• PAROLES de RESISTANTS NORMANDS - JEANNE FERRES 1924-2005

     

    JEANNE FERRES 1924-2005

    Madame Ferres explique aux élèves qu’elle avait leur âge , 15 ans, juste avant la guerre. Elle garde un souvenir très heureux de cette époque-là : une société normale, peu informée de tout ce qui se tramait en Allemagne ( les camps de concentration, les mesures contre les opposants au nazisme, les Instituts d’Euthanasie,…) ; on croyait aux slogans patriotiques : « nous vaincrons parce que nous sommes les meilleurs » ; on avait confiance dans la Ligne Maginot

    Elle habitait Cherbourg. La défaite soudaine fut pour elle, comme pour tous les Français, un coup sur la tête . Et l’arrivée des blindés allemands un spectacle épouvantable, une apocalypse. Honte et tristesse… Son père embarque et gagne l’Angleterre avec la flotte dans l’intention d’y poursuivre le combat.

    Il fallut participer à l’exode, d’autant que la maison familiale avait été bombardée.Jeanne se rend chez ses grands-parents à la campagne, avec sa mère et les deux autres enfants. On camoufle la maison dans l’espoir d’éviter les bombes.

    Les Français de la zone occupée se sentent prisonniers. Ils ont un très fort ressentiment envers les Allemands, des intrus, , qui accaparent la nourrriture, instaurent des cartes de rationnement ( nourriture, textiles ), privent les Français de leurs libertés en muselant la presse, en interdisant les rassemblements, en imposant le couvre-feu à 20 h.. Pour certains Français, l’humiliation et le déshonneur ressentis sont insupportables.

    S’engager est alors un devoir pour certains français au patriotisme développé. L ’Appel du Général De Gaulle leur sert de déclencheur.

    La culture familiale des Ferrès portait à la résistance.

    D’assez nombreuses personnes avaient, comme mon père, décidé de poursuivre le combat en choisissant de passer en Espagne ou en Algérie. Ceux-là ne supportaient pas la défaite ni le discours pétainiste.

    Jeanne revient donc à Cherbourg pour y loger chez un oncle. Ce dernier cachait alors deux employés d’une compagnie d’assurance anglaise, en réalité des agents des services secrets britanniques résidant à Cherbourg avant l’arrivée des troupes allemandes, et qui n’avaient pas voulu regagner leur pays afin de continuer à le servir en territoire occupé.

    Ce fut le premier contact de Jeanne avec la Résistance.

    Après une rapide formation, elle dut accomplir un travail de renseignement pour le compte direct des services spéciaux anglais. Cette phase dura quelques mois. Puis, elle fut recrutée en fin 1940 par le Service inter-allié , section des services secrets polonais.

    Jeanne nous indique qu’il y eut pendant la guerre 228 réseaux homologués, dont 8230 membres sont morts, 2318 internés et 7381 déportés.

    La mère de Jeanne Ferrès ignorait tout des activités de sa fille, qui savait que le meilleur moyen de se préserver était de ne parler à personne. Sa mère finit cependant par se douter de ses agissements.

    Jeanne ignorait elle-même jusqu’où la mènerait son action…

    Elle travaillait avec son oncle, elle devait colporter tous les renseignements susceptibles d’intéresser les Alliés : dépôts de munitions, ouvrages militaires, concentrations de troupes, nature des divisions, aérodromes, dépôts d’essence ou avancement du Mur de l’Atlantique. Ces renseignements étaient collectés par des agents de liaison qui se chargeaient de les communiquer à un intermédiaire, lui-même en contact avec le chef du réseau.

    Son arrestation se produisit le 6 Novembre 1941 à Saint-Lô (Manche), par le service de contre espionnage allemand , l’Abwehr, opérant en France sous les ordres de l’Amiral Wilhelm Canaris (1). Elle avait été trahie par un agent corrompu du réseau. Jeanne Ferrès revient à plusieurs reprises sur l’abomination que furent les dénonciations entre français.

    Elle passa deux jours dans la prison de Saint-Lô, puis fut transférée à la prison de la Santé à Paris et mise au secret pendant vingt deux mois . Elle ne reçut ni visites, ni paquets, ni lectures. Dans sa cellule , pas de fenêtre, et juste une cruche d’eau pour toute une journée sans promenade.

    Les cellules n’étaient pas chauffées, et l’hiver 1941-42 fut très froid : les engelures et autres maux accompagnaient la douleur morale d’être totalement coupée du monde.

    La seule façon de combattre était le rêve, moyen d’auto-défense, la croyance en la victoire des Alliés. 17 ans, c’est l’âge de l’espoir et des rêves… La demi-douzaine d’interrogatoires qu’elle dut subir se déroulèrent à l’Hôtel Georges V à Paris. Les Allemands restaient courtois, mais ils exerçaient une pression morale, « un chantage affectif » en évoquant le sort qui serait réservé à sa famille si elle ne disait rien. Mais cela ne la troublait pas trop dans la mesure où elle savait son père hors de France et donc hors de danger.

    Si Jeanne confrontée à l’Abwehr n’a subi aucune torture, il n’en a pas été de même pour ceux qui eurent affaire à la Gestapo, laquelle infligeait sévices et tortures morales à ses prisonniers. On peut citer ici une anecdote : Jeanne Ferrès avait une voisine de cellule, Renée Lévy, professeur de lettres, qu’elle ne connaissait que par les « dialogues » sommaires établis en tapant aux cloisons. Un soir, celle-ci, se sachant condamnée à mort, lui fit parvenir ses dernières affaires par un gardien complice. Elle fut exécutée à la hache en Allemagne, et ses cendres reposent aujourd’hui au Mont-Valérien près de Paris. Jeanne Ferres découvrit, longtemps après, les traits du visage de son amie d’infortune sur un timbre-poste faisant partie d’une série consacrée aux personnalités de la Résistance.

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée à la prison de Fresnes, en Octobre 1942, et elle y resta jusqu’au printemps 1943. Les conditions étaient meilleures : eau courante et de grandes fenêtres au quatrième étage de la prison, qui lui permettaient de redécouvir les plus simples gestes de la vie : voir enfin le ciel et pouvoir respirer ! Là, elle connut un prêtre allemand francophile qui lui prêtait des livres en cachette ; il était charitable, profondément bon et très apprécié de tous (2). Cet Abbé Stock, était un admirateur de Pierre Brossolette qu’il visitait dans sa cellule. Pierre Brossolette, grand résistant devait se suicider en mars 1944 pour ne pas parler sous les tortures qui lui furent infligées par ses bourreaux. Il se jeta par sa fenêtre du cinquième étage de l’immeuble où la Gestapo l’avait interrogé. Lorsque la mère de notre témoin voulut rendre visite à sa fille à la prison, on le lui refusa. L’abbé Stock s’intéressa alors à cette dame accompagnée de son tout jeune fils. Le prêtre l’écouta, et contre toutes les règles en vigueur, procura à Jeanne l’une de ses plus grandes joies dans ces tristes moments en lui faisant passer un mot de sa mère.( note et photo)

    Jeanne Ferrès fut ensuite transférée au camp de Romainville pendant trois mois avant d’être déportée dans celui de Ravensbrück ( note ) , réservé aux femmes, où il y eut 90.000 mortes sur les 130.000 personnes internées. Ce camp était situé au nord-est de Berlin dans une région assez touristique dotée d’un magnifique et grand lac, appelée cependant Petite Sibérie à cause de l’influence des courants climatiques venus de la Baltique.

    Lors du premier mois passé dans ce camp, les détenues étaient mises à l’épreuve avec des travaux les plus pénibles : décharger des péniches, pousser des wagonnets ou répandre les cendres des déportées incinérées dans les petits jardins SS qui surplombaient le lac proche de Ravensbrück. Les femmes étaient rassemblées dans plusieurs blocks contenant chacun huit-cents personnes, pour lesquelles il n’y avait que seize points d’eau et cinq toilettes. La journée commençait tôt (à 3 heures 30 en été et à 4 heures en hiver). Après avoir bu un breuvage chaud, c’était pour toutes l’appel qui durait souvent plus d’une heure, quel que soit le temps. Elle a connu des appels dans un froid de -32°, juste vêtue d’une robe. Les femmes étaient rangées par ordre numérique car nous n’avions plus d’identité, souligne-t-elle, nous n’étions plus qu’un numéro, toutes au garde à vous, quels que soient l’état et l’âge… Les journées de travail étaient de douze heures, coupées par une demi-heure pour prendre une pause déjeuner. Les déportées étaient louées à des groupes industriels : pour Jeanne Ferrès, ce fut à l’usine Siemens. Cela rapportait de l’argent aux nazis qui tiraient vraiment partie de tout ! La journée s’achevait comme elle avait débuté, par un appel interminable, avant que les détenues ne puissent enfin prendre une soupe accompagnée d’un peu de pain.

    Le samedi après-midi et le dimanche, les détenues se retrouvaient entre elles un peu plus librement. L’été 1943 amena une chaleur torride, aggravant encore la situation. Ces conditions entraînaient une grande mortalité. Tous les matins, les cadavres étaient déposés à l’entrée du bloc et ramassés par une brigade spécialisée. Aucune disposition n’était prise pour les femmes enceintes. Ainsi les médecins du camp noyaient, étranglaient ou tuaient d’une balle dans la nuque les nouveaux-nés. A partir de 1944, les bébés furent laissés vivants, mais ils mouraient de faim : sur huit cents bébés , une douzaine seulement sont sortis du camp, dont trois petits français.

    Les détenues trop faibles ou malades étaient emmenées dans des camions, et leurs vêtements revenaient au camp : on savait bien qu’on les avait supprimées, mais on ne savait pas alors comment. C’est après la guerre, seulement, qu’on a appris qu’on les avait conduites dans des camps équipés où elles furent exterminées soit dans des chambres à gaz, soit dans des cliniques où l’on pratiquait l’euthanasie… En fait, on utilisait à Ravensbriick les femmes aussi longtemps qu’elles pouvaient avoir un certain rendement et travailler. Le travail était si rude que certaines femmes, surtout les plus âgées, mouraient sur place sur le chantier.

    Chaque matin, aux abords de chaque block, des monceaux de cadavres étaient formés, un commando de déportées se chargeait de ramasser les morts de la nuit.

    Certaines avaient aussi subi des expériences chirurgicales atroces.

    Pour Jeanne Ferrés, la situation était moins dure que pour certaines femmes. En effet, quelques-unes avaient laissé de jeunes enfants derrière elles, et l’inquiétude les conduisait parfois jusqu’à la folie. Mais Jeanne savait très bien qu’étant classée Nacht und Nebel , Nuit et Brouillard (3) elle pourrait disparaître à tout moment. Elle a confié avec une émotion difficilement contenue sa fierté d’avoir côtoyé des femmes admirables, courageuses, ayant de de l’humour et de la dignité. Très jeune encore, elle ressentait pleinement l’affection de toutes ces femmes et elle avoue ne pas avoir souffert de la promiscuité : car ces femmes étaient formidables, affirme-t-elle, la plupart savaient pourquoi elles étaient là. En effet, elle avaient été arrêtées pour acte de résistance. La vie au camp était beaucoup plus mal ressentie pour toutes les déportées arrêtées pour des raisons raciales ou celles qui, ayant été otages, avaient du être incarcérées à la place de quelqu’un d’autre… Les femmes de mon block partageaient le même idéal, notre sort était le même ; toutes étaient entre les mains de l’autorité supérieure du camp qui pouvait à n’importe quel moment venir nous chercher et nous faire subir le sort de Renée Lévy…

    Dans le camp, il n’y avait plus de barrières sociales, les vingt-trois nationalités représentées étaient toutes solidaires, on pouvait ainsi ne pas désespérer de la noblesse des êtres humains. Jeanne Ferrès a évoqué de nombreux actes de solidarité et d’amour. Ainsi celui de Mère Marie, religieuse orthodoxe qui avait été déportée pour avoir organisé un réseau d’accueil pour les évadés (4) . Lorsqu’une jeune femme juive, qui était mère, fut appelée pour être exécutée, la religieuse alla mourir à sa place…

    Autre souvenir, celui d’un bébé, Jean-Claude, qui fut sauvé par plusieurs détenues. Pour le nourrir, elles avaient transformé des gants de chirurgien volés et troués pour former des tétines.

    Jeanne Ferrès n’était plus à Ravensbrück lorsque le camp fut libéré. En effet la Croix-Rouge, dirigée alors par le comte Bernadotte de Suède (5), avait engagé des tractations avec les Allemands. Ces derniers avaient réuni toutes les NN ressortissantes des pays occupés par l’Allemagne et les avaient acheminées sur le camp de Mauthausen. Il revint ensuite chercher les françaises. Au total, Bernadotte aurait sauvé jusqu’à 25000 détenus. Jeanne Ferrés, elle, s’était cachée avec une douzaine de ses camarades. Elles réussirent à se dissimuler pendant quelques jours dans les plafonds du block, mais finirent pas se faire prendre et elles furent échangées contre des vivres et des médicaments. Ravensbrück fut libéré une semaine après son départ.

    Le moment du départ du Camp ne fut pas marqué par la joie ; les cadavres entassés devaient être brûlés sans délai, les armées alliées approchant, la fumée et l’odeur étaient partout, et Jeanne a pu dire : J’en garde un souvenir tel que je n’ai jamais pu remettre les pieds, en visite, dans un camp de concentration, ni aller à aucun pèlerinage. en pensant à toutes ces femmes que je laissais là-dedans…donc, je n’étais pas contente : ce n’était pas la Délivrance d’un Camp…L’odeur de toutes ces femmes porteuses de plaies infectées, de maladies de toutes sortes, l’odeur de l’Humanité souffrante en plus de cette fumée issue des fours crématoires…C’est un événement que j’aurais été incapable de raconter avant car cela m’aurait fait trop mal mais désormais, je peux plus facilement témoigner.

     

    La douzaine de déportées avait alors rejoint la Suède, après avoir traversé le Danemark, qui leur avait réservé un accueil triomphal, bien que ce pays fût encore occupé par les Allemands. Dans un premier temps, elles furent placées en quarantaine dans un gymnase de Trellebeurg puis dans un petit village, Ryd, au nord de Stockholm (où théâtres et cinémas avaient été équipés pour leur hébergement).Le 8 mai 1945, elle put saluer la capitulation de l’Allemagne en présence d’ un représentant français.

    Les dangers de contamination passés, après un suivi médical très poussé, une réalimentation progressive dûment dosée (Jeanne Ferrés pesait trente-deux kgs à son arrivée !) choyées comme des nourrissons, nous sommes parties à douze dans un château situé à trois kilomètres de Stockholm, Hässelby Slott .

    Lorsque notre témoin rentra enfin chez elle, son père était revenu d’Angleterre. Elle ne put ni retrouver son existence antérieure, ni raconter son expérience à ses parents. Elle pesait soixante kilos à son retour ; comment expliquer ce qu’elle avait subi ? C’était incommunicable. Elle apprit de sa mère l’existence difficile que celle-ci avait dû mener avec ses deux plus jeunes enfants. Jeanne Ferrès choisit de partir de chez elle peu après son retour…

    Laissons la parole aux élèves :

    Nous fermons nos blocs-notes, une impression étrange flotte. Notre esprit fait un bond dans le temps avant de retrouver nos camarades flânant déjà dans le Musée.

    Pas de paroles échangées, mais nous nous rappelons la rage que nous a avoué ressentir Jeanne Ferrès lorsque des personnes nient l’existence des camps de concentration. Il nous revient aussi à l’esprit la solidarité présente à chaque horreur, à chaque injustice. Nous semblons accorder à présent peu d’importance à certaines valeurs pourtant fondamentales.

    Nous n’oublierons pas avant longtemps ce témoignage et s’il peut nous préserver de vivre les mêmes situations, ce sera une bonne chose.

    Voici le message final que Jeanne Ferrès a voulu délivrer aux jeunes gens venus l’écouter :

    « Je n’ai pas la moindre animosité à rencontre du peuple allemand qui a été le premier à souffrir d’un régime basé sur la terreur et la délation. Il fallait être courageux pour oser se rebeller et pourtant, il y eut la Résistance Allemande. Elle a payé très cher et fait preuve d’un courage admirable très tôt : c’est pour les opposants allemands que les premiers camps de concentration ont été construits ! La Résistance allemande était formée de catholiques, de protestants, de socio-démocrates, des communistes de l’Orchestre rouge

    (6 ) et d’étudiants comme ceux de la Rose blanche (7 ).

    Cependant, aujourd’hui, malgré les cinquante années qui se sont écoulées, je ne peux pardonner aux nazis les souffrances qu’il ont infligées à mes compagnes de déportation, aux enfants martyrisés à Ravensbrûck, pauvres victimes innocentes d’une idéologie abjecte. Témoin visuel de ces atrocités, non, je ne peux vraiment pas pardonner !

    Pas de pardon non plus pour les Français qui ont offert leurs services à ces bourreaux, les égalant même parfois. Pas de pardon aux français qui n’ont pas hésité à livrer leurs compatriotes souvent de façon anonyme, parfois pour de l’argent, sachant qu’ils les vouaient à une mort certaine. Derrière chaque déporté, il y a peut-être un français qui l’a dénoncé. Par leur attitude, les français ont participé au génocide et à l’arrestation d’autres Français qui se faisaient un devoir d’agir dans le but de réhabiliter l’honneur de la France.

    Je garde de la haine pour les nazis adeptes d’une abjecte idéologie, comme pour les négationnistes de France et d’ailleurs. Ils sont nuisibles : la seule chose à faire est de ne pas voter pour eux : le vote est , en effet, la seule arme du citoyen.

    J’ai essayé de vous apporter les précisions qui me paraissaient utiles pour un exposé très complet. Je me rends compte qu’il est très difficile de parler de soi. Je l’ai fait pour que vous serviez de relais auprès des plus jeunes qui ne pourront pas nous entendre puisque nous ne serons plus là. N’oubliez pas notre message. IL tient en un seul mot : Vigilance

     

    Après la Guerre, Jeanne Ferrès . a entrepris des études d’infirmière et d’assistante sociale. Et elle a trouvé un emploi dans un service de Prévention de l’Enfance en Danger , choix professionnel qui découle directement de ce qu’elle a pu observer à Ravensbrück

    Propos recueillis et mis en forme par Marie-Céline Bard, 15 ans

     

    sources : https://sites.google.com/site/parolesderesistantsnormands/7-jeanne-ferres

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    COMITE VALMY

      

      

    Les Trois Guerres de Madeleine Riffaud

     

    Considérée comme la plus jeune résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud est connue pour avoir abattu un officier nazi en plein Paris. Arrêtée, torturée puis condamnée à mort, elle est miraculeusement sauvée quelques jours avant la Libération.

    Marquée à jamais par cette période à la fois intense et dramatique de sa vie, Madeleine Riffaud devient correspondante de guerre et grand reporter ! Ses engagements la mènent en Europe, en Asie et en Afrique où elle couvre trois guerres : Indochine, Algérie, Vietnam, échappant plusieurs fois à la mort. La combattante témoigne à travers des photos, des films, des livres et des articles. « Je ne me sens bien que lorsque je suis en danger », déclare l’héroïne qui toute sa vie n’aura cessé de prendre des risques. A 86 ans, Madeleine vit au coeur de Paris et revient avec émotion et lucidité sur son parcours unique.

     

     

    sources / http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve392

     

     Madeleine Riffaud

     
     
     

    Madeleine Riffaud, née à Arvillers-Somme le 23 août 1924, est une héroïne de la résistance, poétesse, journaliste et correspondante de guerre française.

     

    Biographie :

    Engagée dans la Résistance française à l'âge de 18 ans sous le nom de code Rainer, elle participe à plusieurs « coup de mains » contre l'occupant Nazi, dont l'attaque du train de la Butte Chaumont où elle contribue à la capture de sept soldats de la Wehrmacht.

    Responsable d'un triangle du Front National des Etudiants du Quartier latin, elle entre dans les FTP en juin 1944. Elle obéit au mot d'ordre d'intensifier les actions armées en vue du soulèvement parisien d'août 1944, ce qui la mène à exécuter en plein jour un membre de l'armée d'occupation. Capturée par un milicien, elle est livrée à la Gestapo. Torturée (rue des Saussaies près de la place Beauvau à Paris), condamnée à mort, elle échappe cependant à son exécution et à la déportation. Libérée à la mi-août[1], elle reprend immédiatement son combat dans la Résistance où elle est affectée à la Compagnie St-Just avec le grade d'aspirant. Son engagement s'arrête à la fin des combats pour la Libération de Paris, l'armée régulière ne l'acceptant pas en tant que femme d'une part, mineure d'autre part. Ses camarades de la Compagnie St Just poursuivent la lutte contre les nazis au sein de la Brigade Fabien jusqu'à la victoire totale sur le régime hitlérien.

    Journaliste, poète, correspondante de guerre, grand reporter pour le journal L'Humanité, écrivaine, après 1945, elle couvre la guerre d'Algérie, où elle est victime d'un attentat organisé par l'OAS. Aussitôt guérie, elle couvre la guerre du Viêt Nam pendant sept ans, dans le maquis du Vietcong sous les bombardements américains. À son retour, elle se fait embaucher comme aide-soignante dans un hôpital parisien, expérience dont elle tire le best-seller Les Linges de la nuit.

    Citation :

    « Neuf balles dans mon chargeur
    Pour venger tous mes frères
    Ça fait mal de tuer
    C’est la première fois
    Sept balles dans mon chargeur
    C’était si simple
    L’homme qui tirait l’autre nuit
    C’était moi »
    « Femmes avec fusils »

    Œuvres :

    • Le Poing fermé (1945). Avec un frontispice de Picasso et une préface de Paul Eluard.
    • Le Courage d'aimer (1949)
    • Les Carnets de Charles Debarge, documents recueillis et commentés par Madeleine Riffaud (1951)
    • Les Baguettes de jade (1953)
    • Le chat si extraordinaire (1958). Contes du Viet-Nam illustrés de dessins de Ragataya. Livre pour enfants paru aux éditions La Farandole.
    • Ce que j'ai vu à Bizerte (1951) Supplément à l'HUMANITE N°5265 du 2/08/1961
    • Merveille et douleurs : l'Iran (1963) Recit publié en 1963 dans l'Humanité probablement d'abord sous forme d'articles en octobre 1963
    • De votre envoyée spéciale... (1964). Avec un portrait de l'auteur par Pablo Picasso. Prix 1965 de l'Organisation internationale des journalistes
    • Dans les maquis "Vietcong" (1965). (Réédition commentée par Philippe Devillers et Madeleine Riffaud)
    • Au Nord-Vietnam : écrit sous les bombes (1967)
    • Nguyễn Ðinh Thi : Front du ciel (Mãt trãn trên cao) (1968). Roman adapté en français et préfacé par Madeleine Riffaud.
    • Cheval rouge : anthologie poétique, 1939-1972 (1973)
    • Les Linges de la nuit (1974)
    • On l'appelait Rainer : 1939-1945 (1994) Entretien avec Gilles Plazy.
    • La Folie du jasmin : poèmes dans la nuit coloniale (2001)
    • Bleuette (2004)

    Cinéma :

    En 1965, elle tourne Dans le maquis du Sud-Vietnam, un film de cinéma militant. Elle a sorti un DVD en novembre 2007.

    Télévision :

    Les trois guerres de Madeleine Riffaud, documentaire de Philippe Rostan (2010).

     

     

    SOURCES : WIKIPEDIA  - photos - google

      

     

    MADELEINE 

     

     

     

     

    Madeleine Riffaud raconte son engagement

    dans la Résistance et ses motivations.

     

     

    POUR APPRECIER cette VIDEO - cliquer sur le LOGO CENTRAL de RADIONOMY - colonne de gauche en bas... le fond musical du blog sera supprimé.

     

     

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  • Vera Atkins, une femme de l'ombre : la Résistance anglaise en France

     

    http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782020985369.jpgDocument 2010- À travers la biographie de Vera Atkins (1908-2000), une femme d'exception chargée de recruter et d'encadrer des agents anglais pour la résistance en France, voici un aspect de la Seconde Guerre mondiale, peu connu dans notre pays, voire occulté pour des raisons idéologiques et politiques.


    En 1940, sous l'égide de Churchill, les Anglais créent un organisme des services secrets, le SOE (Special Operation Executive). Vera Atkins devient le «cerveau» de la section F, qui parachutera sur la France occupée plus de 400 agents dont une centaine disparaîtront.


    Fin 1945, sous l'uniforme britannique, Vera entreprend une quête solitaire à travers l'Allemagne en ruine pour connaître le sort des victimes et notamment des femmes agents. La piste éprouvante passe par l'interrogatoire d'anciens tortionnaires nazis et aboutit aux horreurs des camps de concentration. Vera découvre aussi l'étendue des erreurs fatales - et des trahisons - du SOE.


    Le récit, nourri d'interviews de survivants et de proches de Vera Atkins, donne une image contrastée et complexe du climat de l'époque, et renforce le mystère dont s'est entourée jusqu'à sa mort «la personne la plus puissante du SOE». En fouillant dans le passé de Vera Atkins et en la suivant dans sa quête en Allemagne, Sarah Helm nous propose un livre qui se lit comme une passionnante enquête policière.

    Journaliste britannique indépendante, Sarah Helm a été correspondante pour le Sunday Times et l'Independent, spécialiste notamment des questions européennes et du Moyen-Orient.

     

    • Les courts extraits de livres : 26/10/2010

       

    Extrait du prologue - Je n'ai rencontré Vera Atkins qu'une seule fois, en mai 1998, quelques semaines avant son quatre-vingt-dixième anniversaire, lorsque je lui ai rendu visite à Winchelsea, petite ville de la côte est du Sussex aux maisons d'un blanc immaculé sur une hauteur. Elle vivait là, dans un cottage baptisé Chapel Platt. J'ai pressé le bouton de ce qui ressemblait à un interphone sophistiqué et me suis retrouvée à fixer une icône souriante sur un autocollant portant ces mots : Donnez-moi le temps de vous regarder. Quelques instants plus tard, une femme est apparue à la porte et m'a soigneusement examinée comme si je n'étais pas tout à fait ce que la vidéo de l'interphone lui avait laissé présager. Légèrement voûtée et s'appuyant pesamment sur une canne, elle m'a fait signe d'entrer.


    http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/SOEatkins.jpgVera Atkins avait étonnamment bien conservé sa beauté et était encore presque jolie. Grande malgré sa voussure, la démarche assurée malgré un boitillement, elle m'a précédée dans la vaste entrée où un portrait d'elle la montrait âgée, les deux mains sous le menton, doigts joints, pour se donner un air pensif. «Brian Stonehouse a fait ce tableau, dit-elle. C'était l'un de nos agents. Il a survécu à quatre camps de concentration.»


    Elle m'a dit d'aller dans le salon à l'étage et qu'elle monterait dans le «bidule», un ascenseur pour handicapé qui semblait avoir été installé dans un ancien monte-plats. Elle s'est assise dans ce qui ressemblait à une boîte sans couvercle et, lorsque j'ai tourné sur le palier de repos, j'ai vu sa tête sans corps apparaître à travers le plancher au-dessus de moi. Distraite par ce spectacle, j'ai failli ne pas remarquer la mer que l'on apercevait de la fenêtre du palier. La nuit, m'expliqua Vera, elle voyait les feux du phare de Dungeness. Elle avait le visage poudré, les lèvres légèrement maquillées, et un foulard à fleurs plié sur les épaules ; la composition était parfaite, troublée seulement par les très gros diamants montés sur trois bagues qui étincelaient dès qu'elle prenait une cigarette d'un coffret en argent - ce qu'elle faisait souvent.


    Je n'ai jamais vu quelqu'un fumer comme elle. Le choix de la cigarette était très lent et réfléchi ; elle la tenait ensuite quelques instants, puis la plaçait au creux du V formé par l'index et le majeur avant de l'insérer soigneusement entre ses lèvres qui semblaient se pencher pour la saisir. À peine avait-elle la fumée en bouche qu'elle l'exhalait, de sorte qu'elle paraissait continûment enveloppée d'un nuage. Lorsqu'elle se fut fait un jugement sur moi, elle cessa de m'observer et regarda devant elle ou au-dessus de ma tête, par la fenêtre, par-delà les toits de Winchelsea.

    Vera Atkins, une femme de l'ombre : la Résistance anglaise en France

    Auteur : Sarah Helm

    Traducteur : Jean-François Sené

    Date de saisie : 26/10/2010

    Genre : Biographies Historiques

    Éditeur : Seuil, Paris, France

    Collection : Biographies-Témoignages

     

     

    Liens utiles sur le blog


    Parachutées en terre ennemie


    1942 : Winston Churchill autorise le recrutement de femmes, plus adaptées à certaines missions délicates que lance le Special Operations Executive (SOE), une organisation secrète destinée à soutenir la résistance européenne à l'ennemi nazi. Difficile pourtant de trouver l'oiseau rare disponible... On les veut vives, intelligentes, courageuses, audacieuses, et séduisantes si possible ! C'est ainsi que les trente-neuf candidates de la section F (comme France) viennent d'horizons multiples à l'image même de leurs motivations. Leur formation sera brève, mais militaire - maniement des armes, sabotage, endurance à la torture, etc. Leur histoire pleine de rebondissements et, pour treize d'entre elles, terriblement dramatique est étrangement méconnue en France. Pour retracer leur aventure, Monika Siedentopf a eu accès aux archives, dont certaines déclassifiées depuis peu, et a recueilli les témoignages d'anciens résistants. Son récit souvent bouleversant témoigne de la bravoure de ces jeunes femmes. Mais il tourne au drame lorsque l'historienne révèle l'existence d'une taupe au sein de la section F qui, pour leur malheur, ne fut découverte que bien après la guerre...

     

    Biographie de l'auteur

    Monika Siedentopf est historienne et vit en Allemagne. Auteure de nombreux ouvrages sur les femmes, elle s'est intéressée cette fois à un sujet encore méconnu : l'engagement des femmes dans la Résistance.

    Détails sur le produit
    Broché: 266 pages
    Editeur: Librairie Académique Perrin (13 février 2008)
    Parachutées en terre ennemie (Broché)
    de Monika Siendentopf (Auteur), Olivier Wieviorka (Préface), Amélie de Maupeou (Traduction)

      

    sources / http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-vera-atkins-une-femme-de-l-ombre-la-resistance-anglaise-en-france-61172171.html

      

      

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  • Charlotte Delbo, l'écrivain résistante qui aimait tant la vie ...

     

    http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/image/Biographies/GHDelboJuliette.jpgCharlotte Delbo (Vigneux-sur-Seine, 1913 - Paris, 1995). Elle adhère à la Jeunesse communiste en 1932 et rencontre Georges Dudach en 1934, qu'elle épouse. Assistante de Louis Jouvet, de 1938 à 1941, jusqu'au départ du comédien, en mai 1941, pour une tournée en Amérique latine. Avec son mari, elle entre dans la Résistance en 1941 et fait partie du « groupe Politzer », responsable de la publication des Lettres françaises dont Jacques Decour était rédacteur en chef. Ils sont arrêtés le 2 mars 1942 et Georges Dudach sera fusillé au Mont Valérien, le 23 mai 1942, à l'âge de 28 ans. D'abord incarcérée à la Santé, à Paris, elle est transférée à Romainville, le 24 août 1942, avant d'être déportée à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943 - un convoi de 230 femmes dont elle racontera le destin, après la guerre. Elle est l'une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras. Par la suite, elle est envoyée à Ravensbrück le 7 janvier 1944. Libérée par la Croix-Rouge le 23 avril 1945, elle est rapatriée en France en passant par la Suède. Après la guerre, Charlotte Delbo travaille pour l'O.N.U. puis, à partir de 1960, au C.N.R.S., devenant la collaboratrice du philosophe Henri Lefebvre.

     

     

    Revue de presse

    François Bott (Le Monde, 4 mars, 1985)

    Mort de l'écrivain Charlotte Delbo

    La mémoire d'Auschwitz

    Charlotte Delbo

    « Je reviens d'au-delà de la connaissance, disait Charlotte Delbo, il faut maintenant désapprendre, je vois bien qu'autrement je ne pourrais plus vivre. »


    Comment continuer de vivre, en effet, si l'on garde dans son corps la mémoire des coups, de la faim, de la soif, de la peur et du mépris ? Cependant, Charlotte Delbo s'est souvenue, en écrivant pour les autres et pour elle-même. Elle revenait d'Auschwitz. Elle avait passé là-bas, durant les sombres années 40, une partie de sa jeunesse.


    Je me rappelle notre première rencontre, en 1965, dans son appartement de la rue Lacépède, à Paris. Charlotte s'inquiétait de savoir si je lui rendais visite pour connaître la couleur de ses yeux – qui étaient d'ailleurs très beaux. Je l'ai rassurée. Son livre m'avait bouleversé. Mais comme le mot est faible ! Comme les mots nous trahissent ! Ce livre m'avait fait comprendre tant de choses !


    Il s'intitulait Aucun de nous ne reviendra. Charlotte l'avait écrit en 1946. Elle avait mis longtemps à le publier, par pudeur peut-être. Chaque fois que je le relisais, les mots de Rimbaud se promenaient dans mon esprit : la beauté injuriée... Charlotte racontait la monstruosité, elle montrait la barbarie, mais elle disait surtout l'injure faite à la beauté d'un visage qu'on mutile. Je découvrais un ouvrage sur les camps qui était une sorte de poème d'amour. Et le poème le plus juste, par un mélange d'extrême passion et d'extrême délicatesse.


    Les lecteurs de Charlotte Delbo allaient retrouver la même voix si étrange – à cause de sa tendresse – dans les livres qui ont suivi : une pièce de théâtre, Qui rapportera ces paroles ?, et deux autres récits formant avec Aucun de nous ne reviendra la trilogie d'Auschwitz et après. Dans Une connaissance inutile, Charlotte évoque son arrivée au camp, « un matin de janvier 1943 : Les wagons s'étaient ouverts au bord d'une plaine glacée. C'était un endroit d'avant la géographie. Au début, se souvient-elle, nous voulions chanter, mais les mots ne faisaient plus se lever aucune image ». Elle dépeint aussi les sentiments qu'éprouvaient les femmes lorsqu'elles entrevoyaient les hommes qui partageaient leur infortune : « Nous les aimions. Nous le leur disions des yeux, jamais des lèvres. Cela leur aurait semblé étrange. Ç'aurait été leur dire que nous savions combien leur vie était fragile. Nous dissimulions nos craintes. Nous ne leur disions rien qui pût les leur révéler mais nous guettions chacune de leurs apparitions, dans un couloir ou à une fenêtre pour leur faire sentir toujours présentes notre pensée et notre sollicitude. »


    Les écrivains correspondants de guerre qui avaient découvert les camps,, en 1945, se posaient la question : que peut la littérature devant tant de crimes ? Charlotte trouvait la question mal formulée : elle ne se demandait pas ce que peut la littérature, mais ce qu'elle doit. Le métier d'écrivain, selon Charlotte Delbo, c'était de témoigner sur notre siècle, et sur le désespoir qui nous atteint, que nous le sachions ou non, lorsqu'on défigure un visage, quel qu'il soit.


    Arrêtée et déportée parce qu'elle faisait partie d'un mouvement de résistance – le réseau Politzer, – Charlotte avait été, avant la guerre, l'assistante de Louis Jouvet. Connaissant admirablement le théâtre, elle reconstituait, avec ses compagnes de captivité, le texte du Malade imaginaire, pour ne pas laisser au malheur tous les droits. D'autres fantômes se mêlaient aux pensées de Charlotte, à Birkenau : quand ce n'était pas Dom Juan, c'était Ondine, ou Antigone, ou Alceste. Celui-ci ne s'était pas douté qu'il devrait subir, un jour, le voisinage des bourreaux.


    Au retour du camp, Charlotte retrouva Louis Jouvet, qui l'avait tant impressionnée naguère, et se permit de lui avouer qu'elle n'aurait plus jamais peur de lui. Jouvet n'offrit pour toute réponse, qu'un silence guetté par les larmes.Charlotte Delbo n'éprouvait aucun désir de vengeance quand elle songeait aux SS. Elle aimait trop la vie pour donner au ressentiment ce qu'il réclame. Je me souviens de sa curiosité, de ses inclinations pour les gens, et du soin qu'elle mettait dans les moindres gestes de l'existence. Qu'une personne revenue de la pire détresse ait conservé un tel goût de vivre, cela tordait le cou à nos petites mélancolies, comme à nos vaines querelles.

     

    Bibliographie (extrait) :

    • Les Belles lettres. Anthologie de correspondance politique. De Lagaillarde à Francis Jeanson (Minuit, 1961).
      * Le Convoi du 24 janvier (Minuit, 1965).
      * Aucun de nous ne reviendra. Auschwitz et après I. (Gonthier, « Femmes » n°11, 1965 ; Minuit, 1970).
      * La Théorie et la pratique. Dialogue imaginaire mais non tout à fait apocryphe entre Herbert Marcuse et Henri Lefbvre (Anthropos, 1969).
      * Une connaissance inutile. Auschwitz et après II. (Minuit, 1970).
      * Mesure de nos jours. Auschwitz et après III. (Minuit, 1971).
      * La Sentence, pièce en trois actes (Pierre-Jean Oswald, 1972).
      * Qui rapportera ces paroles, tragédie en trois actes (Pierre-Jean Oswald, 1975).
      * Maria Lusitania, pièce en trois actes, suivi de Le Coup d'État, pièce en cinq actes (Pierre-Jean Oswald, 1975).
      *
      Spectres, mes compagnons. Lettre à Louis Jouvet (Maurice Bridel, Lausanne, 1977 ; Berg international, 1995).
      * Kalavrita des mille Antigone
      (Opale, 1979).
      * La Mémoire et les jours
      (Berg international, 1995).
      * Une scène jouée dans la mémoire
      (H.B., 2001) 

    Source : Les Editions de Minuit

     

     

     

    SOURCES ;

    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-charlotte-delbo-l-ecrivain-resistante-qui-aimait-tant-la-vie-70347238.html

     

     

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    Edmée Jourda

     
      
     
     
     
        

    Edmée Jourda née Kahn (13 février 1916, Paris - 15 décembre 2011, Paris) est une résistante française. Elle est l'épouse du résistant Jacques Jourda et la sœur des résistants Robert Kahn et Pierre Kahn-Farelle.

    Éléments biographiques :

    Née à Paris, Edmée Kahn rejoint la Résistance en août 1943 à Lyon[1]. Elle est capitaine FFI et travaille dans la clandestinité (pseudonyme : « Hélène ») auprès de Jacques Baumel, secrétaire général des Mouvements unis de la Résistance (MUR).

    À la Libération, avec deux amies de la Résistance (dont sa cousine Jeannine Cyrot), et au nom de la Résistance, elle réclame la reddition de l'Hôtel Matignon, occupé par les services du gouvernement de Pierre Laval : reddition immédiatement obtenue.

    Après la guerre, Edmée Jourda se consacre notamment à la traduction en français de romans étrangers

    Elle est reçue chevalier de la Légion d'honneur et officier de la Résistance (médaille de la Résistance avec rosette)

    Elle meurt à Paris le 15 décembre 2011, à l'âge de 95 ans, deux semaines avant son époux.

      

      

    SOURCES WIKIPEDIA

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    La carte de FFI de Georges Humbert

      

    Comment s'organise la Résistance ?

    En France, lors de la domination nazie, deux types d'armée se sont formés:

    -la FFL: Forces Francaises Libres, qui se trouvent à Londres et sont dirigées par Charles De Gaulle.
    -la FFI: Forces Francaises de l'intérieur, qui se trouvent en France et sont dirigées dès 1942 par Jean Moulin.


    Le signe de la FFL:



    Le signe de la FFI:

    Par Thibault Dudognon

     

    * La Résistance intérieure:

    C'est la resistance la plus risquée puisque les résistants sont traqués par les allemands (la Gestapo) et par le régime de Vichy (la Milice).
    Il y a deux types de Résistance :
    -Les Résaux => leur but est généralement militaire ; ils font du sabotage et du renseignement.
    -Les Mouvements => ils font souvent de la propagande à travers la diffusion de journaux (ex: Libération) et de tracts.

      
    Un résistant était une personne qui s'oppposait au régime de Vichy et l'occupation allemande durant la guerre.
    Ils
    pouvaient être des hommes ou des femmes de tous âges, mais souvent jeunes.
    Moins nombreuses que les hommes, les femmes participaient également à la résistance mais dans des rôles différents.
    Ils étaient issus de tous les milieux sociaux.
    Tous les partis politiques de gauche comme de droite, toutes les religions étaient représentées au sein de la résistance.
     
    Volontaires engagés dans l'action clandestine, les résistants risquaient à tout moment d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés.
    Ils constituaient une toute petite minorité courageuse, qui a suscité à la fin de l'Occupation un mouvement social beaucoup plus vaste, entraînant l'adhésion de la majorité des Français.
    En pratique la résistance a revêtu quatre formes principales : la collecte de renseignements utiles aux alliés. La lutte politique par la distribution de tracts ou de journaux clandestins, l'assistance aux juifs, aux réfugiés, aux parachutistes alliés, etc.., grâce aux filières d’évasions, et la lutte par les armes, à base de guérillas, d’exécutions et de sabotages. Ces trois derniers modes ont été dominants en France et plus globalement en Europe de l’Ouest.
      
    Dans le cas Français, les résistants se sont rassemblés dans trois types d’organisations différents. Les réseaux, qui sont des groupes restreints ( 7 à 88 personnes maximum ), souvent en contact avec la France libre, à Londres, et les services secrets alliés; les mouvements qui comptent parfois plusieurs milliers de militants, visent d’avantage à informer la population, à lutter contre la propagande de Vichy et du Reich. Les plus importants s’appellent Combat, Libération-sud, Franc-Tireur, Défense de la France... ;
      
    Ils éditent des journaux du même nom et se montrent plus indépendants à l’égard de Londres. Les maquis, souvent organisés par les mouvements, rassemblent des combattants dans des zones difficiles d’accès : marécages, forêts, montagnes,… Ce sont des bases de départ pour mener des opérations de guérilla.

    On ne trouvait pas des résistants qu’en France, il y en avait aussi en URSS, en Italie, aux Pays-Bas, en Yougoslavie, en Pologne, en Grèce, et même en Allemagne. Mais ces derniers furent rares et impitoyablement réprimés. Le nombre de résistants ayant participé de façon militaire sont estimés à 300 000 par les historiens.


     Définition du mot "répression" : c'est l'action de réprimer (=empêcher quelque chose de se développer). Elle a donc pour but d'empêcher tout soulèvement de la part des opposants du régime et peut être sous forme de sanction punitive ou pénale.



    Avant le 11 Novembre 1942, seuls les communistes de zone Nord et Sud sont arrêtés parla police vichyssoise. La police allemande capture les résistants en zone Nord afin de les emprisonner, les déporter ou les exécuter. Ceux de le zone sud sont arrêtés par la police française et emprisonnés.
    Suite aux accords de Bousquet-Oberg, en Novembre 1942, la police française travaille aux côtés des polices allemandes.
    C'est à partir du 11 novembre 1942 que la poursuite des résistants devient identique sur tout le territoire.
    Les forces de répression allemandes se durcissent, le gouvernement de Vichy emploi donc des forces de répression de plus en plus brutales.
      
      
      
      
    Par Alice Stenhouse
      
      
      
     
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    DOCUMENTAIRE EXCEPTIONNEL du DEBARQUEMENT du 6 JUIN 1944 en NORMANDIE, par les TROUPES AMERICAINES ( film couleur)

     

     

     

     

    A youtube color vid, fantastic footage:

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    DOCUMENTAIRE EXCEPTIONNEL du DEBARQUEMENT du 6 JUIN 1944 en NORMANDIE, par les TROUPES AMERICAINES ( film couleur)

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  • Une femme hors du commun

     

     

    L' histoire d'une femme exceptionnelle, de sa personnalité au moment de la Deuxième Guerre mondiale et comprendre le Verbe de cette femme. Bien des êtres humains ont une vie, certes, mais bien peu d'existence, d'autres offrent un langage unique jusqu'à la fécondité de leur Verbe à tous les temps et Renée Auduc faisait partie indélébile de cette humanité lumière qui prouve son aura dans l'affirmation d'un altruisme absolu. La devise des Angeard d'où était issue Renée, n'était-elle pas : J'y tiens ! Renée Angeard, épouse Auduc est née au Mans le 16 novembre 1908, son père, Fernand était menuisier, il fabriquait des escaliers, des meubles et sa petite entreprise était florissante.

      

    La petite Renée a vécu heureuse dans la prodigieuse cohérence d'une famille dont l'abnégation était le fruit d'une vocation transmise de génération en génération, la fidélité comme modèle accompli d'humanité. À l'école, Renée est une enfant qui apprend vite et bien, on la pousse tout naturellement aux études d'où elle obtiendra son brevet du second degré, son brevet de secrétariat et de comptabilité. C'est probablement au cours de ces bals musette qui festoyaient les samedi dans les villages alentours qu'elle rencontre dans une chaumière, Alfred son futur époux. Alfred Auduc est né à Cérans-Foulletourte, il fabriquait dans son atelier des éoliennes dont il était détendeur d'un brevet.

    De leur union naquirent deux fils, Jean Jacques né en 1931 et Michel né en 1939, une fille, une naissance toute miraculeuse, Marie Josette née en 1948. 1939, la guerre éclate, c'est la débâcle, l'exode, les gens dans le désarroi sont sur la route, en ces jours d'agonie chacun tente de sauver ce qui peut l'être encore, les longues files de charrettes tirées par les chevaux, les landaus tirés par les mères, les anciens, les vieux comme on dit en Sarthe, ramassés dans les carrioles, la peur est gravée sur tous les visages. Renée et ses deux garçons sont de ceux là, Alfred ayant été mobilisé comme motocycliste au 6e génie d'Angers. Les marcheurs de l'exode, la wehrmarcht a tôt fait de les rattraper, Renée est ses enfants ont regagné la maison du Mans.

    Mobilisé près de la frontière Belge et après s'être échappé, Alfred est rentré chez lui, il décide d'entrer dans la résistance suite à l'assassinat à la mitrailleuse par les nazis, d'une centaine d'enfants, du jardinier et des sœurs d'un orphelinat. En 1943, un ami lui fait connaître le réseau Hercule-Buckmaster, là on lui propose de monter son groupe, se sera la famille, sa femme Renée, les oncles, les tantes, la grand- mère et le petit Jean Jacques 12 ans. Renée est devenue Francine, avec le grade de capitaine, elle est chef de réseau, agent des Forces française libres. Renée fabrique des faux papiers, elle est adjointe de radio, elle décode les messages de l'intelligence service britannique. Les taches du groupe étaient de récupérer les armes et les colis qui leurs étaient parachutés, cacher les aviateurs alliés abattus.

    L'activité du groupe dura 9 mois, ce 2 novembre 1943 où Renée et Alfred furent arrêtés par la gestapo. Conduits rue des Fontaines, ils furent matraqués, martyrisés, envoyés à Angers devant un tribunal militaire, ils sont condamnés à mort. Leur peine de mort fut commuée à la prison à vie suite à une intervention anglaise. Renée Auduc fut envoyée au camps de Ravenbrück, puis au camps de Holleischen où elle subit les pires atrocités d'un médecin nazi qui a mené sur elle des expériences gynécologiques, 98 % des femmes qui tombaient entre les mains de ce sinistre bourreau finissaient au four crématoire. Renée fut ensuite envoyée en Silésie dans une usine de poudre à canon où ses poumons furent brulés.

    Renée Auduc fut libérée du camps de la mort en 1945, son état d'épuisement extrême lui vaut d'être hospitalisée en Suède durant quarante jours, là elle se remet car dit-elle : je ne veux pas apparaitre comme ça devant mes enfants et ma famille ! Elle voulait que ses cheveux repoussent, reprendre du poids. Sur les 104 personnalités du groupe, seules 46 ont survécu, dont Renée et Alfred. Pour tenter de réparer les expériences gynécologiques du médecin nazi, on lui propose d'avoir un enfant et c'est ainsi que Marie Josette, l'enfant miracle nait le 4 novembre 1948. Renée décède cinq mois après la naissance de sa fille. Fait unique dans l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Renée Auduc a été déclarée morte pour la France par un décret spécial de la République en 1949, soit cinq ans après la fin de la guerre en 1945.

    Renée Auduc a été faite Officier de la Légion d'Honneur, médaillée de la Résistance et des Combattants volontaires, des Déportés, de la Medal Of Freedom des USA. Je lui dédie à Renée, cette phrase du grand écrivain tchèque Jean Neruda, reproduite par le héros tchèque Julius Fucik, dans sa lettre ouverte où il appelait, en automne 1940, les intellectuels de son pays à la résistance : Nous sommes nés dans la tempête et pas à pas nous marchons fièrement dans les nuées orageuses vers notre noble but, ne courbant la nuque que devant notre peuple.

      

      

    sources / http://www.patrickdelaplacetrinquet.eu/blog/lire-article-161142-1691778-une_femme_hors_du_commun.html

      

      

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    juin 1940, ile de Sein

      

    Histoire

    Monsieur François HERVIS adhérent associé de notre section a offert au Centre de Documentation Maritime, le récit des "Evénements du mois de juin 1940 à l'Ile de Sein " qui vit le ralliement des marins pêcheurs sénans à la France Libre suite à l'appel du 18 juin. Monsieur François HERVIS décrit fidélement et sans aucun ajout ce qui s'est passé et dont il a vécu tous les moments.

    Evénements du mois de juin 1940 à l'Ile de Sein

    Forte de près de douze cents âmes, la population sénane très soudée, profondément croyante a vécu jusqu'à présent loin des bruits de la guerre. Ancrée sur son rocher, elle a vu, comme ailleurs, partir avant le début des hostilités les hommes mobilisables.

    Une petite garnison mixte (Marine - Armée de terre) est venue s'installer sur l'île en septembre 1939.

    Conformément à la tradition, les pouvoirs temporel et spirituel s'entendent bien. Le Maire, Louis GUILCHER, ancien combattant, décoré de la Médaille Militaire, a la confiance de ses administrés depuis une dizaine d'années. Le Recteur, Louis GUILLERM, est chargé d'âmes depuis 1937. C'est un patriote ardent. Tous deux sont du même âge ( nés en 1888) ce trait d'union les rapproche un peu plus.

    L'île est desservie depuis le port d'Audierne, deux fois par semaine, par l' "AR ZENITH", robuste bateau de consruction récente conçu pour le transport des passagers et de la marchandise. Il est commandé par le patron-armateur Jean-Marie MENOU qui assume également la responsabilité de l'acheminement du courrier entre les deux bureaux de poste. Communément les îliens appellent ce bâteaux le "Courrier". Son équipage se compose de trois sénans qui sont d'ailleurs les neveux du patron.

    Comment les nouvelles parviennent-elles en ce lieu éloigné? Il y a bien sûr la presse régionale " l'Ouest Eclair " et la " Dépêche de Brest et de l'Ouest " qui se partagent les faveurs des lecteurs. Ensuite les postes téléphoniques installés essentiellement chez les commerçants et par lesquels il est courant d'apprendre que telle chose s'est passée à tel endroit sur le " Continent ". Enfin il y a les postes de T.S.F, peu nombreux il est vrai, mais qui fonctionnent sans difficulté grâce à la possibilité de faire recharger les accus périodiquement à la Centrale Electrique du Phare de Sein. Il y en a un notamment chez Henri THOMAS le Maître de phare, trois autres au bourg chez Madame MENOU-GONIDEC propriétaire de l'Hôtel de l'Océan, chez Laurent VICHON commerçant et chez Jean ROHOU débitant. Il est courant d'ailleurs, depuis le début de la guerre, que les voisins ou amis viennent y écouter les informations.

      

     

      

      

    Le mardi 18 juin l' "AR ZENITH" quitte Sein en milieu de journée pour effectuer sa liaison bi-hebdomadaire avec Audierne. Malgré une sourde inqiétude la population est confiante et rien ne laisse présager en ce jour les événements dont l'île va être témoin.

    Le mercredi 19 juin en début d'après midi le "Courrier" est aperçu dans le Raz de Sein, c'est l'heure normale de son retour, celle de la marée. Sur la cale, nombreux sont les marins à suivre son accostage et surtout à observer ses passagers. Il transporte en effet un fort contingent de militaires, notamment des Chasseurs Alpins et plusieurs civils. Au total il y a plus de cent personnes qui débarquent et s'égaillent dans les ruelles de l'île. Durant leur courte escale, elles trouveront auprès de la population la traditionnelle hospitalité des gens de mer.

    Des " Alpins" à Sein, c'est un peu le monde à l'envers et les commentaires vont bon train sur les quais. Les civils en majorité des jeunes du Cap Sizun, sont quant à eux désireux de gagner l'Angleterre.

    Rapidement,on apprend que l' " AR ZENITH " doit reprendre la mer dans la soirée pour l' Ile d'Ouessanr pour y acheminer les militaires. Son bateau à quai, le patron est allé comme de coutume déposer les sacs de courrier au bureau postal. Dans l'esprit de Jean-Marie MENOU sa mission est simple; continuer jusqu' à Ouessant puis rentrer à Sein. Il a précisé à l'Officier Commandant le détachement qu'il transportera uniquement les militaires, l'heure à laquelle tous devront avoir regagné le bord et qu'il lévera l'ancre vers vingt heures.

    L'arrivée de tout ce monde a créé une certaine effervescence sur l'île. L' " AR ZENITH " n'embarquant pas les civils et ces derniers souhaitants plus que jamais partir, le Maire demande à Jean-Marie PORSMOGUER, patron de la " VELLEDA ", le ravitailleur des phares en mer, d'assurer le transport de ces personnes jusqu'à Ouessant. Entendu répond ce dernier, je partirai en même temps que le " Courrier "; l'embarquement se fera à la cale du phare du Men-Brial, à l'entrée de l'avant-port. Il prévient en conséquence Jean-Marie MENOU; ce dernier lui dit que cela l'arrange car il est moins familier que lui des parages d'Ouessant.

    A vingt heures les deux bateaux lèvent l'ancre. l' "AR ZENITH" transporte soixante quinze militaires, la "VELLEDA" trente deux civils. Le retour des deux bateaux à Sein est prévu pour le lendemain jeudi en fin de matinée.

    Le jeudi 20 juin le retour de la "VELLEDA" est signalé. Contrairement aux prévisions l' "AR ZENITH" ne suit pas, aussi est-ce avec une grande impatience que l'on attend l'arrivée de la vedette. Tout de suite la nouvelle tombe: le "Courrier" est parti pour l'Angleterre, il ne reviendra pas.

    A peine débarqué Jean-Marie PORSMOGUER se met en quête du Maire. Il est au presbytère lui dit-on. Il s'y rend et c'est là qu'il fait part à ses interlocuteurs du voyage et des impressions qu'il en retire. Ouessant, selon ce qu'il a vu, est le lieu de rendez-vous de tout ce qui flotte dans les parages et surtout le point de ralliement de tous ceux , militaires ou civils qui désirent gagner l'Angleterre. Lui, après avoir débarqué ses passagers, a été prié par la Direction des Phares et Balises de Brest dont il relève de regagner Sein.

    Que s'est-il passé pour l' "AR ZENITH"? Le patron MENOU qui considère sa mission terminée et qui pense pouvoir regagner Sein, s'entend signifier par l'Autorité Militaire sur l'île, d'avoir à prendre toutes dispositions, en particulier le ravitaillement en carburant, pour faire route sur Plymouth avec d'autres bateaux.

    Jean-Marie MENOU a plus de cinquante ans. Ancien fusilier marin, il s'est battu à Dixmude au cours du premier conflit mondial. C'est un homme de devoir, intègre, qui sait assumer ses responsabilités et il mettra un point d'honneur à le faire jusqu'au bout. Il continuera avec son équipage et ne rentrera à Sein qu'après la guerre pour apprendre malheureusement la mort de son fils unique tombé lors de la libération d'Audierne au mois d'août 1944.

    Nous sommes le vendredi 21 et personne à Sein n'a entendu parler d'un appel lancé à la radio de Londres. Dans la soirée de ce même jour, le Maître de phare fait transmettre au bourg la nouvelle qu'un Général français a parlé à la radio et qu'il parlera encore demain. On n'en sait pas plus pour le moment.

    Pour écouter l'Appel

    Le samedi 22, comme à l'accoutumée depuis plusieurs jours, nous sommes assez nombreux à nous retrouver sur le quai sud face à l'Hôtel de l'Océan pour l'émission radio de 11 heures. Pour une meilleure émission le poste de T.S.F est posé près de la fenêtre. C'est là que nous entendons pour la première fois une retransmission de l'Appel du Général DE GAULLE. Il y a peu de réactions dans l'immédiat parmi les présents. En rentrant chez moi, étant voisin de la Cure, je m'arrête au presbytère et rapporte au Recteur ce que je viens d'entendre.

    En fin d'après midi des groupes, de jeunes notamment, se sont formés sur les quais et discutent entre eux. Ils ont appris que des départs, isolés ou en nombre, ont eu lieu de plusieurs ports de la côte finistérienne. Les nouvelles ont toutes un point commun: "rallier l'Angleterre". Ce qu'ils ont entendu maintenant à la radio confirme ce point. Nous avons des bateaux dit l'un d'entre eux, il faut s'en servir. Plusieurs manifestent le désir de partir. Seulement un départ de cette nature ne s'improvise pas. les classes "40" et suivantes ne sont pas des classes "creuses", bien au contraire. Dans chacune d'elles les garçons avoisinent la vingtaine.

    Un homme se soucie également de cette jeunesse, c'est Louis GUILLERM, le Recteur. Des jeunes sont allés le voir et il connaît leur état d'esprit. Il va les encourager mais en même temps leur conseiller la patience en leur promettant d'agir de son côté.

    La journée du dimanche apporte la nouvelle de la signature de l'Armistice. Le Recteur craint une prochaine arrivée des allemands; c'est aussi l'avis du maire.

    Le lundi 24 une nouvelle retransmission de l'Appel est entendue sur le poste radio de Laurent VICHON, parmi les personnes présentes il y a le Maire. Il est un peu plus de onze heures lorsque Louis GUILCHER est appelé au téléphone par la Préfecture de Quimper via la Brigade de Gendarmerie d'Audierne. Il lui est prescrit:

    - de diriger sur Quimper tous les militaires présents sur l'île.

    - de prévoir le recensement des jeunes gens et des hommes valides.

    Au reçu de cet avis le Maire s'est rendu au presbytère auprès du Recteur. Bien que la conversation entre les deux hommes n'ait pas eu de témoin, c'est à son issue et après que Louis GUILCHER l'eut informé du coup de fil qu'il vient de recevoir, que le Recteur prend l'initiative d'une réunion au presbytère à quatorze heures.

    C'est le deuxième point de la communication qui incite le Recteur à brusquer les choses. Il connaît les sentiments des jeunes et ceux d'autres marins qui sont venus lui demander conseil depuis que l'Appel a été entendu. A l'heure prévue se retrouvent dans la salle à manger de la Cure autour du Recteur: le Maire, le patron de la "VELLEDA", des patrons pêcheurs ainsi que deux ou trois autres personnes étrangères à l'île mais désireuses de partir.

    Louis GUILLERM a pris la responsabilité de ce départ, il en sera l'âme.

    Il a été dit et écrit que le départ des sénans s'était fait dans la confusion et la précipitation; cela est totalement inexact.

    Jean-Marie PORSMOGUER, patron de la "VELLADA", va tout de suite répondre présent ainsi que Prosper CUILLANDRE, patron du "ROUANEZ AR MOR". Ce dernier bateau est le plus grand et l'un des plus rapides de la flotille de Sein. Il est en état de prendre la mer sans avoir besoin d'être réarmé. Embarqueront en priorité les jeunes, les militaires qui souhaitent partir puis s'il reste de la place les volontaires étrangers à l'île. Le départ aura lieu à vingt deux heures à la cale neuve.

    La nouvelle fait le tour de l'île comme une trainée de poudre: beaucoup de jeunes l'attendaient avec une impatience non dissimulée. On prévoit de suite que les deux bateaux seront chargés. Il a été entendu entre les deux patrons que les militaires embarqueraient sur la "VELLEDA" ainsi que les civils de passage.

    Vers vingt et une heures les deux embarcations viennent se mettre à quai. Par petits groupes, les familles arrivent accompagnant celui qui s'en va. En majorité les partants sont des jeunes, mais il y a aussi des mariés. Bientôt toute l'île est sur la cale.

    Malgré une émotion bien compréhensible, il y a parmi ces marins qui s'en vont, surtout chez les jeunes, une ambiance qui est faite de fierté de pouvoir être utile au Pays. Il est vingt deux heures. Face aux deux bateaux le Recteur récite une prière puis d'un geste ample les bénit. Le Maire est près de lui. Point de grandes phrases, point de chants. Lentement les deux embarcations s'éloignent du quai et gagnent l'avant-port, puis cap au Nord-Ouest disparaissent dans la nuit qui tombe doucement. Le "ROUANEZ AR MOR" emporte trente cinq îliens et doit refuser du monde. Près d'une vingtaine de sénans trouvent place sur la "VELLEDA".

    Après le départ, le Recteur, le Maire et des patrons pêcheurs se retrouvent à la cure. De suite l'obligationde réarmer des bateaux se dégage car de nombreux marins qui auraient voulu partir n'ont pu le faire. Il va de soit dit Louis GILCHER que personne n'oblige à partir qui que ce soit mais ce ne sont pas les volontaires qui font défaut.

    La journée du 25 voit le réarmement des bateaux et est ausi animée que celle de la veille. Le "ROUANEZ AR PEOC'H", patron François FOUQUET, le "MARIS STELLA", patron Martin GUILCHER, le "PAX VOBIS", patron Joseph GUILCHER, sont remis en état de prendre la mer comme cela a été prévu. Par suite d'une panne de moteur, irréparable dans l'immédiat, ce dernier bateau est remplacé par le "CORBEAU DES MERS", patron Pierre CUILLANDRE.

    Le mercredi 26 en fin de matinée tous sont parés et le départ est fixé à vingt deux heures, cale neuve. Si l'on pouvait manifester une crainte quant au nombre de volontaires elle va être vite dissipée. Comme l'avant veille, dès vingt et une heure, toute la population afflue sur le terre-plein bordant la cale; ce soir les partants sont plus agés mais il y a encore des jeunes.

    Le "ROUANEZ AR PEOC'H" et le "MARIS STELLA" sont venus à quai. Le "CORBEAU DES MERS" a choisi de partir d'un endroit plus discret, de la cale dite du phare, il sera moins chargé que les deux autres ambarcations.

    De même qu'au précédent départ le maire est aux côtés du Recteur. Les adieux dans les familles restent empreints d'une"grande dignité et après un dernier "KENAVO" à ceux qui restent c'est l'embarquement. Les marins se répartissent à bord des deux bateaux selon leurs affinités. Leur nombre dépasse la cinquantaine. Petit à petit le silence se fait. Le Recteur a revêtu son surplis et mis son étole. Tous se mettent à genoux sur les ponts rugueux et commencent avec le Recteur la récitation du "Confitéor". Oh! tous ne sont pas des assidus de la Grand'Messe du dimanche, mais en ces instants tous se souviennent de cette prière qu'ils ont appris sur les bancs du catéchisme de leur église paroissiale. A la fin, la voix de Louis GUILLERM s'élève et l'accompagnant du geste, donne l'absolution générale. Tous les marins se signent.

    Il y a un moment de grande émotion entrecoupé seulement par des sanglots étouffés. Puis une voix: "paré devant" et celle du patron: "largue". Le dernier lien vient d'être coupé. Un dernier regard des épouses, des méres, des fiancées, des proches, vers ces marins qui partent et dont beaucoup ne reverront plus leur île. Aucun chant n'accompagne le départ, "Kenavo - Kénavo", rien d'autre. Moteurs au ralenti le "ROUARNEZ AR PEOC'H" et le "MARIS STELLA" gagnent la sortie du port, puis, accompagnés par le balai du phare de Sein, se fondent dans la brume du soir. Ils sont rejoints dans le chenal par le "CORBEAU DES MERS".

    Et maintenant, Monsieur le Recteur, demande en breton une vieille îlienne: nous ferons de notre mieux répond (en breton) Louis GUILLERM en embrassant du regard toutes ces familles dont les soutiens viennent de partir volontairement pour répondre à un Appel venu de l'autre côté de la Manche et qui confient à leur île leurs 171 enfants qui ne reverront pas leur père avant la fin des hostilités et pour certains jamais. Aidé par de bonnes volontés, le Recteur fera le maximum avec de pauvres moyens durant toutes ces années noires de l'occupation allemande.

    D'autres sénans répondront aussi présent selon l'endroit où ils se trouvent en ce mois de juin: d'Angleterre, de Brest, et d'autres lieux. Ils seront 128 à répondre à l'Appel en ces mois de juin et juillet 1940. Cinq autres marins-pêcheurs gagneront l'Angleterre le 3 octobre 1943 dans des conditions périlleuses. 133 au total. Quinze d'entre eux ne reverront plus leur île. Tombés au "Champ d'Honneur" pour une cause qu'ils estimaient juste, celle de la Liberté, ils avaient tout abandonné pour la défendre. A leurs noms gravés dans le granit breton du Mémorial du Souvenir érigé sur l'île de Sein, sont venus s'ajouter ceux de leurs camarades, anciens des Forces Françaises Libres, partis d'ailleurs ou décédés des suites de guerre et ceux de tous les enfants de cette île disparus dans la tourmente guerrière. Les trente deux noms inscrits sur les faces du Monument portent témoignage du sacrifice sénan.

    Pendant cinq longues années les marins séans serviront sous le pavillon de la France libre et sous tous les cieux. A bord des navires de guerre, sur les vaisseaux marchands, dans les Services Spéciaux, tel ce Capitaine du B.C.R.A, dans le transport clandestin des agents de renseignements entre les côtes anglaises et bretonnes où au cours d'une mission trois d'entre eux seront arrêtés par les allemands à la suite d'une trahison et connaîtront l'horreur de la déportation, à la 2ème D.B du Tchad à Berchtesgaden, dans l'infanterie ou l'artillerie de marine, aux fusiliers marins tel que ce quartier-maître, chef de char qui se battra à Bir hakeim et terminera la guerre dans les rangs de la 1ère D.F.L sur les bords du Rhin, et celui qui débarquera le 6 juin 1944 sur les plages normandes avec le commando KIEFFER.

    Fait Chevalier de la Légion d'Honneur par le Général De Gaulle après la Libération, Louis GUILLERM, Recteur de l'ile de Sein, avait su montrer à ces hommes la voie pendant laquelle ils serviront pendant cinq années avec "Honneur et Fidélité - Valeur et Discipline". Chaque dimanche, tant qu'il sera Recteur de Sein, jusqu'à février 1944, il rapellera le souvenir des absents.

    Dès l'automne 1940 les premiers décès seront connus, d'autres malheureusement suivront. A chaque fois le Recteur et le Maire préviendront les familles et toute la population assistera à la messe de Requiem où il n'y aura pas de cercueil.

    Malgré des conditions de vie très dures et une liberté restreinte, il faut un laissez-passer visé par la douane allemnade pour quitter l'île et les parents sont garants du retour, la fidélité des sénans à l'Appel du 18 juin 1940 restera toujours intacte.

     

    Lieutenant-Colonnel François HERVIS

    Officier de la Légion d'Honneur

    Médaillé Militaire (SEG)

    Officier de l'Ordre National du Mérite

      

      

    Annexe

    Départ des sénans

    Le 19 juin de Sein par l'AR ZENITH 4
    Les 24 et 26 juin de Sein par VELLEDA, ROUANEZ AR MOR, ROUANEZ AR PEOC'H, MARIS STELLA, CORBEAU DES MERS 114
    Le 25 juin de Brest sur un navire marchand 4
    D'autres lieux, individuellement 6
    Le 3 octobre 1943 de Sein par l'YVONNE-GEORGES 5
      133

    Note: On peut épiloguer sur les raisons qui ont poussé les hommes de Sein à répondre en masse à l'Appel du 18 juin.

    La meilleure réponse ne se trouve-t-elle pas dans le vieil adage breton " DOUE HAG AR VRO" (Dieu et la Patrie) car on ne peut pas dissocier dans la réaction de ce groupe d'hommes l'éducation civique rigoureuse qu'ils avaient reçu, de la forte imprégnation religieuse qui avait été la leur et celle de leur famille.

    La notion de "DEVOIR" était un concept vécu journellement à Sein.

    Pour en savoir plus Chemins de mémoire - Ordre de la libération -

     

      

    SOURCES : http://www.merite-maritime29.org/sein-juin-40

      

      

     

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    A Strasbourg, en septembre 1940, Marcel Weinum, un garçon de 16 ans, rassemble une vingtaine d'adolescents avec un objectif courageux :
     
     
    combattre Hitler et le nazisme.
     
    Ils se donnent un nom : « la Main noire ».
     
    Très vite, ils s'organisent et réussissent à se procurer armes, argent, locaux.
     
    A leurs côtés, on ne compte aucun adulte pour les conseiller.
     
    Tous sont fils d'ouvriers et ouvriers eux-mêmes.
     
    70 ans plus tard, cet acte héroïque semble presque complètement oublié.
     
    Quatre anciens camarades de « la Main noire » témoignent.
     
    Marcel Weinum et ses camarades ont porté les couleurs de la Résistance en Alsace qui, après l'annexion, fut soumise à une nazification intensive.

     

     

    La Main Noire est un réseau de jeunes résistants créé en septembre 1940 à Strasbourg par Marcel Weinum.

     

    Il se compose de jeunes garçons de 14 à 18 ans. Certains sont enfants de chœur et membres de la Maîtrise de la cathédrale de Strasbourg.

     

    Presque tous sont apprentis et fils d’ouvriers et ils agissent le plus souvent à l’insu de leurs parents. La plupart sont des membres contraints des jeunesses hitlériennes du fait de l’annexion de l’Alsace-Moselle.

    Constitué sans le soutien d’aucun adulte, structuré en cellules étanches, doté d’armes et de locaux, ce réseau s'est spécialisé dans la contre-propagande, le sabotage et le renseignement.

    Jugé avec neuf de ses camarades par un tribunal spécial à Strasbourg en mars 1942, Marcel Weinum a été condamné à mort et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart, en Allemagne

     

     

      
      
    Histoire 
     
     
    Dès octobre 1940, la Main Noire multiplie sur les murs de
    Strasbourg croix de Lorraine et inscriptions patriotiques.
     

    À partir de novembre, l’organisation sabote installations de chemin de fer et postes de transmission de la Wehrmacht, pille les automobiles allemandes en stationnement, crève les pneus et récupère armes, papiers et bons d’essence.

     

    En décembre 1940, la Main Noire commence à lancer des grenades contre les vitrines qui exposent le buste ou la photo d’Hitler : plusieurs commerçants préfèrent dès lors prendre le risque de lourdes amendes plutôt que de voir voler en éclats leur devanture.

     

    Le groupe explore les fortins abandonnés de la ligne Maginot et y trouve toutes sortes de munitions – cartouches, grenades, dynamite – qui sont cachés près du domicile des parents.

     

    Marcel Weinum loue en 1941 un appartement qu’il paie avec l’argent récolté lors des cambriolages de bureaux d’organisations nazies.

     

    Équipé d’une machine à écrire, il rédige des tracts, qui sont éparpillés dans la rue, distribués dans les boîtes à lettres, collés aux murs des immeubles ou même expédiés par la poste à certaines personnalités allemandes.

     

    En avril 1941, Marcel Weinum et Lucien Entzmann récupèrent dans un fort des stocks de munitions. Le 8 mai 1941, Marcel Weinum et Albert Uhlrich réalisent leur attentat contre le gauleiter Robert Wagner, le plus haut représentant de Hitler en Alsace.

     

    Alors que ce dernier se trouve dans un café, les deux hommes jettent une grenade dans sa voiture et prennent la fuite.

     

    C'est un attentat à caractère dissuasif.

     

    Après l’arrestation à la frontière suisse de Marcel Weinum et de Ceslav Sieradzki qui tentaient de rejoindre Bâle pour trouver des fonds afin de continuer la lutte contre le nazisme, l’ensemble du réseau est arrêté. Une partie de ses membres est internée au camp de Schirmeck.

     

    Le 12 décembre 1941 au matin, Ceslav Sieradzki est lui aussi transféré au camp de Schirmeck.

     

    Le même jour, les haut-parleurs annoncent que Ceslav Sieradzki a été fusillé

    « pour cause de résistance ».

     

    C’est la première fois qu’est utilisé en Alsace par les nazis le terme de « résistance ». Ceslav Sieradski, orphelin polonais, est ainsi le premier résistant d’Alsace mort pour la France.

     

    Dix membres du réseau sont traduits devant un tribunal spécial à Strasbourg en mars 1942.

    Marcel Weinum est condamné à mort et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart, en Allemagne.

     

    Certains de ses camarades sont libérés et enrôlés de force dans le Reichsarbeitsdienst (RAD), le service paramilitaire de travail du Reich.

     

    Les 14 jeunes de la Main Noire qui n’ont pas été jugés apprennent au camp de Schirmeck l’exécution de Marcel Weinum.

     

    Douze d’entre eux sont libérés et aussitôt incorporés de force dans le Reichsarbeitsdienst (RAD).

     
      
      
     
    Liste des membres de la Main Noire :
    • Robert Adam
    • Lucien Albrecht
    • Jean-Jacques Bastian
    • Robert Bildstein
    • Lucien Entzmann
    • Marcel Keller
    • René Kleinmann
    • André Kleinmann
    • Jean Kuntz
    • Charles Lebold
    • Aimé Martin
    • Bernard Martz
    • André Mathis
    • René Meyer
    • François Mosser
    • Xavier Nicole
    • Ceslav Sieradzki
    • René Spengler
    • Albert Uhlrich
    • Jean Voirol
    • Marcel Weinum

     

    Les hommages aux survivants du réseau 

    C’est la publication en octobre 2007 de l’ouvrage de Gérard Pfister Marcel Weinum et la Main Noire, avec une préface de Pierre Sudreau, Président de la Fondation de la Résistance et une introduction d’Alfred Grosser qui a permis d’appeler à nouveau l’attention sur le réseau de la Main Noire, presque totalement tombé dans l’oubli, et de rendre enfin l’hommage qui leur était dû à Marcel Weinum et à ses compagnons.

     

     

    Cet ouvrage a pu être écrit grâce aux précieux documents et témoignages conservés par René Kleinmann, frère de lait de Marcel Weinum et, avec son frère André Kleinmann, l’un des tout premiers membres du réseau, décédé en 2009.

     

    Il doit également beaucoup aux recherches menées durant de longues années par

    Marie Brassart-Goerg, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, en particulier pour perpétuer la mémoire de Ceslav Sieradzki.

    À la suite de ce livre, les cinq survivants du réseau ont reçu en novembre 2007 des mains de M. Robert Grossmann, Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, la médaille d’honneur de la Ville de Strasbourg et Jean-Jacques Bastian a été fait chevalier dans l'ordre de la Légion d’honneur.

    C’est aussi à la suite de cette publication que le principe d'une plaque commémorative a été décidé par M. Robert Grossmann en 2007, plaque qui fut apposée à l’entrée du

     

    Collège Épiscopal Saint-Étienne et inaugurée après les élections municipales de 2008 par le nouveau maire de Strasbourg M. Roland Ries.

      

      

    Filmographie :

    Un documentaire de 52 minutes a été réalisé en 2010 sous le titre La Main noire par Jean-Baptiste Frappat (auteurs : Jean-Baptiste Frappat et Daniel Psenny) d’après le livre de Gérard Pfister Marcel Weinum et la Main Noire. Il a été coproduit par JEM Productions et France 3 Alsace avec le soutien de la Région Alsace.

     

    http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782845901094.jpg

      

    Document 2007 - Septembre 1940 : à l'appel d'un garçon de 16 ans, près de trente jeunes âgés de 14 à 16 ans se rassemblent d'enthousiasme pour une grande entreprise. Ces trente-là ont un objectif : combattre Hilter et le nazisme.

    Un chef : Marcel Weinum.

    Un nom : « la Main Noire ».

    Une organisation structurée.

    Ils savent se procurer armes, argent, locaux. Propagande, action psychologique, sabotage n'ont pas de secrets pour eux.

    Ils sont conscients de risquer leur vie. Le premier d'entre eux, l'orphelin polonais Sieradzki, abattu à bout portant en décembre 1941, et Weinum décapité en avril 1942.

     


    Tous fils d'ouvriers :

    cheminots, traminots, électriciens...

    Parmi leurs parents aucun dont l'attitude politique ait pu les influencer.

     

    D'ailleurs, pour la quasi totalité, ils ne sont pas même au courant des activités de résistance de leurs petits.

     

    Quant à ces enfants, ils sont tous eux-mêmes apprentis :

    futurs boulangers, mécaniciens, dessinateurs...

    Parmi eux aucun intellectuel.

     

    Et à leurs côtés pas un adulte - professeur ou religieux - pour les inspirer ou les conseiller.

    Une « Croisade es enfants » contre Hitler, à Strasbourg, entre septembre 1940 et avril 1942.

    Et pourtant : oubliée !

    Extrait du livre : Une « Croisade des enfants » contre le nazisme

     

     

    Septembre 1940 

     

    à l'appel d'un garçon de 16 ans, près de trente adolescents eux-mêmes âgés de 14 à 16 ans se rassemblent d'enthousiasme pour une grande entreprise.

    Comme une nouvelle «Croisade des enfants».

    Mais leur but n'est pas aussi chimérique que celui de leurs malheureux devanciers du moyen âge, abusés de paroles spécieuses et partant à pied pour la Terre Sainte... Non, ces trente-là ont un objectif simple et clair : combattre Hitler et le nazisme.

     

    Ils ont un chef : Marcel Weinum.

    Ils ont un nom : la Main Noire.

    Ils ont une organisation structurée.

    Ils savent se procurer armes, argent, locaux.

    La propagande, l'action psychologique,

    le sabotage n'ont guère de secrets pour eux.

    Et ce n'est certes pas un jeu. Ils sont bien conscients qu'ils s'exposent à la mort.

     

    Et ils y font face avec courage, le premier d'entre eux abattu à bout portant en décembre 1941, le deuxième décapité en avril 1942.

    Tout sauf des enfants de chœur, voudrait-on dire !

     

    Et justement non : enfants de chœur, ils le sont tous, ou presque.

     

    C'est là et nulle part ailleurs qu'ils se sont connus : à l'église de Brumath ou à la maîtrise de la cathédrale de Strasbourg.

    Tous fils d'ouvriers : cheminots, traminots, élec­triciens... Parmi leurs parents aucun dont l'attitude politique ait pu les influencer. D'ailleurs, pour la quasi totalité, ils ne sont pas même au courant des activités de résistance de leurs fils.

    Quant à ces jeunes combattants, ils sont tous eux-mêmes apprentis : futurs boulangers, mécaniciens, dessinateurs...

    Parmi eux aucun intellectuel. Et à leurs côtés pas un adulte - professeur ou religieux - pour les inspirer ou les conseiller.

    Une croisade des enfants contre Hitler, à Strasbourg, entre septembre 1940 et avril 1942. L'affaire semble extraordinaire.

     

     

    Mémorable. Et pourtant, soixante ans après, il semblerait qu'elle soit déjà presque complètement oubliée … (…) -

     

    Gérard Pfister

    Gérard Pfister

      

      

    SOURCES : article Gérard PFISTER - et WIKIPEDIA

    Photos google

      

      

    http://www.souvenir-francais67.fr/homagemarcelweinum.htm

      

      

      

     

     

     

     
     
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  • Désobéir à Vichy :

    la résistance civile de fonctionnaires de police

     

    http://www.non-violence-mp.org/images/vichy.jpg

      

    Document avril 1994

      

    - Après une longue et minutieuse enquête, au cours de laquelle il a pu confronter nombre de témoignages et de documents, Jean-Marie Muller a écrit l'histoire jusque-là méconnue, de la résistance civile de fonctionnaire de police du Service des étrangers du Commissariat central de Nancy qui, sous l'Occupation, se sont opposés, avec efficacité, à la politique de persécution mise en œuvre par les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy à l'encontre de la communauté juive.

      

    L'action de ces policiers a permis de sauver quelque trois cents Juifs lors de la grande rafle organisée à Nancy par les Nazis le 19 juillet 1942.

     

    Alors que l'histoire officielle a surtout retenu l'obéissance complice des policiers dans la mise en œuvre de la "solution finale", il est de la plus grande importance de faire connaître la désobéissance de ces fonctionnaires qui n'ont pas hésité à prendre pour eux-mêmes les plus grands risques pour désobéir à Vichy.

     

    Présentation de l'ouvrage par Christian Le Meut (In Non-Violence Actualité, avril 1994)

     

     

    La sortie du film de Steven Spielberg, La liste de Schindler, a été l'occasion de braquer les projecteurs sur les "Justes", ces personnes qui, au risque de leur vie, ont sauvé des Juifs pendant l'occupation nazie. Le nouveau livre de Jean-Marie Muller,Désobéir à Vichy traite également de ce sujet :

      

      

      

    il s'agit d'une enquête historique sur la résistance civile de policiers nancéens qui ont sauvé des centaines de Juifs pendant l’occupation. Portrait d'une France entre servilité (Vichy, Touvier) et résistance.

     

    Si la publication du livre de Jean-Marie Muller, en février, a eu moins d'écho médiatique que le film de Spielberg, son contenu montre des policiers nancéens ayant fait preuve d'un courage tout aussi remarquable que celui d'Oskar Schindler.

      

    Il s'agit d'Edouard Vigneron, Pierre Marie, Charles Bouy, François Pinot, Henri Lespinasse,

    Charles Thouron et Emile Thiébaut, tous membres du Service des étrangers

    au Commissariat de Nancy.

     

    Le 18 juin 1940, l'armée allemande fait son entrée dans cette ville. La Meurthe et Moselle est intégrée à la "zone interdite", que les Allemands envisagent d'annexer mais qui demeure sous l'autorité du gouvernement de Vichy.

      

    L’opinion publique semble hostile à l'occupant, mais la collaboration s'organise. Comme la très grande majorité des Français, les Nancéens se rallient au gouvernement de Vichy dont les lois antisémites dépasseront les voeux des nazis.

      

    Le 27 septembre, l'occupant publie une ordonnance sur le premier statut des Juifs. L’administration locale applique fidèlement les ordres, qu'ils émanent de Vichy ou de l'occupant. La communauté juive nancéenne compte environ 2600 Juifs étrangers, originaires surtout de Pologne, et 1200 Juifs de nationalité française. Les deux communautés ne se mélangent guère.

     120422014550250296.jpg

    Dès le début de l'occupation, certains fonctionnaires du Service des étrangers du Commissariat central de Nancy mettent sur pied des filières pour évacuer les Alsaciens et Lorrains, désormais Allemands, qui refusent de servir dans l'armée du Reich.

      

    En liaison avec un fonctionnaire de la préfecture, Raymond Chavarot, C. Bouy et E. Vigneron fabriquent de fausses cartes d'identité. C. Thouron et P. Marie font de même, mais en ignorant les activités de leurs collègues :

     

    "Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent"

     

    clame à cette époque Radio-Londres.

    La méfiance règne, mais ces fonctionnaires vont bientôt agir ensemble en faveur des Juifs étrangers de Nancy.

     

     

      120422014942163494.jpg

    La répression s'abat d'abord sur ces derniers : "Nous les considérions comme des braves gens", témoigne Pierre Made.

      

    *Et, quand l'Etat impose aux policiers de distribuer les étoiles jaunes aux Juifs, il s'indigne :

    "C'était écoeurant. "

      

    On considérait ces gens comme des bêtes, on les marquait comme du bétail". J-M. Muller rappelle, au début de son ouvrage, les fondements racistes de l'idéologie nazie et le processus qui conduit, à partir de 1942, à la "solution finale" par laquelle six millions de Juifs européens périrent.

     

    De 1940 à 1942 les policiers distribuent les vraies-fausses cartes d'identité qui permettent aux juifs-étrangers de passer en zone libre ou de vivre à Nancy sous une fausse identité.

      

    Certaines familles pourront ainsi demeurer à Nancy jusqu'à la libération sans être inquiétées, sous la protection de ces fonctionnaires de police ! La résistance des sept policiers va prendre une autre ampleur lors de la rafle du 19 juillet 1942. Le 16, un Juif nancéen se trouve à Paris où il assiste à la première grande rafle des Juifs étrangers. Il téléphone à Pierre Marie qui prévient ses collègues.

     

    Le 18, les sept policiers apprennent la décision allemande d'arrêter, le lendemain, 350 Juifs étrangers sous le prétexte officiel d'aller les faire travailler en Allemagne. En fait, la " solution finale " a commencé et c'est vers les camps d'extermination que ces personnes doivent être conduites : "Nous savions que ces arrestations étaient pour eux le commencement de la fin ", dira plus tard Pierre Marie.

      

    Les policiers du service des étrangers n'hésitent pas : six d'entre eux parcourent la ville pour prévenir le plus possible de familles juives étrangères.

     

    Seul Edouard Vigneron, leur chef, reste au poste en "couverture". Le soir, les policiers ont la certitude que tous les Juifs visés ont pu être prévenus, mais il faut organiser leur hébergement ou leur évacuation. Ils s'emploient également à ce que les Juifs absents de Nancy lors de la rafle ne soient pas interpellés à leur retour, et vont même en attendre certains à la gare.

     

    Le 19, une cinquantaine de Juifs sont quand même arrêtés par les gardiens de la paix français. Quelques-uns, pourtant prévenus, n'ont pas cru au danger... Certains policiers font du zèle dans leur recherche. Le lendemain de la rafle, les Allemands sont furieux : ils sont dans l'obligation d'annuler un train à destination d'Auschwitz.

     

    Toutefois, une explication prévaudra: la rafle parisienne ayant eu lieu avant les rafles en province, les Juifs nancéens auront été prévenus... Pierre Marie et ses collègues sont interrogés par leur supérieur, mais rien ne peut être prouvé contre eux.

      

    Cependant, en août 1942, Edouard Vigneron est arrêté, emprisonné trois mois et contraint à prendre une retraite anticipée. Une personne à laquelle il a donné une " vrai-fausse" carte d'identité a, naïfement, vendu la mèche. Pierre Marie le remplace à la tête du service. Mais la méfiance s'est installée : les "sept" ne sont pas informés des rafles suivantes qui, à partir du début 1944, concernent les Juifs français.

     

    Pierre Marie, Charles Bouy, Edouard Vigneron et François Pinot (ces deux derniers à titre posthume) ont reçu la "Médaille des Justes parmi les nations" de l'Institut Yad Vashem dont l'une des missions est de "perpétuer la mémoire des non-Juifs qui, au péril de leur vie, ont secouru des Juifs". Au dos de cette médaille, est écrit:

      

    "Quiconque sauve une vie, sauve l'humanité tout entière". Charles Thouron, comme ses 4 autres collègues, s'est vu décerné le 30 juin 1996, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations.

    Oskar Schindler, le héros de Spielberg, a lui aussi reçu cette distinction. Certes, ces policiers n'agissaient pas par conviction non-violente, mais simplement par humanité. Au péril de leur vie (et de celle de leurs proches), ils ont sauvé environ trois cents Juifs, et l'autres personnes non-juives. Des résistances comme celle de Nancy ont, hélas, été trop peu fréquentes.

     

    Jean-Marie Muller démontre la soumission de la plupart des autorités face à l'autorité allemande ou vychiste...

     

    Or il semble que les résistances non-violentes ont particulièrement déstabilisé l'occupant, comme l'a constaté l'historien Basil Liddell Hart qui a interrogé des généraux allemands après la guerre. "Les déclarations des généraux allemands révélaient l'efficacité de la résistance non-violente. (...) D'après leurs propres déclarations, ils avaient étéincapables d'y faire face. Ils étaient experts en violence et avaient été entraîné à affronter des adversaires qui employaient des méthodes violentes. Mais d'autres formes de résistance les déconcertaient (...)".

     

    La seconde partie de l'ouvrage de J-M Muller est consacrée au devoir de désobéissance des fonctionnaires français sous l'occupation et au "Noyautage des Administrations Publiques" (NAP). Sous l'impulsion de Claude Bourdet cette organisation intégrée à la résistance avait pour objectif de noyauter l'administration vichyste.

     

    Jean-Marie Muller livre ici une très intéressante étude sur le devoir de désobéissance et la non-coopération, base de toute résistance non-violente à un oppresseur.

      

    Cette étude se prolonge jusqu'à aujourd'hui : il cite, notamment, le décret du 18 mars 1986, sur le code de déontologie de la police nationale qui autorise la désobéissance d'un policier à un ordre illégal. Mais l'auteur souligne justement que, sous Vichy, les ordres étaient légaux.

      

    Aussi, il suggère que les fonctionnaires soient formés de manière à ce qu'ils ne se soumettent pas à une autorité ou à un ordre illégitime. Il en appelle à leur conscience et au respect de la Constitution qui, au dessus des lois, garantit les droit fondamentaux des personnes vivant sur le sol français.

     

    Par cet ouvrage, Jean-Marie Muller contribue à alimenter et renforcer la réflexion sur la non-violence. Fort à propos il cite Henry-David Thoreau: "Si la machine gouvernementale veut faire de vous l'instrument de l'injustice envers votre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi". Il rappelle également l'illégitimité du pouvoir de Vichy, auquel la majorité des Français s'est pourtant soumise. Alors que le procès Touvier s'est ouvert le 17 mars, ce genre de rappel est nécessaire. La mémoire collective des peuples, et du peuple français en l'occurrence, révèle leurs valeurs. Alors, soumission, ou résistance ?

     

    Désobéir à Vichy : la résistance civile de fonctionnaires de police

     

    Jean-Marie Muller, Presses Universitaires de Nancy, 1994, 144 p.

     

    http://www.non-violence-mp.org/muller/desobeirvichy.htm

     

     

    Liens utiles sur le blog

     

    La cour du 19 août 1944 – essai sur la mémoire policière

    Policiers français sous l'occupation : 

      

    (les archives de l'épuration)

    La loi du 23 avril 1941 portant organisation générale

    des services de police en france

     

    Les rafles … "très françaises" de 1942

    L'énigme rené bousquet …

    Archives policières de l'occupation …

    La police sous vichy

      

      

      

      

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  • Le plus grand mensonge du siècle
    Tout a commencé en janvier 1943.Pour soulager le front de l’Est, Roosevelt, Churchill, de Gaulle et Giraud envisagent un débarquement sur les côtes du nord-ouest de la France, avec pour objectif la poursuite de la guerre jusqu’à la reddition sans conditions des puissances adverses. Le COSSAC : Chief Of Staff to the Supreme Allied Commander (Chef d’État-major du commandant suprême allié) créé pour cette occasion va mettre au point, en mai 1943, les grandes lignes du projet Overlord (Seigneur suprême), qui comprend à la fois le débarquement proprement dit (l’opération Neptune) et les objectifs militaires à atteindre les jours suivants. La date suggérée pour Overlord est le mois de mai 1944.

    Le lieu choisi est la Normandie, car les plages y sont moins bien défendues que dans le nord de la France.
    En décembre 1943, le COSSAC devient le SHAEF, Supreme Headquarters Allied Expeditionnary Forces (Commandement suprême des forces expéditionnaires alliées), dirigé par le général américain Eisenhower.
    Sa mission est ainsi définie, en janvier 1944 : «Vous pénétrerez en Europe conjointement avec les autres nations alliées, vous entreprendrez des opérations dont le but sera le cœur de l’Allemagne et la destruction de ses forces armées».

    Grâce à l’opération Fortitude, le plus grand mensonge du siècle, les Alliés vont leurrer les Allemands, en leur faisant croire qu’ils vont débarquer là où on les attend, à savoir dans le nord de la France.
    Pour que l’intoxication soit parfaite, ils créent une armée fantôme, composée de décors et de chars en caoutchouc gonflables stationnés en Grande-Bretagne, le plus près des côtes françaises.
    Les Allemands tombent d’autant plus facilement dans le piège que le commandement de cette fausse armée est confié au général Patton !

    Ce débarquement est certainement l’opération aérienne et amphibie la plus importante du siècle. Les préparatifs en Grande-Bretagne sont rigoureux et minutieux.
    Rien n’est laissé au hasard. Ainsi, les soldats répètent inlassablement leur rôle pour le D Day (Jour J). Des exercices grandeur nature sont effectués sur les côtes anglaises. Telle l’opération Fabius, en mai 1944, dans le Devon, qui occasionne la mort de 900 soldats !

    Les Alliés mettent aussi à profit les expériences acquises lors des raids et débarquements précédents.
    Ainsi l’échec de l’opération Jubilee, à Dieppe, le 19 août 1942, est la démonstration qu’il est impossible de prendre un port de front. Peu importe, les Alliés viennent avec leurs propres ports (projet Mulberry).
    Ainsi, dans les jours qui suivent le débarquement, deux ports artificiels sont construits : à Saint-Laurent-sur-Mer (détruit par la tempête du 19 au 22 juin) et à Arromanches. Tout comme 33 aérodromes provisoires sont élaborés au cours de l’évolution du front en Normandie.
    Ces photos venues du ciel
    Mais le débarquement ne peut réussir que si les Alliés possèdent toutes les informations
    nécessaires relatives aux fortifications allemandes en France et aux nombreux obstacles érigés sur les plages. Elles leurs sont fournies par la reconnaissance aérienne, qui photographie pendant des mois chaque parcelle de plage et de côte, et par la Résistance, qui transmet à Londres les renseignements sur les constructions de casemates du mur de l’Atlantique. Composé d'une succession de constructions en béton, dans le style de la ligne Maginot, le mur de l'Atlantique comprend un peu plus de 10.000 bunkers. En sus, des milliers de canons et de machines d'artillerie, des mines à même la plage et des millions d'obstacles ont été installés sur la côte ainsi que des tranchées anti-tanks et des zones marécageuses. sur les 200 kilomètres de côtes allant de Barfleur à Antifer. Elles sont sous le commandement du général Rommel, qui dispose de près de 40 000 soldats et de 500 chars pour contenir les Alliés. Rommel qui doit aussi mener un autre combat, celui avec le maréchal von Rundstedt.

    Les deux hommes s’affrontent entre deux stratégies à adopter pour empêcher les Alliés de débarquer. Rommel souhaite rejeter les Alliés à la mer dès le début de l’invasion. Les premières vingt-quatre heures seront décisives. Le sort de l’Allemagne en dépendra. «Pour les Alliés comme pour nous, ce sera le jour le plus long», déclare-t-il le 21 avril 1944. Or von Rundstedt, qui qualifie le Mur de l’Atlantique de «bluff gigantesque», estime nécessaire de les laisser établir une tête de pont pour que les troupes allemandes, aidées des blindés, les combattent sur terre. Stratégie valable si elle est appuyée par une couverture aérienne suffisante. Or à cette date, la suprématie des airs est l’atout majeur des Alliés et non des Allemands. Ce qui est d’ailleurs une des raisons de la réussite du débarquement.

    Prévu le lundi 5 juin, le débarquement est repoussé au 6 à cause d’une météo déplorable. Peu après 0 h, des milliers de parachu-tistes alliés sont largués sur la Normandie dans des conditions périlleuses. A 6 h 30 et 7 h 25 débutent les premières opérations amphibies en secteur américain et en secteur anglo-canadien. Les Américains débarquent sur deux secteurs de plage ayant pour code Utah (de La Madeleine à Quinéville) et Omaha (de Colleville-sur-mer à Vierville), tandis que les Anglo-Canadiens et les 177 Français du commando Kieffer prennent pied sur les trois autres secteurs, ayant pour codes Gold (de Ver-sur-mer à Asnelles), Juno (de Saint-Aubin à Graye) et Sword (de Colleville-Montgomery à Luc-sur-mer).

    Le 6 juin, ce sont 8 divisions qui prennent part au débarquement (5 sur les plages et 3 dans les airs), totalisant près de 200 000 hommes avec les renforts. La logistique représente : 5 000 embarcations d’assaut, 1 300 navires marchands, 1 200 bateaux de guerre, 10 000 avions (des chasseurs aux bombardiers), 20 000 véhicules (des jeeps aux chars). Les pertes sont de plus de 3 000 tués, 6 000 blessés, prisonniers ou disparus
    Les plages immenses de la côte de Nacre, plus de 55 ans après, ont conservé leurs cicatrices : cratères de bombes, blocs de béton armé, abris souterrains. Quelques canons sont encore là comme les chars qu’on a sortis de l’eau. Colleville-sur-mer, c'est d'abord un site serein, une gigantesque plage normande de sable fin. Mais Colleville c'est aussi, "Omaha Beach" et l'immense cimetière américain de Saint-Laurent-sur-Mer. L’ensemble de la nécropole couvre environ 70 hectares offerts par la France au gouvernement américain. L’entretien de ce cimetière et du Mémorial a été confié à l’American Battle Monuments Commission. La construction de ce cimetière et du Mémorial fut terminée en 1956. 9 386 militaires américains (parmi lesquels 4 femmes) y sont inhumés, dont 307 inconnus. Le fils ainé du Président des Etats-Unis, Teddy Rossevelt, mort d’une crise cardiaque deux mois après le débarquement sur Utah Beach de la 4ème division d’infanterie dont il était commandant en second, y est inhumé (pelouse D, rangée 28, tombe 45) aux côtés de son frère Quentin.
    L’assaut amphibie à Omaha
    A Omaha, la mise à l'eau des embarcations et des véhicules amphibies vers 3 heures du matin à près de 18 km du rivage dans une mer grosse est très difficile. Un des deux bataillons de chars amphibies décide de ne pas mettre à l'eau et de pousser les porte-chars jusqu'aux plages. L'autre met ses chars à l'eau, peut-être trop loin dans une mer démontée, et 2 seulement sur 29 atteindront la plage. Sur les plages de Vierville et Saint-Laurent l'engagement est immédiatement très dur. Les chalands et les soldats encore à la mer sont pris sous le feu des divisions allemandes : la mer monte, laissant aux fantassins américains, en nombre croissant dû à l'arrivée des vagues suivantes, un espace de plus en plus étroit battu par les tirs allemands. Difficilement appuyées par l'artillerie navale en raison de l'étroitesse du contact avec les résistances allemandes, les unités américaines subissent des pertes. Jusqu'à midi, la situation reste critique. Sur l'Augusta, le général Bradley sent avec anxiété venir le moment où devra être envisagé de rembarquer. Sur les 34.000 hommes débarqués, les Américains enregistraient 3881 pertes sur cette bande de plage dont le nom allait devenir " Bloody Omaha ".
    A mi-distance entre Omaha et Utah, la pointe du Hoc domine la mer de sa falaise verticale. Elle est couronnée par une batterie sous abri bétonné. Il faut s'en emparer pour libérer les plages de la menace qu'elle fait peser sur elles. Telle est la mission confiée à une unité américaine spéciale, le 2ème bataillon de rangers. La pointe du Hoc a fait l'objet, dans les jours précédents, de bombardements massifs et ses canons en ont été retirés et braqués vers l'Ouest. La position, au sommet de la falaise, reste cependant importante, et dure à conquérir. A partir de 7 heures les rangers y accèdent avec des échelles de pompiers installées sur des chalands ; ils lancent, par fusils, des grappins et des cordes pendant que l'artillerie navale les appuient au plus près. Toute la journée et le lendemain encore, ils devront repousser des contre-attaques allemandes. Pendant deux jours, se livre sur cette pointe de rocher un combat homériqueIl y eut de lourdes pertes : 45 hommes le premier jour et 95 hommes durant les 48 heures suivantes.
    A Utah Beach la première vague atteint la plage à 6 h 30 exactement. Sur l'ensemble de la plage, la résistance est relativement faible ; les chars amphibies l'abordent et la nettoient avec les fantassins qu'ils appuient. La jonction est réalisée avant 13 heures avec les parachutistes de la 101e Airborne Division, près de Saint-Martin-de-Vareville. Avant midi, un message, peut être plus optimiste que la réalité, informe le général Bradley à bord du croiseur Augusta que le débarquement se poursuit à Utah dans de bonnes conditions "Plages nettoyées, routes en construction, peu d'opposition.". En fait, le bateau qui devait guider les premiers hommes a été coulé et de ce fait, ils ont débarqué à 2000 mètres au sud du point prévu. Les défenses à cet endroit étaient beaucoup moins importantes.Les pertes à Utah Beach : 43 morts et 63 blessés.
    Un peu avant 22 heures, le 5 Juin, vingt C-47 du 9ème Troop Carrier Command Pathfinders Group décollent de la base de North-Witham, près de Grantham, en Angleterre. Chacun d'eux emporte un stick de parachutistes d'élite, tous volontaires. Direction Ste Mère Eglise et Ste Marie du Mont. Ces équipages et leurs hommes sont donc les premiers à connaitre les lieux exacts du débarquement.
    L’envoi d’unités parachutistes sur les arrières du Mur de l’Atlantique, à l’aube du 6 juin 1944, doit faciliter le débarquement de la force d’invasion. Les avions qui transportent les hommes de la 82e division aéroportée américaine subissent un violent tir de la « flak », lorsqu’ils abordent la côte occidentale du Cotentin dans la nuit du 6 juin ; des avions sont touchés, plusieurs sont détournés de leurs itinéraires. Vers 1h les premiers parachutistes sautent sur Sainte-Mère-Église créant une panique totale ; les civils se réfugient dans les abris, les Allemands abattent plusieurs parachutistes puis se replient hors du bourg, à un kilomètre au sud. À 5h du matin les Américains tiennent solidement Sainte-Mère-Église, ils repoussent plusieurs contre attaques allemandes. Ste Mere Eglise a été la première commune libérée de France
    Devant l'Hôtel de Ville se trouve aujourd'hui la Borne 0, symbole du point de départ de la Voie de la Liberté, route suivie par l'armée PATTON, de Saint-Mère-Eglise à Bastogne (Belgique).
    Le Débarquement commença à 6 h 30, successivement sur les plages de Ste-Marie-du-Mont, d'Audouville-la-Hubert, de Saint-Martin-de-Varreville, de St-Germain-de-Varreville et de Foucarville. Le grand port artificiel d'Utah Beach, long de 8 kilomètres, était créé et fonctionnera non pas durant quelques jours, mais pendant 6 mois.; 40 divisions américaines, la Division Leclerc (2ème DB) y seront débarquées, ainsi que des millions de tonnes de matériel.
    L'équipement du para
    • 2 parachutes : un ventral, un dorsal
    • 1 casque lourd avec filet de camouflage et trousse métallique d'urgence et un casque léger à l'intérieur
    • 1 pistolet automatique avec chargeur de 7 cartouches
    • 1 carabine pliante USM1
    • 2 grenades, 1 machette, 1 poignard (sur jambe droite)
    • 1 sac à dos avec tente et couverture de laine
    • des billets de banque (d'occupation)
    • 1 paquet de cigarettes
    • 1 masque à gaz
    • 1 ouvre boîte
    • 1gourde
    • 1 bible
    • 1 criquet
    • 1 gamelle avec couverts
    • des mouchoirs
    • 1 plaque d'identité
    • 1 lexique anglais-français
    • 1 réchaud à essence, des rations de survie (3 repas)
    • 1 couteau à ouverture automatique
    • des sous-vêtements et chaussettes

      

    SOURCES :  http://www.formatage.org/branches/realisations/normandie/normandie-overlord.html

      

      

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    LE MARCHE NOIR sous l'occupation..... les prix exhorbitants....1942 - On offre dans certains restaurants des repas à quatre cents francs, près de la Porte Saint-Denis un margoulin vend le plat de viande cent vingt fran...cs ...

    Français et Françaises ! Formez dans chaque arrondissement et dans chaque municipalité un comité local de ravitaillement ...

    Ménagères ! Dans chaque quartier formez votre comité local de ménagères ...

    Ecrivez à l'Humanité les noms et adresses des margoulins du marché noir. Notre journal se chargera de faire à ces affameurs toute la publicité nécessaire.
     
     
      
      
    LES BOF... les EPICIERS font fortune... 
     
    1942... Paradoxalement en ce temps de pénurie, des épiceries s'ajoutent à celles qui existent et deviennent très importantes. La famille des « Beurre, Œufs, Fromages », des B.O.F. , naît, fait souche; son cercle s'agrandit.
    Elle a un grand appétit. d'argent vite gagné, elle exhibe un luxe tout neuf. Elle ne discute pas « affaires » dans l'arrière-boutique mais dans les bars des Champs-Elysées. 
    Un de ses représentants vend, notamment en 1941, 980 kilos de gruyère à 50 francs l'un au lieu de 21 ; 66 kilos de parmesan à 70 francs au lieu de 40... entre autres denrées.
      
    Tarifs qui trois ans plus tard paraîtront d'ailleurs bien faibles. Des produits seront vendus jusqu'à trente fois plus cher que leur valeur. 
    Les trafiquants cherchent aussi dans le Nord des articles de ménage et des textiles car on ne vend, avec tickets, que du tissu... sans textile, qui a une fâcheuse tendance : celle de se ratatiner à l'humidité.
      
    Tous se démènent, les uns pour nourrir leurs femmes, leurs enfants, leurs amis avec un petit bénéfice saris doute; les autres dans un but lucratif. 
             
    Les uns se déplacent par le train, les autres en voiture ou en camion que déforme, puisque l'essence est rationnée, l'installation du gazogène. Ceux-là ont monnayé au prix fort la possibilité de rouler, ce qui surenchérit d'autant le prix des denrées qu'ils ramènent. 
             
    D'autres encore ont adopté la bicyclette. On compte, en 1942, 10 711 808 « petites reines » contre 8 320 042 en 1939.
    On transporte, on stocke de tout dans n'importe quoi... 38 kilos de sucre dans un piano à queue; un petit veau dans une voiture d'enfant, où déjà est installé un bébé; on cache des pâtes alimentaires et de la viande dans un caveau du cimetière de Saint-Germain-en-Laye.
      
    Beaucoup de Français "éleveront" des lapins, poules dans leurs appartements... dans leur jardin... pour se nourrir.. 
     
      
      
    restaurants pendant l'occupation
      
    LES RETAURANTS
      
     
    La réglementation des restaurants est d'une complication qui serait décourageante ... si elle était observée.
    Classés en quatre catégories : A de 35,10 francs à 50 francs ; B de 25,10 francs à 35 francs ; C de 18,10 francs à 25 francs ; D égal ou inférieur à 18 francs, ils doivent afficher à partir de 10 heures, non seulement le menu, mais aussi la valeur des tickets à remettre par le client. 
     
    Pour la composition des menus (tout service à la carte étant interdit), quatre formules sont admises entre lesquelles le consommateur a le choix. La nature des hors-d'oeuvre, qui doivent obligatoirement être servis froids; est déterminée : pas de poissons, pas de salades contenant des oeufs. Ni beurre, ni sucre à la disposition des clients. 20 centilitres de vin seulement à chaque repas.
      
    Enfin, le restaurateur n'a même pas le droit de tenter un éventuel client.
    Tous les fruits et plats doivent être rigoureusement invisibles de l'extérieur.
      
    C'est le temps des vaches maigres. Des inspecteurs du ravitaillement. Le temps où, dans les prisons et les écoles, la nourriture devient une obsession, où, dans les foyers, elle ne cesse d'être l'unique pensée de millions de mères de famille soudain esclaves de l'épicier, du boulanger. du boucher, du crémier, de tous ces puissants barons qui ont pouvoir de vie et de mort sur une population tremblante, haineuse, courbée, révoltée.       
      
    C'est le temps où les enfants apprennent à voler pour manger et où les pères se vantent des scandaleux tours de force qui ont amené jusqu'à la table familiale le pain et le vin.
     
     
      
     
    restrictions en 1940
      
      
      
      
    Chaque Français reçoit de la mairie des cartes de rationnement à son nom, frappées de la lettre correspondant à sa catégorie . Des tickets sont joints par feuilles périodiquement renouvelables pour les principaux produits.   Chaque mois, les services du ravitaillement fixent la quantité de denrées concernées, quantité à laquelle chacun de ces tickets donne droit.   
     
    En échange des produits fournis, les commerçants prélèvent les tickets correspondants. Ceux-ci les reversent aux services économiques afin d'être réapprovisionnés le mois suivant.   Si toutefois les arrivages - et les incohérences de l'administration le permettent. Ainsi, entre le moment de la distribution des cartes, de l'inscription pour une denrée et celui de sa distribution, il s'écoule souvent des semaines, parfois des mois...
     
     

     
    Le temps des restrictions pendant l'occupation 
      
      
    Le temps des restrictions est bel et bien installé : les corbeaux et les pigeons remplacent désormais le poulet dominical, le haricot grillé, la fève cuite, l'orge et le gland à cochon relèguent bientôt le café au rang des souvenirs, les gâteaux sont servis en guise de plat principal...
     
      
    Le rationnement des produits va se généraliser progressivement entre l'été 40 et l'automne 41. Il concerne non seulement la nourriture dans sa totalité, le tabac ou le vin, mais aussi les vêtements, les chaussures, le chauffage  
     
     
     
     
     
    requisitions de l'armee allemande en 1940
      
      
      
      
    Les représentants français à la Commission d'armistice de Wiesbaden ont beau attirer l'attention sur la disparité des rations françaises et des rations allemandes, réclamer l'arrêt des exportations hors de France de toutes les denrées alimentaires, solliciter une réduction des achats des troupes ainsi que des livraisons de compensation de pommes de terre et de sucre allemand, la plupart de ces réclamations restent sans effet. Elles provoquent même la colère du maréchal Gôring qui, le 6 août 1942, expose, devant les commissaires du Reich pour les territoires occupés, sa conception de la situation alimentaire en France. 
      
    La France ? Il en vient. Les paysans français ? Tous des paresseux. Les citadins ? Des gens qui s'empiffrent de nourriture, que c'en est une honte. Le gros maréchal bien nourri tremble de colère et pointe un index accusateur.
     J'ai vu des villages où ils ont défilé avec leurs longs pains blancs sous le bras. Dans les petites villes, j'ai vu des oranges à pleins paniers, des dattes fraîches d'Afrique du Nord... Je vais envoyer une quantité d'acheteurs en France qui auront tout loisir, d'ici Noël, d'acheter à peu près tout ce qu'ils trouveront dans les belles boutiques et les beaux magasins et, cela, je le ferai mettre en vitrine pour le peuple allemand dans les boutiques allemandes, et il pourra se le procurer.
     
     
     
       

    soldats allemands à Paris 

      

      

    Les Français ne sont pas les seuls consommateurs. A côté d'eux, disposant de priorités indiscutables, de moyens d'achat puissants et d'un change scandaleusement favorable :

    l'armée allemande.
     

    Non plus l'armée allemande de juin 1940, où des soldats de légende dévorent des omelettes de vingt-quatre oeufs et meurent étouffés pour avoir mangé trop de pêches. 
     

    Mais, très vite, une armée allemande organisée qui, dès le 25 août 1940, à Bordeaux, réquisitionne caoutchouc et savon, et, le 12 septembre, commande 20 000 caisses de Bénédictine dont 300 livrables immédiatement. Ses réquisitions et ses achats ont pour but, non seulement de nourrir les troupes campant sur le sol français, mais aussi les civils allemands et, plus tard, les soldats de l'Est. 

     


     

    ravitaillement pendant l'occupation      

     

     

       Lorsqu'on effectuera le recensement des denrées emportées (achats amiables, prises de guerre, réquisitions), on arrivera, pour la période allant de juin 1940 à juin 1944, à 2 845 000 tonnes de blé (la moitié d'une récolte annuelle) et presque autant d'avoine, 845 000 tonnes de viande (soit plus que la consommation de 40 millions de Français pendant l'année 1941), 711 000 tonnes de pommes de terre, 220 millions d'oeufs, 750 000 chevaux, etc.  Les Français vont apprendre à gérer ce quotidien extraordinairement difficile. Ils appliquent scrupuleusement deux grands principes sans cesse rabâchés par la presse : "Ne rien perdre, faire durer".

     

     

      

      

      

    Ainsi apprennent-ils par exemple à n'utiliser qu'1 g du savon de 100 g auquel ils ont droit chaque mois. Les "recettes de bonne femme" triomphent. En séchant, l'ail soude aussi bien que la colle forte. En faisant bouillir du lichen blanc et des graines de lin dans de l'eau, que l'on écrase et que l'on filtre, on obtient de l'huile. Plus de chocolat ? Qu'importe, la France regorge de châtaignes dont la farine sert aussi à fabriquer... de l'eau de vie... 

      
     
      marche clandestin sous l'occupation
     
     
     
    MARCHE CLANDESTIN :
     
     
    La vente des savonnettes, 8 francs l'une, est pratiquée dans la rue... à la sauvette par des vendeurs qui ne se sauvent même plus, par les garçons de café, par les dames des vestiaires... également pourvoyeuses de bas de soie. 
             
    On trouve chez les concierges tout ce qui peut être stocké vingt-quatre à quarante-huit heures : des légumes, des fruits, de la viande, et l'on peut chanter, comme sous le Directoire :
      
    « Le cordonnier vend des rubans et le coiffeur du fromage. »
     
    Le marché clandestin de l'ail se tient au métro Saint-Augustin et celui du tabac à la station Strasbourg-Saint-Denis; on se heurte un peu partout dans les couloirs aux vendeurs d'éponges métalliques, de sucres d'orge, de produits d'entretien, d'enveloppes. 
             
    Les commerçants du marché noir, dit-on, peuvent, dans la rue Robert-Houdin, à Belleville, fournir en un clin d'oeil un repas de noce et habiller le cortège.
     
     
      
      Le systeme D pendant l'occupation
      
      
      
    Pauvres ou riches, tout le monde essaye de se débrouiller et le système D est à l'honneur.
     
    Les produits de remplacement, les ersatz, tiennent une grande place dans la vie quotidienne. Le docteur de Pomiane publie un livre de recettes où l'on apprend à faire de la bonne cuisine avec ces fameux ersatz.          
      
    On rit beaucoup en lisant dans un journal cette légende dans laquelle une femme répond à son mari qui lui reproche le goût de rose de ses frites : - Que veux-tu, j'ai eu la chance de trouver un peu de brillantine dans un tiroir... 
             
    On apprend à faire une mayonnaise sans oeufs, avec de la moutarde, de la farine, de l'huile et beaucoup d'eau froide; et du café sans café, avec des graines de lupin, des châtaignes, des glands, des peaux de pommes séchées; on sucre le café... sans sucre, avec de la saccharine qui n'est pas toujours de la saccharine, mais une décoction de bois de réglisse; on mange du pâté de foie sans foie, qui n'est autre que de la mie de pain étroitement mêlée à de l'oignon et à de la levure; on découvre dans le Midi, le millas, sorte de pâte de maïs. 
             
    Pendant que les ménagères et leurs familles expérimen-tent ces mélanges inat­tendus d'ingrédients, un diététicien, qui fait autorité, affirme dans un quotidien que la viande n'est pas nécessaire à l'organisme, tandis que sur la page même où il explique ce point de vue, une publicité pleine d'humour involontaire recommande un produit qui permet de maigrir...tout en mangeant à sa faim ce que l'on veut. 
             
    On fait cuire le ragoût de rutabagas dans la marmite norvégienne qui triomphe depuis que l'usage du gaz et de l'électricité est réglementé; on fume des feuilles d'ortie et de marronnier séchées qui font illusion, et de l'eucalyptus, mais certains, les connaisseurs, préfèrent s'en tenir à la récupération des mégots.
      
    Parce que la Wehrmacht ne laisse aux Français que 12 % d'une production de cuir déjà réduite, les énormes semelles de bois des chaussures de femmes ou des galoches des enfants claquent sur l'asphalte.
     
     
     
     Marché noir pendant l'occupation
      
      
      
      
    Les Français ont vécu tant bien que mal pendant l'occupation. Certains, en exploitant les besoins des autres, se sont enrichis. On dit que les fortunes prodigieuses, acquises au cours de cette période, n'ont pas toutes tenu après la guerre, et que, leurs bénéficiaires y étant mal préparés, elles ont été dilapidées aussi vite qu'elles se sont faites.
      
    En tait, la majorité a duré et a été socialement consacrée.
    Quoi qu'il en soit, le marché noir ayant plus de consommateurs que de producteurs n'a pu qu'appauvrir la grande masse. Il a faussé non seulement les valeurs économiques, mais les valeurs morales. On se vantait à la maison des « combines » apprises dans la journée et on se promettait d'en profiter.
      
    Des jeunes gens faisaient parfois des « coups » dont ils tiraient argument pour battre en brèche l'autorité des parents honnêtes ou non informés, qui s'escrimaient à des besognes peu rémunératives. On « considérait », et on était flatté de connaître les nouveaux messieurs issus de tous les milieux, qui régnaient sur le marché noir... Ce marché qui regorgeait de clientèle, qui pourtant se dérobait à toute publicité, qui était partout et nulle part.
     
     
      
      
    PENURIE DE TISSU
      
    La penurie de textile pendnat l'occupation
     
     
     
      
      
    La pénurie de textile touche de plein fouet la capitale coupée de ses approvisionnements habituels du nord et de la région de Lyon et de Roanne située en zone sud. La production des usines de la région parisienne ou de Normandie est en grande partie réquisitionnée par l'armée alleman­de.
              
    Les premiers tickets de textile apparaissent le 18 juillet 1941 et une réglementation sévère règle le volume de la matière première livrée aux fabricants d'habits et les lots d'habits distribués aux commerçants. Pour faire face à la pénurie, des ersatz très divers font leur apparition : tissus de remplacement fabriqués avec de la fougère, des poils de lapin, des crins d'acétate et même des cheveux dont un décret de mars 1942 ordonne la récupération, etc. 
             
    Le lanaté qui est sensé remplacer la laine se compose de 15 % de laine, de 80% de fibrane et de 5 % de poils de lapin. Mais les résultats sont généralement décevants. Les nouveaux tissus sont de très mauvaise qualité, ne sont pas chauds et ne résistent pas à l'eau... 
             
    Toutes les astuces sont bonnes pour faire face à la pénurie de textile. On rajeunit ou transforme ses habits. On utilise ses vieux rideaux pour tailler une veste, une robe. Edmond Dubois cite le cas de deux femmes de la même taille qui achè­tent à elles deux un seul tailleur qu'elles porteront à tour de rôle avant de se brouiller au bout de quelques mois !
      
    Les vieux tissus sont récupérés. Ils peuvent être échangés contre des bons de textile.
      
    Le secours national organise des collectes de vieux vête­ments qu'il lave, trie et recoupe avant de les distribuer aux plus nécessiteux....(certains se servent avant.....)
     
     
      
      
    MINISTERE du RAVITAILLEMENT....
      
      
    Le premier rôle du ministère du Ravitaillement est d'interdiction et de rationnement. 
      
    La liste des denrées alimentaires rationnées s'allongera avec les mois. Après le pain, les pâtes alimentaires, le sucre (2 août 1940), c'est le tour (23 octobre 1940) du beurre, du fromage, de la viande, du café, de la charcuterie, des oeufs, de l'huile, puis du chocolat, du poisson frais (juillet 1941), des légumes secs, de la triperie (octobre 1941), des pommes de terre, du lait, du vin et même, à certaines époques, des légumes frais. 
             
    Les rations diminuent d'année en année, et les difficultés de production ou de transport entraînent souvent, en dehors de toutes dispositions légales, des restrictions supplémentaires. 
             
    Anodines, au début, les interdictions se précisent et se précipitent rapidement. 
             
    De plus en plus rare, le pain devient également de plus en plus noir. On institue des jours sans viande : les mercredi, jeudi et vendredi.
    Peu de pain, pas de viande, et, lorsque les fruits sont abondants, peu de sucre.
      
    Dès le mois de juillet 1940, les consommateurs sont avertis qu'il leur faut renoncer aux confitures familiales.
     
      
    La confiserie est interdite, mais les mères de famille qui mettent au monde des jumeaux ont cependant droit à 2 kilos de dragées !
     
     
     
     
     
    rationnement en 1940 et 1941
     
     
     
    Entre 1940 et 1941, la liste des denrées rationnées s'est allongée. Après le pain, c'est le sucre, puis le beurre, la viande, le café, la charcuterie, les oeufs, l'huile, le chocolat, le poisson frais, le lait et, enfin, les pommes de terre.
      
    Au cours du premier hiver les Français sont relativement favorisés pour les rations. Ils ont, par mois, 450 g de beurre et 1 kilo de viande, et par jour 350 g de pain. Mais ils sont peu à peu amenés à la portion congrue au cours des années suivantes : 150 g de beurre en 1943 et 50 g en 1944; 400 g de viande ; 275 g de pain ensuite.
      
    Les Français ont d'abord une réaction psychologique qui se traduit par un rush sur tous les magasins dans lesquels ils sont décidés à tout acheter, y compris les rossignols dont sont trop heureux de se débarrasser les vendeurs.
     
    Mais qu'importe, pour les avoir, ils attendent leur tour... ils font la queue.
    C'est une sujétion, c'est parfois un amusement, mais cela devient aussi un métier puisqu'en le pratiquant on peut gagner 4 à 5 francs de l'heure si l'on remplace une personne que ce stationnement ne divertit pas.
     
    Les membres d'une même famille se relaient devant la porte de l'épicier en attendant que la voiture de celui-ci revienne de l'approvisionnement.
     
    Quelquefois le véhicule est vide, mais les heures passées en vain ont permis aux ménagères de bavarder, d'échanger des recettes et de tricoter en dépit du froid et de la pluie.
     
     
     
     
    les commercants en 1940 et 1941
     
     
    LES COMMERCANTS SONT ROIS !!
     
    A la fin du mois d'octobre, et surtout dès novembre 1940, avec l'apparition du froid et des journées plus courtes, voici le train des restrictions. Comme il arrive nécessairement dans les périodes de disette. l'Administration réglemente : les cartes d'alimentation mettent en évidence la raréfaction des denrées ; les prix étiquettent la réalité : trois jours sans viande ; on s'inscrit dans les boutiques pour essayer d'échapper à la queue ; les restaurants sont classés en quatre catégories.
      
      
    Les commerçants prennent de l'importance.
     
    L'Etat se sert du commerçant comme d'un pourvoyeur, d'un répartiteur, d'un percepteur, d'un contrôleur ; et celui-ci saisit la balle du profit au bond. L'épicier, le crémier deviennent de petits princes : non contents de répartir, ils font la morale, au nom du Maréchal, leur grand homme ; n'est-ce pas lui qui est resté près d'eux, qui a prononcé les paroles les plus humaines, qui a révélé aux Français les fautes dont ils paient le prix amer ?
     
    Donc, finie la vie large, les vitrines garnies ! Se restreindre, calculer, économiser, faire des provisions, voilà la doctrine, et patienter, attendre d'être servi à son tour ; si on n'a pas sa ration aujourd'hui, tâcher d'être parmi les premiers à faire la queue demain. Oui, finie la vie de château, dont notre peuple n'a que trop joué (dixit Pétain) !
     
    La vie de château, le mot le dit, sera réservée aux féodaux de cette nouvelle société — les paysans et les commerçants, fournisseurs et distributeurs, avec la cohorte louche des intermédiaires. Contrairement à la courbe des échecs familiaux, la courbe des faillites commerciales tombera presque à zéro. Les épiceries, les entreprises de transport, les vendeurs de textile vont se multiplier.
     
    Dans cette nouvelle jungle, les lois ne sont pas appliquées, parce que la situation est fausse : l'Occupation n'a jamais été et ne sera jamais un régime normal ; le véritable maître, l'Allemand, se cache derrière l'Administration française à laquelle il n'a qu'apparemment confié les rênes. Mais il se sert d'abord et l'Administration ne dispose que des restes, sur lesquels des millions de Français se jettent voracement. Dans cette ruée, pas de sentiment Les plus malins l'emportent.
     
     
     
    cartes de ravitaillement sous Vichy en 1940
     
     
     
     
     
    Les cartes de ravitaillement classent les Français en huit catégories. 
             
      
      
    Désormais, on n'est plus bourgeois ou prolétaire, mais A ou T.
    L'adolescence, cet anonymat aux frontières troubles, se voit arbitrairement découpé et le législateur, aidé par la longueur des restrictions, fera passer le mot J 3 du langage administratif à celui du théâtre et du cinéma.
    Voici quelles sont les catégories de rationnaires : 
             
    E : Enfants âgés de moins de 3 ans.
    J 1: Enfants âgés de 3 à 6 ans.
    J 2 : Enfants âgés de 6 à 13 ans.
    J 3 : Adolescents de 13 à 21 ans.
    A : Consommateurs de 21 à 70 ans, ne se livrant pas à des travaux donnant droit aux catégories T ou C.
    T : Travailleurs de force (de 21 à 70 ans).
      
    La carte T donne droit à des suppléments de pain, de viande, de vin, etc. Objet, à ce titre, de bien des convoitises, elle est attribuée suivant des règles parfois incompréhensibles. Y ont droit ceux qui fabriquent des billards ou des armures de théâtre, mais non les fabricants de parapluies : ceux qui travaillent dans une usine de conserves de poisson, mais non ceux qui sont employés par une usine de conserves de légumes ; ceux qui confectionnent des yeux de poupées, mais non les horlogers 
             
    C : Consommateurs de plus de 21 ans se livrant à des travaux agricoles.
    V : Consommateurs de plus de 70 ans
     
     
     
     
    cartes d'alimentation sous le regime de Vichy
     
     
     
     
    Les possesseurs de cartes d'alimentation, 40 millions de Français, dont le plus connu, le maréchal Philippe Pétain a la carte n° 50 084 T, doivent tenir une très sérieuse comptabilité.
      
    Entre le moment de la distribution (les cartes, de l'inscription pour une denrée et celui de la distribution, il s'écoule souvent des semaines, parfois des mois.
    I
    l faut donc veiller attentivement à ne pas égarer ces légers tickets de couleur qui, même inutilisés (mais non détachés par d'autres ciseaux que ceux de l'épicier) peuvent, un jour, se voir dotés de quelque valeur par un ravitaillement soudain généreux.
      
    La perte des tickets représente, dans les foyers modestes, un véritable drame, et l'on imagine sans peine le désespoir de cette Parisienne, Mme Vicieux, qui, ayant déposé ses cartes d'alimentation près de son lapin domestique, arriva trop tard pour les disputer au rongeur
      
    Dans un très gros portefeuille, la mère de famille range donc, côte à côte, les cartes de vêtements et d'articles textiles, les cartes d'alimentation, les cartes de tabac, de jardinage, de vin, les bons d'achat pour une veste de travail ou une culotte de bain, les coupons permettant l'acquisition d'une paire de chaussures et de produits détersifs, les tickets pour les articles de ménage en fer et les articles d'écoliers, etc.
      
    Il faut se tenir au courant des « déblocages » annoncés par la presse ou l'épicier, tenir à jour ses inscriptions, deviner l'heure à laquelle commencera la queue favorable, surveiller le compteur à gaz et le compteur d'électricité, marchander une fausse carte de pain moins chère qu'une vraie, mais plus difficile à faire passer.
     
     
     
     
    le troc sous l'occupation
    LE TROC
     
     
    Le troc, aux lois mouvantes, naît avec les premières restrictions. Un chroniqueur de la Petite Gironde en révèle les mystères à ses lecteurs, le 26 septembre 1940 :
      
    Ma voisine, de retour de son voyage stratégique en Dordogne, a retiré 20 litres d'essence de sa voiture, vouée désormais au repos. 20 litres d'essence, c'est pour l'instant, une valeur-or, une petite fortune !
      
    II est naturellement facile de trouver un acquéreur. Vendre de l'essence, vous plaisantez, c'est une monnaie d'échange trop précieuse ; j' aurai, en la divisant en plusieurs lots, des pôles, du beurre et ces merveilleuses denrées que sont le café et le sel !
      
    Dans ces négociations ténébreuses, il doit y avoir, pensez-vous, quelques cours réglant les échanges ?
    Détrompez-vous. Les cours s'établissent suivant la rareté momentanée des denrées en cause.
    Cependant, les statisticiens essaient de saisir sur le vif, et de fixer pour la postérité, le cours de ces échanges. I
      
    ls ont entendu parler de ce négociant en vins de Sète qui expédie des fûts à Pau et les récupère lestés de jambon, de lard, d'avoine, de pommes de terre ; ils relèvent dans le journal de l'Indre, le Département, cette annonce significative : Echangerais belles oies contre poste T.S.F. avec ondes courtes. Ils savent que, dans le Puy-de-Dôme, on obtient un kilo de beurre avec deux kilos de sucre ou quatre paquets de cigarettes, un porc avec un costume, que l'on paie le menuisier, le maréchal-ferrant en lait, beurre, oeufs.
      
    Mais, un jour ou l'autre, les ressources officielles, comme celles du troc, ne suffisent plus et les Français, tous les Français, riches ou pauvres, font connaissance avec le marché noir.
     
     
     
    ravitaillement des français pendant l'occupation
     
     
     
    C'est l'âge d'or des intermédiaires. N'importe qui trafique de n'importe quoi. Un Russe blanc, Szokolnikov, amassera, au service des Allemands, une fortune de 8 milliards de francs anciens ! Le commerce de détail prospère, de façon souvent paradoxale.
      
    L'irrégularité, au double sens du terme, des approvisionnements dirige la viande chez le mercier, les légumes chez le boucher. Parmi les temples parisiens du marché noir figurent en bonne place les loges de concierge.
      
    Mais ravitaillement officiel et marché noir ne peuvent s'organiser en un jour. Et l'hiver 1941 est très dur.
    Aussi, dès le printemps, les habitants des grandes villes, ceux de Paris surtout, se souviennent de leurs parents et amis de province, ou s'en découvrent.
     
    Les week-ends sont consacrés aux expéditions de ravitaillement . Les trains du samedi partent, débordants de familles avec vélos, valises, havresacs. Il faut avoir vécu ces retours du dimanche soir, avec des voyageurs sur les tampons ou les marchepieds des vieilles voitures !
    Le problème est de ne pas se faire prendre. Dans les campagnes, il y a les Feldgendarmen, avec leurs massifs hausse-cols. Les gendarmes français, eux, ferment volontiers les yeux. Mais l'octroi ceinture encore Paris ; les gabelous, surveillés par les Allemands et le réflexe professionnel aidant, se montrent parfois indiscrets.
     
    On descend à contre-voie, on cherche des sorties interdites. Gare Montparnasse, il est facile de se faufiler par le dépôt des bagages. Une fois en ville, on se heurte parfois à des contrôles de police. On ne se sent sauvé qu'une fois rentré.
     
    On se délasse enfin, car le trajet, souvent debout, dans des wagons bondés, ne repose pas des kilomètres à bicyclette, avec 40 ou 50 kilos de victuailles sur le dos ou sur le porte-bagages.
     
     
     
    les citadins sous le gouvernement de Petain
     
     
     
    Les prélèvements de denrées alimentaires deviennent tels que la population commence à souffrir, dans les villes surtout.
     
     
    Le paysan devient roi.
     
    Pour se faire pardonner ses gains, il est relativement généreux : 300 000 Parisiens ont bénéficié en 1941 de ses « colis familiaux ». Les curés s'entendent fort bien à lui faire sortir un peu de ses surplus ; ne disposent-ils pas du secret de la confession ? Les paysans camouflent la plus grande partie de leurs réserves : il faut souvent la menace, surtout dans les régions ouvrières, pour les leur faire livrer.
      
    Par contre, ils ne s'opposent jamais à la réquisition des occupants qui paient bien. Et, dans les trains, on les voit tailler à même des miches de pain blanc et piocher dans des pots de beurre. Le paysan a conquis une sorte de royauté ; il en profite comme d'une revanche sur les temps anciens où il était le parent pauvre.
     
    A partir de 1942, les départements agricoles sont les seuls où les naissances l'emportent sur les décès ; et même, la paysannerie se nourrissant mieux qu'avant la guerre, la proportion de la mortalité régresse en son sein.
     
     
     
     
     
     
     le retour à la terre du gouvernement de Vichy en 1940
     
     
     
    Le gouvernement prône le retour à la terre et, malgré l'absence des 700 000 paysans prisonniers, tout le monde s'y met avec enthousiasme.
    Pendant quatre ans, être fermier sera la vocation rêvée.
     
    On élève des poules, on cultive des bacs de salades sur les balcons ; le rutabaga fleurit dans les jardins à la française ; au printemps, les jardins publics se hérissent de « rames » à petits pois, on récolte des pommes de terre dans les jardins du Luxembourg et des Tuileries ; les fumeurs entretiennent amoureusement quelques plants de tabac.
     
    Le Maréchal lui-même loue une propriété à Charmeil, près de Vichy, où il fait élever les agneaux enrubannés qu'on lui offre à l'entrée des villes.
     
     
     
     
    paysan pendant l'occupation
     
     
     
    Vichy ordonne la mise en culture (volontaire ou forcée) des terres abandonnées et particulièrement des grands espaces de Sologne et de Grau. Les jardins ouvriers sont encouragés, dotés de subventions, de conseils, d'instruments.
      
    Sous la surveillance plus ou moins exacte de commissions de contrôle, on voit se grouper dans les établissements religieux, les usines, les bureaux, tous ceux qui n'ont pas oublié leurs origines paysannes. 
     
    Financièrement et psychologiquement, le gouvernement encourage également le retour à la terre.
     
     
     
     
    jardins ouvriers du gouvernement de Vichy
     
     
     
     
     
      
    les journaux chantent le courage et l'intelligence de ceux (ils sont 25 000 paraît-il) qui ont su revenir à la terre pour mieux manger sans doute, mais aussi pour faire revivre une parcelle de sol français .
      
    Afin de réduire le gaspillage , on mobilise les enfants des écoles pour la récolte des châtaignes et des glands.
      
    La lutte contre le doryphore est intensifiée.
      
    Le service civique rural organisé. Le remembrement favorisé.
      
    Dans la volonté de ne laisser aucun lopin de terre inutilisé, on ira jusqu'à mettre en culture le jardin des Tuileries. Une fois mûres, les tomates, poussées à la place des fleurs, seront distribuées au Secours national.
     
    Mesures spectaculaires à l'influence limitée.
     
     
     
     
    surfaces cultivees pendant l'occupation
     
     
     
     
    De 1940 à 1944, les surfaces cultivées diminuent de 16 % pour le blé, de 22 % pour les betteraves sucrières, de 29 % pour l'avoine et l'orge. Elles n'augmentent sensiblement que pour les légumes frais et pour les cultures oléagineuses (colza, oeillette, navette) où elles passeront de 9 000 hectares à 267 000.
      
    Quant aux récoltes, comment ne diminueraient-elles pas dans un pays où les engrais font défaut ainsi que les machines neuves, l'essence, les semences sélectionnées et jusqu'aux fers à chevaux depuis que l'armée allemande s'est emparée des stocks de l'unique usine de Duclair ?
      
      
      
      
    la queue devant les boutiques sous l'occupation
      
      
      
    Pour contrarier quelque peu l'effet des hausses, le gou-vernement s'efforce de favoriser les familles nombreuses, ainsi que les catégories sociales financièrement les plus démunies. 
             
    Il institue la carte nationale de priorité accordée aux mères de famille ayant au moins 4 enfants de moins de 16 ans (ou 3 de moins de 14 ans, ou 2 de moins de 4 ans), aux femmes enceintes et aux mères allaitant un enfant.
      
    Ces cartes permettent d'échapper (parfois non sans querelles et incidents) aux queues qui rassemblent des centaines de personnes devant la boutique, souvent close du boucher, de l'épicier, du charcutier. 
     
     
     
     
     
    files d'attente pendant l'occupation
     
      
      
      
    Elles ont pourtant été interdites, ces files d'attente (à Lyon d''abord, puis à Paris, le 1" juillet 1941) ;
    on croit les éviter en multipliant les inscriptions, mais elles se reforment chaque fois que la plus petite denrée en vente libre apparaît dans un quartier.
     
     
     
    Faire la queue
     
     
    Faire la queue est devenu une sujétion, un divertissement, un métier.
    Il y a la queue à relais faite par les membres d'une même famille qui se succèdent d'heure en heure le long du trot-toir:
      
    La queue à surprise qui consiste à attendre la voiture de l'épicier sans savoir ce que la voiture lui apportera. Et parfois, elle est vide... 
             
    Les mères de famille nombreuse échappent du moins à cette astreignante discipline où les bavardages, la lecture et le tricot ne font oublier ni le froid ni la pluie...
     
     
     
    LE TABAC
      
      
    Ce sont sans doute les fumeurs qui déploient l'ingéniosité la plus étonnante pour satisfaire leur passion. Tabac et ci-garettes sont sévèrement rationnés. Les femmes françai ses (contrairement aux allemandes) n'y ont pas droit. Les fumeurs ramassent précieusement leurs mégots... ou ceux des autres. 
     
    Correction d'un visiteur qui a vécu pendant cette période:
    Contrairement à ce que vous dites, les femmes françaises recevaient elles-aussi une ration de tabac comme les hommes. C'est même à ce moment-là que ma mère a commencé à fumer, au grand dépit de mon père qui espérait récupérer sa ration ! 
     
     
     
     
    les fumeurs sous l'occupation
      
      
      
      
    On vend de jolies petites boîtes pour les conserver et de petites machines à rouler les cigarettes, pour les maladroits. Il y a ceux qui cultivent du tabac dans leur jardin ou sur leur balcon et le préparent eux-mêmes. On voit, ou plutôt on sent pire : d'étranges mélanges de végétaux, offensants à l'odorat le plus endurci.
      
    Les Belges se vantent qu'aussi longtemps qu'il poussera de l'herbe en Belgique, les Français ne manqueront jamais de quoi fumer !   
     
     
     
     
    les cigarettes sous l'occupation
      
      
      
    santé des français sous le regime de Vichy
      
    LA SANTE
      
      
      
    Malgré les distributions officielles, la débrouillardise individuelle, le rationnement sévère des spiritueux et autres mesures contre l'alcoolisme
      
    — qui le feront pratiquement disparaître avec ses plus graves séquelles, comme certaines maladies mentales —, la santé de la population des grands centres urbains se détériore gravement, surtout en zone Sud, moins favorisée par la nature.
     
    La mortalité augmente, prélevant un lourd tribut sur les vieux, les malades, les jeunes enfants.
     
    Les citadins perdent du poids, même à Paris, avec son énorme marché noir. 24 % des Parisiens adultes pèseront 8 kilos de moins que le poids normal, 38 % de 4 à 8 kilos : effet cumulé d'un régime insuffisant et d'un exer­cice inhabituel.
     
    Comparé aux années d'avant guerre, le taux de mortalité s'accroîtra également de 24 % pour le Grand Paris, de 29 % à Marseille et jusqu'à 57 % pour le Grand Lyon, entouré de vignobles et de montagnes. En revanche, dans les terres plantureuses de l'Ouest, la mortalité décroîtra de 11 %...
      
    La santé morale se détériore en proportion de la santé physique.
     
      
       
     
      
    trafics alimentaires dans les annees 1940 - 1945

      

      

      

    Le système D se joue des lois et des règlements, sans souci de leur origine française ou allemande.

      

    La génération des moins de vingt ans, souvent privée de père, prisonnier de guerre, s'y adonne allégrement. On peut encore s'estimer heureux si ces J3 ou zazous, avec leurs cheveux longs, leur pantalon trop étroit et leur amour de la musique américaine se confinent dans les activités excitantes du marché noir.
               

    Des individus jusque-là honnêtes se mettent à chaparder des produits alimentaires, surtout du pain, ou à acheter des cartes de pain volées, ou fausses dont la fabrication est passible de la peine capitale.
               

    Les personnes de moralité irréprochable considèrent tous ces trafics avec indulgence. L'Église catholique pardonne à ceux qui ne le font pas à des fins lucratives.Au « ils nous prennent tout » s'ajoute maintenant « c'est toujours ça qu'ils n'auront pas ».

      

      

     

     

      

    Pour apprécier cette vidéo - cliquer sur le logoe central de RADIONOMY

    - colonne gauche, en bas - le fond musical sera supprimé.

      

      

    Parodie de "ça fait d'excellents français " de Maurice Chevalier (voir chansons historiques de France 75), par Pierre Dac , authentique héros de la première guerre mondiale et chansonnier anti nazi en Angleterre, au micro de radio Londres (octobre43/ juin 44) voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Dac

    interprétation : Pierre Dac, 1944, "les chansons de Londres" , à noter que le premier couplet de cette version chantée datant probablement de 44 est différent du texte publié en mars 1945 dans le recueil "les chansons de Pierre Dac à la radio de Londres" (ed. Masspacher)

      

    Le créateur de cette chansonnette
    Passait jadis pour un vrai chevalier
    D'autres encore parmi tant de grosses têtes
    Ont dans lépreuve complètement perdu pied
    On les croyait très bien, ils étaient moches
    Et cest ainsi quils se sont révélés
    En préférant faire des sourires aux boches
    Par calcul ou stupidité

    (couplet de la version 1945 qui ne fait plus allusion à Chevalier !)
    parmi les noms qui tenaient la vedette
    certains d'entre eux se sont bien rap'tissés

    Et tout ça , ça fait
    De mauvais français
    Pour lesquels il nest
    Que le porte monnaie
    Faut savoir être opportuniste
    Afin dsauvgarder ses petits intérêts
    Et ils se sont mis à grands coups de vichy
    Au régime collaborationniste
    Bien sur maintenant , ça devient gênant
    Car tout de même ces saletés là
    Quoi quon puisse dire ça ne soublie pas

    Mais à coté de cette racaille honteuse
    Dont la conscience est un billet de mille francs
    Il y a la France, fière , digne et douloureuse
    Toute la France et ses millions de braves gens
    Parmi ceux-ci est une élite rude
    Vivant symbole des vertus du pays
    Qui préférant tout à la servitude
    Armes à la main , à pris le maquis

    Et tout ça , ça fait d'excellents français
    Des hommes au grand cœur,
    sans reproche et sans peur
    Qui combattent pour que notre France
    Soit toujours à lavant-garde de lhonneur
    Nayant simplement , Pour tout ralliement

    Qu'un seul mot, rien qu'un seul , résistance !
    Étroitement unis comme des amis
    Oui ceux là , ce sont de vrais, de bons et d'excellents français !
    Étroitement unis comme des amis
    Oui ceux là , ce sont de vrais, de bons et d'excellents français !

     

      
      
      
      
      
      
      
      
     
      
     
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  •  

    Lucien

    Les événements pour nous, ce vendredi 25 août 1944, c'était l'enfant qui s'apprêtait à naître ]

     

    André

    J'avais 18 ans et j'habitais 61, avenue de Saxe. Ces journées ? Une véritable folie ]

     

    Suzanne

    J'assiste aux vêpres de Ste Marguerite à Fontenay sous Bois quand soudain l'abbé Lepinay fait évacuer l'église ]

     

    Yvonne

    La libération ? J'avais 16 ans et mon père a été assassiné sous mes yeux ]

     

     

     

     

    Jeannine

    Cachée derrière la vitrine du magasin, je vois les Allemands revenir ]

     

    Carole

    Voici les documents que je possède sur Emile, mon grand-oncle ]

     

    Monique

    J'ai lu l'article consacré à mon grand-père, voici des précisions sur sa disparition ]

     

    François

    Je viens de découvrir la photo de mon beau-père ]

    Françoise

    Mon père a tenu au jour le jour un carnet pendant la libération de Paris ]

     

    Franck

    Mon grand-père a été tué le 19 août 1944 sur le Pont Neuf ]

     

    Michel et Jean-Philippe

    Notre père appartenait à la compagnie F.T.P Saint-Just ]

     

    Christiane

    Mon père, ce héros au regard si doux ]

     

    Nicole

    62 ans plus tard, une plaque est enfin apposée à l'endroit où est mort mon père ]

     

    Anne

    Je suis l'arrière petite-nièce d'Anita, l'Amazone en savates ]

     

    Daniel

    5 ans à peine, je me tiens avec mon grand-père à la fenêtre. Soudain dans la rue, des coups de feu ]

     

    Pierre

    Je suis interne des hôpitaux, les blessés affluent ]

     

    Pierre

    J'enquête sur la disparition de mon grand-père, chef d'un groupe de résistance ]

     

    Youra

    25 août 2004, c'est avec beaucoup de fierté que je porte le brassard de ma mère ]

    Simmone

    Perdue dans la foule qui acclame le général de Gaulle ]

     

    Emma

    Mon frère Rémy a été tué le 26 août 1944, il n'avait que 17 ans ]

     

    André

    Je suis équipier d'urgence à la Croix Rouge française de Suresnes ]

     

    Alice

    ou la lettre retrouvée ]

    Charles

    Août 1944 : mes souvenirs de gavroche ]

     

    Simone

    A la mort de mon père, j'avais 14 ans ; il m'a beaucoup manqué ]

    Jérôme

    Les souvenirs de mon père, médecin de la DP, ou "la Grande rigolade" ]

     

    Denis

    J'étais tireur intérimaire à l'Hôtel de Ville le 18 août au matin, je cherche des témoins ]

     

    Louis

    Peut-on mourir pour un drapeau ? ]

    Françoise

    Micheline, une fille de France ]

     

     

     

    sources : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/temoignages.htm

     

      

    Témoignages (suite)

      

     

    Michèle

    La demoiselle du Quai Conti ]

    Huguette

    La robe tricolore ]

     

    Xavier

    La libération de Paris vécue par quelques étudiants ]

     

    Henri

    Porte d'Orléans : les derniers jours avant la libération ]

     

    Marguerite

    Marcelle et Jacques chéris, il y a longtemps que nous n'avons eu de vos nouvelles  ]

     

    sources / http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/temoignages2.htm

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  • La libération de Paris en direct ...

    Moyen de communication indispensable pour l'occupant, le téléphone n'a pas été coupé dans Paris. Dès le début de l'insurrection il est devenu une arme redoutable et une aide précieuse pour les insurgés. Renseignements, ordres, demandes de renfort, appels au secours ... ont pu ainsi circuler au nez et à la barbe de l'ennemi.

    Le nouveau préfet de police, Charles Luizet, demande au maire d'Antony de lui passer le général Leclerc. Madame Eurière signale la présence de plusieurs caisses de munitions dans son hôtel, 30 boulevard Magenta. Les chars allemands qui tenaient le carrefour Belle-Epine ont décroché. Une centaine de soldats sont entrés dans la station de métro Kléber-Boissière. Les occupants de la traction-avant noire immatriculée 7320 RK 4 tirent sur la population dans le 10ème arrondissement. La foule a investi la caserne Fontenoy et se livre au pillage. Trois soldats allemands se sont réfugiés dans un immeuble, 6 rue des Mariniers à Saint-Mandé, et refusent de se rendre. Le sous-lieutenant Bureau apprend à ses parents qu'il vient d'entrer dans Paris à la tête de son peloton de chars (il sera tué quelques heures plus tard sur le Quai d'Orsay) ...

    Voici l'enregistrement des communications téléphoniques reçues à la Préfecture de Police du 20 au 26 août 1944.

    Le style est parfois télégraphique. Le standardiste, qui doit entendre les coups de canon allemands tirés sur la Préfecture, ne fait pas de littérature. Je n'ai remplacé que certaines abréviations qui paraîtraient obscures. Le déroulement chronologique n'est pas toujours suivi; certaines communications ont-elles été d'abord transcrites sur des feuilles volantes puis recopiées ?

    J'ai trouvé ce document dans La libération de Paris 19-26 août 1944, récits de combattants et de témoins réunis par S. Campaux (Payot 12-1944), il s'arrête le 26 août à 22h50; pourtant les coups de téléphone ont certainement continué de pleuvoir au standard de la Préfecture de police. Chaque fois que cela a été possible j'ai illustré ce document par le résultat de mes recherches sur le terrain et dans les archives.

    Bonne lecture.

    __________

    Dimanche 20 août :

    16h30 : Directeur du laboratoire municipal nous informe des escarmouches face 12, avenue de l'Observatoire avec 4 Tigres, 3 gros tanks, 6 moyens et 3 petits chars qui se dirigent maintenant boulevard Saint-Michel.

    16h30 : Mairie du 17ème attaquée par des chars mais les gardiens tiennent les lieux.

    16h45 : Mairie du 20ème attaquée par des chars.

    17h10 : Du 13ème : 4 ou 5 gros chars descendent l'avenue des Gobelins.

    Vers 17h30 un officier et quatre soldats allemands ouvrent le feu sur un attroupement de civils dans l'avenue des Gobelins. Ils lisaient les affiches de la Résistance fraîchement collées. Le capitaine Tréville, le lieutenant Chauvelot et les policiers Suire et Gaillet, qui protégeaient les colleurs d'affiches, ripostent. Joseph Suire est atteint d'une balle dans la poitrine. Il décèdera à l'hôpital Necker.

    17h10 : Le commissaire d'Aubervilliers signale que les Allemands viennent de lui voler sa voiturette avec emblème de la Croix-Rouge immatriculée 9742 RK 4. Ils ont emmené un jeune homme qui était volontaire pour ramasser les blessés.

    17h10 : De la Défense Passive : entre 15h40 et 15h50, 3 camions camouflés dont un armé d'un canon anti-char ont tiré sur la foule dans le 20ème arrondissement. 15 blessés et 2 tués.

    17h25 : Rue du Cherche Midi, face prison, 4 Allemands armés de mitraillettes continuent à tirer; voiturette haut-parleur de la Feldgendarmerie avec gardien ont parlementé; mais après leur départ les Allemands continuent à tirer.

    17h35 : De Choisy le Roi : les forces de police reprennent possession du poste; de source officieuse, des chars américains se trouveraient à la Belle-Epine; attendre confirmation de Choisy le Roi.

    __________

    Carrefour Belle-Epine à Thiais. J'ai retrouvé cette information dans plusieurs ouvrages. Il s'agissait peut-être d'une patrouille de reconnaissance.

    __________

    21h00 : De Choisy : pas confirmé

    18h10 : De Saint-Vincent de Paul, 5 rue Coulepied : décès du brigadier Emile Vauton.

    En fait il s'agit du brigadier Emile Vancon, 49 ans, du commissariat du 4ème arrondissement, mortellement blessé à 17h00 par une rafale de mitraillette tirée d'un camion alors qu'il est posté en surveillance à l'angle de la rue de Rivoli et de la place Baudoyer. Ce convoi allemand fera deux autres victimes : les gardiens de la paix Pezin et Gagnepain.

    18h30 : Du central Littré : 3 Allemands tirent sur passants rue Saint-Thomas d'Aquin, rue du Bac, statue Chappe, dans bâtiment de l'Artillerie, place Saint-Thomas d'Aquin; des jeunes gens de la résistance seraient enfermés; il serait urgent de les libérer.

    __________

    Sur les combats dans ce quartier lire le témoignage de Jacques Couzi, médecin de la Défense passive...]

    __________

    18h30 : De la 1ère division : Colombes, mairie et commissariat attaqués par les Allemands.

    18h30 : On signale qu'une maison serait mise au pillage par la foule, rue des Pyramides.

    18h55 : De la 1ère division : la mairie de Colombes et le poste sont occupés par les Allemands; le poste de Colombes s'est replié et le poste de Courbevoie également.

    19h00 : Commissaire d'Aubervilliers : les voitures allemandes de passage continuent à tirer sur la foule; tirent en continuant leur route.

    __________

    Roger Colas est tué 23 rue Achille Domart; Emile Segard à l'angle de la rue du Goulet et de la rue du Moutier; Louise Poisson à sa fenêtre 6 rue du Goulet; Marcel Munoz rue du Moutier; André et Renée Chamois devant leur magasin 55 avenue de la République; Désiré Lagein 74 avenue Saint Denis et Antoinette Bouthors 33 rue du Vivier.

    __________

    19h00 : Commissariat de Sceaux occupé par les Allemands.

    19h15 : 12 rue de Valenciennes, un FFI a été grièvement blessé.

    19h45 : Du commissariat de Gentilly : avise qu'un groupe s'intitulant M.M.S fait apposer des affiches sur lesquelles il est dit que tout détenteur de stocks d'armes ou de munitions qui refuserait de les mettre spontanément à la disposition des FFI ou des Milices Patriotiques serait jugé comme traître et traité comme tel.

    19h45 : Du Directeur des PTT : des membres de la résistance attaquent le central Gutenberg, rue Jean-Jacques Rousseau. Les Allemands se retranchent dans les bureaux ne voulant pas se rendre et s'ils sont attaqués mettront le feu au central.

    19h45 : Du 1er arrondissement : les Allemands attaquent la recette de la Banque de France.

    20h10 : On avise qu'une permanence est assurée dans les postes de Sceaux et d'Antony.

    20h40 : Le directeur des Chantiers franco-belges avise qu'un remorqueur à moteur diesel de 500cv est amarré face Palais d'Orsay rive-gauche. Depuis deux jours les Allemands ont accosté 2 vedettes chasseurs de sous-marins; d'après renseignements ces 3 bateaux devraient sauter cette nuit.

    21h55 : Du commissariat d'Ivry : la centrale électrique de Vitry est attaquée par une trentaine d'Allemands; les FFI leur opposent résistance. Il y aurait 5 ou 6 victimes. Les Allemands auraient l'intention de faire sauter la Centrale.

    21h35 : Un groupe franc parti en voiture rue des Morillons a été arrêté par des Allemands. Après les avoir fouillés, ils les ont collés au mur pour les fusiller. Un de ceux-ci a pu se dégager pour prévenir

     

     

    il y aura plusieurs coups de fils ... lire l'épisode ...]

     

    21h45 : Du gardien Regnier du Service Technique, domicilié à Neuilly : les FFI occupent l'intérieur de la Mairie et du commissariat; ils sont cernés par les Allemands avec des chars d'assaut; plusieurs patriotes auraient réussi à s'enfuir par les égouts mais une grande partie se trouverait encore à l'intérieur. Le tir continue.

    Le sculpteur Auguste Maillard a été tué par une balle perdue devant la porte de son immeuble, 1, rue des Huissiers, d'où il suivait, comme de nombreux badauds, le déroulement des combats.

    Lire l'épisode ...]

    21h50 : De Mr Dubois, FFI : les dépôts d'essence dans l'ordre d'importance : Lille-Bonnières de Colombes, 5 avenue Jules-Coutant à Ivry; Jupiter 2 rue Ampère à Saint-Denis; Standard 1 rue Francis de Pressensé à Saint-Ouen; Hydro carbure, de Saint-Denis, rue Francis de Pressensé à Saint-Denis; Société générale des huiles de pétroles rue des Caboeufs à Gennevilliers; CIP 87 boulevard Félix Faure à Aubervilliers; Toneline 46 quai de Choisy à Choisy. Il y aurait intérêt à ce que ces dépôts soient gardés. Les Allemands auraient l'intention de les faire sauter. Mr Dubois téléphonera demain matin au cabinet pour donner de nouvelles précisions.

    20h10 : De la Défense Passive : les Allemands font sauter leurs dépôts de munitions à Nanterre (camp de la Folie). Un de leurs observateurs leur signale qu'à la Porte d'Orléans un officier et quelques soldats allemands font faire demi-tour aux véhicules se dirigeant vers le sud.

    22h15 : Du commissariat de Puteaux : la Croix-Rouge française installée au poste de police de Nanterre signale que les Allemands ont attaqué le poste de pompiers de Nanterre. Il y aurait quinze morts parmi les pompiers.

    22h35 : De Puteaux : il n'y aurait qu'un civil tué et non 15 pompiers.

    Le civil en question est Louis Meunier, lieutenant FTP, âgé de 24 ans. Lire le témoignage de son fils...]

    22h55 : Du 15ème arrondissement : suite à affaire 21h35 rue des Morillons. Quelques jeunes gens qui avaient été pris comme otages par les Allemands ont été relâchés par ceux-ci.

    23h20 : De l'état-major des pompiers : on signale que des Allemands auraient attaqué et subtilisé du matériel et des équipements de pompier à la caserne de Poissy. Ils seraient susceptibles d'utiliser ce matériel et ces équipements pour tenter un assaut à l'intérieur de la Préfecture de police. L'état-major des pompiers diffuse l'ordre de ne laisser pénétrer aucune voiture de pompiers à la Préfecture.

    23h30 : Du télégraphe PM (police municipale) : appel général Paris et banlieue : vous avise que des Allemands habillés en pompiers circulent dans Paris et sont susceptibles de se présenter et d'attaquer des postes. Prenez mesures en conséquence.

    23h55 : Renseignements pris par téléphone auprès du conducteur de la centrale électrique de Vitry. Vers 20h00 une échauffourée entre des membres FFI et des Allemands s'est produite aux abords de la centrale. A aucun moment les Allemands n'ont entrepris un coup de main contre celle-ci. A 23h50 le secteur est calme. Les abords de la centrale sont toujours gardés par des forces de gendarmerie française.

    __________

    Lundi 21 août :

    0h35 : De bureau 18ème : Mr Brûlée, chef de groupe Défense passive des Grandes Carrières prévient qu'à dater du 21 courant les rassemblements de plus de trois personnes seraient interdits. Les fenêtres seront fermées et les portes ouvertes.

    0h50 : D'une source officieuse (coup de téléphone à l'état-major) mêmes renseignements que ci-dessus. Ces instructions auraient été données par radio dans le courant de la soirée.

    7h30 : D'Asnières : un camion allemand accidenté contenant 2 petits canons se trouve devant le poste de secours Grande Rue à Asnières. Dix Allemands se trouvent à l'intérieur du poste de secours.

    7h30 : D'un IPA (inspecteur principal adjoint) de Vincennes : le poste de Vincennes a été attaqué hier par les Allemands. Les gardiens se sont repliés. Ce matin l'IPA a hésité à reprendre le poste. Il a été mis en communication avec le cabinet.

    7h53 : Du 1er arrondissement : le responsable du 1er est avisé par le 8ème arrondissement que rue de Castiglione, à l'hôtel Continental, quatre gardiens détenus par les Allemands seraient conduits à Vincennes pour être fusillés.

    Les Allemands vont fusiller de nombreux prisonniers faits dans ces premiers jours de l'insurrection ...]

     

    7h40 : De Pantin : un train de mitrailleuses quadruplées (une vingtaine) se trouve en gare de Pantin. Le pont qui se trouve à proximité de la gare est gardé à chaque extrémité par des soldats en armes, cinq sur le pont, deux devant la mairie, tous bien armés.

    __________

    Les choses évolueront dans la journée ... les soldats allemands prendront des otages dans la population civile pour se protéger. Paul Codde âgé de 53 ans, cafetier aux Quatre-Chemins et soldat des FFI, tente de s'interposer quand les otages sont menacés d'exécution; il est abattu. Demain matin, les soldats en faction sur le pont arrêteront le jeune Emilio Garnieri envoyé en mission de ravitaillement. Ils trouvent sur lui un pistolet et le fusillent sur place.

    __________

    7h45 : De la 1ère division : Levallois signale qu'un poste de radio émettant sur longueur d'onde de Radio-Paris a donné hier soir vers 21h00 une émission indiquant que le couvre feu était fixé de 21h00 à 6h00. Tous les cafés seront fermés à l'exclusion des restaurants. Tout rassemblement de personnes est interdit sur voie publique. Les Allemands tireraient sans prévenir.

    7h50 : De Charenton : à Vincennes des coups de feu ont été tirés; des blessés civils se trouveraient au poste de secours rue du Moulin.

    __________

    Ce jour-là, à Vincennes, on relève le décès de Guy Liebmann et de deux inconnus.

    __________

    8h15 : Communication téléphonique d'un pompier : un conducteur de voiture de pompiers passant boulevard Péreire, angle Ternes, aurait été requis par des FFI pour effectuer le transport de caisses de grenades placées dans une voiture allemande en panne au dit endroit. Le chauffeur d'après les consignes récentes de son état major, dit qu'il lui est interdit d'effectuer ce transport.

    8h00 : Par téléphone public (actuellement Elysées 17-38) Mr Baury, responsable d'un groupe de résistance vient de faire savoir qu'il allait tenter d'entamer des pourparlers avec l'officier allemand de l'hôtel Continental pour échanger six gardiens de la paix, susceptibles d'être fusillés, contre des prisonniers allemands. Il a été mis en rapport direct avec le cabinet.

    8h50 : De Colombes : les gardiens de Colombes viennent de réoccuper le poste. Télégraphe avisé.

    8h55 : Communication téléphonique anonyme : une trentaine d'Allemands viennent de monter dans le réservoir de la Compagnie des eaux de Villejust, angle Lauriston, avec fusils, pelles et sacs.

    8h55 : De l'hôpital de Vaugirard : un ancien inspecteur de police se trouve à cet hôpital grièvement blessé. Il déclare que quatre de ses amis ont été fusillés hier rue des Morillons, angle Olivier de Serres et ont été laissés sur place. Cabinet avisé (voir plus haut).

    9h00 : Communication téléphonique anonyme : un passant annonce qu'à l'angle de la rue Traversière et de Lyon les Allemands tirent encore sur les passants.

     

    Le tueur de la gare de Lyon va sévir plusieurs jours... ]

    9h45 : De Charenton : il est signalé qu'une sirène a émis le signal de fin d'alerte.

    10h00 : Du 12ème arrondissement : cinq ou six gardiens du 12ème ont été arrêtés hier matin entre 8h30 et 9h00 par des cheminots allemands. Emmenés en voiture rue Traversière à la Kommandantur des chemins de fer allemands. Responsable 12ème, Mr Armangau demande si l'on peut envisager échange ou libération sous forme quelconque.

    10h05 : Du commandant Curie, état-major des pompiers : Mairie du 10ème attaquée par des miliciens; un groupe de résistants se défend.

    10h10 : Du 11ème arrondissement : Mr Medevielle, Elysées 27-11, responsable 28ème groupe signale qu'une voiturette passe dans le 8ème arrondissement distribuant tracts signés "Colonel Lizé" qui donne l'ordre de ne pas cesser le feu.

    __________

    Le colonel de Marguerittes alias colonel Lizé est le chef des Forces françaises de l'Intérieur pour le département de la Seine... ] Pour cette fameuse trêve lire ... ]

    __________

    10h15 : De la 5ème division : six Allemands à descendre au dépôt du central 13ème. Attendre.

    10h30 : Du commissariat de Saint-Maur : samedi 19 courant, après 18h00, 4 rue de Lyon siège de la 4ème division, inspecteur et cinq gardiens ont été emmenés dans voiture par Allemands. Destination ignorée.

    10h40 : Renseignements complémentaires demandés au 12ème. En plus du personnel résistance 4ème division, quatre ou cinq gardiens ont été emmenés également. Le responsable a pu s'échapper par les toits avec un gardien.

    __________

    Les deux hommes qui parviennent à s'échapper sont l'inspecteur principal adjoint Houzelle et le gardien de la paix Vinet du commissariat du 12ème arrondissement. Lire l'épisode ...]

    __________

    10h50 : Du commissariat de Sceaux : la circonscription est calme; environ 110 S.S occupent le lycée Lakanal; ils ont pris 4 otages juifs qu'ils exécuteront s'il y a des incidents de rues.

    10h55 : Le 15ème confirme qu'il n'y a eu aucun tué hier rue des Morillons, angle rue Olivier de Serres. (voir plus haut)

    11h10 : Du commissariat de Choisy : on entend le canon en direction de Juvisy.

    11h30 : De la 1ère division : le bureau du 17ème avise que le poste central du 17ème vient d'être attaqué.

    11h53 : Du bureau du commandant Curie, état-major des pompiers : avisé par le capitaine Blanc que les Allemands fusillent des prisonniers au polygone de Vincennes.

    11h40 : Du 12ème : des Allemands par petits groupes rôdent aux abords de la Gare de Lyon, mitraillettes en main et se montrent menaçants. Un canon allemand carrefour Daumesnil/Traversière est braqué sur le poste des Quinze-Vingt.

    11h45 : De la 1ère division : le central 17 est attaqué avec des chars; les rues avoisinantes sont bloquées; les chars font feu sur le bâtiment.

     

    André Calmel équipier de premiers secours du 17ème secteur de la Défense passive est tué devant le 53 rue des Dames. Voir les combats dans le 17ème arrondissement...]

     

    11h45 : La 5ème division : 65 avenue d'Italie, cinq chars allemands se sont arrêtés et sans aucune provocation ont tiré un obus de 80 sur la foule se dirigeant sur Fontainebleau.

    11h45 : Du 5ème : Pont au Double : sept gardiens viennent d'être blessés dont un inspecteur principal adjoint.

     

    Lire l'épisode ...]

     

    11h50 : Du 20ème : Mr Lacour informe que Gilbert Rochas, 34 quai des Orfèvres, saurait où se trouve un dépôt de 500 mitraillettes dans les sous-sols de la police judiciaire.

    12h20 : Du bureau 11ème : le poste de Charonne est attaqué.

     

    Des miliciens accompagnés de soldats allemands se sont présentés au poste de police Charonne, rue des Orteaux pour obtenir la libération de collaborateurs incarcérés. Devant le refus des gardiens de la paix, ils ouvrent le feu et pénètrent en force dans le commissariat. Marcel Imbert et Armand Jeudy sont tués. On note le décès de Marcel Bellanger au 94, rue Maraîchers, à trois cents mètres de là.

     

    12h25 : Du 1er arrondissement (commissariat Palais Royal 503) : l'échange de quatre prisonniers allemands contre cinq gardiens prisonniers a été accepté. Hôtel Continental. L'officier allemand Konig propose que l'ensemble des prisonniers allemands faits sur la 1er arrondissement soit échangé contre d'autres gardiens prisonniers à l'hôtel Continental. Nombre pour nombre et d'autre part proposerait que l'ensemble des prisonniers allemands de Paris soit échangé contre les prisonniers français.

    12h40 : Du 12ème arrondissement : les Allemands attaquent le poste de Charonne, rue des Haies et massacrent tous les gardiens.

    12h45 : Communiqué téléphonique Docteur Delaphi : des camions allemands montés de soldats et des tanks se trouvent rue Censier-Daubenton et Monge.

    13h00 : Du 12ème arrondissement : le poste de Charonne est aux mains des Allemands.

    13h05 : Sur demande de la 1ère division : la Mairie du 17ème et le poste des Batignolles n'ont été attaqués que quelques instants. Actuellement calme.

    13h10 : Sur demande du 12ème : le canon qui se trouvait rue Traversière braqué sur poste des Quinze-Vingt a disparu.

    13h15 : Communication téléphonique anonyme : les FFI sont dans un appartement place Saint-Michel au 5ème étage. Ils ont cerné un Allemand qui s'est retranché au 6ème. Ils demandent renfort et grenades.

     

    Lire les aventures du Combattant du petit bonheur ...]

     

    13h20 : Du central 20ème : poste de Charonne est occupé par les Allemands; deux ou trois gardiens auraient été tués.

    13h25 : Du 12ème arrondissement : suite affaire poste Charonne : deux gardiens tués, un certain nombre de gardiens prisonniers par forces allemandes. Celles-ci ont une automitrailleuse, un camion et une vingtaine d'hommes; le responsable du 12ème demande instructions pour attaque du poste Charonne. Mr Pommier fait répondre d'attendre.

    13h37 : Des FFI du métro : 10 tanks Panther se dirigent de la Bastille vers le Châtelet.

    14h00 : Du 4ème arrondissement : cinq tanks passent rue de Rivoli vers Châtelet.

    14h05 : De Vanves : vers 12h50, 53 rue de Paris, le gardien de la paix Gaston Guittet, demeurant 32 ou 52 route de Montrouge à Malakoff, a été tué. Le gardien Raymond Mergault, 32 route de Montrouge à Malakoff a été blessé et hospitalisé aux Petits Ménages. Les gardiens se trouvaient dans voiture résistance.

    Clos Montholon deux voitures des FFI croisent un convoi de camions allemands. C'est la fusillade. Elle fait cinq morts du côté des Allemands, quatre du côté des FFI. De nombreux civils sont blessés. Les soldats ont tiré sur les gens qui regardaient à leurs fenêtres, racontera un témoin. Les premières ambulances arrivent; une infirmière donne quelques soins sur place. Les gardiens de la paix Guittet et Mergault, accompagnés du FFI Gabriel Crié, qui patrouillaient dans les rues de Vanves, stoppent leur véhicule et prennent en charge un blessé, Emile Beauchamp, pour le conduire chez un médecin. Ils n'y arriveront pas. Un groupe de SS qui, dans leur automitrailleuse, couvrent la retraite des soldats du convoi, ouvrent le feu. La camionnette vient s'écraser contre un arbre. Guittet et Crié sont achevés à coups de mitraillettes.

    14h23 : De la 5ème division : le poste de Cachan rue Camille Desmoulin à Cachan a été attaqué. On demande renfort et ambulance.

    14h23 : De la 1ère division : le 17ème informe que Mr Lacambre, commissaire de voie publique, l'inspecteur Psothei, le brigadier Imperats et le gardien de la paix Denis ont été arrêtés par la résistance et sont au poste des Epinettes.

    14h25 : De la circulation : le gardien Lahuec de la 4ème compagnie a été tué place Saint-André des Arts. Transporté poste sanitaire Ecole de Médecine. (voir le combattant du petit bonheur)

    14h15 : Communication téléphonique anonyme : entre Pont de Charenton et route déviation de Maisons-Alfort 500 Allemands en déroute saisissent vélos.

    14h45 : Suite affaire Cachan : quatre personnes montées dans traction-avant ont tiré sur Allemands; rattrapées par ces derniers, elles ont été tuées toutes les quatre.

    A la hauteur de la rue de Strasbourg à Cachan, une voiture cellulaire allemande venant de la prison de Fresnes ouvre le feu sur une petite Simca arrêtée dans les champs et tue son occupant. Surgissent deux voitures montées par des FFI arrivant du centre ville. Elles s'arrêtent près de la ferme Nissou. Huit ou neuf jeunes gens en sortent et se trouvent face aux soldats allemands qui tirent au fusil mitrailleur. Quelques uns parviennent à se réfugier dans un champ de betteraves, les blessés sont achevés d'une balle dans la tête.

    Parmi les victimes de la fusillade on relève : André Grenier de Monner, 22 ou 28 ans; Amar Malki; René Lenoir, 22 ans; Louis Mienne, 23 ou 37 ans; Henri Troalen, 32 ou 35 ans; Pierre Debled, 37 ans, conducteur tué dans la Simca; Gaston Audat, 45 ans, qui est sorti de sa maison, rue Dumontel, pour voir ce qu'il se passe et qui est tué d'une balle perdue. Pourraient figurer aussi parmi ces victimes : Georges Vigor, R. Perrotet et René François qui seraient arrivés dans la traction-avant des FFI.

    15h10 : Des FFI du métro : dans le 13ème arrondissement brassards tricolores vendus 100 francs.

    15h37 : Communication anonyme : les Allemands ont reçu de Berlin, il y a une heure environ, l'ordre de faire une descente massive contre les FFI à Paris.

    15h50 : De la 1ère division : la foule amassée aux alentours de la mairie de Courbevoie est attaquée par les Allemands qui tirent sur elle.

    16h25 : Du cabinet du Préfet : on nous signale de décès du gardien de la paix Poisson de la 9ème compagnie tué hier et du gardien de la paix Ternard de la 9ème compagnie tué ce jour. Les familles sont à prévenir.

    Raymond Boisson, 29 ans, attaque à la tête de son groupe un camion allemand qui se présente sur la place Saint André des Arts. Le chauffeur blessé perd le contrôle de son véhicule qui vient d'écraser sur la vitrine de la Brasserie Alsacienne. Les soldats allemands ouvrent le feu, la fusillade dure plus de cinq minutes au bout desquelles Boisson, croyant à une reddition, s'avance à découvert ... il est abattu d'une rafale de mitraillette.

     

    Marcel Ternard, 24 ans, est envoyé à 15h00 en mission de ravitaillement d'armes et de munitions. Sa voiture est accueillie par une pluie de balles à la sortie sud de la Préfecture. Mortellement atteint il est transporté à l'Hôtel Dieu.

     

    16h30 : Du 12ème : Mr de Villiers Terrace, attaché de cabinet de Mr Laval, vient d'être amené au poste central sur dénonciation d'un de ses voisins.

    16h45 : Du télégraphe de la police municipale : le siège de la 4ème division s'est replié au central 12.

    16h50 : Du 16ème : sur ordre du commandant des FFI d'Auteuil, occupant le lycée Jean-Baptiste Say, le drapeau a été hissé à 11h00; le lycée Claude-Bernard est toujours occupé par les Allemands. Défense : une mitraillette et deux fusils braqués boulevard Murat. Garnison peu importante. Le lycée La Fontaine n'est plus occupé. Quelques soldats s'y présentent de temps en temps. Porte de la Muette : infanterie de marine, une mitrailleuse en position, une également sur Porte Muette et Porte Saint-Cloud. Un fusil mitrailleur entre les deux lacs. Quelques blindés sous bois ainsi que camions, motos, véhicules divers. Les forces qui occupent ce secteur paraissent fortes. Physionomie calme.

    17h15 : Des FFI : boulevard Saint-Michel, la barrière Saint-Michel est attaquée par dix chars. Demande renforts.

    17h15 : Le commandant FFI du 5ème et de la barrière Saint-Michel demande que le canon anti-chars qui est à la Cité soit envoyé immédiatement à la barrière Saint-Germain/Saint-Michel.

    Ce canon a été capturé par les FFI de la barricade Saint Michel puis récupéré par les policiers pour assurer la défense de la Préfecture. On peut déchiffrer les noms de Boisson et Ternard (voir plus haut). Et pour connaître l'histoire de ce FFI unijambiste ... ]

     

    17h30 : Des RG (Renseignements Généraux) Bertin : on nous informe que trois Allemands se trouvent actuellement 8 place Saint-Michel et qu'ils ont demandé un tank pour venir les délivrer.

    17h30 : Du bureau 8ème : le 8ème a un officier allemand prisonnier; d'autre part le gardien Vergnez-Cat Jean est actuellement prisonnier au Mont-Valérien avec 26 de ses collègues; le 8ème demande s'il y aurait possibilité de faire échange avec prisonniers allemands; l'officier allemand prisonnier au bureau 8ème est le capitaine Beinchls von Ziegrsar, ex-officier d'ordonnance du général Sticchus.

    17h30 : Des RG Girardot : on nous informe qu'un tracteur qui remorquait un car et une remorque à plateau et qui passait quai de la Mégisserie à la hauteur des Magasins Esders s'est arrêté. Huit à dix Allemands sont descendus et se sont aplatis derrière le parapet du quai de la Mégisserie, 4 rue du Pont-Neuf.

    18h10 : De la compagnie école : 300 cents écoliers se trouvant au centre Beaujon ont tué quelques Allemands, fait un prisonnier, détruit une voiture, mais sont menacés d'être attaqués à leur tour. Demande renfort.

    __________

    Ces "écoliers" sont des gardiens de la paix stagiaires de l'école pratique de police de Beaujon.

    __________

    18h10 : Du commissariat de Pantin : signale la présence entre gare de Pantin et Grands Moulins de Pantin de deux trains allemands. Le premier 15 à 18 voitures D.C.A, armement, mitrailleuses lourdes et légères, canons; le deuxième 15 à 18 voitures voyageurs et marchandises, 1000 SS environ circulent entre Pont de la Folie, Bobigny (pont de la route de Meaux enjambant le chemin de fer) et Porte de la Villette et mitraillent au passage. Demande pilonnage par aviation alliée si possible.

    18h05 : Communication de Girardot, inspecteur du dépôt : ne plus envoyer de détenus au dépôt, les locaux sont complets.

    18h45 : Nouvelle demande de renforts du centre Beaujon, cinquante hommes avec mitraillettes.

    18h50 : Du 13ème arrondissement : au Sénat trente prisonniers civils et gardiens de la paix (dont Bodin) du Service Technique seraient susceptibles d'être emmenés ce soir.

    Capturés le 19 août, Henri Bessot, Jean Dugarreau, Louis Gallon, Léon Hutin, André Monnier, Arthur Pothier et Jean Robaux ont été fusillés. Leurs corps seront découverts dans une fosse du Jardin du Luxembourg le 27 août... ]

     

    19h10 : Du 8ème : les Allemands patrouillent à Saint-Augustin et tirent.

    19h20 : Du centre Beaujon : attaque terminée; tout est calme actuellement.

    19h20 : D'un FFI : deux de ses camarades viennent d'être faits prisonniers par les Allemands rue Saint-Germain l'Auxerrois.

    19h30 : De la 6ème division : le responsable de la 6ème division signale qu'il vient d'être averti par le responsable de Montrouge que les Américains sont signalés à Monthléry. D'autre part il y a un fort repli au Petit-Clamart. Un camion allemand se trouve Porte d'Orléans et tire sur la foule; il se dirige vers Paris.

    19h40 : Du 8ème arrondissement : ont été tués à 18h00 boulevard Haussmann, place Laborde : le gardien Fischer René matricule 10254, 38 ans, de la Circulation, demeurant 47 rue Marius Auphand à Levallois-Perret et le gardien en civil Loiseau Alexis, 21 ans, 97 avenue du Chemin de Fer à Vitry. Les corps sont au poste de secours au Grand Palais.

    De retour de mission, sa voiture est interceptée rue Laborde ... René Fischer se réfugie dans un immeuble mais , rattrapé par les soldats allemands, il est immédiatement fusillé. Curieusement le gardien en civil Alexis Loiseau est déclaré tué rue Laborde dans ce document. Le registre du cimetière de Vitry sur Seine où il est enterré indique pour sa part qu'il a été fusillé à la caserne Balard , les Archives de la Seine l'enregistrent décédé à l'hôpital Necker, et aucun Loiseau ne figure parmi les policiers tués pendant l'insurrection.

    20h25 : De Choisy : signale que la canonnade venant de la direction d'Arpajon, Croix de Berny, s'approche de Choisy.

    20h30 : Du 8ème : le gardien Faisy Marcel, de Puteaux, demeurant 16 passage des Petits-Clos à Suresnes a été tué. Corps au Grand Palais.

    De retour d'une mission de ravitaillement à la Préfecture de police, les gardiens Sclavon, Salaun et Faisy tombent sur une patrouille allemande, boulevard Malesherbes. Ils présentent leurs cartes de policiers quand surgit un camion monté de soldats SS; l'un d'entre eux abat Faisy d'un coup de fusil. La veille, avenue de la République à Nanterre, Sclavon, Faisy et Pons transportaient un blessé à l'hôpital quand ils sont tombés sur un barrage allemand. Le gardien de la paix Noël Pons a été tué au cours de la fusillade.

    20h45 : Du 8ème : tout le groupe Maury de la 6ème compagnie de circulation a été pris rue d'Astorg; de ce groupe il y a deux ou trois blessés légers; Maury serait sérieusement atteint.

    mortellement blessé à la tête il décèdera le lendemain à l'hôpital Necker.

     

    .

    20h45 : Communication anonyme : un char Tigre venant du Sénat se dirige par la rue de Seine vers le boulevard Saint-Germain.

    20h50 : Du 12ème : Cinq chars Panther venant de la Nation se dirigent vers la Bastille à hauteur de Charonne.

    21h10 : Du 7ème : (communiqué par responsable du central télégraphique Grenelle) Cinq chars Tigre remontent cours de Vincennes direction centre de Paris sans accompagnement.

    21h40 : De Mr Souyri : ordre du Préfet en ce qui concerne les chars Tigre venant de la Bastille et se dirigeant vers l'Hôtel de Ville : Ne pas tirer avant d'être attaqué, alerter toute la défense.

    21h45 : De Mr Souyri : le Ministre de l'Intérieur fait part de bruits suivants entendus : Les Allemands auraient l'intention d'attaquer ce soir la Préfecture de police et de faire sauter les ponts.

    21h45 : De Mr Levet (police judiciaire) : Six chars Tigre venant de la Bastille se dirigeraient vers l'Hôtel de Ville et Cité. Après avoir demandé leur route à une femme, ils l'ont abattue.

    22h00 : De Mr Souyri : la 5ème division a informé le bureau des chefs que des Allemands descendraient à la station du métro Châtelet.

    22h05 : Du 205 : les Allemands qui descendraient au métro Châtelet seraient des Allemands pourchassés.

    22h50 : Du 4ème arrondissement : lieutenant Giraud, de la caserne Célestins, aurait fait savoir que la trêve serait rompue.

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone.htm

      

      

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  • La libération de Paris en direct ...

    Mardi 22 août :

    0h40 : De la 6ème division : Une voiturette de la Préfecture partie en mission prise pour voiture allemande a été attaquée rue de la Gaîté par les FFI. Le gardien Auriac du 14ème a été tué; le brigadier Delfieu et le gardien La Personne, également du 14ème, blessés légers. Il s'agit d'une voiture touriste récupérée. Le corps du gardien Auriac a été transporté chez les Soeurs rue Charles-Divry. Le brigadier Delfieu a été admis à Broussais et La Personne continue son service.

    __________

    C'est en revenant de la rue Edgar-Quinet, où des coups de feu avaient été entendus, que la voiture est mitraillée dans la rue de la Gaîté. Le tireur embusqué dans une porte cochère s'enfuit immédiatement. L'enquête diligentée après la Libération ne permettra pas de déterminer s'il s'agissait d'un milicien, d'un soldat allemand ou d'un soldat des FFI.

    __________

    0h45 : De Pantin : Un train blindé et un autre train chargés de SS sont en panne en gare de Pantin, n'ayant qu'une locomotive. Les SS ont pris des otages parmi la population pour éviter d'être mitraillés. Le commissaire de Pantin demande le secours de l'aviation alliée.

    __________

    On retrouvera le corps de Charles Meunier, cheminot de Bobigny, dans le Chemin des Vignes près de la gare.

    __________

    7h10 : Du 6ème : Deux petits chars venant de l'Etoile descendent les Champs-Elysées vers Concorde.

    7h45 : De Sceaux : Les Allemands qui se trouvaient au lycée Lakanal, pavillon rue Marie-Curie et Castel de Bellechasse, quittent les lieux à l'instant. Ils seraient environ 200, se dirigent vers Bourg la Reine et avenue d'Orléans; sont armés de mitraillettes, fusils mitrailleurs et sont escortés d'une chenillette. Les cinq otages retenus au Castel de Bellechasse ont été relâchés.

    Jeune agent de liaison, Paul Couderc est arrêté voie des Glaises à Sceaux; les soldats allemands découvrent dans les sacoches de sa bicyclette des tracts qu'il allait livrer et le fusillent séance tenante

     

    8h30 : De la 6ème division : Viennent d'arrêter un soldat allemand; a été désarmé et fait prisonnier; le dirigent vers la Cité. Télégramme suivra.

    9h10 : De la C.P.E (Compagnie parisienne d'électricité) : Signale qu'une de ses voitures de secours a disparu; il s'agit d'une voiture électrique.

    8h50 : Du 7ème : Poste central attaqué par trois chars et 150 Allemands environ.

    Concierge et chef d'îlot de la défense passive, Paul Boehm est mortellement blessé rue de Solferino; tandis que le sergent des FFI Marcel Planchard, nageur professionnel, tombe dans la cour de la Mairie du 7ème. Lire les combats dans ce quartier...]

     

    8h50 : De Sceaux : Route de Chartres angle avenue d'Orléans à Antony est barrée par Allemands.

    8h57 : De Mr Blaise des Lilas : Après évacuation par Allemands du Fort de Romainville, onze personnes ont été trouvées fusillées à l'intérieur (dix hommes et une femme).

     

    Les détenus en attente de déportation ont été libérés sur l’intervention du consul de Suède, Raoul Nordling. La garnison qui tient le Fort, des soldats géorgiens de l’Armée Vlassov, s'est débarrassée des prisonniers capturés quelques jours avant...]

     

    9h10 : Du P.C 5 (Mme Calvignac, secrétaire lieutenant Féron du groupe résistance) : Les trois chars se trouvent encore devant la mairie et commissariat place du Panthéon. Ils ont cessé le feu mais tiennent toujours sous leur surveillance les bâtiments. Le commissariat a été évacué à l'aide de cordes par la cour de la Mairie. Au premier étage du commissariat se trouvent les corps de deux lieutenants tués. Il s'agirait du lieutenant Mevne et d'un autre non identifié.

    __________

    Le deuxième FFI s'appelle André Gazeau. En outre Marie Lablond, 50 ans, et deux inconnues ont été tuées par des balles perdues à l'angle de la rue Valette et de la rue Laplace. Lire les combats dans le quartier...]

    __________

    9h31 : Du 5ème : Les chars tirent toujours sur la Mairie du 5ème; le poste central se replie sur le poste du Val de Grâce.

    9h50 : De la caserne des pompiers rue Blanche : Deux camions allemands montés par vingt soldats environ ont arrêté deux voitures civiles et fait monter les occupants dans camions; ceux-ci restent en stationnement rue Blanche. Les soldats patrouillent dans les environs. 9ème avisé, envoi renforts.

    9h50 : Communication anonyme : Des tanks descendent la rue Monge en direction de la Cité.

    10h10 : Du 6ème : Ont attaqué le Panthéon : quatre chars (un char Tigre et trois petits), cinquante fantassins. Le Tigre se dirige vers la Cité par la rue Monge. Les trois autres chars et les fantassins sont restés place du Panthéon.

    On relève de nombreuses victimes dans le quartier parmi lesquelles Robert Houbré tombé à l'angle de la rue Vaugirard et du boulevard Saint-Michel, Jean Delormel, architecte de la préfecture de police, tué à sa fenêtre rue Sommerard; madame Gerbaud, 55 ans, abattue 18, rue du Cardinal Lemoine, Adèle Abraham, 67 ans, rue Lhomond. Les chars et les fantassins appartiennent à la garnison qui occupe le Sénat.

    10h10 : De la 5ème division : Les Allemands ont demandé une trêve d'une demi-heure pour ramasser leurs morts place du Panthéon. Accordée. La lutte reprend.

    10h15 : Communication anonyme : 4 ou 5 chars munis de canons de 90 suivent quais côté Hôtel de Ville vers Cité.

    10h20 : De Choisy (renseignements FFI) : Les armées alliées contourneraient Melun de chaque côté de Seine. Armées allemandes se replieraient par Belle-Epine sur Thiais : pont bateaux baignade Choisy aval pont de Choisy. A Rungis motocyclistes américains auraient été tués. Plus de communication avec Seine et Oise.

    10h20 : Les FFI demandent l'envoi d'un camion 144 boulevard Berthier pour prendre ravitaillement chez un charcutier italien.

    10h40 : Du 13ème : Directeur école de garçons Porte d'Ivry signale que les Allemands ont abandonné une caisse de cartouches en évacuant les lieux. S'adresser à la concierge.

    10h55 : Du 3ème : Poste Saint-Avoie attaqué par automitrailleuse.

    11h00 : Du 4ème : 6 chars lourds suivent les quais direction place Concorde; un camion, deux voiturettes.

    10h50 : De Pantin replié : Des convois de camions chargés de soldats remontent vers Paris par la Nationale 3. En ce qui concerne les trains de SS en gare de Pantin les Allemands semblent faire des préparatifs pour les faire sauter.

    10h45 : Des FFI : Un petit char accompagné de 25 fantassins passe boulevard Saint-Germain direction Odéon. Dix fantassins passent rue des Ecoles en direction boulevard Saint-Michel.

    René Vinchon, 24 ans, gardien de la paix, est mortellement blessé d'une balle dans la tête, sur la barricade à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Jacques.

    11h15 : De Montrouge : Un tank et cinq voiturettes avec mitrailleuses quadruples viennent de passer à Montrouge se dirigeant vers Paris, avenue d'Orléans.

    11h24 : De Pantin : Il se confirme que la route de Meaux est coupée. Un camion allemand de D.C.A qui se dirigeait vers Meaux a fait demi-tour.

    11h40 : Du 4ème : 4 chars légers, 1 moto, 1 camion viennent de passer rue de Rivoli en direction Concorde.

    Ce convoi de camions escortés par un char se dirige dans la direction opposée

     

     

    11h45 : Du chef de groupe FFI 7ème (Ségur 07.25) : Un membre de la Gestapo, arrêté et blessé par FFI admis à Necker aurait volé dans appartement 218, boulevard Saint Germain; serait en possession de son larcin. 7ème avisé pour informer commissaire de police.

    11h45 : Du 6ème : Groupe résistance Pont-Neuf se trouve en difficulté. 2 mitrailleuses, une sur chaque immeuble vers statue braquées sur Pont-Neuf et rue Guénégaud et 6ème. 2 mitrailleuse seraient nécessaires.

    12h00 : Du cabinet du Préfet : Envoyer immédiatement dans la cour d'honneur du Préfet 15 hommes prêts à diffuser par voiture haut-parleur la reprise du combat.

    12h00 : Du PC 5ème : 7 chars Tigre et 7 camions chargés se trouvent à la Concorde et se dirigent vers la Cité.

    12h05 : Du bureau 7ème : 2 voitures sont envoyées par le 7ème à la Préfecture pour prendre livraison d'obus pour canons de char. Ils ont un ordre de mission du lieutenant Guy.

    12h05 : Du 3ème arrondissement : Dans garage, 4 rue de Béarn, dépôt armes et grenades anti-tanks entreposées par Allemands. Gardé par gendarmerie des Minimes. Il y aurait urgence à les enlever.

    12h05 : Du 4ème : 2 des chars qui tiraient sur l'Hôtel de Ville partent en direction de Bastille.

    12h10 : De la Direction : La Croix-Rouge française communique que les Allemands ont abandonné plusieurs centres importants contenant du matériel et produits pharmaceutiques. Elle envoie immédiatement au cabinet du Préfet un homme de confiance avec une liste de ces centres.

    12h20 : Du 9ème arrondissement : Nous signale que dix gendarmes en uniforme et un capitaine venant du Ministère de l'Intérieur place Beauvau se sont rendus au siège de la L.V.F du 9ème arrondissement pour occuper les locaux. Ils se sont présentés à gardien du 9ème qui était chargé de garder l'immeuble.

    __________

    L.V.F : Légion des volontaires français (contre le bolchevisme) qui rassemble des soldats français combattant sous l'uniforme allemand

    __________

    12h40 : Du PC 5ème Saint-Jacques : demande d'urgence un artificier avec quelques amorces pour instruction des hommes.

    12h50 : Du PC 2ème compagnie/19/1er bataillon mobile A.V : Signale que 6 Allemands bien armés attaquent le dépôt de la Villette. Ce dépôt nous avait fourni des armes ces jours derniers. Diriger renforts au 12, rue de Tanger où instructions seront données.

     

    Ce dépôt a déjà été attaqué le 19 août. Jean Dirand, René Durupt et Georges Topenot, tous trois des Corps francs autonomes de Paris-Villette, ont été tués.

     

    13h05 : Du secrétaire de permanence : Mr Leves, responsable police judiciaire, fait connaître que sur le 6ème la situation est critique. Un poste de commandement a été pris par les Allemands à l'aide de chars. Les opérations se déroulent dans le secteur Saint-Michel/Institut/Carrefour Odéon. Un commandant français vient de demander le plus grand nombre possible d'hommes car l'objectif est d'attaquer les Allemands par tous les moyens. Police judiciaire attend 2 canons; le commandant n'a pu rassembler que 150 hommes.

    12h50 : De Pantin : Devant le marché noir pratiqué par les maraîchers de sa circonscription, Mr Le Menn, commissaire de police, a décidé de faire apposer l'affiche suivante : "FFI. Tout marchand qui vendra sa marchandise à des prix prohibitifs et exorbitants s'expose à l'arrestation suivie de mesures extrêmement graves. Les mêmes mesures seront appliquées aux acheteurs." Mr Le Menn demande diffusion dans tous les arrondissements pour que les revendeurs à la sauvette ne vendent pas à des prix prohibitifs.

    14h25 : Du PC 5ème, rue des Prêtres Saint-Séverin, lieutenant Féron : Les Allemands qui se trouvent en ce moment sur le 6ème s'apprêtent à attaquer le 5ème. Le PC demande renforts d'urgence.

    14h45 : De la 6ème division : Signale que la permanence FFI rue Olivier-Noyer à Plaisance est assiégée par un camion de fantassins allemands. Demande renforts au central.

    __________

    Quartier Plaisance dans le 14ème arrondissement

    __________

    14h30 : Du cabinet Préfet : Les Allemands réquisitionnent des habitants de Choisy pour creuser tranchées autour piliers pont de cette localité en vue de le faire sauter.

    14h45 : De Mme Eurière, hôtelière 52, rue des Marais : Signale que dans son hôtel sis 30, boulevard Magenta se trouvent plusieurs caisses de munitions abandonnées par les Allemands.

    14h45 : Du capitaine Derne de la gendarmerie (Invalides 36-18) : Depuis 8 jours nous avons deux brigades à la centrale Saint-Denis, une demi-brigade à la centrale Arrighi. Ces effectifs devaient être remplacés par C.V.C. Aurait besoin effectifs.

    14h45 : Communication anonyme : Sur la Marne à Charenton, face lieu-dit Les Sept-Arbres, au dessus écluse Charenton, se trouve péniche chargée canons anti-chars (démontés). Pas d'Allemands aux environs.

    15h00 : Du 8ème arrondissement : Un dépôt d'armes et de munitions, 2 tonnes environ, abandonnées par Gestapo 90, rue de la Faisanderie. Les 8ème et 16ème se sont déjà servis. Il faudrait envoyer un camion avec armurier. Ces armes étant démontées.

    15h05 : Du commissariat Maison-Blanche : Munitions provenant d'Ivry se trouvent au commissariat (caisses de grenades).

    15h10 : De Mr Le Menn de Pantin : Les Allemands viennent d'installer quatre pièces d'artillerie sur tourelles pont du chemin de fer, Porte de la Villette. Ces pièces commandent en direction du Bourget/Paris.

    15h10 : De la 5ème division : Choisy leur communique que les Allemands ont évacué habitants dans rayon 200 mètres autour pont Choisy en vue de le faire sauter.

    15h35 : D'un capitaine FFI : Demande d'urgence une voiture pour enlever du poste, 10, rue Peyronnet (5ème) cinq prisonniers allemands.

    15h40 : De Mr Busset, responsable FFI Gentilly/Arcueil : Des munitions, grenades et cartouches, vont être transportées à la Cité par des hommes appartenant au groupe Arcueil. Ces hommes viennent par le métro.

    15h50 : Communication particulière : 3 chars remonteraient le boulevard Montparnasse direction Observatoire.

    16h10 : De Pantin : Plusieurs pièces d'artillerie s'installent à la Patte d'Oie de Gonesse et sont braquées sur Paris.

    16h25 : Du 8ème : Rue des Saussaies barrée vraisemblablement pour miner le 11.

    __________

    La rue des Saussaies est le siège du Ministère de l'Intérieur dont les locaux ont été réquisitionnés, pendant l'occupation, par les services de la Gestapo.

    __________

    16h30 : Rappel au 285 au sujet communication Choisy relative dépôt des d'armes des gardiens à Villeneuve le Roi.

    __________

    Henri Gilbert, maire adjoint de Villeneuve le Roi vient d'être fusillé alors qu'il tentait d'empêcher des soldats allemands d'exécuter des otages pris dans la population après le pillage d'un entrepôt de denrées alimentaires qu'ils allaient transférer.

    __________

    16h40 : De Mr Cachet, commissaire au 18ème arrondissement : A la caserne Clignancourt, 450 Allemands sont disposés à se rendre. Instructions demandées.

     

    La caserne de Clignancourt tombera le 25 août...]

     

    17h00 : De Charenton : 20 camions allemands se dirigent sur Paris direction Paris/Charenton. 100 hommes environ, armés légèrement.

    17h15 : Du PC lieutenant Féron, rue des Prêtres Saint-Séverin : Demande l'enlèvement de trois ou quatre cadavres allemands placés 42, rue de la Harpe (5ème). Faire diligence, seraient à la vue du public.

     

     

    des victimes du Carrefour de la mort ?

     

    17h30 : Du responsable du 11ème Baulien : caserne Prince Eugène, effectif 280 soldats, canons : trois 75 en batterie prêts à tirer; cinquante canons de 2 et sept de 33; munitions : trois wagons, très nombreuses mitraillettes. Sept chars moyens. Pose de mines entre faubourg du Temple et statue.

    Les troupes allemandes ont installé un véritable camp retranché. Il faudra l'action conjuguée des FFI et d'un élément de la 2ème DB pour en venir à bout le 25 août en fin d'après-midi... ]

     

    17h30 : Du 12ème : En prêtant main-forte à FFI en difficulté rue de Charenton, deux gardiens ont été tués; un brigadier et trois gardiens blessés. Parmi ces derniers, un démissionnaire de guerre. Gardiens tués : Ladet et Theureau.

    Il y a en fait 9 victimes...]

    17h30 : Du 7ème : Le lieutenant Toser des FFI signale huit chars Renault sans armement dans un garage 87, rue Notre-Dame des Champs. Ces chars paraissent en bon état de marche. Demande qu'on lui envoie de l'essence.

    17h55 : De Mr Rodier, place de Valois, n°6 : Sept ou huit Allemands chargent des vivres dans un camion à la Banque de France, rue Croix des Petits Champs, armés de fusils.

    18h05 : De Mr Cachet, 18ème arrondissement : Les 450 Allemands de Clignancourt ne sont plus aussi disposés à se rendre. Les pourparlers ne sont pas complètement rompus.

    18h10 : De Pantin replié : Mairie du Bourget : dix camions d'essence, un canon anti-chars de 25 à la Patte d'Oie de Gonesse sur la route, un canon de 105, six autres du même calibre disséminés dans les champs. Tous braqués sur Paris.

    18h25 : Du 12ème : Quatre gardiens qui circulaient en voiture face gare d'Austerlitz ont voulu forcer barrage allemand. Trois blessés dont deux grièvement. A la Salpêtrière. Quatrième prisonnier central accueil, serait échangé par A.A (autorités allemandes) contre un prisonnier allemand. Ces gardiens seraient du 11ème.

    Roland Igersheim se rendait avec ses camarades en mission de récupération d'armes à Ivry sur Seine. Il a été atteint d'une balle explosive en pleine tête et décèdera dans la nuit à l'hôpital de la Salpêtrière.

    19h00 : De la 2ème division : Le responsable de Jules-Joffrin signale que des Allemands descendent dans le métro en direction Cité. La station Cité ne répondrait plus au téléphone. Le courant a été rétabli entre Barbès et Saint-Placide.

    19h10 : Communication anonyme : Mr Battilliot, 32, rue des Fossés Saint-Bernard propose d'indiquer de quelle fenêtre on tire sur les FFI rue des Fossés Saint-Bernard.

    19h30 : Du 8ème arrondissement : 3ème nous avise que trois ou quatre chars accompagnés de soixante à soixante-dix cyclistes allemands suivent les Grands Boulevards direction La Madeleine.

    19h40 : Du Ministère de l'Intérieur : La Maison du prisonnier 6, place de la Madeleine, est attaquée par vingt ou trente Allemands et demande de l'aide.

    19h55 : Du 20ème arrondissement : Trente hommes dont vingt gardiens attaqués par dix Allemands rue des Pyrénées, angle rue d'Avron. Carrefour balayé par feu allemand.

    A l'angle de la rue d'Avron et de la rue des Pyrénées aucune trace ... en revanche à l'autre extrémité de la rue d'Avron, en arrivant au boulevard de Charonne, cette plaque qui indique que le 22 août 1944, sont morts ici les FFI Maurice Dupuis, Richard Baldachino et Jean Dacher. Erreur de la part de l'interlocuteur du 20ème arrondissement ou s'agit-il d'une autre escarmouche avec les Allemands ?

     

    20h25 : Du secrétaire 2ème division : Signale que depuis ce matin il n'y a plus de nouvelles de Mr Benezon, commissaire principal.

    20h55 : De la 5ème division : Cinquante Allemands ont occupé à Ivry le dépôt d'essence de Lille/Bonnières, 37 rue Jules Coutant; quantités considérables.

    20h55 : De la 5ème division : Actuellement chars d'assaut postés vers Porte d'Italie effectuent tirs en direction place d'Italie. Une barricade établie par FFI se trouve vers 70-72 avenue d'Italie.

     

    André Lebastard est tué sur le boulevard Kellerman; Roger Bailet tombe à la hauteur du 162 de l'avenue d'Italie.

     

    21h00 : De Pantin : Les Allemands sont en train de camoufler leurs tanks aux couleurs américaines et anglaises entre Compans et Villepinte. Répercuter partout ordre Directeur général (appel général).

    21h05 : Le poste de secours de la rue de Savoie signale que la caserne Bessières est aux mains des FFI depuis 18h30.

    21h10 : Du 12ème : Troupes allemandes de la caserne de Reuilly sont parties.

    21h10 : Du 2ème : Deux voitures montées par des miliciens tirent sur FFI et passent notamment sur grands boulevards. Elles auraient fait plusieurs victimes. Numéros d'immatriculation : 540 RL 9 et 4537 RE 7. Appel général Paris banlieue.

    21h35 : D'un garde de Paris de service aux Grands Moulins de Paris : Envoyer aux Grands Moulins, 59 bis quai de la Gare (13ème) un camion prendre des obus pour canon Brandt.

    21h30 : Du PC 5ème (lieutenant Prenion) : Deux camions encadrés d'un char descendent le boulevard Saint-Michel vers place Saint-Michel. Environ vingt hommes occupent les camions. Un autre char patrouille boulevard Saint-Germain du Pont de Sully à Saint-Germain des Prés.

    23h10 : Du lieutenant Mevel (5ème secteur) : Deux véhicules montés par miliciens mitraillent mes hommes (ce sont les deux véhicules déjà signalés par 2ème arrondissement). D'autre part des tanks allemands circuleraient camouflés aux couleurs alliées. Il demande signification fusées rouges et blanches qui viennent d'être lancées, dit-il, de la Cité. Son PC est établi à Gobelins (Gobelins 11-02 et Gobelins 80-64). Renseignements fournis par Mr Pommier, il s'agit de projecteurs en voie d'installation sur les toits de la caserne de la Cité pour déceler attaques éventuelles par chars.

    23h55 : De la 2ème division, Mr Moreau : Les obsèques des trois camarades de Saint-Denis, le brigadier Louis Boyer, 39 ans, le gardien Fréjeac Marcel, 30 ans, tous les deux tués quai de Seine, angle boulevard Ornano à Saint-Denis par un char, et le gardien Boudrault Gaston, 31 ans (corps retrouvé à Suresnes près du Mont-Valérien) auront lieu à 14h15 à la Basilique Saint-Denis. Les deux premiers seront enterrés au cimetière de Saint-Denis, le troisième au cimetière de Pierrefitte. Une délégation en tenue civile est prévue, quelques uns se mettront en tenue au cimetière pour la descente des corps (couronne avec ruban tricolore).

    __________

    En fait il s'agit des gardiens Louis Royer et Germain Fregeac qui effectuaient à bord d'une voiture de police une mission de liaison le 19 août. A 16h00 , à l'angle du quai de Saint-Ouen et du boulevard d'Ornano à Saint-Ouen ils tombent sur une colonne de chars et malgré les injonctions tentent de forcer le passage. Les Allemands ouvrent le feu; Royer est atteint de plusieurs balles dans la poitrine tandis que Fregeac est touché à la tête. Gaston Boudreault, de son côté, rentrant d'une mission à la Préfecture, est arrêté le 19 août vers 15h00 avec une douzaine de camarades boulevard Magenta, près de la Gare du Nord. Les hommes sont embarqués le soir dans des camions et conduits au Mont-Valérien pour y être fusillés. Profitant d'un ralentissement de la circulation sur la route de Suresnes, Boudreault tente de s'échapper, il est abattu d'une rafale de mitraillette et abandonné sur place. Ses collègues seront échangés le surlendemain contre des prisonniers allemands.

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone2.htm

      

      

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  • La libération de Paris en direct ...

    Mercredi 23 août :

    0h25 : Du PC Huchette : Deux bornes indicatrices sont allumées place Saint-Michel.

    0h50 : Du PC 5ème, rue des Prêtres Saint-Séverin, n°4, lieutenant Lacroix : Demande d'urgence un fusil mitrailleur avec munitions (réponse : pas de fusil mitrailleur disponible).

    3h35 : Du PC barricade Saint-Jacques : Les Allemands sont dans le métro et se préparent à attaquer Préfecture et les barricades après avoir lancé grenades.

    4h10 : Du PC barricade Saint-Jacques : Demande trente hommes bien armés pour surveiller sortie métro Saint-Michel. Des Allemands se trouveraient à l'intérieur (à 7h00, du bureau des chefs : RAS)

    4h00 : Du service de sécurité de la B.N.C.I : Mr Jullien, chef de service : Au siège de la B.N.C.I, entrées aux 5 bd Haussmann, 16 bd des Italiens et 1 rue Le Peletier ainsi qu'à la succursale du 132 quai Jemmapes, des individus tenteraient de forcer les portes de ces établissements.

    __________

    BNCI = Banque nationale pour le commerce et l'industrie

    ___________

    8h00 : Par téléphone du chef adjoint de cabinet, Secrétaire provisoire à la Justice : A 11h00 le Secrétaire général à la Justice se rendra au Monument aux morts du Palais.

    8h00 : Du 12ème : La caserne de Reuilly évacuée par les Allemands est aux mains des FFI. Le drapeau tricolore y flotte.

    8h25 : Du central 13ème : Met à la disposition de la PF (Préfecture ?) une caisse de bandes de mitrailleuses.

    9h00 : Du bureau 8ème : Le central du 8ème est attaqué à la mitraillette par forces allemandes qui semblent peu nombreuses. Un canon de 25 qui n'a pas encore tiré vient d'être mis en batterie avenue Matignon angle Rond-point des Champs-Elysées.

     

    Le Grand-Palais va être le théâtre d'une rude bataille...]

    9h10 : Du 8ème : Le canon vient d'être amené en face du restaurant Langer et dirigé contre central 8ème.

    9h20 : Du 8ème : Les Allemands sont au nombre d'une cinquantaine et accompagnés d'un tank et plusieurs mitrailleuses. Ils tirent quelques obus et prennent position.

    9h23 : Du 8ème : Une dizaine de camions et plusieurs tanks prennent position devant le central 8ème.

    9h35 : Du 8ème : Une quinzaine de camions et plusieurs tanks viennent d'arriver devant le central.

    9h40 : Du 8ème : Un camion s'approche du central vraisemblablement pour le prendre d'assaut.

    9h20 : Du 12ème : Les quatre derniers trains allemands chargés d'hommes et de matériel quittent la gare de Lyon. La voie était coupée à hauteur de Charenton; réparée par les Allemands, aurait été recoupée par les FFI.

    9h45 : Du PC 5ème : Quarante FFI de Suresnes attaqués à Suresnes par 700 SS environ se replient en voiture sur Cité.

    9h45 : Un inspecteur du 8ème fait connaître : Le poste central est attaqué par cinq chars dont deux Tigre et une dizaine de camions allemands.

    10h10 : De la 5ème division : Un gardien de Choisy rend compte qu'à Choisy environ cinquante à soixante pièces anti-chars sont disposées avenue de Villeneuve-Saint-Georges, avenue Victor-Hugo et avenue d'Alfortville ainsi que quelques grosses pièces qui sont en batterie dans les fouilles Morillon et Corvol (en face dépôt organisation Todt et avenue de Villeneuve-Saint-Georges).

    10h15 : De Mr Busset, groupe Gentilly/Arcueil : Envoie une camionnette à la Préfecture qui transporte 20 000 balles. Sera à la Cité dans une heure environ.

    9h45 : De Levallois : Les cinq gardiens de Neuilly internés au Mont-Valérien par les Allemands ont été libérés hier soir. Il s'agit des gardiens Hauvallon Robert, Virodeau Guy, Mariani Marcel, Jeampère Amédée, Kreppier Robert.

     

    Ils ont été, vraisemblablement, capturés lors de la prise de la Mairie de Neuilly sur Seine...]

     

    10h45 : Du secteur Sud PC : Le Grand Palais serait en feu.

    10h50 : D'un FFI anonyme : Pont de Flandres des canons de 37 tirent sur la foule et sur FFI. Demande renfort.

    10h50 : De Mr Levet, responsable police judiciaire : Sur demande de Mr le Procureur de la République, envoyer délégation des différents postes de combat de la Préfecture, salle des Pas-Perdus au Palais de Justice où doit avoir lieu une cérémonie devant la plaque commémorative des victimes du devoir et des victimes de guerre (14-18 et 39-40).

    10h55 : De la 1ère division : Le Grand Palais est complètement encerclé. Le feu dévaste la grande verrière et côté bureau du central.

    11h25 : De la 1ère brigade de sûreté rue Bassano : Le Grand Palais est en feu de tous côtés. Les Allemands ont refusé aux pompiers l'autorisation d'approcher pour combattre l'incendie.

    11h30 : Du brigadier Alphonse, 9ème compagnie, envoyé de la Cité avec une quinzaine d'hommes pour dégager collègues du 8ème : Nous sommes encerclés rue de Bourgogne Esplanade des Invalides.

    11h55 : Du 7ème, gardien Marle du 8ème : Quarante gardiens qui se trouvaient Grand Palais sont dirigés sur Champs-Elysées, hôtel Continental.

    12h00 : Communication d'un garde : Train d'artillerie (105) se trouve gare d'Austerlitz. Le diriger vers Grands Moulins de Paris.

    12h00 : De l'école pratique (capitaine Haverland) : Hier, place Saint-Augustin, trois écoliers Airault Armand, Ledoux Robert et Forestier ont été faits prisonniers et emmenés au Mont-Valérien. Demande si moyen les récupérer.

    12h00 : Un passant signale que la foule est en train de piller l'immeuble du café Marignan, avenue des Champs-Elysées.

    12h10 : Du 14ème : Le brigadier Alphonse gravement blessé est admis hôpital Sainte-Anne.

    12h20 : Du P.O 5ème (lieutenant Féron) du brigadier Boivinot : Prière vouloir bien faire rétablir courant électrique 41 rue Tournefort, hôtel Concordia. C.P.D.E et Laboratoire avisés.

    __________

    CPDE = Compagnie parisienne de distribution d'électricité

    ___________

    12h35 : De la 5ème division : (Choisy communique) : Les Alliés ont installé deux pièces 77 angle avenue République et avenue de Paris, limite Choisy, Thiais, Vitry.

    12h55 : Du 11ème arrondissement Baulier : Le 20ème a bloqué trois trains d'Allemands sous le tunnel de Ménilmontant (Petite ceinture) sous rue Sorbier. Redemande renfort.

    Les issues du tunnel sont sous le feu des FFI. Un parlementaire est envoyé pour tenter de convaincre les Allemands de se rendre, ce qu'ils feront après une vive fusillade au cours de laquelle sont tués François Boltz et Louis Godefroy à la sortie Nord du tunnel, rue de la Mare, tandis que Léon Adjeman et deux inconnus tombent du côté Sud, rue de Ménilmontant. Un des patriotes inconnus mentionnés sur cette plaque s'appelait Joseph Piète.

    13h00 : Les trains signalés seraient capturés. Envoyer renfort cas retour offensif.

    13h00 : Du 6ème : Un car PS (police secours) vient d'être arrêté par patrouille allemande de quinze hommes boulevard des Invalides, près du lycée Duruy; monte vers Invalides.

     

     

    Lire les aventures du Corps franc du 6ème... ]

     

    13h05 : De Sceaux, Beaudry responsable : Les troupes américaines seraient à Marcoussy, Crasy, Villejust (15 kilomètres de Sceaux). Deux éléments de huit chars blindés. Les troupes allemandes qui se trouvaient à proximité achèvent préparatifs repli.

    13h10 : Du 2ème arrondissement Charondière : Paris-Soir attaqué par des chars; deux Tigre et un R 35; FFI occupent les locaux.

    13h20 : Du 2ème arrondissement : Les trois chars se trouvant à Paris-Soir ont continué leur chemin par rue Etienne Marcel vers boulevard Sébastopol.

    13h25 : Du 20ème : Demande gaz lacrymogènes pour lancer contre trains bloqués tunnel Ménilmontant par 20ème et FFI. 285 fait nécessaire auprès du garage.

    13h30 : Réponse du 85 : Pas de gaz au garage. 20ème avisé.

    13h30 : Du secrétaire du Cabinet : Trois tanks attaquent la mairie du 17ème; deux autres tanks attaquent boulevard des Batignolles; la kommandantur fait un feu nourri place de l'Opéra.

     

    Lire le journal d'un secouriste des Batignolles...]

     

    13h55 : De Mr Chassaignon, commissaire Saint-Denis : Il se propose d'assister en tenue aux obsèques des trois gardiens de Saint-Denis tués et qui vont avoir lieu dans une demi-heure. Mr le Directeur général répond lui-même à Mr Chassaignon.

    14h15 : D'un anonyme : trois voitures automobiles, un side-car et une voiture D.C montés par Allemands armés de mitraillettes se dirigent de l'Etoile vers la Cité.

    14h15 : L'archiprêtre de Notre Dame est avisé que des tirs auraient lieu des tours. Le presbytère vient d'être criblé de balles. Il demande que nous fassions patrouiller dans les tours.

    15h00 : Du brigadier-chef de Montrouge : Une traction-avant 11cv légère arborant Croix-Rouge montée par cinq ou six Allemands en tenue civile qui tirent sur les passants rue Barbès à Montrouge. Fait appel général.

    15h10 : Gardien Riou signale que la voiture de ravitaillement de la Préfecture est en panne rue Pierre Lescot, face Pavillons (des Halles). Le chauffeur blessé à la main a été transporté à l'hôpital. Demande un chauffeur pour gazoil. 939 avisé, fait nécessaire.

    14h50 : Du 7ème arrondissement : Six ou sept gardiens du car Police secours arrêtés ce matin boulevard des Invalides ont été conduits Ecole Militaire pour être fusillés. L'un deux a été relaxé et renvoyé au central 7 avec mission de ramener le car PS immédiatement.

    14h55 : Du lieutenant Mezel, 5ème secteur : Un particulier s'est présenté au lieutenant lui déclarant que le commandant de l'Ecole Militaire lui aurait affirmé qu'il consentirait à faire l'échange de neuf prisonniers français retenus à l'Ecole Militaire contre neuf prisonniers allemands.

    15h10 : D'Hubert, responsable 1ère division : Tous les postes du 8ème doivent être attaqués. Demande qu'on évacue d'urgence treize détenus français qui se trouvent poste Europe. Renseignements recueillis par chef Hubert (détenus collaborateurs). Réponse de 285 : ne les libérez qu'au dernier moment si les gardiens sont obligés de lâcher le poste.

    15h15 : Du responsable d'Aubervilliers, aspirant Marie : Sommes attaqués par deux chars Tigre; demandons armes seulement (mitraillettes); effectif : 600 FFI. Réponse du 285 : Pas d'armes. Vous les procurer par la force.

    __________

    Les pertes, aujourd'hui, dans Aubervilliers, sont particulièrement sévères : Miloud Ben Abdallah, 45 ans, et François Huidobro, 19 ans, sont mitraillés devant le 207 boulevard Félix Faure, Paulette Rosillo, 8 ans, s'écroule, atteinte d'une balle perdue. Gilbert Riche, 17 ans, et Albert Cambray, 34 ans, soldats des FFI sont abattus 28 rue du Goulet. Jacques Lorenzi, fils d'un aviateur disparu pendant la campagne de France, est tué sur la barricade du Pont de Flandres. Les FFI Paul Ligny, 29 ans, et José Robledo, 29 ans, sont mortellement blessés lors de l'attaque des Magasins Généraux rue Victor Hugo.

    __________

    15h00 : Du responsable du 10ème : central téléphonique annonce que deux tanks viennent de s'installer sur terrain vague à proximité du central, 105 boulevard de la Villette.

    15h30 : De Mr Levet de la police judiciaire : Le souterrain qui réunit le Palais de Justice à la Cité est en partie inondé. La police judiciaire aurait le personnel nécessaire mais manque de moyens. Demande si intervention pompiers ne pourrait pas être demandée. 285 avisé fait le nécessaire.

    15h35 : Suite à communication 205 : Les trois tanks du 17ème sont partis.

    16h15 : Du 8ème, poste Europe : Les détenus qui se trouvaient au poste Europe ont été emmenés par les FFI dans les locaux de la Mairie du 8ème.

    16h30 : Du PC 5ème, Lacroix : Faire mettre en surveillance les voitures touristes noires n° 540 RL 9, 4537 RK 7, montées par des miliciens escortés par voiture allemande noire 9320 KA 4.

    17h05 : De Saint-Ouen : Une voiture allemande ayant réussi à arrêter camion de farine qui vraisemblablement venait de lui être pris, un officier allemand descendu de voiture a été grièvement blessé par FFI. Voiture allemande a immédiatement pris la fuite. Pas de victimes parmi les FFI.

    17h10 : Du lieutenant Morel, PC 5ème : Trois voitures montées par civils tirent sur FFI dans le 13ème; n° 8908 RL 8, 8759 AF 5, 490 PL 9

    17h45 : De Mr Chassaignon, commissaire Saint-Denis : Les obsèques des trois gardiens se sont déroulées sans incident à 15h15. Deux ont été inhumés à Saint-Denis, le troisième à Pierrefitte. Mr Chassaignon a assisté aux obsèques en tenue.

    17h50 : Du responsable de la 1ère division : Le cercle militaire place Saint-Augustin vient d'être évacué par les Allemands. Dans l'après midi un camion rempli de civils aurait été amené à l'intérieur. Ce camion est ressorti à vide et les derniers Allemands sont sortis par les fenêtres ce qui laisse prévoir que les issues seraient minées. Envoyer artificiers.

    17h55 : Du lieutenant Quiquerez FFI mairie du 17ème : Signale qu'ils sont attaqués par plusieurs chars. Demande si possible de nous envoyer quelques chars en renfort.

    18h00 : Du PC 5ème Lacroix : Trois gros chars de 30 tonnes descendent le boulevard Saint-Michel vers le Pont Saint-Michel; se trouveraient à hauteur barrage Saint-Germain/Saint-Michel (surnommé le Carrefour de la mort).

    __________

    les combats de la place Saint-Michel

    __________

    18h15 : Du 205 cabinet : Un dépôt d'armes et de munitions se trouverait 58 rue des Acacias dans égout. Pas d'allemands dans les environs.

    19h10 : Du 20ème : Les deux trains bloqués sous tunnel Ménilmontant par suite attaque FFI sont entièrement aux mains de celles-ci. Ne contiennent que du matériel peu utile actuellement : onze personnes ont été capturées. Machine ayant déraillé, voie bloquée pour un certain temps.

    19h10 : Du docteur Mestac, inspecteur CL pharmaciens : Signale que certains postes de secours manqueraient de divers produits pharmaceutiques et accessoires. Il informe le Comité des FFI qu'ils ont le droit de réquisitionner sur toutes les pharmacies.

    19h50 : Du 19ème : Le lieutenant Harval, 2 rue Jourdain, signale que des déserteurs allemands en tenue civile venant de Beauvais circulent à Saint-Denis et le 18ème arrondissement.

    20h00 : De la 1ère division, brigadier secrétaire Pernot : Dans sous-sol Grand Palais se trouvent plusieurs tonnes de sucre. Le 8ème en demande la garde.

    20h00 : De la 2ème division : Le brigadier Guilbert Désiré-Fernand, matricule 15124 et le gardien Grange Jean-Pierre, matricule 1380 du 9ème arrondissement auraient été tués par Allemands réfugiés dans des immeubles sans indication de lieu. Bureau avisé. Attendre confirmation 2ème division.

    Vers 17h00 un groupe franc de dix policiers a ouvert le feu sur des soldats allemands dans la rue La Fayette. Deux soldats se sont réfugiés dans un immeuble qui donne sur la rue Drouot. Désiré Guilbert et Jean-Pierre Grange se sont précipités à leur poursuite. Ils ont été abattus d'une rafale de mitraillette au pied des escaliers.

    20h40 : Pantin : Pol à Édouard : Mission remplie. Hommes menés jusqu'à Longjumeau en voiture et lâchés ensuite à pied.

    __________

    Quel curieux message ! Qui est Pol ? "Édouard" est vraisemblablement Edgar Pisani, membre du mouvement de résistance N.A.P (Noyautage des administrations publiques) qui vient d'être nommé chef de cabinet du nouveau Préfet de police. Ces hommes sont-ils des émissaires envoyés à la rencontre des troupes alliées signalées dans la banlieue sud-ouest de Paris ? Si c'est le cas, ils devront traverser les lignes allemandes à pied ....

    Juillet 2011 : le mystérieux Pol est identifié... ]

    __________

    20h00 : Du 6ème : Six gardiens viennent d'être arrêtés par les Allemands sur le 7ème et sont à l'Ecole Militaire. Les Allemands proposent l'échange contre six des leurs. 6ème demande instructions.

    20h35 : Du responsable 1er : Métro envahi entre Palais Royal et Louvre.

    20h47 : Du 7ème brigadier secrétaire Gravey : 7 rue de Bourgogne, poste de police attaqué par un char.

    __________

    Lire le témoignage d'Yvonne sur les combats dans la rue de Bourgogne...]

    __________

    20h35 : Du 4ème : central 3ème attaqué par Allemands. Trois camions et un petit char. Envoi renfort de quinze hommes armés. Renseignements demandés au 3ème. Le char est bloqué rue de Bretagne et prend la rue en enfilade. Les camions sont à proximité Central Archives (Central téléphonique Archives).

    21h30 : Renseignements demandés au 1er au sujet métro Palais Royal et Châtelet. N'ont rien vu.

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone3.htm

      

      

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  • La libération de Paris en direct ...

    Jeudi 24 août :

    0h05 : Du 11ème : Le 20ème avise qu'il vient d'être prévenu par groupe civil FFI du 19ème par réseau que des Allemands se sont emparés d'une voiture sanitaire 1856 RN 4 sur laquelle il faut tirer. Il ajoute : le 20ème a été lui-même alerté par 19ème. Renseignements pris, le 19ème et le 20ème ont été avisés individuellement par la même source. M. Gobin avisé. Appel général passé, voiture mise en surveillance.

    __________

    La voiture sanitaire 1856 RN 4 serait donc conduite par les Allemands ... du moins, des FFI du 19ème en avisent le commissariat du 20ème qui répercute l'information au commissariat du 11ème qui appelle le standardiste de la Préfecture de police.... et il faut tirer dessus ! M. Gobin préfère mettre la voiture en "surveillance" par appel général sur les ondes. Qui sait combien de personnes ont été mitraillées, victimes de la confusion qui régnait dans les rues de Paris ?

    __________

    2h20 : Barricade Saint-Jacques signale qu'il y aurait des SS au métro Saint-Germain des Prés. Pas confirmé.

    8h20 : De Noisy : Un train composé d'une vingtaine de voitures est actuellement sous pression en gare de Noisy le Sec. Un groupe de 150 à 200 Allemands est rassemblé 122, rue de Pantin à Noisy. En majorité SS; sont tous bien armés. Les ponts de chemin de fer de Noisy le Sec, principalement ceux de la ligne Ceinture sont minés.

    8h20 : Du 19ème : Six caisses d'obus 25, deux caisses d'obus 37 se trouvent au Pont de Flandre. Prendre contact avec 419.

    8h25 : De Pantin : Chef Défense passive propose une caisse de quarante kilos bombes incendiaires à la thermite de deux kilos environ à la disposition de la Préfecture 33, rue Auger à Pantin. Prendre contact avec commissariat.

    8h45 : Du bureau 20ème : Signale voiture 540 RL 9 montée par pillards armés; 4537 RK 7 montée par miliciens, 6940 RL 9 montée par Gestapo (déjà signalées hier par M. Lacroix). Appel général passé.

    9h00 : De la 5ème division : Quatre ou cinq tanks montent avenue des Gobelins direction Place d'Italie, tirent sur les barricades.

    9h25 : De la 5ème division : Les chars se trouvent actuellement à Italie, Tolbiac et continuent de tirer sur les barricades.

    __________

    Au carrefour de la rue des Gobelins et du boulevard Saint-Marcel un groupe franc de policiers tombe sur une section de reconnaissance allemande. Eugène Bertaut, 38 ans, gardien de la paix du 5ème, est mortellement atteint de plusieurs balles dans la tête. Quatre FFI, non encore identifiés, sont tués sur la barricade de l'avenue des Gobelins

    __________

    9h55 : Du secrétaire cabinet : Le commandant des sapeurs pompiers fait connaître que trente mines anti-chars sont abandonnées par les Allemands dans l’usine de l'Illustration Bobigny, près carrefour des Six-Routes. D'autre part le commandant va fournir à la Préfecture liste de tous les points occupés par Allemands et emplacement des barricades. Le cabinet en fournira un exemplaire à police municipale.

    __________

    Le siège social du journal l'Illustration se trouve 13, rue Saint-Georges à Paris, il est imprimé 115, rue Saint-Denis à Bobigny.

    __________

    10h00 : Du secrétaire cabinet (M. Souyri) : Cent cinquante pancartes rédigées en allemand dont voici le texte : "Soldats allemands, rendez vous, vos chefs se sont rendus" affichées dans Paris. Elles portent dans un coin une Croix de Lorraine. Veillez à ce qu'elles ne soient pas détruites.

    10h15 : De bureau d'ordre : Le central 5ème doit être rappelé à Danton 84-15. Appel général diffusé Paris, banlieue, tous services.

    11h00 : Du 10ème arrondissement : M. Julien du service de sécurité de la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie, 130, quai de Jemmapes, signale que des individus tirent des fenêtres de cet immeuble sur les voitures FFI.

    11h00 : De l'état-major région de Paris, gendarmerie : Les établissements Pellorte, rue Pasteur à Montrouge, possèdent un stock de quarante tonnes de confitures destinées aux Allemands. Le directeur a des idées germanophiles, le personnel est contre lui.

    11h00 : Du 20ème arrondissement : Se présente au bureau 20ème M. Roche Jean, employé Croix-Rouge qui signale que deux voitures circulant lentement le long du trottoir, suivies de quatre piétons en civil, ont obligé quatre FFI à monter dans l'un des véhicules, boulevard Ménilmontant. Il s'agit d'une traction-avant noire et d'une Torpédo grise, décapotable. De temps en temps un fanion rouge à disque blanc est arboré par ces véhicules.

    11h00 : Du responsable du 1er : M. Fouché, chef du groupe Gallien, attire l'attention des chefs responsables de la police sur le fait que des soldats allemands faits prisonniers et porteurs de serviettes contenant des documents, ces derniers auraient été déchirés ou détruits par les gardiens qui procèdent à leur arrestation alors qu'il y aurait intérêt à les conserver précieusement.

    11h20 : De la 5ème division (d'une source officieuse) : Les Allemands placeraient des Français devant leurs chars pour franchir barricades.

    11h30 : Du PC Lacroix, rue des Prêtres Saint-Séverin : des chars suivis de camions descendent le boulevard Saint-Michel.

    11h15 : Du 6ème : Signale que les occupants de la voiture 4161 RN 1 viennent de tirer sur les FFI rue Didot. Appel général passé.

    __________

    le témoignage de Charles... ]

    __________

    11h30 : D'Asnières : Un tank, une automitrailleuse, trois traction-avant stationnés quai Michelet à Levallois à côté Pont Chemin de l'État tirent sur Asnières pour essayer forcer passage FFI sur place.

    11h30 : Du 7ème : Un char allemand arrêté place du Palais-Bourbon tire en enfilade dans la rue de Bourgogne.

    __________

    Le sous-lieutenant des FFI Jacques Suzini est mortellement atteint devant la boulangerie, au n° 40, tandis que Fernand Fontaine, 37 ans, est tué devant la blanchisserie au n° 84. (les combats de la Mairie du 7ème ... ] )

    __________

    11h35 : Du 13ème, responsable Laboue : Docks Austerlitz évacués par Allemands. Effectifs envoyés pour éviter pillage. On croit que docks sont minés.

    11h50 : Du 9ème : Équipes PTT qui s'offrent pour couper lignes téléphoniques reliant Paris au Nord. Demande instructions.

    Réponse du 650 : S'il s'agit de lignes allemandes "carte blanche" (sic), s'il s'agit de lignes françaises, rien à faire.

    11h50 : Du bureau 12ème : Les Magasins Généraux du Quai d'Austerlitz sont en flammes. Les Allemands ont mis le feu en partant.

    11h55 : De la caserne des pompiers de Château-Landon : Signale que les Allemands ont capturé une de leurs voitures à la Porte de Pantin. Il s'agit d'une voiture Simca 8 SP 19, couleur rouge. Appel général diffusé par télégraphe.

    12h15 : Du responsable Nogent : Au Château de Vincennes six chars allemands dans lesquels se trouveraient des soldats sont montés par des civils. Ne serait-ce pas une supercherie pour faire croire que les FFI s'en sont emparés ?

    12h15 : De Sceaux : Les avant-gardes américaines se battent à Antony au carrefour des routes de Paris/Orléans et Paris/Chartres. Ils attendent le gros des troupes.

    __________

    En fait d'avant-gardes américaines, il s'agit des premiers éléments de la 2ème Division blindée du général Leclerc qui se heurtent à une forte résistance allemande au carrefour de la Croix de Berny. Au milieu d'une foule enthousiaste et inconsciente du danger, les soldats de Leclerc se battent pied à pied pour faire sauter le bouchon de canons de 88 les empêchant de poursuivre sur Paris. Les Allemands résisteront jusqu'en fin d'après-midi. Le général Leclerc enverra un détachement commandé par le capitaine Dronne se faufiler par la banlieue jusqu'à l'Hôtel de Ville. Le gros de la Division entrera dans la capitale le lendemain 25 août.

    __________

    12h15 : D'un anonyme : Les Allemands quittent la vallée de Chevreuse en empruntant ligne voie ferrée de Sceaux.

    12h15 : Des sapeurs pompiers : L'observatoire des pompiers a remarqué violente canonnade direction Sceaux.

    12h15 : Du responsable du 13ème : Le feu s'est déclaré dans les sous-sols des docks du quai d'Austerlitz. Les pompiers sont sur les lieux et paraissent maîtres du sinistre.

    12h35 : D'Omnès, gardien, compagnie des Halles : Allemands ramassent civils dans la rue et les font monter dans camions, notamment faubourg Saint-Denis.

    12h35 : Du lieutenant Joubert, secteur Saint-Jacques, 5ème secteur : S'étonne que des voitures allemandes aient pu arriver jusqu'au Parvis Notre-Dame sans être signalées.

    12h50 : D'un anonyme : Sapeurs pompiers font connaître que le responsable sur les lieux sinistrés des docks Austerlitz est le commandant Curie qui récupère au profit du régime les marchandises épargnées par le feu. Cette communication serait faite à la suite de dénonciations calomnieuses accusant sapeurs pompiers de pillage.

    13h45 : D'Asnières : Pi-Park Kriegsmarine, tous évacués, Pi-Park Novelli route de la Plaine à Gennevilliers, une centaine de SS.

    __________

    Les Allemands évacuent leurs dépôts de matériel.

    __________

    14h20 : Du FFI Bourbas : Je me trouve en difficulté avec mes hommes angle rues Folie-Méricourt/Oberkampf, trois blessés.

    14h45 : Du 15ème : Signale que les Allemands établissent des barrages anti-tanks à l'aide de rails au carrefour Lecourbe/Leblanc au pont du Chemin de fer. On en signale également boulevard Victor à mi-chemin entre Porte de Versailles et rue Lecourbe. Ouvrages protégés par postes de mitrailleuses.

    __________

     

    Dans le quartier on peut relever la mort de Louis Baron, 36 ans, de l'Escadron de Vaugirard, Jeanne Moye, 70 ans, et Pierre Rossari, 18 ans, soldat des FFI.

    __________

    15h05 : Du PC Lacroix (Odéon 45-42), rue des Prêtres Saint-Séverin : Deux voitures civiles noires sont montées par civils, tirent sur FFI (n° 540 RL 9 et 5437 RK 7).

    15h05 : Du 10ème (Chaveau) : Sept voitures circulent actuellement portant insignes FFI montées par soldats allemands qui tirent sur FFI : 8908 RL 8; 8759 AF 5; 490 RL 9; 7320 RK 4 et une traction-avant noire portant insignes Croix-Rouge. Appel général passé Paris banlieue.

    15h00 : De Levallois : Porte de Champerret, boulevard de Seine entre rue du Caporal-Peugeot et rue de Bucourt, il y a quatre pièces anti-chars en batterie avec trois ou quatre camions chargés de soldats armés.

    15h10 : De Colombes : mille Allemands au camp de la Folie à Nanterre; quatre à cinq cents Allemands chez Peugeot, boulevard de la Mission-Marchand à Courbevoie; Pont de Bezons, boulevard du Havre à Colombes (reliant Colombes à Bezons) barré par chars allemands.

    __________

    Le lieutenant FFI René Lege, 21 ans, est tué de cinq balles de mitrailleuses au cours du décrochage de son groupe, près du pont.

    __________

    15h15 : De Colombes (responsable Noirot) : Au pont de Bezons se trouvent deux canons anti-chars, un char et des mitrailleuses.

    15h15 : D'Asnières, brigadier Poncet : un tank engagé sur pont Asnières fait feu sur immeuble au débouché pont Asnières.

    15h15 : De Vanves (gendarmerie du Petit-Clamart) : On signale que les Allemands battent en retraite sur la route de Versailles, Villacoublay, Petit-Clamart. Les arrière-gardes organisent résistance au rond point du Petit-Clamart.

    15h30 : Du docteur Donato FFI : Le maire adjoint de Bagneux lance un pressant appel au secours, les Allemands massacrent tout le monde, hommes, femmes, enfants. FFI ne sont pas armés.

    __________

    André Ox est né en 1925 à Moscou, il est d'origine arménienne. Ouvrier à Bagneux, il devient pendant les combats de la Libération l'interprète du capitaine Tsolak chef d'un groupe FTP local. Tsolak est un soldat soviétique capturé par les Allemands pendant le siège de Leningrad qui a réussi à s'évader de son camp de prisonniers et s'est réfugié ici. Une patrouille allemande s'approche de la barricade tenue par les FFI près du métro; ils ouvrent le feu. Deux soldats sont tués, un troisième est grièvement blessé; du côté des FFI on déplore un blessé léger. André Ox est désigné pour aller récupérer les armes sur les cadavres. Il est mortellement atteint d'une balle en pleine tête. Transporté à l'école de filles rue d'Arcueil, il expire dans les bras du docteur Boisdeveix.

    Maurice Roux, médecin interne de l'Hôtel-Dieu et soldat des FFI est également tué cet après midi à Bagneux.

    __________

    15h35 : Du 6ème : Renseignements concernant les effectifs allemands qui se trouvent au Sénat : douze chars dont quatre gros modèle, huit Somua, trois cents hommes. Ils sont en communication avec le 5, rue Corneille par souterrain. A cette adresse se trouvent trente hommes de la Gestapo en tenue.

    15h40 : Le commissariat du Gros-Caillou signale que les Allemands ont quitté la Tour Eiffel.

    15h45 : De la 5ème division, de source sûre : Trois cents Allemands se sont retranchés École Coloniale, Lycée Montaigne et École de Pharmacie (même pâté de maisons).

    15h55 : Du 2ème : A la Kommandantur place de l'Opéra, il y a vingt voitures environ en stationnement. Les Allemands en armes attendent calmement aux fenêtres.

    16h15 : De la 5ème division : gendarmerie Belle-Épine fait connaître que canons américains tirent sur défense allemande constituée par canon de 80/88 et anti-chars allemands semblent désemparés.

    __________

    la libération de Chevilly-Larue

    __________

    16h20 : Du 7ème : Le gardien Lutz signale qu'un engagement a lieu place Cambronne avec un camion de dix Allemands environ; demande renforts.

    __________

    En sortant de l'École Militaire, toute proche, le camion force le passage en tirant sur des barricades qui ceinturent le bâtiment. Le gardien de la paix Paul Marques, du 16ème arrondissement est tué. Le véhicule poursuit sa route vers la place Cambronne où il engage le combat avec les défenseurs d'une autre barricade : Etienne Belart, 44 ans est mortellement atteint; Charles Mainini, 36 ans, commerçant et chef d'îlot de la défense passive se porte à son secours ; il reçoit une balle dans la tête; André Aignan-Jougard, 31 ans, brancardier de la Croix-Rouge, est abattu à son tour; Baïzid Lazark, 28 ans, est tué quelques instants plus tard. Carmella Douyan, 65 ans, s'écroule victime d'une balle perdue au débouché de la rue de la Croix-Nivert. Les Allemands comptent sept tués dans leurs rangs. Roger Bourlet, Louis Debailleux et Raymond Delcourt seront tués sur cette même place demain 25 août au cours d'un autre accrochage.

    __________

    16h20 : D'Aubervilliers : Gardien Jannic du commissariat d'Aubervilliers arrêté ce jour par Allemands au cours de son service. Détenu nouvelle mairie du Bourget.

    16h20 : De Nogent : Une femme tuée par balles.

    16h45 : SNCF (service mouvement tél : 20-16) communique : La division Leclerc est passée à Longjumeau à 10h15, on se bat aux abords immédiats de Versailles, Buc, Villacoublay. Les Allemands ont évacué la gare de l'Est. La SNCF demande que la gare soit gardée pour éviter le pillage. 285 avisé. Fait le nécessaire pour garder la gare.

    __________

    A Longjumeau une section du 501ème RCC, accompagnée de fantassins du RMT, marque une pause dans la Grand Rue quand un obus allemand vient exploser au milieu des hommes. Le char Austerlitz est touché par un second tir de mortier, Michel Le Saout et Bernard Guinlat (pilote et co-pilote) sont mortellement atteints. A Buc le FFI Léon Chabot, âgé de 23 ans, est fusillé le long de la route.

    __________

    16h40 : Du responsable du 1er : Signale que les Allemands qui occupaient la Banque de France rue de la Croix des Petits Champs se sont rendus aux FFI. Il y aurait un stock de marchandises.

    16h45 : Du responsable 4ème bureau FFI, PC République : Un train de DCA et de munitions signalé comme devant passer sur la seule voie disponible entre la gare de Ménilmontant et la gare de Bagnolet. Une équipe de Police et Patrie armée de fusils et revolvers se trouve à la gare de Bagnolet.

    17h25 : De M. Danty du 15ème : Se trouvent Porte de Versailles : six canons de DCA, tir dirigé en rase-mottes, entourés d'un champ de mines signalées par drapeau blanc.

    17h00 : De Montrouge : Troupes françaises occupent Antony. Blindés allemands entre Bourg la Reine et Bagneux. Allemands tirent sur population.

    __________

    le général Leclerc donne l'ordre au capitaine Dronne de rentrer dans Paris

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    17h00 : De Choisy : Prévient que le Pont stratégique de Choisy vient de sauter. Le carrefour Belle-Épine défendu par pièces anti-chars allemandes a été abandonné par Allemands en déroute. Cinquantaine de chars alliés qui étaient à Rungis se dirigent vers Fresnes.

    17h40 : De la 1ère division : Une centaine d'Allemands qui occupent le Majestic et le Baltimore ont été aperçus au moment où ils se réfugiaient au métro Kléber-Boissières avec armes et bagages.

    18h15 : Du commandant Thierry des pompiers (station Étoile) : Trois explosions dans le métro font croire que les Allemands détériorent les aiguillages; semblent vouloir s'isoler à la station Kléber.

    18h20 : Du commissariat de Vanves : Troupes françaises défilent sur route de Versailles vers Petit-Clamart en direction de Paris, au lieu-dit Soleil Levant. Elles vont descendre côté de la Tour Biret sur Châtillon (cinq kilomètres de Porte de Châtillon).

    18h25 : De la 6ème division : Tout autour de l'École Militaire, les Allemands installent des barrages anti-tanks avec bouteilles explosives.

    18h45 : De Vanves : Les troupes françaises sont stoppées à la Tour Biret sur Châtillon où les Allemands opposent de la résistance.

    19h05 : De Gentilly : La gare de Bagneux/Port Royal signale que des Allemands empruntent la voie de métro et se dirigent sur Gentilly. FFI demandent renforts. Gentilly envoie corps franc.

    19h10 : De Montrouge : Une colonne d'infanterie allemande venant du cimetière de Bagneux en direction de Paris tire sur la foule et se rend quand elle n'a plus de munitions.

    19h15 : De Choisy : Dix canons anti-chars quartier des Gondoles, de l'autre côté du Pont de Choisy, trois bombes sur le pont.

    __________

    Robert Lantenois, 18 ans est tué sur le pont. Louis Fontaine, 19 ans et Sacha Glachant, ingénieur de la Société du gaz qui s'était joint au groupe de FFI, sont tués devant la centrale électrique

    __________

    19h45 : Grollet : Un cycliste paraissant de bonne foi signale que les Américains occupent Clamart, se dirigeant sur Paris par la Porte de Versailles. Les Allemands sont toujours au Ministère de l'Air. Les pièces de DCA sont prêtes à tirer.

    20h30 : De Clichy : FFI et gardiens de Clichy ont détruit huit camions allemands, fait quatre prisonniers et deux voitures traction-avant. Trois Allemands tués.

    20h35 : De Montrouge : Leurs patrouilleurs signalent qu'une voiture française de l'Armée Leclerc arrive à la Porte de Châtillon.

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    La colonne du capitaine Dronne entre dans Paris ...

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    20h35 : Communication anonyme : Mme Breirais, infirmière signale que quinze voitures allemandes se trouvent rue du Faubourg Saint-Honoré et se dirigent vers la Préfecture.

    21h00 : De la 1ère division : Des Allemands disposent au métro Concorde des boîtes métalliques reliées par un fil.

    21h00 : Les Américains occupent Clamart se dirigeant vers Paris par la Porte de Versailles.

    21h00 : Du secrétaire cabinet, M. Souyre : Ordre du Préfet : envoyer douze hommes à Notre-Dame, ils se tiendront à la disposition de l'archiprêtre pour sonner le bourdon.

    20h40 : En plus de douze hommes envoyer encore trente six hommes à Notre-Dame soit en tout quarante huit pour sonner pendant quatre heures.

    __________

     

    La Préfecture de police et l’Hôtel de Ville préparent un accueil grandiose. A 21h22 la colonne est là ! Les chars Champaubert, Romilly et Montmirail du 501ème RCC, les half-tracks Madrid, Guadalajara, Amiral-Bulza, Nous-voilà, Les Cosaques, Résistance, Brunete, Tunisie 43, Santander, Estramadura, Ebro, Libération et Rescousse de la Nueve se mettent en protection devant le bâtiment. Les cloches peuvent sonner à toute volée ! (le détail de la colonne Dronne ...])

    21h30 : Du 15ème : Des Allemands installés 154, rue Lecourbe viennent de tirer sur le central 15ème.

    21h45 : Du 4ème arrondissement : On signale une vingtaine de chars américains place de l'Hôtel de Ville.

    __________

    Le matériel est américain, les soldats sont des Français et des Espagnols ... le commissariat du 4ème arrondissement, situé derrière l'Hôtel de Ville, ne les entend pas répondre aux acclamations de la foule délirante de joie.

    __________

    22h15 : De Puteaux : Les ateliers de la Folie Aviation à Nanterre sont en flammes, les ateliers des chemins de fer de l'État avoisinant les ateliers seraient aussi en flammes.

    22h15 : Du capitaine des pompiers Courbevoie : Prévient que les Allemands sont en train de miner le Pont de Neuilly.

    22h25 : Du 1er : Les Allemands déménagent l'hôtel Continental et le Meurice. Les premières voitures démarrent.

    22h30 : De la police nationale : Plusieurs fusées vertes et rouges passant place Saint-Augustin direction Est; suppose que ce sont les Allemands demandant des secours.

    22h30 : Des sapeurs pompiers : Un groupe de FFI cerné 46 bis, avenue de Neuilly demande renforts.

    22h35 : De M. Bernard, commissaire à la Circulation : Les voitures sont toujours à l'Hôtel de Ville et on apprend par civil que les Allemands auraient l'intention de faire sauter le Sénat.

    22h45 : Du responsable FFI Porte Maillot, 2ème compagnie : Signale qu'au rond point Porte Maillot, deux mitrailleuses lourdes allemandes et deux canons anti-chars sont en position, dirigés vers avenue Malakoff, avenue Victor Hugo et avenue de Neuilly. Les Allemands sont retranchés dans ouverture du métro sous portail Luna Park et dans gare de ceinture.

    __________

    Le Luna Park était un parc d'attractions situé à l'emplacement de l'actuel hôtel Concorde La Fayette à la Porte Maillot.

    __________

    23h00 : Du 19ème : Au 200, quai de Valmy se trouvent 42 prisonniers allemands dont un capitaine, un lieutenant, un adjudant. Le capitaine a voulu se rendre consulter la Feldkommandantur. Il serait parti en voiture avec un interprète. Il n'est pas encore de retour à cette heure-ci.

    22h45 : Du lieutenant Joubert : Carrefour Saint-Jacques un homme, qui revient de Bagneux avec un camion dans lequel se trouve un officier français, se dirige vers Préfecture. Ne pas tirer sur ce camion.

    22h50 : M. Couvignou signale que des troupes allemandes armées de mitrailleuses et accompagnées de tanks se rassemblent près de la Porte Maillot.

    22h50 : De Nogent : Château de Vincennes en flammes.

    22h50 : D'un FFI de Neuilly, Maillot 06-85 : Se battent un contre dix, avenue du Marché à Neuilly; demande des renforts.

    23h00 : De la CPDE par fil direct : La CPDE a reçu par fil PTT d'une personne se disant commandant militaire à l'Hôtel de Ville l'ordre de couper immédiatement le courant dans tout Paris. Demande confirmation par fil direct.

    23h15 : De M. Delattre de Saint-Ouen : Batteries allemandes installées côté Andilly près Soisy sous Montmorency.

    23h23 : De Nogent : Les Allemands ont fait sauter à 23h00 l'arche principale du viaduc de Nogent. Gros dégâts. Pas de victimes.

    __________

    __________

    23h30 : De Nogent : Même que message précédent.

    23h36 : De Courbevoie : Confirme que les autorités allemandes viennent de miner le Pont de Neuilly.

    23h45 : FFI 16ème : Camions et soldats allemands armés de mitraillettes tireraient sur passants avenue Parmentier, boulevard Richard-Lenoir.

    __________

    Ces deux hommes ont été tués à l'angle du boulevard Richard-Lenoir et de l'avenue de la République.

    __________

    23h40 : Du Tribunal de Commerce : Au dessus gare de Saint-Cloud canons tirent direction Paris.

    23h45 : Anonyme : Du viaduc Meudon et près gare Meudon-État canons tirent sur Paris.

    23h30 : Du 7ème : État d'alerte, attaque rue de Suffren.

    23h53 : De Charenton : Fort de Vincennes saute;  les soldats allemands se replient vers l'Est.

    SOURCES ahttp://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone4.htm

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  • La libération de Paris en direct ...

    Vendredi 25 août :

    0h20 : Du 15ème : Six pièces d'artillerie Porte de Versailles tirent direction Issy les Moulineaux.

    0h30 : Du Poste Folie-Méricourt : Fortes concentrations troupes allemandes place de la République.

    __________

    les combats de la place de la République

    __________

    0h45 : De Clichy : Des embuscades ont eu lieu dans la soirée au 24 quai de Clichy; sept Allemands tués, quatre prisonniers; deux gardiens blessés.

    0h45 : D'un anonyme : Les Allemands ont déposé des mines au métro Tuileries.

    1h00 : D'un FFI (Danton 52-08 par 712) : Les quatre quartiers entourant le Luxembourg doivent être évacués par la population civile immédiatement. 210 avisé, demande d'être circonspect et d'attendre confirmation. 285 avisé. Confirmation est établie par 5ème arrondissement.

    1h55 : Du 7ème : Un char Tigre dans les rues dans le quartier de l'École Militaire.

    5h00 : De Vanves : Un groupe de soldats français serait aux prises avec les Allemands rue de Bellevue à Sèvres. Les Français en infériorité. Envoyer des renforts.

    Renseignements Vanves : Les Français seraient maîtres de la situation.

    __________

    lire le détail des combats

    __________

    5h20 : De Vanves, lieutenant Lesage : Aux abattoirs de Vaugirard se trouveraient éléments infanterie allemande avec trois chars et quatre voitures blindées qui seraient aux prises avec FFI; ceux-ci en difficulté demandent renfort.

    __________

    Emile Plaisant est tué à l'entrée Nord des abattoirs de Vaugirard; Alphonse Brigand, 58 ans, Georges Walker, 47 ans, et Suzanne Grégoire, 46 ans, sont abattus aux abords immédiats.

    __________

    6h00 : De l'inspecteur principal adjoint Lelong de Sceaux : Les six pièces d'artillerie allemande avec tous leurs servants qui se trouvaient à Bourg la Reine, route d'Orléans angle avenue Galois, sont parties ce matin à trois heures; une pièce détériorée sur les lieux. Les Allemands se seraient dirigés vers l'Haÿ les Roses, d'autres vers le parc de Sceaux.

    ________

    Louis Moreau, 45 ans, est tué à l'angle de la rue de Fontenay et du boulevard du Maréchal Joffre. Le cadavre d'un FFI inconnu sera retrouvé dans le parc de Sceaux.

    __________

    6h45 : D'un anonyme : Une centaine de soldats allemands installent des mitrailleuses lourdes et des canons anti-chars à l'entrée du Bois, Porte Maillot.

    6h50 : Du 3ème : Les Allemands qui occupaient la caserne Prince Eugène s'apprêteraient à partir; dix tanks et plusieurs camions chargés de munitions et de matériel stationnent place de la République.

    7h15 : Du cabinet du Préfet, M. Taillefer : Tous les gardiens présents doivent se mettre en tenue.

    7h30 : Les Français franchissent la porte de Châtillon et se dirigent vers la Porte de Versailles.

    __________

    témoignage de Roger Trentesaux

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    8h15 : D'un anonyme : Un char allemand camouflé est en batterie derrière les grilles du Luxembourg.

    8h20 : Du motocycliste Decourey envoyé Porte de Châtillon : Signale un convoi assez long de camions, motos et voiturettes américains en station boulevard Brune.

    __________

    Ce sont ici des éléments de la 2ème division blindée; les Américains de la 4ème division d'infanterie entrent dans Paris plus à l'Est, à la Porte d'Italie.

    __________

    8h40 : De la 5ème division : Des combats vont commencer à Choisy.

    8h40 : De la 1ère division : Autour du Pont de Neuilly canons anti-chars allemands.

    8h40 : De Colombes : Les Allemands réquisitionnent des Français pour la mise en défense du Pont de Bezons. Des groupes allemands avec armes automatiques occupent boulevard du Havre et Pont de Cherbourg ; au pont de l'usine des Eaux, au pont d'Argenteuil des travaux de défense sont faits ; deux chars allemands camouflés sur la digue de Colombes. Les autorités allemandes minent les ponts. Renforts demandés d'urgence.

    8h40 : De Saint-Denis : Une colonne de blindés allemands venant de Pontoise se dirige vers Soissons. Ils tirent sur Saint-Denis depuis le barrage.

    __________

    Alexis Huygens, 39 ans, FFI du groupe Laumonié, est mortellement atteint devant le Fort de la Briche. Le lieutenant des sapeurs pompiers René Hahn, 29 ans, se porte à son secours et s'écroule, touché à mort. Les deux cadavres sont tirés dans le café "La mère Lapin" tandis que la fusillade continue. Joël Ledudal, 24 ans, est tué devant la barricade près du barrage.

    __________

    8h45 : Du responsable 3ème : Une automitrailleuse allemande, angle rue du Temple et rue de Bretagne. Les Allemands reprennent le feu place de la République.

    8h40 : Du 2ème arrondissement : La kommandantur place de l'Opéra toujours occupée par autorités allemandes qui se tiennent aux fenêtres avec armes automatiques. Pas de canons apparents.

    __________

    __________

    8h50 : Du 6ème : M. Mounier, officier d'artillerie demeurant quai d'Orsay (Invalides 36-01) signale qu'une petite garnison allemande (quarante soldats environ) s'est fortifiée solidement dans Jardins de la Chambre des Députés; ont établi barrage Saint-Germain/Quai d'Orsay; mitrailleuses barrent le pont de la Concorde et dans les Tuileries. Il faudrait blindés pour les déloger.

    9h00 : D'un FFI Limar : Signale que FFI sont en difficulté route de Bondy à Bobigny. Les autorités allemandes ont envoyé deux chars.

    9h00 : Des pompiers : Patrouille américaine Moulin de Soquet à Vitry; grosse formation allemande de chars en position à Bonneuil; six pièces DCA champ de courses de Longchamp tirent sur le pont de Sèvres et Porte de Vanves.

    9h00 : Du motocycliste Ducourret : A Sèvres une colonne américaine est stationnée; le colonel demande si l'on peut mettre des gardiens à l'endroit où ils vont rentrer. Boulogne et 16ème avisés.

    __________

    Le Decourey envoyé Porte de Châtillon à 8h20 et le motocycliste Ducourret qui téléphone de Sèvres sont vraisemblablement une seule et même personne. Ici aussi il voit des Américains alors que ce sont des soldats du commandant Massu de la 2ème division blindée !

    __________

    9h05 : Du motocycliste Rouille : Porte d'Italie, les colonnes alliées rentrent par la porte de Gentilly en direction de la Porte d'Orléans. Une autre colonne traverse Villejuif, direction Vitry.

    9h15 : Du commandant Tafory, FFI : Les Allemands ont évacué dépôt de la Folie, il reste de nombreuses mines. Les désamorcer.

    9h15 : D'Aubervilliers : Le gardien Jannic a été relaxé. Les ponts du Bourget RN 2 ont sauté ce matin vers 8h30. Les Allemands sont toujours aux Magasins Généraux.

    __________

    Raymond Collot et un certain Rossignol sont tués devant les Magasins Généraux.

    __________

    9h25 : D'un commandant FFI du 18ème : Le Sénat est toujours aux mains des Allemands; ceux-ci détiennent dix tonnes d'explosifs qu'ils risquent de faire sauter. Renseignements par Boiron, ingénieur SNCF, téléphone Danton 45-43.

    9h25 : De Saint-Denis : Convois allemands passent au barrage Saint-Denis près de la route de Gonesse direction Soissons.

    9h25 : De Saint-Maur : Signale mouvement de troupes à Bonneuil. Deux mille Allemands environ au parc de Bonneuil, des pièces anti-chars, des autos mitrailleuses, des blindés braqués sur Choisy.

    __________

    M. Courivaud est tué devant la porte de son domicile ; le gardien de la paix Pierre Raunet, trouvé porteur d’un brassard FFI est abattu dans le parc.

    __________

    9h45 : Du 16ème : FFI aux prises avec SS avenue Kléber.

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    la reddition de l'hôtel Majestic

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    9h45 : Des FFI PTT : Douze Allemands seulement occupent encore le central interurbain et surveillent le dispositif installé pour faire sauter le central.

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    place de l'Hôtel de Ville, le capitaine Dronne donne ses ordres pour la prise du Central Archives

    __________

    9h47 : De Colombes : Pi-Park derrière usine électrique de Gennevilliers, cette nuit quarante camions sont arrivés ainsi que dix chars et de l'artillerie tractée (77). Effectifs plus importants que celui déjà signalé et renforcé de cet appoint. Un avant-poste allemand a été établi cette nuit dernière barricades rues Argenteuil, Solferino à Colombes.

    9h50 : D'un anonyme : Au jardin des Tuileries au cours échauffourée un gardien blessé demande secours et renfort.

    9h50 : De Choisy : Les troupes alliées arrivent Choisy direction Porte de Choisy. Les Allemands se proposent de faire sauter Pont de Choisy. Allons essayer de les empêcher.

    10h00 : Du 16ème : Signale un centre de résistance allemand important hôtel Majestic. Prévoir pour défilé allié Champs-Élysées.

    10h05 : Du 7ème : Un sous-officier signale qu'il y a 30 000 boules de pain, 15 sacs de farine blanche, une quantité de pâtes et de conserves caserne Fontenoy. Il reste encore 70 Allemands.

    10h30 : Du 4ème arrondissement : Les détachements blindés qui se trouvaient stationnés place de l'Hôtel de Ville se dirigent vers le central téléphonique Archives et vers le central 3ème pour le dégager.

    __________

    __________

    9h50 : Du motocycliste Voinet : A Boulogne une colonne de blindés américains stationnée au Pont de Sèvres s'apprête à faire son entrée dans Boulogne et Paris par Pont de Sèvres, Porte de Saint-Cloud, Michel-Ange-Molitor, rue de la Pompe, rue Henri-Martin, Trocadéro, Étoile par avenue Victor-Hugo, Place de la Concorde.

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    le reportage photographique de Xavier Réquillart

    __________

    10h00 : D'Aubervilliers : Vingt chars Tigre et plusieurs camions chargés de troupes descendent l'avenue de Flandres vers la Porte de la Villette

    10h05 : Saint-Maur : Des troupes allemandes venant de Bonneuil traversent Saint-Maur et se dirigent vers Champigny.

    __________

    Après leur passage on relèvera les corps de Robert Birou, tué d'une balle dans la tête; André Ohresser, 48 ans, chef d'îlot de la défense passive, tué par une grenade au moment où il cerne avec son groupe de FFI sept soldats allemands; Roger Cailleteux, 38 ans; Eugène Brun et Cyrille Poitevin, 22 ans, tué alors qu'il ravitaille en munitions les premières lignes de son groupe FFI.

    __________

    10h15 : De Charenton : Un convoi allemand de vingt voitures venant de Maisons-Alfort se dirige vers Joinville par la route de Saint-Mandé.

    10h30 : Du 7ème : Les troupes du général Leclerc attaquent au canon l'École Militaire pour y déloger les Allemands.

    10h35 : Du 20ème par Croix-Rouge : Tanks allemands venant du Bourget se dirigent vers la Porte de la Villette.

    10h35 : Du 20ème : Les employés du métro signalent que 300 Allemands environ venant de la caserne du Prince Eugène République se dirigent vers les Lilas par les souterrains du métro ligne 11.

    10h40 : Du secrétaire Saint-Georges : Les Allemands font évacuer les immeubles Étoile rond-point Défense.

    10h45 : Du 1er arrondissement : Un tank pris dans les barricades sur le canal, rue de Lizy, à Pantin tire sur les maisons.

    10h40 : De Saint-Denis : Le central téléphonique Plaine est bombardé par les Allemands. Pas de victimes, plusieurs lignes coupées.

    10h45 : De Saint-Maur : Pont de Bonneuil et Créteil tenus par blindés allemands.

    10h00 : Du 18ème : à Épinay, carrefour de la Mort, plus de cent gardiens en tenue, encadrés par Allemands se dirigent vers Villetaneuse.

    10h05 : D'Aubervilliers : Vingt chars Tigre, suivis de nombreux camions quittent le Bourget direction Paris Villette.

    10h15 : D'Aubervilliers : De nombreux chars et camions descendent du Bourget vers Paris Villette.

    10h20 : De Saint-Denis : Central téléphonique Plaine ne fonctionne plus.

    10h15 : De Charenton : Troupes allemandes venant de Melun se dirigent vers Porte de Vincennes; assez nombreux et bien armés.

    10h20 : Du 3ème Leeman : Central PTT, rue des Archives, cerné. Visite non commencée. Attendons spécialiste désamorçage. Public éloigné. Barrages fermés.

    __________

    Dans ses mémoires, le capitaine Dronne regrettera avoir pris la tête de la demi-colonne chargée de s'emparer du Central Archives. Tout se passe bien ... sans trop de coups de feu et surtout sans pertes (on relève cependant le décès de Maurice Dayma, 37 ans, membre de la Défense passive, tué 76 rue Charlot). Il a confié le commandement de l'autre demi-colonne au lieutenant Michard qui doit "tâter" la résistance allemande sur la place de la République.

    __________

    10h40 : Responsable Dubret, 4ème division : Siège 4ème division transféré commissariat de Nogent.

    __________

    L’inspecteur principal Dubret, qui a miraculeusement échappé aux fusillades du Fort de Vincennes , a déjà repris son poste !

    __________

    10h50 : De Montrouge : à Buffalo, Allemands et miliciens tirent dans toutes les directions.

    10h55 : Du 3ème arrondissement (central PTT) : La formation militaire américaine qui est intervenue au Central PTT est de cinq voitures blindées sous les ordres du capitaine Dion.

    __________

    l'interlocuteur du 3ème n'est vraisemblablement pas sorti de son bureau; il se serait rendu compte qu'il s'agissait de soldats français

    __________

    11h00 : De Nogent : Deux chars allemands ont traversé le Pont de Nogent et se sont dirigés vers la Maltournée (carrefour de la Maltournée) RN 35; ils ont tiré sur les barrages.

    11h00 : Du maire du Bourget : Il y a des chars allemands depuis la Patte d'Oie (Patte d’Oie de Gonesse) jusqu'au Bourget, se dirigeant sur Paris.

    11h05 : De Saint-Maur : Ferme du Vert à Créteil incendiée par Allemands.

    11h05 : Du 18ème : Trois chars Tigre font la navette sur le boulevard Ney en tirant sur les maisons.

    __________

    les combats de la caserne de Clignancourt

    __________

    11h05 : Du 324, Part commandement : Gardiens attaqués près église Saint-Denis Chapelle, cinq chars vers gare du Nord.

    11h02 : De l'École pratique (école de police Beaujon) : Pièces anti-chars avenue de la Grande Armée.

    11h10 : Du 3ème : Caserne Prince-Eugène tient toujours. Les Allemands continuent de tirer.

    11h15 : De Puteaux : Abris canons disposés pont de Chatou.

    11h20 : D'Aubervilliers : Pont de chemin de fer Paris Soissons au Bourget coupé. Pont RN 2 intact.

    11h20 : Délégué spécial mairie Bondy : Signale un détachement allemand de blindés route stratégique Rosny, Stains, plus un détachement troupe infanterie, trois cents hommes environ, école Pasteur RN 3 à proximité du canal.

    11h15 : Du 14ème : Un groupe de FFI appuyé d'un détachement de Canadiens se trouve en difficulté 111, boulevard Saint Michel. Envoyer renforts.

    __________

    Les FFI sont commandés par le colonel Fabien; les "Canadiens" sont les hommes du sous-groupement Putz de la 2ème DB. Ensemble ils attaquent la garnison allemande retranchée dans les Jardins du Luxembourg et au Sénat.

    __________

    11h20 : De Saint Maur : Les Allemands réquisitionnent civils pour faire des tranchées au Mont-Mély à Créteil.

    11h35 : Du Comité de libération 2ème arrondissement : Dans toute la rue Réaumur, en partant de la rue Saint-Martin et jusqu'à la Bourse, des miliciens tirent des fenêtres sur les gens qui pavoisent.

    11h30 : De Charenton : Signale une colonne allemande devant champs de courses du Tremblay se dirige sur Nogent. Deux mille à deux mille cinq cents Allemands auraient pris position sur divers points de la banlieue Est de Paris, notamment à Saint-Maur, Bonneuil, carrefour Pompadour. Un char américain se trouve à Ivry, la population lui a signalé cette manoeuvre allemande. Le char a passé un message à l'aviation qui va entrer en action.

    __________

    Effectivement les Allemands n'entendent pas lâcher prise dans la banlieue Est; Nogent sur Marne, Fontenay sous Bois, Neuilly-Plaisance et Neuilly sur Marne, Joinville, Vincennes, Champigny sur Marne ... vont être l'objet de furieux combats d'arrière garde entre les troupes qui "retraitent" vers l'Est et les FFI, appuyés par les Américains de la 4ème division d'infanterie, qui sont sur leurs talons. Par endroit, les effectifs allemands engagés laissent supposer qu'il ne s'agissait pas de retraite mais d'un retour offensif sur Paris.

    __________

    11h45 : D'Ivry : Choisy signale que les Allemands viennent de faire sauter le pont de Choisy.

    11h45 : Des gardiens place Saint-Michel : gardiens montés dans chars français sont en difficulté place Saint-Michel, côté 2 pharmacies, canons anti-chars allemands en batterie contre eux. Ils demandent renforts; envoyés par Luxembourg.

    11h45 : D'un anonyme : Allemands retranchés Porte Maillot; cinq tanks, deux camions, deux canons anti-chars, un car, une mitrailleuse lourde, cent hommes montant vers l'Étoile.

    11h10 : Anonyme : On tire sur troupes françaises des toits du 18 au 22 boulevard de l'Hôpital.

    11h15 : Du Jardin du Luxembourg par S.V.P : Deux chars Tigre, quatre chars trente tonnes, neuf petits chars groupés autour du bassin côté Saint-Michel. Les Allemands tiennent toujours l'école des Mines.

    __________

    les combats du Sénat

    __________

    11h25 : De Pantin : Cinquante chars gros et petits Porte de la Villette remontent vers Paris. On suppose que la route de Meaux est coupée.

    11h45 : De la Société électrique de Rueil : Le pont de Chatou est miné. La dite société aurait récemment installé des câbles haute tension qui transportent le courant pour le pompage des eaux alimentant les puits de Boissy distribuant l'eau à la capitale. Des chars allemands patrouilleraient aux environs du pont. Si le pont saute une partie de la capitale sera privée d'eau.

    11h45 : Le désamorçage des explosifs et mines du Central Archives se poursuit sous la direction du lieutenant allemand qui a miné.

      

      

    SOURCES : http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/etelephone5.htm

      

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    Tout a commencé dans la rue, le meilleur et le pire. Le pire plus souvent. Sans la rue, les petit potes traîne-lattes, certain que je me serais pas fourvoyé guerrier de l’ombre.

      

    J’aurais eu personne à épater.

      

      

    On est dans la guerre, la vraie avec des armes à feu, pour continuer nos jeux de rue…

    nos bagarres de quartier.

      

    Pas plus d’idéal là-dedans que d’orangers à Courbevoie.

      

      

      

    Mais les Fritz ne sont pas encore arrivés, je m’aperçois… j’ai déjà trop divagué de droite à gauche… je traînasse à loisir, puissiez-vous partager mes flâneries avec quelque agrément. Et il me faut encore vous brosser un peu les décors… et surtout les personnages alentours.

      

      

    Au-dessous de chez nous, c’était donc le café d’Anatole… son bouge plutôt… les murs qui n’avaient pas été repeints depuis le septennat de Monsieur Fallières… la calbombe unique sans abat-jour qui pendait au plafond, pleine de chiures de mouches.

    Une peinture murale sur le côté…

      

      

    On distinguait tout de même sous la crasse le sujet… un jeune garçon qui pissait dans une rivière. L’inscription au-dessus en lettres blanches :

      

    « Ne buvez jamais d’eau ».

      

    Superfétatoire le conseil… ils risquaient pas, les clients, de se pointer au rade pour s’humecter à l’eau d’Évian.

      

    Tous les jours, Anatole, il se dévouait comme une vraie petite sœur des pauvres pour faire boire un gâteux alcoolique qui n’arrivait plus à tenir son verre tant il tremblotait. « Faut bien se rendre service entre Français »…

      

    Madame Henriette commentait.

      

    C’était elle qui lui sortait le porte monnaie de la fouille à Pépère bloblote. Elle montrait bien à tout le monde… qu’elle prenait juste le compte. Les malveillants pouvaient rien trouver à redire.
    (…)
    Ça nous remontait dans le temps de nos terrains vagues. A présent notre XIIIème… on n’y retrouve le passé que par lambeaux épars… des morceaux au milieu des buildings… des Euro-Marchés nouvelle race de magasins agressifs ! Notre enfance, c’était encore la civilisation des concierges.

     

     

    Alphonse Boudard, Les combattants du petit bonheur. Prix Renaudot 1977. Éditions La Table Ronde.

     

     

     

     

      

      

    Les Combattants du petit bonheur est un roman d'Alphonse Boudard publié en 1977 aux Éditions de la Table ronde et ayant reçu le prix Renaudot la même année ( livre de poche et autres éditeurs)

      

      

    Résumé :

    Alphonse Boudard raconte sa jeunesse dans le 13e arrondissement de Paris, aux alentours de la place d'Italie, pendant la Seconde Guerre mondiale.

      

      

    Après avoir tenté de quitter Paris en vélo en juin 1940, il doit faire demi-tour au niveau d'Orléans et rejoindre la capitale. L'hiver 1940 est rude : le froid, les privations alimentaires ont raison des plus faibles.

      

      

    Parmi les mauvais garçons qu'il fréquente, certains rejoignent le camp du maréchal Pétain. Les rivalités entre bandes font qu'il s'engage du côté des futurs vainqueurs.

      

      

    Employé dans une imprimerie située à Glacière, il est recruté par un réseau de la résistance et part rejoindre un maquis en Sologne au printemps 1944. Il y découvre une organisation boy-scout inefficace. Après le massacre de la section qu'il devait rejoindre, il décide de rentrer sur Paris. Il participe alors à la Libération de Paris en étant présent près de la place Saint-Michel.

      

    Analyse :

    Ce livre se distingue par un style populaire, utilisant beaucoup d'argot, et par le souci de faire un récit sans emphase de la vie dans le Paris populaire pendant la Seconde Guerre mondiale.

      

    Engagé dans le bon camp un peu par hasard, Boudard retrace l'itinéraire d'un gamin plus préoccupé par le « cul des filles » que par l'occupant et toujours méfiant vis-à-vis des partis de quelque bord qu'ils prétendent être.

     

     

     

     

     

     

     

      

     

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  • Bien sûr, les trajets ferroviaires sont incertains en cette période d'Occupation, mais le jeune homme est loin d'imaginer ce qui l'attend. 

     

      

    " C'EST LE DEBARQUEMENT ! "

    de René LEPELLEY

      

    Résumé

     

    Bien sûr, les trajets ferroviaires sont incertains en cette période d'Occupation, mais le jeune homme est loin d'imaginer ce qui l'attend.

     

    Après avoir échappé à un bombardement, il décide de regagner la Normandie à pied., pour passer la deuxième partie de son baccalauréat.. qui l'époque était en deux parties.

     

    Commence alors un périple de huit jours, où il verra la France espérer en la victoire des Alliés. Il vivra une série de mésaventures tragi-comiques où la solidarité d'un pays en guerre s'exprimera souvent de façon sympathique.

     

    A mesure qu'il avancera, il s'approchera du danger, des armées qui s'affrontent. Il traversera des villages dévastés, avec un seul but : revoir les siens. Mais sont-ils encore vivants ?

     

    C'est ensuite la vie d'une commune rurale de la Manche entre le jour où les Alliés ont débarqué à quelques vingt-cinq kilomètres de là et celui où leurs lignes ont atteint le refuge du narrateur :

      

    Près de sept semaines pleines d'espoirs, de dangers et de peurs, rapportées au jour le jour.

      

      

    SOURCES : coordonnées EDITEUR....

    http://www.corlet-editions.fr/c-est-le-debarquement-rene-lepelley,fr,4,68.cfm

     

     

      

     

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  • LA RAFLE du VEL D'HIV...

     

    La Rafle du Vél'd'hiv'

     

    Alix S., d'un collège de Belgique, me demande : « Comment s'est déroulée la rafle du Vél d'Hiv ? Où sont partis les Ju!ifs arrêtés ce jour là ? Quelles sont les dates, SVP ? »

     

    Qu'est-ce qu'une rafle ?

     

    Une rafle est une opération d'arrestations, par surprise, d'un grand nombre de personnes, organisée par la police.

     

    Une rafle demandée par Eichmann et organisée par Danneker et Oberg

     

    La rafle a été préparée de longue date. Depuis la Conférence de Wannsee, en janvier 1942, Eichmann organise les convois de déportation dans toute l'Europe. Il sollicite les représentants nazis dans les territoires occupés pour exécuter des rafles et organiser des convois vers Auschwitz.
    Theodor Dannecker
    En France, c'est le SS Obersturmführer Danneker, le chef du service juif du SD en France occupée de fin 1940 à juillet 1942, qui est chargé d'organiser la rafle. Il est sous les ordres du général Oberg, chef des SS et de la police allemande en France. Eichmann est venu les voir à Paris et déclare : « Le rythme prévu jusqu'ici de trois transports hebdomadaires contenant chacun 1000 Juifs devra être intensifié rapidement, en vue de libérer totalement et le plus vite possible la France de ses Juifs. » (Compte-rendu rédigé par Eichmann, à l'issue de sa visite de 48 heures à Paris, 1er juillet 1942).

    Pour cela, il négocie avec la police française qui accepte de collaborer et d'organiser seule la rafle !
    Les policiers Jean Leguay (délégué de la Police de Vichy en zone occupée) et René Bousquet (secrétaire général de la Police française) négocient avec Dannecker. Ils mettront la police française à la disposition des Allemands pour faire la rafle.

     

    Bousquet discute avec Dannecker et Oberg.jpg, en 1942.
    Bousquet discute avec Dannecker et Oberg.jpg, en 1942.

     


    Ainsi, le 10 juillet 1942, Dannecker télexe à Eichmann que la rafle sera conduite par la police française du 16 au 18 juillet et que l'on peut s'attendre à ce qu'il reste environ 4 000 enfants après les arrestations.

     


    IV J/SA 225a
    Ro/Bir


    Urgent ! Présenter immédiatement !
     
    Paris, le 10.7.1942

    A l'Office Central de Sécurité du Reich IVB 4
    Berlin


    Objet : Évacuation des Juifs de France.

    Référence: Entretien entre le S.S.-Obersturmbannführer Eichmann
    et le S.S.-Hauptsturmführer Dannecker
    le 1.7.1942 ;
    mon télex du 6.7.1942 IV J/SA 225 a.


    L'arrestation des Juifs apatrides à Paris sera opérée par la police française dans la période du 16 juillet au 18 juillet 1942. On peut s'attendre à ce qu'il reste environ 4 000 enfants juifs après les arrestations.
    Dans un premier temps c'est l'Assistance publique française qui les prendra en charge. Comme il n'est pas souhaitable qu'une promiscuité entre ces enfants juifs et des enfants non juifs se prolonge et que l'U.G.I.F. pourra placer au maximum 400 enfants dans ses propres centres, je sollicite une décision urgente (réponse par télex) pour savoir si par exemple à partir du 10e convoi les enfants d'apatride s à évacuer pourront être évacués eux aussi.
    En même temps, je demande une décision la plus rapide possible sur la question évoquée dans mon télex du 6 juillet 1942.

    Signé : DANNECKER, S.S. - Hauptsturmführer.

     

    Une rafle préparée par la police française

     

    En 1942, la police française prépare, avec les autorités d'occupation, une grande rafle des Juifs étrangers demeurant à Paris. Voici une lettre du directeur de la police municipale de Paris, chargée d'arrêter les juifs étrangers :

     



    Le directeur de la police municipale, Hennequin, trois jours avant la rafle,

    demande à la prefecture de confirmer la réquisition des 50 autobus dont il besoin pour emmener les Juifs arrêtés au Vél'd'hiv'.

    Voir aussi la page : La participation de la police française aux arrestations de Juifs, avec les instructions du même Hennequin aux agents de police.

     

     

     

    Une rafle réalisée par la police française

     

    La rafle se déroule sur deux jours, les 16 et 17 juillet 1942.

     

    Main dans la main
    Main dans la main, le SS et le policier français.

    En fait, seule la police française et quelques officiers nazis seront dans les rues, les soldats allemands ont presque disparu de la circulation durant deux jours. Ils laissent faire leurs amis policiers français.
    Les policiers français, dès l'aube, frappent à la porte des appartements où on leur a dit d'arrêter les Juifs. Ils les conduisent ensuite vers des autobus. De là, ils sont emmenés au Vélodrome d'hiver.
     

     

    Lettre de Marie Jelen annonçant à son père son arrestation
    Lettre de Marie Jelen annonçant à son père son arrestation.

    Pour consulter l'ensemble de la correspondance de cette petite fille, voir les pages qui lui sont consacrées.

     

     

     

    Le vél' d'hiv'

     

    Le Vélodrome d'hiver, en abrégé « Vél' d'hiv' », était comme son nom l'indique une piste pour des courses de vélos, dans un stade couvert.
    C'est là, dans les gradins, que furent emmenés les Juifs arrêtés. Le lieu fut choisi parce qu'il pouvait contenir un grand nombre de personnes.

     

    Le vélodrome, par Brassai Le vélodrome, par Brassai
    Le vélodrome d'hiver, photographié, avant la guerre par Brassai, un grand photographe

     

    La seule photo du vel' d'hiv'




    Les autobus utilisés à Paris lors de la rafle du Vél'd'hiv, les 16 et 17 juillet 1942, stationnés le long du
    Vélodrome d'Hiver.

    C'est l'unique photo retrouvée dans les archives de presse. La censure interdit sa publication en juillet 1942.

     

    Combien ?

     

    3031 hommes, 5802 femmes et 4051 enfants ont été arrêtés à Paris les 16 et 17 juillet. Au total : 12.884 Juifs étrangers.
    Il manque évidemment un certain nombre d'hommes. Certains, prévenus par une rumeur, ont rapidement quitté leur domicile le 15 juillet au soir ou le 16 au matin. Mais ils ne s'attendaient pas à ce que la police française arrête des femmes et des enfants...
    Il y a une certaine déception chez les nazis et les policiers français : le chiffre de 15.000 Juifs était "espéré".

     

    Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande

     

    Après le Vél' d'hiv', les Juifs arrêtés sont conduits d'abord à Drancy. De là, les Juifs sont déportés vers le camp d'Auschwitz où la plupart d'entre eux sont exterminés.
    Certains sont aussi conduits aux camps de Beaune-la-Rolande ou de Pithiviers, avant d'être à leur tour déportés vers Auschwitz. (Lire là-dessus les dernières lettres de Marie Jelen, envoyées de Pithiviers)
    Au cours des mois de juillet et d'août, les convois se succèdent très rapidement : 20 convois entre le 19 juillet et le 30 août 1942.


    Date, en 1942 N° du convoi Camp de départ Destination du convoi Nombre de déportés

    19. 7

    7

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    999

    20. 7

    8

    ANGERS

    AUSCHWITZ

    827

    22. 7

    9

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    996

    24. 7

    10

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    27. 7

    11

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    29. 7

    12

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1001

    31. 7

    13

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1049

    3. 8

    14

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1034

    5. 8

    15

    BEAUNE-LA-ROLANDE

    AUSCHWITZ

    1014

    7. 8

    16

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1069

    10. 8

    17

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1006

    12. 8

    18

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1007

    14. 8

    19

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    991

    17. 8

    20

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    19. 8

    21

    DRANCY

    AUSCHHITZ

    1000

    21. 8

    22

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    24. 8

    23

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    26. 8

    24

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1002

    28. 8

    25

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    31. 8

    26

    DRANCY

    AUSCHWITZ

     

     

    Une rafle qui s'étend à de nombreuses communes de zone occupée

     

    Dans de nombreuses villes de la zone occupée, la rafle a lieu, en même temps qu'à Paris. A Soissons, le 17 juillet. A Dax, le 16 juillet comme en témoigne ce document :


    Billet de la main de la mère de Georges Gheldman, 16 juillet 1942

    Billet de la main de la mère de Georges Gheldman, 16 juillet 1942

     

     

    SOURCES : http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/rafle_vel_d-hiv.htm

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  • « Les justes qui m’ont aidé »

    Voici le témoignage de mon père, Jacques Natanson, sur la manière dont il fut sauvé par des religieux, bénédictins et dominicains.

    Paris-Brive

    En juin 1940, j’avais presque 17 ans et je devais passer le bac. Au lieu de cela, la session du bac ayant été annulée, j'ai quitté Paris sur le conseil de mon père, pour gagner Brive-la-Gaillarde où habitait Madame Chapelle, femme du maire radical socialiste, cliente et amie de mon père.
    Je logeai chez elle jusqu’en octobre 1941 et j’y passai mon bac, à l’école Bossuet.
     

    Toulouse

    Je partis ensuite pour Toulouse. Le père Carrié, un dominicain qui avait été mon aumônier scout, m’introduisit au couvent des dominicains de Toulouse, où je fus logé et étudiais à l’Institut catholique.
    Novembre 1942, les Allemands envahissent la zone sud. Je les vois encore débouler avec leurs chars dans les rues de Toulouse.
    A ce moment intervint le père Dupuy, prieur provincial des dominicains de la province de Toulouse. Il m’explique : Bien que chrétien, vu mon origine, étant donné ce qu’on sait du comportement des Allemands vis à vis des Juifs, je ne suis plus en sûreté dans la zone sud sous occupation allemande.
    Il m’apporte une fausse carte d’identité, au nom de Gilles Valleteau, sur laquelle je colle ma photo. C’est en fait une vraie-fausse carte. Il existait bien un Gilles Valleteau né quelque part en Auvergne, un peu plus vieux que moi. C’était un moine de l’abbaye bénédictine d’En-Calcat, dans le sud du massif central. Ce moine, ayant fait vœu de stabilité comme tous les bénédictins, ne quittait pas son couvent. J’ai pu bénéficier de son identité jusqu ‘à la libération. Il a donc contribué à ma sécurité ainsi que les responsables de l’Ordre bénédictin. Si on m’avait demandé mon identité et qu’on ait cherché à la vérifier, il existait bien un Gilles Valleteau.


    L'Institut Catholique de Toulouse
    L'Institut Catholique de Toulouse

    Il prêta son identité

    Gilles Valeton est né à Bergerac (Dordogne) le 27 avril 1919, entré au monastère en novembre 1937. Il émit ses premiers voeux religieux au monastère bénédictin d'En-Calcat, le 1er février 1939. Il fut mobilisé le 23 novembre 1939 et démobilisé le 19 septembre 1941.
    Gilles Valeton
    Gilles Valeton en 1939 ou 1940

    En septembre 1942 il fut envoyé à la fondation bénédictine de Madiran, dans les Pyrénées, qu'il quitta au bout de quelque temps. C'est là qu'il fut en contact avec le prieur des Dominicains de Toulouse qui communiqua son nom à mon père pour se faire faire une fausse carte d'identité.
    Après la guerre, il n'est pas resté moine et il est décédé en 1984.
     

    Saint-Maximin

    Quelques jours après, le père Dupuy me fit prendre avec lui le train Toulouse-Marseille. A Marseille nous avons pris le car pour Saint Maximin, localité où se trouvait le couvent d’études des dominicains de la province sud. Saint Maximin se trouvait dans la zone d’occupation italienne où il n’y avait pas de danger pour les juifs qui furent nombreux à s’y réfugier. J’y fus accueilli par le père de Bienassis, père hôtelier du couvent. J’y séjournais avec d’autres « hôtes » aussi longtemps que la zone fut occupée par les Italiens.
    Comme c’était un couvent d’études supérieures pour les futurs dominicains, je pus en profiter pour suivre les cours de philosophie et de théologie. Ce que j’étudiais ainsi devait constituer pour moi un acquis important lorsqu’après la libération je revins à Paris pour étudier la philosophie à la Sorbonne. A Saint Maximin l’enseignement s’inspirait surtout de la philosophie de Saint Thomas d’Aquin, mais nous avions aussi des cours sur la philosophie moderne.
    Nous ne l’avons appris que peu à peu, le père de Bienassis était, avec le maire communiste de Saint Maximin, un des chefs de la résistance dans cette région. Le maire fut arrêté et torturé et ne dut son salut qu’à l’arrivée des troupes alliées en juillet 1944.
    Une certaine ambiguïté régnait. Un autre dominicain qui faisait office de curé de la paroisse était plutôt collaborationniste et apostrophait en chaire pour les injurier les avions qui survolaient la ville.







    Le couvent de Saint-Maximin
    Le couvent de Saint-Maximin

    La Sainte-Baume

    Cette situation dura jusqu’en octobre 1943. Mais alors, les alliés ayant débarqué en Italie, le régime fasciste de Mussolini s’effondra. Et du coup les Allemands occupèrent la zone italienne. Les jeunes gens furent envoyés en Allemagne au service du travail obligatoire, y compris les jeunes dominicains. Les supérieurs jugèrent alors que je n’étais plus en sécurité à Saint Maximin. Ils m’envoyèrent à une cinquantaine de kilomètres à la Sainte Baume, une résidence à eux dans la montagne, habituellement consacrée à un pèlerinage en l’honneur de Sainte Marie Madeleine. Cette résidence, à l’orée d’une forêt dans la montagne, était habitée par deux religieux.
    Le massif de la Sainte-Baume
    Le massif de la Sainte-Baume

    Les dominicains pensaient qu’il n’y avait guère de chance que les Allemands viennent par là. Le cas échéant j’aurais pu me cacher dans le maquis voisin.
    De fait on ne vit jamais un Allemand dans la montagne de la Sainte Baume jusqu’au débarquement des Alliés. Je passais là une année studieuse grâce à la bibliothèque de la résidence.
    C’est à la Libération que je pus regagner Paris. Il n’y avait plus comme famille que mon oncle Albert et ma tante Hilda. J’appris ce qui était arrivé à mon père, ma sœur, mon oncle Julien, ma tante Jeanne et mon cousin Erwin.

    Jacques Natanson
    Dans la massif de la Sainte-Baume
    Dans le massif de la Sainte-Baume

    L'hôtelleire de la sainte-Baume
    L'hôtellerie de la Sainte-Baume
    Jacques Natanson entreprit, après la guerre, des études universitaires de philosophie. Il soutint sa thèse de doctorat sur "La mort de Dieu", dans les années 60, devint professeur de philosophie à l'Université de Rouen, puis de Sciences de l'Education à l'Université de Paris X - Nanterre.
    Avec sa femme Madeleine, il collabore aujourd'hui à plusieurs revues et publie régulièrement, en particulier sur l'articulation entre psychanalyse et éducation. Ils travaillent actuellement tous deux à un livre sur la transmission.

    Bibliographie :

    • La révolution scolaire(avec Antoine Prost), Editions ouvrières, 1965
    • Avenir de l'Education, Editions de l'Epi, 1972
    • L'enseignement impossible, Editions universitaires, 1973, réédition Matrice, 2003
    • La mort de Dieu, PUF, 1975
    • Psychanalyse et rêve éveillé, Ecouter l'image (avec Madeleine Natanson), L'Harmattan, 2001

    Voir aussi le destin du père de Jacques Natanson, Aron Natanson,
    de sa soeur, Miryam (Mireille) et d'autres membres de sa famille.

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  • Quelques "Justes" en France

    Qui sont ces Français qui ont caché des Juifs ?
    Voici quelques-unes de ces trajectoires humaines

    Un couple d'enseignants (Paris)

    Jean Allard, professeur de latin au lycée Louis-Le-Grand à Paris, voulut sauver deux jeunes Juifs polonais, Louise Fligelman, âgée de quatorze ans, et son frère Richard. Devenus orphelins en 1935, les deux Fligelman étaient partis de Varsovie habiter chez leur oncle et leur tante en France ; ils fréquentaient une école secondaire de Niort, la ville natale d'Allard. Particulièrement brillant en latin, Richard fut présenté au concours général où il obtint le premier prix. Il le reçut des mains de son examinateur : Jean Allard. Un peu plus tard, Richard fut arrêté et interné à Drancy avec toute sa famille. L'oncle et la tante furent déportés vers l'Est ; Richard et sa sœur furent placés rue Lamarck à Paris dans un centre pour enfants juifs contrôlé par la police française. Allard y rendit visite à Richard et lui proposa de l'en faire sortir en cachette pour le faire passer en zone sud. Richard répondit qu'il n'acceptait qu'à condition que sa sœur l'accompagne. Pendant qu'Allard faisait les préparatifs nécessaires, Richard fut renvoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz - dont il ne revint pas. Allard et sa femme décidèrent alors de ne pas abandonner la sœur de Richard, Louise, désormais seule au monde.. Ils lui donnèrent la carte d'identité de Louisette Fournier, une jeune fille plus âgée ; puis, au mépris du grand danger qu'ils couraient eux-mêmes, la firent sortir en cachette du centre Lamarck en mars 1943, avec l'assistance d'amis de la Résistance. Ils la conduisirent au couvent du Sacré-Cœur-de-Marie dans le XIIe arrondissement à Paris. Ensuite, ils s'adressèrent à Louise Fontaine, directrice de l'établissement secondaire pour jeunes filles de Vincennes, lui demandant d'inscrire Louise Fligelman pour l'année scolaire commençant en octobre 1943, afin de lui permettre de poursuivre ses études. Ce devait être le début d'une profonde et durable amitié, car après la Libération, la directrice accueillit Louise dans son foyer et devint pratiquement sa mère adoptive. Louise, qui était arrivée au couvent avec pour tout bagage les vêtements qu'elle portait, y resta environ six mois, les Allard assumant tous les frais de son entretien et de ses autres besoins.
    Le 12 mars 1996, Yad Vashem a décerné à Jean et Marguerite Allard le titre de Juste des Nations.(Dossier 7043a)
    Jean Allard
    Jean Allard
    Marguerite Allard
    Marguerite Allard

    Une épicière (Carcassonne)

    Lorsque les Allemands occupèrent Paris, la famille Dreyfus - Madeleine, qui était veuve, et ses trois fils (nés en 1929,1933 et 1936) ainsi que sa tante - se sauvèrent à Carcassonne, dans le département de l'Aude, c'est-à-dire dans la zone non occupée. Madeleine Dreyfus se lia d'amitié avec Juliette Bazille, propriétaire d'une épicerie située à une centaine de mètres de l'appartement loué par les Dreyfus. Juliette ne savait pas très bien ce qu'était un Juif, n'en ayant jamais vu avant la guerre. Pour elle, ces réfugiés qui venaient faire leurs achats dans son magasin étaient des êtres humains comme les autres. Lorsque les Allemands entrèrent en zone sud en novembre 1942, Juliette devint membre d'un groupement local de la Résistance. Sa tâche était d'autant plus difficile que son mari, lui, collaborait avec l'occupant. Elle dut donc faire preuve de la plus grande prudence dans ses activités clandestines comme dans l'aide qu'elle apportait à des gens comme les Dreyfus. Elle trouvait des élèves à Madeleine, qui gagnait ainsi de quoi faire vivre sa famille, en donnant des leçons particulières en diverses matières. Juliette Bazille lui fit connaître des enfants dont les parents pouvaient payer en nourriture car ils avaient les moyens et les contacts nécessaires. Elle invitait aussi la jeune femme et ses enfants chez elle; les garçons jouaient avec ses fils et Madeleine avait à qui parler... Au début de l'année 1943, Juliette apprit, par ses contacts dans la résistance, que les Allemands s'apprêtaient à arrêter et déporter les Dreyfus vers l'est. Elle se hâta de leur procurer de faux papiers et les cacha lorsque les gendarmes vinrent les arrêter.
    Les Dreyfus purent ensuite partir pour Vacquiers, village situé à une centaine de kilomètres de Carcassonne, et furent ainsi sauvés. Ce n'est qu'après la Libération qu'ils rencontrèrent à nouveau la femme courageuse à qui ils devaient la vie. Les Dreyfus rentrèrent à Paris mais restèrent en contact avec Juliette Bazille jusqu'à sa mort.
    Le 23 mars 1995, Yad Vashem a décerné à Juliette Bazille le titre de Juste des Nations. (Dossier 6506)
    Juliette Bazille
    Juliette Bazille

    Un officier de gendarmerie (Riom)

    Maurice Berger, officier de gendarmerie à Riom dans le Puy-de-Dôme, faisait partie de l'Organisation de résistance de l'armée (ORA). Il ne ménageait pas ses efforts pour sauver les Juifs. La famille Herz avait fui l'Allemagne en 1934 pour chercher refuge en France avec leur fils Herbert, qui n'était alors qu'un enfant. Ils s'installèrent d'abord à Dijon, puis, après la défaite en 1940, ils passèrent en zone sud non occupée et furent assignés à résidence à Châteauneuf-les-Bains. Herbert était pensionnaire à Riom.
    Après avoir passé son baccalauréat, il rentra chez ses parents en juillet 1942. Dans la soirée du 26 août, la police française se présenta au domicile de nombreux Juifs de Châteauneuf et en arrêta plusieurs ; les Herz furent épargnés. Ce jour-là, Herbert s'était rendu à bicyclette à Riom pour renouveler sa carte d'identité. Sur le chemin du retour, il fut interpellé par la police et conduit au commissariat de Riom. Il était légèrement vêtu, et on lui permit de téléphoner à ses parents pour demander une valise de vêtements. Le commissariat ne disposant pas de cellules pour garder les prisonniers la nuit, le jeune homme fut conduit, à pied et poussant sa bicyclette, jusqu'au poste situé dans le centre ville. Passant devant une boulangerie, Herbert demanda la permission de s'acheter du pain. Le boulanger le reconnut, comprit la situation et lui vendit du pain sans lui demander de tickets d'alimentation. Peu après l'arrivée du jeune prisonnier au poste de police, le commandant le fit venir et lui déclara: «Jeune homme, je vais vous libérer. Vous allez complètement oublier où vous avez passé la soirée. N'en parlez à personne. Partez, et que je ne vous revoie plus. » Herz sauta sur sa bicyclette et rentra chez lui. Le commandant était Maurice Berger; il venait de recevoir un coup de fil du directeur de l'école du jeune Juif, qui avait appris par le boulanger que son élève avait été arrêté.
    En décembre de la même année, Berger sauva également - au mépris des ordres de ses supérieurs - la vie de huit membres de la famille du tailleur Wasjbrot qui s'étaient enfuis de Paris et avaient trouvé refuge dans la petite localité de Davayat, dans le Puy-de-Dôme. Il les fit prévenir par sa secrétaire qu'une rafle de tous les Juifs du village devait avoir lieu le lendemain matin.
    Les Allemands découvrirent le nom de Berger et de dix-huit de ses camarades sur des listes de membres de la Résistance trouvés lors d'un raid sur un quartier général clandestin de l'organisation. Arrêté, Berger fut déporté à l'est. Brisé par les tortures physiques et morales subies dans des camps de Tchécoslovaquie et de Pologne, il mourut du typhus le 27 avril 1945 au camp de Flossenburg, vingt-quatre heures seulement avant la libération de son camp par les Alliés.
    Le 12 mars 1996,YadVashem a décerné à Maurice Berger le titre de Juste des Nations. (Dossier 7042)
    Maurice Berger
    Maurice Berger

    Un Jésuite, fondateur de "Témoignage Chrétien" (Lyon)

    Pierre Chaillet, père jésuite de Lyon, fit de grands efforts pour persuader les catholiques qu'il fallait porter assistance aux détenus des camps du sud de la France. Commentant l'inaction de
    l'Église catholique, il déclara : « On constate douloureusement que l'œuvre d'assistance dans les nombreux "camps d'internement" et auprès des réfugiés est pour ainsi dire totalement accomplie par les grands comités protestants et Israélites.» En 1941, il lança un journal clandestin nommé Les Cahiers du Témoignage chrétien. Le premier numéro, avec un grand titre « France, prends garde de ne pas perdre ton âme », fut tiré à cinq mille exemplaires. En 1942, quatre nouveaux numéros sortirent, chacun comptant vingt pages, et le premier numéro fut réimprimé à trente mille exemplaires. Ces Cahiers étaient le seul journal chrétien clandestin en France à rejeter expressément l'antisémitisme et à répliquer à la propagande antisémite des autorités. Cet effort entrepris par le père Chaillet prit de l'ampleur à travers toute la France et se poursuivit jusqu'à la Libération. Avec le pasteur protestant Roland de Pury et d'autres, le jésuite contribua à la création de l'organisation Amitié chrétienne qui avait pour but de sauver les Juifs. Il fournit également aux réfugiés juifs de faux papiers et en aida à passe clandestinement en Suisse. À la fin du mois d'août 1942, il participa au sauvetage de cent huit enfants juifs arrachés par des membres de l'Amitié chrétienne et des organisations juives au camp de transit de Vénissieux près de Lyon.
    Sommé par le ministère de l'Intérieur de Vichy de révéler au cardinal Gerlier le lieu où se cachaient les enfants, il refusa. Il fut alors assigné pour deux mois en résidence surveillée dans un hôpital psychiatrique de Privas, à 150 km de Lyon. En février 1943, la Gestapo fit une descente dans les bureaux de l'Amitié chrétienne et arrêta tous ceux qui s'y trouvaient, y compris le père Chaillet. Placé face au mur en attendant son interrogatoire, il profita de ce répit pour avaler les documents compromettants qu'il avait sur lui. Quand il eut terminé, il se mit à protester à haute voix contre l'erreur dont il se déclarait victime, lui, « pauvre curé de village réfugié du Nord ». Il fut relâché après avoir été battu sauvagement. Sans se laisser décourager, il continua à faire campagne dans son journal pour le sauvetage des Juifs. Le père Chaillet était l'un des dirigeants intellectuels de la communauté catholique française. Alors que le cardinal Suhard, archevêque de Paris, soutenait qu'agir illégalement pour sauver des Juifs constituait « une violation grave des préceptes de l'éthique personnelle et collective », le jésuite soutenait, lui, que « sauver une personne innocente ne constitue par un acte de rébellion mais plutôt l'obéissance aux lois non écrites du droit et de la justice ».
    Le 15 juillet 1981, Yad Vashem a décerné au père Pierre Chaillet le titre de Juste des Nations.(Dossier 1770)
    Pierre Chaillet
    Pierre Chaillet

    Le premier numéro du journal clandestin "Témoignage Chrétien"
    Le premier numéro du journal clandestin "Témoignage Chrétien"

    Un Américain au secours des artistes (Marseille)

    Sans moyens ni soutien, un américain de 33 ans, Varian Fry, sauve en 1940 et 41 dans le midi de la France plus de 1.500 personnes, dont des artistes et intellectuels menacés par les nazis comme Marc Chagall, Max Ernst, André Breton, André Masson et Hannah Arendt. Dans le livre La liste noire, il raconte son exceptionnelle aventure. L'ouvrage a été publié, dans l'indifférence générale, en 1945 aux Etats-Unis mais était inédit en France.
    Mort en 1967 à l'âge de 59 ans, Fry est l'un des héros les plus méconnus de la seconde guerre mondiale, comparable à Raul Wallenberg ou Oskar Schindler. Figure légendaire en Israël, il est depuis 1996 le premier américain à être reconnu comme "Juste" par l'état hébreu. Fils d'un agent de change new-yorkais, cet élégant diplômé de Harvard débarque à Marseille en juin 40, mandaté par une organisation humanitaire, "Emergency Rescue Committee". Des centaines de personnes, dont de nombreux artistes, intellectuels et scientifiques, espèrent émigrer vers le Portugal, le Maghreb ou l'Amérique. Fry se démène auprès de l'administration pétainiste, des consuls amis et des sympathisants pour leur obtenir passeports, visas et logements. Aidé notamment par de riches mondaines et des étudiants, il embauche des trafiquants, organise un réseau de contrebande, fait évader des soldats anglais de la France occupée, dénonce les camps d'internement, monte des filières et organise des réseaux d'évasion à travers la montagne.
    Il est expulsé en août 1941 par Vichy, accusé de "protéger les juifs et les anti-nazis", et attendra 26 ans pour que le gouvernement français lui rende hommage, en 1967, en le faisant chevalier de la Légion d'Honneur. Il finira ses jours dans l'indifférence même d'une bonne partie de ceux qui lui doivent la vie. « Les gens ne comprennent pas, cela ne les touche pas plus qu'un tableau de statistiques. Ils n'ont pas vu, pas entendu, pas senti, alors ça ne les émeut pas », dit-il dès son retour aux Etats-Unis en 1941. Il est écoeuré par la politique des visas du département d'état qui a virtuellement fermé la frontière aux persécutés de toute l'Europe. « Je me suis battu contre des enjeux énormes, ce dont, malgré la défaite finale, je crois que je pourrai toujours être fier », écrit-il à cette époque. Mais il paye cher ce sentiment : « j'aimerais oublier ce regard (d'une réfugiée). Ne serait-ce que cinq minutes. Je mérite ce maigre répit. Mais je n'y arrive pas ».

    Le 21 juillet 1994, Yad Vashem a decerné à Varian Fry le titre de Juste des Nations (Dossier 6150).
    Varian Fry
    Varian Fry
       

    Et les militants communistes ?

    On notera dans cette page une sous-représentation des militants communistes et trotskistes. Pourtant, leur rôle fut important dans la résistance à l'occupant et, plus concrètement, dans la protection de famille juives. Il s'agissait souvent de militants juifs, nombreux au parti communiste et dans la résistance, nombreux aussi chez les trotskistes.
    Pourquoi cette sous-représentation ?
    D'abord, parce que les communistes et les trotskistes n'ont rien demandé. Leur activité de sauvetage des militants et de leurs familles allait de soi ; elle faisait partie des tâches ordinaires de l'activité résistante. Il ne convenait pas de singulariser les Juifs, des "communistes comme les autres".
    D'autre part, les autorités israéliennes n'ont pas particulièrement tenu à valoriser les militants communistes et trotskistes, souvent hostiles à la politique sioniste. La notion de "Juste parmi les nations" a une origine religieuse. Il s'agit de remarquer, dans les autres religions, les individus qui se sont sentis solidaires des Juifs, malgré la différence religieuse. Il y a des syndicalistes et des communistes parmi les "Justes" de France ; cette appartenance est rarement indiquée par les rédacteurs des notices.



    Bibliographie :

    • Israël Gutman (dir.), Dictionnaire des Justes de France, Yad Vashem, Jérusalem, Fayard, Paris, 2003
    • Martin Gilbert, Les Justes, les héros méconnus de la Shoah, traduit de l'anglais, Calmann-Lévy, 2004
    • Philippe Boegner, « Ici, on a aimé les Juifs », récit, J.-C. Lattès, 1982



    Voir aussi :
    Les Dominicains de la Sainte-Beaume,
    le "Père des juifs"
    Justin Godart, un Juste, mon grand-père...
    Retour au sommaire : Les Justes

    SOURCES : http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/justes_en_france.htm


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    La rafle du Vel d'Hiv

    HISTOIRE ...

    Les 16-17 juillet 1942 s'est déroulé la rafle du Vélodrome d'Hiver soit la plus grande rafle de juifs en France lors de la Seconde Guerre Mondiale.

     

    Cette rafle est mise en place par l'Opération "Vent printanier" organisée par les Nazis (et sous le commandement de Eichmann) afin de coordonner la plus grande rafle possible daans plusieurs pays à la fois.

      

    En France le régime de Vichy mobilise la Police Nationale et la Gendarmerie soit environ 9000 uniformes rien que sur Paris.

     

    Le secrétaire Général de la Police nationale René Bousquet et Louis Darquier de Pellepoix Commissaire Générale aux questions juives sont chargés par la Gestapo de mettre en place tous les moyens pour cette opération, notamment en se servant du

    Fichier Tulard ; ce fichier regroupe le dernier recensement des juifs depuis 1940.

     

    Lors d'une réunion de planification René Bousquet n'exprime qu'une inquiétude sur le fait que les policiers français doivent arrêter les juifs français ; un accord est trouvé et la Police française ne s'occuperait que des juifs étrangers.

      

    Les Nazis prévoient l'arrestation de 22000 juifs étrangers sur le grand Paris, de tous âges mais des dérogations pourront être établies pour les grosses avancées et les mères allaitant leur petit.

     

     

    http://a4.idata.over-blog.com/299x223/0/17/37/47/veldhiv2.jpg

      

    Les enfanst de moins de 16 ans ne devaient pas être sur les listes afin de continuer à faire croire aux départs pour l'Allemagne pour travailler .

      

    Mais Pierre Laval fit modifier cette clause pour cause "humanitaire", pour ne pas séparer les familles ; il fut prouvé que ses enfants étaient déjà des enfants de déportés, Laval désirait surtout se débarasser d'enfants qui, de toute façon, n'avaient plus de famille.

      

    Sous les ordres de Pierre Laval le plus jeune des déportés pour Auschwitz n'avait que 18 mois.

     

    Le 13 juillet 1942 une circulaire de la Préfecture de Police ordonne l'arrestation et le rassemblement de 27391 juifs étrangers habitant en France. Mais étant trop proche du 14 juillet les autorités décidèrent de repousser de quelques jours.

     

    http://anidom.blog.lemonde.fr/files/2011/01/veldhiv-12477354461.1296240095.jpeg

    A la fin de la journée du 17 juillet 1942 les chiffres de la Préfecture indique

      

    13 152 arrestations dont 4115 enfants.

     

    Une partie est envoyée dans des camps à Drancy (photo ci-dessous Pétain visite Drancy en 1942), Compiègne, Pithivier et Beaune-La-Rolande et une autre partie (environ 7000) sont parqués au Vélodrome d'Hiver.

     

    Situé dans 15ème arrondissement de Paris les 7000 personnes doivent survivre pendant 5 jours sans nourritures (ou si peu), sans hygiène et avec un éclairage puissant jour et nuit. Nombreux sont les morts parfois en tentant une évasion parfois en se suicidant.

    Seuls 3 médecins et une dizaine d'infirmières sont autorisés à intervenir.

     

     

    http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2010-10/2010-10-04/article_petain.jpg

    Après ces 5 jours de calvaire les survivants sont envoyés également dans les camps de transit avant d'être envoyés à Auschwitz.

     

    Sur les 13152 juifs déportés seuls 25 adultes et quelques enfants survivront.

     

      

    La rafle du Vel d'Hiv entraine une fracture forte dans l'opinion française. En effet jusqu'ici la grande majorité était indifférente ou attentiste. La rafle réveille les conscience et fait basculer les citoyens... Les uns choisissent la Résistance mais les autres font l'inverse en devenant collabos et/ou anti-sémites. Dans les têtes les opinions sont en ébullitions pour le meilleur mais aussi pour le pire.

      

      

    Exposition  C'était des enfants

      

    CINEMA ...

    La rafle du Vel d'Hiv est un thème assez rare au cinéma. Si 39-45 est une époque très présente dans le cinéma ce fait précis est lui plus rare.

    Les Guichets du Louvrehttp://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/65/57/98/18871996.jpg

    "Les guichets du Louvres" (1974) de Michel Mitrani ...

      

    Un jeune étudiant, Paul, apprenant de l'imminence de la rafle dans les heures qui viennent se rend au quartier Saint-Paul pour tenter de prévenir un maximum de monde. Il rencontre alors Jeanne, une jeune juive, et tente de la sauver en traversant la rive gauche.

      

     

     

    Monsieur Kleinhttp://blog.slate.fr/sagalovitsch/files/2012/01/i_10240_1228034349_monsieur_klein_1975_diaporama_portrait.jpg

      

      "Monsieur Klein" (1976) de Joseph Losey ...

      

    Robert Klein est un homme qui rachète à petit prix des oeuvres de toutes sortes aux juifs. Il apprend qu'il a un homonyme. Il apprend que cet homyme est un résistant juif et donc inscrit au fichier de la préfecture. Se sentant menacé et en même temps désireux de connaitre cet homme il part à sa recherche... Nous sommes le 17 juillet 1942...

    Intérêt historique : Note film :

     

     

      

      

    "La rafle" (2010) de Rose Bosch ...

      

    On suit le destin de plusieurs personnes pendant les évènements de la rafle du Vel d'Hiv ; enfants, femmes et hommes juifs mais également infirmière, docteur... Premier film qui traite la reconstitution historique.

    Intérêt historique : Note film :

     

      

      

    "Elle s'appelait sarah" (2010) de Gilles Paquet-Brenner ...

      

    Une journaliste américain, Julia, qui vit en France depuis de nombreuses années enquête sur un épisode de la rafle du Vel d'Hiv.

     

    Lors de son enquête elle fait la connaissance de Sarah qui avait 10 ans à l'époque des faits... Une rencontre qui va dévoiler une secret de famille et qui va bouleverser

     

     

     

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  • debarquement de Normandie
      
      
    Hors de l’abri du Cotentin, ce furent quatre heures de cauchemar, les hommes se battaient contre la mer déchaînée avec l’énergie du désespoir. Alors que les plus gros vaisseaux avaient du mal à maintenir leur position dans une mer très forte, les petits bateaux, plats et instables, se trouvèrent d’un seul coup soumis à toute la violence du noroît par des creux de 2 mètres ;
     
    ils se remplissaient plus vite que leurs pompes ne pouvaient les vider.
      
    Quelques navires porteurs avaient confié à la mer des péniches déjà chargées ; mais d’autres avaient d’abord mis à l’eau les L.C.I. vides, puis tentaient d’y transborder les hommes.
    Ce fut un incroyable supplice pour ces hommes malades qui essayaient de sauter dans ces esquifs tanguant et roulant bord sur bord.
     
    Dès leur mise à l’eau, dix péniches coulèrent bas et 300 hommes dans l’obscurité, soutenus par leur gilet de sauvetage, tentèrent de survivre ; des équipements, des débris de toute sorte et même des engins privés de direction les heurtaient, ajoutant au danger. 
     
    Dans quelque 200 péniches, des hommes, abrutis par le mal de mer, trempés, raidis par le froid, qui, quelques instants plus tard, devraient se lancer à l’assaut d’un ennemi retranché, au-delà d’une plage battue par un feu d’enfer, ces hommes devaient aider l’équipage à maintenir à flot leur bateau, en écopant à coups de casque l’eau embarquée.
      
      
     
    Omaha beach
    les plages de Normandie le 6 juin 1944
    la Noemandie en juin 1944
      
      
    Enfin, au bord de l’épuisement physique et nerveux les forces d’assaut approchèrent du rivage et leurs engins manœuvrèrent pour l’échouage final. Mais ces hommes de l’avant-garde de l’invasion étaient plus nus encore et plus seuls qu’ils ne le pensaient, si tant est qu’ils pussent encore penser. La mer les avait dépouillés de l’artillerie et des chars. Et les équipes spécialisées du génie avaient souffert autant qu’eux.
    Puis les rampes s’abaissèrent et ce fut le désastre.
      
    Aucun débarquement n’eut lieu à pied sec. Les bateaux d’assaut et les L.C.V.P., les L.CM. plus gros, s’immobilisèrent sur les bancs de sable. Les hommes avançaient dans l’eau jusqu’aux genoux, jusqu’à mi-corps, jusqu’au cou, fouaillés par le vent, les éclats d’obus, les balles de mitrailleuse.
      
    Quelques groupes pataugèrent jusqu’à la plage, où, effrayés par ce qui leur paraissait leur solitude dans ce désert de sable, aveuglés, ils ne surent que faire. Les autres, plus nombreux, furent pris dans un enfer d’explosions ; des munitions ou des charges d’explosifs du génie, touchés par des coups directs, sautaient.
      
     
    Omaha Beach le 6 juin 1944
    la liberation le 6 juin 1944
    soldats americains sur la plage d'Omaha Beach le 6 juin 1944
      
      
    Malgré tout, et avant que les destroyers de l’escadre fussent venus tout près de la côte, à 1 000 mètres à peine, attaquer les points d’appui, dans un effort désespéré, un semblant d’ordre avait été rétabli dans ce chaos et les hommes, à la limite de la résistance physique, se redressaient, relevaient la tête et commençaient à lutter pour autre chose que leur propre vie.
      
    Tous avaient payé un prix terrible le refus par le général Bradley (à gauche avec le A) des chars spécialisés que Montgomery lui avait offerts ;
    ces chars étaient vraiment les ouvre-boîtes de la Normandie.
      
      
    SOURCES :
     
      
      
      
      
     
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  •   

      

    [6 juin 1944]

    En préparation à une vaste opération d'encerclement, 110 bateaux de la Marine royale canadienne et 33 escadrilles de l'Aviation royale canadienne participent au débarquement en Normandie. En tout, 130 000 hommes, dont 15 000 Canadiens, qui se déplacent à bord de 7 000 embarcations, prennent part à cette opération baptisée «Overlord», dont le but consiste à établir la présence alliée en sol français.

    Parmi les milliers de soldats canadiens qui entrent en action, soulignons plusieurs régiments à forte concentration canadienne-française dont les Fusiliers Mont-Royal, le Régiment de Maisonneuve et le Régiment de la Chaudière. Un témoin du débarquement, Gérard Bouchard, raconte: «Pendant la traversée vers l'Angleterre, on n'avait pas tellement peur. La discipline était forte. Les bateaux et les avions qui nous escortaient nous rassuraient. J'ai participé au débarquement de Normandie, le 6 juin 1944.

      

    Cela faisait soixante jours que l'on se faisait réveiller la nuit pour «pratiquer». Quand on est parti, on ne savait pas que c'était la vraie attaque. Au milieu de la Manche, ils nous ont dit que c'était pour vrai et «bonne chance». On a serré les dents!...Le débarquement était fait sur une base de «sauts de grenouilles». On débarquait, on devait courir 1000 pieds puis se creuser une tranchée de l'épaisseur de notre corps. Une deuxième vague passait par-dessus nous autres puis faisait pareil. Les bateaux de guerre pilonnaient le terrain en avant de nous pour nous protéger. Une troisième vague faisait la même chose puis on recommençait. On a gagné le terrain pas par pas. C'était l'enfer!» Au prix de nombreuses vies humaines, les Canadiens progresseront de quelques dizaines de kilomètres quelques jours à peine après le débarquement.

      


    En référence: Pierre Vennat, Les Héros oubliés, l'histoire inédite des militaires canadiens-français de la deuxième guerre mondiale, Montréal, Éditions du Méridien, 1998, 550 p. (citations extraites de) Danielle Dion-McKenna et Pierre Lalongé, Notre histoire, Montréal, Éd. du renouveau pédagogique, 1984, p.256. Don Gilmour, Achille Michaud, Pierre Turgeon, Le Canada: une histoire populaire de la Confédération à nos jours, Saint-Laurent, Fides, 2001, p.204-206.
     
      
    En complément: C. P. Stacey, Les Canadiens dans la bataille de Normandie : la participation de l'armée canadienne aux opérations du 6 juin au 1er septembre, 1944, Ottawa, L'Imprimeur du Roi, 1946, 159 p. J.L. Granatstein, A Nation Forged in Fire: Canadians and the Second World War 1939-1945, Toronto, Lester & Orpen Dennys, 1989, 287 p. John A. English, The Canadian Army and the Normandy Campaign: a Study of Failure in High Command, New York, 1991, 347 p. Bill McAndrew, Normandie 1944; l'été canadien, Montréal, Éditions Art global, 1994, 162 p. C.P. Stacey, L'Armée canadienne 1939-1945, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1949, 364 p. W.A.B. Douglas, Out of the Shadow: Canada in the Second World War, Toronto, Oxford University Press, 1977, 288 p. Farley Mowat, The Regiment, Toronto, McClelland & Stewart, 1973
      
      
      
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  •    La résistante flérienne Paulette Duhalde deviendra vendredi la marraine de la promotion 2011 des inspecteurs de sécurité défense et de sûreté Navale.

      

     La 2ème Guerre Mondiale

     

    JOJO ou l'histoire de Paulette DUHALDE

      par Paul LABUTTE
       
     
       
     

    O mes parents adorés, pardonnez-moi d'avoir pensé à mon pays avant d'avoir pensé à vous.

    O mes parents adorés, pardonnez-moi
    d'avoir pensé à mon pays avant
    d'avoir pensé à vous.

    Notre liberté future et la vie
    de la nation doivent s'acheter par
    de tels sacrifices

       
     
     

    eli, Helo !...
    Flers, comme la moitié de la France, doit vivre à l'heure allemande.

     

     

    Ses rues retentissent du bruit cadencé des bottes et des chants de l'Occupant.
       
     

    La cité humiliée sent peser sur son âme une morne tristesse. La plupart des foyers comptent un père ou un fils prisonnier dans quelque stalag lointain. Le pain et les provisions sont soumis à la carte et aux tickets. Les nouvelles deviennent rares. Le soir, les volets clos, on écoute la radio anglaise très tôt, les postes seront interdits et confisqués. La Résistance tisse sa toile dans l'ombre, mais les divers réseaux flériens ou normands ne sont pas coordonnés et même, semble-t-il, pour la plupart, s'ignorent.

    Depuis février 1941, Paulette Duhalde, 19 ans et demi, qui vient de quitter, provisoirement la Banque de France, de Flers, et d'entrer aux Ets Warein, rue Simons, fait partie, à l'insu de ses parents, du service des renseignements de l'Air, dont l'un des chefs est le capitaine Rupied et dont les filières aboutissent à Paris et à Londres, "au 2e bureau français". (S. R. Air 40.)

    A regarder passer la jeune fille, vive, souple, gracieuse, espiègle, les Occupants de Flers ne se doutent pas qu'elle est un redoutable agent secret, un combattant sans armes qui aura officiellement le grade de sous-lieutenant des Forces françaises de l'intérieur.

    Heli, helo!

    Un soir, Paulette apprit, par un cheminot flérien, que Gœring devait venir à Caen et garer son train spécial sous un tunnel de la Suisse Normande.

     

    C'était un renseignement à transmettre le plus rapidement possible à Paris et à Londres.

     

    Mais, on ne pouvait téléphoner librement.

     

    Qu'à cela ne tienne ! Paulette, avec un air innocent, se rendit à la Kommandantur de Flers et demanda "Voulez-vous, s'il vous plaît, me laisser téléphoner de chez vous, car je dois prévenir un cousin que sa tante est très malade ?

     

    " Le chef de la Kommandantur, sans méfiance, autorisa la communication: Paulette put téléphoner son message conventionnel (1).

    Le plus souvent, les nombreux rapports qu'elle envoyait, portaient sur le mouvement et la situation des troupes allemandes et de leur matériel.

     

    Elle avait, à ce sujet, beaucoup de contacts avec les cheminots et recueillait d'eux d'importants renseignements.

    Elle était aussi employée à exécuter le transport du courrier secret.

     

    Plusieurs fois, ses parents furent intrigués par des voyages rapides et mystérieux qu'elle fit soudain à Vire, à Caen, à Alençon, à Paris. Plus tard, elle leur écrira de sa prison :

     

    "O mes parents bien-aimés, pardonnez-moi d'avoir pensé à mon pays avant d'avoir pensé à vous! "Sa citation à l'ordre de l'Armée soulignera " son grand courage et son magnifique esprit de patriotisme ". La médaille de la Résistance et la Légion d'honneur lui seront également décernées à titre posthume.

    Qui étaient ses huit camarades du réseau Jeanne ? Tout d'abord, Esparre, ingénieur des Ponts et Chaussées de l'Orne, qui transmettait de nombreux documents ; soupçonné, filé, il fut, de justesse, muté à Perpignan et remplacé par le lieutenant de réserve de l'Armée de l'air, Robert Jeanne, d'où le nom définitif du réseau.

    Il y avait aussi deux ingénieurs métallurgistes, Maury et Rouaud dont les bureaux servaient de boîte aux lettres ; Mme Suzanne Speisser, d'origine alsacienne, qui réussit à se glisser, dans l'administration de la base aérienne du Bourget ; la comtesse de Majo Durazzo : elle possédait un hôtel à Houlgate, ce qui lui permettait " de dresser un plan complet des organisations défensives de la côte normande et d'en suivre les variations (2) " ; Doucet, de Caen, beau-frère d'Esparre ; Henri Brunet, également de Caen. Ce dernier dirigeait, rue Saint Manvieu, un petit atelier de reproductions de plans pour ingénieurs, architectes, entrepreneurs. La rage au coeur, il avait dû accepter, sous contrainte, de travailler pour l'Etat-major allemand d'occupation ; puis, se ravisant, il avait exécuté les reproductions demandées : 4000 pièces militaires, jusqu'au 1l novembre 1942 ;

    mais les plus importantes de celles-ci, il les portait à Paris, non dans une sacoche mais dans un rouleau sous le bras, et les livrait à la Résistance. " C'est ainsi, écrit le général Pédron, dont nous venons de résumer un récit, qu'au courant des mois d'avril et de mai 1941, Henri Brunet remet à Esparre, pour le 2e bureau français, une quinzaine de plans allemands, parmi lesquels deux plans de la structure de la région côtière normande, quatre ou cinq plans des fortifications, l'organigramme d'un réseau de transmission, un plan d'évacuation de Caen et des cartes d'état-major. " A quoi s'ajoutent le plan du port de Trouville et des usines de Dives, les positions d'artillerie, la liste des noms de camouflage de la 716e division d'infanterie allemande et un organigramme de son réseau téléphonique (Ces détails seront révélés lors de son procès.)

     
       

    "Le réseau Jeanne",

    c'était un réseau sans nom, parce que l'un des premiers, peut-être le premier qui existât en Normandie.

     

    Entièrement détruit par les Allemands en 1943, ce sont probablement les renseignements qu'il fournit pendant plus de dix-huit mois, en 1941-1942, qui furent à la base des plans du Débarquement allié.

     

    Le général Eisenhower a rendu un émouvant hommage à la Résistance française. Il savait ce que les armées alliées lui devaient. Il y comprenait, bien sûr, ceux qui combattirent et se sacrifièrent dans les maquis mais certainement aussi ceux qui, plus obscurément encore, mais avec non moins d'héroïsme fournirent aux services des renseignements de ses armées, les informations de fond et de détail qui permirent d'assurer le succès.

    Que d'échecs évités, en effet, que de vies humaines épargnées par le renseignement exploitable - comme on dit dans le métier - précis, sûr et parvenu a temps.

    En Normandie, nombreux furent les réseaux qui appliquèrent leur activité à cette recherche du renseignement dans une lutte ardente et sourde, contre l'Occupant (3).

     

    Parmi tous les renseignements, affirme la comtesse de Majo, ceux fournis par Paulette Duhalde ont été très importants et très appréciés (4). Plus tard, son dossier, vu dans les bureaux de la Gestapo de Paris, portera, à l'encre rouge, cette mention: "Espionne". Et son attestation de services rendus au 2e bureau français lui donnera les notes que voici : "Particulièrement méritante et courageuse."

     

    Mais comment la petite Flérienne s'était-elle jetée dans une aussi redoutable "aventure"?

     

    Il y avait, peut-être, à la base, une question de tempérament. Par son père, M. Edouard Duhalde, Paulette avait du sang de ce peuple basque, qui, au moment de la guerre d'Espagne, avait lutté pour l'indépendance et la liberté ; par Mme Duhalde, elle était du Bocage normand et comptait, semble-t-il, des ancêtres paysans qui se battirent, du côté de Larchamp et de Saint-Jean-des-Bois avec les réfractaires et les insurgés du général de Frotté, contre les exactions de la 1re République.

    Quoi qu'il en soit, Paulette était passionnée d'histoire nationale : " C'est à la maison et à Notre-Dame, dira-t-elle, que j'ai appris à aimer la France. " Elle manifestait de l'admiration pour Napoléon le Grand. Gare à ceux, qui, devant elle, égratignaient l'Empereur !

    Adolescente, elle ne lisait pas la presse du coeur ; ses préférences allaient aux romans policiers, aux récits d'espionnage. Ce trait indique déjà un tempérament d'action. Il n'était que d'apercevoir son visage ouvert, tendu, en avant comme la proue d'un navire, son sourire avenant, son regard droit et limpide, pour remarquer qu'elle n'était pas une jeune fille repliée sur ses propres problèmes, une " introvertie ", comme disent aujourd'hui les psychologues, une rêveuse sentimentale, une égoïste qui s'analyse et qui se ménage.

    Elle était au contraire toute vivacité, tout mouvement, tout élan, tout dévouement. Je la revois, un jour, dans le café que tenait, place du Marché, à Flers, sa mère. Paulette arriva du fond de la boutique, sauta les trois marches d'un petit escalier, bondit légère au milieu des clients attablés et vint nous rejoindre en riant. Hypersensible, la moindre peine, la plus humble joie retentissaient longuement dans tout son être, lui donnant cette intelligence du coeur avec laquelle, tant de fois, elle devina ce qui ferait plaisir aux autres ses camarades dé prison et de déportation en seront plus tard bouleversées, mais, déjà, petite fille, en colonie de vacances à Carolles, elle était disponible pour les corvées et manifestait à ses compagnes d'exquises prévenances.

    A la maison, elle débordait de tendresse pour ses parents. Par un contraste qui l'équilibrait, elle possédait un goût du risque, un courage silencieux une volonté de fer, une maîtrise de soi lentement acquise par l'esprit de sacrifice dans les plus petites choses. De santé assez fragile, elle ne se plaignait que rarement ; tout au plus, à table, était-elle parfois " un peu difficile ", mais ce n'était pas par caprice. Elle était peu communicative, n'éprouvant pas le besoin de se raconter. Longtemps, elle eut à souffrir de l'incompréhension d'une personne de l'extérieur qui se moquait " de cette enfant si sérieuse ". En somme, personne n'avait réellement mesuré sa capacité d'héroïsme et sa vie intérieure. D'autres jeunes filles de son âge plus brillantes, plus extérieures, attiraient davantage l'attention et la louange. (5)

     

    A dix-sept ans, Paulette demanda d'entrer au Carmel de Lisieux, comme sainte Thérèse, qu'elle admirait ; quelques mois plus tard, la vie d'Hélène Boucher l'enthousiasma au point qu'elle parlait de se faire aviatrice. Variations juvéniles ? Non . Plus exactement " âme toujours portée vers un idéal élevé ", horreur de la médiocrité, don de soi, désir fou de s'élever au-dessus des petitesses et des vilenies de la terre.

     

    Paulette ne sera ni carmélite ni pilote, mais sa destinée empruntera quelque chose à ces deux vocations. Elle servira l'aviation alliée, d'une manière peut-être obscure, en faisant du service secret de renseignements de l'Air:

      
    • Volontaire Paulette Duhalde, répondant à l'appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les Forces françaises libres.
    • Vous avez été de l'équipe volontaire des bons compagnons qui ont maintenu notre pays dans la guerre et dans l'honneur
    • Vous avez été de ceux qui, au premier rang, lui ont permis de remporter la victoire. Au moment où le but est atteint, je tiens a vous remercier amicalement, simplement, au nom de la France.
     

    1er septembre 1945
    Charles DE GAULLE.

     

    Paulette Duhalde ne franchira pas le seuil du Carmel de Lisieux.

    Un jour, cependant, elle sera séparée des siens par une grille de fer, elle couchera sur la dure, elle connaîtra la faim, la solitude, non point dans l'austérité, la joie et la paix d'un cloître fraternel, mais dans Fresnes et surtout Ravensbrück, surnommé l'enfer des femmes.

     

    Comment fut trahi et démantelé le réseau Jeanne

     

    "Pourvu que ça dure !" C'était l'exclamation de Paulette Duhalde et des autres membres du réseau Jeanne en constatant que, depuis plus de dix-huit mois, le service secret des renseignements " tournait rond " et que les liaisons avec Paris et Londres étaient continues. Au début de 1942, il y avait bien eu, a Caen, au domicile de Brunet, une chaude alerte la Gestapo, avertie de la "fuite" de certains documents militaires allemands, était venue fouiller de fond en comble l'atelier de la rue Saint-Manvieu.

    Brunet, gardant son sang-froid, simula une violente colère, accusa l'état-major allemand de négligences, exigea une surveillance accrue et n'en continua pas moins à tirer en double et à porter à Paris les plans que lui donnaient à reproduire les Occupants.

     

    Les neuf membres du réseau Jeanne espéraient fermement voir le débarquement et la victoire. Leur optimisme était fondé. Ils avaient connaissance d'importants secrets allemands mais ce qu'ils ignoraient, hélas c'est qu'un traître s'était glissé dans leurs rangs.

     

    Voici encore le récit autorisé du général d'armée Pédron, ami de Brunet:

     

    " L'ingénieur Maury (l'un des neuf du réseau Jeanne), fit, en 1942, la connaissance, à Paris, d'un inspecteur de police qui affirma être un agent de renseignements du général de Gaulle et avoir des liaisons avec l'Angleterre. Avec lui, on va pouvoir raccourcir le circuit des documents détournés. En fait, cet individu, qui se fait appeler Rocher, ne fait pas partie, heureusement, pour l'honneur de la police française, des cadres normaux de cette police.

    C'est ce qu'on appelle aujourd'hui une " barbouze ", homme des basses besognes au service de qui paye, à cette époque-là la Gestapo qui a obtenu pour lui, d'autorité bien sûr, la couverture de l'administration française. Quelles garanties a données Rocher ? En a-t-il même donné ? En tous cas, l'imprudence majeure a été commise. Peu à peu, les secrets du réseau Jeanne glissent dans la poche du traître qui en identifie un à un les membres et se fait remettre des documents.

     

    "Et un jour, c'est le drame (6)..."

     
       
       

    Sur le plan national, les événements se précipitent le 8 novembre 1942,

    les Anglais et les Américains débarquent en Afrique du Nord.

    Le 11 novembre suivant, en représailles, les Allemands envahissent la zone libre et déclenchent, sur toute la France, une vaste opération policière.

    Dès les premières heures, le lieutenant Jeanne, chef du réseau, et Brunet, sont arrêtés. Le lendemain, c'est le tour de Maury et de Rouault.

     

    Heli, helo ! chantent les Occupants.

    A Flers, Paulette Duhalde, qui est inquiète, ne laisse rien voir.

    Elle sait l'arrestation de Brunet et de Jeanne, mais elle est certaine qu'ils " ne parleront pas ", même sous la torture.

    Le réseau décapité et démantelé peut donc continuer tant bien que mal...

     

    Trois semaines se passent... Suzanne Speisser, qui " travaille " au Bourget, doit s'enfuir et se cacher à Lyon... La comtesse de Majo Durazzo, d'Houlgate, est arrêtée le 1er décembre: confiante, elle avait remis au traître Rocher, la barbouze, un plan important de la défense côtière où étaient marqués les emplacements de D.C.A. et autres renseignements d'importance stratégique.

     

    L'étau se resserre, Paulette Duhalde, qui a repris son poste à la Banque de France de Flers, et Doulcet, à Caen, ignorent encore cette arrestation, sans quoi ils auraient pris leurs dispositions pour se camoufler.

     

    Mercredi matin 9 décembre 1942. Sur la place Saint-Germain de Flers, c'est le marché, un triste marché d'hiver et de guerre, mal achalandé.

    Au café Duhalde, les clients sont nombreux à cause du froid extérieur.

    Une auto stoppe. Deux hommes, avec sacoche à la main, descendent, font claquer la portière, pénètrent dans la petite salle du café, mais ils ne s'attablent pas: 

    - Mademoiselle Paulette Duhalde, c'est bien ici?

     

    - Oui, Monsieur, répond la mère.

     

    - Où est-elle?

     

    - Mais à travailler.

     

    - A quel endroit ? Nous voulons lui parler.

     

    Elle est employée à la Banque de France. Mais, Monsieur, qui êtes-vous ? C'est de la part de qui?

     

    Aucune réponse. Les deux hommes délibèrent à voix basse. L'un s'en va. On entend l'auto qui démarre. L'autre entre dans la cuisine et, regardant en face Mme Duhalde, il dit:

     

    - Police allemande.

     

    Il commence à fouiller.

     

    Pendant ce temps-là, l'auto de son compagnon s'arrête devant la Banque de France. L'homme entre dans les bureaux.

     

    - Je désire voir M. Je Directeur.

     

    Une employée, Mme Vaubaillon, interroge 

    - De la part de qui, Monsieur?

     

    Une hésitation. L'homme, qui porte un imperméable noir, répond sans accent

     

    - Police allemande.

     

    Le directeur était absent. Mme Vaubaillon appelle le chef de la comptabilité qui interroge

      

    - Vous auriez désiré, Monsieur?

     

    - Voir si, dans votre personnel, vous aviez Mme Duhalde?

     

    - Non.

     

    A ce moment arrive M. Vernet, directeur

      

    - Peut-être alors Mlle Duhalde?

     

    - Veuillez entrer dans la salle d'attente, près de mon bureau, dit-il.

     

    - Mlle Paulette Duhalde

     

    - Pour quel motif, Monsieur?

     

    - Je tiens absolument à lui parler.

     

    On appelle Paulette. La jeune fille a compris mais elle n'a pas tressailli. Au moment de prendre l'escalier, elle regarde soudain Mme Vaubaillon et murmure:

     

    - Mon sac!

     

    Il contenait des plans et des renseignements sur les fortifications allemandes de la côte.

     

    Mme Vaubaillon se lève, prend le sac à main, le fait disparaître derrière son bureau.

     

    La scène n'a pas duré trois minutes.

     

    - Vous n'avez rien à prendre, Mademoiselle ? interroge le policier.

     

    - Rien. Je vais les mains dans les poches.

     

    - C'est bien. Veuillez me suivre.

     

    La portière de l'auto claque, le moteur gronde. Paulette se demande dans quelle direction on l'emmène... Rue de la Banque... Cinq-Becs... Grande-Rue... Rue du Docteur-Vayssières, place du Marché. Oh!

     

    Pour la seconde fois, l'auto stoppe devant le café Duhalde. Paulette descend, souriante. A une amie, Mme Chartier, qui se trouve là, elle jette à voix basse:

     

    - Vite, rue du Champ-de-Foire, enlevez le coffret dans le secrétaire de ma chambre !

     

    Les deux policiers n'ont rien entendu. Sous les yeux de la jeune fille et de sa mère, ils fouillent la maison de la cave au grenier, sondent les lits, les placards, les cheminées...

     

    Dans la salle du café, les nombreux clients attablés ne se doutent pas du drame qui se joue au milieu d'eux.

     

    - Messieurs, pourquoi cette perquisition ? interroge froidement Paulette que l'on voit réapparaître au bas de l'escalier.

     

    - Mademoiselle : "Renseignements". Suivez-nous !

     

    La jeune fille, très calme, traverse la salle du café, sourit aux clients, franchit le seuil de la maison paternelle pour ne plus jamais y revenir. Les policiers lui refusent d'embrasser sa mère.

     

    A nouveau, ils font monter Paulette dans leur voiture qui démarre et qui stoppe 55, rue du Champ de Foire. La police allemande, en vérité, était bien renseignée: elle savait que la famille Duhalde possédait là une autre maison d'habitation avec jardin. Mais la parole furtive de Paulette à Mme Chartier, avait suffi pour que, sans perdre une minute, M. Couffon, un ami de la famille, qui se trouvait là, se rendit prévenir M. Duhalde et enlever les documents que la jeune fille conservait dans le secrétaire de sa chambre.

    Il n'avait pas achevé que la voiture de la Gestapo stoppa sous ses fenêtres. M. Duhalde prit le temps d'aller ouvrir au coup de sonnette, ce qui permit de faire disparaître, en empruntant le couloir du jardin, quelques-uns des documents secrets.

      

    La perquisition recommença. Des cartes et plusieurs lettres sont tout de même saisies.

    - Mademoiselle, vous n'avez rien à vous reprocher?

    - Non, Messieurs, je n'ai fait que mon devoir.

    - Cela suffit. En voiture. Suivez-nous

    M. Duhalde veut accompagner sa fille.

    - Non.

    Les policiers s'interposent. Paulette embrasse son père et jette un dernier regard autour d'elle, puis monte dans la voiture.

       
       

    Plusieurs amis alertés essayent de filer l'auto de la Gestapo. Les coups de téléphone se multiplient. Dans Alençon, aucune trace de Paulette. Cependant, ce soir-là, elle coucha à la caserne Bonnet et grava son nom sur le mur d'une cellule qu'occupera, plus tard, M. Wains.

     

    Le lendemain, à l'aube, M. Couffon, de son domicile de la rue Charles-Mousset, part à Caen dans l'espoir d'une nouvelle piste. Encore en vain. Du moins en profite-t'il, au péril de sa liberté, pour aller trouver Mme Doucet, qui demeure près de la Feldkommandantur, et dont le fils et le gendre Esparre correspondaient avec Paulette au titre du réseau Jeanne:

     

    " Mlle Duhalde est arrêtée. Ses parents vous alertent. La Gestapo a saisi des lettres que vous lui adressiez. Vous êtes en danger. Vite, quittez Caen aujourd'hui même. Prévenez votre gendre Esparre à Perpignan. Vite, vite Pas un instant à perdre!

     

    Mme Doucet et son fils ne connaissent pas M. Couffon et redoutent qu'il soit un traître. Ils restent. Quelques jours plus tard, le fils Doucet est arrêté à Caen et M. Esparre, à Perpignan.

     

    Des neuf membres du réseau Jeanne, livré par trahison, il ne reste plus en liberté que Suzanne Speisser, qui se cache à Lyon. Fin mars 1943, elle sera à son tour arrêtée.

     

    Dans l'auto de la Gestapo qui l'emmenait de Flers, ce 9 décembre 1942 Paulette Duhalde trouva (comment ?) une image de sainte Thérèse de Lisieux représentée sur son lit de mort...

     

    La jeune prisonnière tressaillit comme en face d'un avertissement mystérieux. A l'une de ses compagnes de prison, plus tard, elle dira qu'en voyant cette image, elle comprit, à ce moment-là, " que plus jamais elle ne reverrait ses parents ni sa maison... "

     

    Une jeune fille devant le Conseil de guerre de la Luftwaffe 

    Le 10 décembre 1942, la voiture de la Gestapo, venant de Flers, via Alençon, franchit le portail de la prison de Fresnes, dans la banlieue sud de Paris. Paulette Duhalde en descendit... Inscription à l'écrou. Fouille. Et la jeune prisonnière, encadrée de deux gardiennes, traversa les cours, monta les escaliers, suivit de longs couloirs... Une porte de cellule... Un bruit de clefs... C'est ici...

     

    Paulette, cette première nuit, est au secret ; elle y restera cinq mois dans la solitude complète pas de compagne, pas d'ouvrage, pas de lettres, pas de visites pas de livres. Seul un petit Evangile selon saint Mathieu est toléré parce qu'il a été donné par l'aumônier qui vient la visiter et qui, plusieurs fois, lui apporte, sur sa demande, la communion.

     

    Essayons de comprendre ce que furent les interminables journées d'hiver dans cette cellule étroite, éclairée par un vasistas aux verres dépolis et fermée d'une porte où se trouve un judas. Le long du mur, à gauche, un lit de camp, large de soixante centimètres, muni d'une paillasse et d'un "polochon" dur comme bois.

    A droite, un lavabo, deux planches, une bouche de chaleur. Le règlement, affiché au dos de la porte, déclare que les détenus ne doivent ni chanter, ni crier, ni faire des marques aux murs, ni posséder crayon, stylo, ciseaux couteau. " En cas d'infraction, les gardiens sont autorisés à se servir de leurs armes sans avis préalable.

     

    Nous savons que Paulette attendait son jugement "sans espoir (7) ".

     

    Elle pouvait un peu communiquer, avec une de ses voisines de cellule, par la bouche de chaleur...

     

    Les huit autres membres du réseau Jeanne étaient également au secret, dans la même prison.

     

    Cependant, l'arrestation de Paulette Duhalde avait soulevé, dans Flers, une grande émotion. Le nom de l'héroïque enfant était sur toutes les lèvres. Quatre mois durant, ses parents multiplièrent les démarches pour connaître le lieu de son emprisonnement. Ils furent tout d'abord engagés sur de fausses pistes. Sans se décourager, aidés de fidèles amis, M. et Mme Duhalde faisaient déposer, dans les principales prisons allemandes de France, des colis au nom de leur fille.

    Enfin, par un retour d'emballage, ils découvrirent quelques mots tracés avec une épingle ou une aiguille sur une boîte à rillettes vide. La prisonnière faisait savoir qu'elle était au secret et que bientôt elle serait jugée.

    Puis, à l'occasion d'un autre retour d'emballage, dans le double fond recollé d'une boîte vide, ils trouvèrent une lettre écrite au crayon. Elle venait de Fresnes:

     
       
       

    Le 19 avril 1943.

     

    Mes parents adorés,

     

    Je marque ces quelques lignes, malgré les sévères punitions que j'aurais si j'étais prise, mais tant pis!

     

    Votre chagrin doit être tellement grand et votre peine si profonde que je ne peux supporter plus longtemps la peine de votre souffrance.

     

    Oh ! comme je voudrais être près de vous à vous câliner, à vous consoler. Dites-vous bien que votre petite fille ne cesse de penser à vous, de prier pour vous, pour le proche retour. Que la pensée du retour vous soutienne comme elle me soutient moi-même, car vous devez bien penser que je souffre moralement et tant, que parfois je me demande si je ne deviendrai pas folle dans cette tombe vivante.

     

    Je suis seule dans une cellule, sans parler, sans sortir (10 minutes de promenade par semaine) sans affection et sans aucun travail quand vous ne m'en envoyez pas et ce depuis plus de quatre mois. Enfin j'étais trop heureuse et ne m'en apercevais pas ! aussi comme je vous aimerai et vous gâterai à mon retour (mais quand ?) faites tout ce que vous pouvez pour moi si vous pouvez me faire sortir d'ici ou même aller dans un camp de concentration, car où j'irai, je serai mieux qu'ici. Ne vous fatiguez pas, gardez intactes vos santés, et ne vous inquiétez pas pour moi si je suis malade on me soignera ou on m'enverra à l'hôpital. Merci pour vos colis car c'est pour moi mon grand réconfort, ici la ration est maigre, jus le matin à 4 heures, pain avec un peu de margarine et soupe sans légume, la viande une fois par semaine, je serai moins difficile en rentrant.

     

    Recevez-vous mes lettres ? j'écris toutes les trois semaines. Vous, écrivez-moi souvent car c'est un grand rayon de joie qu'une lettre de vous dans mon isolement. Tout mon coeur est à vous et ma pensée vole jour et nuit vers vous. Ne mettez jamais de lettre dans vos colis car je ne pourrais plus en recevoir.

     

    Envoyez-moi un sac à provisions ou de voyage car je n'ai rien pour mettre mes affaires si je pars d ici. Envoyez-moi une gaine et je vous remettrai celle que j'ai sur moi pour la faire réparer, mon turban, des épingles à cheveux, la veste de mon tailleur marron et surtout du travail: tricot, broderie, jours, couture, dans chaque colis car le temps est si long ici.

     

    Envoyez-moi un peu de buis bénit, quelques fleurs si possible comme je voudrais pouvoir en cueillir avec vous et voir le beau jardin de mon petit papa, en ce printemps.

     

    Ne soyez pas tristes à Pâques, je penserai à vous, je prierai avec vous et suis toujours près de vous (joyeuses Pâques quand même), l'année prochaine nous serons peut-être réunis pour la fêter.

     

    Amitiés aux amis, à la Banque, baisers aux cousins, à la cousine et à toute la famille, pour vous, vous avez le meilleur de moi-même toute ma tendresse, mes baisers et mes caresses, je vous entoure de mes deux bras et vous embrasse de tout mon coeur. Celle qui restera pour toujours votre petite fille.

     

    Paulette.

     

    P. S. - Reconnaissance infinie, amitiés sincères à la famille Gambier. Veillez à ce que les tissus qui sont dans la valise et mes affaires ne s'abîment pas.

      

    Que devient la D.A.S. ? Comme vous devez avoir du travail.

       
       

    Le procès se déroula dix jours après l'envoi de cette lettre, du 1er au 1l mai 1943, à la prison même de Fresnes, sous la présidence d'un colonel allemand: le réseau Jeanne était considéré comme important et dangereux.

     

    " Les inculpés ne nièrent pas leurs activités. Ils affirmèrent avoir voulu continuer de servir leur pays. Ce n'est d'ailleurs pas cela que leur reprocha l'accusation. Le procureur du Reich ira même dire que, placés dans une situation analogue, des Allemands auraient eu la même conduite qu'eux.

    Mais le préjudice causé à l'armée allemande est d'une telle importance - et l'accusation n'en pouvait encore mesurer toute l'étendue - que le Conseil de Guerre ne peut que se référer à l'impérieuse nécessité de protéger sans faiblesse le Reich et le peuple allemand (8)... ".

     

    Aucun avocat français n'étant admis, Paulette Duhalde, pour sa part, fut défendue par le sergent Sttotmeister, commis d'office.

     

    Plusieurs des co-accusés avaient " travaillé " ensemble au service du même réseau sans jamais avoir eu l'occasion de se voir. Ils firent connaissance dans le box. C'était le cas de Paulette et de la comtesse de Majo. " J'ai vécu seulement côte à côte avec Paulette Duhalde, dit aussi l'ingénieur Maury, pendant une semaine, celle du procès. Cela m'a amplement suffi pour l'admirer beaucoup (9).

     

    Le 1l mai, le verdict fut rendu.

     

    Lieutenant Robert Jeanne, chef du réseau et centralisateur des renseignements et des rapports condamné à mort. Il sera fusillé au Mont-Valérien dans les jours ou les deux semaines qui suivirent. Sa femme sera incarcérée à Fresnes et puis déportée (10).

     

    Ingénieur Maury, envoyé dans une forteresse de Prusse, puis au camp d'Oranienburg, d'où il rentrera pesant 35 kilos.

     

    Rouaud, également peine de prison criminelle.

     

    Henri Brunet, de Caen, condamné à mort. Tombé malade, on ajourne son exécution. Pendant ce temps-là, sa femme multiplie les démarches pour le recours en grâce. Mais celui-ci sera refusé et Henri Brunet tombera sous les balles d'un peloton, le 20 septembre 1943, à l'aube, au Mont-Valérien.

     

    Esparre, condamné à mort, exécuté au Mont-Valérien.

     

    Doucet, de Caen, condamné à mort, exécuté au Mont-Valérien.

     

    Suzanne Speisser, condamnée à mort, exécutée probablement au Mont-Valérien.

     

    Comtesse Cécile de Majo, condamnée à mort. Elle sera graciée et sa peine transformée en détention perpétuelle. Mme de Majo se verra enfermée à la forteresse de Lubeck, puis à la prison de Kottbus, ensuite aux camps de Ravensbrùck et Matthausen, d'où elle sera libérée le 1er mai 1945 (11).

     

    Et Paulette ? Nous possédons deux témoignages sur son comportement devant le Conseil de Guerre:

      

    L'ingénieur Maury : " J'ai gardé d'elle un souvenir merveilleux. Je la verrai toujours devant les Allemands, avec ses yeux magnifiques et son attitude courageuse qui étonna les officiers supérieurs de la Luftwaffe. J'avoue que souvent, depuis, je l'ai citée en exemple, tant son tranquille courage m'avait impressionné (12)."

    Le comtesse de Majo " Paulette Duhalde a eu une attitude de grande patriote. Le colonel allemand, qui présidait notre Conseil de Guerre, lui dit, devant nous tous (nous étions neuf) : "Mademoiselle, en ma qualité d'officier allemand, ennemi de la France, je vais vous condamner, mais en tant que soldat, je m'incline devant votre attitude et je salue votre patriotisme. Je voudrais que les hommes ici présents aient la même dignité que vous...

    Paulette était sans illusion : elle s'attendait à être fusillée.

    A sa grande surprise, elle se vit infliger cinq ans de forteresse.

    " Si elle n'a pas été condamnée à mort, ajoute la comtesse de Majo, c'est par égard à sa jeunesse-pas encore 22 ans - et aussi, je le répète, parce qu'elle a forcé l'admiration des Allemands eux-mêmes. "

    Au sortir de la dernière audience, les neuf membres du réseau Jeanne furent séparés. La plupart d'entre eux ne se reverront plus, sauf Paulette et Mme de Majo.

    La jeune fille, épuisée par ces onze jours de Conseil de Guerre, éclata en larmes dans sa cellule, " elle pleura beaucoup, car elle n'ignorait pas la dureté des prisons et se savait physiquement peu forte, mais elle était brave et surmonta cela très vite (13) ".

    Dès lors, elle quitta "le secret" pour entrer en cellule commune. A ce moment-là, elle prit le surnom de Jojo qui était probablement celui qu'elle portait déjà dans la Résistance.

    Une infirmière de la Croix-Rouge, amie de M. et Mme Groussard, garagistes à Flers, Mlle Pisco, aujourd'hui religieuse au Carmel du Havre, réussit audacieusement, en juin 1943, à visiter la prison de Fresnes.

    Elle vit, quelques minutes, Paulette, qui venait d'être jugée " Ma petite fille, lui dit-elle, vous pourrez maintenant recevoir de brèves visites, vous verrez votre papa et votre maman ! " Paulette joignit les mains et eut un regard extasié.

    Ce même mois de juin, Mme Duhalde, avec quelle émotion, revit derrière les barreaux de fer, sa fille. Malgré la présence des gardiennes et des factionnaires, Paulette portait un ruban tricolore dans les cheveux et arborait un chemisier où il y avait du bleu, du blanc et du rouge...

       
       

    Jojo et ses camarades ou la résistance qui continue à Fresnes

     

    Depuis sa condamnation, Paulette - alias Jojo -occupait, au troisième étage de la prison de Fresnes, la cellule n0 308 et partageait celle-ci avec trois autres résistantes.

    Dans le livre Six mois à Fresnes, Mme Noémi-Hanny Lefebvre, qui logea au n° 307, nous décrit ses voisines:

     

    - Il y a (au 308) Eva. Elle est arrêtée depuis six mois et condamnée à mort (14). Nous parlons avec elle par un petit trou, ancienne canalisation sans doute, qui se trouve chez elle et chez nous, au-dessus du robinet de lavabo. On dit une phrase, puis on colle l'oreille au trou pour avoir la réponse.

    Eva a une voix douce, un cran magnifique ; elle m'explique qu'ici on a tous les avantages à être condamnée à mort car ainsi on a le droit aux visites, à des colis supplémentaires dans lesquels on peut même recevoir du vin et surtout on a le droit de fumer. Par le trou du mur, elle nous envoie parfois des bouffées qui parfument agréablement notre cellule.

     

    ~< Avec Eva, se trouve Monique. C'est une jeune Espagnole de vingt et un an qui a un pittoresque accent du Midi. Je l'ai aperçue à la promenade... Elle vient de Carcassonne où elle a été arrêtée à la place de son mari.

     

    " La seconde camarade d'Eva a une voix si douce que c'est un plaisir de l'entendre. C'est Jojo. Elle est toute jeune. C'est elle, paraît-il, qui nous sert la soupe, mais je ne l'ai pas encore remarquée. Elle est dans la même affaire qu'Eva, mais seulement condamnée à cinq ans de réclusion en forteresse.

     

    Enfin, la dernière, car elles sont quatre dans cette cellule, est la fille d'un général qui est allé rejoindre de Gaulle il y a un an. Comme les Allemands n'ont pas eu le père, ils les ont arrêtées, elle et sa mère.

    Toutes deux ont été au secret pendant six mois, sans colis, et, pendant trois mois, sans livre. Isabelle a dix-sept ans, elle ne se plaint jamais mais sa voix a parfois une intonation découragée (15) .

     

    " Cette cellule 308 a une température variable. Parfois, une exubérance débordante de lire, de bruit. Puis des journées entières de silence. Heureusement, elles ont des cartes et font, paraît-il, des belotes interminables (16)."

     

    En octobre 1943, les cellules communes seront transférées au second étage et recevront quatre et même cinq prisonnières, ce qui était excessif pour le cubage d'air, " mais la recrudescence des arrestations rendait cette mesure nécessaire ". C'est sans doute dans cette période que Paulette eut pour compagnes de cellule, Mme la générale Basse et sa fille.

     

    Il faut se garder d'idéaliser l'atmosphère " souvent trouble et décevante " d'une prison allemande pour patriotes français. La promiscuité, dans un espace étroit, constituait, pour la plupart de ces femmes " une épreuve marquante ". Telles ou telles qui avaient manifesté un courage admirable, dans la Résistance et pendant leur procès, sentaient faiblir leur caractère sous l'effet du régime concentrationnaire.

    D'autres avaient été arrêtées par erreur et se lamentaient. Mais, presque toutes - Jojo était de celles-là - continuaient de résister, de croire à la victoire des Alliés et de le faire parfois sentir aux Allemands.

     

    Elle n'avait pas peur. Au mois d'août suivant, M. Duhalde, accompagné de M. Couffon, vit, pendant dix minutes, sa fille, derrière les barreaux de fer. Paulette dût réprimer ses larmes. Reprenant son sang-froid, elle demanda à la gardienne allemande la faveur d'embrasser son père.

    Cette femme acquiesça et fit entrer la famille dans une petite pièce attenant au parloir.

    Paulette parut, bondit au cou de son père, tout en glissant dans la main de M. Couffon une lettre clandestine. Ni la gardienne ni les sentinelles ne s'en aperçurent, ou du moins elles fermèrent les yeux. Lors d'une autre visite, Paulette dit à haute voix : "Tu sais mon papa, j'étais Française. Je resterai toujours Française." L'officier allemand, qui écoutait, sembla suffoqué.

     

    Plusieurs fois par jour, dans les couloirs de la prison, retentissait le bruit infernal des chariots venant de la cuisine. Le matin, à 6 heures, une gamelle de jus à 10 h 30, trois cents grammes de pain, avec un peu de margarine ou de beurre et un morceau de pâté surnommé " du nerveux ", à cause de sa fermeté.

    A 1l h 30, une gamelle de soupe aux carottes ou navets, ou aux pommes de terre non épluchées. Le dimanche une tranche de viande au lieu du " nerveux " et des nouilles dans la soupe.

    A 15 h 30 : une gamelle de " jus ". Et c'était tout jusqu'au lendemain. Il est juste d'ajouter que les Allemands laissaient pénétrer les colis des familles ou ceux de la Croix-Rouge et des Quakers.

     

    Presqu'aussitôt après son jugement, Jojo, puis ensuite Monique et Isabelle, de la cellule 308, furent nommées Kalfactor, c'est-à-dire " préposées au chariot des cuisines ". Leur rôle consistait d'abord à faire le ménage des couloirs, puis à distribuer les colis et " la soupe ".

    Les chariots passaient devant les cellules et s'arrêtaient à chacune. La surveillante allemande ouvrait la porte, de l'autre côté de laquelle les détenues devaient se trouver, la gamelle à la main...

     

    Le 30 août 1943, Jojo écrivit au crayon, à ses parents, cette lettre qui décrit sa vie et qui laisse entrevoir un rebondissement de son procès:

     

    J'ai appris ces jours-ci que "notre affaire" avait un renouveau d'activité, ce qui fait que je ne sais toujours rien de neuf au sujet de ma condamnation à cinq années. Peu m'importe, je sais que je ne les ferai pas. Mais depuis neuf mois que j'ai quitté la maison, la séparation est bien longue et parfois le cafard fait irruption dans la cellule. Je suis avec trois gentilles camarades et j'ai toujours été privilégiée à ce sujet.

     

    Voici l'emploi de mon temps à Fresnes

      

    6 heures, lever pour servir le café à l'eau à mes camarades.

    7 heures, déjeuner.

    8 h 30 : on vient me chercher, je travaille au balayage, lavage et brossage des planchers, lessives, services divers, etc.

    12 heures je distribue la soupe.

    13 h 30: service comme le matin jusqu'à 16 heures.

    Je rentre alors en cellule jusqu'au lendemain. Nous dînons pour, à la tombée de la nuit, nous mettre au lit, car nous ignorons ce qu'est l'électricité, et, l'hiver dernier, je me suis vue forcée de me coucher à 17 heures, car pas d'éclairage.

    Quelle vie d'enfer ! Comme j'appréhende cet hiver ! J'espère ne pas le passer ici, il y fait tellement froid ! . . . Merci de tout ce que vous faites pour moi. Merci à tous les amis. Je prie avec vous et pour vous. Il y a un an, j'étais si heureuse et pourtant je n'ai pas le droit de me plaindre, à côté de toutes les misères que je côtoie ici... 

    Paulette.

     
       
       

    Et le 2 septembre 1943, billet clandestin :

     

    Papa, sois toujours très courageux et petite maman, souris comme tu sais si bien le faire. Ne vous faites pas de souci pour moi. C'est dur évidemment, mais comme ensuite la vie sera belle!

     

    Toujours rien de neuf dans mon "affaire".

     

    Sur son attitude dans la prison, les témoignages des anciennes détenues abondent:

     

    Mme la générale Basse "Paulette était la meilleure des camarades. Son dévouement pour toutes celles qui étaient dans la peine était la consolation quotidienne. Toujours aimable, son sourire, en distribuant la soupe, était un rayon de soleil. Pour nous, qui avons partagé sa cellule, nous connaissons mieux sa grandeur morale..."

     

    De la même " Tout ce qui se rapporte à notre chère Paulette m'est infiniment précieux. Je la considère comme une sainte et je la prie matin et soir. Pour moi, c'est la protectrice de mon foyer et en particulier de ma fille qui a bien besoin "de sa petite soeur de Fresnes". "

     

    Madeleine Jeanne, veuve du chef de réseau de Paulette, fusillé au Mont-Valérien: " Paulette était un amour. A Fresnes, où chaque jour je la voyais, ses yeux et son sourire m'ont souvent aidée. Quand, plus tard, j'ai pu lui parler, je l'ai encore mieux appréciée. Elle avait un moral magnifique et son patriotisme ne s'est jamais démenti.

    L'aumônier l'aimait beaucoup et aux trois messes qui nous ont été faites, c'est elle qui a servi le prêtre. Elle me parlait bien souvent de vous...

    En tant que Kalfactor, elle avait de la liberté. Frau Bauer, la surveillante d'étage, l'aimait et disait "Paulette égal ma fille". Toutes ses camarades de cellule l'adoraient. Pour plusieurs, elle a été une vraie petite maman...

     

    Mme M. Richard: "Paulette était une sainte. Si vous saviez tout le bien qu'elle a pu faire... Jamais je n'oublierai ses beaux yeux si droits et son sourire de jeunesse quand je lui disais à la prison de Fresnes " C'est vous que j'aurais aimé avoir comme une petite bru idéale. " Elle riait et redevenait triste en disant: " L'avenir pour moi n'est pas cela, hélas! " On aurait dit qu'elle savait...

     

    "Mon mari, mon fils de vingt ans et moi, nous étions arrêtés et séparés. Elle me dit, me voyant tant de peine : " Je saurai où ils sont ! " Le lendemain, elle me donna leur numéro de cellule et elle ajouta "Préparez colis à telle heure avec des petits mots dedans". Au prix de quelle adresse, elle les fit passer...

     

    "Elle se privait trop de ses colis de Croix-Rouge et je la grondais de tant donner aux autres... Je ne puis croire qu'elle ne rit plus. Elle rayonne encore dans mon souvenir et dans mon coeur."

     

    Mme Noémi-Hanny Lefebvre: "J'habitais au 307, donc la cellule voisine de la sienne et nous nous parlâmes par le robinet d'eau. Je suis restée très longtemps au début à ne connaître de Jojo que sa voix : une voix si douce, si claire, si pure et qui savait toujours donner le conseil judicieux, l'encouragement que l'on attendait.

    Ce n'est qu'après quelques semaines que j'ai fait le rapprochement entre cette voix et les yeux si clairs de celle qui nous servait la soupe; et c'est ainsi que j'ai connu Jojo.

     

    " ... J'étais enfermée toute la journée... Mais ce que je peux vous dire c'est le rôle admirable que Jojo joua en tant que Kalfactor et qui la mettait dans la possibilité de nous rendre à toutes les plus grands services. Il est bien certain qu'elle ne pouvait faire cela sans courir elle-même les plus grands risques.

    Mais jamais cette considération ne la fit hésiter une seconde, à faire ce qui était en son pouvoir pour aider une camarade, transmettre un message, passer une lettre, rechercher, dans les cellules anonymes, une camarade dont elle avait besoin.

    Qu'aurions-nous fait sans elle ?

    Et il faut comprendre que tout cela était dangereux, qu'elle risquait le cachot pour une peccadille.

     

    " Je sais qu'après mon départ, elle a été jusqu'à avaler des messages qu'on lui avait confiés et qui risquaient de tomber aux mains des Allemands à la suite d'une fouille. Et tout cela avec cette simplicité tranquille, cette douceur vraiment angélique.

     

    Nous avions décidé de faire une neuvaine pour la famille d'une camarade solitaire qui se trouvait au-dessus de ma cellule et dont le moral était très mauvais. Ce fut Jojo qui, tout naturellement, a accepté de réciter seule, à haute voix, les premières prières auxquelles nous répondions ensuite, de toutes les cellules, en même temps. Jamais les Allemands n'ont osé rien dire, bien que ce soit strictement défendu.

    Mais, pour cette chose, Jojo risquait le cachot. C'est elle aussi qui servait d'intermédiaire entre des camarades d'une même affaire, lorsque celles-ci avaient besoin de se faire savoir éventuellement ce qu'elles avaient dit à leur interrogatoire respectif, afin de ne pas se contredire. Et cela a évité à combien d'entre nous d'être condamnées et de partir en Allemagne.

     

    " Il était étrange, au début, de constater à quel point cette camarade si jeune, si timide, si effacée, avait ensuite d'autorité sur la plupart des prisonnières. C'était facilement à elle que l'on se confiait, à elle que l'on demandait conseil. Même nos gardiens la respectaient et, je crois, l'admiraient. Elle avait su s'imposer.

     

    " ... Laissez-moi vous dire toute la tendresse et l'admiration que j'avais pour notre petite sainte. Peut-être était-elle trop pure et trop belle pour vivre. Elle était tout éclairée par le dedans...

     
       
       

    Odett Churchill, Agent secret 23, (nièce du Premier Britannique,) 17, Harcourt-Terrace, London. SW 10, à Mme Duhalde:

     

    J'ai toujours eu pour Jojo la plus grande admiration. Son courage, sa bonté et sa patience imposaient le respect, même aux Allemands, malgré son jeune âge, et, pour moi, je la comparais toujours à sainte Thérèse de Lisieux.

     

    Son séjour à Fresnes a été très adouci par la bonté de l'aumônier qui s'occupait beaucoup d'elle. Je sais qu'il avait pour elle une sincère affection. C'est un très saint homme dont je vous donne l'adresse Pfaner Paul Heinerz, Schweinfurt, Bayern. Vous devriez lui écrire en toute confiance.

     

    ... Je suis maman de trois filles et je comprends ce que vous devez souffrir... Je me permets de vous répéter une de mes dernières conversations avec Jojo. Nous discutions de l'avenir, car je lui disais toujours qu'elle avait toutes les chances de rentrer un jour près de vous, si elle consentait à se soigner un peu et surtout à manger. A ceci, elle m'a répondu, en me regardant avec ses grands yeux au regard si profond "

    Autant je souhaite revoir mes parents et les entourer de tendresse pour leur faire oublier ce qu'ils souffrent à cause de moi, autant je me demande ce que je ferai dans un monde si bouleversé. Je ne crois pas que je pourrais jamais être très heureuse moi-même. "

     

    " Et je me souviens que, tout en essayant de lui faire croire qu'elle avait tort de raisonner ainsi, je dois dire que je pensais comme elle, et depuis..., lorsque je pense à elle - ce qui m'arrive très souvent - J' ai chaque fois la sensation qu'elle est heureuse selon son coeur, car je suis sûre qu'elle a une des plus belles places au Ciel, une des places qu'elle a tant fait pour obtenir...

    Il nous faut maintenant gagner la paix pour laquelle elle a donné sa vie.

     

    " Pour moi, je me sentirai toujours en dette envers votre chère fille. Vous me donneriez une grande joie en m'envoyant une photo d'elle.

     

    " Permettez-moi, chère Madame, de vous rendre un des nombreux baisers que Jojo m'a si souvent donnés dans les tristes jours de Fresnes en me disant " Odette, mon chou, c'est votre fille Françoise qui vous embrasse, ou bien Lily, ou bien Marianne... " (17)

     

    Les jours s'écoulaient, interminables, dans l'angoisse de la déportation ou de la mort. Chaque jour, les "paniers à salade" déversaient de nouveaux captifs.

    On entendait parfois les cris s'échappant de la chambre de torture ; on voyait, aux fenêtres ouvertes, derrière les grilles, malgré la défense, des grappes de prisonnières cherchant à s'appeler ou à scruter, pardessus les murs d'enceinte, la campagne et les routes d'alentour, dans l'espoir d'apercevoir un visage ami, ou, du moins, celui d'un passant qui aurait le courage de leur crier les nouvelles de Londres.

    Le Conseil de Guerre siégeait dans un baraquement.

    Un jour, raconte Noémi-Hanny Lefebvre, dix-neuf communistes y sont traduits. Les inculpés sortent de l'audience et ils devinent que, derrière leurs carreaux dépolis, de nombreuses prisonnières les guettent pour connaître la sentence " Alors, avec un haussement d'épaules et un sourire, ils redressent le menton, passent le tranchant de leur main droite sur leur cou et laissent retomber leur bras le long du corps...

    Condamnés à mort.

    Puis ils descendent les marches et disparaissent... D'un commun accord, c'est nous qui entonnons La Marseillaise, puis L 'Internationale, tandis que les dix-neuf défilent et font le même geste... "(18)

     

    Dans cette horrible ambiance, Jojo, malgré sa santé menacée, tient et résiste. De retour en cellule, après son travail de Kalfactor, il lui arrive de pouvoir coudre. A l'intention de ses parents, elle confectionne un modeste portefeuille d'étoffe ou deux mouchoirs marqués à leurs initiales.

    Elle ose même broder deux écussons où l'on voit cette inscription " Prison de Fresnes ", avec une grosse clef que recouvre un petit drapeau tricolore. Il est possible qu'elle les ait portés sur sa manche.

     

    Elle réussit également à faire passer de Fresnes à Flers, un petit napperon, dont l'ourlet est bleu, l'étoffe blanche et le dessin central rouge. Or, ce dessin brodé représente une cage d'oiseau, dont s'échappe, par la porte ouverte, un vol de colombes!

     

    En octobre 1943, la comtesse de Majo est envoyée de Fresnes à la forteresse de Lubeck, en otage. Le procès du réseau Jeanne rebondit: de nouvelles charges sont relevées. Jojo est privée de lettres et de visites. Quelques rares colis seulement lui parviennent. L'étau se resserre.

    Le 11 novembre, une immense Marseillaise jaillit du quartier des femmes. "Ruhe ! Silence là-haut ! Fermez LE BOUCHE !" vocifèrent les gardiennes " Mais leurs cris épais, relate Noémi-Hanny Lefebvre, se heurtent en vain contre l'unité et la puissance de notre chant qu'aucune menace ne saurait arrêter... Maintenant, c'est fini, nous avons chanté les trois couplets et, d'un accord tacite, un grand silence est observé dans les cellules.

    Et alors, après quelques instants, nous distinguons, lointaine mais combien menaçante, une seconde Marseillaise que nous écoutons, le coeur battant. Ce sont les hommes de la 3e Division qui nous répondent, et, de les entendre, nous donne un inexprimable courage. Nous sentons confusément que tant qu'il y aura des hommes et des femmes pour chanter La Marseillaise le1l novembre, la France vivra... " (19)

     

    A Fresnes, les détenus avaient réussi à connaître la nouvelle du débarquement des Alliés en Afrique du Nord (1943) et en Normandie (1944). Jojo apprit, de façon imprécise, le bombardement de Flers.

     

    Les Allemands sentaient que les Alliés approchaient de Paris. C'est la raison présumée de leur hâte à vider les prisons et à transférer en Allemagne les Résistants.

     

    Mme Richard et d'autres détenues, par contre, furent libérées au début de juillet 44 : " Jojo, dit-elle, m'accompagna jusqu'au seuil de la porte où l'on signait la levée d'écrou. Peu après, je suis revenue lui apporter un colis de fil de coton et quelques friandises, en faisant appeler le sergent Brûder, comme c'était convenu. Hélas ! Jojo était partie depuis deux jours : " Déportée !" dit-il.

     

    Ce sous-officier l'ayant prise en pitié, ne la maltraitait pas. Il lui laissait une certaine liberté de circuler dans la prison. Il l'avait empêchée, le plus longtemps possible, de partir en Allemagne. (20)

     
       
       

    Quatre jours avant d'embarquer, Jojo réussit à faire passer une lettre qui fut son testament :

     

    Mes Parents bien aimés et chéris,

     

    C'est le coeur déchiré que je vous écris cette dernière lettre sur le sol de France, car je partirai lundi matin à 5 heures pour l'Allemagne (destination inconnue). Je m'y attendais, depuis longtemps, mais je ne peux me résigner à accepter, pour vous, cette horrible chose.

     

    OH ! MES PARENTS ADORÉS, PARDONNEZ-MOI D'AVOIR PENSÉ À MON PAYS AVANT D'AVOIR PENSÉ À VOUS ; pardonnez-moi tout ce dont je suis coupable envers vous et ne restez surtout pas anéantis sous le poids de votre douleur.

     

    Songez combien j'ai été protégée jusqu'ici et qu'il n'y a aucune raison pour que cela ne continue pas. La guerre, d'autre part, ne durera plus longtemps maintenant et, bientôt, j'en suis sûre, nous serons réunis.

     

    J'espère que vous êtes en bonne santé et à l'abri. Ne songez qu'à vous, abandonnez le reste qui ne compte pas. Gardez tout votre sang-froid, en toute occasion, et faites confiance à la Providence.

     

    Chaque instant de ma vie d'exil sera offerte à vos intentions. PENSEZ QUE NOTRE LIBERTE FUTURE ET LA VIE DE LA NATION DOIVENT S'ACHETER PAR DE TELS SACRIFICES, et, quoi qu'il arrive, n'ayez jamais aucun ressentiment contre ceux de mes amis qui m'ont entraînée là.

     

    J'espère avoir de vos nouvelles avant de partir et pouvoir, là-bas, vous faire parvenir des miennes officiellement. Je ne saurais trop vous dire combien tout le monde a été gentil pour moi, je ne saurais jamais assez les remercier. Surtout ne dites à personne que vous avez reçu cette lettre et comment elle vous est parvenue car les plus graves ennuis menaceraient la personne qui m'a fait cette complaisance.

     

    Si la guerre finissait et que je puisse sortir de la forteresse où je vais, j'irai aussitôt à l'adresse suivante:

     

    Evêché de Wurtzburg (Main) ou F 7 Gutleutrasse à Worms (Hesse) à: Rhein.

     

    Dites à tous les amis combien je pense à eux et dites à M.-T. Mortier, si vous la voyez toujours, que je compte sur elle pour me remplacer auprès de vous.

     

    Adieu mes parents adorés, VOTRE PETITE FILLE, QUOI QU'IL ARRIVE, RESTERA DIGNE DE VOUS, MONTREZ-VOUS A LA HAUTEUR DU SACRIFICE QUI VOUS EST DEMANDÉ EN L'ACCEPTANT SANS AUCUNE DÉFAILLANCE.

     

    Je vais vous faire parvenir toutes mes affaires car, là-bas, j'aurai l'uniforme. Toutes les nouvelles que je vous ferai parvenir, vous les aurez chez mon oncle, c'est là que j'adresserai tout le courrier, puisque Fiers est détruit, je crois.

     

    Merci pour toutes vos gâteries. Vivez l'un pour l'autre de mon souvenir. Gardez votre santé intacte.

     

    Votre petite fille monte sur vos genoux, vous entoure de ses petits bras et dépose sur vos joues de gros baisers. Elle vous couvre de ses plus tendres caresses et ne cessera de penser à vous. Courage, confiance, espoir.

     

    Celle qui, toujours, restera votre petite Paulette.

     

    P. S. Pour tonton Paul et tante Yvonne:

     

    Je vous demande d'entourer d'affection mes chers parents. Consolez-les et guidez-les. Je pense à vous et j'espère vous revoir un jour. Affectueux baisers. Paulette.

     

    Mon affectueux souvenir aux amis de la Préfecture, des Ponts et Chaussées, Warin, Fautrel, Institution Notre-Dame, Banque de France, Lecoq, Maisonnier, Couffon, Maubert, Jourdan, et tous ceux que j'oublie car j'ai la tête en feu.

     

    Ma reconnaissance va à tous ceux qui vous ont aidés et témoigné de la sympathie. Ils en seront un jour récompensés.

     
       
       

    Le 14 juillet 1944, elle quitte Fresnes, avec plusieurs centaines de camarades. Odett Churchill fait partie de l'un de ces convois, peut-être du même, qui part d'une gare de banlieue voisine. Et c'est le 11 août que le dernier convoi de déportés quittera la gare du Drancy.

    Quelques jours plus tard, Leclerc, venant d'Argentan, va libérer Paris.

    Les déportés et les morts du réseau Jeanne, pour leur humble part, n'ont pas lutté et souffert en vain.

     

    Nacht und nebel "Nuit et brouillard" 

      

    Dans le courant de juillet 1944, alors que la bataille de Normandie faisait rage et que Flers n'était plus, dans son centre, qu'un champ de ruines, le convoi des prisonnières, venant de Fresnes, parvint, après bien des détours dus aux bombardements, à la vaste prison de Kottbus, qui se trouve dans la région est de Leipzig.

     

    Jojo eut la surprise réconfortante de retrouver d'anciennes camarades. L'une d'elles, Mme Legrand, témoigne " Je l'avais connue à Fresnes comme Kalfactor. Puis, un jour nous l'avons vue apparaître à la prison de Kottbus, où je me trouvais depuis deux mois. La vie n'y était pas trop dure. Jojo se portait encore bien et elle avait tout à fait bon moral. "

     

    C'était, à peu près, le même régime qu'à Fresnes. Les prisonnières, à raison de quatre ou cinq, demeuraient enfermées dans les cellules.

     

    Le comtesse de Majo, du réseau Jeanne, était là également, mais depuis huit mois. Elle se " débrouilla " pour que Jojo vînt " habiter " avec elle.

     

    C'est ainsi que l'été et l'automne s'écoulèrent. Peu de nouvelles précises de France. Pas de colis. Pas de lettres de Flers. Cependant, les prisonnières se berçaient de l'espoir d'être bientôt délivrées par l'avance des Alliés, dont les forteresses volantes passaient, par vagues, à haute altitude.

     

    Or, en novembre 1944, ce fut, tout au contraire, l'annonce de la déportation!

     

    A nouveau, il fallut embarquer pour l'inconnu !

     

    Odett Churchill rencontra Jojo, pour la dernière fois, sur le quai de la gare, mais les deux amies ne purent réussir à voyager ensemble, ni à se retrouver à l'arrivée (21).

     

    A raison de quarante femmes par wagon à bestiaux, le train prit la direction de la PrusseOrientale, fit une pause dans un faubourg de Berlin, où nombreuses apparurent les maisons bombardées, puis s'enfonça vers le nord-est. Voyage monotone et lent, avec de longs arrêts.

    Voyage horrible dans la promiscuité, la faim, J'angoisse, le froid. Par les lucarnes, des prisonnières tâchaient de lire des poteaux indicateurs. Maintenant, le convoi roulait dans une région " interminable " de marais et de forêts " immenses ".

    Le 21 novembre, il parvint à la gare de Furstenberg, dans la province de Mecklembourg. Les portes des wagons furent roulées de l'extérieur et les prisonnières mirent pied à terre. Il faisait un vent glacial et il pleuvait.

     

    En colonnes par cinq, escortées de SS féminins et masculins, elles marchèrent trois quarts d'heure, traversèrent un bois, longèrent un lac où se miraient des villas rustiques, arrivèrent en vue de hauts murs verdâtres, couronnés de barbelés, franchirent une double porte, aperçurent des baraques et des miradors c'était Ravensbrück, dont le nom signifie Pont des Corbeaux.

    Dans le ciel bas et gris, ceux-ci se déplaçaient par bandes et ils étaient à peu près les seuls oiseaux à survoler ce lieu, où, comme dans l'Enfer du Dante, il fallait laisser, sur le seuil, toute espérance.

     

    Le camp - d'une superficie d'environ 60 hectares - était propriété de Himmler, auquel, pour chaque prisonnière, le Reich payait une redevance. Les baraques ou blocs avaient été construits sur l'emplacement d'un marais malsain que les premières prisonnières avaient dû assécher. Il comportait environ 12.000 places. Or, en cet hiver 1944, où les Nazis vidaient les prisons de l'Ouest, on y comptait environ 40.000 personnes.

    Jojo et la comtesse de Majo recevront un matricule dans la série des 53.000 ou des 63.000 Le camp était rempli de femmes françaises, anglaises, belges, russes, hollandaises, tchèques, hongroises, autrichiennes, polonaises, juives gitanes... La plupart succomberont et leurs cendres seront jetées dans les marais voisins. On apercevait, en effet, " une grande cheminée ", à laquelle sortait, jour et nuit, une flamme immense et fumeuse, dont l'âcre odeur se répandait sur le camp " le four crématoire (22) ".

    Bientôt, un second four sera construit. Il y avait une chambre " de désinfection " qui servait aussi de chambre " à gaz ". Les conditions de travail, de nourriture, de climat, d'hygiène et de brutalités étaient devenues telles que la mortalité ne cessait d'augmenter, que la morgue ne désemplissait pas, et que, chaque matin, dans les infirmeries, on chargeait à plein camion en vrac, les mortes de la nuit et que parfois, en attendant, on les entassait, on les empilait.

     

    Pour " dresser " les arrivantes, la coutume de Ravensbrück voulait que celles-ci demeurassent debout, à l'entrée du camp, pendant des heures et des heures. " Plusieurs convois n'avaient-ils pas stationné deux jours et deux nuits dans cette cour ? (23) ".

    Ce que fut pour Jojo et ses compagnes cette brimade, Mme Michèle Goldschmidt l'évoque en termes mesurés : " Nous faisions partie du même transport. Mme de Majo, qui "en était aussi", a dû vous dire que les arrivées à Ravensbrück étaient particulièrement pénibles ; longue attente et piétinement dehors, sous la pluie, en plein vent, le ventre creux, fatiguées par un voyage long et angoissant, déprimées par le spectacle de la brutalité qui était relativement nouveau pour nous..."

     

    Jojo avait-elle pu emporter de Fresnes la toque et le manteau de fourrure qu'une camarade libérée, Mme Richard, lui fit passer ? Peut-être. Au plus tard, à la fouille d'entrée au camp, elle en sera dépouillée. Mais un bienfait n'est jamais perdu à Fresnes, elle avait été " tellement chic " pour ses camarades que plusieurs de celles-là qui l'avaient précédée à Ravensbrück, s'efforcèrent, à leur tour, de l'aider. Mlle Huget, par exemple, fera l'impossible, à ses risques et périls, pour lui " procurer " secrètement quelques vêtements chauds, " car il faisait très froid ".

    Le thermomètre, en cet hiver 1944-45, descendit à moins 18, à moins 26.

    Et il y eut des chutes et des rafales de neige. Le vent du nord ou de l'est traversait littéralement les malheureuses qui n'étaient pas préparées à subir le climat continental.

     

    Mme Michèle Goldschmidt le laisse encore entendre "Ces appels dans la nuit, pendant des heures, peu vêtues... (Croyez bien que je n'exagère rien ; je ménage au contraire...). Ces appels ont été, pour la plupart d'entre nous, insupportables (24)..."

     

    Jojo put contempler des défilés prometteurs comme celui-ci " Une sirène retentit... Des centaines de femmes, toutes habillées de la même manière: robe aux larges raies gris et bleu... Toutes efflanquées, aux jambes nues dans des sabots, au crâne souvent tondu.

    Elles marchaient au pas avec difficulté, en rangs serrés de cinq, et se faisaient harceler par les Aufseherinnen ou leurs chefs de colonnes. Christine s'informa : " Ce sont certaines colonnes de travail qui reviennent au "camp pour la soupe de midi", lui répondit-on. Colonnes de travail ! Ah ! nous allions les connaître ; colonnes du sable à extraire, colonnes du déchargement des wagons, colonnes du charbonnage, colonnes du dessèchement des marais, colonnes de la petite et grande forêt.

    Des centaines et des milliers de femmes passaient. Ouvrières des usines Siemens (à 10 minutes du camp), des ateliers de sabots ou de vêtements, corvéables du fumier et des ordures, prisonnières du Strafblock (bloc des punies), obligées de marcher en chantant, quels que soient l'heure, le jour, le temps, soumises aux travaux les plus répugnants et les plus rudes.

    (En ce moment, la générale L... est au Strafblock et a eu les cheveux rasés...) " Bleues " que nous sommes, nous regardons avec des yeux agrandis de surprise et des coeurs inquiets ce défilé fantomatique, nous demandant tout bas : " Compterai-je bientôt, moi aussi, parmi ces femmes ? Serait-ce possible ? Leur aspect est pire que celui des "bagnards" (25)...

     

    Les prisonnières portaient, sur la manche, leur numéro matricule, avec une étoile jaune pour les juives, un triangle violet pour les coupables d'objection de conscience, un triangle rouge pour les condamnées politiques, un triangle vert ou noir pour les condamnées de droit commun.

    Parfois, le triangle vert était surmonté d'un Z qui signifiait " criminelle ".

     

    Jojo reçut le costume rayé et les sabots de bois, et aussi le triangle rouge sur la manche, comme Geneviève de Gaulle, Marie-Claude Vaillant-Couturier et d'autres résistantes qui l'avaient précédée au camp.

     

    Cependant, parmi les femmes qui arboraient ce triangle rouge, " beaucoup n'avaient pas travaillé pour leur patrie. Elles étaient là tout simplement comme sorte d'otages, parce que leur mari, frère ou cousin avaient pris le maquis... ". Certaines avaient été arrêtées par suite d'une erreur... " Avouons-le sincèrement, bien peu de détenues, de quelque nationalité qu'elles soient, avaient joué un rôle actif dans la défense de leur pays. Même dans le bloc des condamnées à mort, on voyait des femmes qui n'avaient rien fait contre le grand Reich (26). "

     

    Au fond du camp, se trouvait le bloc 32. C'est là que Jojo et la comtesse de Majo furent tout d'abord affectées. La surveillante, que l'on appelait la blokowa, était une Polonaise collaboratrice, du nom de Clara, " un véritable monstre ". C'est dans ce même bloc 32 que fut jetée la femme du général allemand Wagner qui venait d'être exécuté pour avoir trempé dans le complot contre Hitler. Les prisonnières de Ravensbrück virent passer dans leur camp, menottes aux mains, des officiers de la Vehrmacht, compromis dans le même attentat. Quelques jours plus tard, ils furent, paraît-il, fusillés (27).

     

    On sait l'ambiance de ces blocs peints en vert, aux lits formant trois étages. Toutes les langues d'Europe y étaient parlées dans une épuisante confusion de Babel. Régnaient le bruit incessant, le surpeuplement, les odeurs fétides, la faim, la gale, la dysenterie, le vol, les puces, les punaises, les poux...

     

    Au hurlement des sirènes annonçant l'appel ou le départ au travail de jour ou de nuit, se mêlaient les injures des surveillantes et des SS qui, à la moindre infraction, et même sans aucun motif, frappaient, à coup de bâton ou de lanière, les prisonnières ou soumettaient celles-ci à des brimades avilissantes.

     

    Jojo fut aperçue, pendant quelques jours, aux usines Siemens mais elle n'eut pas la force physique d'y travailler. Elle se vit, avec la comtesse de Majo, classée dans les N. N. - Nacht und Nebel.

    Les déportées de ce groupe avaient le privilège, si l'on peut dire, de ne pas aller, à l'extérieur du camp, en kommando d'usine, mais elles ne recevaient ni lettre ni colis et, en cas de représailles, elles serviraient d'otages et seraient transformées en Nacht und Nebel, c'est-à-dire " en nuit et brouillard ".

     

    Enfer des femmes

    - Los !.. Los. !... Schneller !- Achtung !... Achtung! 

      

    Le commandant du camp de Ravensbrück s'appelait Zauer et demeurait dans une villa paisible à l'extérieur des murailles et des barbelés. On le voyait peu. Il avait sous ses ordres un état-major et un certain effectif de SS. hommes et femmes, qui, eux-mêmes, supervisaient des surveillantes et des chefs de block, recrutées parmi les triangles verts ou noirs, c'est-à-dire parmi les condamnées de droit commun, le plus souvent des Polonaises ou des Tchèques.

    Ces " collaboratrices ", tout en demeurant prisonnières, avaient un sort adouci, montraient des complaisances pour leurs compatriotes, mais, d'ordinaire, aucune pitié pour les Françaises, triangle rouge.

    Un croquis de Françoise Audoul, rescapée de Ravensbrück, montre un paysage où se profilent un mirador et quelques sapins noirs. Des femmes, en costume rayé et sabots de bois, piochent ou chargent du sable dans des wagonnets à voie étroite. A la façon dont elles tiennent leur outil, à leurs épaules voûtées, à leurs membres tremblants et amaigris, on sent leur épuisement.

    L'une de ces femmes est secouée par un surveillant botté, sanglé et encapuchonné, cependant qu'une surveillante, elle-même chaudement vêtue et tenant en laisse un chien policier, considère d'un air morne et méchant le misérable chantier. Un autre croquis représente le départ au travail de plusieurs centaines d'autres femmes, encadrées de SS et de chiens.

    Une vieille déportée en haillons traîne ses sabots éculés et s'appuie au bras d'une jeune fille. Une autre vieille tombe à genoux sur la route ; elle est relevée à coups de bottes...

     

    - Los !... Los !.. Schneller!

    - Achtung !... Achtung! 

    " Depuis qu'il y avait une chrétienté et une Europe, la société se prévalait d'honorer la femme comme nulle autre ne l'avait fait auparavant. On ne sait à quelle histoire barbare il faudrait recourir pour imaginer un camp destiné à l'humiliation et à la torture des femmes. "Corps féminin qui tant est tendre", chantait Villon.

    C'est le symbole même de cette honte et de cette horreur qui s'inscrit dans le nom de Ravensbrück (28)."

     

    A peine arrivée au camp, Jojo, saisie par le froid terrible, contracta une pneumonie et fut admise au block 1 ou 2 qui dépendait de l'infirmerie centrale appelée Revier dont le médecin-chef était " le fameux docteur Treit, maître des destinées de l'immense horde de malades et de mourantes (29) ".

    Il y avait des doctoresses allemandes sous ses ordres, mais aussi des déportées qui possédaient le diplôme de médecin ou d'infirmière. C'est ainsi que Jojo, dont l'état était grave, eut la chance d'être soignée par Mme Alice Simonet, femme d'un universitaire.

    La nuit de Noël 1944, le thermomètre descendit à 26 au-dessous de 0.

    En janvier 1945, une autre camarade qui vit Jojo " convalescente ", la représente très amaigrie et déprimée. Mais " ce cafard " n'était que passager. " Pendant sa déportation à Ravensbrück, comme pendant son internement à Fresnes et à Kottbus, elle a montré le plus grand courage, et, par sa gentillesse et sa bonne humeur, remontait le moral de ses camarades.

    Elle ne se plaignait jamais, et malgré les conditions de vie et... d'inconfort, trouvait le moyen d'être toujours propre et, souriante. Elle a fait l'admiration de toutes ses camarades (30)."

     

     

     

    Ce même mois de janvier, toutes les Françaises furent regroupées au block 27. "Une tempête de neige sévissait. Le vent soufflait lançant des tourbillons qui vous faisaient presque tomber...

    En hâte, relate Simone Saint-Clair, nous avons roulé nos frusques et, munies de notre vaisselle, nous sommes rangées devant le bloc. Nous sommes restées ainsi trois heures pétrifiées, transformées en statues de neige... Devant le 27, nous avons encore attendu deux autres heures...".

    L'intérieur du bloc était rempli d'immondes paillasses. Pas d'électricité, sauf dans le réfectoire. Pas d'eau au lavabo. On se lave avec de la neige. Les puces et les poux pullulent.

     

    Jojo est vue au tri des wagons qui, de toute l'Europe, apportent en vrac des objets volés (31). Mais elle fait une rechute et rentre au Revier, après avoir fait la queue devant la porte.

     

    Plusieurs de ses anciennes camarades de Fresnes la recherchent partout. C'est ainsi qu'en février 45, l'une d'elles, Mme Claudine Masse, finit par la découvrir dans une salle réservée " à la typhoïde ", et réussit à l'amener dans le block où elle est elle-même employée comme infirmière. " Chaque jour, j'ai pu apporter à Jojo quelques pommes de terre que nous achetions avec du pain et que je faisais cuire à la dérobée. "

    De son côté, la comtesse de Majo venait, en se cachant des surveillantes polonaises, faire des visites. " Tout le monde sachant mon affection pour Jojo me chargeait de messages et de petits cadeaux, lainages ou autres, qu'il nous était possible de nous faire au camp. "

     

    L'hygiène était " épouvantable ". Certaines infirmières et filles de salle volaient les malades et les traitaient brutalement. Le dévouement des autres rachetait cette ignominie. Jojo faisait de la température. Une doctoresse beige, Mme Claude Goldschmitd, et une infirmière, Michèle Goldschmitd, la soignaient, autant qu'elles le pouvaient et avec beaucoup d'affection.

     

    Cependant, la situation du Reich se dégradait. Les forteresses volantes bombardaient Berlin et parfois venaient faire, autour du camp de Ravensbrück, un tour d'honneur pour saluer les déportées. A cause de ces raids, tout le camp, et même le Revier, étaient plongés la nuit dans les ténèbres.

     

    Les SS sentaient se lever le vent de la défaite. Ils " vidaient " certains blocks et organisaient des " transports " de déportées vers des lieux inconnus. A ce sujet, les hypothèses les plus variées couraient le camp. On disait : " C'est par vengeance, pour nous exterminer avant l'arrivée des Alliés. " On ajoutait: "

    Non, c'est pour décongestionner le camp surpeuplé, pour le ramener de 40.000 à 12.000, de telle sorte que les Russes, a leur arrivée, trouveront un camp à effectif normal et bien tenu.

     

    "A preuve, on repeignait les volets. .

     

    Quoi qu'il en soit de ces " bouteillons " ou bobards, au printemps de 1945, " les grandes sélections " se multiplièrent à un rythme précipité et insensé. Mme Michèle Goidschmitd en donne brièvement l'explication: " Les déportées en trop mauvais état étaient choisies pour être gazées. " Les femmes valides embarquaient pour un autre camp. C'est ainsi que la comtesse de Majo se retrouva à Matthausen, Michèle Rollin, à Zwodav...

    Le départ de telles amies fut, pour Jojo, " un coup très dur ", un déchirement.

     

    Les sélections se faisaient maintenant lit par lit. La terreur régnait. Claudine Masse et Michèle Goldschmidt jugèrent plus prudent de faire sortir Jojo du block des malades, mais elle fit rechute sur rechute : angine, grippe, après typhoïde assez dure, enfin dysenterie que rien ne pouvait conjurer. " Les Allemands, dit Cécile Goldet, appelaient Lager Krankheit (maladie du camp) cet état général d'épuisement...

    Comment espérer guérir ces malades, dont la base du mal est la famine et l'impossibilité d'assimiler l'éternelle soupe de rutabagas, dont l'odeur seule les écoeure... Il y a bien le schleim, soupe de régime, qui est une eau grise sans sel, dans lequel flotte un peu d'orge, et les malades l'avalent péniblement. Seules y ont droit, celles qui ont la dysenterie et elles doivent payer cette faveur en abandonnant la moitié de leur pain.

    Le tanin, seul médicament employé, manque..."

     

    Jour et nuit, il y a maintenant des " transports ", c'est-à-dire des départs inquiétants. De son côté, la morgue devient insuffisante. Mme Leboucher, de Caen, déportée, estime qu'il meurt chaque jour environ 150 femmes rien qu'au Revier. Il n'y a qu'à contempler, pour s'en rendre compte, les deux fours crématoires qui flamboient et qui fument.

     

    Les camps de la mort ! On a tout dit de leur horrible bilan d'ensemble : nombre de déportés, 10 à 12 millions. Déportés non juifs revenus, 25 %. Juifs exterminés, 6 millions.

     

    Vingt ans après, M. Luebke, président de la République d'Allemagne de l'Ouest, visitant l'emplacement de l'un de ces camps, a dit que ce n'est pas en jetant un voile sur ces crimes nazis que le peuple allemand retrouvera la confiance du monde, mais en réparant, selon ses forces et dans la mesure du possible, l'injustice commise au nom de l'Allemagne.

    Les Alliés ont, certes, commis des fautes graves, ajouta-t-il, par exemple ce bombardement de Dresde qui fit autant de victimes que la bombe d'Hiroshima, mais " la différence entre les mesures prises par nos anciens adversaires et la conduite de l'Allemagne consiste dans le fait que les ruptures du droit, le mépris de la dignité humaine et finalement la construction planifiée d'une machinerie de la mort s'étaient produits dans le régime nazi avec des moyens d'Etat ".

     

    M. Luebke fit cependant remarquer que le nazisme n'était pas toute l'Allemagne, à preuve ces officiers qui, le 20 juillet 1944, tentèrent d'abattre Hitler. Il existait une résistance allemande au nazisme, tel ce réseau de la Rose blanche, dont les dirigeants (une jeune fille et un jeune homme) furent décapités à la hache.

    Il existait aussi une résistance autrichienne (35.000 déportés), une résistance yougoslave, une résistance tchèque, une résistance hongroise, une résistance roumaine, une résistance polonaise...

    Les résistants d'Europe centrale rejoignaient, dans leur lutte obscure, celle des résistants de France, de Belgique, d'Angleterre, de Russie voués, corps et âmes, à sauver tout ce qui fait la noblesse et la liberté de l'homme.

     

    Il est juste aussi de rappeler que ces camps de la mort lente avaient été ouverts par Hitler dès 1933 et que, jusqu'en 1939, ils reçurent un million d'Allemands, coupables de s'opposer à la dictature du fuhrer. "

    Et quand les résistants européens y furent jetés, écrit Le Monde du 13 avril 1965, ce furent les détenus politiques allemands qui les accueillirent au sein d'organisations qui continuaient la lutte clandestine."

     

    Le même journal remarque avec raison que l'Allemagne nazie n'a pas eu le monopole des camps.

     

    Staline possédait les siens pour loger ses adversaires :

     

    " Il y eut aussi le camp du Vernet où la France interna les émigrés étrangers qui avaient fait confiance à son hospitalité et qu'elle livra à l'Allemagne ; les camps de concentration des militants du F.L.N.

     

    et ceux où furent jetés ensuite les soldats algériens qui avaient cru que le destin de leur pays était de rester français.

    Tous, si différentes qu'aient été les intentions qui inspirèrent leur ouverture, se ressemblent dans leur résultat: ils ne se distinguent que par le degré où sont poussés les moyens d'abaisser la victime..."

     

    Mais revenons à Ravensbrück, en ce printemps 1945, où l'on entendait maintenant le grondement du canon russe qui se rapprochait. Jojo est toujours au Revier. Elle va mourir au moment où le camp sera libéré.

     

    " Elle a été une compagne magnifique ",

     

    écrit en pleurant Mme Yvonne de La Rochefoucauld.

     
       
       

    La mort lente de Jojo

     

    Plusieurs fois, Michèle Goldschmidt et Claudine Masse réussirent, de justesse, à camoufler Jojo, pendant les " sélections ".

     

    Le 25 mars 1945, Claudine Masse fut désignée pour faire partie d'un " transport" de femmes encore valides, à destination inconnue ".

     

    Au début d'avril, éclata comme une bombe la nouvelle qu'un certain nombre de Françaises seraient rapatriées par la Suisse. Mme le Dr Claude Goldschmidt devait accompagner le convoi. Encore une amie qui s'en allait!

     

    Jojo, elle, continuait d'être malade. Vers cette même date, elle dut se présenter à la grossa visita, devant un médecin allemand qui, d'un coup de crayon, la mit " sortante " de l'infirmerie Entlassung.

    Or, elle avait, ce jour-là, 39 de fièvre. Quittant le Revier elle revint dans un block surpeuplé parmi des camarades inconnues. Elle n'y resta que quatre jours. Il lui fallut, à peine vêtue, pieds nus dans les sabots, frissonnante, subir un long appel, dehors, debout, en plein vent (32). Elle s'écroula et fut ramenée au Revier, cette fois dans le block 8.

    Une camarade qui s'y trouvait déjà, la baronne hollandaise Van Boctrealer, estime que Jojo aurait eu des chances de faire partie du convoi des Françaises rapatriées par la Croix-Rouge suisse, si elle n'avait pas été mise sortante de l'infirmerie avec tant de fièvre "

    Elle ne se releva pas de ce coup-là... " Michèle Goldschmidt pense au contraire que Jojo n'avait guère d'espoir de rentrer par la Suisse, " car c'était un échange et les Allemands ne laissaient partir que les femmes en meilleur état ".

     

    Voici le block 8... Une odeur aigre et suffoquante vous saisit à la gorge dès l'entrée. Il y a, dans les " cageots " à trois étages, cent cinquante femmes, entassées à raison de deux par lit. Presque toutes souffrent d'épuisement, d'oedème, de dysenterie...

     

    Jojo est mise dans le lit de Mme Robejus. Le lit, c'est-à-dire une paillasse pouilleuse et une couverture pour deux, " au premier étage ", près de la fenêtre, presque toujours fermée à cause du froid extérieur.

     

    Parmi ces femmes, certaines ne luttent même plus, " se laissent glisser ", gisent amorphes, les yeux hagards... ou délirent. D'autres réagissent et se raccrochent à la vie. Mais " les sélections " possibles font planer une angoisse continuelle. On entend, dans les block voisins, le sinistre camion bâché qui emporte " son lot de femmes condamnées ".

    D'ordinaire, en huit minutes, le camion revient vide. Et la nuit, dans le block, plongé dans l'obscurité totale, seule, la lueur des fours éclaire les fenêtres (33).

     

     

     

    C'est alors qu'une autre ancienne de Fresnes, Mme Nicolet, fait la découverte de Jojo :

     

    " Nous étions de bonnes amies... La dernière fois que je l'avais vue à Fresnes, c'était quand je partis pour l'Allemagne.

     

    " J'aperçus à la dernière minute, Paulette dite Jojo en train de laver les grands couloirs de la prison. Elle me fit un signe de tête pour me faire comprendre que ce serait bientôt son tour aussi.

    Alors j'embarquais pour le camp d'extermination de Ravensbrück. Chaque fois qu'un convoi de Françaises y arrivait, j'allais voir si je ne voyais pas arriver Paulette parmi ces malheureuses.

     

    " Les mois passèrent...

     

    " Un beau jour, m'étant levée pour respirer un peu l'air (car nous faisions équipe de nuit dans une usine) et passant devant le block 8, frappée de stupeur, j'aperçus, parmi toutes ces malades ma chère Paulette qui, elle aussi, me reconnut de suite. Tout à coup, se redressant sur son lit, elle me dit " Oh! Bertille! " De grosses larmes coulèrent sur ses joues.

     La fenêtre était fermée et nous n'avions pas le droit d'avancer près des baraquements des malades. Je lui envoyais un baiser en lui disant: " Courage ! Je reviendrai demain, je ne peux rester en ce moment car la police me surveille. " Puis, je repartis dans mon baraquement, le coeur bien gros.

     

    " Le lendemain, je suis revenue la voir. Enjambant la fenêtre, car son lit se trouvait juste à côté, je la pris dans mes bras, l'embrassant sur le front. Je lui dis " Encore un peu de courage, ma chérie. Il paraît que les Russes sont à Berlin. " Elle eut encore la force de me sourire, puis, parmi quelques phrases entrecoupées, elle me dit : "Tu diras à mes parents que j'ai pensé à eux jusqu'à la dernière minute." Et, ne pouvant plus parler, elle me faisait signe d'ouvrir la fenêtre, car il me semblait qu'elle étouffait.

    J'essayai de lui faire boire un peu de bouillon de ces rutabagas. Pensez, une aussi horrible nourriture pour ces pauvres malheureuses, car elles étaient des milliers dans le même cas. Alors, le lendemain, je revins la voir. Elle me paraissait très faible. Je lui soulevais un peu la tête pour remonter sa paillasse.

    Je lui portai quelques chiffons que j'avais volés à l'usine où je travaillais. Puis, je l'embrassais pour la dernière fois... C'était la plus noble jeune fille que l'on puisse voir (34).

     

    Mme Robejus (35) elle-même malade et partageant le même sort, fut conquise " par la douceur et la gentillesse" de sa petite compagne de lit.

     

    Le soir, dans l'obscurité, Jojo, d'une voie affaiblie, lui parle de Flers de ses parents... Elle raconte sa vie, puis elle écoute son aînée qui lui décrit ses enfants et sa maison...

     

    " Mes plus beaux souvenirs, dit la petite Flérienne, c'est quand j'allais à la campagne, le dimanche, avec papa et maman... "

     

    Et Mme Robejus témoigne:

     

    " Ma petite fille adoptive était pure, et les souffrance horribles du camp avaient embelli son âme.

     

    " Les derniers temps, j'ai dû complètement la soigner, la laver, lui donner à manger comme à une enfant. Le soir, je m'agenouillais près de son lit et nous récitions ensemble notre prière.

     

    " Un jour, elle me confia qu'elle avait voulu entrer au couvent, mais qu'elle n'eut pas la volonté de suivre son idéal. Aussi, elle voulait réparer cette faiblesse elle me demanda de lui composer un acte d'abandon à la volonté de Dieu et elle fit le sacrifice de sa vie pour son pays. Dieu accepta sa générosité...

     

    " Les beaux yeux foncés de Paulette me suivent sans cesse. Je crois parfois encore sentir ses cheveux noirs si difficiles à peigner et à ordonner..."

     

    Une camarade - peut-être est-ce France Audoul - dessina le visage de Jojo malade. Une autre, Mme Guinche (d'Alençon), donne ce détail : " Jojo avait réussi à garder ses cheveux coupés à la Jeanne d'Arc.

     

    Dans les baraques de libérables, on chantait, on dansait, on s'embrassait. Tout " l'enfer de Ravensbrück " attendait, d'un jour à l'autre, la nouvelle de l'effondrement d'Hitler. Au Revier on continuait de souffrir et de mourir.

     

    Il n'y avait pas de prêtres à Ravensbrück. Ceux qui étaient déportés se trouvaient, presque tous, rassemblés à Dachau. Jojo aurait tant voulu être assistée, à ses derniers moments, par l'un d'eux, et réconfortée par les Sacrements...

     

    Selon son désir, la baronne Van Boctrealer réussit à trouver, malgré les interdictions formelles, un livre pour réciter les prières des agonisants. Jojo s'y unit avec ferveur et remercia d'un sourire. Puis elle dit : " Je suis heureuse de mourir, car j'aurai plus de bonheur au Ciel que sur terre. Mon seul chagrin, c'est la pensée de la peine qu'éprouveront mes parents...

     

    Le 15 avril, Claudine Masse revint à Ravensbrück. " Le transport ", dont elle faisait partie, avait rencontré des voies coupées par les bombardements ou bien s'était heurté aux premiers éléments des armées soviétiques.

     

    Le premier soin de Claudine fut de rechercher Jojo qu'elle découvrit au block 8 " Mais dans quel état je la retrouvais ! Il n'y avait plus que ses grands yeux verts, frangés de cils noirs, d'immenses cernes autour, dans un visage blanc, complètement fondu, émacié. Elle se vidait de dysenterie.

    Elle venait de recevoir un gros paquet de la Croix-Rouge américaine et elle le grignotait. Je lui ai donné le plus de réconfort possible nous allions partir bientôt et elle allait aller mieux ; bref, j'ai souri et ri pour qu'elle tienne, mais j'avoue que j'étais sans espoir.

    Avec une amie, nous avons pu avoir du Cardiozol on a soutenu son coeur jusqu'à la fin mais, chaque jour, elle baissait...

     

    Les chars russes étaient arrivés dans la région de Ravensbrück.

     

    Le dimanche 22 avril, dans l'après-midi, Claudine Masse revint voir Jojo que veillaient Mme Robejus, la baronne Boctrealer, Michèle Goldschmidt et plusieurs autres camarades.

     

    Jojo regarda longtemps Claudine Masse avant de la reconnaître. Ses yeux étaient vitreux et elle ne parlait plus. Pourtant, comme Claudine l'embrassait et essayait de la bercer d'espoir, elle murmura péniblement " Fini... embrasse... dites tout... " Ses yeux se sont fermés mais elle a continué de respirer.

     

    " Ce 22 avril, raconte, de son côté, Michèle Goldschmidt, je l'ai quittée, m'attendant à la voir mourir d'une heure à l'autre. Je ne suis partie qu'après avoir discuté avec nos gardiens et avoir obtenu la promesse que les malades seraient également rapatriées ou tout au moins délivrées.

     

    C'est dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 que Jojo rendit son âme à Dieu (36).

     

    Claudine Masse à M. et Mme Edouard Duhalde, Flers (Orne). :

     

    " ... N'ayez aucun espoir de revoir vôtre petite fille ou de ramener son corps. Ne vous laissez surtout pas escroquer par quelque filou qui exploiterait votre douleur. Tout le monde était brûlé et surtout à ce moment-là: le crématoire brûlait nuit et jour mortes et vivantes. Pardonnez-moi si je vous parais brutale ou cruelle. Hélas, j'ai dix-huit mois de Ravensbrück au Revier et j'en connais toutes les horreurs et les dessous.

    Dans l'heure qui suivait sa mort, il ne restait pas un vêtement, pas un souvenir, à moins de l'avoir fait mettre de côté avant et le camion venait chercher les mortes, ou bien nous devions les porter nous-mêmes tout de suite au caveau où, de là, on les portait au crématoire.

     

    " Ne pleurez pas, pensez au contraire que Dieu a fait une grande grâce à Paulette car elle est heureuse auprès de Lui et elle ne connaît plus nos peines et nos difficultés. Croyez-moi, Madame, oubliez votre peine et essayez de soulager toutes celles qui souffrent...

    Paulette en sera heureuse : ce n'est qu'en pensant beaucoup aux autres et en les aidant que l'on a pu supporter Ravensbrück.

     

    " Laissez-moi vous embrasser en espérant vous donner toute la joie et toute la douceur que Paulette a eues en nous quittant..."

     

    A cette lettre, fait écho celle d'une travailleuse, Mlle Huget, emprisonnée à Fresnes, déportée à Ravensbrück et qui vit mourir près d'elle sa soeur et sa mère :

     

    J'ai été changée de camp, puis libérée ; je suis arrivée en Suède et je demandais où était Jojo ! Mes camarades m'ont garanti qu'elle avait été libérée le même jour que nous, mais pour s'en aller auprès de Dieu qu'elle avait tant prié. Madame, votre fille servait les messes à Fresnes, je suis sûre que c'est un petit ange.

     

    " Soyez bien fière d'elle, ce fut une grande Française, un bon soldat, elle est morte au champ de bataille des grands...

     
       
     

    FIN

     

     

     
       
     
     

    (1) Ce fait a été raconté par le lieutenant Jeanne, à la comtesse Cécile de Majo, membre du réseau, et de qui nous le tenons. (1965)

    (2) Général d'armée Pédron, article du 18 septembre 1963, dans un hebdomadaire parisien, dont nous n'avons pu, a ce jour, retrouver le titre. (Probablement L'Express ou L 'Observateur)

    (3) Général d'armée Pédron.

    (4) Comtesse de Majo, officier de la Légion d'honneur, ancienne déportée.

    (5) M. l'Abbé Maurice Guibet, ancien vicaire de Flers et ancien aumônier de l'Ecole Notre-Dame, se souvient de Paulette Duhalde : " Elle est certainement, l'une des plus belles âmes que j'ai rencontrées. Je ne lui connaissais pas de réel défaut. Sa simplicité était exquise ".

    (6) Général Pédron, op. cit.

    (7) Mme Claudine Masse, voisine de cellule à Fresnes, puis déportée à Ravensbrück.

    (8) Général Pédron.

    (9) A Mme Duhalde.

    (10) Une plaque a été posée à Versailles, sur la maison de ses beaux-parents : " Ici a vécu Robert Jeanne, martyr de la Résistance...

    (11) Croix de Guerre avec palme, médaille de la Résistance, officier de la Légion d'honneur.

    (12) A Mme Ed. Duhalde.

    (13) Mme Claudine Masse.

    (14) En principe, les Allemands ne fusillaient pas les femmes. Il est possible qu'Eva soit le pseudonyme de Suzanne Speisser, du réseau Jeanne, comme Paulette. Elle partira, en juillet 1943, vers une destination inconnue : Mont-Valérien ou déportation. On ne l'a jamais revue.

    (15) Selon toute vraisemblance, il s'agit de Mme la générale Basse et de sa fille.

    (16) Six mois à Fresnes, p. 44, Paris, Flammarion, 1946.

    (17) Mme Odett Churchill quittera Fresnes pour le camp de Ravensbrück. Quelques années après la Libération, un film intitulé " Odette, agent secret 23 ", projeté en Angleterre et en France, évoquera le rôle héroïque de la nièce de Churchill dans la France occupée et les tortures qu'elle subit. (On lui arracha les ongles.) Plus qu'un spectacle, ce film sobre, fidèle au sujet, est un témoignage qui porte la marque de l'authentique.

    (18) Six mois à Fresnes, p. 158.

    (19) Six mois à Fresnes, p. 205.

    (20) Témoignage de Mlle Huguet, rue Aug-Barbier, Fontainebleau, déportée ensuite avec sa mère et sa soeur à Ravensbrück.

    (21) Odett Churchill à Mme Duhalde, 9 mars 1947.

    A Ravensbruck, Odett Churchill fut mise dans la prison du camp. Du fait de cet isolement, Paulette Duhalde ne la revit jamais.

    (22) Simone Saint-Clair, Ravensbrück, l'enfer des femmes, Tallandier, p. 96. Ce livre personnel de souvenirs est appuyé des témoignages de Mmes Goldet, infirmière F.F.I. Leboucher, présidente de la Croix-Rouge de Caen,

    et Marie-Claude Vaillant Couturier, déportées dans le même camp.

     

    Nous leur empruntons plusieurs de ces choses vues.

    (23) Id., p. 61.

    (24) A Mme Duhalde 14 août 1945

    (25) "S. Saint-Clair ", op. cit., p. 66.80

    (26) "S. Saint-Clair ", op. cit, p. 85-86

    (27) "S. Saint-Clair ", op. cit, p. 102.

    (28) André Rousseaux, Le Figaro du 12 décembre 1946.

    (29) Cécile Goldet, infirmière F.F.I. du Vercors, déportée à Ravensbrück.

    (30) Comtesse de Majo. Mme Germaine Tillon, écrit dans le même sens :

     

    A Fresnes d'abord, puis à Ravensbrück, où elle était dans le même block que moi

     

    (24, block des N.N. (nuit et brouillard),

     

    j'ai beaucoup connu et aimé Paulette Duhalde, qui était une petite fille extrêmement droite et courageuse, passionnément patriote et toujours prête à aider ses camarades... "...Elle était très faible en avril 1945 et tout à fait persuadée qu'elle ne reverrait pas la France. Comme elle était très aimée de nous toutes, on essayait de lui faire plaisir, de l'aider, on la cachait pour les appels, pour les sélections..."

    (31 ) Mlle Noélle, infirmière déportée à Ravensbrück.

    (32) Elle racontera ce fait à Claudine Masse, le 15 avril 1945.

    (33) Cécile Goldet, infirmière au block 8, dans Ravensbrück, l'enfer des femmes, pp. 216-220, op. cit

    (34) Mme Nicolet, de Bergerac, condamnée à mort, déportée à Ravensbrück. Son mari, déporté à Dachau, y est mort du typhus, le 8 octobre 1944. Sa fille également déportée.

    (35) De Tongres. (Belgique)

    (36) "A l'âge où mourait la vierge lorraine, Paulette Duhalde s'était vouée dans le secret de son coeur au service du pays et elle en avait accepté tous les risques, et, pendant des années, elle sut soutenir ce rôle avec l'élan, le courage, l'espoir et aussi la gentillesse qu'inspire la jeunesse la dignité dans l'adversité d'une âme fière, et, quand elle sentit ses forces épuisées, l'abnégation d'une croyante. " (Emile Dron, Orne Combattante, 30 septembre 1945.)

    "Paulette Duhalde était une patriote convaincue, elle avait un idéal élevé et c'est dans sa foi qu'il faut chercher le secret de sa grandeur."

    " La ville de Flers a le droit d'être fière de ses héros de la Déportation, mais il apparaît que la pure figure de Paulette Duhalde ait une splendeur particulière due à son caractère de jeune fille... " (Henri Robbes, maire de Flers, ancien résistant,1945.)

     
     
     

    Points de repère

    Paulette Duhalde, née le 23 juillet 1921, à Flers, 14, rue du Moulin, et baptisée en la vieille église St-Germain.

    Fille unique de M. et Mme Edouard Duhalde, qui tenaient place du Marché, une auto-école et le café "de l'Auto". Leur domicile particulier rue du Champ-de-Foire.

    De 1927 à 1937. Elève à l'école Notre-Dame, de Flers. Brevet élémentaire. Militante de la "Croisade eucharistique', puis de la "Jeunesse étudiante chrétienne" (J.E.C.)

    Le 11 décembre 1939. "Dame stagiaire provisoire", à la Banque de France, succursale de Flers.

    Le 10 octobre 1940. Doit quitter provisoirement la Banque de France, qui a ralenti ses activités à cause de l'occupation allemande.

    Du 28 novembre 1940 au 31 août 1942, secrétaire très estimée, de M. Alphonse Warcin, industriel, rue Simons à Flers.

    Février 1941. Adhère à la Résistance à l'occupation allemande (Réseau Jeanne), accomplit des missions secrètes périlleuses, d'où, parfois, l'humour n'est pas exclu.

    Le 12 septembre 1942. La Banque de France, de Flers, fait de nouveau appel à elle (secrétaire comptable). "Très estimée de tous dans son milieu de travail".

    Le 9 décembre 1942. Trahie par une "barbouze" et arrêtée. par la Gestapo, dans les bureaux de la Banque de France, à Flers, emprisonnée à Fresnes.

    Le 71 niai 1943. Condamnée à 5 ans de réclusion en forteresse.

    Le 10 juillet 1944. Déportée en Allemagne orientale, à la prison de Kottbus près de Leipzig.

    Le 21 novembre 1944. Déportée au camp de Ravensbrück, au sud-ouest de Berlin.

    Le 23 avril 1945. Elle meurt d'épuisement, à Ravensbrück, à l'âge de 23 ans et 9 mois.

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    A titre posthume, citée à l'ordre de l'armée, décorée de la médaille de la Résistance et de la Légion d'honneur. Sa citation révèle qu'elle avait le grade de sous-lieutenant des Forces Françaises de l'Intérieur.

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    La place du Marché, à Flers, porte son nom depuis le 1er mars 1947.

    " La ville de Flers a le droit d'être fière de ses héros de la déportation mais il apparaît que la jeune figure de Paulette Duhalde ait une splendeur particulière due à son caractère de jeune fille. "

    Henri Robbes, maire de Flers, 1945.

    Sous le nom de Jojo, à 19 ans, en pleine occupation allemande, dans la France bâillonnée, elle fait partie d'un réseau de résistance qui prépare le débarquement des Alliés.

     

    Trahie,

    emprisonnée, déportée,

    elle meurt au camp de Ravensbrück à 23 ans

     

    La clarté de son regard, le courage de ses attitudes, la chaleur de ses amitiés, l'attention qu'elle porte aux autres frappent ses compagnes de captivité. L'une d'elle, Odett Churchill, résume leur impression

     

    " J'avais pour elle la plus grande admiration. "

     

     

     

    Avec l'aimable autorisation de l'Orne Combattante

      

    SOURCES

    http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_29.htm

      

     

     

     

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