faire pour éviter plus de deux millions de chômeurs à l'horizon 2000?". Seul, G. Pompidou, qui avait reçu le canevas de mes questions à son poulain, se préoccupa, vers la fin de son règne à l'Elysée, de cette inquiétante inadaptation de la population salariée française à l'évolution des métiers et des technologies.

    Jacques Chirac a refusé la question posée en affirmant « plus de 2 millions de chômeurs en l’an 2000, c’est impossible! ». Il n’a même pas cherché à se faire expliquer comment on pouvait parvenir à une telle conclusion. Et pourtant, les mêmes critères sont toujours valables et le resteront tant qu’ils ne seront pas pris en considération...

    Quelque temps plus tard, en 1968, je fus sérieusement mis en garde contre toute immixtion dans les procès de divorce de mes parents. On me fit savoir que c'est dans ce sens et à mon intention que G. Pompidou avait commandé à Guy Béart la chanson "La vérité".

    Du danger d'être citoyen d'honneur de l'URSS...

    Dans l’épilogue de la journée du 2 avril 1944 et la très étonnante histoire du petit garçon, qui sauva le secret du débarquement du 6 juin 1944, il faut ajouter que, dès le mois de mai 1945, il fut secrètement hissé… au rang de citoyen d'honneur de l'Union soviétique. Un honneur dont il a été informé officiellement, le 26 juin 1973 vers 19 h, par le chef de l'Etat soviétique, Leonid Brejnev, avant de clore son second voyage officiel en France. Cette rencontre eut lieu selon un protocole arrêté et en présence d'un mentor de la DST désigné par le Président de la République, Georges Pompidou.

    Je fus en effet informé de façon anonyme, le 26 juin 1973 vers 11 h 30, qu'une voiture de l’Élysée viendrait me chercher à 18 heures 30 à proximité de mon bureau, (pour une destination qui m'était dissimulée), je fus en réalité amené en présence de Leonid Brejnev, entouré des plus hauts dignitaires soviétiques encadrés par une centaine d'officiers de l'Armée rouge au garde à vous, pour m'entendre dire que j'avais été élevé à la dignité de citoyen d'honneur de l'URSS par le Soviet suprême dès le mois de mai 1945.

    Ceci me rappela qu'en 1948, vers la fin septembre un vendredi, à quelques jours de la rentrée scolaire, et alors que je marchais dans la rue Masséna en compagnie de Maurice Fécan, je fus abordé par Léon Dupontreué, avec cette exclamation : "Alors, comment se porte notre jeune résistant!...". La seule carte que j'avais à jouer devant les sommités soviétiques fut alors de forcer le respect de mes interlocuteurs, ce que je fis sur le champ alors même que mon "mentor" piaffait d'impatience en farfouillant dans sa poche pour que je me retire.

    De retour, dans la voiture de l'Elysée, mon "mentor" me dit avec le plus grand sérieux et le plus parfait cynisme qu'il avait l'ordre écrit de m'abattre si je faisais mine d'accepter la dignité soviétique. Et joignant le geste à la parole, il exhiba un pistolet automatique de 9 mm dont il dégagea la balle introduite dans le canon, ajoutant "avec çà, je ne vous aurai pas raté!"... Puis, il me demanda s'il devait me ramener à mon bureau. Je lui répondis que ce n'était pas la peine: il lui suffisait de me déposer, place du général de Gaulle... Il ne comprit probablement pas l'allusion, formant réponse à son cynisme. J'en déduisis que G. Pompidou, déjà très atteint par son cancer ignorait que Charles de Gaulle lui avait caché une bonne partie de ma vie qui lui avait été rapporté par le premier dossier disparu et qui l’avait conduit à me faire confiance. En conséquence, après le vol de mon premier dossier secret dans les archives du PC Jupiter, il pouvait être manipulé.

    En descendant dans le métro, je pensais que je ne devais pas être le seul menacé de telles manipulations. Celui qui me paraissait le plus en danger s'appelait Robert Boulin, l'homme de confiance et des secrets de de Gaulle. Trois ans et quelques mois plus tard, il était retrouvé mort après avoir été torturé... L’explication est pourtant simple : Robert Boulin, qui disposait des comptes rendus d’écoutes téléphoniques du Dr Robert FÉCAN et de Jacques Chaban-Delmas, était également en possession des preuves de mon classement «secret défense –niveau 5», décidé en août 1961 par le Général de Gaulle. Et c’est lui qui avait déclenché les procédures pénales contre le Dr R. Fécan, dans l’espoir de récupérer le dossier secret après lequel beaucoup de monde courrait. Bien sûr, le dossier « FÉCAN» disparut des archives de Robert BOULIN le jour même de son supplice mortel.

    Désormais, une partie de mon cerveau allait fonctionner de façon à déjouer les pièges qui risquaient de m'être tendus. Évidemment, je ne pourrais pas faire grand-chose si mes proches étaient manipulés. C'est très exactement ce qui s'est produit après la mort de Jean Bonnefous, magistrat habilité au «secret défense», qui avait travaillé à la reconstitution d’un second dossier secret sur lettre de mission de l'Elysée.

    Après le ralliement de P. Bérégovoy à François Mitterrand, j’ai quitté le parti socialiste bien que cosignataire avec Pierre Bérégovoy du manifeste pour la création de ce parti. On y faisait répandre le bruit, je pense par Maître Badinter interposé, ex-avocat du Dr Robert Fécan avant que de devenir celui de la famille Boulin, que j’étais fou (plus exactement schizophrène) à partir du dossier (avec photographies) constitué par le Docteur Robert Fécan pour neutraliser tout témoignage de ma part quant à son assaut armé d’un couteau à saigner contre son épouse le 2 novembre 1960 à 20 heures. Il reste à savoir qui a raflé illégalement, après sa mort (qui m’a paru provoquée), le dossier qui dormait dans ses coffres forts, pour en faire un usage non contradictoire et un outil de harcèlement judiciaire à mes seuls dépens, avec une intention de nuire permanente? Quand il a défendu devant le Parlement la suppression de la peine de mort, Maître BADINTER a omis d'expliquer devant le Parlement qu'un citoyen était résolument exclu du champ d'application de la loi. L'auteur de ces pages.

    Toujours est-il que les choses ont véritablement changé à partir du règne de François Mitterrand à l’Elysée.






















     

     

    dernière mise à jour le 12 octobre 2014.


                                    



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    RESISTANCE POLONAISE pendant la seconde guerre mondiale

     
      
    La résistance polonaise pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    Saviez-vous que la plus grande organisation de résistance clandestine pendant la Deuxième Guerre Mondiale fut l'Armée Polonaise de l'Intérieur ?

    Le sort de ces hommes et de ces femmes était d'être traqués, souvent tués ou déportés par les "libérateurs" soviétiques.

    L'Armée de l'Intérieur a mené l'Insurrection de Varsovie
    qui dura 63 jours.

    On lui doit un flux continu de renseignements sur front de l'Est, des informations sur les munitions V-1 à Peenemunde, l'envoi en Grande-Bretagne de fusées V-2, le sabotage et la destruction de
    trains d'approvisionnement et de centres de liaison allemands.
     
     
     

    L'Armia Krajowa (l'armée de l'intérieur, AK) était le plus important mouvement de résistance en Pologne sous l'occupation allemande en 1939-1945 et soviétique 1939-1941. Elle fut active de septembre 1939 à janvier 1945.

    L'Armia Krajowa était le plus important mouvement de résistance en action durant la Seconde Guerre mondiale, formant l'aile armée de ce qui fut connu sous le nom d'État secret polonais (państwo podziemne).

     

     

      

    Origine

    L'AK dérive du Służba Zwycięstwu Polski (Service de la Victoire Polonaise),

    créé le 27 septembre 1939 par le général Michał Karaszewicz-Tokarzewski.

    Le 17 novembre 1939, le général Władysław Sikorski remplaça cette organisation par le Związek Walki Zbrojnej (Union de la Lutte Armée) qui devint par la suite l'AK après la fusion avec le Polski Związek Powstańczy (Union Polonaise de la Résistance).

     

    L'AK est officiellement née le 14 février 1942.

    Stefan Rowecki (connu sous le pseudonyme de Grot, ou « pointe de flèche »), fut le premier commandant de l'AK jusqu'à son arrestation en 1943; Tadeusz Bór-Komorowski commanda de juillet 1943 jusqu'à sa capture en septembre 1944. Leopold Okulicki, connu sous le pseudonyme de Niedźwiadek (« bébé ours ») dirigea l'organisation jusqu'à sa dissolution.

    L'AK est officiellement dissoute le 19 janvier 1945 afin d'éviter un conflit armé avec les Soviétiques ainsi qu'une guerre civile. Cependant, de nombreuses unités décidèrent de continuer leur combat dans de nouvelles circonstances.

     

    Structure

    La branche exécutive de l'AK était le commandement opérationnel, composé de nombreuses unités. Les estimations des effectifs de l'AK durant la seconde moitié de 1944 oscillent entre 250 000 et 350 000, dont plus de 10 000 officiers.

      

    La plupart des autres mouvements armés polonais clandestins fusionnèrent avec l'AK :

    • La Konfederacja Narodu (Confédération du Peuple) (1943),
    • Le Bataliony Chłopskie (Bataillons des Paysans),
    • Une large organisation militaire du Stronnictwo Ludowe (Parti populaire),
    • Le Socjalistyczna Organizacja Bojowa (Organisation de Combat Socialiste), créé par le Polska Partia Socjalistyczna (PPS, Parti Socialiste Polonais),
    • La Narodowa Organizacja Wojskowa (Organisation Militaire Nationale), créée par le Stronnictwo Narodowe (Parti National),
    • À partir de mars 1944, une partie de l'organisation d'extrême droite (notamment du Camp national-radical) Narodowe Siły Zbrojne (Forces Armées Nationales).

    L'AK était divisée en 60 branches régionales, qui elles-mêmes se divisaient en 89 inspections puis 278 districts. Le commandement suprême définissait les tâches prioritaires de l'AK comme étant la préparation de l'action et le soulèvement général à la fin de l'occupation allemande, jusqu'à la victoire.

      

    À ce point, les plans prévoyaient la prise du pouvoir en Pologne par la création d'une delegatura, les représentants du Gouvernement polonais en exil à Londres puis par le gouvernement en exil lui-même, une fois celui-ci rentré en Pologne.

     

    Relations avec les Juifs

    En février 1942, le commandement opérationnel du bureau d'espionnage et de propagande de l'AK créa une section Affaires juives, dirigée par Henryk Wolinski. Cette section rassembla des données sur la situation de la population juive, prépara des rapports et envoya des informations à Londres.

      

    Elle centralisa les contacts entre les organisations militaires polonaises et juives. L'AK organisa également un soutien financier pour les juifs (voir Zegota).

      

    L'AK n'accepta que très peu de juifs (environ un millier) dans ses propres rangs : les candidatures de juifs étaient le plus souvent refusées. Trois parmi les 7 membres du Commandement Collectif de l'AK (KG AK) étaient cependant d'origine juive.

     

    L'AK fournit au ghetto de Varsovie environ 60 revolvers, plusieurs centaines de grenades, des munitions et des explosifs. Durant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, des unités de l'AK tentèrent par deux fois de faire sauter le mur d'enceinte du ghetto, menèrent des actions en dehors du ghetto, et en liaison avec les forces de la GL attaquèrent certaines unités allemandes laissées en sentinelle près des murs du ghetto.

    Une unité de l'AK, le Corps de Sécurité (korpus bezpieczeństwa ou KB) prit une part directe aux combats à l'intérieur du ghetto avec les combattants juifs

    du Żydowski Zwiazek Walki.

     

     

    Opération

     

    Bien que l'AK n'ait pas été à l'origine d'un soulèvement général, ses forces ont bel et bien pratiqué un intense sabotage économique et militaire.

    En 1944, l'AK agit à grande échelle, notamment en lançant l'insurrection de Varsovie qui éclate le 1er août 1944. Le but était de libérer Varsovie avant l'arrivée de l'Armée rouge soviétique (à la manière de Tito).

      

    Bien que les insurgés aient initialement réussi à libérer quelques centaines de prisonniers du camp de concentration de la rue Gesia (aujourd'hui Anielewicza) et aient pratiqué une guerre de rue féroce, les Allemands finirent par les écraser et détruisirent la ville pendant que les Soviétiques stoppaient leur offensive durant plusieurs mois en refusant tout secours aux insurgés (y compris en refusant l'ouverture des pistes d'atterrissage aux quelques avions alliés).

    Le soulèvement est définitivement écrasé le 2 octobre 1944.

    Les unités de l'AK ont conduit des milliers de raids ainsi que des opérations de recherche de renseignement, saboté des centaines d'équipements ferroviaires et participé à de nombreuses batailles de partisans avec la police et la Wehrmacht allemandes.

    L'AK est accusée d'avoir commis des crimes contre les minorités ethniques, particulièrement les Lituaniens (voir ci-dessous).

    Au total, environ 5 700 Allemands auraient été tués par l'AK.

    Les principales opérations militaires ou de sabotage sont :

    Unités célèbres de l'Armia Krajowa :

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    Henri Lafont et la "Gestapo française"

    de la rue Lauriston

     

     
    Henri Chamberlin dit Lafont en 1944
     
      
      
      
    Henri Chamberlin (1902-1945), dit Henri Normand ou Henri Lafont, fut le patron de la "Gestapo française" de la rue Lauriston.
    Il figure dans plusieurs textes de Patrick Modiano.
      
    Cité notamment dans La Place de l’étoile, Henri Lafont se retrouve également sous les traits d’un des personnages importants
    de La Ronde de nuit, Le Khédive.

    Orphelin de père à 11 ans, abandonné au même moment par sa mère de même que ses 5 frères et sœur, Henri Chamberlin connaît une enfance miséreuse.
      
      
      
    Il vit d’expédients, et se retrouve vite envoyé dans une maison de correction très dure, celle d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot.
      
    Après son service militaire, puis quelques petits boulots, il vole, et est envoyé en prison, puis au bagne de Cayenne.
      
    Il réussit à s’en évader.

    Vers 1939, il obtient la concession d’un garage Simca à Paris, porte des Lilas, sous la fausse identité d’Henri Normand.
      
      
      
    Avec la guerre, il est cependant obligé de stopper cette activité, faute de clients. Il devient alors gérant du mess de la préfecture de police de Paris.
      
      
    Peu de temps auparavant, il avait en effet noué de bonnes relations avec la police, en offrant une Simca à l’Amicale de la préfecture de police, qui était venue quêter.
      


    Un policier l’ayant reconnu, il est toutefois incarcéré en 1939 à la prison du Cherche-midi puis au camp de Cépoy, pour ne pas avoir répondu à l’ordre de mobilisation.
     
     
     
       
      
    Il s’évade lors d’un transfert, en compagnie de plusieurs autres prisonniers, dont deux espions allemands. Recherché par la police française, il se rapproche alors des autorités allemandes installées à Paris, en particulier le colonel Rudolph, patron de l’Abwehr, et ses deux adjoints : Hermann Brandl dit Otto et le capitaine Radecke.
      


    Sous le nom de Lafont (Patrick Modiano orthographie Laffont), il met alors en place pour leur compte une officine chargée à la fois de s’approprier des richesses françaises, et de participer à l’espionnage allemand.
      
      
      
    Après plusieurs autres adresses, notamment l’avenue Pierre 1er de Serbie, ce bureau s’installe 93, rue Lauriston, dans le XVIème arrondissement.  
     
     
     
     Il est parfois surnommé La Carlingue.
     
      
    Entre un cinéma et un restaurant, La Carlingue est citée par le narrateur de Voyage de noces dans la
      
    "liste approximative de quelques endroits que nous fréquentions".

      
    Codirigée par l’ancien policier Pierre Bonny, cette annexe de la Gestapo emploie une vingtaine de condamnés de droit commun libérés à la demande de Lafont :
      
    truands, hommes de main, proxénètes, etc. Parmi les membres de la bande, Louis Pagnon dit Eddy Pagnon, Charles Delval,
    Annie de Saint-Jaymes, Jo Attia,
    Abel Danos dit Le mammouth, etc.
      
      
    Le faux marquis Lionel de Wiett, Guy de Voisin,
    Jean Luchaire, sa fille Corinne et sa maîtresse Yvette Lebon fréquentent également les lieux…


    Peu à peu, ce « bureau d’achat » très particulier se double d’un service de basse police, où la torture est monnaie courante.
      
    Une annexe située 3 bis place des Etats-Unis, et où s’installera plus spécialement
     
    Pierre Bonny, sera d’ailleurs en partie aménagée en prison.


    "Ces criminels utilisaient les sévices corporels comme méthodes d’interrogatoire et profitaient de l’immunité que leur conférait leur ausweiss spécial et leur permis de port d’arme, pour commettre d’innombrables délits :
      
    vols au cours de perquisitions, fausses perquisitions au domiciles de personnes riches, chantages, trafics de toutes sortes. "
      
    (Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard 1962).
     
      

    Plaque sur la façade du 93 rue Lauriston
    "A son zénith, « Monsieur Henri » roulera en Bentley, s’entourera d’orchidées et de comtesses, et ses derniers mois seront hantés de rêves mégalomaniaques caractérisés."
      
      
    (Pascal Ory, Les Collaborateurs, Le Seuil 1976).
      


    Dénoncés par Joseph Joanovici, Henri Lafont, Pierre Bonny et six autres membres de la bande, dont Eddy Pagnon, sont condamnés à mort à la Libération et exécutés le 27 décembre 1944.
      
    Eddy Pagnon, Modiano et la Gestapo française de la rue Lauriston
     
     
    Collaborateur français, membre de la bande de la rue Lauriston menée
      
    par Henri Lafont et Pierre Bonny,
      
    Eddy Pagnon est un personnage central de l’œuvre de Patrick Modiano.
      
    Il revient, d’une façon ou d’une autre, dans de très nombreux textes.

    Eddy Pagnon était le chauffeur attitré
      
    d’Henri Chamberlin, dit Lafont.
      
      
    Condamné à mort le 12 décembre 1944,
      
    Eddy Pagnon fut exécuté le 27 décembre à 10h00 au fort de Montrouge avec sept autres membres de la « Gestapo française »
      
    de la rue Lauriston :
      
      
    Bonny, Lafont, Haré, Delval, Villeplane, Engel et Clavié.

    Avant guerre, Eddy Pagnon aurait
      
    rencontré Albert Modiano, le père de Patrick Modiano,
      
    dans un garage, indique Patrick Modiano dans plusieurs textes.
      

    Puis pendant la guerre, durant l’hiver 1943, Albert Modiano aurait été arrêté dans une rafle,
      
    emmené au dépôt de la Préfecture de police, et Pagnon l’aurait fait libérer.
      
      
    Telle est du moins l’hypothèse que, sous couvert de fiction,
      
    Patrick Modiano a répétée dans trois récits :
      
    De si braves garçons, Remise de peine et Fleurs de ruine.
      
      
    Il n'est cependant pas parvenu à vérifier cette hypothèse, et ne la cite pas dans son autobiographie Un pedigree lorsqu'il évoque les arrestations de son père.
      


    Eddy Pagnon apparaît de façon assez fugitive  
     dans Les Boulevards de ceinture :  
     

    "Sylviane profite du silence pour raconter qu'un certain Eddy Pagnon, dans un cabaret où elle se trouvait en sa compagnie, a brandi un revolver d'enfant devant les clients terrifiés.   
      
    Eddy Pagnon... Encore un nom qui court dans ma mémoire.   Personnage ?
      
    Je ne sais pas, mais cet homme me plaît qui sort un revolver dont il menace des ombres."
     


    De si braves garçons :  
     
    Avant la guerre, Eddy Pagnon travaillait dans un garage d’Asnières dont "s’occupait" un certain Jendron.     
      
      
    Tous les deux sont devenus des amis de Claude Portier, mère de Christian Portier,
      
    élève du collège de Valvert et l’un des camarades du narrateur.
      

      "Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver, à cet Eddy Pagnon, pour qu’ils en parlent à voix basse?",
      
    s’interroge le narrateur, Patrick.
      
      
      
    Un début de réponse viendra 20 ans plus tard :  
      
      
     "Il travaillait pour les Allemands… Il nous a fait libérer quand nous avons été arrêtés, le père de Christian et moi… (…)
      
    Les Allemands nous avaient passés à tabac…",     
    explique Claude Portier à la fin du livre.
      


    On retrouve Louis Pagnon dans Dimanches d’août.
        
      
    Cette fois, il est présenté comme l’un des propriétaires fugaces de la Croix du Sud, ce bijou de grand prix au centre du récit.  
      

    La pierre aurait été vendue en février 1943 par
      
    "un certain Jean Terrail" à "un certain Pagnon, Louis".
      
      
    "Selon une fiche de police ultérieure, la vente s’était effectuée en marks allemands.
      
      
    Puis, en mai 1944, Louis Pagnon avait vendu le diamant à
      
    un certain de Bellune, Philippe, dit de Pacheco (…)".

    "Louis Pagnon avait été fusillé en décembre 1944. De Bellune Philippe, lui, avait disparu, comme la Croix du Sud (…)"
    .


    Un chapitre de
    Dans la peau de Patrick Modiano,
      
    de Denis Cosnard, le créateur de ce site (Fayard, 2011) est consacré à la véritable histoire Eddy Pagnon et à sa présence très forte dans l’œuvre de Modiano.
      

    A lire aussi :
      

    L’histoire de Raymond Monange dit « La soubrette », un gestapiste du 93 rue Lauriston, racontée par son
    neveu.    
      
      
      
      
      
      
      
    http://lereseaumodiano.blogspot.fr/2012/01/henri-lafont-et-la-gestapo-francaise-de.html  
      
     
     
     
     
     
     
     
     

     

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    LEON GAUTIER, COMMANDO KIEFFER

     

     

    INFOGRAPHIE -

    Dix-neuf chefs d'État et 1800 vétérans célèbrent en Normandie le 70e anniversaire du «jour le plus long».

     

    La Normandie est à nouveau sur le pied de guerre pour les commémorations du 70e anniversaire du Débarquement.

      

    Un événement qui se déroulera en très grand format.

      

    Le programme et la liste des invités parlent d'eux-mêmes.

      

    Dix-neuf chefs d'État seront présents, dont la reine Elizabeth II, Barack Obama, Vladimir Poutine, mais aussi leur homologue ukrainien Petro Porochenko.

      

    La souveraine britannique sera accompagnée par d'autres membres de la famille royale, le prince de Galles, Charles, et Camilla, mais aussi le duc et la duchesse de Cambridge, Kate et William.

      

    Quelque 1800 vétérans feront le voyage, certains pour la première fois depuis qu'ils foulèrent les plages normandes parmi les 130.000 soldats alliés du «jour le plus long».

      

    La plupart sont âgés de plus de 90 ans: avec leur disparition, les prochaines grandes célébrations du D-Day basculeront du souvenir à la mémoire.

      

    «Les vétérans sont en train de partir petit à petit. Si l'on veut que le 6 Juin continue à vivre, les jeunes doivent prendre le relais», estime Gérard Legout, le coordinateur des cérémonies à Arromanches.


    Neuf mille invités ont été conviés, mais le public attendu est évalué à 150.000, dans une région qui se prépare depuis un an et demi à cet anniversaire. Impossible, depuis de longs mois, de trouver une chambre d'hôtel… Environ 12.000 hommes, policiers, militaires et pompiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité dans un secteur de 80 km sur 20 km, où la circulation sera restreinte dès vendredi matin à 6 heures.

     


    Hommage aux victimes civiles

     


    À 9 heures, les cérémonies officielles démarreront avec l'hommage national présidé par François Hollande au Mémorial de Caen. Pour la première fois, un hommage officiel sera rendu aux 20.000 civils tués durant les 100 jours de la bataille de Normandie.

      

    «La prise en compte des victimes civiles est un trait saillant de ces commémorations», estime l'historien Olivier Wieviorka, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.

      

    Durant la seule journée du 6 juin 1944, près de 3000 civils ont péri sous les bombardements, presque autant que les soldats alliés.

      

    À la mi-journée, à Caen, un chapelet de bombes visant les ponts de l'Orne rate sa cible et dévaste tout le centre-ville. Bilan: 500 morts.


    À 10h40, François Hollande rejoindra Barack Obama au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, qui surplombe Omaha Beach, la plage la plus sanglante du Débarquement (1000 tués, 2000 blessés et disparus).

      

    Quelque 10.000 personnes se recueilleront autour du champ de croix blanches - les sépultures de 9388 soldats américains tombés en Normandie.

      

    Deux fils du président Theodore Roosevelt (au pouvoir de 1901 à 1909) y sont également enterrés, dont Quentin Roosevelt, tué dans l'Aisne, le 14 juillet 1918. C'est le seul combattant de la Première Guerre mondiale inhumé à Colleville. Barack Obama pensera sûrement quant à lui à son grand-père maternel, Stanley Dunham - Gramps, comme il l'appelait -, qui débarqua en Normandie en juillet 1944. Même si «Gramps rentra de la guerre sans avoir vu de véritables combats», écrit le président américain dans son récit familial,

      

    Les Rêves de mon père.

     


    À la mi-journée, les chefs d'État et de gouvernement ainsi que des vétérans se retrouveront au château de Bénouville, près du célèbre Pegasus Bridge, pour un déjeuner officiel concocté par cinq chefs étoilés normands. Le point d'orgue de la journée sera la cérémonie internationale qui débutera à 14h30 sur la plage Riva Bella de Ouistreham, celle de Sword, où François Hollande accueillera ses homologues.

      

    Dans les gradins de 7000 places, 3000 ont été réservées aux vétérans et à leurs accompagnateurs et 2000 aux Normands, ce qui n'a pas manqué de nourrir quelque frustration parmi les habitants de la région. Le clou de cette séquence internationale devrait être un spectacle en quatre actes autour du jour J:

      

    l'oppression, le Débarquement, la Libération, la paix et la construction européenne.

      

    Une vaste chorégraphie entrera en résonance avec les images projetées sur trois écrans géants, au son de Purcell, Mozart et Philip Glass.

     

    _________________
    "Nous avons eu l’impression d’être trahis, ce qui explique notre révolte"
      
    Commandant Hélie de Saint-Marc dernier Chef de Corps du 1er REP
     
     
     
     
     
     
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    RESISTANCE

     

     

    Jeanne BARJAUD-VÉRINAUD

     

     

     

    En 1940, Jeanne Barjaud qui a un peu plus de 15 ans est lycéenne à l'École Primaire Supérieure, 10 rue Saint-Louis..

      

    Son premier aperçu de la débâcle de l'Armée Française se trouve être un officier originaire de Caen qui a sauté d'un camion au cours de la retraite de sa division et qui cherche assistance.

      

      

    Il s'agit de l'officier Vérinaud. Elle le fait venir chez ses parents qui lui offrent le gîte et le couvert. Vérinaud se rend ensuite chez M. Léon Lamorlette (inspecteur d'académie

    - Organisation : Patriam Recuperare) pour se procurer des vêtements civils.

     

    Pour beaucoup de jeunes de cette époque, tous les moyens sont bons pour exprimer son aversion pour l'occupant.

      

    Avec d'autres amis, les filles, par exemple, mettent volontiers une jupe rouge, un corsage blanc et une veste bleue.

      

    Un jour, les garçons sont arrêtés et passent une nuit au violon pour avoir arboré chacun une croix de Lorraine; on leur fait comprendre qu'il est dangereux de continuer ce petit jeu-là.

     

    N'ayant pas repris l'école, Jeanne suit des cours de sténodactylo. Son père veut la faire entrer dans l'administration: un poste est disponible aux Ponts et Chaussées. Bien qu'étant encore en formation mais possédant déjà de bonnes notions, Jeanne passe un essai en compagnie de six autres candidates et est retenue comme remplaçante de la titulaire en congé de maternité. C'est ainsi qu'elle devient la secrétaire d'Eugène Meslin , ingénieur du Service Maritime qui est également chef de la subdivision M 1 du réseau Centurie, lequel couvre le Calvados, la Manche et l'Eure.

     

    Il lui dit en voyant qu'elle portait toujours sa petite croix de Lorraine: « C'est bien joli votre petit insigne mais c'est un peu voyant, maintenant que vous travaillez dans l'administration, c'est sérieux, il ne faut plus porter ça. » Malgré cela Eugène Meslin lui fait confiance et c'est ainsi qu'elle intègre la Résistance. Elle voit par la suite passer Marcel Girard et René Duchez parmi d'autres. Jeanne a accès à des informations de première importance et connaît un grand nombre de membres du réseau. Elle est enrôlée comme agent P1(agent de renseignement travaillant à titre bénévole).

     

    En tant qu'ingénieur, Eugène Meslin doit faire des sorties sur la côte en compagnie d'un officier allemand, pour inspecter les travaux du mur de l'Atlantique. Il en profite pour observer et, au retour, avec l'aide de sa secrétaire, il consigne par écrit ce qu'il a vu avec toutes les explications appropriées. Il lui faut aussi rassembler toutes les informations reçues individuellement, en faire le tri et rédiger un rapport. Le courrier est tapé sur une vieille Underwood, qui est cachée ensuite dans un cagibi. La machine officielle reste sur le bureau, au cas où du courrier tomberait entre les mains des Allemands, afin qu'ils n'aient pas à faire de rapprochement.

     

    Tous ces documents sont remis à des agents de liaison qui les acheminent vers Londres.

     

     

     

    Source: page 27 de et .

     

     

     

     

    SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/barjaud-jeanne.htm

     

     

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    On désigne par maquis des groupes de résistants opérant dans les régions peu accessibles, où une végétation abondante pouvant masquer des mouvements de groupes.

     

     

      

      

    Les massifs montagneux français, Alpes, Jura, Massif central, Morvan... sont souvent propices à de telles implantations.


    A quelques exception près, comme celle de Georges Gingoin, les résistants ne songent guère à créer des maquis avant 1943.

     

    C'est l'afflux de réfractaires qui tentent d'échapper au Service du Travail Obligatoire (STO) instauré à partir du 16 février 1943 qui suscite la création des maquis où des résitants plus chevronnés encadrent les jeunes refractaires.

     

     

    Par ailleurs, à cette même date, la Résistance a atteint un degré de maturité suffisant pour permettre d'envisager certains contrôles de territoires.

     

    Après que, sous l'impulsion de Jean Moulin, les trois mouvements de la zone sud aient fusionnés sous l'appellation de MUR, un Service national des Maquis (SNM) est mis en place en mars 1943, le SNM estime à 14 000 le nombre de maquisards FTP, peut être 5000 en zone sud et 6000 en zone nord.


    Surgissent alors des problémes de toutes sortes: motivation très variable de la part des refractaires pour adhérer à un projet de résistance, difficultés matérielles pour l'approvisionnement, armemant insuffisant, mais au cours du temps, un nombre assez considérables de maquis sont créés, au point qu'ils symbolisent, dans une certaine mesure, l'idée même de résistance.

     

     Les hommes du 6è bataillon du 25è RI

    Les hommes du 6è bataillon du 25è RI,
    en provenance du maquis de Scévolles
    et engagés devant Pornic en octobre 1944 (Coll. Versari)

     


    A travers le maquis, la résistance prend elle même des formes diverses, selon les tactiques adoptées. On y voit s'exprimer des divergences qui apparaissent dans la dernière année de l'occupation allemande.

      

    Les maquis "gaullistes", impulsés par les MUR et l'ORA préférent conserver leurs maquis en réserve pour une action généralisée et concentrer leurs effets sur la transmission de renseignements aux Alliés et aux FFL, alors que le maquis FTP prétendent se lancer dans des opérations de harcélement des forces allemandes et de la Milice.

      

      

    Selon les régions, les rivalités entre différents maquis de l'AS ou des FTP ont pu être intenses ou enexitantes.

      

    Sur la façon d'envisager la création de maquis, des différentes cultures séparant les anciens officiers de l'ORA qui considèrent avant tous les maquis comme une forteresse stratégique, une tête de pont ou un point d'appui et les partisans communistes qui pensent davantage au contrôle des populations.

     

     


    La milice crée le 23 janvier 1943 à la suite de la dissolution de l'armée d'armistice consécutive à l'invasion de la zone sud par les Allemands, va devenir un acteur important de cette période.

      

    Elle est engagée dans des opérations frontales de lutte contre les maquis, donnant ainsi à cette période de 1943-1944 une allure de guerre civile, qui ne se terminera qu'en fin 1944 avec l'arrêt de l'épuration et l'affirmation du gouvernement de De Gaulle.

     


    Le 11 novembre 1943, les Maquis de l'Ain et du Haut Jura, aux ordres du colonel Henri Romans-Petit, prennent le contrôle de la ville d'Oyonnax (Ain) et défilent jusqu'au monument aux morts.

      

      

    Devant les Oyonnaxiens qui s'approchent, enthousiastes, ils déposent une gerbe en forme de croix de Loraine portant l'inscription "Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18". Les résistants quittent ensuite la ville.

     


    A trois reprises, des maquis subissent de lordes pertes pour avoir accepté un affrontement trop direct avec les troupes allemandes toujours supérieure. Les Gliéres, en Haute Savoie sont un maquis créé par l'AS en janvier 1944 et commandé par l'ancien officier d'active Tom Morel.

      

    Plus de 500 combattants, AS ou FTP, rejoignent le maquis. Ils reçoivent des parachutages d'armes, mais en mars 1944, le maquis est encerclé, attaqué et submergé par quelques milliers d'Allemands et 1000 miliciens. Au moins 100 maquisards y perdront la vie.

     


    Dès la fin mai 1944, 2500 hommes se sont rassemblés au Mont-Mouchet en Auvergne. Après une premiére attaque qui échoue le 2 juin, les Allemands attaquent à nouveau, le 9 juin.

      

      

    Les rescapés se regroupent vers la Haute- Truyère.

      

      

    Ce sont 5000 hommes que la wehrmacht attaque le 18 juin, faisant au moins 100 morts parmi les maquisards sans compter les victimes des actions de reperesailles. Le 20 juin, l'ordre de dispersion générale est prononcé.

      

    Les pertes seront encore plus lourdes au maquis du Vercors attaqué le 21 juillet 1944. 4000 hommes s'y sont concentrés, avec le soutien des différents mouvements de résistance intérieure, du BCRA et des Britanniques.

      

    Seuls les FTP se sont toujours opposés au projet.

      

    Le Massif du Vercors est complétement entouré de falaises, mais les planneurs de la wehrmach utilisent une piste d'aviation préparée pour recevoir des renforts alliés.

      

      

    En plus des 884 morts dont 200 civils, de nombreux maquisards sont déportés.

     

     

     

     

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    Témoignage et l' histoire d' un miraculeux survivant

      
    Arrêté en 1942, un jeune de 15 ans témoigne
    (Témoignage d'Herman Idelovici)
    L'ARRESTATION / L'ATLAS
      

    « Nous sommes en 1942, le 24 septembre, on frappe à la porte de notre appartement où nous habitons mon père, ma mère, mes soeurs et moi et dans l'encadrement de la porte, se présentent deux agents de police, de la police française, hélas. Mon père ouvre la porte et les deux agents présentent des fiches individuelles.
      
    Ils présentent quatre fiches individuelles aux noms de mon père, de ma mère, de ma soeur aînée et de moi-même. En ce qui concernait ma plus jeune soeur, née en France, les policiers n'avaient pas sa fiche. Mon père a fait remarquer que la fiche de ma jeune soeur n'existait pas et disant, voulant dire par là : et bien, elle est française, elle n'est pas concernée.
      
      
    Les agents de police, après un temps de réflexion très court ont répondu :
      
      
      
    “Si, si, elle est là, nous l'emmenons avec vous, vous verrez plus loin”. Ils ont même dit : “Vous vous débrouillerez plus loin”, comme s'il y avait quelque chose encore qui puisse être débrouillé. Et donc mon père... mon père nous avait fait préparer “a tout hasard” (entre guillemets), une petite valise d'effets personnels pour chacun d'entre nous.
      
      
      
    Nous prenons donc cette petite valise, puisqu'on nous avait demandé de les suivre et au moment où je prends cette petite valise, je me dirige vers mon cartable, vers ma serviette de lycéen, j'en sors un atlas, cet Atlas Pratique, et alors que personne ne me regarde, personne ne sait ce que je fais, les autres personnes sont occupées à autre chose, je l'ouvre à la page, à la double page qui contenait la carte de l'Allemagne, entre la page 20 et la page 25
      
      
    - il y avait donc deux double pages
      
      
    - j'arrache rapidement la carte de l'Allemagne, sans toucher au reste, je plie cette carte, cette double page en quatre et je la range dans ma veste.
      
      
    Expliquer pourquoi, à ce moment là, cette idée m'a traversé la tête, d'enlever la carte de l'Allemagne comme si, comme si je partais en voyage quelque part, comme on se munit d'une carte pour savoir où l'on va et par quel itinéraire on va passer, je ne saurais pas dire exactement, toujours est-il que j'avais quand même conscience que nous partions quelque part, vraisemblablement en Allemagne, et j'avais cette habitude de toujours essayer de me situer géographiquement et dans le temps et je voulais savoir par où on allait passer et éventuellement où nous arriverions.
      
      
      
    Cette carte, pliée en quatre et même plus tard en huit, j'ai réussi à la dissimuler pendant près de trois mois, très déchirée, très écornée à la fin, personne ne savait autour de moi, même pas mon père avec qui j'avais réussi à rester quelque temps, personne savait que j'avais ce morceau de papier que j'avais réussi à dissimuler à travers de nombreuses fouilles.
      
      
      
    Et puis un jour, par hasard, mon père voit ce papier dans mes mains, je ne sais pas pourquoi, j'ai voulu le regarder.
      
      
    Il me dit : “qu' est-ce que c'est que ça”, effrayé. “Tu vas détruire ça immédiatement”, parce que... qu'un déporté soit porteur d'une carte de l'Allemagne dans sa poche, c'était suffisamment grave pour me faire exécuter immédiatement.
      
    J'ai donc perdu cette carte... Mais, je reviens un instant en arrière, l'atlas, lui, il était resté dans l'appartement que nous avions quitté.
     
     
      
    Cet appartement, pour lequel mes parents avaient remis un trousseau de clefs à nos voisins de palier, de façon à ce qu'ils puissent, si quelque chose nous arrivait, essayer de sauver, de mettre à l'abri le maximum de ce qui pouvait se trouver dans l'appartement, le maximum utile.
      
      
      
    Cet appartement, effectivement, dès le lendemain matin de notre arrestation, donc le 25 septembre à 6 heures du matin il a été vidé.
      
    Un camion attendait au bas de l'immeuble et il a été vidé par les autorités allemandes, françaises, etc... Mais, entre temps, dans la nuit,(...) ma voisine est, en catimini, est entrée dans l'appartement et comme ça, à moitié dans le noir, a sorti les affaires qui lui tombaient sous la main dont, dont mon cartable de lycéen avec cet atlas que j'avais reposé sur mon cartable et c'est donc ainsi qu'en 1945 lorsque j'ai été rapatrié, fin mai, ma toute première visite a été évidemment pour l'immeuble que j'avais habité avec mes parents.
      
      
    C'était une certaine manière de fermer la boucle, “cet intermède” (entre guillemets) de trois années. Et puis, en parlant avec ma voisine, heureuse de me revoir évidemment, elle me dit : “Tiens Herman, j'ai des choses, des choses à vous rendre”.
      
    Je lui dis :
      
    “Vous avez des choses à me rendre ?”
      
    Et elle me sort un pardessus de mon père, enfin ce qu'elle avait pu vraiment attraper, attraper presque à la volée et en cachette, parce qu'elle a eu peur et elle me remet entre les mains cet atlas que j'ai été absolument étonné, étonné de revoir, alors que si il y a une chose à laquelle je n'avais pas pensé, c'était vraiment cet atlas. [...]
      
      
    LE VOYAGE EN TRAIN/ L'ARRIVEE
      
    Lorsque nous sommes sortis de notre immeuble, je me souviens que nous avons remonté à pied, encadrés par ces deux agents de police, nous avons remonté le boulevard de la Gare, en direction de la place d'Italie, nous sommes passés devant des commerçants et je me souviens bien, nous sommes passés devant la boulangerie, la boulangère était sur le pas de sa porte, elle nous a regardés et nos regards se sont croisés, je ne sais pas, je ne sais pas ce que cette femme a pu penser, ce que d'autres ont pu penser.
      
    Nous avons dépassé la rue Nationale, nous sommes arrivés au commissariat de police du passage Ricaut et là, mon père avait parmi ses clients, mon père était un artisan bijoutier-horloger, il avait parmi ses clients le commissaire de police et ce commissaire lui avait dit :
      
      
    “Monsieur David, (il l'appelait en général Monsieur David) si un jour, j'apprends quelque chose, ne vous inquiétez pas, je vous fait prévenir tout de suite”. Mon père aussitôt s'inquiète de savoir si ce commissaire était de service.
      
      
    “Ah non, il n'est pas de service aujourd'hui”.
      
      
    Mon père a eu beau supplier, ma mère a eu beau supplier, les inspecteurs qui étaient là :
      
      
      
    “Ah, ben, écoutez, vous vous débrouillerez plus loin”.
      
      
      
      
    Donc, après beaucoup de difficultés, on nous emmène avec les fameux autobus de sinistre mémoire, qu'on appelait les T N4 avec des plates-formes extérieures, on nous conduit au camp de Drancy qui devenait le grand camp de regroupement en vue des déportations, en direction de l'Est.
      
    Dans ce camp de Drancy, nous sommes arrivés vers 12 h 30 / 1h, on a commencé par nous dépouiller de tout ce que nous avions sur nous, en fait d'alliances, de bagues, de montres, de menue monnaie dans les poches.
      
      
    C'était d'ailleurs des agents de la milice, donc des Français, qui nous ont vidés complètement, nous ont dépouillés et puis on nous a fait monter dans un des blocs. Nous n'y sommes restés que quelques heures dans ce camp de Drancy puisque dès le lendemain, à cinq heures du matin, il y a eu un appel de fait dans la cour centrale et le convoi s'est préparé pour être conduit à la gare du Bourget-Drancy, qui servait de gare d'embarquement en direction de l'Est.
      
      
      
    Dans ces wagons de marchandises devenus célèbres depuis et dont on a montré pas mal de photos, wagons de marchandises qui étaient prévus pour, je crois, quatorze chevaux si je ne dis pas de bêtises, on a entassé soixante hommes, soixante personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, malades, bébés, nourrissons, y' avait des nourrissons dans mon wagon.
      
      
      
      
    On nous a fait monter, les portes ont été cadenassées, l'aération ne se faisait qu'à travers de petits vasistas en hauteur, c'était l'aération pour les chevaux, bien entendu. Il y avait un bac vide, un genre de tonneau vide pour les besoins intimes et on nous a donné à chacun un pain, un morceau de saucisson et un morceau de margarine.
      
    Je dois vous dire que l'atmosphère qui régnait dans ce wagon, qui a commencé de régner depuis le 25 au matin - le train a quitté la gare du Bourget Drancy à 8 h 55 , je me souviens encore de l'heure, l'atmosphère qui a régné jusqu'au 28 à midi, c'est quelque chose qu'il est très difficile de décrire, des cris, cris des femmes, cris des malades et des nourrissons, la soif, fin septembre il faisait encore relativement chaud, la soif, l'ignorance, l'inquiétude, évidemment personne n'imaginait où nous allions, personne n'imaginait non plus ce que nous allions faire, personne n'imaginait non plus ce qu'on allait faire de nous.
      
      
      
    De temps en temps, je me souviens, la nuit surtout,
      
      
    je ne sais pas pourquoi, la moitié des gens ne dormait pas, je me suis haussé sur la pointe des pieds et j'ai, j'ai réussi à lire par les vasistas, de nuit, certains noms de gares que nous traversions à ce moment là.
      
      
    J'ai vu d'ailleurs, Strassburg qui était devenu le nom de Strasbourg la nouvelle appellation, j'ai vu Fulda, j'ai vu Erfurt , j'ai vu Weimar.
      
    Des noms que je ne connaissais qu'à travers mes cours de géographie et, curieusement, à un certain moment j'ai mis la main à la poche pour savoir si j'avais toujours la carte ; j'pouvais pas la déplier, il faisait noir, c'était la nuit mais j'ai cherché quelque chose comme si c'était pour me, me dire : “Bon ça va, la carte est là, je sais où je vais”.
      
    C'était, c'était, grosso modo, c'était quelque chose comme ça. Avec le, avec le recul, je pense que c'était vraiment comme ça que je peux l'interpréter. Et puis, le 28 en fin de matinée, nous sommes arrivés en Haute Silésie, Oberschlesien en allemand dans cette gare qu'on appelle Kosel.
      
      
    Depuis c'est territoire polonais.
      
      
    Et lorsque les wagons se sont arrêtés dans un bruit de ferraille, les wagons s'entrechoquant au moment du freinage, dans un bruit de ferraille, les SS. ont commencé à hurler sur le quai, curieusement, les premières phrases que j'ai entendues en allemand, c'était, c'était des hurlements, des gueulements, des gueulements .
      
      
    Alors n'ayant pas fait d'allemand, j'y comprenais strictement rien.
      
      
      
    Les wagons ont commencé d'être ouverts à grand fracas et ils ont passé l'inspection, wagon par wagon pour voir s'il y avait des morts, s'il restait encore des vivants.
      
      
    Beaucoup de gens étaient morts, d'autres étaient devenus fous.

      
      
    LA SEPARATION/ LES DERNIERES IMAGES/ LES DERNIERS REGARDS

    Passée cette première visite, les hurlements des SS., gueulent devant chaque wagon, en allemand évidemment, que tous les hommes de 18 à 55 ans descendent immédiatement sur le quai. Mon père, comme tous les hommes de sa tranche d'âge descend sur le quai.
      
    Mon père a, à l'époque, 43 ans, il descend sur le quai et se met, se regroupe avec les quelques dizaines d'autres, une petite centaine qui s'y trouvait déjà. Quelques minutes se passent, je reste donc dans le wagon, puisque j'avais 15 ans, je reste donc avec ma mère et mes soeurs.
      
      
      
      
    Quelques minutes se passent et on entend à nouveau les portes qui claquent, de wagon en wagon. Les SS. referment les portes et les recadenassent.
      
      
      
    Au moment où ils arrivent devant mon wagon, les yeux du SS. se portent sur moi et il commence à m'apostropher en allemand, en tout cas, je ne savais pas que c'était sur moi mais d'après mon père qui m'avait fait signe de loin, ses yeux se portent sur moi, il commence à m'insulter en allemand de tous les noms que je ne comprenais d'ailleurs pas, voulant dire par là que j'étais en train de resquiller, que j'étais pas descendu, que je n'avais pas obéi à son ordre.
      
      
    Alors, je suis un peu interloqué, je ne savais pas d'ailleurs que c'était moi qui était concerné par sa harangue et mon père de loin me fait signe “descend, c'est de toi qu'il parle, ne discute pas”.
      
      
      
    Donc, je descends, je, je ne me souviens pas si j'ai, si j'ai pu dire au revoir à ma mère, à mes soeurs, je crois que dans ces moments- là on ne dit rien, je suis donc descendu avec le menu bagage qui me restait encore dans les mains et je rejoins mon père sur le quai. A ce moment- là, les quelques uns que nous étions sur le quai, peut-être une petite centaine, nous regardons le train qui s'ébranle dans un nouveau vacarme de ferraille et puis , je, je me souviens que j'ai regardé à ce soupirail où ma mère se trouvait dans ce wagon.
      
      
      
      
    Elle n'a pas pu se hausser à hauteur, elle était pas assez grande pour cela mais, j'ai vu d'autres visages et, et vraiment, je crois que c'était surtout le, un sentiment de crainte, d'inquiétude, d'ignorance.
      
      
    Je, je commençais d'être plongé dans un monde qui n'était pas le mien mais, qui n'avait rien de logique à mes yeux, qui n'avait rien de ressemblant avec ce qui avait été ma vie pendant les quinze années auparavant.
      
      
    Lorsque le train est parti, quelques minutes seulement, on nous a embarqué sur des camions, des camions ouverts pour nous conduire vers un premier camp qui s'appelait le camp de Ottmuth, qui était un camp de triage dans lequel nous sommes restés deux petites semaines. La vie concentrationnaire commençait pour moi. [...] »



    Herman Idelovici,
     

    Un automne 1942, script complet de la cassette vidéo,
    CRDP de l'Académie de Nice
     

    Herman Idelovici sera le seul survivant de sa famille.
      
      
    Sa mère et ses soeurs seront gazées à Auschwitz.
      
      
    Son père l'accompagnera un long moment dans les camps successifs, l'aidant et lui soutenant le moral, mais sera finalement sélectionné pour la mort en 1945.

     
      
    La vie des enfants dans les camps
      

    Qu'est-ce que vous faisiez, vous, les enfants à Auschwitz ?
      
    Vous jouiez ?

    « Je souffrais davantage de la soif que de la faim. Tant qu'on n'a jamais vraiment et régulièrement souffert de la soif, on a plus de pitié pour ceux qui ont faim. Mais il suffit de songer au temps qui peut s'écouler avant qu'un homme meure de faim et au contraire à la vitesse avec laquelle on meurt de soif. On peut jeûner des semaines, et même des mois, et subsister quand même, alors qu'on meurt de soif en l'espace de quelques jours. Et la soif est aussi plus torturante que la faim.
      
      
    A Birkenau, la nourriture, cette soupe distribuée tous les jours, devait être très salée, car j'avais toujours soif, surtout pendant les longues heures chaudes de l'appel sous le soleil brûlant. « Qu'est-ce que vous faisiez, vous, les enfants, à Auschwitz ? » m'a demandé quelqu'un récemment. « Vous jouiez ? » Jouer ! On était à l'appel. A Birkenau, j'ai été à l'appel, j'ai eu soif et peur de la mort. C'était tout, et rien de plus. »
      
      
    Ruth Klüger,
    Refus de témoigner Viviane Hamy éditrice, 1997.
     


    Stefan-Jerzy Zweig, dit « Juschu » est né le 28 janvier 1941 dans une famille
    juive de Cracovie.
      
      
    Fin 1941 sa famille est parquée dans le ghetto de Cracovie
    puis déportée dans unKommando du camp de Plaszow et dans d'autres camps
    avant d'arriver à Buchenwald, sa mère est envoyée dans un Kommando de
    femmes, Juschu et son père sont immatriculés à Buchenwald le 5 août 1944.
      
      
      
      
    Le
    comité clandestin prend la décision de cacher Juschu, avec l'accord de son
    père, dans un bloc différent [...]. La solidarité des détenus sauva la vie de
    l'enfant, photographié ici à la libération du camp entre deux détenus au
    milieu des cadavres.
     

    Extrait du livre de Miriam Rouveyre, Enfants de Buchenwald, Paris, éditions Julliard, 1995. pp. 83,93.


     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La chanson française sous l'Occupation

     

    Lorsque les Allemands débarquent en France, saccageant tout sur leur passage, réquisitionnant les moindres éléments pouvant servir leur soif de pouvoir, ratissant largement dans les garde-manger de la population effarée, plus rien ne sera jamais pareil. L'armistice du 22 juin 1940, signé par le gouvernement du maréchal Philippe Pétain (1856-1951) au profit du Troisième Reich permet aux troupes de ce dernier d'occuper une partie du territoire français.

      

    Désormais la France est divisée en deux zones : la zone occupée (le Nord, l'Ouest et l'Est) et la zone libre (le Sud). Le Régime de Vichy est instauré, toujours sous la férule de Pétain, et les ententes de collaboration entre certains locaux et les nazis sont désormais quotidiennes.

    Les Français vivent alors une sombre période les réduisant à de nombreuses privations et contraintes : pénurie alimentaire, servitude aux Allemands, peur des dénonciations, dépossessions de biens, rafles de juifs, agressions de la part des soldats allemands, etc. Mais les Français sont aussi des Gaulois, et tout bon Gaulois ne peut couler dans le désespoir sans réagir.

      

    Certes, il n'existe plus de bardes pour composer des œuvres lyriques racontant la tristesse du peuple, mais la France regorge alors d'artistes dynamiques qui vont résister contre l'ennemi à leur façon.

    À l'époque, les Français connaissent déjà Radio Paris, fondée depuis 1922. Toutefois, la radio parisienne passée sous la tutelle du Troisième Reich, elle est devenue un outil de propagande nazie, donc boudée par la population résistante. C'est la radio BBC de Londres qui diffuse donc pour les Français la musique et les chansons qui leur chauffent le cœur et les nourrissent d'espoir. La chanson française sous l'Occupation

    Une chanson marque d'ailleurs l'époque et résume à elle seule l'importance de la chanson dans les mœurs du peuple français, et aussi dans la constance de son courage aux moments les plus dramatiques de son histoire. La pièce, composée au Brésil en 1941 par Edgard Liger-Bélair, est interprétée par Marie Dubas (1894-1972) : "Notre chanson c'est notre histoire /D'aussi loin que nous existons. / C'est notre drapeau, notre gloire / Depuis Roland, Berthe et Magloire, / Charlemagne et les fils Aymon. / Qu'auraient fait en 1916, / Nos poilus sans la Madelon ? / Qu'auraient fait, sous Napoléon, / Les grognards sans la Marseillaise ? / Et vive, et vole, et vive la chanson / Et vive la chanson française !"

    Messagère privilégiée, la chanson devient rapidement un véhicule parfait pour attiser le sentiment de résistance français et pour alimenter le peuple d'une solidarité farouche. La chanson de variété devient aussi l'échappatoire idéale pour des millions d'individus contraints à la soumission. Charles Trenet (1913-2001) et Maurice Chevalier (1888-1972) sont deux figures majeures de ce mouvement de résistance par la chanson, malgré le fait que Chevalier sera plus tard taxé de collaboration après avoir chanté en 1943 pour "les p'tits gars du front" de Tunisie, donc pour les troupes vichystes alliées des Allemands. Alors que Trenet chante "Espoir" (1941) et "Douce France" (1943), Chevalier fait ses tours de chant avec des pièces comme "Ça fait d'excellents Français" (1939) ou "La Marche de Ménilmontant" (1941). Artisans d'une onde de solidarité qui circulera dans toute la France, les deux célèbres chanteurs se produiront partout où ils seront accueillis pendant l'Occupation.

    Édith Piaf (1915-1963), monstre sacré de la chanson française, jouera également un rôle important sous l'Occupation. À l'époque, Piaf continue de donner des spectacles auxquels assistent les Allemands mais les textes de ses chansons restent à double sens, exaltant la résistance française, allant même jusqu'à la faire incarner par un amant dans la pièce "Tu es partout" (1943). Une autre chanteuse fera les délices du Music Hall sous l'Occupation : Léo Marjane (1912-). Dénonçant la solitude des épouses dont les maris sont prisonniers en Allemagne, elle chante "Je suis seule ce soir" (1942). Toutefois, son succès sera de courte durée puisqu'à la Libération, on l'accusera d'avoir chanté pour les Nazis.

    Le Music Hall, parallèlement à la radio, reste le lieu privilégié de l'expression idéologique française. Même sous la censure, le texte de la chanson française dénonce, appelle au front commun, panse les blessures, réconforte, fait même un bras d'honneur à l'occupant qui l'écoute. Les plus grands noms de la chanson française s'y produisent avec la verve et l'arrogance naturelles que l'on connaît aux descendants des Gaulois : Bourvil (1917-1970), Suzy Solidor (1900-1983), Annette Lajon (1901-1984), Lucienne Boyer (1901-1983), Charpini (1901-1987), Fernandel (1903-1971), Tino Rossi (1907-1983), André Dassary (1912-1987), Georges Guétary (1915-1997), Georgette Plana (1917-), Yves Montand (1921-1991) et de nombreux autres dans les édifices les plus célèbres de Paris : l'A.B.C., l'Alhambra, le Bobino, l'Olympia, etc.

    Les Allemands, dans un souci d'éviter les soulèvements populaires et d'acquérir une sorte de tolérance à leur égard en ménageant un simulacre de retour à la vie normale, permettent alors aux Français de participer à la vie culturelle, incitant les artistes français à la création en leur fournissant les moyens nécessaires à leur épanouissement. Par ailleurs, la période concorde également avec l'essor de l'industrie du disque et du cinéma, ce qui permet à la chanson une diffusion à l'échelle mondiale. Les messages ne sont plus confinés à leur seul pays d'origine ; désormais, c'est la planète entière qui peut entendre l'appel au secours des Français.

    Grâce à ces nouveaux médias, les artistes français deviennent aussi des icônes vénérées dans une opinion publique qui tend à se faire mondiale. L'occupant allemand tient compte de ce phénomène. Sa position à leur endroit ne peut plus être radicale. Une liberté (qu'il croit contrôlée) est désormais acquise et des artistes audacieux tels que Joséphine Baker sauront en profiter. Devenant agent du contre-espionnage dans les services secrets de France Libre dès 1940, Baker chante pour les soldats, pour les Allemands aussi, mais utilise subtilement ses partitions musicales pour transmettre des messages contre l'ennemi. Elle acquiert une telle réputation que même Hermann Goering (1893-1946) n'osera l'arrêter, préférant l'inviter à un dîner-spectacle où l'on envisage de l'empoisonner. Heureusement, Joséphine Baker ne sera pas victime du poison et à la Libération, elle recevra successivement la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance et plus tard la Légion d'honneur des mains même du Général de Gaulle (1890-1970).

    Pendant cinq interminables années, la France survit à l'envahisseur et espère grâce à l'entité invisible qu'est la Résistance. Or malgré qu'elle porte aussi le message propagandiste de l'ennemi, on retient surtout que la chanson française de l'époque est le héraut de cette Résistance… La chanson française n'aura certes pas gagné la guerre, mais son action prodigieuse, son effet catalyseur, son pouvoir rassembleur auront sans le moindre doute supporté le moral de tous les infortunés Français opposés à la collaboration et leur aura donné la fierté de résister ensemble…

     

    http://www.site-du-jour.com/dossiers/chanson-occupation.html

     

     

     

      

     

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